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    Francis BOULANGER. 18-05-06. Cours Grammaire

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    lments de Baselments de Baselments de Baselments de Base

    pour unepour unepour unepour une

    Grammaire de l'HbreuGrammaire de l'HbreuGrammaire de l'HbreuGrammaire de l'Hbreu

    Ce cours s'adresse aussi bien des hbrasants chevronns qu'des semi-dbutants. Pour ces derniers, ou pour une premire approchedes bases de la grammaire, il est fortement recommand de ne pass'aventurer dans les paragraphes en petits caractres et de s'en tenir auxparagraphes typographis (comme ici) en police "Arial" grands caractres.

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    Ce trs schmatique survol historique conduit faire les remarques suivantes1 :- contrairement la plupart des autres langues, lHbreu ancien (mme dil y a 28 sicles) est

    trs voisin de lHbreu moderne et est immdiatement (et presque entirement) comprhensiblepour qui parle lHbreu daujourdhui ;

    - si la morphologie de la langue hbraque na que peu volu de lpoque biblique lpoquemoderne (sauf dans le sens dune certaine simplification et de labandon de certaines formesgrammaticales trop compliques), il nen est pas de mme de la syntaxe : fait pour communiqueravec les autres langues daujourdhui, lHbreu moderne en a aussi largement adopt les schmasde pense (notamment un systme verbal de type temporel avec pass, prsent et futur, et laconstruction des phrases avec une principale et des subordonnes, ce qui ntait pas le cas delHbreu biblique) ;

    - lHbreu moderne a repris et systmatis lusage de lcriture consonantique, cest--direque, tout comme dans lHbreu biblique, seules sont crites les consonnes ; mais pour viter lesambiguts, certaines consonnes dites "semi-vocaliques" (surtout le yod et le waw) sont insresentre les consonnes du mot pour indiquer la voyelle prononcer, ce qui aboutit occulter presquetotalement la notion de voyelle longue ou brve ; or cest prcisment cette notion qui est la basede toute la grammaire massortique2 ;

    - l'volution rapide de l'Hbreu moderne et le caractre tout fait particulier de son patrimoinelittraire (le corpus biblique + le corpus mishnique, talmudique et "rabbinique" + la littraturehbraque moderne encore bien jeune) rendent difficile llaboration dune grammaire de lHbreumoderne : o trouver la rfrence pour tablir les "rgles" de la grammaire ? 3

    En rsum, lauteur dune grammaire de lHbreu est oblig de faire des choix :- faire une grammaire de lHbreu biblique, ce qui est bien connu depuis longtemps, mais

    rpond bien mal aux attentes de celui qui apprend lHbreu moderne ;- faire une grammaire de lHbreu moderne, mais avec la difficult permanente de pouvoir

    difficilement expliquer le pourquoi de bien des usages de cette langue ; de plus, les ncessairesprcisions concernant lHbreu biblique sont-elles mettre en appendice (qui pourrait semblersuperflu) ?, en notes parpilles au long du propos (au risque den perdre la cohrence) ? ou en

    pralable (bien indigeste) ?

    1 Ce qui suit suppose la connaissance de diverses notions de grammaires. Le dbutant en Hbreu a tout intrt laisscela de ct provisoirement.2 Par exemple on critrbd sil faut lirerb'D" ("davar = parole") etrbyd s'il faut lirerBeDI II I ("dibbr = il parla") ; commentcomprendre alors que la syllabe "dib-", crite avec un "i" long (et mme trs long puisqu'il y a une "mater lectionis" :yod crit), est en ralit une syllabe ferme avec une voyelle brve, et que c'est prcisment la caractristique de ceforme verbale au binyan pi l ?3 Ainsi, David COHEN et Ham ZAFRANI, pour leurGrammaire de lHbreu Vivant (Paris, P.U.F., 1968), choisissentde prendre comme rfrence une partie de la presse isralienne (cf. op. cit. p. V).

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    Le choix fait ici est le suivant :

    exposer le plus clairement possible les mcanismes de base de la grammaire tels que lesmassortes du Moyen-ge les ont codifis pour rendre compte du fonctionnement de la langue de

    lHbreu biblique ; ces mcanismes sont, en effet, pour lessentiel toujours valables mme pourlHbreu moderne.

    Dans les chapitres 1 et 2, tout ce qui, dans la grammaire de lHbreu biblique, a t totalement(ou presque) abandonn dans lHbreu moderne1 sera omis, ou simplement mentionn en note. Iln'en serait videmment plus de mme dans un ventuel chapitre 3 (sur le verbe) o devraient tredtaills tous ces lments si caractristiques de la langue biblique.

    Quand les grammaires modernes2 diffrent de la tradition communment admise, les deuxfaons denvisager les choses seront mentionnes.

    Les "tournures" ou usages de lHbreu moderne ne seront pas tous (loin s'en faut) traits ici ;il faudra, pour les trouver, se rfrer des cours de "pratique de la langue" ou des grammairesdites par ailleurs (voir bibliographie).

    Code typographique :

    Sauf erreur toujours possible, ce qui est important est toujours crit en grandscaractres (police Arial). Les paragraphes crits en caractres plus petits (policeTimes New Roman ou ParkAveD ) sont secondaires ou correspondent desprcisions plus "pointues", des excursus ou des exercices pratiques ; ilspeuvent ven-tuellement tre laisss de ct.

    1 Par exemple la conjugaison des verbes avec pronom personnel complment suffix, les formes "pausales" de certainmots, les formes conjugues avec waw inversif, etc.2 Par exemple Bruce K. WALTKE et Murphy OCONNOR, An Introduction to Biblical Hebrew Syntax (Winona Lake,Eisensbrauns, 1990).

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    02. Code de transcription

    Quand il sera utile de transcrire (ou plus exactement de "translittrer") un mot hbreu encaractres lisibles en franais, le code utilis sera le suivant :

    a l lB et b b et v m mG et g g n nDet d d s sh h [

    w w P et p p et fz z c x h q qj t r ry y f et v et sh Ket k k et kh T et t t

    Place de laccent tonique

    Note : l'astrisque accole un mot (*limd, *dajsh, *~v' !mI II I, etc.) signifie que ce mot qui sertd'exemple n'existe pas rellement.

    Rponses aux questions-tests de certaines pages qui suivent - page 35. Rponse = "oui" toutes les questions- page 38. Rponse = 2, 2, 2, 1, 4, 1, 3

    - page 55. Rponse = tous monosyllabiques sauf 5 qui ont 2 syllabes :sl'[/-n

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    03. BIBLIOGRAPHIE

    Grammaires de l'Hbreu moderne

    Brigitte DONNET-GUEZ,Grammaire de lHbreu, simple et pratique , 5me

    dition (La Varenne,Vera Pax ditions, 1993, 1998).

    "Simple et pratique" en effet. Lessentiel y est, mais parfois contestable. Ce qui concerne lHbrebiblique est sommairement regroup dans le chapitre final.

    Maurice HOROWITZ,Prcis de grammaire hbraque, le guide de lhbrasant gar , (Paris,Institut de la connaissance hbraque, 1969).

    Un peu sommaire et dat, mais encore prsent sur le march. David COHEN et Ham ZAFRANI,Grammaire de lHbreu vivant (Paris, P.U.F., 1968).

    Se veut "ouvrage de consultation pour les tudiants" selon les principes modernes de linguistique. Marie-Paule FELDHENDLER,Grammaire pratique de l'hbreu isralien, (Paris, ellipses, 2003).

    Tout rcemment sorti ; semble fort intressant.

    S'il y a dautres ouvrages actuellement sur le march franais, j'avoue ne pas les connatre.

    Grammaires de l'Hbreu biblique

    Pour ce qui concerne la grammaire de lHbreu biblique, le choix est nettement plus vaste.Citons en particulier (et en franais) : Paul JOON,Grammaire de lHbreu biblique (Rome, Institut biblique pontifical, 1923), (dition

    photomcanique corrige, 1965)1 ; la classique incontournable des francophones. Jan P. LETTINGA,Grammaire de lHbreu biblique traduite du nerlandais par A. et A.

    SCHOORS (Leiden, Brill, 1980). MAYER LAMBERT,Trait de grammaire hbraque (Paris, Ernest Leroux, 1931)2. TOUZARD,Grammaire hbraque abrge, nouvelle dition refondue parA. ROBERT (Paris,

    librairie Lecoffre, Gabalda & Cie, 1969) ;sans doute la plus rpandue.

    Et bien que cela ne soit pas traduit en franais, comment ne pas mentionner la classiquedes classiques laquelle tout le monde se rfre : [Wilhelm GESENIUS -] Emil KAUTZSCH,Gesenius Hebrew Grammar ("GKC" pour les

    intimes)translated by A. E. COWLEY , 2me dition (Oxford, Clarendon, 1910).

    1 Il en existe une version rvise et complte par Takamitsu MURAOKA, mais en anglais.2 Malgr son anciennet, ce livre presque introuvable reste de loin le meilleur existant ce jour en langue franaise.

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    On peut toujours utiliser avec profit les bonnes vieilles grammaires d'antan : M.D. SCHILLING,Grammaire hbraque lmentaire ; (Paris, Beauchesne, 1933). Jehanne LEFEVRE,Prcis de grammaire hbraque ; (Paris, Firmin-Didot, 1945). MEYER JAS,Grammaire hbraque lmentaire ; (Paris, ditions du comptoir du livre du

    Keren Hasefer, 1948). Charles F. JEAN,Grammaire hbraque lmentaire ; 3me dition (Paris, Letouzey et An,

    1950), (une nouvelle r-dition est sortie rcemment). etc. etc.

    Une mention spciale l'excellent ouvrage malheureusement quasi-introuvable aujourd'huicar non r-dit depuis longtemps : Paul AUVRAY,Initiation l'hbreu biblique ; 2me dition (Tournai-Paris-Rome-New York,

    Descle et Cie, 1952 1964) ;l'essentiel y est, trs clair ; avec, en prime, un trs bon rpertoire desprincipaux mots de l'Hbreu biblique classs par thmes.

    Meilleur manuel d'initiation que le prcdent, l'Hbreu biblique ; mthode lmentaire, de J.WEINGREEN (1939-1959), traduit par Paul HBERT, (Paris, Beauchesne, 1984),est enrevanche peu utilisable comme grammaire, car tout y est parpill en fonction des exercices.

    Divers outils de grammaire

    Ajoutons deux opuscules (raliss par Sha l BARQALI), pas chers du tout, mais latypographie trs "serre" et peu lisible ; ils peuvent rendre bien des services : ~leV'h; ~yli ii i['P.h; x;Wl = "tableau complet des verbes" ; conjugaisons selon les binyanm et les

    catgories, (Jrusalem, Rubin Mass, 1970, 1980). ~leV'h; tAmVeh; x;Wl = "tableau complet des noms", prpositions et particules ; avec leur flexion,

    (Jrusalem, Rubin Mass, 1964).

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    04. SOMMAIRE

    Chapitre 1. Inventaire descriptif des signes utiliss pour crire l'hbreu

    (consonnes, voyelles, etc.)

    11

    11. Les diffrentes sortes de signes 1312. Les consonnes et leurs particularits 1713. Les voyelles et leurs secrets 25

    Chapitre 2. Les bases de la grammaire massortique(racine, mot, syllabe, voyelles et shewa )

    31

    21. Le mot : la racine et le schme 3322. La syllabe, au cur du "systme" 37

    23. La mobilit des voyelles 4724. L'astuce et la subtilit du shewa 5125. L'assemblage des lments du mot 65

    Chapitre 3. Le verbe : le "plat de rsistance"(assez lourd digrer, malgr des recettes simples)

    [ paratre un jour ... peut-tre ?]

    Chapitre 4 et suivants [ paratre un jour ... peut-tre ?]

    Page

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    Chapitre 1

    INVENTAIRE DESCRIPTIFDES SIGNES UTILISS

    POUR CRIRE LHBREU

    (consonnes, voyelles, etc.)

    Attention ! Ce 1er chapitre est un simple inventaire pralable, mais indispensable, des signesutiliss en Hbreu. Il conviendra de sy rfrer quand ce sera utile, au fur et mesure dedveloppements concernant la grammaire proprement dite ; mais il serait trop indigeste dchercher tout retenir d'emble ; bref, un chapitre-"catalogue", consulter selon les besoins.

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    11. LES DIFFRENTES SORTES DE SIGNES

    LHbreu (qui scrit et se lit de la droite vers la gauche) dispose de 4 types de signes crits :

    111. des consonnes (~yrI II IWC[i ii i) : 22 en tout ; parmi elles, 5 (k, m, n, p, c) scrivent un peudiffremment quand elles sont en fin de mot (respectivement$, ~, !, @, #), et 4 (b, k, p, X)1 sontsusceptibles dune double prononciation ;

    [voir infra, au 121 page 17, le tableau des consonnes] ;

    112. des voyelles (tA[WnT.), mises au point par les massortes, mais qui ne sont pas crites dansles bibles manuscrites (uniquement dans les bibles imprimes), ni dans lHBREU moderne (saufpour des documents vocation pdagogique ou en posie) ;

    pour cette raison, 4 consonnesa, h, w, y, traditionnellement appeles "matres lectionis" 2 sontutilises en Hbreu biblique pour donner une indication utile la prononciation ; en Hbreumoderne il sagit surtout duw et du y ;

    [voir infra, 131a page 25 et 135 page 29, le tableau des voyelles] ;

    113. des signes "diacritiques" : signes conventionnels ajouts une lettre ou un mot afin dedistinguer entre deux lettres (ou deux mots) diffrent(e)s mais dont lcriture est identique :

    le point diacritique du " XXXX " : simple petit point plac latralement et en haut de cetteconsonne pour indiquer quil faut la prononcer sifflante (= s comme dans "sur") si le point estplac gauche (f ) ou quil faut la prononcer chuintante (= ch comme dans "chat") sil estplac droite (v) ;

    le dagsh qal (lq; ; vgED" = "point lger" ; il faut toujours prononcer "daguesh" et non pas"*dajesh") : ce simple point, lintrieur dune des six consonnes susceptibles duneprononciation soit douce (spirante) soit dure (occlusive), indique quil faut choisir laprononciation dure (occlusive) ; ce signe ne concerne videmment que les six consonnessurnommes les "BeGaD-KeFaT", cest direb, g, d, k, p, et t ;

    1 En Hbreu biblique, ctait le cas aussi de 3 autres (g, d, t ) ; mais on na pas gard la mmoire de leur double pronon-ciation. Se reporter infra ( 113 b) la formule mnmotechnique des "BeGaD-KeFaT", cest--dire les 6 consonnsusceptibles dtre affectes dun "dagsh qal" (cf. ci-dessus, 113b, propos des "signes diacritiques").2 Expression latine consacre par lusage (au singulier "mater lectionis"), signifiant littralement "mre(s) de lectur(c..-d. "guides" de lecture), que GENEBRARD, dans son Isagoge ad legenda et intelligenda Rabbinorum commentaria(Paris, 1563), attribue tort son "collgue" grammairien GUIDACERIUS, auteur dePeculium Agathi(1537), qui les yappelait "matres, scilicet sermonis" ("mres, videmment du langage").

    a

    b

    [ 111 113 b]

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    Noter que mme si la prononciation ne change plus que pour 3 dentre elles (b, k et p),il est important de bien se rappeler les 6 consonnes concernes par le dagsh qal pourcomprendre les mcanismes du shewa et des syllabes qui peuvent tre ouvertes ou fermes(cf. infra, 222a, page 38, et paragraphes suivants).

    le dagsh hazaq (qz"x' vgED" = "point fort")1 : graphiquement identique au dagsh qal (cest--dire un simple point lintrieur dune consonne), le dagshhazaq est dune tout autrenature : il indique que cette consonne2 est prononcer comme une consonne redouble(exemple :dMeli ii i - "il enseigna" - est prononcer "limmd" et non pas "*limd") ; ce signe peutaffecter nimporte quelle consonne, y compris les BeGaD-KeFaT, lexclusion des gutturales(a, h, x, [) et du r3 ;

    Quand un dagshhazaq affecte une des BeGaD-KeFaT, il faut le considrer comme jouant galement le rle de dagsh qal, cest--dire quil faut prononcer cette consonne noseulement comme consonne double mais aussi avec le son dur (occlusif) ; ainsi par exempllBeq i ii i se prononce "qibbl" et non "*qivvl" ; cette ambigut est une invitation la vigilance

    Note. Il faudrait ajouter la liste des signes diacritiquesle "rafh" (hp,r" = "mou","faible") ; ce petit trait horizontal plac au-dessus dune consonne indique que celle-ci esbien crite sans dagsh, ni qal nihazaq. Utilis dans certains manuscrits anciens, ce signe,inversement symtrique du dagsh, est presque toujours redondant et n'a rellement d'intrque dans des ouvrages de grammaire4 qui veulent "mettre les points sur les i" (en l'occur-rence ce serait plutt "mettre les traits sur les consonnes") et insister sur le fait que cett

    BeGaD-KeFaT doit tre prononce "douce" (= spirante) ou que cette consonne n'est pasredouble.

    le mappq (qyPi ii im; = "faisant sortir" ) : graphiquement identique au dagsh, ce point, n'affectantque la consonne h (et uniquement en position finale du mot), indique que ceH est une vraieconsonne gutturale et non pas la simple mater lectionis d'une voyelle (a ou ) et quil faut lafaire entendre comme telle (un peu comme en franais le h "aspir", mais plutt "expir") ;

    Cela ne se produit en fait que dans deux cas : pour signaler unh qui fait partie desconsonnes constitutives de la racine du mot (Hbg, Hmhm, Hgn, Hmt, Hmk et Hhl) ou un suffixepersonnel complment 3me personne du fminin singulier non vident (cf. infra au chapitresur les pronoms personnels suffixs). [Dans certains manuscrits, le mappq est utilis poutoutes les matres lectionis].

    1 Avec le cas rare duqyxi ii iD> ("press") = dagshhazaq "euphonique" dans la 1re consonne d'un mot troitement li ryth-miquement un mot termin par une syllabe ouverte en "a" ou "" (ex :aN"-hk'l. "va donc !" ;bAJ-hm; "que c'est bon" ! ).2 Cette consonne est ainsi "pointe", un peu comme une note de musique sur une partition musicale.3 En ralit, on trouve quelques rares cas dans la Bible dun dagsh affectant unr (17 fois = en 1 Sa 16, 1024, 1725,2 R 632, Jr 3912, Ez 164.4, Ha 313, Ps 525, Pr 38, 1121, 1410, 151, Jb 399, Ct 52, Esd 96 et 2 Ch 2610) ou una (4 fois =Ge 4326, Lv 2317, Jb 3321 et Esd 818) ; par ailleurs le point affectant parfois la gutturaleh en fin de mot nest pas undagsh de redoublement, mais un mappiq (voir ci-dessus 113d ).4 Quand il est not dans le texte de la Bible, comme cest le cas par exemple dans ldition anglaise de D. Ginzburg, signe complique plus la lecture qu'il ne la facilite.

    c

    dd

    [ 113 b d]

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    le patta h furtif (hb'WnG> xT'P;)1 : ce nest pas proprement parler un signe diacritique commeles prcdents, mais cest pourtant bien ici quil faut le ranger. Il est certes crit et prononccomme la voyelle pattah (ce qu'il est rllement du point de vue de la phontique). Pourtant,

    du point de vue de la grammaire, il ne faut pas, dans le systme massortique, le comptercomme une voyelle2. Il est not sous les gutturales[ , x ou H en fin de mot quand la voyellequi prcde est autre que "a"3 ; et sa seule raison dtre est dinviter ouvrir la bouche4 brivement, et immdiatement aprs avoir prononc la voyelle qui prcde, pour bien faireentendre la gutturale finale. Ainsi le motx;Wr (= "vent"), grammaticalement considr commen'ayant quune seule voyelle (le "") et non pas deux, se prononce "rah" et non pas "*rh" ;de mme le mot H;bo oo oG" (= "haut"), grammaticalement considr comme n'ayant que deuxvoyelles (le "a" et le "o") et non pas trois, se prononce "gavoah" et non pas "*gavoh" ;

    le maqqf [----] (@Qem; ; = "entourant", cest--dire "unissant") : ce signe en forme de trait dunion(quil faudrait plutt classer avec leste amm, cf. 114) indique quil faut considrer les deuxmots (ou plus) quil relie comme sils nen formaient quun seul, cest--dire comme une seuleet mme unit rythmique (ce qui est important dans lHbreu biblique, fait pour tre cantil),avec un seul accent tonique (situ bien sr sur la dernire partie du mot compos)5 ;

    la double apostrophe ["]6, insre lintrieur dun mot juste avant la dernire consonne,indique (uniquement en Hbreu moderne) quil ne sagit pas rellement dun mot mais soitdun sigle [par exempley"Xr (lire "Rash") signifie yqxcy hmwlv ybr = "Rabbi ShelmohYihaq"], soit dun chiffre, quivalent la valeur numrique des caractres qui constituent cepseudo-mot [par exempleg"yrt sert crire le chiffre 613]7 ;

    la simple apostrophe [], insre lintrieur dun mot juste aprs une consonne, indique(uniquement en Hbreu moderne, dans des mots dcalqus phontiquement de mots duneautre langue que lHbreu) que cette consonne ne doit pas tre prononce la manirehbraque, mais dune manire que lalphabet hbraque est incapable dindiquer (parexemple wg ne doit pas tre lu "go", mais "Jo" la franaise ... ou lamricaine).

    1 Appel traditionnellement "pattah ganv" (au masculin) dans les grammaires dHbreu biblique. 2 Ceci est un perptuel sujet de querelle entre spcialistes. Il me semble qu'on ne peut pas tre efficace dans la grammaire hbraque sans distinguer rsolument le point de vue de la ralit phontique et le point de vue d'un mcanismgrammatical logique (mais "virtuel"). Mme s'il est assez artificiel, c'est ce dernier qui sera toujours pris en compte ici3 La voyelle "a" est la seule qui se prononce avec la bouche grande ouverte ; toutes les autres voyelles impliquent ucertaine fermeture de la bouche, ce qui rend trs difficile de faire entendre une gutturale dans le mme mouvement.4 Cest--dire "faire Aaah" comme le savent si bien les mdecins dsirant examiner la gorge dun patient !5 Ce signe na pas autant dutilit en Hbreu moderne quen Hbreu biblique, mais on le trouve dans certains mots, pexemple les mots composs avec le prfixe ngatifyai ii i comme dansrv'p.a,-yai ii i (= "impossible").6 distinguer du signe appel "gershayim" signifiant "double apostrophe" (ou, en Hbreu moderne, "guillemets") qest not non pas entre les lettres mais au-dessus du mot, et qui fait partie deste amm.7 Voir infra ( 121) le tableau des consonnes avec leur valeur numrique.

    e

    f

    g

    h

    [ 113 e h]

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    114. des te amm ou "signes de cantilation" (~ymi ii i['j. , substantif masculin pluriel d'une racinesignifiant "donner du got, donner du sens") = ensemble de petits signes conventionnels placsau-dessus ou au-dessous des mots, mis au point par les massortes pour indiquer la faon decantiler le texte de la Bible ; ce systme cod trs astucieux (vritable analyse syntaxique du texte)et trop mal connu1 ne concerne vraiment que l'Hbreu biblique et sa syntaxe ; il ne sera donc pasprsent dans ces deux premiers chapitres.

    Notons pourtant que, parmi ses diverses fonctions, ce systme de signes signale aussi,pour chaque mot, sur quelle syllabe doit se mettrel'accent tonique . A la diffrence du franais eneffet, l'Hbreu, tant moderne que biblique, accentue nettement une des syllabes de chaque mot.C'est le plus souvent la dernire syllabe ; on dira dans ce cas que le mot est "oxyton" (y[i ii ir"L.mi ii i - ou[r:L.mi ii i -, mot d'origine aramenne signifiant littralement "de vers le sol, le bas") ; et si le "ton" ou

    "accent tonique" est situ sur l'avant-dernire (ou "pnultime") syllabe, on dira alors que le motest "paroxyton" (yli ii iy[eL.mi ii i - ou ly[eL.mi ii i -, mot d'origine aramenne signifiant littralement "de vers lehaut")2 ; il n'est que trs exceptionnellement sur l'antpnultime (l'avant-avant-dernire) syllabe3.

    Cela n'a pas qu'un intrt purement esthtique de musicalit : la place du ton est parfoisessentielle pour le sens d'un mot, mme en Hbreu moderne ; par exemple le mothm'q' signifiera"[elle] se lve" si l'accent est mis sur la dernire syllabe, mais "elle se leva" s'il est mis sur l'avant-dernire ; de mme, le mothr"yBi ii i est un mot d'origine biblique signifiant "citadelle" ou "capitale" s'ilest oxyton, mais c'est un mot d'importation trangre signifiant "bire" quand il est paroxyton.

    En Hbreu biblique massortique, fait avant tout pour tre cantil, le "ton" fait dechaque mot une "unit rythmique" (au sens musical du terme). C'est un paramtre dont lemassortes ont tenu le plus grand compte dans leur systme de grammaire (cf. chapitre 2) edans leur code d'criture. Ainsi plusieurs mots, relis par un (ou des) "maqqf" (cf. 113 f ),n'ont qu'un seulta am et sont rythmiquement interprts comme un seul mot. Ainsi certainsmots sont dits "proclitiques" (= sans ton, devant un mot accentu ; exemplebA j-yKi ii i, "quec'est bon",an' -xq;, "prends-donc") ; en Hbreu moderne on peut trouver aussi des mots"enclitiques" (= sans ton, derrire un mot accentu ; exemplean"-[m; v., "coute-donc").

    1 Certains auteurs n'y voient, hlas, qu'un catalogue tarabiscot de signes conjonctifs ou disjonctifs entre mots voisinEn ralit, faire de l'Hbreu biblique en ignorant leste amm, c'est peu prs comme prendre le volant d'une voiture enignorant les panneaux de circulation routire. 2 Les mots hbreux sont le plus souvent oxytons ; sont paroxytons surtout les noms dits "sgols" (cf. le chapitre sur lnoms), les noms affects de certains pronoms personnels suffixs (cf. le chapitre sur les pronoms), et certains moimports d'une autre langue.3 Exemples :hB'r:D>a; (ou aB'r:D>a; = " plus forte raison" ; mot aramen), ouWhV,m; (= "quelque chose") ; mais cela n'est jamais le cas dans la Bible.

    [ 114]

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    12. LES CONSONNES ET LEURS PARTICULARITS

    121. Liste des consonnes (= l'alphabet hbraque)

    LETTRES (taYti ii iAa)1 en criture... ... carre ... cursive 2 ...Rashi3 NOM Prononciation Catgorie4

    normale finale5 normale finale final

    valeurnum-rique (la plus courante)

    a 1 @l,a' h muet# Gal M.L. Qsc b / B 2 tybe / tyBe v# / b Bk Baf g / G 3 lM,GI II I g (dur) Bk d / D 4 tl,D" d Bk Dal

    h 5 ahe h aspir Gal M.L. Esc w 6 ww" v# M.L. Baf Esc z 7 !yI II Iz: z Dal x 8 tyxe "j" espagnol# Gal j 9 tyje t# Dal y 10 (ou dWy) dAy y M.L. Esc

    k / K $ 20 @k' / @K'" j" espagnol# / k Bk l 30 dm,l' l Esc m ~ 40 ~yme m Baf n ! 50 !Wn n Esc s 60 $m,s' s# Dal [ 70 !yI II I[; h muet# Gal

    p / P @ 80 ape e / aPe f / p Bk Baf c # 90 (ou ydI II Ic') hd

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    122. Les catgories reprer

    Il ne s'agit pas ici d'une classification "scientifique" selon les lois de la phonologie moderne(palatales, fricatives, etc.)1 mais des quelques catgories de consonnes ayant en commun une

    particularit qu'il faut avoir en tte pour comprendre tel ou tel point de la grammaire.

    [Gal] = les "gutturales" (!ArG"h; tAYti ii iAa ou tAYnI II IArG>, en abrg 'g) = a, et surtoutH, x et [ 2

    Parce qu'elles s'articulent au niveau de la gorge, ces quatre consonnes sont assezdlicates prononcer. En particulier il est difficile de les prononcer si la bouche n'est pas bienouverte et il est impossible de les faire entendre comme consonnes redoubles.

    C'est pourquoi on modifiera la voyelle qui les accompagne pour faciliter la prononciationchaque fois que ce sera la fois utile et possible ; exemples :

    - la prsence d'une gutturale entranera le choix d'une voyelle plus ouverte (le pattah) dansles noms "sgols" (exemple le "a" dext;P, ou les deux "a" der[;n: au lieu des deux "" de%l,m, ) ;

    - dans la conjugaison des verbes, l'inaccompli sera vocalis en "a" plutt qu'en "o" ;- les mots se terminant par les gutturales[ , x ou H seront souvent affects d'un pattah furtif

    (cf. 113e ) quand la gutturale finale n'est pas prcde de la voyelle "a".

    C'est aussi pourquoi ces 4 consonnes ne peuvent tre affectes par un dagsh hazaq(c'est--dire de redoublement), ce qui entranera des modifications vocaliques : allongement

    "compensatoire" (~Wlv.T; ~[i ii i) de la voyelle qui prcde ou "redoublement virtuel" (~Wlv.T; aw

    O OO Oll. ;cf. 222 sur les syllabes ouvertes ou fermes).

    C'est enfin parce qu'il est impossible de prononcer une gutturale sans voyelle imm-diatement avant une autre consonne qu'on ne mettra jamais un shewa mobile sous unegutturale, mais un shewa "color" vocaliquement (en "a", "" ou "o", cf. 242), c'est--dire unesemi-voyelle (en hbreu :@j'x] = "htif") permettant de faire entendre la gutturale.3

    Noter que lea, plus souvent "quiescent" (cf. infra 122k ) que guttural, supportemieux que les autres gutturales les voyelles fermes et ne requiert donc jamais le pattah furtif ;

    en revanche, il n'admet ni le dagshhazaq4

    ni le shewa mobile5

    . Quant auh, il est plussouvent mater lectionis (cf. infra 122d ) que guttural ; il est, bien sr, toujours guttural quandil est affect d'un mappq (H ; cf. supra 113d ).

    Comme le pattah furtif, le shewa mobile et le shewa color ne sont pas, grammati-calement, considrs comme des voyelles (cf. supra 113e avec la note 2).

    1 On peut trouver cela un peu partout, notamment dans la grammaire de COHEN et ZAFRANI (op. cit.).2 a = occlusive douce,[ = occlusive forte,h = fricative douce,x = fricative forte.3 Les gutturales supportent par contre parfaitement le shewa quiescent (cf. 242), mais en vertu de la loi du moindreeffort, l'usage s'imposera d'utiliser un shewa color sous une gutturale mme parfois la place d'un shewa quiescent,qu'on appellera alors "hatf auxiliaire" (cf. infra au chapitre sur la conjugaison des verbes avec une radicale gutturale).4 On trouvera quelques rares exceptions dans certains manuscrits bibliques (en Ge 4326, Le 2317, Jb 3321 et Esd 818 ).5 On trouve 51 fois dans la Bible un alf affect d'un shewa , mais c'est toujours un shewa quiescent.

    a

    [ 122 a]

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    [Dgsh] =refus du "dagsh hazaq" (pourle " rrrr ")

    Pour des raisons assez mal connues, l'impossibilit d'tre affect d'un dagshhazaq (etdonc d'tre redouble) concerne non seulement les consonnes gutturales (cf. supra), maisaussi la consonne "r"1. On pratiquera donc la rgle de l'allongement compensatoire pour le rshcomme pour la plupart des gutturales (exemple : au pi l, on dit normalementrBeDI II I - avec la 2me consonne redouble -, mais on dira%rEBe, avec un "i" allong en "" ; cf. 223b et 231 d ).

    [Bk] =les "BeGaD-KeFaT"

    En Hbreu biblique, 6 consonnes ont, pour un mme signe d'criture, deux prononciationspossibles. Cette double prononciation possible a t garde pour 3 d'entre elles :

    - le b avec prononciation douce (ou "spirante") comme le "v" franais

    ou prononciation dure ("occlusive") comme le "b" franais ;- le k avec prononciation douce (ou "spirante") comme le "j" espagnol (de "jota")

    ou prononciation dure ("occlusive") comme le "k" franais ;- le p avec prononciation douce (ou "spirante") comme le "f" (ou le "ph") franais

    ou prononciation dure ("occlusive") comme le "p" franais.

    La double prononciation a, en revanche, t oublie pour les 3 autres que l'on prononcetoujours de faon dure ("occlusive") :

    - leg, toujours prononc comme le "g" dur du franais ;- le d, toujours prononc comme le "d" franais ;- le t , toujours prononc comme le "t" franais.

    La prsence dans ces lettres d'un dagsh qal (cf. supra 113) indique qu'il faut utiliser laprononciation dure, et l'absence de ce mme dagsh qu'il faut opter pour la prononciationdouce. Mais si, en ce qui concerne la prononciation, la prsence ou l'absence du dagsh n'ad'utilit que pour les trois premires, il est pourtant indispensable d'tre attentif la prsence ou l'absence de ce signe diacritique dans les six BeGaD-KeFaT pour comprendre et bien manier

    les rgles de la syllabe, ouverte ou ferme (cf. infra 222 et 223).

    [M.L.] =les "matres lectionis" (ha'yrI II IQ.h; tAMai ii i)

    Complexe particularit de la langue hbraque dans laquelle on n'crit traditionnellementque les consonnes, c'est un procd qui consiste viter la plupart des ambiguts de lectured'un texte exclusivement consonantique en utilisant certaines lettres (des consonnes semi-vocaliques ou quasi-muettes, qui s'y prtent donc assez facilement) pour les ajouter au texte consonantique comme indicateur de la voyelle prononcer.

    1 Il y a en ralit 17 exceptions dans la Bible (pour la liste des occurrences, voir supra, 113c note 3).

    b

    c

    d

    [ 122 b d]

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    Ces lettres, traditionnellement surnommesha'yrI II IQ.h; tAMai ii i (littralement "mres de lecture" ;cf. supra 112 note 2), sont grammaticalement considrer comme des voyelles et non pascomme des consonnes (ce qu'elles peuvent toujours tre par ailleurs). Dans les biblesimprimes (o figurent les voyelles des massortes, le "dWQnI II I", cf. infra 13) un peu d'attentionsuffit les reprer presque coup sr : ces consonnes sont utilises comme matres lectionis chaque fois qu'elles ne sont affectes ni par une voyelle ni par un shewa 1.

    Sont donc utilises comme matres lectionis :

    - les deux consonnes naturellement semi-vocaliques : le "y" et le "w" (correspondant au "y" et au"w" franais), le "y" indiquant une voyelle type "i" ou "" et le "w" une voyelle type "o" ou "u"(toujours prononc "ou" et non pas comme un "u" franais) ;

    - mais souvent aussi les deux gutturales douces que sont le "h" et le "a" : le "h" (toujours en fin

    de mot) indiquant une voyelle "a" long (qama gadl) ou "" / "" (sgl ou rh) tandis que le"a" indique, en Hbreu moderne, un "a" (ou un "") tout comme le "h"2.

    Retenons, pour rsumer la question des matres lectionis, que

    - en Hbreu moderne, il s'agit surtout d'une convention de lecture : on y utilise normalementl'criture pleine (aleM'h; bt'K.h;) c'est--dire sans les points-voyelles (dWQnI II I) des massortes, selonles procds indiqus ci-dessus3 ;

    - en Hbreu biblique, c'est la fois une question de lecture et une question de grammaire.

    C'est une question de lecture en ce sens que le texte manuscrit de la Bible (= n'importequel hr"AT rp,se ) est crit sans dWQnI II I mais avec un code de matres lectionis grammaticalementassez peu cohrent, et dont les massortes ont hrit sans vouloir y faire de retouches.

    C'est donc aussi une question de grammaire car dans les ditions de travail de la Bible,crits en criture dfective (rsex'h, bt'K.h;), figure ledWQnI II I, c'est--dire le systme de vocalisationdu texte mis au point par les massortes de Tibriade ; or si leur systme cod de voyellesvisait une parfaite cohrence, ils ont d tenir compte des matres lectionis dj prsentes dansle texte consonantique, ce qui a conduit aux astucieuses transgressions mesures de leurspropres rgles qui font tout le charme de la grammaire hbraque.

    1 En ralit, cela ne saute pas toujours aux yeux : par exemple dans le mottAc.mi ii i (= "commandements"), le waw est unevraie consonne affecte de la voyelle "o" (hlamhasr), tandis que dans le mottACm; (= "pains azymes"), le waw est lamater lectionis de la voyelle "o" avec laquelle il forme donc une seule voyelle longue (hlam mal ). En Hbreumoderne la difficult est rsolue en crivant conventionnellement la lettre ambigu en double exemplaire lorsqu'il fala lire comme une consonne (exemple :twwcm pour "commandements", maistwcm pour "pains azymes"). 2 En Hbreu moderne, l'emploi du "h" ou du "a" dpend beaucoup de l'origine (hbraque, aramenne ou yidish) des

    mots. En Hbreu biblique, le "h" est mater lectionis du "a", et souvent aussi du "" ou "", voire du "o", mais toujoursen fin de mot ; quant au "a" il n'y est pratiquement jamais mater lectionis mais presque toujours en tant que lettre faisantpartie de la racine du mot (mme quand ce "a"est quiescent ; cf. infra 122k ).3 Pour plus de dtails, se reporter un cours de "pratique de la langue".

    e

    f

    [ 122 d f]

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    [Esc] =aptitude l' escamotage

    Ce terme, parfaitement tranger au vocabulaire des grammairiens, vise attirer l'attentionsur diffrents points de grammaire ayant en commun de manifester la "fluidit" de certainesconsonnes, pouvant disparatre ou se modifier, ce qui risque de tromper la vigilance del'hbrasant.

    - Transformation voyelle / consonne (et rciproquement) :le " wwww " et le " yyyy ", qui sont par naturedes consonnes semi-vocaliques (type "y" et "w" franais ; cf. ci-dessus 122d ) peuvent parfois,dans un mot, passer d'un rle l'autre.

    Ainsi par exemple, les verbes de typew"[ ou y"[ (c'est--dire dont la 2me consonneradicale est un "w" ou un "y" ; cf. chap. 3) se conjuguent normalement avec le "w" ou le "y"utiliss comme voyelles (conjugaison type~wq / ~yf), mais se conjugueront avec le "w" ou le"y" utiliss comme consonnes si la 3me consonne radicale est un "h" (exemple :hwc, hwq, hyx,

    etc.) ; de mme le "y" (consonne) initial d'un substantif peut devenir voyelle du fait del'adjonction d'un prfixe (exemple :~yI II Il;v'Wry> = "Jrusalem", avec un "y" consonne ; mais~yI II Il;v'WryBi ii i = " Jrusalem", avec un "y" voyelle) ; ou encore le prfixe "w", conjonction decoordination de type consonne, se fera voyelle devant une "bumaf"1 (exemple :~aew> ba' ="pre et mre", avec un "w" consonne ; mais!beW ba' = "pre et fils", avec un "w" voyelle.2

    - lision d'une consonne, c'est--dire sa disparition totale : selon la terminologie des grammai-riens, cette lision peut tre ...... en tte du mot (= "aphrse") : surtoutle " yyyy " et le " nnnn "3, notamment l'impratif des verbes

    de type y"p ou n"p (c'est--dire dont la 1re

    consonne radicale est un "y" ou un "n" ; cf. ch. 3) ;exemple dr:y" = "il descendit", maisdrE = "descends !" (du verbedry) ...... l'intrieur du mot (= "syncope") : surtoutle " hhhh " prfix en dbut de mot quand il est lui-mme prcd d'un autre prfixe comme l'article dfini (h['ydI II IY>h;-ahe) prcd d'une prpositioninsparable prfixe [type-B., -K., ou -L.] ; exemple :rB'd>Mi ii ih; = "le dsert" maisrB'd>Mi ii iB; = "dans ledsert" 4...... en fin de mot (= "apocope") :le " hhhh ", surtout dans certaines formes conjugues des verbesde type h"l (c'est--dire dont la 3me consonne radicale est un "h" ; cf. ch. 3) ; exempleWnB' = "ilsconstruisirent" (du verbehnb).

    - Assimilation totale d'une consonne dans la consonne qui la suit :surtout le " nnnn " : dpourvu devoyelle et prcd lui-mme d'autre chose, le "n" disparat en tant que caractre crit ets'assimile la consonne qui le suit, entranant ainsi le redoublement de celle-ci (laquelle se voit

    1 Cf. infra 122l.2 Cf. infra propos des shewa ( 24), des conjugaisons (ch. 3) et des particules prfixes (ch. ?). Autre cas : des motscommeqWv (= "souk", "march", avec un waw voyelle) ont un pluriel de type~yqi ii iw"v. (avec un waw consonne).3 Et aussi le "l " mais seulement pour le verbexql = "prendre". Les rares cas bibliques d'aphrse du "a" comme dansdx; (pourdx'a, = "un" cf. Ez 3330) ne sont gure usits aujourd'hui hormis dans la chanson du sdr de Psah "ay"d>G: dx;".

    4 C'est aussi presque toujours le cas du prfixe "-h" caractristique de la conjugaison aux binyanm hif il et hof al (cf.chapitre 3) quand il est prcd d'un pronom sujet prfix.

    g

    h

    i

    [ 122 f i]

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    donc affecte d'un dagshhazaq) ; exemples : on dit~V'mi ii i (= "de l") et non pas *~v' !mi ii i ; on ditgySi ii ihi ii i (= "il dplaa") et non pas *gysi ii in>hi ii i.

    Ce procd est comparable l'assimilation du "n" du prfixe franais "in-" quis'assimile la consonne qui le suit comme dans "immrit" ou "illimit" ; mais si le Franai juxtapose les deux consonnes identiques, l'Hbreu les "superpose" par le procd du dagsh

    Noter qu'on trouve aussi l'assimilation totale ou partielle du "t " (et trs rarement du"d"), mais c'est plutt ici un problme de consonnes "dentales" qui sera voqu ci-dessou( 122m) et surtout (au ch. 3) propos de la conjugaison du verbe au binyan hitpa l.1

    - Les consonnes "fantmes"2 : le faux " hhhh " et le faux " yyyy ". Il est communment admis par leshistoriens de la langue hbraque que les trois consonnes "w", "y" et "h" sont trs "parentes"entre elles et qu'elles se sont peu peu transformes l'une dans l'autre selon le processussuivant : le "w" a tendance se transformer en "y", et le "y" a tendance se transformer en "h".Mais comme le naturel chass qui revient au galop, la consonne ancienne (ou "primitive")revient volontiers la place de sa remplaante dans certaines circonstances. Ce schma endeux temps (du waw au yod et du yod au h ) est trs utile pour comprendre bien desbizarreries apparentes de l'Hbreu.

    Celles-ci seront abordes (infra) dans les chapitres o elles doivent apparatre, mais envoici une liste sommaire : les verbes de typey"p qui sont en ralit desw"p3, les verbes detype h"l qui sont en ralit desy"l 4 voire mme exceptionnellement desw"l 5, lesinterfrences entre verbes de typew"[ et y"[ et la parent smantique entre les mots drivsdes racinesw"[ et y"[ [par exemple la racinexwr xyr, d'o drivent des mots avec un wawconsonne commexw:r< = "espace", des mots avec un waw voyelle commex;Wr = "vent" et desmots avec un yod voyelle commex;yrE = "parfum"] ...

    [Qsc] =quiescent (littralement "au repos" ou "dormant") :le " aaaa ".

    Une consonne est dite "quiescente" quand elle est crite, mais sans tre affecte d'unevoyelle ni d'un shewa , et non perceptible dans la prononciation du mot o elle figure. Certes onpourrait qualifier toutes les matres lectionis de "quiescentes". Mais si le "w", le "y" et le "h" sont

    nettement des indications vocaliques pour les sons "u/o", "i/" et "a", le "a" ne joue le rle demater lectionis que d'une faon trs ambigu (cf. 122d ). En ralit, quand il n'est affect nid'une voyelle ni d'un shewa , il est plutt quiescent, c'est--dire qu'on prononce le motexactement comme si ce "a" n'existait pas.

    1 Quant l'assimilation de "l " on ne la trouve gure que pour le verbexql qui donnera par exemplexQ;yI II I = "il prendra".2 S'il est permis d'employer des termes trangers au vocabulaire des grammairiens.3 Cf. l'ancien waw initial de la racinedlw, supplant par un yod comme dansdl,y< (= "enfant"), mais qui rapparat dslors que la racine est prcde d'un prfixe, comme dans le nomtd,l, Am (= "patrie").4 Cf. l'ancien yod final des verbesy"l devenush"l qui rapparat dans la conjugaison ds lors qu'un suffixe est ajout la racine :hn"B' (= "il btit"), maisyti ii iynI II I B' (= "je btis").

    5 Cf. le verbewlv qui a subsist jusque dans l'Hbreu moderne ct du verbehlv et avec peu prs le mme sens("vivre dans la tranquillit").

    j

    k

    [ 122 i k]

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    Il a pourtant de l'importance smantiquement car il fait en gnral partie de la racine, etgrammaticalement car il laisse ouverte la syllabe dont il fait partie (cf. infra 222). Bienentendu, quand il est quiescent, le "a" n'est pas considrer comme une gutturale.

    C'est pour cela que, dans les conjugaisons, ct de la catgorie abondante des verbes

    commenant par une gutturale (y compris la gutturale "a"), on distinguera une catgoriespciale pour quelques verbes commenant par un "a" non pas guttural mais quiescent (parexemple les verbesrma = "dire",lka = "manger").

    [Baf] = bumaf (@m;WB) : les lettres" bbbb ", " wwww ", " mmmm ", " pppp " ; c'est--dire les quatre consonnes(bi-)labiales dont dispose l'Hbreu. Le fait qu'elles se prononcent avec les lvres rapprochesl'une de l'autre rend difficile la prononciation de certains sons. En pratique, pour ce quiconcerne la grammaire de la langue, cela joue surtout dans la manire de vocaliser (et donc de

    prononcer) la conjonction de coordination prfixe (-w) : devant une "bumaf", le waw ne seprononcera pas w> ("we"), maisW ("ou"), comme cela a dj t dit et illustr ( 122g ) proposde la "transformation voyelle / consonne".

    [Dal] =dentales : les lettres" dddd ", " zzzz ", " jjjj ", " tttt ", " XXXX ", " ssss " et " cccc " ; comme cela a dj tdit ci-dessus ( 122i ), ces consonnes sont suceptibles d'assimilation totale ou partielle, ainsique de "mtathse" (c'est--dire de permutation) avec la consonne voisine. Il sera plus simpled'expliquer ces questions en situation concrte, dans le chapitre 3 concernant le verbe aubinyan hitpa l.

    En rsum, un petit "truc" qui peut tre utile :

    nant mini moyen moyen maxiLE "PALMARS" DES CONSONNES

    aptitude au redoublement virtuel r a [ h xrticence au shewa quiescentet attirance pour le shewa color r x h [ a

    tendance disparatre aquiescent

    nassimil

    yvoyellis

    wvoyellis

    hlid

    rsistance aux chocs1 hvapor

    nassimil

    tassimil

    ainerte

    tendance se transformer w y h

    1 C'est--dire son comportement quand elle est comme "prise en sandwich" du fait de l'adjonction de certains prfixes.

    l

    m

    n

    [ 122 k n]

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    13. LES VOYELLES ET LEUR(S) SECRET(S)1

    130. Avertissement ! Les voyelles hbraques, qui par nature sont "mobiles" (d'o leur nom"tA[WnT." = "mouvements", de la racine[wn = "bouger"), constituent en fait le cur de toute la

    grammaire de l'Hbreu labore par les massortes, grammaire reste inchange dans l'Hbremoderne, mme si elle y est quelque peu "malmene" par l'usage. Le subtil mcanisme devoyelles et de leur mobilit sera expliqu au chapitre 2. Il s'agit donc ici d'un simple inventairdescriptif des diffrentes voyelles utilises en Hbreu ; et bien entendu, comme ci-dessus poules consonnes, beaucoup de prcisions donnes ici resteront sans doute hermtiques auxdbutants. Il sera prfrable de se rfrer ce chapitre 1er au fur et mesure que telle ou tellequestion prcise de grammaire sera aborde dans les chapitres 2 et suivants.

    131. Liste des voyelles selon leurs noms traditionnels

    [L'usage est de les classer selon leur plus ou moins grande "longueur" ; cf. infra 133-134] les 6 voyelles "longues" (tAlAdG> tA[WnT.) :

    - le qama gadl (lAdG" #m'q')2 [ = " "" " ]3.................................................qui se prononce "a"- le rh (hr

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    les 4 (soi-disant)voyelles "trs brves" (1tApWjx] tA[WnT.) :

    Parfois appeles improprement "demi-voyelles", ou "semi-voyelles", ces "shewa " et"shewa colors" sont certes indispensables la prononciation des consonnes gutturales,mais, si l'on veut comprendre quelque chose la grammaire hbraque, il faut garder toujourprsent l'esprit que, grammaticalement parlant, elles ne sont pas considres comme devoyelles, mais tout au contraire comme des signes indiquant une absence de voyelle2 !(cf. infra au chapitre 2).

    - le shewa (aw"v. = "droit") [ > >> > ] prononc peu prs comme le "e " muet franais3 - le hataf-pattah (xT'P;-@j;x] ; ou shewa -pattah) [ } }} } ] prononc "a " (bref)- le hataf-sggl (lAGs,-@j;x] ; ou shewa -sggl) [ ? ?? ? ] prononc " " (bref)- le hataf-qama (#m'q'-@j;x] ; ou shewa -qama) [ | || | ] prononc "o " (bref).

    132. Liste des voyelles selon la phontique moderne

    Une voyelle, c'est le son produit par une colonne d'air mise par les poumons, avec unecertaine "note" (= la vibration de cet air, plus ou moins grave ou aigu selon la tension des cordesvocales dans le larynx) et un certain "timbre" (selon la position et le mouvement de la langue)4.

    Ainsi les voyelles peuvent tre articules plus ou moins en avant, ou au centre ou au fond de la

    cavit buccale5 :

    - antrieures : hrq, rh, sggl- centrales6 : le pattah, le qama

    ainsi que le "e muet" type shewa- postrieures :hlam, qubb et shrq

    Elles correspondent aussi une plus ou moins grande ouverture de la bouche :- ouverte : "a"- semi-fermes : "o" ; "" et ""- fermes : "u" ; "i"

    1 Adjectif synonyme debWNG: (cf. 113e, propos du pattah "furtif") et signifiant "enlev" ou "drob".2 S'il fallait un "truc" pour s'en souvenir, il suffirait de penser au mot trs voisinaw>v' qui signifie "vanit", "nant".3 La prononciation du shewa l'isralienne est plutt "" que "e muet", surtout quand c'est un shewa mobile ; mais vule nombre de voyelles hbraques qui se prononcent "" (ou ""), cela ne facilite pas vraiment les choses !4 Les consonnes, elles (cf. supra 11), sont les "bruits" produits par la colonne d'air selon les obstacles qu'elle rencontdu fait de la position ou des mouvements de l'appareil phonatoire (larynx, pharynx, palais, langue, dents et lvresmodifiant ainsi la rsonnance des voyelles mises.5 Cf. U. ORNAN, "HEBREW GRAMMAR", inEncyclopedia Judaica,Vol. 8, col. 90 (Jerusalem, Keter, 1971).6 Le son "a" peut en ralit tre articul n'importe o entre une position antrieure et une position postrieure.

    i u

    [e muet] o

    a

    Dans le schma trapzodal classique ci-dessus,

    - l'axe vertical correspond au degr d'ouverture dela bouche : du plus ouvert (en bas) au plus ferm(en haut) ;- l'axe horizontal correspond la position del'articulation de la voyelle dans la bouche : del'avant ( gauche) l'arrire ( droite).

    c

    a

    b

    [ 131 c 132 b]

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    133. Classement des voyelles selon leur origine

    Toutes les grammaires "srieuses" de l'Hbreu biblique analysent longuement les voyellesselon leur origine et leur volution. Fondes sur les recherches des spcialistes en langues

    anciennes compares, ces considrations fort pertinentes ont l'inconvnient d'tre bases sur deshypothses plus ou moins vrifiables et d'tre trs difficiles manier pour les non-spcialistes.

    Un rsum grossier peut en tre fait par le schma suivant1 :

    longues y I II I A W

    moyennes E EE E " "" " [gadl] O OO O v o y e l

    l e s

    h b r a q

    u e s

    brves I II I <

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    - les massortes "naqdanm" de Tibriade (ceux qui ont invent les signes d'criture desvoyelles) tenaient compte d'une certaine longueur relative des voyelles dans leur faon de placerles "dagsh" et les te amm, mais n'ont pas retenu le paramtre de la longueur des voyelles dansleur code de signes d'criture vocalique1 ;

    - les grammairiens espagnols des 9me

    au 12me

    sicles2, qui crivaient gnralement en arabe,

    ont souvent tenu pour essentiel ce paramtre de la longueur des voyelles ;- en Hbreu moderne, il est trs difficile (mme la lecture d'un texte crit sans le niqqd) de

    distinguer si une voyelle est brve ou longue ;- et pourtant, il suffit de s'appliquer bien prononcer l'Hbreu (surtout biblique) avec les accents

    toniques pour se rendre compte que les voyelles n'ont l'vidence pas toutes (ni toujours)exactement la mme longueur !

    135. Le conseil de "bison ft"

    Pour bien comprendre la grammaire de l'Hbreu, le tableau des voyellesci-dessous, relativement simple mmoriser, s'avrera trs efficace.

    - L'axe horizontal correspond l'ouverture de la bouche :au centre = l'ouverture maximale (bouche grande ouverte)

    [les sons de la classe "A" = "A"] ;

    vers la gauche = fermeture "latrale" (en loignant les commissures des lvres) [les sons de la classe I = "", "", "I"] ;

    vers la droite = fermeture "antrieure" (en rapprochant les lvres vers l'avant) [les sons de la classe U = "O", "U"]3.

    - L'axe vertical correspond la longueur des voyelles (voyelles plus longues vers le haut, voyellesplus brves vers le bas).

    - A peu de choses prs, les modifications d'une voyelle en une autre (abrgement ou allongement)se font en passant d'une case une case voisine (comme le roi sur un jeu d'chec).

    1 Noter que le signe unique utilis pour le qama laisse penser qu' leur poque il n'y avait qu'une seule faon dprononcer (sans doute "o" ; mais ce point reste en dbat).2 En particulier Joseph Kimhi (12me s.) qui a voulu btir un systme (bien artificiel) avec 5 voyelles brves (pattah,sggl,hrq qatan, qama qatan, qubb) et 5 voyelles longues (qama gadl, rh,hrq gadl,hlam, shrq).3 La fermeture est continue et progressive dans les deux sens : tous les sons intermdiaires sont thoriquement possibl

    Tableau des voyelles de "Bison ft :Tableau des voyelles de "Bison ft :Tableau des voyelles de "Bison ft :Tableau des voyelles de "Bison ft :

    voir page suivante.voir page suivante.voir page suivante.voir page suivante.

    [ 134 135]

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    FERM latralement OUVERT FERM en avant

    classe I classe A classe U son prononc "I" "" "" "A" "O" "U"

    longuesavec matres lectionis y I II I y E EE E y < > > parfois color en ? ?? ? } }} } | || |

    Note : la courbe en pointills correspond grosso modo aux modifications les plus frquentes.

    Tab leau des voye l l e s de "Bi son f t" :Tab leau des voye l l e s de "Bi son f t" :Tab leau des voye l l e s de "Bi son f t" :Tab leau des voye l l e s de "Bi son f t" :

    [ 135 suite]

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    Chapitre 2

    LES BASES DELA GRAMMAIRE MASSORTIQUE

    (Racine, Mot, Syllabe, Voyelles et Shewa )

    Comme cela a t expliqu supra (cf. 01 Prliminaire) et plusieurs fois voqu dans lechapitre 1er, toute grammaire de l'Hbreu est fonde sur le travail des massortes, et plusspcialement des "naqdanm" qui ont mis au point un systme de signes (voyelles, accents ote amm, et signes diacritiques divers) ajoutables au texte purement consonantique de la Biblafin d'en prciser le plus exactement et le plus fidlement possible la manire de les prononceet donc de les comprendre. Quand, partir du 10me sicle (avec Saadia Gaon, Jonah ibn Janah,etc.), on commena crire des livres de grammaire hbraque, ce fut en s'inspirant largemendes schmas de la grammaire grecque pour les adapter la langue hbraque.

    La grammaire prsente ici est qualifie de "massortique" non pas parce qu'elle serait unreconstitution de ce que les massortes avaient en tte (comment le savoir ?), mais parce qu'else veut " la manire des massortes", c'est--dire avec le souci permanent de concilier la fidlt au donn reu et la plus grande cohrence possible. Et puisque le but vis tait que chaqulecteur du texte biblique, mme non spcialiste, le lise correctement sans avoir rflchir uquart d'heure entre chaque mot, il fallait que la cohrence du systme de signes soit trs simple

    Tel est le parti-pris de ce chapitre (et bien sr aussi des suivants) : mme si ce n'est sansdoute pas historiquement exact, la grammaire de l'Hbreu sera prsente en supposant qu'ellefonctionne exactementcomme un jeu de construction (type "Lego" ou "Meccano"), c'est--direqu' partir d'un nombre restreint d'lments de base, et selon des procds d'assemblage simples,on peut "construire" des "objets" plus ou moins complexes ; ces mmes "objets" peuvent aussi,bien entendu, tre complts par d'autres lments de base ou assembls eux-mmes entre eux,mais toujours avec les mmes procds d'assemblage1.

    C'est en ce sens que ce chapitre 2 est " la base" de toute la suite. Et puisque "grammaire"se dit en HbreuqWDq.DI2, recherchons donc la "prcision" dans le moindre "dtail".

    1 Pour plus de prcision, s'informer auprs d'un enfant qui aime "faire du Lego".2 D'une racine signifiant "broyer finement" (plutt style sucre glace que sucre en poudre) ; tandis que le nom frana"grammaire" vise avant tout la "lettre crite" ou le "texte" (en grec "gramma").

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    21. LE MOT (hL'mihL'mihL'mihL'mi) : LA RACINE (vrvrvrvr<

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    Rsum : 1 racine + 1 schme = 1 mot (et rciproquement)

    Exemple : de la racine "kaf-taw-bt" [btk] dont le sens est "action d'crire" on drivera, selonle schme utilis, des mots tels que :

    [lments du schme] [ btk] + schme mot[voyelle] " "" " > >> > bt'K. = criture[voyelles] " "" " : :: : bT'K; = crivain[voyelles] : :: : " "" " bt;K' = il a crit[voyelle + prfixe] : :: : > >> > n I II I bT;k.nI II I = il a t crit[voyelle + prfixe] y I II I > >> > h i ii i byTI II Ik.hI II I = il a dict[voyelle + prfixe] " "" " > >> > m i ii i bT'k.mI II I = lettre[voyelle + suffixe] t < >> > tb,to oo o K. = inscription, adresse (postale)[voyelles et mater lectionis finale] h " "" " U UU U | || | hB'tuK. = contrat de mariage (crit)[voyelles et mater lectionis finale] h " "" " W > >> > hb'WtK. = crite[voyelle + deux suffixes (-an + -t)] tW n " "" " > >> > : :: : tWnb't.K; = dactylographie[voyelleset mater lectis finale + prfixe] h " "" " " "" " > >> > h ; ;; ; hb'T'k.h; = dicte

    etc. [Note : le signe " " reprsente une consonne de la racine, quelle qu'elle soit.]

    Consquences concrtes

    - Quelqu'un peut inventer un mot absent de tous les dictionnaires hbraques et tre pourtantparfaitement compris s'il a driv ce mot d'une racine connue avec un schme courant ; cequi n'est pas vraiment le cas en franais.

    - Plus on sera attentif aux racines et aux schmes utiliss pour chaque type de mots et plusles mcanismes de la grammaire hbraque paratront simples.

    - En Hbreu moderne, tout ce qui prcde vaut autant qu'en Hbreu biblique, ceci prs queles nombreux mots "hbreux" qui ont t dcalqus de mots d'une langue trangre nonsmitique ne correspondent videmment ni une racine ni un schme hbraques ;pourtant s'ils doivent tre "conjugus" (verbes) ou "flchis" (substantifs), ils suivent quandmme les rgles de la grammaire hbraque.

    Ils sont mme souvent utiliss comme s'ils correspondaient une racine hbraque ;ainsi du substantif!Apl,j,, videmment translittr du mot franais "tl-phone" (du grec"phon" prfix de "tl-", et dont la racine n'a rien de consonantique ni d'hbraque)l'Hbreu a non seulement driv des mots commeynI II IApl,j, ("tlphonique") ouyan:Apl,j, ("tlphoniste") l'aide de suffixes identiques ceux des schmes usuels, mais aussi de

    e

    d

    f

    [ 21 d 21 f]

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    Examen de "passage-au-paragraphe-suivant" Compte tenu de ce qui a t dit jusqu'ici, est-il ou non imaginable (au moins thoriquement)

    - -- - qu'un mot hbreu se termiqu'un mot hbreu se termiqu'un mot hbreu se termiqu'un mot hbreu se termine par une voyelle ? ne par une voyelle ? ne par une voyelle ? ne par une voyelle ?- -- - qu'un prfixe hbreu se termine par une consonne ? qu'un prfixe hbreu se termine par une consonne ? qu'un prfixe hbreu se termine par une consonne ? qu'un prfixe hbreu se termine par une consonne ?- -- - qu'un prfixe hbreu se termine par une voyelle ? qu'un prfixe hbreu se termine par une voyelle ? qu'un prfixe hbreu se termine par une voyelle ? qu'un prfixe hbreu se termine par une voyelle ?- -- - qu'un prfixe hbreu soit compos luiqu'un prfixe hbreu soit compos luiqu'un prfixe hbreu soit compos luiqu'un prfixe hbreu soit compos lui- -- -mme de plusieurs consonnes ou voyelles ? mme de plusieurs consonnes ou voyelles ? mme de plusieurs consonnes ou voyelles ? mme de plusieurs consonnes ou voyelles ?- -- - qu'un suffixe hbreu soit compos luiqu'un suffixe hbreu soit compos luiqu'un suffixe hbreu soit compos luiqu'un suffixe hbreu soit compos lui- -- -mme demme demme demme de plusieurs consonnes ou voyelles ? plusieurs consonnes ou voyelles ? plusieurs consonnes ou voyelles ? plusieurs consonnes ou voyelles ?

    - -- - qu'un suffixe hbreu commence par une voyelle ? qu'un suffixe hbreu commence par une voyelle ? qu'un suffixe hbreu commence par une voyelle ? qu'un suffixe hbreu commence par une voyelle ?[La facilit et la rapidit avec laquelle il rpondra aux questions qui prcdentest un bon test de la vigilance et du "bon sens" du lecteur. Rponses p. 6.]

    verbes comme!Pel.j;l. et !pel.J;hI II Il. ("tlphoner" et "se tlphoner") l'aide des schmeshbraques normaux, comme s'il s'agissait d'une racine hbraque de quatre consonnes1.

    la technique de l'assemblage "Racine + Schme"

    Tout deviendra plus clair quand sera expliqu (au 22) le mcanisme de la syllabe ; maisds prsent il est utile de retenir ceci :

    - bien entendu, les voyelles du schme s'intercalent entre les consonnes de la racine ;

    - toute voyelle doit ncessairement suivre une consonne (celle avec laquelle elle est pronon-ce) ; et donc un mot ne peut jamais commencer par une voyelle, mais toujours par uneconsonne2 ;

    - une consonne peut en revanche n'tre affecte (c'est--dire suivie) par aucune voyelle ;

    dans ce cas cette consonne doit ncessairement tre affecte par un shewa (signeconventionnel signifiant "absence de voyelle sous3 cette consonne" ; cf. supra 131c ) ;

    En fait, mme dans les textes vocaliss, on se dispense d'crire le shewa sous uneconsonne (sans voyelle) quand elle est en fin de mot ; ceci, pure convention d'criture, nchange rien la grammaire ni la prononciation du mot ; mais pour viter certaines erreurde lecture et donc de comprhension, on crira quand mme le shewa "sous" certaines con-sonnes finales : essentiellement le "kaph final" [%-] et le "taw" final" [T.-] de certains mots4.

    - enfin, en aucun cas une consonne ne peut tre affecte par deux voyelles la fois5 ; une

    consonne ne peut avoir que soit une voyelle, soit un shewa .

    1 Mais c'est au prix d'entorses quelques rgles de la grammaire, en l'occurrence celle des BeGaD-KeFaT, pour vitque le son "f" (ou "ph") caractristique du mot "tlphone" ne se transforme parfois en "p" selon les rgles normales.2 Seule exception = la voyelle longue "shrq" quand la conjonction de coordination "waw" (qui est une consonne semvocalique certes, mais consonne quand mme) est exceptionnellement vocaliseW ("ou") quand elle est prfixe unmot commenant par une "bumaf" (cf. supra 122l) ou par une consonne avec shewa (cf. prpositions insparables).3 Entendre "sous" au sens d affecte ; mme si graphiquement le signe vocalique est crit au dessus ou gauche la consonne, "une voyellesous une consonne" signifiera toujours "une voyellequi suit immdiatement une consonne".4 Cest en particulier le cas presque toujours pour le pronom sujet suffix 2me personne fminin singulier de laconjugaison laccompli ( pass) et toujours dans le mme pronom personnel "spar"T.a; (cf. infra chapitre 3).5 L'apparente exception des gutturales prcdes d'un pattah furtif n'en est pas une si l'on se souvient que cette soi-disantvoyelle n'en est pas une, mais un simple signe fait au lecteur pour l'inviter faire entendre la gutturale (cf. 113e).

    g

    [ 21 f 21 g]

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    22. LA SYLLABE (hr"b'h]hr"b'h]hr"b'h]hr"b'h]), AU CUR DU "SYSTME"

    Attention ! Ceci est le cur mme de la grammaire hbraque et la clef de tout

    le systme massortique qui en est la source. Il est donc de la plus haute importancede travailler, mmoriser et assimiler parfaitement les trois paragraphes 221 223.

    Il est bien connu (dans toutes les langues) qu'un mot peut se dcomposer en syllabes, soiten une seule, soit en plusieurs. Pour l'Hbreu, il est essentiel de savoir de quoi doit (et peut) secomposer une syllabe, quels sont les diffrents types de syllabes, et les lois qui la rgissent.

    221. De quoi se compose la syllabe ?

    d'une voyelle (et une seule !)

    et d'une ou plusieurs consonnes (une, deux ou trois, mais jamais plus).

    Ainsi donc, la question "combien y a-t-il de syllabes dans tel ou tel mot hbreu ? ", il fautet il suffit de compter combien il y a de voyelles dans ce mot. Cette vidence ultra-simple chappepourtant bien des hbrasants mme pratiquant l'hbreu biblique depuis des annes. Toutsimplement parce que, rptons-le lourdement, le shewa , quel qu'il soit, n'est grammaticalementpas une voyelle mais tout au contraire un signe indiquant l'absence de voyelle, et le fait qu'il soitcolor ne change rien sa nature de shewa (un lphant aurait beau tre rose, ce n'en resteraitpas moins un lphant !) ; de mme, rptons-le tout aussi lourdement, le pattah furtif crit souscertaines gutturales n'est grammaticalement pas une voyelle mais une pure convention d'criturepour inviter faire l'effort de bien prononcer cette gutturale1.

    Exemples : le mot~yhI II IO OO Ola/ (= "Dieu" ou "dieux") comporte 2 syllabes et non pas 3, puisqu'ilcontient 2 voyelles (1hlam sous le lamd et 1hrq mal sous le h ) et non pas 3, car lehataf-sggl (alias shewa sggl) qu'il contient sous le alf initial, mme s'il oblige faire entendre unbref son "" dans la prononciation du mot, n'est grammaticalement pas une voyelle, mais bien unshewa (color en sggl certes, mais shewa quand mme).

    De mme, le motx;WPT; (= "pomme") comporte 2 syllabes et non pas 3, puisqu'il contient 2voyelles (1 pattah sous le "taw" et 1 shrq "sous" le "p ") et non pas 3, car le pattah furtif critsous le ht final n'est grammaticalement pas une voyelle ; mme si, pour prononcer correctementla gutturale finale, il faut "ouvrir tout grand" la bouche juste aprs avoir prononc le son "ou" dushrq, ce qui a automatiquement pour effet de tranformer furtivement le son "ou" en son "a".

    Avec mille excuses ceux pour qui tout ceci tait dj vident.

    1 Cf. supra 122a. Rappelons qu'il faut toujours bien distinguer le point de vue de la phontique et le point de vue de larythmique (cf. Joon, op. cit. 27d ). C'est ce dernier point de vue qui sera toujours prioritairement pris en compte ici(cf supra 113e note 2).

    a

    b

    [ 221 a - b]

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    N syllabes = N voyelles (et rciproquement)Rsum :

    Shewa (mme color)et patta h furtif

    voyelles (cf. 131c et 113e)

    222. Les diffrents types de syllabes

    Puisqu'une syllabe hbraque doit comporter une (seule) voyelle et une trois consonnes,le nombre de cas possibles est facile calculer : c'est thoriquement trois (soit 1 voyelle et 1 con-sonne, soit 1 voyelle et 2 consonnes, soit 1 voyelle et 3 consonnes). Mais puisqu'il s'agit ici degrammaire et non d'arithmtique, il faut bien sr tenir compte de l'ordre des lments, vocaliques

    ou consonantiques, qui constituent la syllabe.

    tant donn qu'une voyelle hbraque doit ncessairement "suivre" une consonne, commecela a dj t dit au 21g 1, il ne peut donc exister en Hbreu que 4 types de syllabes :

    Par commodit d'criture, nous utiliserons conventionnellement la lettre "C" pour"consonne", et la lettre "v" pour "voyelle" ; mais comme le franais s'crit dans le sensinverse de l'hbreu, nous prciserons parfois "C1", "C2" ou "C3" pour mieux indiquer quellessont les 1re, 2me et 3me consonnes ; et s'il faut prciser que telle consonne est redouble,c'est--dire qu'elle s'crit avec un dagshhazaq2, elle sera crite avec l'exposant"2" signifiant

    "au carr" en code mathmatique ; exemple si la 2me consonne est redouble, on crira C"2" [ou C2"2"]3, au lieu de C [ou C2] dans le cas contraire.

    Note : un 5me type de syllabe a trs probablement exist dans des noms monosyllabiques de typeCvCC; mais, pour faciliter la prononciation, leur voyelle unique aurait, ds l'poque biblique, t ddoubleen deux voyelles brves, le mot devenant ainsi bi-syllabique4 ; on les appelle noms "sgols" (cf. le chapitresur le nom).

    Exemples :#>r>a ; #rg>BI II I dgp.sI II I rp,se ("livre"),v.d>q' vd

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    Selon les lments qui la composent, une syllabe est

    - soit de type Cv [ou C1v] = une consonne suivie de sa voyelleexemples :ymI II I (= "qui ?"),Al (= " lui"),h'- (= pronom personnel suffix 2me p. fm. sing.)

    - soit de type CCv [ou C1C2v] = une premire consonne sans voyelle (donc avec un shewa ),puis une deuxime consonne elle-mme suivie de sa voyelleexemples :ylI II IB. (= "sans"), la syllabe-b'[] de ~ydI II Ib'[] (="serviteurs")1, Amv. (= "son nom")

    - soit de type CvC [ou C1vC2] = une premire consonne suivie de sa voyelle, puis unedeuxime consonne sans voyelle (donc avec un shewa )exemples : lKo oo o (= "tout"),vyaI II I (= "homme"),x;Wl (= "tableau"),gx; (= "fte")

    - soit de type CCvC [ou C1C2vC3] = une premire consonne sans voyelle (donc avec unshewa ), puis une deuxime consonne suivie de sa voyelle, puis une troisime consonnesans voyelle (donc avec un shewa )exemples : !m;z> (= "temps"),qn"[] (= "gant"),dWdG> (= "bataillon")

    Remarques

    Dans cette typologie des syllabes, comme le montrent bien les quelques exemples cits cidessus,"v" dsigne n'importe quelle voyelle, qu'elle soit brve ou longue, qu'elle soit critesans ou avec mater lectionis. Ce paramtre de "longueur" des voyelles sera pris en compte partir du paragraphe suivant.

    Corrlativement,"C" dsigne bien n'importe quelle consonne, mais au sens grammatical duterme, c'est--dire la condition qu'elle soit rellement utilise comme consonne, ce qui peutre le cas de tous les signes consonantiques, y compris les gutturales et les matres lectionis2. Cen'est toutefois pas le cas des signes consonantiques d'criture qui peuvent tre utiliss grammaticalement d'une manire quiescente (= non prononcs), c'est--dire les matres lectionis (y et w bien sr, mais aussi leh, qu'on risque d'oublier dans ce rle) et lea quiescent (mme s'il n'estpas vraiment, ou pas souvent, mater lectionis). Dans un texte vocalis, on reconnat lea quies-cent au fait que, mme l'intrieur d'un mot, il ne lui est affect aucun signe vocalique, nvoyelle ni shewa ; exemple :varo oo o3 (= "tte"),ytI II Iar"q' (= "j'ai appel").

    Enfin, il faut reconnatre que tout n'est pas si simple, surtout en ce qui concerne les types dsyllabes se terminant par une consonne (CvC ou CCvC), non seulement pour la raison voqudans l'alina ci-dessus, mais pour d'autres raisons connues des connaisseurs qui auraient essayd'allonger la liste d'exemples et senti passer l'ombre du clbre et mystrieux "shewa planant"(@xer:m. aw"v., ou plus prosaquement "shewa moyen"). Mais patience ! Comme dit le Sage Qo-hlt (Qo 31) : !m'z> lKo oo ol; (ce qui ressemble fort au dicton franais "chaque chose en son temps ").

    1 Tandis que la 2me syllabe du mme mot (~ydI II I-) est du type CvC.2 La description et la liste en sont donnes supra, chapitre 1er 12.3 Attention, dans ce mot, ne pas prendre le point diacritique du shn pour une voyellehlam qui serait affecte aua !

    c

    d

    [ 222 c d]

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    La syllabe est ouverte ( hx'WtP.hx'WtP.hx'WtP.hx'WtP.) ou ferme (hr"Wgs.hr"Wgs.hr"Wgs.hr"Wgs.)

    La dfinition thorique de la syllabe ouverte et de la syllabe ferme est ultra-simple :

    - une syllabe estouverte quand elle se termine par une voyelle ;c'est donc le cas de toutes les syllabes du type Cv ou du type CCv ;

    - une syllabe estferme quand elle se termine par une consonne (sans voyelle bien sr) ;c'est donc le cas de toutes les syllabes du type CvC ou du type CCvC.

    La ralit serait aussi simple que la thorie si tous les mots hbraques taient mono-syllabiques1. Ce n'est videmment pas le cas. Puisque la majorit des mots sont plurisyllabiques, ilfaut donc, au moins mentalement, procder au dcoupage syllabique du mot et identifier chacunedes syllabes qui le composent ; c'est l que cela se complique jusqu' devenir, pour certains mots,un vritable casse-tte. La difficult est la suivante : dans un mot se prsentant, par exemple, sousla forme C1vC2C3v, il y a videmment 2 syllabes puisqu'il y a 2 voyelles, mais faut-il entendre etdcouper : - syllabe 1 = C1v (donc ouverte) et syllabe 2 = C2C3v (donc ouverte galement) ?

    - ou bien syllabe 1 = C1vC2 (donc ferme) et syllabe 2 = C3v (donc ouverte) ?2

    De prime abord, une telle question peut sembler une "chinoiserie" bien inutile. Mais ce n'estpas par hasard que, depuis l'poque mme des massortes3, "grammaire" se dit en hbreu"qWDq.DI II I", mot qui signifie aussi "minutie", "prcision", "souci du dtail"4 ; c'est en effet, rptons-le,

    dans les rgles de ce "jeu" des syllabes (et donc aussi des voyelles) que rside l'essentiel de lagrammaire hbraque, c'est--dire ce qui en assure toute la cohrence, et donc l'efficacit.

    Ces rgles portent sur trois paramtres :- la syllabe (est-elle ouverte ou ferme ?)- sa voyelle (est-elle brve ou longue ?)- et l'accent tonique (cette syllabe est-elle ou non accentue ?).

    L'accent tonique (~[;j; ou mieuxhn"ygI II In>5, car en Hbreu biblique il y a beaucoup desortes de~ymI II I['j.) a t prsent supra au chapitre 1er 114. Rappelons simplement ici qu'il y

    a un accent tonique par mot, gnralement sur la dernire syllabe, assez souvent aussi sul'avant-dernire, mais jamais plus avant dans le mot (sauf quelques cas en Hbreu moderne)

    Il convient donc d'examiner les lois qui rgissent la syllabe et sa voyelle, ainsi bien sr quecelles du shewa qui en sont les corollaires naturels, puisque le shewa est par nature (ou pluttpar dfinition) la "non-voyelle".

    1 "Monosyllabique" = compos d'une seule syllabe ; "plurisyllabique" = compos de plusieurs syllabes.2 Pour calmer l'impatience des chevronns et stimuler l'apptit ou la curiosit des dbutants, cela revient se demandsi le shewa , obligatoirement affect la consonne C2, est "mobile" (rponse 1) ou "quiescent" (rponse 2) ; cf. infra.3 Cf. le plus clbre et incontournable d'entre eux, Aharon BEN-ASHER, auteur au 10

    me sicle d'un important ouvrageintitul~ymI II I['J.h; yqeWdq.DI II I.

    4 Cf. supra p. 31 en bas, avec la note 2.5 Ce mot, synonyme de~[;j; pour les grammairiens, signifie d'abord et aussi "musique".

    e

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    Note1

    1 Les notes correspondant au texte de l'encadr sont, pour des raisons techniques d'informatique, appeles par les lettr(a), (b), (c) ; cf. ci-dessous :

    (a) C'est aussi l'explication de la fameuse "unique exception" la norme des syllabes qui ne commencent jamais pune voyelle (cf. 21g avec la note 2 et 122l) : le waw prfix une Bumaf que l'on prononce "ou" [W] plutt que"we" [w>], "wa" [w:, w"] ou "wi" [wI II I]. Il suffit d'essayer pour se rendre compte que c'est bien plus facile ; par ailleurs ilfaudrait beaucoup de mauvaise volont pour ne pas comprendre, mme prononc "ou", qu'il s'agit bien de lconjonction de coordination.(b) Et inversement on peut aussi, bien sr, ajouter quelque chose si cela ne nuit en rien la comprhension ; paexemple certains mots sont bien plus faciles prononcer et tout aussi comprhensibles si on leur ajoute commprfixe une voyelle "" affecte l'inaudible consonnea : ainsi le motxr"z>a, (= "citoyen, autochtone") est bien plussimple prononcer comme a que sous la forme qu'il devrait avoir selon son schme "officiel" xx "x > (qui feraitxr"z>).(c) En dehors de l'esperanto, il n'y a probablement pas, dans le monde entier, beaucoup d'autres rgles de grammairqui ne souffrent aucune exception ; aucune ? quoique... en cherchant bien, dans la Bible (cf. infra. 223k ).

    Petit test Pause rcrative

    Ce serait presque injurieux de proposer ici un exercice sur le 222 et de demander :

    parmi les syllabes donnes en exemple la parmi les syllabes donnes en exemple la parmi les syllabes donnes en exemple la parmi les syllabes donnes en exemple la page 31, page 31, page 31, page 31,lesquelles sont ouvertes et lesquelles sont fermes ? lesquelles sont ouvertes et lesquelles sont fermes ? lesquelles sont ouvertes et lesquelles sont fermes ? lesquelles sont ouvertes et lesquelles sont fermes ?

    Encore que ... ce qui va sans le dire va parfois encore mieux en le disant.

    Mais avant de s'attaquer ce qui est la "clef de vote"(hN"PI II I varo oo o) de toute la gram-maire massortique, ce qui suppose une certaine concentration, pourquoi ne pas s'offrir au pralable un petit excursus-dtente en nous demandant :

    Combien y a-t-il de rgles de grammaire en Hbreu ?

    En feuilletant les grammaires, il semble qu'on puisse en dresser une liste interminableet trs htroclite. En ralit, mme si personne n'ose le dire,il n'y en a que deux !

    - la premire, c'estla loi du moindre effort.Bien connue de tous, elle est trs facile respecter si l'on veille garder tout son bon

    sens mme quand on fait de la grammaire. C'est elle qui permet d'expliquer trssimplement quantit de bizarreries apparentes ou de soi-disant exceptions aux rgles degrammaire que prsente la langue hbraque. Nous l'avons dj rencontre en prsentant lepattah furtif qui n'est pas autre chose qu'une de ses applications(a). Nous la rencontreronstrs souvent tout au long des chapitres qui suivent. S'il faut la rsumer d'une faon plusacadmique, on pourrait dire par exemple : chaque fois qu'une difficult ( prononcer, entendre ou comprendre) peut tre rsolue en changeant quelque chose qui n'est pasindispensable la comprhension, on le fait sans hsiter(b).

    - la deuxime, c'estla loi de la syllabe.Elle n'est pas inne, celle-ci, et doit tre apprise ; mais elle en vaut la peine : permettant

    d'claircir bien des difficults, elle prsente ce caractre tonnant d'tre la seule rgle de lagrammaire hbraque qui n'ait aucune exception(c) ; et en plus elle tient en une ligne :

    UUNNEE SSYYLLLLAABBEE FFEERRMMEE NNOONN AACCCCEENNTTUUEE NNEE PPEEUUTT AAVVOOIIRR QQUU''UUNNEE VVOOYYEELLLLEE BBRRVVEE.

    En fait, cette formule lapidaire commode mmoriser n'est qu'un rsum partiel desrgles de la syllabe et de sa voyelle (et donc aussi du shewa ). Elle ne dispense doncmalheureusement pas d'examiner celles-ci en dtail.

    g

    h

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    223. Les lois de la syllabe

    Pour bien assimiler la suite de ce chapitre, il n'est peut-tre pas inutile de bien seremettre en tte la stratgie permanente adopte par les massortes face toutes les question

    de grammaire.L'Hbreu, la diffrence du Franais, est une langue trs concrte, notamment au

    plan smantique, dans son patrimoine de racines et sa manire de s'exprimer. Or, faire de lgrammaire, c'est--dire chercher laborer une sorte de "mtalangage" de type conceptueest une dmarche minemment abstraite.

    Par ailleurs, le but des massortes naqdanm (ceux qui, entre le 5me et le 8me sicles,ont mis au point ledWQnI II I, le systme des voyelles et autres signes1) tait bien plus pratiqueque thorique : il s'agissait de mettre par crit une tradition orale pour qu'elle soit oralemencantile le plus correctement et intelligiblement possible.

    Ils ont donc en permanence adopt la stratgie suivante2 : puisqu'il faut la foisrespecter la lettre le texte consonantique assez peu cohrent transmis par les manuscrits, efaire en sorte que le lecteur cantile le texte non vocalis (qu'il a sous les yeux) sans hsiter esans se tromper, il faut que le texte vocalis qui lui servira apprendre et "s'entraner" solabor selon une logique ultra-simple et elle-mme assez cohrente pour tre rapidemenassimile et devenir quasi-automatique.

    Ils ont donc mis au point un systme astucieux de signes cods qui fonctionnetoujours en mme temps sur deux plans :- le plan de la typographie, o les signes doivent tre lisibles avec le maximum de prcisionet autant que possible sans ambigut malgr les incohrences du texte consonantique,

    - et le plan de la grammaire, o il faut que les rgles de base soient trs peu nombreuses etrs simples, proches du bon sens et donc vite acquises, mais suffisamment souples pour tr"modules" et adaptes presque l'infini afin de pouvoir s'appliquer tous les cas possiblesmme les plus inattendus. C'est en fait peu de chose prs la logique binaire du langageinformatique.

    L'originale "invention" du shewa leur a permis de regrouper d'une faon relative-ment cohrente les nombreuses difficults qui se prsentent dans la langue, au lieu de lesparpiller en incessantes exceptions une longue liste de rgles diverses. Autrement dit, celrevient mettre de la logique, et toujours la mme, jusque dans la plupart des exceptions3.

    Examinons donc tranquillement ces quelques "lois" (ou rgles) qui rgissent la syllabeselon son ouverture, sa voyelle et son accentuation, ainsi que les rgles de la mobilit des voyelleset celles du shewa qui n'en sont que les corollaires ou les prolongements, c'est--dire peu prsla mme chose, mais vue sous un autre angle ou en plus dtaille. Il suffira ensuite de lesappliquer, toujours selon la mme technique, tous les types de mots (verbes conjuguer, noms "flchir", particules prfixer, etc.). Mais bien entendu, comprendre est une chose, pratiquercouramment en est une autre !

    1 Il s'agit toujours ici de celui dit "de Tibriade" (et plus particulirement celui de l'cole Ben Asher) qui a trs largment pris le pas sur tous les autres systmes vocaliques connus, ceux dits "de Babylone" ou "de Palestine" par exemp(mais pour en savoir plus sur ces derniers, il faut aller consulter les ouvrages spcialiss).2 tait-ce leur intention consciemment voulue ? C'est du moins ce qui se dgage de leur travail ; et c'est en tous cas unmanire trs efficace d'y voir clair dans la grammaire de l'Hbreu.3 videmment pas toutes, et la langue hbraque n'en est pas devenue pour autant monotone.

    [On peut aussi passer directement la page suivante.]

    a

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    Le principe de base :

    (du point de vue de la grammaire) une syllabe ouverte devrait toujours avoir unevoyelle longue

    (que cette voyelle ait ou non une mater lectionis, peu importe) ; une syllabe ferme devrait toujours avoir unevoyelle brve.

    Ce principe de base est on ne peut plus simple et correspond au bon sens le pluslmentaire.

    En cas d'hsitation, un petit exercice de gymnastique suffira convaincre les plusdubitatifs : faites quelques pas en marchant ; puis recommencez une deuxime fois le mmtrajet, mais aprs avoir plac (au moins fictivement) une pile de livres d'environ 50 cm dhaut entre chaque endroit o vous venez de poser le pied prcdemment. Vous constaterezque lors du 1er trajet, vous avez pu faire de simples pas "marchs", c'est--dire en posanttranquillement le pied sur le sol, le talon d'abord et en "droulant" toute la plante du pie jusqu'aux orteils ; en revanche pour le 2me passage sur le mme trajet, vous aviez enjamberdes obstacles trop hauts pour le faire en marchant ; vous avez donc d faire des pas "sauts"c'est--dire qu'avant chaque obstacle vous n'avez pos que la pointe du pied afin de prendrun lan suffisant pour sauter l'obstacle. Les pas marchs pouvaient tre aussi lents (ou longsque vous le vouliez, mais pour sauter, le pied ne devait rester que brivement sur le sol.

    C'est exactement la mme chose pour les syllabes : considrez que la syllabe consiste avancer d'un pas ;la voyelle longue est un pas march, la voyelle brve est un pas saut . Sila syllabe est ferme, c'est qu'elle se termine par une consonne (sans voyelle) que vous deve

    donc enjamber (sauter) pour aller la syllabe suivante et donc faire un pas saut, c'est--dirune voyelle brve ; mais si la syllabe est ouverte (et se termine donc par la voyelle), vouvous retrouvez immdiatement la syllabe suivante sans avoir franchir l'obstacle d'uneconsonne, et vous pouvez donc faire tranquillement un pas march, c'est--dire une voyelllongue.

    La contrainte du texte crit

    En ralit, ce n'est pas toujours le cas. En effet, le texte consonantique tel qu'il est crit(pour les yeux) ne correspond pas toujours la prononciation telle qu'elle a t transmise (

    l'oreille). Aussi les massortes, tenus de ne pas modifier le texte consonantique, ont-ils pris soin,typographiquement, de noter par leurs signes vocaliques le timbre exact de la voyelle prononcer,c'est--dire la position plus ou moins ouverte ou ferme de la bouche (cf. tableau des voyelles 135, pages 28-29), sans trop chercher noter sa longueur. Pour ce qui est de la longueur de lavoyelle, c'est donc dans une large mesure un donn intangible du texte crit :

    toute voyelle prolonge par une mater lectionis ou un a quiescentest automatiquement considre comme une voyelle longue1.

    1 Y compris le cas du trs frquenthrq mal et mme du sggl mal comme dans yd

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    Pour les syllabes o la voyelle n'est pas suivie d'une consonne quiescente, lesspcialistes en sont toujours se demander si les signes de voyelles des massortes indiquenou non la longueur de la voyelle. Le plus simple est de considrer que, puisqu'il s'agit designes typographiques, ils ont pour but essentiel d'indiquer le timbre de la voyelle, doncavant tout si elle est plus ou moins ouverte ou ferme. Ainsi puisque!Be (= "fils") s'crit avecun rh alors que-!B, (= "fils de") s'crit avec un sggl, c'est que le premier se prononce"bn" avec un son "" plus ferm que le son "" du deuxime, prononc "bn".

    L'influence de l'accent tonique (ou "ton" = ~[;j;~[;j;~[;j;~[;j; ou hn"ygIn>hn"ygIn>hn"ygIn>hn"ygIn>) sur la syllabe

    Dans chaque mot (ou groupe de mots relis par un maqqf pour n'en former qu'un seul,rythmiquement parlant), une des syllabes est accentue plus que les autres (c'est--dire pronon-ce en renforant la voix sur cette syllabe, dite "tonique"). En consquence, le principe de baseaffirm ci-dessus doit tre modul non pas en deux cas, mais en quatre : chaque syllabe, ouverteou ferme, est considrer non seulement en fonction de la longueur de sa voyelle, mais aussiselon qu'elle est ou non accentue.

    le fait qu'une syllabe soitaccentue peut allonger sa voyellemais ne peut en aucun cas l'abrger.

    Si l'on en doutait, il suffirait pour le constater de prononcer haute voix n'importequels mots sans accentuation, puis les mmes mots avec accentuation.

    C'est bien sr un peu plus complexe que cela.- D'une part il faudrait distinguer divers degrs dans l'accentuation : si chaque mot porte uaccent tonique, certains mots, la fin d'un membre de phrase, sont accentus plus fortement1 ;c'est ce qu'on appelle des "pauses" ; d'o (surtout en Hbreu biblique et parfois en littraturela prsence de "formes pausales" pour certains mots.- D'autre part, si l'accent tonique a bel et bien tendance faire allonger quelque peu lavoyelle de la syllabe, son effet principal est defaire rapparatre la voyelle d'origine dumot qui a souvent t modifie pour des raisons de morphologie ; mais ceci concerne plutla question de la mobilit des voyelles (cf. infra 23).

    En fin de compte,

    la combinaison de ces trois paramtres aboutit quatre sortes de syllabes :- des syllabes ouvertes accentues2,- des syllabes ouvertes non accentues,- des syllabes fermes accentues,- des syllabes fermes non accentues3.

    1 Dans leste amm bibliques, cela correspond au sillq (+ sf pasq), l'at