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CROISSANCE DE LÉCONOMIE ET DÉBOUCHÉS ÉCONOMIQUES DES FEMMES EXAMEN DES ÉCRITS AUX FINS DU PROGRAMME DE RECHERCHE DU DFID, DU CRDI ET DE LA FONDATION HEWLETT PORTANT SUR LAUTONOMISATION ÉCONOMIQUE DES FEMMES, LÉGALITÉ DES SEXES ET LA CROISSANCE DANS LES PAYS À FAIBLE REVENU Juillet 2013 Table des matières Introduction ..................................................................................................................................... 2 1 les rôles des femmes changent, les inégalités perdurent .............................................................. 3 2 obstacles à la participation économique des femmes et politiques .............................................. 8 Priorité de recherche 1 : explorer les obstacles dans des contextes à faible revenu ................... 9 3. La croissance favorise-t-elle l’égalité des sexes ou le peut-elle ? ............................................ 11 Priorité de recherche 2 : Répercussions des profils de croissance sur l’autonomisation économique des femmes ........................................................................................................... 15 4. Les disparités économiques entre les sexes ont-elles des répercussions plus larges? .............. 16 Priorité de recherche 3 : Résumé des données probantes sur les liens entre autonomisation et croissance .................................................................................................................................. 17 Conclusion : Promotion de l’utilisation des résultats de la recherche .......................................... 18 Bibliographie................................................................................................................................. 20

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CROISSANCE DE L’ÉCONOMIE ET DÉBOUCHÉS ÉCONOMIQUES DES FEMMES

EXAMEN DES ÉCRITS AUX FINS DU PROGRAMME DE RECHERCHE

DU DFID, DU CRDI ET DE LA FONDATION HEWLETT

PORTANT SUR L’AUTONOMISATION ÉCONOMIQUE DES FEMMES,

L’ÉGALITÉ DES SEXES ET LA CROISSANCE DANS LES PAYS À FAIBLE REVENU

Juillet 2013

Table des matières

Introduction ..................................................................................................................................... 2

1 les rôles des femmes changent, les inégalités perdurent .............................................................. 3

2 obstacles à la participation économique des femmes et politiques .............................................. 8

Priorité de recherche 1 : explorer les obstacles dans des contextes à faible revenu ................... 9

3. La croissance favorise-t-elle l’égalité des sexes ou le peut-elle ? ............................................ 11

Priorité de recherche 2 : Répercussions des profils de croissance sur l’autonomisation

économique des femmes ........................................................................................................... 15

4. Les disparités économiques entre les sexes ont-elles des répercussions plus larges? .............. 16

Priorité de recherche 3 : Résumé des données probantes sur les liens entre autonomisation et

croissance .................................................................................................................................. 17

Conclusion : Promotion de l’utilisation des résultats de la recherche .......................................... 18

Bibliographie................................................................................................................................. 20

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L’égalité des sexes représente un objectif incontournable, visé à l’échelle planétaire. Comptant

parmi les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il a été repris dans le Rapport

sur le développement dans le monde et au Forum économique mondial entre autres. De surcroît,

les responsables des politiques, les bailleurs de fonds et les intervenants reconnaissent de plus en

plus que la marginalisation des femmes peut entraver la réduction de la pauvreté, la productivité,

la concurrence et la croissance. Par conséquent, une meilleure compréhension des obstacles

limitant l’accès des femmes aux débouchés productifs s’impose.

Un nouveau programme de recherche, financé par le DFID, Royaume-Uni, le CRDI et la

fondation Hewlett examinera à quel moment et de quelle façon l’autonomisation économique des

femmes favorise – ou peut favoriser – la croissance économique et la manière dont celle-ci,

encadrée par un ensemble de politiques et de mesures bien ciblées, peut profiter aux femmes,

surtout à celles vivant dans la pauvreté. Il explorera les contraintes et les décisions auxquelles

sont soumises les femmes en tant que travailleuses, entrepreneures et responsables du soin des

proches ainsi que les préférences et les choix des femmes; il examinera l’influence de ces choix,

préférences et contraintes sur les décisions des femmes de même que les institutions, les

politiques et les pratiques qui peuvent favoriser un changement positif. Il privilégiera diverses

méthodologies de recherche, intégrera des approches multidisciplinaires et résumera de manière

systématique les données probantes existantes afin d’assurer la meilleure connaissance intime

qui soit de ces obstacles et relations.

Le programme de recherche portera principalement sur la participation des femmes dans le

marché de l’emploi ainsi qu’à titre d’entrepreneurs et sur les conditions de cette participation –

canaux clés d’autonomisation. Il réunira de solides données empiriques sur la mesure dans

laquelle et les raisons pour lesquelles les femmes sont désavantagées en matière de participation

à la croissance économique et d’avantages liés à celle-ci ainsi que sur les types d’interventions

les plus pertinents dans divers contextes. La réponse à ces questions exige de bien comprendre

les facteurs qui influent sur les choix des femmes, les approches multidisciplinaires pour analyser

les préférences des femmes ainsi que les contraintes auxquelles elles sont soumises.

Définitions de l’autonomisation économique des femmes

Le DFID et le CRDI ont tous deux des définitions de travail de l’autonomisation économique

des femmes, sur lesquelles s’appuiera le programme. Les demandeurs et les bénéficiaires

devront préciser les définitions de travail pour leur projet de recherche.

La définition du CRDI s’inspire de celle de l’OCDE : « Acquérir une autonomisation

économique plus grande, c’est, pour les femmes et les hommes, disposer des moyens de

participer au processus de croissance, d’y contribuer et d’en tirer profit d’une manière qui

leur assure la reconnaissance de la valeur de leurs apports et le respect de leur dignité, ainsi

que la possibilité de négocier une répartition plus équitable des bienfaits que procure la

croissance » (http://www.oecd.org/fr/cad/femmes-

developpement/lautonomisationeconomiquedesfemmes.htm). Cela va dans le sens de la

définition de travail de la croissance inclusive du CRDI, à savoir une croissance donnant la

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priorité à des débouchés économiques pour tous les segments de la population et privilégiant

les moins nantis, en particulier les femmes et les jeunes qui sont les plus susceptibles d’être

victimes de marginalisation.

Selon la définition du DFID, « l’autonomisation économique est un processus qui permet aux

hommes et aux femmes un meilleur accès aux ressources et aux débouchés économiques, et

d’en tirer parti, notamment aux emplois, aux services financiers, à la propriété et à d’autres

actifs productifs (à partir desquels on peut produire un revenu), au développement de

compétences et à l’information sur le marché » (traduction libre, DFID, 2012, Starter Pack on

economic empowerment of women and girls).

Pour comprendre les rôles économiques des femmes, il est essentiel de tenir compte de

l’interdépendance entre les activités liées aux emplois rémunérés, comme entrepreneurs et

gestionnaires d’actifs dans un continuum de survie et les activités d’entreprise, ainsi que de la

garde des enfants et autres responsabilités domestiques.

La présente analyse documentaire résume une grande partie de la documentation existante dans

le domaine, dans diverses disciplines1. La section 1 aborde brièvement les données probantes

recueillies dans le monde sur les inégalités entre les sexes en matière d’emploi, de salaires, de

perspectives commerciales et d’économie du soin des proches. Les sections 2, 3 et 4 décrivent

les connaissances existantes sur les thèmes centraux du présent programme – les obstacles à

l’autonomisation économique des femmes et les liens entre autonomisation économique et

croissance – ainsi que les lacunes en matière de recherche et autres questions que nous avons

cernées.

Au cours des deux dernières décennies, d’importants progrès ont été réalisés en matière d’égalité

des sexes. Dans la plupart des pays en développement, les OMD indiquent que les écarts se

réduisent, le nombre d’inscriptions de filles à l’école primaire se multipliant rapidement et

l’espérance de vie des femmes augmentant considérablement. En outre, on a observé des gains

importants à l’échelle mondiale relativement à la participation économique des femmes, bien

qu’ils soient de nature et de degré divers2.

Toutefois, en dépit des progrès, les inégalités persistent entre les sexes3.Les femmes continuent

d’être désavantagées en matière d’accès au marché du travail et de moyens de subsistance

durables. Selon les données du Forum économique mondial, bien que les écarts en matière de

santé et d’éducation diminuent, seulement 59 % de l’écart relatif aux résultats économiques a été

1 Tiré de Kabeer (2012); www.soas.ac.uk/development/events/26jan2012-womens-economic-empowerment-labour-

markets-entrepreneurship-and-inclusive-growth-towards-a.html; Campos (2012), DFID (2013), et des discussions

approfondies entre les partenaires participant au programme. 2 Kabeer (1998 et 2003) et Dercon et Singh (2011) soulignent le lien entre l’hétérogénéité et le préjugé sexiste.

3 Différents indicateurs des inégalités entre les sexes sont maintenant publiés à l’échelle mondiale, et ils fournissent

tous un aperçu légèrement différent. Mais aucun ne contredit l’impression générale (Van Staveren [2013] passe en

revue et compare les plus importants). Wekwete (2012) résume les fossés entre les genres en Afrique.

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comblé4. Les femmes occupent toujours majoritairement des formes vulnérables d’emploi non

structuré, gagnent beaucoup moins que les hommes et leur contribution économique demeure en

grande partie sous-estimée. Cette section aborde les divers aspects de la participation des

femmes, illustrant que l’inégalité des sexes continue d’être une forme d’« inégalité durable »5,

s’étendant à d’autres dimensions de la stratification socioéconomique tout en évoluant au fil du

temps.

Tout d’abord, à l’échelle mondiale, le taux de participation des femmes à la vie active a

augmenté de 50 % en 1982 à 52 % en 2008, alors que le pourcentage d’hommes demeure plus

élevé tout en ayant diminué de 82 % à 78 %6. Les différences entre régions et entre pays

demeurent très importantes : seulement de 35 à 42 femmes pour 100 hommes font partie de la

population active en Asie du Sud et dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MOAN),

alors que ce nombre est de 70 à 79 en Extrême-Orient, en Amérique latine et en Afrique

subsaharienne7.

En deuxième lieu, plus de femmes que d’hommes sont sans emploi8 : leurs taux de chômage

sont supérieurs à ceux des hommes dans 113 des 152 pays pour lesquels des données sont

publiées. À l’échelle planétaire, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’être

vulnérables en matière d’emploi : en Afrique du Nord, 55 % comparativement à 32 %; au

Moyen-Orient, 42 % contre 27 %; et en Afrique subsaharienne, près de 85 % contre 70 %.

Durant la crise de 2008, alors que plusieurs groupes sociaux étaient touchés, les femmes

comptaient pour près des deux tiers des pertes d’emploi (ce chiffre variant selon le pays), même

si elles représentaient moins du tiers de la population active. En Asie du Sud, par exemple, les

femmes adultes représentaient 60 % des chômeurs de la région alors qu’elles comptaient pour

moins de 22 % de la population active.

En troisième lieu, les femmes délaissent l’agriculture et se tournent vers les secteurs des

services et de la fabrication, mais à un rythme différent selon les régions9. L’agriculture

continue de constituer 70 % de l’emploi des femmes en Asie du Sud et 40 % de l’emploi des

hommes; en Afrique subsaharienne, l’agriculture représente 60 % de l’emploi des hommes et des

femmes. L’augmentation de l’emploi des femmes dans le monde est en grande partie attribuable

au secteur des services, qui comptait pour 47 % de l’emploi des femmes et 40 % de l’emploi des

hommes en 2008. Cette même année, le secteur de la fabrication contribuait à seulement 16 %

des emplois des femmes dans le monde comparativement à 26 % des emplois des hommes.

4 Hausmann et coll. (2012, p. 14), données 2009-2010; le Forum économique mondial est arrivé à cette conclusion

pour son indice agrégatif d’autonomisation économique; l’écart de l’indice d’autonomisation politique était plus

important encore; aussi Bandiera et Natraj (2013). 5 L’expression « inégalité durable » est tirée de Tilly (1998). Mills (2003) examine les inégalités entre les sexes dans

la population active mondiale selon une perspective anthropologique et souligne la façon dont ces différences entre

les sexes recoupent d’autres inégalités. 6 OIT (2020, p. X); les données mondiales sur l’emploi comportent de nombreuses lacunes, comme le souligne la

Banque mondiale dans le cadre d’un suivi du Rapport sur le développement dans le monde 2013 – Emploi. 7 OIT (2008 et 2012), Banque mondiale (2011a et 2012a). Les données sur l’entrepreneuriat des femmes du

Moniteur de l’entrepreneuriat mondial (2010) indiquent d’importantes différences entre les pays. 8 OIT (2012, p. 11, 34).

9 À l’échelle mondiale, dans le secteur agricole, l’emploi des femmes a chuté de 43 % en 1999 à 37 % en 2008; celui

des hommes passant de 39 % à 33 %. (OIT, 2010, les données citées dans ce paragraphe sont tirées de cette source).

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En quatrième lieu, la migration peut avoir un effet variable sur les femmes. Par exemple, les

différences en matière de participation des femmes à la vie active chez les migrants peuvent

continuer de rendre compte des différences observées dans le pays d’origine. Mais la migration

peut par ailleurs jouer en faveur de l’égalité des sexes. Par exemple, au Mozambique, les femmes

ont, à la suite du départ des hommes pour les mines sud-africaines, assumé un plus grand nombre

de responsabilités et une charge de travail plus importante en agriculture. Un grand nombre

d’entre elles ont migré vers les centres urbains de leur région pour profiter des nouvelles

perspectives offertes par l’industrie du cajou10

.

Cinquièmement, le délaissement de l’agriculture ne garantit pas nécessairement le « travail

décent et productif » énoncé dans l’OMD 111

. Un pourcentage important de la population active

féminine travaille sans rémunération dans des entreprises familiales et n’a aucun revenu

personnel12

. Les femmes continuent d’occuper principalement des emplois à salaires inférieurs,

offrant le moins de possibilités d’avancement et dont les conditions de travail sont parmi les plus

mauvaises13

. Des données probantes d’un grand nombre de pays en développement révèlent que

les femmes occupent en général des emplois temporaires, occasionnels, saisonniers ou à temps

partiel, souvent dans le cadre d’activités familiales, ou bien impartis par des intermédiaires dans

des chaînes de valeur mondiales14

. Les femmes travaillent toujours majoritairement dans le

secteur non structuré de l’économie. Ce secteur est hétérogène et stratifié, et une association

étroite existe entre la qualité des emplois et le sexe – les hommes dominant les échelons

inférieurs de la hiérarchie et les femmes étant surreprésentées dans les échelons inférieurs – de

pair avec d’autres indicateurs d’iniquité sociale, comme la caste, l’origine ethnique, la race et le

statut juridique15

.

Sixièmement, les inégalités entre les sexes sur le plan des revenus sont courantes et

incessantes16

. Selon les estimations globales de l’OIT, le revenu des femmes était de 23 %

moins élevé que de celui des hommes en 2008-2009, certes une amélioration comparativement à

26 % en 1995, mais, à ce rythme, il faudra 75 ans pour réaliser le principe d’un salaire égal pour

un travail de valeur équivalente17

. En Amérique latine, en 1998, le revenu des femmes dans le

10

Tvedten et coll. (2008). 11

On convient en 2008 d’un nouvel objectif (1b) (/www.ilo.org/empelm/what/WCMS_114244/lang--fr/index.htm). 12

OIT (2010, p.7), Kabeer (2012); la participation sous forme de main-d’oeuvre familiale non rémunérée ne

contribue pas à la fonction subordonnée des femmes dans la famille ou étendre ses réseaux sociaux au-delà de cette

position. 13

Anker, Malkas et Korten (2003), Zammit (2010). L’OIT qualifie autant le travail à son propre compte que la

main-d’oeuvre familiale non rémunérée de travail « vulnérable », offrant très peu de rémunération si ce n’est

aucune, et caractérisé par l’incertitude et un manque total de protection juridique et sociale. 14

Zammit (2010). L’augmentation de la participation des femmes à la vie active s’est produite lorsque l’emploi dans

son ensemble est devenu plus précaire et incertain; il est peu probable que cette augmentation mènera à une hausse

de la proportion des femmes dans des emplois structurés. 15

Jütting et Laiglesia (2009); Chen (2008, 2012); document de travail SIG par James Heintz (2012). 16

Weichselbaumer et Winter-Ebner (2005), Ñopo et coll. (2011), Nordman et coll. (2011), Banque mondiale

(2011a). 17

OIT (2011). Souvent, les estimations ne permettent pas de déterminer les inégalités de revenus dans l’économie

non structurée (fondée sur l’agriculture) où se retrouvent la plupart des femmes qui travaillent et où les écarts de

revenus sont habituellement plus importants (Chen et coll. 2005).

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secteur non structuré de l’économie s’élevait à environ 53 % de celui des hommes18

. Les études

de cas révèlent une disparité salariale entre hommes et femmes dans les régions rurales du nord-

est du Ghana, dans celles du Bénin, au Costa Rica et en Égypte19

.

En septième lieu, de plus en plus de données probantes révèlent des différences entre les

sexes en entrepreneuriat, mesurées au moyen de variables économiques courantes20

et de

variables subjectives, notamment la motivation à démarrer une entreprise et la « personnalité

entrepreneuriale » (prise de risques, confiance, locus de contrôle), qui permettent de prévoir la

probabilité de réussite21

. Une étude du Zimbabwe montre que près de quatre femmes sur cinq

travaillant à l’extérieur de la ferme fabriquaient de la bière alors que les hommes étaient

forgerons, briquetiers et constructeurs et que le revenu annuel de ceux-ci était au moins sept fois

plus élevé que celui des femmes22

. Les données régionales pour l’Afrique indiquent que les

femmes travaillent majoritairement dans les services et traditionnellement dans des secteurs de

production à valeur ajoutée inférieure comme le secteur du vêtement et celui de la transformation

des aliments, et qu’elles sont moins susceptibles que les hommes d’être enregistrées23

. Alors que

certaines activités exercées à titre personnel par des femmes peuvent être considérées comme

favorisant l’autonomie, la majorité de ces activités tendent à se situer à l’extrémité de survie dans

l’échelle. En Afrique de l’Est, par exemple, les entreprises dirigées par des femmes souffrent

d’une insuffisance de capital et ont un accès difficile à la machinerie, aux fertilisants, à de

l’information de vulgarisation et au crédit. Qui plus est, les lois, règlements et coutumes

restreignent la capacité des femmes à gérer une propriété, à faire des affaires ou à voyager sans le

consentement du mari24

.

En huitième lieu, diverses formes de technologie ont contribué à améliorer les liens entre les

femmes et les marchés et services. Les répercussions de l’utilisation de téléphones mobiles sur

la pauvreté et les moyens de subsistance commencent à être documentées. Dans les marchés

ruraux de l’emploi en Afrique du Sud, caractérisés par de bas salaires, des taux élevés de sous-

emploi et de chômage et des coûts élevés liés à la recherche d’emploi, l’expansion de la

couverture des téléphones mobiles a été associée à une augmentation de 15 % en matière

18

Barrientos (2002). Au Vietnam, les hommes gagnaient près de 50 % de plus que les femmes dans les emplois non

structurés malgré des différences peu importantes dans les heures de travail, l’éducation et l’ancienneté (Cling et

coll. 2011). 19

Whitehead (2009), Chen (2008), Avirgan et coll. (2005). 20

Emran (2007). Les données sur l’entrepreneuriat des femmes sont produites par le Moniteur de l’entrepreneuriat

mondial (2010), qui depuis 1990 étudie à l’échelle mondiale les attitudes, les activités et les aspirations

entrepreneuriales. La couverture de cet instrument s’étend continuellement, également, avec le soutien du CRDI, en

Afrique. 21

Croson et Gneezy (2009) et Eckstein et Lifshitz (2011) sur le rôle des préférences, et van de Walle (2011: 5) sur la

difficulté de distinguer celles-ci des obstacles. 22

Scott (1995). 23

Hallward-Driemeier (2011) souligne un fossé entre les genres dans la productivité de 6 % en moyenne, mais les

répercussions des contraintes fondées sur le sexe à l’égard de la productivité semblent plus importantes dans le

secteur non structuré. 24

Namatovu (2012). Voir aussi Emran et coll. (2007), Fafchamps et coll. (2011) et Hallward-Driemeier (2011).

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d’emploi et de diversification à l’extérieur du secteur de l’agriculture, principalement pour les

femmes25

.

Enfin, un meilleur accès des femmes aux emplois rémunérés n’a pas été accompagné d’un

changement de même mesure en matière de répartition entre les sexes du travail non

rémunéré dans l’économie du soin des proches. De façon générale, les femmes accomplissent

une grande partie du travail non rémunéré associé au soin des membres de la famille et à la

survie de cette entité au fil du temps26

, ce qui comprend entre autres prendre soin des enfants, des

aînés et des malades; effectuer les tâches domestiques comme la préparation des repas et la

collecte de combustibles et d’eau ainsi que voir aux économies au chapitre des dépenses comme

la production d’aliments, l’élevage d’animaux et l’exploitation de la ferme familiale27

. Étant

donné que les femmes tendent à continuer à assumer la responsabilité de ces activités même si

elles occupent un emploi rémunéré, elles travaillent un plus grand nombre d’heures que les

hommes chaque jour, ce qui contribue au phénomène du « manque de temps », qui influe

probablement sur le type d’activités de marché que les femmes tendent à choisir ou autour

duquel elles peuvent graviter.

La résilience de la répartition entre les sexes des travaux domestiques non rémunérés entraîne

des variations importantes en matière de participation des femmes au marché du travail durant

leur parcours de vie, les taux de participation étant très inférieurs au cours des années où elles

peuvent procréer. Les variations pendant le parcours d’une vie sont par conséquent étroitement

liées aux types de travail que font les femmes. L’examen de la documentation empirique de

différents contextes indique que les femmes ayant de jeunes enfants sont plus susceptibles d’être

des travailleuses autonomes, souvent dans le cadre d’activités de type familial, que les femmes

célibataires ou sans enfant28

, phénomène qui fluctue probablement selon le revenu. En effet, des

études révèlent que les femmes mieux nanties recevant un salaire dans le cadre d’un travail

offrant des congés de maternité et des allocations pour des services de garde peuvent également

se payer de l’aide pour le soin des enfants et les tâches domestiques et sont plus susceptibles

d’avoir accès à une infrastructure qui permet de gagner du temps (électricité, eau courante,

équipement sanitaire)29

. Les femmes très pauvres ayant des enfants, surtout celles qui sont chefs

de famille et premières titulaires de revenus, se tournent vers des emplois salariés (soit parce que

ces emplois sont plus rentables que les formes de travail autonome qui sont à leur portée ou

parce qu’elles ne disposent pas des fonds de démarrage, des compétences et des réseaux

nécessaires pour avoir leur propre entreprise) tout en devant continuer à remplir leurs obligations

familiales, ce qui peut avoir des conséquences néfastes pour elles-mêmes et leurs enfants30

.

25

Par exemple, Klonner et Nolen (2008). Les progrès technologiques entraînent souvent des changements

sexospécifiques dans la demande de main-d’oeuvre, et le recyclage professionnel ainsi que d’autres mesures

pourraient être requis pour offrir des perspectives égales (voir la note de bas de page 46 ci-dessous). 26

UNRISD (2005), Folbre (2012) accordant une attention particulière à la situation en Afrique et soulignant que

nous savons peu de choses sur l’interaction entre le secteur du soin des proches non rémunéré et l’économie de

marché. 27

On estime que la journée de travail moyenne d’une femme africaine est 50 % plus longue que celle d’un homme

(FPA-OCDE 2007). 28

Kabeer (2008) et Maloney (2004) suggèrent sur les femmes choisissent le travail non structuré parce qu’il est plus

adaptable à leurs tâches familiales. 29

Une étude sur le soin des proches non rémunéré menée par l’UNRISD a révélé que ce type de travail diminuait au

fur et à mesure que le revenu du ménage augmentait (Budlender, 2008). 30

Kabeer (2012).

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Pour comprendre l’autonomisation économique des femmes et les interventions requises afin de

surmonter les obstacles fondés sur le sexe et favoriser une participation plus égale, il est essentiel

d’analyser la multidimensionnalité de ces obstacles. On peut trouver ceux-ci dans trois sphères31

.

Premièrement, une myriade de facteurs influe sur la place qu’occupent les femmes dans le

ménage. Ces facteurs peuvent inclure, variant selon les contextes et se chevauchant souvent : la

propriété foncière32

; l’héritage et le divorce, l’accès à la planification familiale et aux services de

garde d’enfants; les normes sociales et culturelles relatives au soin des enfants et des proches

contre rémunération ou non; les normes sociales et culturelles relatives au travail; la valeur

accordée à l’éducation des filles; les dynamiques au sein du ménage et le pouvoir de négociation;

et le fardeau du travail productif ou du soin des proches sans rémunération33

.

En deuxième lieu, dans la société et l’économie au sens plus large, le travail des femmes peut

être entravé par des barrières juridiques et réglementaires discriminatoires34

, un accès limité aux

actifs financiers et physiques et à l’information sur le marché, moins de réseaux sociaux et de

relations d’affaires, un accès limité à l’éducation et au perfectionnement des compétences et un

pouvoir de négociation plus faible dans les marchés de l’emploi. En plus d’une discrimination

fondée sur le sexe officialisée, des attitudes et certains comportements de la part des acteurs de la

vie publique peuvent restreindre encore davantage la capacité des femmes de tirer parti des

débouchés économiques. Des études révèlent que, par exemple, les employeurs peuvent préférer

des travailleurs masculins en invoquant que les femmes ont un attachement moindre au marché

du travail, sont plus souvent absentes et doivent être plus souvent remplacées, ou au contraire

préférer employer des femmes (surtout dans les secteurs de l’exportation hautement

concurrentiels à forte intensité de main-d’oeuvre) parce qu’elles causent moins de problèmes ou

qu’elles acceptent un salaire moindre puisqu’ils pensent qu’elles sont une source secondaire de

revenus ou qu’elles travaillent uniquement pour s’acheter du « rouge à lèvres »35

.

En troisième lieu, les préférences et les choix individuels peuvent être influencés par des attributs

psychologiques, comme l’altruisme, la réciprocité et la souplesse36

. Les attitudes envers la

concurrence, la prise de risques et l’aversion, la motivation, etc., peuvent varier entre les

hommes et les femmes (et tout aussi bien d’un groupe de femmes à un autre), même si la

documentation fait état de différentes opinions à ce sujet, à savoir si ces différences existent par

31

Le document d’information produit par Kabeer (2012) les décrit en détail, et l’atelier technique du DFID-CRDI

tenu en janvier 2012 a approfondi cette recherche. Pour connaître les contraintes en Afrique et consulter les notes sur

les données, voir Doss (2012). 32

Hallward-Driemeier (2011); Fernández (2010) avec des renvois au US 1850-1920. 33

Voir les notes de bas de page 27, 28 et 29 ci-dessus. 34

Par exemple, la Banque mondiale (2011) a relevé de nombreuses preuves qu’il existe des différences juridiques

entre les hommes et les femmes, portant un jugement sur leur motivation ou leur capacité à occuper un emploi

salarié ou à établir leur propre entreprise, aussi Demirguc-Kunt et coll. (2013). 35

Respectivement, Anker et Hein (1985), Kabeer (1998), Joekes (1985). 36

Croson et Gneezy (2009), et Eckstein et Lifshitz (2011) sur les préférences; Rahim et Tavares (2012) sur les

attitudes masculines; Field et coll. (2010) sur les institutions traditionnelles en Inde.

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choix ou qu’elles sont imposées par des normes et des contraintes fondées sur le sexe, ou s’il est

possible de faire une telle distinction37

.

On sait peu de choses sur les meilleures interventions à mettre en branle pour retirer les

obstacles, sur les contextes les plus féconds et sur le choix de cibles le plus judicieux. Ce qui

fonctionne dans un contexte ne fonctionne pas nécessairement dans tous les contextes ou avec un

groupe différent de femmes et de filles; les interventions doivent être mises à l’essai dans

plusieurs contextes pour orienter les efforts à investir ailleurs et de nouvelles interventions

doivent être mises en oeuvre et accompagnées de rigoureuses évaluations. Les données probantes

existantes fournissent certains indices, mais la situation est loin d’être claire :

On détient certaines données probantes de l’Amérique latine sur l’efficacité de la formation

sur place et professionnelle des femmes, surtout jumelée à des services de garde d’enfants et

de transport.

Les données probantes sur les effets de la formation axée sur les activités pour les

entreprises gérées par des femmes ou leur appartenant sont contradictoires. Certaines études

indiquent un effet positif global seulement lorsque cette formation est accompagnée d’autres

initiatives comme l’accès au crédit. D’autres recherches révèlent que de telles interventions

seraient plus efficaces pour les nouveaux propriétaires que pour les entreprises déjà

établies38

.

Les opinions sont également partagées sur la façon d’aider les femmes à faire la transition

vers des emplois rémunérés.

On trouve de plus en plus de documents traitant du fossé entre les genres en matière d’accès

à des services financiers. On sait peu de choses sur la manière de retirer les obstacles au

crédit que doivent affronter les entrepreneures ou celle d’éliminer les obstacles multiples

comme le pouvoir de négociation des femmes à la maison afin d’augmenter les profits.

La recherche en Éthiopie a indiqué que les réformes du droit familial (p. ex., celle

permettant aux femmes de travailler à l’extérieur sans l’autorisation de leur mari) étaient

étroitement liées à l’augmentation de la participation des femmes aux activités rémunérées

dans ce pays39

.

Les interventions qui contribuent à réduire le temps consacré par les femmes à l’entretien

domestique peuvent avoir un effet positif. Par exemple, un programme d’électrification en

Amérique du Sud a mené à une augmentation de 9,5 % de l’emploi des femmes, mais aucun

effet sur celui des hommes40

.

Les données probantes sur les raisons pour lesquelles la participation des femmes à la vie active

est moins importante que celle des hommes et que les femmes sont surreprésentées dans certains

secteurs ou dans les formes de travail autonome demeurent limitées. Alors que les études

suggèrent que les femmes choisissent des formes de travail non structuré en raison de leurs

obligations domestiques, il est nécessaire d’approfondir la recherche pour comprendre les

37

Par exemple, de Mel et coll. (2009); voir la note de bas de page 22 ci-dessus. 38

de Mel, McKenzie et C Woodruff (2012). 39

Hallward-Driemeier et Gajigo (2011). 40

Dinkelman (2010) ainsi qu’Agénor et O Canuto (2013).

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déterminants de la structure locale des perspectives, les rendements relatifs aux emplois salariés

et au travail autonome, et les attributs et préférences concrets des femmes et de leur ménage, et la

manière dont ces facteurs varient entre pays et régions.

Les perspectives d’emplois salariés varient de « mauvais » emplois (mal payés, avec des

conditions de forte exploitation, dévalorisants) à « bons » emplois, caractérisés par un contrat

officiel, des conditions de travail décentes, le versement régulier de la paie, une protection

sociale et juridique. Le potentiel d’autonomisation offert par les emplois salariés sera

probablement étroitement associé à ces caractéristiques, mais il existe peu de données probantes

sur les obstacles à surmonter et les options offertes aux femmes pour accéder à de meilleurs

débouchés. Les restrictions visant les déplacements en public des femmes limitent sévèrement

leur fonctionnement dans les marchés de l’emploi. Les contraintes fondées sur le sexe et

exercées sur la capacité des femmes à occuper des emplois salariés ainsi que des coûts plus

élevés de recherche d’emploi peuvent augmenter les coûts de transaction liés à leur emploi

salarié, à un point tel que le marché de la main-d’oeuvre féminine devient sans importance dans

certains ménages.

Des études sur les différences sexospécifiques de productivité agricole expliquent la manière

dont les inégalités d’accès aux intrants agricoles et à la technologie ont un effet négatif sur la

productivité des femmes. Mais on en sait encore moins sur les différences de productivité dans

les secteurs non agricoles. Le peu de données probantes dont on dispose suggère que les

obstacles que doivent surmonter les femmes pour établir une entreprise sont complexes et

souvent difficiles à consigner. De même, bien que l’on sache que les entreprises des femmes

occupent principalement l’extrémité non structurée de survie de l’échelle entrepreneuriale, on en

sait très peu sur le choix actif et sur les mesures qui pourraient favoriser leur transition vers

l’extrémité plus structurée axée sur la croissance. Il ne s’agit pas seulement de comprendre ce qui

distingue les entrepreneurs de sexe masculin et de sexe féminin, mais également d’une question

d’hétérogénéité parmi les femmes entrepreneures. Lorsque les activités d’entreprise des femmes

sont dictées par des considérations autres que la profitabilité, les probabilités d’accumulation

sont limitées, et une meilleure compréhension des compétences entrepreneuriales, des relations

sociales nécessaires et des obstacles juridiques et familiaux est essentielle.

Pour aborder les lacunes cruciales en matière de connaissances mentionnées ci-dessus, ce

programme explorera, dans divers contextes à faible revenu :

les formes d’emploi et d’entrepreneuriat qui favorisent l’autonomisation des femmes,

augmentent leur productivité et comblent les écarts de revenu;

les obstacles et les choix qui positionnent les femmes dans un continuum de travail

autonome, d’emploi salarié et d’entrepreneuriat;

l’effet silo presque universel du soin des proches contre rémunération ou non, où

l’innovation en matière de soin des proches, incluant le soin des enfants, a été très

limitée;

les obstacles liés à la place qu’occupent les femmes dans le ménage, la société et

l’économie au sens large, qui influent sur les choix individuels;

les interventions encore peu étudiées soutenant l’autonomisation économique des

femmes, par exemple libérer les femmes de certaines tâches dont la garde d’enfants et

d’autres tâches non rémunérées (au moyen de garderies sur les lieux de travail, de

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technologies permettant de gagner du temps; de TI), et augmenter la qualité et l’équité du

travail des femmes dans l’économie structurée; favoriser l’accès des femmes aux services

financiers (p. ex., à l’information sur le crédit), combler les écarts entre les genres en

matière d’accès aux actifs et aux intrants (droits fonciers et de propriété), augmenter la

productivité des femmes dans les secteurs non agricoles, aider les entreprises dirigées par

des femmes à augmenter leurs profits et réduire la discrimination dans les marchés

d’emploi (lois et règlements du travail, action positive pour une juste représentation dans

les programmes de formation; réseaux de femmes).

La capacité des femmes à profiter économiquement des gains découlant de la croissance ne se

renforce pas toujours automatiquement, même si le pays s’enrichit. Les femmes peuvent ne pas

être en mesure de profiter des nouveaux débouchés économiques au même titre que les hommes.

Comme le soutient Esther Duglo, un engagement stratégique continuel envers l’égalité comme

fin en soi peut être nécessaire pour parvenir à une égalité entre les hommes et les femmes. Les

données sur cette question, à savoir si la croissance économique favorise l’équité entre les sexes,

demeurent peu probantes41

.

Dans certains pays, des études historiques ont permis de révéler des circonstances où la disparité

des salaires entre hommes et femmes avait diminué. En Corée du Sud et à Taïwan, la croissance

économique accompagnée de niveaux de scolarité à la hausse chez les femmes comparativement

à ceux des hommes et une augmentation de la représentation des femmes dans les emplois

professionnels ou techniques et, en plus en Corée du Sud, des taux à la hausse de la participation

des femmes à la vie active comparativement à ceux des hommes, toutes ces mesures ont

contribué à réduire la disparité salariale entre les sexes. En revanche, à Taïwan, les femmes ont

profité d’une plus grande mobilité des capitaux et de son effet sur leur pouvoir de négociation

dans les activités d’exportation. En outre, bien que ces deux pays aient adopté des lois favorisant

les travailleurs, à Taïwan, les mesures de protection instaurées pour les femmes au travail ont

entraîné des coûts plus élevés liés à leur embauche, contrairement à la législation de la Corée du

Sud sur le salaire minimum42

. La législation favorisant l’égalité des chances a également

contribué à réduire la disparité salariale entre les sexes en Corée du Sud.

Bien que, selon la théorie économique, la croissance économique rende moins nécessaire

l’adoption de mesures discriminatoires, ce sont certains pays en développement en pleine

croissance qui montrent le moins de signes de progrès en matière d’égalité des sexes, plus

précisément au chapitre de la participation à la vie active et de la disparité salariale entre

hommes et femmes. La transformation économique de la Chine au cours des trois dernières

décennies a créé de nouveaux débouchés économiques pour les hommes et les femmes, mais

également de nouvelles difficultés : pression exercée sur les femmes pour à la fois s’occuper des

proches et être un soutien économique (un rôle encore plus difficile lorsque le lieu de travail est

éloigné de la maison); réductions des allocations du gouvernement et des employeurs consacrées

à la garde d’enfants et aux soins destinés aux aînés même si le soin des enfants et des aînés est

41

Banque mondiale (2012a), Duflo (2011 et 2012), Kabeer et Natali (2013). 42

Kabeer et Natali, (2013).

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toujours perçu comme une responsabilité de la femme; et prise en compte insuffisante du soin

des proches de ses répercussions sur l’égalité des sexes dans l’élaboration des politiques43

. Même

si la participation des femmes à la vie active en Chine demeure élevée, les femmes sont plus

susceptibles que les hommes d’être mises à pied lors d’un processus de restructuration des

sociétés d’État, moins susceptibles d’être réembauchées et de plus en plus cantonnées dans des

emplois à faible revenu et non structurés. La disparité des salaires entre hommes et femmes dans

les régions rurales de la Chine s’est considérablement accentuée44

, et certaines femmes gagnent

beaucoup moins que les femmes sans enfants travaillant dans le secteur privé45

.

De même, malgré des progrès économiques importants réalisés au Brésil en matière de réduction

de la pauvreté et des inégalités de revenu ainsi que d’énormes améliorations au chapitre de

l’éducation des femmes, les inégalités entre hommes et femmes sur le plan économique

demeurent importantes. Même si la participation des femmes à la vie active a augmenté de 20 %

au cours des 20 dernières années, le fossé entre les genres en matière d’accès à des emplois

structurés et au revenu du marché persiste. Le pourcentage de femmes occupant des emplois

structurés a augmenté de 42 % en 1999 à 49 % en 2009, mais demeure toujours inférieur à celui

des travailleurs masculins (53 % en 2009). En 2008, les salaires des femmes équivalaient à 84 %

de ceux des hommes et cette disparité augmentait chez les plus scolarisés : dans la population

ayant terminé 12 ans d’études ou plus, les femmes gagnaient à peine 58 % des salaires des

hommes. Le taux de chômage chez les femmes est systématiquement supérieur à celui des

hommes, soit d’environ 4 % ou 5 %; cet écart étant presque deux fois plus élevé chez les

personnes âgées de 15 à 24 ans. Les femmes brésiliennes, même celles travaillant à temps plein,

continuent de faire la majeure partie du travail à la maison (25 heures par semaine

comparativement à 10 heures pour les hommes)46

.

En Afrique subsaharienne, souvent les femmes et les filles les moins nanties ne profitent pas

des avantages découlant des économies à croissance rapide. Les femmes sont presque deux fois

plus susceptibles de travailler dans un secteur non structuré et environ deux fois moins

susceptibles d’occuper des emplois salariés dans le secteur privé ou public47

. Dans plusieurs

pays, il semble que les entreprises officialisées profitent beaucoup plus aux hommes. Bien que

les structures des économies, les moteurs de croissance et par conséquent les débouchés

économiques potentiels des femmes et des hommes soient très différents au Brésil et en Chine,

certains obstacles sont similaires notamment certaines normes sociales, le manque d’intrants et

d’actifs et les législations discriminatoires, qui font en sorte que la croissance ne puisse favoriser

l’égalité des sexes.

L’Éthiopie demeure l’un des pays les plus pauvres du monde, mais son économie affiche

une croissance impressionnante, soit plus de 7 % en moyenne durant la dernière

décennie. Les secteurs de la construction et des services sont en plein essor et ont

concentré la croissance dans les centres urbains, alors que les régions rurales à fort

potentiel ont profité d’une productivité agricole accrue, de prix élevés, de l’infrastructure

43

Cook et Dong (2011); Berik, Dong et Summerfield (2007). 44

Zhang et coll. (2008). 45

Jia et Dong (2012). 46

Agénor et Canuto (2013); leurs modèles suggèrent que des politiques publiques visant l’infrastructure (pouvant

libérer les femmes de certaines tâches) et d’autres visant à réduire les disparités dans le marché du travail seront

essentielles pour réduire le fossé entre les sexes et ainsi favoriser la croissance économique. 47

Arbache, Kolev et Filipiak (2010).

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et de l’accès aux marchés. Les femmes n’ont pas retiré d’avantages de ces perspectives

de croissance : elles sont sous-représentées dans le secteur privé structuré, se retrouvent

essentiellement dans les micro- et petites entreprises non structurées à faible revenu et

comptent pour seulement 23 % des micro- et petites entreprises officiellement

enregistrées48

. Les femmes sont moins susceptibles d’obtenir du crédit, les prêts qu’on

leur accorde sont moins importants et elles trouvent plus difficile d’offrir les garanties

exigées pour les prêts à l’entreprise. Les femmes représentent de 30 à 47 % des clients

des institutions de microfinance49

, un pourcentage inférieur à la moyenne pour l’Afrique

qui s’élève à 63,5 %. Le gouvernement réalise des progrès en matière d’égalité des sexes

en éducation, notamment au chapitre de la formation technique et professionnelle. De

quelle manière se traduiront-ils en égalité en matière d’emploi ? C’est ce qu’il reste à

voir.

Au Mozambique, grâce à une croissance économique et à la demande croissante pour

des cultures commerciales, surtout le tabac, les hommes profitent plus que les femmes

des nouveaux débouchés. Les petits exploitants masculins sont en général préférés aux

femmes chefs de famille dans les accords d’agriculture comme fournisseurs aux

entreprises de conditionnement des produits agricoles. Une grande proportion des

femmes participant à la vie active (89 %) dépendent toujours de l’agriculture de

subsistance de faible rendement, comparativement aux hommes (77 %). La plupart des

femmes travaillent dans de petites exploitations agricoles et ont un accès très limité au

crédit, aux outils, aux semences, aux services d’encadrement, aux installations

d’irrigation, aux moyens de transport, aux routes et aux autres infrastructures. Le faible

rendement des efforts des femmes dans le secteur agricole est également le reflet du

nombre disproportionné d’heures que les femmes doivent consacrer aux tâches

domestiques et au soin des proches.

La Zambie jouit depuis plus de dix ans d’une forte croissance économique grâce à ses

richesses minérales et a récemment été reclassée comme pays dont le revenu se situe dans

la moyenne inférieure. Mais ses taux de pauvreté extrême demeurent élevés, surtout

parmi les ménages dirigés par une femme (57 % en 2006) comparativement aux ménages

dirigés par un homme (49 %). Les femmes sont plus susceptibles d’être pauvres parce

qu’elles n’ont généralement pas accès aux emplois, à la formation technique et

professionnelle, aux ressources productives comme les terres, au crédit et à la

technologie. Dans l’ensemble, la participation des femmes à la vie active (60 %) est

inférieure à celle des hommes (79 %). Les femmes sont moins susceptibles que les

hommes d’être employées dans le secteur structuré (6 % comparativement à 15 %) et

dans le secteur non structuré, elles n’ont accès qu’à des niveaux inférieurs de fonds de

démarrage. Les femmes sont moins susceptibles d’avoir accès à des services bancaires et

ne sont propriétaires que de 20 % des terres statutaires.

Bien que les problèmes de données empêchent l’analyse des tendances de l’emploi au

Nigeria, il est évident que la participation des femmes est inférieure à celle des hommes

dans toutes les régions du pays à l’exception du sud-ouest50

. La majorité des femmes

déclarant leur participation à la vie active sont des travailleuses autonomes et, au

48

Solomon, cité dans DFID XXXX 49

La Banque mondiale (2011) affirme que 30 % des clients des IMF sont des femmes; pour Tsegaye et Tsega

(2010), ce pourcentage s’élève à 47 %. 50

DFID et CRDI (2009).

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deuxième rang, viennent celles qui travaillent en agriculture, deux secteurs dont le

rendement est plus faible que celui du secteur public ou privé. La discrimination salariale

contre les femmes est très marquée dans le secteur du travail autonome. Les femmes sont

désavantagées en matière d’accès aux emplois du secteur public et surtout du secteur

privé, bien qu’une fois employées dans ces secteurs, elles souffrent moins de

discrimination salariale.

Le débat se poursuit sur les répercussions de la mondialisation et de la libéralisation du marché51

,

de la concurrence52

, des changements en matière de technologie et de méthodes de travail53

, pour

déterminer si les élans de croissance augmentent la demande pour de la main-d’oeuvre féminine

et sur l’effet selon le sexe des ralentissements économiques54

. Alors que la production à forte

main-d’oeuvre axée sur l’exportation dans des pays comme le Bangladesh et la Chine a créé de

nombreuses possibilités d’emploi pour les femmes les moins nanties, la demande de main-

d’oeuvre féminine peut changer, surtout si l’économie exige des travailleurs plus spécialisés. Les

formes d’exportation plus capitalistiques, notamment celle du pétrole et d’autres ressources

minérales, créent moins d’emplois, surtout pour les femmes55

.

Alors que la croissance a permis aux femmes de trouver de l’emploi à l’extérieur de la famille

dans la plupart des pays, cette participation accrue ne s’est pas traduite en perspectives d’emploi

égales (incluant la sécurité dans certains contextes) ou en salaire égal pour les hommes et les

femmes. Les femmes sont cantonnées dans certains secteurs de l’économie, avec peu de

changement au fil du temps. Elles sont plus susceptibles que les hommes de participer à des

activités peu productives. Elles sont également plus enclines à se consacrer à des tâches

familiales rémunérées ou non ou de travailler dans le secteur rémunéré non structuré. En

agriculture, les femmes exploitent de plus petits lopins de terre, produisant des cultures moins

lucratives au rendement plus faible. Comme entrepreneures, elles ont tendance à gérer de plus

petites entreprises dans des secteurs moins profitables. Dans le secteur de l’emploi, elles sont

cantonnées dans des fonctions et secteurs dits « féminins ».

Depuis toujours, les changements importants pour les femmes se sont souvent produits durant ou

après des changements économiques importants et soutenus, mais ont également souvent exigé

l’instauration de mesures précises pour contrer la discrimination fondée sur le sexe. Le

changement des rôles économiques des hommes et des femmes peut entraîner un changement

dans les relations entre les sexes et une réduction des obstacles fondés sur le sexe. Au fur et à

mesure que les femmes ont un meilleur accès aux emplois et à l’éducation, leur pouvoir de

négociation dans le ménage et au travail en est probablement amélioré. L’enquête mondiale sur

les valeurs (la World Values Survey) suggère qu’une augmentation de la représentation des

femmes dans les emplois au fil du temps, et dans la croissance économique, peut contribuer à

51

Kabeer (2012), Oostendorp (2009), Aguayo-Tellez (2011), Campos et Joliffe (2005). 52

Weichselbaumer et Winter-Ebner (2007). 53

Goldin (2006) et Rosenzweig and Zhang (2012). 54

Gaddis et Klasen (2011) rejette l’hypothèse U de la féminisation et démontre que l’écart de participation des

femmes à la vie active d’un pays à un autre est très grand, et que la plupart des changements s’effectuent sous

l’impulsion de changements sectoriaux plutôt de la croissance comme telle. Voir Klasen et Pieters (2012)

concernant le boom économique en Inde. 55

Seguino et Were (2012, tableau 3) calculent l’élasticité de l’emploi en Afrique pour les économies basées sur le

pétrole et le minerai et sur celles qui ne le sont pas.

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ébranler les stéréotypes de genre56

. Toutefois, ce n’est pas toujours le cas. Les obstacles auxquels

se heurtent les femmes ne s’amenuisent qu’avec un retard. Les comportements sociaux ne

changent que lentement. Dans certains cas, les obstacles sexospécifiques sont renforcés lors d’un

changement socio-économique rapide : l’urbanisation, par exemple, peut entraîner une réduction

de la mobilité des femmes à l’extérieur de la maison.

Par conséquent, il pourrait être nécessaire que les politiques de croissance soient accompagnées

de mesures précises pour assurer l’autonomisation économique des femmes. La création

d’emplois pourrait ne pas être suffisante pour surmonter les divers obstacles sexospécifiques qui

restreignent la capacité des femmes à tirer parti des perspectives d’emploi existantes de façon

plus équitable. Des stratégies de croissances orientées vers l’emploi telles que mises de l’avant

dans le Rapport sur le développement dans le monde 2013 pourraient aider à créer un

environnement macroéconomique accueillant qui favoriserait l’autonomisation des femmes57

.

Des politiques macroéconomiques, notamment des politiques monétaires et des stratégies de

ciblage de l’inflation, peuvent avoir des effets sexospécifiques. Des mesures précises ainsi que

des politiques microéconomiques et macroéconomiques pourraient être requises pour éliminer

les obstacles sexospécifiques à l’emploi et à l’entrepreneuriat, réduire le fardeau coûteux en

temps de tâches non rémunérées et s’assurer du plein développement des femmes autant que des

capacités des hommes58

.

Les données probantes sur la question, à savoir si la croissance économique favorise l’égalité des

sexes, dressent donc un portrait assez flou. Effectivement, certains des pays en développement

affichant la plus forte croissance montrent le moins de signes de progrès en matière d’égalité de

base entre les sexes. Alors que la croissance économique n’est pas suffisante en soi pour

favoriser l’égalité des sexes, les retombées d’une croissance semblent être beaucoup plus

positives si elles sont accompagnées de mesures favorisant l’accès des femmes aux emplois et à

l’éducation.

Il faut des données supplémentaires sur les marchés du travail africains et sur la nature, la

portée et les causes fondamentales des inégalités entre les sexes, surtout des disparités de

revenus.

Des études régionales supplémentaires sont requises pour comprendre les contextes dans

lesquels la croissance procure des avantages économiques soutenus aux femmes et aux

filles, et les circonstances dans lesquelles elle augmente ou réduit les écarts salariaux entre

les sexes. Comment les conditions avant le début de la croissance, la tendance de la

croissance et le rythme de la croissance influent-ils sur l’égalité des sexes ?

Quand et pourquoi un changement économique important peut-il entraîner des changements

sociaux considérables qui modifient les normes sociales, changent le pouvoir de négociation

56

Seguino et Lovinski (2009) 57

Des pénuries de la demande dans le marché du travail seraient un facteur qui expliquerait l’absence généralisée de

femmes éduquées dans le marché du travail en Asie du Sud, leur cantonnement dans le travail autonome au Ghana,

leur recherche infructueuse d’emplois à temps plein au Honduras (Kabeer 2012). 58

Banque mondiale (2011a, 2012a); Seguino et Were (2012).

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des femmes et éliminent ou intensifient la discrimination fondée sur le sexe et comment

faciliter les changements positifs et réduire ceux qui sont négatifs ?

Dans un contexte de revers économique où les marchés du travail subissent un

ralentissement, comment confirmer que les avantages du changement social perdurent ?

D’autres études régionales sont requises pour déterminer les mesures stratégiques précises à

mettre en place pour faire en sorte que la croissance économique se traduise plus

systématiquement par une égalité entre les sexes et des gains économiques pour les femmes

et les filles (p. ex., des marchés agricoles pour les moins nantis, des politiques sur le marché

du travail, des politiques sur la garde des enfants, des réformes des droits fonciers, l’accès au

crédit).

Cet aspect du programme de recherche doit explorer le lien inverse des points soulevés dans le

thème 2 : les répercussions des profils de croissance sur l’autonomisation économique des

femmes, notamment celles concernant la mondialisation, la libéralisation et le changement

technologique, de même que leurs répercussions sur le rôle des femmes dans l’économie du soin

des proches. Il vérifiera les hypothèses selon lesquelles les élans de croissance augmentent la

demande en matière de main-d’oeuvre féminine et entraînent un changement social, et explorera

la question à savoir si la demande de main-d’oeuvre féminine et le changement social perdurent

après un élan de croissance.

Les disparités entre les sexes, comme celles décrites ci-dessus dans la section 2, peuvent avoir

des répercussions négatives au-delà de l’expérience individuelle. Elles peuvent imposer des coûts

sur le bien-être social, la productivité, l’efficacité et, par conséquent, le progrès économique59

.

Par exemple, les disparités entre les sexes en éducation peuvent réduire la croissance de la

productivité; les disparités en matière d’accès aux actifs peuvent limiter les investissements

économiques des femmes, et comme on a mentionné ci-dessus, leur participation à la vie active

peut être entravée par divers facteurs.

Selon certaines données probantes, l’égalité des sexes peut favoriser la croissance économique.

Des études transnationales indiquent que l’égalité des sexes a – ou peut avoir – un effet positif

sur le PNB, la croissance des revenus et la balance des paiements. La Banque mondiale a estimé

que si les pays d’Asie du Sud, de l’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient et de l’Afrique du

Nord avaient commencé avec l’inégalité entre les sexes dans les années moyennes de

scolarisation comme l’Asie de l’Est en 1960 et avait réduit cette inégalité des sexes au rythme

réalisé par l’Asie de l’Est de 1960 à 1992, leur revenu par tête aurait augmenté de 0,5 à 0,9 % par

tête et par an – une augmentation substantielle sur les taux de croissance réels60

.

Des données probantes démontrent que lorsque des ressources sont mises entre les mains des

femmes, on peut accroître la production et la productivité, promouvoir le capital humain et les

59

Banque mondiale (2001, 2012a); Gilbert et coll. 2002; Vargas Hill et Vigneri 2009; Udry 1996; Udry et coll.

1995; FAO, FIDA et OIT (2010); Jones (1983, 2011); Quisumbing (1994, 2003); Klasen et Lamanna (2008). 60

Banque mondiale (2012a)

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capacités dans le ménage et, par conséquent, faire profiter l’économie dans son ensemble, à court

et à long terme. L’augmentation de la participation des femmes à la vie active peut, dans certains

contextes, accélérer la croissance économique :

Le retrait des obstacles qui empêchent l’accès des femmes à certaines activités ou

certains secteurs, par exemple, pourrait réduire les écarts de productivité entre hommes et

femmes d’un tiers à une demie, et augmenter le rendement par travailleur jusqu’à 25 %61

.

Des études au Burkina Faso ont montré que la production agricole des petits exploitants

augmenterait si les femmes avaient un accès aussi facile aux intrants que les hommes.

Le renforcement des droits d’accès à la terre des femmes mariées au Rwanda a eu un

effet positif sur leurs investissements productifs au chapitre de la conservation des sols et

de l’eau.

Au Burundi, si les décrocheurs à l’école primaire (27 % de filles) avaient terminé leurs

études primaires avant d’entrer sur le marché du travail, ils auraient produit durant leur

vie un revenu équivalant à près de 25 % du PIB annuel du pays. Si la proportion de 88 %

des filles n’ayant pu terminer leurs études secondaires avaient pu le faire, leur

productivité supplémentaire au cours de leur vie aurait contribué à augmenter le PIB de

plus des deux tiers du PIB annuel62

.

De telles constatations représentent un solide argument déterminant pour assurer la participation

des femmes à la croissance économique. Mais ces gains ne se produisent pas automatiquement,

même si le pays devient plus riche : de multiples et parfois plus solides obstacles à l’égalité des

sexes peuvent se dresser, et une baisse de la qualité des soins prodigués aux enfants peut affaiblir

le capital humain futur.

Le débat sur les répercussions des rapports entre égalité des sexes et croissance demeure

houleux, les voies sont diverses et différents types d’égalité des sexes peuvent avoir différentes

répercussions63

. Par exemple, une inégalité entre les sexes en matière de revenus dans le secteur

de la fabrication axée sur l’exportation en Asie de l’Est peut avoir favorisé la croissance, les

investissements et les exportations à court terme, mais non à long terme64

.

Ainsi, l’affirmation selon laquelle l’égalité des sexes peut avoir un effet positif sur la croissance

économique recueille un soutien empirique assez solide. Cette relation est très cohérente en ce

qui concerne l’éducation (l’aspect le plus étudié) et l’emploi (l’aspect le moins étudié), mais est

loin d’être concluante et peut dépendre du contexte. Bien qu’il existe des données probantes sur

les liens entre égalité des sexes et croissance économique, la relation est complexe et non

61

Cuberes et Teignier Baqué (2011); Hurst et coll. (2011). 62

Cité dans DFID (2013). 63

Dollar et Gatti (1999); Seguino, cité dans Campos (2012), Kabeer et Natali (2013); Seguino et Were (2012) en

discutent de ce point en lien avec la croissance relativement faible de l’Afrique avec le temps; Bandiera et Natraj

(2013) soulignent que les données probantes d’études transnationales sont d’une utilité limitée pour l’élaboration de

politiques. 64

Schober et Winter-Ebmer (2011).

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uniforme. Nous devons approfondir la recherche pour comprendre la manière dont ces relations

agissent dans divers contextes ainsi que les facteurs déterminants65

.

Nous devons mieux comprendre les différentes voies à emprunter pour que l’autonomisation des

femmes et leur participation plus équitable puissent améliorer l’efficacité, la productivité et la

compétitivité, augmenter le revenu moyen et améliorer les conditions pour une croissance

soutenue. Tout particulièrement, il faut examiner l’aspect n’ayant pas fait l’objet d’une recherche

poussée, soit l’effet des disparités entre les genres dans le marché du travail (p. ex., les disparités

salariales) sur la croissance économique. Nous devons mener d’autres études pour découvrir la

façon dont ces voies agissent dans différents contextes, pour différentes périodes, ainsi que les

facteurs déterminants. Nous devons réaliser d’autres études de cas régionales utilisant des

données ancrées dans un contexte historique et local. De telles données probantes peuvent être

essentielles à l’élaboration de politiques efficaces.

Cet examen a résumé une partie considérable de la documentation existante sur l’autonomisation

économique des femmes et vise à orienter le nouveau programme de recherche sur

l’autonomisation des femmes et la croissance. Bien que la documentation n’ait pas été

intégralement revue, nous croyons que cet examen a cerné les principales priorités de recherche

sur les contraintes freinant l’autonomisation économique des femmes et les liens entre celle-ci et

la croissance.

Nous sommes convaincus qu’une initiative de recherche internationale, qui réunira des

chercheurs de plusieurs pays et de différentes disciplines, qui produira des données probantes de

grande qualité, a le potentiel d’orienter l’élaboration de politiques et des pratiques qui

favoriseront l’autonomisation. L’inégalité entre les sexes suscite actuellement un grand intérêt à

l’échelle mondiale, alors que les pays et les entreprises se rendent compte que de garder les

femmes à l’écart nuit à leur compétitivité et restreint leur potentiel de croissance66

. Le présent

programme vise à galvaniser cet intérêt et à stimuler l’engagement.

Toutefois, il importe d’étayer le potentiel de recherche en vue de l’élaboration de politiques et de

pratiques de mesures précises pour favoriser l’utilisation des résultats de la recherche,

notamment en s’assurant que celle-ci est pertinente grâce à une participation des responsables

des politiques et autres utilisateurs potentiels, en communiquant efficacement les résultats de la

recherche et en synthétisant ceux-ci pour différents auditoires67

.

65

La recherche sous ce thème résumera systématiquement les données probantes existantes des voies empruntées

pour que l’autonomisation économique des femmes contribue à la croissance économique et à la croissance

inclusive, et permettra de vérifier plus avant l’hypothèse qu’une participation économique plus égale des femmes

améliorerait non seulement leur sort, mais accroîtrait également l’efficacité, la productivité, la compétitivité, les

revenus et les conditions favorables à la croissance. 66

Par exemple, http://www.td.com/document/PDF/economics/special/GetOnBoardCorporateCanada.pdf. 67

Les approches du DFID et du CRDI sont présentées à

https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/200088/Research_uptake_guidance.p

df; http://www.idrc.ca/EN/Results/Pages/ResultsDetails.Aspx?ResultID=66.

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Cadre de recherche – Croissance de l’économie et débouchés économiques des femmes

Contraintes et choix fondés sur le

sexe

Contraintes liées à la place de la

femme dans le ménage

Contraintes exercées sur les

femmes dans la société et

l’économie, dont le soin des

enfants rémunéré et non

rémunéré

Facteurs influant sur les choix et

l’action individuels

Participation économique

Participation plus égale ou plus

importante des femmes dans des

secteurs définissables du marché du

travail, dont les emplois salariés, les

activités agricoles rentables, le travail

autonome ou les activités

d’entreprise rentables

Croissance

L’élimination des obstacles à la

participation économique crée un

plus grand bassin de travailleurs et

une croissance potentielle accrue –

soit des taux de croissance supérieurs

ou un passage à des revenus ou des

rendements moyens plus élevés.

Améliore peut-être les conditions

favorisant un élan de croissance

transformationnel

Élans de croissance Lorsqu’ils se produisent, la demande de main-d’œuvre augmente, potentiellement celle de main-d’œuvre féminine. Les élans transformationnels créent de nouvelles perspectives de participation économique auxquelles les contraintes fondées sur le sexe peuvent ne pas s’appliquer. La croissance transformationnelle peut entraîner un changement social qui modifie ces contraintes

Hypothèse 1a : Les interventions pour réduire les contraintes fondées sur le sexe et

augmenter les choix des femmes et leur action dans les ménages, les marchés, les

institutions et la société mènent à une participation plus équitable des femmes dans des

secteurs définissables du marché du travail, dont le travail autonome et l’entrepreneuriat

Hypothèse 1b : (Quelle que soit la cause du changement), une modification des

contraintes et des choix fondés sur le sexe entraîne une participation plus égale des

femmes dans des secteurs définissables du marché du travail, dont le travail autonome et

l’entrepreneuriat

Hypothèse 2 : L’autonomisation économique des femmes contribue à la croissance

économique : une participation plus égale des femmes dans des sphères économiques

définissables accroît l’efficacité, la compétitivité, la productivité et augmente

sensiblement les revenus moyens ou la croissance à long terme ou améliore les conditions

favorables à un élan de croissance (autonomisation des femmes comme voie vers une

croissance inclusive)

Hypothèse 3a : La croissance économique favorise l’égalité des sexes et

l’autonomisation économique des femmes : les élans de croissance augmentent la

demande pour une participation économique des femmes indépendamment des

contraintes fondées sur le sexe, comme le prouve la participation économique accrue des

femmes (pas nécessairement plus égale à celle des hommes)

Hypothèse 3b : Les élans de croissance produisent un changement social (peut-être à

cause d’une modification des modèles de travail des femmes et des hommes), entraînant

une modification ou une réduction des contraintes fondées sur le sexe

Hyp 1a et b Hyp 2

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