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DOSSIER SPÉCIAL La montée en puissance du tourisme d'été dans les Alpes / 6 à 11 MONITEURS FOR EVER ! Ils sont indispensables à l'attractivité des stations / 12 et 15 MOBILITÉ DURABLE Ascenseurs valléens, le retour / 17 et 19 #02 LE MAGAZINE DES STATIONS DE SAVOIE MONT-BLANC ET DE L'ISÈRE SAISON 2020 CRÉDIT AGRICOLE

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DOSSIER SPÉCIAL La montée en puissance du tourisme d'été dans les Alpes/ 6 à 11

MONITEURS FOR EVER !Ils sont indispensables à l'attractivité des stations/ 12 et 15

MOBILITÉ DURABLE Ascenseurs valléens, le retour/ 17 et 19

#02

LE MAGAZINE DES STATIONS DE SAVOIE MONT-BLANC ET DE L'ISÈRE

SAISON 2020

CRÉDIT AGRICOLE

Page 2: CRÉDIT AGRICOLE...DESTINATION MONTAGNE N°1 ACTUMONTAGNE CRÉDIT AGRICOLE 2020 3 133 Ensemble, la Savoie, la Haute-savoie et l'Isère concentrent les 3/4 des stations de la Région

ACTUMONTAGNE CRÉDIT AGRICOLE 20202

SOMMAIRE#02 SAISON 2020

PHOTO DE LA COUVERTURE : © IStock

ACTUMONTAGNEÉDITION SPÉCIALE CRÉDIT AGRICOLE#02 SAISON 2020Édité par Les Éditions du SéracCentre Hermès - 32, rue des Grives38920 Crolles cedex 112A - FranceTél. : +33 (0)4 38 92 02 09 - Fax : +33 (0)4 38 92 02 10 [email protected] web : www.actumontagne.comSARL au capital de 11 981,39 €ISSN-L 2551-6698

Directeur de la publication : Didier EthvignotRédactrice en chef : Sophie ChanaronRédaction : Sophie Chanaron, Jeanne Palay, Nathalie Ruffier et Martin LégerAvec la collaboration du Crédit Agricole des SavoieService Communication - Unité Editions et MédiasAdministration : Rosalie Seksek Graphisme : Eve Issartel (designbyeve.fr)Impression : Imprimerie du Pont-de-Claix

LE SKI DE RANDO EN MODE FITNESSAujourd'hui, tout le monde, bien encadré, peut faire du ski de randonnée. Nature et fitness au programme !

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LES ASCENSEURS VALLÉENS SUR LA VOIE Rares en France, les liaisons par câble entre les fonds de vallée et les sites d’altitude suscitent un véritable regain d'intérêt.

/ 17 À 19

AVORIAZ MISE SUR LA MOBILITÉ PROPRELa station piétonne des Portes du Soleil pousse plus loin les déplacement doux des personnes, mais aussi des marchandises. / 20 & 21

L'EAU, UNE RESSOURCE PRÉCIEUSEAvec les effets du réchauffe-ment climatique, la gestion de cette ressource devient de plus en plus fine. Exemple dans deux stations.

/ 22

Heureusement, la saison d’hiver a encore quelques belles années devant elle et nous devons penser au renouvellement de notre clientèle en misant sur l’enseignement du ski et l’hébergement des jeunes en station.

Nous devons également sans cesse innover pour offrir de nouvelles expériences à la clientèle comme le ski fitness (autrefois appelé ski de randonnée le long des pistes) et pour l’héberger dans de nouveaux concepts hybrides qui perturbent la lecture traditionnelle hôtels/résidences de tourisme.

Voilà autant de sujets qui occupent nos professionnels de la montagne et qui ne manquent pas d’intérêt pour entretenir l’attractivité de nos stations et de nos montagnes toujours aussi belles !

Je vous souhaite un bel hiver, une belle saison et que la neige accompagne le soleil dans le bon tempo !

Ce numéro spécial d’Actumontagne réaffirme pour la 2ème année, la volonté du Crédit Agricole des Savoie de proposer des sujets de fond sur notre

Montagne en donnant la parole aux professionnels du secteur.

Les collapsologues nous prédisent un avenir chaotique, les rapports du GIEC sont alarmistes et confirment à chaque parution que le réchauffement de notre planète est bien réel, que nos engagements pour limiter sa hausse ne seront pas tenus et que le phénomène s’accélère…

Dans ce contexte, la gestion de l’eau en station ainsi que le sujet de la mobilité douce et des ascenseurs valléens font partie des grands enjeux de nos territoires de montagne.

Malgré une certaine résilience de nos modèles hivernaux, notre économie devra reposer nécessairement sur un rééquilibrage avec la saison d’été et nous avons de nombreux atouts à faire valoir comme en témoigneront ces acteurs que nous sommes allés rencontrer. Cyril Gouttenoire,

Directeur du centre d’affaires Montagne et Territoire du Crédit Agricole des Savoie

ÉDITO

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I TI O N S P É C I A L E É D

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LES HÉBERGEMENTS HYBRIDES SOUCIEUXCes établissements échappent pour l’heure à toutes les classifications touristiques. Un problème pour ceux positionnés sur les petits prix.

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LES MONTAGNES, C'EST NOTRE CAPITAL !

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LES ALPES DU NORD, DESTINATION MONTAGNE N°1

ACTUMONTAGNE CRÉDIT AGRICOLE 2020 3

133 Ensemble, la Savoie, la Haute-savoie et l'Isère concentrent les 3/4 des stations de la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui en compte 175.

source : DSF - Chiffres arrondis

Source Nordic France, hiver 2018-2019

Source : Kantar TNS - Hiver 2017-2018 et été 2017

Isère-Drôme 9 %

Pyrénées 9 %

Haute-Savoie 23 %

Autres

Savoie 40 %

Alpes du Sud 14 %

Vosges 2 %, Jura 2 %

Massif Central 2 %

75% des journées skieurs en France sont effectuées en Savoie, Haute-Savoie et Isère.

RECETTESSKI ALPIN Savoie : 639 M € Haute-Savoie : 329 M € Isère : 123,1 M €

Les trois départements nord-alpins pèsent 80 % du chiffre d’affaires national des remontées mécaniques.

Les trois départements nord-alpins collectent plus de la moitié de la redevance nordique en France, soit 5,7 M€. Pour les deux derniers hivers 2017-2018 et 2018-2019, les meilleurs depuis l’instauration de la redevance en 1985, elle avoisine 11 M€.

Parts de marché en journées-skieurs par massif (sur quatre ans 2015-2018)

Repartition de la redevance du ski de fond

TOP 10 FRANCE(en millions de MJS*)

LA PLAGNELES ARCSVAL THORENSCHAMONIXCOURCHEVELLES MENUIRESTIGNESVAL D'ISÈREL'ALPE D'HUEZFLAINE-/MORILLONSource : rapport international 2018 Laurent Vanat

EMPLOIS TOURISTIQUES

ÉTÉ (nuitées françaises tous départements)

HIVER (nuitées françaises des départements de montagne)

SKI ALPIN

TOP 5 DESTINATIONS MONTAGNE

TOP 5 AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

NORDIQUE

HIVER ÉTÉ

STATIONS

CLASSEMENT STATIONSTOP 10 MONDIAL (moyenne de la fréquentation des 5 derniers hivers en MJS*)

1. La Plagne 2. Skiwelt Wilder Kaiser Brixental (Aut)3. Les Arcs4. Saalcach Hinterglemm Leogang Fieberbrun (Aut)5. Ischgl / Samnaun Silvretta Arena (Aut)6. Whistler Blackcomb (Etats-Unis)7. Gardena Alpe du Susi (It)8. Val Thorens / Orelle9. Madonna di Campiglio (It)10. Flaschau Wagrain St Johann (Aut)

Savoie Mont-Blanc place trois stations dans le top 10 mondial des stations de ski : LA PLAGNE, LES ARCS ET VAL THORENS.

Source : BET F. Marchand - Eté 2017

Après un point bas à l’été 2014, la fréquentation estivale en Savoie Mont-Blanc remonte. Mais elle est loin des 25,5 millions de l’été 2003, année record depuis 20 ans.

Rhône 35 408Savoie 29 479Haute-Savoie 27 228Isère 18 937Puy-de-Dôme 10 090

En 2017 en Auvergne-Rhône-Alpes, la Savoie se place en tête des trois départements alpins pour l’emploi touristique dans le secteur privé. Ce sont les secteurs de l’hébergement et de la restauration qui emploient le plus de salariés, suivis des remontées mécaniques.

Source : Acoss 2017

FRÉQUENTATION GLOBALE EN SAVOIE MONT-BLANC(en millions de nuitées)

La tendance d’évolution de la fréquentation en Savoie Mont-Blanc est légèrement à la hausse sur la période longue. Le meilleur hiver sur les vingt-quatre derniers a été enregistré pour la saison 2012-2013 avec plus de 40 millions de nuitées.

18,25 %en Haute-Savoie

13,73 % pour l'Isère-Drôme

18,91 % en Savoie

Alpes du Nord 52,71 % Jura

23,36 %

Massif Central 6,75 %

Alpes du Sud 8,44 %

Vosges 3,18 % Pyrénées 5,56 %

Savoie 15 % Hautes-Alpes

8 % Isère 7 %

Puy-de-Dôme 0,9 %

Hautes-Alpes 0,9 %

Puy-de-Dôme 7 %

Alpes de Haute-Provence 1,1 %

Haute-Savoie 1,6 % Savoie

1,2 %

Haute-Savoie 14 %

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ACTUALITÉS

UN ACCOMPAGNEMENT DE TOUS LES INSTANTSA contre-courant des autres réseaux bancaires, le Crédit Agricole s'appuie sur un maillage d'agences très important, y compris en altitude. Banque universelle de proximité, il s'engage aux côtés des acteurs de la montagne toute l'année. Avec la volonté de faire rayonner le territoire et ses forces vives dans toute leur richesse et leur diversité.

QUE DU BONHEUR !Le Crédit Agricole des Savoie a signé un partenariat pour trois ans avec le premier festival européen jeune public Au Bonheur des Mômes du Grand-Bornand, véritable Avignon des enfants ! La banque mutualiste affirme ainsi son soutien au spectacle vivant et aux événements jeunesse. Et renforce les liens privilégiés qu’elle a déjà noués avec l’office de tourisme du Grand-Bornand dans le cadre de Glisse en Cœur, l’opération caritative numéro 1 de la montagne. Les deux partenaires partagent les mêmes valeurs autour du développement durable, de la lutte contre le gaspillage ou de l’accueil de tous les publics. n

COUP DOUBLE POUR LA MONTAGNELa Savoie, la Haute-Savoie et l’Isère concentrent 70 % des stations de montagne françaises et réalisent plus de 80 % du chiffre d’affaires des remontées mécaniques. Pour répondre aux défis économiques, sociaux, culturels et environnementaux de la destination, les deux Caisses régionales des Savoie et de Sud-Rhône-Alpes du Crédit Agricole la jouent groupées ! Ensemble, elles sont en mesure de mobiliser deux fois plus de moyens pour financer des projets touristiques d’envergure, à l’échelle des trois départements nord-alpins. Pilotée par Cyril Gouttenoire, directeur du centre d’affaires Montagne et Territoire, cette coopération offre également une expertise sans équivalent au service de la montagne avec une quinzaine d’experts dédiés. Après le Daria I Nor à l’Alpe d’Huez et le Club Med des Arcs, c’est le futur Club Med de la Rosière qui bénéficiera de la puissance financière des deux caisses régionales du Crédit Agricole. Un resort dont les premiers clients sont attendus pour décembre 2020. n

DES NOTES POP-ROCK AU PIED DES GÉANTS Le festival pop-rock de Chamonix-Mont-Blanc -ex-Musilac Mont-Blanc- revient pour une troisième édition du 16 au 18 avril. Trois jours de concerts pour fêter la fin de la saison d'hiver et l'arrivée du printemps, avec des stars internationales, des valeurs sûres de la scène française et des nouveaux talents prometteurs. Comme pour Ben Harper, Rag'n'bone Man, Shaka Ponk, IAM, Orelsan ou Eddy de Pretto avant eux, les artistes 2020 devraient faire vibrer les festivaliers avec intensité, grâce à la scène installée dans un décor naturel à nul autre pareil au Bois du Bouchet, sous l’éclat scintillant des neiges éternelles ! La programmation sera dévoilée au fil des mois. n

L'ESPACE ALU PIQUE LA CURIOSITÉ DES FAMILLES !Ouvert en 2007, l'Espace Alu, à Saint-Michel-de-Maurienne, est dédié à l’aluminium, dont cette vallée est l’un des berceaux. Le territoire a accueilli jusqu’à six usines d’électrolyse. Il n’en reste plus qu’une aujourd’hui encore en activité. Ce lieu de mémoire ouvert tous les jours pendant les vacances scolaires, a lancé en juillet dernier une "visite kit" sous la forme d'un jeu de piste, à destination des familles. Une façon ludique d’explorer ses 600 m² d’exposition, en favorisant la transmission intergénérationnelle. Pour créer cette offre de visite originale, l'équipe de l’Espace Alu a été accompagnée par TAM’S Consultants, un spécialiste de l’ingénierie touristique culturelle. La commune de Maurienne, qui assure la gestion du site, a reçu le soutien de plusieurs mécènes, le Crédit Agricole des Savoie et le Département de la Savoie, via le Réseau Entrelacs – Musées & Maisons thématiques de Savoie. n

LES MONTAGNARDS ONT DU CŒUR En 2020, l’événement caritatif numéro 1 de la montagne, Glisse en Cœur, le marathon à ski du Grand-Bornand, va soutenir pour la première fois une association éducative : Mon École Extra Ordinaire. Cette structure basée à Annecy-le-Vieux accueille depuis 2015 une cinquantaine d'enfants et adolescents présentant des troubles du neuro-développement à qui elle dispense un enseignement adapté et bienveillant. L’objectif de tous les participants : égaler l'édition 2019 où 621 000 euros avaient été collectés au profit de la lutte contre la mucoviscidose. L’engagement du Crédit Agricole des Savoie aux côtés de Glisse en Cœur dure depuis 6 ans à travers un soutien financier au profit des bénévoles. Les salariés, les clients et les administrateurs de la banque verte mouillent aussi la combinaison ! En mars dernier, deux équipes portant ses couleurs se sont dépensées sans compter pendant 24 heures pour faire grimper la collecte. n

DEUX CAMPS DE BASE ISÉROIS POUR OSVLancé en 2016 par l’association Outdoor Sports Valley (OSV), le réseau Base Camp s'est étendu à l'Isère. Après Annecy, Chamonix, Chambéry, le cluster regroupant plus de 420 entreprises de l'industrie des sports de nature en compte deux de plus, la pépinière Tarmac et le campus de la Brunerie à Voiron, labellisés respectivement Grenoble Alpes Base Camp et Pays Voironnais Base Camp. Les entreprises et porteurs de projets que ces deux structures hébergent vont bénéficier d’un accompagnement les aidant à se développer. Elles peuvent également profiter du réseau d’experts d’OSV. L’Isère est le deuxième département de la Région Auvergne-Rhône-Alpes concentrant le plus d’entreprises de la filière outdoor, derrière la Haute-Savoie, suivi de la Savoie et du Rhône. n

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ACTUMONTAGNE CRÉDIT AGRICOLE 2020 5

UN RÉSEAU D'AGENCES DENSE EN SAVOIE MONT-BLANC

Chamonix

Les HouchesPassy

Les GetsMorzine

ChâtelSt Jean d’Aulps

Abondance

Avoriaz

St GingolphSt Paul en Chablais

Evian

AmphionSciez

Douvaine

Veigy

Boëge

St Cergues

Viuz en Sallaz

Ville laGrandAmbilly

GaillardGaillard Croix d’Ambilly

CollongesReignier

Cruseilles

St Julien

ViryValleiry

Frangy

EpagnyPoisy

Sévrier

Alby

Yenne

Albens

Seyssel

Rumilly

Chindrieux

Grésy sur Aix

Le Chatelard

Viviers du LacNovalaise

Doussard

Faverges

St Jorioz

MenthonThônes

Villaz La Clusaz

Grand Bornand

Groisy

Pringy

ThorensAllonzier La Caille

Châble-Beaumont

La Balmede Sillingy

BonneCranves Sales

Bons en Chablais

Samoëns

Flaine

ScionzierFlaine Les Carroz

Sallanches

Combloux

Sallanches-Genève

Taninges

Marignier

ThyezBonnevilleLa Roche

St Pierreen Faucigny

St Genix sur Guiers

Pont de Beauvoisin

St Pierre Entremont

Les Echelles

La Rochette

Chamoux

Aiguebelle

Frontenex La Bâthie

AimeLes Arcs

Tignes

Val d’Isère

Lanslebourg

Modane

Valloire

La Toussuire

St Sorlin d’Arves

Beaufort

Les SaisiesUgine

Flumet

Cluses Ewües

Les Contamines

La Rozière Montvalezan

Bourg St Maurice

La Plagne

BozelMoutiers

Aigueblanche

Méribel Courchevel 1850

Les MénuiresLa Chambre

St François Longchamp

Challes les Eaux

St Pierred’Albigny

St Jean de Maurienne

St Michel de Maurienne

Val Thorens

PralognanSt Martin Belleville

Brides les Bains

MegèveSt Gervais

Cluses

Albertville GambettaAlbertville Arcalod

Albertville Chiriac

Annemasse

Annecy

Aix les Bains

Chambéry

Montmélian

Thonon

ENTREPRISES

St Jeoire

BASSIN ANNEMASSIEN

BASSIN GENEVOIS

ARLY TARENTAISE

BASSIN CHAMBÉRIEN

COMBE MAURIENNE

LE CHABLAIS

ARVE GIFFRE MONT-BLANC

ANNECYPAYS DE FAVERGES

LES 3AANNECY

ARAVIS ROCHOIS

CENTRE DE RELATION CLIENTS

LE GRATIN DU FILM DE GLISSE Depuis 2010, le High Five Festival à Annecy, donne le coup d'envoi de la saison d'hiver début octobre. Il permet aux 30 000 festivaliers fans de découvrir avant tout le monde les films de glisse qui feront le buzz sur les réseaux sociaux. Au menu, des courts métrages, mais également des longs, des documentaires sérieux et des vidéos au ton plus léger. Côté disciplines, la palette est large avec aussi bien du freeride que de l’urbain, de la haute montagne, du snowboard que du ski touring et des sports alternatifs. C’est toujours au High Five Festival que les nouveaux épisodes de Rancho (Enak Gavaggio) ou des Bon Appétit sont diffusés en avant-première et en présence de leurs joyeux protagonistes. En parallèle, de nombreuses animations sont proposées sur le Pâquier et à l’Impérial Palace, ainsi que des concerts, des conférences ou encore des masterclass pour peaufiner sa culture glisse ! n

UN TEAM SPORTIF CADSPour s’adresser aux jeunes et les inspirer, le Crédit Agricole des Savoie a lancé un team sportif. Il se compose actuellement de huit jeunes athlètes, mais pourrait aller jusqu’à une douzaine. Certains sont déjà des champions dans leur discipline, d’autres le seront peut-être demain ! Tous représentent des sports de montagne très populaires auprès des jeunes Savoyards qui ont la montagne dans leur ADN : ski et snowboard freeride, ski acrobatique, handiski, escalade, trail et VTT. Un bon moyen pour parler des Savoie de manière très diversifiée et aux quatre saisons, en privilégiant les réseaux sociaux. Car ces athlètes sont non seulement talentueux dans leur sport favori, mais ils sont aussi des as de la communication digitale ! n

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Raphaël Volpi,Directeur de Région du Crédit Agricole des Savoie, secteur Arly-Tarentaise

L'AVIS DE...

Le Crédit Agricole des Savoie maintient et rénove son parc d'agences. Cette rénovation est quasiment finalisée avec deux nouvelles livraisons en 2019 : Flumet et Saint-Martin-de-Belleville, avec en filigrane une proximité renforcée. Venez pousser la porte d'une de nos agences, nos collaborateurs sont à votre service et à l'écoute de vos besoins !

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ACTUMONTAGNE CRÉDIT AGRICOLE 20206

DOSSIER

Le baromètre G2A pour l'association nationale des maires de stations avait vu juste au mois de juin. La montagne a effectivement vécu un bel été 2019. Et pas seulement en raison de son effet climatiseur ! Après un déclin dans les années 2000, sa cote de popularité remonte. Et c'est tant mieux, parce qu'avec le changement climatique et la concurrence entre destinations touristiques, la "belle saison" représente un levier de croissance indispensable pour les stations alpines. Mots clés : multiactivité, multisaison et qualité de l'hébergement.

Le lancement de l'été 2019 en montagne par Henri Giscard d'Estaing, le président de Club Med, devant plus de 200 professionnels de la montagne, élus et

journalistes, réunis aux Arcs dans le dernier-né de ses resorts, était tout sauf anodin. L'opérateur touristique, qui a décidé d'ouvrir un village par an dans les Alpes, offre une visibilité aux vacances en altitude comme elles en ont sans doute rarement eue jusqu’ici en France. Le patron de Club Med a même annoncé que le lancement de l’été 2020 en montagne serait carrément mondial l’année prochaine.En faisant de l’été une saison stratégique, le poids lourd de l’hébergement touristique impulse de facto une vraie dynamique au marché. "La montagne estivale est le nouvel oasis de fraîcheur que nous cherchons à vendre à nos clients internationaux", explique Xavier Le Guillermic, directeur stratégie montagne en Europe au Club Med. "Son image est très bonne, mais nous avons un taux de transformation encore faible en France, culturellement tournée vers le balnéaire en période estivale. Les Alpes françaises doivent s’engager à rendre attractive leur destination l’été, ce qu’ont réussi à faire la Suisse et l’Autriche". Cet été, cinq des dix-sept Club Med alpins en Europe étaient ouverts. En 2022, dix d'entre eux seront bi-saisonniers, soit 60 à 70 % de la capacité d’accueil totale du leader mondial des vacances tout compris.

ACTIVITÉS ET EXPÉRIENCES DIVERSIFIÉESL'arrivée de Tony Parker dans l'univers de la montagne est, sans doute, l’autre bonne nouvelle pour la montagne estivale. Celui qui a écrit les plus belles pages du basket tricolore va en faire l’une des places to be ! C'est en venant visiter en famille les deux stations de Villard-de-Lans et Corrençon pendant l’été 2018 que le jeune retraité des parquets a été conquis par leur potentiel touristique. Et a dit banco pour investir sur place, avec l'ambition d'en faire dans sept ans une destination quatre saisons misant sur sa proximité avec d'importants bassins de population : Lyon, Grenoble, Valence et les 13 000 habitants du plateau du Vercors. "Si l'on arrive à convaincre Tony Parker, je suis persuadé que l'on va réussir à amener d'autres personnes à la montagne qui, comme lui, n’ont jamais chaussé les skis", estime Guillaume Ruel.

Ancien adjoint à la mairie de Corrençon-en-Vercors, ce moniteur de ski, enfant du pays, est à l'origine, avec Sébastien Giraud, restaurateur à Villard-de-Lans, et Ruben Jolly, président fondateur du groupe lyonnais Federaly, de la venue dans le Vercors du sportif français le plus populaire auprès des 15-25 ans. Avec Sébastien Giraud à ses côtés, Guillaume Ruel dirige désormais la SEVLC, la société historique exploitant les remontées mécaniques du domaine Villard-de-Lans/Corrençon, dont Tony Parker est l'actionnaire principal. La volonté de ce dernier et de ses quatre associés est de ramener les jeunes en montagne l'hiver, mais aussi de les attirer, ainsi que les familles, à la belle saison, grâce à la multiactivité et à de l'hébergement de qualité. "Il faut être inventif sur les loisirs. L'été, il y a bien évidemment la rando, le VTT, le VTTAE, le trail, ou la pêche, mais il y a par exemple, des activités novatrices autour de l'eau à proposer. Nous planchons actuellement sur des

projets été que nous dévoilerons très prochainement", poursuit le PDG de la SEVLC, précisant que les investissements en montagne devaient systématiquement prendre en compte les deux saisons touristiques principales pour être engagés. "Avec les aléas climatiques, je pense qu'il faut inverser notre vision des choses et penser d'abord à l'été, même si ce n'est pas évident pour un exploitant de remontées

mécaniques, dont actuellement 97 % du chiffre d'affaires est réalisé l'hiver !". D’ores et déjà, la nouvelle piste de ski pour débutant, aménagée côté Villard-de-Lans pour l’hiver prochain, a été

conçue pour se transformer en été en piste de VTT ludique. A Val Thorens aussi, la saison estivale est considérée comme stratégique désormais. "Elle constitue le relais de croissance indispensable à l'hiver en raison de l'accélération du réchauffement climatique, dont les effets se font sentir même à Val Thorens", explique Jérôme Grellet, directeur de la Setam. L'exploitant des remontées mécaniques de la station la plus haute d'Europe a prévu d'installer à la Cime Caron, une attraction touristique pour attirer l’été les excursionnistes à la journée en quête de vues spectaculaires sur les Alpes (voir p. 18). N’oublions pas en effet que la découverte de beaux paysages reste la motivation principale des vacanciers choisissant la montagne.

DES HÉBERGEMENTS PLUS QUALITATIFSPour Michaël Pasquet, directeur du développement à la Compagnie des Alpes, bien que la saison d'été soit pour l'heure une saison courte – de plus en plus concentrée sur le mois d'août – et très météo-dépendante, elle est effectivement indispensable à l'équilibre financier des hébergeurs. Les deux segments hiver/été se consolident. "Dès lors qu'il y a une multitude de choses à faire en station et un produit hébergement de qualité, la montagne estivale fonctionne", constate celui qui dirige aussi la SCI* portant les murs du futur établissement Les Clarines aux 2 Alpes. "Fruit de la réhabilitation du plus ancien hôtel de la station sur le secteur de Super Venosc, cette résidence de

LA MONTÉE EN PUISSANCE DU TOURISME D'ÉTÉ

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Tony Parker entouré de ses associés

Marie-Sophie Obama, Sébastien Giraud,

Ruben Jolly et Guillaume Ruel

L'événementiel, un levier pour attirer du monde en montagne l’été

Aux 2Alpes, la future résidence Les Clarines sera gérée par MMV

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ACTUMONTAGNE CRÉDIT AGRICOLE 2020 7

tourisme de 900 lits, classée 4 étoiles, catégorie encore peu présente sur la station, sera exploitée par MMV à partir de décembre 2021". Des lits "chauds" garantis hiver comme été. Ils devraient avoir non seulement un effet d’entraînement auprès des autres hébergeurs, mais générer des retombées économiques pour le territoire. Sur le plateau du Vercors, les nouveaux dirigeants de la SEVLC ont, eux aussi, prévu de construire des lits chauds à Corrençon. "Un programme de seulement 80 appartements, soit 500 lits en mesure de donner de l'oxygène aux remontées mécaniques et aux commerçants, tout en tirant vers le haut l'ensemble de l’hébergement de la destination, mouvement indispensable à son attractivité multisaison", explique Guillaume Ruel. Mais le natif du Vercors insiste : pas question d’un développement démesuré de l’immobilier dans un massif plébiscité pour ses espaces naturels, particulièrement en phase l’été avec le besoin des estivants de se reconnecter à la nature.

*dans laquelle se trouvent, outre la CDA, la foncière des Alpes, la foncière du Crédit Agricole Sud Rhône-Alpes, celle de la Caisse d’Épargne et la Caisse des Dépôts.

Ouvert à Corrençon-en-Vercors en octobre 2018, ZeCamp, centre d’hébergement conçu par et pour les sportifs, est un bon exemple du potentiel d’attraction de la montagne tout au long de l’année. "L’hiver reste notre saison forte, avec 70 % de remplissage au mois de février, et environ 45 % en janvier et mars, même si on espère faire monter ce chiffre à 55 % pour ces deux mois. Toutefois, l’été n’est pas très loin derrière, puisqu’on est à 55 % sur juin, juillet et août. En septembre-octobre, on est encore à 40 %, notamment grâce aux équipes sportives nationales et aux séminaires d’entreprise", détaille Loïs Habert, son gérant. Cet ancien biathlète de l’équipe de France gère l’établissement avec deux autres (jeunes) retraités de la coupe du monde, son épouse Marie Dorin-Habert (biathlon) et Robin Duvillard (ski de fond). Si février est facile à remplir, "grâce à la culture des vacances au ski sur ce mois en France", les trois anciens athlètes de haut niveau ont imaginé des offres de stage (ski de fond, biathlon, préparation physique), proposées en priorité sur des périodes plus creuses, comme l’automne ou le printemps, afin de favoriser le remplissage de l’établissement. Loïc Habert est persuadé que la fréquentation "quatre saisons" de la montagne tend à se renforcer. "La destination mer est saturée, tant au niveau de son accès – bouchons sur les routes – que de son offre. Pour une personne active, la montagne offre beaucoup plus de choix. Sans oublier que lors des périodes de canicule, les gens viennent de plus en plus chercher la fraîcheur en montagne". n

ZECAMP : LE CAMP DE BASE QUATRE SAISONS

+5%Cette saison, le Club Med a accueilli 5 % de clients en plus que pendant l'été 2018, soit 33 500 personnes. Une clientèle internationale à 22 % (Belges, Suisses, Israéliens et Britanniques).

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Petits bonheurs en famille !

Le Club Med de Valmorel ouvert été comme hiver

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DOSSIER

Quand le VTT de loisir a-t-il débarqué dans nos stations ?Richard Collomb-Patton : Au début des années 90 avec quelques magasins de sport qui proposaient alors de petits parcs de location. Ils ont été nos premiers clients. Dans les années 2000 les stations aménagent les bike-parks. C'est l'avènement du DH, le VTT de descente [et de l'enduro], avec un tourisme naissant autour du vélo de montagne. Dans des stations précurseurs comme Les Gets, Morzine ou Les 2Alpes, les remontées mécaniques prennent la dimension de l'activité et ouvrent un peu plus l'été. Mais le VTT reste réservé à une clientèle sportive.

Le VTT à assistance électrique, le VTTAE, apparaît au tournant des années 2010. Chez Scott, nos six premiers VTTAE sont sortis en 2013. Aujourd'hui, notre gamme décline 77 références !

La traduction de l'explosion du marché ?R. C-P. : Le vélo électrique est effectivement en énorme croissance. En 5 ans, le VAE est parti de zéro pour occuper actuellement 40% du business des deux-roues. Et sur les 338 000 VAE vendus en France, 65 000 sont des VTTAE. Les ventes de e-VTT ont progressé de 90% en 2017, et en 2018, leur croissance était encore supérieure à 20%. En station, les parcs de location se sont transformés et convertis à l’électrique. En 2017, six vélos loués sur dix étaient des vélos électriques. Je pense qu'aujourd'hui, sept à huit vélos loués sur dix sont des e-bike ! C'est une vraie révolution pour les magasins et pour la montagne.

C'est à dire ? R. C-P. : Le vélo à assistance électrique a permis de mettre ou de remettre au vélo une clientèle qui ne le pratiquait pas ou plus en montagne. Elle représente la première vague de pratiquants à s'être appropriée le VTTAE. Et aujourd'hui, si le marché explose, c'est parce que le produit est abouti, notamment du côté de l'autonomie des

batteries. Les vététistes peuvent partir trois heures se balader. Comme la marche, tout le monde peut en faire. La sortie peut être très sportive en allant rouler sur des chemins techniques ou alors aussi très accessible. Pour un public familial, par rapport à la marche c’est l’opportunité de repousser les distances dans la découverte de sa destination vacances. Le VTTAE démocratise le vélo en montagne, sur sentiers comme sur route en mettant les cols mythiques des Alpes à la portée de tous.

Est-ce que le VTTAE dope la destination montagne ? R. C-P. : Il y participe. Je constate que le VTTAE est un axe de communication sur l'été pour de plus en plus de stations. Elles disposent presque toutes d’une offre VTTAE maintenant, avec des itinéraires dédiés, dont il faut bien réfléchir l'aménagement pour une bonne cohabitation entre marcheurs et vététistes. VTT et VTTAE sont complémentaires. D'ailleurs, depuis deux ans, même les sportifs plébiscitent l’électrique. D'une part, parce que le pilotage est très ludique et d’autre part, parce qu'ils peuvent partir avec une autonomie de trois heures sans utiliser de remontées mécaniques. À la clé, une saisonnalité pour le vélo de montagne rallongée : elle peut commencer fin mai et se poursuivre jusqu'à la Toussaint.

LE VTTAE EST UNE RÉVOLUTION EN MONTAGNE

INTERVIEW

Richard Collomb-Pattondirecteur de Scott France

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En montagne, le VTTAE donne des ailes et adoucit les difficultés du relief

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INTERVIEW

MMV exploite aujourd'hui une vingtaine d'établissements. Sont-ils tous ouverts l'été ? Jean-Marc Filippini : Oui, pour la plupart. Je me félicite d’ailleurs de la très bonne première saison estivale des trois nouvelles résidences clubs avec un taux d’occupation, pour les huit semaines de vacances scolaires, de 97 % aux Saisies, 96 % à Arêches-Beaufort et 90 % à Tignes 1800. Si quelques rares acteurs très haut de gamme, installés à Courchevel 1850 ou à Val Thorens peuvent se passer économiquement d'une ouverture estivale, la majorité des opérateurs doit ouvrir aussi l'été. Il est peu probable d'avoir une gestion pérenne d’hébergements touristiques de qualité en ne fonctionnant que 16 à 18 semaines l’hiver. De plus, fonctionner l'été, nous permet de garder et de fidéliser notre personnel, indispensable pour assurer un service client et des prestations de qualité. Mais de toute façon, avec les perturbations climatiques que nous connaissons, les acteurs du tourisme de montagne ne peuvent plus miser sur le tout neige.

Quand le Club Med fait de la montagne une destination stratégique, y compris l'été, c'est un signe fort pour les opérateurs touristiques ?J-M F. : Absolument ! Le Club Med est le gros porteur de la montagne aujourd'hui. Avec l'ouverture d'un resort par an dans les Alpes, il montre la voie à tous. Il sait très bien que l'été aujourd'hui est stratégique pour amortir les coûts d'exploitation sur l'hiver. Ses derniers établissements à Samoëns et aux Arcs sont bi-saisonniers et attirent une nouvelle clientèle à la montagne très internationale.

La montagne peut-elle devenir une destination quatre saisons ?JJ-M F. : Je ne crois pas au fantasme d'une exploitation quatre saisons, sauf pour quelques stations, proches de bassins urbains. Par contre, exploiter deux saisons pleines, hiver et été, c'est possible, et même indispensable, pour faire vivre les territoires et pour donner un équilibre de gestion aux opérateurs. La problématique pour développer l'été est la suivante : est-ce que nous proposons une montagne qui est un choix par défaut, notamment parce qu'on y trouve des séjours moins chers qu'à la mer, ou bien, et c'est notre stratégie chez MMV, attirons-nous une clientèle proche de celle qui vient l'hiver et qui choisit la montagne pour ses expériences uniques à vivre ? Les stations autrichiennes font le plein l'été grâce à cette promesse-là, pas sur celle de vacances low cost !

Que faut-il faire pour rendre la montagne estivale plus attractive ?J-M F. : Il faut accueillir les vacanciers dans des bâtiments confortables, connectés, offrant de nombreux équipements et services, un spa, des clubs enfants et ados, des animations et une grande palette d'activités outdoor. Exercées par des prestataires qualifiés, ces dernières doivent faire vivre à nos vacanciers des expériences. Elles peuvent être basées sur la découverte du milieu montagnard, sur le wellness -nos cours de yoga et de pilates remportent un succès énorme, sur le VTT à assistance électrique, l'accrobranche, la rando, les activités aqualudiques... Le terrain de boules et le tour de poney ne suffisent pas ! Lorsqu'une famille repart de chez nous au bout d'une semaine, elle doit se dire qu'elle n'a pas

pu tout faire ! Chacun de ses membres doit avoir vécu quelque chose de fort pour que l'expérience vécue demeure inoubliable.

Ne faut-il pas aussi que tous les acteurs jouent le jeu ?J-M F. : Effectivement, tous les acteurs (collectivités, remontées mécaniques, socio-pros, commerçants, hébergeurs...) doivent être mobilisés et opérationnels du premier au dernier jour d'ouverture de la saison d'été pour soutenir l'activité. Les stations doivent être capables d'avoir une gouvernance permettant d'en faire une véritable destination vacances, un produit. Il y a des initiatives actuellement et les choses bougent. La création du comité stratégique du Conseil national de la montagne, par Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État, auquel je participe, travaille notamment sur la question des lits froids, mais aussi sur la diversification des offres de loisirs hiver comme été.

Vous avez d’ailleurs lancé une étude clientèle sur la montagne estivale. À quoi va-t-elle vous servir ?J-M F. : Avec SSIT (Savoie Stations Ingénierie Touristique) et les exploitants des domaines skiables de La Toussuire et du Corbier, – où nous exploiterons une nouvelle résidence en décembre 2020 –, nous avons effectivement lancé une étude clientèle qualitative. Elle vise à mesurer le potentiel économique de la saison d'été, et à cerner les ressorts de motivation de la clientèle estivale. Ses résultats vont permettre à ces deux destinations des Sybelles de développer des activités différenciantes pour assurer leur attractivité l’été.

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Des taux de remplissage exceptionnels pour le premier été des nouveaux établissements du groupe MMV, spécialiste des vacances club à la montagne, aux Saisies dans le Beaufortain et à Tignes 1800 en Tarentaise !

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30 ans après sa création, le groupe MMV (Mes Meilleures Vacances) figure parmi les leaders de l'hébergement touristique dans les Alpes. L'opérateur gère aujourd'hui une vingtaine de résidences clubs et hôtels-clubs en station. Et ne compte pas en rester là ! Rencontre avec Jean-Marc Filippini, son président et co-fondateur, convaincu du potentiel de la destination l'été.

LES VACANCES À LA MONTAGNE L'ÉTÉ DOIVENT ÊTRE UN CHOIX

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Quelles sont les particularités de votre refuge ?Yannick Bondier : Il est situé à 2 035 mètres dans un vallon sans aucune remontée mécanique de la vallée des Belleville. Un lieu sauvage, avec un paysage magnifique, à proximité du parc de la Vanoise. Il est édifié juste à côté du lac du Lou, aux eaux pures et transparentes. Le refuge actuel est très récent, sa réhabilitation s’est achevée en septembre 2017. Il comprend deux chambres de quatre

personnes, une de cinq, et une de sept places. Un dortoir collectif peut accueillir douze personnes. Notre cuisine est basée sur des plats savoyards, parfois revisités, avec des produits issus de circuits courts.

Depuis quand êtes-vous son gardien ?Y. B. : J’ai déjà gardé l’ancien refuge pendant deux ans, il y a quelque temps. Puis j’ai interrompu cette activité pour passer le diplôme de guide de haute montagne. J’ai repris le gardiennage du nouveau refuge du Lac du Lou en janvier 2019. J’embauche trois à quatre personnes l’été, et mes enfants viennent également m’aider. Ma mère, quant à elle, s’occupe de la cueillette des myrtilles (pour les tartes et la confiture) et des orties (pour la soupe et les tartes salées).

Le refuge est-il adapté aux familles ?Y. B. : Oui, tout à fait. D’une part grâce à son accès très court : une heure environ, au départ soit des Menuires, soit de Val Thorens. Par ailleurs, la rénovation en fait un lieu d’accueil confortable, avec douches chaudes et chambres

familiales. Le lac du Lou, même s’il est un peu frais pour la baignade, représente un beau but de balade pour les plus jeunes. Autre grand attrait pour les enfants : les animaux. J’ai moi-même des cochons et des poules, et on observe de nombreuses marmottes autour du refuge. Par ailleurs, on peut réaliser de belles balades à partir d’ici, notamment vers d’autres lacs plus propices à la baignade.

Quels sont les bienfaits d’un séjour dans votre refuge ?Y. B. : Le refuge du Lac du Lou est un endroit idéal pour apprendre à ouvrir les yeux, à observer la beauté de la nature et sa fragilité. Cela peut sans doute inciter à la respecter. C’est aussi un lieu où l’on ressent l’effet apaisant de la montagne, notamment grâce au lac. Il y a une ambiance magique, le soir, quand le soleil se couche sur les montagnes en face.

INTERVIEW

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Informations et réservations : Tél. 07 70 22 86 79. refugedulacdulou.com

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Situé sur les hauteurs de la commune du Biot, entre la vallée d'Aulps et la vallée d'Abondance, le Col du Corbier, 1800 lits touristiques, est la première destination montagne a rejoindre le nouveau réseau de stations multi-activités Outdoor Experiences by Rossignol Group. Un concept qui correspond aux attentes des territoires en quête de diversification ou de repositionnement touristique. La commune haut-savoyarde avait décidé depuis plusieurs années, suite à l’arrêt de ses remontées mécaniques, de s'orienter vers une montagne nature. Elle se transforme donc en espace ludique autour des activités outdoor, comme le ski de rando, le ski nordique ou les raquettes l’hiver, le trail, la marche nordique, le VTT et VTTAE l’été, avec des parcours balisés par l’équipe de Rossignol sous labels Station de trail®, Station Nordik Walk®, Espace R.Bikes® et Espace Ski de Rando®. n

LE COL DU CORBIER, LA STATION QUATRE SAISONS PILOTE

L’EFFET APAISANT DE LA MONTAGNE

Yannick Bondier, le gardien du refuge du lac du Lou accueille petits et grands pour une expérience 100% montagne

Le refuge du Lac du Lou est un havre de paix où il fait bon séjourner, près des Menuires et de Val-Thorens (Savoie). Ou juste venir se balader à la journée, avec une halte gourmande. Rencontre avec son gardien, Yannick Bondier.

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Hervé Decanter,Directeur de Région du Crédit Agricole des Savoie, secteur Annecy-Aravis-Rochois

L'AVIS DE...

Dans les stations de moyenne altitude, comme La Clusaz et Le Grand-Bornand, villages-stations qui vivent toute l’année, la montagne quatre saisons est déjà en route. Nous voyons qu'il y a un pôle d’attractivité l’été qui se développe année après année, mais aussi au printemps et à l’automne. Les décideurs locaux et les offices de tourisme ont compris qu’il fallait capter les clients potentiels en organisant des événements culturels et sportifs. La Clusaz propose par exemple des compétitions VTT et d’autres événements sportifs, comme le Trail du Bélier qui attire des milliers de coureurs. Le Crédit Agricole des Savoie est aussi partenaire de deux événements emblématiques du Grand-Bornand : "Glisse en Cœur" et "Au Bonheur des Mômes" tous deux très populaires. Les touristes cherchent à vivre des expériences uniques sur des territoires exceptionnels. Ils sont en quête d’authenticité, et l'agriculture via la filière Reblochon, très importante dans les Aravis, répond tout à fait à leurs attentes dans ce domaine.

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DES AIDES POUR SORTIR DU TOUT SKI En avril 2019, le Département de la Savoie, la ville de Chambéry et l'agglo Grand Chambéry ont signé une convention de partenariat pour soutenir ensemble des programmes d'investissements au profit des territoires. Dans le domaine du tourisme, les deux stations des Bauges Savoie Grand Revard et Les Aillons-Margeriaz vont bénéficier d'une enveloppe de près de 9 millions d'euros, dont une participation de 3,2 M€ du Département. Cette manne financière va permettre de les accompagner dans leur adaptation au changement climatique et les aider à sortir du tout ski l'hiver. Mais aussi à diversifier leur offre estivale autour des activités de pleine nature. Avec l’objectif d’améliorer le parcours et l’accueil client. Neuf projets sont au programme. Parmi eux, la création d’un espace enfant ludique hiver/été "Le Pays suspendu des Géants", ainsi qu’une via ferrata à Aillon 1000 ; un stade de biathlon et un plan d'eau récréatif pouvant servir l'hiver à la production de neige de culture à Savoie Grand Revard ou encore la requalification de plusieurs bâtiments sur les différents sites touristiques. n

À FLAINE, L’ÉTÉ EST UNE AUBAINE !L’été est devenu une période de forte affluence pour la station du Grand Massif. "Elle représente près de 20 % de l’activité en 2019 contre 4 % en 2007" indique Pierre Claessen, le directeur de l’office de tourisme. Arrivé en octobre 2007 à Flaine, il a d’emblée la conviction que la station peut attirer foule à la belle saison autour de pratiques récréatives pour les familles. Nichée dans un cirque de pleine nature et piétonne, Flaine dispose d’un cœur central idéal pour déployer des activités pour petits et grands. Il les imagine gratuites, propose dès 2008 quatre activités et enregistre 6 000 pratiquants. Les familles repèrent l’offre et le taux d’occupation des hébergements (5 400 lits l’été) augmente chaque année. Les loisirs proposés aussi. Pour gérer ce flux croissant et cadrer l’offre, l’OT crée voilà sept ans un Pass activités, désormais offert par tous les hébergeurs. Ce bracelet, également en vente (10 € / jour, 30 € la semaine) permet un accès gratuit à la quasi-totalité des activités proposées – au nombre de 25 cet été - et des réductions pour d’autres. 32 000 personnes l’ont porté cet été. "Cette saison nous permet de générer une belle image du produit Flaine" assure Pierre Claessen. Pour la 11e année consécutive, le nombre de nuitées a augmenté : +8 % (+3 % pour l’hiver). n

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Le télésiège d'Aillons-Margeriaz 1000 ascenseur pour l'altitude !

Des activités packagées qui boostent l'été à Flaine

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les formations à ces métiers en milieu spécifique pour mutualiser toutes les connaissances autour de la montagne, en lien étroit avec la filière professionnelle.

La formation des moniteurs de ski est réputée longue et difficile. Vous confirmez ?F. G. : Le test technique d'accès à la formation est effectivement d'un niveau très élevé. Pour réussir ce slalom chronométré, il faut avoir fait de la compétition ou avoir suivi des entraînements dans un club de sport dès son plus jeune âge. Le parcours de formation est long et exigeant parce qu'il s'étire sur la durée, avec plusieurs cycles à passer, ponctués des deux examens techniques validant les acquis, l'Eurotest (slalom géant) et l'Eurosécurité. Les stagiaires viennent à l'ENSA de façon discontinue car ils sont en alternance au sein de leur centre de formation agréé. Ils cumulent aussi souvent leur formation ski avec des études universitaires et/ou parfois un emploi. Et puis, il peut y avoir du temps d'attente pour suivre les formations de l'ENSA. L'école accueille 4000 stagiaires annuellement, dont 3000 pour le seul ski alpin. Or, notre capacité d'accueil est de seulement 200 stagiaires par semaine. En moyenne, il faut 4 à 5 ans aux plus rapides pour décrocher le diplôme.

Aux compétences techniques s'ajoutent aussi l'art de savoir enseigner et de faire aimer la glisse et la montagne, surtout la nôtre, concurrencée par d'autres destinations neige. Le cursus tient-il compte de cette dimension ?F. G. : Nous sommes toujours en évolution sur nos contenus pédagogiques. Les compétences en langues étrangères se sont accrues, idem pour la communication, le comportement, le relationnel avec les clients. A l'ENSA, ils acquièrent la partie théorique. La pratique s’effectue

L'ENSA, fondée en 1945, est l'un des deux sites de l’École nationale des sports de montagne. Pourquoi cette organisation ?Florence Giraud : En 2010, dans le cadre de la révision générale des politiques publiques, l’État français a en effet créé l’École nationale des sports de montagne, l'ENSM. Cet établissement public unique, placé sous la tutelle du Ministère des Sports, a le monopole de la formation des professionnels de la filière montagne. Elle comprend deux sites distincts, déjà reconnus, l'ENSA à Chamonix, pour la formation des guides de haute montagne et des moniteurs de ski alpin (des moniteurs de vol libre également), et le Centre national de ski nordique et de moyenne montagne (CNSNMM) à Prémanon dans le Jura pour préparer le diplôme de moniteur de ski nordique et celui d'accompagnateurs en montagne. L'idée était de regrouper dans une seule école

dans les centres de formation agréés, où ils sont en contact direct avec la clientèle. Les stagiaires sont sensibilisés à l'évolution des attentes de cette dernière, aujourd’hui moins dans l'effort et plus dans le plaisir. Elle veut aussi découvrir de nouvelles pratiques, comme le ski de randonnée et le hors piste. Nous avons par ailleurs un module d'enseignement spécifique sur le handiski pour tout le monde. Comme la formation à l'ENSA dure 12 semaines au total, la formation continue, assurée par les organisations professionnelles représentatives, prend le relais pour aborder des thématiques complémentaires.

L'ENSA jouit d'une forte notoriété à l'international dans la formation des guides. Est-ce la même chose pour les moniteurs de ski alpin ?F. G. : Absolument. L'ENSA est également reconnue comme une école d'excellence et de référence dans le champ du ski alpin à l’étranger. Notre modèle de diplôme d’État est "importé" par d'autres pays et onze états membres se sont accordés cette année pour exiger un standard de qualification minimum pour être moniteur de ski, à savoir posséder l'Eurotest et l'Eurosécurité, les deux examens du diplôme français. Une belle reconnaissance pour la formation française des moniteurs de ski.

En juin dernier, en donnant son feu vert à la carte européenne, Bruxelles validait l'excellence de la formation des moniteurs de ski en France. C'est en effet le diplôme d'État tricolore qui a servi de référence à ce permis d'enseigner, obligatoire pour tout moniteur de ski souhaitant exercer hors de son pays d'origine. L'occasion d'évoquer l'exigeant cursus de celles et ceux qui divulguent les secrets de la glisse aux profanes. Soit près de 20 000 hommes et femmes en France, en première ligne pour faire aimer les vacances à la neige et participer à l'attractivité des stations alpines.

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547C'est le nombre de moniteurs de ski ayant décroché le diplôme d’État en 2018, dont 33 sportifs de haut niveau. En moyenne, 400 à 500 l’obtiennent chaque année.

L'ENSA UNE RÉFÉRENCE MONDIALE

INTERVIEW

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INTERVIEW

Quelles sont les qualités indispensables pour être moniteur de ski ?Guy-Aimé Hudry : Il faut aimer le ski, aimer la montagne et surtout aimer transmettre. À partir de là la partie est gagnée ! La formation des moniteurs de ski en France est bien faite et nous la défendons.Tous les aspirants moniteurs passent par l'ENSA. Le diplôme d’État de moniteur de ski alpin n'est pas facile à décrocher, il faut suivre un cursus long qui se partage entre l'ENSA et un centre de formation agréé. Toutes les ESF le sont. Notre diplôme d’État a le plus haut niveau d'exigence technique en Europe. Un moniteur est capable d'enseigner en classe 4, comme du hors piste ou encadrer de très jeunes enfants. Qui peut le plus peut le moins ! Notre diplôme a servi de modèle pour établir la carte professionnelle européenne, validée en juin dernier, pour laquelle le Syndicat des moniteurs du Ski Français s'est battu pendant deux décennies.

Dans un contexte de tassement du marché du ski en France, les moniteurs ne sont-ils pas les mieux placés pour attirer et fidéliser la clientèle ?G-A H : C'est vrai que pour nous, c'est facile de fidéliser les gens. Nous passons du temps avec eux pendant leur

séjour ! Nous avons l'occasion de leur faire passer des messages. Nous leur faisons aimer le ski et plus largement la montagne, et bien sûr notre station. Si jamais dans une école, les vacanciers n'ont pas eu une bonne expérience dans leur apprentissage du ski ou de ses dérivés, ils peuvent changer d'école, voire de destination. C'est pour cela que nous sensibilisons beaucoup les moniteurs à l'accueil, au relationnel, à la bienveillance ou encore au service. Nos clients viennent en vacances, ils ne veulent pas de problèmes. Pour eux, nous sommes des facilitateurs. Dans cet esprit, nous avons lancé "mon-sejour-en-montagne.com", une place de marché. Les ESF sont partout et très en pointe sur la vente en ligne, nous étions particulièrement bien placés pour créer cette plateforme.

Quels sont ses résultats après deux ans d’existence ?G-A H : Nous sommes satisfaits, elle fonctionne. Mais il faut que tous les opérateurs s'en emparent. Nous devons encore convaincre que cet outil est bien pour tout le monde, pas seulement pour les ESF qui sont un partenaire parmi les autres en montagne. "mon-sejour-en-montagne.com" rassemble aujourd'hui les cours de ski, l'hébergement,

les remontées mécaniques, le matériel... Et demain, les services de conciergerie. La plateforme va fonctionner aussi l'été parce que les moniteurs de ski sont également parfois moniteurs de VTT, guides, accompagnateurs, et que par ailleurs nous sommes partenaires du Club Med pour qui l'été à la montagne est stratégique.

Les ESF s'impliquent beaucoup pour relancer les classes de neige. Pourquoi ? G-A H : Elles sont essentielles pour le renouvellement des clientèles. Les scolaires sont nos clients de demain. Ils vont parler de leur séjour à leurs parents, ils sont prescripteurs. Il faut donc donner la possibilité à nos jeunes enfants d'aller faire du ski. Il y a une vraie volonté de la Région AURA et des départements de relancer les classes de neige. La Région donne des subventions pour aider les structures d'accueil à se mettre en conformité, elle va participer au coût du transport des classes. En Savoie, avec le Département, nous nous mobilisons aussi pour faire skier les collégiens, parce qu'un jeune Savoyard sur deux ne skie pas. La collectivité finance le transport, les remontées mécaniques offrent les forfaits et les ESF les cours de ski sur une semaine. Une initiative indispensable si nous ne voulons pas que chez les locaux, la culture montagne se perde.

Les Écoles du Ski Français assurent plus de 80 % des cours ski dans les massifs français. Connus et reconnus, les 17 000 Pulls rouges défendent haut et fort la qualité de l'enseignement du ski à la française. Guy-Aimé Hudry, vice-présent du Syndicat national des Écoles du Ski Français, chargé des relations avec les 250 ESF, parle du métier de moniteur et de son rôle de facilitateur dans la découverte de la montagne.

FACILITER LE PARCOURS CLIENT

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Guy-Aimé Hudry VP SNMSF

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Johann Kwiatkowskiprésident du Syndicat international des moniteurs de ski (SIMS)

Observez-vous des changements dans les attentes de vos clients ?Johann Kwiatkowski : La part des enfants dans nos écoles s’accroît encore. Si nous avons toujours des adultes débutants, nous avons perdu les classes 2, 3 et 4 avec lesquels nous allions skier sur piste ou hors-piste. Pour ces clients, le cours de ski collectif était facteur de socialisation pendant leur séjour, de partage de moments conviviaux. Aujourd'hui, les élèves progressent plus vite, en partie grâce au matériel de ski plus performant. Du coup, dès qu'ils accèdent à une certaine autonomie, ils vont skier seuls. C'est un changement de comportement, mais sans doute aussi la réponse à une problématique budgétaire. Le ski coûte cher, les parents se privent pour que leurs enfants eux puissent continuer à skier avec un moniteur.

Vous sentez vous investi d'une mission par rapport à l'attractivité des stations françaises ?J. K. : Le moniteur de ski est un ambassadeur, un vrai relais sur le terrain. Il est en contact direct avec les clients et pendant toute la semaine. De quoi bien les connaître ! L'image du moniteur sympa perdure. Nos clients se confient facilement sur leurs bonnes ou leurs mauvaises expériences dans la station. Des informations que nous pouvons faire remonter pour améliorer le parcours client. La concurrence est vive avec les pays de l'arc alpin, il faut que nous travaillions effectivement tous ensemble pour valoriser notre destination montagne.

Dans le cadre du renouvellement de la clientèle, ciblez-vous les personnes à mobilité réduite ?J. K. : Oui, d'autant plus que parmi nos moniteurs, nous avons l'une des premières formatrices en France pour le handiski, Emmanuelle Jorcin. Presque toutes nos écoles proposent de l'handiski, avec du ski assis ou du taxi-ski. Cette dernière activité, dans laquelle la notion de partage est très forte, se développe bien. Elle concerne des publics très différents : des accidentés de la route, des personnes à mobilité réduite, des handicapés mentaux, des personnes âgées. À l'école de Valloire que je dirige, les quatre moniteurs qualifiés sont tous complets pendant les vacances d'hiver ! Nos deux tandems, engins fantastiques mais onéreux, ne suffisent pas. Pour les piloter moi-même régulièrement, c'est une expérience humainement très forte.

LE MONITEUREST UN AMBASSADEUR

L’École de ski internationale, dont le SIMS est l'organe représentatif, existe depuis plus de 40 ans. Son réseau totalise 75 écoles et rassemble 1 800 moniteurs. Les artisans du ski, comme se définissent les Bleus, clin d’œil à la couleur de leur tenue, s'adaptent eux aussi à l'évolution de la clientèle face à l'enjeu de l'attractivité des sports d'hiver.

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INTERVIEW

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TÉMOIGNAGES

Diplômé depuis 1986, Yvon Blanc est un pilier de l'ESF d'Arêches-Beaufort, le berceau de la famille. Aussi loin qu'il se souvienne, ce fils de moniteur de ski a toujours voulu lui aussi entrer dans la grande famille des Pulls Rouges ! Ayant été sur les planches dès son plus jeune âge, le Savoyard a réussi sans difficulté le test technique d'accès, sésame pour suivre le long cursus menant jusqu'au diplôme d’État de moniteur de ski. Plus de 30 ans après ses débuts comme enseignant de ski dans la station du Beaufortain, il enfile chaque hiver avec autant de plaisir sa fameuse tenue rouge. "Ce métier de passion et de contact se conjugue parfaitement avec ma deuxième activité". Car effectivement, comme beaucoup de moniteurs de ski, Yvon Blanc est double actif. Il est producteur de lait de vache pour la fabrication du Beaufort, le trésor des alpages savoyards. "J'exerce comme moniteur de décembre à avril, période plus calme du côté de l'exploitation agricole familiale, à laquelle je me consacre à plein temps le reste de l'année". Avec son troupeau, il passe les 100 jours d'estive à l'alpage de la Charmette, au-dessus d'Arêches. De quoi retrouver ses racines et se reconnecter à la nature, pour ensuite partager sa connaissance de la montagne et sa culture pastorale avec ses élèves de l'école de ski. Ses conseils aux stagiaires-moniteurs souhaitant suivre sa trace ? Avoir la passion du ski et de la montagne, car c'est un milieu difficile pour qui n'en n'est pas issu, aimer transmettre, avoir le sens du contact, donner le meilleur de soi-même pour fidéliser les clients et valoriser les atouts de sa destination. n

À 26 ans, Nicolas Brun, titulaire du monitorat de ski depuis 2017, vient tout juste de valider un Master en marketing. Pendant deux ans, ce natif d'Annecy a mené de front ses études en alternance au service courses de Salomon, et l'enseignement du ski à l'ESF de La Clusaz ! Aujourd'hui, le double diplômé

recherche un emploi en entreprise, si possible dans l'univers du ski. "Mais si je ne trouve pas un poste tout de suite dans ma branche, alors je ferais une saison entière comme moniteur à La Clusaz, car le ski est ma passion, et pouvoir en faire un métier, c'est aussi avoir plusieurs cordes à son arc".Nicolas est entré comme stagiaire à l'ESF de La Clusaz à l'hiver 2011-2012, après avoir réussi le fameux test technique. Une formalité pour le jeune citadin, passé par le club des sports de la station des Aravis, et le sport-études Ski au lycée Reinach de La Motte-Servolex. Il a déjà huit saisons d'enseignement du ski au compteur, dont une dans les Alpes australiennes. Une expérience professionnelle et humaine enrichissante au cours de laquelle ce touche-à-tout a pu mesurer combien le diplôme français de moniteur de ski est reconnu à l'étranger. Il a aussi pu profiter de ce séjour en Australie pour améliorer son anglais, un atout à La Clusaz où la clientèle internationale, notamment britannique, progresse ces dernières années avec la montée en gamme de l'hébergement. Pour ce Haut-Savoyard, être moniteur, c'est bien sûr pouvoir pratiquer à haute dose son sport favori, mais c'est surtout faire partager son plaisir de la glisse, faire rêver, échanger avec les clients... et étoffer son carnet d'adresses. Essentiel pour la vie professionnelle, voire la vie sociale d’un jeune actif ! n

YVON BLANC, MONITEUR À ARÊCHES-BEAUFORT

NICOLAS BRUN, MONITEUR DE SKI À LA CLUSAZ

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Le moniteur de ski, un enseignant et un ambassadeur de son territoire

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TENDANCE

LE SKI DE RANDO EN PHASE ASCENSIONNELLE

Cinquante-neuf. C’est le nombre de stations fran-çaises – dont 31 dans les Alpes du Nord – qui disposent de parcours aménagés pour le ski de

randonnée, contre quatre en 2014, selon le Community Touring Club. Ce dernier, "éco-système web-événe-ments-expériences" autour du ski de randonnée, met en relation pratiquants, stations, marques, magasins et professionnels de la montagne. Selon son créateur, Jérôme Decisier, cette embellie du ski originel s’explique en partie "parce qu’il y a une industrie qui pousse – trois ou quatre marques spécialisées il y a cinq ans, près d’une vingtaine aujourd’hui – et qui a besoin d’aires de pratique pour vendre son matériel". Au départ, les sta-tions étaient sceptiques, mais elles se sont rendu compte de la complémentarité ski de rando/ ski alpin, et de l’image bien-être véhiculée par cette activité.

Une autre raison peut aussi être avancée : la sécurité. Créer des parcours dédiés à l’écart des pistes permet de maîtriser les flux de skieurs. "Il y a de plus en plus de pratiquants. Mais nombre d’entre eux n’osent pas sortir réellement des sentiers battus et du coup remontent sur les pistes damées. C’est pourquoi, en lien avec les re-montées mécaniques, nous avons créé nos Traces il y a huit ans, des itinéraires de randonnée permanents", rappelle Nicolas Blanc, président de l’office du tourisme d’Arêches-Beaufort, le retour se faisant en général par les pistes damées. Philippe Cordon, le maire de Chamrousse, est encore plus explicite : "Nous pouvions avoir jusqu’à 100 skieurs de randonnée à la montée sur les pistes de ski alpin entre 9 h et 14 h ! De même qu’on

ne prend pas l’autoroute à contre-sens, on ne peut pas remonter les pistes de ski alpin sans se mettre soi-même et les autres en danger. Je ne suis absolument pas contre le ski de randonnée, mais contre ceux qui se croient chez eux partout et ne respectent pas l’usage des autres !".

UNE PRATIQUE EN MODE FITNESSLa volonté de mettre tous les skieurs, alpins et randon-

neurs, en sécurité a même "engendré de nouveaux usages", constate Philippe Cordon. Pour tout un nou-veau public, plus jeune et plus féminin, la peau de phoque répond en effet moins à une envie d’explorer des espaces vierges qu’à une recherche d’activité excel-lente pour le fitness et le cardio ! "Certains vacanciers font la Trace tous les jours, un peu comme on fait son footing", confirme Nicolas Blanc. "Hôte de la Pierra Menta, course de ski-alpinisme mythique, Arêches-Beaufort est considérée une vraie destination ski de rando. Nous avons créé des animations, comme les sorties rando encadrées de nuit. Nous voulons proposer un produit complet, avec des cours dans les écoles de ski et un vrai parc de matériel de location. Au moins 150 paires de ski et chaussures sont à disposition dans la station !". Si la pratique a largement explosé dans les stations françaises, elle n’est pas encore au niveau de l’Autriche. "Là-bas, les randos de nuit encadrées peuvent rassem-bler plus de 1 000 personnes", témoigne Jérôme Decisier. Mais les stations n’ont pas forcément intérêt à créer trop d’itinéraires balisés et sécurisés, "sous peine de cannibaliser l’offre et de marcher sur les plates-bandes des guides", souligne Nicolas Blanc, par ailleurs moniteur spécialisé dans l’encadrement du ski de rando. "Il faut encore imaginer de vrais programmes autour du ski de rando", estime Jérôme Décisier. "Mais avec le morcèlement des acteurs en station, contrairement à l’Autriche, cela va prendre encore un peu de temps pour créer un véritable business model autour du ski de rando".

Autrefois l'apanage de skieurs-montagnards aguerris et pratiqué principalement au printemps, loin des domaines skiables, le ski de randonnée a fait sa mue. Il s’adresse aujourd’hui à un public beaucoup plus large, et cela tout au long de l’hiver. Il a même trouvé sa place en station !

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Le ski de randonnée se démocratise et se féminise !

À Arêches Beaufort, les Traces, itinéraires rando balisés, rencontrent un succès croissant depuis huit ans

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MOBILITÉ DURABLE

LES ASCENSEURS VALLÉENS SUR LA BONNE VOIE

En 2024, le Funiculaire de Saint-Hilaire-du-Touvet fêtera ses cent ans. En France, il est probablement le plus ancien ascenseur valléen ! Aménagé en

1924 pour relier la vallée du Grésivaudan au plateau des Petites-Roches, il n'a plus qu'une vocation touristique aujourd'hui. Il n'empêche, ce patrimoine du transport par câble appartient à une famille d'infrastructures de transport peu développée en France.

En effet, dès l'après-guerre, les pouvoirs publics français ont privilégié les liaisons routières, contrairement à nos voisins suisses, autrichiens ou italiens. Chez eux, ces traits d'union entre le bas et le haut des vallées sont très répandus, et souvent maillés avec le réseau ferroviaire. "En Suisse, il y a plus de 300 ascenseurs valléens, et certains constituent parfois le seul moyen d'accès à un site de montagne", explique Jean Hirigoyen, le président du Chaînon manquant, le transport par câble. Il cite en

exemple Bettmeralp dans le Valais, station 100 % piétonne, desservie depuis la vallée par un téléphérique transportant aussi bien personnes que marchandises. En partenariat avec de nombreux acteurs publics et privés, l’association multiplie depuis 2015 les conférences, séminaires et ateliers pour promouvoir ce moyen de transport alternatif auprès des élus et des décideurs de la montagne.

Dans les années 90, ce dernier a déjà séduit plusieurs communes touristiques en Savoie et en Isère, où des installations d'envergure ont été aménagées. Et fonctionnent toujours. Citons la télécabine de l'Olympe reliant Brides-les-Bains à Méribel, le funiculaire Arc Express faisant la navette entre Bourg-Saint-Maurice et Les Arcs, la télécabine d'Orelle, porte d'entrée vers Val Thorens, ou encore la télécabine de Venosc, desservant Les 2Alpes. Dans l’air du temps, ces précurseurs de la

Rares en France, les liaisons par câble entre les fonds de vallée et les sites d’altitude suscitent un véritable regain d'intérêt. Plus de dix projets d'ascenseurs valléens sont envisagés en Savoie, Haute-Savoie et Isère. Tous n'aboutiront pas, mais au moins trois d'entre eux sont bien engagés. Objectifs de ces appareils multiservices : fluidifier et sécuriser l’accès aux stations, réduire la pollution en diminuant la circulation automobile et renforcer l’attractivité des territoires de montagne toutes saisons.

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Jean Hirigoyen, président du Chaînon manquant

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Mis en service pour les JO d'Albertville, le funiculaire reliant Bourg-St-Maurice et Les Arcs,s'est refait une beauté en 2019

Le téléphérique reliant Betten Talstation à Bettmeralp, l'une des stations du domaine d'Aletsch Arena, date de 1951

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MOBILITÉ DURABLE

mobilité durable ont ou vont retrouver prochainement une nouvelle jeunesse.

FORCES ET FAIBLESSES DES LIAISONS VALLÉE-SOMMETS Les arguments plaidant en faveur des ascenseurs valléens ne manquent pas. "Plus rapides qu'une liaison routière, plus sûrs face aux risques naturels (éboulements, glissements de terrain, avalanches...), ils n'émettent que peu d'émissions de CO2", liste Jean Hirigoyen. Ils absorbent aussi une partie du trafic automobile qui éprouve les routes de montagne. Enfin, ils permettent de revivifier les fonds de vallée.

Leurs limites ? En France, ils requièrent des procédures administratives longues. La loi Montagne II les considère comme des Unités Touristiques Nouvelles, nécessitant leur planification dans les Schémas de cohérence territoriale (SCoT). Ces installations représentent par

ailleurs des investissements lourds. Quant à leur rentabilité, elle est incertaine de l’aveu de nombreux acteurs du dossier, le report du trafic sur le câble dépendant de la seule bonne volonté des usagers. À moins d’interdire les routes aux voitures, une décision peu réaliste en France...

C'est pour cela que les nombreux projets actuellement envisagés dans les massifs alpins (Séez-La Rosière, Aime-La Plagne, Bozel-Courchevel, Domancy-Montagne d’Arbois, Thônes-La Clusaz, Morzine-Avoriaz, Grenoble-Chamrousse...) ne verront pas tous le jour. La Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui dans l'acte IV de son plan Montagne prévoit un soutien au financement des téléportés vallées-stations, le dit expressément. Les aides iront vers les projets au service de la mobilité durable dans les territoires et d’une activité touristique multisaison.

TROIS ASCENSEURS SOUS LES PROJECTEURS

1Aujourd'hui, trois projets d’ascenseurs valléens nouvelle génération semblent bien engagés : L'Orelle Express, en remplacement du 3 Vallées Express en Maurienne, le Funiflaine, entre Magland et Flaine en Haute-Savoie, et enfin l'Eau d'Olle Express reliant Allemont à Oz-en-Oisans.

L'ORELLE EXPRESS Construit en 1995, le 3 Vallées Express, plus connu sous le nom de télécabine d'Orelle, va être complètement transformé et rebaptisé l'Orelle Express. "Un gros porteur (Doppelmayr) remplacera la télécabine d’origine au trop faible débit, avec une capacité de transporter 2500 personnes par heure, soit trois fois plus qu'actuellement", indique Jérôme Grellet, directeur de la Setam, l'exploitant de Val Thorens. "Cette ligne sera prolongée par un deuxième tronçon identique qui accédera directement à la Cime Caron. Ainsi, les usagers, tant skieurs que piétons, arrivant côté Maurienne, pourront rejoindre le centre de Val Thorens en 45 minutes". L'ascenseur valléen se transformera alors en transvalléen Maurienne /Tarentaise ! Un projet à plus de 40 M€, financé par les deux exploitants, la Setam et la Stor pour Orelle, avec l'aide de la Région. Plusieurs objectifs motivent cet investissement hors norme. Notamment celui de garantir une continuité de services dans les remontées mécaniques pour évacuer les populations des Belleville si la route côté Tarentaise, était coupée. Un scénario qui s'est déjà produit en février 2015 et qui a laissé des traces. Autre objectif, d'ordre stratégique cette fois : permettre à Val Thorens de développer la saison d'été. "Elle constitue le relais de croissance indispensable à l'hiver en raison de l'accélération du réchauffement climatique, dont les effets se font sentir même à Val Thorens", estime l'opérateur. Pour rentabiliser cet équipement, ce dernier compte sur la clientèle excursionniste en mesure de lui assurer du fond de roulement. Des visiteurs à la journée en quête de panoramas extraordinaires, invités à découvrir la future attraction touristique aménagée à la Cime Caron. "Les TO européens vont être très intéressés, d'autant que la gare d'Orelle est à quelques minutes de la sortie d'autoroute et qu'elle présentera à terme une multimodalité intéressante, avec le doublement du tunnel du Fréjus et le TGV Lyon-Turin". En attendant la réalisation de cet aménagement sommital, qui dépend de l'aval d'une dizaine d'administrations, les premiers coups de pioche de l’Orelle Express ont commencé à retentir le 16 juillet dernier, avec l’espoir d'une mise en service en novembre 2020.

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CONFÉRENCE MOBILITÉSRetrouvez sur le site www.tous-acteurs-des-savoie.coop le compte-rendu de la conférence Mobilités et transports par câbles dans l'arc alpin, du 10 octobre dernier au siège du Crédit Agricole des Savoie, animée par Jean Hirigoyen, président du Chaînon manquant et Maurice Zinneger de Team Axess.

Jérôme Grellet directeur de la Setam

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LE FUNIFLAINE Ressorti des cartons pour la candidature d'Annecy aux JO d'hiver de 2018 il y a dix ans, le projet d'ascenseur entre la vallée de l'Arve et le Grand Massif progresse ! Futur transport public par câble multiusage, il est porté par le Syndicat mixte Funiflaine. Cette liaison est unique dans le paysage, notamment par son coût et son tour de table financier. "C'est une opération qui va coûter entre 75 et 80 millions d'euros, avec un financement public exemplaire grâce à son inscription au contrat de plan Etat-Région 2015-2020", se félicite Christian Monteil, président du Département de la Haute-Savoie et du Syndicat mixte. Avec 25 M€ pris sur ses deniers, la collectivité territoriale est le premier financeur du Funiflaine, suivie de la Région AURA 20 M€, l'État 4 M€, la Communauté de communes Cluses Arve et Montagnes entre 3 et 4 M€, les communes d'Arâche-la-Frasse et de Magland, 1,5 M€ chacune. "Nous attendons 4,5 M€ de crédits Feder et il restera encore 15 M€ environ à la charge du concessionnaire", précise l'élu. Le tracé retenu fait partir ce gros porteur de Magland en direction de Flaine, avec une gare intermédiaire au col de Pierre Carrée, nouveau point d'entrée du domaine skiable du Grand Massif. Soit un parcours de 5,5 km effectué en moins de 20 minutes, contre 40 par la route ! Une liaison toutes saisons rapide et écologique, "en cohérence avec les mesures de protection de l'atmosphère dans la vallée de l'Arve". Et en connexion avec la gare ferroviaire où le Léman-Express s'arrêtera fin 2019. Vacanciers, saisonniers, habitants de la vallée, mais aussi scolaires à certaines périodes, ou encore services de secours pourront l’emprunter. "Dans le cahier des charges, nous avons également demandé de prévoir le transport des marchandises et des ordures ménagères", ajoute Christian Monteil. Dès la fin octobre, les dossiers de candidatures vont être examinés en concertation avec un bureau d'études. "Deux groupements majeurs ont candidaté", se satisfait le président du Conseil départemental. Le choix du concessionnaire sera arrêté en mars 2020 pour une mise en service espérée fin 2023.

L'EAU D'OLLE EXPRESS Envisagée il y a une trentaine d'années lors de l'aménagement de la vallée de l'Eau d'Olle, en lien avec la construction du barrage de Grand Maison, sa liaison par le câble avec les champs de neige a été relancée en 2012. "Les stations d'Oz-en-Oisans et de Vaujany sont arrivées à maturité avec quelque 5 000 lits, il est temps de renvoyer l'ascenseur vers le bas de la vallée !", estime Alain Giniès, maire d'Allemond et président du Siepaveo, syndicat intercommunal (Oz, Allemond, Villard-Reculas, Bourg-d'Oisans). C'est ce dernier qui est le porteur du projet, intégré au SCoT de l'Oisans en 2016. Le futur trait d'union câblé de 3 kilomètres entre le village d'Allemond et la station d'Oz-en-Oisans est conçu comme un outil d'aménagement du territoire et de développement de la multiactivité au profit du bas de cette vallée de l'Oisans. Pôle de vie et de services, la vallée d’Olle offre aussi un beau terrain de jeux pour les activités outdoor. Une offre méconnue, complémentaire de celle des stations d’altitude formant Alpe d’Huez Grand Domaine. L'ascenseur valléen devrait la mettre en lumière. L'infrastructure va évidemment faciliter l'accès à Oz et permettre de réduire le trafic routier pour y accéder depuis Allemond. Il ne faudra plus que 8 minutes au lieu de 20 pour effectuer le trajet. "Le projet a été bien travaillé avec les services de l'Etat et il a tenu compte des réserves du Conseil national de protection de la nature sur les compensations sylvicoles, et des avis recueillis lors de l'enquête publique", souligne l'élu. Sa mise en service est prévue pour août 2020. L'exploitant du domaine skiable, la SPL Oz-Vaujany, assurera l'exploitation de cette remontée structurante qui avoisine 10 M€ pour la télécabine (Leitner), auxquels s'ajoutent 4M€ pour les parkings. La commune d'Allemond en est le principal financeur, avec le soutien du Conseil départemental de l'Isère, la Région, l'État, la communauté de communes de l'Oisans et des fonds européens.

30%C'est en pourcentage le taux d'intervention de la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le financement des projets de liaisons téléportées vallées-stations, dans la limite de 10 M€ d'aides. Hors parkings et aménagements de voirie.

Christian Monteilprésident du Département de la Haute-Savoie et du Syndicat mixteFuniflaine

Alain Ginièsmaire d'Allemond et président du Siepaveo

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ENVIRONNEMENT

AVORIAZ MISE SUR LA MOTORISATION PROPRE

Le champion de ski Jean Vuarnet, le promoteur Gérard Brémond et l'architecte Jacques Labro ne savaient pas qu'en bannissant la voiture de la

station touristique qu'ils inventaient sur les hauteurs de Morzine, ils faisaient déjà du développement durable ! A contre-courant d'une époque alors toute entière dévolue à l'automobile, ils n'imaginaient pas davantage qu'Avoriaz serait aujourd’hui enviée pour son modèle de station 100 % ski au pied et piétonne. Depuis plus d'un demi-siècle, les déplacements de personnes dans la plus grande station des Portes du Soleil se font toujours à pied, à ski, en traîneaux à cheval, en chenillettes et plus récemment également en VTT à assistance électrique (VTTAE). Pour le transport des marchandises et la logistique, les professionnels utilisent eux-aussi les chenillettes, ainsi que des motoneiges remplacées l'été par des camionnettes, et depuis l'été 2018, par des voiturettes de golf (six étaient en service cet été). Néanmoins, lorsque la station tourne à plein régime, dysfonctionnements, insécurité routière, nuisances

sonores et visuelles n'épargnent pas cette cité d'altitude. "Certains samedis, la saturation du trafic crée des conflits d'usages entre les piétons et les différents véhicules, notamment au niveau du pont de la Datcha ou de la place Jean Vuarnet", constate Guy Dion, le président de l'influente association des propriétaires d'Avoriaz, l'ALDA.

PRÉSERVER LE ZÉRO VOITURE Cette dernière veille depuis 1966, à la préservation du caractère piétonnier de la station et à la cohérence de son architecture singulière, labellisée patrimoine du XXe siècle. En charge de la gestion de l'accueil de la station, et notamment des transports de personnes et de leurs bagages, l'ALDA a mandaté le cabinet CITEC pour l'aider à améliorer les déplacements et la mobilité avoriazienne. De nombreuses propositions ont été faites. Parmi elles, le développement de la motorisation propre. La station va donc évidemment continuer à capitaliser sur le transport hippomobile, indissociable de

son image depuis 54 ans. Ce mode de déplacement doux prend en charge plus de 40 % du trafic des personnes. "L'écurie, où logent une centaine de chevaux, devrait être agrandie", se félicite Guy Dion.

UN PROTOTYPE DE CHENILLETTE ÉLECTRIQUE Avec la mairie, l'ALDA a également investigué pour trouver un nouveau modèle de chenillette à moteur thermique, avec moins d'emprise au sol et moins polluante. Diamant, c'est son nom, a été développée par CDO Innov. Un prototype est déjà opérationnel depuis l'an dernier. L'étape suivante sera de passer à un véhicule à chenille électrique. "Mais le principal frein reste la question financière car il faut environ 400 000 euros pour développer notre prototype, baptisé Pépite". L'ALDA et la mairie de Morzine-Avoriaz sont en quête de subventions et de donneurs d'ordre pour aboutir à cette navette verte. Parmi les mesures phares prises cette année par la collectivité, en accord avec l'association des propriétaires, l’obligation désormais

Née à l'hiver 1966-1967, Avoriaz l'avant-gardiste a bien grandi en cinq décennies! Et ce n'est pas fini. Son parc de 18 000 lits touristiques devrait s'accroître de 20 % d'ici à 5 ans. Pour réussir à concilier son développement urbain avec son concept de station sans voitures, chère à ses pères fondateurs et à ses aficionados, la destination des Portes du Soleil compte sur la mobilité verte.

Guy Dionprésident de l'association des propriétaires d'Avoriaz

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MOBILITÉ DOUCE

UNE E-MOTONEIGE UTILITAIRE SANS COMPLEXE !

pour les professionnels de recourir à la propulsion électrique pour tout achat ou renouvellement de motoneige. "L'office de tourisme a testé avec succès pendant deux saisons deux modèles électriques développés par la société haut-savoyarde Mountain E-Park (voir encadré). Du coup, nous généralisons leur utilisation" (voir ci-contre). La flotte de ces véhicules utilitaires va ainsi progressivement se convertir à la green attitude !

Un deuxième site de loisirs ouvre ses portes l’année suivante à Avoriaz. “En pointe sur le sujet des transports doux, la station nous a

consultés pour concevoir des motoneiges électriques utilitaires”, explique Jérémy Cousseau. Objectif de la collectivité, remplacer les nombreuses motoneiges thermiques en circulation dans ses rues. Pour la pe-tite entreprise, il s’agit d’un vrai défi technologique. Plusieurs essais menés dans le monde se sont en effet soldés par des échecs. Et pour cause, en mon-tagne, ces machines à forte emprise au sol et stoc-kées à l’extérieur, sont soumises à d’importantes contraintes, liées à la pente et au froid.

L’équipe de Mountain E-Park et Quantya relèvent le challenge et réussissent, à mettre au point un proto-type convaincant. Deux exemplaires sont livrés sur Avoriaz, testés avec succès ces deux derniers hivers. C’est d’ailleurs à la lumière de ces essais concluants

que la station oblige désormais les socio-profession-nels à passer à l’électrique pour tout achat ou rempla-cement d’une motoneige thermique. Un investissement du simple au double pour eux ? “Pas du tout”, ré-torque Jérémy Cousseau. “Pour un achat sur cinq ans, une motoneige électrique ne revient pas plus chère si vous prenez en compte l’achat, l’utilisation et l’entre-tien du véhicule”, assure-t-il. Mountain E-Park a tra-vaillé avec le Crédit Agricole des Savoie pour élaborer une offre de leasing, inédite sur le marché.

De quoi encourager les professionnels à franchir le pas à Avoriaz, et ailleurs ! Cet hiver, la structure familiale teste deux autres prototypes, à destination cette fois des loueurs pour les randonnées adultes et les services de secours sur les pistes. Si Mountain E-Park arrive à conjuguer forte puissance et autonomie longue durée, d’importants débouchés s'ouvrent pour ces véhicules environment-friendly !

Il y a trois ans, Jérémy et Edwige Cousseau fondent en Haute-Savoie Mountain E-Park, une école de pilotage 100 % électrique. Ils installent leur premier circuit aux Gets, avec un parc complet de motoneiges électriques pour enfants. Une première en France ! Cette motoneige verte a été imaginée par le couple, féru de sports mécaniques. Le Suisse Quantya, dont Mountain E-Park est le revendeur exclusif en France, l’a ensuite construite.

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100À Avoriaz, les écuries comptent une centaine de chevaux de trait pour tirer les traîneaux. Le transport hippomobile représente 40 % des déplacements de personnes dans la station.

La chenillette thermique pourrait bientôt être remplacée par un véhicule électrique

Une motoneige propre et silencieuse développée

par Mountain E-Park et Quantya

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L'AVIS DE...

Mettre l’environnement au cœur de nos préoccupations, cela signifie agir dans l'économie réelle. Une raison d'être que l'on applique dans nos relations locales et dans l'accompagnement des projets de nos territoires de montagne.

Jean Pollani, Directeur de Région du Crédit Agricole des Savoie, secteur Arve-Giffre-Mont-Blanc

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AMÉNAGEMENT

L'EAU DES MONTAGNES, UNE RESSOURCE PRÉCIEUSE

Les scientifiques ont mesuré qu'en un siècle, la température avait augmenté de 2°C dans les Alpes, contre 0,90°C pour l'ensemble de la France. Ce

réchauffement pourrait même s'accélérer à partir de 2050. Les effets de cette montée du mercure sont connus et visibles : recul marqué des glaciers, fonte du permafrost, le ciment des montagnes, déficit des chutes de neige à basse et moyenne altitude ou encore cours d'eau montagneux au débit minimal !

"Sur nos territoires de montagne, le sujet de l'eau est important, il ne faut pas se voiler la face, mais il faut dédramatiser", estime André Plaisance, maire des Belleville, commune support des stations de Saint-Martin-de-Belleville, Les Menuires et Val Thorens. L'élu n'est pour l'instant pas inquiet sur sa ressource en eau, issue de la fonte des glaciers et des nombreuses sources que possède la commune. "Ce qui est important, c'est de connaître en permanence notre ressource, car elle fluctue en fonction des précipitations", souligne le maire des Belleville. Ce suivi en temps réel des débits par des capteurs placés sur les réseaux est indispensable pour que la collectivité locale, puisse remplir ses obligations, et agir en conséquence, comme toutes ses consœurs.

La première, stipulée dans le Code de l'Environnement, est de laisser un minimum d'eau dans les ruisseaux en aval des captages, notamment en période de basse eau, dite d'étiage, généralement entre décembre et mars (variable selon des communes). La seconde est bien sûr de distribuer de l'eau potable en continu aux usagers (vacanciers, habitants, agriculteurs, entreprises...), même pendant les périodes de forte fréquentation touristique. Or dans Les Belleville, la population passe ainsi de 3 000 personnes à 50 000 l'hiver.

UNE CINQUIÈME RETENUE COLLINAIRE À La Clusaz, où la ressource en eau est aussi sous haute surveillance, la population permanente avoisine 1750 personnes. Elle grimpe à près de 25 000 en haute saison hivernale. Des études menées par O des Aravis, le gestionnaire du service public de l'eau (eau potable et eaux

usées) des communes de La Clusaz, du Grand-Bornand et de Saint-Jean-de-Sixt, ont montré que La Clusaz pourrait manquer d'eau potable d'ici à 2050, en cas d'étiage sévère, associée à une fréquentation touristique maximale. L'an dernier, la sécheresse de 2018, qui avait vu en aval l'assèchement spectaculaire du lac d'Annecy après l'été, avait bien failli anticiper ce scénario pour l’hiver suivant. "Nous avions prévu de réserver pour l’eau potable, la moitié de l'eau stockée dans les réserves collinaires, cela au détriment de la neige de culture", explique André Vittoz, le maire de La Clusaz. Finalement, la situation hydrique s'étant améliorée, la commune n’a pas eu à passer à l’acte. Mais cela l’a conduit à prendre les devants. "Pour sécuriser à la fois notre alimentation en eau potable et la skiabilité de nos pistes, nous avons décidé de lancer le projet de la construction d'une cinquième retenue d'altitude, envisagée depuis 2016. Il s’agira d’une retenue mixte de 150 000 m3. 50 000 m3 seront destinés à l'eau potable, 80 000 m3 à la neige de culture. Les 20 000 m3 restant serviront de stock tampon". André Vittoz espère avoir toutes les autorisations d'ici à la fin de l'année pour lancer sa construction dès 2021 et permettre son remplissage naturel en 2022. Objectif du maire de la commune des Aravis : fabriquer de la neige de culture pour l'hiver 2022-2023.

DES PISTES POUR ÉCONOMISER LA RESSOURCE Pour son homologue des Belleville, il n'est effectivement pas envisageable pour les stations de montagne de se passer de la neige de culture. "Elle est indispensable à

Les effets du changement climatique, combinés à l'augmentation des activités humaines, peuvent mettre sous pression la ressource hydrique dans les massifs montagneux, à certaines périodes de l'année. Zoom sur la gestion de l'or bleu dans deux communes supports de stations touristiques, les Belleville, en Tarentaise, et La Clusaz dans les Aravis.

Captages, kilomètres de réseaux, retenues collinaires, stations d'épurations... La gestion de l'eau et l'assainissement mobilisent des investissements importants pour les collectivités publiques. Le Crédit Agricole des Savoie développe des solutions de financement adaptées pour ce type d'infrastructures. "Nous avons des offres de prêts longue durée allant jusqu'à 30 ans pour répondre à des investissements pouvant atteindre des montants très élevés", explique Pascale Noiray, chargée d'affaires au pôle Montagne et Territoire. Couvrant la Savoie, elle accompagne tous types de collectivités, de la plus petite à la plus grande. Avec chacune, elle détermine le plan de financement le plus approprié au coût de son projet d'équipement. Les taux d'intérêt actuels historiquement bas ne peuvent que les encourager à investir ! n

DES SOLUTIONS DE FINANCEMENT

notre économie. 6 000 emplois dépendent de la neige dans notre vallée ! 50 % seulement des domaines skiables des Belleville sont enneigés artificiellement quand ce ratio est de 100 % dans les Dolomites. Nous devons sécuriser notre activité et permettre aux vacanciers qui viennent chez nous de skier". La commune savoyarde, qui compte sept retenues collinaires, voudrait pouvoir stocker davantage d'eau pour couvrir la production de neige de culture pour tout l'hiver. "Après la première campagne d'enneigement en novembre-décembre, certaines retenues, principalemet remplies au printemps, sont effectivement vidées. Pour les remplir à nouveau, nous prenons de l'eau sur le réseau public, sans que cela ne porte bien sûr atteinte au Code de l'Environnement et à la distribution d'eau aux populations et aux usages agricoles !", assure André Plaisance. Mais pour préserver son or bleu et couvrir ses besoins en or blanc, la commune va devoir agrandir l’un de ses lacs artificiels d’altitude ou aménager une retenue supplémentaire. L'élu savoyard suit par ailleurs avec intérêt les travaux et les expérimentations sur la réutilisation des eaux usées pour fabriquer de la neige de culture à leur sortie de la station d'épuration. "A condition d’avoir la certitude qu’il y a zéro risque pour la santé et pour l'environnement, c’est intéressant". La nouvelle station d'épuration (STEP) dernier cri de la commune, d'une capacité de 80 000 équivalent-habitants et destinée au traitement des effluents des Menuires et de Val Thorens, permettra peut-être de franchir le pas dans le futur. Séduisant sur le papier pour économiser la ressource !

André Plaisancemaire des Belleville

André Vittozmaire de La Clusaz

La nouvelle station d'épuration des Belleville pour traiter les effluents des Menuires et de Val Thorens La retenue collinaire de Beauregard à La Clusaz

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Des chambres à petits prix dans les auberges de jeunesse nouvelle génération comme The People Hostel aux 2Alpes et Ho36, mais la taxe de séjour d'un hôtel quatre étoiles !

HÉBERGEMENT

LES MODÈLES HYBRIDES EN QUÊTE D’IDENTITÉ

Depuis le 1er janvier 2019, le mode de calcul de la taxe de séjour a changé pour les établissements non classés. Son tarif jusqu’alors fixe (de 0,20 à

0,80 € par nuitée selon les communes) est désormais proportionnel au prix de la nuitée (de 1 à 5 %). Ce coût est plafonné, soit au tarif plafond applicable aux hôtels de tourisme 4 étoiles (2,30 €), soit au tarif le plus élevé adopté par la collectivité. Cela peut être 5 € si cette collectivité compte un établissement classé Palace sur son territoire, 3 € si elle abrite un 5 étoiles, puis 2,30 € si elle n’a que des 4 étoiles...

UN EFFET PUNITIF À Chamonix, la Folie Douce Hôtel et le Terminal Neige Le Montenvers ont appliqué ce changement sans sourciller, le plafond fixé à 2,30 € par la mairie correspondant bien au niveau d’offre de ces établissements non classés. "Pour eux comme pour les chalets de luxe non classés, la hausse générée par ce nouveau mode de calcul semble plutôt normale. Mais cela crée de grosses injustices pour ceux qui relèvent du tourisme associatif et social" soupire Chantal Rovayaz, du service carte d’hôte à la mairie de Chamonix.

Également "non classées", les nouvelles formes d’auberge de jeunesse comme celle ouverte par France Hostel aux 2Alpes l’hiver dernier sont aussi fragilisées par ce nouveau barème. "Ce n’est pas comme cela que l’on va faire de la France une destination de jeunes touristes. Lorsqu’ils réservent un lit à 20 €, leur budget est calculé au plus près. On ne peut pas leur demander de payer une taxe de séjour équivalente à un hôtel 4 étoiles !" s’offusque Romain Viennois, fondateur de France Hostel.

VERS UNE NOUVELLE CLASSIFICATION ? Franck Delafon, créateur des HO36 des Menuires et de la Plagne s’indigne tout autant. Comme les hôteliers classés, il est soumis au règlement des Établissements recevant du public (ERP). "Et la loi nous impose le barème des non-ERP ! Ces tarifs variables ont un effet punitif sur le client et réduit la lisibilité de notre offre" résume le Lyonnais. Mais les choses pourraient changer. Un groupe informel présidé par l’Union nationale des associations de tourisme (Unat) a engagé des discussions avec l’État pour faire évoluer le système. "Parce que non définies juridiquement dans le code du tourisme, les

auberges de jeunesse sont des victimes collatérales de ces modifications de taxe de séjour" souligne Simon Thirot, délégué général de l’Unat. Une catégorie spécifique pourrait être créée. "On est au stade de l’épure" indique Dominique Patebex, à la sous-direction tourisme de la Direction générale des Entreprises (DGE). "Cela ne ralentit pas les projets aujourd’hui", constate Cyril Gouttenoire, directeur du centre d’affaires Montagne du Crédit Agricole des Savoie. "Mais il serait dommage que ce flou administratif limite ces nouveaux concepts qui assurent le renouveau de nos stations".

RENDRE LES OUTILS AGILES Ces établissements répondent en effet aux nouvelles aspirations des clients, attirent les jeunes avec leur offre à petit prix, et permettent de mixer les clientèles. Et comme les premières formes d’hybridation développées en station (les mixtes hôtel + résidence de tourisme), ils répondent aux exigences des stations (création de lits hôteliers) et/ou à une recherche d’équilibre économique. "Mais attention, les habitudes changent vite", glisse le Monsieur Montagne de la CADS. Il faut donc savoir s’adapter pour faire bouger son concept hôtelier dans le temps, bref, rendre les outils agiles.

Conçus comme des lieux à vivre, voire à partager, les hébergements mêlant chambres d’hôtel, appartements et dortoirs à petit prix se déploient en montagne. Appréciés des clients en recherche d’expériences uniques et d’authenticité, ces établissements échappent pour l’heure à toutes les classifications touristiques. Qu’importe ? Pas vraiment car le nouveau barème de la taxe de séjour fragilise ceux qui misent sur les petits prix.

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LA TAXE DE SÉJOUR, C’EST QUOI ? La taxe de séjour est un impôt collecté par les communes à vocation touristique. Payée aux hébergeurs par les vacanciers, elle doit être utilisée pour améliorer l’accueil de ces visiteurs, financer les activités proposées, voire les actions de protection et de gestion des espaces naturels à des fins touristiques. En 2018, les collectivités ont perçu plus de 450 M€ par ce biais. n

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