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CONCOURS D’ENTRÉE AUX GRANDES ÉCOLES SCIENTIFIQUES2017-2018

L’aventure

Homère, OdysséeConrad, Au cœur des ténèbres

Jankélévitch, L’Aventure, l’Ennui, le Sérieux. Chapitre I

Annick Drösdal-LevillainAgrégée de lettres modernes

Matthieu FernandezAncien élève de l’École normale supérieure

Agrégé de lettres classiques

Sylvain LeddaAgrégé de lettres modernes

Florian PennanechProfesseur en classes préparatoires scientifiques

Agrégé de lettres modernes

Corinne von Kymmel-ZimmermannProfesseur en classes préparatoires scientifiques

Agrégée de lettres modernes

Hélène VuillermetAncienne élève de l’École normale supérieure

Certifiée en philosophie

GF Flammarion

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Les éditions auxquelles nous renvoyons dans ce volume sont les suivantes :

— Homère, Odyssée, traduction de Philippe Jaccottet, La Découverte, 2004.

— Conrad, Au cœur des ténèbres, traduction de Jean-Jacques Mayoux, édition avecdossier de Claude Maisonnat et Josiane Paccaud-Huguet, GF-Flammarion,2017.

— Jankélévitch, L’Aventure, l’Ennui, le Sérieux. Chapitre I, édition avec dossierd’Arnaud Sorosina, GF-Flammarion, 2017.

© Flammarion, Paris, 2017ISBN : 978-2-0813-9742-2

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SOMMAIRE

INTRODUCTION AU THÈMEL’AVENTURE

par Sylvain Ledda

INTRODUCTION 15

I. VIVRE L’AVENTURE : UNE ÉTHIQUE DE LA LIBERTÉ ? 22A. L’esprit d’aventure 22B. La liberté ou l’amour du risque ? 26

II. TROUVER L’AVENTURE : QUÊTE ET CONNAISSANCE 33A. Voyage et aventure 33B. Altérité et découverte 37

III. ÉCRIRE L’AVENTURE 41A. Raconter l’aventure 41B. Le roman d’aventures : un genre florissant 45C. Ambivalences de l’aventurier 49

CONCLUSION 51

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE 54

PREMIÈRE PARTIEHOMÈRE, ODYSSÉE

par Matthieu Fernandez

I. PRÉSENTATION DE L’ODYSSÉE 59A. La question homérique 59B. Homère et le genre de l’épopée orale 62C. L’Odyssée, une suite de l’Iliade 65D. Les valeurs de la société homérique et l’optimisme de

l’Odyssée 67

II. « L’AVENTURE » DANS L’ODYSSÉE 71A. Un récit d’aventures 73B. Un voyage initiatique : l’aventure comme affirmation de

l’identité héroïque 87C. L’humanité à l’épreuve de l’altérité 97

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L ’ a v e n t u r e6

CONCLUSION 105

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE 106

DEUXIÈME PARTIECONRAD, AU CŒUR DES TÉNÈBRES

par Annick Drösdal-Levillain

INTRODUCTION 113

I. PRÉSENTATION DE AU CŒUR DES TÉNÈBRES 115A. Conrad et son époque 115B. Au cœur des ténèbres : une œuvre moderne 122C. Genres et thèmes principaux dans Au cœur des ténèbres 132

II. « L’AVENTURE » DANS AU CŒUR DES TÉNÈBRES 137A. Représentations de l’aventure 138B. L’aventure et la folie 148

CONCLUSION 151

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE 152

TROISIÈME PARTIEJANKÉLÉVITCH, L’AVENTURE, L’ENNUI, LE SÉRIEUX. CHAPITRE I

par Hélène Vuillermet

I. PRÉSENTATION DE L’AVENTURE, L’ENNUI, LE SÉRIEUX 157A. Une œuvre dans le siècle 157B. Situation de L’Aventure, l’Ennui, le Sérieux dans l’œuvre de

Jankélévitch 165C. L’aventure, l’ennui, le sérieux : « trois manières

dissemblables de considérer le temps » 167D. Un essai pour penser l’aventure 168

II. « L’AVENTURE » DANS LE PREMIER CHAPITREDE L’AVENTURE, L’ENNUI, LE SÉRIEUX 172Introduction 172A. L’aventure comme style de vie 173B. L’aventure dans le temps 181C. La vie mise en jeu 188

CONCLUSION 195

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE 197

ANNEXE. Georg Simmel, « La philosophiede l’aventure » 199

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QUATRIÈME PARTIEL’AVENTURE DANS LES ŒUVRES AU PROGRAMME

par Florian Pennanech

INTRODUCTION 217

I. LA DÉCOUVERTE DU MONDE 218A. L’espace et le temps 218B. Le possible et le nécessaire 229C. Le danger et la peur 235

II. L’EXPLORATION DE SOI 241A. La figure de l’aventurier 241B. Aventure et quête d’identité 248C. La confrontation avec l’altérité 253

III. LA TRAVERSÉE DU LANGAGE 264A. Parole et aventure 265B. Raconter et être raconté 267C. L’aventure du lecteur 273

CONCLUSION 276

CINQUIÈME PARTIEMÉTHODOLOGIE : ÉPREUVES D’ÉCRIT ET D’ORAL

AUX CONCOURS D’ENTRÉEDES GRANDES ÉCOLES SCIENTIFIQUES

par Corinne von Kymmel-Zimmermann

I. GÉNÉRALITÉS CONCERNANT LES ÉPREUVES ÉCRITES 283

II. LE RÉSUMÉ À L’ÉCRIT DES CONCOURSCENTRALE-SUPÉLEC ET CCP 283A. Quels textes pour quels résumés ? 283B. Les enjeux de l’exercice 284C. Méthode de travail 285D. Rédaction et vérification 287

III. LA DISSERTATION 287A. Enjeux de l’exercice 287B. Le travail au brouillon : du sujet au problème 288C. Le plan 290D. Rédaction de la dissertation 290

IV. PRÉPARER LES ÉPREUVES DE L’ORAL 294A. Concours Mines-Telecom 294

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B. Concours commun Mines-Ponts 295C. Concours X (Polytechnique) et ESPCI 295D. Quelle préparation pour les oraux ? 296

SIXIÈME PARTIECORRIGÉS DE DISSERTATIONS ET DE RÉSUMÉS

par Florian Pennanech

I. DISSERTATION RÉDIGÉESujet 1 : Pierre Mac Orlan, dans Petit manuel du parfait aventu-rier, affirme : « Il est nécessaire d’établir comme une loi quel’aventure n’existe pas. Elle est dans l’esprit de celui qui la pour-suit, et dès qu’il peut la toucher du doigt, elle s’évanouit pourrenaître bien plus loin, sous une autre forme, aux limites del’imagination » (La Sirène, 1920, p. 11). Dans quelle mesurevotre lecture des trois œuvres éclaire-t-elle cette affirmation ? 299

II. PLANS DE DISSERTATIONSSujet 2 : Michel Foucault, dans Surveiller et Punir, affirme quel’aventure est le « récit de l’individualité » (Gallimard, « Tel »,1975, p. 227). Vous direz en quoi cette réflexion éclaire votrelecture des trois œuvres. 305Sujet 3 : Dans le roman La Nausée, Sartre fait tenir les propossuivants à son personnage Roquentin : « Quelque chose com-mence pour finir : l’aventure ne se laisse pas mettre de rallonge ;elle n’a de sens que par sa mort. Vers cette mort, qui sera peut-être aussi la mienne, je suis entraîné sans retour. Chaque instantne paraît que pour amener ceux qui suivent. À chaque instant jetiens de tout mon cœur : je sais qu’il est unique ; irremplaçable– et pourtant je ne ferais pas un geste pour l’empêcher de s’ané-antir » (Gallimard, 1938, p. 62). En quoi ces propos éclairent-ilsvotre lecture des œuvres au programme ? 308Sujet 4 : Giorgio Agamben, dans L’Aventure (2015), affirme :« Vouloir l’événement signifie simplement le sentir comme sien,s’y aventurer, c’est-à-dire se mettre intégralement en jeu en lui,mais sans qu’il soit besoin de quelque chose comme une déci-sion » (traduction Joël Gayraud, Payot, Rivages Poche, 2016,p. 67). Dans quelle mesure votre lecture des trois œuvres est-ellesusceptible d’éclairer cette affirmation ? 311

III. RÉSUMÉS CORRIGÉS 314

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SEPTIÈME PARTIERÉPERTOIRE DE CITATIONS

par Corinne von Kymmel-Zimmermann 321

INDEX DES NOTIONS 335

TABLE DES ILLUSTRATIONS 338

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INTRODUCTION AU THÈME

L’aventure

par Sylvain Ledda

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Introduction ........................................................................... 15Illustration : Hans Sebald Beham (1500-1550), Allégorie de la For-

tune (1541). ............................................................................ 21

I. Vivre l’aventure : une éthique de la liberté ? .................. 22A. L’esprit d’aventure .............................................................. 22

1. Intensité et rupture .......................................................... 232. Aventure et éthique ......................................................... 243. Anticonformisme et affranchissement................................ 25

B. La liberté ou l’amour du risque ?........................................ 261. Désir de liberté................................................................ 26

Encadré : Le « cas » Mike Horn ..................................................... 272. La part d’incertitude ........................................................ 283. Dépassement de soi et catharsis ........................................ 30

Illustration : Gustave Doré (1832-1883), illustration pour Sindbad lemarin, 1865. ........................................................................... 32

II. Trouver l’aventure : quête et connaissance ................... 33A. Voyage et aventure.............................................................. 33

1. « Passion des détours » ..................................................... 332. Fonction initiatique de l’aventure...................................... 343. L’aventure immobile ?...................................................... 35

B. Altérité et découverte .......................................................... 371. À la rencontre d’autrui..................................................... 372. À la rencontre de soi........................................................ 39

Encadré : Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas .............. 40

III. Écrire l’aventure .............................................................. 41A. Raconter l’aventure ............................................................. 41

1. Brève histoire du récit d’aventures .................................... 41Illustration : Gérard Philipe dans Fanfan la Tulipe de Christian-

Jaque, 1951............................................................................. 422. Modernes aventures......................................................... 44

B. Le roman d’aventures : un genre florissant ........................ 451. Petite histoire d’un succès ................................................ 452. Formes et invariants du récit d’aventures .......................... 463. Entendre et voir l’aventure ?............................................. 48

C. Ambivalences de l’aventurier .............................................. 491. Héros ou aventuriers ? ..................................................... 492. À la gloire de l’aventurier ................................................. 49

Illustration : Affiche du film de Terrence Malick, Le Nouveau Monde,2005....................................................................................... 50

Conclusion .............................................................................. 51Encadré : L’Avventura, de Michelangelo Antonioni (1960)................ 52

Orientation bibliographique ................................................. 54

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INTRODUCTION

« Quel beau mot : l’aventure ! ce qui doit advenir. Tout le surprenantqui m’attend 1. » C’est avec enthousiasme qu’André Gide explique leterme « aventure » en donnant la définition : l’aventure, c’est ce qui doitadvenir. L’éclaircissement que fournit Gide correspond à l’acceptiond’usage, celle qu’on trouve dans les dictionnaires. Le mot est issu dulatin adventura, dérivé d’adventurus (participe futur du verbe advenire,qui a donné « advenir » en français). Sa première occurrence remonte auXIe siècle ; on la croise dans le roman en vers La Vie de saint Alexis : « A !lasse, mezre, cum oï fort aventure 2 ! » Au seuil de cette étude, l’étymolo-gie du terme et son apparition dans la langue vernaculaire nous rap-pellent la parenté étroite entre « aventure » et « avenir ». « Ce qui est vécu,et passionnément espéré dans l’aventure, écrit Jankélévitch, c’est le sur-gissement de l’avenir » (p. 77). Par extension, ce vocable entretient unlien étroit avec le hasard, les dangers et les chances que l’avenir réserveà chacun.

Dès son acception initiale, l’aventure renvoie au sort et à la partd’incertitude qui préside au devenir des hommes. « La région de l’aven-ture, c’est l’avenir », précise même Jankélévitch (p. 91). Chez les Grecset les Romains, l’aventure a sa déesse : Tyché pour les premiers, Fortunapour les seconds. Toutes deux représentent la Fortune et le Hasard.Leur emblème est la « roue de Fortune », qui figure allégoriquement lesvicissitudes de l’existence 3. Mais Fortuna est aussi la protectrice desaventuriers, qu’elle préserve des mauvais coups du sort ; l’un de ses attri-buts est le gouvernail, objet emblématique qui pourrait figurer sur lacouverture de bien des romans d’aventures. Sous le signe du gouvernail,l’aventure nous invite donc à voguer à bâbord ou à tribord, au gré descaprices du hasard, selon que la mer est calme ou agitée. La référencesymbolique au domaine maritime rappelle en outre qu’on associe étroite-ment l’aventure au voyage. L’imaginaire collectif comme notre percep-tion subjective font le lien entre les deux domaines. Le gouvernail dévoilela part d’inopiné et d’impondérable propre à toute entreprise hasardeuse,à tout voyage. Sait-on jamais ce que réserve l’aventure, quels en serontles épisodes et les péripéties ? Sait-on jamais si l’issue en sera heureuseou malheureuse ? L’étymologie du mot indique qu’il n’est pas d’aventuresans aléas, et cette acception se ramifie jusqu’à nous, puisque l’expres-sion « partir à l’aventure » confirme la parenté étroite entre voyage etaventure.

1. André Gide, Les Faux-Monnayeurs, in Romans et écrits. Œuvres lyriques et drama-tiques, t. II, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2009, p. 975.

2. La Vie de saint Alexis, éd. C. Storey, Genève, Droz, 1968, strophe 89. « Ah ! pauvrede moi, misérable, comme j’ai une terrible aventure ! » (nous traduisons). Autrement dit :ce qui m’arrive est terrible.

3. Voir l’illustration infra, p. 21.

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Au terme « aventure » les Anciens joignaient l’idée de « destin » ou de« sort », ces deux mots étant parfois employés comme synonymes d’aven-ture. Ainsi, les expressions « d’aventure » (peut-être) ou « par aventure »(au hasard) précisent qu’un événement peut se produire accidentelle-ment. Montaigne l’utilise de manière ironique pour commenter avechumour son avancée dans la vie, l’âge probable qu’il peut atteindre et, demanière plus générale, la part d’incertitude qui conduit toute existence :

Si d’aventure le dicton « terme vaut argent » était ici applicable, comme jesuis né entre onze heures et midi, le dernier jour de février de l’an mil cinqcent trente-trois, comme on compte maintenant, l’année commençant en jan-vier, il y a exactement quinze jours que j’ai accompli ma trente-neuvièmeannée ; j’aurais donc le droit d’espérer vivre encore au moins une fois autant,et me tourmenter en songeant à une éventualité si éloignée serait folie ; maisvoilà, jeunes et vieux ne quittent-ils pas la vie dans les mêmes conditions 1 ?

Jean de La Fontaine, quant à lui, emploie l’expression dans « Le Chêneet le Roseau » pour signaler les aléas météorologiques et préparer la chutede sa fable :

Le Chêne un jour dit au Roseau :« Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ;Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.Le moindre vent qui d’aventureFait rider la face de l’eauVous oblige à baisser la tête […] 2. »

Cet emploi qu’on rencontre dans les textes littéraires ou érudits évoqueune nouvelle fois la proximité entre aventure et hasard. Témoin de ce voisi-nage sémantique, l’expression « la bonne aventure » est l’une des premièresde la langue française à intégrer le mot en lui donnant la connotation de« sort ». Aujourd’hui désuète, la locution « dire la bonne aventure » signifieprophétiser l’avenir grâce à des moyens divinatoires (chiromancie, carto-mancie, etc.). Intégré dans cette expression figée, le mot « aventure » sug-gère l’idée d’un destin dont on pourrait percer les mystères grâce à ladivination. C’est ce don que Hugo prête à Esméralda dans Notre-Dame deParis (1831) : « Vous allez la voir tout à l’heure à sa lucarne sur la Grève.Elle a le même regard que vous sur ces vagabonds d’Égypte qui tambouri-nent et disent la bonne aventure au public », écrit-il dans son célèbreroman 3. Selon le Trésor de la langue française, l’aventure au sens de destinée« ne se maintient plus guère [aujourd’hui] que dans l’expression dire labonne aventure ». C’est dire que le terme a évolué jusqu’à nous, a fortioriselon qu’on l’emploie au sens propre ou au sens figuré.

1. Michel de Montaigne, Essais, livre I, chap. XX, éd. A. Micha, GF-Flammarion,1969, p. 130 ; nous soulignons et modernisons.

2. Jean de La Fontaine, « Le Chêne et le Roseau », Fables, éd. A.-M. Bassy etY. Le Pestipon, GF-Flammarion, 2007, p. 94 ; nous soulignons.

3. Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, éd. M. Stein, GF-Flammarion, 2009, p. 316.

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De nos jours, l’aventure se confond moins avec le sort qu’avec l’idéed’un périple palpitant, d’une équipée hors du commun qui fournit le sub-strat d’un récit véridique ou fictionnel. Si, dans son acception la plus com-munément admise, l’aventure est un voyage, l’aventurier est un voyageur.Aussi emploie-t-on volontiers le terme « aventure » pour désigner unexploit réalisé au cours d’une expédition périlleuse ou pour décrire un défi.Les missions du commandant Cousteau, par exemple, sont présentées etrelatées comme de véritables aventures : ayant sillonné les mers et lesocéans, le navigateur a donné à l’aventure un sens moderne, relayé par denombreuses publications et émissions télévisées. Le nom du navire océa-nique de Cousteau, la Calypso, n’inscrit-il pas ses explorations dans lesillage des voyages d’Ulysse 1 ? Dans son acception imagée, le termes’applique aussi à des épopées marquantes de l’histoire. On évoque ainsil’aventure des Templiers pour décrire à la fois l’idéal de ces chevaliers, leursexpéditions en Terre sainte, mais aussi leurs persécutions et leur fin tra-gique. À partir de cette dimension épique de l’aventure, le mot est utilisé ausujet de tout récit de grande ampleur qui connaît des étapes marquantes. Onparle par exemple de « l’aventure de la médecine au XXe siècle », afin dedécrire les très nombreuses avancées de la science pendant un temps donné,toujours projeté vers l’avenir, et de retracer les conquêtes de la recherchescientifique (une émission télévisée s’intitule même Aventures de médecine).

Dans quelle mesure l’aventure, employée pour relater des épopées his-toriques ou des entreprises difficiles, fédère-t-elle un certain nombre devaleurs et d’invariants ? Selon le Trésor de la langue française, une aven-ture désigne une « entreprise remarquable par le grand nombre de sesdifficultés et l’incertitude de son aboutissement ». Dans la languecontemporaine, l’aventure est souvent perçue comme une suite d’événe-ments qui impliquent prises de risque, surprises et dépassement de soi.Il n’est donc pas d’aventure sans implication humaine. L’aventure est eneffet un terme qui « s’incarne » en façonnant un type d’individu fascinant,l’aventurier. Le premier, Ulysse, est toujours une référence pour les navi-gateurs contemporains. Dans l’imaginaire collectif, les grands explora-teurs du passé, tels Marco Polo (1254-1324) et Magellan (1480-1521),sont associés à des équipées maritimes et à de grandes découvertes. Plusproche de nous, Neil Amstrong (1930-2012) est considéré comme lepionnier de l’aventure spatiale. Ainsi, le mot « aventure » a pénétré à cepoint notre langue courante qu’on l’emploie pour décrire tout trajetd’exception, toute existence extraordinaire. Comme le note avec justessel’historien Sylvain Venayre, la déesse Aventure « avec un grand A » sereconnaît désormais dans un grand nombre d’incarnations :

La liste est presque infinie de ceux dont on a pu écrire qu’ils avaient étél’incarnation de « l’Aventure » avec un grand A : « découvreurs » du XVIe siècle,premiers chrétiens, astronautes, mystiques catholiques, bien d’autres encore,éléments d’un inventaire à la Prévert qui peuplent les ouvrages des historiens

1. Calypso est la nymphe de la mer qui retient Ulysse pendant sept ans.

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non scientifiques, attachés à mettre en lumière le passé dans ce qu’il a d’excep-tionnel – cet exceptionnel dût-il convoquer l’écriture de l’anecdotique et l’oublide l’analyse des mouvements lents de l’histoire 1.

On utilise en effet facilement le terme « aventures » pour décrire lesréalisations des explorateurs, des voyageurs au long cours qui fran-chissent les mers, plongent dans les verts abysses des forêts tropicales outraversent les étendues immaculées des cercles polaires. Mais à forced’incarner l’Aventure, ne finit-on pas par galvauder les valeurs positivesqui en découlent ?

Au sens premier d’aventure (« ce qui doit advenir ») se sont greffées lesidées d’évasion, de mise en danger de soi, d’accomplissement d’actionsextraordinaires et finalement d’accès à une connaissance supérieure.C’est pourquoi l’aventure est volontiers assimilée à une quête, qu’elle soitconcrète ou abstraite. Ainsi, le terme « aventure » est utilisé de manièreimagée dans le domaine moral ou religieux, quand il s’agit d’évoquer larecherche d’un idéal, d’un but ou d’un sens à la vie. L’expression « aven-ture spirituelle » ne décrit-elle pas la démarche d’un individu qui cherchedes réponses aux grandes questions de l’existence dans les voies de laspiritualité ? Dans ce cas précis, le voyage est introspectif et l’aventureintérieure. Pour décrire les aléas de la construction de l’Europe, le politi-cien Jacques Delors publie en 2012 un article intitulé « L’Europe, uneaventure spirituelle 2 ». À travers ce titre, il souhaite montrer que laconstruction européenne n’est pas seulement fondée sur des donnéeséconomiques ou géopolitiques, mais participe d’un projet humain collec-tif aux implications philosophiques, voire métaphysiques. Dans sonemploi métaphorique, le terme « aventure » décrit par conséquent touteforme d’épopée de grande envergure. À cet égard, la plus grande aven-ture qui soit est celle de la Vie, à l’échelle individuelle et à l’échelle collec-tive, comme le rappelle le sociologue et philosophe Edgar Morin :

Je fais partie de cette aventure inouïe, incluse dans l’aventure elle-mêmestupéfiante de l’univers. Elle porte en elle son ignorance, son inconnu, sonmystère, sa folie dans sa raison, son inconscience dans sa conscience, et jeporte en moi l’ignorance, l’inconnu, la folie, le mystère, la raison del’aventure.

L’Aventure est plus que jamais incertaine, plus que jamais terrifiante, plusque jamais exaltante 3.

Qu’elle soit matérielle, spirituelle ou qu’elle combine les deux, qu’ellesoit présente ou passée, l’aventure est tournée vers « ce qui doit advenir »,

1. Sylvain Venayre, « La belle époque de l’aventure (1890-1920) », Revue d’histoire duXIXe siècle, 2002, no 24, p. 93-110.

2. Jacques Delors, « L’Europe, une aventure spirituelle », Transversalités, 3/2012(no 123), p. 119-132.

3. Edgar Morin, L’Aventure de la méthode, Seuil, 2015, p. 170. Edgar Morin est néen 1921.

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obligeant l’homme à s’adapter à un processus dont, certes, il est acteur,mais qu’il ne peut totalement contrôler.

À ces acceptions du mot « aventure » s’ajoute la nuance de sens intro-duite par le pluriel. La forme « aventures » ne recouvre pas tout à fait lamême signification que l’aventure au singulier. Les aventures désignenten général une suite d’épisodes hors du commun vécus par un individuréel ou un personnage de fiction. On retrouve ainsi souvent le terme aupluriel dans le titre d’œuvres qui promettent de nombreuses péripéties :Les Aventures de Télémaque de Fénelon (1699) 1 et Les Aventures du che-valier de Faublas de Louvet de Couvray (1787-1790) annoncent, grâceà leur titre, bien des surprises, bien des rebondissements. Quant auxAventures de Rabbi Jacob (film de Gérard Oury, 1973), elles relatent avechumour les péripéties qui découlent d’un quiproquo initial, entraînant lepersonnage de Victor Pivert (Louis de Funès) dans une série de périplesrocambolesques. Le pluriel induit un horizon d’attente romanesque. En1858, Baudelaire traduit The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantu-cket (1838) d’Edgar Poe par Les Aventures d’Arthur Gordon Pym : entraduisant « narrative » au singulier par « aventures » au pluriel, Baude-laire met l’accent sur le caractère extraordinaire des mésaventures d’unvoyageur, qui disparaît dans le Grand Nord. Le terme « aventures » fonc-tionne dès lors comme une accroche pour susciter la curiosité du lecteur :aujourd’hui, de nombreux récits pour la jeunesse l’utilisent pour attiserl’intérêt d’un lectorat ciblé. Il convient donc de distinguer « l’aventure »en tant que notion générale, employée dans son sens propre ou figuré,et « les aventures », qui renvoient à des péripéties, réelles ou imaginaires.

Pourquoi le mot « aventure » est-il l’un des plus séduisants de la languefrançaise ? C’est qu’il connote a priori le plaisir de la découverte et leshasards qu’elle réserve. Il semble fonctionner comme un sésame pournotre imaginaire : il ouvre sur des mondes inconnus et assure un dépay-sement total, comme le montre la plongée angoissante et saisissante d’Aucœur des ténèbres, de Joseph Conrad. L’aventure suppose en effet des faitscaptivants, un suspens lié à l’imprévu : elle induit toujours le plaisir del’étonnement. C’est donc en bonne logique qu’André Gide associel’aventure aux surprises de la vie : les hasards, les bonnes fortunes, lesméandres de l’existence sont autant d’images qui font partie de sonchamp sémantique. Toutefois, le terme n’est pas tout uniment positif,comme en témoigne son dérivé « mésaventure », qui désigne un incidentfâcheux, un événement désagréable bien que sans conséquences mor-telles. Une aventure n’est pas nécessairement heureuse et peut tout aussibien renvoyer à un épisode dont on ne sort pas indemne. Au début deLucrèce Borgia de Hugo (1833), les amis du héros Gennaro évoquent parexemple une « lugubre aventure » pour décrire l’un des crimes deLucrèce Borgia 2. Nombreuses sont finalement les acceptions du mot,

1. Voir infra l’encadré consacré aux Aventures de Télémaque dans la partie sur l’Odys-sée, p. 90.

2. Hugo, Lucrèce Borgia, I, [I], 1, éd. S. Ledda, GF-Flammarion, 2017, p. 59.

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construites par extension ou par rapport métaphorique, à partir de l’idée-source de hasard et d’imprévu, heureux ou malheureux. Par analogie etpar euphémisme, « aventure » s’emploie ainsi dans le domaine amoureuxpour désigner une liaison charnelle passagère. Dans cette sphère, l’aven-ture est synonyme de caprice, de toquade : « Après bien des aventuresamoureuses, ennuyé des femmes du monde, qui sont véritablementennuyeuses et qui plantent aussi par trop de haies d’épines sèches autourdu bonheur, il s’était marié […] », écrit Balzac à propos du personnaged’Arthur de Rochefide dans Béatrix (1839).

Considérant ces premiers éléments, comment interpréter l’enthou-siasme d’André Gide qui s’exclame « Quel beau mot ! » à propos del’aventure ? Son élan a plusieurs explications. L’une d’elles est liée à laconnotation généralement positive du terme. L’aventure est créatrice derêves et véhicule bien des fantasmes. Elle introduit dans le plaisir conjointde l’émerveillement et du danger. Qui n’a jamais rêvé de rompre avec labanalité pour vivre des expériences nouvelles en feuilletant les romansd’Alexandre Dumas, de Jules Verne ou, plus proches de nous, de Saint-Exupéry et de Nicolas Bouvier ? Le succès pérenne et mondial des aven-tures de Tintin traduit magistralement la fascination qu’exerce le récitd’aventures, relayé par la bande dessinée ou le cinéma dont les plusgrands succès sont des films d’aventures. Dans le domaine du récit vécu,les témoignages de Mike Horn (voir p. 27) sont tous des best-sellers.Partir à l’aventure, en lisant ou en voyageant, est une expérience unique.Sur le mot « aventure » souffle un vent de liberté. L’aventure se fonde enoutre sur un substrat anthropologique très ancien : l’homme qui voguevers l’aventure part aussi à la découverte de ce qu’il ignore. Ainsi, lesdéplacements des populations narrés dans les récits fondateurs 1 et leshistoires mythiques ont cristallisé autour de l’aventure les notions deconnaissance et de progrès. L’aventure est un phénomène de civilisationtrès ancien. À travers les grandes épopées fondatrices que sont l’Iliade etl’Odyssée, le lecteur apprend que l’aventure a même un rôle didactique,voire initiatique : partir à l’aventure, n’est-ce pas aller à la rencontred’autrui et de soi-même ? N’est-ce pas accroître ses connaissances enbravant des expériences difficiles ? Dès lors, l’aventure construit uneéthique qui peut s’ériger en modèle de vie. La fonction culturelle del’aventure perdure en effet à travers les siècles, toute aventure débou-chant sur le constat d’une expérience dont on peut tirer des « leçons ».

Ces premiers constats invitent à questionner la notion d’aventure selonplusieurs perspectives. Quels sont les éléments « invariants » qui la défi-nissent, traversant les siècles et les frontières ? Pour répondre à cettevaste interrogation, il s’agira dans un premier temps d’étudier en quoi

1. Dans un article du Temps intitulé « Migrer, une aventure partagée », le pédopsy-chiatre Jean-Claude Métraux analyse la question de la migration en termes d’aventure.Il explique, entre autres, que les phénomènes migratoires contemporains ne sont pas uneexception liée à notre époque mais font plus généralement partie de « l’aventurehumaine ».

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Hans Sebald Beham, Allégorie de la Fortune, 1541.

Beham est un graveur et illustrateur allemand, qui appartient au groupe des Kleinmei-ster (petits maîtres). Vers 1540, il représente la Fortune sur une gravure qui comporteplusieurs motifs symboliques liés à l’aventure. Le personnage féminin tient tout d’aborddans la main droite une plante exotique (feuille de palme) et dans la gauche un gouver-nail, emblème des navigateurs et des aventuriers. Ce gouvernail est aussi une roue deFortune, qui peint les hauts et les bas de l’existence. Sur la gravure, un petit personnageest assis sur le sommet de la roue, mais le symbole laisse entendre qu’il pourrait seretrouver la tête à l’envers. En bas à droite, la sphère représente le globe terrestre, quiemblématise les voyages et les découvertes lointaines de ceux qui partent à l’aventure.

Au second plan se trouve l’un des autres symboles de l’aventure : le navire qui quittele port, ses voiles gonflées par le vent. Par contraste, on aperçoit un village avec sonclocher, à l’arrière-plan, à droite. Il représente la stabilité et la quiétude de celui qui neprend pas le risque de courir l’aventure.

Dans le contexte des Grandes Découvertes, cette illustration revisite le thème romainde la Fortune, qui guide celui qui décide de tout quitter pour aller découvrir le lointain,avec la part de risque et de hasard qu’une telle entreprise suppose.

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l’aventure suppose une éthique et noue des liens étroits avec le goût durisque et l’esprit de liberté. La recherche de l’aventure présente aussiquelque limite, notamment à travers les dangers inévitables que supposetoute entreprise risquée. Ensuite, il conviendra de déterminer par quelsprocessus l’aventure est consubstantielle au voyage et, à partir de cetteproximité, d’envisager en quoi l’aventure est une quête. Ce qui découleen effet de l’aventure, c’est la découverte et la connaissance. Toute aven-ture porte en elle un enseignement empirique, voire une morale. L’éva-sion, l’appel du lointain, la rupture avec la banalité, le plaisir del’inattendu semblent être autant de constituants positifs de l’aventure.Mais comment les dire, comment construire un discours littéraire oujournalistique à partir de l’aventure ? La réponse à cette question feral’objet d’un troisième temps d’étude. Il s’agira, entre autres, d’analyserla manière dont l’aventure a façonné des genres artistiques précis, telsque le roman et le film d’aventures, tout en construisant un type depersonne/personnage, l’aventurier(-ière), dont il conviendra de mesurerl’impact sur notre imaginaire.

I. VIVRE L’AVENTURE :UNE ÉTHIQUE DE LA LIBERTÉ ?

A. L’esprit d’aventure

L’aventure naît avec les premiers pas de l’humanité, avec les premièresdécouvertes et l’exploration du monde. Au-delà des définitions générales,fondées sur l’étymologie ou l’évolution du terme, sa signification s’estdonc élaborée empiriquement à partir de l’expérience des hommes et deleurs voyages. Sylvain Venayre se demande même si « le désir d’aven-tures n’est […] pas constitutif de l’espèce humaine ». En s’appuyant surles travaux de l’historien Lucien Febvre, il précise :

[…] l’histoire de l’espèce humaine [a] commencé lorsque nos lointainsancêtres cédèrent au goût de l’aventure, et quittèrent leurs douillettescavernes, pour tenter de gagner l’horizon. Au Moyen Âge, un mot nouveauaurait donc désigné un goût si ancien qu’on ne peut le dater. Une dénomina-tion inédite aurait accordé au vocabulaire de l’époque un désir qui était sihumain qu’il en définissait l’homme 1.

Théoriser l’aventure implique dès lors une prise en compte de cetteexpérience pluriséculaire et collective, envisagée comme l’un des prin-cipes fondateurs de notre civilisation, transmis par le témoignage de ceux

1. Sylvain Venayre, « La belle époque de l’aventure (1890-1920) », art. cité.

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qui l’ont vécue. Or l’aventure se perçoit aussi à l’échelle individuelle, etc’est à partir de cette donnée que Jankélévitch et Simmel la considèrent,avant de proposer un discours plus général sur l’aventure. Dans tous lescas, l’aventure implique un rapport à l’espace (le voyage) et au temps(l’avenir incertain). Dans quelle mesure l’aventure fait-elle rupture dansl’existence ? Quels sont ses grands principes ?

1. Intensité et rupture

Selon Jankélévitch, l’aventure répond à un besoin de se projeter, quis’inscrit dans une temporalité globalement intangible, l’avenir. Si l’on seplace du point de vue de celui qui vit l’aventure, celle-ci suppose un parisur l’instant qui vient, elle repose sur un jeu de probabilités sur ce quiva se produire. Inscrite dans une temporalité « à venir », l’aventurefaçonne le temps. Le philosophe et sociologue allemand Georg Simmel(1858-1918) considère ainsi l’aventure comme un moment clivé à l’inté-rieur de l’existence, séparé « de l’ensemble total de la vie 1 ». Pour celuiqui l’éprouve, l’aventure est une parenthèse d’intensité. En effet, selonSimmel, l’aventure se déroule toujours en dehors de la continuité de lavie, tout en lui apportant un surcroît d’intérêt. C’est pourquoi elle estextraordinaire, dans la mesure où elle crée une rupture à l’intérieur de lalinéarité de l’existence. Toutefois, le philosophe allemand met au jour leparadoxe selon lequel l’aventure s’intègre malgré tout à la vie : tout enétant hors de notre existence, elle est reliée à elle par notre vitalité, nospulsions, nos désirs. L’aventure introduit en outre un rapport au tempsplus intense car elle abolit le passé et le futur lointain, ne se concentrantque sur ce qui est sur le point d’advenir. Dès lors l’aventure est uncondensé d’émotions, elle crée une impression de « plein » que la viebanale ne produit pas. Avec l’aventure, le temps se remplit autrement,expliquent Simmel et Jankélévitch. C’est dans cette optique que ce der-nier associe l’aventure au jeu qui, comme l’a montré Roger Caillois, pro-voque une sorte de moment de vertige, un temps à part dansl’existence 2. Dans une perspective théologique, le philosophe BernardForthomme insiste, lui aussi, sur la scansion et l’intensité que produitl’aventure dans la vie humaine :

L’aventure s’immisce aussi dans le présent, jusqu’à lui procurer une inten-sité inouïe […] car l’aventure garde un de ses attraits les plus puissants juste-ment dans sa capacité à repaysager [sic] le psychisme. Bref, l’aventureinterrompt la continuité du temps et de l’espace, la consistance de l’identité,pour éprouver les flux, les territoires et l’unicité, avec plus d’intensité 3 […].

1. Georg Simmel, « L’aventure », in La Philosophie de l’aventure, trad. A. Guillain,L’Arche, 2002, p. 84. C’est le philosophe qu’admire et cite Jankélévitch dans les pre-mières lignes de son essai. Cet article est reproduit en intégralité dans ce manuel,p. 199-212.

2. Voir son essai Les Jeux et les Hommes (1958), Gallimard, « Folio essais », 1992.3. Bernard Forthomme, Théologie de l’aventure, Cerf, 2013, p. 13.

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Pour décrire la puissance de l’aventure, le philosophe emploie uneexpression imagée, doublée d’un néologisme : « repaysager le psy-chisme », c’est-à-dire donner une nouvelle configuration à notre percep-tion de l’espace et du temps.

2. Aventure et éthique

Selon Simmel, l’aventure est une unité autonome avec son commence-ment et sa fin. Et c’est son inscription dans la vie qui est complexe carelle a de fortes implications sur l’ethos, c’est-à-dire sur la manière de secomporter et la façon d’« être au monde ». L’aventure isole, sépare, intro-duit l’étrange, fait perdre un certain contrôle, puisqu’elle peut nous saisirmalgré nous : le hasard la produit. Dès lors, Simmel définit l’aventure àpartir d’une réflexion dialectique et d’un principe agonistique. Selon lui,l’aventure est une « forme » constituée par deux grandes forces. Toutd’abord, l’aventure implique qu’un individu croie en sa puissance poursurmonter d’éventuels obstacles. Le courage, l’audace et la bravoure sontdonc des composantes de l’aventure. Ces qualités se muent en valeurs,d’autant plus essentielles que les aléas surviennent : le hasard s’imposecomme une force antagoniste que l’individu peut éventuellementvaincre. Dans les récits d’aventures en mer, l’irruption d’une tempête estun véritable topos littéraire, qui oblige l’homme à s’adapter et à puiserdans sa force physique et mentale pour survivre. Or toute la tensionparadoxale de l’aventure (et son plaisir) repose dans l’éventualité de lavictoire de l’homme sur ces impondérables. Là où la mesure et la raisonnous dicteraient de ne pas agir quand la prise de risque est grande,l’aventurier, lui, se sent capable d’affronter l’imprévisible. Il parie sur saforce et sur sa chance. Pour résumer, l’aventure se construit sur un sys-tème de tensions entre les forces internes (celles de l’aventurier) et lesforces externes (celles du Hasard, de la Destinée). C’est l’addition et laséparation de ces deux principes qui, selon Simmel, caractérisent laforme et la dynamique de l’aventure.

Une telle démonstration laisse supposer que l’aventure est partout,puisque chaque expérience de la vie comporte sa part de hasard. Avoirà gérer un imprévu de la vie courante peut devenir une aventure. L’aven-ture peut donc surgir dans la vie « bourgeoise » ou dans une existenceréglée. Le genre du Nouveau Roman s’est ainsi souvent attaché à décrireles faits banals pour en faire des « micro-aventures », montrant que touteaction, si minime soit-elle, présente hasards et risques. Mais Simmelconsidère qu’il est un « seuil » qui fait pénétrer entièrement dans l’universde l’aventure et qu’on ne saurait confondre aventure et Aventure 1. Quelest ce seuil et comment définir un éventuel « absolu de l’aventure » ?

1. Voir Georg Simmel, « L’aventure », in Philosophie de la modernité, trad.J.-L. Vieillard-Baron, Éditions Payot & Rivages, 2004.

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Dans l’essai De l’esprit d’aventure (Arthaud, 2003), l’écrivain et voya-geur Patrice Franceschi 1, qui fut président de la Société des explorateursfrançais, explique que la notion présente une certaine constance de sensà travers les siècles. Selon lui, l’aventure implique de posséder l’« espritd’aventure », autrement dit un désir d’ailleurs qui repose le plus souventsur un voyage à risque. Elle engage dès lors une éthique et une série decaractéristiques qui s’articulent autour d’idéaux comme la liberté et laconnaissance. L’aventure suppose de prendre une décision radicale et defranchir le fameux seuil de Simmel, fût-il celui d’une maison.

3. Anticonformisme et affranchissement

Selon Patrice Franceschi, il n’est pas d’aventure sans « esprit d’aven-ture », c’est-à-dire sans volonté marquée de rompre avec l’ordinaire desjours. L’aventure se reconnaîtrait d’abord par son caractère extraordinaireet par une bonne dose d’anticonformisme de la part de celui qui la tente.Une telle attitude paraît en effet indispensable pour qui veut briser laroutine, accepter le danger que présente toute entreprise hasardeuse.L’aventure implique de sortir d’un cadre (moral, social, affectif, intellec-tuel, géographique), ce qui produit une forme de marginalité. DansL’Usage du monde (1963), l’écrivain et voyageur Nicolas Bouvier montreainsi comment l’aventure est d’abord une forme de décentrement parrapport à un point de départ, voire une forme d’excentricité par rapportà une vie tranquille. L’anticonformisme signale alors un désir de se tenirà la marge en acceptant à l’avance les expériences que produit l’ailleursde l’aventure : « On voyage pour que les choses surviennent et changent ;sans quoi on resterait chez soi », constate-t-il dans son récit de voyage 2.Cet anticonformisme, Joseph Conrad le résume en ces termes dans Welldone (1918) : « Personne au monde n’empêchera un homme épris oupréoccupé d’aventure de fuir à tout moment. »

L’anticonformisme que postule Franceschi et que l’on rencontre chezde nombreux aventuriers s’accorde mal avec l’esprit de sérieux – Jankélé-vitch oppose d’ailleurs esprit d’aventure et esprit de sérieux. SylvainTesson, célèbre pour ses exploits et les récits qu’il en a tirés, définit sonanticonformisme d’aventurier en ces termes : « Dans un périple, onalterne toujours grands moments d’euphorie et de désespoir. Si l’on veutaller jusqu’au bout, il faut être un peu tendu nerveusement. Je diraismême, de façon un peu provocante, qu’il faut être un peu con 3. »

1. Né en 1954, Patrice Franceschi est un explorateur et écrivain (prix Goncourt de lanouvelle en 2015). Depuis 1999, il sillonne les mers sur son trois-mâts La Boudeuse, nomdonné à son bateau en souvenir des voyages de Bougainville (voir infra, p. 37). Il a publiéune trentaine d’ouvrages en lien avec ses expéditions et avec l’aventure.

2. Nicolas Bouvier, L’Usage du monde, Genève, Droz, 1999, p. 157.3. « Sylvain Tesson, aventurier et écrivain », propos recueillis par Jérôme Dupuis,

L’Express, 10 novembre 2005.

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L’aventure entraîne un renoncement au monde matériel et à son confort,une mise à l’écart d’un système normatif, fût-ce pour un temps donné.Car l’aventure implique d’accepter une expérience nouvelle, un mode devie qui ne se conforme pas aux lois imposées par la société. Ne se sou-ciant plus des règles communes qui la régissent, celui qui franchit leseuil de l’aventure se marginalise. C’est l’expérience que vivent RobinsonCrusoé et ses épigones.

B. La liberté ou l’amour du risque ?

1. Désir de liberté

Dans quelle mesure l’aventure est-elle mue par un besoin de liberté ?La soif de liberté, la curiosité et le goût du risque qu’évoquent souventles aventuriers ont des implications psychologiques, sociales, anthropolo-giques, voire politiques. Penseurs et expérimentateurs de l’aventurel’associent ainsi volontiers à l’affranchissement, à l’abandon des jougs, àl’exploration de nouveaux territoires et, finalement, à une certaineconception de l’indépendance. L’aviateur et romancier Antoine de Saint-Exupéry relate ainsi ses vols comme autant d’expérience de la solitudeet d’aventures risquées, tout en poétisant ses voyages ; il en fait desmoments de liberté. De même, le romancier Joseph Kessel, ardent défen-seur des libertés individuelles, associe l’aventure à la conquête de sapropre indépendance. Tous les hommes qui font l’expérience de l’aven-ture en reviennent avec le sentiment d’avoir conquis une parcelle deliberté. Le poète Blaise Cendrars résume en trois vers le sentiment quihabite celui qui vit l’aventure :

La mer moutonnaitJe me sentais libreÀ l’aventure 1…

Ces vers insérés dans le récit Bourlinguer (1948) et repris dans À l’aven-ture (1958) établissent le lien entre aventure et liberté. Dans l’imaginairecollectif, le gain du risque et de l’aventure, c’est en effet l’affranchissement.Si les navigateurs du grand large, marins et flibustiers, incarnent souventla liberté, c’est qu’ils vivent pleinement l’aventure, avec ses risques, sesdangers, et l’audace nécessaire pour les vaincre. Aventure et liberté sont àce point proches que la plupart des aventuriers nous semblent deshommes libres, éloignés des contingences et des contraintes du mondemoderne. Dans certains cas, l’aventure subie se transforme en conquête

1. Blaise Cendrars, À l’aventure, Denoël, 1958, p. 66.

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LE « CAS » MIKE HORN

Tous les passionnés d’aventure, tous ceux qui s’intéressent à cette notion et àson expérimentation sur le terrain, tiennent Mike Horn pour un idéal, voire lemodèle de l’aventurier. S’il est considéré comme un fou par certains, il soulèvel’admiration du plus grand nombre, tant ses expéditions relèvent de l’exploit etmontrent comment l’aventure façonne un mode de vie singulier, hors dessentiers battus.

Né à Johannesburg en 1966, Mike Horn abandonne sa carrière militaire en1990 pour se lancer dans l’aventure. Il commence par des périples à pied, multi-plie les « petits boulots », physiques pour la plupart, et s’aguerrit aux sports aqua-tiques extrêmes : rafting, canyoning. Sa première aventure marquante se dérouleen 1991, au Pérou : il explore la cordillère des Andes en raft et parapente. Àpartir de cette première expérience, Mike Horn enchaîne les périples périlleuxqui, même s’ils sont préparés en amont, présentent des risques et n’évitent pasles accidents.

« Au royaume de l’aventure, Mike Horn est un demi-dieu », écrit VincentNoyoux dans l’essai qu’il consacre aux aventuriers contemporains (ceux qu’iljuge dignes de ce titre) 1. Si Horn jouit de cette réputation, c’est qu’il accomplitdes actes qui semblent hors de portée et s’impose des aventures impossiblespour le commun des mortels. Au vrai, ses aventures sont assez limitées ennombre, mais extrêmes dans leur intensité. L’une des plus marquantes se dérouleentre 1999 et 2000. Il entreprend alors un tour du monde en se fixant commeprincipe de suivre la ligne de l’équateur. Une telle ambition est un défi risqué carcelle-ci passe par les endroits qui sont parmi les plus dangereux de la planète.Elle traverse la Somalie, les Galápagos, la Colombie, les îles indonésiennes ainsique quelques-unes des mers les plus agitées du globe. Comme le résume VincentNoyoux, « la quantité d’obstacles qu’il rencontre dépasse l’entendement : oura-gans, tornades, serpents, malaria, prison, duels, chasse à l’homme 2. » À lire unetelle énumération, l’aventure selon Mike Horn est un défi lancé à la vie.

Que recherche Mike Horn à travers toutes les aventures qu’il choisit ? Dansles différents entretiens qu’il accorde et les livres qu’il tire de ses expériences,l’aventurier insiste sur trois points. Le premier, c’est la rencontre avec une naturesauvage, inviolée ; selon lui, son hostilité et sa dangerosité font sa beauté. En cesens, son aventure s’apparente à une quête esthétique. La seconde intentionde Mike Horn consiste à repousser ses limites et à affronter les aléas del’aventure, ce qui relève du défi. En choisissant par exemple d’effectuer untour du monde sur la latitude du cercle polaire Arctique en solitaire (tracté parune voile de kite), il se heurte à des températures extrêmes (allant jusqu’à– 70 °C) et frôle le trépas. Enfin, n’est-ce pas finalement la mort que Mike Horndéfie en s’imposant comme le plus admirable de nos aventuriers contemporains ?

1. Vincent Noyoux, Chers Aventuriers, Stock, 2013, p. 163.2. Ibid., p. 165.

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de la liberté. Tel est le cas d’Edmond Dantès, héros du Comte de Monte-Cristo (1844), accusé à tort, qui recouvre son identité au terme d’unereconquête de la liberté (voir infra, p. 40). La recherche de la libertésemble par conséquent consubstantielle à l’aventure puisque, comme onl’a vu, elle oblige à rompre les champs clos du quotidien et à ouvrir l’hori-zon. On voit dès lors que l’aventure n’est pas seulement une pratique,mais aussi une éthique, une manière d’appréhender le monde et l’exis-tence. Mais la liberté qu’on trouve dans l’aventure ou qu’on rapporte d’ellea son prix, comme en témoigne Joseph Conrad dans Au cœur des ténèbres(1899) :

À coup sûr il ne voulait rien de la brousse que l’espace de respirer et depasser outre. Son besoin, c’était d’exister, et d’aller de l’avant au plus grandrisque possible et avec un maximum de privations. Si la pureté absolue, sanscalcul, sans côté pratique, de l’esprit d’aventure avait jamais gouverné un êtrehumain, c’était ce garçon rapiécé. (p. 135-136)

Si les hommes ont toujours eu soif d’aventures, qu’ils les vivent direc-tement ou par procuration, le développement des médias et d’Internet aaccentué ce penchant. L’émission de télévision américaine Man vs Wild(« Seul face à la nature ») rencontre une très vaste audience à travers lemonde. L’expérience est menée par un baroudeur, Bear Grylls, dont lamission consiste à survivre en conditions extrêmes, à se protéger desintempéries et des bêtes sauvages, à se nourrir de tout ce qui est comes-tible (feuilles, racines, criquets, etc.). Chaque aventure est une libertéchèrement acquise et se fonde sur une prise perpétuelle de risques.

2. La part d’incertitude

Est-il une aventure qui soit sans dangers ? La plus infime entrepriseprésente un péril plus ou moins grand. La théorie et la pratique s’accor-dent sur cette caractéristique irréfragable de l’aventure : le risque. Il estmême son constituant le plus paradoxal, puisqu’il attire tout en mena-çant. En effet, « ce qui doit advenir » présente une part d’aléas. Le risque,si calculé soit-il, forme cette part irréductible de l’aventure. L’hommepeut se préparer à tout, mais il peut toujours se heurter à un imprévu quifait obstacle à son dessein. En effet, le risque appartient au « possible »de toute aventure, que Jankélévitch questionne en ces termes : « le pos-sible n’est-il pas ce qui peut être ainsi ou autrement, et qui sera ceci oucela selon mon courage, selon les risques que je consentirai à courir,selon ma bonne ou ma mauvaise chance ? » (p. 91). L’un des premiersouvrages de Sylvain Tesson questionne ainsi la proximité entre aventureet risque. Son titre est éloquent : Les Métiers de l’aventure et du risque 1.

1. Sylvain Tesson, Les Métiers de l’aventure et du risque, Hachette, « Phare », 1998.

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Ce « possible », cette zone d’ombre qui se nomme risque peut devenirdanger mortel.

Si l’aventure implique une forme d’audace, c’est que le risque est inhé-rent à son action, y compris à petite échelle. Celui qui décide de partirseul faire du camping sauvage dans un village normand peut se confron-ter à une série de malencontreux hasards – intempéries, animaux,insectes, canicule, voisinage, intervention des forces de l’ordre, pro-blèmes matériels divers, etc. L’astronaute qui accepte d’effectuer unvoyage spatial s’expose à de nombreux périls, quelle que soit la fiabilitétechnologique qui l’entoure. Certes, d’une aventure à l’autre, le caractèrelétal du risque est plus ou moins marqué, mais il n’est jamais tout àfait absent. Petite ou grande, l’aventure place l’homme en situation devigilance. C’est cette obligation de précaution qui fait, entre autres, l’inté-rêt des aventures de survie. Robinson Crusoé, héros de Daniel Defoelibrement inspiré de la vie d’Alexandre Selkirk (1676-1721), offrel’exemple du personnage qui doit constamment être attentif aux impré-vus que lui réserve une île inconnue et, a priori, hostile. L’un des princi-paux objectifs du personnage consiste à lutter contre les dangersextérieurs et surtout à limiter la probabilité du risque en construisant,par exemple, un repère « fortifié ». L’aventure ne suppose-t-elle pas aussiun calcul du risque ? Toutefois, toute probabilité de danger n’est jamaisexclue de l’aventure, fût-elle la mieux encadrée. Le succès d’émissionscomme The Island ou Koh-Lanta, qui plagient les conditions de surviedes explorateurs, repose ainsi sur la mise en scène d’une aventurepérilleuse. Les sociologues des médias qui étudient la structure de cesprogrammes expliquent que leur intérêt se fonde certes sur leur dimen-sion ludique (épreuves à subir), mais aussi sur le plaisir de voir des can-didats risquer leur vie. Bien que contrôlées, les expériences que viventles candidats n’abolissent pas le péril, puisqu’elles se construisent surl’essence même de l’aventure : les aléas. L’un des participants de Koh-Lanta a été soudainement mordu par un scorpion et a dû être rapatriéen Europe. Pis, un décès s’est produit en 2013 au cours de l’émission.C’est cette dangerosité des émissions d’aventures qui fait leur attrait,comme celle véhiculée par les récits d’aventures tiennent le lecteur enhaleine. Dans notre société de consommation, nombreux sont les sitesde voyage qui fondent leur publicité sur le risque revigorant que prometl’aventure. Les agences créent même leur stratégie commerciale sur lefantasme de l’aventure et de l’aventurier, offrant des explorations « clésen main ». Le business de l’aventure oublie-t-il que le hasard et les aléasqui s’attachent à toute aventure peuvent renverser le cours des choses ?La « mauvaise étoile » peut aussi briller pour ceux qui tentent l’aventure :en 1978, Alain Colas participe à la course transatlantique en solitaire surla Manureva – ni son corps ni son embarcation ne seront retrouvés ; en1997, Gerry Roufs disparaît au cours du Vendée Globe. Son ultimemessage radio décrit des vagues « hautes comme les Alpes » ; le 3 juin1991, les vulcanologues Maurice et Katia Krafft trouvent la mort lors del’éruption du volcan Unzen, sur l’île de Kyushu, au Japon.

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Pourquoi courir après le risque et le danger ? Pourquoi se passionnerpour des situations qui mettent la vie en danger ? Selon Franceschi,l’amour du risque est une manière de défier la mort, un pari lancé à lavie. L’étymologie latine du mot « risque » nous ramène d’ailleurs à lanature de l’aventure : resecare signifie en effet « couper » ; le risque consis-terait alors dans la fracture avec ce qui est prévisible. Dans une perspec-tive philosophique, le risque inhérent à l’aventure fait de celle-ci un actepotentiellement « inaccompli ». Gérard Mendel, psychanalyste et philo-sophe, considère que « le risque qui se concrétise en incident ou accidentreprésente un moins de l’acte, comme si une partie lui était enlevée parune cause extérieure et qui l’empêche de s’accomplir naturellement etnormalement jusqu’à son terme 1 ». Si l’on admet cette proposition, lerisque incarnerait la part d’inachevé de toute aventure ; un risque qui setransforme en obstacle non surmonté met fin à l’entreprise. À l’inverse,on peut se demander si une aventure peut se définir comme telle sansun rapport contingent au danger. Le risque devient alors non plus unélément extérieur mais une donnée intérieure, constitutive de l’aventureet assimilée par l’aventurier. Par conséquent, avec l’aventure rien n’estjamais acquis : l’entreprise peut échouer, des éléments peuvent se mettreen travers de la route et conduire, au pire, à la mort. C’est le défi ou ledédain face à la mort qui permet d’expliquer la prise de risque de touteaventure. Avec l’aventure, l’homme se lance un défi et se confronte àses limites.

3. Dépassement de soi et catharsis

« L’homme se découvre avec l’obstacle », écrit Antoine de Saint-Exu-péry dans les premières lignes de Terres des hommes (1939). L’aventure,avec sa part de risque et ses dangers, permet aussi d’accéder à uneconnaissance de soi-même. L’aventure ne se définit-elle pas par ses effetssur l’homme, par les implications qu’elle engendre sur son comporte-ment face au danger ? Un aventurier doit en effet faire face à desmenaces ; il croise des difficultés qu’il doit surmonter grâce à son intelli-gence, à sa force, en puisant même parfois jusqu’aux racines de sa capa-cité de survie. Dans le cas d’Ulysse, c’est sa ruse proverbiale qui luipermet d’échapper aux aléas de son retour à Ithaque. Selon Patrice Fran-ceschi, et pour la plupart des aventuriers « professionnels », l’aventure estl’occasion d’un dépassement de soi unique, car elle est aussi exaltationde la vie à travers les efforts qu’elle suppose, l’attention accrue à laquelleelle oblige. Le risque qui lui est inhérent amène en effet souvent l’hommeà se transcender, ou, dans une moindre mesure, à vaincre ses propreslimites. Sur le plan concret, l’aventure invite à laisser dans ses bagages

1. Gérard Mendel, L’acte est une aventure. Du sujet métaphysique au sujet de l’acte pou-voir, La Découverte, « Textes à l’appui », 1998, p. 27.

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les vieilles peurs ancestrales (la nuit, les phénomènes météorologiques,les menaces animales, etc.). Depuis les temps les plus reculés, les aven-tures ont été perçues comme des moments à part, durant lesquelsl’homme se surpasse et peut, le cas échéant, servir de modèle à la col-lectivité.

Ainsi, comme le risque dont il découle, le dépassement de soi faitpartie des invariants de l’aventure, aussi bien du point de vue de ceuxqui la vivent que de ceux qui l’observent. La quatrième de couverture del’ouvrage de l’ethnographe Marc Laberge, Le Glacier. Récits d’aventures(1995), le souligne : « Fasciné par les gens comme par la nature, il par-court le monde avec une grande soif d’aventure et de réflexion, de dépas-sement de soi et d’intensité 1. » Selon le sociologue David Le Breton, lacombinaison du risque et de l’aventure incite l’homme à se transcender :« Un sentiment de jubilation, d’alliance avec le monde, de réenchante-ment de l’existence se noue ainsi dans cette expérience des limites »,précise-t-il 2. L’aventure questionne l’homme dans la capacité qu’il a des’adapter, de comprendre un processus, de s’affronter au hasard. SelonNicolas Bouvier, l’aventure relèverait dès lors d’une véritable ascèse. Àce titre, l’écrivain rejette le caractère pittoresque ou anecdotique del’aventure, et en souligne au contraire les vertus cathartiques : « On nevoyage pas pour se garnir d’exotisme et d’anecdotes comme un sapin deNoël, mais pour que la route vous plume, vous rince, vous essore, vousrende comme ces serviettes élimées par les lessives 3. » L’image du lingeusé rappelle que l’aventure nécessite une implication physique et psy-chique de la part de celui qui l’entreprend. Enfin, vaincre la peur de lamort débouche sur une exaltation de la vie mais nécessite un abandon :« La vertu d’un voyage, c’est de purger la vie avant de la garnir. » Cettepurgation de la vie s’apparente à une forme de catharsis. Dans ses Carnetsd’aventures (2014), Sylvain Tesson célèbre quant à lui le dépassementde soi en décrivant les lieux les plus inaccessibles ; il établit un lien decontiguïté entre des espaces hors du commun et les efforts extraordi-naires, voire l’abnégation qu’ils nécessitent pour être appréhendés et tra-versés. L’aventure n’est-elle pas, dans son versant idéaliste, une école devertu et de sagesse ?

1. Marc Laberge, Le Glacier. Récits d’aventures, Québec Amérique, « Gulliver », 2011.2. David Le Breton, Sociologie du risque, PUF, « Que sais-je ? », no 61, 2012, p. 112.3. Nicolas Bouvier, Le Poisson-scorpion, Gallimard, « Folio », 2012, p. 54.

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Gustave Doré, illustration pour Sindbad le marin, 1865.

Les Mille et Une Nuits, traduites et adaptées par Antoine Galland entre 1704 et 1717,connaissent aux XVIIIe et XIXe siècles un immense succès et stimulent l’imaginaire de nom-breux artistes et illustrateurs. Le graveur Gustave Doré s’empare des aventures de Sindbadle marin, qui mêlent au merveilleux des contes orientaux des réminiscences de l’Odyssée. Ilillustre notamment l’un des épisodes marquants du troisième voyage de Sindbad, où lehéros et ses compagnons sont contraints par une tempête d’aborder sur une île peuplée desauvages nains et hostiles qui leur sont inférieurs en force mais très supérieurs en nombre.

La composition de la gravure est tout en contraste et en mouvement : à la noblesse etau calme des marins s’opposent les petits personnages grotesques qui les attaquent, l’effetde perspective soulignant la masse fourmillante. La proue du bateau trace une diagonalequi croise celle que forme le flot de la foule accourant à travers un défilé rocheux, etimprime à la scène un dynamisme fort. Gustave Doré égale ainsi Shéhérazade, alliantl’amusement à l’effroi pour recréer visuellement le caractère palpitant des récits d’aven-tures par lesquels la conteuse charme le sultan, nuit après nuit, afin qu’il lui laisse la viesauve. Le pouvoir d’attraction qu’exerce l’aventure est, dans Les Mille et Une Nuits, unenjeu vital, et Gustave Doré en transcrit toute l’inventivité et l’intensité.

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II. TROUVER L’AVENTURE :QUÊTE ET CONNAISSANCE

Dans sa représentation symbolique la plus communément admise,l’aventure est liée au voyage. Pour qu’un périple devienne aventure, ilfaut des rencontres, des découvertes, des expériences intenses. Lesgrands récits d’aventures, dans leur définition la plus stricte, sont tousdes histoires de voyages au cours desquels l’homme part à la découvertedu monde et de lui-même. Comme le précise Franck Michel, « l’aventureest antérieure au voyage, dans le sens où le voyage n’est qu’une possibi-lité d’aventure et non sa finalité 1 ». Quel rapport se tisse dès lors entreaventure, voyage et découverte ? Dans ce cas, l’aventure n’est-elle pas unvecteur privilégié de la connaissance, la révélation de nouveaux horizonsfaisant intrinsèquement partie de l’expérience ?

A. Voyage et aventure

1. « Passion des détours »

Pourquoi associe-t-on instinctivement l’aventure au voyage ? Lesanthropologues expliquent cette interaction par le besoin d’évasion etl’instinct de la découverte. « Le livre de Jonas, dans l’Ancien Testament,est un véritable roman d’aventures, ou plutôt c’est un récit de voyage »,constate Frank Lestringant, fondant ensemble les deux notions 2. Dansson essai Désirs d’ailleurs. Essai d’anthropologie des voyages, Franck Michelnote que « l’aventure est une tentation de l’ailleurs […], elle déchiffreles recoins du globe pour retrouver le sens perdu dans notre universquotidien 3 ». Il précise même que « le voyage a de tout temps été uneinitiation à la découverte “extrême”, à l’aventure humaine, sinon surhu-maine 4 ». Si l’on suit ces propositions, le voyage n’a vraiment de sensque s’il devient une aventure, c’est-à-dire une expérience forte, qui pré-sente des épisodes inattendus, voire extraordinaires. Selon DavidLe Breton, « l’aventure est une passion des détours 5 », et c’est tout cequi l’oppose au tourisme. Le touriste visite, l’aventurier découvre et

1. Franck Michel, Désirs d’ailleurs. Essai d’anthropologie des voyages, Armand Colin,« Chemins de traverse », 2000, p. 201.

2. Frank Lestringant « Entre Jonas et Robinson, le voyage contrarié de Jean de Léryau Brésil », Études théologiques et religieuses, 3/2005 (t. LXXX), p. 385-395.

3. Franck Michel, Désirs d’ailleurs. Essai d’anthropologie des voyages, op. cit., p. 199.4. Ibid., p. 200.5. David Le Breton, L’Aventure. La passion des détours, Autrement, « Mutations »,

1996, p. 24.

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Parole : 61, 104, 147, 265-270, 303.Péripétie : 19, 40-42, 44, 223, 237-238, 304,

309, 330 ; voir aussi Événement.Peur : 31, 114, 123, 235-241, 276, 324, 332.Plaisir : 19-20, 22, 31, 42, 46, 84, 104, 172,

189, 274-276, 317, 334.Prophétie : 228, 232, 234, 239, 251, 273,

303.Quête : 18, 22, 33-41, 69, 85, 118, 141, 148,

192, 241-242, 248-249, 252, 258, 264-265, 269, 305.

Récit : 17, 33-34, 37, 41, 43-44, 46-48, 60-61, 66, 72, 78, 80-87, 97, 100, 104, 106,113, 126-128, 132, 137, 148, 151, 169,177, 179, 191, 217, 221, 225, 235, 238,241, 245, 248, 251, 258, 262, 265- 276,303-304.

Retour : 37, 47, 53, 67, 70-71, 73, 78, 80,83, 87, 91-94, 102, 105-106, 149, 151,174, 223-224, 232, 244-245, 266, 271-272, 275, 294, 327.

Risque : 17, 21, 24, 26-31, 38, 44, 71, 95,189, 191, 235-241, 327 ; voir Danger.

Ruse : 30, 68, 89, 91, 93, 238, 250, 257, 266-267, 306, 330.

Solitude : 35-36, 39, 47, 92, 129, 135, 242,254, 262.

Sort : 15-17, 39, 93, 141, 205, 207-208,236 ; voir aussi Fortune.

Temps : 23-24, 36, 47, 52, 128, 137, 147-148, 151, 158-160, 163, 166-169, 174,176, 178, 181, 183, 187-189, 191-193,195, 218, 222-224, 226, 230, 256, 308-310, 319.

Tragique : 38-39, 114, 134, 143, 145, 177,191, 195, 235, 238, 243-247, 271, 309,329-332, 334.

Valeurs : 17-18, 24, 37-39, 41, 43-44, 46-47, 49, 51, 61, 64, 66-68, 71-72, 87, 89,91, 94, 101, 104, 126, 162, 178, 179,182, 211, 234, 243-244.

Vie/Existence : 15-19, 21, 23-25, 31, 35-36,52-53, 106, 129, 140, 160, 163, 165-166,172-178, 182-183, 189, 195, 202-205,207, 209-211, 217-219, 222, 233-236,246-247, 249, 251, 255, 260, 264, 300,307-309, 312, 314-317, 328-329, 331,334.

Violence : 71, 89-90, 98, 101, 103, 114, 191,206, 210, 314,

Voyage : 15, 17-23, 25-26, 29, 31-35, 37-38,40, 43-44, 47, 52-53, 71-75, 77-78, 80,82, 84-85, 87-89, 93-98, 101-102, 105,113, 117-118, 120, 132, 137, 141, 174-175, 184, 192-193, 218-219, 222-223,226-229, 231, 239, 243, 245, 249, 251,254, 262, 264, 303, 306-607, 323, 332.

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

Hans Sebald Beham, Allégorie de la Fortune, 1541 21Gustave Doré, illustration pour Sindbad le marin, 1865 32Gérard Philipe dans Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque, 1951 42

© Yves Mirkine / Collection MirkineAffiche du film de Terrence Malick, Le Nouveau Monde, 2005 50

© New Line Cinema / BBQ_DFY / AurimagesLe voyage d’Ulysse (itinéraire de Victor Bérard) 75

© Edigraphie

L’image du monde en Grèce archaïque 79© Alain Ballabriga, Les Fictions d’Homère : l’invention mythologique

et cosmographique dans l’Odyssée, PUF, 1998

Ulysse et les Sirènes, vers 480-470 av. J.-C. 81Edvard Munch, Le Cri, 1893 135The All Red Line, 1902 139John Everett Millais, L’Enfance de Raleigh, 1870 143Bruno Ganz dans Les Ailes du désir de Wim Wenders, 1987 190

© Road Movies Filmproduktion / Argos Films / BBQ_DFY / Aurimages

Celia Johnson et Trevor Howard dans Brève Rencontrede David Lean, 1945 194© Cineguild Production / BBQ_DFY / Aurimages

Rembrandt, La Ronde de nuit, 1642 196

No d’édition : L.01EHPN000800.N001Dépôt légal : mai 2017