Concours d’éloquence · d’intellectuels et travailleurs chiliens aux abois. Ils y ont souvent...
Transcript of Concours d’éloquence · d’intellectuels et travailleurs chiliens aux abois. Ils y ont souvent...
-
Concours d’éloquence
2018
Editions Dix décembre
-
2
-
3
Concours d’éloquence
2018
-
4
Édité par Patricio Garcia
Œuvrons pour l'égalité, la justice et la dignité humaine
Santiago de Chile
10 Décembre 2018
-
5
Concours d’éloquence
Chili - 2018
-
6
Éditions Dix décembre
2018
-
7
Soyons réalistes,
Exigeons l’impossible
Ernesto Che Guevara
-
8
INTRODUCTION
A l’origine était le verbe…
La francophonie a toujours eu une place très importante
dans la société chilienne comme chez les pays voisins où
la bonne société avait traditionnellement les yeux
tournés vers l’Europe et en particulier vers la France,
pays des Lumières, terre des arts et des lettres par
excellence.
Lors des heures sombres du Chili, la France a également
été une terre d’asile et un refuge pour bon nombre
d’intellectuels et travailleurs chiliens aux abois. Ils y ont
souvent écrit plusieurs chapitres de leurs vies, ont donné
naissance à d’autres, et bien souvent sont restés même
après le retour de la démocratie.
Aujourd’hui, la relation franco-chilienne prend d’autres
contours. Les arts et les lettres qui étaient l’apanage des
plus aisés s’ouvrent à des expressions plus populaires,
urbaines, notamment cinématographiques. Mais d’autres
domaines sont en pleine expansion et véhiculent une
exigence de compétitivité qui scié extrêmement bien aux
Etats-Unis et aux pays émergents pour ne citer qu’eux.
C’est le cas notamment des nouvelles technologies de
l’information et la communication ou encore les sciences
et vie de la terre et la défense des énergies propres,
l’environnement. La France en fait d’ailleurs un combat
et le Chili a les espaces et les ressources naturelles pour
exploiter tant les idéaux que les retours commerciaux
que ceux-ci peuvent générer. De nombreux accords
commerciaux mais également des partenariats de
recherche appliquée ont été signés, d’autres renforcés et
constituent désormais des lignes fortes de la coopération
-
9
bilatérale entre le Chili et la France. Une mutualisation
de ressources humaines, des échanges d’experts ou
encore des programmes de bourses de recherche
viennent appuyer ces accords.
Et la langue dans tout ça ?
Hélas, pas plus qu’ailleurs, au Chili la langue française
n’a été épargnée par ce raz-de-marée qu’a provoqué
l’installation de l’anglais dans le système éducatif et
dans tous les organes d’éducation et de communication.
Et le modèle économique ultra libéral qui opère depuis
un demi-siècle fait la part belle à l’anglais, y compris
dans le système éducatif. Au point que, depuis une
vingtaine d’années, parler d’enseignement d’une langue
étrangère à l’école c’est nécessairement parler de la
langue anglaise. Une dizaine de poches de résistance
persistent ; quelques établissements secondaires luttent
pour préserver le plurilinguisme dans leur grille de
curricula. Dès lors, le français arrive en tête de ces
enseignements plurilingues mais il reste généralement
cantonné au rang d’option facultative.
La formation des maîtres des universités a fini par céder
et seule l’université UMCE à Santiago dispose encore
d’une faculté de français où sont formés de futurs
enseignants de cette discipline.
Dans un tel contexte, a priori défavorable pour le
rayonnement de la langue française et des cultures
francophones, force est de constater pourtant que le
parler français jouit toujours d’une bonne et belle image
et que nombreux sont ceux qui souhaitent encore, à
travers le Chili, faire honneur à leurs racines, leur
histoire ou tout simplement leur goût pour cette langue
qu’ils ont apprise à l’école, dans le réseau des lycées
-
10
français par exemple, ou dans un centre culturel Institut
Français ou Alliance française, ou encore lors de l’exil
ou plus récemment lors d’un programme d’échange
universitaire ou professionnel.
Les événements promus par le service de coopération et
d’action culturelle de l’Ambassade de France au Chili et
l’engouement qu’ils suscitent en sont une preuve
évidente.
Mars, mois de la Francophonie.
Les célébrations de la francophonie à travers une riche
programmation culturelle coordonnée par le service de
coopération linguistique de l’Institut Français, en
partenariat avec douze représentations diplomatiques de
pays membres de l’Organisation internationale de la
francophonie, réunit chaque année un public friand de
cette diversité culturelle et linguistique.
Traditionnellement, depuis des années, un festival de
cinéma francophone est partie intégrante de la
programmation. Et depuis 2016, le service linguistique
que je dirigeais, s’est attaché à diversifier et enrichir la
programmation de ces célébrations pour atteindre un
public plus divers et faire rayonner ces cultures à travers
les différents quartiers de Santiago et d’autres grands
pôles urbains du pays.
C’est ainsi qu’en 2018 le nombre de pays francophones
associés à l’opération est passé de 11 à 13 avec
l’intégration du Liban et le retour du Vietnam. De
surcroit, la place publique a été investie avec notamment
la création d’une foire aux produits francophones sur un
carrefour stratégique du quartier d’affaire de
Providencia et un spectacle a été présenté dans un
théâtre du quartier populaire excentré de Quinta Normal
pour un public non habitué à ce type de célébrations.
-
11
Mais c’est précisément à travers cette quête de
diversification des publics et des espaces d’expression
qu’a commencé à germer le projet de concours
d’éloquence…
Un projet en amène un autre…
Fin 2017, l’équipe de coopération audiovisuelle et
l’équipe de coopération linguistique du SCAC1 se
réunissaient pour sélectionner deux films français devant
intégrer la programmation du festival de cinéma
francophone pour l’édition de mars 2018. Courtney
Geraghty, attachée culturelle de l’époque, suggérait le
remplacement d’un des films pré-sélectionnés par le
documentaire « A voix haute, la force de la parole » de
Stéphane de Freitas. Pour convaincre l’équipe
linguistique de la pertinence de ce choix, elle évoquait
d’une part les nombreux prix attribués à ce film lors de
différents festivals en 2017, et surtout la pertinence du
thème qu’il traitait pour l’inscrire dans un événement
ayant la langue française comme dénominateur commun
entre tous les partenaires de l’opération.
En effet, le film de De Freitas retrace l’expérience de
l’association Eloquentia dont il est aussi le directeur et
dont les actions consistent à créer des concours
d’éloquence et mettre en place des programmes de
formation pour préparer les candidats à l’art oratoire en
vue de leur participation audit concours.
Le concours d’éloquence est un exercice couramment
pratiqué dans les facultés de droit ou dans les grandes
écoles du type écoles de commerce ou sciences
politiques, ce qui lui confère souvent l’image d’un
exercice réservé aux élites.
1 SCAC : Service de Coopération et d’Action culturelle de l’Ambassade de France
-
12
La gageure de cette expérience est de l’avoir transposée
dans un contexte où on ne l’attend pas : la Seine Saint
Denis, banlieue parisienne défavorisée socialement. Le
pari d’Eloquentia est de prouver que « la parole est une
arme de combat »2 bien plus puissante que les points et
qu’elle n’est pas réservée à une élite. Encore faut-il se
donner les moyens de la pratiquer et d’en apprivoiser les
codes.
Le film retrace précisément cette expérience en suivant
une dizaine d’étudiants de l’Université de Saint Denis,
issus de la diversité culturelle française, et des
formateurs qui les ont accompagnés durant plusieurs
semaines en vue de leur participation au concours
Eloquentia.
Déjà, l’idée d’utiliser ce film comme un déclencheur
pour valoriser davantage encore la langue française, son
rayonnement par-delà les frontières des structures
éducatives ou des barrières sociales voyait le jour dans
notre remue-méninge de 2017. Il s’agissait de créer un
événement bien plus participatif ; que le public ne soit
pas simple spectateur mais qu’il devienne acteur de
l’événement. Nous imaginions immédiatement l’intérêt
du film comme point de départ d’un événement bien plus
ambitieux qu’une simple projection lors du festival de
cinéma francophone. Il pourrait être le déclencheur de
notre propre concours d’éloquence. Un défi grisant qui a
immédiatement remporté l’adhésion des deux équipes.
2 « La parole est une arme de combat » pour paraphraser le titre du livre de Bertrand Périer, avocat au barreau de Paris et un des protagonistes du film de Stéphane De Freitas: La parole est un sport de combat, édition JCLattès, 2017.
-
13
Mais il fallait lui réserver une place à lui dans l’agenda
2018 et le mois de mars se révélait d’emblée trop court
pour une telle ambition. Nous maintenions donc les deux
titres de films présélectionnés et reprendrions la
discussion autour de ce nouveau projet après les
célébrations du mois de mars car, en définitive, nous
étions tous d’accord pour défendre l’idée que la
francophonie devait être célébrée toute l’année.
L’ingénierie du projet
Une fois l’euphorie des premiers instants retombée, il
fallait définir les objectifs et les résultats attendus de ce
projet.
Il s’agissait, à partir du film de Stéphane de Freitas qui
servirait de déclencheur, de créer un concours
d’éloquence en français.
Le service linguistique avait pour objectif premier, à
partir d’une opération menée en collaboration avec le
service culturel, de montrer que la langue française était
encore bien vivante non seulement à Santiago mais à
travers tout le Chili et que la relation des chiliens avec la
langue française n’était pas de l’histoire ancienne.
Pour moi qui suis depuis des années passionnée par les
recherches et les pratiques autour de l’art oratoire et
l’oralité de la langue sous toutes ses formes, et qui ai
suivi le développement progressif et l’engouement
récent en France pour ce type de concours d’éloquence
dans différents milieux (scolaire, universitaire ou
associatif), je me réjouissais de pouvoir joindre ma
passion à ma mission en tant qu’attachée de coopération
linguistique au Chili. Il s’agissait donc de s’appuyer sur
le maillage national de notre réseau culturel et
linguistique : l’Institut français et le lycée Saint Exupéry
-
14
à Santiago, mais aussi les alliances françaises et les
lycées français en région3. Ceux-ci constitueraient un
point d’ancrage pour donner à l’événement une
légitimité et s’attacherait des partenariats culturels et
éducatifs locaux pour déployer le dispositif.
Ainsi, nous parlerions désormais de Concours national
d’Eloquence en français.
Ce projet reposerait sur deux axes :
- un axe artistique : le film et le débat d’idées - un axe linguistique : la formation de
formateur et la formation d’apprenants
avec d’une part la formation d’enseignants
aux techniques de l’art oratoire et d’autre
part -et par extension- le perfectionnement
d’apprenants de niveau B2+ à C1-C2 du
Cadre commun de Référence pour les
Langues.
Le dénominateur commun à ces deux axes serait le
rayonnement de la francophonie à travers tout le
territoire.
Début avril 2018, Courtney et moi avons donc esquissé
le projet et le champ de compétence de nos équipes
3 En région : les alliances françaises d’Antofagasta, de Concepción, Ile Pâques, Osorno, Valdivia et Valparaíso et les lycées français d’Alembert à Reñaca-Viña de Mar, Claude Gay à Osorno, Charles de Gaulle à Concepción et Jean Mermoz à Curicó.
-
15
respectives. Ceci devant permettre d’établir un budget et
un planning opérationnel.
Le service culturel, habitué à « créer l’événement » a
imaginé une opération qui permettrait de donner à la
projection du film un éclat spécial visant à réunir un
large public de cinéphiles, de francophiles, d’artistes
divers, mais aussi de curieux.
Il était donc décidé de financer la venue d’un des
protagonistes du film pour la projection de lancement à
Santiago.
Le profil de l’invité devant être artistique mais
souhaitant profiter de cette invitation pour organiser
également une opération au niveau linguistique, c’est
Loubaki Loussalat, poète slameur et formateur dans le
cadre du programme Eloquentia qui a été invité.
A la marge du projet concours, il a animé une soirée slam
à Santiago avec des artistes chiliens, haïtiens et
hispanophones ou francophones de toutes origines. Il a
également animé différents ateliers de composition
poétique avec des scolaires du réseau des lycées français
et Label France Education4 à travers le pays.
La projection du film à Santiago a, par ailleurs, été suivie
d’un débat avec la salle autour du thème de l’éloquence,
de ses enjeux dans un tel contexte et des perspectives
qu’il a fait naître. Une belle façon d’introduire le défi
d’un concours chilien d’éloquence en français et des
vocations à faire naître chez les futurs candidats.
Quant à la contribution de Loubaki Loussalat au titre de
l’axe linguistique, elle a consisté en un atelier de
formation de deux jours pour un groupe de 15
professeurs de français de ce même réseau
4 Lycée bilingue chilien La Girouette à Santiago.
-
16
d’établissements impliqués dans le projet à travers tout
le Chili :
- 5 professeurs de l’Institut Français du Chili - 4 professeurs du lycée Saint Exupéry de
Santiago
- 1 professeur du lycée Jean Mermoz de Curicó
- 5 professeurs du réseau Alliance Française
Dans un deuxième temps, ces professeurs ont assumé
des démultiplications dans leurs établissements et animé
des ateliers gratuits d’entraînement pour les candidats
inscrits au concours, au titre de la promotion de cet
événement.
La présence de Loubaki Loussalat et la qualité du film
ont largement contribué à faire de cette opération un
succès. Au point que le nombre d’inscrits, à travers tout
le pays a largement dépassé nos expectatives pour une
première édition puisqu’il a réuni plus de 120 inscrits au
total dont plus de la moitié sur la ville de Santiago où
une étape de pré-sélection a même été organisée pour
restreindre à 10 candidats maximum par ville pour
l’étape de demi-finale.
Avant même d’assister aux prestations, toute l’équipe
organisatrice et les partenaires se réjouissaient d’avoir
rempli l’objectif premier : réunir un maximum de
personnes, d’univers, d’âges, d’origines diverses à
travers tout le Chili pour mettre en avant l’expression
même de la francophonie dans le Chili d’aujourd’hui.
Les 120 candidats de niveau avancé de maîtrise du
français ayant participé à ce concours l’ont prouvé.
-
17
Qui dit concours dit prix…
… et qui dit prix, dit jury et sponsors. Et celui-ci a pu
compter sur le soutien de différents partenaires
institutionnels ainsi que sur la participation de plusieurs
personnalités du monde des arts et des lettres, français et
francophones, pour rester dans l’esprit même du
concours.
En effet, après avoir longuement débattu au sein du
comité de pilotage, il a été décidé de ne pas établir de
catégories par âges ou par nationalités, francophones
d’un côté et apprenants de l’autre, mais d’établir une
grille d’évaluation permettant de tenir compte des trois
champs de compétence qui font qu’un orateur est
éloquent ou ne l’est pas ; en raison d’une part de sa
maîtrise linguistique, d’autre part de son discours non
verbal et enfin de l’originalité avec laquelle il traite son
sujet.
Ce parti pris a fait que tous les candidats étaient logés à
la même enseigne puisque certains pouvaient mettre en
avant les qualités d’une compétence pour combler les
lacunes d’une autre.
Le jury, quant à lui, en fonction de son domaine
d’activité, se concentrait sur des critères d’évaluation
spécifiques tant au niveau des demi-finales régionales
que lors de la finale nationale à Santiago.
Les réserves de certains quant à l’établissement d’une
catégorie unique sont tombée immédiatement lorsque les
candidats se sont succédés sur scène.
A l’issue de cette première édition, nous pouvons
affirmer que ce qui a vraiment fait le succès de ce projet
c’est sa capacité à fédérer l’ensemble de la communauté
francophone et francophile, d’enseignants, d’apprenants,
de partenaires artistiques, philosophes, acteurs,
-
18
danseurs, poètes, chercheurs, étudiants, lycéens,
réceptionnistes d’hôtel, administratifs dans un service
linguistique et autres amoureux des mots mis en
mouvement.
Comment pourraient-ils se satisfaire d’une seule
édition ? La machine est lancée et fera des émules pour
les prochaines années c’est certain. Et nous ne serions
pas surpris d’apprendre que les pays voisins s’en
inspireront pour créer leur propre concours d’éloquence
en français. Mais le Chili pourra toujours revendiquer
l’exclusivité de cette première !
Bravo aux professeurs qui se sont impliqués avec
enthousiasme dans la formation puis les ateliers, aux
membres des jurys qui ont évalué avec bienveillance et
justesse, aux équipes des différents établissements
partenaires pour l’organisation, aux sponsors et aux
financeurs des prix alléchants et enfin aux candidats pour
leur verve, leur courage et le défi qu’ils se sont lancés à
eux-mêmes et qui a forcé l’admiration de tous.
Marie-Noëlle Rodriguez Attachée de coopération linguistique et éducative,
Directrice des cours de l’Institut Français du Chili de 2016 à 2018.
-
19
PROLOGUE
Concours d’éloquence au Chili
Mars 2018, je reçois un mail avec l’invitation et le
programme de la formation des professeurs de l’Institut
Français du Chili. Il y aura comme invité un jeune
professeur spécialiste en éloquence, Loubaki Loussalat.
Cet atelier d’un weekend sur l’art de l’oratoire a permis
aux enseignants de réviser les différents aspects du
discours en public : la rhétorique, l’expression des
émotions et les aspects non verbales de la
communication. Ces différentes activités ont réveillé
notre désir de perfectionner la capacité de
communication et de persuasion.
En voyant que l’expérience était très positive la
directrice des cours de l’institut Français (2018), Marie
Noelle Rodriguez, a donné suite à l’idée d’organiser un
Concours National d’Eloquence au Chili.
Le nombre d’inscrits à ce concours a été la première
grande surprise. Il a dépassé toutes les attentes. Les
francophones qui veulent participer au concours sont
nombreux dans tout le pays. Parmi les intéressés on
trouve : des français, des haïtiens, des canadiens, des
africains et des chiliens bien sûr.
Le groupe de 120 inscrits va devoir travailler sur les
sujets proposés : La vérité est-elle absolue ? ; Est-ce
qu’apprendre une nouvelle langue permet de nouvelles
pensées ? ; Le virtuel est-il la réalité de demain ? ;
-
20
Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ? ;
Une vie heureuse est-elle une vie de plaisir ?
Chaque région fera une présélection de candidats et la
final sera le 6 octobre 2018 à Santiago.
A l’institut Français du Chili, les candidats
présélectionnés auront trois ateliers de formation pour
préparer la présentation finale : la rhétorique, les
émotions et le langage non verbale feront partie de cette
formation.
Le jour de la finale arrive, l’amphithéâtre de la Fondation
Cultural de Providencia est complet. Le jury est prêt et
le public écoute en silence chacune des présentations.
Mais pourquoi faire un livre ?
Parce qu’il faut laisser une trace aux futurs participants
du concours d’éloquence.
Donc, pour préparer votre présentation voici des textes
que vous pourrez « mettre en voix ». Vous aurez
également une synthèse des trois volets de la formations
à l’éloquence organisé par L’institut Français du Chili.
Mais il n’y a pas que les textes écrits, vous trouverez
aussi dans ce livre de nombreux liens vers des vidéos où
vous pourrez voir la performance des différents
candidats.
Très bonne lecture !
Patricio Garcia
Enseignant IF
-
21
REMERCIEMENTS
A Fabiola Oyarzún et Marie Noelle Rodriguez.
Aux professeurs de l’Institut Français du Chili qui ont
participé avec enthousiasme.
A tous les candidats et candidates qui ont joué le jeu dans
l’art de la persuasion. Sans eux ce livre n’existerait pas.
A Elise Sgambati pour les belles photos et les vidéos.
A Safia Thari pour ses conseils.
Aux jurys du concours, y compris Jean Claude Reith.
Finalement, un grand merci à Loubaky qui a partagé
avec nous sa passion de l’art oratoire.
-
22
DISCOURS DE PRÉSELECTION
1 Beatriz Pereira Cuitiño
Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?
¿Qui n’a pas rêvé quelques instants de tout oublier, de
remonter dans le temps, de tout laisser derrière soi pour
repartir à zéro et devenir libres ? Dans nos moments de
souffrance et de désespoir, quand on ne voit pas la sortie
du tunnel, quand tout est naufrage, les nuits les plus
noires de l’âme. ¿Qui n’a jamais rêvé d’une deuxième
chance ? ¿FAUT IL DONC OUBLIER LE PASSÉ
POUR SE DONNER UN AVENIR ?
Je ne viens pas vous parler ici de ces petits oublis du
quotidien, pour lesquels on nous dit « Ne t’inquiètes pas,
tu dois oublier ! ça ne vaut pas la peine », ou bien
« tournons la page ça va passer ». Non.
Je viens vous parler de L’OUBLI DU PASSÉ : sujet des
écrivains, des poètes, des chanteurs, des philosophes, …
des psychanalystes… même des neurologues.
Nous pouvons fantasmer, à cause d’une grave difficulté
ou simplement pour jouer. Nous pouvons changer notre
personnage en laissant le passé derrière : c’est l’histoire
des émigrants, l’histoire de pays comme les Etats Unis,
l’Argentine, le rêve américain ! Nous pouvons changer
nos contextes, notre entourage, nos masques… mais
nous ne pouvons pas fuir... fuir de notre propre passé !
Certains disent que le temps aide à oublier. Je ne le crois
-
23
pas. Les billets du train de la mémoire sont toujours pour
un aller-retour5.
Oublier notre passé… à l’époque d’internet ? c’est plus
difficile que jamais ! Supprimer notre passé sur internet,
alors là… c’est une autre histoire.
En effet, dans quelques circonstances, l’oubli est vital
comme mécanisme de protection, il nous permet de
réprimer un souvenir, afin d’agir et de continuer la vie.
Cependant, cet oubli doit être passager, transitoire
éphémère. Dans le cas contraire, quand l’oubli du passé
est permanent, on la traite comme une maladie : il
s’appelle Amnésie. Et le problème avec l’amnésie, c’est
qu’elle n’efface pas que les mauvais épisodes… elle peut
aussi arracher l’essentiel de nos vies : notre identité.
JE NE CROIS PAS QUE L’OUBLI DU PASSÉ
PUISSE OFFRIR UN AVENIR. Je crois fermement au
pouvoir de la mémoire ! Le pouvoir des souvenirs… de
leur modification. N’est-ce pas extraordinaire que le
cerveau nous permette de reconstruire le passé ! Quand
je dis reconstruire, même si le passé est une succession
de faits bien sûr, c’est parce que le passé est une image
dans le cerveau, une idée, une émotion, Proust et sa
madeleine… une perception. Dans le but de modifier
cette perception, ce qui oblige parfois à s’allonger sur le
divan, il faut oser regarder le passé en face, se confronter
au passé ! Cette même confrontation est particulièrement
incorporée dans les cultures chinoise et aymara. Si je
vous demande de faire un geste pour situer le passé, où
se trouve-t-il pour vous ? ... la plupart répondront
derrière nous ; et l’avenir alors ? devant. Cette
métaphore spatiale du temps qui décrit l’avenir devant
5 Phrase traduit de la chanson Aquellas pequeñas cosas, Joan Manuel Serrat: “Pero su tren, vendió boleto de ida y vuelta”.
-
24
nous et le passé derrière, nous semble évidente.
Toutefois, si vous étiez des chinois ou des aymaras, vous
indiqueriez le passé devant vous, parce qu’on le connaît,
on peut le voir, il est devant nos yeux, alors il est possible
de l’affronter. De la même façon, l’avenir serait
logiquement derrière nous car il est encore inconnu,
inexploré et mystérieux6.
Le passé ne nous condamne pas ! Bien au contraire, il
nous aide à apprendre !
N’oublions pas ces régimes totalitaire d’hier et
d’aujourd’hui qui cherchent à effacer la mémoire de leur
peuple : en transformant l’histoire, en annulant les
évènements qu’ils désirent occulter, en supprimant les
traces du passé pour faire table rase. Face à cela, il faut
lutter ! Lutter afin de maintenir la mémoire vivace pour
les générations actuelles et celles du futur !
En définitive, je préfère affronter à fuir, découvrir à
réprimer, savoir à oublier7. Pour se forger un nouvel
avenir, il faut que la mémoire demeure. Le « verbe
avenir » peut aussi se conjuguer au passé.
6 Idée apportée par Pizarro, L. et al. (2018), dans une conversation à la Cafétéria Nicolas. Merci Luis !! (et « xiè xiè » Solange !) pour cette information sur la culture chinoise. 7 Source d’inspiration : chanson Cada loco con su tema, Joan Manuel Serrat.
-
25
2 Victor Lagos
Est-ce qu’apprendre une nouvelle langue permet-il
des nouvelles pensées ?
Bonsoir ! Mesdames et messieurs.
C’est un honneur d’être ici devant vous tous.
Dans quelques instants, je vous communiquerai mon
discours télépathiquement. Soyez prêts ! C’est parti !
Alors, si vous n’avez rien entendu… c’est normal. Je
n’ai pas de pouvoirs surnaturels. Ah, vous avez entendu
? Pensez à voir un médecin.
Ce serait génial de communiquer avec de la télépathie.
Et peut-être qu’un jour on atteindra une technologie
suffisamment perfectionnée pour le faire. Mais si pour
l’instant on n’a pas la faculté d’établir une
communication extra sensorielle, il existe un moyen
presque autant efficace pour accéder à de nouvelles
idées, perspectives et images. Mesdames et messieurs, je
ne suis pas ici pour faire l’apologie de drogues... Mais
avant que vous sortiez de la salle, monsieur, laissez-moi
vous parler d’un sujet encore plus intéressant :
l’apprentissage des langues.
De même que la télépathie, mais de manière tout à fait
naturelle, les langues permettent de communiquer
verbalement et non verbalement aussi. Effectivement,
une nouvelle langue permet des nouvelles pensées parce
qu’elle vous donne accès à celles des gens d’ailleurs.
-
26
On est souvent très immergé dans notre propre langue et
nous sommes habitués à des phrases déjà formées.
Comme résultat, nous nous enfermons dans une sorte de
prison idiomatique formée par des lieux communs.
Parfois, dans notre communication quotidienne, le
chemin à suivre pour bien s’exprimer a déjà été tracé par
les autres. Ainsi, des lignes directrices existent pour bien
agir dans un contexte déterminé. Par exemple, avez-vous
remarqué comment on utilise souvent les mêmes
formules au moment de finir une relation amoureuse ? Je
suis désolé, c’est plus possible entre nous ! C’est fini !
Ce n’est pas toi…Scarlett Johansson, mais c’est moi.
Cependant, une langue étrangère peut vous amener à
découvrir des autres solutions aux mêmes problèmes car
ces solutions ont été conçues à partir de contextes
différents. Cela peut aider à rafraîchir votre pensée en
ajoutant des nouvelles idées. C’est comme d’habiter
deux planètes à la fois, ayant la possibilité d’alterner
votre point de vue entre l’un et l’autre.
Pourtant… Est-ce que cela vaut la peine d’aller dans une
autre planète juste pour traduire quelque chose ?
D’autant plus avec l’existence d’Internet. C’est certain,
une traduction en ligne est loin d’être parfaite, mais ça
peut suffire.
Scarlett, tu sais, on ne peut pas continuer. Je ne suis pas
trop Hollywood, je ne suis pas une superstar et chaque
fois qu’on est avec tes amis fameux je sens que je montre
la charpie… Je sens que je montre la charpie… Tu
comprends ? Vous voyez ? Elle n’a pas compris ! C’est
parce que je viens d’utiliser une traduction littérale de
l’expression chilienne : “mostrar la hilacha”. Vous
-
27
connaissez ? Cela veut dire quelque chose comment
“montrer qui l’on est vraiment à partir d’un petit détail”.
Au lieu de dire “montrer la charpie”, on dirait plus
quelque chose comme “se dévoiler”. Voilà, c’est ça.
Scarlett, je ne veux pas me dévoiler devant tes amis
célébrités. Je ne suis pas comme toi, il ne faut pas
demander des poires à l’orme… Demander des poires à
l’orme. No hay que pedirle peras al olmo. Je veux dire
demander l’impossible. Connaissez-vous l’expression
française pour dire cela ? Ah, merci ! Scarlett, je ne suis
pas toi, ne me demande pas la lune.
Je vous jure, les médias vont me laisser comme gilet de
singe… Comme gilet de singe... La presse va me
torpiller, c’est ça !
On vient de constater, avec ces petits exemples,
comment les traductions littérales manquent quelque
chose d’essentiel dans l’apprentissage des langues. Vous
voyez, avec une traduction pareille il y a toujours des
nuances qui peuvent vous échapper. Ce n’est pas
seulement la langue qu’on apprend, mais c’est aussi une
nouvelle pensée : une façon de voir les choses autrement
dans nos vies. Ce n’est pas réellement que la
linguistique, mais tout ce qui est autour d’elle. Google
Translate est bien comme outil, mais il ne vous
apprendra pas une culture !
Évidemment, il n’est pas nécessaire d’apprendre une
langue pour repenser une idée. On peut bien réfléchir et
trouver des alternatives dans la communication, sans
besoin de faire appel à une langue étrangère. Mais en
apprendre une nouvelle c’est toujours un bon exercice,
en tant qu’il vous impose de tout recommencer.
-
28
En effet, incorporer une deuxième langue c’est un peu
comme d’apprendre à parler pour la première fois : une
véritable épreuve pour nos capacités. Chaque fois que
vous êtes confrontés à une barrière idiomatique, vous
avez une opportunité de sortir de votre zone de confort
et déplacer les limites de votre connaissance un peu plus
loin. Si vous vous trompez, comme sûrement je l’ai fait,
c’est parce que vous êtes en train d’apprendre et d’avoir
de nouvelles pensées.
Aujourd’hui, j’ai voulu vous transmettre les miennes
dans une langue que je suis moi-même en train
d’apprendre. Ça a marché ?
-
29
3 Macarena Imas
Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?
Bonjour à tous, mesdames, messieurs.
Parfois, il est nécessaire d’arrêter le temps et tourner
notre regard vers le passé afin de comprendre
Qui sommes-nous ? Que faisons-nous ? Où allons-nous
dans cette vie ? Certainement plus d’une fois ces
questions ont résonné dans vos têtes, vous tourmentant
chaque fois que vous avez essayé d’y répondre. Ne vous
inquiétez pas ! Vous n’êtes pas les seuls à ne pas y
trouver des réponses claires. Mais pour vous réconforter,
il y a une seule chose qui est certaine, juste une chose
que l’on pourrait tous affirmer et qui nous aiderait à les
déchiffrer : Ce qui s’est déjà passé, c’est-à-dire, notre
passé. Oui parce que c’est la seule base solide, réelle et
ineffaçable de notre vie, à partir de laquelle on peut
envisager le lendemain. Notre passé est comme un
passeport, il contient toute l’information sur nous. C’est
celui qui a notre identité, nos racines et notre parcours
tout au long des années. C’est donc notre carte de
présentation au monde ! Le répertoire de tout ce que l’on
vit jour après jour. Grâce à nos expériences vécues alors,
à nos victoires et à nos échecs, qui sont influencés par un
contexte et des circonstances, on peut planifier et
organiser notre vie.
Les années nous donnent ainsi la possibilité de changer,
de choisir, de s’améliorer, et de progresser en tout aspect
afin de projeter et de construire le chemin que l’on veut.
La mémoire est notre trésor le plus précieux, elle permet
de nous rappeler nos expériences les plus sublimes,
celles qui arrivent à nous toucher jusqu’à nos plus
profondes fibres. Donc on est capables de les retenir
-
30
parce qu’elles nous ont touché d’une certaine manière.
Notre mémoire en conséquence ne consiste pas à tout
retenir du passé mais à en sélectionner certains passages,
les plus ineffables la plupart du temps, car ce sont eux
qui nourrissent notre âme et on peut ainsi les revivre
chaque fois que l’on veut, comme si c’était la première
fois...Qu’il est formidable de pouvoir faire un retour en
arrière.
Mais, il est vrai aussi que parfois, on voudrait oublier
quelques chapitres amers, déchirer quelques pages et les
jeter à la poubelle parce qu’elles provoquent en nous de
la tristesse, de l’angoisse, ou de la haine… nous incitant
même des fois à vouloir recommencer à zéro. Mais, la
vie est comme ça, elle est intense, c’est une foule
d’émotions et de sentiments ! Une montagne russe qui
nous emmène des fois très en haut, et d’autres fois très
en bas! Il faut donc apprendre à vivre avec elles et
savourer et jouir chaque instant jusqu’au maximum,
sachant toujours que chaque expérience vécue, plaisante
ou malheureuse nous apprend quelque Chose et nous sert
à avancer.
Serait-ce possible alors d’évoluer si on recommençait à
zéro ? Sans avoir essayé auparavant on ne pourrait pas
prévoir certaines situations et nos actions et décisions
seraient seulement prises par hasard sans aucune chance
de savoir quel serait le résultat, en répétant nos erreurs à
chaque instant. C’est pourquoi tout apprentissage acquis
au passé, est un instrument qui nous sert à forger notre
avenir, à cause de la répercussion qu’il a dans notre vie.
Pensez à quelque chose de très simple. Que se passerait-
il si on oublie que le feu brûle ? Probablement on se ferait
du mal à chaque instant, n’est-ce pas ? Ou pourquoi la
douleur existe-t-elle ? Cette expérience sensorielle et
émotionnelle est désagréable à cause d’une raison, c’est
-
31
une alerte de notre corps que quelque chose ne va pas.
Elle nous sert donc à ne pas vouloir répéter une action et
à faire attention la prochaine fois puisque l’on connait
déjà la conséquence.
Primitivement alors, ce que nous avons appris au passé
nous a servi même à préserver notre espèce. Et dans un
autre domaine, celui la psychanalyse, étudier les
processus mentales grâce à nos expériences vécues, nos
a aidé à remonter aux périodes les plus primitives de
notre vie et ainsi pouvoir accéder à une meilleure
connaissance de nous-mêmes, pouvant mieux
comprendre notre manière d’être et la façon de nous
comporter avec les autres.
Le passé est tout le temps autour de nous, sans qu’on se
rende compte, il est le grand observateur de notre vie,
celui qui connaît tout sur nous, comme un auteur qui sait
tout sur ses personnages. Il connaît chaque larme, rire,
chagrin et espoir qui habite notre intérieur et ne nous
juge jamais. Il est le grand gardien de nos secrets, mais
le plus important, il ne nous oublie jamais. Comment
pourrions-nous l’oublier alors ? Le passé nous
accompagne toujours et sa connaissance nous permet
d’éclairer notre présent afin d’être plus savant pour
aborder la vie. C’est la lumière qui nous guide chaque
fois que l’on donne un pas pour continuer ainsi notre
chemin avec plus de certitude et conviction.
Il y a des historiens qui distinguent deux genres de
temps. Le temps court qui est celui qui concerne les
circonstances politiques et les crises de toute nature et le
temps long qui englobe les phénomènes religieux,
culturels, sociaux et économiques, qui sont ceux qui se
déroulent jusqu’à nos jours. L’histoire est alors une
source inépuisable. Et Grâce à elle on peut interpréter le
passé, et éclairer utilement pour identifier et comprendre
-
32
les contextes et causes des évènements ainsi que les
enjeux des mutations sociétales actuelles.
Le désir de tout savoir, de comprendre ce qui nous
entoure et de vouloir créer de nouvelles choses, fait
partie de l’essence de l’être humain. On est enveloppées
par des connaissances ancestrales qui sont la base des
recherches et découvertes actuelles. On doit juste ouvrir
les yeux et observer le grand héritage qui nous a laissé le
passé, reflété en chaque création. Tels comme les
anciennes constructions avec une architecture
incroyable, les grandes œuvres de la peinture et de la
musique, la technologie, créée à partir des besoins, les
grandes recherches de la médecine qui ont fait possible
trouver la cure à des maladies mortelles a l’époque, La
connaissance de la terre et de notre environnement, et
ainsi de nombreux autres domaines qui prouvent la
richesse du passé et l’importance et influence qu’il a sur
nous pour évoluer.
Ici, dans cet auditoire, chacun de nous est un apport à la
société. Chacun de nous apprend, crée et améliore
quelque chose de nouveau. C’est de cette façon, qu’on
fait tous partie de cette machine qui s’appelle évolution.
Donc en définitive connaitre notre passé est impératif
pour avancer. C’est à l’histoire qu’on doit le savoir, elle
nous raconte et nous apprend comment affronter le
présent. C’est un livre ouvert qu’on relit tout le temps.
L’histoire est mémoire et la mémoire est présente dans
tout processus social, psychologique et émotionnelle.
Notre culture est mémoire, l’art est mémoire, notre ADN
est mémoire. Ainsi le passé nous crée, nous forme et
nous structure dans tous les domaines pour construire
ainsi un futur meilleur. Il est origine, vérité,
apprentissage, il est la vie.
-
33
"Un beau soir l'avenir s’appelle le passé. C'est alors
qu'on se tourne et qu'on voit sa jeunesse."
Louis Aragon
-
34
4 Dali Smague
Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?
Grand-mère est morte.
Le mois passé, grand-mère est morte.
Je ne sais plus trop si elle avait le cancer du poumon, du
foie ou un autre ?
Certes elle en fumait la vieille… avant elle-même de
partir en fumée.
Du lever au coucher du soleil, elle fumait.
Elle fumait tellement qu’elle enfumait la maison.
Je ne me souviens plus, non plus, si elle avait 80 ? ou
90 ?
Vous savez bien, dès que la peau se détend, que les os
pointent au travers, que les rides tracent creusent leurs
sillons en tous sens…
C’était plutôt 100.
Cent ans d’une vie passée sans rien devenir qu’une
grand-mère aujourd’hui oubliée.
Car, s’il est une chose dont je me souviens, et j’ai tardé
à le comprendre, à l’accepter… parce que c’est triste,
cruel et pénible à la fois, ça a été de voir l’entourage de
grand-mère : (frères, sœurs, oncles, tantes, neveux,
nièces et même ses amis), s’effacer… s’en éloigner, s’en
écarter.
-
35
S’en écarter, vous savez bien, comme quelque chose de
nuisible, de mauvais, de malsain, quelque chose qui vous
colle aux doigts,
doigts que l’on secoue pour vite, vite s’en défaire de
cette chose embarrassante, contraignante… de ce corps
dont on veut vite, encore plus vite ne plus voir, ne plus
entendre, ne plus écouter.
« Grâce à Dieu », comme elle disait grand-mère,
D’où elle est, elle ne peut plus s’en rendre compte…
heureusement.
« Bien heureux les simples d’esprit et innocents »,
affirme le dicton populaire.
Cette phrase pouvait s’adresser à grand-mère
tellement à la fin, Alzheimer,
et c’était le seul,
qui l’accompagnait dans son quotidien. …
Ce dont je me souviens également, c’est,
la première histoire qu’elle m’ait racontée : lorsqu’elle a
rencontré mon grand-père.
Classique histoire d’amour, penserez-vous ?
Oui ! Ou plutôt… oui et non…
Oui ! parce qu’il s’agissait d’un coup de foudre…
et non, parce que tous les deux… Ils étaient, paralysés,
transis, gelés … alors, il leur a fallu quelques verres …
quelques verres pour la rompre la glace.
Quand il y a l’angoisse... Personne ne s’embrasse,
personne ne s’enlace... personne ne s’en lasse.
-
36
Résultats du va-et-vient, si je peux dire,
4 enfants : 3 filles, 1 garçon.
Aujourd’hui, elle n’est plus là. Son corps est parti en
fumée,
Son corps, mais pas son souvenir, ni ses histoires de
jeunesses, ni son regard, encore moins son sourire.
En parlant de sourires,
Ce mot… sourires est quelquefois synonyme d’amour,
n’est ce pas ?
L’amour, celui que l’on vit, que l’on nous offre, que l’on
donne en retour,
l’amour depuis notre enfance ne fait-il pas partie
intégrante
de la construction de notre avenir ?
Ce sentiment, d’amour à répartir, intégrer dans le sein
des 4 grands groupes de sentiments que sont… la Joie,
la Tristesse, la Peur la Colère.
La vie est jalonnée de ces sentiments.
Plus vite nous comprenons que la fusion de ces
sentiments, est nécessaire, plus vite nous traçons vers
notre avenir
Mais de quel avenir parlons-nous ?
La vie est aussi originale que complexe.
-
37
D’abord comme bébé, puis enfant et adolescent… pour
parler de notre passé récent, nous allons de surprises en
surprises…
…
Des joies multiples aux peurs diverses et variées, à
l’anxiété la tristesse, la colère, l’extase en découvrant
sciemment notre cher Père Noël ;
Bien évidemment que non, nous ne pouvons jamais
oublier.
Ce sont toutes ces émotions vécues qui forgent au
quotidien notre avenir.
Les échecs subis, les crises douloureuses, les drames
traversés, les horreurs, parfois insurmontables, vécues
ou observées, tous les moments d’une vie passés nous
façonnent, nous modèlent, et font ce que nous sommes
aujourd’hui, et ce que nous serons demain.
Cet amour, que tellement de fictions, de livres, de
poèmes nous montrent comme indispensable…
L’histoire du Prince charmant, quelques uns la voit
comme une sorte de fragment indispensable de
l’adolescence qui nous ferait mûrir et grandir
émotionnellement… L’histoire du Prince charmant ?
Merci !, les femmes ont déjà tellement donné.
Et les guerres, les révoltes, les catastrophes laissant en
chemin, pères, mères, enfants .… ?
Lorsque vous entendez : “Charlie Hebdo”, vous avez
envie d’oublier ?
Comment parler d’un avenir à celles et ceux qui ont été
meurtris dans leurs chairs, les mêmes qui ont tant perdu.
Oublier le sang versé ? Les cris qui n’ont pas été
écoutés ? Les larmes de peur... les larmes de peine, celles
de la souffrance ?
-
38
Souvent , j’ai demandé à ma mère si elle se souvenait ce
qu’elle faisait le 11 septembre 1973 …
Elle m’a toujours répondu que non, elle pense qu’elle
devait jouer tranquillement avec ses poupées, et dans la
maison, il n’y avait pas de télé.
En revanche, souriante, elle dévie et me parle sans
retenue lorsqu’elle a dû choisir entre le OUI et le NON !
La période vécue a conditionné son avenir.
L’histoire d’un pays, son passé, sa politique et ses effets
marquent les personnes quelle que soit leur classe
sociale.
Elle les rend confiants, courageux, décidés ou bien
craintifs, anxieux, combatifs, parfois même désespérés.
Que serait la France d’aujourd’hui sans mai 68 ou
l’Allemagne sans l’abolition du mur de Berlin ?
Imaginons durant quelques secondes comment serait le
futur si nous éliminions toutes les références
historiques : plus de livres d’histoires,
plus de témoignages des guerres, des atrocités, des
vilenies commises.
Le philosophe pose cette question réponse :
Quand pourrons-nous envisager un avenir décent ?
Quand les hommes seront capables de vivre sans
renouveler les erreurs du passé !
Et en parlant de nos premières réussites… de nos
histoires amoureuses, de nos succès professionnels ou
académiques, ou même, de nos petites grandes affaires
-
39
intimes… Pensez-vous, que les oublier nous aiderait à
ne pas commettre les mêmes erreurs ?
Sans doute, et vous serez bien d’accord avec moi, même
si NOUS n’en PARLONS que très peu, ne jamais
oublier nos expériences de vie nous permet d’affiner
notre propre connaissance de nous mêmes… perception,
que lamentablement, nous laissons très souvent de
côté…
Alors, il ne faut, du moins pour ma part, jamais oublier
le passé.
À la différence de tel ou tel président, lequel, ou lesquels
souhaiteraient probablement qu’on oublie le leur....
Du passé surgissent nos empreintes, notre sillon que
nous avons tracé avec nos erreurs, nos luttes, nos
victoires, nos fortunes diverses, nos joies, notre
expérience… tout cela se résume en deux mots, notre
histoire, celle qui nous détermine. Alors, pour tout cela,
je fais mienne cette devise, de ne jamais, JAMAIS
OUBLIER LE PASSÉ.
-
40
5 Richardson Charles Alida
Une vie heureuse est-elle une vie de plaisir ?
Jean de la Fontaine est un poète français de grande
renommée principalement pour ses fables et dans une
moindre mesure pour ses contes que j'ai choisi
d'illustrer mon sujet :
"La cigale ayant chanté
tout l'été
Se trouva fort dépourvue
Quand l'hiver fût venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine.
La priant de lui prêter
Quelques grains pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'Oût, foi d'animal,
Intérêt et principal.
La Fourmi n'est pas prêteuse,
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud?
Dit-elle à cette emprunteuse.
-Nuit et jour, à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
-Vous chantiez, j'en suis fort aise.
Eh bien! Dansez maintenant."
-
41
Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, une vie
heureuse est-elle une vie de plaisir ?
Dans une vision commune du bonheur synonyme de
plaisir en harmonie et en accord avec la pertinence de la
thèse hédoniste, ses limites et les fins qui peuvent être
celles de notre existence, voici quelques anecdotes qui
se sont déroulées dans ma vie. Celles-ci démontreront si
une vie heureuse est une vie de plaisir.
Acteur et poète, j'ai pratiqué un stage de montage,
d'édition et de vidéo en 2011 à Port-au-Prince, la capitale
d'Haïti qui fût la première république noire du monde.
Dans la ville de Dessalines, un poste de directeur culturel
de la Mairie me fût attribué en 2012. Candidat
malheureux au poste de délégué dans les quartiers
prioritaires de la politique de la ville, aux dernières
élections locales en janvier 2017, j'ai renoncé afin de
pouvoir approfondir mes connaissances dans la
production artistique et littéraire.
En effet, mon choix comme pays d'accueil fût le Chili.
Peu de temps après mon arrivée, j'étais le premier haïtien
à obtenir le premier prix littéraire au pays de Pablo et
Mistral. Je ressens depuis une joie immense dans mon
cœur.
J'ai dû renoncer à une vie de dur labeur au restaurant
Sodexo d'où le rôle de multi-activités d'homme à tout
faire que j'ai toujours assumé, malgré une énumération
moindre puisqu'il n'y a pas de sot métier. Cependant mon
objectif est de devenir acteur, écrivain, professeur de
cours de langue de créole haïtien dispensés dans le cadre
-
42
d'un soutien aux chiliens. J'ai donc fait le choix de quitter
ce poste qui ne correspondait pas à mes attentes.
À partir de ce moment-là, je suis publié au journal
national du Chili, El Mercurio. Ensuite Canal 13
m'accorde une interview en exclusivité, suite à la lettre
ouverte que j'ai adressé à monsieur le directeur, pour la
diffusion d'images négatives sur Haïti. J'ai également
enseigné dans cet article de journal une partie de la
culture haïtienne qui nait de la rencontre de plusieurs
civilisations. De surcroit j'ai été auditionné par deux
professionnels chiliens de la musique dans le cadre de la
présentation d'une œuvre théâtrale, musicale et poétique
basée sur l'immigration. Cela m'a permis d'acquérir le
titre d'acteur titulaire d'une tournée artistique au Chili.
Cette grande virée artistique et touristique m'a permis de
découvrir le désert d'Atacama, le plus aride du monde,
qui attire plus d'aventuriers chaque année. J'ai pu
contempler la beauté du paysage, le spectacle de la voie
lactée dans la nuit. J'étais en extase ! J'ai exploré la vallée
de la lune, la vallée de la mort, le désert du sel et autres
sites, merveilles de la nature chilienne.
J'ai gagné le premier prix du concours de contes organisé
par la municipalité de Lo Prado autour du thème :
“Paternité active". J'ai été heureux d'avoir satisfait
quelques rêves et désirs durant l'été.
Mais le désir ne devient-il pas sourcé de frustration ? La
recherche du plaisir ne risque-t-elle pas de transformer
en souffrance ? Le plaisir peut être source de malheur.
Seul durant l'hiver, loin de ma terre natale, l'absence de
mes enfants adorés, de ma mère, de mes tendres amours
-
43
qui ont illuminé ma vie, chaque nuit ont trempé de mes
larmes mon lit. Père de famille responsable, je deviens
un vieillard de 31 ans. Mes douces boissons ont été
mêlées de fiel.
La solitude et le vide parfois ont construit leur demeure
au fond de mon être. Je n'ai pas eu recours aux
stupéfiants ou à l'alcool en vue d'atteindre ce que j'ai
oublié de mettre en faisant le plan de ma vie. La vie
heureuse suppose d'autres objectifs.
Nous pouvons élargir notre réflexion, suggérer que la vie
heureuse soit tournée vers la contemplation, on retrouve
en effet cette idée chez Platon pour qui "Vivre" signifie
"Apprendre à mourir et à se détacher de la réalité
empirique afin de s'élever à l'idée en soi des choses.
Ainsi, l'homme étant un être complexe, doté d'un corps
et d'une âme, de raison et de désir, ne peut se contenter
de plaisir, ni s'en priver totalement.
Je vous remercie de votre attention!
-
44
FORMATION
Atelier du samedi 11 août 2018
Prof. Manuelle Camelin
PRÉPARATION AU CONCOURS D’ÉLOQUENCE-
SÉANCE N°1 :
LA RETHORIQUE
POWER POINT sur la RÉTHORIQUE
Diapo 1 : Introduction au concours
Diapo 2 : Différence rhétorique / éloquence ?
Diapo 3 : Petit historique
Diapo 4 : La rhétorique, aujourd’hui ?
Diapo 5 : Les 5 opérations rhétoriques : d6 Inventio, d7
Dispositio, d8 Elocutio, d9 Actio, d10 Memoria
Diapo 11 : Développement du dispositio : 1. L’exorde
Diapo 12 : 2. La Narration
Diapo 13 : 3. La Confirmation
Diapo 14 : 4. La Réfutation
Diapo 15 : 5. La Péroraison
Diapo 16 : Dessin humoristique
Diapo 17 : Diplômes fictifs
-
45
ACTIVITÉS :
Activité 1 : Tour du monde des présentations
Activité 2 : Réflexion collective autour de la question.
Activité 3 : Recherche d’arguments par sous-groupes.
Activité 4 : Ping-pong d’arguments.
Activités supplémentaires : Tout au long du power point,
visionnement de différentes vidéos, commentaires,
analyses.
APPUI POUR PRÉSENTER LE POWERPOINT
INTRODUCTION
Bienvenue !
Questions sur leur connaissance du concours -
Présentation des bases du concours. (À faire avant ou
après l’activité 1).
Activité 1 : Tour du monde des présentations.
Prof : commentaires généraux sur attitude physique,
présence, regard, voix, …
Conseils : dédramatiser / pas de piège / compter sur la
bienveillance du public/ prendre du plaisir à “porter” le
texte.
Diapo 1 : Redonner sa place à l’oral
Texte d’appui : http://theconversation.com/savoir-persuader-les-concours-deloquence-dans-lenseignement-superieur-francais-
73658 “Pourquoi cet engouement pour l’art oratoire et les
concours d’éloquence ? La réponse tient à un constat
simple : l’enseignement est, en France, centré autour de
l’écrit. La part de l’oral est réduite au minimum,
-
46
l’important étant de savoir exposer ses idées… sur le
papier, dans le cadre très formel de la dissertation. Ce
qui est avant tout évalué dans cet exercice roi de
l’enseignement, c’est la capacité à argumenter, à
organiser sa pensée… mais en aucun cas l’aptitude à
parler.
Or, être maître dans l’art de la dissertation ne signifie pas
être un orateur hors pair, loin s’en faut, et les étudiants
ne s’en rendent que trop compte. Ce n’est pas parce que
vous savez écrire que vous allez savoir persuader un
employeur potentiel de votre valeur, convaincre votre
responsable du bien-fondé de votre décision ou tout
simplement défendre vos idées dans une discussion entre
amis. Au-delà du raisonnement et de l’argumentation, la
persuasion exige un discours incarné par un orateur et
tourné vers un auditoire.
C’est pour combler ce manque et répondre à cet enjeu
que se développent dans les universités et les grandes
écoles françaises des formations à l’art oratoire et des
concours d’éloquence. À Sorbonne universités, par
exemple, le concours « Fleurs d’éloquence » est précédé
d’une formation assurée tant par des universitaires
spécialistes du discours que par des professionnels de la
parole (avocats, comédiens), qui exposent aux étudiants
les préceptes et les techniques d’un art vieux de
2 500 ans : la rhétorique, ou « l’art de persuader ».”
Diapo 2 : Différence entre éloquence et rhétorique ?
Activité 2 : Réflexion collective autour de la question
posée.
http://www.fleursdeloquence.com/
-
47
Possibles réponses :
ELOQUENCE :
Art de bien parler, de persuader par la parole, maitriser
la rhétorique.
RHÉTORIQUE :
Technique oratoire, outil de l’éloquence, discipline que
prépare à l’art de l’éloquence.
Technique applicable à tous les domaines lorsqu’il s’agit
de persuader.
Elle se situe au cœur de la formation du citoyen romain.
La Rhétorique mobilise :
- l’expressivité
- l’art de persuader
- capacité à transmettre
Diapo 3 : Petit historique de la rhétorique
Pendant des siècles la rhétorique a été au cœur de
l'enseignement, comme mode d'apprentissage de
l'écriture et du discours persuasif, mais aussi comme
outil d'analyse des discours des autres.
Origine : Vº siècle avant JC, en Sicile.
Corax : première définition (= « ouvrière de la
persuasion ») – née à partir d’un litige entre tyran qui se
serait approprié les terres des populations locales –
naissance de la rhétorique dans le but de défendre la
cause des plaideurs, défendre leurs titres de propriété.
”La Rhétorique”, traité fondateur d’Aristote.
Fondement de la culture classique qui fait du discours
son objet.
Art de penser et art de dire des orateurs.
-
48
La rhétorique, un des piliers de l’éducation dans le
monde gréco-romain.
Cet enseignement pénètre à Athènes est alors en plein
épanouissement démocratique ; l'assemblée du peuple et
le conseil sont des lieux de débat où la parole joue un
rôle essentiel.
Plus d’infos :
La rhétorique est l’un des trois legs de la culture grecque
avec l’Art et la Philosophie. La rhétorique a été
systématisée et théorisée par Cicéron, grand orateur
romain. Avec lui la rhétorique est devenue une véritable
science du langage.
Protagoras est l'initiateur du mouvement sophistique ; il
inaugure les leçons publiques payées, et souhaite par son
enseignement former les futurs citoyens d'Athènes
sur n'importe quelle question, on peut soutenir deux
thèses opposées.
Sa mauvaise réputation… :
Platon : dans “Gorgias”, il définit la rhétorique comme
un art élaboré de mensonges.
Pour lui, il existe un besoin de penser nos rapports avec
l’éthique, avec la vérité. Un bon orateur doit être une
personne de bien.
La véritable éloquence doit être basée sur une conscience
morale.
Diapo 4 : La Rhétorique aujourd’hui
La place de la parole dans nos vies ?
Activité 3 : réflexion collective à partir de cette question.
Le mot rhétorique, aujourd’hui encore, n’a pas toujours
bonne réputation :
http://www.cnrtl.fr/definition/rh%C3%A9torique :
http://www.cnrtl.fr/definition/rh%C3%A9torique
-
49
Péj. Ensemble de procédés d'éloquence apprêtés,
déclamatoires et pompeux. Faire de la rhétorique. Notre
excellent Norpois a beau écrire (en sortant un des
accessoires de rhétorique qui lui sont aussi chers que «
l'aube de la victoire » et le « Général Hiver »): «
Maintenant que l'Allemagne a voulu la guerre, les dés en
sont jetés », la vérité c'est que chaque matin on déclare
à nouveau la guerre (Proust, Temps retr., 1922, p.
796).Arsène commença de soupçonner que pour son
confesseur, l'expression de « Créature infernale » était
de pure rhétorique (Aymé, Vouivre, 1943, p. 51).
− [En parlant d'un écrivain] Style pompeux et
artificiel. Le vrai talent littéraire, c'est d'écrire des livres
comme on écrit des lettres, absolument. Tout ce qui n'est
pas cela n'est que pathos, pose, rhétorique,
enflure (Léautaud, Journal littér., 1, 1906, p. 249).Je ne
puis plus croire une seule des paroles que vous avez
écrites. Votre œuvre n'est que rhétorique, un monument
de mauvaise littérature (Montherl., Pitié femmes, 1936,
p. 1188).
Il existe une analogie entre la puissance du discours à
l'égard de l'âme et celle des drogues à l'égard du corps !
Nous vivons de moins en moins dans une culture de la
parole car l’image a tout envahi…
Cependant, dans la vie de tous les jours, elle est
essentielle : ENTREPRISE – EXAMENS –
CONCOURS – ENTRETIEN DE TRAVAIL – VIE
PRIVÉE -
Le regain de l’usage de la rhétorique comme outil :
l’engouement pour les concours d’éloquence.
On ne saurait persuader en se contentant d’argumenter.
L’image que l’orateur donne de lui-même dans son
-
50
discours et sa capacité à soulever les émotions sont tout
aussi importantes que l’argumentation stricto sensu.
Les discours de grands orateurs comme Churchill, de
Gaulle, Badinter ou Obama nous le rappellent : un bon
discours est un discours qui s’incarne et qui fait vibrer,
et non un discours qui se contente de démontrer.
(DISCOURS D’OBAMA YouTube)
Diapo 5 : Les 5 étapes de la rhétorique
La rhétorique est d'abord l'art de la persuasion,
traditionnellement divisé en cinq parties, l'invention, la
disposition, l'élocution, l'action et la mémoire.
Diapo 6 : L’inventio : chercher tous les arguments pour
ou contre
Activité 4 : par sous-groupes, leur proposer un thème au
choix.
Ex : pour ou contre les jeux vidéo/ pour ou contre
l’ouverture des commerces le dimanche, …etc.
Rechercher des arguments en faveur et des arguments
contre sur 2 colonnes.
Mis en commun si le temps le permet…
Diapo 7 : La dipositio : organiser ses arguments dans un
plan
Devront travailler les articulateurs, l’ordre des
arguments, …
(Bien leur préciser que ce point sera travaillé de manière
détaillée durant ce cours).
Diapo 8 : L’élocutio : Rédaction du discours, là où la
rhétorique rencontre la littérature. Discours affiné dans
ses moindres détails. Choix des mots et des figures.
Recherche du style.
-
51
Site sur les figures de style à conseiller : www.alyon.org
Quelques exercices-jeux sur les figures de style à
pratiquer avant de les intégrer dans son discours.
Diapo 9 : L’actio : la mise en vie du discours, le savoir
être, le comportement, les gestes qui viennent appuyer le
discours, effet de voix, mimiques, regards.
(Bien leur préciser que l’actio sera développé
ultérieurement, dans les prochains cours : Sarah et
Patricio).
Diapo 10 : la memoria : maîtriser son sujet et ne pas être
collé sur ses notes, mieux on possède son discours, plus
on est capable d’improviser.
Diapo 11 : Développement de la Dispositio : 1. Exorde
Exorde : à connaitre à la perfection !
Etape très importante car elle ouvre le discours…
Prendre son temps (on va passer du silence au bruit),
pour ordonner son propre esprit, pour capter l’attention
du public, attirer sa bienveillance.
Présentation claire de la question à traiter.
Simple, accroche courte et forte : 10 mots, 10 secondes.
Vous pouvez choisir parmi différents types
d’introduction pour donner le ton, pour créer un climat,
pour établir le contact avec votre auditoire : sur un ton
malicieux ou sérieux, humoristique, provoquant un effet
de surprise, véhément, pompeux, rusé …)
Vos premières paroles, votre assurance, votre regard
vont créer le climat. Votre auditoire se fixe sur sa
première impression.
http://www.alyon.org/
-
52
Diapo 12 : 2. Narration
Vous allez exposer des faits.
La narration prend la forme d’un récit. Dites le
déroulement des faits ou rapportez des anecdotes
(exposition, nœud, dénouement). Préoccupez-vous
toujours d’être clair. (Voir vidéo)
Diapo 13 : 3. Confirmation
On réaffirme son opinion et on donne ses arguments.
Vous allez développer les arguments utiles afin de
prouver votre thèse. Cette étape peut être considérée
comme la pièce maîtresse de votre prise de parole.
Vous devez choisir maintenant dans le matériel que vous
avez rassemblé au moment de la réflexion (inventio),
pour disposer, traiter et établir des liens entre vos
différents arguments, en formant une trame solide.
On ne s’en rend pas très bien compte, mais les figures de
rhétorique sont courantes dans la vie de tous les jours,
elles nous viennent naturellement, spontanément
(comparaison, paraphrases, expressions, …)
Diapo 14 : 4. Réfutation
On réfute les arguments de la partie adverse
Vous abordez la partie la plus délicate (certains orateurs
la placent parfois avant la narration). Chercher à
imaginer à l’avance toutes les objections possibles à
votre argumentation afin de mieux pouvoir les détruire.
Ne tomber pas dans les lieux communs, les préjugés, les
témoignages, les opinions fausses et les partis pris, les
propos ironiques... Procédez avec calme, sans esprit
partisan et surtout aucune injure.
Activité 5 : Ping-pong d’arguments. Groupe divisé en 2.
Ils opposent leurs arguments du tac au tac. Exemples :
Ville/campagne. Stylo/mouse. Vélo/voiture…etc.
-
53
Diapo 15 : 5. Péroraison (à dominer parfaitement)
Pas trop courte, son objectif est de résumer.
Message final fort, efficace, mémorable : ce qui restera
dans la tête !
Faites une synthèse récapitulative succincte de vos
arguments et lancez un dernier appel pathétique aux
sentiments, à l’âme de votre auditoire.
C’est la partie la plus délicate !
Faites une synthèse récapitulative succincte de vos
arguments et lancez un dernier appel pathétique aux
sentiments, à l’âme de votre auditoire.
Mes recommandations ne se limitent pas à la mise en
place du texte du discours. Il vous reste maintenant à
savoir comment « dire » votre intervention. L’action
oratoire va personnaliser et dynamiser vos propos.
Mais tout ça, vous le verrez dans les 2 autres modules à
venir ! ☺
Autres vidéos à conseiller : Intro
https://www.youtube.com/watch?v=WSh-2gE3fy8
Le discours classique :
https://www.youtube.com/watch?v=3vcy4ifRcus
Comment préparer un discours
https://www.youtube.com/watch?v=9EQj5froUac
Comment débuter un discours :
https://www.youtube.com/watch?v=6JG4_6sUPvg
Structure du discours
https://www.youtube.com/watch?v=HOToogL7hO8
Les mystères de la rhétorique – Laurent Pernot (J de Romilly)
https://www.youtube.com/watch?v=LwKC2efWH2M
Présentation orale de concours fonction publique :
exemples et erreurs à éviter
https://www.youtube.com/watch?v=nqAuq33HJGQ
https://www.youtube.com/watch?v=WSh-2gE3fy8https://www.youtube.com/watch?v=3vcy4ifRcushttps://www.youtube.com/watch?v=9EQj5froUachttps://www.youtube.com/watch?v=6JG4_6sUPvghttps://www.youtube.com/watch?v=HOToogL7hO8https://www.youtube.com/watch?v=LwKC2efWH2Mhttps://www.youtube.com/watch?v=nqAuq33HJGQ
-
54
FORMATION
Atelier du samedi 18 août 2018
Prof. Sara Soulet
PRÉPARATION AU CONCOURS D’ÉLOQUENCE-
SÉANCE N°2 :
INTONATION, RYTHME, VOIX, ÉMOTIONS
Un samedi matin, 8h, il faisait encore nuit et plutôt froid.
Mais ils étaient (presque) tous là en ce matin d’hiver
pour participer á leur deuxième séance de formation au
concours d’éloquence á venir, á l’Institut Français de
Santiago du Chili.
Je les vois arriver un á un, tous tellement différents, par
leur âge, leur histoire, leur personnalité, leur origine.
Pourtant, une chose les unit : la fierté d’avoir été
sélectionnés pour la demie finale d’un concours national
d’éloquence. Á cette fierté s’ajoute un mélange
d’émotions palpable : l’enthousiasme, la curiosité mais
aussi sans doute la crainte d’être moins bons que les
autres, la pudeur face au fait de devoir se mettre en avant,
car ils s’en doutent, ils vont devoir être acteurs de cette
séance. Après une session dédiée á la rhétorique la
semaine précédente, ils vont cette fois se pencher
pendant 3 heures sur les clés de l’intonation, du rythme,
de la voix et des émotions dans le discours.
Je précise que je me suis, pour la préparation de cet
atelier, très largement inspirée de l’excellent livre de
Bertrand Périer, « La parole est un sport de combat », un
ouvrage regorgeant de conseils et astuces afin de devenir
un orateur hors pair.
-
55
Objectifs de la séance : apprendre á donner vie á son
discours á travers les éléments prosodiques que sont le
rythme et l’intonation, á placer sa voix et á gérer ses
émotions.
Prendre conscience du fait que si la construction du
discours est primordiale, sa mise en voix et sa
théâtralisation en quelque sorte, l’est tout autant.
Présentation
Se présenter : nom, pourquoi ce concours ? Votre plus
grande qualité en tant que candidat ?
I. L’importance des éléments prosodiques :
Mise en route-Contre-exemple : faire écouter la piste.31
du manuel VO.3
Écoutez la mise en voix de ces 3 poèmes, laquelle
préférez-vous ? Pourquoi ?
Bilan : quels sont les aspects les plus importants de la
mise en voix d’un discours ? (Rythme, voix, intonation,
expressivité)
En retour sur cette activité : vous voyez que les mots ne
font pas tout. Ces trois poèmes sont des chefs d’œuvre
de la poésie française mais la manière de les réciter, de
les déclamer produit des effets très différents sur
l’auditoire.
Des études très sérieuses ont été menées sur cette
question et ont conclu que la force de conviction d’un
discours passait á 60% par le langage du corps, á 30%
par les inflexions de la voix (prosodie) et á 10%
seulement par les mots eux-mêmes C’est dire !
-
56
Autrement dit, on est d’abord vu, ensuite entendu et
enfin seulement, compris.8 Il est donc fondamental de
soigner le non verbal
Activité n° 1 : Échauffement : exercices de diction-
Virelangues
Prononcez avec un stylo dans la bouche puis sans :
- « l’assassin sur son sein suçait son sang sans cesse. »
- « Trois petites truites cuites, trois petites truites crues. »
-« J’ai la bouche rouge et sèche. »
Prenez conscience du fait que la diction, l’articulation
est indispensable á la bonne compréhension d’un
discours.
Prononcez clairement les premières consones des mots
en pensant toujours á bien articuler.
Activité n°2 : Voix, rythme, intonation-Jeu d’écriture
Vous avez 5 minutes pour rédiger un quatrain á partir de
ces amorces :
Je suis…
J’ai…
Je viens…
Je m’appelle…
Chacun le lit assis, sur le ton de son choix (les uns après
les autres)
Puis chacun son tour se lève et le relit en suivant mes
indications : en chuchotant, en parlant plus fort, en
criant, plus lentement, plus vite…
Retour : faire remarquer l’importance de donner du
volume au discours á travers les changements de tons
8 La parole est un sport de combat, Bertrand Périer, Éditions J.C Lattes, p.14
-
57
(doux, grave) de rythmes (lent, rapide), de hauteurs en
contrastant les deux lectures du même texte.
Conseils et astuces pour se mettre en voix :
« La voix peut être puissante durablement et sans fatigue
lorsque le corps est rassemblé autour de l’axe vertical. Pour
cela, il faut s’aider d’un mur pour que le corps soit bien aligné.
Aplanissez l’arrière de votre tronc en vous appuyant contre le
mur, on essaie ainsi de gommer la cambrure du bas du dos et
de ne pas déporter la tête vers l’avant. Respirez naturellement
dans cette position en relâchant complètement le visage, à tout
moment vérifiez que les épaules restent bien détendues.
Sentez alors l’air passer librement dans la gorge et le ventre
s’activer par lui-même. »
« Lorsque ces sensations sont bien claires, retrouvez la même
qualité et posture sans l’aide d’un mur. Une légère bascule du
bassin en avant et un beau port de tête vous y aideront. Vous
aurez ainsi la gorge libre et le ventre actif. » 9
Une fois cette posture trouvée, respirez profondément,
comptez jusqu’á 3, balayez l’auditoire du regard et
lancez-vous les poumons pleins, les pieds bien ancrés
dans le sol.
Il y a donc un silence essentiel avant la prise de parole.
Attention : pas d’épaules baissées, de regard dans le
vide, montrez votre envie, votre détermination d’être là.
Trouver sa voix d’implication : Un basculement doit
s’effectuer entre sa voix quotidienne et sa voix d’orateur,
une voix amplifiée. La voix doit être puissante mais vous
ne devez pas crier pour autant. Vous en prendrez
9 La parole est un sport de combat, Bertrand Périer, Éditions J.C Lattes
-
58
conscience si vous parlez comme si vous vous adressiez
á un objet situé au fond de la salle.
Le rythme :
Il est essentiel que le rythme de la parole suive le rythme
de la pensée. Si l’on parle trop vite et que l’on n’a pas le
temps d’élaborer la pensée suivante lorsque l’on exprime
la pensée précédente, vous risquez la rupture. Adaptez
donc le rythme de votre parole au rythme auquel les
idées vous viennent á l’esprit et anticipez.
Privilégiez le rythme ternaire (les formules par trois) qui
est au cœur de la rhétorique classique. Il est par exemple
employé par B. Obama dès l’exorde de son fameux
discours Yes we can : « Je suis ici devant vous empli
d’un sentiment d0humilité face á la tâche qui nous attend
(1), reconnaissant pour la confiance que vous m’avez
témoignée (2) et conscient des sacrifices consentis par
nos ancêtres. (3)
Un point important concernant le rythme : on n’écrit pas
pour dire comme on écrit pour être lu. Le style oral
implique quelques contraintes d’écritures. Demandez-
vous toujours si vous pourrez dire la phrase que vous
écrivez sans difficultés. Aurez-vous assez de souffle ?
La phrase est-elle bien rythmée ? Pas trop longue ni trop
courte ? N’y a-t-il pas de mots trop difficile á
prononcer ?
Il est plus facile de se rendre compte de ce genre de
détails en s’entrainant á prononcer á voix haute son
discours.
Répétez plusieurs fois -d ’abord seul- afin d’identifier les
moments où votre texte doit être modifié dans l’optique
de sa déclamation á voix haute. Ces répétitions vous
permettront aussi de repérer les endroits où vous devez
-
59
ménager des silences, hausser le ton, accélérer ou ralentir
le débit. Exercez-vous ensuite devant d’autres personnes
de confiance en prenant en compte leurs critiques et leurs
conseils. C’est aussi l’occasion de vérifier si vos traits
d’humour sont bien accueillis.
La présentation du discours :
Pas de recto verso, pour juste avoir á glisser ses feuilles,
en grands caractères (police 18 ou 20) et interlignes
doubles, sans notes de bas de page.
Puis l’annoter pour la lecture, comme une partition
(accélérations, ralentissements, chuchotements…)
Á la fin de votre discours, préparez votre péroraison.
Quelques lignes avant la fin, la voix devient plus grave
et le débit plus lent ou au contraire plus exalté. La tension
se crée et la formule finale tombe.
Activité 3 : adopter la bonne posture.
Essayez de mettre en pratique tous les conseils énoncés
précédemment : adoptez la posture autour de l’axe
vertical, tout le dos collé au mur : respirez
profondément, comptez jusqu’á 3, balayez l’auditoire du
regard et lancez-vous les poumons pleins, les pieds bien
ancrés dans le sol en prononçant cette phrase selon sa
voix d’implication (en fixant un point au fond de la
salle) : "Si vous n'essayez jamais, vous ne réussirez
jamais, mais si vous essayez, vous risquez de vous
étonner vous-même."
-
60
II. Les émotions
Il est fondamental lors d’un discours de gérer le trac et
ses émotions.
Si l’émotion peut naturellement survenir á tout moment
de la prise de parole, et est presque inévitable puisque
nous ne sommes pas des robots, il faut cependant faire
en sorte qu’elle ne vous submerge pas et ne vous
déstabilise pas.
1ere règle : dédramatisez. Le stress vient souvent d’une
idée erronée que l’on se fait de l’auditoire. Il vous jugera
mais n’est pas nécessairement malveillant á votre égard.
Le stress ne disparaitra pas mais il faut seulement faire
en sorte qu’il stimule et ne paralyse pas.
2eme conseil : la visualisation.
En amont de la prise de parole, se voir parler, s’imaginer
et anticiper. Cela permet de se rassurer.
Avoir en tête son début et sa fin.
Ne pas hésiter á se moquer de soi en cas d’erreur.
Activité 4 : Vidéo de Fernandel, « Le schpoutz »,
Tout condamné aura la tête tranchée (2’35)
Faire visionner la vidéo
(https://www.youtube.com/watch?v=uBMqVQd3P5Y)
Imposer une émotion (la même pour tous)
Et chacun prononce la 1ere phrase de son poème sur le
ton de cette émotion.
Variante
Chacun pioche un papier émotion et prononce une
phrase de son poème sur le ton de cette émotion que les
autres doivent deviner. (peur, joie, colère, tristesse,
-
61
haine, nostalgie, dégoût, espoir, ennui, frustration,
honte)
Activité 5 : l’exagération des sentiments :
Je propose un sentiment. Le 1er l’exprime dans une
phrase de son choix de manière la plus atténuée possible,
puis dans l’ordre, chacun son tour en cercle, les autres
exagèrent de plus en plus ce sentiment jusqu’au dernier
qui doit l’exagérer au maximum.
Activité 6 : la valise de sentiments
Tous en cercle. Au milieu, une valise.
Je nomme un sentiment. Le 1er s’avance au centre, ouvre
la valise et exprime le sentiment en question avec la
phrase de son choix et en la jouant le mieux possible (en
découvrant quelque chose qui lui fait peur, envie, le met
en colère…)
-
62
FORMATION
Atelier du samedi 25 août 2018
Prof. Patricio Garcia
PRÉPARATION AU CONCOURS D’ÉLOQUENCE-
SÉANCE N°3
LE LANGAGE CORPOREL
POSTURE – REGARD – GESTES –
GESTION DE L’ESPACE
Importance du NON VERBALE dans la Prise de Parole
en Public.
Objectifs de la séance : apprendre et réviser les éléments
para-verbaux qui sont la posture, la gestuelle, le regard
et la proxémie pour mieux communiquer son discours en
public.
8 minutes pour présenter un sujet en respectant la
thématique proposée. Vous devez convaincre le jury.
Vous pouvez utiliser toutes les ressources de la
rhétorique dans un discours organisé, rigoureux et
cohérent : exorde, narration, réfutation, péroraison.
Vous vous adressez à deux jurys dans une salle de classe
(présélection) Exercice de prise de parole individuelle.
Même si l’oral du discours doit prévaloir il est très
important (68% de prévalence) de respecter les formes
non verbales qui accompagnent et permettent
d’articuler et de soutenir votre parole.
-
63
Activité 1 : Présentation personnelle
SE PRESENTER ET SALUER EN MIMANT LES
AUTRES (Comme dans le film « A haute voix »)
https://www.youtube.com/watch?v=-KLE7PTx92U
DURÉE : 15 minutes
ORGANISATION
Déroulement de l’activité : en groupe.
Le groupe se met en cercle. Le numéro 1 se présente et
fait un geste. Le numéro 2 se présente et fait un geste,
ensuite il reproduit le geste et la présentation du numéro
1. Le 3 se présente et reproduit le geste et la présentation
des numéros 2 et 3 et ainsi de suite. Le numéro 10 doit
reproduire toutes les présentations.
Une fois que tous se sont présentés on peut faire un tour
de présentation tous ensemble en reproduisant tous les
gestes.
Questions pour la réflexion collective : Qu’est-ce que
nous avons mobilisées dans cette activité ? LA PAROLE
– LES GESTES – LA MEMOIRE Le triangle vertueux
de l’éloquence. Qu’est-ce que cette activité permet de
faire ressortir ? Il y a une mémoire des mots et une
mémoire des gestes, il y a des mots parasites et des gestes
parasites qu’il faut contrôler : les béquilles du
langage…les béquilles