COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de...

16
www.cathobel.be Numéro 14 Hebdomadaire du 5 avril 2020 Bureau de dépôt : Charleroi X • Agréation N° : P305034 - 1,50€ COUPLE S’aimer dans l’imperfection p.6 LES CONFIRMATIONS ET PREMIÈRES COMMUNIONS SONT REPORTÉES p.3 LES DÉGÂTS COLLATÉRAUX DU CONFINEMENT p.4 SEMAINE SAINTE: OSEZ DES "LITURGIES DOMESTIQUES" p.5 CAROLINE VALENTINY NOUS PARLE DE SON NOUVEAU ROMAN p.12 © Pexels

Transcript of COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de...

Page 1: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

www.cathobel.beNuméro 14 Hebdomadaire du 5 avril 2020Bureau de dépôt : Charleroi X • Agréation N° : P305034 - 1,50€

COUPLES’aimer dans l’imperfection p.6

LES CONFIRMATIONS ET PREMIÈRES COMMUNIONS SONT REPORTÉES p.3

LES DÉGÂTS COLLATÉRAUX DU CONFINEMENTp.4

SEMAINE SAINTE:OSEZ DES"LITURGIES DOMESTIQUES"p.5

CAROLINE VALENTINY NOUS PARLE DE SON NOUVEAU ROMANp.12

© P

exel

s

Page 2: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

©Pe

xels

Edito

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, cette phrase ponc-

tue chaque fin de contacts que ce soit verbalement, par mail, SMS ou téléphone. Elle est révélatrice de ce que nous vivons. La distanciation sociale et le confinement obligatoire sont lourds à supporter. Certains sont certes un peu privilégiés parce qu’ayant un jardin ou n’étant pas isolés, mais être privés de tout contact nous fait subitement prendre conscience que les autres ont de l’importance pour nous. Bien plus que nous ne pouvions l’imaginer. On s’aperçoit que derrière les chiffres qui nous sont fournis chaque jour sur le nombre de décès, de contami-nations et d’hospitalisations, il y a des réalités humaines douloureuses: l’an-goisse, la tristesse, le doute, la peur… Sans oublier le drame que repré-sente, lorsque c’est le cas, le fait de ne pas pouvoir accompagner un être cher mourant ou de participer à des funérailles. C’est une situation sans précédent dans l’Histoire récente, qui peut conduire parfois, on l’a vu, à des comportements irrationnels. Mais, comme le souligne le philo-sophe Martin Steffens, il ne faudrait pas que cette peur nous conduise encore à renforcer notre peur de l’autre. Pour cela, une fois la pan-démie déclarée finie, il faudra que la confiance soit là, à tous niveaux. Car, soyons-en persuadés: nous ne vivrons plus comme avant.Nous pouvons certes nous dire qu’après chaque grande crise ou catastrophe, comme les attentats terroristes, un élan de solidarité spontanée naît pour s’étioler ensuite. Pourtant, cette fois, par le fait que nous sommes tous touchés par cette épidémie, à des degrés divers il est vrai, la solidarité nous concerne aussi parce qu’elle s’adresse à… chacun de nous.Dans cette édition de Dimanche, vous trouverez des initiatives qui appa-raissent çà et là, pour vivre au mieux sa foi et sa spiritualité, au moment où nous sommes privés de sacre-ments et de liturgie, en cette période de carême qui prend une dimension subitement tout autre.Nos équipes restent mobilisées et motivées, malgré des conditions de travail pas faciles, pour vous apporter chaque semaine de quoi alimenter votre information. Et nos pensées vont, comme l’a déclaré le pape François, vers ces "héroïnes et héros sans nom", qui font la "une" des journaux, mais qui risquent leur santé pour venir en aide aux autres. Ces "autres" qui nous rappellent cette parole du Christ: "Tu aimeras ton prochain comme toi-même!"

✐ Jean-Jacques DURRÉ

DIMANCHE N°14 5 avril 20202 BELGIQUE

ÉDITO

Prends soin de toi…

© C

atho

Bel

C’est en tout cas le message de Church4You pour les jeunes. En raison du confinement actuel, la traditionnelle Journée Mondiale de la Jeunesse ne pourra pas avoir lieu le 5 avril prochain, jour du Dimanche des Rameaux. C’est pourquoi la Pastorale des Jeunes lance six défis pour rester vivant!

Chaque année, le Dimanche des Rameaux correspond également à la Journée Mondiale de la Jeunesse

(sauf les années où ont lieu les JMJ mondiales). A cette occasion, le pape François invite les jeunes à méditer un thème.

"Lève-toi!"En 2018, les jeunes s’étaient retrouvés dans la forêt de Soignes pour la marche "No Fear Choose". Le thème proposé était alors: "Sois sans crainte, Marie, tu as trouvé grâce auprès de Dieu." L’année der-nière, en janvier 2019, certains Belges étaient au Panama pour vivre les JMJ, tandis que beaucoup se rassemblaient à Bruxelles, pour vivre, en lien avec les JMJ, la Nuit Blanche "Aimer et servir". Malgré le confinement, Church4You a décidé d’inviter les jeunes à vivre d’une autre manière, plus "confinée", peut-être plus "intérieure", la 35e Journée Mondiale de la Jeunesse dont le thème est: "Jeune homme, je te le dis, lève-toi!" (Lc 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ?

Relève le défi!Sur base de la lettre adressée aux jeunes par le pape François, à l’oc-casion de cette 35e JMJ, l’équipe de Church4You a donc préparé six défis à réaliser chez soi, en ce temps de confi-nement, pour être sûr d’être encore vivant! 1. Ose voir les réalités de souffrance et de mort. A trois reprises, aujourd’hui, je regarde avec des yeux attentifs ceux qui m’en-tourent. J’ose regarder les personnes avec qui je suis dans les

yeux. Ce garçon de l’Evangile, qui était vraiment mort, est revenu à la vie parce qu’il a été regardé par Quelqu’un qui voulait qu’il vive. 2. Jésus se laisse toucher "jusqu’aux entrailles" par la souffrance d’autrui. Aujourd’hui, parce que j’ai su com-patir (souffrir avec) sans me laisser voler cette sensibi-lité, à qui puis-je dire: "Lève-toi, tu n’es pas seul."3. Approche-toi et touche... En ce temps de confinement, nous "jeûnons" d’être proches les uns des autres, nous "jeûnons" de ‘toucher’ ceux que nous croisons souvent, nos amis, proches, voisins… Aujourd’hui, quel geste de proximité, simple mais concret, puis-je poser qui pourrait susciter des forces de résurrection? Si toi aussi tu sens la bouleversante tendresse de Dieu pour toute créature, alors, tu pourras t’approcher, comme lui, et transmettre sa vie à tes amis qui sont

‘morts’ intérieurement. 4. Lève-toi! Le premier pas est d’accepter de se laisser relever, de sentir qu’on est soutenu par quelqu’un qui nous accompagne, sans jamais nous abandonner! Alors, aujourd’hui, on se lève dix fois consécutives de son ‘canapé’ de manière dyna-mique.

5. Ta vie nouvelle de ressuscité. La pre-mière chose que le jeune homme fait après sa résurrection, c’est qu"il se mit à parler" (Lc 7, 15). Aujourd’hui,

tiens tes bras levés en V pendant deux minutes minimum en songeant que "lève-toi" c’est aussi "rêve", "risque", "deviens ce que tu es". 6. Enfin, poster avant Pâques, sur le profil Facebook Church4You, un visuel (image, courte vidéo) ou une courte

phrase biblique, d’un auteur ou personnelle, en lien avec "Lève-toi", qui peut inciter d’autres jeunes à se mettre en route.

✐ S.D.

35e JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE

En confinement, reste VIVANT !

DIOCÈSE DE LIÈGE

Eric de Beukelaer nommé vicaire généralMgr Jean-Pierre Delville, évêque de liège, a annoncé différents changements au sein du Conseil épiscopal du diocèse. Le chanoine Eric de Beukelaer succédera à l’abbé Alphonse Borras en tant que vicaire général du diocèse.

"Aujourd’hui, tiens tes bras levés en V pendant deux minutes minimum ..."

Le vendredi 27 mars, Mgr Jean-Pierre Delville a annoncé quelques

changements dans le diocèse de Liège, qui seront effectifs dès la rentrée pas-torale prochaine, en septembre 2020. L’abbé Alphonse Borras a présenté sa démission en tant que vicaire général du diocèse.L’abbé Alphonse Borras, soixante-huit ans, est canoniste et théologien. Il a lontemps enseigné l’ecclésiologie et le droit canonique, entre autres au sémi-naire épiscopal de Liège, à l’Université catholique de Louvain et à l’Institut ca-tholique de Paris. Spécialiste du diaco-nat et de la réalité paroissiale, auteur de nombreuses publications, Alphonse Borras est vicaire général du diocèse de Liège depuis 2001. Dans cette fonc-tion, il s’est particulièrement investi dans l’accompagnement du "Chantier Paroisses" du diocèse, ou encore dans

la Commission des Ministères laïcs.A compter du 1er septembre 2020, le chanoine Eric de Beukelaer reprendra la charge de vicaire général du dio-cèse. Eric de Beukelaer, cinquante-six ans, est vicaire épiscopal du diocèse de Liège pour les questions temporelles depuis septembre 2016. Il a également été, entre autres, porte-parole de la

Conférence des évêques de Belgique (2002-2010) et curé-doyen du centre-ville de Liège (2011-2016). Il est éga-lement chroniqueur pour le quotidien La Libre Belgique et auteur de diffé-rents ouvrages, notamment sur la vie de l’Eglise.

✐ C.H. (Source: Diocèse de liège)

Alphonse Borras (à gauche) est vicaire

général du diocèse de Liège depuis 2001.

Le chanoine Eric de Beukelaer

(à droite) reprendra la charge de

vicaire général du diocèse.

©D

R

©D

R

Page 3: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

35e JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE

En confinement, reste VIVANT !

3DIMANCHE N°14 5 avril 2020 BELGIQUE

Assignés à la sédentarité, les chrétiens redoublent de créativité pour continuer à faire vivre et partager leur foi. Parmi les très nombreuses initiatives menées en paroisses, dans les communautés ou de manière personnelle, en voici quelques-unes glanées la semaine passée.

ILS CHANTENT POUR NOS CARÊMES

Depuis dix ans, les membres du ‘GPS trio’ partagent leur foi par le chant et la musique. A défaut de veillées publiques, ils se mettent à présent virtuellement au balcon. Ils proposent en effet un moment de prière-méditation intitulé "La Bible chantée au balcon". Ce nouveau rendez-vous hebdomadaire - mais qui peut évo-luer en fonction des besoins - est offert via leurs pages Youtube et Facebook. Les trois artistes engagés préparent aussi un Chemin de Croix pour le Vendredi saint. Info: www.gps-trio.be ou page Facebook ‘GPS Trio – Chanter la Bible’. (N.G.)

PRIÈRE DU 25 MARS: UNIS PAR-DESSUS TOUT

Promouvoir le dialogue des cultures et des religions, c’est le travail quotidien de l’association In Touch. Loin d’abandon-ner ses projets en cours, elle les adapte aux contingences actuelles. Le 25 mars, elle a relayé l’appel du pape François et celui de l’archevêque de Rabat, Mgr Cristobal Lopez Romero, qui invitait à "une pandémie de prières contre la pandémie du coronavirus". A la lumière de bougies posées devant leurs fenêtres, à 20 heures, des croyants de toutes confessions se sont unis. Ainsi, la Fatihah des musulmans, le Shema juif, le Notre Père chrétien ou d’autres prières

VIVRE SA FOI MALGRÉ LE CONFINEMENT

Une épidémie d’initiatives

Face à l’épidémie du coronavirus Covid-19, la Conférence épiscopale se veut d’une extrême

prudence. Raison pour laquelle les évêques belges ont donc décidé le 30 mars, que les célébrations de confirmation et des premières communions prévues entre Pâques et la Pentecôte n’auront pas lieu à la date prévue. Les confirmations sont reportées au mois de septembre ou d’octobre. Les premières communions sont reportées à la pro-chaine année scolaire. Chaque diocèse proposera des dispositions en fonction de sa situation spéci-fique et en assurera la communication."Les raisons de ce report sont évidentes. Même en cas d’assouplissement des mesures actuelles,

Report des confirmations et des premières communionsle gouvernement ne permettra pas les célébrations religieuses avec une assistance nombreuse compo-sée de familles et de générations différentes (dont des grands-parents), ne tenant pas compte non plus du vécu récent de ces familles avec le coronavirus", écrivent les évêques. Ils rappellent que les enfants devront tout mettre en œuvre pour la réussite de leur année scolaire le dernier mois de celle-ci, "en particulier les futurs confirmands de 6e année pri-maire en vue de leur qualification pour les humani-tés. En ce sens, l’organisation des confirmations en juin n’est pas opportune."Et de conclure: "Même si les paroisses ou les caté-chistes ne peuvent actuellement plus organiser de réu-

nions, nous leur demandons de garder contact avec les enfants et les jeunes qui préparent leur première communion ou leur confirmation par courrier, par email, par streaming ou par téléphone par exemple. Dès la fixation d’une nouvelle date, ils adapteront leurs réunions en fonction de celle-ci." Les membres de la Conférence épiscopale terminent leur com-muniqué en remerciant tous ceux qui travaillent à une communication optimale avec les enfants et les jeunes et qui les aident à comprendre cette décision difficile et à effectuer sereinement le passage vers une nouvelle date. Le communiqué des évêques peut-être consulté sur le site www.cathobel.be

encore ont été récitées, chacun chez soi. Les réseaux sociaux ont aussi permis de mesurer l’enthousiasme pour ce moment de fraternité dans la prière.

Un souffle "covit-aminant"!Par ailleurs, si l’espace physique manque pour respirer pleinement, ‘in Touch’ pro-pose un temps de méditation virtuel appelé "Covit-amines". S’inspirer d’une pensée, puisant dans le riche héritage des traditions spirituelles et philosophiques, se recentrer sur son souffle et son espace intérieur peuvent aider à passer cette épreuve.Plus d’infos sur le site www.intouchbrus-sels.com et les pages Facebook @intou-chbrussels et @hopenetworkbrussels. (N.G.)

POUR LES ENFANTS

L’Evangile avec des marionnettes…

A l’aide de quelques draps et bouts de tissus, la paroisse Sainte-Julienne à Salzinne a planté les tréteaux d’un théâtre dominical, en direct sur le site paroissial et les réseaux sociaux. Des marionnettes représentent le père et Florence, une petite fille, le prêtre avec son étole… Le dialogue familial introduit l’extrait d’évangile commenté à l’aide des marionnettes. Et le père François de ré-pondre à l’enfant, en guise de conclusion: "Dieu n’envoie jamais aucune maladie, Dieu n’utilise jamais le mal (…) Il nous appelle à aimer, malgré les difficultés." Originale, la méthode permet de com-muniquer avec les plus petits, ravis de retrouver des interlocuteurs réguliers. C’est aussi une manière de revisiter le concept connu de Guignol, filmé, cette fois à l’heure du Net, pour la bonne cause.Infos: www.ste-julienne.be/Liturgie-de-la-Parole

… ou en bande dessinéeLes jeunes sont généralement sensibles au langage de la bande dessinée. Le concept a donc retenu l’attention de Luc Aerens. Et pour pallier le confinement, le diacre n’a pas hésité à mettre la main à la pâte et à mettre en scène lui-même l’évangile dominical. Pour guider le lec-teur, une bougie commente les réactions

des intervenants et glisse de petits mes-sages… “Dans l’épreuve, Dieu est à nos côtés. Il se réjouit de l’intelligence des humains qui peuvent guérir comme Lui! Il inspire la solidarité, la compassion, la tendresse, le pardon…” L’actualisation ne fait pas défaut au texte de la BD, qui prend en compte les difficultés du mo-ment présent. (A.T.)

APPROFONDIR LA SEMAINE SAINTE AVEC DOMINICAINS.TVC’est le 24 mai 2015 que les dominicains du couvent de Liège ont lancé officielle-ment le site Dominicains.tv. Leur ligne éditoriale? "Axée sur l’anthropo-théol-ogie: plus je comprends l’être humain, plus je comprends Dieu et inversement”, explique le frère Philippe Cochinaux. En ce temps de confinement, Dominicains.tv est un bel outil pour poursuivre la for-mation continue et pour approfondir le mystère de Dieu et de l’homme. Sur cette chaîne, plus de trois-cents séquences sont disponibles. Autant d’entretiens dans des domaines comme la théologie et la spi-ritualité, la politique, l’économie, la litté-rature, la philosophie, la sociologie et les sciences. Pour la Semaine Sainte, une programma-tion spéciale est en cours. Dominicains.tv invite à la prière de réflexion intempo-relle, pour aider à la compréhension. "L’enjeu est d’inviter les gens à vivre le mystère des Jours Saints de chez eux", indique encore le frère Philippe Cochinaux.

ENVOYEZ-NOUS VOS INTENTIONS DE PRIÈRE !En cette période particulière, Cathobel a lancé une ini-tiative sur son site, en synergie avec les radios RCF de Belgique. Une page intitulée "2020 – Pâques autrement" a été créée pour recevoir les intentions de prières des familles et des fidèles.Vous pouvez envoyer vos intentions de prière, éventuel-lement accompagnée d’une photo, soit à l’adresse [email protected], soit [email protected]. Elles seront reprises sur les sites www.cathobel.be et www.rcf.be. Elles seront aussi utilisées pour la prière universelle de la messe quotidienne diffusée sur les radios RCF.

Page 4: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

Les témoignages se ressemblent, brutaux. Le confi-nement, imposé mais globalement accepté, déploie

ses dérives conscientes ou beaucoup moins. "J’imagine, craint Charlotte, que, chez nous, cet isolement complé-mentaire entraîne autant de dépressions et de suicides, autant de morts finalement que le virus proprement dit.""Chez nous"... Au titre de neuro-psychologue, Charlotte travaille dans une maison de retraite. Elle y rencontre deux catégories de résidents, ceux – rares – qui "restent très bien sur le plan cognitif". Ils ont, selon l’expression consacrée, "toute leur tête", s’expriment, lisent, com-prennent, apprennent encore, replacent les éléments dans leur contexte. Ils acceptent, sachant pertinemment qu’ils ont amorcé la dernière ligne droite."Certes, analyse la neuro-psy, ces résidents se savent relativement enfermés pour leur bien. Souvent, ils ad-mettent qu’ils imaginent très mal retourner là où ils ont vécu. Mais ils se sentent désormais davantage encore en prison. Nous leur rappelons que la prison protège la société, alors que la maison de retraite les protège eux-mêmes. Mais, de fait, leur vie aujourd’hui est un confinement complémentaire dans le confinement. Beaucoup pleurent, plus encore ceux qui recevaient de nombreuses visites."

Appartenir à la sociétéL’accompagnement relève du tour de force lorsqu’il s’adresse aux personnes âgées qui connaissent des

Il y a la crise sanitaire. Puis la crise économique. S’exprimera, peut-être moins visible, la crise psychologique et sociale. Les psychologues montent au créneau. Un fameux chantier s’ouvre à eux, tous azimuts.

problèmes cognitifs. "Ceux-ci n’ont plus de repères, ne savent plus quel jour il est, notamment parce qu’ils n’ont plus de visite. Ils imaginent alors des complots ourdis pour les éloigner de leurs proches, ou qu’on ne les aime plus voire que l’on veut se débarrasser d’eux"."Les pensionnaires n’ont plus aucune vue sur le monde extérieur. Une visite change tout. Elle apporte de la joie, mais elle matérialise aussi le point d’attache avec l’extérieur. Depuis le confinement, les résidents perdent l’impression d’appartenir à la société." Chacun vit mal le calme régnant dans le salon qui re-groupait souvent de 30 à 50 visiteurs et pensionnaires. "Le moindre sentiment est accentué. L’angoisse monte et se transmet. Ils sont là à se regarder en chiens de faïence. Ils ne vont plus au jardin où les promenaient les proches. Il est très difficile de leur expliquer la situa-tion réelle. D’autant qu’ils oublient à la minute ce qu’on vient de leur dire."Et l’agressivité croît. Des coups partent parfois, notam-ment dans les espaces protégés. "Heureusement que Skype existe. Cela permet de leur rendre ce confinement plus acceptable. Nos résidents voient leurs proches, leur parlent, reçoivent des nouvelles." A l’instar de la visite, la technologie ‘son et image’ apporte la joie. "Et l’aspect nouveauté les amuse", constate la psychologue.

Angoisse à la maisonAutre victime du confinement: Léo*. Il vit avec sa ma-man, multi-convalescente. La vulnérabilité de sa mère

participe plus encore à sa propre angoisse. Au premier soir du confinement, ce quadra était déjà dans le trente-sixième dessous. "J’ai appelé un de mes médecins qui me rabâche d’habitude que je dois avoir un maximum d’activités sociales. L’Etat sacrifie les gens comme moi. J’ai dû doubler la médication. Ma dépression revient en force avec les idées noires". Le voilà qui replonge dans un spleen qui, naguère, l’a poussé à plus d’une tentative de suicide.En guise de fond d’écran de son ordinateur, Léo a instal-lé l’article 20 de la déclaration des droits de l’Homme, qui fait référence à la liberté de réunion et d’associa-tion. "Je suis d’abord rentré en résistance. Pour sau-ver ma peau. J’ai dit ‘merde’ à l’Etat! Je ne pouvais pas continuer à vivre dans cette psychose. Je pensais aller à l’encontre des recommandations qui m’envoient au peloton. Les Pays-Bas ont une autre stratégie face au coronavirus: pas de confinement mais plutôt une immunité de groupe. Chez nous, ce qu’ils n’auront pas en morts du virus, ils l’auront par l’isolement et par les émeutes. L’ Etat doit trouver des solutions pour les personnes dans mon cas".Pourtant, les institutions se coupent en quatre pour évi-ter des drames. Ainsi, les mutuelles disposent de numé-ros verts à l’écoute de patients en grande difficulté. Des psychologues sont là pour apaiser, orienter, conseiller. L’individu bien sûr, mais aussi le groupe, la famille, les milieux professionnels. Pour aider les confinés, les non-confinés, les "doubles confinés".La fédération belge des psychologues rappelle à ses membres qu’ils ont aussi pour tâche "d’aider en termes de communication et de changement de comportement, d’apporter leur soutien aux personnes touchées par la peur et la quarantaine tout en assurant la conti-nuité des soins" (par la télé-consultation). D’autant que "l’anxiété au sein de la population va augmenter", atti-sée encore par les ‘fake news’.De son côté Fanny Weytens, docteur en psychologie, a ouvert la plate-forme Psy for med, par laquelle des collègues, à titre bénévole, ouvre des consultations à l’adresse du corps médical et des soignants soumis à la colossale pression que l’on sait.Entre-temps, Léo a évolué dans son attitude. "Durant mes promenades, je remarque des groupes de voi-tures. Beaucoup se réunissent encore chez les uns et les autres. C’est incivique, irresponsable, criminel. Ces pseudos citoyens se comportent comme des collabora-teurs de l’ennemi – le Covid19 –! Ce sont des ennemis de la nation".

✐ Michel PETIT

*Prénom d’emprunt

LES PSYS EN LIGNE

Les dégâts collatéraux du confinement

4 BELGIQUE DIMANCHE N°14 5 avril 2020

Les appels vidéo permettent de rendre le confinement plus acceptable pour les résidents des maisons de

retraite. Et l’aspect nouveauté les amuse.

© A

dobe

Sto

ck

L’abbé Paul Hansen contemple ses ouailles depuis le haut de la Knipchen,

la colline, le sommet d’Arlon, où est plantée le bel édifice de Saint-Donat. Au pied du promontoire, une centaine de pensionnaires vit à la Résidence, maison de repos et de soins du CPAS d’Arlon.Paul Hansen y rend (avant confinement) de multiples visites. Un isolement tou-jours plus difficile à vivre. "La déprime sénile, sait le prêtre, ça existe. Désormais, ils sont doublement pénalisés. Ils restent confinés dans leur chambre et ils sont coupés de leurs proches et de leur fa-

mille. Lors de la mort, une barrière est tombée entre la famille et le résident décédé, qui n’a pu voir les siens lors de ses derniers instants. C’est également très frustrant pour la famille qui n’a pu assister son parent, qui ne l’a pas vu mourir."Et l’abbé de raconter cette récente his-toire d’un Arlonais qui fait revenir son parent d’une lointaine maison de retraite pour l’installer aux portes d’Arlon, les jours précédant le confinement. A peine celui-ci prononcé, le parent décède, seul, sans la moindre assistance, hormis celle

du personnel soignant. "C’est un déni de la mort", regrette l’ecclésiastique. "C’est un peu la mort volée. Une double peine: à la mort s’ajoute la frustration."L’abbé se réjouit des nouvelles tech-nologies qui permettent de conver-ser en voyant l’interlocuteur. Dans le confinement, elles ouvrent un nouveau contact avec la famille. "Cela nous aide", constate-t-il.Et d’espérer une tout autre pandémie: "La contagion de la solidarité doit conti-nuer. On ne peut guérir seul. On ne peut être heureux seul".

C’est vrai que traverser le Carême dans la solitude et envisager ainsi la fête de Pâques, la plus grande fête chrétienne, le laisse pantois. Il aimerait tant, lorsqu’il prononce l’office (dans la sacristie désor-mais), ne plus avoir à s’adresser à "ses biens chères chaises". Ses bien chers frères et soeurs, il les attire encore, au compte-gouttes, en laissant la porte de son église ouverte où brûle en perma-nence une bougie qui incite au recueil-lement, à la réflexion. Et à l’empathie.

✐ M.P.

ABBÉ PAUL HANSEN (ARLON)

"La contagion de la solidarité doit continuer"

Page 5: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

SEMAINE SAINTE EN CONFINEMENT

Vivre Pâques autrement

Monseigneur, il n’y aura pas de distribution de ra-meaux cette année. Beaucoup de personnes y sont attachés, mais quelle est la signification d’avoir une branche de rameaux à la maison?

La procession des Rameaux, au début de la litur-gie du Dimanche des Rameaux, est un rite, un geste symbolique qui fait mémoire de l’entrée de Jésus à Jérusalem, six jours avant la pâque juive. Pour accueillir Jésus et l’acclamer, la foule prend des ra-meaux et crie: "Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur" (Mt 21, 9). Au cours de la liturgie, il s’agit du même signe d’acclamation et d’accueil. On bénit le Christ pour sa venue, lui qui va entrer dans sa mort et sa résurrection. Le fait que le buis, chez nous, demeure vert longtemps, est déjà comme un signe de la résurrection.Comme tous les objets qu’on utilise en liturgie, les rameaux peuvent nous aider à ouvrir notre cœur à l’action de Dieu, mais ils n’agissent pas par eux-mêmes, de façon magique. Ce ne sont pas les objets comme tels qui agissent et qui sauvent, mais Dieu. Ils en sont les signes.

Peut-on remplacer les rameaux par autre chose?Oui, c’est le cas dans d’autres régions. Pourquoi chez soi, cette année, ne pas recueillir des branchages dont les feuilles sont justement en train d’éclore et les placer à la maison, à son balcon? Les enfants peuvent aussi faire un dessin des rameaux. Rien n’empêche d’organiser une liturgie à la maison, au cours de laquelle on pourra utiliser ces signes (voir encadré).

Dans les trois vicariats de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, la messe chrismale est reportée à une date ultérieure. Un report est donc liturgiquement possible?Oui, on peut reporter la messe chrismale, qui n’est pas intrinsèquement liée au Triduum pascal. Le pape François a ouvert cette possibilité vu les circons-

En Belgique, toutes les célébrations liturgiques de la Semaine sainte ont été annulées. Comment vivre les fêtes pascales dans cette situation de confinement, notamment en famille? Qu’est-ce qui est possible, qu’est-ce qui ne l’est pas? Mgr Jean-Luc Hudsyn, évêque référendaire pour la liturgie, répond à nos questions.

tances. Ce pourra être une belle fête de retrouvailles du peuple de Dieu après cette pandémie!

Serait-il également envisageable de reporter le Triduum pascal?C’est une question intéressante du point de vue de la symbolique liturgique. Pour la fête de Pâques, le christianisme a toujours veillé à garder un ancrage dans la liturgie du peuple juif. Alors que la date choi-sie pour fêter Noël répond à une intention symbolique en christianisant la fête romaine du "sol invictus", le retour de la lumière au 25 décembre, la Pâque du Christ s’inscrit dans une continuité avec la Pâque juive. Or, celle-ci est fixée au quatorzième jour du mois de Nisan, dont la date correspond à la pleine lune de l’équinoxe de printemps. C’est pour cette rai-son que la date de Pâques change chaque année: les chrétiens la fêtent, elle, le premier dimanche qui suit le quatorze de Nisan.Pâques n’est pas une fête mythique intemporelle. Elle s’inscrit dans l’Histoire, dans la tradition juive, mais elle a également une dimension, un enracinement cosmique qu’il ne faudrait pas négliger. Pâques est liée ainsi au cycle du soleil, à celui de la lune…

Les fidèles sont actuellement privés d’eucharis-tie. Dans votre lettre d’encouragement à tous vos collaborateurs, le 15 mars dernier, vous parlez d’"eucharistie de désir". De quoi s’agit-il?Lorsque la communion sacramentelle n’est pas pos-sible, comme actuellement, il est traditionnel dans l’Eglise de parler de communion spirituelle. De même, dans la Tradition de l’Eglise, on parle de "baptême de désir", lorsqu’on n’est pas en mesure de recevoir le baptême, par exemple dans des pays où les chrétiens sont persécutés. Dieu ne "suspend" pas sa grâce pour autant… Je renvoie au Catéchisme de l’Eglise catho-lique: "Dieu n’est pas lui-même lié à ses sacrements". Lorsqu’on ne peut pas les recevoir, indépendamment de notre volonté, de notre désir, le Christ se donne et nous pouvons le recevoir, être en communion intime

avec lui. Rien ne peut empêcher ces deux désirs de se rencontrer: le Christ qui nous désire et nous qui le désirons.

Y a-t-il des "risques spirituels" liés à la période actuelle de confinement?Toute spiritualité chrétienne consiste à voir Dieu en toute chose, quelle que soit la situation que l’on vit. Mais la spiritualité implique aussi un combat: on peut être tenté, tiré vers le bas. Dans la situation de confi-nement actuel, l’espace et le temps sont déstructu-rés. Les tentations peuvent dès lors être une forme de repli sur soi, le découragement, une indifférence progressive par rapport à Dieu et aux autres, le relâ-chement dans la prière, une paresse du cœur et de la foi…

Il y a également des fruits spirituels à recevoir dans ce contexte particulier…Le confinement peut donner lieu, paradoxalement, à un resserrement des liens, à une solidarité renouve-lée. Je suis d’ailleurs touché de voir tant de pasteurs, de communautés, de chrétiens, trouver des moyens pour rejoindre les autres, prier, pallier l’absence de liturgies publiques. A travers les médias sociaux, no-tamment, beaucoup font preuve d’une grande inven-tivité.On retrouve peut-être, en creux, l’importance de la communauté, de se retrouver de dimanche en dimanche pour l’eucharistie. C’est un lieu précieux de soutien, qui encourage, qui permet de garder nos cœurs ouverts.

Celles et ceux qui sont touchés par le Covid-19 – eux-mêmes ou des proches – vivent la Passion du Christ d’une manière particulière cette année…Parmi les choses qui me touchent le plus actuelle-ment, il y a celles et ceux qui sont confrontés à la mort dans un abandon et une solitude extrême. C’est une immense souffrance pour les patients, mais aussi pour le personnel soignant, les aumôniers, les familles… Je pense aussi aux funérailles réduites au minimum. On prend davantage conscience de l’importance de ne pas laisser partir quelqu’un seul. Le Christ a lui aussi été confronté à cet abandon, cette solitude. C’est quelque chose de poignant, et qui fait aussi réfléchir. Prend-on suffisamment soin de permettre à chacun de vivre sa mort et de l’y accompagner?

Comment vivre la résurrection du Christ au cœur de la crise?Là où il y a l’amour, le pardon – sans doute à ne pas négliger quand on vit le confinement en famille –, la solidarité, la bonté, le souci des autres, là la résurrec-tion est à l’œuvre. Je resssens d’ailleurs une intensifi-cation de la vie de foi et de la fraternité en ces temps difficiles. Or il est clair que l’Esprit du Ressuscité est à l’œuvre en toutes celles et tous ceux qui prennent soin des autres et les chrétiens n’en ont pas le monopole!

✐ Propos recueillis par Christophe HERINCKX

5SPIRITUALITÉDIMANCHE N°14 5 avril 2020

Le confinement ne pourrait-il pas être l’occasion de valoriser des

liturgies en famille? Dans ce sens, la Commission Interdiocésaine de Pastorale Liturgique (CIPL) fait des propositions aux respon-sables diocésains de la liturgie afin de soutenir les familles pour les fêtes pascales, et de favoriser la communion entre les chrétiens privés de célébrations.Comment peuvent se dérouler de telles liturgies? Pour prendre un

exemple, lors de la Vigile pascale, on peut commencer par célébrer un rituel du feu, en faisant un feu dans son jardin et en y allumant des bougies. On peut ensuite prier l’Exultet, lire quelques lectures, chanter l’Alléluia avant la lec-ture de l’évangile, renouveler ses engagements de baptême, lire des intentions, etc. La préparation de cette liturgie, en répartissant les tâches, peut être un beau moment à vivre en famille.

De cette façon, on ne vivra pas Pâques, en confinement, ou de manière seulement intellectuelle, mais on pourra incarner la fête par des rites. On rejoint ainsi une tradition très ancienne considé-rant la famille comme une "Eglise domestique", et qui s’enracine dans une tradition encore plus ancienne celle du judaïsme, où la foi se trans-mettait, entre autres, à travers des rites familiaux, par exemple lors du shabbat ou de la Pâque.

Liturgies domestiquesDans une lettre publiée le 23 mars, Mgr Jean-Luc Hudsyn invite les familles à vivre des "liturgies domestiques" pendant la Semaine sainte. De quoi s’agit-il, et comment vivre de telles liturgies à domicile?

© V

icar

iat d

u Br

aban

t wal

lon

Page 6: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

SOCIÉTÉ

APPRENDRE À VIVRE L’IMPERFECTION

Le couple parfait : l’inaccessible étoile !

Personne n’en parle mais tout le monde le vit. Comme un idéal, par-

fois. Une quête, une espérance. Mais le plus souvent comme un poids. Une obligation. Qui suscite déception, désil-lusion, frustration. Oui, notre société nous appelle à la perfection. Jamais ouvertement. Toujours subtilement. Discrètement. Mais inlassablement. Dans le monde du travail, notamment. Où nous devons être ultra-flexibles, ouverts, agiles. A travers la publicité, aussi. Produits à l’appui, les marques nous enjoignent à être hyper-connectés, rapides, modernes. Ces indications ne vont d’ailleurs pas toujours sans para-doxes. Ainsi, nous ne devrions nous re-fuser aucun plaisir mais conserver des lignes parfaites. Nous ne devrions pas passer trop de temps à cuisiner, mais il faudrait toujours manger sainement.

Puisque la perfection n’existe pas…Et à la maison? Et en couple? Comment nous défaire de ces insup-portables injonctions? Les Equipes Notre-Dame se sont emparées de la question. En collaboration avec les Editions Bayard, elles avaient même prévu d’y consacrer une "journée des familles", ouverte à tous, le 9 mai prochain. Coronavirus oblige, la jour-née n’aura pas lieu. Mais le défi de l’imperfection reste d’actualité. "Ce thème nous est apparu comme une évidence", explique Hubert Wattelet, responsable national du mouvement. "Dans certains médias, on assiste à un déferlement de stéréotypes. Nous devrions être des époux et des pères parfaits, des épouses et des mères par-faites. Des travailleurs parfaitement intégrés dans notre milieu de travail, exerçant des métiers dans lesquels nous serions pleinement épanouis. Et évidemment, nous devrions former des couples parfaits."Problème: la perfection… n’existe pas! C’est l’un des constats posés par Alexis Jenni. Cet écrivain français, prix Goncourt 2011, aurait dû intervenir le 9 mai. Dans un essai intitulé Vertus de l’imperfection, il invite ses lecteurs à distinguer le rêve de la réalité: "Il n’est jamais de perfection vécue, car on ne sait pas trop à quoi ça ressemblerait, et de toute façon tout est mobile", écrit-il. "Il n’est qu’une perfection rêvée, et encore, c’est lui faire trop d’honneur, c’est sous-estimer la profondeur du rêve: il n’est de perfection que fan-tasmée." Pour l’auteur, la perfection est de l’ordre du fantasme. "Et le fan-tasme n’est pas, même s’il est parfois agréable de le rêver", ponctue-t-il.

… reste l’imperfection!Conclusion: si la perfection n’existe pas, il ne reste donc plus que… l’im-

C’est une douce pression mais une puissante impression: en 2020, nous devrions être parfaits! Au travail, avec nos enfants, en prenant soin de notre santé et en étant d’irréprochables époux. Possible? Vraiment? Et si nous découvrions plutôt les vertus de l’imperfection?

perfection! "Quelle est la famille qui ne connaît pas l’un ou l’autre échec, soit conjugal, soit parental, soit pro-fessionnel ou encore de santé?", in-terroge le père Charles Delhez s.j., aumônier national des Equipes Notre-Dame. "Il est important d’apprendre à vivre l’imperfection, ou plutôt à en prendre conscience, car c’est elle qui nous garde en chemin. Notre imperfec-tion entretient notre humilité, et donc notre ouverture à l’autre, car je ne me suffis pas."Chaque mois, les couples appartenant au mouvement se retrouvent par cel-lules pour échanger dans un climat de bienveillante fraternité. "Si tous les couples ont leurs imperfections, Equipes Notre-Dame est une fameuse addition d’imperfections", sourit le père Charles. "Mais ces imperfections sont heureusement différentes, et c’est là qu’on peut s’aider les uns les autres." Reste une question: si nous sommes tous invités à accueillir nos propres limites, ne sommes-nous pas aussi appelés à les dépasser? "Nous considérons que nos propres imperfec-tions sont une évidence avec lesquelles nous devons apprendre à vivre", insiste Hubert Wattelet. "En même temps, nous pouvons aussi essayer de les combattre. Pas pour le plaisir, mais toujours dans le souci d’amélio-rer notre relation aux autres." De ce point de vue, le cheminement collec-tif peut se révéler utile. "En équipe, on peut pratiquer la ‘correction fra-ternelle’, art délicat mais si évangé-lique", détaille Charles Delhez. "Il est en effet essentiel de pouvoir accepter un regard extérieur qui a la lucidité de l’objectivité."

"Soyez parfaits"Sans doute la foi offre-t-elle aussi des outils pour avancer sur ce chemin d’humilité. Et pourtant, Jésus lui-même ne met-il pas la barre très haut? "Vous donc, soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait", or-donne-t-il dans l’Evangile de Matthieu. Charles Delhez recadre: "il serait plus juste de traduire ce passage par: ‘Vous serez parfait’. Du coup, il s’agit moins d’un impératif que d’une espérance, d’un horizon. Une morale du chemin et non du code." Sur ce chemin, Dieu ne nous livre pas à nous-mêmes. Il nous donne une arme redoutable: le pardon. "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux", lit-on encore en Luc. Pour le père Charles, "la perfection demeure un idéal, une promesse; la miséricorde nous permet de ne pas tomber dans le perfection-nisme".

✐ Vincent DELCORPS

6 DIMANCHE N°14 5 avril 2020

LA PERFECTION QUI NUIT AU LIT C’est de jour comme de nuit que les diktats de la perfection imposent leur loi. Dans le lit, les corps, à l’unisson, devraient parfaitement entrer en relation. Et l’acte sexuel, chaque fois, devrait être instant de grâce. La réalité? Elle est bien plus terne. Pas toujours folichonne. Pas pour les deux. Ou pas en même temps. Reste que cet écart entre mythe et réalité n’est pas toujours facile à accepter."On est dans une société de la performance et de l’efficacité", observait récemment la sexologue Thérèse Hargot dans La Libre Belgique. "Il faut tout réussir : son travail, sa vie de couple, sa vie sexuelle, sa famille, ses amitiés. Et quand la sexualité est vue comme un lieu où il faudrait aussi performer, on arrive au burn-out sociétal." Dans son dernier livre, intitulé Qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour? Thérèse Hargot se fait augure: "si on ne change pas radicalement notre façon de penser la sexualité et de la vivre, alors les couples n’auront plus de relations sexuelles d’ici une dizaine d’années". La sexologue dénonce notamment le rôle de la porno-graphie, dont l’objectif "n’est pas de nous apprendre à bien faire l’amour, mais de faire en sorte que des hommes et des femmes deviennent dépen-dants de ces images".

L’AMOUR REND-IL AVEUGLE ? L’on dit parfois que l’amour rend aveugle. Au point de ne plus voir les défauts du conjoint? Comment comprendre cette phrase? Voici la réponse de Charles Delhez sj. "Ce n’est pas l’amour qui est aveugle, mais le sentiment amoureux. L’amour consiste précisément à ouvrir les yeux et à dire: je vois tes défauts, tes limites, et même tes refus de m’aimer. Et pourtant je continue à vouloir t’aimer, non pas en fermant les yeux, mais en les gardant bien ouverts. Je me rends compte aussi que si tes défauts me font souffrir, ils te font mal à toi aussi. Or, vouloir aimer quelqu’un, c’est vouloir qu’il vive. Tes défauts t’empêchent de vivre de manière heureuse. Eh bien, je veux mettre une dose d’amour là où tu as de la peine à t’aimer toi-même. Aimer un être, c’est donc lui permettre de s’aimer lui-même. Pour cela, je devrai faire le deuil de cette idéalisation de l’autre, ‘ouvrir les yeux’. Il est impossible de durer dans une relation, quelle qu’elle soit, sans qu’il y ait ce deuil de l’idéalisation, et ce deuil va se réaliser, notamment, grâce au pardon. Je croyais pouvoir tout trouver en toi, mais finalement, tu es aussi pauvre et indigent(e) que moi. Et donc nous allons vivre cette alliance, non pas entre deux champions, mais entre deux personnes qui essaient de vivre toujours mieux leur humanité."

© A

dobe

Stoc

k

Page 7: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

BÉNÉDICTION URBI ET ORBI EXCEPTIONNELLE

"Seuls, nous faisons naufrage"Le vendredi 27 mars, le pape François a présidé un temps de prière suivi d’une bénédiction eucharistique "Urbi et Orbi" exceptionnelle. Une célébration émouvante afin de vivre avec foi et espérance ce temps d’épreuve pour toute l’humanité, que représente la crise sanitaire du Covid-19.

Une célébration émouvante, parti-culièrement lorsque le Saint-Père

a présenté le Saint-Sacrement devant une place Saint-Pierre vide, où la pluie tombait en abondance. Une place Saint-Pierre néanmoins "pleine" de la pré-sence spirituelle des fidèles qui ont suivi cet événement à travers les médias.

Comme les disciples… dans la même barqueDans son homélie, François est revenu sur l’évangile écouté (Mc 4, 35). "Depuis des semaines, la nuit semble tomber. D’épaisses ténèbres couvrent nos places, nos routes et nos villes; elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un vide désolant, qui paralyse tout sur son passage: cela se sent dans l’air, cela se ressent dans les gestes, les regards le disent. Nous nous retrouvons apeurés et perdus. Comme les disciples de l’Evan-gile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse. Nous nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et néces-saires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement. Dans cette barque… nous nous trouvons tous", a déclaré le pape. Le pape a mis le doigt sur nos manque-ments: "Nous sommes allés de l’avant à toute vitesse, en nous sentant forts et capables dans tous les domaines. Avides de gains, nous nous sommes laissé ab-sorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous ne nous sommes pas réveil-lés face à des guerres et à des injustices planétaires, nous n’avons pas écouté

le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons continué notre route, imperturbables, en pensant rester toujours sains dans un monde malade."François a estimé que Dieu nous invite à saisir ce temps d’épreuve comme un temps de choix. "Ce n’est pas le temps de ton jugement, mais celui de notre juge-ment: le temps de choisir ce qui importe et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. C’est le temps de réorienter la route de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres. Et nous pouvons voir de nombreux compa-gnons de voyage exemplaires qui, dans cette peur, ont réagi en donnant leur vie. C’est la vie de l’Esprit capable de rache-ter, de valoriser et de montrer comment nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires, souvent oubliées, qui ne font pas la une des journaux et

7INTERNATIONALDIMANCHE N°14 5 avril 2020

EN BREF

ASSISEVers l’économie de demain"Nous ne nous arrêtons pas", écrivent les jeunes participants au pape François. La rencontre inter-nationale "l’Economie de François", qui devait se dérouler à Assise du 26 au 28 mars, a été reportée au 21 novembre pour cause de pandémie. Entre temps, des espaces de partage sur internet permettent de pouvoir participer online et à distance aux échanges. L’objectif des deux mille jeunes participants: réfléchir sur l’économie de demain pour qu’elle soit inspirée de Laudato Si, respec-tueuse et pleinement émancipatrice des liens et des relations, entre les femmes et les hommes, avec la na-ture et avec Dieu.... Des discussions à retrouver notamment sur https://francescoeconomy.org (cp)

ONUAppel aux cessez-le-feuLundi 23 mars, le secrétaire géné-ral des Nationaux Unies a appelé à déposer les armes pour éviter que la pandémie de Covid-19 ne se trans-forme en catastrophe mondiale. La priorité est bien selon lui de se préparer au choc que provoquera ce virus et non la poursuite d’inté-rêts politiques et militaires. Depuis, des cessez-le-feu ont été évoqués aux Philippines, au Cameroun, au Yémen et en Syrie. Antonio Guterres espère que ces initiatives puissent servir d’exemples pour tous les autres conflits, comme en Somalie, en République démocratique du Congo, en Libye, ou en Birmanie. Le pape s’est exprimé en ce sens après l’Angélus du 29 mars, souhaitant que "l’engagement conjoint contre la pandémie puisse amener tout le monde à reconnaître notre besoin de renforcer les liens fraternels comme membres de l’unique famille humaine". (D’après Vatican News)

NOUVELLE-ZÉLANDELe tueur des mosquées plaide coupableLe 15 mars 2019, un terroriste ouvrait le feu sur deux mosquées néo-zélandaises à Christchurch, tuant cinquante-et-un fidèles et en blessant quarante autres. Un an plus tard, presque jour pour jour, une audience était organisée à la hâte, par vidéo interposée. Brenton Tarrant depuis la prison d’Auckland s’y déclarait coupable des différents faits qui lui sont reprochés: accu-sations de meurtre, de tentative de meurtre et une autre accusation d’acte terroriste. Il ne sera pas jugé au cours d’un procès. La Haute cour de Christchurch lui fera connaître sa condamnation ultérieurement, à une date non précisée. (D’après La Libre)

Une heureuse nouvelle est venue résonner à l’ONG SOS chré-tiens d’Orient jeudi 26 mars en soirée: les quatre travailleurs,

trois Français et un Irakien, enlevés fin janvier, ont été libérés. Jean-Rémi Méneau, adjoint chef de mission en Irak, témoigne sur le site web de l’organisation "Fondant en larmes de joie et de soulagement, mes premières pensées vont évidemment vers vous quatre mes amis."SOS Chrétiens d’Orient avait indiqué il y a deux semaines, être sans nouvelles de ses quatre membres portés disparus, sans message, ni revendication. Les Français Antoine Brochon, Julien Dittmar, Alexandre Goodarzy et l’Irakien Tariq Mattoka, avaient disparu aux alentours de l’ambassade de France à Bagdad, le 20 janvier dernier. Lorsqu’ils ont été enlevés, la capitale irakienne était en proie à des manifestations depuis plusieurs mois. La

présidence française a fait savoir jeudi par communiqué avoir "déployé tous ses efforts pour parvenir à ce dénouement. Le président de la République exprime sa gratitude aux autorités irakiennes pour leur coopération". Jean-Rémi Méneau, de SOS Chrétiens d’Orient, demande de poursuivre la prière: "Nous avons prié, en groupe, individuel-lement, caché ou en public, nous avons prié et nous avons été exaucés. Je ne peux m’empêcher aussi de garder une pensée pour tous ces otages à travers le monde qui n’ont pas encore connu cette joie de la libération, et qui ne la connaîtront peut-être jamais. Continuons de faire monter nos prières vers le Seigneur pour eux et leurs familles."

✐ A.F. de BEAUDRAP (avec Radio Vatican)

des revues ni n’apparaissent dans les grands défilés du dernier show mais qui, sans aucun doute, sont en train d’écrire aujourd’hui les événements décisifs de notre histoire: médecins, infirmiers et infirmières, employés de supermarchés, agents d’entretien, fournisseurs de soins à domicile, transporteurs, forces de l’ordre, volontaires, prêtres, religieuses et tant et tant d’autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul.""Invitons Jésus dans les barques de nos vies. Confions-lui nos peurs, pour qu’il puisse les vaincre. Le Seigneur nous in-terpelle et, au milieu de notre tempête, il nous invite à réveiller puis à activer la solidarité et l’espérance capables de donner stabilité, soutien et sens en ces heures où tout semble faire naufrage", a conclu le pontife.

✐ J.J.D.

IRAK

Libération des quatre otagesLa France a déployé ses efforts pour permettre la libération de trois Français et un Irakien, enlevés à Bagdad le 20 janvier.

© B

elga

imag

e

François a estimé que Dieu nous invite à saisir ce temps d’épreuve comme un temps de choix.

Page 8: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

8 FOCUS DIMANCHE N°14 5 avril 2020

L’ARCHITECTURE DANS LE DIOCÈSE DE NAMUR-LUXEMBOURG

L’audace de la lumièreUn guide consacré à l’architecture contemporaine dans les provinces de Namur et de Luxembourg vient d’être publié. Parmi les bâtiments sous la loupe des architectes se trouve un nombre consé-quent d’églises et d’édifices religieux. L’intervention du chanoine Lanotte y est pour beaucoup.

L’abbaye d’Orval, le centre œcumé-nique de Chevetogne, l’extension du

séminaire de Floreffe, l’église Sainte-Julienne, le grand séminaire de Namur, ou encore la chapelle de l’Institut Sainte-Marie… tous ces bâtiments se distinguent par l’esprit novateur qui a prévalu à leur aménagement. Que tant d’édifices reli-gieux aient bénéficié d’une construction ou d’une rénovation innovante revient à l’intervention et aux choix audacieux posés par le chanoine André Lanotte. Archéologue de formation, celui-ci est chargé par son évêque, dès la fin de la seconde Guerre mondiale, de mener à bien les travaux dans 160 églises du diocèse récemment endommagées par l’offensive allemande. C’est donc à moto qu’il va entreprendre de les visiter une par une, avant de décider la suite des tra-vaux à leur réserver. Co-auteur du guide "Architecture moderne et contemporaine 1893-2020", Jean-Paul Verleyen estime le rôle du religieux "essentiel dans l’essor de l’architecture moderne de la province. Il a fait appel à des architectes phares

qui ont œuvré avec de nouveaux maté-riaux, comme l’acier et le verre. Certains villages recèlent parfois des églises ex-ceptionnelles".

Un décideur clairvoyantCécile Vandernoot, co-auteure du guide, revient sur le rôle majeur joué par le chanoine André Lanotte (1914-2010). "Intervenu à un moment crucial à la suite de la Seconde Guerre mondiale, il a porté, dans le diocèse de Namur et de Luxembourg, le mouvement de réno-vation de l’art sacré. Cette mission a débuté par une période de relèvement à partir de 1950. Il a fait un grand état des lieux de ces provinces. Visionnaire, il s’est entouré d’architectes de grand talent, mais aussi d’artistes…" Au lieu de reconstruire à l’identique, il a pris le parti de suivre les tendances plus contempo-raines, défendues notamment par Roger Bastin ou Lucien Kroll. "Il a suivi la ré-flexion d’architectes qui allaient repenser avec lui tout l’espace liturgique. La car-

casse des bâtiments reste parfois dans des formes trop traditionnelles, mais la force de ces architectes, c’est d’apporter à l’intérieur de la lumière, une forme de spiritualité différente. Ces architectes étaient au fait de l’architecture vernacu-laire, bien ancrés dans l’histoire des dif-férents villages. Il y a une modestie et une inventivité des formes et des espaces." A côté de ce travail, intervient aussi celui d’artistes, pleinement intégrés dans le processus de création. "La spiritualité est aussi portée par l’intervention d’artistes qui vont oser travailler la couleur sur la structure même du bâtiment ou réinter-roger la forme du vitrail et arriver à une forme d’abstraction dans ces espaces." Une démarche transfrontalière ca-ractérise les options développées. "Le chanoine Lanotte était en lien avec le père Couturier en France, comman-ditaire du couvent de la Tourette. C’est un réseau de personnalités qui va se côtoyer, partager une même réflexion et développer une démarche autour de l’art sacré. Les échanges favorisent cette ouverture d’esprit", affirme-t-elle. L’influence du concile Vatican II se retrouve également dans la décision de favo-riser l’accessibilité des paroissiens et des fidèles. "Il y a d’autres formes de service qui sont élaborées." Les fidèles se trouvent ainsi placés au centre de la démarche artistique. "On communique différemment. La revue ‘L’art d’Eglise’ voit le jour et, pendant plusieurs décennies, elle va montrer, aux fidèles et aux profes-sionnels, les réflexions qui évoluent", précise encore Cécile Vandernoot. Avec ce cinquième volume, la série

LOUIS-MARIE LONDOT (1924-2010)

Le peintre belge a laissé une œuvre picturale multiple. En Wallonie, de nombreuses églises portent encore la trace de ses interventions. Spécialiste du vitrail, il joue avec les couleurs dans une célébration du di-vin sans cesse renouvelée, tandis qu’en d’autres lieux il ose des marques de peintures vives qui soulignent des éléments architecturaux précis. Ce faisant, il réinvente l’espace liturgique et participe au mouvement de rénovation de l’art sacré, entrepris sous la houlette du chanoine Lanotte.

Le vitrail de l’église St-Maximin à Jehonville (1957).

© N

icol

as B

omal

© C

hris

tine

Bast

in &

Jacq

ues

Evra

rd

La chapelle Sainte-Marie à Jambes (1964).

de guides poursuit l’état des lieux de l’architecture en Wallonie. Après des vo-lumes consacrés aux villes et aux alen-tours de Liège, de Mons, de Charleroi et de Tournai, le denier guide en date se penche sur la plus grande province de Wallonie. Celui-ci assure de belles décou-vertes au lecteur curieux de son environ-nement.

✐ Angélique TASIAUX

"Guide. Architecture moderne et contemporaine 1893-2020. Namur & Luxembourg provinces", sous la direction de Jean-Pierre Verleyen et Cécile Vandernoot. Photographies de Nicolas Bomal. Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 2020, 496 p. Grâce au soutien de la FW-B, l’ouvrage est en vente au prix de 35€.

Eglise du Sacré-Cœur à Saint-Servais.

© N

icol

as B

omal

A gauche, le chanoine André Lanotte.

© C

hris

tine

Bast

in &

Jacq

ues

Evra

rd

Page 9: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

9RENCONTREDIMANCHE N°14 5 avril 2020

La vie est faite de grands hasards mais aussi de coups de chance, nous dit d’emblée Yves Sente.

Mon patron parisien me dit un jour qu’on recher-chait un scénariste pour poursuivre l’écriture de la série des Black et Mortimer. Il fallait un successeur à Edgar P. Jacobs. Je réfléchis et me prends au jeu en imaginant deux pages puis un synopsis complet d’une histoire que j’envoie sans dire que j’en étais l’auteur à mon boss. A ma grande surprise, il me demanda alors d’en retrouver l’auteur afin de signer un contrat avec lui. C’était donc moi et c’est ainsi que débuta mon travail de scénariste."

Duve, le précurseurYves Sente se rêvait pourtant en diplomate. Cet an-cien du collège Saint-Pierre à Uccle a d’ailleurs en poche un diplôme de licence en Affaires publiques et internationales conquis à Chicago et à Louvain-la-Neuve. "Mais à la fin de mes études, il me fallait absolument un job avant de passer le concours des Affaires étrangères. Et c’est au bluff, après un par-cours du combattant - nous étions plus de deux cents candidats au départ -, que je suis devenu rédacteur en chef aux Editions du Lombard. J’ajouterai que mon premier contact avec la bédé comme auteur, je l’ai eu grâce à la confiance que me fit un magazine toutes-boîtes bien connu à l’époque dans ma com-mune (Bravo Uccle), qui me permit de publier chaque mois sur une demi-page des péripéties de Duve, un jeune Ucclois. Cette expérience me servit beaucoup dans mon engagement au Lombard."

Décoder Black et MortimerMais revenons à Black et Mortimer… Pas aisé de s’approprier de tels personnages? "C’est exact, nous répond Yves Sente avec humilité. On se sent très res-ponsable vis-à-vis des 500.000 lecteurs qui vont vous suivre. Il n’est pas rare, bien entendu, de poursuivre une série avec une autre plume ou un autre crayon. Je ne prétends pas remplacer Jacobs. Il est unique. En revanche, je peux faire du Black et Mortimer, ce qui est différent. Il faut cerner l’important et décor-tiquer les codes. Par exemple, il n’est pas question pour moi d’abandonner le vouvoiement tel qu’il y est pratiqué. Et puis, il y a aussi ce principe de la litté-rature dessinée. N’oubliez que si Hergé disposait de deux pages chaque semaine dans le journal Tintin, les autres n’en avaient qu’une et avaient donc ten-dance à y mettre un maximum d’informations."

Au LombardAu sortir de ses études, Yves Sente occupe donc di-rectement un poste à responsabilité au sein des édi-tions du Lombard. On aurait pu croire que le jeune Ucclois aurait des difficultés à se faire respecter par les vieux loups de mer de la bande dessinée. Or, de son propre aveu, il n’en fut rien. "Lorsque j’y suis en-tré, Le Lombard était en grande difficulté financière. Nous avons eu la chance d’être repris par le groupe franco-belge Media-Participations à la gestion en-core grandement familiale puisque la majorité des actions est encore détenue par Vincent Montagne, le fils du fondateur. Il a réussi à redonner confiance à toute la chaîne et à nous donner une place de choix au cœur de cette importante galaxie éditoriale."

Les coulisses du VaticanJean Van Hamme en personne choisit Yves Sente pour écrire les histoires de Thorgal, un stress pour notre

YVES SENTE

Quand se raconte la bande dessinéeSon rêve premier était de faire connaître l’Europe aux Américains. Mais la passion de la BD rattrapera très vite Yves Sente qui, dès sa tendre enfance, lisait les aventures de Black et Mortimer. Lecture prémonitoire s’il en est! Car, parallèlement à sa carrière de directeur éditorial, il en est devenu le scénariste.

scénariste confronté ainsi à poursuivre les aventures d’un personnage qui fut pour lui une lecture de jeu-nesse importante. Puis c’est aussi le Janitor qu’il suit dans les coulisses du Vatican avant de s’atta-quer à XIII, dans lequel notre interlocuteur navigue d’autant plus à l’aise qu’on est dans un contexte géopolitique actuel qui correspond parfaitement aux études d’Yves Sente. "J’adore, poursuit-il, mon tra-vail de documentaliste, car pour être crédible il faut être le plus précis possible. Pour Janitor, j’ai ren-contré de nombreuses personnes accréditées auprès du Vatican qui m’en ont dévoilé les coulisses et les différentes luttes d’influence. Ce petit Etat est peu-plé d’hommes comme les autres, avec leurs forces et leurs faiblesses, dans un cadre où l’évolution des mentalités est très lente comme tout le monde sait. Les changements y prennent beaucoup de temps."Créée en 2007, la série Janitor aura-t-elle le même succès que Thorgal, lancé il y a plus de quarante ans? D’ailleurs, comment expliquer la pérennité de ces bédés, quasi-éternelles, comme Spirou? Yves Sente: "Il n’y a pas d’explication. Il y a sans doute un aspect affectif. Un livre se prend en main. C’est tactile. C’est pour le plaisir. Il est trace de vie. La bédé est un média à part. On peut retourner en ar-rière. C’est aussi un univers coloré qui fait remonter à l’enfance."

BD toujours belge? Spécialité belge, on a l’impression que le centre géographique de la bande dessinée se déplace aujourd’hui vers l’Hexagone. Yves Sente nous rappelle que s’il était autrefois en Belgique c’est parce que notre pays produisait deux grands journaux des-tinés à la jeunesse, Tintin et Spirou et que donc les dessi-nateurs français s’y affichaient également. Dans la foulée de mai 68, Dargaud crée à Paris le journal Pilote où vont s’épanouir de

nouveaux talents. Il en sera de même pour Jacques Glénat. Et Yves Sente de préciser avec pertinence que la logique mathématique du nombre d’habi-tants veut que la France produise plus d’auteurs que la Belgique. "Mais il demeure chez nous de très belles découvertes, comme celles des protagonistes de l’élève Ducobu dont les albums et les films ren-contrent un très grand succès."

Le bon ou le méchant?Une bande dessinée doit-elle être pédagogique? "Elle peut l’être mais pas nécessairement. Pour ma part, je le répète, ma fiction est basée sur une documentation solide, à l’instar de ce qui est fait pour les albums d’Alix ou de Michel Vaillant. Que de générations ont à la fois découvert l’antiquité et le monde de la course automobile grâce à ces deux séries remarquables."Mais le bon doit-il toujours sortir vainqueur? "Autrefois certainement. Souvenez-vous qu’à la fois Tintin et Spirou étaient des hebdomadaires ca-tholiques, le premier diffusé dans les écoles libres de Bruxelles à raison de 10.000 exemplaires par semaine. Le second, propriété d’une famille très chrétienne, les Dupuis. Donc il y avait un devoir de morale et il n’était pas question d’heurter les sen-sibilités. Aujourd’hui, on en n’est plus là et la bédé peut être violente voire sensuelle. La société évolue et les auteurs sont plus libres."Chaque auteur est aussi libre de décider de péren-niser son œuvre ou pas. Hergé ne l’a pas voulu, mais Peyo, qui a des enfants, bien. La difficulté est évidemment de garder le niveau. Il demeure ainsi compliqué, de l’aveu d’Yves Sente, de reprendre une série humoristique comme Gaston Lagaffe car l’hu-mour est une qualité très personnelle et s’exprime différemment d’un individu à l’autre.Un dernier mot enfin sur l’actualité d’Yves Sente: la suite de Black et Mortimer est écrite et doit encore être dessinée. On attend le huitième album de XIII et le prochain Janitor. Non sans impatience.

✐ Hervé GÉRARD

© D

arga

ud /

Alex

is H

aulo

t

ET POURQUOI PAS UN ROMAN ?

Depuis le temps qu’il écrit des scénarios de BD, Yves Sente ne serait-il pas tenté par

d’autres formes d’écritures? "C’est vrai qu’il y a un côté frustrant dans la bédé. On est strictement cadré par un certain nombre de pages et de cases, ce qui ne permet pas à l’histoire d’être diffuse. Tout est une question d’équilibre. Les dialogues sont conçus pour laisser la place au spectacle de l’image et à ce titre peuvent être ré-ducteurs. Alors oui, j’ai un roman en préparation et des projets d’écriture pour la télévision. Mais pour rien au monde je ne délaisserai la bande des-sinée. Les idées, je les trouve au hasard

de mes rencontres, de mes lectures, en regardant une émission. L’imagination

fait le reste. Ainsi je pense que je pourrais remplir les trous qui existent dans la vie de Shakespeare!"

Scénariste de Black et Mortimer, Yves Sente écrit aussi les histoires de Thorgal et Janitor.

Page 10: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

10 ÉGLISE DIMANCHE N°14 5 avril 2020

RELIRE CHRISTUS VIVIT

Forte d’une longue expérience auprès des jeunes, sœur Nathalie Becquart nous propose une relecture de Christus Vivit, "précieuse bous-sole" qui "donne le cap", enrichie de pistes concrètes pour une mise en œuvre locale des fruits du synode. Une pastorale renouvelée doit tout d’abord adopter une posture d’écoute sans jugement – un "apostolat de l’oreille" - et d’accueil incondition-nel pour rejoindre, à la manière du Christ d’Emmaüs, les jeunes sur leur chemin, là où ils sont. Sœur Nathalie plaide aussi pour une pastorale de la mobilité, du provisoire, des commen-cements, des passages, une pastorale de la traversée pour "aider les jeunes à sortir de leurs terres d’esclavage et de mort". Une pastorale aussi rela-tionnelle, car "les jeunes n’attendent pas des experts de la foi mais des témoins accessibles". Ils ont avant tout besoin d’expérimenter pour adhérer, l’Eglise doit donc trouver de nouveaux langages pour permettre une transmission par l’initiation. A l’heure où "la communication est devenue un élément-clé de l’évan-gélisation des jeunes", les pastorales de jeunes se doivent d’être présentes sur Internet. Audacieuses, elles doivent aussi sortir des sentiers bat-tus, parce que "notre manière même d’envisager et de mettre en œuvre la pastorale est notre premier témoi-gnage". Et nous pouvons compter sur la créativité des jeunes qui désirent être protagonistes et acteurs dans la société et dans l’Eglise. Développer une pédagogie de la vocation est également une priorité pour montrer que "chaque vie est vocation". Dès lors, les jeunes ont surtout besoin de repères et de guides pour apprendre à discerner et à prendre les bonnes décisions dans une "culture du provi-soire". Il nous faut, écrit-elle, "passer d’une pastorale du recrutement à une pastorale du discernement". Cette formation au discernement est l’un des enjeux majeurs de la pasto-rale aujourd’hui. Autre piste: sortir la catéchèse et la pastorale des salles de classe pour prendre appui sur la nature et faire goûter la spiritualité de la Création à une génération hau-tement impliquée dans la lutte clima-tique. Enfin, la pastorale des jeunes devra être synodale, populaire et missionnaire. Vaste programme!L’Esprit renouvelle tout! Une pasto-rale des jeunes avec les jeunes, Sœur Nathalie Becquart, Salvator, 2020, 17 euros.

✐ S.D.

A la lecture de Christus Vivit, il nous est apparu que c’était le moment

opportun après de nombreuses an-nées, de revisiter le nom de notre ser-vice et de l’identifier au nom de notre site renouvelé", explique Catherine Jongen, désormais responsable de Church4You. C’est ainsi qu’a été re-baptisé le service des pastorales de jeunes du côté francophone. "Il ne s’agit pas de suivre une mode", ras-sure Catherine Jongen, mais bien "de rejoindre nos contemporains". Les ap-pellations "Liaison des pastorales des jeunes" et plus encore "LPJ" étaient devenues incompréhensibles, estime la responsable. En changeant de nom, ce service de l’Eglise catholique au-près des jeunes a voulu (re)mettre en avant cette dimension de service en Eglise auprès de tous les jeunes.

Nouveau nom, nouveau logo"Très concrètement, nous avons travaillé en intelligence collective, explique encore Catherine Jongen. Anaïs Guérin (NDLR: assistante à la coordination de Church4You) a été d’une grande patience pour collecter les avis des cinq pastorales tout au long du processus. On a fait un vrai petit exercice de synodalité". Dans le nouveau logo, créé par Olivier

L’ÉGLISE ET LA JEUNESSE S’EMPARE DE "CHRISTUS VIVIT"

Etre au (plus) près des jeunesEn Belgique francophone, la liaison des pastorales des jeunes a bien compris le message du pape François. Après avoir déjà lancé plusieurs nouveaux projets, il était temps de faire peau neuve et de renouer avec sa mission fondamentale: une Eglise qui se construit avec et au service des jeunes.

Caignet, le chiffre quatre évoque à la fois le "for/pour" et donc la dimension de service mais aussi le "quatrième", celui qui est invité et/ou qu’il nous faut rejoindre. La mention "un service de l’Eglise catholique auprès des jeunes" a toute son importance pour Catherine Jongen, parce que c’est "en cheminant auprès, en écoutant, en contemplant, en s’arrêtant, en se laissant inspirer par les jeunes que nous pourrons vrai-ment être là" et les rejoindre. "Le logo nous invite sans cesse à être ’pour’ en étant ’auprès’!" résume Catherine Jongen.

D’autres changements à venir? "Nous sommes en chemin pour créer des conseils de jeunes au niveau des différentes pastorales, à l’instar de ce que le Vatican vient de créer, à savoir un Conseil consultatif de jeunes", an-nonce la responsable de Church4You. "Ce que nous désirons continuer, c’est créer des ponts. Non seulement entre les pastorales diocésaines mais éga-lement avec toutes les communautés et mouvements de jeunesse mais aussi les services de catéchèses, des couples et familles". Travailler ensemble, de manière synodale en participant aus-si à des campagnes mondiales. "Etre auprès, c’est également être attentif

Church4You: un nouveau nom pour le service des pastorales de jeunes franco-

phones, et donc un nouveau logo!

à tout ce qu’il y a comme proposition et les relayer!" insiste la responsable. C’est aussi soutenir, encourager, for-mer, accompagner… C’est pourquoi la pastorale a déjà mis en route la forma-tion Croisillon pour former à l’anima-tion et à l’accompagnement de groupe de jeunes. "Etre auprès c’est peut-être enfin et surtout écouter! Le frère Aloïs parlait, à l’issue du synode sur les jeunes, d’un ministère de l’écoute. Il s’agit également d’une intuition qui prendra peut-être forme bientôt", conclut-elle. Un dernier chantier se-rait l’accompagnement spirituel des jeunes qui le désirent.

✐ Sophie DELHALLE

EVEN, pour "Ecole du Verbe Eternel et Nouveau", est un par-cours de formation conçu il y a vingt ans à Paris pour aider

les jeunes à renouer avec les fondements de la foi catholique. EVEN Bruxelles est la première antenne belge. EVEN, c’est également un mot hébreu qui signifie la pierre d’angle. Audrey fait partie des premiers à avoir rejoint cette aventure, à Bruxelles, il y a trois ans. Ce parcours de formation et d’enseignement se déploie sur plusieurs années et fait appel à l’intelligence de la foi. Pour amener les participants à (re)travail-ler les fondements à partir de textes bibliques, du catéchisme, ou de textes majeurs et de référence comme les encycliques ou les écrits de théologiens reconnus.

La foi en débat"Nous nous réunissons chaque semaine, le lundi soir, raconte Audrey. Nos rencontres commencent toujours par une prière, un chant, une lecture biblique puis nous échangeons en petits groupes autour de textes, nous réfléchissons et débattons à l’aide de trois questions fil rouge." La rencontre se termine par un enseignement sur la thématique du jour assuré par le père Jean-Luc Maroy ou Antonin Lemaire. Avec un programme "clé sur porte" préparé par nos voisins français, le parcours EVEN belge s’adresse aux 18-35 ans et compte actuellement une qua-rantaine de participants.

Un ancrage utile"EVEN m’a apporté une structure, une base pour dire ma foi, pour en parler avec d’autres, nous confie Audrey. Ça m’a aidé à

FORMATION EVEN À BRUXELLES

Une catéchèse urbaine pour les 18-35 ans

Chaque année, des pèlerinages sont organisés dans des hauts lieux spirituels.

réfléchir, à me faire ma propre opinion." Car quand on est "catho de naissance", comme elle dit, "on reçoit beaucoup de choses étant petit que l’on n’a pas toujours le temps d’approfondir sur le moment". EVEN permet ainsi de mieux comprendre la foi que l’on a reçue pour la vivre aujourd’hui et faire son propre chemin. Mais aussi, ajoute encore Audrey, de retrouver un ancrage bien utile dans un contexte aussi cosmopolite que Bruxelles.

✐ Sophie DELHALLE Envie de rejoindre l’équipe d’EVEN Bruxelles? Vous pouvez le faire à n’importe quel moment de l’année, ou simplement assister à une soirée, sans engagement. Envie de créer votre propre groupe EVEN? Toutes les infos sur EVEN-adventure.com

©D

R

Page 11: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

11SPIRITUALITÉDIMANCHE N°14 5 avril 2020

La liturgie est à la même longueur d’onde que notre vie aujourd’hui:

on passe de l’entrée triomphale de Jésus au récit de sa Passion et de sa mort. Nous sommes nous aussi pas-sés de l’insouciance à l’angoisse, de la libre circulation au confinement. Plus rien n’est comme avant et on se rend compte que ce n’était pas si mal que cela, avant. Tout cela nous rappelle la fragilité de notre existence. La gloire qu’a connue Jésus s’est transformée en haine. Ceux qui aujourd’hui l’ac-cueillent avec des cris de joie seront ceux qui, quelques jours plus tard, le hueront et le condamneront à mort. Nous avions déjà vu de tels revire-ments: des vedettes de la chanson ou du cinéma jadis adulés, maintenant traînés dans la boue pour d’horribles crimes supposés ou avoués. Certains d’entre nous ont aussi connu la trahi-son d’un ami, ou même d’un conjoint. Mais maintenant ce sont des millions et des millions de personnes qui sont menacées et qui attendent, la peur au ventre, que cela se termine. Reconnaissons-le! Nous étions comme cette foule, heureuse de vivre, insou-ciante, sûre de l’avenir. A la cohue de la vie trépidante d’hier succède le long silence des journées apparemment vides. Cela nous permet de répartir toutes nos activités en trois niveaux. Le premier serait celui des mille petites choses de la vie quotidienne,

Une si fragile existence…COMMENTAIRE DE L’ÉVANGILE PAR LE FRÈRE PHILIPPE HENNE, O.P.

On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l’interrogea: "Es-tu le roi des Juifs?" Jésus déclara: "C’est toi-même qui

le dis." Mais, tandis que les grands prêtres et les anciens l’accusaient, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit: "Tu n’entends pas tous les témoignages portés contre toi?" Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur fut très étonné. Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. Les foules s’étant donc rassemblées, Pilate leur dit: "Qui voulez-vous que je relâche: Barabbas? ou Jésus, appelé le Christ?" Il savait en effet que c’était par jalousie qu’on avait livré Jésus. Tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire: "Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui." Les grands prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus. Le gouverneur reprit: "Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche?" Ils répondirent: "Barabbas!" Pilate leur dit: "Que ferai-je donc de Jésus appelé le Christ?" Ils répondirent tous: "Qu’il soit crucifié!" Pilate demanda: "Quel mal a-t-il donc fait?" Ils criaient encore plus fort: "Qu’il soit crucifié!" Pilate, voyant que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le tumulte, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant: "Je suis innocent du sang de cet homme: cela vous regarde!" Tout le peuple répondit: "Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants!" Alors, il leur relâcha Barabbas;

quant à Jésus, il le fit flageller, et il le livra pour qu’il soit crucifié.Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans la salle du Prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la garde. Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d’un manteau rouge. Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s’agenouillaient devant lui en disant: "Salut, roi des Juifs!" Et, après avoir craché sur lui, ils prirent le roseau, et ils le frappaient à la tête. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier.En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus. Arrivés en un lieu-dit Golgotha, c’est-à-dire: Lieu-du-Crâne (ou Calvaire), ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel; il en goûta, mais ne voulut pas boire. Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort; et ils restaient là, assis, à le garder. Au-dessus de sa tête ils placèrent une inscription indiquant le motif de sa condamnation: "Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs." Alors on crucifia avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête; ils disaient: "Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix!" De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant: "Il en a sauvé

d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même! Il est roi d’Israël: qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui! Il a mis sa confiance en Dieu. Que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime! Car il a dit: ‘Je suis Fils de Dieu’." Les bandits crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière.A partir de la sixième heure (c’est-à-dire: midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte: "Eli, Eli, lema sabactani?", ce qui veut dire: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?" L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient: "Le voilà qui appelle le prophète Elie!" Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire. Les autres disaient: "Attends! Nous verrons bien si Elie vient le sauver." Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit.Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas; la terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens. A la vue du tremblement de terre et de ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d’une grande crainte et dirent: "Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu!" Textes liturgiques © AELF, Paris.

ÉVANGILE

Matthieu 27, 11-54 Passion de notre Seigneur Jésus Christ et Dimanche des Rameaux

des rencontres agréables et des petits conflits répétés. Le deuxième serait plus sérieux: ce serait celui de notre famille et de notre travail. C’est autour d’eux que nous construisons notre vie, que nous prenons nos décisions pour l’avenir. Et voilà que le confinement actuel nous confronte à un troisième

niveau: celui de la fragilité de notre vie. Nous sommes tous un peu comme des personnes qui attendent le résul-tat d’une analyse pour savoir si elles, ou non, le cancer. Nous attendons la fin de cette épreuve. Comment pouvons-nous donc vivre cette période difficile en chrétiens?

Peut-être en faisant comme la foule, mais plus sérieusement, c’est-à-dire en remerciant Dieu pour tout ce qu’il a fait et ce qu’il fait pour nous, et en remerciant nos proches pour ce qu’ils nous apportent et que nous avons par-fois oublié.

© A

dobe

Sto

ck

Page 12: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

12 LOISIRS & CULTURE DIMANCHE N°14 5 avril 2020

ROMAN

Sous les tombes

LE CHOIX DE NOS LIBRAIRES

Journal d’un confinementL’adaptation graphique du Journal d’Anne Frank croque avec humour et pertinence le regard d’une adolescente juive sur sa vie clandestine imposée par la Shoah.

Le confinement a ceci de bon qu’il offre du temps à la lecture! Presque instinctivement, mon premier choix

s’est porté sur ce roman graphique que notre librairie avait mis à l’honneur pour le triste anniversaire de la libération d’Auschwitz. Si une quelconque comparai-son entre deux années d’enfermement clandestin en temps de guerre et le confinement imposé pour lutter contre un virus, même mortel, me semble maladroit voire irrespectueux, je dois avouer que la lecture de ce livre m’a interpellée et a fait écho à la situation actuelle.Avec sensibilité et précision, Ari Folman et David Polonsky (scénariste et illustrateur du documentaire d’animation Valse avec Bashir) à qui le Fonds Anne Frank a demandé d’adapter le Journal, ont retranscrit le plus fidèlement possible le témoignage et la person-nalité d’Anne Frank. La nécessité de condenser en une centaine de pages et en images son Journal fait res-sortir avec force la difficulté de la cohabitation et des relations qui s’y jouent. Les traits de personnalité de chacun sont dépeints avec sarcasme et un humour par-

fois mordant. On en oublierait presque la guerre et le pourquoi de ce confinement tant on plonge au cœur des sentiments de la jeune fille. Elle livre à son amie Kitty, le nom de son journal intime, une réflexion d’une matu-rité étonnante pour une adolescente de treize ans sur la jeunesse, le monde des adultes, l’amour et l’amitié.Certaines de ses lettres y figurent dans leur intégra-lité. Parfois, mais toujours à dessein, les auteurs s’oc-troient quelques libertés que le dessin permet. Comme le détournement des œuvres de Munch et de Klimt sur une double page pour exprimer le cri d’angoisse d’Anne face à l’hostilité des gens qui l’entourent et le portrait souriant et élégant qu’elle aimerait que l’on dresse d’elle. Ils caricaturent sous les traits d’animaux les clandestins obsédés par la nourriture dont ils sont privés. Des scènes fantastiques ou oniriques dépeignent les moments d’angoisse et de dépression d’Anne.Quand des talents se conjuguent, ils nous offrent une œuvre poignante sur la nature humaine."J’ai envie autant que toi de liberté et d’air pur, mais

je crois que nous avons été largement dédommagés de ces privations… Ce matin quand j’étais devant la fe-nêtre, en regardant dehors, c’est-à-dire en regardant Dieu et la nature au fond des yeux, j’étais heureuse, purement et simplement heureuse." A Méditer…

✐ Catherine DELPERDANGE Librairie CDD Arlon

[email protected] – 063 21 86 11

Ari Folman et David Polonsky, "Le journal d’Anne Frank". Editions Calmann Lévy, mai 2019, 162 pages, 13€ (+ frais de port), remise de 5% sur présentation ou évocation de cet article.

Caroline Valentiny, certains de nos lec-teurs s’en souviennent, nous l’avions

rencontré autour de ces deux premiers livres: Le jour où ma tête est tombée dans un trou (2009), puis Voyage au bord du vide (2015). Elle s’exprimait alors sur son parcours difficile à l’adolescence (anorexie et internement psychiatrique). Avec ce nouvel ouvrage, Il fait bleu sous les tombes, l’auteure quitte le témoi-gnage pour passer au roman. Caroline Valentiny nous le confirme: "Cet épisode de ma vie a été fondamental et c’était une belle aventure de la partager avec des lecteurs, ce qui a montré que c’était plus universel que ma propre histoire. Je n’ai plus maintenant le souhait de par-ler de moi. J’avais envie de parler de la vie plus largement".Le pari est réussi en lisant ce premier roman dans lequel la jeune psychologue et maman laisse la place à son imagina-tion: "L’écriture, c’est quelque chose qui m’habite depuis très longtemps. J’avais envie de créer un univers de toutes pièces, ça m’intéressait d’aller puiser dans le

Par son premier roman, Caroline Valentiny invite les lecteurs… au cimetière! Déconcertant certes, mais une belle manière d’adoucir la brutalité de la mort, sous forme de fiction.

fond imaginaire qui pulse à l’intérieur de moi." L’intrigue s’articule autour des membres d’une famille éprouvée par la mort du fils aîné, Alexis. C’est justement lui qui commence le récit, "depuis son carré d’herbe étanche à la lumière", comme l’écrit Caroline Valentiny dans le roman. Elle s’explique sur ce choix nar-ratif: "Au début, ça partait comme une nouvelle, l’histoire de ce jeune couché dans sa tombe qui fait un voyage immo-bile - forcément! - puisqu’il est à l’étroit. Je trouvais l’idée intéressante de partir de cet entre-deux. Qu’est-ce qu’Alexis aurait à dire? Que pourrait-il raconter? Ça m’a intéressé de plonger dans ce reste de conscience de ce personnage. Alexis perçoit le monde alentour de ma-nière plus vivante que lorsqu’il était vi-vant." L’histoire s’est finalement étoffée en incorporant le cheminement propre des différents proches du jeune défunt. L’auteure explique encore: "J’avais en-vie qu’il se passe quelque chose entre les personnages en surface et lui. Les uns aident les autres dans ce chemin de deuil qui doit se passer. Alexis dans sa tombe doit faire un travail de déprise de sa vie passée pour aller vers un ailleurs qui n’est pas nommé."

Quête d’un sensChaque membre de cette famille éprouvée réagit de manière différente à ce deuil. Dans Il fait bleu sous les tombes, le papa est celui qui gère le

quotidien, il va se promener avec sa fille, la petite dernière des enfants, vu que la maman est plongée dans une grande tristesse. A travers les deux parents, Caroline Valentiny raconte deux trajectoires tranchées: la quête d’un sens à cette mort brutale et l’en-gloutissement dans le travail. Lorsque Madeleine la maman se met en route pour comprendre ce qui a poussé son fils à se jeter d’un pont, elle prend conscience de son mal-être lié aux préoccupations écologiques. Extrait: "Comment en est-on arrivé à ce monde où la planète et l’humain sont à ce point au service de la finance? Alexis se sent responsable. Sommé de comprendre et de chercher des solu-tions, avec toute sa génération, et il lui paraît incroyable que l’on puisse continuer à mener sa petite existence comme si de rien n’était."Avec beaucoup de douceur, malgré une entrée en matière assez surpre-nante, Caroline Valentiny réussit à décrire l’immense faille qui a frac-turé une famille comme les autres. Par petites touches, elle en déroule les épisodes précédents ce qui per-met à l’auteure, qui est psychologue à l’UCLouvain dans sa vie profession-nelle, de faire ressentir ce mal-être lié à l’adolescence. Elle nous confirme: "Chez beaucoup de jeunes, de tout temps, il y a une quête d’absolu, la recherche d’un idéal qui prend dif-férentes formes selon les époques.

Aujourd’hui, cette quête d’authenticité passe par ces questions fondamen-tales: est-ce que la planète tiendra le coup dans les centaines d’années à venir?" L’auteure n’hésite pas à intro-duire quelques clins d’œil, des notes d’humour qui viennent dédramatiser certaines situations. Comme dans le premier chapitre, quand Alexis dans sa tombe entend des copains s’instal-ler au cimetière pour fumer de l’herbe. "De son vivant, il n’a jamais fumé d’herbe. Ce serait l’occasion rêvée. Les inquiétudes pour sa santé se sont fait la malle avec sa vie. Il pourrait enfin profiter." [Rappelons toutefois que l’usage de drogues peut entraîner des crises d’angoisse, des hallucina-tions, des délires et une déconnexion progressive de la réalité, entre autres conséquences sur la santé.]Après avoir vécu les épreuves de la vie, comment Caroline Valentiny garde-t-elle l’espoir? "Je suis tellement inté-ressée par chaque histoire person-nelle, unique, individuelle, originale des personnes que je rencontre. Je suis aussi émerveillée des ressources qu’ils trouvent dans des situations parfois terribles pour eux-mêmes continuer à avancer."

✐ Anne-Françoise de BEAUDRAP

Caroline Valentiny, "Il fait bleu sous les tombes". Editions Albin Michel, janvier 2020, 185 pages.

"L’écriture, c’est quelque chose qui m’habite depuis très longtemps."

(Caroline Valentiny)

© S

amue

l Kir

szen

baum

Page 13: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

13LOISIRS & CULTUREDIMANCHE N°14 5 avril 2020

Radio - TVRADIOMesseDepuis la Collégiale Sainte-Gertrude à Nivelles (Diocèse de Malines-Bruxelles). Commentaires: Myriam Tonus. Dimanche 5 avril, dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, à 11h sur La Première et RTBF International.

Il était une foi… La Syrie vécue par un BelgeBernard Keutgens est Belge. Originaire d’Eupen, il vit depuis deux ans en Syrie. Après un passage prolongé en Jordanie, il a passé la frontière et rejoint la com-munauté des Focolari installée dans la ville d’Alep. Depuis deux ans, Bernard Keutgens y exerce de multiples activi-tés et œuvre pour la paix dans un pays qu’il décrit "magnifique, mais blessé". Entretien: Angélique Tasiaux. Dimanche 5 avril à 20h sur La Première.

TVMesseDimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur depuis le plateau du CFRT à Paris 13e. Prédicateur: Frère Thierry Hubert, dominicain. Dimanche 5 avril à 11h dans "Le Jour du Seigneur" sur France 2.

Il était une foi… Simon à la croisée des cheminsJean-Jacques Durré reçoit André Querton, ancien diplomate et écrivain, pour son livre sur Simon de Cyrène, inti-tulé "Simon à la croisée des chemins". Simon de Cyrène pourrait être le com-pagnon de tous ceux qui, en famille ou en milieu hospitalier, visitent les ma-lades ou accompagnent les mourants, se chargeant ainsi volontairement d’une lourde croix. Un ouvrage déconcertant, mais qui touche au cœur. Mardi 7 avril à 01h15 sur la Une (rediffusion du 25 février 2020).

Le café du curéAutour d’un café, en direct, un curé de paroisse écoute, conseille et accom-pagne tous ceux qui sont confinés. Un échange spirituel et pastoral qui durera le temps de la crise pour tenir bon, en chrétien, dans l’épreuve. Les ques-tions au +33(0)173022284 ou par mail à [email protected]. Du lundi au vendredi à 14h30 sur KTO. Emission à revoir sur ktotv.com.

La Semaine sainte sur KTOMalgré la pandémie de coronavirus, les offices de la Semaine sainte sont maintenus, mais à huis clos. KTO les retransmet sur son antenne.Samedi 4 avril à 20h30 - Vigile des Rameaux, à Saint-Gervais Dimanche 5 avril à 10h - Messe des Rameaux et de la Passion du Seigneur, suivie de l’angélus, à Rome. A 18h30 - Messe des Rameaux.Jeudi 9 avril à18h30 - Messe de la Cène du Seigneur, à 21h - Veillée de prière dans les jardins de Gethsemani, à Jérusalem.Vendredi 10 avril à 17h - Célébration de la Passion du Seigneur, à Rome. A 21h15 - Chemin de Croix, à Rome.

Comment s’opère la collaboration avec une dessinatrice?Je connaissais Camille Nicolle, une jeune Bourguignonne qui a son atelier à Tournai au bord de l’Escaut. Depuis deux ans, nous mûrissions le désir de collaborer. Nous avons regardé, à deux, toutes ses propositions avant de les soumettre à l’éditrice, puis de les choisir lors d’une rencontre à trois. Nous hésitions entre couleurs et noir et blanc, pour finalement nous accorder sur cette dernière option, sans doute plus austère mais d’une belle sobriété.

Est-ce important de soigner l’aspect visuel des mots?Oh oui! Victor Hugo nous a rappelé que "la forme, c’est le fond qui remonte à la surface". La forme, c’est aussi le titre, le papier, la couverture, les caractères, les blancs des marges, les images en lien avec les mots…

Comment concevez-vous l’apport du dessin?J’aime les collaborations entre artistes, le jeu stimulant qu’elles instaurent. J’aurais aimé être peintre et je travaille souvent pour ou avec des plasticiens. 

Ces poèmes peuvent-ils être qualifiés d’autobiographiques?A condition de ne pas oublier que les rêves, les fantasmes, les épouvantes ou la sensibilité poreuse (caractéristique des artistes de tout domaine), qui permet de vivre partiellement d’autres vies que la nôtre, font partie intégrante de notre existence, donc de notre autobiographie. Plutôt que ce mot, je préfère des "éclats de vie" avec ce que cette expression a de morcelé, de miroitant, de réfléchissant...

Qu’en est-il de l’âge vieillissant?A peine nés, nous avons de l’âge et nous ne cessons pas

d’avancer. Vieillir est bien pour le vin, mais est parfois sombrement connoté pour les humains. Pour ma part, je suis émerveillée de pou-voir vieillir, alors que mes parents sont morts à peine tren-tenaires. Je m’étonne d’être encore là et d’aimer la vie telle qu’elle est sans idéaliser, mais en acquiesçant jour après jour à ce qui se présente comme un présent, donc un cadeau. 

Estimez-vous important d’être éditée dans votre pays natal?Oui, car j’ai beaucoup d’admiration pour Anne Leloup et son travail aux éditions Esperluète. Elle ne se contente pas de publier (un nombre restreint et raisonnable de livres), mais elle les donne à découvrir sans compter sa peine.

Comment ressentez-vous cette crise sanitaire et ses impli-cations?Elle risque de creuser le fossé entre privilégiés (espace, na-ture, ressources culturelles et familiales) et non privilégiés (surpeuplement de lieux étriqués dans la promiscuité d’im-meubles bruyants, sous la pression d’adolescents et d’enfants qui exigent beaucoup d’attention). Sans parler de la fascina-tion des écrans.Si nous y arrivons, elle peut contribuer à rétablir une hygiène de vie, qui risquait de disparaître dans la course quotidienne, la pub pour la consommation, le profit, la jouissance immé-diate.Je suis émerveillée par les initiatives qui surgissent de par-tout, en vue de la solidarité et de la créativité. La seule chose à faire est de tenter de vivre au mieux ce qu’il nous est donné de vivre, non pas tout seul mais en communion. Ces semaines nous invitent à l’entraide, alors qu’on se soucie trop peu de la situation des réfugiés, tellement plus menacés que nous.

✐ Propos recueillis par A. T.

POÉSIE

L’effeuillage du tempsColette Nys-Mazure est bien connue des lecteurs de "Dimanche". Son nouveau recueil de poésie, "Le jour coude-à-coude", illustré par Camille Nicolle, vient d’être publié par Esperluète, une maison d’éditions namuroise.

Colette Nys-Mazure écrit sur le temps qui passe, les corps qui vieillissent et

flétrissent, mais aussi les agacements ordinaires, tous ces petits bruits qui abîment le silence. Observatrice aguer-rie, elle perçoit la fuite du temps, la vieillesse qui s’approche à pas mesurés,

puis de plus en plus rapprochés. "Sur mes proches, s’imposent les années. Je vais vers eux de séniorerie en hôpital."Dans une langue bien à elle, la Tournaisienne oscille entre prose et poé-sie, sensible au règne du vivant. Plantes et oiseaux ont ses faveurs dans le glisse-

ment du jour. Celle qui connaît les trans-ports en commun, pour les emprunter, y observe la foule de ses contemporains, leurs errements, leurs manques aussi. "Tant de regards rivés au tableau d’affi-chage finiraient par l’effacer." Et Colette de capter, dans le glissement du train, de multiples bribes de vies aperçues au détour du chemin.Le jour coude-à-coude est aussi un éloge de l’enfance et de ses réminiscences au goût acidulé et charnu d’autrefois. Le confinement actuel permet de goû-ter des plaisirs domestiques simples. Souhaitons, dès lors, à Colette Nys-Mazure de s’y adonner, loin des mul-tiples sollicitations. Car la poésie de-meure pour elle un devoir, puisqu’elle se fait "passeuse d’existences mutilées, vacillantes".

✐ Angélique TASIAUX

Colette Nys-Mazure, avec des dessins de Camille Nicolle, "Le jour coude-à-coude". Esperluète édi-tions, mars 2020, 64 p. Infos et commandes via [email protected]

© F

ranç

oise

Lis

on-L

eroy

Camille Nicolle et Colette Nys-Mazure.

Dans l’antre de la créationColette Nys-Mazure a accepté de répondre à quelques questions autour de la création artistique.

Page 14: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

14 RÉGIONS DIMANCHE N°14 5 avril 2020

MARC, POISSONNIER À SCHAERBEEK

En temps habituel, la poissonnerie en gros de Marc fournit surtout les restaurateurs. Mais, depuis que ces derniers ont dû fermer, la clientèle se fait rare. "On a mis 80% du personnel en chômage technique, explique-t-il, mais on a tout de même quelques maisons de repos ou traiteurs à livrer, donc on assure malgré tout le travail. Et, vu que les quantités sont moindres, nous achetons beaucoup

moins." Les horaires ont aussi été modifiés: "On se lève plus tard et on finit plus tôt."Tenir combien de temps? "Je ne sais pas… Jusqu’à ce qu’on tombe… Mais je suis un optimiste. Mon collègue est pessimiste - c’est pour cela que ce n’est pas lui qui répond! J’exerce ce métier depuis trente-trois ans. C’est triste, mais peut-être que cela va faire réfléchir les gens qui sont d’un égoïsme toute l’année. Va-t-on se contenter de plus de simplicité? Serons-nous moins exigeants, moins intolérants pour tout? Cela va peut-être changer… Peut-être!" (N.G.)

TÉMOIGNAGES

Pas de confinement pour eux!Si une bonne partie de la population active s’est mise au télétravail, comme la rédaction de Dimanche, beaucoup de métiers n’ont pas d’autres choix que de continuer leur mission au service et au contact des autres. Ceux du secteur des soins bien sûr, formidable "première ligne" que nous avons raison d’applaudir chaque soir. Et puis ceux dont on parle moins. En voici quelques exemples, parmi beaucoup d’autres.

OLIVIER, POMPIER DANS LE BRABANT WALLON

Il est 7h, Olivier arrive à la caserne pour prendre sa garde. Pompier depuis quelques années, lui et ses collègues en ont vu passer des cas. Mais ces derniers jours, l’ambiance a changé. "L’esprit de camaraderie qu’on partage entre nous, surtout lorsque l’on vit des missions diffi-ciles a un peu disparu. On est ten-dus, on a forcément peur d’attraper le Covid-19." Car les pompiers sont en première ligne. C’est eux qui vont chercher les victimes. "On est contents quand on monte dans l’ambulance pour une mission habituelle." Car monter dans celles spécialement affectées au transport des malades infectés par le virus, ça augmente le stress. "On sait que ça ne sera pas facile." Souvent, les victimes demandent à Olivier "Monsieur, est-ce que je vais mourir?" Il ne sait pas. Ne saura pas. "Alors je leur souris et je leur dis qu’il faut rester optimiste."Des trajets en ambulance, il va en faire durant sa garde de 24h. Après chaque intervention, il va jeter sa tenue spéciale, nettoyer le véhicule et le matériel utilisé, afin que tout soit prêt pour accueillir la prochaine victime. Mais si les microbes s’effacent, les souvenirs eux, restent dans la tête. Garde ton sourire Olivier! On a besoin de vous, chers pompiers. (N.C.)

BÉRENGÈRE, BOULANGÈRE

D’un naturel optimiste, Bérengère se réjouit de sortir de chez elle, estimant avoir la chance d’être en contact avec d’autres. "Cela permet de garder le sourire et la forme! Et puis de mettre du baume au cœur de ceux qui vivent moins bien cette période." Car elle le reconnaît volontiers "l’atmosphère qui rôde décharge d’une énergie énorme". L’épuisement guette les vendeurs dans les commerces où les clients "se regardent avec méfiance et dis-tance". Pour l’éviter, les horaires ont d’ailleurs été adaptés, avec une fermeture anticipée à 15h. Afin de soulager le travail en ate-lier, les commandes en grande quantité se trouvent également encouragées. Au magasin, Bérengère observe une nouvelle ma-nière de consommer: "tout ce qui est festif est mis de côté. Mais, la perte des gâteaux est compensée par la vente des pains". Dans sa clientèle, à côté des stressés, il reste des gens qui "vivent au jour le jour, faute de moyens financiers ou de congéla-teur, voire même par choix". Après l’inquiétude perceptible les premiers jours du confinement, Bérengère se réjouit que "les gens comprennent qu’il faut être solidaires". (A.T.)

ERKAN CHAUFFEUR DE BUS À CHARLEROIEn ce temps de confinement, l’ambiance a com-plètement changé dans le bus d’Erkan. "C’est très spécial. On ne peut pas prendre plus de cinq passagers à la fois. Ils sont silencieux. Ils n’osent pas se parler." Le jeune chauffeur constate que les passagers respectent bien les consignes de distanciation. Il est conscient que "personne n’est à l’abri", mais il estime devoir rouler pour les gens qui n’ont pas d’autres choix que prendre le bus, notamment pour aller travailler. "On aura toujours besoin de nous." La société fournit du gel à ses chauffeurs; pour les gants et le masque,

c’est la débrouille. "Certains de mes collègues ont peur, parce que leur femme est enceinte, ou parce qu’ils sont diabétiques, et je les comprends, je les soutiens. Qu’ils restent chez eux." Rares sont les bonjours adressés au chauffeur, mais les "au revoir" et les "bonne journée" sont encore de mises. "On voit que les gens sont dans leur carapace, qu’ils ont peur." Sur les réseaux sociaux, Erkan fait partie de ceux qui ont relevé le Challenge TEC Covid19 qui consiste à se filmer dans son bus vide en esquissant quelques pas de danse. "C’est notre façon de combattre le virus avec ambiance." Erkan vit le confinement au jour le jour. "Tant que les transports en commun rouleront, je roulerai." (S.D.)

ISABELLE, CONCIERGE À ZELLIK

"Le matin, je me lève avec la boule au ventre. Nous ne sommes pas à l’abri", constate Isabelle. Concierge dans un immeuble de douze étages, elle est aidée par son mari Christian, employé à Bruxelles Propreté. Toutes les précautions sont prises: l’utili-sation de gants fournis par l’employeur, l’usage de produits de désinfection pour les sols, les clenches de portes et les boutons d’ascenseur… "Si je m’arrête, le ménage ne sera plus fait dans les parties communes, et le risque sera plus grand pour tout le monde." La concierge est aussi celle vers laquelle les habitants âgés et isolés se tournent pour une "petite papote… même à travers la porte, pour respecter les distances de sécurité". Isabelle Servranckx reconnaît que l’ambiance est très calme actuelle-ment dans le bâtiment, tous respectent les consignes de confine-ment. Telle une amie, elle rappelle la nécessité de mettre ses gants ou de se protéger quand un voisin part faire ses courses. Au-delà des restrictions actuelles, cette mère de famille remarque que cela fait évoluer les liens familiaux. "Maintenant que nous ne pouvons plus nous voir, confinement oblige, nous pensons à nos jeunes enfants ou à nos parents âgés. Mon petit-fils de quatre ans me manque déjà, même si on peut se voir par Skype ou vidéo." (A.F.d.B.)

GABRIEL*, FACTEUR À BRUXELLESComme tous les matins, Gabriel remet ses paquets avec le sourire. Il continue à faire son travail. Comme avant? "Non, maintenant je suis quasi seul dans la rue", dit-il. "Je travaille aussi autrement: plus question de passer un stylo à bille pour faire signer un document. Je dois prendre une photo." Mais, pour lui, c’est important de pouvoir

continuer à travailler: livrer les pensions, les journaux, les paquets – il y en a d’ailleurs beaucoup plus! Discret, cet homme estime "qu’on a sans doute un peu oublié que nous sommes là pour les gens". Aussi cela lui fait vraiment plaisir quand les gens le remercient ou l’applaudissent. Cela revalorise son métier. Il conclut: "C’est important, cela nous encourage à faire notre travail." (N.G.)*Prénom d’emprunt©

Cat

hoBe

l

© C

atho

Bel

© C

atho

Bel

© D

R

© D

R

© D

R

© C

atho

Bel

Page 15: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

ENTRAIDEEn cette période de confinement,

les demandes ne cessent d’affluer auprès de notre association. Les demandes sont variées, mais elles sont toutes liées à cette quarantaine imposée. L’arrêt des cours et des for-mations a été décidé pour tous les établissements. Cependant, le travail de remédiation et de conservation des acquis est maintenu grâce aux moyens de communication modernes. La plupart des ménages possèdent un accès à internet, mais ils sont en réa-lité bien peu nombreux à posséder un ordinateur, et encore moins nombreux à avoir une imprimante. Les élèves sont invités par leurs professeurs à

compléter des feuilles d’exercices et à produire des rédactions, mais comment faire si on ne possède pas le matériel adéquat? Cet état de fait accroît les inégalités existantes dans notre société. La fracture sociale ne cesse de grandir. Certaines familles de la classe moyenne se trouvent à leur tour impactées. Certains couples voient leurs revenus baisser drasti-quement, car ils se retrouvent au chô-mage technique. Ils doivent cepen-dant continuer à payer leurs factures, se nourrir et se soigner. Les agences bancaires vont assouplir les conditions de paiement des prêts hypothécaires, mais qu’en est-il des locataires? Qu’en

est-il des autres prêts ou crédits à la consommation? Cette situation que l’on espère temporaire n’en demeure pas moins une épreuve pour chacun. Avec votre aide, notre association s’ef-forcera de répondre favorablement aux demandes d’intervention reçues. Restons solidaires en cette période d’incertitude. (Appel 14)

http://www.cathobel.be/eglise-en-bel-gique/service-dentraide-14-monde/

Pour les dons relatifs aux appels, utili-sez le compte: BE05 1950 1451 1175 - BIC: CREGBEBB du Service d’Entraide Quart-monde, Rue de Bertaimont 22,

7000 Mons, tél: 065/22.18.45.

Déduction fiscale à partir de qua-rante euros annuels.

SERVICE D’ENTRAIDE Le combat de la solidarité et du civisme

15SERVICEDIMANCHE N°14 5 avril 2020

INTENTIONS DE MESSEDes prêtres d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine nous demandent fréquemment des intentions de messe, (7 euros) pour pouvoir œuvrer auprès de leurs paroissiens. Attention à ver-ser sur le compte: BE41 1950 1212 8110 BIC: CREGBEBB, du Service d’Entraide tiers-monde avec mention "Projets Pastoraux". Pas d’exonération fiscale.

Profitez du contenu du journal Dimanche, en version PDF, gratuitement pendant 3 mois

via le formulaire cathobel.be

OFFRE OUVERTE À TOUS SANS EXCEPTION !

Le temps du confinement, Dimanche a décidé de suspendre l’agenda hebdomadaire et vous invite à le retrouver sur le site cathobel.be. Merci aux organisateurs de faire part (via l’adresse [email protected]) des annulations

ou des changements dans la programmation de leurs dates.

Page 16: COUPLE S’aimer dans l’imperfection€¦ · 7,14). Et pour la Pastorale des jeunes, quoi de mieux que ce passage pour nous préparer à célébrer la Résurrection du Christ? Relève

Mots croisés Problème n°20/14Horizontalement: 1. Mammifère périssodactyle. – 2. Un de continents - Page des titres. – 3. Promesse solennelles. – 4. Ancien courroux - Mené à bien. – 5. Fatiguée - Cabèche. – 6. Plantigrade femelle - Crack. – 7. (S’est) rendu - Sans relief. – 8. Fiasques. – 9. Déchiffré - Pas révélé - Arrose Chartres. – 10. Surveillées - Propre.Verticalement: 1. Annulable. – 2. Conspuera - Masque. – 3. Indécis. – 4. Substantif - Maladie miliaire. – 5. Agir - Obtenue. – 6. Repas biblique - Grande voile légère. – 7. Protection d’enfants mineurs. – 8. Soviétique - Sulfate double. – 9. Pronom indéfini - Monnaie de la Grèce antique. – 10. Feuilletons - Manche au tennis.Solutions Problème 20/13 1. DRAMATIQUE - 2. EUROTAS-NU - 3. VASTE-AA-B - 4. EDE-LARGUE - 5. RENIER-ISE - 6. G-INSISTE - 7. ONCE-DIESE8. NO-DIETE-S - 9. DELIT-USUS - 10. E-ETETE-TEProblème 20/12 1. GARGOUILLE - 2. INOUI-DUEL - 3. GENISSE-SI4. ARC-ETETER - 5. NIERAI-IRA - 6. TE-HUMER-I - 7. ISEO-UVEE8. S-IDOLATRE - 9. MURENES-NU - 10. ETES-REJET

Cathobel asbl – Chaussée de Bruxelles, 67/2 à 1300 Wavre tel : +32 (0)10 235 900 - [email protected]  www.cathobel.be - Service abonnés: +32 (0)10 779 097 [email protected] - Tarifs: 1 an (46 n°) 45 €, abonnement de soutien 79 €. N°compte: 732-0215443-57 - IBAN BE09 7320 2154 4357 BIC CREGBEBB - TVA : BE0428.404.062.• Editeur Responsable: Jean-Marie Huet, a.i.• Directeur de la rédaction: Jean-Jacques Durré.• Secrétaires de rédaction: Pierre Granier, Manu Van Lier. • Rédaction: Anne-Françoise de Beaudrap, Natacha Cocq, Vincent Delcorps, Sophie Delhalle, Nancy Goethals, Christophe Herinckx (Fondation Saint-Paul), Corinne Owen, Angélique Tasiaux. • Collaborateurs: Luc Aerens, Didier Croonenberghs o.p., Philippe Degouy, Charles Delhez, Laurence D’Hondt, Hervé Gérard, Benoit Lannoo, Hugo Leblud, Sabine Perouse, Myriam Tonus. Pour envoyer vos infos générales: [email protected]. Vos infos régionales et locales: [email protected] • Directeur opérationnel: Cyril Becquart • Mise en page: Isabelle Bogaert • Publicité: Cyril Becquart - 0478/222 290 [email protected]• Impression: Coldset Printing. CIM 2018 Membre WEMEDIA 

En mémoire des 40 jours et 40 nuits que Jésus passa dans le désert, le

cheminement du Carême constitue par sa durée une "sainte quaran-taine." Il est aussi une "mise en qua-rantaine" spirituelle, une halte pour se prémunir de tout ce qui nous éloigne de Dieu et retrouver une belle vigueur baptismale. Cet appel du carême n’est pas confiné à un temps liturgique. Il peut retentir dans tous nos combats du quotidien. Le Carême nous exhorte à tenir dans la durée et à traverser les épreuves en perspective du jour ultime, celui du dénouement pascal qui fait déjà de notre vie un sacrement d’éternité.

Dans la Bible, les nombres ont une signification symbolique à prendre en compte pour apprécier toute la sagesse des récits. Ainsi le nombre 40 est associé à des jours ou à des années pour exprimer un temps long, généralement la durée d’un temps d’épreuve. Dans le mythe de Noé, ce sont 40 jours et 40 nuits de déluge

"LE VENT SOUFFLE OÙ IL VEUT" – LA CHRONIQUE DE SÉBASTIEN BELLEFLAMME

Quarante jours et quarante nuits

à endurer, temps perçu à l’époque comme celui du fléau et du châti-ment divin. Mais c’est aussi le temps nécessaire pour réagir, construire une arche libératrice et contem-pler l’arc dans la nuée, signe d’une alliance nouvelle entre Dieu et tout être vivant. A la mort du patriarche Jacob, son embaumement dure 40 jours, temps du deuil qui permet à son fils Joseph de pardonner à ses frères leurs crimes et leurs péchés. Moïse demeure 40 jours et 40 nuits au som-met du Mont Sinaï, quarantaine pré-alable au don inestimable des Tables de la Loi. En fuyant l’Egypte, le peuple hébreu subit 40 ans d’exode au désert avant d’entrer en Canaan. Au temps long de l’errance succède la joie de la délivrance. Les règnes de Saül, David et Salomon durent chacun 40 ans. David est défié pendant 40 jours par le philistin Goliath, temps de mise à l’épreuve duquel David sort brave et victorieux. Un triomphe quand on sait que les Fils d’Israël furent livrés aux Philistins pendant 40 ans. Menacé de mort, il faut 40 jours et 40 nuits au

prophète Elie pour gravir l’Horeb. Le secours de Dieu ne s’y trouve pas dans la force de l’ouragan, ni dans le trem-blement de terre ou le feu. Elie ren-contre Dieu dans le murmure d’une brise légère. Le prophète Ezéchiel se couche 40 jours sur le côté droit pour supporter les péchés du royaume de Juda, peuple menacé de disparaitre lors de sa déportation à Babylone. Environ 40.000 judéens reviennent de ce temps d’exil, affliction qui bou-leverse mais refonde profondément toute la foi du Peuple de Dieu. Pendant sa mission, Jonas ne demeure pas seulement 3 jours et 3 nuits dans les entrailles d’un grand poisson, il attend 40 jours que les Ninivites se conver-tissent, temps de la patience et de la clémence. Après sa mort et sa résur-rection, le Christ se manifeste par des apparitions pendant 40 jours. C’est le temps qui chasse la peur, nous ouvre à l’invisible et à la joie immense de l’amour qui nous relève, nous réveille, nous ressuscite ! Le Christ accomplit en nous l’ultime passage des ténèbres à la lumière.

Toutes ces quarantaines bibliques illustrent combien les humains ont toujours vécu des périodes de souf-france, de doute, de deuil. Ne mini-misons pas ce que cela représente comme réelles et pénibles difficultés pour nos existences et pour nos socié-tés. Mais, à chaque fois, les humains sont capables de traverser l’adversité pour susciter des passages renouve-lés à la Vie. Il nous faut vivre du signe de Jonas. Dans chaque temps humain de "quarantaine", une espérance peut être manifestée, une alliance ressou-dée, une foi réaffirmée! Parce que l’eau du déluge peut devenir celle de notre baptême. Parce que l’errance au désert peut conduire à la manne qui apaise vraiment notre faim. Parce que répliquer aux assauts du tentateur ne peut se faire que conduit par l’Esprit. Guettons la colombe qui rapporte un rameau d’olivier! Gravissons la mon-tagne qui nous met en présence du Seigneur! Entrons en Terre Promise! Car le Christ ne nous veut pas captifs de nos tombeaux, il nous veut vivants et libres.

©Pe

xels