Cours 10a Psychologie Du Mensonge

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Psychologie du mensonge L’effet Pinocchio existe-il? Présenté par Michel St-Yves Psychologue judiciaire Sûreté du Québec Service de l ’analyse du comportement École Nationale de Police du Québec Université de Montréal (École de criminologie) Novembre 2008

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Décrire la psychologie du mensonge

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  • Psychologie du mensongeLeffet Pinocchio existe-il?

    Prsent par

    Michel St-YvesPsychologue judiciaire

    Sret du Qubec Service de l analyse du comportement

    cole Nationale de Police du QubecUniversit de Montral (cole de criminologie)

    Novembre 2008

  • Introduction

    Lvaluation de la crdibilit dun tmoignage commence par une bonne entrevue, et se termine par une rgle dor: lobjectivit.

  • Dfinition du mensonge Assertion sciemment contraire la vrit,

    faite dans lintention de tromper. Le Petit Robert

    Ou encore, la dissimulation de la vrit.

    Autres synonymes: baratin, bobard, boniment, calomnie, contrevrit, fabulation, faux, feinte, hypocrisie, imposture, invention, menterie, simulacre, sournoiserie, tromperie.

  • Pourquoi sintresser au mensonge?

    Il est parfois (souvent) ncessaire. Toute vrit nest pas bonne dire

    Sans le mensonge, vous seriez peut-treaujourdhui clibataire, sans emploi, sans ami ailleurs?

  • a commence quel ge?

    On apprend mentir ds la petite enfance (3 ans). Dabord dune manire ludique, puis pour viter la punition.

    La notion de mensonge devient plus conscient vers lge de 6-7 ans (lge de la raison);

    On leur apprend mentir (mensonges blancs, pieux, par exemple).

    .

  • Pourquoi les gens mentent-ils?

    Cest plus logique de mentir que de dire la vrit.

    La vrit, cest que nous mentons parcenous avons t punis pour avoir dit la vrit (Cyr, 2003, p. 167).

  • Pourquoi les gens mentent-ils?

    Ils mentent pour se valoriser, crer une bonne impression, dissimuler quelque chose, par intrt, par haine, pour le plaisir, etc., mais souvent pour viter une punition.

    Les enjeux.

  • Frquence des mensongesLes adultes mentent en moyenne deux

    fois par jour (25% des interactions sociales). galit entre les hommes etles femmes.

    Diffrences hommes-femmes:Hommes = mensonges orients vers eux Femmes = mensonges altruistes.

  • Deux types dmotions lies au mensonge

    1. Ngatives (dsagrables) : la crainte d'tre dcouvert comme menteur et un sentiment de culpabilit;

    2. Positives (qui l'emporte souvent chez le menteur dhabitude) : un plaisir mme prouv mentir, c'est--dire de convaincre fallacieusement avec naturel. Ce type de menteur devient matre de ses motions au point de communiquer aussi aisment des motions factices que des vritables.

  • Les types de menteur(voir Vrij, 2000)

    Le manipulateur (goste, rus, laise, persistant. Ex: Lantisocial);

    Lacteur (habile jouer des rles, masque ses motions. Ex: Le joueur de tour);

    Le sociable (extraverti, sociable. Ment pour se rendre intressant);

    Ladaptateur (Anxieux, il ment pour sadapter aux autres, pour crer une impression positive);

    Le mythomane (menteur pathologique);

  • Les outils pour dtecterle mensonge

    Le SVA (Statement Validity Analysis) et le CBCA (Criteria-based content analysis);

    SCAN (analyse des dclarationscrites/verbale);

    Le Voice Stress Analyser (voix);Llectroencphalogramme (P300);Le polygraphe (SNA).

  • Analyse de dclaration Structure Chronologie Engagement Introduction sociale Temps objectifs Connecteurs Verbes Code linguistique motions Hors contexte / informations sans importance Zones sensibles Autres particularits

  • Le polygrapheTechnique danalyse du comportement qui se base sur les variations de certains indicateurs corporels relis un tat dactivation physiologique.

    De tels indices ne sont pas parfaits, mais relis avec dautres lments ou dautres analyses, ils peuvent suggrer des hypothses de travail productives.

  • Les indicateurs corporels

    y Mouvements respiratoiresy Lactivit musculairey La pression sanguiney Le poulsy Les ractions lectrodermalesy Le rythme cardiaquey Les changements dans lintonation de la voix

  • Les composantes techniques

    Le pneumographe (respiration)

    Le galvanographe (transpiration)

    Le plethysmographe (flux sanguin)

    Le cardiographe (brassard sanguin)

  • Le polygraphe

    Rsultat = Vridique / Mensonger / Non concluant

  • Vrit Omission vasive Dni

    Blanc/Officieux/Pieux/Silence

  • Le comportement verbal/paralinguistique

    Style de rponse (omission, vasion, dni);Temps de rponse;Longueur de la rponse;Continuit / cohrence;Changement de volume;Dbit;Comportement deffacement;Alibi.

  • Le comportement non-verbal(plus de 50% du message)

    Ractions selon la question/la rponse;Les mains (figes, loin du corps ou en contact

    avec le corps);Gestuelle (personnelle, apparence, protectrice);Les yeux;Les expressions faciales (yeux, bouche,

    mchoire).

  • Comment les mensonges sexpriment par des hot spots?

    Mensonge

    Indices cognitifs Indices motionnels

    Mentir propos Sentiment de ses sentiments davoir menti

    ContradictionsHsitations Indices: motions Plaisir de duperErreurs CulpabilitMoins de compt. diIllustrations Peur dtre dtectMoins de dtails

  • Les sept expressions faciales universelles des motions

    ColreMprisDgotPeur JoieTristesseSurprise

  • Pourquoi focaliser sur les motions?

    Les motions sont immdiates, spontanes et involontaires;

    Les expressions facilaes sont universelles; Les motions prparent notre comportement; Lire correctement les motions dautrui

    facilite la contruction dun rapport, la communication et lidentification de hot spots.

  • Les subtilits du vrai et du faux Le sourire faux est cr par un signal envoy par la partie consciente

    du cerveau qui contracte les muscles zygomatiques dans les joues. Ce sont les muscles qui tirent le coin des lvres vers lextrieur.

    Le sourire authentique est cr par un signal envoy par la partieinconsciente du cerveau et contient de lmotion. Les muscles des lvres bouchent, ceux des joues, puis les contractions irradient lorbiteoculaire dont les muscles contractent lgrement les yeux vers le haut.

  • Comment djouer un bon menteur ?Lui rendre la tche difficile:

    1) Utiliser les questions ouvertes (cela rend le mensonge plus difficile) et laisser la personne parler (un menteur veut tre cru et va donc continuer de donner des dtails). Le style accusateur est le moins efficace;

    2) Faites une pause (silence de 5 7 secondes) aprs la rponse du sujet;

    3) Regardez et coutez attentivement: Il faut observer autant les comportements non verbaux que le contenu du discours (lharmonie);

    4) Comparez les comportements du menteur avec ceux quil prsente dans un contexte naturel.

    5) tre bien prpar. Ne pas se montrer naf ou laisser paratre de linconfort par rapport certains faits;

    6) Questionnez, vrifiez, clarifiez, faites rpter;

    7) Restez objectif. viter lerreur Othello qui consiste accuser une personne sans motif, ce qui rsulte en une augmentation du niveau de stress.

  • Les principales erreurs dans la dtection du mensonge

    (Ekman, 1992)

    Rejeter toute vrit et ne croire quau mensonge; Les signes de tromperie nindiquent pas toujours un

    mensonge;

    Labsence de signe de tromperie nindique pas toujours la vrit;

    Une personne vridique qui ne se sent pas crue peut manifester des symptmes semblable au mensonge;

    Lintervieweur croit quil possde des habilets spciales pour dtecter le mensonge.

  • Leffet Pinocchio nexiste pasDe nombreuses tudes faites sur la dtection du mensonge montrent que lopinion des gens est souvent errone et fonde sur des indicateurs subjectifs, strotyps et sans fondement scientifique (Vrij, 2000; 2004; 2005).

  • Pile ou face?

    Les taux de succs pour dtecter le mensonge dpassent rarement le seuil de 50%, soit lquivalent dun pile ou face (Mann, Vrij et Bull, 2004; Vrij, 2000).

  • Lectures suggresBILAN, C. (2004). Psychologie du menteur. Ed. Odile Jacob, 255 pages.

    CYR, M.-F. (2003). La vrit sur le mensonge. Les ditions de lHomme.

    EKMAN, P. (1992). Telling lies: clues to deceit in the marketplace, politics and marriage. New York: W.W. Norton.

    FISHER, R.P. et GEISELMAN, R.E. (1992). Memory-Enhancing Techniques for Investigative Interviewing. The Cognitive Interview. Charles C. Thomas Publisher.

    GUDJONSSON, G.H. (2003). The Psychology of Interrogations and Confessions. A Handbook. John Wiley and Sons. Chichester: England.

    IMBAU, F.E., REID, J.E., BUCKLEY, J.P. et JAYNE, B.C. (2001). Criminal Interrogation and Confessions. 4th ed., 499 pages.

    SCHAFER, J.R. et NAVARRO, J. (2003). Advanced Interviewing Techniques. Charles C. Thomas Publisher, 143 pages.

    ST-YVES, M. et TANGUAY, M. (2007). Psychologie de lenqute criminelle: La recherche de la vrit. ditions Yvon Blais, Cowansville, 730 pages.

    ST-YVES, M. et LANDRY, J. (2004). Psychologie des entrevues denqute. De la recherche la pratique. ditions Yvon Blais, 546 pages.

    VRIJ, A. (2000). Detecting Lies and Deceit. The Psychology of Lying and the Implications for Professional Practice. John Wiley and Sons. Chichester: England.

    WILLIAMSON, T. (2006). Investigative Interviewing. Rights, research, regulation. Willian Publishing, 384 pages.