Consommer moins et mieux

Economiser l’énergieet les ressources naturelles

Cahier 5

Dossier Consommer moins et mieux 2 2

Dans ce cahier n°5 : Economiser l’énergie et les ressources naturelles Tout le monde est d’accord, il faut protéger la nature ! Tout le monde est d’accord, il faut diminuer la pollution ! Tout le monde est d’accord, il faut économiser l’énergie et les ressources naturelles ! Mais, (presque) tout le monde s’accorde à dire qu’il faut relancer la croissance ! … « on » dit qu’ elle est la seule recette pour créer des emplois, pour augmenter le pouvoir d’achat, relancer la consommation des ménages. L’ennui est que cette même consommation détruit la nature et engendre des pollutions. L’autre ennui, c’est que notre consommation de biens et d’énergie est telle aujourd’hui, qu’elle dépasse déjà les capacités de renouvellement des ressources naturelles de la planète. Ce dépassement réduit le capital naturel de la Terre et n’est donc possible que pour une durée limitée. De plus, la répartition de cette consommation est fondamentalement inéquitable ; si tous les êtres humains vivaient comme les Européens, il nous faudrait 3 planètes ! Il est donc urgent de changer de modèle, d’inventer un modèle qui accepte les limites écologiques et qui partage mieux les ressources. Il nous faut aussi inventer une toute autre manière de consommer : réduire l’usage de l’énergie, des matériaux non renouvelables, réutiliser, recycler, dématérialiser, redécouvrir la simplicité et un nouvel art d’être ensemble. Bref une « éco-consommation » !

ENSEMBLE POUR ALLER PLUS LOIN : SE FORMER, DÉBATTRE, AGIR En publiant ce cahier, notre objectif est de vous proposer un support d’information, de formation, de débat et d’action. Nous vous invitons à consulter le cahier n°8 du dossier « Multinationales, Mondialisation et Commerce Equitable ». Vous y trouverez méthodes et idées pour aller plus loin.

VOTRE AVIS NOUS INTÉRESSE Avis, commentaires, questions, coup de gueule, coup de cœur, coup de main nous intéressent. Partage de ce qui se dit, de ce qui se fait. Le site www.madeindignity.be est ouvert pour recueillir tout cela. Et le partager avec d’autres.

CONSOMMER MOINS ET MIEUX

Cahier 1. Choisir Made in dignity L’analyse de la démarche Made in dignity de commerce équitable Cahier 2. Soutenir une agriculture biologique L’analyse de modèles de développement agricole Cahier 3. Investir dans le financement alternatif L’analyse de la démarche de financement solidaire Cahier 4. Choisir une consommation durable et solidaire L’analyse de la filière des vêtements de seconde main Cahier 5. Economiser l’énergie et les ressources naturelles L’analyse de l’empreinte écologique Cahier 6. Consommer moins et mieux 4 critères pour une consommation critique et responsable

Cahier 5

Economiser l’énergie et les ressources naturelles

Un schéma explicatif de l’empreinte écologique

Page 3

Les explications du schéma d’analyse Pages 4 à 7

Un document d’information pour prolonger la réflexion

Pages 8 & 9

Comment réduire son empreinte écologique ?

Pages 10

Pour en savoir plus ! Pages 11

A l’affiche Page 12

www.madeindignity.be www.ecoconso.be

Cahier 5 : Economiser l’énergie et les ressources naturelles 3

ALIMENTATION • de la viande ou des

légumes ? • chez le producteur ou

au supermarché ? • bio ou pas bio ? • …

ENERGIE • Chauffage au gaz ou au

mazout ? • Des panneaux

solaires : vraiment intéressant ?

• Double vitrage ? • …

EAU • boire l’eau du robinet ? • eau de pluie pour les

chasses d’eau ? • propreté à la maison =

pollution ? • …

DECHETS • Un compost en ville ? • des publicités dans la

boîte aux lettres ? • bouteille en verre ou

en plastique ? • recyclables ou

recyclés ? • …

TRANSPORT • essence ou diesel ? • vacances en Ardennes

ou aux Bahamas ? • c’est quoi le car-

sharing ? • …

Réduire la consommation pour un développement

durable ?

Dossier Consommer moins et mieux 4 4

Un système économique qui va dans le mur !

Depuis plus de deux siècles, le système économique est entré dans une course sans fin d’un objectif perpétuel de croissance. Malgré une prise de conscience croissante des contraintes écologiques, on peut encore trouver dans les objectifs de nos gouvernements cette obsession du taux de croissance, qui doit rattraper les « meilleurs » ou les pays jugés les plus compétitifs. La mesure de notre « bonheur » national, c’est donc le fameux « produit intérieur brut », qui reflète l’état des transactions économiques, mais ne mesure ni l’inégalité sociale, ni le bien-être de la population, ni la ponction faite dans le capital des ressources naturelles. Il ne prend pas en compte les dettes que nous créons vis-à-vis des générations futures en particulier en matière d’environnement. En effet, la pollution que l’activité économique engendre n’est pas intégrée au prix des biens et des services. Au contraire, dans certains secteurs, plus c’est polluant, moins c’est cher (c’est flagrant dans les coûts du transport). Savez-vous que le kérosène d’avion n’est pas taxé ? Qu’il n’y a pas de TVA sur les billets d’avion ? Or il s’agit du moyen de transport émettant le plus de gaz à effet de serre, par km/passager ? Pour soutenir cette croissance et tirer vers le haut la compétitivité des entreprises, le système produit des biens dont la durée de vie est de plus en plus courte, de façon à créer le besoin de les renouveler souvent. Les stocks sont remplacés par un « flux tendu » de transport qui emprunte de plus en plus la route et le ciel avec le cortège de nuisances que cela engendre; le consommateur est incité à s’équiper de plus en plus en biens dont il n’a plus la maîtrise ; … et qu’il va jeter bientôt, …puisque leur valeur marchande ne justifie pas leur réparation. Changer sa façon de consommer est donc une façon de contester ce système économique et de ne plus aller dans le mur. Cela veut-il dire que le consommateur-citoyen a un impact ? De récentes études sociologiques démontrent que seule l’action collective des consommateurs peut changer les logiques économiques. D’où la nécessité de s’inscrire dans un mouvement social, d’intégrer son acte quotidien à une démarche collective.

C’est grâce aux consommateurs-citoyens critiques que nous pouvons espérer faire bouger les acteurs politiques, et les inciter à oser une politique économique et fiscale qui soutient les choix éthiques, solidaires et écologiques. C’est pourquoi, cela a du sens aujourd’hui :

• d’analyser l’impact de notre consommation sur l’éco-système planétaire • d’afficher notre engagement à éco-consommer • d’appliquer cela au niveau individuel et au niveau de toutes les communautés de vie

auxquelles nous appartenons.

Cahier 5 : Economiser l’énergie et les ressources naturelles 5

Un concept clé pour devenir éco-consommateur : l’empreinte écologique

• L’empreinte écologique est une estimation de la surface nécessaire à une personne ou à un

groupe de personnes pour produire ce qu’ils consomment et absorber ce qu’ils rejettent. Elle s’exprime en unité de surface : l’hectare (ha).

• La Terre dispose de 11,4 milliards d’hectares biologiquement productifs (les forêts qui

absorbent le CO2, les océans qui nous fournissent du poisson, mais pas les déserts où rien n’est cultivable par exemple). Ils doivent donc être partagés entre 6 milliards d’individus. Cela représente 1,9 ha par habitant. Si nous réservons un peu d’espace à la biodiversité, à la «nature sauvage », il ne reste que 1,7 ha pour chacun d’entre nous. Or, en moyenne, chaque individu consomme déjà 2,3 ha, bien trop en regard de la capacité naturelle de la terre!

• Un Belge a une empreinte moyenne de 6,7 ha, un Américain de 9,7 ha, un Indien de 0,7 ha…

L’empreinte écologique est donc une mesure non seulement de la durabilité écologique, mais aussi de l’inégalité entre le Nord et le Sud, entre les riches et les pauvres.

S’il ne s’agit pas d’un outil de science exacte, cette estimation a le mérite de susciter la réflexion.

Faites l’exercice : calculez votre empreinte écologique en allant visiter les sites suivants :

• www.ibgebim.be : test de 12 questions sur le site de l’IBGE, en français. Comparaison du résultat avec la moyenne bruxelloise et mondiale ; conseils pour réduire cette empreinte

• www.wwf.be : explication du concept et renvoi vers les sites suisses du WWF ; test complet et ludique en francais

• www.ecoscore.be : en flamand : aller sur « voetafdruk » puis faire le test « quickscan » ( 13 questions)

• www.agir21.org : une quinzaine de questions en français. Comparaison du résultat avec les moyennes mondiales et répartition de votre empreinte entre les pôles

Alors, réduire son empreinte écologique et accroître sa solidarité planétaire, est-ce possible ? Voyons cela au travers de quelques cas concrets ! Les portraits qui suivent ne sont pas des caricatures. Ils sont empruntés à la réalité, dans le contexte de notre société belge en 2005.

Dossier Consommer moins et mieux 6 6

Portraits pour mieux comprendre : Poluto, Midelito, et Ecolito

Poluto est content ; il a pu se payer son rêve : une voiture 4x4 flambant neuve, taxée comme un utilitaire ; cela lui assurera la fierté de ses gamins, permettra des déplacements en famille plus confortables, d’atteindre des lieux de pique-nique ou de vacances loin dans la nature, et le profil de sa « bête » fera pâlir d’envie ses collègues de bureau. D’ailleurs, outre la frime, il se dit que ce véhicule offre une sécurité incomparable et résistera mieux que d’autres aux tempêtes et inondations qui deviennent plus fréquentes en Belgique. Poluto a dû bosser longtemps pour se payer cela, parce que, par ailleurs, depuis qu’il s’est installé dans la campagne, à plus de 50 kms de son boulot, le crédit pour sa maison 4 façades et le budget transport de la famille sont lourds à supporter. D’ailleurs, sa femme a dû se mettre à travailler pour aider à rembourser les dettes, et ne peut plus faire la cuisine à la maison. Parfois Poluto regrette de ne manger que des plats préparés ou des surgelés vite réchauffés. Il râle aussi de ne plus trouver le temps de bricoler dans sa maison ; il y a des fuites, et cela rallonge la note car la famille fait grand usage du sèche linge et du chauffage d’appoint électrique. Mais l’important, c’est qu’ils ont sauvé jusqu’à présent le budget vacances pour aller quelques jours faire de la plongée en Mer rouge et garder leur semaine de ski en Savoie. Heureusement aussi, avec Ryanair, les week-ends en amoureux à Venise restent accessibles. Bah, un peu d’insouciance !

Midelito hésite ! Sa femme et lui se sont donnés beaucoup de mal pour atteindre un niveau de vie confortable et assurer une éducation de qualité à leurs enfants. Ils habitent une grande maison mitoyenne dans un village du Brabant wallon. Ils travaillent tous les deux, mais avec un horaire qui leur permet d’assurer une bonne gestion de la maison : une cuisine faite maison, du temps pour fignoler leur confort. Ils arrivent à limiter les frais de voiture en la réservant aux courts déplacements vers la gare, et bien sûr aux voyages de vacances. Mais aujourd’hui son entreprise lui offre une voiture de société ; cela justifierait qu’il prenne sa voiture jusqu’à Bruxelles tous les jours, et renonce à son abonnement de train ! D’autre part, sa femme et ses enfants ne veulent plus aller en Espagne à leur camping habituel au bord de la mer. Ils ont repéré dans les catalogues un séjour à l’Ile Maurice à un prix imbattable. Midelito hésite à aller si loin pour trouver la plage ! Lui, préfèrerait emmener sa femme une semaine en Egypte ! Le tourisme est de plus en plus à la portée de tous. Mais Midelito a aussi des aspirations bien plus simples : faire du vélo en Ardennes avec ses copains par exemple. Il trouve que c’est bien compliqué de choisir ! Ecolito se sent bien ! Ses voisins sont venus apprécier les résultats de ses travaux d’isolation et l’installation de panneaux solaires sur le toit de sa maison. Sa femme a pu aussi leur montrer son potager et leur faire goûter le pâté végétal, dont elle tient la recette secrète. Les enfants sont de plus en plus enthousiastes des menus végétariens qu’elle concocte et où elle intègre toute l’année des légumes frais. Ils ont renoncé à une voiture familiale et se sont inscrits dans un système de carsharing qui leur permet d’aller rendre visite à des amis et à leurs parents le week-end. Heureusement, Ecolito s’est installé dans un quartier bien desservi par les transports en commun, et leur mobilité reste facile. Pour les prochaines vacances ; ils envisagent de s’inscrire à la randonnée en vélo de la Ligue des Familles ; ils en ont eu des échos tellement enthousiastes ! Au fond, quand on a fait certains choix de vie, le quotidien devient plus facile.

Cahier 5 : Economiser l’énergie et les ressources naturelles 7

Poluto : • mange des repas tout faits ou à l’extérieur • mange tous les jours de la viande • a une maison 4 façades de taille moyenne • a une maison isolée mais Poluto ne fait pas attention à

cela • se chauffe au mazout • utilise à profusion des appareils électriques • jette 2 sacs poubelle par semaine, trie peu • a une consommation d’eau moyenne • utilise sa voiture tous les jours, + de 100 kms • a une grosse cylindrée ! • utilise rarement les transports en commun • prend l’avion pour aller loin en vacances

L’empreinte écologique de Poluto : 9, 8 ha.

Si tout le monde vivait comme Poluto, il faudrait 5,8 planètes !

Midelito : • mange des légumes frais et surgelés • mange de la viande 4 ou 5 fois par semaine • habite une maison mitoyenne qui est isolée normalement • est économe en chauffage • se chauffe au mazout • ne fait guère attention à sa consommation électrique • jette 2 sacs poubelle par semaine mais trie ses déchets • a une consommation d’eau normale • utilise sa voiture tous les jours pour de courtes distances • a une cylindrée moyenne • utilise les transports en commun tous les jours • va en Espagne en voiture pour ses vacances

L’empreinte écologique de Midelito est de 4,9 ha.

Si tout le monde vivait comme Midelito, il faudrait 3 planètes !

Ecolito : • mange des légumes frais et de saison • mange parfois de la viande • a une petite maison mitoyenne • a une maison parfaitement isolée • a une maison chauffée au gaz • consomme peu d’électricité • jette un sac poubelle par semaine, trie tout • est très économe avec l’eau • voyage rarement en voiture • a une voiture qui consomme peu • utilise les transports en commun tous les jours • prend ses vacances en Ardennes

L’empreinte écologique d’Ecolito est de 2,1 ha.

Si tout le monde vivait comme Ecolito, il faudrait 1,3 planètes !

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Comment réduire son empreinte écologique ? 1. Simplement par des gestes quotidiens, sans rien dépenser : ALIMENTATION

• consommer des produits de l’agriculture biologique • réserver la viande au dimanche ! • quand c’est possible, acheter des produits locaux

ENERGIE

• baisser le chauffage dans les pièces inoccupées • quand on aère, fermer le radiateur • éteindre la lumière quand on quitte la pièce • ne pas laisser les appareils en mode veille

EAU

• mettre une brique dans la chasse d’eau (et ainsi diminuer sa consommation) • vérifier qu’il n’y ait pas de fuites (observer les variations au compteur pendant la nuit) • modérer l’utilisation des produits d’entretien pour limiter les substances toxiques dans les

rejets d’eaux usées DECHETS

• boire l’eau du robinet et éviter ainsi les bouteilles jetables • avoir son sac réutilisable avec soi pour les courses • composter les déchets organiques • trier les déchets • refuser les publicités dans la boîte aux lettres au moyen d’un autocollant • acheter en vrac ou en grand conditionnement pour éviter les emballages inutiles • éviter le jetable autant que possible ! : lingettes, vaisselle, piles, rasoirs, appareils de photos…..

TRANSPORT

• choisir le vélo ou la marche pour les petits déplacements • choisir les transports en commun pour aller au boulot ou à l’école • choisir un voyage d’un mois au lieu de 4 déplacements d’une semaine • choisir le train plutôt que l’avion pour les déplacements en Europe ! • le car-sharing

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2. Un petit investissement qui rapporte gros !

• acheter des lampes économiques • si vous trouvez que l’eau a mauvais goût, achetez un filtre pour boire l’eau du robinet et/ou

mettez la au frigo quelque temps • transformer un coin de votre jardin en potager • …

3. Si vous êtes sur le point de faire de gros investissements !

• si vous rénovez une maison, penser « économie d’énergie » à tout moment ! : choisir le double vitrage, les chaudières à condensation, les isolants efficaces et naturels, ….

• si vous voulez construire, choisissez un projet « basse énergie », faites appel aux corps de métier entrés dans la démarche « construire avec l’énergie » (en Région wallonne)

• à l’achat d’une voiture, pensez à sa consommation et à ses émissions de CO2 • si vous n’êtes pas sur le point d’acheter une voiture, pourquoi ne pas penser à une formule de

« car-sharing » ? • avant d’acheter une résidence secondaire au soleil, calculez l’augmentation de votre empreinte

écologique ! TOUS CES CONSEILS PEUVENT ÊTRE TRADUITS EN M2 D’EMPREINTE ÉCOLOGIQUE ! Par exemple :

• un jour sans viande : - 15 m2 • baisser le thermostat d’1 degré : - 1000 m2 • appareils en mode veille : - 400 m2 • suppression des imprimés publicitaires (26 kg /ménage/an) : - 500 m2 • déplacement en voiture : 1m2 d’empreinte / km épargné • éviter un trajet en avion en Grèce : - 1350 m2

Pour en savoir plus ! Visitez les sites suivants : www.ecoconso.be www.crioc-oivo.org www.energie.wallonie.be Pour toute information supplémentaire, et question personnalisée : Téléphonez à notre

permanence téléphonique aux heures de bureau : 071/300 301 Commandez nos publications ou fiches conseils : elles sont gratuites sauf frais d’envoi Réseau Eco-consommation 27, bd Defontaine, 6000 Charleroi info@ecoconso.be www.ecoconso.be tel : 071 300 301 ; 071 65 48 71

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pour les conditions de travailpour l’environnementpour ma santé et mon bien-êtrepour un autre modèle de société