Contribution aux études sur le jumelage des infrastructures LGV SEA et A10 entre Tours et Poitiers...

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O.G.E. - Office de Génie Ecologique - 5 boulevard de Créteil - 94100 Saint-Maur-des-Fossés - France Email : [email protected] Tél. 33 1 42 83 21 21 Fax. 33 1 42 83 92 13 Sarl au capital de 54.000 € - RCS Créteil B 380 863 860 - Code APE : 741 G

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Références de l’étude

Intitulé de la mission Contribution aux études sur le jumelage des infrastructures LGV-

SEA et A10 entre Tours et Poitiers

Maître d’ouvrage LISEA

O.G.E.

Office de Génie Écologique (O.G.E.)

5 boulevard de Créteil

94100 Saint-Maur-des-Fossés

Tel. : 01 42 83 21 21

Courriel : [email protected]

Fax : 01 42 83 92 13

Site Internet : www.oge.fr

Chef de projet M. Vincent VIGNON

Rédacteurs Mlle Christelle JERUSALEM

M. Vincent VIGNON

Inventaires M. Vincent VIGNON ET Mlle Agnès de MONTJOYE

Couverture et cartographie

Mlle Virginie SERIEYX

Mlle Tamami OWADA

Date de réalisation 6 novembre 2014

Photos de couverture M. Vincent Vignon

Sauf mention contraire, toutes les photographies du rapport ont été prises sur le terrain de l’étude

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TABLE DES MATIERES

1 Contexte et objet de l’étude ____________________________________________________ 4

2 Zone d’étude _________________________________________________________________ 5

3 Méthode ____________________________________________________________________ 7

3.1 Sources _________________________________________________________________ 7

3.2 Expertises de terrain ______________________________________________________ 7

3.3 Constats et analyses sur les territoires traversés________________________________ 8

3.4 Analyses des enjeux transversaux ___________________________________________ 8

3.5 Les délaissés dans les jumelages : analyse du potentiel d’intégration écologique des infrastructures _________________________________________________________________ 9

3.6 Questionnements _______________________________________________________ 10

4 Les enjeux écologiques du territoire _____________________________________________ 11

4.1 1er tronçon : de Chambray-les-Tours à Villeperdue ____________________________ 11 4.1.1 Les périmètres d’inventaires et de protection (rayon de 5 km) __________________________ 11 4.1.2 Analyse des photographies aériennes anciennes et récentes ____________________________ 13 4.1.3 Première définition des enjeux écologiques liés au jumelage ___________________________ 14

4.2 2ème tronçon : de Maillé à Pussigny ________________________________________ 17 4.2.1 Les périmètres d’inventaires et de protection (rayon de 5 km) __________________________ 17 4.2.2 Analyse des photographies aériennes anciennes et récentes ____________________________ 19 4.2.3 Première définition des enjeux écologiques liés au jumelage ___________________________ 21

4.3 3ème tronçon : de Marigny-Brizay à Poitiers __________________________________ 25 4.3.1 Les périmètres d’inventaires et de protection (rayon de 5 km) __________________________ 25 4.3.2 Première définition des enjeux écologiques liés au jumelage ___________________________ 28

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1 CONTEXTE ET OBJET DE L’ÉTUDE

Le contrat de concession, signé le 30 juin 2011 entre RFF et LISEA, comprend la mise en place d’études environnementales qui ont pour objet d’enrichir la connaissance et les pratiques en matière de réduction des impacts environnementaux et d’apporter des retours d’expérience utiles aux projets futurs d’infrastructures.

Cette évaluation est basée sur une liste de sites définis en fonction de leur représentativité, de la particularité des aménagements et de la sensibilité des enjeux environnementaux.

Il pourra alimenter le Bilan LOTI « environnement », et réciproquement.

Six thèmes d’observation sont envisagés : les eaux souterraines et superficielles ; les milieux naturels, la faune et la flore ; le paysage ; la sylviculture ; l’aménagement foncier connexe au projet et les plantes invasives.

Les études sur les milieux naturels, la faune et la flore portent sur :

- le suivi de la mise en œuvre des mesures compensatoires : - Analyse du processus de mise en place des mesures compensatoires dans la durée et

des difficultés rencontrées du point de vue foncier, financier et social ; - Effets de la mutualisation des compensations ; - Etude de la gouvernance et des partenariats ; - Mesure de l’efficacité écologique et agricole (avec un focus sur les oiseaux de plaine

et autres espèces fragiles telles que la grande mulette). - la mesure de l’impact de la mise en service sur la dynamique de populations d’espèces

sensibles ; - la mesure de l’efficacité des dispositifs mis en place pour les chiroptères (gîtes, hop-over…) ; - les effets du jumelage avec l’A10 et efficacité des ouvrages de transparence écologique ; - le suivi des habitats et de leur évolution.

Cette étude est une contribution à ce qui est prévu dans l’étude du jumelage des deux infrastructures linéaires LGV-SEA / A10.

La mission d’O.G.E. a pour objet de formuler des constats d’observation et des analyses pour éclairer, sur le plan écologique, les effets du jumelage des infrastructures. Entre Tours et Poitiers, ces sections représentent environ 30 km réparties en trois tronçons. L’objectif de l’étude est :

- de mettre en évidence les forces et les faiblesses générées par le jumelage d’un point de vue écologique ;

- de mener une réflexion sur la perméabilité transversales des deux infrastructures linéaires jumelées ;

- de s’interroger sur le rôle fonctionnel que pourront jouer les emprises comprises entre les infrastructures d’un point de vue écologique (rôle de corridors, de réservoir de biodiversité…).

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2 ZONE D’ETUDE

Le jumelage s’étend ainsi sur près de 30 km. Trois tronçons de la LGV-SEA sont jumelés avec l’autoroute A10 entre Tours et Poitiers :

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Les trois tronçons sont présentés ci-dessous :

- de Chambray-les-Tours à Villeperdue ;

- de Maillé à Pussigny ;

- de Marigny-Brizay à Poitiers.

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3 METHODE

L’objectif de notre contribution est de décrire les éléments de contextes du patrimoine naturel qui permettent d’analyser l’intégration écologique de la LGV-SEA dans les situations particulières de jumelage avec l’autoroute A10. Une analyse détaillée des enjeux écologiques à diverses échelles est ainsi réalisée pour caractériser les enjeux transversaux au jumelage des infrastructures (effet de barrière) et longitudinaux (potentialités des continuités écologiques dans les emprises des infrastructures y compris au sein du jumelage).

L’objectif est donc de faire émerger les points spécifiques du jumelage vis-à-vis des fonctionnements écologiques.

3.1 SOURCES

Une analyse des documents existants relatifs aux milieux naturels et aux espèces animales et végétales présents dans le secteur d’étude est d’abord réalisée et permet d’identifier les enjeux écologiques liés au territoire traversé.

Deux sources d’informations sont ainsi exploitées :

- les documents analysés lors de l’étude sur l’autoroute A10 réalisée par O.G.E. pour Cofiroute en 2012 qui mettaient en évidence les enjeux écologiques connus des territoires traversés ;

- les études d’impact et d’incidences réalisées dans le cadre du projet de la LGV-SEA.

Nous avons également mobilisé nos connaissances de terrain réalisées localement, notamment le long de l’autoroute A10 et plus généralement sur les réseaux d’infrastructures linéaires de transport depuis plus de 20 ans.

3.2 EXPERTISES DE TERRAIN

Des expertises de terrain ont eu lieu fin avril 2014 et ont été réalisées par deux experts Vincent Vignon et Agnès de Montjoye. La mission a consisté :

- à identifier les principaux enjeux écologiques des territoires traversés par les infrastructures jumelées ;

- à évaluer les potentialités écologiques structurelles et fonctionnelles des délaissés au regard des enjeux précédemment identifiés ;

- à mener une réflexion sur la perméabilité transversale des infrastructures jumelées pour différents groupes d’espèces.

Cette expertise a donc eu pour objectif de caractériser l’organisation spatiale des milieux naturels et leurs potentialités dans les emprises jumelées. Il s’agit d’apporter les éléments du terrain (écologie du paysage) dans le cadre de l’analyse des effets des sections jumelées.

La totalité du linéaire de dépendances vertes situées entre la ligne LGV-SEA et l’autoroute et de part et d’autre a été parcourue pour une vision globale des enjeux écologiques. Il ne s’agissait pas de faire des inventaires d’habitats et d’espèces.

Même si cette démarche n’est pas celle d’un inventaire d’espèces, nous avons recherché les espèces indicatrices des habitats naturels et des continuités écologiques qui s’exprimaient à la date de nos passages pour caractériser les habitats naturels, des éléments de fonctionnement écologique et les tendances que nous pouvons entrevoir le long des infrastructures jumelées.

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3.3 CONSTATS ET ANALYSES SUR LES TERRITOIRES TRAVERSES

Les analyses sont faites sur les photographies aériennes de l’IGN récentes et anciennes. Les photographies anciennes nous renseignent sur l’histoire des paysages ce qui permet de faire le lien avec le patrimoine naturels actuellement présent dans les espaces traversés y compris dans les emprises autoroutières mises en service en 1977. Cette date est importante dans la mesure où les emprises ont pu être recolonisées par la faune et la flore des paysages ruraux avant les impacts majeurs de l’agriculture intensive sur ces espèces notamment les invertébrés des zones cultivées. Ces impacts ont été réalisés en deux étapes au cours desquels ils se cumulent : la mécanisation d’après guerre et les traitements chimiques intensifiés au cours des années 1980. Ainsi, dans les paysages dominés par l’agriculture intensives, les emprises autoroutières jouent un rôle de continuum et dans certaines emprises de sources pour la flore et la faune en particulier des insectes. Ce rôle est important pour les sections jumelées avec la LGV-SEA.

L’interprétation des observations et des constats sera réalisée en prenant en compte des espèces aux traits de vie contrastés : espèces terrestres, volantes, ayant des capacités de dispersions variées. Ces analyses permettront de caractériser l’écologie des paysages traversés aux différentes échelles dans un gradient qui va des emprises à une échelle régionale.

3.4 ANALYSES DES ENJEUX TRANSVERSAUX

Nous analysons les discontinuités générées par le jumelage en considérant les matrices paysagères aux diverses échelles d’analyse depuis les insectes au grands mammifères, mais également pour les espèces volantes (oiseaux et chiroptères) ayant des capacités de dispersion plus ou moins étendues.

Nous pouvons caractériser les effets générés par le jumelage des infrastructures pour expertiser ces effets potentiels pour les espèces terrestres ou volantes.

Concernant les passages pour la faune, nous intégrons dans nos analyses tous types d’ouvrages susceptibles de contribuer à la perméabilité :

les ouvrages hydrauliques (y compris les buses) parcourues par des cours d’eau souvent temporaires. En période sèches, ces ouvrages sont utilisés par des carnivores, des petits mammifères comme le hérisson, le lapin, le lièvre, des amphibiens. Les buses d’au moins 1,20 m d’ouverture peuvent également être empruntées par certains chiroptères ;

les ouvrages de rétablissement agricoles ou forestier qui peuvent être utilisés par les espèces précédentes et les ongulés ;

les passages faune :

o A Chasseneuil du Poitou, l’ouvrage sur l’Auxance en limite sud de la ville avec un enjeu de fermeture de la continuité le long de la RD910, notamment pour la faune terrestre (clôtures éventuelles, projets…). Les espèces utilisatrices doivent être potentiellement le sanglier, le chevreuil, les carnivores, les chiroptères, des amphibiens...

o Le cas de la Vienne porte sur des ouvrages de grande dimension qui intègrent des enjeux pour les espèces aquatiques, terrestres et volantes.

Le jumelage est franchit par une succession de deux ouvrages. L’effet cumulatif doit être apprécié en fonction du degré de proximité des deux infrastructures :

lorsque les infrastructures sont accolées il y a une continuité des deux ouvrages qui peut représenter une contrainte liée à la longueur totale d’ouvrages à emprunter, même s’il y a un passage à ciel ouvert, l’animal se trouve dans un couloir artificiel. La tolérance des espèces vis-à-vis de ce type d’aménagement et leur capacité de dispersion permet ou pas d’utiliser la voie de passage. Ces couloirs font généralement plus de 100 m de longueur ;

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Lorsqu’il y a un espace suffisant pour qu’il y ait un ou plusieurs milieux semi-naturels entre les deux infrastructures, l’évaluation porte sur la capacité de ces milieux intercalaires à jouer le rôle d’habitat relais/refuge pour les espèces utilisatrices de la voie de passage. Les milieux sont nécessairement étroits. La capacité des espèces à les utiliser comme habitat refuge ou relai dépend de leur largeur minimale qui assure une certaine compacité et une ambiance lié aux habitats et pas à leurs lisières. Une bande prairiale de 10 m peut être exploitée par des insectes, des amphibiens, des reptiles, des micromammifères. Le rôle fonctionnel d’habitats relais ou refuges augmente pour des largeurs d’emprises intercalaires de plusieurs dizaines de mètres.

Les analyses et les cartographies sont réalisées pour présenter les continuités et les enjeux écologiques à la traversée des infrastructures jumelées que ce soit pour les espèces volantes ou terrestres, en présence ou en absence d’ouvrage de franchissement et aux diverses échelles d’analyses précitées.

3.5 LES DELAISSES DANS LES JUMELAGES : ANALYSE DU POTENTIEL D’INTEGRATION ECOLOGIQUE DES

INFRASTRUCTURES

Les délaissés peuvent présenter un intérêt écologique en jouant un rôle refuge ou de continuité d’habitat pour des espèces dont les milieux disparaissent progressivement dans les territoires traversés par les infrastructures. Beaucoup de ces espèces sont patrimoniales. Il peut notamment s’agir :

d’espèces végétales messicoles : plantes associées aux cultures pour lesquels les évolutions des pratiques agricoles ont conduit à une régression importante des populations de la plupart de ces espèces.

ou encore d’espèces animales ou végétales caractéristiques des pelouses et des prairies : milieux à enjeu sur le territoire et qui ont régressé considérablement suite à l’abandon du pâturage.

Les milieux présents dans les emprises ne sont pas toujours des habitats naturels typiques, mais leur caractère d’habitat de substitution représente un réel enjeu de continuité écologique et d’intégration écologique des infrastructures notamment dans les situations de jumelage.

Dans ce cas, la largeur des emprises qui sont renaturées ou recolonisée par la flore et la faune locale, assure une certaine compacité aux habitats ce qui est déterminant pour leur fonctionnalité.

Les délaissés y compris entre les infrastructures jumelées peuvent favoriser le déplacement d’espèces à travers le territoire. Nous nous intéressons aux mosaïques d’habitats naturels qui comprennent notamment des landes, des prairies et des pelouses. Les milieux ouverts enherbés ou semis ligneux présentent de forts enjeux écologiques en raison de leur diminution constante dans les paysages concernés, à la faveur de terres agricoles, des plantations ou des reboisements spontanés et des zones urbanisées.

Il s’agit donc de mettre en évidence le rôle fonctionnel des délaissés dans les mosaïques de paysages et notamment les milieux peu ou pas boisés, les réseaux de haies, d’arbres avec ou sans cavités…

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3.6 QUESTIONNEMENTS

Les analyses doivent permettre de répondre aux questionnements suivants :

Quels habitats peuvent se mettre spontanément en place avec quelles espèces à enjeux en fonction des contextes et des aménagements en cours ?

Est-ce que les observations sont conformes à ce qui était attendu au stade des études d’impact ?

Quelle réduction d’impact potentielle avec les dispositions mises en œuvre ?

Quelles sont les orientations d’aménagement et de génie écologique qui permettraient une meilleure intégration écologique du jumelage ?

Apporter une argumentation sur le choix d’étendre ou de restreindre les emprises de la LGV-SEA vis-à-vis des autres usages, notamment la remise en culture.

Etudier le cas d’extension des emprises accessibles à la faune (les espèces de taille moyenne à grande qui ne traversent pas les mailles des clôtures).

Définir les méthodes appropriées pour évaluer l’efficacité des actions et suivre leur évolution dans le temps.

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4 LES ENJEUX ÉCOLOGIQUES DU TERRITOIRE

Pour chacune des trois sections étudiées, nous nous appuyons sur les connaissances récentes du patrimoine naturel disponible et sur l’analyse des profondes mutations des paysages et des milieux naturels qui ont marqué les territoires depuis le milieu du 20ème siècle. L’observation des mutations repose sur l’analyse des photographies aériennes de 1950, de 1978 (soit un an après la mise en service de l’autoroute A10) et enfin la photo récente.

4.1 1ER TRONÇON : DE CHAMBRAY-LES-TOURS À VILLEPERDUE

4.1.1 Les périmètres d’inventaires et de protection (rayon de 5 km)

Sur ce tronçon, le périmètre remarquable le plus proche (mois d’un kilomètre) est le Parc Naturel Régional Loire-Anjou-Touraine.

Le Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine, créé en 1996, se situe sur les territoires de deux régions (Centre et Pays de la Loire) et de deux départements (Indre et Loire, Maine et Loire). Il s’étend largement de part et d’autre de la Loire, au nord et au sud, de l’aval de Tours à l’amont d’Angers. Outre les paysages emblématiques de la vallée de la Loire et ses châteaux, il est composé d’une diversité de paysages, de petites vallées et plateaux, de bois et forêts, de secteurs de vignobles et de quelques bocages. Composé d'une mosaïque de paysage et d'une diversité de sol et de milieux naturels, le Parc attire un grand nombre d’espèces. Selon une étude sur l'évaluation de l'état de conservation et l'évolution de la biodiversité du Parc, on recense : 329 espèces de papillons, 17 espèces de chauves-souris toutes protégées au niveau national, 186 espèces d'oiseaux, 52 espèces de libellules, 38 espèces de poissons dont 12 assez rares (http://www.parc-loire-anjou-touraine.fr). Axes de migration, la Loire et ses affluents offrent une grande richesse floristique et faunistique. Parmi les espèces emblématiques du Parc : les sternes naines et pierregarins, le Balbuzard pêcheur, le Busard cendré, le Râle des genêts, l’Outarde canepetière, le Castor d’Europe, la Leucorrhine à front blanc, et une grande variété de chauves-souris. Parmi les espèces végétales qui peuvent être signalées sur le territoire du Parc, la Fritillaire pintade, près d'une trentaine d'orchidées et l'Osmonde royale.

A près de trois kilomètres de la section jumelée, la Znieff de type 1 « Prairie des Rondettes mare » mérite également d’être mentionnée. Il s'agit d'une petite mare entourée d'une prairie humide et d'une saulaie. Elle s'inscrit au milieu de grandes cultures, sur le plateau de Sainte-Maure. Seulement trois espèces déterminantes sont mentionnées sur le site. Il s’agit d’espèces végétales : Carex tomentosa, Gratiola officinalis, Ranunculus ophioglossifolius. Deux espèces sont protégées et la présence de Ranunculus ophioglossifolius, très rare en région Centre, associée à un habitat en assez bon état de conservation, justifie la reconnaissance de ce petit ensemble en ZNIEFF de type 1.

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4.1.2 Analyse des photographies aériennes anciennes et récentes

Cette série de trois cartes à l’ouest de Sorigny met en évidence l’évolution du territoire entre 1950 et 2012.

En 1950, le territoire se compose à l’est du jumelage de petites parcelles cultivées et à l’ouest de prairies et de peuplements forestiers jeunes et peu denses. La photographie de 1978 met en évidence la densification du couvert forestier et la disparition progressive des prairies (et vraisemblablement des réseaux de mares temporaires associées) et la régression des haies qui réalisaient des continuités arborées dans le paysage. En 2012, les parcelles cultivées se sont agrandies à la suite des remembrements ou des échanges de parcelles agricoles et les espaces boisés se sont étendus par plantations notamment de résineux. Les milieux ouverts intra-forestiers visibles en 1950 n’apparaissent plus sur les photos récentes.

Le jumelage s’inscrit dans cette mutation profonde du territoire qui se traduit par une perte importante d’habitats et surtout une régression des mosaïques d’habitats naturels. Nous pouvons nous poser la question du devenir des espèces sensibles aux réseaux de prairies, de zones humides temporaires et aux continuités arborées

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4.1.3 Première définition des enjeux écologiques liés au jumelage

La carte ci-dessous présente le secteur le plus intéressant et quelques points particuliers relatifs au jumelage. Le réseau forestier est actuellement le plus important alors qu’il y a 60 ans, le réseau majeur était celui des prairies et des habitats associés (voir la série des photographies aériennes de la page précédente). Ce territoire comprend un réseau d’étangs et de mares temporaires. Une de ces mares a été identifiée en Znieff 1, les Rondettes, à l’ouest de cette carte. Ces mosaïques de milieux naturels font partie des enjeux écologiques du territoire, pris en compte dans le cadre des Parcs naturels régionaux et inclus dans l’inventaire Znieff dès lors que le patrimoine naturel est avéré.

Un boisement est conservé dans l’emprise du jumelage. Il se trouve en position charnière entre le bois de Longue plaine et les boisements qui longent le cours d’eau à l’est. Les deux flèches (rouge foncé) marquent les deux continuités écologiques qui structurent cette portion de territoire.

Nous pouvons proposer deux groupes d’espèces sensibles à cette situation :

les amphibiens dont tous les déplacements peuvent être contraints par des obstacles terrestres. L’important réseau de mares actuelles présente un enjeu pour ce groupe qui s’y reproduit, mais dont les individus vivent dans des habitats terrestres qui peuvent être éloignés de plus d’un kilomètre de ces mares. Quelle fonctionnalité des buses, des ouvrages hydrauliques et le rôle des habitats de substitution dans le jumelage ?

les chiroptères qui volent plus ou moins bien au-dessus des infrastructures (selon les espèces) Ces animaux insectivores recherchent des ressources qu’ils trouvent dans les espaces boisés, les clairières, les lisières, les prairies, les mares, les étangs et les zones humides. Ce territoire présente un réseau de ces espaces naturels.

La continuité sud est davantage contrainte par la largeur d’emprise de l’autoroute au niveau de la barrière de péage et pour les espèces nocturnes par l’éclairage permanent du site.

Boisement conservé dans le jumelage Tracé de la LGV-SEA

Znieff 1 : les Rondettes

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Conserver un boisement entre les infrastructures peut présenter un intérêt en laissant évoluer naturellement le peuplement. En revanche, il peut y a voir un risque vis-à-vis des chiroptères lorsque le boisement sera plus mature et les habitats attractifs pour des chiroptères exposés au risque de collision.

Boisement conservé en emprise dans le jumelage, positionné sur la carte précédente. Avril 2014. © O.G.E. – V. Vignon

A l’ouest de l’autoroute, le boisement est une plantation de résineux. © O.G.E. – V. Vignon

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Dans le reste de la section jumelée, il y a un enjeu pour les habitats de prairie qui pourraient être installés entre les infrastructures comme le montre les photos suivantes.

Le boisement conservé dans le jumelage vu du tracé de la LGV au nord du bois. A ce niveau le jumelage laisse environ

100 m de largeur colonisable par des habitats. Cette largeur serait favorable à de nombreuses espèces de prairie y

compris des oiseaux insectivores qui ne s’installent qu’à partir d’une certaine compacité des habitats en lien avec leur

largeur comme le tarier pâtre, éventuellement si les habitats sont bien gérés, la pie grièche écorcheur et d’autres

espèces possibles d’oiseaux, d’insectes... © O.G.E. – V. Vignon

Immédiatement au nord de la route de Sorigny à Thilouze et au nord du boisement conservé, le potentiel de

restauration d’habitats naturels est évident, y compris autour d’un bassin. Il existe ici une contribution potentielle au

réseau de prairies, de zones humides et de continuités arborés selon les partis d’aménagement de ces espaces.

Les superficies y sont significatives pour une partie de la flore et de la faune prairiale qui peuvent recoloniser ces

espaces, notamment par voie aérienne. Ceci est valable pour les espèces dont les populations sont peu sensibles aux

pertes par de collision sur l’autoroute ou sur la ligne LGV.

Mais favoriser la faune présente aussi un risque d’attirer des prédateurs qui peuvent entrer en collision sur les

infrastructures, des carnivores, des rapaces, notamment la chouette effraie très sensible à ce risque.

© O.G.E. – V. Vignon

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4.2 2ÈME TRONÇON : DE MAILLÉ À PUSSIGNY

4.2.1 Les périmètres d’inventaires et de protection (rayon de 5 km)

Ce tronçon traverse un territoire remarquable avec ses nombreuses ZNIEFF de type 1.

Parmi les plus proches de la section jumelée (à moins d’un kilomètre), on trouve :

- Znieff de type 1 Pelouses du château d’Amirette

Cette zone appartient au groupe des formations calcicoles de l'ouest de la vallée de la Vienne. Elle se situe au nord-ouest du bourg de Pussigny, sur l'extrémité nord d'un éperon qui domine la Vienne et la Veude. Le site est exposé au nord-est et au sud-est avec une pente accusée. Il s'agit de pelouses relictuelles du Mesobromion erecti et de landes à genévrier entourées par de la fruticée et de la chênaie sessiliflore. Le chêne pubescent est très présent dans les parties boisées. Ce site est particulièrement intéressant de par le nombre d'espèces végétales déterminantes qu'il abrite : une vingtaine (pour un peu plus de 5 ha), dont 8 protégées, avec des plantes particulièrement intéressantes comme Gymnadenia odoratissima.

- Znieff de type 1 Pelouses de Pisse loup

Cette pelouse calcicole et ce bois thermophile sont situé à 250 m à l’est e l’emprise de l’autoroute A10 (Pussigny). Il s’agit du versant exposé à l’ouest du vallon dit "Ravin des Rebardières". La vallon est en partie emprunté par l’autoroute. La zone concernée prolonge donc le talus du déblai autoroutier. Même si l’état de conservation des habitats s’avère moyen, la présence de 11 espèces végétales déterminantes (sur 3 ha), dont une protégée, justifie l’attention portée à cette petite zone d’autant qu’elle a été respectée lors de la construction de l’autoroute.

Les autres ZNIEFF de type 1 du territoire, des deux côtés du jumelage, sont toutes des pelouses remarquables :

- Znieff de type 1 Pelouses et sources du vieux port

- Znieff de type 1 Pelouse de la Plaunière

- Znieff de type 1 Pelouses de la Pomeraye

- Znieff de type 1 Pelouses de la Barangerie

- Znieff de type 1 Pelouses de la Boulainerie

- Znieff de type 1 Pelouses du marais

- Znieff de type 1 Pelouses de la Fontaine Saint Jean

Enfin, on retrouve le PNR Loire Anjou Touraine à l’ouest de la section jumelée. Le réseau de pelouses calcicoles identifié en Znieff fait partie des éléments naturels inscrits en enjeu de conservation dans la charte du PNR.

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4.2.2 Analyse des photographies aériennes anciennes et récentes

Cette série de trois photographies au niveau de Maillé met en évidence l’évolution du territoire entre 1950 et 2012.

La photographie de 1950 présente les milieux naturels d’origine sur les territoires traversés par les infrastructures. Ainsi, une vallée bocagère au sud de Maillé (dont le cours d’eau est marqué de méandres à l’est du village) ainsi qu’un boisement moyennement dense apparaissent au niveau des deux infrastructures. En 1978, la construction de l’A10 a fragmenté le boisement en deux entités et a traversé la vallée bocagère qui a déjà beaucoup perdu en intérêt écologique par la disparition du réseau de haies et la rectification en ligne droite de tout le cours d’eau. En 2012 la vallée bocagère est à peine visible mais certaines espèces initialement présentes ont pu trouver refuge dans les emprises de l’A10. Le jumelage constitue une opportunité de reconstitution de milieux prairiaux pour le maintien et la restauration de populations d’espèces caractéristiques de milieux bocagers initialement présentes dans le territoire. Cette série de carte met également en évidence l’importance des continuités écologiques transversales liées aux espèces forestières entre le bois Adrien (à l’est des infrastructures) et le bois Semé (à l’ouest). Il y a notamment un enjeu lié aux populations de chiroptères au niveau du boisement et de ces lisières

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Cette série de trois photographies aérienne au niveau de Pussigny met en évidence l’évolution du territoire entre 1950 et 2012.

L’enjeu écologique majeur sur le territoire traversé concerné les pelouses calcicoles comme a pu le mettre en évidence le CPIE.

Sur les photographies de 1950 et 1978, nous avons redessiné les pelouses calcicoles existantes à l’époque. La comparaison entre les deux cartes montre la régression de ces milieux qui se sont progressivement enfrichés puis boisés suite à l’abandon du pâturage.

Sur la photographie aérienne datant de 2012, nous avons retranscrit les pelouses identifiées par le CPIE (voir page suivante). Depuis 1950, leur nombre a significativement diminué et l’éloignement entre les pelouses a augmenté. La fragmentation du réseau de pelouses se traduit en effet d’une part par la régression des surfaces et d’autre par l’éloignement de celles-ci les unes par rapport aux autres. Des espèces comme les papillons dont certaines inféodées aux pelouses calcicoles sont patrimoniales (ex : Azuré du Serpolet) peuvent aisément se déplacer d’une pelouse à l’autre dans des distances de l’ordre de quelques kilomètres. En revanche, certains orthoptères appréciant les milieux secs et bien exposés (ex : le Criquet pansu, espèce patrimoniale évoluant à terre ou encore le Grillon champêtre tous deux vus sur dans ce territoire) présentent des capacités de dispersion réduites de l’ordre du kilomètre et les effets de la fragmentation peuvent alors s’avérer irréversibles.

Il existe donc un potentiel écologique fort de reconstitution spontané des pelouses sèches dans les sections jumelées.

Par ailleurs, au nord de l’intersection entre les deux infrastructures, une petite vallée bocagère se distingue nettement en 1950 et 1978 mais apparaît dégradée sur la photographie de 2012. Les surfaces qui seront comprises entre les deux infrastructures linéaires pourront donc jouer potentiellement un rôle refuge pour les espèces caractéristiques des milieux bocagers de fond de vallée qui disparaissent progressivement du territoire.

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4.2.3 Première définition des enjeux écologiques liés au jumelage

Le réseau de pelouses calcaires constitue un élément écologique remarquable du territoire traversé

par l’A10 comme cela a pu déjà être mis en évidence par l’étude des ZNIEFF aux abords du jumelage.

Le CPIE Touraine Val de Loire a cartographié en 2011 ce réseau (carte ci-dessous). Dans ce contexte, les sections comprises entre les deux infrastructures s’inscrivent dans les continuités écologiques des habitats de pelouses.

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Les talus blancs de la LGV-SEA en construction sont vraisemblablement dominés par le matériel calcaire des espaces traversés. Il y a potentiellement la possibilité d’extension des continuités calcicoles.

Dix kilomètres au nord de ce site, une emprise large de l’autoroute A10 a été étudiée. Il s’avère que cette pelouse a constitué un refuge pour la faune et la flore des pelouses calcicoles de la vallée de la Mance et plus particulièrement les plantes messicoles dès la création de l’autoroute dans les années 1970 à une époque où le paysage comprenait des réseaux de pelouses sèches caractéristiques. En 2014, nous avons pu confirmer que cette pelouse des emprises de l’A10 constitue aujourd’hui un habitat source pour les pelouses sèches du secteur de Sainte-Maure-de-Touraine, notamment pour une partie de la flore et pour un papillon rare l’Azuré du serpolet. L’abandon des pratiques agricoles qui avaient entretenu ces pelouses les a fait pratiquement disparaître par le boisement spontané. La pelouse des emprises autoroutières encore gérée conserve les espèces de plantes et les espèces d’insectes peu sensibles aux collisions sur l’autoroute.

L’enjeu est ici le devenir des espaces délaissés dans le jumelage et leur rôle qui pourrait être positif pour conforter les continuités de pelouses sèches et de prairies du secteur. Gérés de manière écologique, ces délaissés pourrait en effet prolonger le rôle conservatoire ponctuellement réalisé le long de l’autoroute A10 et augmenter le linéaire des habitats de pelouses sèches et de prairies.

En effet, les emprises des infrastructures linéaires de transport jouent un rôle important dans le maintien des continuités écologiques. Nous avons constaté lors d’une expertise réalisée en 2011

Le jumelage situé à 300 m de la pelouse du Château d’Ambette, avril 2014. © O.G.E. – V. Vignon

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l’utilisation des bermes autoroutières de nombreux papillons du genre Colias (espèces inféodées aux pelouses) dans le territoire concerné par ce jumelage. Nous les avons vus longer la berme sur des centaines de mètres à de très nombreux endroits y compris à la traversée des landes en forêt. Le Flambé a également été observé longeant les sections de pelouses. Ces insectes sont en effet des indicateurs de continuités de pelouses et landes. Leur déplacement pouvant atteindre quelques kilomètres à quelques dizaines de kilomètres.

Papillons du genre Colias à gauche et le Flambé à droite sur les bermes de l’A10, le 19/08/2011 © O.G.E. – V. Vignon

Le jumelage à la croisée de l’ancienne voie ferrée au sud de maillé. Dans cette vallée, les prairies aujourd’hui très

fragmentées et banalisées, présentent encore un réseau plus ou moins fonctionnel pour le Grillon des champs. Cette

espèce, rencontrée lors de notre expertise, réalise tous ses déplacements au sol. Elle est donc un indicateur des

continuités prairiales.

Le suivi de la colonisation des emprises herbacées du jumelage par le Grillon des champs pourrait être un bon

indicateur de la continuité du réseau des prairies et des pelouses attenantes aux infrastructures.

© O.G.E. – V. Vignon

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Sur la photo de gauche, une pelouse au contact de l’emprise de la LGV juste au sud de la section jumelée. Une colonisation des

espèces par le contact directe aux emprises est possible pour les espèces terrestres dont le Grillon des champs présent

localement ou encore une espèce plus exigeante l’Ephippigère des vignes.

Sur la photo de droite, nous avons cette abeille solitaire rencontrée lors de notre expertise de terrain à proximité de ce site sur

la pelouse du Château d’Ambette (probablement Eucera longicornis). Les abeilles ont de bonnes capacités de colonisation en

vol et les pelouses sèches sont importantes, notamment pour leurs sites de ponte.

C’est encore une illustration d’un effet bénéfique possible des emprises et en particulier des potentialités de reconstitution des

habitats de pelouses sèches ou de prairies en fonction des sols qui peuvent contribuer à conforter les réseaux de ces habitats

actuellement très fragmentés dans le territoire traversé.

© O.G.E. – V. Vignon

Il ne faut pas oublier la flore dans les continuités d’habitat comprenant le potentiel de recolonisation par des espèces plus ou

moins remarquables en fonction de l’évolution des habitats reconstitué. Cette évolution se réalise habituellement sur au moins

15 ans. Ici nous avons l’Ophrys araignée Ophrys sphegodes et l’Orchis pourpre Orchis purpurea vue lors de notre expertise sur la

pelouse proche du jumelage du château d’Ambette.

© O.G.E. – V. Vignon

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4.3 3ÈME TRONÇON : DE MARIGNY-BRIZAY À POITIERS

4.3.1 Les périmètres d’inventaires et de protection (rayon de 5 km)

Plusieurs territoires remarquables chevauchent les zones de jumelage sur leur extrémité est :

- ZPS Plaine du Mirebalais et du Neuvillois

Le site est une des huit zones de plaines à Outarde canepetière retenues comme majeures pour une désignation en ZPS en région Poitou-Charentes et la plus étendue en surface. Il s'agit de la principale zone de survivance de cette espèce dans le département de la Vienne. Celle-ci abrite près d’un quart des effectifs régionaux. Cette zone est par ailleurs en continuité avec une autre zone de même type en Deux-Sèvres également proposée en ZPS. Au total 17 espèces d'intérêt communautaire dont le Bruant ortolan, le Busard Saint-Martin et l’Oedicnème criard sont présentes dont 7 atteignent des effectifs remarquables sur le site. Des effectifs importants de Vanneau huppé (plusieurs milliers) sont également notés en hivernage et au passage migratoire.

- Zico Plaine de Mirebeau et de Neuville

Ce site, essentiellement constitué de cultures céréalières et d’une surface de plus de 10 000 ha se distingue par la nidification du Busard cendré (28-35 couples), du Busard Saint-Martin (2 couples), du Faucon hobereau (3-4 couples), de l’Outarde canepetière (20-25 couples), de l’Oedicnème criard (30-45 couples) et du Bruant ortolan (10 couples). Il constitue également une zone d’hivernage d’importance pour le Pluvier doré (500-1 000, max. 8000 en migration) et le Vanneau huppé (20 000-30 000).

- Znieff de type 1 Plaine d’Avanton

A une dizaine de kilomètres au nord de Poitiers, la zone est constituée d’un plateau à peine ondulé, recouvert de « groies » argilo-calcaires, peu profondes et riches en cailloux calcaires. Ce secteur du Seuil du Poitou présente en outre la particularité climatique de constituer le « pôle de sécheresse » du Poitou- Charentes. Fertiles et saines, les groies sont des sols propices à la grande culture céréalière et l’essentiel de la zone est occupé par des champs de céréales où les méthodes de l’agriculture intensive moderne (irrigation, engrais, pesticides) occupent une place prépondérante. Quelques secteurs de vignes traditionnelles subsistent et malgré leur superficie réduite et leur caractère relictuel, ils possèdent une grande signification biologique. La zone possède un intérêt biologique majeur en raison de son avifaune typique des milieux steppiques qui s’est adaptée ici, comme dans d’autres plaines calcaires du Centre-Ouest, aux openfields céréaliers. L’élément ornithologique majeur du site est la présence d’un important noyau reproducteur d’Outarde canepetière, une espèce en très fort déclin en Europe de l’Ouest et dont le Poitou-Charentes constitue, avec la plaine de la Crau, un des derniers bastions français (plus du tiers de la population nationale). Espèce d’origine steppique, elle s’est adaptée aux plaines ouvertes où l’activité agricole principale est de type polyculture-élevage. Sur le site, l’Outarde est accompagnée par le cortège caractéristique des plaines ouvertes cultivées, dont plusieurs espèces présentent également un statut de conservation défavorable en Europe : Oedicnème criard, les deux busards gris, Caille des blés. La présence du Bruant ortolan, qui se cantonne à proximité des secteurs de vignobles, est un autre élément d’intérêt du site.

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- Znieff de type 2 Plaine de Mirebalais et du Neuvillois

Ce site de près de 40 000 hectares occupe la quasi-totalité de la bande de calcaires jurassiques qui s’étend au nord-ouest de Poitiers entre Migné-Auxances et Montcontour. Le paysage est marqué par de vastes espaces ouverts au relief peu prononcé et le climat par un ensoleillement important et une pluviosité assez faible. Les grandes cultures dominent largement et sont associées à quelques cultures maraîchères, à de petites vignes et à quelques prairies très localisées où subsiste un peu d’élevage. Ces caractéristiques climatiques et géologiques attirent une avifaune d’affinités méditerranéennes, vivant originellement dans les steppes arides, qui s’est adaptée aux milieux culturaux créés par l’homme et dont la survie dépend aujourd’hui de l’agriculture. Quelques pelouses calcicoles sèches et bosquets de chênaie pubescente abritent encore, malgré leur caractère très relictuel, un important cortège de plantes à affinités méridionales parmi lesquelles plusieurs présentent un intérêt renforcé dans le contexte régional. Les 30 espèces d’oiseaux rares ou menacés recensés sur le site se concentrent sur 3 habitats principaux : les grandes cultures et prairies, les vignes et vergers, les carrières et pelouses sèches. L’élément majeur des premières est la présence d’une importante population nicheuse d’Outarde canepetière. Les vignes abritent quant à elles le plus important noyau de population de Bruant ortolan dans toute la moitié nord de la France. Quant aux carrières abandonnées, elles constituent le biotope de prédilection pour le Pipit rousseline et le Traquet motteux, deux passereaux à affinités "steppiques" très localisés en Poitou-Charentes. Hormis la présence de quelques messicoles raréfiées dans les cultures céréalières, l’intérêt botanique du site se localise surtout au niveau des pelouses calcicoles et des lisières de chênaies pubescentes ; malgré leur caractère très relictuel, ces milieux hébergent un fort contingent de plantes rares/menacées, la plupart d’origine méridionale parmi lesquelles la Centaurée de Trionfetti, le Géranium tubéreux ou l’Aspérule glauque.

Mentionnons également la Znieff de type 1 Coteaux de Chaussac, à quelques centaines de mètres du secteur jumelé. Les pelouses sèches calcaires de cette Znieff présentent un fort intérêt botanique : sur pente abrupte en plein sud, avec quelques petites corniches calcaires, colonisée par plusieurs espèces rares caractéristiques, on y trouve Astragalus monspessulanus (protégée régionalement), Sedum ochroleucum (toutes deux en limite nord), Linum salsoloides, Diplotaxis muralis, Euphorbia seguieriana. Les anciennes carrières sont en phase de réhabilitation. Elles ajoutent à la liste notamment Odontites jaubertiana, Isatis tinctoria, Orchis purpurea, Cynoglossum officinale.

Enfin, d’autres territoires remarquables plus ou moins éloignés de la zone jumelée méritent d’être mentionnés :

- Znieff de type 1 Bois de Pache

- Znieff de type 1 Bois de la Bardonnière

- Znieff de type 1 le Bois de la fenêtre

- Znieff de type 1 Vallée d’Ensoulesse

- Znieff de type 1 Vallée des Buis

- Znieff de type 1 Rochers du Porteau

- Arrêté préfectoral de Protection de Biotope Carrière d’Ensoulesse (pelouse à orchidées)

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4.3.2 Première définition des enjeux écologiques liés au jumelage

Ce secteur est caractérisé par une ambiance steppique des cultures. Il s’agit d’une forme d’habitat de substitution de la steppe qui est obtenu dans certaines cultures ou à certains stades de développement de ces cultures notamment lorsqu’elles sont encore peu couvrantes au printemps. Ces openfields établis sur des affleurements pierreux calcaires sont exploités par l’Outarde canepetière, l’Œdicnème criard, les Busards cendré et Saint-Martin. Le fort enjeu lié aux espèces de plaine cultivée mis en évidence par les périmètres d’inventaires et de protection a pu être confirmé par l’expertise de terrain à proximité du jumelage pour l’Œdicnème criard et également pour autre espèce rare non systématiquement vue dans ces milieux, le Hibou des marais.

- L’Outarde canepetière Tetrax tetrax

Au printemps, les mâles d’outarde se livrent aux parades nuptiales jusqu’en juillet, dans des milieux dégagés (semis, prairie fauchée, chemins…). Les femelles, discrètes et farouches, choisissent alors l’un d’eux pour s’accoupler. Elles déposent ensuite 3 à 4 œufs dans un nid sommaire installé au sol, le plus souvent dans une luzerne ou une jachère.

Si les adultes sont principalement herbivores, les poussins ont besoin des protéines des insectes, en particulier des criquets, pour leur croissance rapide. Les « canepetières » du Poitou-Charentes se rassemblent à l’automne avant de migrer vers l'Espagne où elles passent l’hiver. Ce sont les dernières populations migratrices de toute l’Europe.

Oedicnème criard, relativement abondant dans la plaine entre Jaunay-Clan et Avanton, ici à moins d’un kilomètre du

jumelage, avril 2014. ©V. Vignon

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Il existe une probabilité relativement forte pour cette espèce de nicher dans les cultures longeant les voies de circulation à l’ouest des infrastructures (source : LPO Vienne). A l'échelle de la France, deux types de population d’Outarde canepetière peuvent être distinguées, la première migratrice se reproduit dans les grandes plaines céréalières notamment dans la Vienne et une seconde réputée sédentaire occupant le pourtour méditerranéen. La population du pourtour méditerranéen est stable, voire en légère augmentation alors que celle des plaines céréalières est en déclin plus. Ainsi, l’espèce est sur la liste rouge française (en danger) et une régression de plus de 80 % a eu lieu depuis seulement 20 ans.

Par ailleurs, les milieux herbeux non agricoles participent au réservoir d’insectes proies des outardes ainsi qu’à leurs possibilités de déplacement à couvert. Cependant, pour leurs déplacements en vol (lors des parades notamment), ces oiseaux peu agiles en vol sont très fragiles face aux obstacles (source : DOCOB ZPS Plaine du Mirebalais et du Neuvillois).

- L’Oedicnème criard Burhinus oedicnemus

Pour nicher, l’Oedicnème criard occupe des zones de terre nue, souvent pierreuses ou avec une maigre végétation rase, sur sol sec. Il pond à même le sol, souvent dans un semis de tournesol ou entre deux rangs de vigne. C’est un gros consommateur d’insectes, d’escargots et de limaces. À l’automne, les familles se rassemblent en des lieux favorables réutilisés année après année. Les groupes atteignent parfois 300 individus avant leur départ en migration vers le sud, Espagne ou Afrique. Quelques oiseaux hivernent sur place.

Au nord de Poitiers, le 3ème tronçon jumelé traverse une zone de nidification de l’espèce (source : LPO Vienne, observations de terrain de O.G.E. en 2014). L’espèce niche au sol dans les terrains calcaires caillouteux ensoleillés occupés par des landes ou des prairies sèches, des cultures basses ou des friches.

Ces dernières années, son aire de répartition et ses effectifs hivernaux ont subi une forte réduction (transformation agraire, mise en irrigation, diminution du pâturage). Cette espèce ne s’accommode guère du progrès moderne. Dans les terres, il ne subsiste que lorsque des mesures sont prises en accord avec les agriculteurs.

Par ailleurs, les délaissés et bords de voirie participent à l’approvisionnement alimentaire et comme axes de circulation de ces oiseaux (source : DOCOB ZPS Plaine du Mirebalais et du Neuvillois).

- Le Busard cendré et le Busard Saint-Martin

Le busard Saint-Martin niche essentiellement dans les céréales à paille, exceptionnellement dans un colza. La plaine constitue également un territoire de chasse privilégié. Le busard cendré utilise les céréales à paille pour installer son nid. Son territoire de chasse recouvre la plaine et ses abords : il y recherche gros insectes et campagnols.

La zone de jumelage au nord de Poitiers ne se situe pas dans les secteurs majeurs de nidification des deux espèces même si la probabilité qu’une de ces deux espèces niche à proximité des infrastructures n’est pas nulle (source : LPO Vienne).

Les deux espèces, difficilement différenciables, nichent au sol. Le Busard cendré est davantage lié aux cultures puisqu’il y niche souvent lorsqu’elles sont hautes. Toutefois, il n’est pas exclu que le Busard Saint-Martin y niche également.

Par ailleurs, les délaissés, les bords de chemins, les bas-côtés et talus, les pieds de haies... sont des réservoirs de proies pour les busards (source : DOCOB ZPS Plaine du Mirebalais et du Neuvillois).

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- Quels effets du jumelage sur les populations d’oiseaux de plaine

Le jumelage longe des zones urbanisées ou aménagées. Les habitats de plaine sont donc tous du coté ouest du jumelage. Une partie des espèces d’oiseau niche à moins d’un kilomètre des infrastructures. Ces oiseaux arrivent en migration et s’établissent dans la plaine. Il y a peu de raison pour qu’ils tentent de traverser vers les zones urbaines ou les zones d’activité qu’ils ont pu voir et éventuellement contourné en venant de migration (vol en altitude).

Ces espèces peuvent perdre des individus par collision. L’évènement est beaucoup plus rare avec un train qui se trouve du coté de la plaine dans le jumelage. Il est très peu probable que ces oiseaux et en particulier l’Outarde arrive sur l’autoroute. Le risque de mortalité est donc très faible.

Il y a à priori peu d’effet du jumelage sur ces oiseaux sauf un éventuel effet bénéfique pour les individus qui nicheraient très près des emprises (moins de 300 m). Au début des années 1990, nous avions étudié l’influence des emprises autoroutières en Beauce sur le succès reproducteur de la Perdrix grise (Birkan M., Avignon T., Reitz F., et Vignon V., 1994. Influence d’une autoroute sur le succès

reproducteur de la Perdrix grise (Perdix perdix) en plaine de grande culture. Gibier Faune Sauvage, 11 : 207-

218.). Dans une bande de 250 m le long de 40 km d’autoroute (A10, Cofiroute), il y avait deux fois plus de poussins que ce qui était observé entre 250 m et 1000 m des emprises. Ce doublement d’effectif était le même par rapport aux stations dispersées de Beauce étudiées à la même époque par notre partenaire dans ce projet de recherche, l’ONCFS. Une des raisons majeures de ce succès est la production d’insectes qui proviennent des emprises autoroutières et qui se diffusent dans la plaine. Cette production est essentielle pour les poussins. L’outarde est sensible à cette production. Comme pour la perdrix, les poussins d’outardes sont insectivores.

La production d’insecte est liée à la qualité des prairies des emprises, diversifiées, fleuries et de grandes superficies. Le jumelage permet d’augmenter la superficie des ces habitats.

Ainsi, dans le jumelage, la potentialité de développement de milieux de prairie de fauche est certainement un enjeu fort pour les communautés végétales, les insectes associés et probablement des passereaux de prairie d’intérêt, voire certains oiseaux spécialisés de la plaine cultivée.