Conseils à une famille confrontée Conseils à une famille...

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Jean-Yves Nhume Conseils à une famille confrontée au décès d’un proche Informations, conseils et anecdotes

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Conseils à une famille confrontée au décès d’un proche

Jean-Yves Nhume

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Jean-Yves Nhume

Conseils à une famille confrontée au décès d’un proche

Informations, conseils et anecdotes

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Je suis croque-mort…

Quand on me demande ma profession et que je réponds « assistant funéraire », cela provoque obligatoirement une réaction : de la surprise, de l’étonnement, du dégoût, voire un mouvement de recul : de la peur. La mort fascine également, de nombreuses personnes veulent toujours en savoir plus sur des détails plus ou moins sordides : « Tiens, toi qui es du métier racontes-nous quelque chose ». D’autres imaginent plein de choses sur cette profession s’appuyant sur de nombreux films que l’on voit tous les soirs, comme les fameux « experts » en tout genre à tel point que le nombre de jeunes postulants et postulantes aux stages de thanatopracteurs explose depuis quelques années. Il ne faut pas tout mélanger, je m’occupe des défunts et de leur famille, je ne suis pas policier scientifique, je ne suis pas médecin légiste, je suis assistant funéraire.

Combien de fois par jour suis-je confronté aux réflexions ? « Comment faites-vous pour faire ce métier ? », « Je ne pourrai jamais », « C’est triste. Vous ne devez pas rigoler tous les jours ! »,…

J’écris sous un pseudonyme. Je préfère garder l’anonymat car tout ce que vous lirez sont des évènements réels, vécus par moi ou/et mes collègues mais surtout subis par les familles que j’ai accompagnées lors du décès de l’un de leur proche. J’ai volontairement modifié des détails comme le sexe des défunts, les informations sur les proches afin que les familles qui ont vécu ces moments difficiles ne se retrouvent pas plongées à nouveau dans la peine et le deuil. Je suis assistant funéraire depuis plusieurs années, et j’ai commencé comme simple porteur de cercueil. Petit à petit, je suis devenu un assistant complet qui reçoit les familles, va chercher les défunts, les prépare, les habille, les présente en chambre funéraire. J’organise les obsèques, je porte les cercueils, je suis maître de cérémonie, je vends des

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articles funéraires et des monuments, je suis donc un employé polyvalent. Je connais mon métier, nos façons de travailler à moi et à mes collègues

et je sais ce que les gens pensent de nous : « des vautours qui forcent à la vente pour augmenter le coût des obsèques », « c’est un métier d’avenir qui ne connait pas la crise, il y aura toujours du boulot »,…

Le panier moyen d’un client pour des obsèques, c’est-à-dire la facture moyenne est de 3000 à 4000 euros. Le terme de panier moyen peut paraître choquant mais c’est celui utilisé par les responsables des entreprises de pompes funèbres, car ce sont des entreprises comme les autres qui raisonnent en termes de panier moyen, de rentabilité, de marge, de bénéfice, de vivier de clients et de concurrence. Depuis le début du XXIème siècle, il existait un monopole sur notre métier détenu par les communes. En 1993, il a été décidé d’ouvrir le marché du funéraire à la concurrence, les entreprises ont dû s’adapter au marché qui évolue sans cesse : concurrence tarifaire, apparition puis augmentation régulière de la part de la crémation, nouvelles règlementations funéraires, mondialisation et apparition de produits fabriqués dans les pays émergents (Chine, Inde,…). Certaines entreprises se sont spécialisées uniquement dans la marbrerie, d’autres au contraire ne s’occupent que de la partie pompes funèbres. Des entreprises arrivent à assurer de très bons services de marbrerie et de pompes funèbres, d’autres s’y sont essayées mais pas avec la même réussite. Certaines ont su s’adapter et se développer, d’autres n’ont pas su et ont fermé boutique. Certaines entreprises se sont regroupées en réseaux plus ou moins développés dans une région précise ou sur tout le territoire. Le chiffre d’affaire du marché du funéraire représente selon l’INSEE plus de 2 milliards d’euros.

Quelques films dont le célèbre « Bouquet final », des émissions de télévision ont tenté de présenter ma profession. Je tenais à vous la présenter directement, sans intermédiaire, vous apporter des anecdotes, vous apporter des conseils pratiques pour le jour où malheureusement vous serez confrontés à la perte d’un proche. Vous pourrez prendre alors les bonnes décisions en pleine connaissance de cause et surtout en sachant à quel coût financier vous vous engagez.

Alors, entrez avec moi dans une entreprise de pompes funèbres et suivons ensemble le parcours d’une famille confrontée à un décès.

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Quand la mort survient…

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Chapitre 1 La mort annoncée

De très nombreux décès surviennent après des semaines, des mois voire des années de lutte contre la maladie. Malgré toutes les souffrances endurées, malgré la résistance des malades qui souvent surprend leur entourage, il arrive un moment où la maladie l’emporte. Les médecins annoncent alors au patient et à sa famille que l’issue fatale est proche et malgré les progrès de la médecine, le patient décède.

Les familles parlent de soulagement pour le défunt ; leur proche était soit hospitalisé depuis des semaines, soit alité à domicile ou en maison de retraite, « il ne s’alimentait plus », « il voulait que cela cesse », « il était épuisé »,…

Bien sûr l’émotion des familles est palpable car quel que soit l’âge du défunt, c’est un parent proche qui les quitte, mais le sentiment de soulagement est là : « il souffrait tant », « elle est soulagée », « il va enfin pouvoir se reposer en paix ».

Depuis que j’exerce ce métier, j’ai vu l’évolution de la pensée ; la façon d’appréhender la mort a changé, la mort n’est plus un tabou, on en parle. Il y a encore quelques années, les proches ne voulaient pas s’occuper des démarches avant que le décès ne soit survenu. Par superstition, souvent. Aujourd’hui, de plus en plus de familles viennent se renseigner auprès des entreprises de pompes funèbres pour savoir quoi faire le jour où le décès survient. Le nombre de personnes qui souscrivent une assurance décès, un capital obsèques ou un contrat obsèques est en augmentation : on comptait près de 3 millions de contrats obsèques en 2011. Le personnel soignant qui

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accompagne les patients et leurs familles joue un rôle important dans ce changement de comportement, il est courant que les équipes soignantes lorsqu’elles annoncent le décès imminent d’un patient, conseillent aux familles de se rapprocher d’un pompe funèbre pour préparer les obsèques.

Les familles veulent également savoir à l’avance quel montant elles devront payer car les obsèques ont un coût important, le panier moyen varie entre 3000 et 4000 euros, comme je l’explique en introduction.

C’est notre rôle, opérateur de pompes funèbres, de rassurer les familles inquiètes, de leur assurer que 7j/7j, 24h/24h, des professionnels sont joignables en cas de décès pour effectuer les premières démarches importantes juste après le décès et prendre en charge le défunt rapidement. Nous sommes à l’entière disposition des familles pour réaliser des devis selon leurs souhaits et celui des défunts.

N’hésitez pas à franchir la porte d’une entreprise de pompes funèbres pour vous renseigner sur les démarches à effectuer dans les premiers instants qui suivent l’annonce du décès. Nous vous conseillerons sur les documents et sur les affaires que vous devez préparer à l’avance.

Quelles questions fréquentes nous sont posées ? « Qui doit-on prévenir en cas de décès ? », « Quand doit-on vous appeler ? », « Doit-on avertir la Mairie ? », « Que doit-on préparer à l’hôpital comme affaires ? »,…

Vous devez préparer le livret de famille, si le défunt a souscrit un contrat obsèques vous devez également préparer la carte avec le numéro du contrat et les coordonnées de l’organisme. Enfin, vous pouvez préparer les vêtements avec lesquels vous souhaitez que l’on habille le défunt.

Dans le cas d’un décès en milieu hospitalier ou en maison de retraite, vos démarches sont simplifiées puisque c’est l’établissement qui va contacter un médecin de garde pour venir constater le décès. C’est

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l’établissement de santé ou la maison de retraite qui vous avertit du décès mais c’est à vous d’indiquer ce que vous souhaitez pour le défunt.

C’est vous qui choisissez ce que vous désirez : – Vous pouvez choisir de laisser votre proche sur place dans le

funérarium de l’établissement. Si l’établissement n’en possède pas c’est à lui de prendre en charge le coût du transport du défunt et son admission en chambre funéraire.

– Vous pouvez décider de ramener votre proche dans une chambre funéraire, chez un pompe funèbre. Dans ce cas vous devez indiquer, à l’hôpital ou à la maison de retraite, quelle entreprise de pompes funèbres va intervenir.

– Enfin, cas de plus en plus rare mais qui est toujours possible, vous pouvez demander à ce que votre proche revienne à son domicile ou au vôtre. Cela va nécessiter des coûts supplémentaires en raison du travail nécessaire : soins de conservation fortement recommandés, transport du corps jusqu’au domicile, mise en place d’une table réfrigérée au domicile,…

Après avoir informé l’établissement hospitalier ou la maison de retraite de vos choix, vous appelez l’entreprise de pompes funèbres pour les informer et convenir d’un rendez-vous avec un assistant funéraire pour préparer la cérémonie.

Il faut alors que vous sachiez que la plupart des pompes funèbres ont un numéro d’appel 24h/24h ; l’appel ne vous coutera rien, en revanche toutes les démarches que vous faites effectuer en dehors des heures d’ouverture des bureaux entraîneront des surplus financiers parfois importants. Ainsi, lorsque votre proche décède à l’hôpital un dimanche et que vous souhaitez un retour de votre proche dans une chambre funéraire chez un pompe funèbre, ce transport de corps (s’il est effectué le dimanche) vous sera facturé plus cher que s’il était effectué le lundi matin. Il faut que vous voyiez avec les autres membres de la famille si ce transport est « si urgent que cela ». La loi autorise le transport pendant 48h à partir de l’heure du décès, donc légalement rien ne presse. C’est une décision qui vous revient mais si vous ne souhaitez pas payer un surplus tant pour le transport que pour l’accueil en chambre funéraire, vous pouvez décider de laisser votre proche pour quelques heures à l’hôpital où vous pourrez

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d’ailleurs aller vous recueillir. Contentez-vous d’informer le pompe funèbre que vous avez choisi pour l’avertir du décès et demandez-lui que le retour à la chambre funéraire ne soit effectué que le lundi matin. Il en va de même pour les soins de conservation, s’ils sont effectués le dimanche ou un jour férié vous paierez un surplus ; n’hésitez pas à demander qu’ils soient effectués le lundi.

Je prends l’exemple d’un retour en chambre funéraire qui m’a marqué. Toutes les entreprises n’effectuant pas elles-mêmes les transports de corps avant mise en bière, il m’est arrivé d’en faire pour des sociétés de pompes funèbres qui sous-traitaient les services de mon employeur. Un dimanche matin je reçois donc le feu vert pour effectuer un transport avant mise en bière d’une femme décédée dans un hôpital à 200 kilomètres de mon lieu de travail. La famille a contacté une société de pompes funèbres de son choix qui nous a demandé d’effectuer le retour de la défunte vers sa chambre funéraire. Je pars donc à 7h30, je parcours les 200 kilomètres aller, je prends en charge la défunte et ses affaires personnelles et je fais la déclaration de décès en mairie. Je reviens avec la défunte à la chambre funéraire du concurrent pompes funèbres et là je rencontre un confrère qui m’accueille. La défunte est en chemise de nuit de l’hôpital, j’ai ramené ses affaires mais elle n’a pas été habillée par le personnel soignant comme cela devait être fait, et pourtant l’infirmière l’avait promis à la famille qui maintenant attend de voir la défunte derrière la porte. J’habille donc le corps pendant que mon confrère va informer la famille qu’il faut encore patienter quelques instants. Ayant terminé je rejoins la famille et mon confrère et lorsque j’entre dans le salon j’entends la famille annoncer qu’il va falloir « aller au moins cher » car ni la défunte ni la famille ne peuvent se permettre de payer des frais d’obsèques élevés. C’est compréhensible car tout le monde n’a pas 3000 à 4000 euros à mettre dans des obsèques. Cela n’empêche pas mon confrère de dire à la famille : « Donc messieurs, dames, comme je vous l’ai dit des soins de conservation doivent être faits sur votre maman et cela se fera dans l’après-midi. » donc le dimanche. Sans connaître les tarifs pratiqués par ce collègue je fais rapidement le calcul des frais engendrés : 500 euros de transport, 150 euros de démarches, 400 euros de soins de conservation, 450 euros de chambre funéraire et 100 euros d’habillage et de présentation du corps, soit un total de 1600 euros. Si cela

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avait été effectué le lundi, le montant s’élevait à 1000 euros. Si on avait expliqué à la famille que les soins n’étaient ni obligatoires ni nécessaires sur leur maman, le montant de ces mêmes opérations atteignait 800 euros. La famille économisait 800 euros sans que la défunte ne soit moins bien prise en charge.

Si vous décidez de laisser le défunt à l’hôpital, le séjour à la morgue de l’établissement de santé est gratuit au moins pendant 72h00. Dans certains établissements, passé ce délai, il vous sera facturé des journées d’occupation de la chambre mortuaire mais à un prix beaucoup plus bas que celui d’une chambre funéraire chez un pompe funèbre.

En revanche, le défunt n’est pas présenté en permanence dans une pièce où vous pouvez le voir quand bon vous semble. Le défunt est toiletté et habillé par les équipes soignantes de l’hôpital ou l’agent mortuaire s’il y en a un dans l’établissement. Les défunts sont placés en cellule réfrigérante, (en frigo), et ne sont présentés dans une salle aménagée à cet effet qu’à la demande des familles, des proches et des amis lorsqu’ils viennent visiter le défunt. Cela peut prendre du temps avant de voir un défunt car s’il n’y a pas d’agent mortuaire, ce sont les équipes soignantes qui devront venir sortir le défunt de la cellule réfrigérée, le présenter sur une table réfrigérante et le placer dans la salle adéquate. Dans la grande majorité des cas les défunts qui restent à l’hôpital sont traités aussi bien que par le personnel des pompes funèbres, le personnel hospitalier est de plus en plus formé et sensibilisé à la présentation respectueuse d’un défunt. Mon expérience d’assistant funéraire m’oblige toutefois à vous préciser qu’il m’est arrivé de constater des actes non respectueux sur certains défunts restés à l’hôpital.

Certains personnels se moquent complètement des corps qui reposent dans les funérariums et j’ai vu des défunts rester sur des tables réfrigérantes