Coups d’oeil - Erudit

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Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 2009 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 19 avr. 2022 11:59 Séquences La revue de cinéma Coups d’oeil Numéro 258, janvier–février 2009 URI : https://id.erudit.org/iderudit/44990ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La revue Séquences Inc. ISSN 0037-2412 (imprimé) 1923-5100 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu (2009). Compte rendu de [Coups d’oeil]. Séquences, (258), 59–65.

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SéquencesLa revue de cinéma

Coups d’oeil

Numéro 258, janvier–février 2009

URI : https://id.erudit.org/iderudit/44990ac

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Éditeur(s)La revue Séquences Inc.

ISSN0037-2412 (imprimé)1923-5100 (numérique)

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COUPS D'ŒIL I LES FILMS

A l'ouest de Pluton

L 'ouverture de cette comédie, où des étudiants annoncent, à tour de rôle, leurs

sujets pour le prochain oral, est pleine de belles surprises. Déjà le ton et la sincérité

des dialogues proposent un portrait senti de cette jeunesse de banlieue. Filmé dans

la région de Québec, le premier long métrage du duo Bernadet-Verreault passe la rampe.

Le mélange de drame et de moments plus cocasses nous présente une vision du monde

bien personnelle. Chacun des personnages, interprétés par des comédiens amateurs,

est touchant, que ce soit Pierre-Olivier, qui regrette que Pluton ait perdu son titre de

planète, Jérôme, hurlant son amour rimé dans un micro d'aréna, ou Emilie, victime d'une

fête qui tourne mal. Loin des préoccupations trop éducatives des séries jeunesse, ce

long métrage à la facture réaliste présente des portraits de parents intéressants.

L'homme qui accompagne un jeune aux urgences ne cherche qu'à comprendre, avec

respect, la situation sans juger. Une production de Vostok Film Inc. pleine de

fraîcheur qui nous apporte une belle bouffée d'air frais.

ÉLÈNE DALLAIRE

• À L'OUEST DE PLUTON - Canada 2008, 90 minutes - Réal.: Henry Bernadet, Myriam Verreault - Scén: Henry Bernadet, Myriam Verreault - Int.: David Bouchard, Anne-Sophie Tremblay-Lamontagne, Alexis Drolet, Yoann Linteau, Thomas Gionet-Lavigne, Denis Marchand - Dist.: Seville.

All Together Now Depuis la rencontre entre George Harrison et Guy Laliberté jusqu'à la première à

Las Vegas du spectacle Love - The Beatles, défilent devant nous des répétitions du Cirque du Soleil à Montréal, un travail de moine dans les studios de Londres sur les bandes originales du groupe mythique, des rencontres avec, entre autres, Georges Martin, gourou musical des Beatles, et son fils Giles, le metteur en scène québécois Dominic Champagne, Olivia Harrison, Yoko Ono, Paul McCartney, Ringo Starr et, bien sûr, la performance des artistes du chapiteau. Projeté au cinéma Impérial, à Montréal, le film d'Adrian Wills aura été un des grands moments du trente-septième Festival du Nouveau Cinéma. Beaucoup plus qu'un making o|j, Al l Together Now, magnifiquement tourné, est parsemé de souvenirs d'un passé ressuscité grâce à des extraits d'archives jamais ou rarement vus, souvent drôles, toujours émouvants. L'entreprise était vertigineuse et on comprend le trac de Dominic Champagne. Les commentaires de Yoko Ono sont acides comme le personnage. Mais ça finit dans l'euphorie et il faut avoir vu, le soir de la première, le sourire émerveillé des deux survivants.

F R A N C I N E L A U R E N D E A U

• Québec [Canada! 2008, 84 minutes - Réal.: Adrian Wills - Seen.: Adrian Wills - Avec: Paul McCartney, Dominic Champagne, Ringo Starr, Yoko Ono Lennon, George Martin, Giles Martin, Olivia Harrison, Rodrigue Proteau - Dist: SVBz Inc.

Body of Lies

S i American Gangster mettait de l'avant l'antihéros noir dans toute sa complexité, annonçant sans doute ce que sera, entre autres, un certain cinéma américain de

l'ère obamienne, Body o f Lies demeure avant tout en exercice de style axé purement sur le divertissement. Là où dans Syriana, Steven Soderbergh avait su capter l'essence des problèmes reliés au conflit au Moyen-Orient avec tact, détermination et avant tout un réel goût du risque, Scott se distancie des prises de position politiques, les esquive intentionnellement, préférant compter sur la présence remarquable des deux principaux protagonistes, un Russell Crowe égal à lui-même et un Leonardo DiCaprio qui, de film en film, fait montre d'une maturité assurée, débarrassée des anciens tics. L'intrigue, inutilement complexe, désoriente le spectateur jusqu'à lui faire perdre le fil du récit. Mais le savoir-faire de Scott n'est plus à prouver. Chantre invétéré du cinéma populaire d'action brillamment accompli, il assure un peu plus de deux heures de spectacle grand public, même si des thèmes aussi importants que la trahison, le mensonge et la prise de conscience politique sont tout au plus effleurés.

ÉLIE CASTIEL

• UNE VIE DE MENSONGES - États-Unis 2008, 128 minutes - Réal.: Ridley Scott - Scén.: William Monahan d'après le roman de David Ignatius - Int.: Leonardo DiCaprio, Russell Crowe, Mark Strong, Alon Abutbul, Oscar Isaac, Ali Suliman - Dist.: Warner.

SÉQUENCES 258 » JANVIER FÉVRIER 2009

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g j j LES FILMS I COUPS D'ŒIL

The Boy in the Str iped Pajamas

Dès la première scène de ce film qui nous transporte dans l'Allemagne du Troisième Reich, le spectateur remarquera le lourd contraste existant entre ceux considérés

comme «aryens», et les juifs, cruellement persécutés par les autorités nazies. Une imposante barrière psychologique existait véritablement, avant même que des murs s'érigent, entre ces deux mondes fondamentalement différents. De façon globale, le film reconstitue scrupuleusement l'ambiance hitlérienne, où l'Allemand moyen devait sacrifier sa raison au profit de la gloire nationale. Si le fort accent anglais employé par les acteurs ne contribue pas à nous plonger dans le monde filmique, leur excellente prestation et la mise en scène foudroyante parviennent à nous faire oublier ce détail mineur. The Boy i n the Striped Pajamas est ainsi un drame poignant vu par les yeux naïfs d'un enfant de huit ans. Il nous rappelle une fois de plus que « le vieux monstre concentrationnaire», tel qu'il fut appelé dans Nui t et Brou i l la rd d'Alain Resnais, était un être terrible, édifié par la soumission aveugle d'un peuple à un homme narcissique et suicidaire...

M A X I M E B E L L E Y

• Grande-Bretagne / États-Unis 2008, 94 minutes — Réal. : Mark Herman — Scén. : Mark Herman, d'après le roman éponyme de John Boyne — Int.: Asa Butterfield, David Thewlis, Vera Farmiga — Dist.: Seville.

Le Déserteur

Cette réalisation québécoise évoque avec brio un triste épisode de l'histoire provinciale se déroulant lors de la Deuxième Guerre mondiale. Les familles se

firent voler leurs jeunes hommes par les libéraux d'Adélard Godbout, bien que ceux-ci aient promis qu'ils s'élèveraient, s'ils obtenaient le pouvoir, contre la conscription. Ce film fortement constitué de longs flashs-back est plein de simplicité et de franchise. Tout en rendant convenablement l'ambiance et le rythme de vie du Québec des années 40, on fait comprendre qu'une forte proportion de la population du temps ne se sentait pas concernée par les conflits ayant lieu ailleurs dans le monde. Si le scénario peu touffu et la mise en scène réservée s'avèrent plutôt austères, le jeu des acteurs est des plus convaincants. D'ailleurs, la chimie vivante dans les scènes rassemblant la famille Guénette est impeccable, notamment dû au fait que les trois acteurs lui donnant chair sont issus de la famille Proulx-Cloutier. En trois mots, cette reconstitution historique est une œuvre pesante, mais honnête et nécessaire.

M A X I M E B E L L E Y

• Canada [Québec] 2008, 106 minutes — Réal.: Simon Lavoie — Scén.: Simon Lavoie — Int.: Emile Proulx-Cloutier, Raymond Cloutier, Danielle Proulx, Viviane Audet, Benoit Gouin, Sébastien Delorme, Gilles Renaud. — Dist. : TVA.

Dostana

Dans le cinéma hollywoodien, il existe des règles auxquelles personne ne peut échapper, comme l'interdiction totale de nudité à l'écran de même que les baisers,

qui sont généralement mal perçus. Dostana marque une étape importante dans le cinéma commercial indien, car on y aborde l'homosexualité sous la forme de la comédie sentimentale. À vrai dire, on effleure surtout le sujet : les deux protagonistes prétendent être un couple gai afin de pouvoir habiter chez la nièce d'une tante fortunée à Miami. Si le canevas de départ rappelle les prémisses initiales de la série américaine Three's Company ou encore du récent I Now Pronounce You Chuck and Larry, il n'en demeure pas moins que cette comédie fort sympathique ne tombe jamais dans le mauvais goût et offre de vrais moments de franche rigolade. II en résulte un divertissement agréable et rythmé avec deux séquences musicales à couper le souffle. Les comédiens se prêtent au jeu et s'amusent comme de vrais larrons en foire. Sans oublier le baiser final, fort inattendu.

P A S C A L G R E N I E R

• Inde 2008, 145 minutes - Réal. : Taran Mansukhani - Scén. : Anvita Dutt Guptan d'après une histoire de Taran Mansukhani - Int.: John Abraham, Abhishek Bachchan, Priyanka Chopra, Bobby Deol, Kiron Kher, Boman Irani - Dist.: Sana.

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COUPS D'ŒIL I LES FILMS

L'Empreinte de l'ange

Entre deux vedettes incontestées du cinéma français, en l'occurrence Sandrine Bonnaire et Catherine Frot, s'établit ici une correspondance, une réciprocité dans

les échanges humains. Dans un film qui aurait pu s'avérer un mélodrame larmoyant (une mère est convaincue qu'une fillette qu'elle a aperçue dans une fête d'enfants est le bébé qu'elle a perdu à la naissance des années plus tôt), les deux comédiennes soutiennent avec rigueur et conviction un face-à-face d'une inspirante force dramatique. Si le film débute en lenteur, déroutant un peu le spectateur, ne sachant où il se trouve, force est de souligner que très vite la véritable intrigue prend son envol, offrant des séquences magnifiques où règne l'art de l'interprétation. Cela permet aux protagonistes de renouer avec la technique des gestes, les divers mouvements du corps, l'alternance des visages exprimant de multiples émotions. Si avec Le Coup de la girafe, Nebbou nous offrait un film plutôt bancal, L'Empreinte de l'ange est beaucoup plus maîtrisé, la mise en scène dévoilant son originalité dans la deuxième moitié, avec, en prime, une finale aussi déroutante qu'imaginative.

ÉLIE CASTIEL

• France 2008, 95 minutes - Réal.: Saty Nebbou - Scén.: Saty Nebbou, Cyril Gomez-Mathieu - Int.: Sandrine Bonnaire, Catherine Frot, Wladimir Yordanoff, Michel Aumont, Antoine Chappey, Michel Aumont, Michèle Moretti - Dist.: Seville.

Fashion

A vec Fashion, excursion dans le domaine de la mode dans une Inde urbaine de plus en plus occidentalisée, Madhur Bhandarkar et Niranjan Patwardhan transcendent

les codes du genre (le mélodrame contemporain) pour nous donner une œuvre forte, sensuelle et d'une étonnante beauté formelle. Dans un contexte de cinéma hollywoodien, c'est sans aucun doute la première fois que le sujet de l'homosexualité masculine est abordé non seulement avec sérieux, mais débarrassé des clichés caricaturaux normalement présents dans un certain cinéma populaire. Tout en respectant les règles de la bienséance, Bhandarkar et Patwardhan vont droit au but, articulant avec dignité, sincérité et un dialogue percutant la dynamique urbaine d'une nouvelle Inde plurisexuelle. La transition entre la tradition et la modernité est ici montrée sous son aspect le plus farouche; l'homme et la femme ne cessent de se redéfinir et leurs rapports de force ressemblent à s'y méprendre à ceux de l'Occident. Avec Fashion, Bollywood prend un nouvel envol. Lors de la sortie prochaine en DVD, les producteurs nous promettent d'inclure des scènes censurées au grand écran, notamment en ce qui a trait aux personnages homosexuels. Provocateur et exaltant.

É L I E C A S T I E L

• Inde 2008, 167 minutes — Réal.: Madhur Bhandarkar, Niranjan Patwardhan — Scén.: Madhur Bhandarkar, Niranjan Iyengar, Ajay Monga, Anuradha Tiwari — Int.: Priyanka Chopra, Kangana Ranaut, Mugdha Godse, Arbaaz Khan, Arjan Bajwa, Ashwin Mushran — Dist: Sana.

Faubourg 36

Comme dans le monde de la musique, que Christophe Barratier connaît bien, il est souvent difficile de produire un deuxième film majeur après un grand succès.

Autant Les Choristes avaient du charme dans sa simplicité et sa sobriété, grâce aux acteurs enfants qui jouaient juste et un Gérard Jugnot attachant, autant ici on assiste à un foisonnement de clichés bien lourds. Scénario prévisible d'ouvriers qui, avec l'aide du voisin ermite qui s'avère être un compositeur de génie, monteront un spectacle afin de sauver leur vieux théâtre. En parallèle, l'histoire connue d'un père cherchant à retrouver son fils. On s'ennuie pendant ces deux heures de clichés tournés dans des décors de carton-pâte avec des éclairages simplistes et une mise en scène molle. Les scènes extérieures, avec leur petite neige générée par ordinateur, ressemblent trop aux décors de boules de verre et la musique sucrée de ce trop long métrage ne sauve pas la mise. Il vaut mieux revoir les comédies musicales classiques, les bons vieux films avec Pierre Richard ou, pour plus d'audace, Mou l in Rouge.

É L È N E D A L L A I R E

• France 2008, 120 minutes - Réal. : Christophe Barratier - Scén. : Christophe Barratier, Julien Rappeneau, Pierre Philippe - Int.: Gérard Jugnot, Clovis Cornillac, Kad Merad, Pierre Richard, Nora Arnezeder, Maxence Perrin - Dist.: Alliance.

SÉQUENCES 258 > JANVIER FÉVRIER 2009

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BJ LES FILMS I COUPS D'ŒIL

Faut que ça danse !

L orsque Noémie Lvovsky se penche sur la vieillesse et ses multiples manifestations, elle le fait certes avec une certaine noblesse du cœur et un sens inné de l'observation.

Mais là où le bât blesse, c'est dans la trajectoire, souvent périlleuse, qui consiste à conjuguer le drame et la comédie. Le narcissisme dont sont atteints certains personnages, notamment celui de Salomon, le patriarche, se révèle ici néfaste jusqu'à rendre certaines séquences agaçantes, même si, au fond, Jean-Pierre Marielle demeure d'une grâce et d'une élégance incomparables. Angoisses, liens ambigus, rapports familiaux atrophiés par les affres du temps et le hasard de la vie, tics malencontreux (comme cette manie, aussi prétentieuse qu'inutile, de parler parfois anglais) sont autant de motifs que Faut que ça danse! articule avec une désinvolture maladroite et un goût pour l'affect névrotique. Demeure alors la présence de comédiens de grand talent qui semblent savourer chaque minute de cette comédie qui se prend trop au sérieux, mais qui, grâce aussi aux personnages secondaires, est sauvée de la noyade, procurant tout de même quelques instants d'un plaisir sans doute inavoué.

É L I E C A S T I E L

• France / Suisse 2007, 100 minutes — Réal. : Noémie Lvovsky — Scén. : Noémie Lvovsky, Florence Seyvos — Int.: Jean-Pierre Marielle, Valeria Bruni Tedeschi, Sabine Azéma, Bulle Ogier, Bakary Sangaré, Arié Elmaleh — Dist.: Seville.

Les Femmes de l'ombre

Quelques jours avant le débarquement du 6 ju in 1944, un commando improvisé de Françaises exilées à Londres est envoyé en Normandie pour délivrer un prisonnier

anglais. Je ne m'attendais pas à grand-chose de cette nouvelle œuvre de Jean-Paul Salomé, dont les versions tape-à-l'œil de Belphégor et d'Arsène Lupin m'avaient laissé de glace. Surprise ! Sur un sujet assez peu traité au cinéma, soit le rôle des femmes dans la Résistance (on se rappellera tout de même Blanche et Marie de Jacques Renard, et Lucie Aubrac de Berri), le réalisateur nous livre une excellente reconstitution d'époque, basée sur les exploits authentiques de la résistante Lise Villameur. Le film relate un épisode mouvementé de la vie d'un frère et d'une sœur engagés dans le combat contre l'occupant nazi, que viennent épauler d'autres «filles de l'ombre». D'abord incertaine, leur solidarité se développe au fil d'événements tragiques qui se bousculent sur une très courte période. En outre, la psychologie des personnages, y compris celle d'un officier allemand, est nuancée grâce au jeu des comédiens, que domine la prestation sans faille de Sophie Marceau.

D E N I S D E S J A R D I N S

• France, 2008, 118 minutes-Réal.: Jean-Paul Salomé-Scén.: Jean-Paul Salomé, Laurent Vachaud-Int.: Sophie Marceau, Julie Depardieu, Marie Gillain, Moritz Bleibtreu. Julien Boisselier, Déborah François - Dist.: TVA.

Le Grand Départ

A près l'accueil plutôt tiède que lui avaient réservé public et critique pour son émission Detect inc., Claude Meunier a pris le chemin de la maison pour y ébaucher

sa première incursion cinématographique, le judicieusement intitulé Le Grand Départ. Dans la même lignée qu'American Beauty, ou La Vie après l 'amour, pour rester dans la cinématographie québécoise, le film de Meunier raconte la crise identitaire d'un père de famille qui décide de quitter sa quiétude familiale de banlieue pour aller vivre avec sa maîtresse, une peintre vingt-cinq ans plus jeune que lui. Plus aigre que douce, cette comédie renoue infailliblement avec les personnages et les thèmes chers à l'univers Meunier sans pour autant y apporter de grandes nouveautés. Malgré sa mise en scène irréprochable, Meunier n'évite pas pour autant 1 ecueil des maladresses de la première œuvre (longueurs, personnages inutiles ou franchement superficiels (on pense notamment ici au sort réservé aux personnages féminins). Cela étant dit, avec un tel casting rassemblé, il serait vraiment injuste de bouder notre plaisir. À suivre donc.

S A M I G N A B A

• Canada [Québec] 2008, 100 minutes - Réal.: Claude Meunier - Scén.: Claude Meunier - Int.: Marc Messier, Guylaine Tremblay, Hélène Bourgeois Leclerc, Rémy Girard, Sophie Desmarais, Diane Lavallée -Dist.: Alliance.

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COUPS D'ŒIL I LES FILMS I

Passchendaele

A notre époque. 90 ans après l'Armistice, la Première Guerre mondiale reste encore le point de référence pour jauger les conflits, par son caractère dévastateur et

son emploi immodéré de masses de soldats pour gagner puis perdre de petites portions de territoire. Paul Gross, voulant rendre hommage à son grand-père maternel qui participa à ce conflit, prend les bouchées quadruples en étant producteur, scénariste, acteur et réalisateur d'un film à la fois intimiste à quelques moments et grandiloquent à plusieurs autres. Le scénario montre bien que c'est souvent pour des raisons autres que patriotiques que beaucoup s'enrôlaient dans l'armée dans les dernières années du conflit. L'interprétation est dominée par Gross et Caroline Dhavernas, qui forment un couple plausible. Il est d'ailleurs intéressant de constater que le Canada a produit surtout des longs métrages de fiction militaire à partir de lieux de sacrifice — celui-ci et The Wars de Robin Philips, d'après le roman de Timothy Findley — et non sur Vimy, sa plus victorieuse entreprise.

Luc CHAPUT

• LA BATAILLE DE PASSCHENDAELE — Canada 2008, 114 minutes — Réal. : Paul Gross. — Seen. : Paul Gross — Int.: Paul Gross, Caroline Dhavernas, Joe Dinicol, Meredith Bailey, Jim Mezon, Gil Bellows — Dist.: Alliance.

Le premier jour du reste de ta vie

Chez les Duval, la vie est loin d'être un long fleuve tranquille. Il y a d'abord l'aîné, Albert, qui quitte le nid familial, le second fils, Raphaël, qui peine à trouver un

sens à sa vie, et la cadette, Fleur, qui vit ses premiers émois amoureux. À travers ces petits drames de la vie quotidienne, les parents tentent de garder l'équilibre. Pour son second long métrage, Rémi Bezançon (Ma vie en l'air) illustre cinq journées marquantes dans la vie des protagonistes. Cette façon de diviser le récit se révèle intéressante puisque les personnages sont ainsi très bien définis, particulièrement celui de Fleur. Déborah François (L'Enfant), qui incarne la jeune rebelle, brille dans ce rôle complexe. Tout comme Marc-André Grondin, qui fait une première incursion réussie dans le cinéma français. Malgré une reconstitution des années 1980-90 remarquable, des personnages attachants et des chansons qui marquent les ellipses, Le premier jour du reste de ta vie demeure moins touchant que C.R.A.Z.Y., auquel on le comparera inévitablement.

C A T H E R I N E S C H L A G E R

• France 2008, 114 minutes — Réal.: Rémi Bezançon — Scén.: Rémi Bezançon — Int.: Jacques Gamblin, Zabou Breitman, Déborah François, Marc-André Grondin, Pio Marmaï — Dist.: Seville.

Pride and Glory

L oyauté, honneur, moralité, corruption, voici les thèmes dont s'abreuve inépuis­ablement le genre policier. Difficile de ne pas discerner un sous-texte politique à

cette saga policière dans laquelle les personnages, des honorables policiers, marchandent leur propre honneur au plus offrant. Tout aussi ambitieux que fascinant, Pride and Glory brosse le portrait d'une Amérique corrompue dans son for intérieur, prise entre deux feux et prête à tout pour sauver la respectabilité de ses institutions. Efficace tant dans sa réalisation que dans sa distribution, Pride and Glory souffre inévitablement de comparaisons qui ne lui font pas justice (Serpico, The Godfather ou encore le récent Narc). Certains accuseront son réalisateur de jouer dans les plates-bandes du récent We Own The Night, quand, en vérité, les studios étant plus soucieux de leur image et de leur marge de profit que d'un projet qui ne prémédite rien de plus qu'un débat moral intelligent et assumé. Décidément, à Hollywood l'intelligence nuit aux affaires...

SAMI GNABA

• EN TOUTE LOYAUTÉ — États-Unis / Allemagne 2008, 130 minutes — Réal.: Gavin O'Connor — Scén.: Gavin O'Connor, Joe Carnahan — Int.: Edward Norton, Collin Farrel, Jon Voight, Noah Emmerich, Jennifer Ehle — Oist. : Alliance.

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Q LES FILMS I COUPS D'ŒIL

Restless

Amos Kollek s'est fait connaître avec sa trilogie new-yorkaise Sue Lost in Manhattan / Fiona / Fast Food, Fast Women mettant en vedette Anna Thompson. Restless,

sa nouvelle réalisation, risque de décevoir ses admirateurs. Moshe, Israélien en exil à New York, récite sa poésie dans un bar d'East Village. Il y fait la rencontre de Yolanda, la barmaid bourrue de la place. Mais sa vie bascule lorsqu'il reçoit un appel de Tzach, son fils abandonné devenu soldat dans l'armée israélienne. Dès lors, il n'a qu'une envie : revoir ce fils inconnu. En plaçant les relations père-fils au cœur de Restless, Amos Kollek rate la cible. Les retrouvailles surviennent si tard dans le récit que l'on s'ennuie ferme. Et on ne croit pas du tout à cette relation d'abord orageuse devenue subitement harmonieuse. Qui plus est, les acteurs ne livrent pas de prestations remarquables. Restent la jol ie musique jazzy de la Montréalaise Delphine Measroch, qui rythme le film et les images de la Big Apple que le réalisateur a toujours si bien su filmer.

C A T H E R I N E S C H L A G E R

• Israël /Canada 2008, 100 minutes — Réal.: Amos Kollek -Danker, Karen Young, Phyllis Somerville — Dist.: Équinoxe.

Seen. : Amos Kollek — Int. : Moshe Ivgy, Ran

RocknRolla

Prévoyant investir dans un grand complexe immobilier à Londres, un homme d'affaires russe mafieux fait appel au chef de la pègre locale afin d'accélérer les

procédures administratives. S'ensuit un récit aux multiples rebondissements. Sans doute anxieux de faire oublier ses derniers échecs, Guy Ritchie renoue avec le genre qu'il affectionne le plus, le film d'action peuplé de mecs virils et de clans de criminels qui. étonnamment dans RocknRolla, semblent beaucoup plus sensibles qu'on ne le pense. Ce qui transparaît néanmoins dans ce film où les règlements de compte et le goût des situations extrêmes se côtoient avec jovialité, sens de l'humour et ludisme, c'est avant tout que Ritchie pratique l'esbroufe avec élégance et dextérité. La révélation de l'homo­sexualité, pourtant fort peu probable d'un des protagonistes, se révèle à la fois enlevante et joliment fignolée et les répliques, bien contrôlées par un dialoguiste inspiré. La voix off, peut-être trop utilisée, procure une certaine latitude dans la construction narrative du récit. On regarde le film avec plaisir, même si on l'oublie vite après les presque deux heures de projection.

É L I E C A S T I E L

• Grande-Bretagne 2008, 114 minutes — Réal.: Guy Ritchie — Scén.: Guy Ritchie • Jeremy Piven, Thandie Newton, Gemma Atherton, Tom Wilkinson — Dist.: Warner.

Int.: Gerard Butler,

Sous la cagoule, un voyage au bout de la tor ture

Patricio Henriquez persiste et signe. Avec le même doigté, soucieux du droit à l'information, le documentariste-journaliste propose un nouveau long métrage

percutant, fort en images et en révélations-chocs. Sous la cagoule, un voyage au bout de la to r ture ne s'embourbe pas dans les demi-mots et politesses. À travers les multiples voix à qui il tend le micro, Henriquez accuse certains régimes, en premier lieu les États-Unis, de violation des droits humains. La cagoule n'est pas seulement celle des prisonniers, elle permet aussi aux tortionnaires de jouer à l'autruche. Abou-Ghraïb et Guantanamo ne sont que les cas connus d'une pratique secrète, mais institutionnalisée par The School oj the Americas, dont la doctrine militaire s'exporte en Amérique latine. Sous la cagoule manque cependant de fraîcheur. La torture se trouvait déjà au cœur des précédents opus de Henriquez (Désobéir, Le Côté obscur de la Dame blanche), et dans un style semblable, rythmé d'archives et du découpage dans le temps. Peut-on vraiment le lui reprocher? Sa dénonciation, juste et noble, crie, hurle, ce que d'autres pensent tout bas.

J É R Ô M E D E L G A D O

• Canada [Québec] 2008, 107 minutes — Réal. : Patricio Henriquez — Scén. : Patricio Henriquez — Avec : Mourad Bechallali, Sean Baker, Diana Ortiz, Burton J. Lee — Dist. : K-Films Amérique.

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COUPS D'ŒIL I LES FILMS I

Transporter 3

Depuis plusieurs années déjà, le producteur Luc Besson exploite le filon de ses séries à succès. Après quatre films de sa série Taxi, le voilà qui pond et produit

un troisième volet aux aventures de Frank Martin, le héros de la série The Transporter mettant en vedette Jason Statham. Ce dernier reprend du service avec son air toujours aussi stoïque malgré le fait qu'une jeune Russe, qu'il doit livrer en guise de monnaie d'échange, va tomber amoureuse de lui. Écrit sur le pilote automatique et monté à la va-comme-je-te-pousse, ce dernier opus va encore plus loin en matière de cascades spectaculaires (dont la majorité sont malheureusement réalisées en numérique) et d'invraisemblances criantes. Même les séquences de combats sentent le réchauffé et le montage hypersaccadé ne rend pas justice au travail de l'excellent chorégraphe chinois Corey Yuen, responsable une fois de plus de la chorégraphie des combats. Bref, seuls les amateurs de Besson et des deux premiers films de cette série trouveront leur compte dans ce produit aussi vide qu'insipide.

P A S C A L G R E N I E R

• LE TRANSPORTEUR 3 - 2008, 100 minutes - Réal.: Olivier Megaton - Scén.: Luc Besson, Robert Mark Kamen - Int.: Jason Statham, Natalya Rudakova, Robert Knepper, François Berléand, Jéroen Krabbé, Alex Kobold -Dist.: Seville.

What Just Happened?

Ben est un producteur à la gloire échue. En proie à une crise, autant professionnelle que personnelle, il nage à contre-courant. Que ce soit avec sa femme, insensible à ses

tentatives de réconciliation, ou avec ses patrons à qui il doit rendre des comptes, les pressions l'assaillent de partout. Il faut comprendre que la projection-test de son dernier film a sonné le glas de sa carrière dans l'industrie. Multipliant les pistes et les personnages, souvent caricaturaux, cette comédie portant sur la superficialité du starsystem hollywoodien, signée Barry Levinson (le mordant Wag The Dog), ne fait pas justice à sa distribution de premier plan. Sa réflexion, quant à elle, demeure à l'image de son sujet... inaboutie et superficielle. Lorgnant de loin les infiniment supérieurs Hol lywood Ending et The Player, What Just Happened?, un peu comme son titre l'indique, semble se questionner sur ses propres motifs de réalisation. On n'y discerne rien de ce qu'on ne savait pas déjà. Sinon cette vérité qui n'est plus un secret pour personne : l'élève Penn a depuis longtemps dépassé le maître De Niro.

S A M I G N A B A

• États-Unis 2008, 103 minutes — Réal.: Barry Levinson - Scén.: Art Linson — Int.: Robert De Niro, Catherine Keener, Robin Wright Penn, Michael Wincott, John Turturro, Sean Penn — Dist.: Alliance.

Yuvvraaj

U ne des figures de proue du cinéma indien, Subhash Ghai, est un des cinéastes les plus populaires et un ardent défenseur du cinéma commercial et populaire. Avec

comme toile de fond cette histoire de dispute et d'héritage familial, Yuvvraaj poursuit dans la même veine que les précédents films du cinéaste où il magnifie les liens familiaux et prône un retour aux bonnes vieilles valeurs. L'action se déroule en grande partie à Prague; les décors et la direction artistique — avec ces salons aussi vastes que des gymnases — sont carrément sublimes. Bien que la construction dramatique laisse un peu à désirer et que l'exécution est parfois erratique, l'émotion est au rendez-vous, spécialement dans la deuxième partie du film, nettement moins éparpillée que le début. La musique occupe toujours une place prépondérante dans l'œuvre de Subhash Ghai et l'action se déroule dans un contexte musical, incorporant à merveille la très belle musique de l'excellent compositeur AR. Rahman. Les têtes d'affiche sont Salman Khan, véritable sosie indien de Javier Bardem, et Anil Kapoor, acteur fétiche du cinéaste qui parvient à jouer un autiste sans jouer en débile. Le reste de la distribution est toutefois inégal... un peu à l'image du f i lm .0

P A S C A L G R E N I E R

• Inde 2008, 159 minutes - Réal. : Subhash Ghai - Scén. : Subhash Ghai - Int. : Salman Khan, Anil Kapoor, Katnna Kaif, Zayed Khan, Boman Irani, Mithun Chakraborty - Dist.: A-Z Films Inc.

SÉQUENCES 2 5 8 >• JANVIER FÉVRIER 2009