Connaissances et représentations du Tableau Numérique ...Connaissances et représentations du TNI...
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Connaissances et representations du Tableau Numerique
Interactif chez les futurs professeurs des ecoles :
Reflexions sur la formation aux technologies educatives
Laetitia Boulc’H, Georges-Louis Baron
To cite this version:
Laetitia Boulc’H, Georges-Louis Baron. Connaissances et representations du TableauNumerique Interactif chez les futurs professeurs des ecoles : Reflexions sur la formation auxtechnologies educatives. Georges-Louis Baron, Eric Bruillard, Vassilis Komis. Sciences et tech-nologies de l’information et de la communication en milieu educatif : Analyse de pratiques etenjeux didactiques., Oct 2011, Patras, Grece. Athenes : New Technologies Editions, pp.75-86,2011, <ISBN : 978-960-6759-75-8>. <edutice-00676175>
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Submitted on 3 Mar 2012
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Connaissances et représentations du Tableau Numérique Interactif chez les
futurs professeurs des écoles : Réflexions sur la formation aux technologies
éducatives
Laetitia Boulc’h, Georges-Louis Baron [email protected], [email protected]
Université Paris Descartes - Laboratoire EDA -
Résumé. La multiplication rapide des technologies dans les établissements scolaires est
susceptible de modifier en profondeur les pratiques pédagogiques et conduit à s’intéresser dès à
présent à la formation des enseignants. Selon Guir (2002), les compétences à acquérir sont
nombreuses : elles concernent la formation aux nouvelles pratiques pédagogiques, l’acquisition de
nouveaux savoirs indépendants des savoirs disciplinaires classiques et l’acquisition d’une culture
technique. Pour comprendre comment les enseignants s’approprient ces technologies, nous nous
sommes intéressés aux représentations des futurs professeurs des écoles concernant le Tableau
numérique interactif. Un questionnaire a été proposé, au début du semestre, à une cinquantaine de
futurs professeurs des écoles inscrits dans une formation aux technologies éducatives. Afin de
tester l’impact de cette formation, un second questionnaire a été proposé à la fin du semestre qui a
permis d’étudier l’évolution des connaissances et des représentations. Les résultats obtenus montrent que les connaissances de ces futurs enseignants sont le plus souvent naïves. Ils possèdent
une représentation très idéalisée des outils comme le TNI. Ceux capables d’adopter un point de
vue critique et argumenté sont généralement ceux qui possèdent déjà une bonne connaissance de
l'outil et qui ont eu l’occasion de le tester en tant de formateur ou en tant qu'étudiant.
Mots-clés : Tableau numérique interactif, représentations, enseignants
Introduction
On a pu observer ces dernières années la mise en œuvre de politiques volontaristes visant l’implantation des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Éducation (TICE)
dans les établissements scolaires. Ordinateurs, logiciels, Espaces Numériques de Travail (ENT),
Tableau Numérique Interactif (TNI), tablettes numériques trouvent progressivement leur place dans
les classes et dans les pratiques des enseignants qui doivent s’adapter à ces nouveaux outils. Parmi les équipements phare, les TNI occupent une place importante et toujours croissante des investissements.
Le terme TNI désigne un dispositif de projection interactif constitué d’un ordinateur, d’un
vidéoprojecteur, d’un stylet et enfin d’un écran ou d’un petit dispositif portable à fixer sur une surface plane. Il combine les possibilités offertes par d’autres outils : tout comme un ordinateur, il permet de
travailler à partir de logiciels interactifs, de se connecter à internet, de visionner des images ; tout
comme un vidéoprojecteur, il permet de projeter ce qui apparaît sur l’écran ; tout comme un tableau noir il permet d’écrire ; mais il possède également des fonctionnalités qui lui sont propres comme la
possibilité de revenir en arrière, de manipuler les objets projetés etc., qui font de ce tableau, un outil
dit « interactif ».
En France, le taux d’équipement des établissements scolaires en TNI est encore très loin de celui d’autres pays comme la Grande-Bretagne qui affiche un taux d’équipement élevé, avec 100 % des
écoles primaires équipées, soit 8 TNI par école. À titre de comparaison, d’après les statistiques
officielles, la France compte seulement 23 % des écoles primaires équipées d’au moins un TNI (ETIC, 2010). Mais la tendance est à la hausse et s’appuie sur la volonté de l’état de multiplier l’intégration de
ces dispositifs dans les classes.
La multiplication rapide de ces technologies, qui sont susceptibles de modifier en profondeur les
pratiques pédagogiques conduit à s’intéresser dès à présent à la formation des enseignants. Comme le souligne Guir (2002), les compétences à acquérir sont nombreuses : elles concernent la formation aux
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nouvelles pratiques pédagogiques (forums de discussion, l’apprentissage collaboratif, les blogs…),
l’acquisition de nouveaux savoirs, indépendants des savoirs disciplinaires classiques (enseigner et
apprendre sur un site Web, enseigner grâce à un TNI…) et l’acquisition d’une culture technique. Pour comprendre comment les enseignants s’approprient ces technologies, un nombre croissant de
recherches s’est penché sur les besoins de formation des enseignants et sur les conceptions des TICE
(Legros, 2005). C’est à ce dernier aspect que s’intéresse notre recherche qui vise à étudier les connaissances et les représentations des futurs professeurs des écoles en formation concernant le TNI.
Pourquoi s’intéresser aux représentations des enseignants ? D’une part, parce que l’on sait que les
représentations ont un impact direct sur les pratiques (Hermans, Tondeur, Van Braak et Valcke, 2008;
Loiolaet Tardif, 2001). S’attacher aux représentations permet de mieux comprendre les choix didactiques des enseignants et d’apporter une explication à un éventuel rejet des technologies. Se
centrer sur les représentations des futurs professionnels de l’enseignement plutôt que sur celles des
enseignants expérimentés, permet de s’interroger et d’agir directement sur les aspects de la formation. D’autre part, parce que des chercheurs comme Karsenti (2002) ont montré que les principaux obstacles
à une intégration réussie des TICE concernent (1) les facteurs individuels comme la motivation,
l’intérêt, l’attitude, les croyances des enseignants, ainsi que (2) le manque de connaissances des dispositifs qui les freine dans l’utilisation des TIC, puisqu’ils appréhendent les difficultés matérielles
et techniques qu’ils pensent ne pas savoir gérer sans une aide adaptée (Harrari, 2005).
L’objectif de cette recherche a donc consisté à s’interroger sur les connaissances et les représentations des futurs professeurs des écoles à propos du TNI. Nous analyserons l’impact de ces différents aspects
sur leur volonté d’intégrer ultérieurement ce type de dispositif dans leur classe. Notre attention se
portera ensuite sur l’évolution de leurs représentations suite à une formation aux technologies éducatives à laquelle ils ont participé.
Avant de nous pencher plus en détail sur les aspects représentations/formation, nous présenterons dans
un premier temps un bilan des recherches portant sur le TNI. Cette présentation permettra
d’appréhender plus finement le décalage éventuel entre les informations que nous apporte la recherche scientifique au sujet des effets du TNI sur les élèves, la classe et les apprentissages et les
représentations des futurs enseignants.
Analyse des potentialités et des effets du TNI
Les recherches actuelles portant sur l’usage du TNI (Baffico, 2009 ; Michau, 2008) tentent d’analyser
ses potentialités, de repérer les usages et pratiques les plus pertinents (Leroux, 2009) et de dégager ses
avantages pédagogiques.
Les fonctionnalités
En termes de fonctionnalités, le TNI présente une grande diversité d’outils, communs aux différents
logiciels qui sont proposés sur le marché. En général, on retrouve des fonctions de reconnaissance d’écriture, de capture d’images, d’animation de schémas (Carson, 2003 ; Edwards, Hartnell et Martin,
2002), de rideau, d’insertion de formes et de textes, de zoom, de manipulation d’objets, de
reconnaissance de caractères… Ce nouvel auxiliaire pédagogique permet également de travailler sur différents supports multimédias (Morrison, 2003) : textes, images, iconographies, schémas fixes ou en
mouvement, séquences vidéo, sons et surtout de les regrouper sur un même support. En général, les
logiciels comportent un ensemble de documents qui peuvent ensuite être enrichis et mutualisés. Enfin,
l’une des fonctionnalités essentielle concerne la mise en mémoire et la traçabilité des travaux réalisés. L’enseignant peut enregistrer le cours, revenir en arrière, garder les annotations faites au cours d’une
séquence et diffuser le tout sur le réseau ou par mail (Gatlin, 2004).
Effets sur les pratiques enseignantes et sur l’organisation du cours
Les études portant sur les pratiques montrent que l’usage du TNI peut conduire à la mise en œuvre des
scénarios pédagogiques novateurs (Joyet, Bourguignon et Boublil, 2008 ; Somekh et al., 2005). Il
permettrait une plus grande flexibilité de par la position de l’enseignant qui n’est plus coincé face à son tableau ou à l’ordinateur (Levy, 2002 ; Wood, 2001), de par la capacité d’enregistrer les cours et
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de les diffuser sur internet et surtout de par la possibilité de moduler la présentation du cours et l’ordre
des séquences en fonction des besoins des élèves (Levy, 2002 ; Solvie, 2004).
En termes d’organisation, le TNI permettrait aussi aux enseignants de travailler en classe plénière alors que les séquences sur ordinateurs obligent les enseignants à privilégier le travail en petits groupes
(Lewis, 2003). Enfin, les recherches montrent que l’utilisation d’un TNI facilite l’explication des
concepts et modèles (Greiffenhagen, 2000) et permet de proposer des cours plus dynamiques et des présentations plus claires et efficaces. Il augmenterait les possibilités d’interaction et de discussion
avec et entre les élèves (Becta, 2003 ; Higgins et al, 2005).
Effets sur le comportement et les performances des élèves
Concernant le comportement des élèves, le TNI aurait un effet positif sur leur participation (Ofsted, 2004) et sur leur attention, ce qui rendrait plus facile la compréhension des concepts complexes
(Somekh et al., 2005) et augmenterait la motivation quel que soit l’âge (Passey, Rogers, Machell,
McHugh et Allaway, 2004 ; Schmid, 2008). L’effet positif sur la motivation aurait plusieurs origines : le « niveau élevé d’interactivité » entre les élèves et le TNI (Becta, 2003) ; la possibilité de revenir sur
les travaux antérieurs (ce qui crée de la cohérence et du lien entre les différentes séances) (Kent,
2004) ; le plus large éventail de ressources multimédia utilisées, un rythme plus rapide (Boyle, 2002) et le plaisir de voir leur travail projeté à l’écran (Morris, 2001).
Les études s’intéressant au point de vue des élèves ont permis de constater qu’ils appréciaient le côté
ludique et moderne du TNI ; ils se déclarent plus motivés, efficaces, rapides et attentifs dans leur
travail (Jeunier, Morcillo-Bareille, Camps, Galy-Marié et Tricot, 2005 ; Thompson et Flecknoe, 2003 ; Wall, Higgins et Smith, 2005).
Parmi les recherches montrant un effet positif sur les apprentissages, Bateson-Winn (2003) et Lee &
Boyle (2004) ont souligné que l’utilisation des TNI était responsable de l’augmentation des scores aux tests nationaux en Angleterre et en Australie. De plus, le TNI permettrait d’accroître l’efficacité des
élèves en favorisant la compréhension des notions abordées (Ball, 2003) et en améliorant les capacités
de raisonnement, d’observation et de mémorisation de l’information (Glover et Miller, 2001). Edwards
et al. (2002) soulignent l’intérêt du TNI pour l’apprentissage des mathématiques (fractions et géométrie) et des langues. De même, la recherche réalisée par le « Center for Learning and Teaching »
qui a permis aux enseignants de tester le TNI auprès d’élèves de CM1-CM2, montre qu’après
184 heures de cours avec le TNI, les enseignants pensent tous que cet outil augmente la motivation des élèves et une majorité d’entre eux considère qu’il permet d’augmenter à moyen terme, les
performances des élèves
Limites et contraintes
Ce portrait flatteur que nous venons de dresser est bien entendu à relativiser. Il faut également prendre
en compte les limites de cet outil qui, faute de quoi, pourrait passer aux yeux des utilisateurs non
avertis comme un « outil miracle » permettant de résoudre tous les problèmes.
D’abord, le TNI pose des difficultés pratiques et techniques (Hall et Higgins, 2005). Son utilisation efficiente nécessite un aménagement particulier : que le dispositif soit installé dans la salle de classe et
qu’il soit toujours prêt à l’emploi (Smith, 2001).
Concernant les effets sur les élèves, Levy (2002) indique que les bénéfices observés sur la motivation ne sont révélateurs que de l’effet de nouveauté, qui s’atténuera forcément avec le temps. Torff et
Tirotta (2010) en comparant des classes utilisant le TNI et des classes « contrôle », relativisent les
effets du TNI sur la motivation des élèves de primaire. Ils montrent que leur implication dépend surtout de la manière dont l’enseignant utilise le TNI : plus sa vision est positive, plus les effets sur la
motivation des élèves sont importants. Smith (2001) indique même que le TNI peut avoir l’effet
inverse sur les enfants dont l’intérêt baisse lorsque ce sont leurs camardes qui sont au tableau. De plus,
le TNI s’il est mal maîtrisé par l’enseignant peut entraîner des blancs et un ralentissement du rythme du cours qui peut démobiliser les élèves les plus efficaces.
L’augmentation des interactions observées entre les élèves serait également à relativiser, si
quantitativement les effets semblent positifs, qualitativement, ces interactions correspondent généralement à des questions brèves et factuelles qui ont comme objectif de canaliser les élèves plutôt
que de les mener vers une réflexion approfondie et vers des échanges permettant la co-construction des
savoirs (Smith et Higgins, 2006).
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La question des apprentissages est encore plus délicate. Toutes les recherches n’observent pas
d’augmentation particulière des performances des élèves et pas pour tous les élèves ou pour toutes les
disciplines (Higgins et al., 2005). À propos des pratiques, Miller et Glover (2007) et Smith et al., (2005) soulignent, que la plupart des
avantages dans l’utilisation du TNI sont proches de celles du vidéoprojecteur. Les stratégies
pédagogiques des enseignants n’évolueraient guère (Kennewell, 2001 ; McCormick et Scrimshaw, 2001). Du point de vue des enseignants, plusieurs difficultés émergent. La préparation des cours est
rendue plus complexe parce que les enseignants doivent « penser à « scénariser » ce qui va se
passer », ensuite parce qu’il passe un temps important à trouver les supports adaptés. De plus, ils
doivent apprendre à s’approprier cet outil, à résoudre les problèmes techniques qui pourraient se présenter. Si la prise en main s’avère relativement simple, une formation ou un accompagnement
semble nécessaire pour découvrir et maîtriser rapidement l’ensemble des fonctions et exploiter au
mieux les possibilités offertes par l’outil. Smith et Higgins (2006) ont ainsi constaté qu’il fallait beaucoup de temps (plus d’un an) pour s’approprier le TNI et l’intégrer dans leur pratique quotidienne.
Selon Harrari (2005), sans formation approfondie, les risques d’abandon sont nombreux, les
enseignants progressent peu et ont tendance à se décharger exagérément sur les aides-éducateurs. Ce dernier point pose ici la question de la formation, qui nous intéresse particulièrement. Une
utilisation approximative du TNI, sans réflexion approfondie conduirait les enseignants à la dispersion
en multipliant exagérément les supports et les ressources, en considérant le TNI comme une simple
vitrine et en délaissant les temps d’analyse et de réflexion autour des supports présentés. L’utilisation efficace, raisonnée et réfléchie du TNI passe donc par la formation initiale et continue afin qu’ils
puissent tirer parti des apports de cette technologie. Reste à déterminer quelle forme doit prendre cette
formation.
La question des connaissances et de la formation des futurs enseignants
Nous avons vu plus haut que le TNI est un outil complexe associant différents dispositifs, nécessitant
la manipulation de logiciels et comprenant un grand nombre de fonctionnalités. Le premier problème concerne la maîtrise de l’équipement qui demande de la part de l’enseignant un savoir-faire et des
compétences techno-instrumentale suffisantes. Slay, Siebörger et Hodgkinson-Williams (2008)
pointent du doigt le manque de maîtrise du TNI par les enseignants. Kennewell (2001) montre que la fréquence d’utilisation du TNI dépend de la présence ou non d’un spécialiste capable d’apporter un
support technique adéquat. Le rapport Becta (2007) rappelle que le manque de confiance des
enseignants peut entraîner une mauvaise utilisation de la technologie et que les possibilités du TNI
sont très sous-exploitées puisqu’ils se contentent souvent d’une utilisation minimale (par exemple comme un simple support de projection). La présentation et la manipulation de l’outil semblent donc
indispensables pour en percevoir toutes les potentialités (Smith, 2001). Le risque serait de croire qu’un
apprentissage par l’action est possible et suffisant pour en percevoir toutes les potentialités et les intégrer facilement dans sa pratique pédagogique.
Le deuxième aspect de la formation concerne les aspects didactiques c’est-à-dire, la manière d’utiliser les technologies efficacement et de les intégrer dans sa pratique pédagogique (Breuleux, Erickson,
Laferrière, et Lamon, 2002). Plusieurs recherches mettent en avant des problèmes de formation et
dénoncent le manque de pratiques réflexives. « Comme tout « outil pédagogique », il est cependant à
double tranchant. Efficace lorsque le « parcours didactique » a été bien pensé, il peut très vite devenir une vitrine numérique creuse et masquer une inconsistance pédagogique s’il est utilisé uniquement
comme simple outil de visualisation de documents ou de cours formatés (sans aucune possibilité
d’interaction de la part des élèves) » (Baffico, 2009, p. 89). Ainsi, Glover et Miller (2001) ont montré que les enseignants utilisateurs appréciaient la possibilité d’assister à une formation supplémentaire, et
que cette formation leur permettait d’utiliser de façon plus créative le TNI en usant d’une plus grande
variété de fonctionnalités.
L’objectif de cette recherche est donc de s’intéresser aux représentations et connaissances des futurs
professeurs des écoles en formation qui seront amenés très prochainement à se confronter au terrain.
Nous testerons l’effet d’un dispositif de formation autour des technologies éducatives (qui vise à
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présenter le TNI, à l’utiliser en cours, à être manipulé par les étudiants eux-mêmes) sur leurs
connaissances mais surtout sur leurs représentations de son utilité, de ses possibilités, de ses avantages
et de ses inconvénients.
Méthodologie
Population
L’enquête a été réalisée en 2010/2011 auprès d’un groupe de quarante-six étudiants se destinant au métier de professeur des écoles, inscrits dans un cursus de sciences de l’éducation, parcours
« professionnels en enseignement ». Ils ont tous choisi de participer à un enseignement optionnel sur
les technologies éducatives. C’est dans le cadre de cet enseignement que nous avons mené notre recherche. L’échantillon sur lequel porte cette étude est donc relativement réduit ce qui ne permet pas
de généraliser les résultats obtenus. Malgré tout, à ce stade-ci de l'avancement des connaissances
scientifiques au sujet des TNI, ces résultats constituent un témoignage intéressant des représentations des technologies éducatives par les étudiants inscrits d’ordinaire dans ces filières touchant à
l’enseignant, l’éducation, la formation.
Le questionnaire
En nous appuyant sur les données de la littérature scientifique concernant le TNI et ses effets, nous avons construit un questionnaire qui a été présenté deux fois aux étudiants. Le premier au début de la
formation, le second lors de la dernière séance de formation. Ce questionnaire est structuré autour de
trois axes : 1- leurs expériences et connaissances du TNI ; 2- leurs représentations quant à ses effets sur les élèves, le cours et les apprentissages et ; 3-leur souhait d’intégrer ultérieurement ce dispositif
dans la classe,
La grande majorité des questions, notamment celles portant sur les fonctionnalités ou les effets du TNI, sont des questions ouvertes, ce qui nous a permis de recueillir des propos qui ne sont pas
influencés par le contenu des réponses fermées.
À partir du logiciel « ModaLisa » (version v 7.0), une analyse de l’occurrence des réponses a été
effectuée en fonction des réponses cochées dans les questions fermées et en fonction des thèmes et mots clés présents dans les réponses aux questions ouvertes. Ces questions ouvertes ont également
donné lieu à une analyse qualitative de contenu.
Résultats
Connaissances du TNI
Expérience du TNI
Une première étape a consisté à s’intéresser aux connaissances des futurs professeurs des écoles à
propos du TNI. Il s’avère que très peu a eu l’occasion de l’expérimenter que ce soit en tant que formateur ou en tant qu’étudiant. Un tiers d’entre eux l’avait aperçu dans des ouvrages ou des
reportages, mais la moitié ne l’avait même jamais vu ne serait-ce qu’en image.
Fonctionnalités connues
Les fonctionnalités citées peuvent être regroupées en trois catégories selon qu’elles sont liées aux
caractéristiques du diaporama, du tableau noir classique ou aux spécificités du TNI. Ainsi, la possibilité d’écrire et de dessiner comme sur un tableau noir représentant 18 % des réponses
fournies par les répondants. La moitié des réponses correspond à des fonctionnalités intégrées au TNI
mais qui sont également des fonctionnalités communes avec le diaporama (projection, interaction écran-ordinateur, insertion d’images, de vidéos, de figures 3D ou encore la possibilité de se connecter
à internet).
Moins d’un tiers des réponses concerne les fonctionnalités propres au TNI. La notion d’écran tactile
est la plus souvent citée, viennent ensuite les possibilités d’effacement, de modification, d’enregistrement du travail effectué permettant sa diffusion par l’intermédiaire des blogs, mails, sites
internet. Seul un répondant fait référence aux bases de données fournies systématiquement avec le
TNI. Notons enfin que six des répondants n’ont su citer aucune des fonctionnalités du TNI.
80 DIDAPRO 4: Dida&STIC
Représentation du TNI et de ses effets
Représentation du TNI : première approche
Une première manière d’appréhender les représentions du TNI a consisté à s’intéresser aux termes que
les futurs enseignants lui associent. Ils s’avèrent que les aspects « nouveauté et technologies innovantes » ressortent comme étant le plus souvent cités ; l’importance est également donnée au
caractère interactif de l’outil.
Les données recueillies mettent aussi en avant une certaine connaissance de l’outil, de ses fonctionnalités et des outils associés au dispositif. Quelques adjectifs sont également associés au terme
de « Tableau numérique interactif », ils s’avèrent être en grande majorité positifs (les adjectifs négatifs
font référence à des problèmes techniques ou de manipulation). Les étudiants semblent donc avoir une représentation plutôt positive de l’outil. Notons cependant que pour plusieurs étudiants, le terme
« Tableau numérique interactif » n’évoque rien ou peu de chose puisqu’un tiers des réponses sont du
type « tableau » ; « blanc » ; « numérique » ; « interaction », « interactif ».
Effets sur le cours
Malgré la méconnaissance du TNI, les trois quarts des futurs enseignants se prononcent en faveur d’un
effet positif sur le cours. Le principal argument mis en avant concerne la possibilité d’attirer l’attention
des élèves. Le cours est ensuite décrit comme étant plus dynamique, plus interactif. Dans une moindre mesure, il serait mieux illustré, plus ludique et plus flexible notamment grâce aux possibilités
d’effacement, modification et enregistrement de la trace écrite. Enfin, quelques réponses abordent
l’effet positif sur l’enseignant qui peut grâce à cet outil mieux organiser et planifier son cours.
Plus prudents, les autres étudiants ont donné des réponses mitigées. Les doutes émis concernent
principalement l’effet de nouveauté dont ils pensent qu’il s’estompera rapidement entraînant une
diminution des effets positifs cités précédemment. Ils postulent également que tous les élèves ne sont pas égaux devant les technologies, certains d’entre eux n’étant pas réceptifs aux avantages induits par
l’utilisation du TNI sur le cours. De manière générale les arguments négatifs ne représentent qu’une
faible minorité des réponses. Aucun répondant ne se prononce en défaveur du TNI, les futurs PE interrogés sont tous plus ou moins
convaincus de ses effets positifs sur le cours, sa structure ou son déroulement.
Effet sur les apprentissages
Concernant l’effet supposé du TNI sur les apprentissages, les futurs professeurs des écoles sont plus tempérés. La majorité se prononce en faveur d’un effet positif, mais d’autres sont mitigés et indiquent
que les effets sur les apprentissages sont nuls. Un quart des répondants, plus dubitatifs, ne se
prononcent pas sur la question. L’analyse de l’occurrence des réponses, nous montre que les arguments avancés sont en grande partie
positifs puisque les répondants qui affirment que le TNI n’a pas d’effets sur les apprentissages,
n’argumentent pas ou très peu leur réponse. Les principales critiques avancées concernent la manière dont il est utilisé (une utilisation proche du tableau noir classique ne permet pas d’améliorer les
apprentissages). Les répondants indiquent également que l’effet dépend surtout de l’enseignant et de
manière générale que cet outil a des effets sur le cours mais pas sur les apprentissages.
L’argumentaire de ceux qui se prononcent en faveur des effets du TNI sur les apprentissages est plus
dense mais pas forcément plus approfondi. L’analyse qu’en font les répondants reste superficielle
puisqu’ils expliquent en quoi il permet d’apprendre mieux ou différemment en s’appuyant sur les modifications que son utilisation engendre sur le cours (celui-ci serait plus interactif, attractif, ludique,
illustré, organisé…) ou sur le comportement des élèves (ils seraient plus attentifs, motivés et
participent davantage). Une minorité d’arguments détaille les effets sur les apprentissages en eux-mêmes, il semble que ces répondants aient des difficultés à exprimer concrètement en quoi les
apprentissages sont modifiés, meilleurs ou moins bons, ce qui les conduit à mettre en avant les effets
sur les élèves et le cours pour expliquer en quoi le TNI a des effets positifs sur l’apprentissage.
Néanmoins, quelques tentatives d’explications émergent : meilleure visualisation des concepts, meilleure compréhension et mémorisation du cours qui est mieux illustré.
Connaissances et représentations du TNI chez les futurs professeurs 81
Effet sur les élèves
Les réponses obtenues sur le comportement des élèves présentent un profil similaire à celui obtenu à la
question portant sur les apprentissages. La moitié des étudiants indique que les effets sont positifs, un tiers est mitigé, les autres ont une vision négative ou ne se prononcent pas.
Les arguments positifs avancés par les futurs professeurs des écoles peuvent être regroupés en trois
catégories : les effets conatifs (intérêt, enthousiasme, curiosité) les effets cognitifs (maintien de l’attention) et enfin les effets sur la participation et l’interaction des élèves qui seraient davantage
portés à participer à l’oral ou au tableau et qui échangeraient davantage entre eux et avec l’enseignant.
Les critiques représentent un quart des arguments avancés. En premier lieu, ils s’interrogent sur l’effet
à moyen terme du TNI lorsque l’effet de nouveauté se sera estompé, d’autres craignent un effet de dispersion des enfants qui, excités par la situation, se mettraient à bavarder ou perdraient leur
concentration.
Et dans l’avenir…
À la dernière question : « utiliseriez-vous le TNI dans votre classe ? », malgré la méconnaissance de l’objet, de ses fonctionnalités et de ses effets sur le cours, les apprentissages ou le comportement des
élèves, aucun répondant ne s’est prononcé contre son utilisation. Dans le cas le plus extrême, ils se
montrent prudents en indiquant qu’ils ne savent pas encore ce qu’ils feront. En majorité, ils sont donc tout à fait partants et affirment que très certainement ou très probablement ils utiliseront cet outil dans
leur classe.
Profils des répondants
Il nous a semblé intéressant de constituer des profils de répondants. Ces profils ont été générés
manuellement en prenant en compte l’effet de l’expérience antérieure sur les représentations de ses
effets et sur le souhait d'intégrer cet outil dans la classe.
1-Un premier profil regroupe un quart des répondants, il correspond à ceux qui possèdent une
expérience du TNI (testé en tant que formateur ou étudiant) et à ceux qui en ont une connaissance
théorique. Ils sont capables d’en décrire les fonctionnalités principales, celles communes aux outils classiques comme le tableau noir ou le diaporama et celles spécifiques au TNI.
Les répondants qui appartiennent à ce profil sont très prudents quant aux effets qu’il peut produire sur
le cours, les apprentissages ou les élèves. Des éléments positifs sont avancés (cours plus dynamique, mieux illustrés, enfants plus attentifs, plus participatifs) mais ils sont également capables de relativiser
ces effets en prenant en compte l’expérience de l’enseignant, la manière dont le TNI est utilisé et se
questionnent sur la permanence dans le temps des effets positifs sus-cités une fois l’effet de nouveauté
passé. Au final, ils se déclarent prêts à intégrer ce dispositif dans leur classe. Pour résumer, les futurs PE qui présentent ce profil sont capables d’avoir un regard critique sur cet
outil dont ils ont une bonne connaissance.
2-Un second profil regroupe la majorité des répondants (40 %). Il s’agit d’étudiants qui ne possèdent
pas ou peu de connaissances du TNI, ils ne l’ont jamais testé, certains ne l’ont même jamais vu, ne
serait-ce qu’en photo. Ils ne peuvent décrire son fonctionnement et les possibilités qu’il offre de
manière précise ; les quelques fonctionnalités citées sont celles communes au diaporama. Malgré cette méconnaissance de l’outil, leur vision est extrêmement positive. Le TNI aurait des effets
positifs sur le cours, les élèves et les apprentissages ; cependant, ils sont généralement incapables de
décrire en quoi et de quelle manière. Les arguments avancés tournent autour de deux notions assez sommaires : le cours sera plus intéressant et les enfants plus attentifs donc ils apprendront mieux.
Enfin, ces futurs professionnels de l’enseignement déclarent que certainement ou très probablement,
ils intégreront cet outil dans leur classe. Pour résumer, ces répondants qui ne connaissent pas le TNI, sont pourtant tout acquis à la cause du
numérique. Ils lui portent un regard simpliste extrêmement positif qui les conduit à approuver sans
détour ces nouvelles technologies pour l’éducation, sans prendre en compte les problèmes ou
difficultés éventuelles que ce type de matériel peut engendrer.
82 DIDAPRO 4: Dida&STIC
3-Un tiers des étudiants qui ne possèdent que peu de renseignements sur le TNI se classent dans un
troisième profil. Ils adoptent la posture inverse du profil précédent : ne connaissant pas l’outil, ses
fonctionnalités, ses possibilités, ils se montrent très prudents et ne se positionnent pas par rapport à ses effets qu’ils soient négatifs, nuls ou positifs. De manière générale, ils ne préfèrent pas se prononcer ou
adoptent un point de vue mitigé où tous les arguments ne sont avancés qu’avec beaucoup de
précautions : « le TNI aurait peut-être un effet positif sur l’attention des élèves »… Les futurs enseignants qui entrent dans cette catégorie déclarent au final ne pas savoir encore s’ils utiliseront ce
dispositif dans leur classe.
4-Enfin, six étudiants appartiennent à un quatrième profil. Il semble y avoir une inconstance chez ces répondants : aucun ne refuse a priori d’utiliser le TNI (puisqu’ils envisagent de l’utiliser
ultérieurement dans leur classe) alors que leur représentation est très pessimiste, qu’ils pensent que le
TNI n’a aucun effet ou des effets négatifs sur les élèves, le cours et les apprentissages. Il est difficile de comprendre cette attitude. Le fait que les étudiants qui présentent ce profil possèdent des
connaissances très limitées de l’outil pourrait être une première piste. L’idée que l’arrivée des
technologies dans les classes est inéluctable en serait une seconde. Mélange de méconnaissance, de méfiance et de résolution, ces futurs professeurs peuvent penser que qu’elle que soit leur
représentation des outils informatique, ils devront s’adapter à leur arrivée et faire en sorte de les
utiliser le plus efficacement possible.
Évolutions suite à la formation
Après une formation de 18 heures aux technologies éducatives, ce questionnaire a été proposé une
seconde fois aux futurs professeurs des écoles.
Cette formation comportait 6 heures de cours dispensées à l’aide d’un TNI portable. En ce qui concerne les aspects théoriques, des informations techniques concernant l’outil, son fonctionnement et
ses fonctionnalités ont été présentées. Concernant les aspects pédagogiques, un exposé synthétique des
études réalisées sur le TNI (Becta, 2003, 2007) a été proposé. Le tout était illustré par des témoignages
d’enseignants et des situations pédagogiques filmées. Enfin une dernière séance de 3 heures a permis de proposer aux étudiants une manipulation du TNI : par groupe de quatre ou cinq, les futurs PE
disposaient d’une trentaine de minutes pour le manipuler, le prendre en main et tester par eux-mêmes
les différentes fonctionnalités. Les résultats du second questionnaire n’ont pas fait l’objet d’une analyse aussi poussée. En effet, le
manque de pratique des étudiants les a conduits à donner des réponses reflétant sans doute davantage
le contenu du cours que l’évolution de leurs représentations. Notre attention se portera essentiellement sur l’évolution des profils.
1-Peu de changements sont observés chez les étudiants qui détenaient au préalable une bonne
connaissance du TNI (profil 1) : ils ont continué à adopter un point de vue critique et argumenté.
2-Les étudiants qui possédaient une vision très idéalisée du TNI (profil 2) ont développé un regard
critique. Les propos positifs tenus jusqu’à alors sont maintenant atténués par des arguments mettant en avant a-les difficultés inhérentes à la méconnaissance de l’enseignant, aux contraintes techniques et b-
l’intérêt d’intégrer l’outil dans une pratique pédagogique réfléchie : « oui le TNI peut avoir un effet
positif s’il est utilisé en complément d’autres supports et si l’enseignant prépare son cours de telle sorte qu’il tire parti des particularités de l’outil ». Un questionnement sur le maintien dans le temps
des effets sur les élèves émerge également. Seuls deux étudiants continuent à adopter un point de vue
extrêmement idéalisé sur tous les aspects. Bien que leur connaissance soit plus approfondie, puisqu’ils
sont maintenant capables de citer un grand nombre de fonctionnalités, ils n’envisagent son utilisation et ses effets que sous un angle positif.
3-Concernant les étudiants qui se trouvaient dans une position d’attente (profil 3), environ la moitié d’entre eux a adopté ces mêmes représentations. L’autre moitié reste hésitante : ces futurs enseignants
ne savent toujours pas s’ils l’utiliseront dans leur classe. Un changement important s’est tout de même
opéré puisqu’ils sont maintenant capables de développer leurs réponses en avançant des arguments en
faveur ou en défaveur de l’outil. Il semblerait que son maniement et les contraintes techniques
Connaissances et représentations du TNI chez les futurs professeurs 83
inhérentes à son utilisation soient les principaux facteurs d’hésitation, associés à la charge de travail
supplémentaire pour l’enseignant qui doit penser en amont son cours et le préparer minutieusement
pour tirer parti de ses fonctionnalités innovantes.
4-Enfin, parmi les quelques étudiants qui avaient une vision très négative du TNI mais qui ne
refusaient pas de l’utiliser en classe (profil 4), nous avons pu observer une évolution des représentations. Leurs propos reflètent toujours une méfiance vis-à-vis de l’outil, mais s’agrémentent
d’éléments en sa faveur, puisqu’ils reconnaissent que son utilisation sous certaines conditions peut
constituer un véritable atout pédagogique. Notre hypothèse selon laquelle cette inconsistance entre les
représentations et les pratiques envisagées pouvaient s’expliquer par une méconnaissance et une peur de l’outil semble confortée ici. La courte formation n’a pas dissipé tous les doutes mais a permis à ces
futurs professeurs des écoles de se renseigner sur ses fonctionnalités et de s’ouvrir à la possibilité de
l’utiliser sous une autre forme que la contrainte. Notons, pour terminer cette partie, que suite au second questionnaire, deux étudiants se déclarent maintenant contre l’utilisation du TNI. Ils ont conservé leur
point de vue négatif mais n’envisagent plus la possibilité de l’intégrer dans leur classe.
Discussion
Les politiques actuelles conduisent à intégrer massivement les technologies dans les établissements
scolaires. Inéluctablement, les enseignants seront amenés à les côtoyer et à en avoir une pratique
régulière. Depuis 2000, les enseignants ont également en charge la formation des élèves aux TIC en vue de l’obtention du B2I (Brevet Informatique et Internet). Les choses semblent donc claires, les
enseignants d’aujourd’hui et de demain devront avoir une certaine appropriation des technologies.
C’est une réalité dont les pouvoirs publics ont pris la mesure puisque, en France, le C2I (Certificat Informatique et Internet) en vigueur depuis 2002, vient d’être complété par des C2I niveau 2, rendu
obligatoire pour tout candidat qui souhaite exercer en tant que professeur des écoles. L’obtention de ce
certificat nécessite donc de former les enseignants aux TICE.
Cette formation s’avère d’autant plus nécessaire, que beaucoup de futurs enseignants ont une certaine connaissance des outils informatiques traditionnels et croient les maîtriser suffisamment. Mais cette
connaissance est le plus souvent naïve. C’est ce dont témoigne notre recherche : beaucoup de nos
étudiants ont une représentation très idéalisée des outils comme le TNI. Ils n’y voient que des avantages : les élèves seront plus attentifs, participeront plus, apprendront mieux… Ces étudiants ne
peuvent mener une réflexion approfondie sur la manière de l’utiliser comme support pédagogique, sur
la façon d’adapter le cours à ses particularités. Cette idéalisation des technologies a été mise en avant
dès 1985 par Jacquinot (Charlier, Daele, et Deschryver, 2002, p. 347) « Depuis la lanterne magique, en passant par le cinéma, la télévision, l’ordinateur, les réseaux sociaux chaque technologie
« nouvelle » a alimenté une utopie. Et c’est sans doute encore le cas aujourd’hui ». Penser de cette
manière est risqué dans le sens où, confrontés réellement à l’outil sur le terrain, ces futurs enseignants risquent d’éprouver une grande déception. Le risque serait alors se détournent des technologies en
général.
À l’opposé, une autre partie des étudiants inexpérimentés se révèle être d’une grande méfiance vis-à-vis du TNI. De façon tout aussi extrême, ils n’avancent que des points négatifs ou expliquent qu’il n’a
pas d’effet particulier, que ce soit sur le cours, le comportement ou les apprentissages des élèves. Bien
qu’ils soient peu convaincus de son utilité, ces futurs enseignants semblent se résoudre à l’intégrer
dans leur future pratique. Un tel scénario ne semble pas des plus propices à une utilisation pertinente et efficace des TICE.
Finalement les étudiants capables d’adopter un point de vue critique et argumenté sur le TNI sont
généralement ceux qui en possèdent déjà une bonne connaissance et qui ont eu l’occasion de le tester en tant de formateur ou en tant qu’étudiant. Cependant ces répondants ne représentent qu’une mince
part des étudiants interrogés avant la formation
Ce premier constat confirme donc l’importance de s’intéresser aux stratégies de formation des professionnels de l’enseignement aux technologies éducatives. Mais comment proposer des contenus
et des activités efficaces à ceux et celles qui interviendront dans l’enseignement primaire ?
À l’Université Paris Descartes, des enseignements de C2I niveau 2 ont été intégrés dans les masters.
Leurs enjeux sont de préparer la certification finale, mais surtout de donner une formation en
84 DIDAPRO 4: Dida&STIC
informatique aux étudiants. Celle-ci ne vise pas à leur conférer une maîtrise, mais à les rendre
capables de mieux comprendre ce qui est en jeu avec les logiciels en se confrontant avec les outils
qu’ils pourront intégrer dans leur pratique. La recherche menée ici sur un groupe d’une cinquantaine d’étudiants mériterait d’être approfondie en
l’étendant et à une plus large population et en adoptant une démarche plus qualitative. D’ors et déjà,
des entretiens auprès des futurs enseignants en formation sont en cours de réalisation, ils permettront d’étudier plus précisément leurs présentations du TNI et de proposer des formations adaptées.
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