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ALBERTO MANGUEL 2008 A CTES SUD

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ALBERTO MANGUEL

2008

ACTES SUD

HORS COMMERCEAS : 7682

ISBN : 978-2-7427-8274-1Photographie de couverture : © Graig Stephenson

couv brochure bauchau 2008.qxp:couv brochure Bauchau 2004 10/12/08 16:33 Page 1

NOTICE BIOGRAPHIQUE

Né en Argentine en 1948, Alberto Manguel apassé ses premières années à Tel-Aviv où sonpère était ambassadeur. Elevé par une nursetchèque, il acquiert comme premières languesl’anglais et l’allemand ; ce n’est qu’à l’âge de septans qu’il fera l’apprentissage de l’espagnol, unefois revenu, avec sa famille, dans son pays natal.Très jeune, il se découvre une passion pour leslivres. A seize ans, alors qu’il travaille dans unelibrairie anglo-allemande de Buenos Aires, il faitla rencontre de Jorge Luis Borges, rencontre quimarquera profondément son existence. De 1964à 1968, il rend quotidiennement visite au poètedevenu aveugle pour lui faire la lecture. Auprèsde lui, il apprend à conjuguer le verbe “lire” avecle mot “plaisir”. En 1968, Alberto Manguel quittel’Argentine, avant les terribles répressions de ladictature militaire. Il parcourt le monde et vit, tourà tour, en France, en Angleterre, en Italie, à Tahitiet au Canada, dont il prend la nationalité. Ses activités de traducteur, d’éditeur et de critique lit-téraire le conduisent naturellement à se tournervers l’écriture. Composée d’essais et de romans, sonœuvre est internationalement reconnue. Si laplupart de ses textes sont rédigés en anglais, iléprouve aussi la nécessité d’en écrire certains enespagnol. Depuis 2001, Alberto Manguel vit enFrance, près de Poitiers, dans un ancien presby-tère où il a pu enfin installer sa bibliothèque richede plus de trente mille ouvrages.

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LES PLAISIRS DE LA LECTURE

Alberto Manguel

Comme l’expérience nous le montre clairement,notre mémoire défaillante, qui condamne volon-tiers à l’oubli non seulement les actes vieillis parle temps mais aussi les faits récents de tous lesjours, rend opportun, fort utile et expédient decoucher par écrit les gestes et histoires des hommesforts et vertueux d’antan, lesquels furent miroirslimpides, parangons et sources de vertueuse doc-trine, selon les dires du grand orateur MarcusTullius Cicéron.

Tel est le début d’un des rares livres de labibliothèque de Don Quichotte sauvés des flam-mes, épargné en l’occurrence par le curé parceque “trésor de contentement et mine de passe-temps” : le Tirant le Blanc de Johanot Martorell etMartí Johan de Galba, roman de chevalerie cata-lan qui relate les vertus du soldat justicier, duhéros guerrier tel que les Anciens pouvaient ima-giner un Achille ou un Alexandre le Grand.“Emportez-le chez vous et lisez-le, vous verrezque tout ce que je vous ai dit est vrai”, dit le curéà son compère le barbier.

Le Tirant, comme tant d’autres livres qui noussont chers, trouve sa raison d’être et de perdureren ce qu’il est remède à notre mémoire défail-lante, dépositaire de notre expérience passée, miroirdes valeurs anciennes et source d’enseignementprofitable, en somme en ce qu’il nous aide àprendre conscience de nous-mêmes et du mondequi nous entoure. C’était l’intention de l’auteur,mais ses lecteurs, moins ambitieux, à l’instar de cecuré de la Manche, ne furent pas autant sensibles

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à sa noblesse, ne saluèrent pas en lui la chroniquefidèle ou fantaisiste de la guerre toujours présente,l’exaltation ou la condamnation de la violence etdes armes. Ils l’encensèrent pour des raisons à lafois plus subtiles et moins sérieuses : parce qu’illes pourvoyait en contentement, en passe-temps,en délectation. Le curé censeur et le barbier sar-kozyste condamnèrent au bûcher les livres deDon Quichotte qui leur semblaient par trop em-brouillés, extravagants, arrogants, durs ou secs– autrement dit tous ceux qui n’étaient pas à leurgoût. Au bout du compte, quand il faut se déci-der entre les préserver et les jeter aux flammes,les livres qui traversent la vie d’un lecteur sontceux qui lui procurent du plaisir.

Mais quel est donc ce plaisir ? En quoi con-siste ce sentiment étrange d’intimité, de sagessepartagée, cette impression de maîtriser et de com-prendre le monde grâce à de simples combinai-sons de mots, comme par magie, de façon aussiprofonde qu’intraduisible ? Pourquoi cela nousconduit-il, tout au long de notre vie, à rejeter sanspitié certains livres alors que, pourvu que quel-que chose en eux nous émeuve, nous éclaire et,par-dessus tout, nous enchante, nous en élevonsd’autres au rang de classiques et d’objets de notredévotion ?

Notre pouvoir en tant que lecteurs est ter-rifiant ; nous sommes implacables, ne nous lais-sant attendrir ni par les supplications des critiques,ni par les larmes des lecteurs qui nous ont pré-cédés. Impitoyablement, nous jugeons et jugeonsencore à travers les siècles les livres qui secroyaient à l’abri. Les goûts ayant un jour changéau pays de la lecture, Cervantès a pris la place

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laissée par Martorell et Galba, auteurs du Tirant,n’en déplaise à ce qu’affirmait Cervantès lui-même.Nos aïeux adoraient-ils Francis Carco et MazoDe La Roche ? Nous, nous ne les aimons guère :qu’ils aillent en enfer et nos ancêtres avec !Méprisa-t-on Melville de son vivant et la pauvreIrène Némirovsky fut-elle condamnée à l’oubli ?Aujourd’hui Melville est assis à la droite de Danteet les éditeurs de Némirovsky se frisent les mous-taches quand ils voient ses ouvrages figurer dansles meilleures ventes.

Pour justifier nos jugements, nous inventonsdes raisons esthétiques, culturelles, philologiques,historiques, philosophiques ou morales, même si au fond, dès que nous quittons la sphère del’hédonisme, nos jugements sont presque tou-jours sujets à caution. La devise de tout vrai lecteur est De gustibus non est disputandum, “Onne discute pas les goûts”, ou, comme on dit enEspagne, “En matière de goûts, rien n’est écrit”.Le proverbe latin dit vrai ; son équivalent espa-gnol ment. Certes, notre plaisir n’admet aucunecontroverse ; il admet en revanche une infinitéd’écrits, il en exige, même, comme le prouve lacritique littéraire, cette histoire parallèle de la lit-térature. Que sont finalement nos bibliothèquessinon les archives de nos goûts, les musées denos caprices, les catalogues de nos plaisirs, lesportraits de nos vies ?

Le plaisir de la lecture, au cœur de l’art de lire,se révèle multiple et varié. Lorsque nous nousdécouvrons lecteurs, nous comprenons en mêmetemps que nous le sommes chacun à notremanière. Il n’y a pas une histoire unique de la lecture mais autant d’histoires qu’il y a de lecteurs.

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Certaines caractéristiques, un certain nombred’habitudes et de contingences sont partagés,mais l’acte de lire demeure un acte singulier. Toutcomme nous n’avons pas tous la même manièrede rêver ou de faire l’amour, chacun a sa façon delire, chacun a ses livres qui l’accompagnent toutesa vie, et chaque lecture est merveilleusementunique, à l’instar de notre existence même. Noustous, lecteurs, avons un livre magique et secretque nous voulons garder pour nous, et nousnous sentons trahis, abandonnés si par hasard ilaccède à la célébrité, car nous sommes tous desamants jaloux. Mais aussi, tout lecteur a un livre qu’ildésire généreusement partager ; un autre qu’il aoublié mais dont l’ombre l’obsède encore ; unautre qui le terrifie ; un cinquième qui lui restitueun souvenir presque perdu ; un sixième qu’il n’ajamais achevé et qu’il connaît pourtant par cœur ;un septième découvert à un âge avancé mais quiéclaire sa vie comme si de tous temps il l’avait lu ;un huitième qu’il croit avoir toujours connu, avantmême de savoir lire. Le catalogue en est infini. Cettebibliothèque autobiographique est différente pourchacun de nous, tout comme le plaisir que nouséprouvons à la parcourir.

Pour certains lecteurs, le plaisir de la lectureest intime, cet espace amoureux que l’on créeavec son livre n’admet aucune autre présence.L’enfant qui lit sous la couverture à la lueur d’unetorche électrique alors qu’on lui a ordonné dedormir, l’adolescent blotti dans le canapé pourqui le temps ne s’écoule plus ailleurs que dans lerécit qu’il lit, l’adulte qui s’isole de ses congénè-res dans un wagon de train bondé ou dans uncafé bruyant, tous trouvent leur plaisir à fréquen-ter un monde créé pour eux. Quand sa famillepartait en promenade, Proust retournait dans la

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salle à manger pour se plonger dans le livre qu’ilavait en cours, entouré des seules assiettes pein-tes accrochées au mur, de l’almanach, de la pen-dule, autant d’objets, nous dit-il, “très respectueuxde la lecture (…) qui parlent sans demanderqu’on leur réponde et dont les doux propos videsde sens ne viennent pas, comme les paroles deshommes, en substituer un différent à celui des motsque vous lisez ”. Deux heures de plaisir jusqu’àl’irruption de la cuisinière qui, d’un simple “Vousn’êtes pas bien comme cela ; si je vous approchaisune table ?”, l’obligeait à s’interrompre, à allerchercher sa voix très loin, à débusquer les mots,cachés derrière les lèvres, pour répondre “Non,merci bien”, brisant d’un coup l’enchantement. Leplaisir de la lecture ne souffre pas la présence detiers.

Mais il est des lecteurs pour qui partager leurexpérience prolonge et approfondit le plaisir del’intimité. Je viens de lire un paragraphe qui m’aenthousiasmé ; avant de refermer le livre ou detourner la page, l’envie me prend de le lire toutautour de moi, d’offrir à un ami le plaisir que je viens d’éprouver, de former un petit cercled’admirateurs de ce texte. Donner un livre à quel-qu’un, c’est lui dire : “Voici mon miroir ; j’espèrequ’il sera aussi le tien.” Ainsi créons-nous desassociations de lecteurs qui tiennent un peu de lasociété secrète, et c’est grâce à elles que certainsauteurs n’ont pas disparu de nos canoniquesbibliothèques. J’ai offert d’innombrables exem-plaires (pour ne citer que mes auteurs français)des livres tels que Vies imaginaires de MarcelSchwob, René Leys de Victor Segalen, Le Motamour de René de Ceccatty, dans l’espoir quemon plaisir rencontre un écho. Dans son journal,Hervé Guibert raconte qu’il a acheté les Lettres à

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un jeune poète de Rilke afin de lire en mêmetemps que lui le livre que son ami avait emportéen voyage.

C’est parfois le lecteur que nous fûmes qui par-tage ses lectures avec nous, ou encore le lecteurqu’au fil des années nous sommes devenus,retournant aux mêmes pages avec un regard différent. Les livres qui traversent notre vie ontgénéralement le don de se métamorphoser à larelecture, prodige que nous savourons enfants etplus tard, à l’âge mûr. Enfants, nous aimons larépétition, savoir que la même hache ouvriraencore la panse du même loup travesti, qu’en-core une fois le volcan vomira de ses entrailles lerocher salvateur avec à son bord les mêmes voya-geurs au centre de la Terre. Plus tard, devenusadolescents puis adultes, nous recherchons lesdiscutables mérites de l’originalité et de la nou-veauté ; obligatoirement, nous sommes d’abordportés vers les littératures expérimentales, puisvers les best-sellers. Quand nous avons pris del’âge, lassés de l’attrait du neuf, le souvenir d’uneancienne lecture nous plonge dans la nostalgie.Désireux de retrouver les émotions que l’on nepeut (nous le savons bien) éprouver que la pre-mière fois, quand nous ignorions que Dr Jekyll etMr Hyde étaient une seule et même terrible per-sonne, nous ouvrons les livres que nous avonsconnus très loin, là-bas, il y a si longtemps. Ladéception ne nous empêche pas de retourner auxpages connues ; conscients de ne pouvoir rede-venir les lecteurs candides d’autrefois, nous espé-rons, avec un peu de chance, découvrir dans cescontrées que nous pensions si bien connaître desrecoins insoupçonnés. Désormais incapables deraisonner comme Alice, nous pouvons pourtantêtre aussi terrifiés qu’elle à l’idée de nous noyerdans la mer de nos propres larmes.

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A la fin de sa vie, Pablo Neruda voulut relireles romans de corsaires d’Emilio Salgari, qu’il avaitdévorés tout jeune, au cours de l’été torride deCautín, au pied du mont Ñielol où il allait à l’époque écrire des vers sur son cahier de mathé-matiques. Emu, le vieux poète socialiste se rêvaà nouveau en boucanier avide de sang et de trésors. A l’âge de quatre-vingts ans, Adolfo BioyCasares retourna dans l’histoire de Pinocchio. “Je ne l’ai pas lue uniquement dans la version deCollodi, son inventeur, mais aussi dans une sériedes éditions Calleja, sous la plume de SalvadorBartolozzi, un auteur madrilène inconnu qui, dumoins pour l’enfant que j’étais, écrivit la meilleureversion des aventures de Pinocchio”, se souvientBioy. Puis il ajoute : “Le charme le plus intime del’aventure nous parvient à travers l’énonciationdes circonstances domestiques qui l’entourent.”Passé soixante ans, Borges se rappelait parfaite-ment la mise en page de la revue où, enfant, il avait lu Le Livre de la jungle de Kipling, il se rap-pelait même si telle illustration se trouvait sur lapage paire ou impaire. Pour autant, lorsqu’onlui relisait ces histoires lues il y a si longtemps, il luiarrivait d’être stupéfait et d’avouer que tellephrase, tel détail oublié lui avait inspiré une phrase,un détail de ses propres fictions. Michael Dorris,l’auteur indigène nord-américain qui, enfant, étaitun fervent lecteur de la série La Petite Maisondans la prairie, tenta de ressusciter le plaisir deses après-midi enfantines en lisant à ses propresenfants les livres de Laura Ingalls, avant de s’a-percevoir avec horreur que celle-ci décrivait lesindigènes de manière péjorative et raciste. Dorrisfut alors obligé d’improviser une version “corri-gée” pour ne pas offenser ses enfants par une his-toire qui ne l’avait lui-même jamais heurté lorsqu’ilavait leur âge.

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Le fait est que les livres que nous avons lusenfants se transforment en même temps quenous. Non seulement les jaquettes se déchirent,les couvertures s’arrachent, le papier jaunit, l’en-cre pâlit, mais le sens des mots varie, les détailsse multiplient, les personnages deviennent pluscomplexes, l’action change de cap. Les livres denotre enfance sont plus fidèles aux lecteurs quenous sommes qu’à ceux qui les ont créés.

Les livres qui accompagnent notre vie nousoffrent des moments d’intimité à la fois solitaire etpartagée. Quel autre artefact magique nous permetde penser avec Pascal, de raisonner avec Mon-taigne, de méditer avec Pascal Quignard, desuivre les méandres de l’esprit d’Enrique Vila-Matas ? Il ne s’agit pas de se laisser convaincrepar des arguments qui nous sont étrangers, d’êtrevictimes de ce que l’on a appelé le “terrorismeintellectuel”, mais d’accepter une invitation à laréflexion, de devenir témoins de l’émergenced’une idée. Il s’agit d’écouter et de penser. Lerésultat peut ou non être partagé ; qu’importe,puisque le cheminement intellectuel ne supposeni conclusion ni destination précises. Ayantrefermé certains livres, nous nous sentons plusintelligents, ce que l’auteur ne peut jamais pré-voir. Car, comme disait Benjamin Constant, l’artatteint un but qui lui échappe. Cela est vrai ausside la lecture.

Le plaisir que procure l’intelligence est d’aumoins deux sortes : la jouissance liée à l’exercicede la raison et la jouissance que l’on éprouve àreconnaître le monde. Rappeler que la lecturenous entraîne dans des régions insoupçonnéesest un poncif ; il est en revanche moins banal depréciser qu’elle nous fait citoyens desdites régions.

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Pour tout lecteur, tout livre est un musée de l’uni-vers quand il n’est pas l’univers lui-même. Magéographie comprend les pays de Jules Verne etdes Mille et Une Nuits, les villes de Zola et de Cal-vino. Il y a une histoire (je ne sais plus qui l’aécrite) dans laquelle un homme, qui lit les aven-tures d’un autre homme perdu dans le désert,meurt de faim et de soif dans son propre lit, alorsmême qu’il est entouré d’eau et de nourriture.Sans aller si loin, tout lecteur connaît le plaisird’habiter le monde créé par d’autres, d’en êtrel’explorateur et le cartographe.

Un authentique explorateur jouit de ce qu’iltrouve, bon ou mauvais ; un lecteur aussi. Qu’unlivre nous paraisse très mauvais ne signifie pasqu’il ne nous procurera pas de plaisir. Les grandspoètes nous enchantent : d’autres, moins doués,le peuvent aussi. L’Anglais Charles Waterton, célè-bre connaisseur des forêts sud-américaines, s’ex-tasiait devant les animaux les plus laids dela création tel que le crapaud de Bahia, répu-gnante créature qu’il prenait tendrement au creuxde sa main et caressait affectueusement tout enparlant avec émotion du regard profond, de lalueur merveilleuse qui brillait au fond des yeuxdu batracien. Paraphrasant Wilde, je dirais qu’ilfaut avoir un cœur de pierre pour ne pas mourirde rire devant les inepties écrites par certainsauteurs célèbres, comme cette illumination deMichel Houellebecq : “L’immortalité... Ce seraitcomme une deuxième chance.” De telles abomi-nations portent assurément la marque du génie…

Tom Stoppard écrivit que, pour savoir si unécrivain est bon ou mauvais, il faut poser la ques-tion à sa maman. Plus intéressant, plus amusant,est de découvrir s’il s’agit d’un visionnaire.

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Je veux dire, s’il est capable de nous révéler dansson œuvre de petits secrets qui donnent mysté-rieusement sens à l’univers, nous pointent ce qu’ànotre insu nous savions déjà. Je prends unephrase au hasard dans le journal de Pavese, au28 janvier 1942 : “On découvre les choses à tra-vers le souvenir qu’on en a. Se rappeler quelquechose signifie la voir, seulement maintenant, pourla première fois.”

Pour ne pas être forcément inattendues, detelles révélations sont véridiques et se produisentrégulièrement tout au long de notre vie de lecteur. Nous savons qu’alors le plaisir ne résultepas de la surprise, qui est œuvre du hasard, maisde la confirmation de quelque chose dont nousavions déjà la vague intuition. L’injonction de Diaghilev à Cocteau, “Etonnez-moi !”, est le faitd’un impresario, pas d’un authentique lecteur.Nous accueillons les surprises que nous réserve letexte comme les préambules amoureux – commecette étape où nous découvrons qu’une personneboit du café plutôt que du thé, qu’elle dort ducôté droit du lit, qu’elle fredonne La Belle deCadix sous la douche –, mais nous aspironsensuite à une connaissance plus intime, plusapprofondie du texte, à une familiarité accrue etrenouvelée à chaque lecture. “Quand je trace ledessin d’un jardin, dit un personnage de ThomasLove Peacock, je distingue le pittoresque du beauauxquels j’ajoute une troisième qualité, que jenomme l’inespéré.” Et son interlocuteur de répon-dre : “Ah bon ? Et quel nom donnez-vous alors àcette qualité lorsqu’on parcourt le jardin pour ladeuxième fois ?”

N’oublions pas, non plus, les plaisirs de la remé-moration. Lire, c’est se rappeler. Non seulement les

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“actes vieillis par le temps” mais aussi les “faitsrécents de tous les jours”. Non seulement l’expé-rience étrangère racontée par l’auteur mais aussila nôtre, inavouée. Et non seulement les pages dutexte que nous sommes en train de lire, dont nousmémorisons les mots à mesure que nous endécouvrons de nouveaux, que nous oublierons àla page suivante, mais aussi les textes lus il y alongtemps, dans notre enfance. Nous composonsde la sorte une anthologie sauvage qui croît dansnotre souvenir à la manière de l’œuvre fragmen-taire d’un monstre, auteur unique qui épouse tourà tour la voix de Dino Buzzati, de Saint Augustin,d’Yves Bonnefoy, de Sir Thomas Browne et deJulio Cortázar. Lire nous procure le plaisir de nousrappeler ce que d’autres se sont rappelé pournous, leurs inconcevables lecteurs. La mémoiredes livres, c’est la nôtre, qui que nous soyons etoù que nous nous trouvions. En ce sens, je neconnais pas de meilleur exemple de la générositéhumaine qu’une bibliothèque.

Lire nous apporte le plaisir de reconnaître unemémoire commune, une mémoire qui racontequi nous sommes et avec qui nous partageons cemonde, mémoire que nous attrapons dans dedélicats filets de mots. Lire (lire en profondeur,attentivement) nous permet d’élargir notre con-science du monde et de nous-mêmes. Lire nousrenvoie aux origines de la parole et donc, parceque nous sommes des êtres de parole, à ce quenous sommes par essence. Avant l’invention dulangage, j’imagine (et je ne peux l’imaginer queparce que je dispose de mots) que nous perce-vions le monde comme une multitude de sensa-tions dont nous distinguions à peine les contourset les différences, un monde nébuleux, flottant,dont le souvenir revient quand nous sommes

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dans un demi-sommeil ou sous l’effet de quelquesursaut mécanique du corps. Grâce aux mots,grâce au texte fait de mots, ces sensations semuent en connaissance, en reconnaissance. Jesuis qui je suis par une foule de circonstances,mais je ne peux me reconnaître, être conscientde moi-même qu’à travers une page de Borges, deStevenson, de Rimbaud, d’un nombre sans find’auteurs anonymes. Le ver de la conscience(comme l’a dénommé Nicola Chiaromonte dansune page qui me définit) désigne la quête cons-tante et obsessionnelle de notre être profond. Au-delà de cette obsession, le plaisir de la lecturenous apporte une consolation.

De nos jours, le plaisir est réduit au divertisse-ment superficiel, à la distraction facile, à la sa-tisfaction égoïste. Nous confondons informationet connaissance, terrorisme et action politique,esprit ludique et savoir-faire, argent et valeur, tolé-rance condescendante et respect mutuel, confortpersonnel et équilibre social. Nous croyons qu’êtrecontents (ou croire que nous le sommes), c’estêtre heureux. Les détenteurs du pouvoir nousdisent que pour éprouver du plaisir nous devonsoublier le monde, nous soumettre à des normesautoritaires, nous laisser subjuguer par des para-dis infimes, nous déshumaniser. Mais le plaisirauthentique, celui qui nous nourrit et nous anime,va en sens inverse, il consiste à prendre conscienceque nous sommes des êtres humains, que nousexistons à la manière de petits points d’interrogationdans le vaste texte du monde. Nous pouvons enattester, nous lecteurs, puisque la lecture est unedes formes les plus joyeuses, les plus généreuses,les plus efficaces d’être conscients.

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Les livres qui traversent notre vie peuvent nouspermettre d’agir avec une plus grande consciencede notre humanité. Plutarque rapporte qu’Alexan-dre le Grand avait toujours sur lui un exemplairede l’Iliade, le Tirant des anciens Grecs. Ses bio-graphes virent dans cette passion bibliophilique(si rare chez les militaires d’aujourd’hui) l’intérêtnaturel d’un grand guerrier pour les stratégiesd’autres guerriers célèbres. Mais il est égalementpossible que celui qui conquit le monde, con-scient de la brièveté de sa vie, ait voulu retourner,lors de ses rares moments de repos entre deuxbatailles, dans un temps où les exploits d’Achilleétaient un conte merveilleux qu’Aristote (maîtrequi savait qu’éduquer n’est pas seulement trans-mettre des techniques mécaniques) lui apprenaità lire nuit après nuit et que l’enfant Alexandrepouvait reconstituer inlassablement à l’aide depetits soldats d’argile dans la cour du palais deson père à Pella. Former à la lecture fut la tâcheque se fixa Aristote pour que son élève Alexan-dre puisse trouver dans l’œuvre d’Homère unmiroir de son propre destin. Lire pour se connaî-tre soi-même, telle fut la tentative d’Alexandrelorsqu’il fut devenu adulte et se trouva confrontéaux brutalités de la guerre. Et c’est ainsi, à lalumière de l’épopée troyenne, que le grand con-quérant comprit peut-être que pour chaque Méné-las vainqueur il y a des centaines d’Hécube quipleurent leurs enfants tués.

Alberto ManguelTexte inédit, 2008

traduit de l’espagnol par Alexandra Carrasco

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LA CITÉ DES MOTS

11,5 x 21,7 cm / 176 pages / 18 € / janvier 2009

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“Pourquoi cherchons-nous des définitions d’iden-tités par les mots et quel est, dans une telle quête,le rôle du conteur d’histoires ? Comment le lan-gage peut-il déterminer, limiter et accroître notreimagination du monde ? Comment les histoiresque nous racontons nous aident-elle dans notreperception de nous-mêmes et des autres ? Detelles histoires peuvent-elles prêter à une sociétéentière une identité, vraie ou fausse ? Et, enconclusion, est-il possible que des histoires noustransforment, nous et le monde dans lequelnous vivons ?”

Alberto MANGUEL(extrait de l’introduction)

A travers cette série de conférences prononcéesen 2007 à Toronto dans le cadre des Massey Lec-tures, tribune annuellement offerte à des pen-seurs contemporains pour traiter des grandesquestions de notre temps, Alberto Manguel, dressant de fascinants parallèles entre les réalitésindividuelles et politiques du monde contempo-rain et celles que, de tout temps, ont pris encharge le mythe, la légende et le récit, proposede prêter attention, plutôt qu’au discours d’auto-rités prétendûment “compétentes”, à ce qu’ont ànous dire, sur la manière de bâtir une société, lesvisionnaires – poètes, romanciers, essayistes oucinéastes –, dont les œuvres, parce qu’elles accep-tent d’assumer l’humain dans sa toute sa com-plexité, montrent la voie de l’ouverture sur laquellepeut se fonder une communauté plus juste etplus durable.

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UNE HISTOIRE DE LA LECTURE

Essai traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf.

Parti à la recherche des raisonsqui ont fait aimer le livre à tra-vers les âges – et parfois en ontfait la cible de persécutions –,l’auteur entreprend dans l’uni-vers de la lecture un voyageaux multiples étapes. Cette histoire de la lecturedont on se prend à être impatient de connaîtrela suite comme s’il y avait une intrigue en courss’accompagne d’une passionnante étude demœurs – mœurs des scripteurs, des passeurs,des liseurs, des lecteurs.

Prix Médicis essai 1998.

“Une lettre d’amour à la lecture.”George Steiner, The New Yorker

“Voici un livre d’une érudition stupéfiante etcependant amicale.”

Hector Bianciotti, Le Monde

“Une histoire de la lecture change l’idée qu’onse fait des livres et mérite d’être lue.”

Jean d’Ormesson, Le Figaro

“Alberto Manguel c’est l’homme aux lunettesd’or. (…) Son dernier livre ne ressemble à rien,ce qui est souvent le propre du chef-d’œuvre.”

Angelo Rinaldi, L’Express

13 x 24 cm / 432 pages / 24,09 € / mars 1998Babel n° 416 / 8,50 € / mars 2000

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DICTIONNAIREDES LIEUX IMAGINAIRES

Ecrit en collaboration avec Gianni Guadalupi.

De A, comme Abaton, à Z, com-me Zuy, voici qu’un dictionnairenous offre la plus merveilleusedes invitations au voyage. Fortsde leur conviction que la fictionest réalité, les auteurs ont recensé lieux imagi-naires et sites chimériques inventés par des écri-vains du monde entier. Ils en rappellent lasituation géographique, la topographie, le climat,la faune et la flore, les formes de gouvernement,les transports et moyens de communication, lesmœurs et les coutumes locales, les curiosités tou-ristiques ou les spécialités culinaires jusqu’auxcartes, plans et conseils pratiques qui viennentrenseigner plus précisément le futur “visiteur”.

“Un incontournable de la littérature fantas-tique.”

Italo Calvino

“Enfin le guide des pays qui n’existent pas.”Dominique Jamet, Marianne

“La description réaliste et précise de ces lieuxfarfelus est souvent franchement hilarante, ettoujours propice à la rêverie.”

Christine Ferrand, Livres hebdo

“Une mine à rêves et à rires.”Pascale Haubruge, Le Soir

13 x 24 cm / 558 pages / 25,76 €/ novembre 1998Babel n° 471 / 12,50 €/ mars 2001

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DERNIÈRES NOUVELLESD’UNE TERRE ABANDONNÉE

Roman traduit de l’anglais par Charlotte Melançon.

La vie paraît paisible sur la côtequébécoise où est installée lafamille Berence. Mais les pleursde Rebecca, la bonne argentine,le silence de la mère, qui vit en recluse, les inter-rogations précoces de la petite Ana révèlent desfailles. C’est finalement le récit de la mère qui vadévoiler l’indicible. Elle raconte sa rencontredans l’Algérie des années 1950 avec le capitaineBerence, un homme sensible et posé. La dou-leur des parents déracinés et l’exil en France.Paris. Sa vie d’épouse de militaire absent. Puis le départ pour l’Argentine, où le monde s’effon-dre : elle y découvre, par hasard, que l’hommequ’elle aime n’est pas étranger aux disparitionsnon élucidées qui touchent la population… Unroman où Alberto Manguel montre commentla violence d’Etat peut trouver un relais dansl’esprit d’un individu au demeurant attachant etpourvu d’une haute conscience intellectuelle.

“Alberto Manguel est un de ces écrivains pourqui, mieux qu’une religion, la lecture est une foi,une lumière étrange qui porte à l’engagement del’être sur les chemins de sa propre découverte.Un acte créateur et un acte d’autocréation.”

Ghislain Cotton, Le Vif / L’Express

Babel n° 353 / 160 pages / 8,50 € / novembre 1998

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DANS LA FORÊT DU MIROIR

Essais traduits de l’anglais par Christine Le Bœuf.

Si ce livre permet au lecteur derenouer avec l’érudition jubila-toire si caractéristique d’AlbertoManguel, il lui donne égalementl’occasion de rencontrer un homme engagédans l’histoire de son temps, rebelle à toutes lescensures, esprit libre et pourfendeur averti despréjugés, humaniste habité par le souci constantde placer la création au centre géométrique del’univers social, culturel, politique.Avec l’Alice de Lewis Carroll pour guide, AlbertoManguel explore la nature du lien qui s’établitentre le monde et les mots que nous choisissonspour le nommer.

Prix France culture 2001.

“Un livre époustouflant qui ne saurait laisseraucun indifférent, et dont nous saluons non seu-lement le savoir approfondi dans le domaine detoutes les connaissances mais aussi la franchiseet la bienveillance.”Anne-Marie Mitchell-Sambroni, La Marseillaise

“Aujourd’hui, ne pas accompagner Manguel et l’Alice de Lewis Carroll dans une promenadesalutaire et jubilatoire au pays des mots, desmusées et des lectures serait pure folie.”

Sud-Ouest dimanche

11,5 x 21,7 cm / 380 pages / 21,19 € / mars 2000Babel n° 610 / 8,50 € / octobre 2003

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LE LIVRE D’IMAGES

Essai traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf.

Fixées sur une toile ou sculptéesdans la pierre, érigées en monu-ments ou bâtiments, photogra-phiées – et, désormais, scannées,numérisées –, jamais les imagesn’ont, depuis les origines, failli àleur vocation de transformer l’instant en éternité.Mais l’histoire qu’elles recèlent demeure souventcryptée et comme “illisible”. Redonner vie aumonde des images, tisser des liens entre œuvresprestigieuses et réalisations d’artistes moinsconnus, révéler, ce faisant, l’itinéraire de certai-nes traditions iconographiques, solliciter autre-ment le regard, apprendre à lire ce que l’on voit :l’approche d’Alberto Manguel, sous le doublesigne du savoir et du plaisir, invite tout lecteur-spectateur à reprendre possession de l’universmême de la représentation, et peut-être à com-poser, à son tour, son propre “livre d’images”…

“Mieux qu’un cadeau : encore un grand livre, oùAlberto Manguel suit une idée maîtresse, à savoirqu’on n’en a jamais fini avec la lecture.”

Lucien Guissard, La Croix

“Le passeur Manguel apprend à lire ce que l’onvoit.”

Isabelle Falconnier, Zurich Express

“Une fois de plus, Alberto Manguel prouvequ’on peut être humaniste à l’aube du XXIe siècle.”

Pascal Jourdana, Le Magazine littéraire

13 x 24 cm / 384 pages / 24,24 € / mars 2001

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STEVENSON SOUS LES PALMIERS

Roman traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf.

Aux îles Samoa, où il s’est installésur la fin de sa vie, Stevensonoscille entre nostalgie des brouil-lards de son Edimbourg natal etune fascination grandissantepour l’exotique volupté des îles.Taraudé par la maladie, frustré par la froideur dela couche conjugale, il poursuit néanmoins sonentreprise littéraire. Un jour est retrouvée morte,après avoir été violée, une jeune fille dont ladanse langoureuse avait captivé l’écrivain lorsd’une fête locale. A cause d’un chapeau aban-donné sur les lieux du crime, voici que Steven-son est mis en demeure par la police locale derendre compte de son emploi du temps le jourdu drame… Stevenson devient alors le hérosd’une fable qui signe les noces d’Eros, de Tha-natos et de la fiction conçue comme émanationdirecte du désir.

“Les contes peuvent-ils devenir réalité ? C’esttoute l’ambiguïté (et le charme) du livre d’Alberto Manguel.”

Jacques Moran, L’Humanité

“Complice de son personnage, frère du cher-cheur d’histoire, le romancier sait la puissancedes légendes que l’on réveille en écrivant. C’esttout bénéfice pour qui le lit.”

Pascale Haubruge, Le Soir

“Un endroit où aller”10 x 19 cm / 96 pages / 12,04 € / mai 2001

Babel n° 682 / 5,50 € / mars 2005

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CHEZ BORGES

Roman traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf.

Est-il meilleur moyen de ren-contrer un auteur, parmi les plusfameux et les plus fascinants du xxe siècle, qu’en lui faisant lalecture ? Durant les dernièresannées de la vie de Borges,Alberto Manguel, alors étudiantà Buenos Aires, fut chargé par l’écrivain argentin de lire les pages auxquelles cedernier, atteint de cécité progressive, n’avait plusaccès par lui-même. Au fil de souvenirs, dont onsent l’importance qu’ils ont eue sur l’écriture etla réflexion de Manguel, se dessine un récitempreint de retenue et d’affection qui évoqueles affinités littéraires en même temps que lesimple quotidien d’un génie ordinaire.

“On aimerait citer tout entier ce livre élégant,sobre et précis, rédigé comme un long rêve.”

René de Ceccatty, Le Monde

“Manguel nous fait partager son émoi, celui de rentrer avec simplicité et sincérité dans l’atelierd’un des plus grands écrivains du siècle.”

Claire Mikaëlian, Transfuge

“Un endroit où aller”10 x 19 cm / 80 pages / 12 € / avril 2003

Babel n° 683 / 5,50 € / mars 2005

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JOURNAL D’UN LECTEUR

Essai traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf.

Ayant choisi de relire, une annéedurant, ses livres de prédilectiontels qu’ils lui semblent suscepti-bles de refléter le chaos dumonde contemporain ou d’enri-chir et d’éclairer son rapport per-sonnel avec l’existence, Alberto Manguel offre ici,entre carnet intime et recueil de citations, cejournal dont l’érudition à la fois sensible et sub-versive rend compte à merveille de l’infini du“dialogue” entre toute œuvre et son lecteur.

“L’érudition se met ici au service de la clarté, ren-dant contagieuse une intense curiosité pour lemystère humain.”

Jean-Maurice de Montremy, Livres hebdo

“D’un tel lecteur on ne peut être que le lecteurébaubi et ébloui.”

Bernard Pivot, Le Journal du dimanche

“Un livre ouvert à tous, qui invite à son tour à l’annoter dans les marges. Et qui prouve, sibesoin était, qu’aucune lecture n’est inactuelle.”

Bruno de Cessole, Valeurs actuelles

11,5 x 21,7 cm / 256 pages / 21,90 € / octobre 2004Babel n° 746 / 7,50 € / octobre 2006

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KIPLING, UNE BRÈVEAUTOBIOGRAPHIE

Biographie traduite de l’anglais parChristine Le Bœuf.

Né à Bombay, envoyé en Angle-terre à l’âge de cinq ans, Kiplingfit ses études dans une écoleanglaise et, plus tard, jeunereporter en Inde, il se montraplein de sagesse et de sympathie dans le regardqu’il portait sur les vies des étrangers. Même s’illui arrivait d’exprimer les préjugés de sa classe,ceux-ci n’apparaissent jamais dans ses écrits et,en dépit de l’accusation souvent portée contrelui d’être un porte-parole de l’Empire britannique,il en était l’un des critiques les plus acérés. Inci-sive et pleine d’empathie, cette brève biographiepose un regard inédit sur l’auteur du Livre de lajungle et de Kim.

“Pour être «brève», sa biographie n’en est pasmoins riche.”

Mohammed Aïssaoui, Le Figaro littéraire

“Une brève autobiographie, qui éclaire la vie dif-ficile de cet écrivain aussi célèbre que discret etfait bon compte des injustices ou des reprochesoutranciers dont il fut aussi victime.”

Ghislain Cotton, Le Vif / L’Express

“Manguel raconte cette vie comme s’il s’agissaitd’un des contes de Kipling, en une prose directe,quoique légèrement précieuse. Joli hommage.”

Michel Doussot, Routard.com

“Un endroit où aller”10 x 19 cm / 128 pages / 12,80 € / octobre 2004

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UN AMANT TRÈS VÉTILLEUX

Roman traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf.

Avec ce récit singulier et allègre-ment mystificateur, qui reconsti-tue le destin mi-fictif, mi-réel de l’étrange, pathétique et sulfureuxAnatole Vasanpeine, obscuremployé des bains-douches de Poitiers au débutdu XXe siècle, Alberto Manguel donne un petittraité subversif du détail érotique, inattendu etsavoureux, enchâssé dans une allégorique paro-die du fantasme.

“Il s’agit d’un caprice de genre particulièrementbrillant. A lire.”

La Tribune de Genève

“L’écrivain, plus malicieux que jamais, détournele genre libertin, imagine un jeu de piste en parsemant ici et là quelques clins d’œil à la littérature et à ses amoureux. Un amant trèsvétilleux – ton coquin, écriture enlevée – se litavec frénésie.”

Martine Laval, Télérama

“Un endroit où aller”10 x 19 cm / 96 pages / 12 € / mars 2005

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UN RETOUR

Roman traduit de l’espagnol parAlexandra Carrasco.

De retour à Buenos Aires aprèstrente ans d’exil, un homme croiseles spectres du passé. Dans uneville pétrifiée, ses camarades dis-parus ressurgissent tels des fan-tômes pour infliger le châtimentexpiatoire à celui qui a fui son pays. Résolumentfantastique, Un retour explore l’Histoire argen-tine en même temps qu’il donne à voir les tour-ments d’une âme damnée, condamnée à expierà l’infini quelques minutes de peur, éternelle-ment suspendue au jugement de ceux qui n’ontpas fui. Pour Alberto Manguel, c’est un brillantretour à la langue de son adolescence .

“Catharsis inachevée, le roman de Manguel est lelivre impossible d’un retour impossible.”

Philippe Chevilley, Les Echos

“Alberto Manguel, par son art consommé d’em-berlificoteur, nous convie par non-dits au festinde la Mémoire et propose à notre réflexion, parson poétique, un voyage amer en terres inhu-maines que fut l’Argentine.”

Loïc di Stefano, Le Journal de la culture

“Du grand art.”Nicolas Bénies, Rouge

10 x 19 cm / 80 pages / 12 € / octobre 2005

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LA BIBLIOTHÈQUE, LA NUIT

Essai traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf.

Alberto Manguel offre ici unessai contigu à Une histoire de la lecture, au propos complé-mentaire, conçu dans le soucid’inscrire sa réflexion sur l’uni-vers du livre dans une dimen-sion plus philosophique. On y retrouve l’attitudegénéreuse propre à l’auteur qui mêle, à sonaccoutumée, expérience personnelle, éruditionet interprétations singulières voire inédites pournous donner à visiter, à travers les âges, la Biblio-thèque dans tous ses états et avatars.

“Lire sur la lecture, lire au sujet des livres, lire «aucarré», en somme, est toujours, avec AlbertoManguel, un plaisir délicat.”

Bruno Frappat, La Croix

“Une extraordinaire richesse de l’information, unpeu comme si Alberto Manguel dialoguait avectous les livres lus, ceux de sa bibliothèque et decelles qu’il a fréquentées, pour parler d’eux-mêmes et du lieu qui les abrite.”

Jean-Marie Goulemot, La Quinzaine littéraire

“Son érudition et son humour, son talent deraconteur font de ce livre un essai alerte et géné-reux.”

Julien Burri, 24 heures

13 x 24 cm / 336 pages / 23 € / octobre 2006Babel n° 937 / 8,50 € / janvier 2009

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www.alberto.manguel.com

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BIBLIOGRAPHIE

ESSAIS

Une histoire de la lecture, Actes Sud, 1998 ; Babel, 2000.L’Ordinateur de Saint-Augustin, Actes Sud, 1998. Texte inédit, hors commerce.Petites histoires de la littérature américaine, 1999. Texte inédit, hors commerce.Dans la forêt du miroir, Actes Sud, 2000 ; Babel, 2003.Le Livre d’images, Actes Sud, 2001.Chez Borges, Actes Sud, “Un endroit où aller”, 2003 ;Babel, 2005.Journal d’un lecteur, Actes Sud, 2004 ; Babel, 2006.Pinocchio & Robinson : pour une éthique de la lecture,L’Escampette, 2005.La Bibliothèque, la nuit, Actes Sud, 2006 ; Babel, 2009.Le Livre des éloges, L’Escampette, 2007.La Fiancée de Frankenstein, L’Escampette, 2008.L’Ilade et l’Odyssée d’Homère, Bayard, 2008.La Cité des mots, Actes Sud, 2009.

ROMANS

Dernières nouvelles d’une terre abandonnée, Le Seuil,1993 ; Babel, 1998.Stevenson sous les palmiers, Actes Sud, “Un endroit oùaller”, 2001 ; Babel, 2005.Un amant très vétilleux, Actes Sud, “Un endroit oùaller”, 2005.Un retour, Actes Sud, 2005.

BIOGRAPHIE

Kipling, une brève autobiographie, Actes Sud, “Unendroit où aller”, 2004.

DICTIONNAIRE

Dictionnaire des lieux imaginaires, Actes Sud, 1998 ;Babel, 2001. Ecrit en collaboration avec Gianni Guada-lupi.

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ALBERTO MANGUEL

2008

ACTES SUD

HORS COMMERCEAS : 7682

ISBN : 978-2-7427-8274-1Photographie de couverture : © Graig Stephenson

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