CONTEXTE DE LA FORESTERIE - UNDP · 2017. 7. 25. · Pertes de couvert forestier 2000-2014 Figure 4...

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1 Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC COMPLEXE ET NUANCÉ : CONTEXTE DE LA FORESTERIE ET DE LA PERTE DE COUVERT FORESTIER EN RDC Cette note d’information expose des données factuelles sur les pertes de couvert forestier en République démocratique du Congo (RDC), le rôle du secteur forestier dans ce processus et les mesures prises par l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI) à l’appui des efforts déployés par le pays pour enrayer ces pertes. CE QUE NOUS SAVONS Des taux de déforestation historiquement bas par rapport au reste du monde, mais en augmentation notable ces dernières années La RDC abrite la deuxième forêt ombrophile de la planète (152 millions d’hectares 1 ) qui représente plus de 60 % de la forêt ombrophile du bassin du Congo. Après avoir affiché des taux de déforestation relativement bas durant la période 1990-2010 (0,34 % 2 ), le pays a connu ces dernières années un net accroissement de la déforestation. Selon l’analyse actuelle des données, ce taux aurait atteint 1,099% pour la période 2010-2014 (Figure 1). Si les chiffres préliminaires sont confirmés 3 , ce seraient un total de plus de 13 millions d’hectares de forêt qui auraient été perdus sur la période 2000-2014, soit près de 1 millions d’hectares par an. Malgré ces chiffres, les forêts africaines apportent une contribution minime aux émissions mondiales liées à la déforestation (Figure 2). Cette contribution est encore moindre pour l’Afrique centrale où les pertes de superficie forestière s’élèvent à moins d’un cinquième des pertes totales de forêt du continent 4 . La perte de couvert forestier n’est pas due à un seul facteur : elle résulte d’interactions complexes de plusieurs paramètres Il faut, pour pouvoir lutter efficacement contre les pertes forestières, appréhender clairement INITIATIVE POUR LA FORÊT DE L’AFRIQUE CENTRALE CENTRAL AFRICAN FOREST INITIATIVE CAFI Figure 1 Taux annuels de déforestation en RDC 0 0,2% 0,4% 0,6% 0,8% 1,0% 1,2% 2010-2014 2000-2010 1990-2000 Source : FAO (inédit) Figure 2 Contributeurs aux émissions liées à la déforestation dans le monde Brésil Reste du monde Afrique dans son ensemble Indonesie 48 % 34 % 13 % 5 % Source : Hansen et al. (2008) Note d’information

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  • 1Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDCNP Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC

    COMPLEXE ET NUANCÉ : CONTEXTE DE LA FORESTERIE ET DE LA PERTE DE COUVERT FORESTIER EN RDC

    Cette note d’information expose des données factuelles sur les pertes de couvert forestier en République démocratique du Congo (RDC), le rôle du secteur forestier dans ce processus et les mesures prises par l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI) à l’appui des efforts déployés par le pays pour enrayer ces pertes.

    CE QUE NOUS SAVONSDes taux de déforestation historiquement bas par rapport au reste du monde, mais en augmentation notable ces dernières annéesLa RDC abrite la deuxième forêt ombrophile de la planète (152 millions d’hectares1) qui représente plus de 60 % de la forêt ombrophile du bassin du Congo. Après avoir affiché des taux de déforestation relativement bas durant la période 1990-2010 (0,34 %2), le pays a connu ces dernières années un net accroissement de la déforestation. Selon l’analyse actuelle des données, ce taux aurait atteint 1,099% pour la période 2010-2014 (Figure 1). Si les chiffres préliminaires sont confirmés3, ce seraient un total de plus de 13 millions d’hectares de forêt qui auraient été perdus sur la période 2000-2014, soit près de 1 millions d’hectares par an.

    Malgré ces chiffres, les forêts africaines apportent une contribution minime aux émissions mondiales liées à la déforestation (Figure 2). Cette contribution est encore moindre pour l’Afrique centrale où les pertes de superficie forestière s’élèvent à moins d’un cinquième des pertes totales de forêt du continent4.

    La perte de couvert forestier n’est pas due à un seul facteur : elle résulte d’interactions complexes de plusieurs paramètresIl faut, pour pouvoir lutter efficacement contre les pertes forestières, appréhender clairement

    INITIATIVE POUR LA FORÊT DE L’AFRIQUE CENTRALE

    CENTRAL AFRICAN FOREST INITIATIVE

    CAFI

    Figure 1 Taux annuels de déforestation en RDC

    0

    0,2%

    0,4%

    0,6%

    0,8%

    1,0%

    1,2%

    2010-20142000-20101990-2000

    Source : FAO (inédit)

    Figure 2 Contributeurs aux émissions liées à la déforestation dans le monde

    Brésil

    Reste du mondeAfrique dansson ensemble

    Indonesie

    48 %

    34 %

    13 %5 %

    Source : Hansen et al. (2008)

    Note d’information

  • Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC2

    les facteurs en jeu. Ces facteurs s’influencent mutuellement et leur dynamique évolue dans le temps. En RDC, plusieurs études convergentes5 des moteurs actuels et futurs de la déforestation et de la dégradation forestière ont abouti à un consensus national en 2012. La seule étude quantitative et spécifique du pays6 menée à ce jour a révélé que l’expansion des activités de subsistance (agriculture itinérante sur brûlis et ramassage de bois de feu) a été la principale cause directe de la déforestation et de la dégradation des forêts, activités qui sont en forte corrélation avec la répartition spatiale de la population comme l’indique la Figure 3.

    Le phénomène est intensifié par un ensemble de facteurs sous-jacents, dont le principal est la pression démographique. La RDC est le troisième pays au monde pour la croissance démographique en termes absolus : sa population actuelle passera de 80 millions d’habitants à 120 millions d’ici 2030, à près de 200 millions d’ici 2050 et à près de 380 millions d’ici 2100)7. Le pays connaît déjà une forte insécurité alimentaire, étant classé 107e sur 113 pays selon l’Indice mondial de sécurité alimentaire. Sa population croissante aura aussi des besoins croissants en aliments, en logements et en carburant.

    La consommation de bois et les moyens d’extraction indiquent l’importance du bois de feu et de l’exploitation forestière artisanaleOn estime à 96 % la part du volume total de

    bois récolté consacrée au bois de feu en RDC (Figure 4)8. Ceci provient de ce que le bois de feu représente plus de 90 % de la consommation totale d’énergie des ménages du pays.

    En RDC, il faut en moyenne un mètre cube de bois de feu par habitant et par an, soit deux fois la moyenne pour l’Afrique de l’Ouest (0,58 m3)9. La RDC est le plus gros producteur de bois de feu de la région, ce qui reflète sa part de la population régionale; sa production totale s’élevait en 2015 à 82,5 millions de m3 10. L’approvisionnement en bois énergie pour la seule ville de Kinshasa était de 5 millions de m3 par an en 2008, les apports provenant presque exclusivement du ramassage informel dans les galeries forestières dégradées situées dans un rayon de 200 km11. Le bois de feu est également prélevé de manière non durable dans les forêts naturelles, ce qui crée en périphérie des principaux centres urbains de vastes espaces dénudés dits « hangars à bois de feu ».

    En revanche, la production de bois d’œuvre se

    Figure 3 Zones de déforestation, routes et établissements humains

    !.

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    Tshopo

    Bas-Uele

    Tshuapa

    Maniema

    Sankuru

    Kwilu

    Kasai

    Equateur

    Mai-Ndombe

    Ituri

    Haut-Uele

    Mongala

    Sud-Kivu

    Nord-Kivu

    Sud-Ubangi

    Nord-Ubangi

    KwangoTanganykaLomami

    Kongo CentralKasai Central

    Kinshasa

    Goma

    Buta Isiro

    Kindu

    Uvira

    Kenge

    Luebo

    Bukavu

    Gemena

    Boende

    Inongo

    Lusambo

    Bulungu

    Mbandaka

    Bandundu

    Kinshasa

    Basankusu

    Gbadolite

    Mbanza Ngungu

    0 13065 Km

    Sources des données :RGC, GFW, WorldPop

    !. Villes principales

    Routes principales

    Concessions forestières

    Circonscriptions administratives

    Population (habitants/km2)1,140

    faible

    Pertes de couvert forestier 2000-2014

    Figure 4 Utilisation du bois en RDC

    82,53

    0,25 3,41

    Bois de feu Bois d’œuvre :concessions

    Bois d’œuvre :coupe artisanale

    En million m3 en 2015

    Source des données : FAO Stat et Lescuyer (2014) CIFOR

  • 3Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC2 Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC

    situe entre 3 et 4 millions de m3 par an12, soit une fraction des prélèvements annuels de bois de feu (82,5 millions de m3) (Figure 4). Ce bois d’œuvre provient en très grande majorité (>90 %) de l’exploitation forestière artisanale13 (Figure 5), celle-ci étant définie comme des activités menées, avec ou sans permis, par de petites scieries dont l’objectif principal est de fournir du bois de sciage pour le marché intérieur14. Il convient également de noter qu’il y a eu d’importants abus de la part de sociétés qui utilisent des permis d’exploitation artisanale, notamment dans la province du Bandundu15. Ce secteur, qui opère principalement dans les forêts à proximité des routes d’accès et qui fournit des emplois et des revenus aux travailleurs ruraux, offre des produits peu coûteux aux consommateurs urbains et est donc complémentaire de la production provenant des concessions. La production artisanale de bois d’œuvre a connu une augmentation substantielle ces 15 dernières années en raison de l’accroissement de la demande de bois de construction résultant de la croissance de la population urbaine et de la relative augmentation du pouvoir d’achat de certaines classes urbaines. Ce secteur est en grande partie informel du fait de vides juridiques et d’irrégularités dans l’octroi des permis de coupe artisanale (PCA), en particulier

    dans la province Orientale16.

    Malgré les vastes ressources forestières du pays, les volumes de prélèvement de bois d’œuvre en RDC sont les plus bas de tous les pays d’Afrique centrale, la production formelle de bois d’œuvre se situant à environ 300 000 m3 par an17, soit 3 % de la production du Bassin18. Depuis 1991, la production de bois d’œuvre par les concessions n’a jamais dépassé les 400 000 m3 par an19 et a été estimée à 250 000 m3 pour l’année 201520.

    En termes d’affectation des terres, la RDC est également le pays de la région qui possède la plus faible proportion de superficie forestière octroyée en concessions (Figure 6)21. La superficie exploitée est encore moindre. La conjoncture politique générale, le poids des charges fiscales et parafiscales et la concurrence déloyale du secteur informel sont autant de facteurs qui ont porté atteinte à la viabilité du secteur. En fait, sur les 57 permis attribués, 25 concessions étaient opérationnelles en 2015 et 18 seulement en 201622. En 2016, 73 % du bois d’œuvre licite provenaient de concessions ayant un plan d’aménagement.

    Un moratoire avait été établi en 2002 et un décret présidentiel de 2005 est venu interdire l’attribution de nouveaux permis d’exploitation forestière. Ce décret, toujours en vigueur, fixe les conditions de la conversion de permis forestiers en contrats de concession forestière ainsi que les critères dont dépend la levée du moratoire. Il n’est toutefois pas parvenu à prévenir les pertes de forêts qui sont en forte augmentation (Figure 1).

    Le lien entre l’exploitation forestière sous concessions et la déforestation a toujours été ténu en RDC Contrairement à la situation dans d’autres régions tropicales, l’exploitation forestière ne s’accompagne pas dans le bassin du Congo d’un passage à une autre utilisation des terres, tels que l’élevage animalier ou les plantations. La contribution des quelques concessions d’exploitation forestière aux pertes de forêt provient principalement de l’ouverture de routes, qui mène à une expansion de l’agriculture de subsistance (agriculture itinérante sur brûlis) et à l’implantation d’établissements humains. Les impacts directs de cette exploitation forestière industrielle sont limités par l’adoption des principes de la GDF (Code forestier, 2002) ainsi que de la forte sélectivité des essences exploitées.

    En conséquence, les concessions forestières ne constituent pas uniformément une cause de

    Figure 5 Parts respectives de l’exploitation forestière sous concessions et de l’exploitation artisanale dans la production de bois d’œuvre

    Concessions

    Artisanal92 %

    8 %

    Source des données : voir Figure 4

    Figure 6 Concessions forestières en pourcentage du couvert forestier total

    12 %

    64 % 74 %

    38 %44 %

    RDC Gabon R. Congo Cameroun RCA

    Source : Wasseige et al. (2012) & (2015)

  • Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC4

    déforestation et de dégradation des forêts en RDC23. Des études récentes montrent que « la fragmentation des forêts intactes est restée stable (sur la période 2000-2010) et a même diminué légèrement »24 et constatent que « la fragmentation des forêts en RDC est principalement liée à l’expansion

    agricole et pas aux coupes sélectives »25. Ces conclusions sont corroborées par la comparaison des variations annuelles de la production de bois d’œuvre et de l’augmentation forte et constante des taux de déforestation, illustrées à la Figure 7 et à la Figure 1. On parvient aux mêmes conclusions lorsque l’on superpose la carte des concessions forestières et celle des points chauds de déforestation (Figure 8).

    Si l’empreinte de l’exploitation forestière sous concessions est considérée comme faible, le secteur artisanal, lui, peut avoir des effets néfastes. Ses prélèvements sont déjà de dix fois ceux des concessions, sans faire entrer dans l’équation la croissance démographique exponentielle évoquée ci-dessus. En outre, les exploitants forestiers artisanaux mènent leurs activités sans plans de gestion. La Figure 3 ainsi que l’évolution chronologique observable sur le site de la Global Forest Watch montrent clairement l’augmentation de la superficie des zones déboisées aux alentours des principales infrastructures et des établissements urbains où opèrent les exploitants forestiers artisanaux.

    Figure 7 Production annuelle de bois d’œuvre

    100 000

    200 000

    300 000

    400 000

    500 000

    1991

    Volu

    me

    (Gru

    me)

    en

    m3

    1993

    1995

    1997

    1999

    2001

    2003

    2005

    2007

    2009

    2011

    2013

    2015

    Source : AGEDUFOR

    Lien entre l’exploitation forestière sous concessions et les tendances de la déforestation

    Figure 8 Répartition géographique de la déforestation et des concessions forestières

    Source : WRI

  • 5Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC4 Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC

    CE QUE NOUS ENTENDONS RÉALISERAccorder à la foresterie l’attention qu’elle mérite Dans l’ensemble complexe des interventions visant à enrayer les pertes de forêt en RDC, la foresterie est l’un des morceaux du puzzle. Le secteur forestier du pays est confronté à des défis de taille : il est rare à l’heure actuelle que les forêts soient gérées durablement et elles sont loin d’atteindre leur plein potentiel de contribution au développement national et notamment leur potentiel appréciable de réduction de la pauvreté. Les recettes de l’État provenant du secteur forestier formel sont notablement inférieures au montant des évaluations officielles et le secteur est dominé par l’exploitation forestière informelle. Il n’existe pratiquement pas d’industrie de transformation du bois dotée d’une capacité suffisante pour desservir ne serait-ce que le marché intérieur, et la valeur ajoutée dans le pays est donc très faible. Par ailleurs, le secteur de la foresterie fait face à de rudes défis en matière de gouvernance. Étant donné la taille du pays, les carences de la gouvernance générale et le budget limité du ministère de l’Environnement et du Développement durable, le gouvernement exerce un contrôle extrêmement limité sur les forêts. Le bas niveau de la gouvernance forestière qui en résulte, outre qu’il a des effets négatifs sur la durabilité du secteur et qu’il déprime la contribution de celui-ci au produit intérieur brut, présente également des risques notables pour les efforts visant à réduire les émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+).

    Pour relever ces défis, le Plan d’investissement de la RDC, appuyé par CAFI et par la lettre d’intention signée entre le pays et l’Initiative, a dressé une liste ambitieuse de résultats à atteindre dans le secteur forestier : opérationnaliser le système de surveillance nationale des forêts, réduire la part de la production illicite de bois d’œuvre, favoriser l’établissement et la validation de plans de gestion et accroître la part du bois d’œuvre certifié pour l’exportation, appuyer la mise en œuvre de modèles de foresterie communautaire, avec notamment la structuration et l’organisation des communautés, concevoir un cadre juridique approprié pour faire entrer dans le secteur formel la petite production

    de bois d’œuvre, professionnaliser les scieries et offrir des incitatifs aux fonctionnaires pour réduire les pratiques de corruption actuelles, et rechercher des moyens formels pour répondre à la demande locale de bois d’œuvre.

    Toutefois, si nous nous concentrons sur la foresterie sans tenir compte de l’ensemble de la dynamique de la déforestation présentée dans la première section de la présente note, nous courons à l’échec.

    Traiter les facteurs en jeu, au lieu des symptômes, et les traiter globalementNous devons, pour lutter contre la destruction systémique des forêts de la RDC :

    • Nous attaquer à toutes les causes, directes ainsi que sous-jacentes, des pertes de forêts dans tous les secteurs et sur l’ensemble du territoire national;

    • Mettre en œuvre des programmes et appuyer des processus de réforme en vue d’instaurer des environnements propices à un développement économique respectueux de la forêt;

    • Identifier et promouvoir des interventions forestières selon des scénarios explicitement gagnants-gagnants, ou du moins « gagnants-moins perdants pour la forêt »;

    • Favoriser des compromis entre les différents acteurs et secteurs et leurs intérêts divers et parfois contraires, et traduire ces compromis en un aménagement du territoire qui tient compte du capital forestier du pays;

    • Doter les habitants de la forêt, les populations autochtones et le gouvernement de capacités à réduire les asymétries de pouvoir et de connaissances et autoriser l’obtention de meilleurs résultats pour la forêt et la population.

    L’obtention des résultats souhaités dépendra de la capacité du gouvernement de la RDC à combiner et à ordonnancer les différentes interventions sectorielles en atténuant les effets de rebond (tels que l’accroissement du défrichage de terres forestières résultant d’investissements agricoles) et à créer des conditions mutuellement habilitantes

  • Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC6

    qui faciliteront les investissements sectoriels soucieux des forêts. En conséquence, CAFI n’appuie pas les approches ou programmes axés sur les projets qui ne visent qu’un seul facteur direct de pertes de forêt sans tenir compte simultanément d’autres facteurs directs interreliés (tels que le prélèvement de bois-énergie et de bois d’œuvre et l’agriculture itinérante sur brûlis sur la même parcelle) ou qui ne sont pas accompagnés d’une amélioration de l’environnement habilitant (règles d’utilisation des terres et régime foncier, gouvernance ou politiques fiscales/ budgétaires). Ce dernier point est important non seulement pour assurer la durabilité des résultats mais aussi pour éviter ou atténuer les effets de rebond.

    L’élaboration et la mise en œuvre de ces interventions complexes recouvrant différents secteurs exigent un engagement politique de haut niveau. Elles exigent également une institution gouvernementale investie d’un large mandat plurisectoriel de manière à gérer efficacement la coordination intersectorielle ainsi qu’à négocier et à faire appliquer des compromis entre les différents utilisateurs et utilisations des terres. Les efforts que les gouvernements sont disposés à consentir sont énoncés dans les cadres d’investissement appuyés par CAFI et dans les lettres d’intention signées par le gouvernement et CAFI. Ces instruments proposent des modèles alternatifs de développement durable fondés sur la dynamique de la déforestation et de la dégradation des forêts tant au macro-niveau qu’au micro-niveau.

    En conséquence de ce qui précède, CAFI appuie la mise en œuvre du Plan d’investissement de la RDC, qui est fondé sur la Stratégie-cadre nationale REDD+, laquelle vise à stabiliser le couvert forestier à 63,5 % du territoire national d’ici 2030 et à l’y maintenir ultérieurement. La prémisse fondamentale de la Stratégie est que la forêt continuera d’être utilisée et de contribuer au développement économique. Durant la période qui s’achèvera en 2030, la déforestation se poursuivra donc, mais son impact sera notablement inférieur à ce qu’il aurait été selon un scénario de maintien du statu quo.

    Par suite, le Plan d’investissement définit les investissements prioritaires à consentir pour prendre en compte systématiquement et globalement tous les moteurs directs et sous-jacents de la déforestation. Il comporte un portefeuille de programmes transformateurs visant à favoriser : i) les réformes structurelles en matière d’aménagement du territoire, de régime foncier, de gouvernance, d’agriculture et de foresterie, et ii) les

    investissements au niveau provincial pour impulser un modèle inclusif et durable de développement durable et créer de nouvelles opportunités socioéconomiques pour les communautés locales, les agriculteurs et les petits propriétaires, qui sont parmi les groupes de population les plus vulnérables de la planète.

    Issu de la Stratégie-cadre nationale, le Plan

    Figure 9 Budget du Plan d’investissement par effet

    0 100 200 300 400 500

    Agriculture

    Forêts

    Énergie durable

    Alignement sectorielet gouvernance

    Régime foncier

    Aménagement du territoire

    Planification familiale

    Mines et infrastructure

    Millions de dollars E.-U.

    Figure 10 Financements alloués par CAFI à la RDC

    Agriculture

    Forêts

    Énergie durable

    Alignement sectorielet gouvernance

    Régime foncier

    Aménagementdu territoire

    Planificationfamiliale

    Mines etinfrastructure

    66,4

    29,6

    28

    26,4

    21,6

    21,6

    12

    4,8

    Millions de dollars E.-U.

    http://www.cafi.org/content/cafi/fr/home/partner-countries/democratic-republic-of-the-congo/drc-redd--investment-plan-test.html

  • 7Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC6 Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC

    d’investissement a retenu huit effets correspondant à chacun des moteurs de déforestation. La majorité des investissements cible les secteurs de l’agriculture et de l’énergie, étant donné que l’agriculture itinérante sur brûlis et la production de charbon de bois sont les principaux moteurs de la déforestation (Figure 9). S’agissant de la focalisation géographique, le Plan d’investissement distingue entre les points chaud de déforestation où l’interaction entre les humains et la forêt doit faire l’objet de mesures de gestion, les zones de conservation, et les zones non boisées où il faut développer des activités économiques alternatives.

    Les interventions dans le domaine de la foresterie seront mises en œuvre conformément à une

    matrice d’activités sectorielles au niveau national et provincial. Parmi celles-là figurent le système de surveillance nationale des forêts, le programme de gestion durable des forêts, le programme d’appui aux peuples autochtones sur différents modèles de gestion forestière, et des programmes provinciaux. Les activités seront coordonnées avec celles qui seront entreprises dans d’autres secteurs, tout particulièrement dans ceux de l’aménagement du territoire, de la gouvernance, du régime foncier et de l’énergie (Tableau 1).

    Il est attendu que les appuis bilatéraux octroyés en sus des apports financiers de CAFI en faveur de la foresterie communautaire et de la conservation s’aligneront sur le Plan d’investissement.

    Tableau 1 Logique des interventions sur la production de bois d’oeuvre comme moteur de déforestation et dégradation des forêts

    Cause de déforestation et de dégradation des forêts

    Programmes sectoriels

    (mise en œuvre axée sur l’appui aux programmes provinciaux)

    8 programmes provinciaux

    Principaux liens avec les autres programmes visant d’autres moteurs de déforestation

    4. Production de bois d’œuvre

    (exploitation principalement informelle/artisanale)

    Objectif général : gestion durable des ressources en bois et amélioration des conditions de vie

    Aménagement du territoire (macro-niveau et micro-niveau) : utilisation des ressources en bois, planification spatiale par des plans d’utilisation des terres aux divers niveaux du gouvernement

    Gouvernance : structuration des communautés et plateformes de collaboration/surveillance aux divers niveaux de gouvernance

    Régime foncier : clarification et respect des droits de propriété foncière (principalement collectifs) appuyés par la réforme nationale

    Énergie : production de charbon de bois durable par le biais de l’agroforesterie

    Gestion durable des forêts, Système de surveillance nationale des forêts, Appui aux peuples autochtones :

    • Politique forestière, mise à jour du Code forestier et zonage

    • Foresterie communautaire en synergie avec les ETD

    • Contrôle de la légalité (administration à divers niveaux de gouvernance et un observateur indépendant)

    • Surveillance des forêts

    Appui à l’exploitation durable des ressources en bois dans le cadre de la foresterie à base communautaire, y inclus des plans de gestion des stocks, la structuration et l’organisation des communautés, la formation de petites entreprises, l’appui à l’organisation de chaînes de valeur, etc.

    Appui à l’administration décentralisée pour améliorer les capacités d’application des règlements

    Agroforesterie

    Clarification et respect des droits fonciers des communautés locales et des peuples autochtones

  • CAFI est une initiative lancée en 2015 qui vise à accélérer les réformes afin que soit reconnu l’impact positif des forêts de l’Afrique centrale sur la lutte contre les changements climatiques, la réduction de la pauvreté et le développement durable et afin que ces forêts soient préservées.

    www.cafi.org

    Complexe et nuancé : Contexte de la foresterie et de la perte de couvert forestier en RDC8

    Notes1. MECNDD, 2015. Protocole méthodologique et

    résultats de l’analyse de changement de couvert forestier 1990-2010 de la RDC

    2. MECNDD, 2015.

    3. Confirmation prévue d’ici octobre 2017

    4. Megevand, Carole & al., 2013. Deforestation trends in the Congo Basin: reconciling economic growth and forest protection. Directions in development. Environment and sustainable development. Washington DC: World Bank http://documents.worldbank.org/curated/en/175211468257358269/Deforestation-trends-in-the-Congo-Basin-reconciling-economic-growth-and-forest-protection

    5. Rapport de synthèse présentant et comparant les résultats des différentes études menées sur les causes de la déforestation et de la dégradation des forêts en RDC, FAO – Le rapport de synthèse qui établit le consensus national sur les moteurs de la déforestation est fondé sur quatre études qualitatives et quantitatives menées respectivement par l’Université catholique de Louvain, la société civile, la FAO et le PNUE.

    6. Defourny, Pierre; Delhage, Céline; Kibambe Lubamba, Jean-Paul, 2011, Analyse quantitative des causes de la déforestation et de la dégradation des forêts en République Démocratique du Congo, UCL

    7. United Nations, Department of Economic and Social Affairs, Population Division (2017). World Population Prospects: The 2017 Revision, Key Findings and Advance Tables. Working Paper No. ESA/P/WP/248.

    8. FAO Stat. Toutes les données pour 2015, sauf pour l’exploitation forestière artisanale, où les données sont fondées sur Lescuyer 2014. CIFOR, pour les années 2011 et 2012

    9. Marien J-N, 2009, “Peri urban forests and wood energy: what are the perspectives for Central Africa?” in The Forest of the Congo Basin, 2008.

    10. FAO, Stat

    11. Marien J-N, 2009.

    12. Pour les différentes estimations sur l’exploitation forestière artisanale, voir Lescuyer (2014) CIFOR

    13. Lescuyer G, et al., 2014. The domestic market for small-scale chainsaw milling in the Democratic Rep of Congo, Occasional Document 110. CIFOR, Bogor

    14. Lescuyer 2014. CIFOR

    15. Greenpeace, 2012, 2013. Global Witness, 2012

    16. Lescuyer 2014. CIFOR

    17. De Wasseige et al., 2009. Les forêts du bassin du Congo – État des forêts 2008, Luxembourg, Office des publications de l’Union européenne

    18. Et la production de grumes de l’Afrique centrale ne représente que 3 % de la production mondiale de bois ronds tropicaux (De Wasseige et al., 2012. Les forêts du bassin du Congo – État des forêts 2010, Luxembourg, Office des publications de l’Union européenne)De Wasseige and all, 2012. The Forests of the Congo Basin – State of the Forest 2010, Luxembourg, Publications office of the EU

    19. De Wasseige et al., 2012. Les forêts du bassin du Congo – État des forêts 2010, Luxembourg, Office des publications de l’Union européenne

    20. AGEDUFOR/AFD

    21. De Wasseige et al., 2012

    22. AGEDUFOR

    23. UCL, Defourny et al., 2011,

    24. Zhuravleva, I. et al. 2013 Satellite-based primary forest degradation assessment in the Democratic Republic of the Congo, 2000-2010.Environmental Research Letters, 8 024034.

    25. Zhuravleva, I. 2011. Intact forest landscapes in the tropics: mapping and monitoring in 2000-2010 Abstracts of Fifth Int. Conf. Earth from the Space: the most Effective Solutions (Moscow: Scanex)

    http://www.cafi.orghttp://documents.worldbank.org/curated/en/175211468257358269/Deforestation-trends-in-the-Congo-Basin-reconciling-economic-growth-and-forest-protectionhttp://documents.worldbank.org/curated/en/175211468257358269/Deforestation-trends-in-the-Congo-Basin-reconciling-economic-growth-and-forest-protectionhttp://documents.worldbank.org/curated/en/175211468257358269/Deforestation-trends-in-the-Congo-Basin-reconciling-economic-growth-and-forest-protectionhttp://www.unredd.net/index.php?option=com_docman&task=doc_download&gid=9159&Itemid=53http://www.unredd.net/index.php?option=com_docman&task=doc_download&gid=9159&Itemid=53http://www.unredd.net/index.php?option=com_docman&task=doc_download&gid=9159&Itemid=53http://www.unredd.net/index.php?option=com_docman&task=doc_download&gid=9159&Itemid=53