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Gratuit Nos lecteurs peuvent imprimer, traduire et dif- fuser ce journal et son contenu. Dans ce numéro SOYEZ CONSCIENTS DE VOS DROITS AFFICHETTE DÉTACHABLE pages 8-9 BUT NON LUCRATIF U.S. POSTAGE PAID Autorisation n° 2226 Worcester, MA Promotion des droits, des opinions et des aspirations des peuples autochtones Voices Hiver / Printemps 2006 Volume 4 Numéro 2 Voix autochtones Soyez conscients de vos droits Aspirations par Weekly Indigenous News Événements à venir Derrière les gros titres Devenir membre Pages 4-5 Pages 7 à 10 Page 12 Page 13 Page 14 Page 15 Dernière de couverture Ce numéro de Cultural Survival Voices traite des peuples autochtones, du commerce équitable et des droits sur l’eau (voir en page 2). Déplacement des cerises de café dans le concasseur à mouture humide AGNES PORTALEWSKA i vous êtes une personne autochtone qui vend des objets d’artisanat ou des récoltes, vous savez probablement que le prix payé par le citadin qui achète vos produits est bien plus élevé que celui que vous recevez pour votre travail. Vous savez que le passage du producteur au marché implique de nombreuses étapes et de nombreux intervenants, dont chacun doit être payé. Vous savez probablement aussi que nombre de ces personnes sont payées bien plus que vous, même si vous êtes à l’origine du produit. Vous pensez probablement que ce système est en partie dû au fait que vous êtes autochtone. Le système nommé « commerce équitable » a été créé pour corriger cette organisation injuste. L’idée du commerce équitable, c’est que vous, le producteur, devez toucher un juste prix pour votre travail, et que vous devez pouvoir contrôler en partie le fonctionnement du système. Dans le monde entier, le commerce équitable a aidé des milliers d’agriculteurs et artisans à améliorer leur revenu et leur vie. Mais leur vie est encore difficile, et le commerce équitable ne se résume pas à mettre quelques centimes de plus dans la poche des producteurs. Pour que le commerce équitable atteigne son but, toutes les personnes qui y participent —des producteurs aux consommateurs—doivent comprendre son fonctionnement. Le commerce équitable comporte de nombreux avantages. Il aide les agriculteurs et les artisans traditionnels à gagner leur vie sans quitter leur communauté, et à préserver leur artisanat et leurs traditions. Enfin, il contribue à créer une plus grande parité entre les producteurs et les importateurs, en donnant aux producteurs autochtones un peu du respect et du pouvoir qu’ils méritent. Tout comme le mouvement des droits des autochtones, le mouvement du commerce équitable a évolué au cours des précédentes décennies. Le commerce équitable a démarré comme un modèle alternatif au « commerce habituel » en mettant l’accent sur les relations entre producteurs et importateurs du commerce équitable. Cependant, avec son expansion rapi- de, le commerce « équitable » risque de ne plus mériter cet adjectif et de devenir une méthode de marketing comme une autre. Pour que le commerce équitable soit réellement équitable, les producteurs autochtones et les commerçants équitables doivent comprendre totalement les niveaux de leur entreprise commune et le principe de fonctionnement du processus du commerce équitable. Ce numéro de Voices contient une affichette sur les principes du commerce équitable, ainsi qu’un exemple d’une activité de commerce équitable : le café. Le commerce équitable est également plus juste lorsque les producteurs entretiennent des rela- tions avec plusieurs importateurs. Ce faisant, les producteurs sont plus à même de marchander avec chaque acheteur. Alors que le système du commerce équitable a été créé pour protéger et avantager les produc- teurs autochtones, un de ses problèmes actuels est que, bien que les pratiques commerciales des producteurs soient examinées de près, celles des importateurs ne le sont pas aussi soigneuse- ment. Il est urgent de faire en sorte que tous les participants d’une entreprise de commerce équitable soient soumis aux mêmes mesures de contrôle et de responsabilité Du point de vue des droits autochtones, le com- merce équitable est synonyme d’opportunités et de pouvoir. S’il a pris un bon démarrage, le chemin à parcourir est encore long avant qu’il ne satisfasse pleinement aux besoins des gens qu’il avait pour but de servir. Commerce équitable et peuples autochtones par Jenn Goodman et Mark Camp S Voices est disponible en anglais, français, russe et espagnol.

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GratuitNos lecteurs peuvent

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fuser ce journal et son

contenu.

Dans ce numéro

SOYEZ

CONSCIENTS DE

VOS DROITS

AFFICHETTE

DÉTACHABLE

p a g e s 8 - 9

BUT NONLUCRATIF

U.S. POSTAGEPAID

Autorisation n°2226

Worcester, MA

Promotion des droits, des opinions et des aspirations des peuples autochtones

V o i c e sHiver / Printemps 2006 Volume 4 Numéro 2

Voix autochtonesSoyez conscients de vos droitsAspirationspar Weekly Indigenous NewsÉvénements à venirDerrière les gros titres Devenir membre

Pages 4-5

Pages 7 à 10

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Dernière de

couverture

Ce numéro de Cultural Survival Voices traite despeuples autochtones, du commerce équitable et des droitssur l’eau (voir en page 2).

Déplacement des cerises decafé dans le concasseur àmouture humide

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i vous êtes une personne autochtone quivend des objets d’artisanat ou desrécoltes, vous savez probablement que leprix payé par le citadin qui achète vos

produits est bien plus élevé que celui que vousrecevez pour votre travail. Vous savez que lepassage du producteur au marché implique denombreuses étapes et de nombreux intervenants, dont chacun doit être payé. Voussavez probablement aussi que nombre de cespersonnes sont payées bien plus que vous,même si vous êtes à l’origine du produit. Vouspensez probablement que ce système est en partie dû au fait que vous êtes autochtone.

Le système nommé « commerce équitable » aété créé pour corriger cette organisation injuste.L’idée du commerce équitable, c’est que vous, leproducteur, devez toucher un juste prix pourvotre travail, et que vous devez pouvoir contrôler en partie le fonctionnement du système. Dans le monde entier, le commerceéquitable a aidé des milliers d’agriculteurs etartisans à améliorer leur revenu et leur vie. Maisleur vie est encore difficile, et le commerceéquitable ne se résume pas à mettre quelquescentimes de plus dans la poche des producteurs.Pour que le commerce équitable atteigne sonbut, toutes les personnes qui y participent —desproducteurs aux consommateurs—doiventcomprendre son fonctionnement.

Le commerce équitable comporte de nombreuxavantages. Il aide les agriculteurs et les artisanstraditionnels à gagner leur vie sans quitter leurcommunauté, et à préserver leur artisanat etleurs traditions. Enfin, il contribue à créer uneplus grande parité entre les producteurs et lesimportateurs, en donnant aux producteursautochtones un peu du respect et du pouvoirqu’ils méritent.

Tout comme le mouvement des droits desautochtones, le mouvement du commerce

équitable a évolué au cours des précédentesdécennies. Le commerce équitable a démarrécomme un modèle alternatif au « commercehabituel » en mettant l’accent sur les relationsentre producteurs et importateurs du commerceéquitable. Cependant, avec son expansion rapi-de, le commerce « équitable » risque de ne plusmériter cet adjectif et de devenir une méthodede marketing comme une autre.

Pour que le commerce équitable soit réellementéquitable, les producteurs autochtones et lescommerçants équitables doivent comprendretotalement les niveaux de leur entreprise commune et le principe de fonctionnement duprocessus du commerce équitable. Ce numérode Voices contient une affichette sur lesprincipes du commerce équitable, ainsi qu’unexemple d’une activité de commerce équitable :le café.

Le commerce équitable est également plus justelorsque les producteurs entretiennent des rela-tions avec plusieurs importateurs. Ce faisant, lesproducteurs sont plus à même de marchanderavec chaque acheteur.

Alors que le système du commerce équitable aété créé pour protéger et avantager les produc-teurs autochtones, un de ses problèmes actuelsest que, bien que les pratiques commerciales desproducteurs soient examinées de près, celles desimportateurs ne le sont pas aussi soigneuse-ment. Il est urgent de faire en sorte que tous lesparticipants d’une entreprise de commerceéquitable soient soumis aux mêmes mesures decontrôle et de responsabilité

Du point de vue des droits autochtones, le com-merce équitable est synonyme d’opportunités etde pouvoir. S’il a pris un bon démarrage, lechemin à parcourir est encore long avant qu’ilne satisfasse pleinement aux besoins des gensqu’il avait pour but de servir.

Commerce équitable etpeuples autochtonespar Jenn Goodman et Mark Camp

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Cultural Survival

Cultural Survival est la principale organisationinternationale basée aux États-Unis pour lesdroits des peuples autochtones.

Cultural Survival est une organisation par adhé-sion non gouvernementale, consacrée à la pro-motion des droits des peuples autochtones et àla diversité culturelle de l’humanité.

Qu’elle soit indienne, aborigène ou apparti-enne aux peuples premiers, une personne survingt sur notre planète est autochtone etpossède sa propre culture, sa langue et entre-tient des relations spéciales avec sa terre. Sonmode de vie est menacé par des intérêtséconomiques puissants, des politiques dedéveloppement mal conçues et les con-séquences négatives de la mondialisation.

Fondée il y a 35 ans, Cultural Survival établit despartenariats avec les peuples autochtones pour :

• Faire connaître aux hommes politiques et aupublic les violations des droits essentiels desautochtones, les menaces qui pèsent sur leursterres et leurs ressources, et la disparition deleurs cultures, de leurs langues et de leurs sys-tèmes de croyances.

• Donner du pouvoir aux peuples autochtonesen leur permettant de partager des solutions àleurs problèmes communs, et en les soutenantpar une formation de construction des apti-tudes en matière de médias, technologie etparticipation politique efficace.

• Soutenir les efforts autochtones pour négocieravec les entreprises, les institutions financièreset les gouvernements, et se faire l’avocat deleurs droits essentiels devant les tribunaux etles organisations intergouvernementales.

Cultural Survival publie le magazine priméCultural Survival Quarterly, le journal multi-lingue Cultural Survival Voices et le site WebWeekly Indigenous News (www.cs.org).

Cultural Survival aide les communautésautochtones des États-Unis, du Brésil, deColombie, d’Équateur, du Guatemala et duMexique, ainsi que les peuples turkmènesErsari d’Afghanistan, les Tibétains, les peu-ples éleveurs de rennes le long de la frontièreentre la Sibérie et la Mongolie, et encore lesMassaï, les Mpinbwe et les peuples de la forêtde l’Ituri en Afrique.

Cultural Survival215 Prospect Street, Cambridge, MA 02139, États-UnisTéléphone : +1 (617) 441-5400 Télécopie : +1 (617) 441-5417 Courrier électronique :[email protected]

Hiver / Printemps 2006 · www.cs.org

CULTURAL SURVIVAL02

www.cs.org

Promotion des droits, des opinions et des aspirations des peuples autochtones

Consultez le site Web de Cultural Survival pour plus d’informations sur le commerce équitable.

L’équipe de Cultural SurvivalEllen L. Lutz, directrice exécutiveMark Camp, directeur des opérationsMark Cherrington, directeur de la publicationLisa Matthews, coordinatrice des Nouvelles et de la FormationAgnieszka Portalewska, coordinatrice du Bazaar et des adhésionsJenn Goodman, rédacteurJamie Brown, graphiste et spécialiste de l’informatiqueSofia Flynn, comptableDave Favreau, assistant aux adhésions

Ce numéro de Voices traite à la fois des besoins séculaires del’humanité et de ses innovations les plus récentes. Le besoin leplus ancien concerne l’eau, cette ressource de plus en plus raredans un monde surpeuplé et de plus en plus industrialisé. Pourobtenir l’eau dont ils ont besoin pour l’agriculture, la pêche, lavie, les peuples autochtones doivent recourir tant à l’innovationqu’à la tradition, et nous évoquons les deux dans ce numéro.Neera Burra raconte l’histoire de ces femmes indiennes qui, dansleur Orissa occidentale victime de la sécheresse, ont formé uncollectif pour construire des barrages, planter des arbres,endiguer des canaux et créer des retenues d’eau, en transformantle paysage et en rendant l’eau disponible tout au long de l’année.Eleanor Dictaan-Bang-oa décrit le schéma complexe de gestiontraditionnelle de l’eau du peuple Kankanaey des Philippines—unexcellent exemple de la valeur inestimable des connaissancesautochtones.

Ce numéro traite aussi de l’une des innovations économiques lesplus prometteuses pour les peuples autochtones : le commerceéquitable. À première vue, le commerce équitable ressemble àune panacée, en reversant une part de profit plus importante auxpersonnes qui ont fabriqué les objets et cultivé les ressources, eten renforçant les traditions à l’origine de ces productions. Maisla réalité du commerce équitable est un peu plus complexe,comme le montrent clairement les articles de ce numéro.Comme l’explique Tara Tidwell Cullen, les textiles guaté-maltèques sont très demandés dans les pays industrialisés, ce quiest une bonne nouvelle pour les tisserands qui vendent leur pro-duction via les réseaux du commerce équitable. Mais les colorisqui ont la préférence des acheteurs ne sont pas les couleurs tra-ditionnelles portées par les tisserands eux-mêmes et, pour satis-faire à la demande croissante, les femmes doivent abandonnerles petits métiers portables utilisés traditionnellement pour tra-vailler sur des métiers à pédales de plus grande capacité,habituellement réservés aux hommes.

Ce numéro contient aussi un article sur le commerce équitabledu café. Le système élimine les intermédiaires et augmente lesprofits pour les cultivateurs mais, même en tenant compte de cesaméliorations, il reste encore de nombreuses étapes entre le caféier et la tasse, chacune de ces étapes représentant une partiedu prix de vente.

La conclusion de ces articles est que le commerce équitable nepeut pas guérir tous les maux de ce monde. Il représente cepen-dant une amélioration importante par rapport aux systèmeséconomiques existants et peut réellement aider à promouvoir lasurvie culturelle si le système est géré avec créativité etrésilience— qualités qui sont bien sûr les marques de toute culture autochtone.

Dans ce numéro...La teinture du fil à l’AsociaciónMaya (voir « Les veuves deguerre guatémaltèques conti-nuent à tisser pour faire vivreleur communauté », page 6).

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03Cultural Survival Voices

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Un leader autochtone élu président de la Boliviepar Bret Gustafson

ors des élections du 18 décembre 2005, les Boliviens ont écrit l’his-toire en élisant avec une majorité de 54 pour cent Evo Morales,dirigeant Aymara des combatifs syndicats de cultivateurs de coca.« 500 ans de campagne et de résistance populaire du peupleautochtone n’ont pas été vains », a déclaré Morales dans son dis-

cours inaugural. « Nous sommes ici, et nous disons que nous avons obtenule pouvoir de mettre fin à l’injustice, à l’inégalité et à l’oppression que nousavons connues. »

Morales et son parti, le Mouvement pour le Socialisme, ont remporté les élec-tions dès le premier tour à la majorité absolue, en écrasant leurs concurrents.L’un était un magnat du ciment et propriétaire de franchises de restaurationrapide, l’autre un économiste et homme d’affaires choyé des États-Unis dontil était le candidat préféré.

La montée au pouvoir de Morales n’est pas le résultat des privilèges habituelsde fortune et de race, mais d’années de luttes des syndicats paysans dans unpays profondément marqué par les inégalités sociales et raciales. Pendant lacourte et difficile histoire de la démocratie en Bolivie, les présidents—parfoismême ceux qui arrivaient à la troisième place dans le vote populaire—étaientgénéralement choisis lors de transactions de coulisse au Congrès.

Les élections en Bolivie représentent la toute dernière d’une série de victoiresdes candidats de gauche en Amérique latine, et la victoire de Morales prometd’intensifier encore ce processus en « indigénisant » à la fois son pays ettoute la région.

Morales arrive au pouvoir à l’issue d’une longue histoire de mobilisations etchangements autochtones en Bolivie. Dès 1985, l’élite non autochtone dupays a commencé à introduire des règles de marché libre, « néo-libérales »,visant à moderniser la Bolivie en l’ouvrant au capital mondial tout endémolissant les structures existantes de représentation basée sur la classe.

Lorsque des mouvements autochtones ont surgi à la fin des années 80 et dansles années 90, le gouvernement a cherché à canaliser cette énergie au moyende politiques dites « d’interculturalisme »—dans une tentative pour recon-naître la culture autochtone et l’incorporer dans les structures politiques. Ensurface, l’interculturalisme a inversé cinq siècles de politique gouvernemen-tale de racisme et d’exclusion. Il comportait une réforme agraire limitée quireconnaissait aux autochtones des droits à des territoires collectifs, un proces-sus de décentralisation qui accordait une certaine reconnaissance aux struc-tures de gouvernement traditionnelles et, de manière plus ambitieuse, uneréforme de l’éducation utilisant les langues, l’histoire et les connaissancesautochtones dans les écoles d’état.

Ces réformes ont été bien accueillies par de nombreux peuples autochtones,mais ont échoué à traiter les problèmes sous-jacents de la Bolivie : une iné-galité économique massive, l’absence de représentation politique et unracisme qui infiltre les institutions publiques et la vie quotidienne. Commel’expliquait un autre dirigeant Aymara à un commentateur non autochtonede la télévision bolivienne, « Ce que nous voulons pour notre avenir, c’estque ma fille n’ait pas à grandir pour devenir votre bonne ».

Morales a profité de ces réformes nationales, même s’il a milité contre d’autrespolitiques liées à une tentative, appuyée par les États-Unis, d’éradiquer lesplantations de coca de ses partisans (voir Cultural Survival Quarterly Vol.26.4). Qui plus est, il a adopté de nouvelles structures de décentralisation etde démocratisation. Son syndicat, transformé en parti politique, a rallié laplupart des municipalités de la région de Chapare en 1997, et y a créé unebase de soutien solide. Le parti s’est ensuite étendu à d’autres mouvementsautochtones des plaines de l’Est et créé des alliances avec des citadins nonautochtones favorables à sa cause.

Morales n’est donc pas seulement un dirigeant autochtone poursuivant desrevendications autochtones, mais le leader d’un large mouvement qui associede nombreuses plates-formes sociales, économiques et culturelles en vue duchangement. Sa victoire est un moment historique et radical pour les peuplesautochtones de Bolivie et du continent. Rafael González, président du Comitépour l’union paysanne au Guatemala, a déclaré : « La victoire de Moralesaura des répercussions dans toutes les Amériques ». Luis Macas, président dela Confédération des nationalités autochtones d’Équateur, a déclaré à sontour que l’élection de Morales était l’événement le plus important pour lepeuple autochtone « depuis l’époque du colonialisme espagnol ».

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Evo Morales, dirigeant Aymaraautochtone, a été élu présidentde la Bolivie le 18 décembre2005.

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04 Cultural Survival Voices

e district de Nuapada, dans la partie occidentale de l’État de l’Orissa, enInde, a été fondamentalement transformé ces dernières années, avec uneélévation du niveau de vie, un meilleur accès à l’eau et à la santé. Cechangement n’est pas dû à l’action gouvernementale ni aux organismes

internationaux, mais à des femmes qui se sont unies pour s’atteler à des problèmes quisemblaient insurmontables.

Le district de Nuapada souffre de pluies irrégulières, de longues périodes de sécheresse uneannée sur deux, ce qui rend la vie très difficile pour les populations tribales qui dépendentde la pluie pour l’agriculture et l’exploitation forestière qui les font vivre. En 1985, environ86 pour cent de la population de Nuapada vivait en dessous du seuil de pauvreté, avec unrevenu annuel inférieur à 8500 roupies (200 dollars US) par personne.

Pour remédier à ce problème et sauver leurs villages, leurs familles et leur existence, lesfemmes de la tribu ont entrepris en 1985 des actions de base pour amener l’eau à leursvillages. Elles étaient aidées par l’organisme non gouvernemental Lokadrushti, qui seconsacre à la formation de groupes locaux auto-gérés qui s’attaquent aux problèmes depauvreté. Au Nuapada, Lokadrushti a organisé des groupes pour éduquer les habitantssur leurs droits et avantages, ainsi que des samaj vikas mahila samitis (comité dedéveloppement de femmes). Une de leurs principales priorités fut la gestion de l’eau, etleur réussite à ce jour est impressionnante.

Par exemple, dans le village de Bhainsadani, les habitants manquaient d’eau potabletous les ans, de février à juillet. Deux dirigeantes du village, Subhudra Paharia et HemaMajhi, organisèrent une marche pour l’eau et donnèrent aux femmes de Bhainsadani

l’idée de créer un mouvement, d’organiser des rassemblements et d’en appeler au BlockDevelopment Officer (BDO) sur le problème de l’eau. Puis les femmes rallièrent le vil-lage pour construire un barrage sur le torrent Rani Jhola, ainsi qu’un canal cimenté etune grande retenue d’eau. Depuis la fin des travaux, en 1996, le village a assuré l’en-tretien de cette structure par son propre travail et ses économies.

Par ailleurs, le collectif des femmes locales s’est lancé dans des activités d’exploitationforestière et a installé un système pour entretenir la zone de captage. Aujourd’hui,Bhainsadani a bien changé. Les puits et forages se sont rechargés, et il y a de l’eau mêmeen été. La forêt a été régénérée, et les villageois élèvent plus de bétail.

Les organisations des femmes de Nuapada ont également pu éviter de graves problèmesde santé dûs à l’eau dans la région. Par exemple, en 1998, des centaines de personnesdes village du Boden Block de Kerkala, Kirejhola, Kotamal et Karlakot souffraient del’excès de fluor contenu dans l’eau et présentaient les dents noircies, les mains et lesjambes tordues, et des signes de vieillissement prématuré. Pour y remédier, le gou-vernement se contenta de condamner tous les forages sans fournir d’autres sourcesd’approvisionnement en eau.

Alarmées par cette situation, Chitri Dei et Usa Dei —deux leaders de la fédération SamajVikash Mahila Samity (SVMS)— firent du porte à porte de village en village pour mobi-liser les femmes de la tribu afin de demander au gouvernement suffisamment d’eau potablesans excès de fluor. Les comités de villageoises, avec la collaboration du SVMS, organisèrentdes rassemblements de centaines de villageois qui manifestèrent devant les représentantslocaux du gouvernement pour réclamer une solution permanente.

Après quatre ans d’efforts, les femmes obtinrent gain de cause en 2002, lorsque le gou-vernement accepta de fournir de l’eau potable par une canalisation venue du fleuveSunder, à une douzaine de kilomètres des villages.

De plus, la fédération des femmes a organisé des groupes d’entraide entre les femmes desvillages, ainsi que des activités d’économie et de crédit auprès des banques locales, grâceauxquelles les femmes ont souscrit des prêts pour creuser des puits et acheter des pompes.

Cette longue lutte pour accéder aux ressources en eau a changé la vie de ces femmes.En évitant de devoir marcher sur de longues distances pour avoir accès à l’eau, lesfemmes ont maintenant plus de temps pour s’occuper de leur foyer, de leur famille etde micro-entreprises. Qui plus est, les organisations de femmes tribales ont pu prendreune part active dans les affaires de la communauté et acquérir un peu plus de pouvoirpolitique. Avec l’aide de Lokadrushti, elles sont de plus en plus reconnues par lesautorités locales comme les agents indispensables du changement.

Le Dr Neera Burra est une anthropologue sociale qui travaille actuellement avec lebureau indien de l’UNDP en tant que Assistant Resident Representative et Senior SocialDevelopment Advisor.

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District de Nuapada

Lagune de retenue dansle village de Bhainsadani

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Les femmes d’une tribu battent la sécheresse et le systèmepar Neera Burra

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Voix autochtones

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05Cultural Survival Voices

www.cs.org Consultez le site Web de Cultural Survival pour en savoir plus sur les droits sur l’eau.

ans la région de Besao, au nord desPhilippines, d’où est originaire mafamille, l’agriculture est essentielle à la vieet le riz est un aliment de base. C’est

pourquoi l’eau a autant de valeur que la terre. Maispour les 10 000 iBasao (le peuple de Basao), la gestiondes ressources en eau est rendue difficile par l’épuise-ment des ressources, la déforestation, des conflits pourl’utilisation des sources d’eau, des stratégies dedéveloppement « alternatif », une infrastructureinsuffisante et l’agriculture commerciale.

Pour les agriculteurs de Besao, la solution est de s’entenir à leurs pratiques traditionnelles et de les adapteraux défis contemporains. Chez les iBasao, un conceptclé nommé inayan ou lawa régit la vie quotidienne enrefusant tout acte nuisible pour qui ou quoi que cesoit, et en interdisant de violer les règles de comporte-ment de la communauté. Chacun est supposé suivre saconscience pour décider du bien et du mal, aidé encela par l’idée que la punition des mauvaises actionssera dispensée par Kabunian (Dieu). C’est une simplerègle de bonne conduite, basée sur des valeurs tellesque le respect pour les autres et pour la nature, la jus-tice, la moralité, l’harmonie, le partage des ressourceset l’entraide.

Les iBesao considèrent l’eau comme un être vivant quia besoin de moyens de subsistance pour se perpétuer ets’offrir aux humains. Cette notion prend corps dans leconcept du Nakinbaey, être surnaturel qui habite laplupart des sources d’eau et autres sites sacrés de Besao.Pour les iBesao, l’eau est produite par le Nakinbaey,

alors pour garantir l’approvisionnement en eau il fautfaire plaisir au Nakinbaey et l’empêcher de quitter lasource. Traditionnellement, c’étaient les anciens dela communauté qui s’en chargeaient grâce à un rituelde nettoyage nommé legleg. Certains anciensattribuent la baisse actuelle de l’approvisionnementen eau à la baisse de la pratique de ce rituel, et onnote un soutien croissant de la communauté pour lerenouveau du legleg.

Pour les iBasao, l’eau est une ressource commune quine peut pas être privatisée. Mais bien que la propriétésoit communale, la communauté des agriculteurs quiont les premiers canalisé le système pour leur propreutilisation possède des droits prioritaires sur l’eau. Lesdroits sont également revendiqués par la communauté

sur les terres de laquelle l’eau s’écoule naturellement.Personne n’a le droit de détourner l’eau de son cours,qu’il soit naturel ou dû à des systèmes d’irrigation,sans l’autorisation des communautés qui en dépen-dent Les droits d’accès et d’utilisation de l’eau pourl’irrigation font partie du droit à la terre.

La source de la rivière Kapusean, par exemple, se trou-ve dans le champ de riz de Gan-i. Mais le droit de lacommunauté à utiliser l’eau et l’aspect spirituelgénéral de l’eau prévalent sur le droit de Gan-i à cul-tiver toute l’année. Joaquin Anosan, qui vit à Suquib,explique que tous les agriculteurs utilisant la source dela rivière Kapusean en aval du champ de Gan-i ontdécidé de donner une part de leur récolte à Gan-i encontrepartie de la perte de la possibilité de cultivercontinuellement son champ. Aujourd’hui les petits-enfants de Gan-i ont le droit d’utiliser le champ de riz,mais la communauté les empêche d’utiliser des ani-maux de trait pour labourer.

Le système iBasao est basé sur le respect mutuel,l’équité et la révérence de la nature. Il a permis au peu-ple de Besao d’élaborer des méthodes sophistiquées etefficaces pour protéger et gérer leurs ressources en eau— des méthodes qui pourraient servir de modèle àl’humanité toute entière.

Eleanor Dictaan-Bang-oa est employée par le GenderDesk de la fondation Tebtebba (Centre internationaldes peuples autochtones pour la politique, larecherche et l’éducation).

Tradition et protection des ressources en eau aux Philippinespar Eleanor P. Dictaan-Bang-oa

Les champs de riz de Besao sontirrigués par le banbanes, ou systèmede tour de rôle.

PHILIPPINES

MALAISIE

Mer deSulu

Mer deChine mérid-ionale

Mer desPhilippines

Mer desCélèbes

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LUZON

Régionadministrativede laCordillère

Province desmontagnes

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Indigenous Voices

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Indigenous Voices06 Cultural Survival Voices

ans les années 1980, les femmes du départe-ment de Sololá au Guatemala, dans la régiondu Canton Pujujil sur les rives du lac Atitlán,voyaient leur communauté se désintégrerlentement sous la pression de décennies de

guerre civile dans le pays. La plupart de ces femmesétaient veuves, et beaucoup avaient dû déménager à laville ou y envoyer leurs enfants pour y trouver du travailet aider leur famille. De crainte de perdre rapidement leurlangue maya, leur culture et la cohésion de la commu-nauté, un groupe de veuves a décidé de mettre à profit latradition maya en tissant sur des métiers portables pourtrouver un revenu régulier sans quitter leur foyer.

Les femmes fondèrent une coopérative de tissage en 1985et créèrent l’Asociación Maya en 1987, avec l’aide del’homme d’affaires canadien Ron Spector. Bien que nombre de ses membres vivent encore dans la pauvreté,elles disent que l’association a amélioré leur vie et ellessont reconnaissantes de cette possibilité de gagner leur viesans quitter leur communauté.

Le commerce équitable de l’artisanat est sensiblement dif-férent de celui du café. Bien que les principes essentiels –payer un prix équitable, bien traiter les travailleurs et pro-téger l’environnement – soient appliqués, l’absence d’unsystème de prix structuré laisse la définition du mot « équitable » à l’interprétation des producteurs d’arti-sanat au Sud et des commerçants au Nord. L’expériencedes membres d’Asociación Maya illustre les tensions qui peuvent surgir, même dans le cadre du commerceéquitable, lorsque les peuples autochtones décident d’utiliser leur culture pour soutenir leur économie.

Une tisserande, Rosario Yaxon Cumes, déclare que son travail pour l’association lui permet de s’occuper de sesenfants : « Je suis veuve depuis les violences de 81 et 82.C’est pourquoi je suis très dépendante de la coopérative »,déclare-t-elle. « Le problème est qu’il n’y a pas beaucoupde demande pour le travail. »

La coopérative teint, tisse et vend des vêtements, gilets etécharpes, ainsi que des portes-monnaie, des sacs à bandouillère et d’autres accessoires. Les trames de chenille, les fibres de coton et les teintures nécessaires à cetravail sont achetées par la coopérative à des magasins deMiami, en Floride. Les roses, verts et oranges vifs qui sontactuellement à la mode dans les communautés maya (etque les membres de l’association utilisent pour tisser leurspropres vêtements) ne se vendent pas bien sur lesmarchés nord-américain et européen, où des nuancesplus profondes et plus riches ont la préférence.L’association a donc dû abandonner en 1998 sesapproches traditionnelles.

Même en se tournant vers l’Amérique du Nord et l’Europe,l’association a du mal à trouver un marché assez vaste. Àla différence du marché du commerce équitable du café,

où les coopératives doivent assurer un revenu régulier,Asociación Maya offre aux tisserandes un prix plus élevépour leur travail, mais sans garantir que celui-ci se vendra.

Les tisserandes sont payées pour chaque pièce de textilelivrée au bureau de l’association. Il est possible de réaliserchaque pièce, écharpe, sac ou veste, en trois jours à peine.Mais les tisserandes doivent aussi faire face au quotidien(soins des enfants, entretien de la maison, préparation desrepas), et pour ces veuves, qui n’ont pas de mari pourapporter un second revenu, l’argent ainsi gagné estrarement suffisant. Il est, cependant, préférable à touteautre option. Sans l’association, ces femmes tisseraientpour le marché local et ne gagneraient que le tiers de leursrevenus, ou devraient partir en ville pour y trouver unautre travail mal payé. « Ce n’est pas suffisant, mais c’estdéjà quelque chose », déclare Juana Ajcalón Ajcalón.

La difficulté, pour l’Asociación Maya, est que l’organisationn’a pas de marché fixe pour vendre son travail. Les piècessont vendues dans deux villes touristiques locales, etaucune n’est vendue à Canton Pujujil L’association vendaussi ses tissages à l’international, surtout grâce à ses contacts avec Spector. Mais ce marché est limité et intermittent.

Il y a un autre problème : les tisserandes veulent préserver la tradition de 3 000 ans de tissage sur métier àbande dorsale, mais cette technique est inefficace pour la

production de masse. Les métiers à bande dorsale ont étéremplacés par des métiers à pédales presque partout dansle monde. Le cadre des métiers à pédales étant plus large,ses utilisateurs peuvent produire plus rapidement une plusvaste gamme de textiles. Les coûts de production s’entrouvent réduits et permettent aux magasins de baisser lesprix, tout en maintenant ou en améliorant le revenu à lapièce du tisserand.

Mais les tisserands hésitent à adopter la nouvelle technologie au Guatemala, où il existe une division du travail en fonction du sexe : dans presque toutes les communautés, les hommes utilisent les métiers à pédaleset les femmes, ceux à bande dorsale. Il faudrait un changement culturel important pour que les femmestransgressent cette tradition pour accroître leur revenu.

En dépit des difficultés rencontrées par l’association et del’instabilité du marché pour les tisserandes, AsociaciónMaya a permis aux communautés de Canton Pujujil derester groupées pendant les dernières années de guerrecivile et les premières années cruciales de la paix. Pour satisfaire à la demande du marché mondial, les membresde l’association ont choisi de changer quelques aspects deleurs pratiques traditionnelles de tissage pour mieuxpréserver les autres. De plus, leur production pour lemarché mondial leur a permis d’éviter des emplois encoreplus mal payés et de garder leur famille, leur langue et leurstyle de vie, ce qui aurait été impossible à la ville.

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Les veuves de guerre guatémaltèques continuent à tisser pour fairevivre leur communautépar Jennifer Wilhoit et Tara Tidwell Cullen

Odilia Elmida Guaracas,Quiche, dirigeante du bureaud’Asociación Maya

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www.cs.org Plus d’informations sur le commerce équitable dans le numéro d’Automne 2005 de CSQ.

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ans le système du commerce équitable, le pro-duit le plus répandu est le café. Le système deprix du commerce équitable a été créé commefilet de sécurité pour les planteurs de café. Ilgarantit que les coopératives de planteurs

reçoivent au moins 1,21 dollar pour une livre de grains decafé vert non organique, et 1,36 dollar pour une livre degrains organiques, même si le prix du marché passe endessous de ce seuil. Les acheteurs du commerce équitabledoivent payer une prime sociale de cinq cents par livre,que la coopérative utilise comme bon lui semble,habituellement pour des projets de développement (bienque les membres de la coopérative puissent voter pour serépartir la prime). Le prix minimum reçu par une coopéra-tive pour une livre de café organique du commerceéquitable est donc de 1,41 dollar.

Les principes de base du commerce équitable du café sontdéfinis par la Fairtrade Labelling Organization (FLO), quicertifie les coopératives du commerce équitable, etTransfair, l’organisation qui vérifie que ces coopérativessatisfont à ces normes. Une troisième organisation, la FairTrade Federation (FTF), a également défini des directivespour ses membres (voir la section détachable « Soyezconscients de vos droits » pour plus de détails). Lescoopératives certifiées par la FLO sont inspectées chaqueannée, et les importateurs et torréfacteurs doivent remet-tre à TransFair des rapports prouvant qu’ils satisfont auxdirectives commerciales de l’organisation. Les membres dela FTF doivent s’engager à suivre les consignes de la FTF.

Selon ces consignes, les sociétés qui achètent du cafédoivent traiter directement avec les coopératives deplanteurs, et payer au moins le prix minimum du commerce équitable. Les acheteurs doivent également dispenser aux coopératives une formation financière ettechnique, et contribuer à créer des pratiques durablespour l’environnement, y compris la culture organique, lecas échéant.

Pour de nombreux petits planteurs, cependant, le « com-merce équitable » ne signifie rien d’autre que de recevoirun « prix équitable » —ou en tout cas plus que le prixqu’ils obtiendraient des vautours qui leur achètent la cere-sa (la cerise, le fruit non traité qui contient le grain de café)dans la rue. De nombreux planteurs ne reconnaissent pasle terme « commerce équitable » et ne comprennent pasle fonctionnement du système. Même les agriculteurs quiappartiennent à une coopérative ne comprennent pas tou-jours complètement le système, —ce qui se produit quandle prix du marché du café dépasse le prix du commerceéquitable et que les coopératives de planteurs s’efforcentde fournir les quantités promises à leurs acheteurs.

Voici comment les planteurs peuvent éviter certains de cesproblèmes : le prix du marché du café varie et peutdépasser le prix minimum du commerce équitable ; c’est

pourquoi les planteurs ne devraient pas signer avec lesacheteurs de contrat fixant un prix à l’avance. Bien que lesorganisations de commerce équitable telles que la FLOessaient d’aider les agriculteurs, elles ne peuvent pas forcerles acheteurs à renégocier un contrat, c’est pourquoi lesplanteurs doivent veiller à préserver des options. « Larègle du commerce équitable est que vous êtes censébouger avec lui », a déclaré John Cossette, vendeur ducourtier en café du commerce équitable Royal Coffee. « Sivous avez acheté à l’avance (en signant des contrats pourrevendre le café à un prix fixe à d’autres sociétés) en fonc-tion de votre contrat (avec une coopérative) et en croyantque c’est comme ça qu’il allait être vendu, vous avez prisun grand risque. »

Le type de transactions que les planteurs remportent dansle système du commerce équitable dépend de leur compréhension du système, mais les occasions d’enapprendre plus sur l’activité du commerce équitable sontlimitées. La Faitrade Labelling Organization (FLO) rendvisite aux coopératives une fois par an pour les inspectionsd’agrément, et les représentants de TransFair USA, ÉlanOrganics et autres acheteurs du commerce équitable serendent aussi régulièrement sur place. Mais toutes ces visites visent à améliorer les techniques de productionorganique des fermiers plutôt qu’à les former à la négocia-

tion, à la gestion ou à d’autres compétences commerciales.

« Pour avoir les moyens de se défendre, les coopérativesdoivent vraiment comprendre le processus local et inter-national », explique Erika Hernandez d’Élan. « Lesdirecteurs des coopératives doivent apprendre à mieuxcommuniquer avec les planteurs sur leurs attentes. Aubout du compte, on en revient toujours au business. »

Planteurs de café, pour réussir dans le commerce équitablevous devez en savoir autant sur la production et la chaîned’approvisionnement que les courtiers, les torréfacteurs etles organisations de certification. TransFair et FLOœuvrent dans cette direction. Cette année, ces organisa-tions ont organisé des ateliers au Guatemala pour aider lesmembres des coopératives à mieux comprendre les contrats, les fluctuations du marché et le marketinginterne, afin que les directeurs puissent communiquerplus efficacement avec les planteurs. Cette éducation estessentielle à la réussite du système ; sans elle, les disparités d’instruction et de ressources qui marginalisentles peuples autochtones et les petits planteurs de caféseront renforcées par le commerce équitable. Un tel résultat serait une tragédie pour un mouvement social quioffrait un tel potentiel pour améliorer la vie des peuplesautochtones.

SOYEZ CONSCIENTS DE VOS DROITS 07

Un producteur de café maya Tz’utujil actionnele concasseur à mouture humide pour extraireles grains des cerises de café.

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Une tasse de véritépar Mark Camp, Sofia Flynn, Agnes Portalewska

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Planteur

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ue vous cultiviez du café pour le marché traditionnel ou pour le commerceéquitable, votre récolte passe entre de nombreuses mains avant d’atteindre un

consommateur de café. L’une des principales revendications du commerce équitable estd’éliminer les intermédiaires et d’établir une connexion directe entre le planteur et lestorréfacteurs. En fait, le chemin d’un grain de café de la récolte à la tasse varie beaucoupen fonction des coopératives et des torréfacteurs du commerce équitable, et impliquedans tous les cas de nombreuses personnes. Voici quelques étapes qui peuvent être suivies par votre récolte : Vautour

Sur le marché convention-nel, vous vendez vosrécoltes dans la rue auxintermédiaires locaux—les« vautours ». Même si cesvautours paient mal, ilspaient comptant.

Dans le système du commerceéquitable, les planteurs sont membresd’une coopérative à laquelle ils appor-tent les cerises. Ils ne sont payés quelorsque le café a été traité et vendu.Les directeurs de la coopérative répar-tissent alors l’argent entre tous lesplanteurs.

La cerise que vous récoltez doit être traitée avant d’êtreexportée. Elle est tout d’abord placée dans un concasseurà mouture humide, où les grains sont extraits de la pulpeet nettoyés, puis séchés au soleil ou dans des séchoirsmécaniques. Ensuite, les grains sont envoyés au moulinsec, où ils sont extraits de leur coque. Les meilleurs grainssont alors sélectionnés pour l’exportation.

Certaines coopératives du commerce équitable traitent lecafé elles-mêmes, mais beaucoup doivent expédier la cere-sa à un fournisseur extérieur qu’elles paient pour ce travailLa coopérative du commerce équitable du Guatemala LaVoz Que Clama en el Desierto a construit son propre con-casseur à mouture humide, mais envoie les grains à unexportateur qui à son tour les transmet à un moulin secavant d’expédier les grains de café vert à un courtier auxÉtats-Unis.

L’expédition du café vers l’Amérique du Nordet l’Europe est un processus compliqué quiimplique d’organiser le transport, de payer desfrais et de satisfaire aux exigences des gouvernements sur l’importation. C’estpourquoi les marchés du café tant conventionnel que du commerce équitableont en général recours à des courtiers et à desimportateurs qui savent gérer cette partie del’activité. Bien que certains petits torréfacteursdu commerce équitable puissent importer leurcafé eux-mêmes, la plupart des grandessociétés préfèrent utiliser des intermédiaires.Les courtiers et importateurs du commerceéquitable doivent acheter le café aux coopératives qui ont été agréée par la FairtradeLabelling Organization (LFO). Ils se chargentaussi des frais du transport international.

Les torréfacteurs préparent et embal-lent les grains de café pour les vendredans un magasin. Certains torréfac-teurs possèdent leurs propres maga-sins, tandis que d’autres vendent leurcafé à des distributeurs qui, à leur tour,le vendent aux épiceries, cafés et autrespoints de distribution. Les torréfacteursdu commerce équitable ont tendanceà distribuer leur café eux-mêmes,directement aux magasins.

Pour que le café du commerceéquitable parvienne au consommateurd’Amérique du Nord ou d’Europe, ceconsommateur doit d’abord compren-dre en quoi le système du commerceéquitable bénéficie aux agriculteurs, etil doit vouloir aider ces derniers enachetant leur café. Ainsi, le systèmerepose aussi sur les propriétaires desmagasins pour éduquer les buveurs decafé. S’ils le font, chacun est gagnantsur la route du café.

COMMENT LA RÉCOLTE DE CAFÉ

EST COMMERCIALISÉE

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Si vous êtes planteur decafé, vous employez proba-blement toute votrefamille à la culture du café,et vous embauchez sansdoute des saisonniers pourla récolte.

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Hiver / Printemps 2006 · www.cs.org

11Cultural Survival Voices

e 11 janvier, le juge Paul G. Rosenblatt,du tribunal fédéral de premièreinstance des États-Unis, a rendu sadécision dans l’affaire Nation Navajo

contre Service des forêts des États-Unis, à l’encon-tre de six tribus Amérindiennes qui avaient portéplainte pour arrêter l’expansion d’une zone skiabledu service des forêts sur les San Francisco Peaks, enArizona. Le projet de produire de la neige à partirde l’eau rejetée par une usine de traitement deseaux usées à Flagstaff représentait l’étape finaled’un schéma d’expansion ambitieux, approuvé parune décision de justice en 1979.

Les tribus (la nation Navajo, la tribu Hopi, la tribuHavasupai, la tribu Halapai, la nation apacheYavapai et la nation apache White Mountain) considèrent toutes les pics comme un site sacré etarguaient toutes que le projet de fabrication de neigeviolerait leurs droits aux termes de la loi sur la restauration de la liberté religieuse. Elles déclaraientaussi que l’utilisation des eaux usées des égoutsprovoquerait de sérieux dégâts à l’environnement.Mais le juge Rosenblatt a rejeté ces plaintes. La décision précédente ayant déjà approuvé les travauxdans la zone de ski, il suffisait dans ce cas au Servicedes forêts de montrer qu’il avait pris en considération les conséquences environnementaleset religieuses du projet de fabrication de neige, etqu’il avait envisagé d’autres approches. Le jugeRosenblatt a estimé que le service avait réellementsatisfait à ces conditions peu exigeantes.

Le tribunal a réellement prêté attention aux plaintesdes tribus concernant la loi sur la restauration de laliberté religieuse, mais les définitions étroites decette loi condamnaient ces plaintes dès le départ.Selon la loi, le projet de fabrication de neige ne pouvait être interdit que s’il limitait l’accès des tribusà la montagne ou les empêchait de pratiquer leurreligion. Rosenblatt a estimé que les pratiquesreligieuses étaient limitées à des sites cérémonielsspécifiques ou à l’accès aux plantes et aux animauxutilisés pour les cérémonies, et puisque la zone skiable ne contenait ni site cérémoniel spécifique niespèce unique, il a jugé que le projet ne violait pas laloi. Ce raisonnement à sens unique atteint sonapogée dans le cas d’un plaignant individuel, unleader religieux Hopi nommé Bill Bucky Preston. Enrejetant les plaintes de Preston dans le cadre de la loisur la liberté religieuse, le juge Rosenblatt a expliqué,apparemment sans ironie aucune, que « le

plaignant Preston n’exerce aucune activité religieusedans la zone [skiable]. Le plaignant Preston atémoigné que l’existence de SnowBowl sur les picsl’en empêche. »

Howard Shaker, avocat qui représentait plusieurs destribus, a résumé la décision du juge en déclarant : « Le gouvernement fédéral a pensé, et le tribunal aconfirmé, que la viabilité économique du partenariat Arizona Snowbowl Resorts Limited con-stituait une priorité plus importante que les croyances de centaines de milliers d’Américainsautochtones. »

« Ce jugement est une tragédie dévastatrice pour

tous ceux qui croient en la santé environnementale,la culture et la liberté religieuse », a déclaré KleeBenally, Navajo de la coalition Save the Peaks. « C’est la négation de la justice. C’est une défaitepour tous ceux qui pensent que le système judiciaireest impartial et équitable, et tous, autochtones ounon, nous allons en subir les conséquences. »

Les tribus ont déclaré qu’elles feraient appel dujugement et demanderaient une ordonnance deréféré. « Ce n’est pas fini », a déclaré BuckyPreston. « Nous devons continuer de manière pacifique, jusqu’à que la montagne sache que nousn’abandonnerons pas. »

La négation de la justicepar Mark Cherrington

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Les San Francisco Peaks, au nord deFlagstaff en Arizona, sont sacrés pour denombreux Amérindiens de la région.

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Aspirations12 Cultural Survival Voices

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L’ESSENCE DE LA VIE Photographies de Scott Stephens

L eau joue un r le essentiel dans la vie quotidienne de la communautØ Anishinabe qui vit sur les rives du Trout Lake

dans le Nord-Ouest de l Ontario.

La famille Anjeconeb lors d’une réunion estivale traditionnelle

Lawrence Anjeconeb à Nameikosipii (Ontario) lors d’une réunion traditionnelle de la communauté Anishiniabe

L’eau, c’est notre sang : c’est le sang denotre mère la Terre et l’essence de la vie.Dans de nombreuses culturesautochtones, alors que les hommessoignent le feu sacré, les femmes sontconsidérées comme les gardiennes del’eau. De nombreuses sociétésaborigènes sont installées autour deplans d’eau parce que nos réunions etnos activités familiales en dépendent.L’eau est la base de la subsistance pournous-mêmes et les activités qui nousfont vivre. L’eau est le composant clé denotre sens de la communauté, notresens de l’identité, nos voies spirituelleset notre existence.

Environ six familles habitent la zone du Trout Lake. Cette communautéautochtone, petite mais soudée, s’estbattue pour obtenir la reconnaissancedu gouvernement Canadien en tant queterritoire « traditionnel ». La commu-nauté est confrontée aux défis constantsde promoteurs qui veulent construire surcette zone et s’approprier le contrôle deses ressources.

—Scott Stephens

Le photographe ScottStephens appartient laPremiŁre Nation du LacSuel, au nord-ouest del Ontario, au Canada.

Jordan et Michael Anjeconeb pêchant le brochetNameikosipii, Trout Lake

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29/4 Les droits sur l’eau et lespeuples autochtones 2005.29/3 Le commerce équitable etles peuples autochtones 2005.29/2 Les peuples autochtonescomblent la fracture numérique2005.29/1 Les peuples autochtones etles conflits violents 2005.28/4 Les femmes du mondedoivent entendre 2004.28/3 La Décennie internationaledes populations autochtones2004.28/2 La santé des peuplesautochtones dans la forêt tropi-cale en évolution 2004.28/1 Terres autochtones ou parcsnationaux ? 2004.27/4 Éducation des autochtoneset perspectives de survie 2003.27/3 Modèles de souveraineté etsurvie en Alaska 2003.27/2 Chamanismes et survie2003.27/1 Les taïgas troublées Lesderniers éleveurs de cerfs nomadesde Sibérie méridionale, Mongolie etChine 2003.26/4 Réponses autochtones auPlan Colombie 2002.26/3 Mélanésie. L’avenir de la tradi-tion. 2002.26/2 Nourrir le Sacré en Australieaborigène 2002.26/1 Les San du Kalahari Auto-détermination dans le désert. 2002.25/4 Les « nègres marrons »des Amériques Passé héroïque,présent ambigu, avenir incertain. 2002.25/3 Courrier des lecteurs. 2001.25/2 Langues menacées, viesmenacées. 2001.25/1 Prospection minière sur lesterres autochtones Peut-on con-cilier les effets et les bienfaits ?2001.24/4 Droits de propriété intel-lectuelle La culture en tant quemarchandise. 2001.24/2 Repenser l’enfancePerspectives sur les Droits desenfants. 2000.24/1 Des problèmes au ParadisLa souveraineté dans le Pacifique.2000.23/4 Aspirations pour l’avenir Larecherche de l’harmonie. 2000.23/3 La plongée La lutte contre lesgrands barrages. 1999.23/2 Protection de la culture etdes terres autochtones grâce àl’éco-tourisme 1999.22/4 Déracinés : la spoliation enAfrique. 1999.22/2 Médias aborigènes, contrôle

aborigène 1998.22/1 Renaissance de l’éducationautochtone Activisme, enseigne-ment et leadership. 1998.21/4 L’Internet et les groupesautochtones. 1998.21/3 Les 25 ans du mouvementautochtone Afrique et Asie. 1997.21/2 Les 25 ans du mouvementautochtone Les Amériques et Australie.1997.21/1 Musées et culturesautochtones Le pouvoir du savoirlocal. 1997.20/4 Musique traditionnelle dansla vie communautaire Aspects desreprésentations, enregistrements etde la conservation. 1997.20/3 « Qui est d’ici ? » La poli-tique de participation au développe-ment. 1996.20/1 La voix des terres collec-tives Évolution des relations entrela propriété et la gestion. 1996.19/3 Culture, ressources etconflit Mise en question deshypothèses. 1996.19/2 Nationalisme en Europede l’Est Nations, états etminorités. 1995.16/3 Parlons en notre nom.1992.16/2 Sur le seuil Guide d’actionpour la survie culturelle. 1992.15/2 Océanie occidentalePrendre soin du domaine desancêtres. 1991.14/4 Terres et ressources. 1990.13/3 Amérique centrale etCaraïbes. 1989.13/1 Brésil Qui paie pour ledéveloppement ? 1989.12/4 Repeuplement et déplace-ment 2e partie. 1988.12/2 Barrages hydroélectriqueset peuples autochtones. 1988.12/1 Santé et soins(avec une section spéciale sur leTibet). 1988.11/1 Développementéconomique de base. 1987.9/4 Drogues et populationstribales 1985.9/3 Nations Tribus et groupesethniques en Afrique. 1985.8/4 S’organiser pour survivre.1984.7/4 En quête de travail. 1983.7/3 Garder la foi ? 1983.7/2 L’ère électronique. 1983.7/1 Mort et désordre auGuatemala. 1983.6/2 Déforestation Le coûthumain. 1982.6/1 Poisons et peuples voisinsLes risques industriels. 1982.

Anciens numéros de Cultural Survival Quarterly (5 dollars

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es survivants aborigènes de l’ère desinternats au Canada éprouvent des sen-timents mitigés à propos de la décision,prise le 23 novembre par le gouverne-

ment fédéral canadien, de payer 2 milliards de dol-lars d’indemnisation aux survivants.

Cette offre d’indemnisation sans précédent com-prend une somme forfaitaire de 10 000 dollarscanadiens aux 90 000 personnes actuellementvivantes qui ont fréquenté les internats, plus 3 000dollars pour chaque année de fréquentation, près de200 millions de dollars au profit des programmescuratifs et éducatifs, et l’option de poursuivre lesrecours individuels pour sévices auprès des tri-bunaux. Les survivants âgés de 65 ans et plus peu-vent demander un paiement anticipé de 8 000 dol-lars canadiens.

« Il est impossible de chiffrer la perte des languesculturelles ou le préjudice subi par les personnessoustraites à leur foyer pendant des années [conséc-utives] », a déclaré Mike Benson, directeur exécutifde la National Residential School Survivor Society(NRSSS). « Mais pour certains des survivants lesplus âgés, ils obtiennent enfin la reconnaissance [dece qui s’est passé]. »

Le système des pensionnats a fonctionné au Canadadepuis les années 1870 jusqu’aux années 1950 et1960, la dernière école ayant fermé à la fin du 20esiècle, si l’on en croit le site Web Résolution desquestions des pensionnats indiens Canada. Les pen-sionnats, financés par le gouvernement fédéral etsouvent dirigés par les églises, étaient conçus pour

transformer les Canadiens aborigènes en Chrétiensstandard. Il leur est reproché d’avoir fait disparaîtreles langues aborigènes, ainsi que des sévicesphysiques et sexuels sur les enfants qui les fréquen-taient.

Benson a déclaré que, conformément à cet accord, ilserait maintenant plus facile aux survivants d’étay-er par des preuves leurs plaintes pour sévices quiseraient réglées en supplément du paiement for-faitaire général.

Le Chef national de l’Assemblée des Premièresnations, Phil Fontaine, a déclaré dans un commu-niqué de presse qu’« aucune somme d’argent nepourrait jamais effacer les cicatrices émotion-nelles », bien qu’il pense que la solution des réparations « contribuera à faire avancer sur lechemin de la guérison ».

Don Kelly, porte-parole de l’APN, a expliqué qu’au-cune excuse publique n’avait été présentée conjoin-tement à la décision des réparations, parce que ladécision du tribunal ne contenait aucun « mécan-isme légal » forçant le premier ministre Paul Martinà présenter des excuses.

« Le gouvernement canadien souhaite régler cettequestion », a déclaré Benson. « La communautéinternationale est touchée par le fait que ce soit leCanada—garant des droits de l’homme—et [ses]peuples autochtones qui luttent encore pour cedédommagement. »

Cet article a été publié le 13 décembre 2005.

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Les dernières nouvelles de Weekly Indigenous News. Rejoignez nos forums ! www.cs.org

n octobre, des journalistesautochtones ont créé une organisa-tion basée sur la technologie, REDAIPIN, au séminaire de l’agenceinternationale de presse indienne

(AIPIN) pour défendre les journalistesautochtones, disséminer l’information etdevenir une organisation de parrainage pourd’autres groupes autochtones ou d’informations.Des journalistes d’Argentine, de Bolivie, duChili, de l’Équateur, du Mexique, de Panama etdu Pérou sont les principaux participants de l’al-liance ; cependant, tout groupe d’informations

centré sur les peuples autochtones est le bien-venu. RED AIPIN est également en train d’établirun partenariat avec l’Assemblée des Premièresnations du Canada, une autre organisation dedéfense des droits des autochtones. Le grouperecherche actuellement un espace sur le Webpour héberger son organisation et fonctionneentre-temps sur Yahoo!.

Pour en savoir plus ou rejoindre ce réseau,adressez-vous à : [email protected]

Cet article a été publié le 14 octobre 2005.

Le Canada parvient à un accord deréparations controversépar Jessica Edwards

Des journalistes autochtonescréent un réseau de technologie et de soutien

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Événements à venir14 Cultural Survival Voices

4 février 200613e journée internationale annuelle de la solidarité de larégion Nord-Ouest avec la marche Leonard Peltier et leRallye pour la justice.Tacoma, WA

6—10 mars 2006Commission interaméricaine des droits de l’hommeWashington, DC

14—18 mars 2006 Sommet mondial sur le VIH/SIDA, les médecinestraditionnelles et le savoir autochtoneAccra, Ghana

14—18 mars 2006Sommet mondial sur le VIH/SIDA, les médecinestraditionnelles et le savoir autochtoneSaint Paul, Minnesota

16—22 mars 1006 (inscriptions avant le 3 mars)4e Forum mondial de l’eauMexico, Mexique

16 mars 2006—21 avril 2006 Commission des Nations Unies sur les Droits de l’hommeGenève, Suisse

17—26 mars 20063e Festival Folk internationalNépal

15—26 mai 2006Instance permanente des Nations-Unies sur les questionsautochtonesQG des Nations-Unies, New York, New York

19—22 juin 2006 International Indigenous Business and EntrepreneurshipConferenceAlbuquerque, Nouveau Mexique

17—20 juillet 2006First Nation Economic Opportunities ConferenceSydney, Australie

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Événements à venir

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haque année, une surface d’Australie plus éten-due que la Grande-Bretagne s’envole en fumée àla suite de feux de forêt. Bien sûr, les flammessont destructrices, mais la fumée des incendies

pose encore plus de problèmes, car elle ajoute chaque annéequelque 3 millions de tonnes de dioxyde de carbone etd’autres gaz à effet de serre à l’atmosphère, ce qui contribuede manière significative au réchauffement de la planète.

L’étendue et l’intensité des feux actuels sont essentiellementle résultat du retrait des communautés aborigènes de leurs ter-res lors de la colonisation. Traditionnellement, les commu-nautés aborigènes déclenchaient volontairement des feuxpour la chasse et les cérémonies. Ces feux prévenaient l’accu-mulation de matières combustibles sur le sol et créaient descoupe-feux efficaces qui limitaient le développement et ladurée des feux de forêt. Dorénavant, dans le cadre d’un pro-gramme défini par la Commonwealth Scientific andIndustrial Research Organization (CSIRO) et l’AboriginalNorthern Land Council, les aborigènes retournent sur leursterres et remettent en vigueur leurs anciennes pratiques defeux. Ce programme, nommé Arnhem Land Fire AbatementProject, vise non seulement à réduire la gravité des feux deforêt, mais également à fournir un flux de revenus sub-stantiels aux aborigènes grâce aux programmes interna-tionaux d’échange des émissions de carbone. Les programmesd’échange des émissions de carbone fonctionnent en permet-tant aux grandes entreprises, qui produisent de grandes quan-tités de carbone dans le cadre de leurs opérations industrielles,d’effacer leur production de carbone (et donc d’éviter desamendes et des pénalités) en achetant des crédits de carboneà des entreprises qui rejettent moins de carbone dans l’atmo-sphère—par exemple des organismes tels que le projetArnhem Land. En fonction de la valeur actuelle des crédits decarbone, les dirigeants du projet estiment qu’il pourrait rap-porter aux communautés aborigènes près de 10 millions dedollars par an.

Le Dr Garry Cook, directeur du projet de la CSRIO, a déclaréqu’outre ses avantages climatiques, le projet aiderait à mettreen valeur les connaissances traditionnelles et donnerait auxnouvelles générations une raison de les apprendre et de lespréserver. Les méthodes aborigènes de gestion des terresdevraient aussi avoir de grands avantages pour la faunesauvage menacée, a déclaré Cook.

Les premiers résultats sont encourageants : durant la pre-mière année du programme, les coupe-feux aborigènes étanten place, seuls 16 pour cent des terres de Western ArnhemLand ont brûlé, alors que la moyenne des cinq années précé-dentes atteignait 37 pour cent.

Des insulaires du Pacifique déplacés par la montée duniveau de la mer

En décembre, le Programme pour l’environnement desNations Unies a annoncé que la population de Tegua, une îlede l’archipel du Vanuatu dans le Pacifique, est devenue le pre-mier peuple réfugié par suite des changements climatiquesmondiaux, car la montée du niveau de la mer l’a obligée àabandonner ses foyers sur la côte. « Nous constatons desmarées géantes dans toute la région », a déclaré TaitoNakalevu, chargé de l’adaptation aux changements clima-tiques dans le cadre du programme Pactific RegionalEnvironment Program, qui a aidé plus de 100 villageois de la

communauté de Lateu à déménager vers des terrains plusélevés, plus loin dans les terres. « Ce sont des événements nor-maux, mais c’est leur fréquence qui est anormale et qui men-ace la vie. Les gens sont forcés de construire des digues etd’autres défenses pour protéger leurs maisons, mais aussi lesterres agricoles. » L’érosion due aux inondations des dernièresannées a atteint en moyenne deux à quatre mètres par an, etl’eau stagnante laissée par les inondations a provoqué unemultiplication des moustiques et une augmentation de lamalaria et des maladies de peau chez les enfants du village.

Une des difficultés de la réimplantation était l’absence d’eaudouce dans le nouveau village, nommé Lirak. Les villageoisutilisaient auparavant des sources d’eau douce qui n’étaientaccessibles qu’à marée basse le long de la côte. À Lirak, il utili-seront l’eau stockée dans des réservoirs de 6 000 litres quirécupéreront l’eau de pluie provenant du toit des maisons.

Les Inuit demandent à la Commission des Droits del’Homme de s’opposer aux émissions américaines degaz à effet de serre

Lors de la conférences des Nations Unies sur les changementsclimatiques, à Montréal en décembre, Sheila Watt-Cloutier,une Inuk présidente de la Conférence circumpolaire inuite, adéposé devant la Commission interaméricaine des droits del’homme une requête en soulagement des violations des droitsessentiels des Inuit provoquées par les émissions de gaz à effetde serre des États-Unis. La requête de 163 pages, qui docu-mente les effets du réchauffement mondial sur l’environ-nement de l’Arctique et sur l’économie inuite basée sur la chas-se, incluait des témoignages de 63 Inuit du Nord du Canada etde l’Alaska et a été préparée par plus de 300 scientifiques et six

organisations de peuples autochtones. Elle cible les États-Unisparce que ceux-ci sont le plus gros émetteur de gaz à effet deserre et parce que l’administration Bush a refusé de se joindreaux efforts internationaux pour réduire ces émissions.

Les dommages cités dans la requête coïncident avec les pro-jections des scientifiques, ce qui suggère que le réchauffementmondial se produira bien tôt ou tard et sera plus prononcéaux pôles. « Notre région est le baromètre des changementsclimatiques du globe », a déclaré Mme Watt-Cloutier. « Sivous voulez protéger la planète, regardez vers l’Arctique etécoutez ce que les Inuit ont à dire. »

La requête demande à la Commission des Droits de l’Homme,qui a été créée par l’Organisation des États américains, derecommander aux États-Unis d’adopter des limites obliga-toires des émissions de gaz à effet de serre et de coopérer avecles autres nations. La requête demande aussi à la Commissionde déclarer que les États-Unis ont l’obligation d’aider les Inuità s’adapter aux impacts inévitables des changements clima-tiques, et de tenir compte de l’impact de ses émissions surl’Arctique et les Inuit avant d’approuver les grandes actionsgouvernementales.

« Cette requête ne cherche pas une indemnisation finan-cière », a déclaré Mme Watt-Cloutier. « Elle vise à pousser lesÉtats-Unis d’Amérique à rejoindre la communauté mondialeet à accepter les limitations importantes des émissions de gazà effet de serre nécessaires pour protéger l’environnement del’Arctique et la culture Inuit. Les changements climatiquesdétruisent notre environnement et érodent notre culture.Mais nous refusons de disparaître. Nous ne deviendront pasune note en bas de page de la mondialisation. »

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Derrière les gros titres 15Cultural Survival Voices

Les pratiques aborigènes ont un rôle à jouer pour limiter le réchauffement planétaireDe Mark Cherrington

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Timothy Buthimang près du cycas, totemWangurri sacré, Arhem Land, Australie.

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est

Cultural Survival, Inc. est un organisme sans but lucratif pour la défense des droits de l’homme, au titre de l’article fédéral 501(c)(3). Le numéro fédéral de non imposition de Cultural Survival, Inc. est 23-7182593. [Pour les États-Unis].

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Madame Dominga Perez Selada, porte-paroleTzutzujil, âgée de 77 ans, se rend à Panajechel cinqjours par semaine pour vendre les tissages de sacoopérative.

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