Coopérateur | Septembre 2015

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SEPTEMBRE 2015 cooperateur.coop VOTRE VIE, VOS AFFAIRES Porc Le choix de la trémie en engraissement Potasse et soufre dans la luzerne Quoi de neuf ? PLANÈTE ? CONCURRENCER NOTRE AGRICULTURE NORDIQUE PEUT-ELLE LA

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SEPTEMBRE 2015 cooperateur.coop VOTRE VIE, VOS AFFAIRES

PorcLe choix de la trémie en engraissement

Potasse et soufre dans la luzerneQuoi de neuf ?

PLANÈTE ?CONCURRENCERNOTRE AGRICULTURE NORDIQUE PEUT-ELLE

LA

3COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

VOTRE VIE VOS AFFAIRES

SOMMAIREÉDITION SEPTEMBRE 2015

VIE COOPÉRATIVE5 ENTRE NOUS Denis Richard*

6 ZOOM LA VIE

8 MA COOP

10 PAUSE PENSÉE Colette Lebel*

12 Portrait Richard Ferland

15 Geneviève Roy, administratrice à la Coop Sainte-Justine

16 CUMA St-Sylvère

18 Citadelle consolide ses acquis

20 SOCODEVI fête ses trente ans

AFFAIRES AGRICOLES22 Agriculture nordique, peut-on concurrencer la planète ?

29 Ferme Demca : Investir pour produire du lait

32 Ferme Paul-Henri Paquet, producteurs bovins

35 Porc : choix de la trémie en engraissement

38 Porc : sélection et milieu d’élevage

40 Influenza aviaire : prenez garde !

42 Productions Rivard : spécialité pommes de terre

45 Potasse et soufre dans la luzerne : quoi de neuf ?

AFFAIRES ÉCONOMIQUES48 ZOOM AFFAIRES

50 FAITS ET GESTES Vincent Cloutier*

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22 PORTRAITRICHARD FERLAND

FERME PAUL-HENRI PAQUETPRODUCTEURS BOVINS

POTASSE ET SOUFREDANS LA LUZERNEQUOI DE NEUF ?

FERMEDEMCA INVESTIR POUR PRODUIRE DU LAIT

PRODUCTIONSRIVARD SPÉCIALITÉPOMMES DE TERRE

Version virtuelle : www. cooperateur.coop/fr/magazine * For English version, please visit our website at www.cooperateur.coop/en

4 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

VOLUME 44, NO 7 | SEPTEMBRE 2015

ABONNEMENT (version papier)

Contactez Nadine Kadé 514 384-6450, poste 3710 [email protected] complétez le formulaire à l’adresse suivante :www.cooperateur.coop/fr/abonnement

Coût d’abonnement (taxes incluses)

Membres : 11,29 $/année (défrayé par la coopérative locale)

Non-membres :1 an : 25 $ 3 ans : 55 $ 2 ans : 40 $ À l’étranger – 1 an : 90 $

CoopérateurC.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2Tél. : 514 384-6450 – Téléc. : 514 858-2025 – Courriel : [email protected]

Le Coopérateur est publié neuf fois l’an par La Coop fédérée. Il est l’outil d’information de la coopération agricole québécoise.

Éditeur Jean-François Harel

Directrice et rédactrice en chef Guylaine Gagnon 514 858-2146 (ligne directe) [email protected]

Rédacteur en chef adjoint Patrick Dupuis, agronome 514 858-2044 (ligne directe) [email protected]

Adjointe à l’édition Marie-Hélène Gaudin 514 384-6450, poste 3513 [email protected]

Révision Georges O’Shaughnessy enr.

Ont collaboré à ce numéroVincent Cloutier, Hélène Cossette, Nicole Dion, Laurier Doucet, Patrick Dupuis, Étienne Gosselin, Lucie Kablan, Benoit Lanthier, Brigitte Lapierre, Colette Lebel, Pierre Lessard, Nancy Malenfant, Nicolas Mesly, Céline Normandin, Denis Richard

Conception graphique Service de la création, La Coop fédérée

Graphistes Bernard Diamant, Michel Groleau

Webmestre Ricardo Silva

Photographies et illustrations Pierre Cadoret, Martine Doyon, Patrick Dupuis, Caroline Fournier, Étienne Gosselin, Nancy Malenfant, Claude Mathieu, Luce Morin, Michel Tremblay (MAPAQ), Philippe Tremblay, Studios Drakkar

Page couverture Martine Doyon

Impression Interweb Inc.

Les photos, illustrations et textes publiés dans le Coopérateur et sur le site Internet de La Coop fédérée ne peuvent être réutilisés sans autorisation.

Publicité Pierre Grinsell | 450 661-8200 [email protected]

Correspondance Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à :

Coopérateur C.P. 500 Station Youville, Montréal (Québec) H2P 2W2

Tél. : 514 384-6450 | Téléc. : 514 858-2025 Courriel : [email protected] Site web : www.cooperateur.coop

Poste-publications, convention n° 40628621Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec

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PorcMise à jour du modèle de l’ASRA

Pommes de terre LaurentiennesUne entreprise avant-gardiste

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ENTRE NOUS

C’EST LA FAUTE À EL NIÑODENIS RICHARD, PRÉSIDENT DE LA COOP FÉDÉRÉE, [email protected]

VOUS CONNAISSEZ EL NIÑO ? C’est le phénomène

météorologique qui expliquerait l’été de misère

que nous vivons présentement.

On constate cette année que ce phénomène

est amplifié par le réchauffement climatique

général, ce qui donne des sècheresses impor-

tantes et des vagues de chaleur dans diverses

régions de la planète, et des inondations ailleurs.

Au Québec, cela se traduit seulement par de

la pluie abondante. C’est dérangeant, mais ce

n’est pas encore catastrophique !

De toute façon, en agriculture, nous sommes

habitués à composer avec les caprices de Dame

Nature. Nous savons que nous ne maîtrisons pas

tous les éléments qui nous permettent de vivre

décemment de notre profession, et nous mettons

l’accent sur ceux sur lesquels nous avons une

influence.

C’est pourquoi les politiques de stabilisation

du revenu agricole sont si importantes pour nous

– et parmi elles, la gestion de l’offre est proba-

blement la plus performante à cet égard.

Aucun système n’est parfait, mais à mon avis,

les avantages des systèmes de gestion de l’offre

dépassent largement ses inconvénients. Et la

récente étude des effets de la dérèglementation

des systèmes du contingentement laitier ailleurs

dans le monde, commandée par nos collègues

d’Agropur à une société mondialement reconnue,

démontre clairement que cette dérèglementation

n’est jamais à l’avantage des producteurs… ni

des consommateurs.

La planète, la libéralisation du commerce des

denrées alimentaires devrait, selon nous, faire

l’objet de négociations particulières et viser

davantage à se donner des règles communes de

soutien de la production agricole.

C’est pourquoi La Coop fédérée a toujours

appuyé sans équivoque la Coalition GO5 dans la

défense de la gestion de l’offre au Canada.

Cela dit, nous sommes des entrepreneurs, et

sans baisser la garde pour ce qui est de revendi-

quer le maintien de l’intégralité de nos systèmes

de gestion de l’offre, nous devons composer avec

les incertitudes qui pèsent sur ces derniers à

chaque négociation commerciale.

La pression à la baisse sur les marges, surtout

dans le secteur laitier, est déjà réelle. Des efforts

accrus devront être consentis dans nos fermes,

pour diminuer nos coûts de production et har-

moniser nos pratiques agricoles avec celles de

nos voisins canadiens et américains.

Plusieurs stratégies sont envisageables,

notamment la diversification de nos activités ou

encore la spécialisation et l’accroissement de

notre masse critique de production.

Or, il y a fort à parier que le paysage agricole

du Québec se modifiera beaucoup d’ici quelques

années. Cette réalité n’est pas propre à la pro-

duction agricole et à nos coopératives, qui, étant

le prolongement de nos fermes, doivent faire face

aux mêmes enjeux et trouver elles aussi des solu-

tions.

Le Québec agricole a toujours su s’adapter

aux changements et même, à certains égards,

assumer un leadership dans l’élaboration de

solutions collectives devant ces changements.

Je le dis souvent : la coopération n’a pas la

prétention d’être la solution à tous les problèmes

qui existent dans le monde agricole. Nous devons

cependant avoir la prétention de faire partie des

meilleures solutions qui s’offrent à nous.

Je peux vous rassurer et vous assurer

que vos dirigeants sont eux aussi au fait de

ces enjeux – tant pour nous, producteurs,

que pour nos coopératives – et que tous

sont engagés dans la réflexion sur les solu-

tions à mettre en œuvre pour que le réseau

La Coop soit toujours aussi pertinent pour

vous.

Entretemps, parmi les choses dont

nous sommes maîtres, il y a l’élec-

tion du 19 octobre prochain. Je vous

invite à exercer votre droit de vote

et à assumer votre responsabilité

citoyenne, parce qu’après vous ne

pourrez pas dire que c’est la faute à

El Niño !

Bonne récolte !

L’aspect humain lors du transfert d’une entreprise agricoleDans un processus de transfert d’entre-prise, différentes ressources sont offertes, touchant divers volets d’ordre juridique ou financier. En fait, il est souhaitable que les cédants et repreneurs consultent un notaire, un fiscaliste, un comptable. Or, on oublie souvent l’aspect humain. L’industrie de l’agriculture étant particu-lière, lors du transfert d’entreprises agricoles, on peut bénéficier notamment du soutien des CRÉA (Centres régionaux d’établissement en agriculture, www.lescrea.com). Ils offrent un service d’accompagnement spécialisé dans la gestion du processus de transfert et du traitement des aspects humains des entreprises agricoles. En effet, céder son entreprise, « la récolte d’une vie », demande de lâcher prise et mène parfois à un sentiment de deuil. Reprendre une entreprise suscite souvent autant d’émotions. Un autre service à envisager en transfert d’entreprise est celui du Réseau M – mentorat pour entrepreneurs. D’une tout autre manière, le mentor aborde aussi l’aspect humain. Il écoute l’entrepre-neur. Il aide le cédant ou le repreneur à trouver ses propres réponses pour faciliter ses décisions. Chacun peut avoir son propre mentor, le cédant comme le repreneur. Ce n’est pas le transfert qu’on accompagne, mais la personne ! Info : www.entrepreneurship.qc.ca

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Mission et ambition de La Coop fédéréeLe 19 août dernier, à l’occasion de la rencontre semestrielle regroupant les présidents, vice-présidents et directeurs généraux des coopératives, La Coop fédérée a présenté sa nouvelle mission ainsi que l’énoncé de son ambition.

MissionEnracinée dans le milieu agricole et misant sur sa force collective, La Coop fédérée contribue à nourrir le monde :• en développant un réseau coopératif intégré d’approvisionnement en produits et services d’utilité professionnelle, propriété des producteurs agricoles membres et administré par eux;• en exploitant un réseau d’entreprises complémentaires, contrôlé par eux et générant des bénéfices concurrentiels, notamment dans les secteurs de la quincaillerie, de l’énergie et de la transformation des viandes;• en permettant aux producteurs membres de s’intégrer dans la coordination démocratique de la chaîne de production de valeur ajoutée dans laquelle ils sont impliqués;• en encourageant l’éducation coopérative et en appliquant les valeurs coopératives.

AmbitionForte d’un modèle coopératif rentable et agile, La Coop fédérée sera reconnue comme un chef de file des secteurs agricoles et agroalimentaires canadiens et du secteur de la vente au détail dans l’est du Canada.

Les entreprises modèles – classement 2015Le magazine torontois Corporate Knights publie tous les ans le classement des meilleures entreprises canadiennes. Cette année, Tim Hortons est en tête, la chaîne ayant beaucoup investi récemment dans la réduction des déchets et de l’énergie utilisée. Il est quand même intéressant de noter que, parmi les 10 premières entreprises, 4 sont des coopéra-tives : VanCity, MEC, Desjardins et Co-operators. Quand on pense que le mode entrepre-neurial coopératif n’est pas la norme, une telle présence de 40 % dans cette liste prestigieuse témoigne de façon éloquente du grand potentiel des coopératives pour bâtir un monde meilleur ! (Les affaires)

Le potentiel inexploité des coopératives Selon le premier sondage d’opinion publique sur les coopératives réalisé depuis une décennie, la majorité des Américains interrogés croient fermement que les coopératives sont bénéfiques pour les consommateurs – et ce, en dépit de leur manque général de connaissance de la philosophie régissant le modèle d’affaires coopératif. Les répondants ont comparé les coopératives avec les entreprises à but lucratif. L’évaluation des coopératives est supérieure, souvent par des marges de 15 à 20 points de pourcentage, pour chacun des indicateurs suivants :

• Considération des intérêts du consommateur • Gestion des affaires d’une manière digne de confiance • Implication dans la collectivité • Engagement à la plus haute qualité de service • Offre équitable et prix compétitifs • Réponse aux besoins des clients • Grande valeur des produits et services

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une dizaine de catégories ont répondu aux critères de ce prestigieux concours. Et c’est le 14 octobre prochain, à l’occasion du Gala Desjardins, que le gagnant national de chacune des catégories sera dévoilé. Bonne chance à ces trois finalistes !Pour plus de détails sur ce concours et pour visionner une vidéo sur ces trois coopératives du réseau La Coop, visitez le site https://goo.gl/NWp43s

SOCODEVI ET L’ARBRE DE

L’INTERCOOPÉRATIONDepuis son lancement en 2009, l’Arbre de l’intercoopération, programme volontaire de compensation d’émissions de carbone, a permis de planter 87 000 arbres (dont une partie à planter en 2015) au Guatemala, au Pérou et au Québec.Initiative menée par SOCODEVI, l’Arbre de l’intercoopération est une solution de rechange concrète

NOUVEAU CENTRE DE RÉNOVATION DE

LA MITISLa Coop Purdel a investi près de 3,2 millions $ dans son centre de rénovation de La Mitis, situé à Mont-Joli. À ces installations, exploitées sous l’enseigne Unimat, on offre une expertise dans les domaines de l’agriculture (section Agrizone), des matériaux de construction, de la quincaillerie, de la plomberie, de l’électricité et de la peinture; il y a en plus une toute nouvelle jardinerie des plus attrayantes. La surface de vente a presque doublé, ce qui la porte à 1160 m2 (12 500 pi2).De plus, afin de partager les avantages de la formule coopérative avec la population de La Mitis, La Coop Purdel permet à ceux qui adhèrent au centre de rénovation à titre de membres auxiliaires de bénéficier d’escomptes et de promotions exclusifs à ces membres.

Dans l’ordre habituel : Gilles Blaquière, directeur général, La Coop Purdel; Magella Roussel, administra-teur, Purdel (caché); Dominique Brisson, administratrice, Purdel;

Albertine Ouellet, administratrice, Purdel; Danielle Doyer, mairesse de Mont-Joli; Frédéric Pelletier, administrateur, Purdel; Laurent Proulx, président, Purdel; Réjean Rodrigue, vice-président, Purdel; Yannick Gagnon, directeur de la division quincaillerie et gérant du centre de rénovation de La Mitis; Jacques Pelletier, premier directeur, développement des affaires, BMR; Marc-André Lavoie, curé de Mont-Joli; et Bruno Paradis, en remplacement de Jean-François Fortin, député de Haute-Gaspésie–La Mitis– Matane–Matapédia.

LA COOP DES FRONTIÈRES :

UN CONCEPT DEQ À SAINT-LOUIS- DE-GONZAGUELa Coop des Frontières vient d’inaugurer un nouveau centre multiservice DEQ dans la municipalité de Saint-Louis- de-Gonzague. Un centre DEQ regroupe dans un même lieu un dépanneur, une station d’essence et une quincaillerie. Déjà présente à Sainte-Martine, Saint-Polycarpe et Sainte-Barbe, La Coop des Frontières en est à son quatrième établissement dans la région du Suroît (MRC de Beauharnois-Salaberry,

du Haut-Saint-Laurent et de Vaudreuil-Soulanges). Cette nouvelle succursale devrait employer une dizaine de personnes.

Mélanie Genesse, conseillère municipale; Paul Lavallière, conseiller municipal; Yves Daoust, maire; Dany Michaud, directrice générale de la municipalité; Sylvain Brault, président de La Coop des Frontières; Nathalie Bergeron, gérante de la succursale; Serge Gervais, directeur de la quincaillerie; Alain Dubuc, directeur général de La Coop des Frontières; et Daniel Pitre, conseiller municipal.

SEIGNEURIE, PURDEL ET LA

CUMA FRANCO-AGRI INC. EN LICE POUR LE PRIX ENTREPRENEUR DESJARDINS 2015La Coop Seigneurie, La Coop Purdel et la CUMA Franco-Agri inc. ont été sélectionnée pour le prix Entrepreneur Desjardins 2015. Seigneurie est en lice dans la catégorie agricole, et Purdel ainsi que la CUMA Franco-Agri inc. ont été retenues dans la catégorie copérative. Au total, 29 entreprises réparties dans

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service des ruminants de La Coop fédérée, fait maintenant partie des conseillers FMS 2 (Farm Management Support, ou Conseil en élevage, de niveau 2), soit les plus expérimentés en Amérique du Nord au sein de l’entreprise Lely. Cette reconnaissance souligne le niveau de formation qu’il a atteint et sa contribution exceptionnelle au succès des producteurs laitiers, grâce notamment au suivi en matière de robotique Lely.Outre son approche en nutrition et sa vision des revenus d’une entreprise par rapport au coût des aliments, Philippe utilise le tableau de bord mensuel pour améliorer la gestion des entreprises laitières qu’il conseille. Il a participé à une table ronde sur la nutrition lors d’une formation offerte par Lely à Pella, en Iowa. La reconnaissance FMS 2 lui a été décernée dans le cadre de cette formation.

offerte au réseau des coopératives et mutuelles membres de SOCODEVI, ainsi qu’à d’autres organisations et particuliers, pour compenser leurs émissions de carbone et participer à la lutte contre les changements climatiques.L’Arbre de l’intercoopération est également une démarche écologique et coopérative, car les plantations sont effectuées par des travailleurs membres de coopératives forestières et agricoles d’Amérique latine et du Québec. Soulignons le rôle de la coopérative forestière Ferland-Boilleau, qui est responsable du volet plantations au Québec.Pour en savoir plus et pour adhérer à ce programme et compenser vos émissions de carbone, rendez-vous sur : http://goo.gl/RFdGVA

PHILIPPE COUTURE

HONORÉ PAR LE FABRICANT DE ROBOTS DE TRAITE LELYPhilippe Couture, agronome et conseiller spécialisé au

DES COOPÉRATEURS

QUÉBÉCOIS APPUIENT DES AGRICULTEURS UKRAINIENSDans le cadre du programme d’appui mené par SOCODEVI en Ukraine, Gilles Cardinal, de La Coop fédérée, Jocelyn Michon, de La Coop Comax, et Gaétan Jodoin, d’Agropur, ont participé à une mission d’assistance technique aux producteurs de grains de ce pays. La délégation québécoise a notamment présenté aux producteurs membres de coopératives une proposition visant à introduire les semis directs avec couverture de sol. Cette innovation permettra de réduire les risques liés au climat et de diminuer les coûts de production chez les petits et moyens producteurs.De plus, le groupe de coopérateurs a offert une formation en gouvernance aux

membres du conseil d’administration de la coopérative de producteurs de grains de Zernoviy, l’une des organisations appuyées par SOCODEVI.Depuis 2013, SOCODEVI, de concert avec l’Association des coopératives du Canada (ACC) et l’Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles de l’Université de Sherbrooke (IRECUS), mène un programme visant à mettre sur pied des coopératives de manutention, d’entreposage et de mise en marché de céréales. Ce programme est soutenu financièrement par le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement du Canada (MAECD). Pour plus d’informations sur la mission de SOCODEVI en Ukraine, consultez le reportage paru dans le Coopérateur de janvier 2014.

Jocelyn Michon, producteur membre de La Coop Comax; Gaétan Jodoin, administrateur, Agropur; Ana, interprète; et Anton Mochnyk, agronome de la coopérative Zernoviy, en Ukraine.

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DEPUIS longtemps, le marché a fait ses

preuves. Lieu de rencontre entre l’offre et la

demande, le marché permet d’établir les prix

et d’échanger, de façon très efficace, les biens

et services désirés. Et pour conclure ces

échanges, l’argent est devenu, au fil du

temps, l’intermédiaire par excellence.

Converti en unité de valeur reconnue, léger

à transporter – voire virtuel, de nos jours –,

l’argent a tout pour plaire. Il n’a même pas

d’odeur, dit-on. Et quel pouvoir !

On veut que je fasse quelque chose ? C’est

simple : on offre de me payer suffisamment

et je le ferai. (C’est la carotte.) On ne veut pas

que je fasse quelque chose ? Tout aussi simple :

on menace de me faire payer si je le fais.

(C’est le bâton.) Et ça marche ! Le système est

si efficace qu’on croit maintenant que le mar-

ché peut répondre à tous nos besoins et

qu’avec de l’argent tout est possible.

Michael J. Sandel, de l’Université Harvard,

est de ceux qui dénoncent cette foi aveugle

à l’égard du tout marché, qu’il appelle « l’éco-

nomystification ». Dans son livre Ce que

l’argent ne saurait acheter, il relate plusieurs

expériences qui mettent à mal cette idée

que, par la grâce d’une « main invisible »,

le marché s’autorégule pour le mieux. Je vous

en résume deux, dont vous avez peut-être

déjà entendu parler, puisqu’elles ont fait

l’objet de plusieurs articles et qu’elles sont

désormais des classiques en la matière.

Premier exemple. Alors qu’on voulait

inciter plus de gens à donner du sang lors

d’une collecte, on a eu l’idée d’offrir une

rétribution pécuniaire en échange du don.

(La carotte.) Or l’effet fut tout à l’opposé de

ce qu’on souhaitait. De nombreuses per-

sonnes qui avaient l’habitude de répondre à

l’appel ne se sont pas présentées, cette fois-

là. Elles donnaient du sang par simple devoir

civique, par altruisme, et le fait qu’il y avait

une somme d’argent rattachée à l’acte s’oppo-

sait à leur désir de donner. La collecte fut un

échec.

Deuxième exemple. Dans une garderie

où l’on voulait que les parents cessent d’être

en retard en fin de journée, on a décidé

d’instaurer des frais additionnels pour

décourager ceux qui ne respectaient pas

l’heure officielle de fermeture. (Le bâton.)

Or, ici encore, le résultat fut désastreux.

Puisqu’ils payaient, les retardataires se sen-

taient en droit de passer chercher leur

enfant plus tard. Ils voyaient la nouvelle

politique comme l’instauration d’un service

fondé sur le principe « utilisateur-payeur »

et ont utilisé massivement ce nouveau ser-

vice, au désespoir des gestionnaires de la

garderie.

Je ne peux m’empêcher de faire un paral-

lèle entre ce dernier exemple et le principe

bien connu du « pollueur-payeur ». L’intention

est bonne, mais la vigilance est de mise, car

les dérives sont toujours possibles. Est-ce

que je peux bousiller l’environnement sans

culpabilité simplement parce que j’ai les

moyens de payer ? Hum… M’est avis que

nous ne devrions pas trop compter sur le

marché pour régler nos problèmes environ-

nementaux.

Le danger, c’est qu’on pense sincèrement

que si l’on paie, on a le droit. C’est très subtil.

Et pernicieux. N’est-ce pas que nous ache-

tons tous, la conscience tranquille, des pro-

duits dont l’histoire de fabrication nous ferait

sans doute frémir ? Mais comme nous les

payons, nous nous sentons dédouanés, nous

n’avons pas à nous encombrer des consé-

quences. En fait, l’échange marchand court-

circuite les normes sociales, ces normes qui

nous poussent à réfléchir aux conséquences

de nos actions et à bien nous comporter, sous

peine d’être mis au ban de la société.

Bref, l’éducation à la citoyenneté n’est

pas un luxe. Elle s’impose plus que jamais.

Et les valeurs de prise en charge et de res-

ponsabilité véhiculées par les coopératives

s’inscrivent parfaitement dans cet esprit

de citoyenneté qu’il faut cultiver, rappeler

et promouvoir. Ne comptons pas trop sur

le marché. Car, comme le dit souvent

Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie :

« En réalité, la main invisible censée réguler

le marché est invisible... parce qu’elle

n’existe pas. »

L’échange marchand court-circuite les normes sociales, qui nous poussent à réfléchir aux conséquences de nos actions.

PAUSE-PENSÉE

PAS DE MAGIE DANS LE MARCHÉCOLETTE LEBEL, AGRONOME ET DIRECTRICE DES AFFAIRES COOPÉRATIVES, LA COOP FÉDÉRÉE

[email protected]

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Richard Ferland

TEXTE ET PHOTOS DE PATRICK DUPUIS, AGRONOME

Portrait d’un homme qui sait faire des compromis sans perdre ses convictions.

Chez les Ferland, ils sont 11 à passer à table : Richard, Odette et leurs 9 enfants ! À La Coop Unicoop, Richard Ferland fait partie des 12 administrateurs discutant à la table du conseil. Et au conseil d’adminis-tration de La Coop fédérée, où il siège aussi, ils ne sont pas moins de 15 à s’attabler pour décider de l’avenir du réseau.

On connaît Richard Ferland pour son franc-parler, ses positions claires, son insatiable appétit pour le débat et son atta-chement indéfectible au réseau La Coop. L’homme de 46 ans ne laisse personne indifférent.

Il se fait souvent traiter de capitaliste, mais il ne s’en offusque guère. « Faire de l’argent, développer les régions, créer de la richesse, quel mal y a-t-il à cela ? répond l’administrateur. L’argent, c’est la liberté. Il te permet de faire tes paiements, de nourrir ta famille. Pour bien vivre de l’agriculture, il faut être performant et l’argent doit rentrer. La coopération, c’est du capitalisme fait à la

gang. Notre mission, à La Coop fédérée, ce sont les affaires agricoles jumelées à notre rôle social. »

Voilà qui campe solidement ses posi-tions.

Il s’enorgueillit de rappeler que dans la Nouvelle-Beauce, sa région natale, c’est le plein emploi. « C’est le royaume de la PME et le milieu agricole est fort. On gère la croissance, pas l’inverse », dit-il. À preuve, la population y est en hausse et la prospérité y règne depuis longtemps. C’est la deuxième MRC, après Les Maskoutains, pour l’impor-tance du revenu agricole.

« Par son engagement et son dyna-misme, Richard a su faire comprendre aux élus locaux l’importance de l’agriculture pour la collectivité, par l’apport majeur de cette activité à l’économie locale, souligne Richard Lehoux, producteur beauceron et président de la Fédération québécoise des municipalités. Il est un véritable porte-étendard pour le milieu agricole. »

En Beauce, c’est connu, on baigne dans l’entrepreneuriat. Pensons aux illustres familles Dutil, Vachon, Breton, Couture ou Pomerleau. Et ça commence souvent tôt dans la vie. Richard cite l’exemple d’un jeune de 13 ans qui, un jour, lui propose de ramasser les roches sur une de ses terres contre une rémunération de 300 $. Il accepte. Après l’école, le jeune se présente avec une bande d’amis pour honorer son contrat. Puis, il remet à chacun une somme pour

L’HABITUÉ DESGrandes tablées

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Visionnez toutes les photos du reportage sur le site du Coopérateur ! www.cooperateur.coop - section Vie coopérative.

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le travail accompli, se gardant au passage un généreux profit. « De la vraie graine d’entrepreneur! lance le producteur. Il faut encourager le leadership de ceux qui veulent sortir du lot, célébrer leur réussite et s’inspi-rer de leurs bons coups, car ça peut mener très loin. »

Sans prétention, il dit que c’est le dis-cours qu’il apporte à La Coop fédérée. « L’entreprise possède en plus de nombreux atouts pour se différencier : un fort capital de sympathie, l’occupation du territoire et une histoire qui relate sa grande réussite », énumère Richard.

« Conteur extraordinaire, il incarne à la fois le Québec d’antan et le Québec de l’avenir, souligne Claude Lafleur, chef de la direction d’IFFCO Canada. C’est un homme de paradoxes aux réflexions audacieuses et intelligentes, qui assume ses contradictions, ce qui rend le personnage si attachant et son amitié si précieuse. »

DONNER ET RECEVOIRAu conseil, il donne généreusement, mais reçoit aussi beaucoup. Technologue de for-mation, Richard n’a pas étudié à l’université,

comme il l’aurait souhaité. Il n’avait que 19 ans lorsqu’il a pris la relève de la ferme laitière familiale. Son père, alors âgé de 67 ans, souhaitait se retirer des activités de l’entreprise. « L’université apporte ouverture d’esprit et réseautage, dit-il. J’ai l’impres-sion d’y être depuis que je suis actif dans le réseau. Siéger à ces conseils élargit mes horizons et me met en relation avec des gens extraordinaires. »

Taquin, vif d’esprit et doté d’une mémoire phénoménale, Richard est avide d’apprendre. Et il s’abreuve à toutes les sources : lectures, rencontres, médias sociaux. Son réseau de contacts est impres-sionnant. Notamment dans le commerce des animaux, un domaine où il excelle. Des bêtes, il en achète partout au Canada et par-fois aux États-Unis. Son passé de juge dans les expositions a aiguisé son œil et fait de lui un habile négociateur.

PASSÉ ANTÉRIEURC’est en 1998 que Richard accède au conseil d’administration de La Coop Unicoop, une coopérative d’envergure qui est active dans toutes les grandes productions et où il siège

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1. Il faut une grande table pour réunir toute la famille et les amis.

2. Odette Desrosiers et Richard Ferland se sont rencontrés à La Pocatière. Il était à l’ITA et elle au cégep. Odette a suivi des études de médecine à l’Université de Montréal pendant un an, avant de les interrompre pour fonder leur famille. C’est en 1990 qu’ils font l’acquisition de la ferme.

3. Daniel, qui a 7 ans, nettoie énergiquement les allées.

4. La mignonne Jeanne, 4 ans, insiste pour nourrir les veaux, avec un biberon de lait presque aussi gros qu’elle !

5. Pierre, 21 ans et étudiant en agroéconomie, possède sa propre entreprise depuis décembre 2014. Ses parents l’ont aidé à s’établir, mais c’est lui qui en assume la gestion et qui porte la responsabilité de la plus grosse part de la dette.

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toujours. Il en a été 10 ans vice-président (2000 à 2010) et 4 ans président (2010 à 2014), avant de se joindre au conseil de La Coop fédérée. Sous sa gouverne, Unicoop a connu un vaste essor. Richard y a relevé de nom-breux défis.

« Au fil des années, dit-il, j’ai eu d’excel-lents mentors, dont le président d’Unicoop d’alors, Alain Larochelle, pour qui j’ai été vice-président pendant 10 ans, et Gaé-tan Roger, directeur général depuis 1999. Mais j’avais fait mon temps. Pour occuper ces postes stratégiques et demeurer per-formant, il faut être animé d’une passion sans bornes. Je ne voulais pas y rester alors qu’elle ne m’habitait plus autant. Je ne pou-vais pas faire ça aux 300 employés, qui tra-vaillent très fort. Ils doivent s’appuyer sur un président doté d’un solide leadership et entièrement voué à la cause. »

VISION D’AVENIRLorsqu’il était président d’Unicoop, Richard et ses homologues d’autres coopératives avaient formé un groupe de discussion. Ces ren-contres avec des propriétaires de

grandes entreprises agricoles lui ont donné de l’ambition et un sentiment de confiance dans ses moyens. « Quand une occasion d’affaires s’est présentée, je l’ai saisie, dit-il. En 2014, j’ai aidé mon fils Pierre à acquérir une ferme laitière. J’ai géré la transaction pour en assurer la réussite et pour l’aider à s’établir. Âgé de 21 ans et étudiant en agroéconomie à l’Université Laval, c’est lui qui assume la gestion de cette ferme et qui porte la responsabilité de la plus grosse part de la dette. » Deux autres de ses enfants ont aussi un faible pour l’agriculture : Thomas, 17 ans, et Catherine, l’aînée, 23 ans, qui pra-tique le métier d’horticultrice.

Étant un des plus jeunes membres du conseil, Richard se préoccupe ardemment de l’avenir de la relève agricole. Il milite avec ferveur pour que les coopératives répondent encore mieux aux besoins de la jeune géné-ration.

Pour l’administrateur, les producteurs qui demeureront en activité seront des entrepreneurs agricoles. « Il faut écouter la base et bâtir avec elle. La réussite d’un producteur, c’est aussi la réussite d’une coopérative et de son réseau. »

UN HOMME DÉVOUÉ À SA FAMILLE« Clan Ferland » est fièrement affiché sur un des silos de la ferme familiale. Élever neuf enfants (l’aînée a 23 ans et la plus jeune 4 ans) n’est sans doute pas de tout repos. De nos jours, bien des parents se saignent à blanc pour offrir ciel

et terre à leur progéniture. Qu’en est-il des Ferland ? Succombent-ils à toutes les exigences de leurs enfants ? « Non, répond Richard. Il faut faire des choix. Les enfants le comprennent et l’acceptent. Ils savent qu’ils ne peuvent pas tout avoir et n’en souffrent pas trop. Ils sont habitués à partager et à attendre leur tour. »Mais une si nombreuse fratrie est une immense richesse. Quand les plus grands reviennent de l’école, ils se plaisent à jouer avec les plus petits, et nombre de leurs amis les envient. « C’est une microsociété, souligne Richard. Il y a constamment du bruit, des discussions, des cris, des pleurs, des rires. »Richard et son épouse, Odette Desrosiers, native de Saint-Aubert, se sont rencontrés à La Pocatière. C’est en 1990 que Richard et Odette font l’acquisition de la ferme, qui compte une centaine de vaches et 100 hectares en culture. Odette est un pilier dans l’entreprise, tant familiale qu’agricole ! Richard peut siéger l’esprit tranquille.Pour gérer efficacement cette belle tribu, le couple a choisi la voie de la « facilité » et de l’efficacité. Entre autres, on se passe les vêtements. Les chaussettes, qui n’ont que deux couleurs (noir ou gris), sont déposées dans un bac. Odette peut parfois en plier 80 paires – servez-vous ! Lors des repas, même scénario : tous, sauf les plus jeunes, se servent eux-mêmes. Et à la ferme, toute l’équipe met la main à la pâte.« Nos enfants ne sont pas obligés d’aimer l’agriculture, souligne Richard, mais ils doivent, selon leurs capacités, participer aux travaux jusqu’à l’âge de 16 ans. Après, ils choisissent de travailler où ils veulent. »

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Geneviève Roy est copropriétaire, depuis deux ans, d’un cabinet de marketing spécialisé en horticulture, l’Agence PIXI, à Lac-Etchemin. « C’est un rêve réalisé, un projet que je caressais depuis plusieurs années », confie cette spécialiste en marke-ting, qui met ainsi son expertise au service d’une passion pour l’horticulture qu’elle partage avec sa clientèle.

« Les entrepreneurs du milieu vivent de leur passion. Notre mission à nous, c’est de la mettre en valeur! » explique cette femme enthousiaste et volubile, qui a acquis son expérience dans le domaine des ventes et de la promotion à Radio-Canada et chez Transcontinental.

Son expertise, elle la met aussi au service de La Coop de Sainte-Justine, une coopérative de plus de 2200 membres et d’une centaine d’employés qui exploite une quincaillerie, une épicerie et un centre commercial dans la municipalité du même nom. Administratrice depuis trois ans et vice-présidente depuis 2014, elle est en effet très sollicitée pour ses compétences pro-fessionnelles. À titre d’exemple, lors de la dernière assemblée générale, elle a présenté les résultats d’un sondage auprès des clients qu’elle avait orchestré bénévolement pour la coopérative.

« La Coop est un employeur et un fournis-seur de services très important pour notre région, ajoute-t-elle. Et on est chanceux, parce qu’on a des employés super-dévoués et de nouveaux membres qui entrent chaque mois, même si on ne verse pas de ristourne depuis quelques années. Chaque fois, on se dit que La Coop leur tient vraiment à cœur et que la présence de celle-ci dans le milieu contribue à notre qualité de vie. »

Elle est aussi très active dans sa muni-cipalité natale de Sainte-Rose-de-Watford,

TEXTE D’HÉLÈNE COSSETTE

Geneviève Roy, administratrice DE LA COOP SAINTE-JUSTINE

où elle est revenue s’établir il y a 10 ans avec son conjoint pour fonder une famille. Le couple a deux enfants, aujourd’hui âgés de 5 et 10 ans.

Ayant hérité de l’amour du jardinage de sa mère, elle fait notamment partie du comité d’embellissement Sainte-Rose Fleurie, un groupe de bénévoles qui s’occupe d’amé-nagement paysager dans le village.

Forte de cette implication citoyenne, Sainte-Rose s’est d’ailleurs inscrite pour la première fois cette année au programme des Fleurons du Québec, souligne-t-elle fiè-rement. « Nous avons déjà une cinquantaine de balconnières et de jardinières suspendues un peu partout dans la municipalité. Nous avons aussi lancé un projet avec les entre-prises : nous préparons pour elles des plans d’aménagement et assurons la plantation et l’entretien des platebandes. »

Geneviève Roy est également respon-sable du comité des loisirs de Sainte-Rose, qui chapeaute les activités et les cours offerts à la population ainsi que les fêtes du village. Avec son conjoint, et soutenue par une belle équipe de bénévoles, elle organise entre autres depuis plusieurs années la populaire Fête des enfants, tenue en janvier et qui attire les jeunes de toutes les municipalités envi-ronnantes.

Son apport exceptionnel à sa collecti-vité lui a d’ailleurs valu un prix Hommage aux bénévoles en sports et loisirs de Chau-dière-Appalaches en 2012, de même qu’une reconnaissance de l’organisme Visions Femmes en mai 2015. « J’ai grandi dans un contexte où mes parents étaient très impliqués, dit-elle en guise d’explication à son propre engagement. J’aime faire du bénévolat et organiser des activités. Je ne considère pas ça comme du travail. C’est plutôt du plaisir. »

Ces portraits d’administratrices font partie d’un plan d’action de La Coop fédérée qui vise à augmenter la représentation des femmes au sein des conseils d’administration du réseau.

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TEXTE DE NANCY MALENFANT

On ne s’empêtre pas dans les règles et procédures à la CUMA de St-Sylvère, puisqu’un gardien des bonnes pratiques veille au grain.

Quand il a offert au président de l’époque de lui donner un coup de main avec le secrétariat, jamais Gilbert Lemay n’aurait cru que, 17 ans plus tard, il occu-perait toujours le poste de secrétaire-trésorier de la Coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) de St-Sylvère. « Le président m’avait dit que le travail consistait à rédiger le procès-verbal de l’assemblée générale annuelle. Je lui ai donc répondu que je pouvais le faire pour le dépanner », raconte celui qui est avant tout expert-conseil en agroenvironnement à La Coop Parisville. « C’est quand j’ai vu arriver la montagne de factures que j’ai compris dans quoi je venais de m’embar-quer », ajoute-t-il, ce qui suscite aussitôt les rires des membres du conseil d’admi-nistration.

Malgré leur amusement, les administra-teurs sont conscients de l’ampleur de la tâche qui incombe à leur secrétaire-trésorier et sont heureux de pouvoir compter sur lui pour les épauler dans la gestion de leur CUMA.

À ses débuts, Gilbert Lemay a eu la chance de pouvoir recourir à l’expertise du contrôleur financier de La Coop Parisville, Luc Couture, qui lui a donné de précieux conseils et l’a aidé à établir une méthode de travail. « Je ne connaissais strictement rien en comptabilité, avoue-t-il. Encore

aujourd’hui, même s’il est à la retraite, il m’aide au besoin. »

DES PRATIQUES FLEXIBLESChacune des branches d’activité de la CUMA de St-Sylvère coordonne son fonc-tionnement interne. C’est la singularité de ces branches qui rend si crucial le travail effectué par Gilbert Lemay. Celles-ci regroupent de 2 à 11 membres, comptent de 2 à 5 équipements, et chacune a son propre mode de facturation. Il y a éga-lement une branche « vacher », où un employé fournit des services à quatre pro-ducteurs laitiers. Cela sous-entend que le secrétaire-trésorier doit s’occuper de pré-parer les payes et d’effectuer les remises gouvernementales correspondantes.

Comme susmentionné, le mode de facturation varie parfois d’une branche à l’autre. Par exemple, la coopérative possède deux moissonneuses-batteuses utilisées dans des branches d’activité distinctes. Dans la première branche, seules les heures travaillées servent à calculer le coût à payer par le membre; tandis que dans la seconde, la superficie et la durée des travaux sont deux éléments pris en compte pour la facturation. En outre, alors que dans la majorité des cas les membres sont facturés selon les unités de travail réalisées avec le

ST-SYLVÈRE: DE

LIBERTÉ ET CONFIANCE

C’est grâce à la rigueur du secrétaire-trésorier, Gilbert Lemay, que les branches d’activité de la CUMA de St-Sylvère peuvent se permettre d’avoir une grande souplesse dans leur mode de fonctionnement.

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CUMA matériel, un groupe a décidé de partager les dépenses à parts égales.

La plupart du temps, les membres se sont concertés pour ne pas facturer les heures qu’ils consacrent eux-mêmes aux réparations et à l’entretien de la machi-nerie de la CUMA. Ils s’entendent plutôt pour se répartir les travaux : graissage, lavage, entretien général, réparations. La facturation de frais d’entreposage est éga-lement une pratique qui a été abandonnée au fil du temps pour réduire les dépenses. Chacun entrepose un ou plusieurs équipe-ments de la CUMA chez lui, en fonction de l’espace dont il dispose.

TOUT REPOSE SUR LA CONFIANCEPuisque le fonctionnement des branches d’activité repose davantage sur la bonne entente entre les membres que sur des règles formelles, les producteurs veillent tout particulièrement à se regrouper selon leurs affinités. « Je répète souvent que les problèmes dans une CUMA ne viennent pas des équipements, mais plutôt des

personnes, déclare Gilbert Lemay. D’ailleurs, ceux qui sont devenus membres de la CUMA pour les mauvaises raisons ont fini par partir. Ils étaient là pour parta-ger les dépenses et non pour partager la machinerie, sans réaliser que l’un ne va pas sans l’autre. »

« C’est important de se faire confiance, poursuit l’administrateur Guy St-Onge. Je ne veux pas devoir surveiller si les autres déclarent vraiment le bon nombre d’unités travaillées. » Comme aucun système de compilation officiel n’a été mis en place à la CUMA de St-Sylvère, chaque membre est responsable de noter les travaux qu’il a effectués et de se référer à ses plans de ferme pour compléter l’information au besoin. C’est le secrétaire-trésorier qui contacte les producteurs un par un en fin de saison pour consigner les unités réa-lisées par chacun. Il reconnaît que cette situation n’est pas idéale, puisque cette tâche représente une somme de travail considérable. « J’en fais une bonne partie par téléphone, et ça me donne aussi l’occasion d’aller faire mon tour », nuance Gilbert Lemay. On reconnaît bien là les propos d’un passionné de l’agriculture et d’un professionnel du service client.

Créée en 1994 par six producteurs agricoles, la CUMA de St-Sylvère compte maintenant 36 membres, qui se partagent 35 équipements, principalement à Saint-Sylvère et Sainte-Gertrude, dans la région du Centre-du-Québec. La coopérative gère aussi quelques branches d’activité dans des municipalités plus éloignées, dont un groupe de producteurs de Fortierville pour une débroussailleuse et un autre de Manseau qui se partage cinq équipements pour la production de canneberges.

BON COUPPour contrer le manque de liquidités, en mars, le secrétaire-trésorier facture aux membres des branches d’activité dont les équipements sont en sous-financement une avance correspondant à 75 % du montant remboursable dans l’année. La part de l’avance à assumer est calculée proportionnellement aux unités de travail que chaque membre prévoit réaliser durant l’année.

MAUVAIS COUPLa location d’un épandeur à fumier à un non-membre s’est transformée en cauchemar lorsqu’une panne majeure de l’équipement est survenue chez ce producteur. La CUMA n’étant pas assurée pour ce type de situation, ce sont les membres de la branche d’activité qui ont dû payer pour la réparation. Dorénavant, la coopérative ne loue plus de machines à des non-membres, et si des travaux ont lieu à l’extérieur, c’est un membre de la CUMA qui les exécute.

Au premier plan : Luc Chassé, administrateur; Daniel Kundert, vice-président; Gilbert Lemay, secrétaire-trésorier; et Roland Britschgi, président. À l’arrière : Ghislain Deshaies, administrateur; Guy St-Onge, administrateur; et Philippe Tremblay, membre.

Une des deux moissonneuses-batteuses que possède la CUMA de St-Sylvère. Dans une branche, les membres sont facturés à l’heure, alors que dans l’autre, ils le sont en fonction de la superficie et des heures travaillées.

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TEXTE DE CÉLINE NORMANDIN

Le plus récent exercice financier était placé sous le signe de la croissance, à l’image des cinq dernières années, durant lesquelles le chiffre d’affaires a bondi de plus de 40 %.

Pour la première fois de son histoire, vieille de près d’un siècle, le chiffre d’affaires de Citadelle a dépassé les 100 M$, tandis que les excédents et les ristournes se sont maintenus. Fidèle à sa réputation, l’entre-prise a également annoncé de nombreux changements, qui toucheront entre autres les six bistros-boutiques dont elle est propriétaire.

Après plusieurs années marquées par les acquisitions et de nombreux changements dans l’organisation, Citadelle a consacré les 12 derniers mois à arrimer ensemble toutes ces modifications pour améliorer

son fonctionnement. La direction utilise d’ailleurs le terme de consolidation pour résumer le dernier exercice. « L’année 2014 a été hyper-chargée, lance le directeur général, Martin Plante. Nous avons connu une croissance soutenue de 15 % dans les cinq dernières années, avec des acquisitions, de nouvelles usines, et l’ajout des activités liées à la canneberge il y a trois ans. »

Les volumes transformés ont connu une forte croissance, et la coopérative a réussi avec succès à renouveler ses certifications, dont la très reconnue « Fair for Life ».

De plus, l’usine de troisième transfor-mation, située dans le parc industriel de Plessisville, a réussi à se tailler une place dans l’environnement hautement compétitif des fournisseurs de desserts en devenant l’unique fournisseur de la chaîne Pacini. Les gelatos poursuivent également leur intégra-tion dans les nouveaux concepts bistro de la chaîne Sobeys, propriétaire de l’enseigne IGA.

DES SECTEURS SOUS HAUTE SURVEILLANCEComme la coopérative agit dans des secteurs dits traditionnels, la concurrence demeure sa préoccupation numéro un. L’étude sur la concurrence américaine commandée par le Conseil de l’industrie de l’érable cherchait d’ailleurs à mieux connaître la situation. Le rapport final indique que la production augmente rapidement aux États-Unis, où le potentiel de développement, à peine entamé, est très important. « Ce rapport nous

Citadelle consolide acquisSES

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Citadelle a déclaré un chiffre d’affaires record de 113 M$ pour l’exercice financier 2015, marqué entre autres par le démarrage de sa nouvelle usine de transformation de la canneberge.

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a confirmé qu’il ne s’agit pas d’une menace, mais d’une réalité, souligne Martin Plante. Il rappelle que nous devons absolument conti-nuer à travailler de pair avec les principaux acteurs du secteur de l’érable au Québec et avoir une vision commune sur le sujet. »

Les ventes dans le secteur de la canne-berge ont enregistré une légère augmenta-tion. La récolte des membres de la coopérative représente 10 % du volume provincial. Cita-delle a d’ailleurs démarré son usine de trans-formation de la canneberge à Aston-Jonction, qui a demandé des mises au point. L’usine est en activité depuis septembre dernier.

Michel Labbé et Martin Plante soulignent les synergies importantes qui existent entre la canneberge et le sirop d’érable, puisque « les clients sont les mêmes ». « Sans en dire trop, disons que le potentiel est énorme », a déclaré le directeur général.

Le secteur du miel a, quant à lui, subi une importante diminution du volume transformé. Bien que les membres apicoles représentent une minorité, Citadelle est interpellée par le débat entourant les abeilles et leur déclin, surtout que ce secteur vit une concurrence féroce sur les marchés interna-tionaux en raison du miel de synthèse. La direction a indiqué qu’elle ne ménagerait pas ses efforts pour que l’entreprise trouve sa place sur le marché, en ciblant les consom-mateurs à la recherche de la valeur ajoutée qu’offre le miel authentique, pur et de qualité du Québec. Michel Labbé a d’ailleurs confirmé que la coopérative avait participé à un projet de l’industrie apicole pour doter la production d’un second cahier des charges relatif à la certification québécoise « 100 % Québec ». Les produits apicoles de Citadelle sont également appelés à occuper une plus grande place dans les bistros-boutiques.

CHANGEMENT DE CAP POUR LES BISTROS-BOUTIQUES, OU PLUTÔT LES BOUTIQUES BISTROSAprès avoir revisité son image, la coopéra-tive s’est attaquée à autre aspect : elle a annoncé qu’elle changeait le concept de ses bistros-boutiques, tout en donnant un grand coup de balai à l’étiquetage de ses pro-duits, qui sera désormais uniformisé afin d’en favoriser l’achat et l’utilisation par les consommateurs. Les nouvelles étiquettes

se déclineront en trois catégories, et le logo a été mis au goût du jour, selon la mode néorustique. « Cette opération était devenue nécessaire depuis la dernière révision des produits, qui datait de 2000 », a indiqué la directrice marketing, Sylvie Chapron, qui a présenté en après-midi la nouvelle signature des produits de la coopérative.

Pour accompagner la nouvelle image de ses produits, Citadelle modifie leur vitrine. Les bistros-boutiques deviennent ainsi des boutiques bistros, axées sur la vente de pro-duits à consommer sur place, mais aussi à emporter avec des repas prêts à consommer. Les populaires comptoirs à gelatos seront déplacés vers l’arrière afin d’amener les visi-teurs à voir l’entièreté de la boutique. Bien que les bistros demeurent déficitaires, la coopérative insiste sur l’importante vitrine que lui procurent ces magasins et sur leurs répercussions sur les ventes. Les change-ments débuteront en 2016.

Questionné sur l’importance d’innover chaque année, le directeur général a rappelé la nature essentielle d’une telle démarche. « Quand c’est facile, c’est parce que ç’a déjà été fait. L’innovation, c’est l’inconnu, mais il n’est pas question ici de vision à court terme. »

90 ANS POUR CITADELLEÀ 10 ans du centenaire de sa fondation, Citadelle a confirmé qu’elle soulignerait son 90e anniversaire, qui a lieu cette année, selon les désirs de ses membres. Pour l’occa-sion, elle ouvrira le 29 août les portes de son siège social, à Plessisville, ainsi que celles de sa nouvelle usine de transformation de la canneberge, à Aston-Jonction. « Cela peut sembler banal, mais c’est une opération déli-cate, en raison des certifications que nous devons respecter », déclare Martin Plante. L’évènement coïncidera d’ailleurs avec l’une des étapes du Défi-Vélo La Coop, une activité qui vise à recueillir des fonds pour offrir une meilleure qualité de vie aux collectivités de la région de Victoriaville.

1. Le conseil d’administration pour l’année 2015-2016. Dans l’ordre habituel (en avant-plan) : Simon Deschênes, Côte-du-Sud; Laurier Gauthier, Mauricie Est/Portneuf/Québec; Laurent Cloutier, Mégantic/Arthabaska/Lotbinière; Michel Labbé, président , Dorchester/Bellechasse; Pierre Fortier, représen-tant provincial, membres-producteurs de canneberges; Jean-Claude Brochu, Rivière-Saint-François. (En arrière-plan) : Michel Bélanger, Bas-Saint-Laurent; Paul Beauregard, Cantons-de-l’Est/Sud de Montréal; Bruno Marcoux, Beauce/Frontenac; Cécile B.-Pichette, vice-présidente, Laurentides/Lanaudière/Mauricie Ouest et Denis Pellerin, représentant provincial, membres apiculteurs

2. Le nombre de membres au sein de Citadelle a légèrement décliné durant 2014, suivant la tendance dans le milieu agricole, mais le taux de participation aux différentes assemblées a augmenté, ce qui a amené un vent de nouveauté.

3. Michel Labbé a vu son mandat de président renouvelé pour une troisième année. On le voit ici en compagnie du directeur général, Martin Plante.

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Quelques chiffres 2015 2014

Chiffre d’affaires 113,1 M$ 93,2 M$

Excédent 2,56 M$ 2,10 M$

Ristourne 1,91 M$ 1,71 M$

Membres 1856 1874

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TEXTE DE NICOLAS MESLY

Semée par des pionniers québécois en 1985, SOCODEVI a grandi pour changer la vie de 12 millions de personnes dans 40 pays.

« L’intercoopération permet la prise en charge des populations pour assurer leur propre développement », a rappelé l’actuel président de SOCODEVI, Ghislain Cloutier, devant un parquet de 200 per-sonnes venues célébrer le 30e anniversaire de la jeune organisation.

L’arbre de coopération SOCODEVI se ramifie dans plusieurs secteurs : agroali-mentaire, foresterie durable, développement économique et social, services financiers et assurances, habitation. Les quelque 400 projets réalisés depuis 30 ans ont pour but, entre autres, de faire pousser des coopé-ratives rentables et d’augmenter les revenus de leurs membres. Ces projets représentent souvent un passeport pour l’accès à l’édu-cation et aux soins de santé, a indiqué le directeur général, Richard Lacasse.

SOCODEVI

grand !FÊTE SES 30 ANSEN

Les histoires à succès de SOCODEVI abondent. En Bolivie, la vente d’origan, en partie sur le marché international et pour une valeur de 1 million $, profite à 2000 familles, qui ont vu leurs revenus annuels augmenter de 200 % en moyenne. Au Honduras, l’association de coopératives forestières du pays génère près de 7 millions $ de revenus depuis 2010 et son travail se fait sous la certification de développement durable Forest Stewardship Council.

Ces projets naissent parfois dans des pays en crise, comme celle du virus Ebola au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée, ou dans des pays en conflit armé. « Le conflit en Ukraine n’affecte pas nos projets, dont celui de la création d’un réseau coopéra-tif de vente de grains. Nous procéderons cette année à la construction d’un silo d’une capacité de 20 000 tm », a dit Richard Lacasse. Il a tiré son chapeau devant le courage des coopérants et des partenaires convaincus sur le terrain.

TEONILA GUERRA, SOCODEVIENNE DANS L’ÂMEInvitée à livrer son témoignage, Teonila Guerra, coopérante péruvienne de la pre-mière heure, personnifie « la famille soco-devienne ». « On a fondé une coopérative à la demande des habitantes d’un village où je ne pouvais me rendre qu’à pied et à dos de mule. C’était risqué ! » explique-t-elle. Pas tant à cause de l’éloignement de la localité

1. Teonila Guerra a livré un chaleureux témoignage en tant que coopérante péruvienne.

2. Ghislain Cloutier, président de SOCODEVI et administrateur à La Coop fédérée de 1996 à 2014, est fier de célébrer les 30 ans de cette organisa-tion. Il a lui-même participé à la mission de mise en place d’un élevage de volaille (pondeuses et remplace-ment) en Bolivie.

3. Pour Richard Lacasse, directeur général de SOCODEVI, les quelque 400 projets réalisés depuis 30 ans représentent un passeport pour l’accès à l’éducation et aux soins de santé.

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Soyez des nôtres !www.lacoop.coop/colloque

4 et 5 novembre 2015St-Jean-de-Matha

POU R U N LEADERSH I P PLU R I ELColloque d’automne des coopératrices

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que des liens familiaux de certains villageois avec les terroristes impliqués dans la prise d’otages de l’ambassade du Japon. [Note : Prise d’otages perpétrée à Lima, en décembre 1996, par les membres du Mouvement révolu-tionnaire Tupac Amaru. Elle a pris fin quatre mois plus tard, lors d’un assaut sanglant mené par l’armée péruvienne et ordonné par le président Alberto Fujimori.]

Évoquant mille et un souvenirs, cette petite femme décidée a appuyé, grâce à SOCODEVI, la création de coopératives de café, de cacao, de coton, de maïs, de pommes de terre, qu’elles soient perchées à 4000 m dans les Andes ou encore situées en pleine jungle. Elle s’est remémoré ces aventures avec plusieurs coopérants présents dans la salle (Michel Mathieu, Colette Lebel, Caro-line Poussart). À force de détermination au Pérou, SOCODEVI a fondé des coopératives qui sont passées de 200 à 3000 membres.

LES DEUX VISAGES DE L’AFRIQUE« Pour les Québécois, l’Afrique, c’est des pays en guerre. Or, l’Afrique, ce n’est pas 54 pays, mais un milliard d’habitants, qui vivent en majorité en harmonie et font des choses extraordinaires avec rien », a expliqué Sophie Langlois, correspondante à la télévision de Radio-Canada depuis six ans dans cette région du monde. Conflits en Somalie, au Mali, en Côte d’Ivoire, crise

d’Ebola, la journaliste dit toujours tenter d’apporter un autre regard sur ce continent lors de ses reportages. « Tous les jours sont un combat. Ses habitants ont une telle force, j’ai beaucoup appris d’eux ! »

La correspondante s’est aussi dite très inquiète de la montée du groupe terroriste État islamique en Afrique et du recul des droits des femmes, un élément essentiel au développement socioéconomique et à l’avenir de l’Afrique. Sophie Langlois dit avoir ignoré l’existence de SOCODEVI jusqu’à son invitation à ce 30 e anniversaire. Un déficit d’information rapidement comblé par Richard Lacasse, qui a évoqué l’implication de SOCODEVI dans des projets coopératifs dans une vingtaine de pays du continent africain, notamment dans la filière cacao en Côte d’Ivoire.

L’engagement de SOCODEVI, a conclu Richard Lacasse, se fait en collabora-tion avec une multitude de partenaires : gouvernement du Canada, compagnies minières, coopératives, mutuelles, UPA Développement international, Banque mondiale, IRECUS (Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles de l’Université de Sherbrooke), divers ministères… Et beaucoup dans la salle ont souhaité que l’organisation fête un jour ses 60 ans de contribution à un monde meilleur.

Des encans, à la criée et silencieux, ont permis de récolter 8236 $, pour un profit de 5535,98 $. L’objet le plus cher, une toile du Pérou, s’est vendu 1250 $.

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Daniel Guay, producteur de céréales, à Lacolle

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revenait d’une tournée de 10 jours au Japon. Les employés de l’abattoir névralgique de Vallée-Jonction étaient alors en grève. Le Japon est le deuxième marché d’exportation de la viande de porc du Québec, après les États-Unis. S’il est plus lucratif, il est aussi plus compliqué que le marché états-unien.

À Vallée-Jonction, une équipe spécia-lisée se charge de la découpe de la viande destinée à ce capricieux marché. Pas moins d’une cinquantaine de coupes sont prépa-rées et « chaque pièce doit être parfaite », alors que dans tous les autres marchés, une trentaine de coupes permettent de se démarquer. Aussi Motoo Taira a-t-il poussé un soupir de soulagement lorsqu’une entente de six ans a été signée entre l’abat-toir et les quelque 1000 travailleurs. Car au pays des samouraïs, ne pas honorer PH

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PLANÈTE PORCINE : VIVE LE TONKATSU « QUÉBÉCOIS » !

« Les Japonais raffolent du tonkatsu conçu avec du porc québécois », explique Motoo Taira, directeur des ventes au Japon chez Olymel. Chaque jour, des dizaines de milliers de Japonais dégustent cérémonieu-sement un tonkatsu, un filet de porc frit dans une pâte croustillante servi à côté d’un bol de riz et de légumes. Si le porc québécois ou canadien a la cote au pays du Soleil levant, poursuit Motoo Taira, c’est en raison de sa qualité, mais aussi de la confiance dans les normes canadiennes d’innocuité et de traça-bilité, de la ferme aux baguettes.

Rencontré au siège social d’Olymel, à Boucherville, en avril dernier, Motoo Taira

planète ?

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QUÉBÉCOIS PEUT-ILpetit jardin nordique

La situation géographique du Québec est-elle un handicap pour l’agriculture ? Pas selon nos interlocuteurs engagés en productions porcine, céréalières, laitière et de pommes de terre.

concurrencer la

TEXTE DE NICOLAS MESLY

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les livraisons prévues au carnet de com-mandes ne pardonne pas et risque d’ouvrir la porte à un concurrent.

La filière porcine québécoise fait par-tie de l’élite mondiale des exportateurs de viande de porc. Environ 80 % de la produc-tion est exportée hors de la province et se retrouve dans une centaine de pays, ce qui représente près de 50 % des exportations canadiennes de porc. Toutefois, dans cette arène, la concurrence ne fait pas de quartier. Américains, Chiliens, Brésiliens, Européens jouent des coudes pour occuper un marché mondial appelé à croître de 12 % d’ici 2023. Dans cette enceinte, la culture des consom-mateurs, la variation des taux de change, le prix de la moulée, la santé des troupeaux ou encore l’embargo russe décrété sur les exportations canadiennes, en raison de l’utilisation de ractopamine, sont tous des facteurs qui se répercutent chez les éleveurs de porcs québécois. Et ce sont eux qui sont à la racine du succès de cette filière nordique qui a généré en 2013 des exportations de 1,39 milliard $.

Toutefois, les sept dernières années ont été une véritable hécatombe. Quelque 500 producteurs ont mis la clé sous la porte, et la production québécoise a chuté d’un million de porcs. « Les années noires semblent derrière nous », explique Réjean Vermette, président de la Filière porcine coopérative. En effet, en 2014, le prix du porc a fracassé un record jamais vu depuis 30 ans. Les silos du Groupe Vermette se dressent comme une forteresse en plein cœur de la Montérégie, la « Corn Belt » québécoise. L’hiver n’a jamais empêché l’entreprise de produire 10 000 tonnes de moulée à partir de ses 800 hectares de maïs, de soya et d’orge, pour alimenter 1500 truies et engraisser 33 000 porcs par année.

Mais s’il est une chose que Réjean Vermette craint comme la peste, c’est qu’une maladie aéroportée franchisse la muraille de son entreprise, pour décimer les porcelets, à cause de la concentration des élevages dans la région. C’est une des deux raisons pour lesquelles il remet son modèle d’affaires naisseur-finisseur en question. L’autre raison, c’est le besoin d’investir dans ses bâtiments d’ici 2024 pour se conformer au nouveau code canadien de bien-être ani-mal, qui préconise entre autres l’élevage de truies groupées.

« On pense peut-être à devenir unique-ment finisseurs », indique Réjean Vermette, qui envisage la possibilité de s’approvision-ner en porcelets en provenance du Témis-camingue. La Filière porcine coopérative prévoit construire cinq maternités dans cette région nordique biosécuritaire pour y produire 350 000 porcelets par année. Ces bâtiments conformes et ultramodernes nécessitent un investissement de 50 mil-lions $ et devraient être en activité au prin-temps 2016, selon Étienne Hardy, directeur de la production porcine chez Olymel. La Filière porcine coopérative met en marché 20 % de la production québécoise.

Par ailleurs, voici ce qu’explique le pré-sident des Éleveurs de porcs du Québec, David Boissonneault : « Nous avons soumis cette année au gouvernement un plan straté-gique totalisant 1 milliard $ d’investisse-ments potentiels pour mettre à niveau toute la filière porcine : les fermes, les abattoirs et les meuneries. » Il indique que les pour-parlers vont bon train avec le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimen-tation, Pierre Paradis, pour favoriser un terreau adéquat à ces investissements. Et la signature d’une nouvelle convention de mise en marché, basée sur le prix de réfé-rence nord-américain, entre les abattoirs et les éleveurs de la province est prévue pour cet automne.

Armé de ces bonnes nouvelles, Motoo Taira entend bien augmenter son carnet de commandes lors de ses prochains voyages au Japon.

PLANÈTE CÉRÉALIÈRE : DANIEL GUAY CULTIVE LES CHIFFRES AVANT TOUT« L’achat d’intrants en présaison fait partie de ma stratégie d’affaires. C’est une situa-tion gagnante tant pour moi que pour mes fournisseurs, comme La Coop Uniforce », dit Daniel Guay, assis à la table de sa cui-sine en ce jour gris de printemps tardif. Ce producteur de grandes cultures passe trois mois d’hiver à pitonner sur sa calculatrice. Une obsession. Sise à Lacolle, à la frontière canado-américaine, son entreprise compte 240 hectares, dont 80 sont loués. À cela s’ajoutent 1000 hectares en travail à forfait chez une vingtaine de clients : semis, bat-tage, épandage d’azote, ainsi qu’une offre de service de cartes de rendements. Fin

1. Motoo Taira, Japonais d’origine, agit comme un « pont culturel » entre le Québec et le pays du Soleil levant. Chez Olymel, il est responsable des ventes dans le deuxième marché de viande de porc en importance après celui des États-Unis.

2. Daniel Guay (à droite) et son fils Keven, étudiant en gestion. Keven deviendra la cinquième génération d’agriculteurs de cette entreprise.

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négociateur, il a réalisé une économie de 60 $/tm sur l’azote pour la saison 2015. Le but ultime : offrir le meilleur service à sa clientèle et commercialiser ses quelque 1400 tm de maïs et de soya au moindre coût de production possible.

Daniel Guay, âgé de 50 ans, a toujours été très conscient que la terre est son principal capital. « Je n’ai pas le type de sol de Saint-Hyacinthe, de l’Ontario ou de l’Iowa, mais je tire bien mon épingle du jeu. » Il cultive en semis direct depuis les années 1990, une méthode qui représente des économies substantielles de machinerie et de carburant. Il confie donc une partie importante du travail du sol aux vers de terre, petits laboureurs de l’ombre efficaces et bien moins dispendieux que de grosses machines.

Ses terres sont composées de cinq types de sol, ce qui exige une stratégie de joueur d’échecs. Les 35 champs originaux de la ferme familiale ont été regroupés en un damier de 12 parcelles bien drainées. Grâce au GPS, semoir et moissonneuse-batteuse travaillent dans des parcelles précises et seulement au moment opportun, pour évi-ter tout problème de compaction. Les trois quarts de la superficie de la ferme sont cultivés en semis direct selon une rotation maïs-soya-blé. L’introduction de la culture du blé, récolté plus tôt, donne à Daniel Guay la flexibilité voulue pour introduire une niveleuse aux champs et en améliorer le drainage.

La connaissance de ses sols et les améliorations apportées ont permis de doubler la production de maïs, qui atteint aujourd’hui 12-13 tm/ha, suivant les années et les parcelles. Les rendements de soya, eux, se chiffrent entre 2 et 3,5 tm/ha (dans la moyenne provinciale), selon les caprices de Dame Nature. Au chapitre de la com-mercialisation, Daniel Guay mise sur une stratégie d’affaires qui consiste aussi à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Le quart de la récolte de maïs est vendu à l’usine d’éthanol de Varennes, dont il détient une part, et le prix payé lui sert de baromètre pour ses autres transactions. Un autre quart du volume de petits grains jaunes est vendu par contrat à terme par l’entremise de La Coop fédérée, ce qui lui permet de ne pas avoir à payer les frais éle-vés d’un compte de courtage.

Pour ce qui est de la gestion des risques, Daniel Guay s’assure à l’ASRA. Sans cette couverture, il aurait dû remettre les clés de l’entreprise dès sa première année en production, en 1992. La météo avait été si exécrable que, sans cette assurance, il aurait perdu 80 000 $. « Je ne peux pas concevoir de ne pas assurer les 300 000 $ de semences et d’engrais que je mets en terre », dit-il. Il capitalise aussi au pro-gramme Agri-stabilité, qu’il considère comme une sorte de REER destiné à son entreprise.

Quel avenir pour cette ferme ? Daniel Guay et sa conjointe, Line Taillon, ont deux enfants. Leur fille aînée, âgée de 23 ans, n’est pas intéressée par l’agriculture. Mais on pré-voit pour elle des actions dans l’entreprise. C’est leur fils, Keven, 20 ans, étudiant en gestion, qui deviendra la cinquième géné-ration d’agriculteurs dans un contexte nord-américain où les fermes deviennent de plus en plus grosses et où le mode de vie change. « Keven ne travaillera pas physiquement comme moi, prédit le père. La nouvelle géné-ration veut plus de temps pour ses loisirs et la famille. Je crois que mon fils deviendra un gestionnaire de terres, semblable à ceux qui exploitent les entreprises de la “Corn Belt”. »

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Exportations bioalimentaires du Québec (2013)Soya : 566,9 M$

9 % des exportations totales

Principaux marchés : Japon (19 %) Portugal (13 %) Chine (13 %) Pays-Bas (11 %)

Sirop et sucre d’érable : 266,2 M$

4 % des exportations totales

Principaux marchés : États-Unis (65 %) Japon (9 %)Allemagne (8 %)Source : MAPAQ

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NUTRINOR « UN VERRE DE LAIT NORDIQUE, C’EST BIEN MIEUX! »Nutrinor mise à fond sur l’agriculture nordique pour se démarquer de la concurrence. Lancé sous le label AgroBoréal en novembre 2014, son lait biologique fait fureur auprès d’un public cible dans la Belle Province. Le célèbre chef Ricardo en vante les mérites auprès des jeunes mères. « Nous vendons 25 % de plus que le volume prévu », indique le directeur général de la coopérative, Yves Girard. Celui-ci prévoit se rendre en Europe cet été pour explorer le potentiel du marché des quelque 25 000 tm de grains et de fourrage « nordiques » produits par les membres.

bâtiments de ferme existants. Pas ques-tion de surendettement : Mathieu estime que, en plantant les clous eux-mêmes, ils ont réalisé des économies oscillant entre un demi-million et un million de dollars sur un chantier de plus de deux millions !

Terminée il y a un an et demi, la nou-velle étable à stabulation libre, qui mise sur la technologie et le bien-être animal, mesure 115 m sur 21 (375 pi sur 70). Les 140 vaches en lactation vont se faire traire en tournant allègrement sur un carrousel de 32 places, trois fois par jour.

Aux robots, on a préféré une salle de traite et un carrousel, pour deux raisons. La première, c’est qu’on juge que ce système sera encore en activité dans 20 ou 30 ans, alors que les robots de traite ont une durée de vie beaucoup plus limitée. De plus, « il nous aurait fallu trois robots de traite pour notre troupeau », dit Mathieu, qui estime qu’un robot, pour être rentable, doit traire au moins 50 vaches. La seconde raison : si le carrousel est plus coûteux à l’achat, il est beaucoup plus flexible. Lorsqu’un éleveur voisin a perdu sa ferme dans un incendie, l’année dernière, ses 30 vaches ont été hébergées dans la nouvelle étable et leur traite s’est faite le temps d’un tour de carrousel, soit 12 minutes. Ce bâtiment est déjà construit en prévision de produire 50 kg/jour de plus : il n’y aurait que le mur du fond à faire tomber pour l’agrandir et abriter de 700 à 800 vaches, en utilisant toujours le même système de traite.

UN HÔTEL DE LUXE« Jamais je n’aurais pensé que le confort des animaux jouerait à ce point sur leur perfor-mance ! » renchérit l’éleveur, encore surpris par les résultats positifs engendrés par la nouvelle étable. Pour un même coût d’ali-mentation, les vaches produisent de trois à quatre kilos de plus par jour. La moyenne de production annuelle du troupeau est passée de 8000 à 9000 kg. Selon Mathieu, la nouvelle étable à ventilation contrôlée équivaut « à un pâturage à l’année » où les bêtes sont à l’abri des coups de chaleur l’été et des grands froids l’hiver.

Les vaches vaquent à leur quotidien, jour et nuit, en marchant sur une litière de copeaux de bois au lieu d’un tapis de caoutchouc. Les copeaux, d’après l’éleveur, favorisent un environnement plus sain en

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PLANÈTE LAITIÈRE : MATHIEU CHARTIER VISE 2040« Quotas ou pas de quotas, on s’y prépare. Et on aura plus de chances de survivre que quelqu’un qui se met la tête dans le sable », affirme Mathieu Chartier. À 29 ans, il a bien l’intention de transférer à ses enfants la Ferme J. Chartier et fils dans 25 ans, en 2040, comme le font actuellement son père, Claude, et son oncle Jocelyn, tous deux dans la mi-cinquantaine.

La récente abolition des quotas laitiers dans l’Union européenne (31 mars 2015), l’importation potentielle au Canada de 17 700 tonnes supplémentaires de fro-mages examinée dans le cadre de l’accord commercial Canada-UE (2013) et surtout les négociations de libre-échange d’Ottawa au sein du Partenariat transpacifique (PTP) ont influencé la stratégie d’affaires de l’en-treprise familiale.

« Ce qui compte pour nous, c’est de produire du lait le plus efficacement possible », poursuit l’éleveur. Pour ce faire, les propriétaires ont construit une étable neuve et rénové eux-mêmes les PH

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absorbant l’humidité, un facteur de maladie important. Résultat : les frais de vétérinaire ont baissé. Le matériel est distribué dans l’étable et enlevé deux fois par jour avec la pelle à tracteur. Les bêtes sont ainsi beau-coup plus propres qu’avec un système de racloirs automatiques qui engendrent « des vagues de merde », lance le jeune producteur pour blaguer. De plus, les vaches ne glissent pas sur le plancher, au risque de se bles-ser. Chaque bête dort dans un douillet lit de paille, appelé « litière profonde ». On ne change pas la paille, mais on en ajoute au besoin. Dans la nouvelle étable, le taux de réforme est passé de 30 à 10 %. En prime, le mélange copeaux-lisier étendu aux champs « favorise la structure des sols ». Ces avan-tages valent bien les quelque 50 000 $ d’achat annuel de copeaux et de paille.

MAIN-D’ŒUVRE LOCALE« On a fait nos preuves, et nos parents nous ont toujours fait confiance »,

poursuit Mathieu Chartier, porte-parole des deux autres jeunes passionnés, Jean-Philippe Lessard et Charles Norbert, qui prennent peu à peu les rênes de l’entre-prise, d’une valeur de 12 millions $. Si la production laitière est au cœur de la Ferme J. Chartier et fils, celle-ci est éga-lement active dans le transport du grain, le commerce de copeaux et l’excavation. Les huit employés font partie intégrante du conseil d’administration, qui se réu-nit chaque matin dans le bureau de l’en-treprise, dont les baies vitrées donnent sur le carrousel.

En 25 ans, le nombre de fermes lai-tières au Québec a fondu comme neige au soleil, passant de 14 043 en 1990 à 5894 en 2014. Si la tendance se main-tient, la Belle Province pourrait compter environ 2000 fermes en 2040 et pro-duire plus de lait qu’à l’heure actuelle. Mathieu Chartier compte bien être du nombre.

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À Chapais, petit village situé au 49e parallèle nord, entre Montréal et la baie James, l’entrepreneur Normand Boucher et son équipe ont rasé une centaine d’hectares d’épinettes noires à coups de tronçonneuses, broyé les souches, remué la terre pour préparer des champs à la culture de pommes de terre. Le rêve de l’homme d’affaires, fondateur de Produits maraîchers 2009, est d’approvisionner le Québec, le Nouveau-Brunswick, les États-Unis, voire le Brésil. Dans cette terre vierge, loin des insectes comme les pucerons vecteurs de virus destructeurs de récoltes entières, ce nouvel agriculteur entend produire des « pépites d’or ». Achetées par des producteurs commerciaux, ces semences de pommes de terre canadiennes, exemptes de toutes maladies, permettraient d’accroître les rendements dans les champs du Sud ! En activité depuis six ans, Normand Boucher a investi à ce jour dans l’aventure environ 2,5 millions $, sur les 7 millions prévus.Selon une étude du MAPAQ sur le potentiel bioalimentaire du nord du Québec, l’augmentation de température d’ici 2040 favoriserait la croissance des plantes dans cette région et libérerait 1,5 million d’hectares de terres cultivables. C’est presque l’équivalent de toute la superficie cultivée aujourd’hui au Québec, soit 2 millions d’hectares. Et Normand Boucher n’est pas le seul investisseur à reluquer ces nouvelles terres agricoles. Ce nouveau Klondike permettrait entre autres la culture de carottes, d’oignons ou de betteraves. Toutefois, on ne pourra pas répéter l’agriculture agro-industrielle pratiquée dans le Sud, selon Yvon Forest, coordonnateur au développement nordique et aux affaires autochtones au MAPAQ. La raison : le sol arable est peu profond et il va falloir adapter ses méthodes culturales. C’est ce que fait Normand Boucher. Sur les 100 ha alloués à la production de pommes de terre de semence, 75 sont ensemencés en mil perlé, en sarrasin ou en avoine. Cultivées comme engrais vert, ces productions visent à rehausser le taux de matière organique du sol. L’agriculteur prévoit cultiver annuellement 25 ha de pommes de terre, insérées dans une rotation de quatre ans. En 2015, plusieurs variétés seront à l’essai, dont la Goldrush, la Chieftain et la Norland. « Les essais passés sont très concluants », dit celui qui s’est entouré d’une équipe d’experts universitaires et de Biopterre, un OBNL spécialisé dans le développement de bioproduits. Il envisage une production d’environ 61 000 lb/ha de semences ELITEMC 1 et 2.La production de pommes de terre de semence n’est pas la seule culture dans le collimateur de Normand Boucher. Ce dernier a aussi préparé une centaine d’hectares réservés à la production de bleuets sauvages.

DES PÉPITES D’OR PRODUITES À CHAPAIS

ELITE est une marque de commerce de La Coop fédérée

4. Dans la nouvelle étable de Mathieu Chartier, les détections de chaleur sont réalisées grâce à un podomètre attaché à la patte avant qui mesure « l’activité de la vache dans l’étable ». Une alerte est aussitôt transmise à l’ordinateur et un coup de fil est donné à l’inséminateur. De 18 % dans l’ancienne étable, le taux de gestation des vaches est passé à 30 %.

5. « Malgré la caractéristique nordique de notre climat, nous avons les connaissances nécessaires et la passion pour bien réussir en production laitière au Québec », dit Juan Pedro Sarramone, conseiller en production laitière à La Coop Univert.

Exportations bioalimentaires du Québec (2013)Viande, préparation et abats de porc : 1356 M$

23 % des exportations totales

Principaux marchés : États-Unis (34 %) Japon (19 %) Russie (12 %) Chine (9 %)

Valeur totale des exportations bioalimentaires québécoises : 6084,2 M$ soit

12 % des exportations canadiennes source : MAPAQ

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La famille deThérèse Bergeron et

Léo Tremblay de Jonquière

Vous êtes une famille qui :

√ s’investit pour une meilleure qualité de vie

√ transmet le sens du patrimoine à ses enfants

√ mise sur la formation et la relève en agriculture

√ s’implique socialement et professionnellement

√ contribue à la valorisation de l’agriculture

Vous pourriez devenir la famille agricole de l’année 2015 !

Faites parvenir votre candidature en remplissant le formulaire disponible au www.familleterrienne.org

Pour plus d’information, contactez le secrétariat de la fondation de la famille terrienne au 450 679-0540, poste 8518.

au concours « la famille

agricole de l’année 2015! »

La famille de Cisca Hooymans et Arie Van Winden de Napierville

La famille de d’Estelle St-Pierre et

Yves Lampron de Saint-Boniface

Quelques-unes des familles lauréates

Participez

La famille deThérèse Bergeron et

Léo Tremblay de Jonquière

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√ s’implique socialement et professionnellement

√ contribue à la valorisation de l’agriculture

Vous pourriez devenir la famille agricole de l’année 2015 !

Faites parvenir votre candidature en remplissant le formulaire disponible au www.familleterrienne.org

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au concours « la famille

agricole de l’année 2015! »

La famille de Cisca Hooymans et Arie Van Winden de Napierville

La famille de d’Estelle St-Pierre et

Yves Lampron de Saint-Boniface

Quelques-unes des familles lauréates

Participez

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INVESTIR UN MILLION ET DEMI DE DOLLARS QUAND ON A MOINS DE 30 ANS ? UN COUPLE DE PRODUCTEURS LAITIERS A VÉCU L’EXPÉRIENCE EN S’INVESTISSANT À FOND DANS L’AVENTURE. CORRECTION : DANS LE PROJET !

Investir et emprunter ne donnent visiblement pas de sueurs froides à Denis Roy et Rébecca Boivin. Il n’y a rien de hasardeux, d’aventureux pour eux. « Nous avons commencé par définir nos besoins et nos objectifs », explique Denis. Conti-nuer d’être performants en production laitière et disponible pour leurs jeunes enfants a fait partie des critères. Mais pour continuer, il leur fallait agrandir. « On ne remplissait plus notre quota avec notre ancien bâtiment. Et pour nous, c’était logique de continuer d’acheter du quota, donc de croître. Il fallait par consé-quent s’installer dans un nouveau bâti-ment, car notre ancien avait atteint sa

pleine capacité », dit le jeune homme de 29 ans.

La nouvelle étable à stabulation libre et les deux robots de traite assortis n’ont pas été un simple investissement de rempla-cement : on en a profité pour reconstruire plus grand (expansion), mettre aux normes le nouveau bâtiment (actualisation), aug-menter le confort des vaches en faisant valider les plans par Steve Adam, spécia-liste en bien-être animal de Valacta (modernisation), et faciliter les activités par différents équipements automatisés (satisfaction). Qui a dit qu’un bâtiment n’était pas un actif productif ? L’investisse-ment consenti permettra de générer un

PRODUIREInvestirs’investirET POUR

TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

Diplômés de l’ITA La Pocatière, Rébecca Boivin et Denis Roy ont pris la relève – sourire aux lèvres ! – des parents de Denis en 2007, pour un transfert échelonné sur 10 ans.

AFFAIRES AGRICOLES |

30 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

plus grand volume de lait et plus de reve-nus. « Tous les investissements dans une ferme ne peuvent pas être productifs au même niveau », rappelle Denis, qui parle en connaissance de cause, car il préside le Groupe Pousse-Vert, qui rassemble 200 producteurs agricoles de la grande région de Rivière-du-Loup.

Pour préparer leur projet et leur dos-sier d’investissement, Rébecca et Denis ont commencé par visiter des fermes lai-tières, beaucoup de fermes : 35 étables en deux ans! Ils ont ensuite établi les coûts du projet en consultant quatre sources diffé-rentes : les producteurs dont ils visitaient l’exploitation et qui se montraient enclins à dévoiler leurs chiffres, les budgets types de La Financière agricole (65 $ le pied carré, soit 30 $ pour le bâtiment et 35 $ pour les équipements), une société de génie-conseil et, bien entendu, leur groupe-conseil agri-cole. « Ma meilleure source, c’étaient les producteurs eux-mêmes, qui n’étaient pas gênés de me dire leurs bons et mau-vais coups », révèle le copropriétaire de la Ferme Demca.

L’homme a ensuite validé les coûts en demandant des soumissions auprès d’entreprises spécialisées, et non pas d’entrepreneurs généraux, car il voulait demeurer gestionnaire du projet. « Enga-ger un chargé de projet équivaut à hausser de 8 % la facture », estime-t-il. Par chance ou par malchance, Denis avait la jambe cassée quand il a entrepris toutes ces démarches, une immobilisation à la mai-son qui lui a permis de calculer son projet d’immobilisation!

Obtenir la confiance de son insti-tution financière n’a enfin été qu’une formalité. « J’avais bien défini mon bud-get, j’avais une bonne mise de fonds et

je ne demandais pas le maximum que mon institution était prête à m’accorder. Autrement dit, je ne nous mettais pas la corde au cou, en m’en tenant à ce que nous demandions », explique le producteur de Saint-Arsène, qui considère que l’endet-tement de sa ferme est dans la moyenne. Enfin, tout au cours de la construction, Denis a exercé un contrôle serré sur les dépenses en remettant en question les dépassements de coûts, communément appelés les « extras ».

RETOUR DANS LE TEMPSEn 1996, quand un incendie a ravagé l’étable, le père de Denis, André Roy, alors âgé de 52 ans, et sa conjointe, Michèle Bérubé, ont fait un geste qui a permis tout le reste : ils ont rebâti, en ne sachant pas si Denis, qui n’avait que 10 ans lors du drame, montrerait un réel intérêt pour la carrière agricole. L’entreprise possédait alors 35 kg/jour de quota. « Mon père est un gars conciliant, familial et travaillant », révèle Denis, qui est reconnaissant envers ses parents d’avoir reconstruit. Car non seulement l’étable a été rebâtie, mais, moins de 20 ans plus tard, le quota détenu a été multiplié par trois et le nombre de vaches en lactation porté à 100.

Aujourd’hui, dans la nouvelle étable contiguë à l’ancienne, animaux et humains profitent d’investissements de 1,4 million de dollars : stabulation libre, ventilation naturelle, robots de traite Lely Astronaut A4, robot d’affourragement Lely Juno, brosses rotatives, louve distributrice de lait… Tout le reste est acier, plastique et béton. Les vaches ont même une vue sur le garde-manger : des champs verdoyants qui s’étalent en pente douce de part et d’autre de la ferme.

Ce qui occupera Denis et Rébecca dans les prochains mois sera la conversion de l’ancienne étable en stabulation libre pour l’élevage des sujets de remplacement et l’hébergement des vaches taries. Mais on installera d’abord un convoyeur d’ali-ments, qui distribuera la ration en moins de temps qu’il faut pour réécrire les mots « convoyeur d’aliments »!

RETOUR AU PRÉSENTL’été, c’est le soccer qui occupe les Roy-Boivin, dans l’allée d’alimentation – gare

1. Avant de statuer sur les plans de leur nouvelle vacherie, Denis Roy et Rébecca Boivin ont visité 35 étables en deux ans. Ils ont finalement choisi une allée d’alimentation centrale, six rangées de logettes et deux robots accessibles sans que les vaches aient à passer par des barrières trieuses.

2. Où est Daniel Drapeau, du Centre de services du littoral ? Occupé à répondre à vos besoins !

3. Kids Kodak : quatre paires d’yeux bleus qui participent aux trains quotidiens et qui s’amusent dans les méandres de la ferme, sinon dans le coin-bricolage et cinéma aménagé spécialement pour eux.

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31COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

à ne pas envoyer le ballon dans la préfosse ! – ou sur les terrains municipaux. « Nos trois plus vieux jouent contre les villages autour de Saint-Arsène », explique Rébecca, qui joue elle-même au ballon rond. « Durant le jour, c’est la sœur de Denis qui garde les enfants, ce qui élimine les déplacements à la garde-rie ou aux camps de jour. Ça nous permet aussi de prendre nos repas tous ensemble. » Dans l’étable, un coin-bricolage et cinéma a été aménagé pour divertir les enfants.

« Avec les robots, la besogne est moins longue, les heures moins fixes, poursuit Denis. À part le train du matin, où nous alimentons les vaches, les robots nous per-mettent de commencer plus tard et de finir plus tôt. Un train ne dure plus deux heures et demie d’affilée, comme auparavant. Les tâches sont segmentées en périodes de 10-15 minutes et on peut les repousser après une activité, au besoin. »

Chez Demca, l’idée des robots est récente, car jusqu’à il y a trois ans, Denis aurait opté pour le salon de traite afin de remplacer la traite manuelle traditionnelle. « J’ai fait l’expérience de la main-d’œuvre étrangère en 2011, mais ça a mal tourné : un travailleur avait mal à l’épaule et l’autre s’ennuyait de sa conjointe. » Selon Denis Roy, la pratique des trois traites quoti-diennes ne sera plus facultative dans un proche avenir pour la rentabilité des exploi-tations laitières. « À trois traites, trouver des employés qui veulent travailler très tôt le matin ou très tard le soir est pratique-ment impossible, fait valoir le gestionnaire. Le robot de traite s’imposait donc, surtout en raison de notre nombre de vaches rela-tivement peu élevé pour justifier un car-rousel de traite. »

La mise en fonction a donc eu lieu en mars dernier. Si la production lactée a aug-menté avec la fréquence de traite (moyenne actuelle de 3,2 traites), le stress des travaux et la transition ont temporairement annulé la hausse projetée. « D’une production moyenne de 30 litres par jour à 215 jours en lait, nous en sommes actuellement à 35 litres et on vise maintenant 38 litres en diminuant nos jours en lait », signale Rébecca. Avec l’accroissement du confort, la liberté de mouvement des animaux et le système de détection des chaleurs, les producteurs tablent aussi sur de meilleures performances reproductives, une longévité

accrue du troupeau et des frais vétérinaires moindres.

Dans l’étable, les vaches sont regrou-pées selon leur rang de mise bas : les pri-mipares d’un côté, les multipares de l’autre. Du point de vue de l’alimentation, si on préparait trois rations différentes (début, milieu et fin de lactation) quand les vaches étaient attachées, on se facilite aujourd’hui la vie avec une ration totale mélangée de base et une alimentation individuelle au robot (2 à 8 kg d’aliments appétents, en moyenne 4,2 kg). La formule semble fonc-tionner, avec 3,4 kg de lait produit par kilo de concentré, indique Daniel Drapeau, expert-conseil en alimentation de La Coop, du Centre de services du littoral.

L’ALIMENTATION DU TROUPEAU

Par Daniel Drapeau, T.P., expert-conseil ruminant-végétalCentre de services du littoral

n Troupeau de 105 vachesn Moyenne de 9800 kg de laitn 3,9 % de grasn 3,3 % de protéine

Génissesn 0-2 mois : Goliath XLR 27-16 avec Goliath 21 Deccox à volontén 2-6 mois : Foin sec + Goliath 21 Deccox (2,5 kg)n 6-15 mois : Foin sec + ensilage de foin + tourteau de soya + minéral Goliath 12-4n 15-24 mois : Foin sec + ensilage de foin + minéral Goliath 12-4

Tarissement (60 jours)n 350 g de minéral Transilac VT 7-3n Foin sec à volonté

Préparation (– 21 jours)n 4,0 kg de Transimil 24 VIPn 2,0 kg de paillen 5,0 kg d’ensilage de foinn 12,0 kg d’ensilage de maïsn 5 kg de RPM, vaches en lactationn Foin sec à volonté

Vaches en lactationRPMn 22,5 kg d’ensilage de foinn 400 g de paillen 1,2 kg de maïs sec cassén 1,2 kg Synchro 40-55n 1,2 kg de soyan 14 kg d’ensilage de maïsn 200 g de Minéral VIPn 200 g de bicarbonate de sodiumn 5 kg d’eau

Alimentation au robotn Aliment Robocoop 14-1n Aliment Robocoop 20-1n Startlait VIP

RETOUR VERS LE FUTUR

« À l’heure où plusieurs entreprises se sont retirées du secteur laitier dans la région, Rébecca et Denis sont des jeunes qui veulent avancer et qui s’impliquent dans leur milieu, juge Daniel Drapeau. Comme ils sont le premier client avec des robots de La Coop Agriscar, c’est aussi un gros plus pour le développement de notre expertise avec ces nouvelles technologies. »

Impliqués dans leur milieu ? Si Denis dirige son syndicat de gestion, Rébecca s’engage de son côté dans le mouvement syndical, comme secrétaire-trésorière du Syndicat de l’UPA de la MRC de Rivière-du-Loup (205 producteurs) et au sein du Syndicat des agricultrices du Bas-Saint-Laurent.

Car on peut s’investir dans les grands projets, mais aussi dans les grandes orga-nisations !

4. Premier « client avec robots » de La Coop Agriscar, la Ferme Demca a initié l’expert-conseil Daniel Drapeau aux joies des robots et à la quantité de données qu’ils génèrent.

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32 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

TEXTE ET PHOTOS D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

Si les récents mois ont apporté de bons prix pour les veaux d’embouche, il fallait budgéter serré durant les dernières années pour dégager une rentabilité. Les frères Michel et Sylvain Paquet nous disent comment ils ont surmonté des temps difficiles.

La Ferme Paul-Henri Paquet et fils fait honneur à la production bovine dans une région, Portneuf, qui n’est pas reconnue pour sa production bovine débridée. Produi-sant sur deux sites, cette entreprise vaches-veaux a fait fructifier ses avoirs à force de bonnes décisions, faisant passer un trou-peau d’origine de 25 vaches à plus de 170 femelles et multipliant par six les super-ficies en culture (de 40 à 245 hectares). Un flair pour les affaires !

– 30 À + 30 0CLa ferme favorise deux périodes de vêlage (60 vaches en janvier-février et 110 vaches en juin-juillet) pour éviter un surplus de tra-vail et l’embauche de ressources humaines. Par le fait même, on répartit le risque de la

volatilité des prix des veaux d’embouche sur six expéditions annuelles de veaux. Avec une épaisse litière de paille de céréales, les animaux s’adaptent bien aux rigueurs hivernales. « Les vêlages d’hiver nécessitent plus d’interventions que les vêlages d’été, rappelle l’agronome de La Coop fédérée Bruno Langlois, mais le gain moyen quoti-dien des veaux est habituellement supérieur, puisque les veaux ont acquis un développe-ment ruminal optimal pour bien profiter de la haute valeur nutritive des pâturages de mai-juin. » Les veaux sont vendus vers l’âge de neuf mois (sept mois sous la mère, deux mois de semi-finition en enclos). Depuis trois ans, on diminue l’incidence de la cryptospo-ridiose, été comme hiver, par une solution orale composée de lactate d’halofuginone.

SERRÉ

Savoircalculer

Avec deux périodes de vêlage et six expéditions annuelles de veaux d’embouche, les frères Paquet tirent 60 % de leur chiffre d’affaires de la production bovine. Le reste? Des travaux à forfait pour le compte de producteurs laitiers et de pommes de terre.

33COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

40 % DES REVENUSPour joindre les deux bouts et donner à leur ferme une taille justifiant certains équipe-ments, les Paquet effectuent depuis 1995 des travaux à forfait – location d’épandeurs, semis RTK (690 ha de maïs ensemencés), ensilage par ensileuses automotrices (14 000 tonnes récoltées). Ces travaux à forfait les ont-ils empêchés de déclarer forfait dans les années sombres de la production bovine ? En tout cas, ils leur ont permis de financer l’expansion de la ferme et d’en sécuriser les revenus. Leur liste d’une vingtaine de clients, essentiellement des producteurs lai-tiers et de pommes de terre, est aujourd’hui stable, si bien que les revenus des travaux contractuels totalisent aujourd’hui 40 % du chiffre d’affaires. Mais ils ne sont pas prêts à négliger la production bovine pour autant, expose Michel, pour qui « le bœuf permet une indépendance ». La combinaison des deux occupations permet donc de maxi-miser l’emploi du temps et d’éviter les trop grands pics d’activité.

MOYENNES ET RATIOSTechniquement parlant, avec un nombre moyen de huit vêlages par vache, une moyenne de 0,91 veau sevré par vache par année, un taux de mortalité de 5 % et un gain moyen quotidien de 2,3 lb par jour sous la mère et de 2,8 après le sevrage, les Paquet font bonne figure. Économiquement parlant, ils ont d’autres raisons de se réjouir. « Notre coût de production est inférieur au modèle,

principalement grâce à nos coûts de récolte des fourrages, d’entreposage en silo-meule et de reprise très inférieurs à la moyenne, évalue Sylvain. Nous sommes également

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1. Les propriétaires de la Ferme Paul-Henri Paquet et fils, Michel et Sylvain, gèrent eux-mêmes leur entreprise, sans l’aide de ressources externes. Ils ont certainement du talent, car leur pourcentage d’avoirs propres oscille entre 85 et 90 %.

2. Même avec 170 vaches à nourrir, Michel et Sylvain Paquet misent depuis 1994 sur un vieil épandeur à fumier modifié qui mélange partiellement les rations. « L’équipement fonctionne 75 minutes par jour et est rentabilisé depuis longtemps », se réjouit Sylvain.

3. Par + 30 ou – 30 °C, Sylvain et Michel Paquet sont constants et rigoureux, deux raisons (de plus) qui expliquent leur succès en affaires.

AFFAIRES AGRICOLES |

34 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

une des rares fermes vaches-veaux à culti-ver du maïs-ensilage, profitable tant pour son énergie que son rendement. Comme nos terres sont dispendieuses, cette culture nous en donne plus par unité de surface. D’autre part, nos sols sableux nous offri-raient moins de regain à la deuxième coupe si nous cultivions de l’herbage plutôt que du maïs. »

GESTION DE TROUPEAU SUR MESUREPour choisir quelles femelles feront car-rière dans leur troupeau, les Paquet misent d’abord sur leurs cinq sens. Les données générées par le Programme d’amélio-ration des troupeaux bovins du Québec sont aussi d’utilité et ont le mérite de leur faire se poser des questions sur la qualité génétique de leurs animaux. Pendant près d’une décennie, les frères ont eu recours à la synchronisation des chaleurs et à l’insé-mination artificielle, mais ils sont revenus à la simplicité avec trois taureaux (dont un

taureau hybride Angus rouge X Simmen-tal, en provenance de l’Alberta). Jusqu’au rehaussement des prix des veaux, la ferme vendait, bon an mal an, une quinzaine de femelles de remplacement hybrides, garan-ties gestantes.

Trois taureaux pour 170 vaches ? Avec deux périodes de vêlage, le ratio mâle-femelles est donc d’environ 1:40. « Les vêlages d’hiver et la gestion en bâtiment facilitent la gestion de la reproduction, qui a lieu en bonne partie avant la mise au pâtu-rage, explique Bruno Langlois. Les taureaux marchent beaucoup moins. Leur tournée de détection de chaleurs est donc facilitée, ce qui explique le ratio hors norme. » La ferme ne compte qu’une vingtaine d’hectares en pâturage, divisés en sept parcelles, ce qui favorise les rapprochements entre les deux sexes !

Les 25 taures qui prendront leur place dans le troupeau chaque année sont éle-vées attachées dans une étable isolée pour « casser leur caractère ». On profite aussi de leur détention pour braquer des caméras sur l’aire de vêlage, afin d’assister les jeunes mères en cas de besoin. La présence d’une étable à stabulation entravée facilite égale-ment les adoptions, si nécessaire.

ET LES CHAMPSAprès trois ans de pâturage, les Paquet sèment ce qu’ils appellent un « maïs éco-nomique », qui pompera l’azote du sol pro-venant du fumier. Seul un petit démarreur (15-21-2 et éléments mineurs) est inclus au semis. « On aide à diminuer les rejets d’azote dans notre bassin versant, qui alimente en eau potable la municipalité de Pont-Rouge », dit Sylvain.

Sur les autres superficies, on cultive du maïs-ensilage, des prairies, des grains mélangés (25 % d’avoine nue, 25 % d’avoine vêtue, 50 % de blé) et de l’avoine pour consommation humaine (50 ha). La ferme compte une moulange pour moudre les grains mélangés, offerts aux veaux sevrés, pour un bon préconditionnement.

Depuis 10 ans, les deux frères, qui sont aussi pères de trois (Sylvain) et de quatre enfants (Michel), disent « travailler » sur leur qualité de vie. Sont-ils assez travailleurs, ces Paquet ? !

Veaux d’embouche – Assurance stabilisationNombre de… Ferme type Ferme Paul-Henri Paquet

et filsVaches de boucherie 115 170

Kilos produits 27 734 46 534

Kilos produits/vache 241 274

Hectares en culture 216 245

Vaches/UTP 84 68

35COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

TEXTE DE PIERRE LESSARD, AGRONOME, M. SC.

LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE DU MARCHÉ DES GRAINS DES DERNIÈRES ANNÉES NOUS AMÈNE À RECHERCHER TOUS LES MOYENS D’AMÉLIORER LE COÛT DE PRODUCTION DE NOS ÉLEVAGES. CEUX QUI ENVISAGENT DES RÉNOVATIONS DE BÂTIMENT OU ENCORE DE NOUVELLES CONSTRUCTIONS DOIVENT CONSIDÉRER LE CHOIX DE LA TRÉMIE QUI PERMETTRA UN MAXIMUM D’EFFICACITÉ ÉCONOMIQUE.

Deux types de trémie se distinguent particulièrement par le comportement des porcs à la mangeoire. À la trémie humide, la quantité de moulée ingérée par repas est plus importante qu’à la trémie sèche. Tou-tefois, le nombre de repas par jour est moindre. Au final, la consommation de moulée et le gain de poids journalier à la trémie humide augmentent de 3 à 5 % (25 à 45 g/j) comparativement à la trémie sèche. L’augmentation du gain moyen quo-tidien peut cependant s’accompagner d’une augmentation du gras dorsal, qui, dans certains cas, peut nuire à l’indice de clas-sement.

L’utilisation de la trémie humide permet de produire un porc d’un poids donné dans un temps plus court, ou encore de produire des porcs lourds pour une durée d’élevage fixe. Chacun de ces éléments liés à la per-formance est valable tant pour les aliments moulus que pour les aliments cubés.

CONVERSION ALIMENTAIREUne série d’études effectuées de 2000 à 2013 ont indiqué que la trémie sèche per-met d’obtenir de meilleures conversions alimentaires que la trémie humide. Sachez toutefois que cela n’est pas valable dans toutes les situations.

trémieENGRAISSEMENT

de laen

Lechoix

CONVERSION ALIMENTAIRE PAR TYPE DE TRÉMIE

Poussière Trémie Trémie Avantage sèche humide Bonne qualité de cube Amornthewaphat et coll., 2000 0 % 2,61 2,7 – 3,3 % sèche Pouliot et coll., 2005 n.d.* 2,02 2,08 – 2,9 % sèche Myers et coll., 2013 16 % 2,62 2,7 – 3,7 % sèche Mauvaise qualité de cube Amornthewaphat et coll., 2000 25 % 2,66 2,63 – 1,1 % humide Amornthewaphat et coll., 2000 50 % 2,73 2,72 Aucun Myers et coll., 2013 35 % 2,87 2,77 – 3,5 % humide

* Non déterminé

AFFAIRES AGRICOLES |

Tableau

L’auteurPierre Lessard, agronome, M. Sc. Nutritionniste en production porcine Olymel [email protected]

36 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

Lorsqu’on tient compte de l’ensemble des études où l’on utilise un aliment sous forme moulue, il est impossible d’établir clairement des différences de conversion alimentaire entre la trémie sèche et la tré-mie humide. Par contre, la trémie sèche est avantagée lorsqu’on utilise un aliment cubé : dans ce cas, la conversion alimentaire peut être améliorée jusqu’à 3,5 % avec la trémie sèche (tableau page 35).

Dans le contexte des prix d’aliments des quatre dernières années, la différence de conversion potentielle aurait représenté un coût d’alimentation de 3,50 $ à 4 $ par porc.

Cependant, l’amélioration de la conver-sion alimentaire dépend de la qualité du cube (tableau page 35). Lorsque le pourcen-tage de poussière dans le cube dépasse 15 %, la conversion en trémie sèche se détériore. La figure présente une étude comparative entre les trémies sèche et humide, avec trois qualités de cube comprenant 0, 25 ou 50 % de poussière. Dans le cas d’un cube parfait, la trémie sèche est avantagée, avec une conversion inférieure de 3,3 %. Par contre, à mesure que la qualité du cube se dégrade, la conversion à la trémie sèche se dégrade aussi, alors que la conversion à la trémie humide est très peu affectée. L’avantage économique de la trémie sèche dépend donc de l’utilisation d’un cube de qualité, avec comme référence un maximum de 10 à 15 % de poussière à la ferme.

LA TRÉMIE TUBULAIRELa trémie tubulaire fait partie de la catégo-rie des trémies humides. Le faible nombre d’études ne nous permet pas de qualifier ses performances techniques. L’une d’entre elles a fait une comparaison des critères techniques et mécaniques des trémies humide, sèche et tubulaire (Choinière et coll., 2011). La tubulaire a obtenu une note inférieure aux autres modèles en raison de la plus grande fragilité de ses mécanismes de réglage et de la durabilité moindre des tubes et des fixations. Compte tenu de l’importance du réglage des trémies pour la conversion alimentaire et le coût d’ali-mentation, il y a lieu de considérer d’autres modèles que la trémie tubulaire.

ESPACE MANGEOIRELe poids des porcs à l’abattage est passé de 107 kg vif en 2004 à 130 kg en 2014. Nous

avons non seulement un porc lourd, mais également un porc dont les épaules sont plus larges, ce qui augmente son besoin d’espace à la trémie. Pour une efficacité optimale, la production d’un porc de 130 kg demande une largeur de trémie de 34 cm (13,5 po). Cette recommandation est d’autant plus importante lorsque les tré-mies comportent trois trous et plus. Mal-gré l’augmentation du poids à l’abattage, la recommandation du nombre de porcs par trou demeure la même que pour un poids inférieur. La densité porcine suggérée à la trémie sèche est de 6 porcs/trou (5 à 8 porcs), alors qu’elle est de 11 porcs/trou (10 à 12 porcs) pour la trémie humide.

RÉGLAGE DES TRÉMIESC’est l’élément sur lequel l’éleveur a le plus d’influence pour obtenir les meilleures per-formances et abaisser le coût d’alimenta-tion. De nombreuses études ont indiqué une amélioration moyenne de la conver-sion alimentaire de 2,9 % lorsque les tré-mies étaient réglées adéquatement, ce qui représente jusqu’à 8 kg d’aliments par porc.

Dans la pratique, on voit des écarts allant jusqu’à 6 %, soit autour de 15 kg d’ali-ment gaspillé par animal. Pour une ferme ayant un cheptel de 1000 porcs, de 8 à 15 kg/porc représente annuellement de 22,5 à 42 tonnes d’aliments se retrouvant dans la fosse à lisier.

En engraissement, dans une trémie correctement réglée, la moulée devrait couvrir approximativement 40 à 60 % du fond. Si vous ne voyez pas le fond, vous avez à coup sûr du gaspillage de moulée. Avec un cube de qualité variable, la tré-mie sèche est plus difficile à régler que la trémie humide.

Pour choisir adéquatement le type de trémie, il faut

considérer les objectifs et capacités de son système de

production. L’objectif est-il de maximiser le poids de

sortie des porcs dans une durée d’élevage fixe ou

restreinte? Ou encore de faire le plus grand nombre de

rotations annuelles? Dans ces deux cas, la trémie humide sera plus appropriée, avec un avantage de 3 à 5 % de

gain de poids, soit 3 à 6 jours d’équivalent temps

d’engraissement ou bien 2,5 à 5,5 kg de poids vif

supplémentaire. Cet avantage vaut, peu importe la

présentation de l’aliment.Si le temps d’engraissement

ou le poids à l’abattage n’est pas un facteur limitant,

l’utilisation de la trémie sèche diminue le coût

de production, avec un avantage potentiel de 3,5 %

d’amélioration de la conversion ou près de

10 kg de moulée de moins par porc. Cette amélioration

est cependant conditionnelle à l’utilisation d’un cube

de qualité, comportant un maximum de 10 à 15 %

de poussière à la ferme. Pour atteindre ce standard

et assurer la qualité du cube, les meuneries doivent parfois

utiliser des ingrédients qui font croître le coût

de l’aliment. Lorsque la qualité du cube est variable,

la trémie humide offre par contre un rendement

plus constant.

CONVERSION ALIMENTAIRE PAR TYPE

2,75

2,70

2,65

2,60

2,55

CON

VERS

ION

0 25 50

2,61

2,66

2,732,70

2,63

2,72

Am

ornt

hew

apha

t et c

oll.,

2000

Trémie sècheTrémie humide

TAUX DE POUSSIÈRE

FigureChoix d’une trémie, éléments à considérer

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38 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

PHO

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ISTO

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SÉLECTIONET MILIEU D’ÉLEVAGE

TEXTE DE NICOLE DION, AGRONOME, PH. D.

LA SÉLECTION DES REPRODUCTEURS DOIT SE FAIRE, DANS LA MESURE DU POSSIBLE, DANS LES MÊMES CONDITIONS QUE CELLES OÙ AURA LIEU LA PRODUCTION COMMERCIALE. LE MILIEU D’ÉLEVAGE DEVIENT AINSI LA CLÉ PRINCIPALE POUR DÉCIDER OÙ ET COMMENT SE FERA LA SÉLECTION.

Depuis des siècles, l’homme a com-pris qu’on peut domestiquer les animaux et s’est employé à sélectionner les meilleurs reproducteurs. Graduellement, avec l’affi-nement des connaissances en biologie, puis en génétique, la sélection s’est faite de plus en plus sur des bases scientifiques. En même temps que les connaissances en génétique se perfectionnaient, des amélio-rations importantes au milieu (alimenta-tion, bâtiment, bien-être animal, gestion et conduite, etc.) ont permis un accroissement considérable des performances.

Le lien entre sélection et milieu d’éle-vage est très important. C’est pourquoi des animaux sélectionnés dans un milieu à température modérée ne donnent pas nécessairement les mêmes performances dans un milieu à température tropicale. Il est donc primordial que les futurs animaux de reproduction soient sélectionnés dans un milieu semblable à celui de la produc-tion commerciale. Et il faut aussi que les informations reçues à propos des futurs reproducteurs soient comparables sur une même base.

La performance d’un animal reflète l’expression de deux caractéristiques bien différentes : la génétique et l’environne-ment. Les différences de performance

peuvent être soit génétiques, soit envi-ronnementales, ou une combinaison des deux. Les améliorations de performance obtenues par la génétique seront en partie transmises à la génération suivante, mais pas celles obtenues par l’environnement ! Et plus l’héritabilité d’un caractère est éle-vée, plus l’amélioration se transmettra à la génération suivante (tableau 1).

L’héritabilité représente le pourcentage de la performance qui est attribuable à la génétique. En général, les caractères liés à la reproduction ont une plus faible héritabilité et ceux liés à la croissance ont une plus forte héritabilité. Ainsi, quand on observe que la conversion alimentaire a une héritabilité de 0,30, cela signifie que 30 % de la variation de la performance est due à la génétique et que 70 % est due à l’environnement (réglage des trémies, composition de l’aliment, densité animale, température, etc.). Mais ce n’est pas parce qu’un caractère a une faible héri-tabilité qu’il n’est pas sélectionnable. On observera aussi une amélioration, mais elle sera plus lente, ou bien il faudra effectuer un effort de sélection plus important pour ce caractère, comme la sélection pour la prolificité, qui a permis – et permet encore – d’augmenter le nombre de porcelets sevrés par portée.

Pour comparer les performances des animaux, il faut donc comparer les perfor-mances dans le même milieu et avec les mêmes ajustements. En sélection, on utilise des groupes contemporains (ou cohortes) d’animaux qui vivent les mêmes évène-ments ensemble tout au long de leur vie. Les porcelets de race et sexe identiques d’une même bande de naissance chez Sogeporc sont tous élevés dans le même

| AFFAIRES AGRICOLES

L’auteureNicole Dion, agronome, Ph. D. Généticienne [email protected]

39COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

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bâtiment, avec la même alimentation. Ce qui permet de comparer leurs performances brutes. Leurs performances sont ajustées à un même poids vif afin d’avoir une com-paraison juste. De même, leurs mesures sont prises à des poids reflétant le niveau actuel de la production commerciale pour connaître le potentiel des animaux allant jusqu’à des poids vifs de 140 kg (approxi-mativement 113 kg carcasse).

En sélection, toutefois, on ne se limite pas aux comparaisons de performances brutes, on utilise des valeurs génétiques générées par un calcul mathématique appelé BLUP. Le BLUP permet d’éliminer une grande partie des facteurs environne-mentaux et tient compte des performances des animaux apparentés (parents, grands-parents, descendants, cousins, etc.) pour calculer l’indice de potentiel génétique, ou IPG, d’un animal. Les IPG permettent de comparer et de sélectionner les meilleurs animaux d’une race. Actuellement, en sélec-tion porcine, les IPG sont calculés par race et ne doivent pas être utilisés pour com-parer des animaux de race différente. Par exemple, on observe cinq animaux qui ont été mesurés pour l’épaisseur de gras dor-sal (tableau 2). Les deux premiers animaux ont une épaisseur moins élevée, mais ce ne

sont pas les meilleurs. Si on tient compte de l’environnement et des animaux appa-rentés, c’est l’animal D qui a la meilleure valeur génétique.

La sélection influence le génome même de l’animal. Ainsi, on observe un change-ment en ce qui a trait à la fréquence de certains gènes dans une population, allant même jusqu’à l’élimination complète de certaines formes de gènes qui ne répondent pas aux critères de performance souhai-tés dans l’environnement où sont élevés les animaux. En comparant le génome de bovins africains à celui de bovins euro-péens, il a été démontré qu’avec le temps la sélection a modifié le génome pour garder les gènes qui s’expriment le mieux en fonction du milieu. Et savez-vous que la publication du génome porcin a permis de confirmer ce que les chercheurs de truffes savaient déjà ? Le porc possède plus de gènes olfactifs que l’homme ou même que le chien; par contre, son sens du goût est peu développé.

Si vous voulez que vos animaux aient d’excellentes performances, choisissez vos futurs reproducteurs parmi ceux qui ont été sélectionnés dans un environne-ment se rapprochant de votre milieu de production.

Caractère Héritabilité moyenne

Porcelets nés vivants 0,09

Reproduction Poids portée naissance 0,29

Survie naissance-sevrage 0,05 Poids portée sevrage 0,17 Gain moyen quotidien 0,31Croissance Conversion alimentaire 0,30 Gras dorsal 0,49Carcasse Rendement en viande 0,48Source : Rothschild et Ruvinsky, 1998

Animal Épaisseur de gras Poids à la Valeur génétique du brute (mm) mesure (kg) gras (IPG, en mm)

A 8,9 128 -1,62 B 8,9 127 -1,64 C 9,9 131 -1,53 D 9,9 126 -1,78 E 9,9 128 -1,36

HÉRITABILITÉ DE DIVERS CARACTÈRES CHEZ LE PORC

VALEUR GÉNÉTIQUE EN FONCTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DES ANIMAUX APPARENTÉS

Tableau 1

Tableau 2

40 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

INFLUENZA AVIAIRE :PRENEZ GARDE !

TEXTE DE BENOIT LANTHIER, DMV M. SC.

Depuis la fin de l’année 2014, on a abattu plus de 48 millions d’oiseaux en Amérique du Nord pour lutter contre l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). Malgré un ralentissement de l’épidémie, la vigilance reste de mise.

Les premiers cas ont été déclarés en décembre 2014, en Colombie-Britannique. Au total, 11 troupeaux commerciaux ont été affectés dans cette province. En janvier et février 2015, deux cas ont été signalés plus au sud, en Californie.

En mars, quelques cas ont été déclarés dans le Midwest américain, marquant le début de la phase la plus dévastatrice de l’épidémie. Durant les mois d’avril et de mai, les nouveaux troupeaux affectés se comptaient par dizaines chaque semaine, principalement au Minnesota et en Iowa (voir le graphique). C’est au plus fort de l’épidémie que de nouveaux cas ont été recensés au Canada, en Ontario cette fois. Heureusement, l’industrie ontarienne a bien réagi, limitant l’épidémie à trois cas.

Juin a été plus calme, avec seulement 19 nouveaux cas, la majorité au début du mois. Depuis le 17 juin, aucun nouveau cas n’a été signalé dans un troupeau commercial.

Au total, ce sont 48 millions d’oiseaux, sur un peu plus de 200 sites – principale-ment des pondeuses commerciales et des dindes –, qui ont été affectés.

LA MALADIELe virus de l’IAHP à l’origine de la récente épidémie est un H5N2 issu d’une souche d’influenza aviaire eurasienne hautement pathogène. Le principal signe d’infection dans un troupeau est une mortalité éle-vée, pouvant atteindre près de 100 % en 48 heures. Dans les troupeaux de pondeuses commerciales en cage, la transmission se fait beaucoup plus lentement, et il est pos-sible que l’évolution de la maladie s’éche-lonne sur une vingtaine de jours.

Il n’existe aucun traitement. La seule méthode efficace de lutte contre une épi-démie d’IAHP est la dépopulation rapide. Lorsqu’un troupeau est infecté, le virus se réplique dans les oiseaux, puis est excrété et contamine l’environnement, ce qui aug-mente les probabilités d’infecter un autre site. Les experts intervenus dans l’épidé-mie aux États-Unis jugent que pour conte-nir efficacement le virus, la dépopulation devrait avoir lieu dans les 24 heures sui-vant le diagnostic. Plus longtemps on garde en vie un troupeau infecté, plus il excrète le virus et risque d’en infecter un autre.

Des vaccins sont offerts dans certains pays, mais leur efficacité n’est pas suffi-samment bonne pour en justifier l’utilisa-tion. Ils ne font que réduire la sévérité du passage du virus, mais n’empêchent pas les oiseaux de s’infecter ni d’excréter le virus. L’usage des vaccins permet de garder en vie sur une longue période des oiseaux porteurs et excréteurs du virus, ce qui crée des réser-voirs de virus. Dans les régions où le virus de l’influenza aviaire est endémique, les vac-cins permettent de réduire les dommages associés à cette maladie et de continuer la production de volaille. Par contre, dans les régions telles que le Canada et les États-Unis, où le virus n’est normalement pas présent, l’usage de vaccins empêcherait l’éradication et serait donc contreproductif à long terme.

FACTEURS PRÉDISPOSANT À L’INFECTIONLes oiseaux migrateurs peuvent être des porteurs asymptomatiques du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène. Cela signifie que lorsqu’ils migrent vers le nord ou le sud, il est possible qu’ils excrètent

| AFFAIRES AGRICOLES

L’auteur Benoit Lanthier, DMV M. Sc. Médecin vétérinaire La Coop fédérée [email protected]

41COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

CAS D’INFLUENZA AVIAIRE DÉTECTÉS PAR SEMAINE DANS LES TROUPEAUX COMMERCIAUX AUX ÉTATS-UNIS

le virus par leurs fientes dans l’environne-ment autour des poulaillers, sans présenter eux-mêmes de signes de maladie.

La carte géographique ci-contre distingue les quatre voies migratoires existantes. Les oiseaux de ces voies se rencontrent en hiver dans le Sud et en été dans l’Arctique. Des oiseaux de différentes voies migratoires peuvent y avoir des contacts entre eux et amemer le virus dans une autre voie.

Au début de l’hiver dernier, les cas ont eu lieu dans des zones situées dans l’ouest du continent, dans la voie migra-toire du Pacifique. Les premiers cas ont commencé dans le Nord, puis les suivants ont eu lieu plus au sud, au rythme de la migration des oiseaux. Au printemps, ce sont principalement dans des régions de la voie migratoire du Mississippi que les cas ont été recensés, commençant dans le Sud et remontant vers le nord. Il est donc plausible que, à l’automne, des oiseaux migrateurs reviendront de l’Arctique porteurs du virus H5N2 et descendront vers le sud par la voie de l’Atlantique, qui inclut le Québec.

Puisque qu’aucune méthode de pré-vention efficace n’existe, il est essentiel de mettre en place les mesures de biosécurité requises afin d’éviter l’introduction du virus dans les poulaillers. Ces mesures devraient-prévenir une contamination provenant soit d’oiseaux sauvages, soit d’un autre site contaminé lors d’une épidémie.

EN PRÉVENTION…Pour mettre en évidence les éléments de bio-sécurité ayant le plus grand impact pour la prévention de l’IAHP, une étude a été menée

par le National Animal Health Monitoring System (NAHMS). Trois éléments impor-tants sont ressortis : la collecte par camion des oiseaux morts près des poulaillers, la collecte des ordures près des poulaillers et le non-respect des mesures de biosécurité à l’entrée (le port d’un survêtement et de bottes propres). Ces éléments ont un point en commun : ils laissent la possibilité d’intro-duire le virus sur le site à partir d’un autre site contaminé (par les camions), puis dans le poulailler (par le non-respect des mesures de base).

La présence d’un troupeau infecté à proximité est également ressortie comme un facteur de risque extrêmement impor-tant. Une dépopulation rapide est recom-mandée pour limiter le nombre de jours où des oiseaux excréteurs du virus sont à proximité de troupeaux encore sains. Ce printemps, aux États-Unis, le nombre de cas a rapidement excédé les capacités de l’in-dustrie à procéder à la dépopulation. Dans certains cas, le temps entre le diagnostic et la dépopulation a dépassé les 15 jours, ce qui a contribué à empirer la situation.

Pour contenir d’éventuelles épidémies, il est primordial que l’industrie et les auto-rités gouvernementales aient une excel-lente communication afin de déployer des mesures d’urgence efficaces. La préparation consiste entre autres à déterminer comment se procurer le matériel nécessaire à la dépo-pulation et l’acheminer à des poulaillers de diverses régions. Ce travail doit être fait à l’avance, car face à un cas, chaque heure est une heure de trop qui permet aux oiseaux d’excréter le virus et à l’influenza aviaire de contaminer un autre troupeau !

Source : Ducks Unlimited, www.ducks.org

VOIES MIGRATOIRES

Source : Center for Disease Control, juillet 2015

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Voie du Pacifique

Voie centrale

Voie du Mississippi

Voie de l’Atlantique

42 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

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MBL

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APAQ

TEXTE D’ÉTIENNE GOSSELIN, AGRONOME, M. SC.

DEPUIS 1958, LA FAMILLE RIVARD ÉVOLUE DANS LE MONDE HYPERSPÉCIALISÉ DE LA PRODUCTION DE POMMES DE TERRE DE SEMENCE. MAIS CELA NE L’EMPÊCHE PAS DE POURSUIVRE LE DÉVELOPPEMENT DE SON ENTREPRISE EN DIVERSIFIANT LES CULTURES, CE QU’ONT APPRÉCIÉ LES JUGES DE L’ORDRE NATIONAL DU MÉRITE AGRICOLE (ONMA).

Si Kévin Rivard était un objet, il serait un couteau suisse. Plein de ressources et de connaissances pratiques et théoriques dans son couteau de poche – un diplôme d’études collégiales en gestion et exploita-tion d’entreprise agricole de l’ITA de Saint-Hyacinthe, un baccalauréat en agronomie de l’Université Laval et un certificat en droit de la même université –, le dynamique

EN VOIE DE DIVERSIFICATION

jeune homme de 23 ans a remporté la Men-tion de la formation agricole de la relève de l’ONMA 2014, qui s’ajoutait à la médaille convoitée par-dessus tout par les action-naires de Productions Rivard : celle de bronze, premier rang national, le tout avec 871 points, loin, loin devant le seuil de pas-sage, fixé à 700 points pour l’obtention d’une médaille de ce type.

Productions

43COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

PHO

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MBL

AY, M

APAQ

Comme projet de fin d’études à l’ITA, Kévin Rivard souhaitait diversifier les reve-nus de l’entreprise et répartir les risques, alors concentrés sur les pommes de terre. Carottes et rutabagas ont donc été plantés à petite échelle durant deux ans. En 2014, avec 10 ha de ces légumes-racines et un investissement dans une récolteuse spé-cialisée pour ceux-ci, on ne pouvait plus parler d’un projet !

La culture des pommes de terre dans les sols légers de Saint-Ambroise demeure quand même importante pour Produc-tions Rivard, car elle totalise 263 ha dans une ferme qui jardine 600 ha au total (les cultures de rotation, comme les céréales et les engrais verts, occupent environ les deux tiers des surfaces). La moitié du volume s’oriente vers le marché de la pomme de terre de table – avec une quinzaine de variétés de toutes les formes et de toutes les couleurs –, l’autre moitié se dirigeant

Productions

1. Kévin Rivard prend sa place dans l’entreprise Productions Rivard. Il cumule des responsabilités, ce qui lui fait passer jusqu’à trois heures par jour au téléphone cellulaire durant les périodes les plus occupées !

2. Productions Rivard se fait un devoir de mettre par écrit et de réviser en profondeur chaque année son plan stratégique, qui définit les objectifs de l’entreprise à court, moyen et long terme ainsi que les actions et les investissements nécessaires pour les atteindre.

3. Diversification, croissance et innovation sont les mots clés pour qualifier Productions Rivard, qui tire 90 % de ses revenus de la production de pommes de terre – pour la table et pour la semence.

Rivard

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3

1AFFAIRES AGRICOLES |

44 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

PHO

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vers le marché de la semence, chez une centaine de clients preneurs de variétés hâtives, de mi-saison et tardives. Le climat tempéré du Saguenay–Lac-Saint-Jean et son éloignement des bassins de production commerciale favorisent des tubercules de haute qualité phytosanitaire. Et à propos de qualité, l’entreprise est certifiée CanadaGAP depuis 2012.

Productions Rivard se démarque cer-tainement par le sérieux de ses dirigeants. « Méthodique et perfectionniste », c’est ainsi que se définit l’agronome Kévin, qui s’est joint à l’entreprise appartenant à ses parents, Julien Rivard et Christine Gauthier, au printemps dernier. « C’est une ferme d’avant-garde qui a connu une croissance élevée dans les dernières années par l’achat de terres, souligne de son côté l’expert-conseil et technologue Richard Larouche, de Nutrinor coopérative. Les Rivard-Gauthier sont à l’affût des nouvelles techniques et des nouveaux équipements. Ils viennent d’ailleurs d’ajouter à leur système d’irri-gation une rampe automotrice, ce qui démontre le sérieux de leur engagement dans leur secteur de production. »

SAVOIR S’ORGANISERIl y a l’entreprise Productions Rivard, qui produit des légumes en embauchant 23 employés (dont 5 à temps plein), mais si ce n’était que cela! L’organigramme des actionnariats et des associations de la ferme est autrement plus complexe – ce

qui est souhaitable, selon Kévin Rivard. « Le succès d’une entreprise est possible si on travaille en collaboration avec d’autres producteurs. C’est en se souciant de la qualité des produits et en cultivant un esprit de groupe qu’on réussit. »

Productions Rivard détient donc des actions dans Patates Saint-Ambroise (coen-treprise d’emballage appartenant à cinq producteurs, qui embauche une vingtaine d’employés) et dans Légupro (coentreprise de transformation des tubercules surtout active sur le marché institutionnel, qui emploie une dizaine de personnes). La ferme est aussi membre, comme 24 autres producteurs de la région, de Québec Parmentier, sorte de guichet unique de ser-vices, que préside d’ailleurs Julien Rivard. Ce regroupement compte deux branches distinctes : Propur, qui chapeaute la com-mercialisation des pommes de terre pour le marché de la table; et SEQ Marketing, qui se charge de la commercialisation des pommes de terre de semence. Plus des trois quarts de la production saguenéenne trouve preneur à l’extérieur de la région – aussi loin qu’en Nouvelle-Angleterre ou en Californie.

Si cet enchevêtrement de succursales apparaît complexe pour le profane, il est très clair pour les initiés que sont les Rivard!

4. « Participer au concours du Mérite agricole fut une expérience agréable », soutient l’agronome Kévin Rivard, flanqué ici de ses parents, Julien Rivard et Christine Gauthier. « La visite des juges est enrichissante, et ce fut bien de partager notre passion avec eux. »

QUELLE NOTE AURIEZ-VOUS SUR 1000 POINTS?Depuis 125 ans, le gouvernement du Québec reconnaît l’apport exceptionnel d’individus et d’entreprises à l’avancement de l’agriculture québécoise par un concours prestigieux : l’Ordre national du mérite agricole (ONMA). En 2014, 83 candidatures provenant de l’Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec, du Bas-Saint-Laurent, de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord se faisaient la lutte dans les trois catégories : bronze, argent et or.

LA GRILLE DES JUGESGestion de l’appareil de production 355 pointsGestion des ressources financières 300 pointsGestion des ressources humaines 175 pointsGestion agroenvironnementale 125 pointsRayonnement social 45 pointsTotal 1000 points

4

45COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

PHO

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SACHANT QUE LES ENGRAIS ORGANIQUES, OU LES FUMIERS, FOURNISSENT UN APPORT APPRÉCIABLE DE POTASSIUM ET DE SOUFRE, ON PEUT SE DEMANDER : A-T-ON BESOIN D’UN APPORT SUPPLÉMENTAIRE DE CES ÉLÉMENTS SOUS FORME MINÉRALE DANS LES PRAIRIES DE LÉGUMINEUSES, ET EN PARTICULIER DANS LA LUZERNE ?

Pour répondre à cette question du point de vue tant agronomique qu’écono-mique, le réseau La Coop, par l’entremise de sa Ferme de recherche en productions végétales, a mis en place des essais de fer-tilisation potassique et de soufre dans la luzerne.

DES ESSAIS AUX CHAMPSAvec la participation de trois producteurs collaborateurs du Bas-Saint-Laurent, des Bois-Francs et de la Rive-Nord, nous avons mené un essai sur trois ans (2012 à 2014). Le protocole était le suivant :• En 2011, on a planté dans les champs un

mélange fourrager Elite certifié conte-nant au minimum 45 % de luzerne.

• Les traitements suivants ont été appli-qués sur le tiers de chaque champ après la première coupe :

– T1 : témoin.– T2 : 60 kg/ha de K sous forme de muriate

de potassium (0-0-60) + 1 kg/ha de bore (2012-2013-2014).PH

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DE NEUF ?dans la

etPotasseluzerne

soufreQUOI

– T3 : 60 kg/ha de K sous forme de sulfate de potassium (0-0-50 18 S) + 1 kg/ha de bore (2012-2013-2014). Le sulfate de potassium apportait 21,6 kg/ha de soufre en plus de la potasse.

– Chaque traitement a été effectué sur une seule parcelle par site. Le niveau de fer-tilité en K des trois sites en début d’essais variait entre 164 et 250 kg/ha.

– L’application de fumier ou de lisier a été effectuée sur l’ensemble du champ après la deuxième ou la troisième coupe, selon les pratiques des producteurs.

Pour chacun des traitements, on a recueilli les données de rendement et pris la mesure de la valeur alimentaire des four-rages récoltés. Le sommaire des données apparaît dans les tableaux 1, 2 et 3.

INTERPRÉTATIONLe tableau 1 en page 46 indique une amélio-ration du rendement entre le témoin, ayant reçu uniquement de l’engrais organique, et les traitements 2 et 3, qui ont tous deux reçu

TEXTE DE LAURIER DOUCET, T.P., LUCIE KABLAN, PH. D. ET BRIGITTE LAPIERRE, AGRONOME

AFFAIRES AGRICOLES |

Les auteursLaurier Doucet T.P. Conseiller spécialisé en plantes fourragères [email protected] Kablan Ph. D. Chercheuse en productions végétales [email protected] Lapierre agronome Conseillère spécialisée en plantes fourragères et conservateurs d’ensilage et céréales [email protected]

46 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

un apport supplémentaire de fertilisation minérale.

Bien que l’écart de rendement entre T1 et T2 (455 kg/ha) ne soit pas statistiquement différent, le traitement T2 s’avère tout de même rentable (tableau 3). Pour T3, la combi-naison d’un apport de soufre avec la potasse a donné une augmentation de rendement plus appréciable (1160 kg/ha), offrant de sur-croît une très bonne rentabilité (tableau 3).

Quant à la valeur alimentaire (tableau 2), on ne peut pas tirer une conclusion claire sur l’impact de la fertilisation en potasse ou en soufre sur le niveau de protéines des fourrages, car il s’agit d’un résultat partiel. Par contre, on observe une amélioration significative du niveau de protéines dans la coupe qui suit l’application de la fertilisation minérale deux années sur trois.

Le soufre joue un rôle important dans la fabrication des acides aminés, qui consti-tuent les composants de base des protéines. Étant donné que l’apport en soufre prove-nant des pluies acides a beaucoup diminué au cours des 20 à 25 dernières années, il devient pertinent d’envisager un apport en soufre dans la fertilisation minérale des prairies.

On estime que la luzerne prélève de 5 à 6 kg/ha de soufre par tonne de matière sèche récoltée. Pour un rendement de 7 tonnes/ha, il faut donc avoir de 35 à 42 kg de soufre dis-ponible pendant la saison. La minéralisation du soufre provenant de la matière organique et des fumiers est-elle suffisante ? Le soufre limite-t-il le rendement ? Ces questions ne sont pas simples.

Il n’existe actuellement aucun test du sol fiable pour le soufre. Les concentrations de sulfates sont très variables et peuvent être lessivées entre l’échantillonnage du sol et la croissance des plantes. Par contre, l’analyse foliaire de la luzerne entre le stade mi-bouton jusqu’au début de la floraison est considé-rée comme une approche de diagnostic appropriée pour déterminer les carences en soufre.

Une enquête sur le terrain réalisée en Ontario en 2012 (tableau 4) a relevé des niveaux de soufre contenu dans la plante sous le seuil critique dans 21 % des cas, alors que pour le potassium, c’est presque deux fois plus, soit 37 % des échantillons analysés.

Des essais sur la fertilisation en soufre ont également été réalisés en Ontario par le ministère de l’Agriculture (MAAARO), et les résultats obtenus ont été très variables. Certains sites n’ont montré aucune réponse à l’application de soufre. Cependant, le site le plus sensible a indiqué une augmentation de rendement spectaculaire de 3,8 tonnes de matière sèche/ha dans un mélange luzerne-graminées, avec une hausse de protéine brute de quatre points de pourcentage !

LES SOURCES DE SOUFREOn peut classer en deux catégories les nombreuses sources de soufre disponibles : les sulfates – rapidement disponibles à la plante, mais plus chers – et les formes dites élémentaires, moins coûteuses, mais qui doivent être transformées par les microor-ganismes du sol pour ensuite être dispo-nibles à la culture. L’Université du Wisconsin

Rendement total - 100 % MS (kg/ha)Total 2012 2013 2014 Moyenne T1-Témoin 6977 5861 4668 5836 b

T2-0-0-60+1 B 7320 6590 4963 6291 b*

T3-0-0-50+1 B 7947 6530 6507 6996 a

RENDEMENTS DE PRAIRIES DE LUZERNE À LA SUITE D’APPLICATIONS D’ENGRAIS MINÉRAUX (MOYENNE DE TROIS SITES)

Traitement Coût Revenu Écart de revenu Écart net ($/ha) ($/ha) vs témoin ($/ha)

T1-Témoin - 1313 $ - -

T2-0-0-60 +1 B 78 $ 1416 $ 103 $ 25 $

T3-0-0-50 +1 B 149 $ 1574 $ 261 $ 112 $

RENDEMENT DE L’INVESTISSEMENT DE L’AJOUT D’ENGRAIS MINÉRAUX AUX PRAIRIES DE LUZERNE

Protéine brute (%) Traitement 2012 2013 Moyenne

T1- Témoin 17,3 13,7 15,5 b*

T2- 0-0-60+1 B 17,1 14,9 16,0 ab

T3- 0-0-50+1 B 17,5 16,4 17,0 a

VALEUR ALIMENTAIRE DES FOURRAGES TIRÉS DES PRAIRIES DE LUZERNE SOUS ÉTUDES (DEUXIÈME COUPE, MOYENNE DE TROIS SITES)

Deux coupes pour le site du Bas-Saint-Laurent et trois coupes pour les deux autres sites.* Les chiffres suivis d’une même lettre ne sont pas statistiquement différents (Duncan; p=0,10).

* Les chiffres suivis d’une même lettre ne sont pas statistiquement différents (Duncan; p=0,10)

Données de base : prix des engrais en janvier 2015; fourrages à 225 $/t M.S.; moyenne de rendement des années 2012 à 2014

Tableau 1

Tableau 3

Tableau 2

47COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

recommande de 28 à 56 kg/ha de soufre élé-mentaire au moment de l’implantation, ce qui contribue à la banque du sol, et de 17 à 28 kg/ha par année de soufre sous forme de sulfate sur les peuplements établis comme fertilisation d’entretien.

UNE STRATÉGIE DE FERTILISATION EN SOUFREÉtant donné que les niveaux de potassium dans la plante sont deux fois plus souvent sous le seuil critique que dans le cas du soufre (tableau 4), il faut fournir un apport en potasse en combinaison avec le soufre pour maximiser l’effet de levier de la fertilisation soufrée. De façon pratique, l’ajout de sulfate d’ammonium (21-0-0 24 S) ou de kiesérite (0-0-0 15 Mg 20 S) en mélange avec la potasse (0-0-60) lors d’une fertilisation d’entretien permet un apport en soufre intéressant, en plus de l’azote ou du magnésium, selon la source utilisée.

LA SURVIE À L’HIVER DANS TOUT ÇA ?C’est bien connu et très documenté : une application de potasse à l’automne augmente les chances de survie des légumineuses pen-dant l’hiver. L’apport de potassium en fin de saison, lorsque la luzerne amorce sa dor-mance, soit de quatre à six semaines avant le gel mortel, lui permet d’emmagasiner des réserves sous forme d’hydrates de carbone dans le système racinaire. Ces dernières permettent le passage d’une saison à l’autre

avec plus de succès, tout en améliorant la vigueur et le rendement au printemps.

CONCLUSIONDans la fertilisation des prairies, tout comme dans les autres cultures, il faut constamment « travailler sur la planche la plus courte du tonneau » ! C’est-à-dire rechercher le facteur limitant la progression du rendement. À la lumière des résultats présentés, nous vous suggérons d’explorer l’option d’intégrer un apport de potasse et de soufre sous forme minérale dans votre plan de fertilisation. Le coût de production des fourrages demeure un enjeu majeur en productions animales, et c’est en partie par l’augmentation du rendement qu’on peut le diminuer.

ÉTUDES DES CARENCES EN NUTRIMENTS DANS DES CHAMPS DE LUZERNE EN ONTARIO EN 2012

Pourcentage de champs sous le seuil critique de concentration en nutriments Source : Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario

Ontario

Tableau 4

Mn (20 ppm)

B (20 ppm)

S (0,25 %)

K (1,7 %)

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Avis aux producteurs sur l’utilisation responsable des caractèresMonsanto Company est membre du groupe Excellence Through StewardshipMD (ETS). Les produits de Monsanto sont commercialisés conformément aux normes de mise en marché responsable de l’ETS et à la politique de Monsanto pour la commercialisation des produits végétaux issus de la biotechnologie dans les cultures de base. L’importation des produits commercialisés a été approuvée dans les principaux marchés d’exportation dotés de systèmes de réglementation compétents. Toute récolte ou matière obtenue à partir de ce produit ne peut être exportée, utilisée, transformée ou vendue que dans les pays où toutes les approbations réglementaires nécessaires ont été accordées. Il est illégal, en vertu des lois nationales et internationales, d’exporter des produits contenant des caractères issus de la biotechnologie dans un pays où l’importation de telles marchandises n’est pas permise. Les producteurs devraient communiquer avec leur négociant en grains ou acheteur de produit pour confirmer la politique de ces derniers relativement à l’achat de ce produit. Excellence Through StewardshipMD est une marque déposée de Excellence Through Stewardship.

VEUILLEZ TOUJOURS LIRE ET SUIVRE LES DIRECTIVES DES ÉTIQUETTES DES PESTICIDES. Les cultures Roundup ReadyMD possèdent des gènes qui leur confèrent une tolérance au glyphosate, l’ingrédient actif des herbicides RoundupMD pour usage agricole. Les herbicides RoundupMD pour usage agricole détruiront les cultures qui ne tolèrent pas le glyphosate. La technologie de traitement de semences AcceleronMD pour le canola contient les matières actives difénoconazole, métalaxyl (isomères M et S), fludioxonil et thiaméthoxam. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le canola plus VibranceMD est une combinaison de deux produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives difénoconazole, métalaxyl (isomères M et S), fludioxonil, thiaméthoxam et sedaxane. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le maïs (fongicides et insecticide) est une combinaison de quatre produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine, ipconazole et clothianidine. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le maïs (fongicides seulement) est une combinaison de trois produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine et ipconazole. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le maïs avec PonchoMD/VoTivoMC (fongicides, insecticide et nématicide) est une combinaison de cinq produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives métalaxyl, trifloxystrobine, ipconazole, clothianidine et la souche Bacillus firmus I-1582. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le soya (fongicides et insecticide) est une combinaison de quatre produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives fluxapyroxad, pyraclostrobine, métalaxyl et imidaclopride. La technologie du traitement de semences AcceleronMD pour le soya (fongicides seulement) est une combinaison de trois produits distincts homologués individuellement qui, ensemble, contiennent les matières actives fluxapyroxad, pyraclostrobine et métalaxyl. Acceleron et le logoMD, AcceleronMD, DEKALB et le logoMD, DEKALBMD, Genuity et le logoMD, GenuityMD, JumpStartMD, Refuge Intégral et le logoMD, Refuge IntégralMD, Roundup Ready 2 Technologie et le logoMC, Roundup Ready 2 RendementMD, Roundup ReadyMD, Roundup TransorbMD, Roundup WeatherMAXMD, RoundupMD, SmartStax et le logoMD, SmartStaxMD, TransorbMD, VT Double PROMD et VT Triple PROMD sont des marques de commerce de Monsanto Technology LLC. Utilisation sous licence. VibranceMD et FortenzaMD sont des marques déposées d’une société du groupe Syngenta. LibertyLinkMD et le logo de la goutte d’eau sont des marques de commerce de Bayer. Utilisation sous licence. HerculexMD est une marque déposée de Dow AgroSciences LLC. Utilisation sous licence. PonchoMD et VotivoMC sont des marques de commerce de Bayer. Utilisation sous licence. Toutes les autres marques de commerce appartiennent à leur titulaire respectif.

48 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

COMMENT MOTIVER SES EMPLOYÉSUn employé motivé déploie volontairement des efforts au-dessus de la moyenne pour livrer un travail de qualité. La motivation n’est pas un état stable, propre à l’individu et indépendant de l’environnement. Certains facteurs viennent de l’individu, mais d’autres proviennent de l’organisation. Le rôle du patron est d’abord de recruter la bonne personne pour l’emploi vacant, puis de créer les conditions pour faciliter la motivation. Un des facteurs les plus négligés, et qui ne coûte absolument rien, est la reconnaissance verbale (ou la rétroaction). Pour qu’une rétroaction soit efficace, elle doit être fréquente, exacte, explicite et ponctuelle (transmise au bon moment). Alors, patrons et patronnes, ravalez votre orgueil et utilisez la reconnaissance verbale. Peu d’investissements coûtent aussi peu que celui-ci et rapportent aussi gros ! (www.pierrettedesrosiers.com)

LE POUVOIR D’INTERNETUn des effets incontestables de la venue d’Internet est l’augmentation du pouvoir entre les mains du consommateur. Le domaine agricole n’échappe pas à cette vague. L’utilisation massive d’Internet permet aux producteurs de s’informer, de s’approvisionner, d’améliorer leurs pratiques. Mais il y a plus. Une nouvelle génération d’outils leur donne encore plus de pouvoir en les conseillant directement sur des pratiques à adopter ou sur des problèmes potentiels auxquels s’attaquer. Par exemple, un nouvel outil mobile alerte le producteur lorsqu’un problème surgit dans un de ses champs. Un autre outil lui recommande les mesures à prendre, tout en faisant le lien avec sa rentabilité potentielle à la fin de la saison. Ces outils ne sont pas encore parfaitement au point. Mais nul doute que la tendance ne va pas s’inverser !

FORTE CONSOLIDATION EN VUE DANS LE SECTEUR PORCIN Le numéro un mondial de la transformation de la viande, le brésilien JBS, est en voie de mettre la main sur l’ensemble des activités porcines de Cargill aux États-Unis. Avec cet achat, d’une valeur de 1,45 G$, JBS va augmenter sa capacité à 20 millions de porcs abattus par année. C’est l’équivalent de trois fois la production québécoise. JBS, dont les premières acquisitions en sol américain remontent à 2007, transformera presque le cinquième de tous les porcs de ce pays. Cette transaction est conditionnelle à l’autorisation du Bureau américain de la concurrence. Mais selon les analystes, il est peu probable qu’elle soit refusée, puisque le Bureau avait autorisé l’acquisition de Smithfield (le plus gros producteur-transfor-mateur) par l’entreprise chinoise Shuangui. Si la transaction obtient son aval, Shuangui et JBS produiront presque la moitié de toute la viande porcine américaine.

L’avoir net des entreprises agricoles a explosé ces dernières années, en grande partie grâce à l’embellie du prix des terres. C’est ainsi qu’en seulement cinq ans l’avoir net d’une ferme du Québec a augmenté de 600 000 $, pour atteindre 1,6 M$. Du côté de l’Ontario, l’avoir net moyen d’une ferme a carrément doublé durant cette même période et s’élève maintenant à 2,6 M$. Parallèlement, le taux d’endettement des entreprises a diminué dans les deux provinces et atteint son plus faible niveau depuis une vingtaine d’années. (Source : Statistique Canada; nos calculs)

BAISSE DU PRIX DU LAITLa baisse notable du prix du lait, qui est passé de 82,45 $/hl en mars à 77,12 $/hl au mois de mai, a affecté de manière considérable la marge par kilogramme de gras vendu. Mais comment s’est-elle reflétée sur la marge alimentaire ? Pour le mois de mars, les producteurs inscrits aux Tableaux mensuels La Coop avaient en moyenne une marge sur alimentation de 10,77 $/kg de gras vendu. Au cours du mois de mai, la marge a chuté pour se situer en moyenne à 9,96 $/kg de gras. Pour un troupeau de 60 kg/jour, cela représente mensuellement 1500 $ de revenu en moins, alors que pour un troupeau de 80 kg/jour, c’est une baisse de revenu de 2000 $. Comme les producteurs n’ont aucun contrôle sur le prix du lait, il devient plus important pour eux de connaître et de maîtriser leurs coûts d’alimentation pour demeurer en bonne situation financière. (Source : Service agroéconomie et développement numérique agricole de La Coop fédérée)

AMÉLIORATION DU BILAN FINANCIER DES FERMESAVOIR NET MOYEN DES ENTREPRISES AGRICOLES

$/fe

rme

2 500 000

2 000 000

1 500 000

1 000 000

500 000

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

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Québec

Ontario

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50 COOPERATEUR.COOP – SEPTEMBRE 2015

Hypocrisie ou pas, cohérence ou pas, le positionnement de la chaîne Chipotle est clair : elle fait le pari que la nouvelle génération est disposée à payer pour profiter d’attributs alimentaires particuliers.

FAITS ET GESTES

LE DOGME DU PRIX... VRAIMENT ?VINCENT CLOUTIER, AGRONOME, MBA, ÉCONOMISTE PRINCIPAL, LA COOP FÉDÉRÉE

[email protected]

petit-déjeuner des Nord-Américains pendant

des décennies. La société centenaire peine

aujourd’hui à se repositionner devant ce

consommateur qui délaisse les Frosted Flakes

au profit du yogourt grec.

Le malheur des uns fait le bonheur des

autres. Car à l’autre extrême, Chipotle accapare

la jeune génération, manifestement plus sen-

sible à sa santé et à celle de l’environnement,

ainsi qu’à l’épidémie d’obésité qui frappe la

population américaine. Cette chaîne, très pré-

sente aux États-Unis, propose une cuisine

mexicaine qu’elle qualifie de fast-casual (restau-

ration rapide haut de gamme). Chipotle prétend

offrir un produit de qualité supérieure, en

consacrant une plus grande proportion de ses

revenus à l’achat des ingrédients et aliments

qui entrent dans la fabrication de ses repas. En

moyenne, un repas y coûte grosso modo deux

fois plus cher que chez McDo.

Dans une récente annonce qui a fait grand

bruit, la chaîne a annoncé le bannissement des

OGM de son menu. En plus d’augmenter les

coûts, une telle décision – sans assise scienti-

fique – n’est pas sans risque. En effet, beaucoup

n’ont pas manqué de souligner l’hypocrisie de

Chipotle, qui continue de servir des boissons

gazeuses sucrées, lesquelles contiennent cer-

tains ingrédients OGM (le sirop de maïs, par

exemple). Hypocrisie ou pas, cohérence ou pas,

le positionnement de la chaîne est clair : elle

fait le pari que la nouvelle génération est dis-

posée à payer pour profiter d’attributs alimen-

taires particuliers. La croissance effrénée du

rythme de ses ventes depuis quelques années

lui donne raison.

Si ce changement générationnel s’avère, il

est lourd de sens pour l’industrie de la trans-

formation alimentaire. Mais il l’est aussi à

l’échelle de la ferme. Prenons pour exemple le

marché des aliments biologiques, qui enre-

gistre une intéressante croissance et attire ainsi

l’attention d’entrepreneurs agricoles. Demeu-

rons lucides, toutefois : il serait hasardeux de

croire que ce créneau est à l’abri des règles

élémentaires de concurrence et de compétiti-

vité. Dans ce marché comme dans d’autres, les

acteurs sont condamnés à l’excellence.

TRAÇABILITÉ, protection de l’environnement,

bien-être animal : les consommateurs sont

insistants. Et ils disent vouloir manger plus

santé. Ce n’est pas nouveau. Mais traditionnel-

lement, le consommateur a demandé tout ça

sans cacher une de ses grandes priorités :

le prix. Ce paradigme n’est peut-être pas si

immuable qu’on pourrait le croire.

Dans une récente parution de son BioClips,

le MAPAQ rapporte une étude de Nielsen sur

l’évolution des comportements alimentaires.

Un coup de sonde a permis d’établir que la

jeune génération semble plus encline à débour-

ser pour obtenir les attributs recherchés dans

son alimentation. Bon, ça reste un sondage. Au

téléphone ou devant son écran d’ordinateur, on

veut des vaches au pâturage, on est pour l’inter-

diction des pesticides, on pourfend les OGM…

peu importe ce qu’il en coûte. Malgré cela,

d’autres indices laissent à penser que les

consommateurs sont de plus en plus influencés

par des facteurs autres que le prix.

L’essor de McDonald’s, le géant de la restau-

ration rapide, a pendant longtemps semblé

perpétuel ou presque. Ses difficultés actuelles

sont manifestes, et ses actionnaires sont très

peu patients devant la quasi-stagnation

de ses ventes. Steve Easterbrooke, fraî-

chement nommé grand patron de la

chaîne aux 35 000 points de vente dans

119 pays, a un mandat colossal. C’est

le cœur même de l’offre commerciale

de McDonald’s qui est mis en cause.

Les exemples sont légion de telles

entreprises rattrapées par un

consommateur chan-

geant. Citons le cas

de Kellogg’s, qui

a régné sur le

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