CR 100 Km de Millau 2011

100 Km de Millau 2011 – Daveau David sur 21

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Samedi 24 Septembre 2011Samedi 24 Septembre 2011Samedi 24 Septembre 2011Samedi 24 Septembre 2011

A la conquête d’un mytheA la conquête d’un mytheA la conquête d’un mytheA la conquête d’un mythe


Août 2005, j’assiste à l’arrivée victorieuse de Jean Jacques Moros en moins de 7h00 lors des 100 Km des Etangs de Sologne à Theillay (41) et regarde avec admiration tous ces coureurs atteignant leur but après tant d’effort. Cycliste dans l’âme à cette époque, je suis loin d’imaginer que 6 ans plus tard, je serai à mon tour au départ d’un 100 km et encore moins du plus mythique : MILLAU Depuis mes débuts en course à pieds en Avril 2007, je suis rapidement monté sur les longues distances comme je l’avais fait auparavant avec le cyclisme car c’est ce type d’effort qui me fait vibrer avec une petite étincelle dans les yeux. J’ai déjà franchi à deux reprises cette barre des 100 km de course mais uniquement sur du trail (Grand Raid du Golfe du Morbihan : 178 km en 2009 et la 6666 Occitane : 108 km en 2011) alors que là ce sera du 100% bitume donc une nouvelle expérience avec un peu d’appréhension comme au départ de mon premier marathon (La Rochelle 2007).

**Vendredi 23 septembre** Départ à 9h de BZH pour rejoindre Millau avec un petit arrêt à Rennes afin de récupérer Franck Derrien, un jeune coureur (26 ans) qui enchaîne les ultras et pas des moindres (6 Jours d’Antibes, l’Etoile Savoyarde, l’intégrale de Gérard Denis, l’Ultra Canal de Nantes à Brest, 100km des Etangs de Sologne, un 24h et un 28h de marche à Roubaix et tout cela depuis Juin seulement !!!) comme d’autres enfilent des perles. De plus les bons résultats sont là. Ce long voyage sera coupé par une pause pique nique de 30 minutes sur une aire d’autoroute du côté de Vierzon. Nous atteignons notre lieu d’hébergement (une chambre d’hôte à 9km de Millau) pour ce week end sportif vers 18h00. Après une rapide remise des clés, nous déposons nos sacs et le vélo de François mon suiveur le lendemain pour rejoindre Millau et son Parc de la Victoire. A peine nous rentrons dans ce lieu stratégique des 100 km de Millau transformé en véritable fourmilière, que je retrouve déjà des amis en la personne de Dominique (alias Basilio) ; Didier (alias Did06) et sa femme Lacox, tous membres de la communauté internet « Courir Le Monde » (CLM). Puis vient le tour des membres d’ADDM, un autre forum que je fréquente et qui ce sont donnés rendez vous à la buvette, lieu de toutes les rencontre en ce vendredi après midi. Il y a Christophe (alias Tonio) ; Renaud ou encore Jean Pierre Richard** et Vincent Gouzerch* (alias Gouzy) tous deux finishers de la dernière Transe Gaule (Epreuve de 1150km en 18 étapes consécutives reliant la Manche (Roscoff) à la Méditerranée (Gruissan) ) il y a tout juste un mois. C’est ça la petite famille de l’ultra, des rencontres sympas. Petit passage sous le chapiteau dont se dégage le doux parfums de produits (vin, charcuterie ou encore fromage) du terroir apportés par des petits producteurs locaux. Cela met vraiment l’eau à la bouche mais il faut rester sage car la course est demain. Le retrait des dossards est très fluide, je récupère donc sans aucune attente mon paquetage comprenant mon précieux dossard (N°781), celui de François pour le vélo, un bon pour le repos d’après course, ainsi que le tee-shirt technique de cette édition anniversaire d’un rose éclatant comme celui du Stade Français dans le Top 14.


Je retrouve encore une connaissance prés de la buvette, il s’agit de Didier Cristel avec lequel nous devions à la base faire du co-voiturage au départ de St Brévin les Pins (44). Nous échangions sur son expérience au cours du Marathon des Sables (250 km en 6 étapes dans le désert Marocain) en Avril dernier. Toute la joyeuse troupe de CLM (Tony : Elpalmero ; Valérie : LaPalmera ; Fred : CarpeDiem17 ; Valérie : CarpeDieme17 ; Thierry : Bobosse44 ; Bikila ; road-runner38) fait son apparition, vers 19h45 afin de partager la pasta party dans la salle des fêtes toute proche. Je m’attendais à une salle bruyante avec un file pas possible pour manger car pas facile pour les organisateurs de savoir le nombre de personnes à l’avance étant donnée qui l’on achète les tickets le jour sur place mais j’ai eu la bonne surprise de constater que mon idée était fausse. Une autre bonne surprise vient que les plateaux sont bien garnis. Au cours de ce repas dont l’animation est réalisé par un groupe de jazz, il y aura la présentation des meneurs d’allures (10h ; 11h ; 12h ; 13h et 14h) que l’on retrouve uniquement à Millau ainsi qu’une cérémonie en honneur à Jean Pierre Lucas « Mr 100km de Millau » qui est le seul à avoir bouclé les 39 éditions (13h00 lors de la 1ère en 1972 avec 38 pionniers à l’arrivée. Le temps limite était alors de 15h) et qui portera demain le N°1 (Il le bouclera encore en 17h55). Cela impose le respect !!. Avant de quitter la salle j’en profite pour saluer et discuter un peu avec Chantal Tregou du forum de Bruno Heubi qui vient il y a 15jours de franchir de façon admirable la barre de 200km sur un 24h avec 204,877km lors des 24h de Villenave d’Ormon.

En ci bonne compagnie le temps passe très vite mais il est temps que chacun gagne sont lit car la fatigue de la journée ce fait sentir. Un fois rentrer avec François à la chambre d’hôte, je fais les derniers préparatifs de ma tenue, du panier et du sac à dos que François portera le lendemain. Extinction des lumières à 23h00 mais avec l’excitation de la course je ne trouve le sommeil que 30 minutes plus tard.

**Samedi 24 Septembre** 6h00: Le réveil me sort d’une bonne nuit de sommeil, je traîne encore un peu au lit, je suis bien et paisible c’est bon signe je sais déjà que cette journée sera exceptionnelle. Petit déjeuner à 6h45 avec au menu confiture maison, chocolat chaud et une délicieuse brioche. Je prends la direction de Millau à 7h15 en laissant François à la chambre car le parcours y passe au pied au 9ème km, ce qui lui permet de se reposer encore un peu et surtout se sera plus facile de ce retrouver tout à l’heure en évitant le big rendez vous des accompagnateurs vélo à Aguessac (km 7).


La circulation dans Millau encore endormie ce fait sans encombre, j’arrive à hauteur du Parc de la Victoire lorsqu’un bénévole me fait signe qu’il reste encore de la place dans l’enceinte, je suis surpris et l’interroge : « A partir de quelle heure pourront nous ressortir ? » « A partir de Minuit » « Merci, beaucoup il n’y aura pas de soucis pour nous !! » avec un léger sourire Je retrouve mes chers « CLM » certains sont déjà très concentrés, d’autres déconnent toujours autant pour penser à autre chose. Nous faisons quelques photos de groupes et Thierry, Tony et Fred profitent de l’occasion pour commencer un ha ka en référence au match de coupe de monde du jour entre la France et la Nouvelle Zélande. Tony a les honneurs des caméras de TF1 avec son beau maillot « Tony Baptême Néo Centbornard Millau 2011 » et son Buff CLM mais hélas son interview ne sera pas conservé au montage.


9h20, nous descendons cette fameuse allée de platane que nous emprunterons en sens inverse dans la nuit signe de notre réussite à tous. C’est une véritable marée humaine qui attend dans la bonne humeur de pouvoir passer sous l’arche validant notre dossard en bas du Parc de la Victoire.

9h30: le passage est ouvert et c’est au sons de la fanfare que nous descendons l’avenue de la République pour rejoindre la Place du Mandarous avec sa splendide fontaine bordé de fleurs en plein cœur de Millau puis l’avenue Jean Jaurès avec l’arche de départ au fond.

Km 0 à 7 :

10h00: Un coup de pistolet résonne en plein de cœur de Millau, c’est parti pour cette 40ème édition et mon aventure. Je passe l’arche de départ environ 3 minutes plus tard, il y a la foule des grands jours sur les trottoirs, aux fenêtres et au rond point pour nous encourager. Je fait pas mal de slalom pour éviter des groupes de marcheurs s’étant placer devant les coureurs c’est un peu dangereux, la vigilance est de mise pour ne pas faire un faux pas et se blesser. J’arrive rapidement à me caler à l’allure que je souhaite maintenir sur cette première boucle du marathon c’est à dire 8,9/9 km/h. Pour une fois, je cours sans cardio car lors de mes séances d’entraînement, la ceinture avait tendance à m’irriter au niveau du dos donc là je préfère ne pas prendre de risque.


Dés la sortie de Millau, l’ensemble des coureurs emprunte une 2X2 voies permettant à la course de se fluidifié un peu. Le soleil est déjà présent et la journée va être chaude c’est pour cela que j’ai pris un porte bidon avec de quoi m’hydrater la première heure pour rejoindre François au 9ème km.

Pconvert et La Tortue déguisés en templiers et princesse me double, ils sont engagés sur le Marathon avant de prendre leur VTT tandem pour poursuivre sur la seconde boucle. Peu de temps avant le 5ème km, je quitte un peu la route afin de faire une petite pause technique comme de nombreux coureurs, c’est ça l’hydratation d’avant course !!! Je rentre dans le bourg d’Aguessac (7ème km) lieu du 1er ravitaillement que je vais zappé comme tous ceux de la boucle du marathon, c’est l’avantage du suiveur vélo qui permet de manquer de rien et de surtout de bien s’hydrater par ce temps digne d’un mois de Juillet. Je suis bien dans l’allure prévu, j’en profite pour profiter de l’ambiance et des paysages qui m’entourent mais tout en restant très vigilant car c’est l’apparition des vélos sur le parcours. Parmi la foule j’aperçoit Jean Pierre et Chantal venu en spectateur, je les interpelles et je reçois en retour de vives encouragements c’est sympa.

Km 7 à 21:

Je retrouve François fidèle au rendez vous juste au pied de la chambre d’hôte au 9ème km « Paihas » en tout juste 1h00, je suis pile à l’heure c’est encore mieux que la SNCF. Je lui lance «c’est partie pour l’aventure ». Les km défilent tranquillement en profitant des superbes paysages que nous offrent les gorges du Tarn. Au fil de mes foulées je retrouve des connaissances et échanges quelques mots avec d’autres coureurs comme ces toulousains avec lesquels nous avons partagés le petit déjeuner ce matin, ou notre Mario breton qui pour une fois a abandonné son déguisement ainsi que son célèbre vélo ou encore ce dijonnais avec lequel j’avais partager la mission de meneur d’allure 4h30 lors du dernier marathon de Cheverny ; après son costume de crocodile en avril, il a opter pour une tenue plus légère avec sa perruque et sa robe.


Régulièrement nous sommes informés de l’état du score du match de coupe du monde de rugby : France / Nouvelle Zélande par le biais des spectateurs ou des suiveurs ayant une petite radio dans le panier. Ils perdront finalement 37 à 17. Au ravitaillement à 5km du Rozier, une grande banderole rouge attire notre attention avec l’inscription suivante « 40 ans = 4000 km », ce ne sera pas la seule lors du parcours car une autre m’a marqué avec le texte suivant « Quand Tête Veut, Jambes Peut » . Elle est tellement vraie puisqu’au bout d’un moment c’est le mental qui fait avancer.


L’entrée dans le village du Rozier se fait en traversant un pont enjambant le Tarn marquant la séparation entre l’Aveyron et la Lozére. Ce passage marque le début du retour sur Millau. Peut de temps avant le panneau du semi marathon, j’ai un appel de ma petite femme mais je sens tout de suite que sa voix est étrange, triste. La nouvelle tombe avec le décès de son oncle et parrain Albert dans la nuit suite à une maladie qui l’a emporté en quelques semaines seulement. Je suis sous le choc, pas facile de trouver les mots juste pour la réconforter dans ces moments là et si loin en plus. Je penserais très fort à elle et à lui durant là course, en me disant qu’il faut vraiment profiter au maximum de tous les bons moments que la vie nous offre.

Km 21 à 30:

Le semi marathon est franchit juste avant la première petite difficulté de l’épreuve avec la côte de Peyreleau, elle est courte (250m) mais assez raide (8,8%). Le public amassé dans cette montée en épingle, donne de la voix en nous encourageants, mais il ne fait pas se laisser emporter par la foule et rester attentif à son allure.

François qui a fait le plein des bidons au ravitaillement précédant n’est pas à mes côtés, il mettra pas mal de temps à me rejoindre dans la descente derrière. Au cours de cette longue descente, je ressens une petite gêne à la base de la cheville, je décide donc de desserrer un peu ma chaussure, opération que je devrais renouveler à 3 reprises avant que cela ne disparaisse. Dans les parties descentes, il faut faire attention car des accompagnateurs vélo, se prennent pour de véritable « Fangio » en doublant et en zizagant à vive allure entre nous afin de rejoindre leur coureur le plus rapidement possible. Je retrouve Gilles de CLM avec lequel ce sera des chassés croisés jusqu’au 30ème km. Je profite toujours autant des paysages et en profite pour repérer des concurrents de l’autre côte du Tarn où nous étions tout à l’heure.


Le profil est un peu plus accidenté sur cette portion avec de courtes côtes dont une est le théâtre du 1er cliché par le photographe officiel de l’organisation. Le ciel est vraiment dégagé et la chaleur ce fait plus intense, cela fait déjà des dégâts visibles par le balai des ambulances toutes sirènes hurlantes.


Km 30 à 42:

Voilà les 9 km légèrement accidenté de la première boucle terminée, place maintenant à ces 12 derniers km avant Millau qui d’après le profil que j’ai installé sur le panier de François sont assez roulant avec pas mal de faux plats descendants. A peine un kilomètre après le ravitaillement de La Creisse, je rattrape une silhouette connue, celle de mon ami Jean Louis présent à chaque fois pour mes grandes premières (1er Marathon à La Rochelle en Novembre 2007, 1er Ultra au 12h de Sené en Juillet 2008 et 1er 100 km ici même à Millau). Il s’agit de son 10ème 100km mais il a pas mal de crainte car il se remet tout juste d’une opération aux genoux en début d’année. Il a l’air bien, je l’encourage et nous feront plusieurs km à quelques encablures l’un de l’autre. Le Passage au niveau du village de Paulhe (km 34) est l’occasion de revoir Chantal et Jean Pierre de nouveau là pour nous encourager, c’est bon pour le moral et redonne de force pour finir cette boucle. L’allure est bien régulière sur cette portion en peu plus monotone car les vues sont moins dégagés. Fred me double, je suis surpris il a l’air d’avoir la pêche le bougre. Un petit mot d’encouragement, et le voilà déjà s’éloignant à chacune des ses foulées. Un peu plus tard, ce sera le tour de Tony que je suis obligé de l’interpeller lorsqu’il se retrouve à ma hauteur tellement sa concentration sur la course est intense. C’est également son 1er 100km et cela fait des mois voir même plus qu’il a dans son esprit c’est 100km de Millau. Il me confirme que pour le moment tout roule, je lui signale qu’il est bien en avance sur son temps de passage au marathon prévu en 5h05. 38ème km, le téléphone sonne dans la poche arrière de mon short, c’est Francky, le président de mon association de trail (T3Team) venant aux nouvelles. Un petit topo rapide en continuant mon chemin en lui indiquant que tout roule et que je suis sur la bonne allure. Le parcours traverse de nouveau le Tarn pour pénétrer dans Millau sous les applaudissements du public. Je passe prés de la fontaine de la place de Mandarous où se trouve le fameux panneau « 99 », je le contemple avec envie mais je garde plus tard pour le dessert !! Nous commençons à croiser ceux tout juste repartit sur la seconde boucle. Dans cet ultime km en légère monté avant le passage au marathon, nous distinguons bien les marathoniens qui utilisent leurs dernières cartouches avant de boucler leur périple et nous autres les aventuriers du 100km qui savent que le chemin est encore long et qu’il vaut mieux en garder sous la semelle. Nous pénétrons avec François de nouveau dans le Parc de la Victoire en remontant l’allée de platanes mais je rentrerais seul dans la salle car les suiveurs sont stoppé juste avant. Je lui indique qu’à la sortie, je vais en profiter pour remettre une bonne couche de Nok. Ravitaillement rapide puis je ressors après le pointage de mon dossard à la poelle à frire (Temps officiel sortie Marathon : 4h58’10 1617ème)


Km 42 à 52:

En repartant du pointage, je ne retrouve pas François au niveau de l’allée de platanes, je continu malgré tout. Je croise Didier que je précède de quelques minutes, nous échangons quelques encouragements en continuant notre route. Je repasse au niveau de la fontaine de la Place de Mandarous, voilà maintenant je suis sur la partie des cents bornards. Mon téléphone sonne, c’est François qui me cherche, je lui indique que je suis repartit depuis maintenant 10 minutes, il reprend donc la route pour me rejoindre. La sortie de Millau se fait par un pont enjambant le Tarn, je quitte avec bonheur le bruit de la ville et les odeurs de pots d’échappement du au flot des voitures. François me rattrape finalement au niveau du 45ème Km et profite d’un muret au bord du parcours pour me poser afin de remettre de la Nok au niveau des pieds et des zones sensibles aux échauffement. Tony en profite pour me doubler mais je le rejoindrais un peu plus loin avec une petite séance photo souvenir avec lui et son fils.


Le viaduc se présente à nous dés le rond point du Leclerc de Creissels. Voilà, on y est : Millau commence là, les 47 kilomètres que nous venons de faire n’étaient que l’entrée du menu. Je passe en mode marche avec François en fassent de même à mes côtés. Un accompagnateur vélo déguisé en clown, met de l’ambiance parmi les coureurs avec le ha ka en musique de fond sur son lecteur CD. Cela me booster car maintenant place au combat avec le mythe. Le viaduc est splendide, nous avons le temps de l’admirer avec notre 6km/h de croisière dans cette première véritable difficulté (2,6km à 5,1%). La pente s’adoucit juste un peu avant le passage au niveau du pied du pilier du viaduc, ce qui me permet de relancer doucement la machine en mode course avant d’attaquer la longue descente vers St Georges sur de l’asphalte impeccable puisque cette portion de route à été refaite il y a peu.

Passage au 50ème km avec cette fameuse photo de la mi course avec le viaduc en fond, je fais tout pour pouvoir faire une superbe photo souvenir avec François à mes côtés mais voilà par malchance un concurrent s’intercale au dernier moment devant nous. C’est loupé !!!, je suis pas mal déçu sur le coup. Cette descende raide et en longue ligne droite, est difficile pour les quadriceps que je tente de préserver au maximum. Certains coureurs optent même pour le bas de côté en tuffe suite à la réflexion du bitume.


J’entre dans St Georges de Luzençon , voilà la première des quatre principales difficultés passées. Le ravitaillement se trouve dans la salle des fêtes à une dizaine de mètre de bord de la route. Je fais une halte afin de varier un peu mon alimentation, je consomme donc des abricots secs, du salé (TUC) et un verre de coca. François fait lui le plein des bidons et nous repartons peu de temps après que Michaël Boch (Membre de l’équipe de France de 100km et vainqueur ici même l’année dernière) le leader de l’épreuve soit passé.


Km 52 à 59:

Nous traversons la voie ferrée à la sortie du village puis c’est parti pour une portion pas facile en faux plats montant sur 6 km environ. Le paysage est plus monotone que sur la première boucle puisque le parcours emprunte une large route avec à ma gauche la ligne de chemin de fer en contrebas et à droite la falaise. Je cours de façon régulière, les jambes sont encore en bons états. Afin de faire passer le temps sur cette longue portion j’encourage les différents coureurs qui sont déjà eux sur le retour c’est toujours très intéressant de voir la façon de courir et de constater les différences de fraîcheur physique entre ses cadors. Je reconnais quelques coureurs dont Ludovic Dilmi que j’ai vu remporté le titre de champion de France aux 100km des Etangs de Sologne (41) il y a juste 4 semaines, il récupère vite le bougre puisqu’il terminera second aujourd’hui. La plupart des premiers ont un accompagnateur vélo mais certains sont seuls ce qui leur donne encore plus de mérite surtout à ce niveau de performance. Au niveau du ravitaillement du Pont du Dourdou (Km 56), je croise et salut une connaissance en la personne d’Emmanuel Fontaine (Membre de l’équipe de France de 24h) qui après ses 100km de Sologne avec Anne-Cécile est en mode accompagnateur vélo pour un ami. Puis ce sera au tour de Pconvert (Pierre) et de sa femme « La Tortue » du site Courir Le Monde de me dépasser mais sur leur tandem avec la remorque Bob, ils viennent de boucler le marathon en courant et son partie pour la seconde boucle en vélo afin d’encourager les copains, c’est sympa !!! Les kilomètres défilent et les premières maisons de St Rome apparaissent enfin. Ouf, cette partie est finie.

Km 59 à 71:

En sortant du village de St Rome, je croise les femmes de Tony et Fred, elles m’encouragent au passage. Nous sommes au pied du mythe la côte de Tiergues (4km à 4,8%), la légende est en route. J’opte tout de suite pour une montée tranquille en mode marche rapide (6km/h) avec François à mes côtés. Cette montée passera rapidement grâce au flux de plus en plus dense des coureurs sur le chemin du retour. Je croise quelques connaissance du net (Hermagnot ; Oslo ; Ronan Leost). Au milieu de l’ascension, deux virages en épingles à cheveux permettent de se rendre compte du dénivelé bien présent. Je reprends le mode course à environ 500m du sommet à la faveur d’un dénivelé moindre c’est à ce moment que je croise Renaud qui finira en un peu plus de 10h30.


Voilà nous sommes au sommet qui nous offre une très belle vue dégagée sur la vallée à nos pieds mais il ne faut pas traîner car nous sommes exposés aux vents qui refroidi le corps rapidement. J’attaque donc la descente vers St Affrique avec une halte rapide au ravitaillement situé à moins de 200m du sommet, puis salut de nouveau Chantal et Jean Pierre fidèles au rendez vous comme indiqué. Cette très longue descente (7,5km) se passe bien, les quadriceps ne sont pas douloureux contrairement à la descente du viaduc. Je croise mes amis de Courir Le Monde dans l’ordre : Alex ; Dominique ; Philippe cela permet de prendre des nouvelles de chacun et de voir leur état de fraîcheur ou non. Le panneau de St Affrique (71ème km) est franchit, après une petite boucle dans le centre ville j’arrive au ravitaillement lieu d’un nouveau pointage à l’aide d’une pôelle à frire. Je regarde ma montre qui indique 8h48 de course déjà, le moral est bon. Je m’assoie sur les marches d’un monument de la ville juste derrière le ravitaillement, beaucoup de concurrents font de même. François fait le plein des bidons et j’en profite pour m’enduire de nouveau les pieds, les aisselles et l’entre jambes avec de la Nok afin de prévenir tous échauffements car il reste encore 30km. Il vaut mieux prévenir que guérir. Au cours de cette opération de tartinage, une violente crampe au mollet droit fait son apparition, je reste immobile et étend ma jambe en la laissant passer tranquillement.

Km 71 à 82:

Le temps passe vite, il est l’heure de prendre la route du retour après cet arrêt de 15 minutes rythmé par un spectacle de majorette présent au niveau de la gare routière. Je quitte cette ville de St Affrique, en admirant à ma gauche le fameux « Pont Vieux » classé monument historique et très reconnaissable à sa forme particulière. La mise en route est difficile avec cet arrêt car les muscles refroidissent rapidement, il faut donc repartir tranquillement.


Je croise de nouveau les deux valéries et en profite pour demander des nouvelles de Tony et Fred. Elle m’indique que Tony est juste derrière moi et que Fred est passé il y a environ 20 minutes déjà, il carbure le bougre, je suis content pour lui car il avait pas mal de doutes avant le départ. Voilà maintenant c’est à mon tour de croiser les concurrents derrière moi. Je fais route vers Millau et c’est bon pour le moral maintenant je sais que j’irais au bout !!!. Passage en mode marche rapide dés le départ de la côte (7,5km à 3,6km) comme depuis le départ. Je croise dans l’ascension : Tony ; Babou ; Jean Louis ; Thierry et Gilles, les échanges d’encouragements sont une source supplémentaire de motivation. Tous les coureurs croisent un ami, un parent qui est dans l’autre sens. Et c’est ce qui fait le charme de cet aller retour entre Millau et St Affrique. L’obscurité commence à tomber petit à petit, un nouvel aspect de la course va commencer, celle à la frontale. J’arrive au ravitaillement de Tiergues, il y a beaucoup de monde autour des tables de ravitaillement éclairé à l’aide de groupe électrogène. Avant de repartir, nous allumons les deux petites lumières avant et celle arrière du vélo de François puis vient notre tour de nous équiper de nos habits de lumière avec les frontales, les gilets fluorescents et des coups vents sans manches car la fraîcheur de la nuit tombe. Nous attaquons la descente vers St Rome de Cernon, le ciel est bien dégagé et j’en profite pour admirer les étoiles. Pas facile de voir où j’en suis dans cette descente, à par le nouveau passage au niveau du double virages en épingle avec le panneau indiquant les 80km peu après. Nous croisons encore pas mal de concurrents dans l’autre sens, il s’agit pour la plupart de marcheurs puisqu’une des particularités de Millau c’est d’avoir un temps limite très large avec 24h maxi permettant la participation des marcheurs. Les jambes répondent bien et je ne souffre pas des quadriceps contrairement à des trails en montagne, ceci prouve que je me suis bien préservé depuis le début de la course. J’arrive au bas de la côte, la ville nous accueille avec son éclairage qui me permet de reconnaître Tonio en mode marche dans le sens aller. Il a du courage car il lui reste encore presqu’un marathon à couvrir. Le ravitaillement présent à aller au bord de la route a migré dans la salle des fêtes juste à côté mais avec une dizaine de marches à gravir, ils sont sadiques ces organisateurs !!! Je décide tout de même de prendre mon courage à deux mains pour rallier ce ravitaillement, mais une fois dans la salle, c’est la foule des grands jours avec une chaleur pas possible. Je prend juste des abricots secs et repart rapidement.

Km 82 à 88:

C’est parti pour ce tronçon qui m’avait paru tant monotone à l’aller, mais je me dis que de nuit cela devrait mieux de dérouler. Il y a très peu de coureurs et la plupart du temps nous sommes en tête à tête avec François. Au cœur de la nuit j’arrive derrière deux féminines du club de Plescop dans le Morbihan, je reconnais au premier coup d’œil l’un de leur accompagnateur vélo car il porte une casquette surmonté d’un goéland en peluche j’avais partagé quelques foulées avec lui lors de mon Marathon de Cheverny d’avril réalisé en tant que meneur d’allure 4h30. Dans cette nuit noir, j’ai l’impression que cette portion de parcours monte légèrement alors que c’est bien le contraire comme le fait constater François avec son vélo qui progresse à faible allure sans donner un coup de pédale. J’ai un léger passage à vide et me force à ne pas marcher en me fixant des repères que la route m’offre en me disant « Tu cours jusqu’à ce panneau de signalisation et ensuite tu marche quelques mètres avant de repartir de nouveau ». Dans le ciel nous observons des éclairs au loin dans la direction de Millau, il faut dire que la journée a été assez lourde aujourd’hui dans la vallée du Tarn.


Je passe devant le ravito de Pont de Dourdou (Km 85), où règne une véritable ambiance de discothèque avec de la musique au maximum et des jeux de lumière c’est plutôt sympa et redonnent un coup de fouet pour couvrir les 15 derniers km. Je retrouve un rythme correct et le moral est au beau fixe lorsque je pénètre de nouveau dans St Georges de Luzençon.

Km 88 à 95:

Je fais une halte à ce ravitaillement qui est le dernier du parcours. J’en profite pour remettre une bonne couche de NOK sur les pieds car depuis quelques kilomètres, je commençais à ressentir un début d’échauffement. Après cet arrêt, je suis enfin prêt pour finir de conquérir le « Mythe » lorsque je ressors de la salle. Dés la sortie du village, j’attaque la dernière réelle difficulté de l’épreuve avec l’ascension vers le Viaduc. J’adopte le mode marche dés le pied de l’ascension en compagnie de François poussant son VTT. Le Viaduc se dresse majestueusement avec son habit de lumière devant nous, c’est magique. Malgré les kilomètres dans les jambes, je progresse à un bon rythme (6km/h) avec même quelques passages où je reprends la course lorsque la pente est plus douce. Foulées après foulées, je me retrouve de nouveau sous le viaduc avec maintenant une vue sur Millau éclairé plus bas et le Puncho d’Agast (Altitude : 828m) dominant la ville au loin qui a mis ses habits de lumières. J’aborde la descente vers Raujolles, avec un moral d’acier et des jambes comme neuves. J’ai l’impression d’être un véritable bolide. C’est la première fois sur une épreuve de cette longueur, que je suis en aussi bonne condition physique après autant de bornes, preuve d’une bonne gestion des efforts depuis le début de la course. J’en profite pour doubler quelques coureurs sur cette portion.

Km 95 à 99:

(Place du Mandarous)

Dés la fin de cette descente cela remonte légèrement pour rejoindre Creissels. Nous sommes maintenant dans les 5 derniers kilomètres malgré un certain état d’euphorie, je pense à bien m’hydrater. Avec François, les regards et la complicité en dit long sur notre plaisir commun d’être là. Je regarde ma montre et je sais que je vais finir sous les 14h00 et dans un bon état physique. Passage sur le pont à l’entrée de Millau, le panneau du KM98 se dresse devant moi, je tiens le bon bout et continu d’accélérer. Je rejoins parfois quelques coureurs, nous savons que nous serons tous finishers de cette édition anniversaire. Je décide de savourer ce moment de plénitude et de grande satisfaction. Au passage sur la place du Mandarous avec sa fontaine illuminé, je reçois les encouragements des millavois installés aux terrasses des cafés. Je passe devant le panneau du KM99 tant espère et que j’avais admirer avant l’épreuve et au passage de la boucle du marathon.


Km 99 à 100:

(Place du Mandarous) - (Parc de la Victoire)

Nous remontons l’une des artères principales de la ville en faux plats montant avant d’entrer dans le Parc de la Victoire Le nom de ce parc est vraiment symbolique car c’est une véritable victoire pour moi puisque Millau n’est pas qu’un simple 100km, c’est la référence en la matière. L’émotion m’envahit lorsque je franchis les grilles du parc, je frappe dans la main de François en signe de remerciement et le laisse filer derrière les barrières. Je remonte l’allée d’arbres sous les applaudissements des spectateurs encore présents à cette heure. Dans ma tête, j’imagine mon arrivée dans la salle avec la fameuse photo de finisher avec le chrono en fond, je souhaite finir seul pour avoir une belle photo souvenir. J’entre dans la salle des fêtes avec les deux bras vers le ciel en forme de V comme Victoire. Le chrono indique 13h36, je monte sur le podium recouvert d’un tapis rouge et me fait pointer grâce au dossard avec puce.


Après avoir récupéré mon sac de finisher contenant la médaille collector et le sac à dos anniversaire, je retrouve François. J’attend debout pour récupérer mon diplôme mais il y a la queue, il fait chaud, je commence à me sentir mal et décide de sortir prendre l’air et m’assois sur un bloc de béton. J’ai un gros coup de bambou, je fais un léger malaise (plus de son et une vue trouble). Après quelques minutes tout reviens à la normal.Ceci prouve bien que dès la ligne franchie toute la pression tombe. L’après course est belle, nous retrouvons les copains déjà arrivés (Fred, Didier, etc.) et assiste à l’arrivé des autres (Tony, Jean Louis et même Thierry qui aura les honneurs du journal de 13h sur TF1 le lendemain). Le repas avec les amis se passe bien, c’est l’occasion de se réhydrater correctement, même si je n’ai pas très faim. J’aurais aimé rester un peu plus longtemps pour profiter de cette ambiance, mais comme l’ensemble de mes compagnons de routes la fatigue me tombe dessus et je sens qu’une nuit de sommeil me fera le plus grand bien. L’après : Une bonne nuit de sommeil passé par là, un petit déjeuner, des discussions avec les autres concurrents présents aux chambres d’hôte et c’est déjà l’heure du retour vers la Bretagne. Le week-end est passé à toute vitesse mais j’ai hâte de retrouver ma petite famille. J’ai le cœur léger, la satisfaction d’être allé au bout d’une course mythique dans une ambiance. Et surtout le plaisir d’avoir pu partager cela avec François, c’était une véritable course d’équipe et ça change vraiment des heures passées en solitaire sur ces courses longues distances. Mon premier 100km fut une véritable réussite avec une très bonne gestion de l’effort, je n’ai jamais été réellement dans le « dur ». Tout le travail accompli par François y est pour beaucoup et je ne saurai oublier une fois de plus de souligner le confort qu’apporte un suiveur. Cela m’a permis d’être détendu et zen, régulier dans la foulée tout au long de la course. Envisager de faire Millau sans suiveur est bien entendu fort réalisable mais il faut s’attendre à une course différente, plus dure et plus individuelle, forcément. Je me donne 15 jours de repos avant d’attaquer ma préparation pour le Grand Menestrail (53km 1800m D+) le premier week end de Décembre sur mes terres d’entraînement avec le T3Team.


Epilogue : Alors après un tel week-end, la première pensée qui m’a traversé l’esprit a été la même que celle qui m’anime aujourd’hui. C’est toujours la même réponse que j’apporte à ceux qui me demandent comment c’était : « C’était superbe et j’y reviendrai ». Oui, forcément, je reviendrai à Millau, comme on revient avec plaisir sur une épreuve que l’on aime. Ce ne sera pas pour 2012, car à la même période j’ai le projet de participer au tour complet de Belle Ile (56) avec 83km et 2000m D+ au programme et qui ne se déroule que tous les deux ans. Un autre 100km me fais de l’œil, il s’agit de celui de Belvès (24) ayant lieu en Avril donc la réputation n’est plus à faire. Pas facile de choisir un programme cohérent avec toutes ces belles épreuves qui nous attirent. Avant de clore ce récit, je tiens à remercier :

• François qui a mené sa difficile tâche de suiveur avec une efficacité sans faille. Il a su trouver les mots justes aux bons moments et aussi assurer les silences nécessaires quand il le fallait. C’est aussi grâce à lui que j’ai terminé Millau relativement frais et que j’ai pris autant de plaisir pendant la course.

• Ma petite famille pour le soutien de tous les jours. • Tous les concurrents que j’ai croisés, connus ou inconnus, pour ces sourires et ces encouragements

mutuels, ce respect commun et bravo à vous tous.

Chiffres: Temps Officiel : 13h36’41 (Temps Réel : 13h33’50) Distance : 100km Dénivelé Positif : 1400m D+ Classement Général : 1288ème sur 2453 classés Classement Catégorie (Seniors Hommes) : 222ème sur 359 classés Temps de Passage au Marathon (Temps Officiel) : 4h58’10 (1617ème) Temps de Passage à St Affrique (Temps Officiel) : 8h48’44 (1228ème) Temps de Passage (Temps Réel) 5km : 33’50 10km : 34’25 (Cumul 1h08’15) 15km : 34’46 (Cumul 1h43’01) 20km : 33’50 (Cumul 2h16’51) 25km: 35’31 (Cumul 2h52’22) 30km: 35’44 (Cumul 3h28’06) 35km: 34’25 (Cumul 4h02’31) 40km: 34’30 (Cumul 4h37’01) 45km: 38’38 (Cumul 5h15’39) (Arrêt 2’29 au Marathon) 50km : 45’15 (Cumul 6h00’54) 55km : 38’46 (Cumul 6h39’40) 60km : 36’36 (Cumul 7h16’16) 65km : 48’25 (Cumul 8h04’41) 70km: 37’34 (Cumul 8h42’15) 75km: 1h02’40 (Cumul 9h44’55) (Arrêt 15’50 à St Affrique) 80km : 54’27 (Cumul 10h39’22) 85km : 39’02 (Cumul 11h18’24) 90km : 53’57 (Cumul 12h12’21) 95km : 42’27 (Cumul 12h54’48) 100km: 39’11 (Cumul 13h33’59)

CR 100 Km de Millau 2011

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Transcript of CR 100 Km de Millau 2011