Couverture : Dessin original de Claude Abba

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Couverture : Dessin original de Claude Abba Réalisé pour le Grand Pardon de 1990

Tous droits réservés pour tous pays. ISBN: 2-908543-00-1

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FRANÇOIS VEILLERETTE Lauréat de l'Académie française

LE GRAND PARDON DE

CHAUMONT

1475 - 1990

480

SECONDE ÉDITION

Éd. PATRIMOINE 52 Hôtel de Ville

52000 Chaumont-en-Bassigny

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Du même auteur

Le bréviaire de porcelaine. Préface de Geneviève Dévignes et de Gaston Gréco. Illustrations de Roland Irolla. 1970. Centenaire de la naissance de Paul Fort. Préface en guise d'essai. 1972. Le chemin de la Croix. Poèmes. 1973. Requiem pour Charles de Gaulle ou les variations poétiques. Préface de Jean Mauriac. Ouvrage couronné par l'Académie française. 1974. La cathédrale embrasée. Poème. Préface de René Vigo. Illustration originale de Jean-Louis Latapie. 1975. Contribution à l'histoire d'une famille champenoise célèbre. Ouvrage hors commerce, numéroté et réservé. 1975-1976. La lumière des ombres. Poème sur la résistance et la déportation. Préface d'André Chamson, de l'Académie française. 1977. La résurection des regards. Poèmes. Préface de Marcel Turon, pré- fet de la région Champagne-Ardenne. 1977. Chants pour le Mont-Saint-Michel. Poèmes en fac-similé autogra- phe, numéroté et hors commerce. 1977. Geneviève Dévignes ou la muse de la Champagne. Préface du pro- fesseur Georges Clause, postface du professeur Gilberte Ronnet. 1978. Pierre Bayen, un illustre Châlonnais. 1978. Rimes et vers de tous nos ponts. Poètes de Châlons-sur-Marne des origines à nos jours. Hors commerce et tiré à cent exemplaires. 1978. Le Grand Pardon de Chaumont. Histoire complète et illustrée, des origines à nos jours. Préface du docteur Henry Ronnot. 1979. De Veillerette et de Taragnat ou l'histoire d'une famille d'Auvergne. Ouvrage hors commerce, numéroté et réservé. 1980. Les illustres Chaumontais, des origines à nos jours. Notice biogra- phique sur 530 personnages célèbres. Préface de Georges Berchet, sénateur-maire de Chaumont. 1984. Philippe Lebon ou l'homme aux mains de lumière. La vie et l'œuvre de l'inventeur français de l'éclairagë>§t̂ j*£hauffage au gaz. 1987.

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"Tu marcheras devant la face du Seigneur "Pour lui préparer les voies, "Donner à son peuple la science du salut "Dans le Pardon de leurs fautes". Saint Luc. I. 76-77.

"Il faut revenir à la conscience de notre passé". E. Le Roy-Ladurie.

En souvenir et à la mémoire de Jean-Baptiste Veillerette mon grand-père et mon parrain, qui vécut à Chaumont, les jours de sa fête, dix Grands Pardons.

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SOUVENIR DE 1951

Des milliers et des milliers de fleurs multicolores en papier habil- laient les rues de la ville. Pendant des mois, toute la population, du plus humble au plus aisé, mécréant ou coyant, avait travaillé pour effacer le gris des maisons et donner à la ville un visage exception- nel. Ce 24 juin 1951, par un soleil extraordinaire, Chaumont avait volé le printemps.

Emerveillé, j'ai suivi le long parcours de Saint Jean-Baptiste pour obtenir une indulgence pleinière dont j'avais sûrement grand besoin.

Au milieu d'une foule immense, le cortège d'environ seize cardi- naux, archevêques, évêques, était emmené par un homme étonnant de culture et d'esprit, aux yeux rieurs, à la répartie facile, Monsei- gneur Roncalli, nonce apostolique.

Je le vois encore, sur la haute chaire en forme de clocher dressée devant l'hôtel de ville, s'adressant aux cinquante mille personnes qui emcombraient la place. Après un périple ensoleillé, mais éprou- vant, je l'entend dire en substance, avec son fort accent italien : "Que j'ai le cœur plein de joie de voir tant de fidèles assemblés, que j'ai les yeux pleins d'enthousiasme de voir tant de foi retrouvée et que j'en ai plein les jambes d'avoir tant marché !".

Quelle ovation !

Forestier de la Haute-Marne, j'étais chargé de fournir la table préfectorale en brochets provenant des étangs du Der.

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A la fin du repas, le préfet, Edgear Pisani, se tourna vers le Nonce apostolique et sollicita un discours au titre de la tradition française.

Monseigneur Roncalli se leva et dit seulement ces mots : "L'élo- quence est comme la prison de Bergamo, chez moi. Il faut donner une lire pour y entrer et deux lires pour en sortir. Il est préférable de s'abstenir".

Ce jour-là, Monseigneur Roncalli, après avoir séduit tous les Chaumontais, obtenait le Grand Pardon. Il pouvait devenir sa Sain- teté le pape Jean XXIII.

Michel Cointat Ancien Ministre

Député d'Ille et Vilaine Questeur de l'Assemblée.

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PRÉFACE Je suis heureux de présenter au lecteur l'étude de François Veil-

lerette et je tiens tout d'abord à le féliciter d'avoir eu le courage de procéder au dépouillement de la masse de documents relatifs au Grand Pardon et conservés dans les archives de Saint-Jean-Baptiste de Chaumont et dans celles de l'évêché.

Si en effet plusieurs auteurs dont Emile Jolibois, avaient effleuré le sujet, ce n'était que d'une façon très fragmentaire, alors que nous trouvons dans le présent livre, un panorama complet de la question.

A l'origine, nous trouvons Jean de Montmirel, originaire de Chaumont qui, au cours d'une brillante carrière auprès du pape Sixte IV, n'oublia pas de faire bénéficier sa ville natale de la faveur dont il jouissait au Vatican. En 1474, l'église Saint-Jean-Baptiste fut, grâce à son intervention, érigée en collégiale et l'année sui- vante, par bulle du 8 février, Sixte IV dota l'église d'un privilège en concédant à perpétuité indulgence plénière à tous les fidèles péni- tents qui la visiteraient chaque fois que la Saint-Jean-Baptiste tom- berait un dimanche.

Reflet de l'histoire de la ville et aussi de la France, le Grand Par- don évolue, se transforme parfois, mais rarement s'interrompt, pen- dant la tourmente révolutionnaire par exemple et, bien entendu, pendant les guerres du XXème siècle.

Il est curieux de constater à ce sujet que, grâce à la fidélité des Chaumontais à une tradition cinq fois centenaire et à leur ténacité pour la maintenir, un seul Pardon, celui qui aurait dû être célébré en 1798, fut supprimé à l'époque révolutionnaire.

Il y eut, en effet, des Grands Pardons en 1792 et en 1804. Quant à celui de 1810, il fut obtenu de haute lutte. En raison de l'attache- ment du clergé lingon à l'Ancien Régime, l'évêché de Langres n'avait pas été rétabli lors du Concordat de 1801 et le diocèse de Langres était administré par l'évêque de Dijon, Mgr Reymond. Celui-ci, pour des raisons politiques, refusa d'autoriser la célébra- tion du Grand Pardon qui put, malgré ce veto, avoir lieu en 1810, à la suite de l'intervention d'un illustre Chaumontais, l'amiral Decrès. En qualité de ministre de la Marine, il demanda à son collègue le ministre des Cultes, de faire revenir Mgr Reymond sur son refus, ce qui fut obtenu par l'intermédiaire de l'archevêque de Besançon.

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Evidemment ainsi qu'il en a été dans toutes les périodes trou- blées, ces trois Pardons ne donnèrent pas lieu à de grandes réjouis- sances et se déroulèrent avec discrétion, ainsi qu'il en sera en 1973.

De nos jours aussi l'Eglise traverse une crise grave ainsi que la Société, en pleine mutation. Les classes sociales s'affrontent ; l'in- compréhension sévit entre les générations ; les catholiques sont divi- sés. C'est pourquoi nous devons d'autant plus nous réjouir que Chaumont célèbre le 24 juin prochain la naissance de saint Jean- Baptiste, sinon avec un faste qui fut, reconnaissons le, parfois exces- sif, du moins dans l'esprit des anciens Pardons, à la fois fête reli- gieuse et réjouissance populaire.

Ce retour à une tradition interrompue depuis 1962, car en 1973 il n'y eut qu'une cérémonie à l'intérieur de la basilique, doit faire es- pérer une détente dans les conflits. Chaumont doit être fier d'en donner un des premiers signes, sous l'égide de son saint patron : le Précurseur.

Il n'est pas dans mon propos de m'étendre sur les heurs et mal- heurs du Grand Pardon. La lecture du présent ouvrage vous en ré- vélera tous les détails. François Veillerette a réalisé une étude d'en- semble consciencieuse, minutieuse, ne laissant rien à l'écart des do- cuments recueillis. Il ne s'agissait pas, cependant, seulement de les rassembler mais, pour beaucoup, de les découvrir et parfois, dans des conditions difficiles. Dans la réussite de cette quête, François Veillerette a fait œuvre d'historien. Réussite d'autant plus méritoire que son œuvre littéraire avait été auparavant axée sur la poésie.

Les historiens de l'avenir, intéressés par Chaumont et son Grand Pardon, trouveront ici une source de renseignements appréciables et devront leur reconnaissance à celui qui, faisant ses premiers pas dans leur domaine, n'avait pour le soutenir que sa foi, son enthou- siasme et sa ténacité.

Dr Henry Ronot. Docteur ès-lettres

Ancien conservateur des antiquités et objets d'art de la Haute-Marne.

1979

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CHAPITRE I

UN JUBILÉ UNIQUE AU MONDE

Si l'on en croit la tradition et que l'on respecte le calendrier, une grande fête religieuse doit avoir lieu le dimanche 24 juin 1990 à Chaumont en Haute-Marne. C'est la fête du Grand Pardon qui se célèbre chaque fois que le 24 juin, jour de la saint Jean-Baptiste tombe un dimanche.

1990 est pour Chaumont l'année jubilaire car le Grand Pardon c'est le Jubilé. Tout d'abord réservé exclusivement à la ville de Rome, si les chrétiens voulaient le gagner, venant dans la Ville- Sainte des bouts du monde, ils devaient faire de longs et méritoires pèlerinages. Rome n'était point prodigue de ses faveurs et de tels privilèges n'étaient pas accordés aux autres cités, même et surtout au temps où ceux-ci furent donnés à la ville de Chaumont.

En dehors des pardons de Bretagne qui sont de petits pardons locaux et fréquents, mais dont il ne faut pas nier l'importance, deux seules villes en France, hormis Chaumont, bénéficient de si hautes concessions, mais à des échéances extrêmement éloignées : il s'agit de Lyon et du Puy.

A Lyon, c'est le jubilé de saint Jean lorsque la Fête-Dieu coïn- cide avec le 24 juin. Un dicton nous renseigne :

"Quand saint Georges le crucifiera (Vendredi-Saint) "Quand saint Marc le ressuscitera (Pâques) "Et que saint Jean le portera (Fête-Dieu) "A Lyon Grand Jubilé sera (24 juin).

Toutes ces conditions rendent cette fête appelée jubilé et non grand pardon, extrêmement rare.

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A Notre-Dame-du-Puy, lorsque le Vendredi-Saint coïncide avec le 25 mars : jour de l'Annonciation, on célèbre aussi par un jubilé, à la fois le Mystère de l'Incarnation et le Mystère de la Rédemption, mais la coïncidence difficile rend la fête également fort rare. On peut donc dire que c'est seulement à Chaumont-en-Bassigny que l'on célèbre un Grand Pardon régulier en France.

Depuis le XVème siècle, d'une façon immuable, cet illustre par- don est une fête chaque fois que la saint Jean tombe le dimanche et, suivant les rigueurs du calendrier, cela arrive tous les six, cinq, six et onze ans, lorsque pour cette dernière période, l'année bissextile fait sauter le dimanche. Nous allons découvrir que malgré les siècles, les guerres et les révolutions, il fut toujours célébré. Donc le dimanche 24 juin 1990, la solennité du Grand Pardon se déroulera à Chau- mont. Si déjà ces quelques lignes d'introduction suscitent de nom- breuses questions sur cette immense fête chaumontaise, disons que le hasard, qui a priori ne semble pas jouer son rôle puisque tout est logique dans l'historique du Grand Pardon, le hasard entre tout de même pour une part considérable dans cette histoire.

Les questions ne manquent pas : Pourquoi Grand Pardon ? Pourquoi Chaumont ? Pourquoi faste et solennité ? Pourquoi hautes faveurs romaines ? Pourquoi le 24 juin ? etc...

Il faut dire de suite, avant d'y revenir plus longuement que la grande fête chaumontaise est avant tout une fête religieuse qui a le pas sur la fête historique, folklorique, musicale, artistique, litté- raire...

Par ce quatrain, le 24 juin on sait que : "Chaumont de vertu décorée "Présente à chaque pénitent "Du paradis la clef dorée "L'église de Sainct-Jehan visitant".

Tout est là : vertu, pénitence, visite de Saint-Jean, suprême ré- compense. Ce quatrain résume parfaitement le caractère, l'esprit et

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les privilèges de la fête. Le caractère, sacré ; l'esprit, de prière et de pénitence car il est le pardon ; quant aux privilèges ?

Comment Chaumont, obscure et lointaine ville de France, sans illustration particulière, fut-elle appelée à attirer l'attention d'un pape ? Et comment l'autorité pontificale lui valut une concession ju- bilaire ? Un pardon par excellence, qui prit le nom unique au monde de Pardon, puis de Pardon Général, et de Grand Pardon de peine et de coulpe, pour finir plus populairement par celui de Grand Pardon. On peut citer la phrase du curé Mettrier qui proclamait "Institution intangible sans laquelle Chaumont ne serait pas Chau- mont!". Pour répondre aux questions posées, il est temps d'aborder l'Histoire et le quatrain nous sert de guide, alors reprenons-le pour planter le décor :

"Chaumont...

Sceau pontifical CI. F. Lardeur

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CHAPITRE II

LE DÉCOR CHAUMONT

Le site de Chaumont (étymologiquement : calvus mons, (monta- gne chauve) était connu de l'antiquité gallo-romaine, mais sous quelle forme et sous quel vocable ? Chaumont n'est pas une ville ancienne et c'est le haut Moyen Age qui lui donna ce nom de "calvus mons", le plus souvent attesté Chaulmont. Vers l'an 900, les textes nous parlent de la ville d'une façon assez précise, mais celle-ci ne prendra vraiment naissance qu'au sein de la grande révolution sociale que constitue la féodalité. Au pied de ce mont, la Suize se jette dans la Marne, elle-même naissante.

On commence à voir apparaître un premier enclos, appelé long- temps l'enclos du château, avec son seigneur, sa tour féodale puis- sante, sa chapelle castrale, puis une plus grande église que l'on va commencer à édifier tout à la fin du Xllème siècle ; puis un second quartier, le bourg avec les gens de la commune. Au début du XIIème siècle certains droits sur la châtellenie de Chaumont sont acquis par les comtes de Champagne, qu'ils garderont jusqu'à la fin du XIIIème siècle.

Le transfert entre les deux quartiers de la ville se fait par trois portes, la tour du Barle, la porte d'Arse flanquée de la porte de l'Eau et la porte de Buxereuilles.

Chaumont a donc deux quartiers biens distincts, le plus ancien, le clos du Château, entouré de murailles où logent les nobles et les bourgeois aisés ; l'autre, le bourg, ceinturé au XVIème siècle de fortifications bastionnées, où vivent les commerçants, les artisans et le petit peuple. Ces remparts flanqués de neuf bastions ont été dé- molis en 1852. Du château féodal, bâti vers 940 par Geoffroy, il reste le donjon ou Tour Rouge, dont l'étage supérieur a été sup- primé en 1724. Elle a servi de prison et dans les bâtiments annexes sont installés de nos jours les tribunaux et la Cour d'assises.

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Au XVème siècle, il y a le bourg, le château où siège le bailli, l'église, le grenier à sel, les demeures des Rose, des Gondrecourt et des Choiseul ; dans le bourg, il y a la grand-place, aujourd'hui place de l'Hôtel de ville, avec ses halles, sa croix et sa maison de la Sama- ritaine, puis son tripot ; non loin, l'église Saint-Michel, aujourd'hui marché couvert et l'hôtel-Dieu qui la jouxte et encore la Pierre-à- l'huile, la motte : pâté de maisons qui défend la tour du Barle et le Barle lui-même où l'on expose les condamnés, c'est le pilori. Enfin des maisons longent les rues de Buxereuilles, de Reclancourt et du Champ-Georgerot. On pave la place et les grandes rues, on termine les travaux à l'église, on fonde une école et on rédige des statuts pour l'établissement d'une bonne police communale.

La fin du XVème siècle est une des périodes les plus intéressan- tes de l'histoire, en tout cas une période capitale. La guerre de Cent Ans est enfin terminée. Le Nouveau-monde va être découvert par Christophe Colomb et Gutemberg va inventer l'imprimerie. A Chaumont, les premiers imprimeurs ne feront leur apparition qu'à la fin du XVIème siècle. Par contre il y a dans la cité des écrivains publics. Des artistes paraissent ou vont paraître vers 1500 : les litté- rateurs Laurent Béraud et Jacques Gaulcher, le jurisconsulte Jean Gousset, puis les peintres Mongin et Brisejon, Ogier Perrot et Bénel, enfin les sculpteurs François Boullet, Claude et Pierre Cus- sin.

Dans le monde de cette époque, monde que l'on commence à connaître grâce aux travaux de Copernic, partout les savants, les philosophes, les poètes, les artistes et les réformateurs vont nous faire découvrir l'homme, ses idées, ses mouvements et ses possibili- tés. L'homme : Ambroise Paré et Paracelse se penchent sur sa forme et sa physiologie ; autour de Léon X, des cardinaux savants découvrent les beautés de sa langue à travers celle de Cicéron ; Léonard de Vinci, Michel-Ange, Le Titien et d'autres, peignent ses traits en de superbes environnements ; Arioste, Il Tasso Torquato et Machiavel, composent sa poésie épique, l'histoire et la politique ; enfin au milieu de ce réveil des idées, réveil secoué par l'énorme rire de Rabelais qui en souligne la truculence et le grotesque, l'homme est réformé dans son intime spiritualité et ses formes par Luther, Calvin et Zwing. C'est la Renaissance.

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Basilique Saint-Jean (1989) CI. N. Mourot

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L'ÉGLISE SAINT-JEAN

A Chaumont, le Grand Pardon va être institué, le décor est planté. Mais au milieu de celui-ci, à l'église Saint-Jean-Baptiste, il nous reste à découvrir l'âme de ce lieu où va éternellement souffler l'esprit du Pardon.

L'église avait été commencée dans les dernières années du XIIème siècle. Elle est placée sous la protection de saint Jean-Bap- tiste et n'a jamais changé de vocable. De la construction primitive, terminée au XIIIème siècle, nous conservons encore intacte de nos jours, la façade principale encadrée de ses tours, les deux clochers et les trois nefs jusqu'au transept. L'église Saint-Jean-Baptiste de Chaumont demeure le monument le plus remarquable de la ville. Commencée fin XIIème, elle sera terminée au XVIème siècle, après plusieurs agrandissements.

Primitivement la nef principale était longue de quarante mètres environ et les deux nefs collatérales se terminaient, avec le transept, à la hauteur des deux chapelles. La façade principale et les tours sont de style ogival primaire. De cette construction primitive, il faut citer la chapelle Saint-Pierre, construite au début du XlVème siècle, la seule réalisée alors, qui fait corps avec les bas-côtés. Les autres chapelles, y compris les rayonnantes autour du déambulatoire, se- ront édifiées plus tard. Puis l'église n'étant pas assez vaste pour la population, on construisit les transepts et une partie du chœur.

A cette époque on faisait appel fréquemment à la piété des gens pour l'agrandissement des église. Ainsi en 1342, plusieurs évêques accordent des indulgences "A tous les fidèles qui visiteraient l'église de Chaumont, y feraient certaines prières, enrichiraient la fabrique par des dons et la mettraient à même d'entreprendre les réparations de l'église". C'est la "charte d'indulgences".

Ainsi d'année en année et de siècle en siècle, on construit, on agrandit, on embellit et on répare le sanctuaire. Si on ne peut pas classer l'église Saint-Jean parmi les plus célèbres de l'art gothique, on peut la considérer comme un beau monument, de style ogival complété d'un gothique flamboyant et même quelque peu décadant, dentelles de pierre, feuillages, coquillages, ceps de vigne, le tout ri-

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valisant de caprice, de légèreté et de fantastique. Elle a été érigée en collégiale en 1474.

Au XVème siècle, on ouvre le portail Saint-Jean, hélas mal res- tauré au XIXème siècle. Au début du XVIème, on construit le tran- sept, le chœur, l'abside et les absidioles.

A partir du XVIIème siècle, on ne va plus faire à l'église que des travaux de restauration ou de réparation, bien que sous prétexte d'orner à la romaine l'édifice et de l'éclairer, on le mutila, mutila- tions qui continueront à la Révolution par la destruction des statues extérieures et des sculptures. Malgré cela, la visite de l'église de Chaumont laisse une impression de sérénité, de majesté et de ri- chesse auxquelles contribuent grandement les œuvres d'art qui s'y trouvent : statues polychromes, riches peintures, important mobi- lier.

Le but de cet ouvrage n'étant pas de décrire les richesses de cette église, nous nous contenterons de dire quelques mots du re- marquable sépulcre qui à lui seul, mérite le déplacement.

Dans un espace restreint de douze mètres carrés environ, est présenté ce que l'on peut appeler, après d'autres, "le joyau de l'église Saint-Jean". Fondé par Marguerite de Baudricourt, il fut exécuté après 1474, sur ordre de sa fille. Il est dû à des artistes ano- nymes de l'école champenoise. Malgré l'odieuse dévastation due à l'impiété révolutionnaire, le sépulcre demeure très beau par la per- fection de ses détails et par la majesté de l'ensemble. On doit des- cendre deux marches pour arriver près du tombeau où repose Jésus dont le réalisme est exceptionnel. Les autres personnages, plus grands que nature, au nombre de dix, polychromes, sont boulever- sants. On peut considérer cet ensemble de la Mise au tombeau de Chaumont parmi les plus belles œuvres d'art du XVIème siècle. Le prince de Condé, arrivant à Chaumont à dix heures du matin le 30 juin 1626, avec seulement huit cavaliers, se fit conduire en premier à cette merveille pour laquelle il offrit un teston. Ce sépulcre aurait pu nous rester plus beau si, après la Révolution qui avait brisé les deux statues colossales représentant à son extérieur les deux gardes- sépulcre, on n'avait pas détruit la chapelle de Brandicourt qui s'ou- vrait sur lui. Sous couvert de faire disparaître les traces de la dévas-

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tation révolutionnaire, on ne trouva rien de mieux à faire que de masquer la muraille par différentes sculptures provenant de plu- sieurs églises dont l'ensemble, composite, est assez lamentable.

A la différence de certaines églises de la région comme Langres, Châlons-sur-Marne et surtout Troyes qui détient le tiers du vitrail français ancien, Saint-Jean ne conserve pas d'anciens vitraux. Ceux qui offraient un intérêt ont été détruits par les bombardements. En 1951, un grand maître-verrier, Roger-Calixte Poupart réalisa de très beaux vitraux pour fenêtres des deux transepts ; au transept nord, le Péché originel et la Rédemption, au transept sud, la Sainte-Trinité et les Quatre-Evangélistes. Hélas cet artiste est décédé de façon tra- gique et soudaine en 1977.

Voici donc un résumé descriptif de l'édifice religieux, cœur et âme de l'action qui va s'y dérouler. Collégiale au XVème siècle, elle va recevoir les bienfaits d'une bulle d'indulgence unique, puis bien plus tard, promue au grade de basilique mineure en 1948.

L'ÉGLISE SAINT-MICHEL

C'est dans la plus vieille rue du bourg, rue de Chamarandes, que la puissante corporation des tanneurs fit élever, vers l'an 1300, la chapelle Saint-Michel. Chaumont n'a eu de tout temps qu'une pa- roisse Saint-Jean-Baptiste, Saint-Michel en sera la succursale. A l'origine, c'est un modeste édifice long de vingt deux mètres, large de huit. La façade est ajourée d'une rose flanquée de deux gargouil- les, au sommet une croix. A côté de l'église se trouve le cimetière entouré d'un cloître en charpente. Au XVIème siècle, on agrandit Saint-Michel en construisant un clocher et un transept et en 1513, on y place un sépulcre qui, depuis la démolition de l'édifice, se trouve au cimetière de Clamart. Les chapelains vont s'y succéder et l'évêque de Langres va, vers 1335, charger le curé de Chaumont et le prieur de l'abbaye du Val-des-Ecoliers, de régler le service divin de cette église. Ainsi, jusqu'à la fin du XVIème siècle, Saint-Michel est fermée le dimanche (1) et ce jour là on assiste aux offices à Saint-Jean et à l'extérieur, à Buxereuilles ou Saint-Aignan, mais après bien des réclamations, protestations et tumultes, une transac- tion est trouvée et, en 1595, la situation est régularisée par l'évêque

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qui érige l'église Saint-Michel en paroisse pour le bourg, mais le clergé reste commun aux deux églises.

On agrandit le sanctuaire, on installe un vicaire en 1790, puis... on en fait l'inventaire : meubles, statues, tableaux, objets sacrés etc... on commence à piller, dégrader, enlever le mobilier, on vend. La Ville réclame alors en vain, à l'Etat, la propriété de l'édifice, on continue à vendre et l'église commence à tomber en ruines. Après le 24 nivôse la regrettable démolition est entamée. Une halle rem- place l'édifice, puis en 1884, le marché couvert, de style Baltard.

Copie de la Bulle d'érection établissant le Grand Pardon

CI. F. Lardeur

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CHAPITRE III

D'UNE CHARTE D'INDULGENCES

LA CHARTE

A Chaumont, pour "monsieur saint Jean-Baptiste", tout est prêt. Le décor laïque et sacré est planté. Mais avant de parler des personnages, des idées et des actions qui vont présider à la création du Pardon, avant de parler en détail du processus qui va engendrer les bulles et particulièrement la grande bulle d'Indulgence, fonda- trice de ce Pardon, il faut connaître la charte du XlVème siècle.

Le Grand Pardon n'existe que par la bulle du pape Sixte IV, donnée en 1475. Il n'y est question que de la nativité de saint Jean- Baptiste et du dimanche 24 juin.

Or, si l'on considère l'importance plus qu'insigne des faveurs pontificales accordées à l'église Saint-Jean-Baptiste de Chaumont et malgré le caractère logique de l'intervention du Chaumontais Mont- mirel, ami intime et conseiller privilégié du pontife, le privilège est tel qu'on peut se demander si cette bulle, créant le Grand Pardon à perpétuité, n'est pas venue à point nommé pour entériner l'exis- tence d'une grande fête antérieure, d'un culte important déjà célé- bré à Saint-Jean-Baptiste de Chaumont, un ancien "Pardon". Il ne semble pas et les bulles et documents créant le Pardon, relatifs à cette création, n'en font pas état ; d'autre part aucun des historiens ayant écrit sur le Grand Pardon n'en parle, pas plus qu'ils ne par- lent, si ce n'est que par quelques mots, de ce document qui nous semble précieux et qu'on peut dénommer la charte de 1342. Si elle est intéressante et importante, rien ne semble prouver qu'elle était connue des autorités créatrices du Pardon et que son existence ait influencé Jean de Montmirel ou le Pape pour donner la bulle d'in- dulgence, bien que le contraire soit admissible.

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Si les historiens n'ont pratiquement pas parlé de cette charte, il y a quelques années, elle a fait l'objet de la plus grande attention de la part de l'ancien archiviste de Chaumont, Jean-Gabriel Gigot, qui en avait fait une transcription manuscrite et rapide en ajoutant, tou- jours de sa main : "très intéressant et très important". Tout récem- ment elle a fait l'objet de la non moins grande attention de Mlle Anne-Marie Couvret, également directeur des Archives de la Haute-Marne, qui m'en confia la transcription dactylographiée. Cette charte, conservée aux Archives départementales de la Haute- Marne, se présente comme un beau parchemin décoré et rédigé en latin. L'écriture est fort pâlie et difficilement lisible (presque 640 ans ont passé !) et les photocopies semblent impossibles pour ne pas en compromettre la conservation. On peut dire que cette charte est le document ancêtre du Grand Pardon, qu'il fait partie de sa préhis- toire et que spirituellement, il contribue à l'annoncer. En tout cas, il n'annonce aucun pardon, ne servant pas ainsi à la fondation du grand. Le texte de la charte est loin d'être axé sur le 24 juin.

Antérieurement au XlVème siècle, la seule fête patronale célé- brée de Jean-Baptiste était celle de la Décollation, le 29 août et à cette époque, on évitait d'une façon précise de mettre en avant la date de la nativité du saint, une seule fête étant à l'honneur : la Na- tivité de la Vierge-Marie. C'est donc à elle seule qu'on laissait le monopole d'une fête de la Nativité. Alors, ce qui est devenu la fête du 24 juin, Nativité de saint Jean et qui existait en 1342, était-il déjà fêté et faisait-il l'objet d'une particulière célébration ? Il n'est pas possible de répondre avec certitude. Par contre nous savons que le feu de la saint Jean est une très vieille tradition, probablement païenne.

LES INDULGENCES

L'homme a toujours vécu dans la peur apocalyptique. Si le Gau- lois craint la chute du ciel, l'homme moderne, l'atome, au Moyen Age on craint le Jugement de Dieu. Pour la rémission de ses péchés, l'homme prie et obtient des indulgences. La théologie dit que la doctrine des indulgences se fonde sur la communicabilité des œuvres satisfactoires, entendues selon le premier sens. L'Eglise et son gouvernement disposent d'un seul trésor de mérites, formé par

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toute l'Eglise. Celle-ci donne corps au dogme de la communion des saints et en fait une doctrine vivante et efficace pour ses enfants, en permettant aux fidèles d'y puiser de temps en temps, par exemple à l'occasion d'un pèlerinage, d'une grande fête, d'une prière etc... La question des indulgences est admirablement expliquée dans la Somme théologique de saint Thomas. Ainsi la valeur des indulgen- ces a subi bien des variations au cours des siècles, où il a fallu en distinguer la somme spirituelle et la somme temporelle. Au Moyen Age, et au XVème aussi, les indulgences ont été souvent accordées de façon prolifique par les autorités religieuses d'où, par exemple, la réaction de Luther au début du XVème siècle. Celui-ci ne rejette pas leur principe, il écrit : "...accorder et gagner des indulgences est une pratique très utile en dépit du commerce et de l'avarice qui, nous le craignons, se trouvent liés à elles... Nous devons veiller à ce que les indulgences ne deviennent pas une cause de sécurité, de pa- resse, de négligence envers la grâce intérieure".

"Ce que l'Eglise entendait par indulgence était la remise, par- tielle ou totale, des peines du péché que chacun doit subir sur terre ou au purgatoire après que le sacrement de pénitence lui ait valu l'absolution de sa faute et la remise du châtiment éternel", nous dit Daniel Rops et il ajoute "... mais pour que cette remise soit ac- quise, l'état de grâce est indispensable, les œuvres ne viennent que comme occasion, ou pour ainsi dire, comme appoint : prières, jeûnes, pèlerinages, visites d'églises et aumônes". Nous voilà de plein-pied dans le sujet. Au XVème siècle les indulgences étaient nombreuses et exagérément attribuées et nous allons voir que dans la charte qui nous intéresse, elles furent aussi largement prodiguées. "Attention, dit Daniel Rops, pas de ferme propos, pas d'élan inté- rieur, pas de remise !".

Il est intéressant de noter que le pape Sixte IV, un an environ après avoir conçu sa bulle du Pardon de Chaumont, c'est à dire en 1476, dans une autre bulle, admet que l'indulgence peut être "trans- férée à l'âme d'un défunt cher, ce qui peut alléger ses souffrances de l'autre monde". Cette affirmation pontificale devait contribuer au succès du Jubilé de l'an 1500.

La charte de Chaumont de 1342 est un document important par l'originalité de son contenu. Les évêques qui l'ont rédigée étendent

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vraiment au maximum la possibilité d'acquérir des indulgences. Ecrite en un latin décadent, sa traduction est assez difficile dans la mesure où la précision du texte est altérée par l'usure du temps qui a mangé certains mots. Voici ce que peut donner une traduction ap- proximative :

"A TOUS LES FILS DE NOTRE SAINTE MÈRE L'ÉGLISE, à qui les présentes lettres parviendront, NOUS, par la miséricorde divine, (suivent des noms d'évêques, mais certains manquent et il y a des blancs) : Galganus Allerien, Gratis .. Pollen .. Matheus Organ .. Chen .. Valentinus Mucaren .. Vincencius Marm .. episcopus gre- gorius. Oppiden .. Nicolaus. Nazarien .. Thomas .. Gunnen .. Petrus .. Galien .. episcopus. Johannes Capionen .. Episcopi Les noms et lieux cités sont difficilement traduisibles, on peut tout de même dire : Gratianus, évêque de Bollène et Johannès, évêque de Cavaillon, mais continuons la traduction :

"LE CHRIST, "splendeur de la Gloire éternelle du Père" qui il- lumine le monde par son ineffable clarté, accueille avec une grande bienveillance les pieux désirs des fidèles, surtout lorsque leur Espé- rance dans la très clémente Majesté et leur humble dévotion s'ap- puient sur les prières et les mérites des Saints. Nous désirons que l'église du Bienheureux Saint Jean-Baptiste de Chaumont au Dio- cèse de Langres, fondée ou du moins consacrée en l'honneur de ce Saint, soit fréquentée avec les honneurs qu'elle mérite et qu'elle soit l'objet de la vénération constante des fidèles. Dans cette intention, NOUS ACCORDONS : à tous les fidèles vraiment repentants, ayant confessé leurs péchés, qui auront visité cette église pour faire "acte de dévotion, d'oraison ou de pérégrination" (causa devocio- nis, orationis aut peregrinacionis) lors de chacune des festivités du Saint-Patron (Jean-Baptiste), ainsi que dans chacune des fêtes ci- dessous désignées :

La Nativité du Seigneur, la Circoncision, l'Epiphanie et Pâques, l'Ascension, la Pentecôte, la Sainte-Trinité, la Fête-Dieu (corpus Christi), l'Invention et l'Exaltation de la Sainte-Croix, Saint-Michel- Archange ; en chacune des fêtes de la Sain te-Vierge, en la NATI- VITÉ ET LA DÉCOLLATION DE SAINT-JE AN-BAPTISTE, en la Fête des Apôtres Pierre et Paul, ainsi que tous les APOTRES ET ÉVANGELISTES, en la Fête de la Toussaint, de la Commémora-

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tion des Fidèles défunts, de la dédicace (des églises) et durant l'Oc- tave des Fêtes citées, si elles ont une "octave".

En la Fête de saints Etienne, Laurent, Georges, Martin, Nico- las, Grégoire, Augustin, Ambroise, Marie-Madeleine, Catherine, Marguerite, Lucie. Ainsi que chaque dimanche. A tous ceux qui as- sisteront aux messes, aux prédications, aux matines ou aux vêpres, ou aux autres offices divins, aux obsèques et à la sépulture des morts ; A ceux qui auront accompagné le prêtre portant la Ste Communion ou l'Huile-Sainte aux malades ; A ceux qui auront flé- chi les genoux et récité trois AVE MARIA, lorsque sonne la cloche du soir ; A ceux qui auront prêté aide pour le luminaire, les orne- ments et la fabrique de l'église, ou qui dans leurs testaments ou en dehors auront donné ou légué ou fait donner ou léguer de l'or, de l'argent, des habits (liturgiques), des calices (vases sacrés), ou toute autre chose à ladite église ; A tous ceux qui auront parcouru le ci- metière de ce lieu (attenant à l'église ?) pour les âmes des corps qui y reposent (sic) ou qui auront prié Dieu pieusement pour "l'impé- trant de cette faveur (des présentes lettres), pour ses enfants, ses amis et ses bienfaiteurs. PARTOUT? N'IMPORTE QUAND ET EN TOUT LIEU QUE CE SOIT DES PIEUX ACTES AYANT ÉTÉ ACCOMPLIS AVEC DÉVOTION. Confiants dans la Miséri- corde du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux Apôtres Pierre et Paul, à Chacun (de ces fidèles) nous accordons 40 JOURS D'IN- DULGENCE, toutes peines leur étant remises par la Miséricorde de Dieu ; pourvu qu'il y ait volonté, acquiescement et consentement de l'Evêque diocésain. Pour attester cette faveur (concession d'in- dulgences) nous avons décidé que notre Sceau y serait apposé : (lit- téralement : "nos sceaux").

Donné à Avignon, le 14 juin 1342, la première année du Pontifi- cat de Dom (Monseigneur) Clément VI.

La charte est intéressante dans le sens qu'elle peut faire partie de la préhistoire du Grand Pardon. Son contenu ne manque tout de même pas de nous étonner ou de susciter un pieux sourire, si l'on considère le choix immense et la profusion d'occasions offertes pour gagner des indulgences et on se prête à penser que, pour ne pas les gagner, il fallait vraiment y mettre de la mauvaise volonté ! Il n'em- pêche que ce document est précieux car il nous renseigne sur le fait que déjà au XlVème siècle, l'église Saint-Jean de Chaumont avait

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Achevé d'imprimer le 27 avril 1990 sur les presses de Dominique Guéniot à Langres

La composition et la mise en pages de cet ouvrage

ont été réalisées par les Éditions Patrimoine 52

Dépôt légal : mai 1990 N° d'imprimeur : 1851

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