CSK 24 - BON - ifmkberck.com · Quand exerçons-nous la parole ? Quand avons-nous appris à nous...

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- Marie-Odile PAILLET Chargée d’enseignement Dijon - Philippe RIGAUX Responsable Formation INSA à Paris - Patrick ROTGER Directeur Les Althéas à Vaulx-en-Velin - Michel THUMERELLE Directeur-Adjoint CHRU de Lille - François ZIMMERMANN Enseignant-Formateur IFMK de Strasbourg Coordination : - Michel GEDDA Directeur Général I.F.M.K. - I.F.E. Berck-sur-Mer - Jean-Charles NARCY ISSN 1267-7728 COMITÉ DE PUBLICATION LA LETTRE DU CSK - IFMK - Avenue du Phare - BP 62 - 62602 BERCK-SUR-MER CEDEX La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24 1 SOMMAIRE - Éditorial - Relecture du numéro 23 : JC VILLIOT-DANGER - Parcours d’un cadre kiné : Michel THUMERELLE - Prix : Kinésithérapie, la revue - Fenêtre : La conjuration des imbéciles - Nos rubriques habituelles Tous les numéros de La Lettre Lettre téléchargeables à l’adresse Internet : http://www.ifmkberck.com/liens/lettre.php 13° année - N° 24 - Juin 2007 [email protected] ÉDITORIAL Voilà, voilà, elle revient. Réclamée par les anciens autant que par de jeunes cadres l’ayant découver- te par hasard dans les rayonnages de la biblio- thèque de l’IFCS et uti- lisée à l’occasion du mémoire, La Lettre du CSK manquait apparem- ment. Bon, ça fait toujours plai- sir de voir qu’un inves- tissement est jugé utile et apprécié. Mais La Lettre n’a jamais cherché la considération. Neutre, sobre, pratique par ses articles brefs et synthétiques, La Lettre vise avant tout à être un outil. Un support de par- tage d’informations et de rencontre de profession- nels qui vivent les mêmes aspirations et préoccupa- tions. En effet, il est toujours surprenant de si souvent constater que les pro- blèmes des cadres kinés se ressemblent tant sur le territoire : recrutement, considération médicale, application des nouvelles réglementations... Alors que des réponses existent réellement. Solutions ou compensa- tions, des initiatives locales expérimentent, des confrères rapprochent leurs moyens pendant que d’autres ré-inventent. Souvent avec pertinence et sympathie même. Et c’est justement cette cordialité et cette créati- vité que La Lettre veut promouvoir. Alors, même si cela n’est pas l’objet de cette publi- cation, je voulais remer- cier vos encouragements. Michel GEDDA Directeur de Publication La Lettre La Lettre

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- Marie-Odile PAILLETChargée d’enseignementDijon

- Philippe RIGAUXResponsable FormationINSA à Paris

- Patrick ROTGERDirecteurLes Althéas à Vaulx-en-Velin

- Michel THUMERELLEDirecteur-AdjointCHRU de Lille

- François ZIMMERMANNEnseignant-FormateurIFMK de Strasbourg

Coordination :

- Michel GEDDADirecteur GénéralI.F.M.K. - I.F.E.Berck-sur-Mer

- Jean-Charles NARCY

ISSN 1267-7728

COMITÉ DEPUBLICATION

LA LETTRE DU CSK - IFMK - Avenue du Phare - BP 62 - 62602 BERCK-SUR-MER CEDEX

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24 1

SOMMAIRE- Éditorial

- Relecture du numéro 23 :JC VILLIOT-DANGER

- Parcours d’un cadre kiné :Michel THUMERELLE

- Prix :Kinésithérapie, la revue

- Fenêtre :La conjuration des imbéciles

- Nos rubriques habituelles

Tous les numéros de LLaa LettreLettre téléchargeables à l’adresse Internet :http://www.ifmkberck.com/liens/lettre.php

13° année - N° 24 - Juin 2007 [email protected]

ÉDITORIAL

Voilà, voilà, elle revient.

Réclamée par les anciensautant que par de jeunescadres l’ayant découver-te par hasard dans lesrayonnages de la biblio-thèque de l’IFCS et uti-l i sée à l ’occasion dumémoire, La Lettre duCSK manquait apparem-ment.

Bon, ça fait toujours plai-sir de voir qu’un inves-tissement est jugé utile etapprécié.

Mais La Lettre n’a jamaischerché la considération.

Neutre, sobre, pratiquepar ses articles brefs etsynthétiques, La Lettrevise avant tout à être unoutil. Un support de par-tage d’informations et derencontre de profession-nels qui vivent les mêmesaspirations et préoccupa-tions.

En effet, il est toujourssurprenant de si souventconstater que les pro-blèmes des cadres kinésse ressemblent tant sur leterritoire : recrutement,considération médicale,application des nouvellesréglementations...

Alors que des réponsesexistent réellement.

Solutions ou compensa-t ions, des ini t ia t iveslocales expérimentent,des confrères rapprochentleurs moyens pendant qued’autres ré- inventent .Souvent avec pertinenceet sympathie même.

Et c’est justement cettecordialité et cette créati-vité que La Lettre veutpromouvoir.

Alors, même si cela n’estpas l’objet de cette publi-cation, je voulais remer-cier vos encouragements.

Michel GEDDADirecteur de Publication

La LettreLa Lettre

Juin 2006 : Numéro 23

par :Jean-Christophe VILLIOT-DANGER

Une année entière sans La Lettre paraît pluslongue, plus calme aussi : il y a moins à réfléchir,et puis au final plus ennuyeuse. La parution de cettepublication originale (dans la forme, dans le fond)est une fort bonne nouvelle.

La lecture de La Lettre est très agréable les joursensoleillés et remplit sa mission de décloisonnement.C’est une douce impression de faire partie d’une com-munauté de réflexion. Les jours gris, l’impressionque cette communauté pourrait se réunir dans unecabine téléphonique (moins de 10 % des profession-nels abonnés à une revue [Trudelle P. Kinésithérapie,la revue n°55, juillet 2006]) donne un peu le cafard.

Nous devons cette publication, qui réussit le parid’informer très concrètement, à un groupe de per-sonnes engagées qui prennent toutes du temps surautre chose. Votre engagement est communicatif etreprésente la meilleure preuve que le changementn’est qu’une question de volonté.

Merci à tout ceux qui font La Lettre et donnentde leur temps pour nous offrir matière à penser, pourtransmettre l’envie et la motivation pour tisser desliens et communiquer entre nous.

Communiquer. Voici un mot dans l’air du temps.Comment les kinésithérapeutes s’expriment ils ? Entrenous (une profession divisée) ; avec les médecins (leBDK) ; avec les patients (pédagogie ou andragogie ?).

La parole n’est pas vraiment la première qualitédes kinés. JC Schabanel [LCSK n°20] disait de nosmains qu’elles nous servent à toucher et non à écri-re. Notre oreille entend une claudication, des bruitsarticulaires ou pulmonaires. Notre vue examine unetaille, un volume, une couleur. Quand exerçons-nousla parole ? Quand avons-nous appris à nous expri-mer ? Mener une discussion, expliquer un raisonne-ment exposer des idées. Argumenter. Nos étudesinsistent à juste titre sur d’autres sens (vue, ouïe,toucher). Choisir cette voie n’est peut être d’ailleurspas fortuit ; ce métier qui touche beaucoup et parlepeu. Finalement le kiné devrait peut-être travaillerplus la parole, ce n’est pas naturel pour lui.

Mais la parole et son usage impliquent un enga-gement . Ce que nous appelons communicat ionconcerne plus le domaine de la technologie. La paro-le m’engage moi en tant qu’individu et je m’exposeà l’autre. Ma parole provoque une réaction, un chan-gement, pourquoi pas une interrogation.

● Éditorial (page 1) :

Michel Gedda évoque le contraste entre un mondequi avance et des concepts en roue libre. Nous n’inven-tons rien. Nous sommes tous atteints par cette péremp-tion précoce de nos idées et de notre perception d’uneréalité qui change quotidiennement. Notre pratiqueest désormais mondialisée et nos raisonnements pei-nent à s’ouvrir et stagnent au niveau national (sus àl’Europe), au niveau individuel (mon CA, mon méde-cin prescr ipteur) . La quest ion que je me poseaujourd’hui c’est comment inverser cette tendance ?

Concrètement quels moyens ? Par quoi commen-çons-nous ?

L’identité de la profession.

Une profession a besoin de bornage. L’absencede champ d’activité limité induit forcément des pro-blèmes. La première source de conflits dans n’impor-te quelle discipline est bel et bien cette absence decontours, ces missions floues, un champ de compé-tences poreux, des tâches insuffisamment définies.

● La F.N.E.K. (page 2) :La réforme LMD :

des enjeux multiples, et pourtant...

Réjouissante lucidité des élèves qui s’investis-sent pour leur profession. Leur engagement présageun avenir moins cloisonné.

Quelques remarques, même si je ne suis pas enpremière ligne :

Le modèle à ne pas suivre serait le syndicalismeà la française, basé sur la revendication et le conflit.La communication se passe volontiers de position-nements fermes et d’exigences définitives.

Les élèves s’engagent donc dans une démarched’évolution auprès des politiques. Ceux-ci ne peuventpas exaucer des vœux ou rendre officielle la recon-naissance d’une profession. Une reconnaissance quel-conque se base sur des faits observés et non sur desprincipes. Il est parfaitement illusoire d’imaginer unereconnaissance simplement parce que “cela doit être”.Trois ou quatre ans d’études pour une reconnaissan-ce à bac +2 ne dérange pas le décideur politique.

En 2007, l’homme politique est un objet de consom-mation qui obéit à des lois de marketing. Il prend desdécisions en faveur du groupe d’intérêt qui s’adresseà lui. Le politique peut agir dans le sens d’intérêtscommuns de groupes organisés en syndicats, en cor-porations. J’ai compté 8 organisations syndicales pourles kinés. Même la SNCF ne fait pas aussi pléthorique.

RELECTURE DU PRÉCÉDENT NUMÉRO

2 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24 3

Notre métier est peu lisible (qui ne l’a pas encoredit ?), traversé par des courants nominatifs [TrudelleP. Kinésithérapie, la revue n°50, février 2006], desor ienta t ions hasardeuses ( l ’es thé t ique) autantqu’absurdes (mais rentables).

Quelle place occupe la kinésithérapie dans lesmédias ? Quels sont les députés qui seraient sus-ceptibles d’interpeller le gouvernement ?

M. Gedda insiste sur le pouvoir de mobilisation.Il a bien écrit “pouvoir”. C’en est un.

Le monde politique prend des décisions selon lesinformations qui lui parviennent, et pas toujours pen-dant les réunions officielles au ministère.

Avant de lui demander d’agir demandons-nous :

Qu’observe le gouvernement ?

Que lui donne-t-on à observer ?

Qu’a-t-il compris ?

Que lui a-t-on fait comprendre ?

La FNEK dénonce une commission qui n’agit pasdans le sens des intérêts de ceux qu’elle est censéereprésenter e t p rend des déc is ions qui vont àl’encontre du bon sens ou de rapports positivant lesémancipations des IFMK.

Tout est malheureusement parfaitement normal.La première mission d’une commission est de ras-sembler les forces pour enterrer le sujet à évaluer.C’est dit froidement mais observé.

La pseudo fermeté du gouvernement face à l’inter-diction du tabac malgré un rapport sans appel.

Le processus LMD n’est pas une avancée pourtout le monde. L’universitarisation est certes un pro-grès pour nous mais pas pour tous. Question simple :qui et pourquoi ?

Des indices sont dispersés dans le numéro 23,chez E. Viel et J. Monet.

Quels autres groupes d’intérêt sur l’échiquier ?

Quels sont leurs objectifs ?

Quel sont nos rapports avec eux ? (pas seulementle contrôle et la subordination, cf. J. Monet plus loin).

Combien de députés médecins ?

Et bien entendu : quels sont nos intérêts com-muns, que veut-on réellement obtenir ?

Aujourd’hui notre image ne se montre pas : ellese vend. Le kiné doit apprendre à se vendre, expo-ser son image. L’époque où l’on ouvrait sa fenêtrepour voir le temps qu’il fait est derrière nous.

Pour s’informer, pour communiquer, c’est unréseau (voir plus loin) qui au-delà de nos résistancescul ture l les se met en route : médias , re la t ionspubliques, informations, presse, audio-visuel.

L’engagement des élèves et futurs professionnelsfait plaisir à voir, agir pour le changement est unecause juste.

● Relecture (pages 3 à 5) :

Concept original et sans équivalent à ma connais-sance, la relecture s’attache à un principe que MichelGedda annonce calmement au moment de la propo-sition : s’exprimer librement.

JY Garnier [LCSK n°19] résume très bien unepartie de la problématique qui se présente au relec-teur. Donner la liberté de faire à quelqu’un est leplus beau cadeau qui soit.

Mais cette l iberté s’accompagne toujours dequelques difficultés et d’autres embûches.

J’ai relu toutes les relectures.

Autant d’exercices de style qui ne racontent pas lamême histoire. Chacune est marquée par la personna-lité de l’auteur qui donne son opinion non pas sur unseul sujet mais sur des thèmes qu’il n’a pas choisis.

Cette rubrique est donc particulièrement stimu-lante du fait du parti pris qui se dessine au fil de larelecture. Le jeu de l’expression est ici total et lerelecteur nous interroge.

Le langage est spontané, proche de la parole.

Avoir des idées et les exprimer est un enjeu, un défi.

● Formation (pages 6 et 7) :

L’apprentissage Par Problème :une autre approche de la formation.

Pour avoir côtoyé des élèves kinés, je me suisrendu compte qu’enseigner (former) ne se résumepas à l’application de méthodes ou autres principe

Où trouver des kinés ?LA QUESTION NAÏVE

4 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24

C’est une véritable synthèse d’une multitude desavoirs, d’innombrables connaissances diverses etvariées qui dépassent même la technologie purementkinésithérapique.

En cela, La Lettre du CSK est une source trèsriche car elle met dans un pot commun (on se sert,on y met) des avis, des idées, des opinions, des expé-riences, toute cette matière relationnelle et humai-ne qu’il est parfois difficile de transmettre ou defaire partager.

Des expériences vécues, des faits éminemmentsubjectifs.

Et l’enseignement se nourrit de subjectivité.

Regardez comme il est difficile de faire passerun cours, une notion quand on n’est pas d’humeur.Comme il est difficile de permettre une réflexionaux élèves en cours d’apprentissage.

Ce processus d’apprentissage est bridé par la pers-pective de l’examen, la sanction de la note. Peu deplace pour la réflexion, l’argumentation, le débat,tout ce lien communicatif, chronophage et chaotique.

La note en point de mire impose à l’élève unapprentissage en quantité et permet à l’enseignantde passer outre certaines zones d’ombre qui jalon-nent notre beau métier.

Alors pour enseigner il existe des méthodes, desmoyens. Difficiles d’abord, abstraits et souvent expri-més dans un langage abscond. Appliquer une métho-de d’enseignement se révèle vite très compliqué etparfois décevant.

Le public est indiscipliné, possède des opinionset autant de cadres de référence que d’individuali-tés. Il conteste et remet en question. Nous faisonsface à des compétences intellectuelles réelles.

Maîtriser un groupe ou même un seul individudans un processus d’apprentissage exige beaucoupde travail et une ouverture à l’Autre, de la disponi-bilité [Gedda M. LCSK n°21, mai 2004].

Il faut pourtant commencer par des méthodes,l’APP en fait partie.

Encore un mot à propos de la formation : quandva-t-on ouvrir des spécialités en MK ?

Ce n’est plus une envie subite mais la réalité quinous l’impose. On ne peut plus s’improviser pneu-mo-kinésithérapeute, comme dirait Pascal Gouilly.

J’ai lu dans une précédente Lettre ce mot : “labalkanisation par la spécialisation”. Ce n’est pas àcraindre du coté des disciplines de rééducation, elleexiste déjà sous et repose sur des conceptions indi-vidualistes de notre discipline.

● Cadrekine.net (pages 7 et 8) :Les IFMK et Internet.

La vitrine de la kinésithérapie en France naviguesur un radeau. Je suis resté médusé après avoir visi-té les sites australiens par exemple.

Mais ce n’est pas qu’une question de moyens.Manque de temps et budget tendu certes. Mais une foisencore pour être visible, il faut montrer, “s’exhiber”.Pour être entendu, plus que revendiquer, manifesterou protester, il est préférable de parler, échanger,communiquer, dialoguer, dire, écrire.

Un mode de pensée mondialisé s’accorde diffi-cilement avec un processus idéologique national(quand il n’est pas local). Ce dernier relève de l’ana-chronisme [cf. plus loin].

● Encadrement (pages 9 et 10) :L’évaluation des personnels de Santé (suite) .

Faire vivre un réseau est un travail énorme.

Il me semble que nous faisons tous partie duréseau kinésithérapie. Un métier avec des racinescommunes. Des objectifs communs.

Cette idée de réseau est parfois vue comme uneatteinte à la liberté d’agir.

Je me souviens avoir proposé aux MK de ville uneplus grande collaboration pour le suivi après un séjourdans le centre médical. Réponse : nous sommes enconcurrence. Il reste du pain sur la planche et du grainà moudre…

Le BDK (10 ans d’âge !) est considéré par cer-tains à la fois comme une entrave à la liberté de choixet un moyen de contrôle. Notre époque revendiquel’autonomie et la liberté de choisir.

Cette liberté est une illusion quand notre choixrepose sur nos envies. Un bilan kiné hors diagnosticse construit non sur une réalité objective mais surl’humeur du jour. Le BDK est pratiqué par 20%d’entre-nous, 80% restent soumis à leurs impressionsdu moment. Le cerveau reptilien aux commandes.

Cette liberté est un fardeau [Sartre].

Donner la liberté à quelqu’un, c’est le condam-ner à prendre ses responsabilités, l’obliger à fairedes choix qui mènent à un engagement. La libertéfait rêver [Delacroix, Musée du Louvre], mais quandelle est acquise regardez dans quel dénuement seretrouvent les fiers combattants (les Républiquescaucasiennes en ce moment).

La tutelle des médecins est consciemment dénon-cée, inconsciemment désirée.

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24 5

Quand notre esprit est libre c’est-à-dire respon-sable de manière totale du choix éclairé de nos actes,il s’affranchit des pulsions. Le BDK est un cadeau,ce fardeau de la liberté est le véritable garant denotre autonomie (pas uniquement professionnelle).

● Parcours d’un cadre kiné (pages 11 et 12) :France Mourey.

Il faut absolument entendre et faire parler celleset ceux qui s’engagent dans notre profession. Unpoint de vue et des opinions, une manière de voir.

Le débat peut avoir lieu avec des personnes quiont construit un raisonnement, un enchainementd’idées.

La confrontation est toujours féconde.

Suivre le parcours d’une consœur (d’un confrè-re) montre que la routine est moins une fatalité qu’unlaisser aller. Encourageant et motivant.

La liste des cadres à soumettre aux questions deMichel Gedda est longue.

● Du passé au préent (pages 13 à 16) :Le présent et le passé,

sources d’enjeux et d’exemples.

Un régal cet article.

J’avais déjà lu Jacques Monet dans une autrerevue sur le même sujet. Mais en véritable historien,il nous livre une nouvelle lecture de notre histoire.

Le temps améliore la connaissance du passé quibizarrement s’éclaircit au fur et à mesure que l’ons’en éloigne. En 2006, un nouvel éclairage sur le siècledes lumières par exemple est vraiment passionnant.

Ce texte est extrêmement riche et j’aurais beau-coup de questions impossibles à développer ici.

Juste une [page 14, paragraphe 2] : l’antagonisme“équipe pluridisciplinaire vs particularisme profes-sionnel”. Travailler en équipe transdisciplinaire estune gageure. Souvent un dialogue de sourds, un chocculturel. J. Monet nous en donne ici une explication.

Le paragraphe suivant traduit la position réelle(réaliste) du kiné dans une institution.

6 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24

Un commentaire à propos d’une notion [p. 15]importante à mes yeux : celle d’anachronisme.

Notion fondamentale et universelle en Histoirebien-sûr mais aussi en Art. Le danger est donc d’uti-liser un mode de raisonnement anachronique.

La nomenclature, le découpage en durée de tren-te minutes par séance entre autres.

La peur de la mesure quantitative et d’une sécurépressive. Entre autres idées anachroniques.

● Fenêtre (page 17) :L’amour parfait.

Cette envie de perfection ne me fait pas oublierqu’une existence se construit et que l’on n’est jamaisspectateur de sa vie ; sauf peut-être au moment dudernier au revoir.

Sincérité et honnêteté, deux clefs pour un amourparfait.

Cette rubrique est anonyme. Très bonne idée, quecela reste ainsi.

● L’A.F.R.E.K. (page 18) :Éducation : évolution ou révolution ?

Toujours trop courte cette rubrique.

Chaque mot a son importance, une idée capitaledans chaque phrase.

À propos du LMD :

Les français s’entêtent et imaginent montrer lechemin. On ne donne pas l’exemple en disant non.

C’est l’histoire classique des raisons contre et desmoyens pour.

Le monde change.

Penser et réf léchir sont devenus subversifs ,l’inculture est la règle. Heureusement, celles et ceuxqui lisent ces lignes ne sont pas concernés puisqu’ilss’informent et auront forcément une réflexion, unavis.

Notre profession nous apporte autre chose quedes revenus, nous connaissons des métiers en plei-ne crise existentielle qui rêvent de mettre la mainsur nos atouts.

● Documentation (page 19) :Il n’y a pas de recherche documentaire parfaite.

Et vous percevez pleinement le sens du mot “toile”.

Une recherche mène à une autre.

Nous savons qu’il faut arriver à l’article originalet non s’en tenir à ses reprises dans d’autres publi-cations. Mais en cours de route, on s’arrête à celui-là qui est quand même bien intéressant ; et celui-ciqui ouvre une autre perspective.

Très joli mot “perspective” : quelle est la pers-pective de la kinésithérapie ?

Et la vôtre ?

Jean-Christophe VILLIOT-DANGER,Centre Médical Bois de l’OursBriançon (05).

propose

le Prix du meilleur premier document écrit en kinésithérapie 2007,d’un montant de 1 000 euros.

Objectifs : La rédaction de Kinésithérapie, la revue avec le soutien des éditions Elsevier-Masson, a décidé de décerner un prix d’unevaleur de 1 000 euros à l’auteur du meilleur premier document écrit en kinésithérapie. Un abonnement d’un an à la revue est égalementoffert au lauréat et aux auteurs des articles retenus par le jury. Pour concourir, l’auteur ne devra jamais avoir publié de texte dans unerevue professionnelle. Votre article original, accompagné d’un courrier expliquant clairement les motivations de la candidature de l’auteur,devra être envoyé en 3 exemplaires avant le 31 décembre 2007 (le cachet de la poste faisant foi) à l’adresse suivante :

Kinésithérapie, la revue, “Prix du meilleur premier document écrit en kinésithérapie 2007”,Editions Elsevier-Masson, 62, rue Camille Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux Cedex.

Pour connaître les conditions d’attribution du prix et le règlement du concours :Tél : 01 71 16 54 14 - Fax : 01 71 16 51 84 - e-mail : [email protected] - web : http://revuekine.hautetfort.com/kinesitherapie_le_prix/

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24 7

Les sites contributifs :une nouvelle ère pour internet.

Si je vous parle de blog, vous direz que vousconnaissez. Les sites “personnels” évoquant la

vie de l’étudiant kiné (<http: / /ceerrf ien.al lmy-blog.com/>, <http://kineunjour.blogspot.com/>,<http://kinekro.free.fr/>) se développent doucette-ment sur le net. Certains professionnels utilisent lenom “kiné” directement sur le site (kinéblog.net :<http://www.presque.net/essai/>, blog du kiné :<http://blogdukine.fastblog.fr/>). En interrogeantGoogle avec les mots “kiné” et “blog”, vous locali-serez aussi des messages de patients qui racontentleurs expériences avec leur kiné. Dans tous les cas,vous pouvez commenter les “notes” des rédacteurset échanger avec le créateur du site.

Cette envie de communiquer, de diffuser des mes-sages s’amplifie avec des moyens technologiques deplus en plus accessibles. Pour créer un blog, il fautmoins de 5 minutes à un novice [1]. Pour déposerdes photos ou des vidéos rien n’est plus simple avec(flickr ou picasa pour les photos et youtube et dai-lymotion pour les vidéos).

Parallèlement à cela, les sites “contributifs” semultiplient. Il s’agit de sites où ce sont l’ensembledes internautes qui produisent le contenu. Wikipedia(<http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil>) utilise ceprincipe pour élaborer son “encyclopédie”. Lors desdernières élections en France, le contenu des articlesprésentant les candidats sur wikipedia était surveillé.Après le débat présidentiel, les informations sur leréacteur nucléaire EPR ont été “vandalisées” (c’estle terme pour décrire les “vandales” qui altèrent lecontenu d’une définition ou trompent sciemment leslecteurs). Ainsi plus de 51 modifications ont obligéle ges t ionnai re de page à tou t b loquer(<http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Réacteur_pressurisé_européen&action=history>). Le fonc-tionnement humain est une limite à l’élaboration deces sites (<http://fr.wikipedia.org/wiki/Wiki>), pour-tant c’est un moyen d’utiliser toutes les ressourcesdisponibles e t de dépasser le b log ou “cahiersd’humeur”.

Joomla (<http://www.joomlafrance.org/>) va sansdoute révolutionner les sites web par sa simplicité etson niveau d’accès. Joomla est une interface Internetqui permet de mettre en place des sites Internet viaun navigateur comme Internet explorer ou Firefox.

Ce site peut être développé en ajoutant des notes,des commentaires, des sondages, des forums, des clas-sements avec une grande souplesse. Le créateur du siteest considéré comme “super-administrateur” et peuttout changer sur le site. Il a accès à la partie visible queles internautes consultent et à la partie cachée où il peutmodifier rubriques, notes, commentaires des internautes,etc. Le créateur du site peut donner des droits à toutepersonne inscrite sur le site créé (avec un nom “utili-sateur” et un mot de passe) pour lui permettre de modi-fier la partie visible et la partie cachée du site. En tout,il existe 7 niveaux de droits de modifications du site :

- personne enregistrée ; - auteur ;- rédacteur ; - éditeur ;- gestionnaire ; - administrateur ;- super-administrateur.

Les 3 derniers niveaux permettent de modifier l’inter-face du site. Avec ce principe, le créateur du site peut don-ner de plus en plus de droits pour modifier tout ou partiedu site et créer un réseau de personnes ressources qu’il tes-tera en leur donnant de plus en plus de droits. Beaucoupde sites web que vous consultez utilisent Joomla. Cela vas’étendre à la kinésithérapie. Des aides en ligne sont faci-lement accessibles (<http://www.joomlafacile.com/>) etdes forums aident les internautes à se “dépatouiller”.

Nous avons mis en place 2 sites basés sur Joomla. L’unpour recenser et évaluer les formations continues en kiné-sithérapie (<http://www.kinescoop.com/Formationkine/>)et l’autre sur l’évaluation des formations en ostéopathie(<http://www.formationosteo.com/Evaluation/>). Sur lepremier site, en 2 mois 22 auteurs se sont inscrits et ontdéposé 214 présentations de programmes de formationcontinue. Deux personnes ont commenté les formationsreçues. Il est possible noter chaque formation de 1 à 5. Pourle site sur la formation initiale en ostéopathie, les inter-nautes ont commencé à noter les formations et à faire descommentaires sur les 49 formations recensées (au 16/05/07).

Une des compétences du cadre et de partager et diffu-ser l’information en collaborant avec les autres. Souhaitonsque les nouvelles technologies du web soient pleinementutilisées pour améliorer la communication et instaurer unedémarche collective.

1. Eudriller P. Ça blog ? Ça podcast ? Kinésither ann 2005;44-45:46-51.

Cadrekine.net

Pierre TRUDELLE,Responsable de la [email protected]

Erratum

Lors du dernier numéro, une partie du tableau recensant lesIFMK a été coupée par la mise en page chez l’imprimeur.6 IFMK n’ont pas été cités dans le tableau (CEERF,Lariboisière, Limoges, Montpellier, Rennes, rue duCommerce). Quelques IFMK n’ont pas encore de siteInternet ; nous ferons le point dans un prochain article.

L’organisation des structuresen pôles :

décentralisation et rationalisationdes fonctionnements ?

LES TEXTES RÉGLEMENTAIRES

L’ordonnance du 5 mai 2005 précise, dans sesarticles L.6146-1 et L.6146-6, que les conseils

d’administration des établissements définissent leurorganisation en pôles d’activité sur proposition duconseil exécutif.

La nouvelle gouvernance hospitalière donne desdélégations de gestion (GRH, budgets, etc.) auxpôles, leur assurant une relative liberté d’action.

Les pôles sont gérés par un praticien, un cadrede santé et un cadre administratif.

Le praticien responsable de pôle met en place lapolitique générale de l’établissement, conduit lesobjectifs définis, évalue son activité au regard desmoyens alloués.

Le décret n°2005-1656 du 26 décembre 2005 pré-cise les attributions, la composition, le mode de fonc-tionnement des conseils de pôle. Il définit son orga-nisation. Il se substitue à l’ancien Conseil de serviceet doit :

- participer à l’élaboration du contrat interne, duprojet de pôle ;

- comporter des objectifs en matière d’évaluationdes pratiques professionnelles ;

- faire des propositions sur le fonctionnement dupôle ;

- favoriser les échanges d’information concer-nant les moyens et difficultés ;

- échanger des informations par rapport à l’acti-vité,

- et effectuer le rapport d’activité.

Cette réforme amène une responsabilité décen-tralisée, une responsabilité directe puisque les pôlesdéterminent objectifs, connaissent leurs moyens etleurs dépenses et ont une vision analytique de leuractivité.

QUELQUES EXEMPLES

● En CHU : par Fabien Launay, cadre supérieurde santé, pôle rééducation au CHU de Dijon.

Après un parcours de kinésithérapeute et de cadre,essentiellement en région parisienne, je me fixe àDijon où la fonction proposée répond à mon désird’allier un poste temps plein de surveillant-kiné auCHU et d’enseignant vacataire à l’école de kinési-thérapie. C’était en 1990…

En 1995, j’ai vécu le passage de “surveillant-kiné” à “cadre de santé” (CS) et ai pu mettre en pra-tique les nouvelles dispositions en encadrant uneéquipe pluridisciplinaire.

De mon expérience de CS, il me semble intéres-sant de faire ressortir les points suivants :

- Depuis 1995, le CS a pour vocation de gérer uneéquipe pluridisciplinaire, ce qui renforce l’identitérééducative, la cohérence du discours auprès despatients et la complémentarité de soins.

- Du fait de sa filière d’origine très spécialisée,le CS kiné peut se sentir limité dans sa compétenced’évaluateur des collègues non kiné. Aujourd’hui,il faut admettre que le cadre n’est plus un experttechnique mais un manager au service de l’efficien-ce des soins.

- Ce changement a été pensé dans le but d’unemeilleure gouvernance hospitalière et non dans celuid’un compagnonnage professionnel. Le CS n’est plusformé pour devenir l’expert technique d’un petitgroupe professionnel homogène mais pour être legestionnaire d’une équipe pluridisciplinaire.

Ensuite, promu cadre supérieur de santé, d’autresproblématiques sont apparues, notamment avec la miseen place des pôles d’activité (dès 2002 à Dijon) :

- Le cadre supérieur de santé (CSS) est membrede la Direction des soins. Ce lien hiérarchique estun atout majeur car il confère une reconnaissanceinstitutionnelle à l’ensemble des soignants, a for-tiori si l’un des directeurs de soins ou CSS est issude la filière rééducation. Il pourra véhiculer l’unede nos valeurs professionnelles : servir pour favori-ser l’indépendance des patients.

- Les CSS peuvent exercer plusieurs fonctions :être CSS d’un pôle d’activités médicales ou assisterun directeur (CSS transversal au sein des DRH,DES…) ou encore être CSS enseignant.

- La nouvelle gouvernance hospitalière donne desdélégations de gestion aux pôles, leur assurant unerelative liberté d’action. La mise en œuvre de la T2Adevrait accentuer ce phénomène. Les rééducateurs

ENCADREMENT

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deviendront des prestataires de soins auprès desautres pôles, assurant un service sur le mode “client-fournisseur”, dégageant des ressources probables aubénéfice du pôle.

- Une nouvelle forme de démocratie s’instaure àl’hôpital grâce aux nouveaux textes. Ainsi, le pou-voir n’est plus réservé à la majorité (“pouvoir infir-mier”) mais commence à s’étendre à tous, notam-ment à la minorité des rééducateurs. C’est ainsiqu’apparaissent les Commissions de soins (infir-miers, rééducateurs, médico-techniques), les Conseilsde pôle, les Conseils de services où siègent les repré-sentants de tous les personnels. Le CSS est membrede droit du Conseil de pôle, instance où sont prisesles décisions concernant le pôle.

- Le pôle RRF du CHU Dijon comprend 180 para-médicaux, dont environ 145 agents de jour et 25agents de nuit. Les rééducateurs représentent envi-ron 55 agents, avec une très forte majorité de kinés.L’équipe cadre est composée de 3 cadres infirmiers,1 cadre ergo et 5 cadres kinés.

- Mes principales missions CSS consistent àmanager les personnels non médicaux, à organiseravec le coordonnateur médical le fonctionnement dupôle (3 services d’hospitalisation et plusieurs UF)et à contribuer à la conception et à la mise en œuvrede divers projets institutionnels (plan équipementbiomédical, plan mobilier, plan formation, projet desoin, projet polaire, travaux, etc.).

J’ai l’intention de développer la fonction cadreen valorisant l’aspect pluridisciplinaire et l’étenduedes missions. Déjà, plusieurs cadres de proximité(filière kiné ou ergo) gèrent des collègues rééduca-teurs de métiers différents. Prochainement, j’aime-rais qu’un cadre kiné gère une unité d’hospitalisa-tion. Bien-sûr, il faut également admettre qu’un cadreinfirmier puisse gérer des rééducateurs.

Jusqu’à présent je n’ai rencontré qu’une seulediff icul té . El le est au niveau de la DRASS quiapplique scrupuleusement les textes et ne reconnaîtdonc pas la compétence professionnelle d’un cadrenon moniteur-kiné pour valider les stages kiné. Àtitre indicatif, un moniteur-kiné peut valider des sta-giaires ergo, orthophonistes… sous réserve que letuteur soit de cette filière.

- Outre cette activité CSS, il m’a paru importantde garder une activité d’enseignant-moniteur àl’IFMK afin de renforcer le lien avec mon passé desoignant et de pédagogue. Ainsi, chaque année jefais passer régulièrement des MSP, dirige une dizai-ne de mémoires et poursuis mes cours (évalua-tion/testing, neuro-rééducation, électrothérapie, etc.).

Et demain ?

Les probables difficultés à venir proviendront, àmon avis, du manque de :

- candidatures kinés hospitaliers pour occuper lespostes vacants. Cette pénurie nous obligera à trou-ver des palliatifs afin de préserver la continuité dessoins : infirmières, APA, kinés étrangers…

- cadres entraînant un encadrement des kiné etétudiants-kiné par d’autres métiers.

- formateurs en IFMK.

Finalement, qui va “faire la kiné à l’hôpital” etqui formera les futurs kinés ?

En ville, la plupart des nouveaux diplômés filentvers l’ostéopathie ou le bien-être.

En clair, quelle légitimité peut-on attendre dupublic et des décideurs ?

Si l’une des qualités essentielles d’un respon-sable réside dans sa capacité à anticiper les pro-blèmes et à les résoudre avec pertinence, j’ai lafâcheuse impression que nos responsables politiqueset professionnels ont d’autres qualités…

● En Centre Hospitalier public : par GuylaineDesjardins, Maryline Guégan, Francis Cazaux, cadresde Santé kinésithérapeute au CH de Lannion-Trestel.

Le CH “Le Damany” comprend deux sites dis-tants de 17 km, dont un centre de rééducation. Depuisle 1er janvier, il est organisé en 6 pôles : médecine,chirurgie, femme-mère-enfants, personnes âgées,médico-technique, rééducation et unités médico-sociales.

L’essentiel du pôle rééducation est constitué parle CRFF en milieu marin de Trestel qui comprend :

- pour le secteur sanitaire : 2 services d’héberge-ment (“adultes” et “enfants”) et le plateau technique ;

- pour le secteur médico-social : le SESSAD etla “Maison de l’Estran” pour polyhandicapés.

Les autres rééducateurs travaillent à Lannion :

- pour le secteur sanitaire : en MCO (médecine,chirurgie, obstétrique) et en SSRG (soins de suite etde réadaptation gériatrique) ;

- pour le secteur médico-social : au CAMPS(centre d’action médico-sociale précoce) et à l’USLD(unité de soins de longue durée).

Ce pôle est géré par un médecin de médecine phy-sique et de réadaptat ion (MPR), assis té par unDirecteur de pôle issu de la filière éducative, et unCadre supérieur de santé responsable de pôle issu dela filière soignante.

10 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24

Le pôle de rééducation compte 7 médecins MPR,1 rhumatologue, 1 neuropédiatre et 1 phoniatre.

L’équipe de rééducateurs, managée par 3 cadresde santé kinésithérapeutes, est composée de :

- 30 masseurs-kinésithérapeutes,

- 12 ergothérapeutes,

- 7 orthophonistes,

- 3 psychomotriciennes,

- 2 ortho-prothésistes,

- 2 vacations d’orthoptiste,

- 2 secrétaires agents de planification,

- 12 aides-soignants et ASH (personnel de bal-néothérapie, gymnase et brancardage).

Bien qu’encore en période de mise en place, cettenouvelle gouvernance est génératrice d’une dyna-mique fédératrice et apporte une meilleure commu-nication entre les différents secteurs du Pôle.

Ces 2 expériences mettent en évidence la spéci-ficité du rôle de cadre de pôle. Qu’il soit issu de lafilière rééducative ou non, il devra répondre à unprofil de poste spécifique, exigeant à la fois des com-pétences de management, de gestionnaire, et de com-munication, et de connaissance des outils de quali-té de soins.

Missions principales : Le cadre de santéde pôle assiste le médecin chef de pôlepour l’élaboration du projet de pôle, la défi-nition de la stratégie de mise en œuvre,son organisation, sa gestion et sur lesmodalités d'évaluation de ses activités.

Modalités de désignation : Le cadre estdésigné par le directeur après avis dudirecteur des soins, du responcsable depôle et du conseil exécutif.

Liens hiérarchiques : le directeur et pardélégation le directeur des soins coor-donnateur général des soins et dans lerespect de l’organigramme en vigueur.

Liens fonctionnels : le médecin chef depôle, les collaborateurs de ce médecin,le cadre administratif.

Diplôme requis : diplôme de cadre desanté ou de cadre sage-femme pour lepôle mère-enfant.

Qualités attendues :- fortes aptitudes au management- motivation à développer des compé-tences de gestion financière et organisa-tionnelles- maîtrise informatique- coordonner et optimiser les prestationsde soins et d’activités paramédicales- coordonner un ensemble d’unités ou deservices afin d’améliorer l’organisation parle management d’une équipe de cadres- collaborer avec la direction des soinspour la mise en œuvre du projet de soinset de projets transverses

Missions :

1. Participer à la mise en place et au fonc-tionnement du conseil de pôle :- garantir la qualité de la prise en chargedes usagers dans le respect des droitsdes usagers et en conformité avec lesprotocoles et procédures en vigueur dansl’établissement,- harmoniser les pratiques profession-nelles,- harmoniser l’organisation pour optimi-ser la continuité et la sécurité des soins(dossier de soins, plannification des soins),- participer à l’élaboration du contratd’objectif et de moyens.

2. Élaborer le projet de pôle en collabo-ration avec le médecin responsable depôle et le cadre administratif en cohérenceavec le projet d ’établissement. Définirune politique de formation pour le pôle encohérence avec le projet médical et le pro-jet de soins.

3. Décliner le projet de pôle en adéqua-tion avec le PE (projet de soins, le projetsocial) et en garantir la cohésion.

4. Contribuer à la gestion économique dupôle :- gestion efficiente des moyens matériels,-mise en place des tableaux de suivi encollaboration avec la direction des affairesfinancières,- choix des équipements et travaux et défi-nition des priorités en fonction des besoinsdu pôle.

5. Manager les cadres de proximité.

6. Informer les cadres des objectifs et leséquipes des objectifs et des résultats.

7. Superviser la gestion et les effectifs auregard de la charge de travail au sein dupôle.

8. Développer le partenariat interservice.

9. Superviser la démarche qualité et ges-tion des risques au sein du pôle.

10. Assurer une communication intra etextrahospitalière :- diffuser l’information orale et écrite- organiser des réunions- participer au travail en réseau- collaborer avec les directions fonction-nelles.

11. Élaborer le rapport d’activité annueldu pôle.

Ce profil de poste de “cadre de santé depôle” d’un hôpital de proximité a le méri-te d’insister sur la mission de l’évalua-tion de la qualité des soins.Mais, demain la gestion rigoureuse desressources humaines et des moyensn’aura-t-elle pour conséquences de :- produire des effets positifs tels quel’amélioration des organisations doncde l’efficience des soins dans un pre-mier temps,- mais aussi sans doute une rationalisa-tion financière qui fera que des emploismoins onéreux pourront apparaître etque notre profession sera menacée (rejoi-gnant la problématique de Mr Launay àDijon) dans un contexte de difficulté derecrutement de kinésithérapeutes ?

Véronique BILLAT,Responsable de la [email protected]

Exemple de fiche de poste de cadre de santé pôle (CH de Neufchâteau, Vosges )

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Quel est votre parcours profession-nel ?

Au-delà même des compétencespropres ou acquises, de l’expérienceet du savoir, il m’apparaît que le par-cours professionnel d’un individu, entout cas en ce qui me concerne, relè-ve essentiellement de ressources issuesde rencontres humaines profession-nelles ou non, de l’exemple donné parautrui, de l’exploration des qualités,voire des défauts de l’autre, de l’oppor-tunité à saisir les lumières, les refletshumains au travers de ces diverses ren-contres souvent décisives.

Je suis né en 1958 dans le Nord dela France, en plein cœur du paysminier souvent cité comme “terre delabeur”, et c’est effectivement danscet esprit que mes parents m’ontconstruit, au sein d’une grande famil-le unie. Issu d’un milieu ouvrierminier, mon père avec amour, ferme-té et conviction n’avait cesse d’accom-pagner l’évolution sociale de sa famil-le au travers de l’éducation et de laformation de ses enfants. Mon frèreaîné, élève brillant et travailleur fai-sait “médecine” ; il fallait donc que jesuive. À ceci près qu’à l’époque, il memanquait le courage, exprimant uncoté un peu rebelle contre “l’exempleà suivre” et par ailleurs, j’étais plutôtattiré par une profession d’éducationphysique ou sportive. Alors donc, dif-

ficilement, on trouva un compromis :“Il fera Kiné”! Naïve illusion d’unsavoureux mélange de pseudo-méde-cine, d’éducation sportive et de valo-risation sociale. Aujourd’hui, avec lerecul, je peux confirmer ici que le kinén’est pas forcément sportif, encoremoins médecin et a priori ne semblepas faire l’objet d’une particulièrereconnaissance sociale.

Alors me voilà à l’école de kiné-sithérapie du Nord de la France. Uneformation dont je garde le meilleursouvenir, riche, agréable avec de for-midables enseignants passionnés etqui, à mon sens à l’époque prodi-guaient un enseignement en adéqua-tion avec l’exercice du futur métier.Sorti major de promotion en juin 1981et après quelques brefs épisodes deremplacement libéral, j’intègre trèsrapidement le secteur hospitalier. Unetouche de gériatrie, un peu de cardio-logie et puis enfin, la chirurgie thora-co-pulmonaire. Un service de hautetechnicité qui rapidement me permetd’acquérir une maîtrise dans cette acti-vité de kinésithérapie alors fort peudéveloppée. Le Pr. Ribet, chef de ser-vice, me met “le pied à l’étrier” ; tra-vailler, encore et toujours, publier avecen prime un apprentissage “serré” for-çant l’écoute et le profond respect dupatient. À peine six mois de fonctionet une première communication aucongrès de la Société de Pneumologie

Française. Une réussite sous la condui-te du Pr. Francke, anatomisteaujourd’hui doyen de la faculté demédecine de Lille, et de Jean Dhaene,moniteur cadre. Le “microcosme” dela kinésithérapie respiratoire devientmon quotidien, une équipe d’amis pas-sionnés et soudés autour de JoëlBarthe, précurseur en la matière.

Fort logiquement, après trois ansde salariat, je rejoins l’école des cadrescontre l’avis de la kiné-chef d’alors ;il me faudra donc financer cette for-mation. Me voilà à Bois-Larris, hautlieu d’échange, de réflexion et derecherche sur la kinésithérapie. Làencore, une année de travail mais ohcombien riche et structurante. ÉricViel et Gérard Pierron me ferontconfiance, à la fois élève et enseignanten kiné respiratoire. Cette confiancesera reconduite pendant plus de dixans. Une année durant laquelle, àl’occasion d’un stage au CHRU deGrenoble et au contact des Pr. Merlenet Franco, je me découvre un autreintérêt : la kinésithérapie vasculairepériphérique, spécialité encore moinsdéveloppée, et pour laquelle, là enco-re, j’apprends et j’enseigne en mêmetemps. Sorti major de promotion del’ECK Bois-Larris en juin 1985, jeretourne au CHRU de Lille. La kiné-chef est toujours là ! Donc pas de postede cadre ! Alors je fuis pour le CH deRoubaix, à quelques kilomètres : unepremière, courte, triste et malheureu-se expérience de gestion d’équipecompliquée pour gens compliqués -j’ai depuis longtemps oublié.

Le poste de kiné-chef du CH deLens se libère alors. Sans réelleconviction je postule mais, une foisde retour au pays minier, je découvreun autre univers, une équipe mer-veilleuse avec notamment une hiérar-chie totalement ouverte au dévelop-pement personnel et professionnel.Pendant dix ans, je dirige cette équi-pe tout en sillonnant la France pourenseigner la kinésithérapie respiratoireet vasculaire : Bois Larris, les écolesde Lille, Berck, Amiens, Orléans, etc.Les congrès spécialisés auxquels lesparticipations et les communicationssont systématiques, les publications

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24 11

MichelTHUMERELLE

48 ans

Directeur-AdjointCHRU de Lille

M.K.D.E. en 1981M.C.M.K. en 1985

PARCOURS D’UN CADRE KINÉ

en parallèle, les soirées d’animationthématiques pour les étudiants, bref,dix années de travail, limite VRP del’enseignement, mais dix années devrai bonheur !

Au cours de cette période, un autremonde s’ouvre à moi, celui de lamucoviscidose, une sphère d’huma-nité et de compétence qui m’accueillebras ouverts. Un long chemin deréflexion sur la maladie, sur soi, surle monde associatif et surtout une trèsgrande école d’humilité. Là encore,les conférences et les communicationsse bousculent.

Un partenaire fait ce chemin à mescotés, Hugues Gauchez, passionné luiaussi. Totalement complémentaire demes qualités et surtout de mes défauts,il devenu l’inséparable ami des bonset mauvais moments. Égalementconsultants pour des laboratoires spé-cialisés et membres du comitéd’éthique de l’Œuvre de Santé pourl’Enfance Déshéritée, nous enseigne-rons la kinésithérapie de la mucovis-cidose un peu partout en France et àl’étranger, particulièrement dans lespays de l’Est. Plusieurs années de ren-contres internationales, notammentaux USA, nous amènent à tisser avecl’association VLM (Vaincre LaMucoviscidose) un programmed’enseignement national sur la spé-cialité aujourd’hui reconnue.

En général, il me semble que lemonde associatif est une réelle oppor-tunité de développement. Il permet leséchanges d’expériences tout en déve-loppant le potentiel de créativité dechacun et cela dans un cadre éthiqueet structuré. Au CH de Lens, nousavions créé l’ALIR (AssociationLensoise pour l’Information enRééducation) qui a connu de bellessoirées/débats entre professionnels,cadres enseignants et étudiants. J’aiégalement fondé et présidé quelquesannées l’Association Mucoviscidoseet Kinésithérapie qui aujourd’huireprésente l’organe officiel partenai-re de VLM sur le volet kinésithérapie.

À Lens, je rencontre les principaux“hommes clefs” de mon parcours pro-fessionnel. Maurice Dhedin, qu’avec

amusement j’appelle encore “MonMaître” et qui m’a tellement apportédans la gestion des rapports humains,le sens de l’amitié, de la sagesse et dela convivialité permettant bien sou-vent de résoudre de nombreux pro-blèmes ou conflits. Le directeur del’hôpital aussi me donnait sa confian-ce dans l’organisation et la gestion duservice. Sans aucun doute, ce direc-teur, Didier Delmotte a permis l’orien-tation de ma carrière. À ses cotés j’aidécouvert le sens du service public,de l’intégrité, de la loyauté et du tra-vail efficace mais aussi et surtout lesvaleurs de la fidélité et de l’amitiévraie. En 1997, la structuration sani-taire régionale de la rééducation néces-site l’ouverture d’un centre de réédu-cation en périphérie lensoise, et toutnaturellement Mr Delmotte me pro-pose d’en prendre la direction. En déta-chement de la Fonction Publique hos-pitalière, j’œuvre alors pour la créationet le développement de ce centre de120 lits et places de rééducation neu-rologique et respiratoire pour le grou-pe hospitalier Berckois PSPH“Fondation Hopale”.

Je m’éloigne alors peu à peu dumonde soignant pour intégrer celui dumanagement et de la gestion admi-nistrative. Un peu plus tard, le GroupeHopale me confie la direction tech-nique d’un CRRF à Bailleul dans leNord. Il me faut maintenant validerce statut par une formation adaptée etun diplôme adéquat. Pour cela, jerejoins l’institut de formation descadres dirigeants de la FEHAP(Fédération des EtablissementsHospitaliers à caractère Privé) etobtiens en 2 ans un DESS-Master demanagement et gestion des structuressanitaires et sociales à Lyon.

À mon retour, la Direction dugrand groupe hospitalier privéAHNAC m’offre la direction d’un éta-blissement MCO de 250 lits au cœurde l’Artois. La décision est difficile àprendre mais je me lance et me donneà fond dans la gestion d’une équipemédico-chirurgicale de renom et dequalité avec plus de 500 salariés. Uneexpérience éprouvante mais, en retour,l’apprentissage au quotidien d’un autre

métier, celui de directeur, de plus issud’une filière soignante.

Durant ces années, il me faut paral-lèlement conduire la mission d’expert-visiteur de l’ANAES (aujourd’huiHAS) et c’est sûrement là l’une desplus belle mission qui me soit confiée,intensément riche de rencontres et departage d’expériences profession-nelles. Aujourd’hui encore, j’assurela coordination de nombreuses visitesde certification “V2”.

Dix années ont passé et on me rap-pelle la réglementation : les possibi-lités de détachement de la FonctionPublique sont maintenant épuisées etil me faut donc choisir entre la démis-sion ou la réintégration à l’hôpital.Seulement voilà, statutairement la réin-tégration ne peut se faire que sur lecorps d’origine, soit kinésithérapeuteà l’époque. C’est vrai qu’après plusde 10 années de direction c’est dur,surtout pour les éventuels patients !Alors, seule solution : obtenir le titreconvoité de Directeur des Hôpitauxdélivré par l’ENSP de Rennes. Uneseule filière possible mais tellementrestreinte. Je n’y crois pas vraiment,je la tente quand même et ça passeencore !

À l’issue d’une formation com-plémentaire, un arrêté ministériel defévrier 2005 me nomme Directeur-Adjoint au CHRU de Lille. Je retrou-ve un très grand patron devenuDirecteur Général du CHRU de Lille,Didier Delmotte qui me confie entreautres la gestion du pôle d’activité ensoins de suite et réadaptation duCHRU. Aujourd’hui c’est au traversde ce nouveau métier que je mereconstruis à nouveau dans le mondede la rééducation ; on pourrait dire que“la boucle est bouclée”, mais je pré-fère le symbole de la roue qui tourne,modélisation théorique de Deming quivise une constante amélioration de laqualité. Au total à ce jour, un profilde soignant, enseignant, directeur etqualiticien qui a retenu récemmentl’attention de la DHOS du Ministèreafin de participer au dispositifd’accompagnement des réformes hos-pitalières en cours.

12 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24 13

Que vous a apporté votre formationà l’ENSP ?

La formation consiste en une for-mation statutaire obligatoire dont lesmodalités sont régies par décret. Sixsemaines de formation théoriques etun stage pratique de 4 semaines ensituation de direction au sein d’un éta-blissement hospitalier public agréé parl’ENSP. Il s’agit là d’un cycle de for-mation applicable aux directeurs deshôpitaux issus du “tour extérieur”,c’est-à-dire nommés sur liste d’apti-tude au regard d’une sévère sélectionà partir des dossiers et d’entretiensd’évaluation. Nous sommes donc loindu programme des 3 années des ÉlèvesDirecteurs des Hôpitaux (EDH), bienqu’à la fin le diplôme soit équivalentau regard du ministère.

L’avantage consiste en une for-mation adaptée sur un programmechoisi et conçu entre le directeur “tourextérieur” stagiaire et l’ENSP. Il suf-fit donc d’aller choisir à son gré ausein du programme des nombreusesformations dispensées par l’ENSPcelles qui seront le plus profitables ànotre futur métier. Tout doit être réa-lisé sur l’année suivant le décret denomination ministériel. En ce qui meconcerne, je me suis essentiellementtourné vers la gestion financière desétablissements publics de santé et lagestion des ressources humaines,notamment dans son versant médicaluniversitaire en lien avec le posteactuellement occupé. Il s’agit de for-mations très concrètes, réalisées pardes professionnels pour des profes-sionnels et permettant une transposi-tion concrète et immédiate sur le ter-rain. Je retiens également de cesformations une extraordinaire riches-se des échanges entre le corps ensei-gnant, les jeunes élèves directeurs sor-tis des universités ou des “grandesécoles” face à l’expérience des direc-teurs en formation continue.

Bien que directeur en établisse-ment privé depuis plus de 10 ans ettitulaire d’un Master équivalent, il fautreconnaître que seule cette formationstatutaire ENSP jouit d’une véritablereconnaissance auprès des profes-sionnels et des collaborateurs.

Maintenant que vous participez àla direction d’un CHU, commentvoyez vous les kinésithérapeutes ?

Au travers de mes différentes fonc-tions, mon regard n’a jamais vérita-blement changé et je reste dans l’âmeun kinésithérapeute et toujours trèsfier d’appartenir à ce corps de santé.Certes, “de l’autre coté de la barriè-re”, il s’agit d’une profession diffici-le à gérer de par son caractère indivi-dualiste et “libéral” aux sens propreet figuré du terme. La pénurie des kiné-sithérapeutes salariés notamment dansla Fonction Publique hospitalière n’estpas pour favoriser l’image de ce der-nier sur le terrain.

Au sein des services de soins, “lekiné” reste celui qu’on cherche, quicourt, qui n’est pas encore arrivé oudéjà parti, celui à qui l’on demanden’importe quoi et qui bien souvent estprêt à n’importe quoi ! Sa réputationest souvent usurpée, malmenée, gal-vaudée mais, en fait, c’est la plupartdu temps auprès des patients qu’ilretrouve la reconnaissance et sa vraielégitimité et tout compte fait, c’estbien là le principal.

Quels sont vos principaux pro-blèmes ?

Aujourd’hui, la gestion du pôled’activité de soins de suite et réédu-cation qui m’est confiée reste un com-bat perpétuel de reconnaissance enversles activités de court séjour MCO etbien évidemment encore plus au seind’un CHRU qui doit mettre en avantson image de très haute technicité.

Alors même que l’on parle de tari-fication à l’activité et de contractua-lisation interne permettant l’autono-mie gestionnaire du champ MCO, lesecteur SSR reste sous dotation glo-bale, en léthargie créant un immobi-lisme déstructurant et néfaste aux pro-fessions de rééducation et réadaptation.Dans ce domaine, les activités sonthétérogènes, peu évaluées et peu codi-fiées avec de plus une mauvaise priseen compte par le législateur. Il fautdonc souvent aller au conflit pourasseoir la légitimité de cette activitéau sein du monde sanitaire.

Par ailleurs, la gestion des équipesde rééducation nécessite un encadre-ment aujourd’hui trop peu développéet encore peu préparé aux nécessitésactuelles. Parfois trop soignant ou àl’inverse souvent trop administratif,le management en rééducation resteune réelle difficulté de terrain qui àmon sens mérite une profonderéflexion de la profession.

L’avenir de cette merveilleuse pro-fession passe par une implicationvolontariste et réellement offensivedes cadres de santé en rééducationdans les nouveaux concepts managé-riaux de la santé.

À titre professionnel personnel,quels “conseils généraux” donne-riez-vous aux cadres MK pour amé-liorer la vie quotidienne de la kiné-sithérapie au sein de l’hôpital ?

Premièrement et sans hésitation,faire respecter notre domaine de com-pétence et cela quelque soit le secteurpris en considération, spécialisé ounon. À l’évidence, la mise en place duconseil de l’Ordre et l’application pro-chaine du nouveau décret relatif auxactivités de soins de suite et de réadap-tation constitue un virage essentiel dela profession et de sa reconnaissance,encore faudra-t-il négocier son appli-cation avec conviction, loyauté et habi-leté sur le terrain.

Par ailleurs, la mise en œuvre dela nouvelle gouvernance au sein desréformes hospitalières actuelles repré-sente un outil essentiel de prise deposition incontournable pour les cadresde santé rééducateurs au sein de l’hôpi-tal. Enfin l’obligation d’évaluation etde certification représente aujourd’huiclairement un champ d’investigationlargement ouvert mais égalementd’expansion pour la profession. En yassociant une dynamique associative“hospitalo-libérale” souvent fortappréciée de nos confrères, je suis per-suadé que chaque cadre de santé enrééducation y trouvera les moyensd’améliorer la vie quotidienne deskinés en général et notamment au seindu monde hospitalier.

Entretien : Michel GEDDA

14 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24

Evidence based et EPP.

L’évidence française est “ce qui tombe sous lesens, et n’a pas lieu d’être prouvé”. Il suffit de

sortir dans le jardin pour qu’il paraisse évident quela terre est plate et stable ; la réalité scientifique estdifférente, et c’est de celle-ci que parle l’ “eviden-ce-based” qui se traduit par “basé sur les preuves”.

De toute évidence (sic), l’Évaluation des PratiquesProfessionnelles (EPP) portera en premier lieu surle respect des recommandations, aisément vérifiable.Le niveau de preuve deviendra incontournable.Changeons la signification du mot - ce ne sera pasle premier, et nous pourrons mesurer l’écart entre cequi doit être fait et la réalité. L’EPP ne porte pas surce que sait le praticien, mais comment il fait.

Évaluation : examen systématique en vue dedéterminer dans quelle mesure une unité est capablede satisfaire aux exigences spécifiées [ISO/TCI 176].

La Chartered Society of Physiotherapy (CSP)(équivalent britannique de l’Ordre des kinésithéra-peutes) a fait paraître “Guidance for developing cli-nical guideline”, une aubaine (clinical guidelinessignifie à la fois “guide” et “ligne directrice”). Hélas,35 pages sont noircies, et nous postulons qu’uneminorité de confrères arrivera au bout.

Le document promet de fournir un cadre pourrédiger des guides et la méthodologie, en décrivantchaque étape du processus.

Le texte parle de niveau d’excellence et recom-mande des “articles de qualité”, mais sans les défi-nir. Nous avons adopté l’attitude anglaise qui veutqu’il est difficile de décrire une girafe, mais lors-qu’on est en présence tout devient simple. Nous avonsune idée de ce qu’est le niveau de preuve, mais il neconvient pas à tous.

Qualité : aptitude d’un service à répondre auxbesoins des utilisateurs, au moindre coût et dans lesmeilleurs délais [OMS].

Voici ce qu’est considéré “article non acceptable” :

- études avec biais : “puisque je le dis, c’est vrai !”,

- amélioration rapide,

- ne peut pas faire de mal,

- sert à tout : résultats garantis.

- anatomie et physiologie douteuses, ne corres-pondant pas aux données actuelles de la science.

Le document de recommandation acceptable :

- ne décrit pas des intentions, mais un traitementconcret,

- liste les ignorances et les connaissances,

- ne remet pas en question la manière de soigner,mais ajoute de nouvelles pistes,

- ne décrit pas de certitudes,

- décrit la manière de faire, en précisant que cen’est pas la seule.

Les guides ne doivent pas être suivis en toutescirconstances : il arrive que le MK utilise son juge-ment clinique en fonction de la réalité. Les recom-mandations sont basées sur des évidences fortes detraitement actif et les dérogations doivent motivées.

Conseils de la CSP à suivre :

- consti tuer un groupe de développement derecommandations comprenant des cliniciens et desthéoriciens en anatomie, physiologie et autres dis-ciplines connexes,

- constituer un comité pour scorer l’ “evidence”,

- faire une liste de publications acceptables,

- faire un modèle de rédaction (présentationIMRAD selon les normes de Vancouver).

À quel saint se vouer ? La CSP conseille les 2tables suivantes :

Table 1. Niveaux d’évidence - type d’évidence(adapté de A hierarchy of evidence, NICE, 2001) :

- Ia : Evidence obtenue à partir d’un revue sys-tématique d’essais randomisés contrôlés.

- Ib : Evidence obtenue à partir d’au moins unarticle relatant un essai randomisé contrôlé.

- IIa : Evidence obtenue à partir d’au moins uneétude bien conçue et contrôlée. Études sans rando-misation.

- IIb : Evidence obtenue à partir d’au moins un autretype d’étude bien conçue et quasi-expérimentale.

- III : Evidence obtenue à partir une étude des-criptive non expérimentale bien conçue à partir d’evi-dence expérimentale telle que comparaison, étudede corrélation et étude de cas.

- IV : Evidence obtenue de l’expérience, rapportsou opinion et expérience clinique d’autorités res-pectées.

Table 2. Scoring des guideline et recommenda-tions (Source : NICE, 2001) :

- A : au moins un essai randomisé controlé par-tie d’une littérature de bonne qualité et consistants’adressant au problème spécifique.

(Ia et Ib dans la Table 1)

L’ A.F.R.E.K.

- B : Étude clinique bien menée mais pas rando-misée portant sur le sujet de la recommandation.

(IIa, IIb et III dans la Table 1)

- C : Comité d’experts - Experience du comitéqui rend compte des opinions et de l’expérience cli-nique d’autorités compétentes (score applicable sides études cliniques de bonne qualité sont absentes).

(IV dans la Table 1)

D - Recommandations de bonne pratique baséesur l’expérience clinique du guide.

Sources de documentation :- The National Institute for Clinical Excellence- Writing a clinical guideline - a model structure- <http://www.show.scot.nhs.uk/sign/guidelines>- <http://www.agreecollaboration.org/>- <http://www.nice.org.uk>- <http://www.invo.org.uk/>

Un guide clinique est un guide de comportementdevant le patient qui fournit :

- une source de niveau de preuve efficace pour lepatient, qui tient compte de ce qu’il y a de plus récent ;

- des sources fiables pour le kinésithérapeutes etd’autres, y compris les médecins-conseil des CPAM ;

- un outil qui permet une utilisation cliniquesimple et garant de qualité.

Nous avons déjà (avec le soutien de l’ANAES) proposé des fichesde procédure et suggéré un contenu pour des actes MK “de qua-lité” (Meier JM, Mansuy J, Ribeyrolles C, Schneider A, EiberléF, Chevanne MJ, Kerkour K, Chatrenet Y, Viel E. Indicateurs dequalité pour les technologies de santé utilisées en rééducation-réadaptation. Recherche en Kinésithérapie. 2004;2:21-9).

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24 15

Le présent et le passé,sources d’enjeux et d’exemples.

Une science improbable,une matière médicale disqualifiée

L’histoire des méthodes développées dans le pré-cédent numéro engage d’étudier les conditions

sociales de production des vérités scientifiques. Unetelle analyse suppose que l’on ait un critère de scien-tificité donnant les moyens de distinguer ce qui estune science de ce qui n’en est pas.

Le c r i tè re sur lequel i l y a un la rge accordaujourd’hui sur ce qui est scientifique peut être défi-ni comme “une proposition construite et exposée detelle manière que toute personne de même compé-tence puisse à des fins de vérification en réitérer ladémonstration et en contrôler les rapports aux gran-deurs observables” (Noriel, 1995).

On croit savoir qu’une discipline et les connais-sances qui lui sont associés ne peuvent perdurer qu’àcertaines conditions : une légitimité scientifique quiconditionne sa présence et sa stabilité dans les ins-titutions. À ce critère s’associe celui d’une commu-nauté scientifique, d’institutions de discussion, d’éva-luation, de transmission de résultats.

V. Karady recense les diverses stratégies misesen œuvres pour conférer à une discipline une légiti-mité institutionnelle, scientifique et sociale. Il décrit

les conditions de réussite qui favoriseraient cetteentreprise. Il expose les atouts correspondants à destypes de légitimité utilisés, capables d’assurer unstatut à une discipline neuve, à une innovation ausein d’une branche d’études.

L’École soc io logique , do i t sa réuss i te à laconjonction d’atouts correspondants à des types delégitimité. La légitimité institutionnelle, c’est-à-direla reconnaissance accordée à une formation à ambi-tion scientifique par les institutions qui se situe ausommet de la hiérarchie socialement organisée, dela consécration, de l’inculcation, de la production,de la reproduction, de la conservation et de la dif-fusion des connaissances. Cette légitimité regroupedeux formes : celle qui se rattache à l’enseignementofficiel (Facultés, grandes écoles, etc.) - la légiti-mité universitaire - et celle qui relève des instancesacadémiques (Institut, sociétés savantes, etc.) - lalégitimité académique.

En dehors de ces deux atouts qui représentent unelégitimité “d’appoint”, la légitimité scientifique est“la voie royale” qui a pour siège l’opinion savantetout entière. L’auteur conclut que l’Université nepeut légiférer dans sa politique de création d’ensei-gnement qu’en recourant à la légitimité scientifiquede l’enseignement envisagé.

Le critère scientifique est donc au cœur de lapénétration d’une discipline à l’Université. Les stra-tégies consistent à convaincre le monde universitai-re du bien-fondé de cette thérapeutique pour qu’ellesoit inscrite dans l’enseignement officiel à des finsde légitimation. Si une certaine théorisation de lakinésithérapie est possible, savoir pratique et expé-

du PASSÉ au PRÉSENT

Éric VIEL,Responsable de la [email protected]

16 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24

rimentation clinique ne sont pas suffisants pour péné-trer le monde médical qui rencontre lui-même desdifficultés pour se définir comme scientifique.

Une science a donc partie liée avec la manièredont on l’accueille dans l’enseignement (P. Favre).L’écarter de l’Université ou la placer en positionsubalterne ou à la remorque d’une discipline auxméthodes constituées, est l’exposer au péril de perdreson identité.

Classée initialement dans une matière médicale,la Thérapeutique, discipline peu porteuse à l’époque- la chaire de thérapeutique est une chaire d’attente -,et partagée avec les cliniques médicale et chirurgi-cale et certaines spécialités, la kinésithérapie, dis-cipline composite doit convaincre sur plusieurschamps disciplinaires existants ou en voie de créa-tion, pour tenter de démontrer sa légitimité et sa spé-cificité, auprès du monde savant médical.

Discipline essentiellement pratique, la kinési-thérapie s’appliquant à des champs médicaux spé-cialisés, ne peut mobiliser qu’un praticien spécia-liste aux actions limitées à chaque champ. Cetteposition a pour conséquence l’impossibilité de trou-ver un professeur capable de mobiliser un courantde pensée ou de provoquer un prestige suffisantauprès d’un public érudit pour créer l’enseignementen question.

Malgré des tentatives permanentes des initiateurset promoteurs de cette discipline qui multiplient lesopportunités pour en démontrer l’utilité, pour ten-ter de l’introduire dans l’enseignement, elle ne répondpas au critère qu’exige la science, c’est-à-dire que“toute personne de même compétence puisse en réité-rer la démonstration”.

La kinésithérapie ne peut être accueillie en tantque science à l’Université et en particulier à la facul-té de médecine qui valide les savoirs théoriques etnon les savoir-faire appliqués dont l’inspiration empi-rique et profane ne facilite pas son admission. Lespratiques d’inspirations populaires peuvent-ellespénétrer en quelques décennies le monde médical etuniversitaire alors qu’elles ont été délaissées etméprisées pendant des siècles par ceux qui veulenten faire leur nouveau champ d’activité ?

La kinésithérapie ne possédant pas de légitimitéscientifique ne peut prétendre à ce type de forma-tion ni bénéficier d’institutions lui permettant depropager e t de promouvoi r ses appl ica t ions .Cependant la formation de praticiens à cette disci-pline reste posée. Faut-il former des médecins spé-cialisés pour la pratique de cette discipline qui,venant en complément à d’autres spécialités, deman-

de une participation physique ou des aides disposantdu temps, de la disponibilité et une certaine vigueurpour assurer les séances ?

La question d’une spécialité médicale, à partentière, qui n’est pas centrée sur la localisation dela maladie par organe, sur des conditions pratiquesde séparation de population ou sur un modèle tech-nique par l’utilisation d’appareils ou sur celui de lasociologie professionnelle, dans lequel où concur-rence professionnelle, marché et cl ientèle sontconfondus, semble écartée.

Si la légitimité scientifique a pour siège l’opi-nion savante tout entière, qui écarte momentané-ment la kinésithérapie, sa légitimité sociale peutprendre des aspects aussi divers qu’il existe degroupes de pression, d’agences de syndicats ; ellese manifeste par une demande publique de recherched’érudition.

À certains moments, la kinésithérapie se rap-proche plus du groupe d’intérêts professionnels char-gés de “produire de la représentation d’intérêts…tout simplement des prestations matérielles” qui pré-tendent au monopole des pratiques.

La pénétration de ces méthodes dans le mondemédical savant est l’objet d’enjeux entre des groupesprofessionnels qui se constituent, centrés autour desagents ou des techniques et en briguent l’exclusivi-té à des fins de marché (ostéopathie).

L’analyse de l’échec scientifique offre une occa-sion d’appréhender le passé et d’éviter les récitscumulatifs de l’histoire d’une “spécialité”. La kiné-sithérapie, discipline paramédicale, pseudo-science,est reconnue disposant de savoirs demi-savants dansson histoire en marge des disciplines médicales spé-cialisées, dans la mouvance de l’hygiène.

Sans décider si ces savoirs sont ou non valides,on s’attache à revisiter l’histoire pour mieux appré-hender le présent, source d’enjeux économiques etde pouvoirs où la formation reste l’élément essen-tiel de construction du métier.

La kinésithérapie qui se généralise, tente de sefaire une place dans le champ médical, de la santé,et la prise en charge des maladies, mais c’est aussiun art et une technique qui doit se mettre en rapportavec la tradition de la pensée médicale et sociale dumoment, sans faiblesse ni compromis si elle doitfranchir les étapes de la légitimité.

Jacques MONET,Responsable de la [email protected]

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24 17

L’Apprentissage Par ProblèmeExemple d’application.

Dans le dernier numéro de La Lettre du CSK, nousavons expliqué les principes de l’Apprentissage

Par Problème (APP). Aujourd’hui, nous illustronsnos propos à travers un problème centré sur le rachiscomme la lombalgie commune afin d’expliciter ladémarche pédagogique sous-jacente. Il s’agit de com-prendre comment cette approche privilégie unedémarche hypothético-déductive et non la recherchede solutions.

Avant de construire le cas, un groupe de forma-teurs expérimentés et largement documentés sur lesujet détermine ce que l’on souhaiterait que les étu-diants soient en mesure de comprendre, d’expliquerà travers ce cas. Ces mêmes personnes deviendrontles animateurs de l’APP. À partir d’une situationconcrète, réaliste et vécue, le cas est rédigé puisretravaillé afin qu’il y ait une totale adéquation avecl’intention de départ. Chaque étape de l’APP estorganisée, planifiée ; les contenus et intentions péda-gogiques sont discutés, spécifiés et formalisés. Cetteséquence préparatoire terminée, un “guide du tuteur”est élaboré. Ce document comporte le cas, le pro-blème à découvrir, les possibles hypothèses et objec-tifs d’apprentissage. Il comporte également tous leséléments nécessaires à l’ingénierie de l’action deformation. Dans la suite du texte, le contenu de ceguide sera repérable par l’utilisation de l’italique.

PREMIERE PHASE :

Les étudiants sont répartis en petits groupes (10maxi). Pour la première étape, après avoir lu le pro-blème avec les élèves, l’enseignant animateur faitrepérer les mots complexes et importants puis cla-rifier les termes et les données. Il s’agit d’identifieret mettre en commun les connaissances initiales desétudiants.

● Le problème : un homme lombalgique âgé de40 ans cuisiner, 3 enfants (18, 12, et 4 ans) a déjàbénéficié de 2 séries de 10 séances de rééducation.

Le diagnostic de lombalgie commune est validé(douleurs non localisées, inconstantes, sans signeradiologique de dégénérescence). Ce patient est ànouveau adressé par le rhumatologue à un kinési-thérapeute libéral qui propose après un bilan-dia-gnostic kinésithérapique (BDK) approfondi, de fairependant 10 séances de la rééducation propriocepti-

ve du rachis lombaire, de la physiothérapie et durenforcement du complexe lombo-pelvi-fémoral.

Il suit ses séances régulièrement, 4 fois par semai-ne pendant 45 minutes. Trois mois après la fin desséances, il doit à nouveau consulter pour réappari-tion de douleurs importantes l’amenant à solliciterun arrêt de travail.

Cette situation perdure depuis 2 ans, c’est-à-direque les examens clinique et complémentaires restentinchangés, avec alternance de rééducation selon lemême protocole et des crises algiques importantes.

L’étape suivante consiste à aider le groupe à défi-nir le problème par une démarche d’analyse. Ainsi,les phénomènes qui demandent une explication sontlistés, les indices sont relevés. Il est entendu que legroupe de formateurs a défini le problème pendantles séances préparatoires.

● Définition du problème :

Malgré une prise en charge individuelle quisemble de qualité, le taux de satisfaction du patientn’est pas suffisant. Les douleurs persistent et sem-blent même s’aggraver puisqu’elles perturbent l’acti-vité professionnelle du patient.

Le problème étant défini, la troisième étape apour but de mener le groupe à proposer des hypo-thèses d’explication. Pour chaque proposition, l’ani-mateur analyse avec le groupe l’exactitude des infor-mations apportées, relève celles qui sont erronées.Le rôle du pédagogue est entre autres de réactiverles connaissances antérieures, d’aider les étudiantsdans le ra i sonnement , d ’u t i l i se r l ’e r reur dansl’apprentissage. La difficulté majeure pour l’ani-mateur est de recentrer les débats afin qu’à aucunmoment, les étudiants ne cherchent à trouver de solu-tions au problème.

Au cours de la quatrième étape, les hypothèsessont organisées et hiérarchisées. Voici celles qui ontété proposées par le groupe d’animateurs au coursdes séances préparatoires.

● Hypothèses d’explications :

- H1 : Les traitements effectués n’étaient pasadaptés au patient.

- H2 : Il n’y a pas eu d’évaluation kinésithéra-pique suffisamment discriminative, le BDK étaitincomplet.

- H3 : Indépendamment de la prise en charge phy-sique, il n’y a pas de prise en compte de l’environ-nement professionnel.

- H4 : Ce patient veut se créer un statut de “mala-de”.

FORMATION

18 La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24

La cinquième étape du travail consiste à menerle groupe à formuler des objectifs d’apprentissage.Ils seront déclinés pour chaque hypothèse. L’ani-mateur peut amener le questionnement ainsi : pourvérifier si cette hypothèse est vraie ou fausse, quedoit-on être capable de savoir, d’expliquer, d’ana-lyser, de comprendre ? Que doit-on savoir faire et jus-tifier ? Quelle pratique doit-on mettre en œuvre ? Quelcomportement adopter vis-à-vis du patient ? Celapermet un véritable décloisonnement des disciplines.Les objectifs d’apprentissage contenus dans le guidesont listés et déclinés, nous proposons de ne pré-senter qu’un extrait de cette liste.

● Objectifs d’apprentissage :

Objectifs correspondants à H1 :

- Recenser les différents écrits sur la lombalgieproduits par la Haute Autorité de santé (HAS).

- Recenser et analyser les divers écrits sur l’effi-cacité des différentes techniques de rééducation surla lombalgie commune et leur application à partirdes documents et recommandations de la HAS.

- Récapituler les connaissances théoriques dutraitement kinésithérapique de la lombalgie com-mune et expliquer la démarche (bilans médicaux etkiné, prescription en masso-kinésithérapie, choix detechniques) selon les recommandations de la HAS.

- Expliquer les modalités de prescription et deprise en charge masso-kinésithérapique dans la lom-balgie commune éditées par la HAS.

- Différencier le traitement kinésithérapique desactions préventives qui entrent dans le cadre del’éducation thérapeutique.

Objectifs correspondants à H2 :

- Identifier les causes de la souffrance rachidienne.

- Dresser la liste des causes possibles de souf-france rachidienne.

- Définir ce qu’est un bilan-diagnostic Kiné dansla lombalgie commune et identifier la liste des dif-férents tests à disposition.

- Expliquer la démarche permettant de sélec-tionner les différents tests à effectuer dans le but deles discriminer.

- Identifier les causes à travers les bilans.

- Faire un bilan spécifique discriminatif, sélec-tionner le test qui permet de mettre en évidencechaque cause probable.

- Lister et sélectionner les informations à partirdesquelles sera construit le programme de réédu-cation.

- Faire un bilan de type gestes et postures parrapport au poste de travail.

Objectifs correspondants à H3 :

- Identifier les répercussions professionnelles etsociales par rapport à la lombalgie.

- Proposer des solutions en rapport avec l’éva-luation des risques professionnels relevés chez lescuisiniers.

Objectifs correspondants à H4 :

- Expliquer les retentissements psychologiquesd’une maladie chronique.

- Expliquer la notion de dépendance vis-à-vis dela rééducation chez ces patients.

DEUXIEME PHASE :Travail individuel.

La première phase de l’APP achevée, les étudiantspartent individuellement chercher les informations.

Le temps imparti est défini dès le départ parl’équipe pédagogique qui évalue toutes les difficul-tés prévisibles dans la collecte d’informations. L’étu-diant apprend à gérer e t organiser son t ravai l .Autonomisation et responsabilisation prend alorstout son sens dans l’apprentissage.

TROISIEME PHASE :Synthèse.

Lors de la troisième et dernière phase, les étu-diants se retrouvent en groupes afin de faire la syn-thèse de l’information recueillie et de l’appliquer auproblème. C’est une réelle mise en commun desconnaissances où les échanges et les débats sont derigueur. L’enseignant est à la fois animateur, modé-rateur mais aussi expert et référent du domaine.

Enfin, un bilan du travail complété par un bilanindividuel est effectué au cours des étapes suivantes.

Voici, à l’aide d’un exemple que nous avonsquelque peu simplifié, ce qu’est une démarche APP.Elle est spécifiquement établie selon une approchepar compétences qui se révèle être une force de lamodernité contemporaine dans l’enseignement dessciences de la santé.

Aussi, libre aux équipes de terrains et d’institutsde collaborer pour mener à bien ce type de démarche.

Ont participé à l’élaboration de ce cas et animé les séancesd’APP dès 1993 : P. Colné, R. Gagnayre, P. Gouilly,J. Peyranne, G. Pierron.

Josette PEYRANNE,Responsable de la [email protected]

La Lettre du Cadre de Santé Kinésithérapeute - Juin 2007 - N°24 19

Parce que nous pensons que le fonctionnement, le quotidien ne doivent être lesseuls préoccupations et ressources du cadre, nous voulons ouvrir La Lettre du

C.S.K. à ces autres dimensions qu’on aborde rarement “la tête dans le guidon”.

Pas pour être efficace, pour ne rien résoudre, juste sortir un peu de notremicrocosme, s’en enrichir peut-être... Cette rubrique sera une fenêtre à ouvrir

sur tout un monde de culture, de curiosités et d’intérêts divers qui peuvent aussiexister quand on forme, guide et vit auprès de femmes et d’hommes en évolution.

Une ouverture vers ce que vous voudrez bien.

Car cette bouffée existera par vos soins.

par :

John-Kennedy TOOLE,La conjuration des imbéciles.

Magasins AbalmanKansas City, MissouriUSA

Monsieur I. Abelman, PDG et quasi-mongolien,

Nous avons reçu par la poste vos absurdes commentaires concernantnos pantalons, commentaires qui révélaient surtout votre complet manquede contact avec la réalité. Eussiez-vous été tant fût peu plus conscient,vous eussiez aussitôt compris que l’expédition des pantalons en questions’était faite en toute connaissance de cause quant à l’anomalie de la lon-gueur des jambes.

Mais alors, pourquoi, pourquoi ? direz-vous dans votre babil irrespon-sable, incapable que vous êtes d’assimiler les concepts les plus stimulantsdu commerce moderne à votre vision du monde retardataire et dégénérée.

Les pantalons vous ont été adressés :1) comme moyen de tester votre esprit d’initiative (une firme dynamiqueet intelligente devrait être capable de faire en quelques jours des pantalonstrois-quarts le fin mot de la mode masculine d’été. Vos services de mer-chandising et de publicité sont manifestement en faute), et

2) comme moyen de mettre à l’épreuve vos capacités de répondre aux exi-gences de qualité de nos distributeurs agréés. (Nos vrais distributeurs, ceuxsur lesquels nous comptons, sont évidemment capables d’écouler en quelquesjours des pantalons portant le label Levy, quelle que soit la qualité de leurconception et de leur réalisation. Selon toute apparence, vous n’êtes pasdignes de notre confiance.)

Nous ne souhaitons pas à l’avenir être importunés par ce genre de récla-mations fastidieuses. Vous voudrez bien limiter votre correspondance àl’expédition de vos commandes. Nous sommes une firme dynamique etfort active, les tracasseries impertinentes dont vous semblez vous faire unespécialité ne peuvent qu’entraver la réalisation de notre mission. Si vousnous importunez de nouveau, vous sentirez, Monsieur, la brûlure de notrefouet en travers de vos pitoyables épaules.

Agréez, Monsieur, nos coléreuses salutations,Gus Levy, Président.

FENÊTREL’hôpital Raymond Poincaré de

Garches (92) recrute pour son plateautechnique de Rééducation Fonctionnelle :

1 cadre de santé temps plein, CDI.

Le service dispose d’une équipepluridisciplinaire pour 60 litsd’hospitalisation et d’HDJ en MPRavec balnéothérapie, activités sportivesassociées et plate-forme dotée desnouvelles technologies.

Candidature à adresser à :

Elisabeth le Bomin, CSSKUnité Netter

HÔPITAL RAYMOND POINCARÉ

92380 GARCHES

Tél : 01 47 10 76 93

[email protected]

Le centre de rééducation et réa-daptation fonctionnelles Pasteur àTroyes (10) recrute pour l’encadrementdes professionnels du plateau technique :

1 cadre de santé kinésithérapeute.

L’équipe est constituée de 22 personnes(kinésithérapeutes, ergothérapeutes,professeurs d’activités physiquesadaptées, orthophoniste, psychologue,assistante sociale, surveillant debaignade et brancardier).

Le centre, ouvert en janvier 2002, a unecapacité d’accueil de 63 lits et places derééducation polyvalente pour adultes(neurologie, traumato-orthopédie,lombalgies chroniques et appareillage).Un projet d’unité de rééducationcardiaque est prévu en 2008.

Le plateau technique associe modernité,fonctionnalité et équipements de hautniveau.

Convention Collective FEHAP, statutcadre, reprise de l’ancienneté, 18 joursRTT par an, aide à l’installation.

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