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R. LLORED. Théorie microéconomique du consommateur. Cours Hypokhâgne B/L. THEORIE MICROECONOMIQUE DU CONSOMMATEUR. PLAN. 1. La fonction d’utilité. 1.1. De l’utilité totale à l’utilité marginale Encadré 1. Les fondateurs de la microéconomie : les marginalistes. Encadré 2. L’utilité selon Léon WALRAS. Encadré 3. Y a-t-il eu une révolution marginaliste ? 1.2. Utilité cardinale et utilité ordinale. 1.3. Les courbes d’indifférence. 1.4. Le taux marginal de substitution (TMS). 1.5. Une typologie des biens et des fonctions d’utilité. 2. La contrainte budgétaire. 2.1. La droite de budget. 2.2. L’équilibre du consommateur. 2.3 La maximisation de l’utilité. 2.4. Transformations de l’environnement économique et équilibre du consommateur. Encadré 4. Les gens raisonnent-ils vraiment à la façon dont la théorie microéconomique le conçoit ? 3. La demande. 3.1.De la fonction de demande individuelle à la demande globale. Encadré 5. Thorstein VEBLEN. 3.2. Effet de revenu et effet de substitution. 3.3. L’élasticité-prix de la demande. Encadré 6. L’élasticité-prix selon Paul KRUGMAN. 3.4. L’élasticité-revenu de la demande 4. Marchés concurrentiels et surplus du consommateur. 4.1. Le surplus du consommateur. 4.2. Efficacité des marchés de concurrence pure et parfaite et surplus du consommateur.

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THEORIE MICROECONOMIQUE DU CONSOMMATEUR.

PLAN.

1. La fonction d’utilité.

1.1. De l’utilité totale à l’utilité marginale Encadré 1. Les fondateurs de la microéconomie : les marginalistes. Encadré 2. L’utilité selon Léon WALRAS. Encadré 3. Y a-t-il eu une révolution marginaliste ? 1.2. Utilité cardinale et utilité ordinale. 1.3. Les courbes d’indifférence. 1.4. Le taux marginal de substitution (TMS). 1.5. Une typologie des biens et des fonctions d’utilité.

2. La contrainte budgétaire. 2.1. La droite de budget. 2.2. L’équilibre du consommateur. 2.3 La maximisation de l’utilité. 2.4. Transformations de l’environnement économique et équilibre du consommateur. Encadré 4. Les gens raisonnent-ils vraiment à la façon dont la théorie microéconomique le conçoit ?

3. La demande. 3.1.De la fonction de demande individuelle à la demande globale. Encadré 5. Thorstein VEBLEN. 3.2. Effet de revenu et effet de substitution. 3.3. L’élasticité-prix de la demande. Encadré 6. L’élasticité-prix selon Paul KRUGMAN. 3.4. L’élasticité-revenu de la demande

4. Marchés concurrentiels et surplus du consommateur. 4.1. Le surplus du consommateur. 4.2. Efficacité des marchés de concurrence pure et parfaite et surplus du consommateur.

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1. La fonction d’utilité. La fonction d’utilité est une fonction numérique qui établit une relation de préférence exprimée par un consommateur à l’égard d’un bien ou d’un panier de biens auquel peut être associé un nombre réel.

1.1. De l’utilité totale à l’utilité marginale. L’utilité totale U d’un bien d’un bien x mesure la satisfaction globale que l’individu retire de la consommation de ce bien. Le niveau de U dépend de la quantité de x, U est donc « fonction » de x : U = U(x) L’utilité marginale (notée Um ) mesure l’évolution de l’utilité totale à la marge c’est-à-dire pour une variation très petite de la quantité de x consommée. On peut distinguer deux cas de figure.

Utilité marginale d’un bien partiellement divisible

Utilité marginale d’un bien parfaitement divisible

Variation de l’utilité totale induite par une unité supplémentaire de ce bien. Um x =

Variation de l’utilité totale induite par une variation infiniment petite ( infinitésimale) de la quantité consommée. Um = U’(x) ou Um =

On considère que l’intensité que l’intensité du besoin que le consommateur cherche à satisfaire décroît au fur et à mesure que la quantité consommée augmente (loi de l’utilité marginale décroissante ou 1ère loi de Gossen). Autrement dit, la satisfaction éprouvée lors de la consommation de chaque unité supplémentaire va en diminuant. Mais l’utilité totale ne diminue pas pour autant.

Représentations graphiques Commentaires

Le point S représente le niveau de consommation du bien x pour lequel le consommateur atteint le maximum de son utilité (point de saturation), en ce point Um = 0 A partir de ce point, l’utilité diminue et l’utilité marginale devient négative. Mais un consommateur rationnel ne devrait pas poursuivre sa consommation au-delà de ce niveau. D’où l’hypothèse de décroissance de l’utilité marginale, U’x > 0 et U’’x < 0 Conditions définissant l’existence d’un maximum pour la fonction d’utilité totale.

U

Um

x

x

S

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Encadré 1. Les fondateurs de la microéconomie : les marginalistes.

Source : J. Boncœur et H. Thouément, Histoire des idées économiques. Tome 2. De Walras aux contemporains, Nathan, 2000.

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Encadré 2. L’utilité selon Léon WALRAS. « J'appelle richesse sociale l'ensemble des choses matérielles ou immatérielles (car la matérialité ou l'immatérialité des choses n'importe ici en aucune manière) qui sont rares, c'est-à-dire qui, d'une part, nous sont utiles, et qui, d'autre part, n'existent à notre disposition qu'en quantité limitée. [...] Je dis que les choses sont utiles dès qu'elles peuvent servir à un usage quelconque, dès qu'elles répondent à un besoin quelconque et en permettent la satisfaction. Ainsi, il n'y a pas à s'occuper ici des nuances par lesquelles on classe, dans le langage de la conversation courante, l'utile à côté de l'agréable entre le nécessaire et le superflu. Nécessaire, utile, agréable et superflu, tout cela, pour nous, est seulement plus ou moins utile. Il n'y a pas davantage à tenir compte ici de la moralité ou de l'immoralité du besoin auquel répond la chose utile et qu'elle permet de satisfaire. [...] Je dis que les choses n'existent à notre disposition qu'en quantité limitée du moment qu'elles n'existent pas en quantité telle que chacun de nous en trouve à sa portée à discrétion pour satisfaire entièrement le besoin qu'il en a. [...] On voit, d'après cela, quel est ici le sens des mots rares et rareté. C'est un sens scientifique, comme celui des mots de vitesse en mécanique et de chaleur en physique. » Léon Walras, Eléments d'économie politique pure, 1874. Troisième leçon (extrait).

Encadré 3. Y a-t-il eu une révolution marginaliste ? « Le terme de révolution marginaliste est souvent utilisé pour désigner la découverte pratiquement simultanée mais totalement indépendante, au début des années 1870, du principe de l’utilité marginale décroissante, conçu comme fondement d’un nouveau genre de micro-économie statique, par Jevons, Menger et Walras. Ce phénomène qui est présenté comme l’un des meilleurs exemples de découvertes multiples dans l’histoire de la pensée économique, appelle une explication historique : il est difficile de croire que trois hommes travaillant à peu près à la même époque dans des contextes intellectuels aussi différents que Manchester, Vienne et Lausanne peuvent avoir eu par hasard la même idée. Aucune des explications habituellement avancées n’est convaincante. Le développement économique était si différent en Angleterre, en Autriche et en Suisse, vers 1860, que toutes les explications crypto-marxistes, en terme d’évolution des structures de la production, ou de lutte des classes, ne peuvent convaincre. De même, la tradition empirique et utilitariste de la philosophie britannique, le climat philosophique néo-kantien qui régnait en Autriche, et le contexte cartésien suisse n’avaient rien en commun qui puisse expliquer la révolution de l’utilité en économie. En ce qui concerne la politique économique, c’était la pensée classique qui prévalait, et lorsque Jevons et Walras écrivirent sur des questions de politique économique, et ils le firent souvent, il y avait peu ou pas de rapport du tout entre ce qu’ils préconisaient et leurs idées sur la théorie de la valeur. Pour défendre le système capitaliste, en supposant qu’il en ait besoin, ils ne trouvèrent rien de mieux que le vieux mécanisme salaire-population des classiques ou les écrits de Bastiat qui ne doivent rien à l’utilité marginale. Enfin, personne n’avait conscience de l’existence d’une crise intellectuelle vers 1860, pas plus en Angleterre que sur le continent, qui aurait pu inciter à la recherche d’autres modèles économiques ; de plus l’historicisme constituait un modèle alternatif qui continuait à se populariser en 1860, non seulement en Allemagne mais aussi en Angleterre. En résumé, la découverte simultanée de l’utilité marginale appelle effectivement une explication, mais aucune de celles qui sont avancées n’est satisfaisante. La difficulté réside peut-être dans le fait que la notion de “révolution marginaliste” est une reconstruction rationnelle comme en opère l’histoire de la pensée économique, comme les concepts de “mercantilisme” ou d’ “économie politique classique” tels que Keynes les définit, et qui sont susceptibles d’engendrer des puzzles historiques. […]

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Rappelons les principales caractéristiques de l’économie politique classique. Que nous considérions Smith, Ricardo ou John Stuart Mill, le problème économique est conçu comme l’opposition entre la terre, dont la quantité est fixée, et le travail dont les quantités peuvent augmenter, le capital étant ramené à ce dernier sous la forme d’un stock de biens intermédiaires. La fonction de l’analyse économique était d’étudier les effets des variations, en quantité et en qualité, de la force de travail sur le taux de croissance du produit total. Puisque les classiques considéraient que le taux de croissance est une fonction du taux de profit du capital, les tendances à long terme des prix des facteurs et des parts des facteurs dans la répartition venaient naturellement au premier plan, comme éléments déterminants du processus économique. L’accent était mis sur l’accumulation du capital et la croissance économique, dans une économie fondée sur l’entreprise privée. L’économie politique classique prône la concurrence parce qu’elle est supposée étendre le marché en instaurant une amélioration de la division du travail : le bien-être économique était conçu en termes physiques et considéré comme sensiblement proportionnel au volume de la production. Après 1870, cependant, les économistes firent l’hypothèse d’une offre donnée de facteurs productifs, déterminée de façon exogène par des éléments ne relevant pas du domaine de l’analyse. Le problème économique fut alors conçu comme la recherche des conditions auxquelles des services productifs donnés peuvent être affectés de façon optimale à des usages alternatifs, optimal étant entendu au sens de “maximisant la satisfaction des consommateurs”. Ceci éliminait la considération des effets de l’accroissement de la quantité ou de la qualité des ressources et de l’expansion dynamique des besoins, effets que les économistes classiques avaient considérés comme la condition nécessaire du progrès économique. Pour la première fois, l’économie devint réellement la science qui étudie la relation entre des fins données et des moyens rares donnés qui ont des usages alternatifs. La théorie classique du développement économique fut remplacée par le concept d’équilibre général dans un cadre essentiellement statique. […] La suprématie du concept de substitution à la marge dans la nouvelle science économique explique l’apparition subite d’un raisonnement explicitement mathématique. Ce n’est pas la théorie de l’utilité mais plutôt le marginalisme en tant que tel qui conféra aux mathématiques le rôle important qui fut le leur après 1870. Ce n’est pas par hasard que les Autrichiens qui insistèrent toujours sur la priorité de l’utilité, n’utilisèrent pas l’outil mathématique : ni Menger, ni Wieser, ni Böhm-Bawerk n’utilisèrent une équation algébrique dans leurs écrits. De plus, ils s’opposaient, pour des raisons méthodologiques, à l’utilisation de l’outil mathématique dans l’analyse économique. Dans une lettre à Walras de 1884, Menger insiste sur le fait que les mathématiques n’aident en rien l’économiste à déterminer l’“essence” qualitative de phénomènes comme la valeur, la rente et le profit. Ce trait caractérise l’attitude des auteurs autrichiens qui allèrent jusqu’à s’abstenir de considérer la détermination mutuelle et simultanée de toutes les variables économiques. A cette exception près, cependant, tous les grands théoriciens de l’économie de cette période avaient au minimum une formation moyenne en mathématiques. Jevons, Marshall, Wicksteed, Wicksell et Cassel sont des exemples de ce que l’on peut appeler des économistes littéraires, bien que Marshall et Wicksell aient été techniquement des mathématiciens compétents. Des économistes comme Cournot, Walras, Edgeworth et Pareto furent, de façon évidente, des économistes mathématiciens, quoiqu’ici aussi le fait mérite d’être mentionné que Walras n’avait que l’instinct mais aucunement la technique d’un mathématicien. Néanmoins il est frappant de constater que parmi les grands économistes de la deuxième moitié du XIXe siècle, seuls J.-B. Clark et Böhm-Bawerk parvinrent à apporter une contribution fondamentale à la théorie économique sans connaître ou utiliser les mathématiques. » Mark Blaug, La pensée économique, 1999 (traduction française de la cinquième édition). Chapitre 8 (extrait).

1.2. Utilité cardinale et utilité ordinale.

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Les fondateurs de l’analyse marginaliste supposaient que le consommateur était capable de quantifier précisément le niveau d’utilité attaché à la consommation d’un bien c’est-à-dire de définir une évaluation cardinale de l’utilité. Par la suite, les continuateurs de l’approche marginaliste ont souhaité donner plus de réalisme à leurs hypothèses en optant pour une définition ordinale de l’utilité selon laquelle le consommateur établit une échelle des préférences. Les préférences ordinales permettent au consommateur de comparer deux à deux des biens ou des paniers de biens (X1 et X2) qu’il désire acquérir en plus grande quantité ( non saturation des besoins) et à propos desquels il est capable d’énoncer - soit une préférence X1 > X2 (ou X2 > X1) - soit son indifférence X1 ~ X2. Ce principe de détermination des préférences est complété par un principe de transitivité des préférences (ou de cohérence des choix) : Si X1 > X2 et X2 > X3 alors X1 > X3. Il existe plusieurs manières d’attribuer des niveaux d’utilité à des paniers de biens. Les consommateurs A et B peuvent préférer X1 > X2 et X2 > X3. Mais leurs évaluations peuvent être différentes. Elles peuvent être définies à partir d’échelles distinctes. Les critères d’appréciation peuvent différer. D’où les difficultés pour comparer des préférences exprimées par des niveaux d’utilité. L’utilité ordinale permet de comprendre les comportements en prenant pour base le classement des choix. L’ordre des préférences est en effet moins ambigu, plus clair, objectif et opératoire.

1.3. Les courbes d’indifférence. a) La fonction d’utilité ordinale associe un nombre indicateur de satisfaction aux diverses quantités de biens ( X1, X2, X3, …, Xn) consommés par l’agent rationnel. U = U ( x1, x2,…,xn) On raisonne généralement à partir de deux biens (fonction à deux variables) : U = U ( x,y). Um (x) = U’x et Um (y) = = U’y On reprend les hypothèses de positivité et de décroissance de l’utilité marginale U’x > 0 U’’x < 0 et U’y > 0 U’’y < 0

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b) Une courbe d’indifférence (ou d’iso-utilité) représente l’ensemble des combinaisons de deux biens qui assurent au consommateur un niveau d’utilité identique.

Présentation graphique Commentaires

L’utilité reste la même lorsqu’on se déplace le long d’une courbe d’indifférence et elle augmente lorsqu’on passe d’une courbe à l’autre vers la droite. A correspond à 5 y et 1 x ; B correspond à 1y et 5 x ; C correspond à 5 y et 3 x donc à un niveau d’utilité supérieur. L’ensemble des ces courbes constitue une carte d’indifférence et il existe autant de cartes d’indifférence que d’individus.

c) Les courbes d’indifférence sont décroissantes et convexes. Leur décroissance indique qu’il existe une relation inverse entre x et y : si x augmente, y diminue et inversement. En effet, par construction, la courbe d’indifférence rassemble une multitude de paniers de biens pour lesquels l’utilité des consommateurs est constante. Aussi, la diminution de la consommation d’un bien suppose l’augmentation de la consommation de l’autre bien afin que l’utilité reste constante. Les courbes d’indifférence sont convexes c’est-à-dire qu’elles ne sont pas droites mais courbées vers le bas avec une inclinaison qui diminue de gauche à droite.

La convexité des courbes d’indifférence

Sur une droite, une diminution de y d’un montant donné (de y2 à y1) suppose une augmentation de x ( de x1 à x2) d’un même montant afin de maintenir l’utilité constante. Le rapport ne change pas.

A

5

CB

Y

X 1 2 3

B 1

5

Y

X

Y1

Y2

X1 X2

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Graphique Commentaire

Le long d’une courbe convexe, la diminution de y ( de y4 à y3) suppose une augmentation de x ( de x1 à x2) plus faible. Car à un niveau élevé de consommation de y est lié une utilité marginale de y (Um y faible) ; et à un niveau de consommation faible de x est lié une utilité marginale de x (Um x ) forte ( ou croissante). De la même façon, lorsque le niveau de consommation de y est faible, une baisse de y ( de y2 à y1) suppose une forte augmentation de x ( de x3 à x4). Y est rare donc son utilité marginale augmente, se séparer du bien y (de y2 à y1) dont l’utilité marginale est croissante entraîne une baisse de l’utilité totale. Seule une quantité croissante de x pourra maintenir la satisfaction inchangée d’autant que x étant de plus en plus abondant son utilité marginale décroît.

Par conséquent, les courbes d’indifférence ne peuvent être croissantes et elles ne peuvent se couper. Les courbes d’indifférence ne peuvent être croissantes.

Les courbes d’indifférence ne peuvent se couper.

le point B qui traduit un niveau d’utilité plus important que A est nécessairement situé sur une courbe d’indifférence plus élevée.

Compte tenu de la définition des courbes d’indifférence, A et B procurent un même niveau d’utilité tout comme A et C. Or B assure un niveau d’utilité plus grand que C donc l’intersection des deux courbes est impossible. Le principe de transitivité des choix n’est pas respecté.

L’allure des courbes d’indifférence (ou d’iso-utilité) n’est pas arbitraire mais reflète la rationalité du consommateur et le principe de la diminution de l’intensité du besoin au fur et à mesure que la consommation croît.

x

y

C

A B A

B

Paniers au moins aussi désirables que

y

x

y4

y3

y2

y1

x1 x2 x4 x3

y

x

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1.4. Le taux marginal de substitution (TMS). Le taux marginal de substitution entre deux biens x et y ( le TMS de y à x) est égal à la quantité de bien y qui est nécessaire pour compenser la perte d’utilité consécutive à une diminution d’une unité de la consommation de x. La valeur du TMS permet d’évaluer la préférence relative dont peut faire preuve le consommateur à l’égard de l’un ou l’autre des biens. Le TMS renvoie donc aux variations relatives de y et de x que l’on appréhende graphiquement et algébriquement à partir de la pente et de la dérivée.

Pente et dérivée La pente d’une droite se mesure à partir du rapport . La pente d’une droite est constante (le

rapport est identique en tout point de la droite. En revanche, sur une courbe la pente change en chaque point. La pente en un point sur une courbe est la dérivée de y par rapport à x ( => on mesure la variation de Y pour une variation infiniment petite de x, lorsque x tend vers 0). Plus rigoureusement, la dérivée est la pente de la droite tangente en ce point.

Représentation graphique

Pour de petites variations, le TMS peut être assimilé à la pente de la tangente : TMSy/x = avec ∆y < 0 et ∆ > 0. Le long d’une courbe convexe, la pente diminue.

Le taux marginal de substitution varie donc en chaque point et il est décroissant le long de la courbe d’indifférence. On le mesure par la dérivée de Y par rapport à X, c’est-à-dire la pente en un point de la courbe d’indifférence. Cette pente – et par conséquent le TMS – est négative et décroissante en valeur absolue. Cependant, en économie dire que le taux d’échange entre deux biens est égal à un nombre négatif n’a pas grand sens. Aussi, définit-on le TMS avec un signe négatif placé devant de sorte que le taux exprimé soit toujours positif (Le signe « - « est de nature conventionnelle). TMS =

y

x

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Exemple : TMS = 2 indique qu’au point de la courbe d’indifférence où le calcul a été fait, une augmentation marginale de X ( X tend vers 0) nécessite une diminution de 2 de la quantité consommée de Y si l’on veut conserver l’utilité inchangée.

Approche mathématique dans le cas où l’on suppose les biens infiniment divisibles et la fonction d’utilité continue et dérivable.

Les biens X et Y sont infiniment divisibles et la fonction d’utilité est continue et dérivable. La fonction d’utilité est : U = U (x,y) On raisonne sur des accroissements infiniment petits des quantités consommées. Logiquement, la variation des quantités consommées de x et de y vont entraîner une variation de l’utilité totale. Cette variation de l’utilité totale est le produit de :

- la variation de la quantité de x et de la modification de l’utilité qui en résulte (c’est-à-dire la variation de l’utilité marginale du bien x) ;

- la variation de la quantité de y et de la modification de l’utilité qui en résulte ( c’est-à-dire la variation de l’utilité marginale de x).

Si on utilise une notation différentielle, on écrit alors - la modification de l’utilité totale de U ; - la variation de la quantité consommée de x ; - la variation de la quantité consommée de y ;

Les utilités marginales des biens x et y sont les dérivées partielles de U par rapport à x et par rapport à y soit

- U’x - U’y

Donc les variations de l’utilité provoquées par les variations des quantités x et y s’écrit : = U’x x + U’y y Or, une courbe d’indifférence se définit par la condition U = 0 puisque l’utilité est constante sur toute la courbe et que par conséquent la variation d’utilité est nulle.

U = 0 = U’x x + U’y y => U’x x = - U’y y => U’x / U’y = - y / x - y / x est le TMS de y par rapport à x qui est aussi égal au rapport des utilités marginales de x et de y (les dérivées partielles de U par rapport à x et par rapport à y). TMS y/x = - (variation de la quantité de y) / (variation de la quantité de x) TMS y/x = U’x / U’y

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1.5. Une typologie des biens et des fonctions d’utilité. La courbe d’indifférence n’est pas forcément décroissante mais seule sa partie décroissante a un intérêt économique. En effet, dans un monde de rareté (où la consommation d’un bien coûte), le consommateur rationnel doit faire des choix, procéder à des arbitrages sur la seule portion décroissante de la courbe d’indifférence. a) Les formes possibles des courbes d’indifférence peuvent revêtir plusieurs allures. a) convexité b) concavité c) linéarité

Il apparaît plus « normal » ou plus « raisonnable » de supposer que la difficulté de substitution s’accroît davantage lorsqu’on passe du point B1 au point B2 ( 1er graphe) que lorsqu’on passe du point A1 au point A2. Cette hypothèse de difficulté croissante de substitution (1er graphe) est plus logique que l’hypothèse de constance (3e graphe) ou que l’hypothèse de décroissance (2e graphe). Pour conserver le même niveau d’utilité, on doit abandonner une forte quantité de y (qui ne procure qu’un supplément limité d’utilité) et acquérir une petite quantité de x (qui va apporter un supplément d’utilité plus élevé). On en déduit que le taux marginal de substitution diminue au fur et à mesure que se poursuit la substitution. L’hypothèse de décroissance du TMS est équivalente à l’hypothèse de convexité des courbes d’indifférence.

A1

x x x

y y y

A2 B1 B2

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b) Les formes possibles des courbes d’indifférence peuvent varier selon les biens qui font l’objet des arbitrages (toutefois, on raisonne généralement en considérant que x et y représentent des paniers de biens).

1) indifférence à l’égard des biens (tabac pour le non fumeur, viande pour le végétarien, etc.).

Les ∆ de x ne provoquent ni utilité ni désutilité. Quelle que soit la quantité de x, l’utilité reste la même.

2) complémentarité stricte entre les deux biens, l’augmentation de la quantité de l’un des deux laisse inchangée l’utilité du consommateur.

3) substituabilité imparfaite. Le TMS est décroissant.

Exemples : thé et café, pâtes et riz, etc. …

4) Substituabilité parfaite.

Le TMS est constant. Y et x sont deux biens identiques (2 marques d’essence, de farine, de poudre pour machine à laver…la publicité cherche à différencier ces biens objectivement identiques pour empêcher qu’ils ne deviennent de parfaits substituts).

y y

y y

x

x

x

x

U1

U2

U1

U2

U1

U2

U1 U2

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2. La contrainte budgétaire.

2.1. La droite de budget. Le consommateur rationnel cherche à retirer le maximum d’utilité des ressources dont il dispose. Cet équilibre du consommateur naîtra de la confrontation entre la fonction d’utilité du consommateur (représenté par l’ensemble des courbes d’indifférence) et le montant de ses ressources. La droite de budget traduit le problème de la rareté auquel le consommateur est soumis du fait de son revenu limité. On appelle R, le montant des ressources du consommateur et on suppose qu’il dépense la totalité de son revenu au cours de la période considérée pour acheter des quantités de biens X et Y (dont la prix sont Px et Py). On a donc l’équation de budget (ou équation de prix) : R = X. Px + Y Py Cette équation décrit comment évolue la consommation de Y en fonction de celle de X. Le rythme auquel la consommation de Y diminue quand X augmente ( la pente de la droite) dépend du prix relatif des deux biens ( c’est-à-dire du rapport Px / Py). Plus X est cher par rapport à Y et plus Y diminuera rapidement ( plus la pente de la droite est forte en valeur absolue). La droite budgétaire est la représentation graphique de l’ensemble des combinaisons x-y qu’un individu peut acheter avec un revenu donné.

Présentation graphique Commentaires

Le domaine du choix du consommateur correspond au triangle OAB.

R = Px. X + Py. Y R – Px. X = Py. Y On divise par Py (R / Py) – (Px. X / Py) = Py. Y / Py Y = R / Py - Px / py .X Expression de la forme y = ax + b Dont la pente est a = - Px / Py

0

y

x

A

B

Maximum de y soit R/py

Pente :

Maximum de x

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2.2. L’équilibre du consommateur. Graphiquement, il apparaît sur le point de la droite de budget qui atteint la courbe d’indifférence la plus élevée. Autrement dit, la combinaison optimale est définie par le point où une courbe d’indifférence est tangente à la droite budgétaire.

En ce point de tangence entre la courbe d’indifférence et la droite budgétaire, la pente de la courbe d’indifférence (dy / dx) et celle de la droite budgétaire (- Px / Py ) sont confondues. Le point E indique d’une part que U2 est le maximum d’utilité que le consommateur peut atteindre et nous signale d’autre part quelle est la structure de al consommation (coordonnées Ye et Xe).

On en déduit qu’à l’équilibre (ou à l’optimum)

o le rapport des utilités marginales est égal au rapport des prix o ou encore que les utilités marginales divisées par les prix sont égales.

ou encore

Ces relations sont logiques dans la mesure où une modification des prix relatifs modifiera nécessairement le rapport des utilités marginales. En tout point d’une courbe d’indifférence, on a (c’est le TMS) et la pente de la droite de budget est égale à y / x = - Px / Py

E

0

ye

U2 U1

y

x

U3

U4

xe

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Le point E étant situé au point de tangence de la droite de budget et d’une courbe d’indifférence, on a donc en ce point : U’x / U’y = Px / Py => U’x / Px = U’y / Py

La convexité des courbes d’indifférence reçoit un nouvel éclairage. Les hypothèses de concavité et de linéarité ne sont pas satisfaisantes car elles impliquent que le maximum d’utilité soit atteint en consommant un seul bien. Ce qui signifie que l’on a affaire à un consommateur monomaniaque. Or, la diversité et la variété de la consommation influent sur la satisfaction.

Hypothèse de concavité Hypothèse de linéarité

2.3 La maximisation de l’utilité.

La théorie microéconomique du consommateur est une théorie des choix qui attribue comme hypothèse un comportement maximisateur au consommateur. D’un point de vue analytique, on peut utiliser deux méthodes pour maximiser l’utilité du consommateur.

1ère méthode. On cherche à maximiser la fonction d’utilité U = f(x,y) sous la contrainte budgétaire R = x. Px + Y. Py On peut tirer de l’équation de budget, la valeur de y de façon à exprimer y comme une fonction de x. Y = ( R – x. Px) / Py Ce qui donne la fonction d’utilité U = f ( x, [R – x Px] / Py) La fonction d’utilité devient une fonction de x seul et il suffit de la maximiser par rapport à x. Une telle fonction a un extremum lorsque sa dérivée s’annule ( condition de 1er ordre) et celui-ci est un maximum si sa dérivée est négative ( condition de 2e ordre). f’( x ) = 0 f ‘’ ( x ) < 0

y y

x x

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2e méthode. Le multiplicateur de Lagrange. A partir de la fonction d’utilité U ( x,y) et de la contrainte budgétaire R = x. Px + y. Py ,on forme le Lagrangien £. £ = U (x,y) + ( R – x. Px – y. Py) où est le multiplicateur de Lagrange. Pour maximiser le Lagrangien, on calcule ses dérivées partielles et on les annule. £’x = U’x - Px U’x - Px = 0 = U’x / Px £’y = U’y - Py U’y - Py = 0 = U’y / Py £’ = R – x. Px – y. Py R – x. Px – y. Py = 0 R = x. Px + y. Py D’où, il vient

A l’équilibre, le multiplicateur de Lagrange () est égal aux utilités marginales pondérées des deux biens. Le multiplicateur mesure le supplément d’utilité qui découle d’un accroissement unitaire des ressources. Il indique précisément l’augmentation d’utilité tirée d’un desserrement de la contrainte budgétaire ( égal à une unité). Autrement dit, il représente l’utilité marginale du revenu. Les quantités optimales x et y obtenues à l’équilibre du consommateur traduisent la demande exprimée sur le marché par le consommateur lorsque son revenu R et les prix des produits sont fixés. * * * * * * * on peut démontrer ce qui précède en posant la différentielle totale de la contrainte budgétaire :

R = Px dx + Py dy A l’optimum, on a les conditions suivantes: U’x - Px = 0 d’où Px = U’x / U’y - Py = 0 d’où Py = U’y / Il vient R = U’x / x + U’y / y = 1/ [ U’x x + U’y y] Comme U = U’x x + U’y y ( Cf. § 1.4) R = 1 / U Donc…

Si les ressources R augmentent, l’utilité s’accroît de R.

= U’x / Px = U’y / Py U’x / U’y = Px / Py

U = R

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EXEMPLE. On a la fonction d’utilité U = x.y Prix de x : Px = 4 euros Prix de y : Py = 10 R = 400 Déterminez l’optimum du consommateur en utilisant 3 méthodes différentes (les deux méthodes analytiques et la méthode graphique).

1ère méthode.

Equation de budget : R = x. PX + y. Py soit 400 = 4x + 10y D’où l’on obtient y = (400 – 4x) / 10 soit y = 40 – 2/5 x On remplace y par sa valeur dans la fonction d’utilité : U = x.y U = x ( 40 – 2/5 x) = 40x – 2/5 x2 On calcule la dérivée première de cette fonction U’ = f’ (x) = 40 – 4/5 x On pose U’ = 0 40 – 4/5 x = 0 donc x= 50 Comme y = 40 – 2/5x il vient y = 20 On calcule la dérivée seconde f’’(x) = - 4/5 Par conséquent, le consommateur maximise son utilité en se procurant 50 unités du bien x et 20 unités du bien y.

2e méthode le multiplicateur de Lagrange.

On écrit le Lagrangien : £ = U (x,y) + ( R – x Px – y Py) soit £ = x.y + ( 400 – 4x – 10y) On annule les dérivées partielles par rapport à x, y et : £’x = y - 4 = 0 soit = 1 /4 y £’y = x - 10 = 0 soit = 1/10x £’ = 400 – 4x – 10y = 0 soit 400 = 4x + 10 y On déduit des deux premières équations : 1 /4 y = 1/10x => y = 4/10 x = 2/5 x (et x = 5/2 y) On remplace dans la troisième : 4x +10 ( 2/5 x) = 400 4x + 4x = 400 x = 50 Donc 400 = 200 + 10 y => y = 20 et = 5. 50 unités du bien x et 20 unités du bien y sont les quantités qui maximisent son utilité.

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LA DETERMINATION GRAPHIQUE DE L’OPTIMUM DU CONSOMMATEUR.

La fonction d’utilité du consommateur peut être représentée par une série de courbes d’indifférence te l’équation de budget ( ou de prix) peut être exprimée graphiquement par une droite de budget ( ou de prix). La combinaison de ces deux instruments permet de déterminer l’optimum du consommateur. U = x. y et R = 4 x + 10 y Px = 4 ; Py = 10 ; R = 400.

Le consommateur rationnel qui désire maximiser son utilité avec un revenu limité doit trouver la courbe d’indifférence la plus élevée ayant au moins un point commun avec la droite de budget correspondant au niveau de son revenu. Dans l’exemple considéré (avec R = 400), le maximum d’utilité est atteint au point P auquel la droite de budget BA est tangente à la courbe d’indifférence U2. Tout autre point de la droite BA correspond à un degré d’utilité moindre.

20 P

y

x

B

A 50 0

U1

U2

U3

Pourquoi consomme-t-on à l’équilibre proportionnellement plus de x que de y ? Parce que le prix des x est plus faible que celui des y alors que leurs utilités respectives telles que les donne la fonction d’utilité sont équivalentes. On retrouve donc dans le panier « optimal », 2,5 fois plus de x que de y, ce qui correspond bien au rapport de leur prix (10/4).

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2.4. Transformations de l’environnement économique et équilibre du consommateur.

On a supposé jusqu’ici que le revenu du consommateur R et les prix Px et Py des biens x et y étaient constants. On envisage maintenant deux modifications qui traduisent la transformation de l’environnement du consommateur :

- d’une part, une hausse de son revenu R [ § a]; - d’autre part, une modification des prix [ §. b].

a) Les variations à la hausse du revenu à prix constants déplacent la droite budgétaire vers la droite et transforment l’équilibre du consommateur.

La ligne de budget qui symbolise le pouvoir d’achat du consommateur se déplace vers la droite ( R1 R2R3).

Le point d’équilibre correspondant au maximum de satisfaction sera le point de tangence de la droite budgétaire à la courbe d’indifférence.

Les équilibres successifs ( E1, E2, E3) obtenus à la suite de la hausse du revenu permettent de former une courbe de niveau de vie que l’on appelle également courbe de consommation-revenu ou encore courbe d’Engel.

Cette dernière appellation traduit l’idée que la modification du niveau de revenu peut s’accompagner d’une transformation de la structure de la consommation ( en l’occurrence une baisse de la consommation du bien inférieur q3q2q1).

y

x

R3

R2

R1

0

Points d’équilibre E1 et E2

Point d’équilibre E3

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b) Si le prix des deux biens varie la pente de la droite de revenu va changer puisque cette pente est égale au rapport des prix.

Si on suppose Py fixe et Px variable alors la droite de budget pivote autour de son point d’intersection avec l’axe des ordonnées et se déplace vers la droite ou vers la gauche suivant que Px augmente ou diminue.

La baisse du prix de x permet de consommer des quantités plus importantes de x. L’équilibre du consommateur se modifie et les points qui l’expriment se trouvent sur la courbe de consommation-prix.

Encadré 4. Les gens raisonnent-ils vraiment à la façon dont la

théorie microéconomique le conçoit ? La réponse de Grégory Mankiw.

« Comme nous l’avons vu, al théorie du choix du consommateur a de nombreuses applications. Mais peut-être vous laisse-t-elle quelque peu sceptique ? Vous êtes en effet un consommateur vous-mêmes. Chaque fois que vous entrez dans un magasin, vous choisissez ce que vous allez acheter. Et vous le faites sans dessiner la moindre courbe d’indifférence. Cela prouve-t-il que la théorie est sans intérêt ? Bien évidemment, non. La théorie du choix du consommateur n’est qu’un modèle et les modèles ne sont pas censés reproduire exactement la réalité. Cette théorie peut être considérée comme une métaphore du choix des consommateurs. Aucun acheteur (sauf peut-être un économiste de temps en temps) ne suit le processus d’optimisation décrit ici. Mais, tous les consommateurs savent que leurs choix sont limités per leurs moyens financiers. Et compte tenu de ces moyens limités, ils font leur possible pour obtenir la meilleure satisfaction possible. La théorie du choix du consommateu essaie de décrire ce processus psychologique implicite d’une manière ui autorise l’analyse économique explicite ». G. MANKIW, Principes de l’économie.

y

x

Point d’équilibre E1

Point d’équilibre E2

Point d’équilibre E 3

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3. La demande. La théorie des courbes d’indifférence permet de déduire deux lois de comportement de la demande. Généralement, la demande d’un bien (« normal ») est une fonction décroissante de son prix et une fonction croissante du revenu. Cependant, il convient de mesurer l’intensité de la relation entre demande et prix d’une part, et entre demande et revenu d’autre part, à partir de la notion d’élasticité.

3.1.De la fonction de demande individuelle à la demande globale. On considère que la quantité de x que le consommateur achètera est une fonction du prix du produit ( Px ) : x = f (Px)

Généralement, la quantité demandée est d’autant plus grande que le prix du bien est faible.

toutefois, dans certains cas, l’hypothèse

inverse peut être vérifiée : la demande augmente lorsque le prix s’élève.

On parle alors d’effet de snobisme ou

effet Veblen (ou encore effet de démonstration, cas du collectionneur par exemple).

Comment passe-t-on de la demande individuelle à la demande du marché (ou demande agrégée) ? Dans la mesure où la demande d’un individu pour un bien donné dépend des prix et de son revenu, la demande agrégée dépendra logiquement des prix et de la distribution des revenus. Les fonctions de demande individuelle expriment des choix optimaux, l’agrégation de ces choix donne la demande du marché (individualisme méthodologique). On raisonne ainsi en considérant que la demande d’un bien ne dépend que de son propre prix et du revenu. En réalité, dans le cas général la demande d’un bien dépend : non seulement

- du revenu disponible - du prix du bien - mais aussi de tous les autres prix ( y compris le coût du crédit et même de la publicité etc.

…) La fonction de demande (représentée sur le graphe Quantité-prix) exprime donc la relation entre la quantité demandée de bien et le prix de ce bien en supposant constants tous les autres paramètres. On raisonne donc « toutes choses égales par ailleurs ».

prix

Quantité de x

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Encadré 5. Thorstein VEBLEN.

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Une distinction importante : mouvement sur la courbe de demande et mouvement de la courbe de demande.

Le mouvement sur la courbe de demande résulte de la modification du prix du bien ( les autres prix et le revenu restent inchangés). La baisse du prix ( de P2 à P1) provoque une hausse de la demande de x1 à x2.

Le mouvement de la courbe de demande résulte d’un changement du niveau de revenu ou du prix des autres biens ( leur baisse entraîne une hausse du pouvoir d’achat du revenu). L’augmentation du niveau de revenu ( nominal ou réel) provoque un déplacement vers la droite de la courbe de demande.

Ces raisonnements ont un caractère logique et se prêtent à un traitement mathématique et géométrique. Cependant, dans la réalité les changements affectent simultanément l’ensemble des revenus et l’ensemble des prix. Par conséquent, la clause « toutes choses égales par ailleurs » n’est pas respectée. De là, les difficultés que l’on rencontre lorsque l’on essaie de vérifier statistiquement les relations établies.

3.2. Effet de revenu et effet de substitution.

L’effet de substitution mesure la variation de la consommation d’un bien quand le prix relatif de ce bien ( son prix par rapport aux autres prix) change alors que le revenu demeure constant.

L’effet de revenu appréhende la réaction du consommateur en matière de demande d’un

bien quand son revenu se modifie alors que les prix restent constants.

Effet revenu et effet substitution sont étroitement liés car lorsque se produit une variation du prix du bien x, deux conséquences surgissent :

- d’une part, les autres biens w,y,z …deviennent plus intéressants relativement à x ( effet-prix ou effet de substitution) ;

- d’autre part, pour un revenu donné, une hausse du prix du bien x s’apparente à une baisse de pouvoir d’achat ( et inversement une baisse de son prix se présente équivaut à une hausse du pouvoir d’achat défini comme la quantité de biens qu’un revenu permet d’acquérir).

P

Qté de x

P

Qté de x

P2

P1

X1 X2 X1 X2

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Présentation graphique Commentaires

On considère un consommateur et deux biens x et y. On part du point E1 et on observe les effets d’une baisse du prix de x. La quantité de x que l’on peut acheter augmente mais le montant maximum du bien y que l’on peut acquérir ne change pas. On a une nouvelle droite budgétaire et un nouveau point d’équilibre E2 (correspondant à une plus grande consommation de x du fiat de la baisse de son prix et situé sur une courbe d’indifférence plus à droite exprimant une augmentation du niveau de vie ou du niveau d’utilité). La baisse du prix de x incite le consommateur à substituer du bien x au bien y. Mais la baisse du prix de x pour un revenu nominal inchangé, conduit à une augmentation du pouvoir d’achat. Le consommateur pourra acheter plus de x mais aussi plus de y. C’est l’effet revenu.

E1

E’ E2

B2

y

x

10

10 7 5

B2

A2

C

B1

7

A1

Ci1

Ci2

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Le paradoxe de Giffen. Dans le cas général, la hausse d’un prix du bien x provoque un effet revenu et un effet de substitution qui se renforcent l’un l’autre et entraînent une baisse de la consommation de x ( il y a à la fois baisse du pouvoir d’achat et recherche de substituts). Cependant, dans certains cas la hausse du prix d’un bien x engendre un effet de substitution qui devrait inciter à réduire la consommation de x mais la baisse du pouvoir d’achat qui en découle conduit au contraire à augmenter la consommation de x faute de ne pouvoir trouver d’autres biens semblables à un meilleur prix. L’effet revenu joue ici en sens inverse de l’effet de substitution. Cette relation est notamment observée dans le cas des biens inférieurs de première nécessité occupant une part importante du budget d’une population à faible revenu. Paradoxe de GIFFEN : Hausse prix de x => hausse de la demande de x.

La distinction de l’effet de substitution et de l’effet revenu.

Pour les distinguer, il faut chercher quelle aurait été la nouvelle combinaison optimale si seul le prix relatif Px / Py avait changé alors que le revenu réel serait lui demeuré constant. On considère logiquement que le revenu réel reste inchangé si l’individu ne peut améliorer son niveau de satisfaction ( c’est-à-dire s’il reste sur la même courbe d’indifférence). Par conséquent, un déplacement le long d’une courbe d’indifférence mesure un effet de substitution car le « niveau de vie » ou de satisfaction demeure par définition inchangé. Le long de la courbe d’indifférence, le consommateur choisit le point où la pente est égale à celle de la droite budgétaire (qui est donnée par – Px / Py). Donc si l’on part du point E1 et l’on désire mesurer l’effet de substitution, il faut – tout en restant sur la même courbe d’indifférence – trouver le point où cette courbe a une pente correspondant au nouveau rapport des prix ( Px / Py) c’est-à-dire une pente équivalente à celle de al nouvelle droite budgétaire. Graphiquement, on trouve ce point en traçant une parallèle ( droite A1A2) à la nouvelle droite budgétaire ( droite B1B2) qui soit tangente à l’ancienne courbe d’indifférence ( Ci1). C’est le point E’. En définitive, lorsqu’on passe de E1 à E’, le revenu réel est inchangé car on reste sur la même courbe d’indifférence ; seul le prix relatif des deux biens a changé. On évalue l’effet de substitution qui est égal à la variation de x entre E1 et E’. Lorsqu’on passe de E’ à E2, on mesure l’effet de l’augmentation du pouvoir d’achat résultant de la baisse de Px. Ici, seul le niveau du revenu réel change ( on atteint une courbe d’indifférence plus haute), le rapport des prix ( PX / Py) reste constant car la pente est la même en E’ et E2.

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3.3. L’élasticité-prix de la demande. L’élasticité mesure la sensibilité de la demande aux variation de prix. On la note e D/p. Elle est égale au rapport entre le taux de variation de la quantité demandée et le taux de variation du prix. e D/p = taux de variation de la demande / taux de variation du prix

Encadré 6. L’élasticité-prix selon Paul KRUGMAN. « La panique. C'est le seul mot pour décrire la situation dans les hôpitaux, les cliniques et les maisons de retraite aux États-Unis en octobre 2004. Au début de ce mois, l'un des deux seuls fournisseurs de vaccins contre la grippe pour la totalité du marché américain (la Chiron Corporation) annonça que des problèmes de contamination l'obligeaient à fermer son usine de production. [Chaque] année la grippe tue environ 36 000 Américains et en envoie 200 000 autres à l'hôpital. Les victimes sont plus couramment des enfants, des personnes âgées ou des personnes souffrant d'insuffisance du système immunitaire. En temps normal ces personnes, de même que les travailleurs du secteur de la santé, sont les premières à être immunisées. La pénurie de vaccins de 2004 bouleversa ces plans. À mesure que la nouvelle se répandait, la ruée sur les doses disponibles s'intensifiait. Les gens faisaient la queue au milieu de la nuit devant les commerces qui en avaient encore […] Dans le même temps, les distributeurs de produits pharmaceutiques - les sociétés qui obtiennent les vaccins de producteurs et les distribuent ensuite aux hôpitaux et aux pharmacies - virent dans cette frénésie une opportunité de profits. L'un d'entre eux, Med-Stat, qui demandait normalement 8,50 $ pour un vaccin, commença à faire payer 90 $, plus de 10 fois le prix normal. […] La plupart des gens refusaient ou n'étaient pas capables de payer un tel prix pour un vaccin, mais beaucoup acceptèrent. Med-Stat avait vu juste en pensant que les consommateurs du vaccin étaient relativement insensibles au prix ; autrement dit, la forte augmentation du prix du vaccin ne modifia pas beaucoup les quantités demandées par les consommateurs. De manière évidente, la demande de vaccins contre la grippe a quelque chose de particulier de ce point de vue. Pour beaucoup de personnes, se faire vacciner peut faire la différence entre la vie et la mort. Prenons une situation différente et moins dramatique. Supposez par exemple que l'offre de céréales pour petit déjeuner d'un genre particulier soit divisée de moitié à cause de problèmes de fabrication. Il serait très difficile […] de trouver un consommateur disposé à payer 10 fois le prix initial pour une boîte de ce type de céréales. En d'autres termes, les consommateurs de céréales pour petit déjeuner sont beaucoup plus sensibles aux prix que les consommateurs de vaccins contre la grippe. Comment définissons-nous cette sensibilité ? Les économistes mesurent la réactivité des consommateurs aux prix grâce à un indicateur spécifique que l'on appelle l'élasticité-prix de la demande […] L’élasticité-prix de la demande compare le pourcentage de variation de la quantité demandée au pourcentage de variation du prix [du bien demandé] ». Source : Paul Krugman, Microéconomie, De Boeck, 2009.

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On distingue deux modalités de calcul de l’élasticité-prix de la demande selon que l’on calcule cette dernière entre deux niveaux de demande plus ou moins éloignés ( élasticité-arc) ou pour une variation infiniment petite du prix ( élasticité-point).

Elasticité-prix de la demande Elasticité-arc Elasticité-point

e D/p = A partir du graphique qui suit, on peut calculer l’élasticité-prix lorsqu’on passe du point A au point B et lorsqu’on passe du point B au point C.

L’élasticité-arc a un certain nombre d’inconvénients. L’élasticité-prix varie en chaque point de la courbe or la calculer entre deux points conduit à une perte considérable d’information. Par ailleurs, le choix des deux points – qui peuvent être plus ou moins éloignés – conditionne la valeur de l’élasticité. On mesure donc l’élasticité en un point ce qui revient à calculer le pourcentage de variation de x pour un pourcentage de variation très petit du prix ( tendant vers 0). La dérivée de x par rapport à Px mesure précisément l’impact sur x d’une variation infiniment petite de Px. On peut donc reprendre la formule précédente et remplacer par x / Px e D/p = Px / x . x / Px = Px / x . 1 / [ Px / x] Elle représente le pourcentage de variation de la quantité demandée résultant d’une variation de 1% du prix. Exemple. On a la fonction de demande : Px = 10 – 3x e D/p = [10 – 3x ] / x . 1 / -3 = (10 – 3x ) / -3x si x = 2; e D/p = - 0,66 donc lorsque le prix est égal à 2, une augmentation de 1% provoque une baisse de la demande de 0,66%. si x = 3 ; e D/p = -0,11 donc lorsque le prix est égal à 3, une hausse de 1% entraîne une diminution de la demande de 0,11%.

C

B

A

x

Px ∆x = 4

∆Px = -7

9

2

1 5 10

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On distingue généralement cinq principaux types d’élasticité de la demande par rapport au prix.

Une demande est parfaitement élastique lorsqu’une variation infinitésimale du prix provoque une variation infiniment grande de la quantité demandée. Dans ce cas l’élasticité est infinie : e D/p = -

Une demande est élastique lorsqu’à une variation donnée du prix correspond une variation finie mais plus que proportionnelle de la quantité demandée. - < e D/p < - 1

Une demande est d’élasticité unitaire lorsqu’une modification du prix entraîne une modification proportionnelle de la quantité demandée ( la valeur absolue de e D/p = 1 ).

Une demande est inélastique lorsqu’à la variation du prix correspond une modification moins que proportionnelle de la quantité demandée. - 1 < e D/p < 0

Une élasticité est parfaitement inélastique lorsqu’un changement du prix ne provoque aucune modification de la quantité demandée ; la demande est totalement insensible aux variations du prix. e D/p = 0

L’élasticité croisée.

p

Q

D D’

p

Q

Q

Q

Q

p

p

p

D

D

D

D

D’

D’

D’

D’

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L’élasticité croisée permet d’étudier comment la demande d’un bien réagit aux variations du prix d’un autre bien. L’élasticité croisée de la demande du bien x par rapport au prix d’un bien y est égale au rapport entre le pourcentage de variation de la quantité demandée de x et le pourcentage de variation du prix du bien y.

edx/py =

A partir de là, on peut établir une classification des biens :

les biens x et y seront »indépendants » si les variations du prix de l’un restent sans effet sur la demande de l’autre ( e = 0);

les biens x et y seront « substituables » si la consommation de x varie dans le même sens que le prix de y. L’un pouvant remplacer l’autre pour satisfaire un même besoin. Elasticité croisée positive comme dans le cas d’une hausse du prix du pétrole s’accompagnant d’une hausse de la demande de gaz naturel.

Les biens x et y seront « complémentaires » , si la consommation de l’un va de pair avec celle de l’autre on ne peut utiliser l’un sans l’autre donc la hausse du prix de y tend à réduire la consommation de x. Elasticité croisée négative.

Les principaux facteurs qui influencent l’élasticité-prix d’un bien sont :

- La présence de substituts ; plus un bien aura de substituts et plus le niveau de sa consommation sera sensible aux variations de prix.

- L’importance du bien dans le budget du consommateur ; en règle générale, plus la part du bien est importante, moindre sera sa sensibilité aux variations de prix.

- La valeur du prix unitaire du bien influence son élasticité ; a priori plus un bien a un prix élevé et plus il sera sensible à des variations de prix.

L’exemple de l’élasticité-prix de la demande de carburants en France : la nécessité de distinguer le court terme et le long terme.

Evaluations réalisées par l’INRETS en 2007. Une hausse de 10 % du prix TTC des carburants => une diminution de la consommation de 1 % à court terme. Soit une ed/p = - 0,1 A plus long terme, la diminution serait de – 7 %. Soit une ed/p = - 0,7 Autres effets de long terme : -Ralentissement de la croissance du parc automobile (-1% environ). -Diminution du kilométrage total (- 2 % environ).

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Les élasticités-prix des biens alimentaires selon le niveau de revenu (INSEE, 2009).

3.4. L’élasticité-revenu de la demande. L’élasticité-revenu de la demande mesure le degré de sensibilité de la demande d’un bien par rapport aux variations du revenu d’un ménage ou d’un groupe d’individus. eD/R = taux de variation de la demande / taux de variation du revenu. ou avec les notations usuelles :

eD/R =

Il apparaît que l’élasticité-revenu de la demande peut encore se définir comme le rapport de la propension marginale à consommer (PmC = ∆C/∆R) à la propension moyenne à consommer (PMC = C/ R). A partir de la valeur de eD/R , on peut dresser une typologie des biens qu’avait déjà établie le statisticien Engels à la fin du 19e siècle.

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Les biens « normaux » dont la consommation croît avec le revenu mais de façon moins que proportionnelle. On a donc 0 < ∆x/x < ∆R/R Ou encore 0 < PmC < PMC Et 0 < eD/R < 1 C’est le cas des biens de première nécessité comme l’alimentation et l’habillement.

Les biens dits « inférieurs » dont la consommation diminue en valeur lorsque le revenu s’accroît et notamment quand il dépasse un certain seuil. eD/R < 0 ( c’est le cas de certains produits comme le pain ou les pommes de terre).

Les biens dont la consommation croît au même rythme que le revenu : ∆x / x = ∆R/R eD/R = 1 Leur importance relative reste donc constante.

Les biens dits « supérieurs » dont la consommation augmente plus que proportionnellement par rapport aux variations du revenu. ∆x/x > ∆R/R donc eD/R > 1 Cette valeur de l’élasticité est souvent utilisée comme critère de définition des produits de luxe ou de confort ; elle concerne aujourd’hui les loisirs, la santé, le logement, les transports).

Les principaux déterminants de l’élasticité-revenu de la demande sont :

le type de besoins auquel le produit répond. Par exemple, la fraction du revenu dépensée en achats de produits alimentaires diminue lorsque le revenu s’accroît ; ce constat connu sous le nom d’Engel est parfois utilisé comme critère de bien-être ou de degré de développement d’une économie.

Le niveau moyen de revenu du pays détermine le classement des produits selon leur degré de diffusion : l’automobile, bien de luxe dans les PED, bien quasi-indispensable dans les PD.

La période étudiée est importante car la structure de la consommation des ménages s’adapte aux modifications du revenu avec des délais plus ou moins longs.

R*

D

R

D D

R R

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Les élasticités en résumé. Elasticité-prix de la

demande Elasticité-revenu de la

demande Bien inférieur eD/p < 0 eD/R < 0 Bien inférieur Giffen eD/p > 0 eD/R < 0 Bien normal eD/p < 0 0 < eD/R < 1 Bien supérieur eD/p < 0 eD/R > 1 Bien supérieur Veblen eD/p >0 eD/R > 1

Les courbes d’Engel.

L’exemple des dépenses d’alimentation. L’alimentation est l’un des postes de dépense des ménages les plus importants. Mais, les dépenses d’alimentation ont tendance à diminuer en valeur relative au fur et à mesure que le revenu s’élève (1ère loi de Engel). Les biens alimentaires sont donc globalement plutôt des biens inférieurs. Toutefois, l’évolution de certaines dépenses alimentaires nettement croissantes en fonction du revenu indique que ces biens peuvent aussi être supérieurs. Les dépenses en matière de repas pris à l’extérieur du domicile illustrent ce cas de figure. Ce sont justement elles qui témoignent du rôle de la consommation comme marqueur social.

Parts budgétaires des repas à l’extérieur selon les déciles de revenu disponible par unité de consommation en % de la dépense alimentaire totale (source INSEE

2009).

Demande

Revenu

Bien supérieur

Bien normal

Bien inférieur

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4. Marchés concurrentiels et surplus du consommateur. 4.1. Le surplus du consommateur. Le surplus du consommateur désigne la différence existant entre ce que le consommateur était prêt à payer pour obtenir un bien (compte tenu de son calcul d’utilité et de sa contrainte budgétaire) et ce qu’il paye effectivement lors de l’acquisition du bien. Cette différence est généralement positive puisque l’intention première du consommateur est bien d’acheter et qu’il entre sur le marché en vue de cette fin. Les transactions ne s’effectueront que si les prix de marché restent inférieur au prix maximum que le consommateur est disposé à payer.

Le surplus du consommateur.

Le prix qui s’établit sur le marché (p*) conduit les consommateurs à acheter la quantité q*. Ce prix est inférieur à celui qu’un certain nombre de consommateurs étaient prêts à payer pour obtenir le produit (ces consommateurs se trouvent sur le segment de la courbe situé au dessus du niveau correspondant au prix du marché. On peut donc calculer le surplus du consommateur qui apparaît graphiquement dans l’aire indiquée. 4.2. Efficacité des marchés de concurrence pure et parfaite et surplus du consommateur. Le modèle des marchés de concurrence pure et parfaite est défini par 5 hypothèses : -Atomicité, -Homogénéité du produit, -Libre entrée dans la branche ou l’industrie, -Parfaite transparence du marché, -Parfaite mobilité des facteurs. Dans ce modèle, les offreurs sont « price-taker » (ou preneurs de prix) et la loi de l’offre et de la demande qui s’exerce sans entraves, conduit à l’équilibre. C’est le processus du tâtonnement walrassien. Léon Walras proposa l’image du commissaire-priseur qui centralise sur le marché les offres et les demandes et prend en charge la définition du prix et de la quantité d’équilibre. Le modèle de la concurrence pure et parfaite constitue dans l’analyse néo-classique une référence incontournable. Il représente une organisation de marché idéale qui concourt à l’efficience

P*

prix

Quantité consommée Q*

Surplus du consommateur

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économique globale. En d’autres termes, il est une nouvelle présentation – plus formelle – du mécanisme de coordination par le marché décrit par Adam Smith avec la « main invisible ». Selon les néo-classiques, les marchés de concurrence pure et parfaite présentent des propriétés décisives et qui leur donnent une importance fondamentale.

le marché de concurrence pure et parfaite permet une politique de prix égal au coût marginal (du fait de la concurrence et de la situation de price-taker, les entreprises resserrent leur prix au maximum) ;

Il en résulte pour les consommateurs l’assurance de bénéficier des meilleurs prix possibles, car aucune entreprise n’est en situation d’exiger un prix plus élevé au prix du marché de concurrence.

Ce modèle de marché permet ainsi la réalisation des équilibres individuels à partir des fonctions d’offre et de demande (les offreurs maximisent leur profit, tandis que les consommateurs maximisent leur utilité) ;

il assure une absence de rationnement car le volume des transactions réalisé à l’équilibre permet d’égaliser l’offre et la demande ;

il rend possible la maximisation du surplus collectif car au prix concurrentiel, l’allocation des ressources est telle qu’il n’est plus possible d’améliorer la satisfaction d’un agent sans détériorer celle d’au moins un autre (optimum de Pareto).

Au-delà des hypothèses restrictives qui définissent le marché de concurrence pure et parfaite, le modèle de l’équilibre concurrentiel a un statut normatif puisqu’il permet d’évaluer et de juger les politiques de prix suivies en pratique. La tarification au coût marginal garantit la maximisation du bien-être collectif et fournit une référence à la politique de concurrence pour apprécier les distorsions de prix. Pour les néo-classiques, ce modèle et ses propriétés traduisent la supériorité d’un système de marchés concurrentiels qu’il faut éviter de perturber. le prix de marché a une fonction d’information et de régulation pour l’ensemble des agents, le prix d’équilibre est un indicateur de rareté. Le système de prix d’équilibre de la concurrence pure et parfaite se définit donc comme un système de signaux qui indique aux individus quels sont les choix les plus intéressants à faire (investissement, consommation …).