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E Ch ANGER ET APPRENDRE MUTUELLEMENT dans la durée. Intervenir à l’échelle de la commune rurale. Rassembler un pléthore d’acteurs de la chaîne de valeur semencière aux intérêts identiques et rôles complémentaires et proches les uns des autres. Revitaliser la filière par l’animation. Enseigner les nombreuses bonnes pratiques — avantages liés à l’utilisation des bons intrants, telles les semences certifiées, au respect des itinéraires techniques, à l’utilisation de la fumure organique, à la formation en production de fumure en tas dispensés, à l’utilisation rationnelle des pesticides limitant leurs dégâts environnementaux — générées par les tests expérimentaux. Ce sont-là autant de bonnes pratiques favorisées par l’approche Plateforme d’in- Coraf Action Coraf Action 6e bimestre 2015 PRODUCTEURS ET UTILISATEURS AU CENTRE DE LA RECh ERCh E AGRICOLE N° 81 www.coraf.org LETTRE D'INFORMATION BIMESTRIELLE POUR LA RECh ERCh E ET LE Dév ELOPPEMENT AGRICOLES EN AFRIq UE DE L'OUEST ET DU CENTRE Burkina Faso, Mali, Ghana et Cameroun Qui sème, récolte nourriture pour soi et pour autrui En Afrique subsaharienne, depuis plus de cinquante ans, les formes de production et de mise à disposition des semences des variétés améliorées (non traditionnelles) par les puissances publiques sont vraiment en mutation. Elles se sont, en effet, révélées d’importants intrants pour tout système de production et de culture. En ce qu’elles déterminent l’accroissement des rendements et la valorisation des autres intrants (entre 25 et 40 % d’augmentation de la productivité), leur potentiel plus élevé aidant, et atténuent les contraintes de toute sorte. Suite. novation. A n’en pas douter, elle a permis aux acteurs de traiter, sans complaisance, de difficiles questions à aborder. Telles sont les principales activités du nouveau « Projet de renforcement de la recherche et du développement des systèmes semenciers en Afrique de l’Ouest et du Centre. Installé, de 2011 à 2014, au Mali, tout comme au Burkina Faso, Ghana et Cameroun, sur l’initiative de leur SNRA (Système national de recherche agricole), ce Projet sous-régional a vivement contri- bué à accroître la disponibilité et la de- mande d’une kyrielle de semences de qualité ainsi qu’à leur accessibilité. Ce bilan de l’année 2012, commencé dans l’édition précédente, en dit largement long. Attelé par le CORAF/WECARD, il regrou- pe l’Institut d’économie rurale (IER) du Mali qui en assure la coordination sous- régionale, l’Institut de l’environnement et des recherches agricoles (INERA) du Burkina Faso, l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) du Cameroun et le Savannah Agricul- tural Research Institute (SARI) du Ghana qu’appuient techniquement le Common- wealth Scientific Institute for Research Organization (CSIRO), le bras technique de l’Australian Agency for International Development (AUSAID), et l’International Crops Research Institute for Semi-Arid Tropics (ICRISAT). Des leçons apprises, les équipes natio- nales, qui se sont constituées, citent les tests variétaux qui ont permis aux pro- ducteurs de bien et de mieux connaître

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EChANGER ET APPRENDRE MUTUELLEMENTdans la durée. Intervenir à l’échellede la commune rurale. Rassembler

un pléthore d’acteurs de la chaîne devaleur semencière aux intérêts identiqueset rôles complémentaires et proches lesuns des autres. Revitaliser la filière parl’animation. Enseigner les nombreusesbonnes pratiques — avantages liés àl’utilisation des bons intrants, telles lessemences certifiées, au respect desitinéraires techniques, à l’utilisation dela fumure organique, à la formation enproduction de fumure en tas dispensés,à l’utilisation rationnelle des pesticideslimitant leurs dégâts environnementaux— générées par les tests expérimentaux.Ce sont-là autant de bonnes pratiquesfavorisées par l’approche Plateforme d’in-

Coraf ActionCoraf Action

6e bimestre 2015PRODUCTEURS ET

UTILISATEURS AU CENTRE DE LA RECh ERCh E AGRICOLE

N° 81www.cor

af.org

LETTRE D'INFORMATION BIMESTRIELLE POUR LA RECh ERCh E ET LE Dév ELOPPEMENT AGRICOLES EN AFRIq UE DE L'OUEST ET DU CENTRE

Burkina Faso, Mali, Ghana et CamerounQui sème,

récolte nourriture pour soi et pour autruiEn Afrique subsaharienne, depuis plus de cinquante ans, les formes de production et de mise à disposition des semences desvariétés améliorées (non traditionnelles) par les puissances publiques sont vraiment en mutation. Elles se sont, en effet,révélées d’importants intrants pour tout système de production et de culture. En ce qu’elles déterminent l’accroissement desrendements et la valorisation des autres intrants (entre 25 et 40 % d’augmentation de la productivité), leur potentiel plus élevéaidant, et atténuent les contraintes de toute sorte. Suite.

novation. A n’en pas douter, elle a permisaux acteurs de traiter, sans complaisance,de difficiles questions à aborder. Tellessont les principales activités du nouveau« Projet de renforcement de la rechercheet du développement des systèmessemenciers en Afrique de l’Ouest et duCentre.Installé, de 2011 à 2014, au Mali, toutcomme au Burkina Faso, Ghana etCameroun, sur l’initiative de leur SNRA(Système national de recherche agricole),ce Projet sous-régional a vivement contri-bué à accroître la disponibilité et la de-mande d’une kyrielle de semences dequalité ainsi qu’à leur accessibilité. Cebilan de l’année 2012, commencé dansl’édition précédente, en dit largement long.Attelé par le CORAF/WECARD, il regrou-

pe l’Institut d’économie rurale (IER) duMali qui en assure la coordination sous-régionale, l’Institut de l’environnement etdes recherches agricoles (INERA) duBurkina Faso, l’Institut de rechercheagricole pour le développement (IRAD)du Cameroun et le Savannah Agricul-tural Research Institute (SARI) du Ghanaqu’appuient techniquement le Common-wealth Scientific Institute for ResearchOrganization (CSIRO), le bras techniquede l’Australian Agency for InternationalDevelopment (AUSAID), et l’InternationalCrops Research Institute for Semi-AridTropics (ICRISAT). Des leçons apprises, les équipes natio-nales, qui se sont constituées, citent lestests variétaux qui ont permis aux pro-ducteurs de bien et de mieux connaître

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les variétés améliorées, en les appréciant selon leur capacité àaméliorer les rendements, leur précocité dans les conditionsagroclimatiques de culture souvent hostiles, leur qualité organo-leptique, le progrès noté dans le développement des affaires decertains acteurs, tels les distributeurs des semences, grâce auxPlateformes d’innovation (PI).Sur le chemin de mise en place de ces dernières, les équipesnationales ont buté sur de nombreuses embûches. L’analysediagnostique des différents systèmes semenciers, à laquelleelles ont procédé, met en évidence qu’elles sont de plusieursordres. Pour ce qui est des cultures, il faut admettre que la cou-verture des besoins en semences certifiées de maintes d’entreelles demeure faible. Le niveau d’intégration des composantesde la filière semencière est encore faible, à cause de l’insuffi-sance de coordination et d’animation des actions interprofes-sionnelles. Le non-respect des itinéraires techniques font queles semences améliorées produites sont fréquemment déclas-sées. La disponibilité des semences certifiées et intrants agri-coles ainsi que leur accessibilité restent tout aussi faibles. Lessemences de base au prix élevé, les engrais et les pesticidessont d’accès difficile. La procédure de certification des semen-ces est d’une lenteur excessive. Le niveau d’adoption dessemences améliorées demeure faible. L’isolement des par-celles semencières est difficile.

Les prix des semences amélioréestout sauf rémunérateurs

Au chapitre de la dissémination, le niveau de diffusion des résul-tats de recherche reste encore faible, tout comme la circula-tion de l’information sur les semences, la vulgarisation dessemences améliorées. La confusion, faite entre semencesaméliorées et Organismes génétiquement modifiés (OGM), esttotale. La connaissance des valeurs nutritives et aptitudes tech-nologiques des variétés améliorées de maïs est faible. Les prixdes semences améliorées sont tout sauf rémunérateurs. Lapluviométrie handicape très souvent les productions semen-cières, parce qu’elle est insuffisante.Concernant les réseaux routiers, leur défaillance se mesure àl’aune de plusieurs paramètres, tels l’inadéqutation des infras-tructures de même que la faiblesse de la logistique de stockage,de conservation et de conditionnement et le manque de straté-gies permettant d’assurer l’écoulement des surplus de productiongénérés par l’emploi de semences sélectionnées, notamment,de cultures sèches en année de bonne pluviométrie. Les connais-sances sur l’importance des semences dans l’accroissementde la productivité agricole (entre 25 et 40 %) sont faibles.Pour ce qui est du foncier, la vérité est d’admettre que les terrescultivables sont faiblement disponibles. Sur le plan organisationnel et instructif, il n’a pas échappé auxéquipes nationales que la professionnalisation des acteurssurtout privés est insuffisante, tout comme leur formation etleur organisation, leur sensibilisation quant à l’importance del’utilisation et du renouvellement des semences sélectionnéespour l’intensification de l’agriculture. Pareils sont la stratégie definancement durable, leur niveau d’équipement et de tech-nicité, leur pouvoir d’achat et le poids des systèmes semen-ciers traditionnels.Comme les embûches sont faites pour affrontées et surmon-tées, les équipes nationales suggèrent que soient appuyés les

acteurs des différents systèmes semenciers, aux fins de lesrendre professionnels, de renforcer leur capacité institution-nelle, de conservation et de stockage des semences, de lessensibiliser sur l’utilisation des semences améliorées, de lesformer aux techniques de leur production et de leur commer-cialisation.

Pilotage des programmes de promotion des semences améliorées

S’agissant de la satisfaction des besoins d’information, ellessont plus que convaincues de l’impérieuse nécessité d’amé-liorer les systèmes d’information interne aux systèmes semen-ciers et de soutenir leur financement, d’autant qu’il est de faibleaccès dû aux difficiles conditions de prêts et aux taux d’intérêtsélevés.S’y ajoutent, pèle mêle, les faibles capacités de négociation etde plaidoyer des acteurs semenciers, la faible perception del’impact des semences sur la production du maïs, la méconnais-sance des techniques d’élaboration d’un plan d’affaires et desproducteurs de semences dans l’exercice de leur métier, lamauvaise organisation du marché des semences d’arachide,l’insuffisance des équipements de vannage et de triage dessemences.Dans ce sens, la mesure-phare entamée passe pour êtrel’élaboration de Plans d’action pour les Plateformes d’innova-tion. Suivant la même approche éprouvée par de francs dé-bats, quatre sont conçus. Ils ont abouti grosso modo à l’iden-tification et à la planification des activités répondant aux besoinsdes producteurs, à l’amélioration de l’utilisation des semencesaméliorées et à l’identification des critères de suivi-évaluationde ces Plans d’action.voici donc les activités dont l’exécution, à court et moyen terme,est prévue sur deux ans : les essais, les formations, les actionsde sensibilisation et d’information et l’organisation des acteurs.En effet, ces débats ont permis de mettre en exergue certainesdimensions du développement des systèmes semenciers,notamment la certification des semences qui ne se fait pas àtemps et limite les producteurs dans la commercialisation deleurs produits. Ils ont également permis de traiter l’épineux problème de l’ac-cès aux ressources financières. L’importance d’une mise à dis-position à temps de semences utilisées dans les essais estmieux perçue. Les acteurs ont apprécié les Plans d’actioncomme un bon outil de pilotage des programmes de promotiondes semences améliorées au sein de leurs localités. Cependant, dans leur mise en œuvre, des appuis directs ouindirects du Projet restent encore nécessaires. Il devra, certes,en plus des activités spécifiques de recherche, s’investir dansles formations et assurer une mise en relation entre lesPlateformes et d’autres partenaires.

Contact : Aboubakar NjoyaCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RPCP 18523 Dakar, SénégalTél. : (221) 33 869 96 18Fax : (221) 33 869 96 31E-mail : a.njoya @coraf.orgInternet : www.coraf.org

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MaliProjets : quelques

malheureuses expériencessèment les graines

de la réussite

EN 2012, LE PAy S EST EN PLEINE CRISE POLITIq UE. MAIS CETTEdernière n’est en rien une contrainte pour que ne s’ins-tallent les quartiers du nouveau «  Projet de renfor-

cement de la recherche et du développement des systèmessemenciers en Afrique de l’Ouest et du Centre ». venu auMali, comme à l’instar de ses voisins burkinabè, ghanéen etcamerounais, contribuer à accroître et la disponibilité et lademande d’un éventail de semences de qualité ainsi que leuraccessibilité. Surtout quand elles prouvent, à suffisance,répondre de manière adaptée aux réels besoins et conditionslocales des producteurs. On peut en dire donc que ce Projetsous-régional a bien débuté ses activités, en 2011, et les abien terminées, en 2013. En atteste le bilan 2012 qu’en faitcet article.Pilotée par l’Institut d’économie rurale (IER), l’équipe natio-nale malienne s’est inscrite en droite ligne des objectifs qui luisont fixés, c’est-à-dire contribuer, entre autres choses, à unemeilleure connaissance des nouvelles technologies que sontles variétés améliorées et les itinéraires techniques de pro-duction et de certification de leurs semences. C’est ainsiqu’est réalisé l’essentiel des activités programmées, que cesoit les tests variétaux, les journées portes ouvertes, la miseen place de toutes les Plateformes d’innovation, l’élaborationde leur Plan d’actions, de leur Plan de formation de tous leursmembres, leur animation quotidienne, etc.

et même-là, leur nombre reste relativement faible à 25 %

Jugés pertinents, parce que cohérents avec la stratégie sous-régionale d’amélioration de la productivité et de la compétiti-vité des systèmes de production agricole et de développementrural, telles celles de réduction de la pauvreté, du renforcementde la sécurité alimentaire et de l’amélioration des conditionsde vie des populations, les essais-mères et enfants, entamésdans les quatre sites villageois choisis — Kolokani, Kita,Bougouni et Siramana —, sont bien récoltés, les résultatsdes observations analysés et les rapports thématiques mis àdisposition.Des trois systèmes semenciers dévoilés (voir article précé-dent) par l’étude de suivi-évaluation et animés par des ac-teurs producteurs et des utilisateurs des semences desvariétés améliorées, il est apparu que ces dernières sontfaiblement adoptées à moins de 50 % en moyenne et fai-blement utilisées à environ 40 %. Leurs coûts de productionétant variables d’un pays à l’autre, au Mali, cette variabilités’explique surtout par leur non-prise en compte dans le calculdes coûts de la certification, au champ comme au laboratoire. De plus, le Mali n’en est pas à son premier coût d’essai.

Plusieurs programmes nationaux de reproduction de toutesles cultures importantes pour les petits producteurs, soutenuspar le Secteur public, n’ont pas de systèmes établis pour lemaintien des producteurs de semences de variétés homo-loguées et sont encore moins liés aux systèmes de productiondes semences de base. C’est le cas des projets semencierscomme le Projet mil financé par le PNUD (Programme desNations unies pour le développement), de 1989 à 1993, ettechniquement appuyé par la FAO (Organisation des Nationsunies pour l’agriculture et l’alimentation).Dans le cadre des mesures préconisées par les Plans d’a-justement structurel des années 90, ce Projet se proposait demieux préparer les producteurs semenciers, en les profes-sionnalisant dans la production des semences certifiés et enmettant en place un système semencier performant. h élas, ilne les a pas atteints, ces objectifs. Est venu l’y rejoindre unautre Projet d’appui à la filière semencière du Mali (PAFSEL),de 2002 à 2008, bénéficiant du soutien financier de la BAD(Banque africaine de développement). Il comptait mieux pré-parer les opérateurs privés à la relève du Secteur public dansla production des semences certifiées. La seule issue qui reste ouverte était, par conséquent, que leMali, à l’instar de ses voisins, compte sur les programmes desélection génétique des nouvelles variétés des CIRA (Centresinternationaux de recherche agronomique) pour fournir dessemences de pré-base et de base aux nécessiteux. Pourcela, une approche plus coordonnée est nécessaire entre lesSNRA (Systèmes nationaux de recherche agricole), CIRA etles Sociétés privées, en vue d’assurer la disponibilité de cestypes de semences provenant du matériel enregistré dansles catalogues semenciers nationaux.  Assurant, sous la houlette du CORAF/WECARD, à la fois lacoordination régionale de ce nouveau Projet regroupant l’Ins-titut de l’environnement et des recherches agricoles (INERA)du Burkina Faso, l’Institut de recherche agricole pour le dévelop-pement (IRAD) du Cameroun et le Savannah AgriculturalResearch Institute (SARI) du Ghana et techniquement sou-tenu par le Commonwealth Scientific Institutte for ResearchOrganization (CSIRO), le bras technique de l’Australian Agen-cy for International Development (AUSAID), et l’InternationalCrops Research Institue for Semi-Arid Tropics (ICRISAT), l’IERdu Mali a œuvré à la réalisation des activités planifiées et résul-tats attendus, durant cette année 2012. Selon son étude diagnostique qui dévoile les caractères so-ciaux et démographiques de la population enquêtée, on cons-tate, sur les 120 exploitations agricoles que comptent tous lessites installés, le « règne » des hommes qui sont 96 % sur laportion congrue des femmes de 4 %. De même, presque tousles chefs d’exploitation sont des hommes. Les rares fois oùelles se font signaler, c’est dans les circuits de production et dedistribution des semences des variétés améliorées, et même-là, leur nombre reste relativement faible à 25 %.

C’est au mali que les superficies réservées au sorgho s’élèvent plus que…

D’autre part, à l’analyse des données recueillies sur les typesd’exploitation agricole, l’étude fait ressortir que parmi les 120 ex-ploitants, il n’y a point de distributeurs de semences et d’in-tervenants après-récoltes, mais que des producteurs de la

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Tableau  1 : Analyse de la situation des actifs agricolesenquêtés, au Mali

Source : Bases de données du Mali

Cependant, le nombre de ces derniers varie d’une exploitationagricole à une autre et d’un site à un autre. Car ils sont 12 actifsadultes d’environ 6 hommes et 6 femmes, ce qui donne unécart-type de 9,8. Le nombre d’actifs enfants étant égalementde 12 en moyenne, dont 6 garçons et 6 filles, l’écart-type sesitue à 8,68. Par ailleurs, faisant une analyse de la superficiemoyenne cultivée, l’équipe malienne observe que ce nombred’actifs moyen par exploitation agricole paraît suffisant pourexploiter, de manière efficiente, les superficies. En effet, l’argument est de taille, puisqu’un seul actif, d’aprèselle, est en mesure de cultiver, en une seule campagne agri-cole, au moins 7,26 hectares dans chaque exploitation, mêmechez les femmes très occupées, on le sait, par les harassantstravaux domestiques. L’analyse du système de culture qui y acours, traduit dans ce tableau 2 qui traite en même temps dufoncier, des spéculations cultivées, du niveau d’équipement,en est assez édifiante.

Tableau 2 : Analyse de la situation des superficies desexploitations agricoles, au Mali

Source : Bases de données du Mali

En quoi faisant ? En ce qu’elle indique le fait que l’actuelle si-tuation foncière se résume favorablement ainsi : de fait, 86 %de terres exploitables, dont 81 %, sont effectivement misesen valeur et 19 % de réserves non encore exploitées. Ce quileur fait dire aux membres de l’équipe que « ceci est un bonindicateur d’investissement dans la promotion de l’industriesemencière nationale. »L’importance des spéculations cultivées représentant le rap-port de la superficie réservée à chaque spéculation sur l’en-semble de celle cultivée dans chaque exploitation agricole, le sorgho est le plus cultivé avec environ 23 %. Il est utilisé à83 % quand le mais l’est à 80 % environ, l’arachide à 78 % etle niébé à 30 %.

Pourtant, « ce champion » perd de sa prestance ou vervelorsqu’on examine les taux d’utilisation de leurs semencesaméliorées. q uand le maïs est à près de 70 %, suivi du niébéà 55 %, de l’arachide à 45 %, le sorgho caracole derrièreavec près de 38 %. Le riz est aussi cultivé avec un taux d’utili-sation marginale de 85 %, tout de même ! Notons qu’en plusdes cultures céréalières, des cultures maraîchères sont pra-tiquées, dans les zones du Projet.Etudiés sous l’angle comparé des variétés améliorées parrapport aux traditionnelles, ces niveaux d’utilisation qui sonten fait le rapport des superficies des unes sur les autres, sonten moyenne identique aussi bien au Burkina Faso, Camerounet Mali. Il est à environ 78 % pour le sorgho, à 60 % pour le mil,à 55 % pour l’arachide, à 45 % pour le niébé, à 18 % pour leriz et à 10 % pour le maïs. Mais c’est au Mali que les superfi-cies réservées au sorgho s’élèvent plus que la moyenne,chaque exploitation agricole lui consacrant près de 2,3 hec-tares. S’agissant du coton, c’est encore au Mali que chacuned’elles lui consacre le maximum de superficies, jusqu’à 6 hec-tares.

Le taux moyen de couverture des superficies a plus que doublé…

Pour ce qui est de l’approvisionnent en semences, les pro-ducteurs maliens sont près de 29 % à se les procurer auprèsdes organisations de production et près de 23 % auprès deprojets de développement et d’ONG. Une autre source defourniture gratuite, que sont les distributeurs de semencesaméliorées, a pignon sur rue au travers du système de trocdes denrées toujours en vigueur dans le pays. Au vu du niveau des rendements des spéculations cultivées,le constat de l’équipe est sans équivoque  : faible pour lesorgho, le mil, l’arachide et le niébé, avec moins de 1 tonne àl’hectare. Pour ne prendre que les cas du niébé et du mil, ilsse situent à moins de 0,5 tonne à l’hectare ! Et ceux du cotonne sont pas en reste, loin de là. q uant au taux d’adoption deleurs variétés améliorées, qui est le rapport du nombre deproducteurs les ayant adoptées pour en avoir cultivées aumoins une fois, le tableau 3, ci-après, donne un aperçuéclairant.

Tableau 3 : Taux d’adoption des variétés améliorées descultures vivrières, au Mali

Source : Bases de données du Mali

denrée au nombre de 35, soit 29,2 %, et des utilisateurs de85, soit 70,8 %. Le tableau 1, ci-contre, présente la situationdes acteurs agricoles s’activant dans le domaine.

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L’analyse de la structure des coûts de production, qui varientd’une spéculation à l’autre, a permis à l’équipe de parvenir àaffirmer que l’arachide, le mil et le maïs reviennent doublementplus élevés à plus de 600 000 francs CFA l’hectare contre lesorgho qui revient à 300 000 francs CFA l’hectare. Mais aucoût de production par kilogramme de semence produit,l’arachide coûte plus cher avec 110 francs CFA à l’hectare,suivi du maïs avec 95 francs CFA à l’hectare, le riz avec 78 francs CFA à l’hectare, le mil avec 63 francs CFA à l’hec-tare. La marge nette d’exploitation déterminée est de 463983 francs CFA l’hectare d’arachide, de 413 053 francs CFAl’hectare de maïs et de 171 438 francs CFA l’hectare desorgho. S’il faut considérer que la productivité est un facteur détermi-nant dans la maîtrise des coûts de production (voir tableau 6),alors convenons-en de mettre l’accent sur la promotion del’intensification agricole, en mettant en œuvre l’ensemble despaquets techniques et technologiques pouvant, à coups sûrs,améliorer le niveau des rendements des différentes spécula-tions cultivées.

Tableau 6 : Analyse de la structure des coûts de productionpar spéculation cultivée, au Mali

La leçon à tirer de ce qui précède est que ces quelques tauxd’adoption paraissent insuffisants pour pouvoir impulser unmeilleur développement économique basé sur ou piloté parl’agriculture, quelle que soit l’importance des travaux derecherche sur la création et la sélection variétales. Les causesde cela décelées sont diverses, et les principales sont les dif-ficultés d’accès aux semences améliorées dues à leurs prixélevés par rapport au pouvoir d’achat des producteurs, l’éloi-gnement des sources d’approvisionnement parce que physi-quement et financièrement inaccessibles aux producteurs,l’insuffisance de l’information fiable sur leur disponibilité, leurslieux et conditions d’accès (voir tableau 4).

Tableau 4 : Raisons de l’adoption des variétés amélioréesau Mali

Le secteur formel n’assurant que partiellement la satisfactiondes divers besoins semenciers des paysans, il fallait s’attendreà ce que l’on recourt au système informel. heureusement quel’adoption de cette attitude a favorisé la nette augmentation du taux de couverture des différentes espèces en terme desuperficies ensemencées : le maïs est à 35,25 %, le Sorgho à27,85 %, le mil à 26,30 %, l’arachide à 21,92 % et le riz pluvialà 14,25 %. Le taux moyen de couverture des superficies em-blavées a présentement plus que doublé à 25,11 % contre10,22 % dans le passé.

données produites sur les parcelles d’expérimentationsituées dans les quatre sites du Projet

Si on en vient aux coûts de production de ces semences,l’équipe s’est également rendu compte de la véracité desdéclarations des producteurs des semences R2, qui est queleur calcul ne prend nullement compte des différents coûts decontrôle et de certification au champ et au laboratoire, ni descoûts de stockage et de conservation (voir tableau 5).

Source : Bases de données du Mali

Tableau 5 : Coûts de production par site et par spéculation au Mali

Source : Bases de données du Mali

En cela, la main-d’œuvre constitue la principale source dedépenses représentant 51 contre 44 % en moyenne dans lesconsommations intermédiaires d’engrais et de pesticides. Ilen est de même de l’amortissement matériel et équipemen-tier qui est de 5 %. L’équipe en est donc réduite à l’idée deleur trouver des alternatives dans le sens de leur réduction,peut-être par le biais de la mécanisation agricole.La campagne agricole de cette année 2012-2013 a été desplus heureuses, dans la mesure où les pluies étaient vrai-ment au rendez-vous, parce qu’abondantes, régulières et

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Graphique 1 : Rendement de gousses d’arachide en essai-mère au Mali

En agissant de la même manière qu’avec la production degraines, l’équipe dévoile la différence significative existant entreles variétés (à la probabilité de 0,01 avec un écart-type de81,815 kilos à l’hectare) et le coefficient de variation de 25,38 %.Le rendement moyen général étant calculé à 322,3 kilos àl’hectare, la variété Niéta a été meilleure avec 415 kilos à l’hec-tare et la variété 4710 la plus faible avec 233,3 kilos à l’hectare. Dans la même foulée, en milieu paysan, où le rendementmoyen général atteint 310 kilos à l’hectare, le record estattribué à y iriwatiga avec 376,7 kilos à l’hectare, tandis qu’enmilieu contrôlé ou expérimental, le record est octroyé à lavariété Niètatiga avec 476,7 kilos à l’hectare (voir tableaux 9et 10 et graphique 2).

Tableau 9 : Rendement moyen en gousses des 5 variétésd’arachide de l’essai-mère de Siramana, au Mali

Tableau 10 : Rendement en gousses des 5 variétés d’ara-chide, en fonction des pratiques de fertilisation, au Mali

En vérité, vu les faibles écarts entre ces données des deuxpratiques, l’on peut avancer qu’en dehors de la variété Niétia-ga, la pratique améliorée ne s’est pas montrée supérieure à lapratique paysanne, car les différences ne sont vraiment pasd’ordre significatif.

Tableau 8 : Rendement en gousses des 5 variétés en fonc-tion des pratiques de fertilisation, au Mali

Source : Bases de données du Mali

Tableau 7 : Rendement moyen en gousses des 5 variétésd’arachide de l’essai-mère de Siramana, au Mali

Coefficient de variance (Cv ) = 28,74 % ; écart-type = 160,1kilos à l’hectare ; les différences ne sont pas significativesau seuil de 5 % (p = 0,12)

bien réparties dans le temps et l’espace. A ce point que leurexcès a aussi négativement affecté les cultures en végétationet variétés en maturation. Pour une vue globale permettant de mieux saisir le sens qu’ilfaut donner à l’évolution de ces activités, l’équipe a collectél’ensemble des données produites sur les parcelles d’expéri-mentation situées dans les quatre sites du Projet et traite desrésultats essentiels engrangés.

L’approche participative utilisée est la recherche intégrée pour le développement

Au village de Siramana consacré à la production des goussesd’arachide à partir de l’essai-mère, l’équipe a mesuré les ren-dements. A ses dires, le meilleur rendement moyen est donnépar la variété Niéta avec 696,3 kilos à l’hectare, le plus faiblepar la variété 4710 avec 426,7 kilos à l’hectare. En analysantles variances, elle n’a trouvé aucune différence significativede rendements entre les variétés, à la probabilité de 0,2. Ceciest dû à la variabilité des données, le coefficient de variationétant de 28,7 % et l’écart-type de 160,1 kilos à l’hectare.Ensuite, l’équipe a fait l’analyse statistique des données surles rendements, et leur comparaison est encore plus édifi-ante sur le tableau opposant pratique paysanne et pratiquemoderne ou améliorée : dans la première, la variété y iriwatigaa mieux scoré à 538,533 kilos à l’hectare que, dans la seconde, à 576 kilos à l’hectare, alors que, dans la seconde, lavariété Niètatiga a fait son meilleur score à 753,333 kilos àl’hectare, durant la campagne agricole 2012-2013. Les ta-bleaux 7 et 8 et le graphique 1.

Coefficient de variance (Cv ) = 25,38 % ; écart-type = 81,8kilos à l’hectare

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Leur nombre, qui n’est pas des moindres, est calculé grâce àla même analyse des variances qui ne montre, en outre, nulledifférence significative entre les variétés (à la probabilité de0,31 avec un écart-type de 8 435 panicules à l’hectare) et lecoefficient de variation de 29,26 %. Le rendement moyengénéral se situant à 28 827 panicules à l’hectare, il n’endemeure pas vrai que cette quantité reste faible par rapport à

Graphique 3 : Rendement de panicules de sorgho, au Mali

Tableau 14 : Rendement en graines des 5 variétés de maïs,en fonction des pratiques de fertilisation de l’essai-mère, auMali

Toujours à Siramana, concernant la production des épis demaïs dans l’essai-mère, la même analyse ne montre aucunedifférence significative entre les variétés (à la probabilité de0,6 avec un écart-type de 1 161,0 kilos à l’hectare) et le coeffi-cient de variation de 28,09 %. Le rendement moyen généralse situant à 4 133,3 kilos à l’hectare, les conditions de réali-sation tout comme les dégâts enregistrés expliquent que cedernier soit très élevé. Autant dire que les rendements sontbons, dans l’ensemble.

Tableau 11 : Rendement en épis des 5 variétés de maïs de l’es-sai-mère de Siramana, au Mali

Coefficient de variance (Cv ) = 28,09 % ; écart-type = 1 161,0kilos à l’hectare 

Tableau 12 : Rendement en épis des 5 variétés de maïs, enfonction des pratiques de fertilisation de l’essai-mère, au Mali

Coefficient de variance (Cv) = 28,09 % ; écart-type = 1 161,0 ki-los à l’hectare ; rendement moyen général = 4 133,0 kilos àl’hectare

vu la production de graines, l’équipe n’a pas noté non plus dedifférence significative entre les variétés (à la probabilité de0,4 avec un écart-type de 996,8 kilos à l’hectare) et le coeffi-

Passant à la production de panicules de sorgho encore à partirde l’essai-mère, l’équipe a élaboré le graphique 3 suivant pourrendre compte des rendements qu’elle a donnés.

Graphique 2 : Rendement en gousses des 5 variétés d’arachi-de testées, au Mali

Tableau 13 : Rendement en graines des 5 variétés de maïs, auMali

Coefficient de variance (Cv ) = 31,9 % ; écart-type = 996,8 ki-los à l’hectare 

cient de variation de 31,97 %. Le rendement moyen généralse calant à 3 118 kilos à l’hectare, les conditions de réalisa-tion et les dégâts enregistrés expliquent le fait que soit trèsélevé le coefficient de variance. Dans l’ensemble, ces rende-ments peuvent être considérés comme bons (voir tableaux13 et 14 et graphique 3).

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Tableau 16 : Nombre de panicules des 5 variétés de sorgho,en fonction des pratiques de fertilisation de l’essai-mère, auMali

Tableau 17 : Nombre de panicules des 5 variétés de sorgho, auMali

Coefficient de variance (Cv ) = 16,30 %  ; écart-type = 3 12,931 kilos à l’hectare

Tableau 18 : Poids des panicules des 5 variétés de sorgho,en fonction des pratiques de fertilisation appliquées àl’essai-mère, au Mali

Graphique 4 : Rendement des pnicules des 5 variétés desorgho, au Mali

Tableau 20 : Rendement en grains des 5 variétés de sorgho,en fonction des pratiques de fertilisation appliquées à l’essai-mère, au Mali

Tableau 19 : Rendement de grains des 5 variétés de sorgho, auMali

Coefficient de variance (Cv ) = 42,65 % ; écart type = 420,2kilos à l’hectare

Revenant à la production de graines, l’équipe arrive à la mêmeconclusion qu’il n’y a guère de différence significative entreles variétés (à la probabilité 0,45 avec l’écart-type de 420,2 ki-los à l’hectare) et le coefficient de variation de 42,65 %. Lerendement moyen général atteint est de 985,2 kilos àl’hectare, lequel est considéré comme relativement correct vula moyenne nationale qui est à 800 kilos à l’hectare (voirtableaux 19 et 20 et graphique 5).

Par contre, à travers le calcul de leur poids, l’équipe découvreune différence très significative entre les variétés (à la proba-bilité de 0,007 avec l’écart-type de 312,931 kilos à l’hectare)et le coefficient de variation de 16,30 %. Le faible rendementmoyen général, obtenu de 1 920 kilos à l’hectare, démontrele faible niveau des rendements consécutif à la faible densitéde peuplement (voir tableaux 17 et 18 et graphique 6).

Tableau 15 : Nombre de panicules des 5 variétés de sorgho, auMali

Coefficient de variance (Cv ) = 29,26 %  ; écart-type =84 335 panicules à l’hectare

la faible densité de peuplement (voir tableaux 15, 16 et gra-phique 5).

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a ctes de la Conférence continentale sur les liens entreles preuves produites par la recherche et les politiquespour une adaptation aux changements climatiques ena frique. Compte rendu d’Armand Faye, du Sénégal.Sur le climat, les conférences, qui s’y tiennent, de partout dansle monde, se ressemblent presque, sauf, pour le moment,celle qui vient de se tenir, à Nairobi, c’était du 10 au 12 mars2015. Son seul sujet aurait pu suffire pour en administrer lapreuve : Conférence continentale sur les liens entre lespreuves produites par la recherche et les politiques pour uneadaptation aux changements climatiques en Afrique !Conviés par « AfricaInteract » et « Agriculture en intelligence(sensible au) avec le climat », deux grands Projets continen-taux du Forum pour la recherche agricole en Afrique exécutéspar ses Organisations sous-régionales de recherche agricole(OSR), ils étaient 180 participants venant de toute l’Afrique sub-saharienne au nom du landernau scientifique, de la Sociétécivile, des Organisations de producteurs, des Organisations nongouvernementales, de la sphère politique, des Plateformesrégionales d’AfricaInteract, du Partenariat au développementainsi que des autres secteurs non-étatiques du monde agrico-le, sanitaire, urbain soucieux de la question genre. L’intentioncomme la visée étaient de les faire se rencontrer pour par-tager la masse de données et d’informations produites etforger une perspective et un cadre de collaboration au sein età travers les 4 sous-régions africaines. AfricaInteract (voir www.coraf.org), qui était sur la sellette decette conférence, est coordonnée, depuis 4 années (2011),par le Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et ledéveloppement agricoles (CORAF/WECARD), en la personnedu son responsable du Programme gestion des ressourcesnaturelles, Dr Abdulai Jalloh, et financièrement soutenu par lebureau régional pour l’Afrique sub-saharienne du Centre derecherches pour le développement international (CRDI) duCanada, basé à Nairobi et dirigé par le Dr Simon Carter.Des 17 communications, âprement discutées et disséquées, ilressort ce que l’assemblée, réunie en des commissions et enune séance plénière, ont retenu des conclusions et ficelé des

Toutes ces actions de recherche-développement ainsi queleurs tendances — résultats et indicateurs —, préliminairescomme durables, ont bien besoin, pour servir aux fins pourlesquelles elles ont été entreprises, d’un véritable cadreapproprié au dialogue, échange, partage, à l’apprentissageet à la découverte. Il a pour nom : la Plateforme d’innovationinstallée sur chaque site du Projet et (pour) regroupe(r) tousles acteurs semenciers. Pour les rendre opérationnelles, toutce beau monde s’est mis à la tâche de l’élaboration, pourchacune, d’un Plan d’actions bi-annuel, avec l’appui tech-nique et organisationnel du Projet. C’est ainsi que l’équipe est à même d’affirmer que toutes lesactivités programmées, durant l’année 2012, ont été réali-sées avec succès, exception faite de l’étude de la situationde la chaîne de valeur de la filière semencière (en lire lesraisons dans le premier article).En effet, de notables changements ont vu le jour. Au nombredesquels on peut citer le respect du calendrier cultural detoutes les spéculations cultivées dans toutes les zones deproduction, des itinéraires techniques avec l’application de lafertilisation minérale, l’utilisation de plus en plus importantedes semences des variétés améliorées, l’amélioration de laproductivité et de la production, etc.Il faut y compter également les femmes ainsi que les jeunesactifs de 15 à 59 ans, qui y jouent un rôle important, notammentau niveau des tests variétaux (individuels ou collectifs) sedéroulant sur le terrain. La production et la certification dessemences étant très respectueuses des principes de gestionenvironnementale, l’approche participative utilisée est larecherche intégrée pour le développement impliquant l’en-semble des intervenants.De cette façon, l’avenir se présente sous de bonnes auspicesavec la poursuite des activités menées dans les villages detests, la réalisation de l’étude sur la chaine de valeur de la fi-lière semencière, la poursuite des appuis au fonctionnementdes Plateformes, l’organisation des acteurs, la commerciali-sation des semences des variétés améliorées, leur certification,au stockage et à la conservation des semences sélection-nées.

Contact : Abdourhamane Issoufou KolloCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RPCP 18523, Dakar, SénégalTél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : [email protected] Skype : abdoukollo_issoufouInternet : www.coraf.org

Graphique 5 : rendement de grain des 5 variétés de sorgho, auMali

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Cor af /WeCar d : des sources d’information uniquement

pour vous, lectrices et lecteurs !

Son Unité d’information et de communication et ses Pro-grammes vous fournissent de la matière à s’ouvrir et àappréhender le travail accompli par le CORAF/WECARDet ses partenaires. A vous d’en juger !

Portails

l Assemblée générale CORAF/WECARD 2014http://www.coraf.org/ag2014

l CORAF/WECARD-USAID http://www. coraf.org/usaidcw

l CORAF/WECARD-FARA Projet Africa Interacthttp://africainteract.coraf.org/fr/

l CORAF/WECARD-CSIRO http://www. coraf.org/csirov2013/

l CORAF/WECARD-USAID Project PSAO/ WASPhttp://www. coraf.org/wasp2013

Plateformes d’innovation technologique et outils

l Bibliothèque virtuelle http://issuu.com/coraf

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l Marché des innovations et des technologies agricoleshttp://mita.coraf.org/

l Système d’Information régionalehttp://94.23.202.178:9012/Sircoraf-WEB/

l Plateforme videos (youtube) https://www. youtube.com/user/CORAFWECARD

l Plateforme semences http://www.wasix.net

l Plateforme photos (Flickr) https://www.flickr.com/photos/125925112@N05/sets/

l Outils de suivi-évaluation http://www.waapp-me.org/

Contact : Ndèye Oulèye AnneCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP, CP 18523, Dakar, SénégalTél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : [email protected] : www.coraf.org

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recommandations envers toutes les parties prenantes quivous sont exposées dans les deux premières éditions. A partirde celle précédente, nous vous livrons toutes les présenta-tions résumées. Suite.A la suite du troisième communicateur, prend la relève le doc-teur Evan Girvetz, du bureau Kenya du Centre internationald’agriculture tropicale (CIAT), pour disserter sur les avancéesde la recherche agricole en matière de changement clima-tique : le cas des liens entre science et politique. D’emblée,cette quatrième communication fait dans la prédiction. Le climat,sévissant sur le continent africain, va avoir de sérieuses conséquences sur l’agriculture ! Les températures tout commeles précipitations pluviométriques sont susceptibles d’aug-menter, d’ici 2080. Ce qui est censé résulter d’une substantiellediminution des terres arables pour les cultures telles que lemaïs, les haricots, la banane et le petit mil, mais aussi d’une si-gnificative augmentation des superficies cultivables de l’igname,du mil, de l’arachide et du sorgho.Cependant, pour mettre un terme à cette situation, le présen-tateur affirme que, le recours à l’agriculture en intelligenceavec le (sensible au) climat (CSA) est une solution. Contrai-rement à une opinion généralement véhiculée, la CSA n’estguère un amas d’actes posés, mais une approche dévelop-pant les conditions techniques, politiques et financières pourachever d’atteindre le développement durable de l’agricultureassurant la sécurité alimentaire et soucieux du changementclimatique. Car elle confère à la fois productivité, résilience etatténuation.Il en donne quelques études de cas qui se sont révéléesréussies. Au Niger, 500 millions d’hectares de terres sont res-taurées et plus de 200 millions d’arbres replantés, dans le cadred’une régénération naturelle gérée en exploitation paysanne.Les rendements de grains s’en sont trouvés augmenter à plusde 1 million de tonne par an, tout comme la réduction desimpacts de la sécheresse et l’élévation de la séquestrationcarbonique. La technique de culture zaï — demi-lune et cor-dons pierreux —, réalisées au moyen de bols peu profondsremplis de compost ou de fumier, passent pour doubler lesrendements céréaliers.Plus de 100 nouvelles variétés de maïs tolérantes à la séche-resse, en voie de vulgarisation dans 13 pays devant toucher 2 millions de petits producteurs, sont susceptibles d’aug-menter les rendements de grains à 35 %, la capacité derésister aux chocs (résilience) des producteurs et de réduire lebesoin de plus de terres à cultiver. Le Productive Safety NetProgram d’Ethiopie, qui garantit aux producteurs le stockagede produits alimentaires de 3 mois pour 3 ans de labeurs dansles projets d’usines publiques générateurs d’aliments et derevenus, a permis la réduction de la « période de famine »durant laquelle les greniers sont presque vides.Enfin, il achève sa présentation par l’affirmation selon laquellele Program on Climate Change, Agriculture and Food Security(CCAFS) du Groupe consultatif pour la recherche agrono-mique internationale (GCRAI) utilise plusieurs Plateformes àcaractère politique pour amener la CSA à faire faire à sonagenda un bon qualitatif, lequel a développé nombre deressources pour favoriser son adoption par le continent.

A suivre dans la prochaine édition

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directeur de publicationPaco Sérémé

directeur de la rédactionAbubakar Njoya

directeur-adjoint de la rédactionAnatole y ékéminan Koné

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Comité de rédaction et de lectureErnest Assah Asiedu

Ousmane NdoyeGeorge Muluh Achu

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Alassane Dia

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documentation, édition et diffusionCORAF/ WECARD

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ISSN : 0850 5810

Coraf a ction

Lettre d’information trimestrielle du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles. Le CORAF/WECARD est une association internationale a but non lucratifnée, en mars 1987, et regroupe actuellement 22 Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) de la sous-région. A sa création, en 1987, ils’appelait alors la Conférence des responsables de recherche agronomiqueafricains et français, changée, en 1995, en Conférence des responsablesde la recherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre, puis, en sonactuel nom, en 1999. Le CORAF/WECARD a pour vision et pour mission la réduction durable de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire par une augmentation de la croissance économique induite par l’agriculture et l’amélioration durabledu système de recherche agricole, de la productivité, de la compétitivité etdes marchés par la satisfaction des principales demandes des acteursadressées aux SNRA.Parmi celles-ci, les données et informations scientifiques vulgarisées quevéhicule, depuis octobre 1996, Coraf Action éditée à partir du numéro 74, àtravers le Programme sur les semences en Afrique de l’Ouest du CORAF/WECARD, grâce au présent appui financier du bureau Afrique de l’Ouestde l’USAID (United States Agency for International Development).

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vingt et unième Conférence des Nations unies sur les chan-gements climatiques, dite CoP21 (Conference of Parties ouConférence des parties), 30 novembre-12 décembre 2015,Paris. avec la participation active du Programme continentalf a r a -Co r a f /WeCa r d, a fricainteract. Compte rendud’Armand Faye, du Sénégal.Par la présence effective des représentants de ses points focauxnationaux ainsi que de ses « champions » disséminés en Afriquesub-saharienne, le Programme AfricaInteract (voir www.coraf.org), initié, depuis quatre années (2011), par le Forum pour larecherche agricole en Afrique (FARA), coordonné par le Pro-gramme de gestion des ressources naturelles du Conseil Ouestet Centre africain pour la recherche et le développement agri-coles (CORAF/WECARD) et financièrement soutenu par lebureau régional pour l’Afrique sub-saharienne du Centre derecherches pour le développement international (CRDI) duCanada, a « installé ses quartiers », au gigantesque lieu de laConférence qui s’est tenue, au Bourget, calé au nord de la capi-tale française, Paris.En attendant d’en venir, dans une série d’articles des prochaineséditions de Coraf Action, aux actions menées sur place par ladélégation de ce Programme dirigée par Dr Abdulai Jalloh, voiciune synthèse du fameux Accord dit de Paris, (voir texte intégralsur Cop 21.gouv.fr), que les délégations des 195 pays membresde l’ONU et d’un florilège d’acteurs du Secteur public et para-public, du Secteur privé industriel, banquier et artisanal, des col-lectivités territoriales, du monde de la recherche, de l’univers desOrganisations non gouvernementales, etc., ont voulu « universel,juridiquement contraignant et différencié », selon les termes duministre français des Affaires étrangères et du Développementinternational, Laurent Fabius.L’Accord, décliné en 29 articles étalés sur 31 pages, invite lesfuturs pays signataires à la réduction du niveau de réchauffementdu climat, actuellement à 0,8 °C, à 2 °C par rapport à celui atteint,durant l’ère d’avant l’avènement de l’industrialisation, mieuxencore à 1,5 °C de préférence, d’ici à la deuxième moitié du cesiècle au plus tard. Pour pouvoir atteindre ces ambitieux objectifsmais parfaitement réalisables, entre autres mesures idoines, ilprévoit aussi, sur la proposition de la Banque mondiale, de l’Unionafricaine et de la Commission économique des Nations uniespour l’Afrique (CEA), la mise en place, d’ici à 2020, d’un fondsdénommé Africa Climate Resilient Investment Facility, Plus connusous le vocable fonds vert ou climat, il sera alimenté, chaque an-née, à hauteur de 100 milliards de dollars, soit environ 60 000 mil-liards de Francs CFA octroyés sous forme de prêts et de dons, etdoit aider, tout en augmentant, les pays en développement, aupremier rang desquels les pays insulaires, à mettre en œuvre desprojets d’adaptation aux changements climatiques portant essen-tiellement sur la protection, l’entretien et le renouvellement desinfrastructures que sont les centrales électriques, les routes, lesbarrages hydrauliques, les canaux d’irrigation, etc. La solidarité devant jouer à tous les niveaux de développement, ilest aussi attendu de certains pays en développement de devenirvolontairement des donateurs pour épauler les plus pauvres.D’ailleurs, ce soutien, tant souhaité, fera l’objet d’une évaluation,courant 2025, qui donnera l’occasion de prendre de nouveauxengagements chiffrés toujours en leur faveur.Survenant sous forme horrible de vagues de chaleur excessive,de fonte accélérée des glaciers, de tornades destructeurs, decyclones ravageurs, de violents vents dévastateurs, de dras-

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tiques sécheresses cycliques,d’inondations catastrophiquesdues à la montée des eauxmarines et fluviales, les chan-gements climatiques sont beau-coup plus ressentis par lespays les plus vulnérables qui,pourtant, sont les moins pol-lueurs de l’atmosphère (4 %),dont ceux d’Afrique. C’est pour-quoi, l'article 2 du texte de l’Ac-cord exhorte les Parties à contenir cette élévation de latempérature moyenne de laPlanète pour réduire sensi-blement ces dangereux risquesaux dramatiques effets.A cet égard, conviée à prendreen compte les résultats desfuturs bilans mondiaux en lamatière, chaque Partie esttenue de communiquer, tousles cinq ans, sa contribution,volontai-rement décidée, à cettelimitation, que, du reste, des mé-canismes de contrôle serontchargés d’inspecter. En atten-dant de la voir précisée, legroupe d’experts indépendantconstitué, à cet effet, fait remar-

quer que le score, attendu aulendemain de la publication, le12 décembre 2015, de l’en-semble de leur Plan d’actionsdétaillant la projection de labaisse des émissions de gazà effet de serre (GES) de 186Etats aux contributions éva-luées, le 1er novembre dernier,avoisinera 55 gigatonnes degaz carbonique (CO2) en 2030.Ce qui est, d’ores et déjà, sinonencourageant du moins pro-metteur vu qu’avec 40 giga-tonnes, le réchauffement res-tera en-deçà des 2 °C à ne pasdépasser à l’horizon fixé. Danstrois ans, ce groupe fera éga-lement un autre bilan, afin dedéterminer le niveau d’émis-sions compatible avec le ré-chauffement ultime de 1,5 °C.Et à cette date, une nouvellerépartition des objectifs natio-naux de réduction sera établie. Remarquons, toutefois, que cet-te clause de financement a étéretirée du texte de l’Accordfinal, mais figure encore dansl’une de ses annexes. Ceci

n’empêche nullement que leprincipe d’un nouvel enga-gement financier ait été entéri-né pour 2025, pour satisfaireles pays du Sud qui exigeaientun relèvement du niveau del'aide. Par contre, le principedes compensations a été reti-ré, aux forceps, du texte finalqui exclut toute « responsa-bilité ou compensation » despays du Nord pour les préjudi-ces causés aux pays duSud.Quant à son entrée en vigueur,l’Accord devra être ratifié parau moins 55 pays, lors d laConvention-cadre des Nationsunies pour les changementsclimatiques (CCN UCC) émet-tant au moins 55 % de laquantité de GES dans lemonde. Le secrétaire généraldes Nations unies, est invité,en conséquence, à organiserune cérémonie de haut ni-veau, le 22 avril 2016, à NewYork, débutant la période desa signature étalée sur uneannée jusqu’au 21 avril 2017.

Le caractère évasif du textesur les moyens concrets né-cessaires pour atteindre lesobjectifs de réduction prévusest à corréler avec le fait qu’ilmarque un bon début, sansêtre la solution mais le « cadredurable dont le monde abesoin pour résoudre la criseclimatique », d’après le mot duprésident américain, BarackH. Obama. Pour l’instant, « nous sommes satisfaits decet Accord et pensons qu’il estéquilibré », a laissé entendreGurdial Singh Nijar, le porte-parole du groupe de pays endéveloppement dit LMCD.Quand les prochaines COP, àcommencer par la 22e deMarrakech, au Maroc, s’at-tèleront à affiner les moyens àutiliser, les activités à réaliser,les rôles et responsabilités àassumer, alors nous pourronsvraiment nous demander :Paris va-t-il sauver l’Humanitéde l’Homme, lui-même ? Suite à lire, dans la série d’arti-cles des prochaines éditions.

Cré

dit p

hoto

: C

OP

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Ban Ki-Moon (troisième à partir de votre gauche), le secrétaire général des Nations unies, Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères etdu Développement international, et François Hollande, président de la République française, manifestant leur immense joie partagée avec les déléguésde voir cet µAccord de Paris entériné.