Concours d’éloquence · d’intellectuels et travailleurs chiliens aux abois. Ils y ont souvent...

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Concours d’éloquence 2018 Editions Dix décembre

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  • Concours d’éloquence

    2018

    Editions Dix décembre

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    Concours d’éloquence

    2018

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    Édité par Patricio Garcia

    Œuvrons pour l'égalité, la justice et la dignité humaine

    Santiago de Chile

    10 Décembre 2018

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    Concours d’éloquence

    Chili - 2018

  • 6

    Éditions Dix décembre

    2018

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    Soyons réalistes,

    Exigeons l’impossible

    Ernesto Che Guevara

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    INTRODUCTION

    A l’origine était le verbe…

    La francophonie a toujours eu une place très importante

    dans la société chilienne comme chez les pays voisins où

    la bonne société avait traditionnellement les yeux

    tournés vers l’Europe et en particulier vers la France,

    pays des Lumières, terre des arts et des lettres par

    excellence.

    Lors des heures sombres du Chili, la France a également

    été une terre d’asile et un refuge pour bon nombre

    d’intellectuels et travailleurs chiliens aux abois. Ils y ont

    souvent écrit plusieurs chapitres de leurs vies, ont donné

    naissance à d’autres, et bien souvent sont restés même

    après le retour de la démocratie.

    Aujourd’hui, la relation franco-chilienne prend d’autres

    contours. Les arts et les lettres qui étaient l’apanage des

    plus aisés s’ouvrent à des expressions plus populaires,

    urbaines, notamment cinématographiques. Mais d’autres

    domaines sont en pleine expansion et véhiculent une

    exigence de compétitivité qui scié extrêmement bien aux

    Etats-Unis et aux pays émergents pour ne citer qu’eux.

    C’est le cas notamment des nouvelles technologies de

    l’information et la communication ou encore les sciences

    et vie de la terre et la défense des énergies propres,

    l’environnement. La France en fait d’ailleurs un combat

    et le Chili a les espaces et les ressources naturelles pour

    exploiter tant les idéaux que les retours commerciaux

    que ceux-ci peuvent générer. De nombreux accords

    commerciaux mais également des partenariats de

    recherche appliquée ont été signés, d’autres renforcés et

    constituent désormais des lignes fortes de la coopération

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    bilatérale entre le Chili et la France. Une mutualisation

    de ressources humaines, des échanges d’experts ou

    encore des programmes de bourses de recherche

    viennent appuyer ces accords.

    Et la langue dans tout ça ?

    Hélas, pas plus qu’ailleurs, au Chili la langue française

    n’a été épargnée par ce raz-de-marée qu’a provoqué

    l’installation de l’anglais dans le système éducatif et

    dans tous les organes d’éducation et de communication.

    Et le modèle économique ultra libéral qui opère depuis

    un demi-siècle fait la part belle à l’anglais, y compris

    dans le système éducatif. Au point que, depuis une

    vingtaine d’années, parler d’enseignement d’une langue

    étrangère à l’école c’est nécessairement parler de la

    langue anglaise. Une dizaine de poches de résistance

    persistent ; quelques établissements secondaires luttent

    pour préserver le plurilinguisme dans leur grille de

    curricula. Dès lors, le français arrive en tête de ces

    enseignements plurilingues mais il reste généralement

    cantonné au rang d’option facultative.

    La formation des maîtres des universités a fini par céder

    et seule l’université UMCE à Santiago dispose encore

    d’une faculté de français où sont formés de futurs

    enseignants de cette discipline.

    Dans un tel contexte, a priori défavorable pour le

    rayonnement de la langue française et des cultures

    francophones, force est de constater pourtant que le

    parler français jouit toujours d’une bonne et belle image

    et que nombreux sont ceux qui souhaitent encore, à

    travers le Chili, faire honneur à leurs racines, leur

    histoire ou tout simplement leur goût pour cette langue

    qu’ils ont apprise à l’école, dans le réseau des lycées

  • 10

    français par exemple, ou dans un centre culturel Institut

    Français ou Alliance française, ou encore lors de l’exil

    ou plus récemment lors d’un programme d’échange

    universitaire ou professionnel.

    Les événements promus par le service de coopération et

    d’action culturelle de l’Ambassade de France au Chili et

    l’engouement qu’ils suscitent en sont une preuve

    évidente.

    Mars, mois de la Francophonie.

    Les célébrations de la francophonie à travers une riche

    programmation culturelle coordonnée par le service de

    coopération linguistique de l’Institut Français, en

    partenariat avec douze représentations diplomatiques de

    pays membres de l’Organisation internationale de la

    francophonie, réunit chaque année un public friand de

    cette diversité culturelle et linguistique.

    Traditionnellement, depuis des années, un festival de

    cinéma francophone est partie intégrante de la

    programmation. Et depuis 2016, le service linguistique

    que je dirigeais, s’est attaché à diversifier et enrichir la

    programmation de ces célébrations pour atteindre un

    public plus divers et faire rayonner ces cultures à travers

    les différents quartiers de Santiago et d’autres grands

    pôles urbains du pays.

    C’est ainsi qu’en 2018 le nombre de pays francophones

    associés à l’opération est passé de 11 à 13 avec

    l’intégration du Liban et le retour du Vietnam. De

    surcroit, la place publique a été investie avec notamment

    la création d’une foire aux produits francophones sur un

    carrefour stratégique du quartier d’affaire de

    Providencia et un spectacle a été présenté dans un

    théâtre du quartier populaire excentré de Quinta Normal

    pour un public non habitué à ce type de célébrations.

  • 11

    Mais c’est précisément à travers cette quête de

    diversification des publics et des espaces d’expression

    qu’a commencé à germer le projet de concours

    d’éloquence…

    Un projet en amène un autre…

    Fin 2017, l’équipe de coopération audiovisuelle et

    l’équipe de coopération linguistique du SCAC1 se

    réunissaient pour sélectionner deux films français devant

    intégrer la programmation du festival de cinéma

    francophone pour l’édition de mars 2018. Courtney

    Geraghty, attachée culturelle de l’époque, suggérait le

    remplacement d’un des films pré-sélectionnés par le

    documentaire « A voix haute, la force de la parole » de

    Stéphane de Freitas. Pour convaincre l’équipe

    linguistique de la pertinence de ce choix, elle évoquait

    d’une part les nombreux prix attribués à ce film lors de

    différents festivals en 2017, et surtout la pertinence du

    thème qu’il traitait pour l’inscrire dans un événement

    ayant la langue française comme dénominateur commun

    entre tous les partenaires de l’opération.

    En effet, le film de De Freitas retrace l’expérience de

    l’association Eloquentia dont il est aussi le directeur et

    dont les actions consistent à créer des concours

    d’éloquence et mettre en place des programmes de

    formation pour préparer les candidats à l’art oratoire en

    vue de leur participation audit concours.

    Le concours d’éloquence est un exercice couramment

    pratiqué dans les facultés de droit ou dans les grandes

    écoles du type écoles de commerce ou sciences

    politiques, ce qui lui confère souvent l’image d’un

    exercice réservé aux élites.

    1 SCAC : Service de Coopération et d’Action culturelle de l’Ambassade de France

  • 12

    La gageure de cette expérience est de l’avoir transposée

    dans un contexte où on ne l’attend pas : la Seine Saint

    Denis, banlieue parisienne défavorisée socialement. Le

    pari d’Eloquentia est de prouver que « la parole est une

    arme de combat »2 bien plus puissante que les points et

    qu’elle n’est pas réservée à une élite. Encore faut-il se

    donner les moyens de la pratiquer et d’en apprivoiser les

    codes.

    Le film retrace précisément cette expérience en suivant

    une dizaine d’étudiants de l’Université de Saint Denis,

    issus de la diversité culturelle française, et des

    formateurs qui les ont accompagnés durant plusieurs

    semaines en vue de leur participation au concours

    Eloquentia.

    Déjà, l’idée d’utiliser ce film comme un déclencheur

    pour valoriser davantage encore la langue française, son

    rayonnement par-delà les frontières des structures

    éducatives ou des barrières sociales voyait le jour dans

    notre remue-méninge de 2017. Il s’agissait de créer un

    événement bien plus participatif ; que le public ne soit

    pas simple spectateur mais qu’il devienne acteur de

    l’événement. Nous imaginions immédiatement l’intérêt

    du film comme point de départ d’un événement bien plus

    ambitieux qu’une simple projection lors du festival de

    cinéma francophone. Il pourrait être le déclencheur de

    notre propre concours d’éloquence. Un défi grisant qui a

    immédiatement remporté l’adhésion des deux équipes.

    2 « La parole est une arme de combat » pour paraphraser le titre du livre de Bertrand Périer, avocat au barreau de Paris et un des protagonistes du film de Stéphane De Freitas: La parole est un sport de combat, édition JCLattès, 2017.

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    Mais il fallait lui réserver une place à lui dans l’agenda

    2018 et le mois de mars se révélait d’emblée trop court

    pour une telle ambition. Nous maintenions donc les deux

    titres de films présélectionnés et reprendrions la

    discussion autour de ce nouveau projet après les

    célébrations du mois de mars car, en définitive, nous

    étions tous d’accord pour défendre l’idée que la

    francophonie devait être célébrée toute l’année.

    L’ingénierie du projet

    Une fois l’euphorie des premiers instants retombée, il

    fallait définir les objectifs et les résultats attendus de ce

    projet.

    Il s’agissait, à partir du film de Stéphane de Freitas qui

    servirait de déclencheur, de créer un concours

    d’éloquence en français.

    Le service linguistique avait pour objectif premier, à

    partir d’une opération menée en collaboration avec le

    service culturel, de montrer que la langue française était

    encore bien vivante non seulement à Santiago mais à

    travers tout le Chili et que la relation des chiliens avec la

    langue française n’était pas de l’histoire ancienne.

    Pour moi qui suis depuis des années passionnée par les

    recherches et les pratiques autour de l’art oratoire et

    l’oralité de la langue sous toutes ses formes, et qui ai

    suivi le développement progressif et l’engouement

    récent en France pour ce type de concours d’éloquence

    dans différents milieux (scolaire, universitaire ou

    associatif), je me réjouissais de pouvoir joindre ma

    passion à ma mission en tant qu’attachée de coopération

    linguistique au Chili. Il s’agissait donc de s’appuyer sur

    le maillage national de notre réseau culturel et

    linguistique : l’Institut français et le lycée Saint Exupéry

  • 14

    à Santiago, mais aussi les alliances françaises et les

    lycées français en région3. Ceux-ci constitueraient un

    point d’ancrage pour donner à l’événement une

    légitimité et s’attacherait des partenariats culturels et

    éducatifs locaux pour déployer le dispositif.

    Ainsi, nous parlerions désormais de Concours national

    d’Eloquence en français.

    Ce projet reposerait sur deux axes :

    - un axe artistique : le film et le débat d’idées - un axe linguistique : la formation de

    formateur et la formation d’apprenants

    avec d’une part la formation d’enseignants

    aux techniques de l’art oratoire et d’autre

    part -et par extension- le perfectionnement

    d’apprenants de niveau B2+ à C1-C2 du

    Cadre commun de Référence pour les

    Langues.

    Le dénominateur commun à ces deux axes serait le

    rayonnement de la francophonie à travers tout le

    territoire.

    Début avril 2018, Courtney et moi avons donc esquissé

    le projet et le champ de compétence de nos équipes

    3 En région : les alliances françaises d’Antofagasta, de Concepción, Ile Pâques, Osorno, Valdivia et Valparaíso et les lycées français d’Alembert à Reñaca-Viña de Mar, Claude Gay à Osorno, Charles de Gaulle à Concepción et Jean Mermoz à Curicó.

  • 15

    respectives. Ceci devant permettre d’établir un budget et

    un planning opérationnel.

    Le service culturel, habitué à « créer l’événement » a

    imaginé une opération qui permettrait de donner à la

    projection du film un éclat spécial visant à réunir un

    large public de cinéphiles, de francophiles, d’artistes

    divers, mais aussi de curieux.

    Il était donc décidé de financer la venue d’un des

    protagonistes du film pour la projection de lancement à

    Santiago.

    Le profil de l’invité devant être artistique mais

    souhaitant profiter de cette invitation pour organiser

    également une opération au niveau linguistique, c’est

    Loubaki Loussalat, poète slameur et formateur dans le

    cadre du programme Eloquentia qui a été invité.

    A la marge du projet concours, il a animé une soirée slam

    à Santiago avec des artistes chiliens, haïtiens et

    hispanophones ou francophones de toutes origines. Il a

    également animé différents ateliers de composition

    poétique avec des scolaires du réseau des lycées français

    et Label France Education4 à travers le pays.

    La projection du film à Santiago a, par ailleurs, été suivie

    d’un débat avec la salle autour du thème de l’éloquence,

    de ses enjeux dans un tel contexte et des perspectives

    qu’il a fait naître. Une belle façon d’introduire le défi

    d’un concours chilien d’éloquence en français et des

    vocations à faire naître chez les futurs candidats.

    Quant à la contribution de Loubaki Loussalat au titre de

    l’axe linguistique, elle a consisté en un atelier de

    formation de deux jours pour un groupe de 15

    professeurs de français de ce même réseau

    4 Lycée bilingue chilien La Girouette à Santiago.

  • 16

    d’établissements impliqués dans le projet à travers tout

    le Chili :

    - 5 professeurs de l’Institut Français du Chili - 4 professeurs du lycée Saint Exupéry de

    Santiago

    - 1 professeur du lycée Jean Mermoz de Curicó

    - 5 professeurs du réseau Alliance Française

    Dans un deuxième temps, ces professeurs ont assumé

    des démultiplications dans leurs établissements et animé

    des ateliers gratuits d’entraînement pour les candidats

    inscrits au concours, au titre de la promotion de cet

    événement.

    La présence de Loubaki Loussalat et la qualité du film

    ont largement contribué à faire de cette opération un

    succès. Au point que le nombre d’inscrits, à travers tout

    le pays a largement dépassé nos expectatives pour une

    première édition puisqu’il a réuni plus de 120 inscrits au

    total dont plus de la moitié sur la ville de Santiago où

    une étape de pré-sélection a même été organisée pour

    restreindre à 10 candidats maximum par ville pour

    l’étape de demi-finale.

    Avant même d’assister aux prestations, toute l’équipe

    organisatrice et les partenaires se réjouissaient d’avoir

    rempli l’objectif premier : réunir un maximum de

    personnes, d’univers, d’âges, d’origines diverses à

    travers tout le Chili pour mettre en avant l’expression

    même de la francophonie dans le Chili d’aujourd’hui.

    Les 120 candidats de niveau avancé de maîtrise du

    français ayant participé à ce concours l’ont prouvé.

  • 17

    Qui dit concours dit prix…

    … et qui dit prix, dit jury et sponsors. Et celui-ci a pu

    compter sur le soutien de différents partenaires

    institutionnels ainsi que sur la participation de plusieurs

    personnalités du monde des arts et des lettres, français et

    francophones, pour rester dans l’esprit même du

    concours.

    En effet, après avoir longuement débattu au sein du

    comité de pilotage, il a été décidé de ne pas établir de

    catégories par âges ou par nationalités, francophones

    d’un côté et apprenants de l’autre, mais d’établir une

    grille d’évaluation permettant de tenir compte des trois

    champs de compétence qui font qu’un orateur est

    éloquent ou ne l’est pas ; en raison d’une part de sa

    maîtrise linguistique, d’autre part de son discours non

    verbal et enfin de l’originalité avec laquelle il traite son

    sujet.

    Ce parti pris a fait que tous les candidats étaient logés à

    la même enseigne puisque certains pouvaient mettre en

    avant les qualités d’une compétence pour combler les

    lacunes d’une autre.

    Le jury, quant à lui, en fonction de son domaine

    d’activité, se concentrait sur des critères d’évaluation

    spécifiques tant au niveau des demi-finales régionales

    que lors de la finale nationale à Santiago.

    Les réserves de certains quant à l’établissement d’une

    catégorie unique sont tombée immédiatement lorsque les

    candidats se sont succédés sur scène.

    A l’issue de cette première édition, nous pouvons

    affirmer que ce qui a vraiment fait le succès de ce projet

    c’est sa capacité à fédérer l’ensemble de la communauté

    francophone et francophile, d’enseignants, d’apprenants,

    de partenaires artistiques, philosophes, acteurs,

  • 18

    danseurs, poètes, chercheurs, étudiants, lycéens,

    réceptionnistes d’hôtel, administratifs dans un service

    linguistique et autres amoureux des mots mis en

    mouvement.

    Comment pourraient-ils se satisfaire d’une seule

    édition ? La machine est lancée et fera des émules pour

    les prochaines années c’est certain. Et nous ne serions

    pas surpris d’apprendre que les pays voisins s’en

    inspireront pour créer leur propre concours d’éloquence

    en français. Mais le Chili pourra toujours revendiquer

    l’exclusivité de cette première !

    Bravo aux professeurs qui se sont impliqués avec

    enthousiasme dans la formation puis les ateliers, aux

    membres des jurys qui ont évalué avec bienveillance et

    justesse, aux équipes des différents établissements

    partenaires pour l’organisation, aux sponsors et aux

    financeurs des prix alléchants et enfin aux candidats pour

    leur verve, leur courage et le défi qu’ils se sont lancés à

    eux-mêmes et qui a forcé l’admiration de tous.

    Marie-Noëlle Rodriguez Attachée de coopération linguistique et éducative,

    Directrice des cours de l’Institut Français du Chili de 2016 à 2018.

  • 19

    PROLOGUE

    Concours d’éloquence au Chili

    Mars 2018, je reçois un mail avec l’invitation et le

    programme de la formation des professeurs de l’Institut

    Français du Chili. Il y aura comme invité un jeune

    professeur spécialiste en éloquence, Loubaki Loussalat.

    Cet atelier d’un weekend sur l’art de l’oratoire a permis

    aux enseignants de réviser les différents aspects du

    discours en public : la rhétorique, l’expression des

    émotions et les aspects non verbales de la

    communication. Ces différentes activités ont réveillé

    notre désir de perfectionner la capacité de

    communication et de persuasion.

    En voyant que l’expérience était très positive la

    directrice des cours de l’institut Français (2018), Marie

    Noelle Rodriguez, a donné suite à l’idée d’organiser un

    Concours National d’Eloquence au Chili.

    Le nombre d’inscrits à ce concours a été la première

    grande surprise. Il a dépassé toutes les attentes. Les

    francophones qui veulent participer au concours sont

    nombreux dans tout le pays. Parmi les intéressés on

    trouve : des français, des haïtiens, des canadiens, des

    africains et des chiliens bien sûr.

    Le groupe de 120 inscrits va devoir travailler sur les

    sujets proposés : La vérité est-elle absolue ? ; Est-ce

    qu’apprendre une nouvelle langue permet de nouvelles

    pensées ? ; Le virtuel est-il la réalité de demain ? ;

  • 20

    Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ? ;

    Une vie heureuse est-elle une vie de plaisir ?

    Chaque région fera une présélection de candidats et la

    final sera le 6 octobre 2018 à Santiago.

    A l’institut Français du Chili, les candidats

    présélectionnés auront trois ateliers de formation pour

    préparer la présentation finale : la rhétorique, les

    émotions et le langage non verbale feront partie de cette

    formation.

    Le jour de la finale arrive, l’amphithéâtre de la Fondation

    Cultural de Providencia est complet. Le jury est prêt et

    le public écoute en silence chacune des présentations.

    Mais pourquoi faire un livre ?

    Parce qu’il faut laisser une trace aux futurs participants

    du concours d’éloquence.

    Donc, pour préparer votre présentation voici des textes

    que vous pourrez « mettre en voix ». Vous aurez

    également une synthèse des trois volets de la formations

    à l’éloquence organisé par L’institut Français du Chili.

    Mais il n’y a pas que les textes écrits, vous trouverez

    aussi dans ce livre de nombreux liens vers des vidéos où

    vous pourrez voir la performance des différents

    candidats.

    Très bonne lecture !

    Patricio Garcia

    Enseignant IF

  • 21

    REMERCIEMENTS

    A Fabiola Oyarzún et Marie Noelle Rodriguez.

    Aux professeurs de l’Institut Français du Chili qui ont

    participé avec enthousiasme.

    A tous les candidats et candidates qui ont joué le jeu dans

    l’art de la persuasion. Sans eux ce livre n’existerait pas.

    A Elise Sgambati pour les belles photos et les vidéos.

    A Safia Thari pour ses conseils.

    Aux jurys du concours, y compris Jean Claude Reith.

    Finalement, un grand merci à Loubaky qui a partagé

    avec nous sa passion de l’art oratoire.

  • 22

    DISCOURS DE PRÉSELECTION

    1 Beatriz Pereira Cuitiño

    Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

    ¿Qui n’a pas rêvé quelques instants de tout oublier, de

    remonter dans le temps, de tout laisser derrière soi pour

    repartir à zéro et devenir libres ? Dans nos moments de

    souffrance et de désespoir, quand on ne voit pas la sortie

    du tunnel, quand tout est naufrage, les nuits les plus

    noires de l’âme. ¿Qui n’a jamais rêvé d’une deuxième

    chance ? ¿FAUT IL DONC OUBLIER LE PASSÉ

    POUR SE DONNER UN AVENIR ?

    Je ne viens pas vous parler ici de ces petits oublis du

    quotidien, pour lesquels on nous dit « Ne t’inquiètes pas,

    tu dois oublier ! ça ne vaut pas la peine », ou bien

    « tournons la page ça va passer ». Non.

    Je viens vous parler de L’OUBLI DU PASSÉ : sujet des

    écrivains, des poètes, des chanteurs, des philosophes, …

    des psychanalystes… même des neurologues.

    Nous pouvons fantasmer, à cause d’une grave difficulté

    ou simplement pour jouer. Nous pouvons changer notre

    personnage en laissant le passé derrière : c’est l’histoire

    des émigrants, l’histoire de pays comme les Etats Unis,

    l’Argentine, le rêve américain ! Nous pouvons changer

    nos contextes, notre entourage, nos masques… mais

    nous ne pouvons pas fuir... fuir de notre propre passé !

    Certains disent que le temps aide à oublier. Je ne le crois

  • 23

    pas. Les billets du train de la mémoire sont toujours pour

    un aller-retour5.

    Oublier notre passé… à l’époque d’internet ? c’est plus

    difficile que jamais ! Supprimer notre passé sur internet,

    alors là… c’est une autre histoire.

    En effet, dans quelques circonstances, l’oubli est vital

    comme mécanisme de protection, il nous permet de

    réprimer un souvenir, afin d’agir et de continuer la vie.

    Cependant, cet oubli doit être passager, transitoire

    éphémère. Dans le cas contraire, quand l’oubli du passé

    est permanent, on la traite comme une maladie : il

    s’appelle Amnésie. Et le problème avec l’amnésie, c’est

    qu’elle n’efface pas que les mauvais épisodes… elle peut

    aussi arracher l’essentiel de nos vies : notre identité.

    JE NE CROIS PAS QUE L’OUBLI DU PASSÉ

    PUISSE OFFRIR UN AVENIR. Je crois fermement au

    pouvoir de la mémoire ! Le pouvoir des souvenirs… de

    leur modification. N’est-ce pas extraordinaire que le

    cerveau nous permette de reconstruire le passé ! Quand

    je dis reconstruire, même si le passé est une succession

    de faits bien sûr, c’est parce que le passé est une image

    dans le cerveau, une idée, une émotion, Proust et sa

    madeleine… une perception. Dans le but de modifier

    cette perception, ce qui oblige parfois à s’allonger sur le

    divan, il faut oser regarder le passé en face, se confronter

    au passé ! Cette même confrontation est particulièrement

    incorporée dans les cultures chinoise et aymara. Si je

    vous demande de faire un geste pour situer le passé, où

    se trouve-t-il pour vous ? ... la plupart répondront

    derrière nous ; et l’avenir alors ? devant. Cette

    métaphore spatiale du temps qui décrit l’avenir devant

    5 Phrase traduit de la chanson Aquellas pequeñas cosas, Joan Manuel Serrat: “Pero su tren, vendió boleto de ida y vuelta”.

  • 24

    nous et le passé derrière, nous semble évidente.

    Toutefois, si vous étiez des chinois ou des aymaras, vous

    indiqueriez le passé devant vous, parce qu’on le connaît,

    on peut le voir, il est devant nos yeux, alors il est possible

    de l’affronter. De la même façon, l’avenir serait

    logiquement derrière nous car il est encore inconnu,

    inexploré et mystérieux6.

    Le passé ne nous condamne pas ! Bien au contraire, il

    nous aide à apprendre !

    N’oublions pas ces régimes totalitaire d’hier et

    d’aujourd’hui qui cherchent à effacer la mémoire de leur

    peuple : en transformant l’histoire, en annulant les

    évènements qu’ils désirent occulter, en supprimant les

    traces du passé pour faire table rase. Face à cela, il faut

    lutter ! Lutter afin de maintenir la mémoire vivace pour

    les générations actuelles et celles du futur !

    En définitive, je préfère affronter à fuir, découvrir à

    réprimer, savoir à oublier7. Pour se forger un nouvel

    avenir, il faut que la mémoire demeure. Le « verbe

    avenir » peut aussi se conjuguer au passé.

    6 Idée apportée par Pizarro, L. et al. (2018), dans une conversation à la Cafétéria Nicolas. Merci Luis !! (et « xiè xiè » Solange !) pour cette information sur la culture chinoise. 7 Source d’inspiration : chanson Cada loco con su tema, Joan Manuel Serrat.

  • 25

    2 Victor Lagos

    Est-ce qu’apprendre une nouvelle langue permet-il

    des nouvelles pensées ?

    Bonsoir ! Mesdames et messieurs.

    C’est un honneur d’être ici devant vous tous.

    Dans quelques instants, je vous communiquerai mon

    discours télépathiquement. Soyez prêts ! C’est parti !

    Alors, si vous n’avez rien entendu… c’est normal. Je

    n’ai pas de pouvoirs surnaturels. Ah, vous avez entendu

    ? Pensez à voir un médecin.

    Ce serait génial de communiquer avec de la télépathie.

    Et peut-être qu’un jour on atteindra une technologie

    suffisamment perfectionnée pour le faire. Mais si pour

    l’instant on n’a pas la faculté d’établir une

    communication extra sensorielle, il existe un moyen

    presque autant efficace pour accéder à de nouvelles

    idées, perspectives et images. Mesdames et messieurs, je

    ne suis pas ici pour faire l’apologie de drogues... Mais

    avant que vous sortiez de la salle, monsieur, laissez-moi

    vous parler d’un sujet encore plus intéressant :

    l’apprentissage des langues.

    De même que la télépathie, mais de manière tout à fait

    naturelle, les langues permettent de communiquer

    verbalement et non verbalement aussi. Effectivement,

    une nouvelle langue permet des nouvelles pensées parce

    qu’elle vous donne accès à celles des gens d’ailleurs.

  • 26

    On est souvent très immergé dans notre propre langue et

    nous sommes habitués à des phrases déjà formées.

    Comme résultat, nous nous enfermons dans une sorte de

    prison idiomatique formée par des lieux communs.

    Parfois, dans notre communication quotidienne, le

    chemin à suivre pour bien s’exprimer a déjà été tracé par

    les autres. Ainsi, des lignes directrices existent pour bien

    agir dans un contexte déterminé. Par exemple, avez-vous

    remarqué comment on utilise souvent les mêmes

    formules au moment de finir une relation amoureuse ? Je

    suis désolé, c’est plus possible entre nous ! C’est fini !

    Ce n’est pas toi…Scarlett Johansson, mais c’est moi.

    Cependant, une langue étrangère peut vous amener à

    découvrir des autres solutions aux mêmes problèmes car

    ces solutions ont été conçues à partir de contextes

    différents. Cela peut aider à rafraîchir votre pensée en

    ajoutant des nouvelles idées. C’est comme d’habiter

    deux planètes à la fois, ayant la possibilité d’alterner

    votre point de vue entre l’un et l’autre.

    Pourtant… Est-ce que cela vaut la peine d’aller dans une

    autre planète juste pour traduire quelque chose ?

    D’autant plus avec l’existence d’Internet. C’est certain,

    une traduction en ligne est loin d’être parfaite, mais ça

    peut suffire.

    Scarlett, tu sais, on ne peut pas continuer. Je ne suis pas

    trop Hollywood, je ne suis pas une superstar et chaque

    fois qu’on est avec tes amis fameux je sens que je montre

    la charpie… Je sens que je montre la charpie… Tu

    comprends ? Vous voyez ? Elle n’a pas compris ! C’est

    parce que je viens d’utiliser une traduction littérale de

    l’expression chilienne : “mostrar la hilacha”. Vous

  • 27

    connaissez ? Cela veut dire quelque chose comment

    “montrer qui l’on est vraiment à partir d’un petit détail”.

    Au lieu de dire “montrer la charpie”, on dirait plus

    quelque chose comme “se dévoiler”. Voilà, c’est ça.

    Scarlett, je ne veux pas me dévoiler devant tes amis

    célébrités. Je ne suis pas comme toi, il ne faut pas

    demander des poires à l’orme… Demander des poires à

    l’orme. No hay que pedirle peras al olmo. Je veux dire

    demander l’impossible. Connaissez-vous l’expression

    française pour dire cela ? Ah, merci ! Scarlett, je ne suis

    pas toi, ne me demande pas la lune.

    Je vous jure, les médias vont me laisser comme gilet de

    singe… Comme gilet de singe... La presse va me

    torpiller, c’est ça !

    On vient de constater, avec ces petits exemples,

    comment les traductions littérales manquent quelque

    chose d’essentiel dans l’apprentissage des langues. Vous

    voyez, avec une traduction pareille il y a toujours des

    nuances qui peuvent vous échapper. Ce n’est pas

    seulement la langue qu’on apprend, mais c’est aussi une

    nouvelle pensée : une façon de voir les choses autrement

    dans nos vies. Ce n’est pas réellement que la

    linguistique, mais tout ce qui est autour d’elle. Google

    Translate est bien comme outil, mais il ne vous

    apprendra pas une culture !

    Évidemment, il n’est pas nécessaire d’apprendre une

    langue pour repenser une idée. On peut bien réfléchir et

    trouver des alternatives dans la communication, sans

    besoin de faire appel à une langue étrangère. Mais en

    apprendre une nouvelle c’est toujours un bon exercice,

    en tant qu’il vous impose de tout recommencer.

  • 28

    En effet, incorporer une deuxième langue c’est un peu

    comme d’apprendre à parler pour la première fois : une

    véritable épreuve pour nos capacités. Chaque fois que

    vous êtes confrontés à une barrière idiomatique, vous

    avez une opportunité de sortir de votre zone de confort

    et déplacer les limites de votre connaissance un peu plus

    loin. Si vous vous trompez, comme sûrement je l’ai fait,

    c’est parce que vous êtes en train d’apprendre et d’avoir

    de nouvelles pensées.

    Aujourd’hui, j’ai voulu vous transmettre les miennes

    dans une langue que je suis moi-même en train

    d’apprendre. Ça a marché ?

  • 29

    3 Macarena Imas

    Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

    Bonjour à tous, mesdames, messieurs.

    Parfois, il est nécessaire d’arrêter le temps et tourner

    notre regard vers le passé afin de comprendre

    Qui sommes-nous ? Que faisons-nous ? Où allons-nous

    dans cette vie ? Certainement plus d’une fois ces

    questions ont résonné dans vos têtes, vous tourmentant

    chaque fois que vous avez essayé d’y répondre. Ne vous

    inquiétez pas ! Vous n’êtes pas les seuls à ne pas y

    trouver des réponses claires. Mais pour vous réconforter,

    il y a une seule chose qui est certaine, juste une chose

    que l’on pourrait tous affirmer et qui nous aiderait à les

    déchiffrer : Ce qui s’est déjà passé, c’est-à-dire, notre

    passé. Oui parce que c’est la seule base solide, réelle et

    ineffaçable de notre vie, à partir de laquelle on peut

    envisager le lendemain. Notre passé est comme un

    passeport, il contient toute l’information sur nous. C’est

    celui qui a notre identité, nos racines et notre parcours

    tout au long des années. C’est donc notre carte de

    présentation au monde ! Le répertoire de tout ce que l’on

    vit jour après jour. Grâce à nos expériences vécues alors,

    à nos victoires et à nos échecs, qui sont influencés par un

    contexte et des circonstances, on peut planifier et

    organiser notre vie.

    Les années nous donnent ainsi la possibilité de changer,

    de choisir, de s’améliorer, et de progresser en tout aspect

    afin de projeter et de construire le chemin que l’on veut.

    La mémoire est notre trésor le plus précieux, elle permet

    de nous rappeler nos expériences les plus sublimes,

    celles qui arrivent à nous toucher jusqu’à nos plus

    profondes fibres. Donc on est capables de les retenir

  • 30

    parce qu’elles nous ont touché d’une certaine manière.

    Notre mémoire en conséquence ne consiste pas à tout

    retenir du passé mais à en sélectionner certains passages,

    les plus ineffables la plupart du temps, car ce sont eux

    qui nourrissent notre âme et on peut ainsi les revivre

    chaque fois que l’on veut, comme si c’était la première

    fois...Qu’il est formidable de pouvoir faire un retour en

    arrière.

    Mais, il est vrai aussi que parfois, on voudrait oublier

    quelques chapitres amers, déchirer quelques pages et les

    jeter à la poubelle parce qu’elles provoquent en nous de

    la tristesse, de l’angoisse, ou de la haine… nous incitant

    même des fois à vouloir recommencer à zéro. Mais, la

    vie est comme ça, elle est intense, c’est une foule

    d’émotions et de sentiments ! Une montagne russe qui

    nous emmène des fois très en haut, et d’autres fois très

    en bas! Il faut donc apprendre à vivre avec elles et

    savourer et jouir chaque instant jusqu’au maximum,

    sachant toujours que chaque expérience vécue, plaisante

    ou malheureuse nous apprend quelque Chose et nous sert

    à avancer.

    Serait-ce possible alors d’évoluer si on recommençait à

    zéro ? Sans avoir essayé auparavant on ne pourrait pas

    prévoir certaines situations et nos actions et décisions

    seraient seulement prises par hasard sans aucune chance

    de savoir quel serait le résultat, en répétant nos erreurs à

    chaque instant. C’est pourquoi tout apprentissage acquis

    au passé, est un instrument qui nous sert à forger notre

    avenir, à cause de la répercussion qu’il a dans notre vie.

    Pensez à quelque chose de très simple. Que se passerait-

    il si on oublie que le feu brûle ? Probablement on se ferait

    du mal à chaque instant, n’est-ce pas ? Ou pourquoi la

    douleur existe-t-elle ? Cette expérience sensorielle et

    émotionnelle est désagréable à cause d’une raison, c’est

  • 31

    une alerte de notre corps que quelque chose ne va pas.

    Elle nous sert donc à ne pas vouloir répéter une action et

    à faire attention la prochaine fois puisque l’on connait

    déjà la conséquence.

    Primitivement alors, ce que nous avons appris au passé

    nous a servi même à préserver notre espèce. Et dans un

    autre domaine, celui la psychanalyse, étudier les

    processus mentales grâce à nos expériences vécues, nos

    a aidé à remonter aux périodes les plus primitives de

    notre vie et ainsi pouvoir accéder à une meilleure

    connaissance de nous-mêmes, pouvant mieux

    comprendre notre manière d’être et la façon de nous

    comporter avec les autres.

    Le passé est tout le temps autour de nous, sans qu’on se

    rende compte, il est le grand observateur de notre vie,

    celui qui connaît tout sur nous, comme un auteur qui sait

    tout sur ses personnages. Il connaît chaque larme, rire,

    chagrin et espoir qui habite notre intérieur et ne nous

    juge jamais. Il est le grand gardien de nos secrets, mais

    le plus important, il ne nous oublie jamais. Comment

    pourrions-nous l’oublier alors ? Le passé nous

    accompagne toujours et sa connaissance nous permet

    d’éclairer notre présent afin d’être plus savant pour

    aborder la vie. C’est la lumière qui nous guide chaque

    fois que l’on donne un pas pour continuer ainsi notre

    chemin avec plus de certitude et conviction.

    Il y a des historiens qui distinguent deux genres de

    temps. Le temps court qui est celui qui concerne les

    circonstances politiques et les crises de toute nature et le

    temps long qui englobe les phénomènes religieux,

    culturels, sociaux et économiques, qui sont ceux qui se

    déroulent jusqu’à nos jours. L’histoire est alors une

    source inépuisable. Et Grâce à elle on peut interpréter le

    passé, et éclairer utilement pour identifier et comprendre

  • 32

    les contextes et causes des évènements ainsi que les

    enjeux des mutations sociétales actuelles.

    Le désir de tout savoir, de comprendre ce qui nous

    entoure et de vouloir créer de nouvelles choses, fait

    partie de l’essence de l’être humain. On est enveloppées

    par des connaissances ancestrales qui sont la base des

    recherches et découvertes actuelles. On doit juste ouvrir

    les yeux et observer le grand héritage qui nous a laissé le

    passé, reflété en chaque création. Tels comme les

    anciennes constructions avec une architecture

    incroyable, les grandes œuvres de la peinture et de la

    musique, la technologie, créée à partir des besoins, les

    grandes recherches de la médecine qui ont fait possible

    trouver la cure à des maladies mortelles a l’époque, La

    connaissance de la terre et de notre environnement, et

    ainsi de nombreux autres domaines qui prouvent la

    richesse du passé et l’importance et influence qu’il a sur

    nous pour évoluer.

    Ici, dans cet auditoire, chacun de nous est un apport à la

    société. Chacun de nous apprend, crée et améliore

    quelque chose de nouveau. C’est de cette façon, qu’on

    fait tous partie de cette machine qui s’appelle évolution.

    Donc en définitive connaitre notre passé est impératif

    pour avancer. C’est à l’histoire qu’on doit le savoir, elle

    nous raconte et nous apprend comment affronter le

    présent. C’est un livre ouvert qu’on relit tout le temps.

    L’histoire est mémoire et la mémoire est présente dans

    tout processus social, psychologique et émotionnelle.

    Notre culture est mémoire, l’art est mémoire, notre ADN

    est mémoire. Ainsi le passé nous crée, nous forme et

    nous structure dans tous les domaines pour construire

    ainsi un futur meilleur. Il est origine, vérité,

    apprentissage, il est la vie.

  • 33

    "Un beau soir l'avenir s’appelle le passé. C'est alors

    qu'on se tourne et qu'on voit sa jeunesse."

    Louis Aragon

  • 34

    4 Dali Smague

    Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

    Grand-mère est morte.

    Le mois passé, grand-mère est morte.

    Je ne sais plus trop si elle avait le cancer du poumon, du

    foie ou un autre ?

    Certes elle en fumait la vieille… avant elle-même de

    partir en fumée.

    Du lever au coucher du soleil, elle fumait.

    Elle fumait tellement qu’elle enfumait la maison.

    Je ne me souviens plus, non plus, si elle avait 80 ? ou

    90 ?

    Vous savez bien, dès que la peau se détend, que les os

    pointent au travers, que les rides tracent creusent leurs

    sillons en tous sens…

    C’était plutôt 100.

    Cent ans d’une vie passée sans rien devenir qu’une

    grand-mère aujourd’hui oubliée.

    Car, s’il est une chose dont je me souviens, et j’ai tardé

    à le comprendre, à l’accepter… parce que c’est triste,

    cruel et pénible à la fois, ça a été de voir l’entourage de

    grand-mère : (frères, sœurs, oncles, tantes, neveux,

    nièces et même ses amis), s’effacer… s’en éloigner, s’en

    écarter.

  • 35

    S’en écarter, vous savez bien, comme quelque chose de

    nuisible, de mauvais, de malsain, quelque chose qui vous

    colle aux doigts,

    doigts que l’on secoue pour vite, vite s’en défaire de

    cette chose embarrassante, contraignante… de ce corps

    dont on veut vite, encore plus vite ne plus voir, ne plus

    entendre, ne plus écouter.

    « Grâce à Dieu », comme elle disait grand-mère,

    D’où elle est, elle ne peut plus s’en rendre compte…

    heureusement.

    « Bien heureux les simples d’esprit et innocents »,

    affirme le dicton populaire.

    Cette phrase pouvait s’adresser à grand-mère

    tellement à la fin, Alzheimer,

    et c’était le seul,

    qui l’accompagnait dans son quotidien. …

    Ce dont je me souviens également, c’est,

    la première histoire qu’elle m’ait racontée : lorsqu’elle a

    rencontré mon grand-père.

    Classique histoire d’amour, penserez-vous ?

    Oui ! Ou plutôt… oui et non…

    Oui ! parce qu’il s’agissait d’un coup de foudre…

    et non, parce que tous les deux… Ils étaient, paralysés,

    transis, gelés … alors, il leur a fallu quelques verres …

    quelques verres pour la rompre la glace.

    Quand il y a l’angoisse... Personne ne s’embrasse,

    personne ne s’enlace... personne ne s’en lasse.

  • 36

    Résultats du va-et-vient, si je peux dire,

    4 enfants : 3 filles, 1 garçon.

    Aujourd’hui, elle n’est plus là. Son corps est parti en

    fumée,

    Son corps, mais pas son souvenir, ni ses histoires de

    jeunesses, ni son regard, encore moins son sourire.

    En parlant de sourires,

    Ce mot… sourires est quelquefois synonyme d’amour,

    n’est ce pas ?

    L’amour, celui que l’on vit, que l’on nous offre, que l’on

    donne en retour,

    l’amour depuis notre enfance ne fait-il pas partie

    intégrante

    de la construction de notre avenir ?

    Ce sentiment, d’amour à répartir, intégrer dans le sein

    des 4 grands groupes de sentiments que sont… la Joie,

    la Tristesse, la Peur la Colère.

    La vie est jalonnée de ces sentiments.

    Plus vite nous comprenons que la fusion de ces

    sentiments, est nécessaire, plus vite nous traçons vers

    notre avenir

    Mais de quel avenir parlons-nous ?

    La vie est aussi originale que complexe.

  • 37

    D’abord comme bébé, puis enfant et adolescent… pour

    parler de notre passé récent, nous allons de surprises en

    surprises…

    Des joies multiples aux peurs diverses et variées, à

    l’anxiété la tristesse, la colère, l’extase en découvrant

    sciemment notre cher Père Noël ;

    Bien évidemment que non, nous ne pouvons jamais

    oublier.

    Ce sont toutes ces émotions vécues qui forgent au

    quotidien notre avenir.

    Les échecs subis, les crises douloureuses, les drames

    traversés, les horreurs, parfois insurmontables, vécues

    ou observées, tous les moments d’une vie passés nous

    façonnent, nous modèlent, et font ce que nous sommes

    aujourd’hui, et ce que nous serons demain.

    Cet amour, que tellement de fictions, de livres, de

    poèmes nous montrent comme indispensable…

    L’histoire du Prince charmant, quelques uns la voit

    comme une sorte de fragment indispensable de

    l’adolescence qui nous ferait mûrir et grandir

    émotionnellement… L’histoire du Prince charmant ?

    Merci !, les femmes ont déjà tellement donné.

    Et les guerres, les révoltes, les catastrophes laissant en

    chemin, pères, mères, enfants .… ?

    Lorsque vous entendez : “Charlie Hebdo”, vous avez

    envie d’oublier ?

    Comment parler d’un avenir à celles et ceux qui ont été

    meurtris dans leurs chairs, les mêmes qui ont tant perdu.

    Oublier le sang versé ? Les cris qui n’ont pas été

    écoutés ? Les larmes de peur... les larmes de peine, celles

    de la souffrance ?

  • 38

    Souvent , j’ai demandé à ma mère si elle se souvenait ce

    qu’elle faisait le 11 septembre 1973 …

    Elle m’a toujours répondu que non, elle pense qu’elle

    devait jouer tranquillement avec ses poupées, et dans la

    maison, il n’y avait pas de télé.

    En revanche, souriante, elle dévie et me parle sans

    retenue lorsqu’elle a dû choisir entre le OUI et le NON !

    La période vécue a conditionné son avenir.

    L’histoire d’un pays, son passé, sa politique et ses effets

    marquent les personnes quelle que soit leur classe

    sociale.

    Elle les rend confiants, courageux, décidés ou bien

    craintifs, anxieux, combatifs, parfois même désespérés.

    Que serait la France d’aujourd’hui sans mai 68 ou

    l’Allemagne sans l’abolition du mur de Berlin ?

    Imaginons durant quelques secondes comment serait le

    futur si nous éliminions toutes les références

    historiques : plus de livres d’histoires,

    plus de témoignages des guerres, des atrocités, des

    vilenies commises.

    Le philosophe pose cette question réponse :

    Quand pourrons-nous envisager un avenir décent ?

    Quand les hommes seront capables de vivre sans

    renouveler les erreurs du passé !

    Et en parlant de nos premières réussites… de nos

    histoires amoureuses, de nos succès professionnels ou

    académiques, ou même, de nos petites grandes affaires

  • 39

    intimes… Pensez-vous, que les oublier nous aiderait à

    ne pas commettre les mêmes erreurs ?

    Sans doute, et vous serez bien d’accord avec moi, même

    si NOUS n’en PARLONS que très peu, ne jamais

    oublier nos expériences de vie nous permet d’affiner

    notre propre connaissance de nous mêmes… perception,

    que lamentablement, nous laissons très souvent de

    côté…

    Alors, il ne faut, du moins pour ma part, jamais oublier

    le passé.

    À la différence de tel ou tel président, lequel, ou lesquels

    souhaiteraient probablement qu’on oublie le leur....

    Du passé surgissent nos empreintes, notre sillon que

    nous avons tracé avec nos erreurs, nos luttes, nos

    victoires, nos fortunes diverses, nos joies, notre

    expérience… tout cela se résume en deux mots, notre

    histoire, celle qui nous détermine. Alors, pour tout cela,

    je fais mienne cette devise, de ne jamais, JAMAIS

    OUBLIER LE PASSÉ.

  • 40

    5 Richardson Charles Alida

    Une vie heureuse est-elle une vie de plaisir ?

    Jean de la Fontaine est un poète français de grande

    renommée principalement pour ses fables et dans une

    moindre mesure pour ses contes que j'ai choisi

    d'illustrer mon sujet :

    "La cigale ayant chanté

    tout l'été

    Se trouva fort dépourvue

    Quand l'hiver fût venue.

    Pas un seul petit morceau

    De mouche ou de vermisseau.

    Elle alla crier famine

    Chez la fourmi sa voisine.

    La priant de lui prêter

    Quelques grains pour subsister

    Jusqu'à la saison nouvelle.

    Je vous paierai, lui dit-elle,

    Avant l'Oût, foi d'animal,

    Intérêt et principal.

    La Fourmi n'est pas prêteuse,

    C'est là son moindre défaut.

    Que faisiez-vous au temps chaud?

    Dit-elle à cette emprunteuse.

    -Nuit et jour, à tout venant

    Je chantais, ne vous déplaise.

    -Vous chantiez, j'en suis fort aise.

    Eh bien! Dansez maintenant."

  • 41

    Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, une vie

    heureuse est-elle une vie de plaisir ?

    Dans une vision commune du bonheur synonyme de

    plaisir en harmonie et en accord avec la pertinence de la

    thèse hédoniste, ses limites et les fins qui peuvent être

    celles de notre existence, voici quelques anecdotes qui

    se sont déroulées dans ma vie. Celles-ci démontreront si

    une vie heureuse est une vie de plaisir.

    Acteur et poète, j'ai pratiqué un stage de montage,

    d'édition et de vidéo en 2011 à Port-au-Prince, la capitale

    d'Haïti qui fût la première république noire du monde.

    Dans la ville de Dessalines, un poste de directeur culturel

    de la Mairie me fût attribué en 2012. Candidat

    malheureux au poste de délégué dans les quartiers

    prioritaires de la politique de la ville, aux dernières

    élections locales en janvier 2017, j'ai renoncé afin de

    pouvoir approfondir mes connaissances dans la

    production artistique et littéraire.

    En effet, mon choix comme pays d'accueil fût le Chili.

    Peu de temps après mon arrivée, j'étais le premier haïtien

    à obtenir le premier prix littéraire au pays de Pablo et

    Mistral. Je ressens depuis une joie immense dans mon

    cœur.

    J'ai dû renoncer à une vie de dur labeur au restaurant

    Sodexo d'où le rôle de multi-activités d'homme à tout

    faire que j'ai toujours assumé, malgré une énumération

    moindre puisqu'il n'y a pas de sot métier. Cependant mon

    objectif est de devenir acteur, écrivain, professeur de

    cours de langue de créole haïtien dispensés dans le cadre

  • 42

    d'un soutien aux chiliens. J'ai donc fait le choix de quitter

    ce poste qui ne correspondait pas à mes attentes.

    À partir de ce moment-là, je suis publié au journal

    national du Chili, El Mercurio. Ensuite Canal 13

    m'accorde une interview en exclusivité, suite à la lettre

    ouverte que j'ai adressé à monsieur le directeur, pour la

    diffusion d'images négatives sur Haïti. J'ai également

    enseigné dans cet article de journal une partie de la

    culture haïtienne qui nait de la rencontre de plusieurs

    civilisations. De surcroit j'ai été auditionné par deux

    professionnels chiliens de la musique dans le cadre de la

    présentation d'une œuvre théâtrale, musicale et poétique

    basée sur l'immigration. Cela m'a permis d'acquérir le

    titre d'acteur titulaire d'une tournée artistique au Chili.

    Cette grande virée artistique et touristique m'a permis de

    découvrir le désert d'Atacama, le plus aride du monde,

    qui attire plus d'aventuriers chaque année. J'ai pu

    contempler la beauté du paysage, le spectacle de la voie

    lactée dans la nuit. J'étais en extase ! J'ai exploré la vallée

    de la lune, la vallée de la mort, le désert du sel et autres

    sites, merveilles de la nature chilienne.

    J'ai gagné le premier prix du concours de contes organisé

    par la municipalité de Lo Prado autour du thème :

    “Paternité active". J'ai été heureux d'avoir satisfait

    quelques rêves et désirs durant l'été.

    Mais le désir ne devient-il pas sourcé de frustration ? La

    recherche du plaisir ne risque-t-elle pas de transformer

    en souffrance ? Le plaisir peut être source de malheur.

    Seul durant l'hiver, loin de ma terre natale, l'absence de

    mes enfants adorés, de ma mère, de mes tendres amours

  • 43

    qui ont illuminé ma vie, chaque nuit ont trempé de mes

    larmes mon lit. Père de famille responsable, je deviens

    un vieillard de 31 ans. Mes douces boissons ont été

    mêlées de fiel.

    La solitude et le vide parfois ont construit leur demeure

    au fond de mon être. Je n'ai pas eu recours aux

    stupéfiants ou à l'alcool en vue d'atteindre ce que j'ai

    oublié de mettre en faisant le plan de ma vie. La vie

    heureuse suppose d'autres objectifs.

    Nous pouvons élargir notre réflexion, suggérer que la vie

    heureuse soit tournée vers la contemplation, on retrouve

    en effet cette idée chez Platon pour qui "Vivre" signifie

    "Apprendre à mourir et à se détacher de la réalité

    empirique afin de s'élever à l'idée en soi des choses.

    Ainsi, l'homme étant un être complexe, doté d'un corps

    et d'une âme, de raison et de désir, ne peut se contenter

    de plaisir, ni s'en priver totalement.

    Je vous remercie de votre attention!

  • 44

    FORMATION

    Atelier du samedi 11 août 2018

    Prof. Manuelle Camelin

    PRÉPARATION AU CONCOURS D’ÉLOQUENCE-

    SÉANCE N°1 :

    LA RETHORIQUE

    POWER POINT sur la RÉTHORIQUE

    Diapo 1 : Introduction au concours

    Diapo 2 : Différence rhétorique / éloquence ?

    Diapo 3 : Petit historique

    Diapo 4 : La rhétorique, aujourd’hui ?

    Diapo 5 : Les 5 opérations rhétoriques : d6 Inventio, d7

    Dispositio, d8 Elocutio, d9 Actio, d10 Memoria

    Diapo 11 : Développement du dispositio : 1. L’exorde

    Diapo 12 : 2. La Narration

    Diapo 13 : 3. La Confirmation

    Diapo 14 : 4. La Réfutation

    Diapo 15 : 5. La Péroraison

    Diapo 16 : Dessin humoristique

    Diapo 17 : Diplômes fictifs

  • 45

    ACTIVITÉS :

    Activité 1 : Tour du monde des présentations

    Activité 2 : Réflexion collective autour de la question.

    Activité 3 : Recherche d’arguments par sous-groupes.

    Activité 4 : Ping-pong d’arguments.

    Activités supplémentaires : Tout au long du power point,

    visionnement de différentes vidéos, commentaires,

    analyses.

    APPUI POUR PRÉSENTER LE POWERPOINT

    INTRODUCTION

    Bienvenue !

    Questions sur leur connaissance du concours -

    Présentation des bases du concours. (À faire avant ou

    après l’activité 1).

    Activité 1 : Tour du monde des présentations.

    Prof : commentaires généraux sur attitude physique,

    présence, regard, voix, …

    Conseils : dédramatiser / pas de piège / compter sur la

    bienveillance du public/ prendre du plaisir à “porter” le

    texte.

    Diapo 1 : Redonner sa place à l’oral

    Texte d’appui : http://theconversation.com/savoir-persuader-les-concours-deloquence-dans-lenseignement-superieur-francais-

    73658 “Pourquoi cet engouement pour l’art oratoire et les

    concours d’éloquence ? La réponse tient à un constat

    simple : l’enseignement est, en France, centré autour de

    l’écrit. La part de l’oral est réduite au minimum,

  • 46

    l’important étant de savoir exposer ses idées… sur le

    papier, dans le cadre très formel de la dissertation. Ce

    qui est avant tout évalué dans cet exercice roi de

    l’enseignement, c’est la capacité à argumenter, à

    organiser sa pensée… mais en aucun cas l’aptitude à

    parler.

    Or, être maître dans l’art de la dissertation ne signifie pas

    être un orateur hors pair, loin s’en faut, et les étudiants

    ne s’en rendent que trop compte. Ce n’est pas parce que

    vous savez écrire que vous allez savoir persuader un

    employeur potentiel de votre valeur, convaincre votre

    responsable du bien-fondé de votre décision ou tout

    simplement défendre vos idées dans une discussion entre

    amis. Au-delà du raisonnement et de l’argumentation, la

    persuasion exige un discours incarné par un orateur et

    tourné vers un auditoire.

    C’est pour combler ce manque et répondre à cet enjeu

    que se développent dans les universités et les grandes

    écoles françaises des formations à l’art oratoire et des

    concours d’éloquence. À Sorbonne universités, par

    exemple, le concours « Fleurs d’éloquence » est précédé

    d’une formation assurée tant par des universitaires

    spécialistes du discours que par des professionnels de la

    parole (avocats, comédiens), qui exposent aux étudiants

    les préceptes et les techniques d’un art vieux de

    2 500 ans : la rhétorique, ou « l’art de persuader ».”

    Diapo 2 : Différence entre éloquence et rhétorique ?

    Activité 2 : Réflexion collective autour de la question

    posée.

    http://www.fleursdeloquence.com/

  • 47

    Possibles réponses :

    ELOQUENCE :

    Art de bien parler, de persuader par la parole, maitriser

    la rhétorique.

    RHÉTORIQUE :

    Technique oratoire, outil de l’éloquence, discipline que

    prépare à l’art de l’éloquence.

    Technique applicable à tous les domaines lorsqu’il s’agit

    de persuader.

    Elle se situe au cœur de la formation du citoyen romain.

    La Rhétorique mobilise :

    - l’expressivité

    - l’art de persuader

    - capacité à transmettre

    Diapo 3 : Petit historique de la rhétorique

    Pendant des siècles la rhétorique a été au cœur de

    l'enseignement, comme mode d'apprentissage de

    l'écriture et du discours persuasif, mais aussi comme

    outil d'analyse des discours des autres.

    Origine : Vº siècle avant JC, en Sicile.

    Corax : première définition (= « ouvrière de la

    persuasion ») – née à partir d’un litige entre tyran qui se

    serait approprié les terres des populations locales –

    naissance de la rhétorique dans le but de défendre la

    cause des plaideurs, défendre leurs titres de propriété.

    ”La Rhétorique”, traité fondateur d’Aristote.

    Fondement de la culture classique qui fait du discours

    son objet.

    Art de penser et art de dire des orateurs.

  • 48

    La rhétorique, un des piliers de l’éducation dans le

    monde gréco-romain.

    Cet enseignement pénètre à Athènes est alors en plein

    épanouissement démocratique ; l'assemblée du peuple et

    le conseil sont des lieux de débat où la parole joue un

    rôle essentiel.

    Plus d’infos :

    La rhétorique est l’un des trois legs de la culture grecque

    avec l’Art et la Philosophie. La rhétorique a été

    systématisée et théorisée par Cicéron, grand orateur

    romain. Avec lui la rhétorique est devenue une véritable

    science du langage.

    Protagoras est l'initiateur du mouvement sophistique ; il

    inaugure les leçons publiques payées, et souhaite par son

    enseignement former les futurs citoyens d'Athènes

    sur n'importe quelle question, on peut soutenir deux

    thèses opposées.

    Sa mauvaise réputation… :

    Platon : dans “Gorgias”, il définit la rhétorique comme

    un art élaboré de mensonges.

    Pour lui, il existe un besoin de penser nos rapports avec

    l’éthique, avec la vérité. Un bon orateur doit être une

    personne de bien.

    La véritable éloquence doit être basée sur une conscience

    morale.

    Diapo 4 : La Rhétorique aujourd’hui

    La place de la parole dans nos vies ?

    Activité 3 : réflexion collective à partir de cette question.

    Le mot rhétorique, aujourd’hui encore, n’a pas toujours

    bonne réputation :

    http://www.cnrtl.fr/definition/rh%C3%A9torique :

    http://www.cnrtl.fr/definition/rh%C3%A9torique

  • 49

    Péj. Ensemble de procédés d'éloquence apprêtés,

    déclamatoires et pompeux. Faire de la rhétorique. Notre

    excellent Norpois a beau écrire (en sortant un des

    accessoires de rhétorique qui lui sont aussi chers que «

    l'aube de la victoire » et le « Général Hiver »): «

    Maintenant que l'Allemagne a voulu la guerre, les dés en

    sont jetés », la vérité c'est que chaque matin on déclare

    à nouveau la guerre (Proust, Temps retr., 1922, p.

    796).Arsène commença de soupçonner que pour son

    confesseur, l'expression de « Créature infernale » était

    de pure rhétorique (Aymé, Vouivre, 1943, p. 51).

    − [En parlant d'un écrivain] Style pompeux et

    artificiel. Le vrai talent littéraire, c'est d'écrire des livres

    comme on écrit des lettres, absolument. Tout ce qui n'est

    pas cela n'est que pathos, pose, rhétorique,

    enflure (Léautaud, Journal littér., 1, 1906, p. 249).Je ne

    puis plus croire une seule des paroles que vous avez

    écrites. Votre œuvre n'est que rhétorique, un monument

    de mauvaise littérature (Montherl., Pitié femmes, 1936,

    p. 1188).

    Il existe une analogie entre la puissance du discours à

    l'égard de l'âme et celle des drogues à l'égard du corps !

    Nous vivons de moins en moins dans une culture de la

    parole car l’image a tout envahi…

    Cependant, dans la vie de tous les jours, elle est

    essentielle : ENTREPRISE – EXAMENS –

    CONCOURS – ENTRETIEN DE TRAVAIL – VIE

    PRIVÉE -

    Le regain de l’usage de la rhétorique comme outil :

    l’engouement pour les concours d’éloquence.

    On ne saurait persuader en se contentant d’argumenter.

    L’image que l’orateur donne de lui-même dans son

  • 50

    discours et sa capacité à soulever les émotions sont tout

    aussi importantes que l’argumentation stricto sensu.

    Les discours de grands orateurs comme Churchill, de

    Gaulle, Badinter ou Obama nous le rappellent : un bon

    discours est un discours qui s’incarne et qui fait vibrer,

    et non un discours qui se contente de démontrer.

    (DISCOURS D’OBAMA YouTube)

    Diapo 5 : Les 5 étapes de la rhétorique

    La rhétorique est d'abord l'art de la persuasion,

    traditionnellement divisé en cinq parties, l'invention, la

    disposition, l'élocution, l'action et la mémoire.

    Diapo 6 : L’inventio : chercher tous les arguments pour

    ou contre

    Activité 4 : par sous-groupes, leur proposer un thème au

    choix.

    Ex : pour ou contre les jeux vidéo/ pour ou contre

    l’ouverture des commerces le dimanche, …etc.

    Rechercher des arguments en faveur et des arguments

    contre sur 2 colonnes.

    Mis en commun si le temps le permet…

    Diapo 7 : La dipositio : organiser ses arguments dans un

    plan

    Devront travailler les articulateurs, l’ordre des

    arguments, …

    (Bien leur préciser que ce point sera travaillé de manière

    détaillée durant ce cours).

    Diapo 8 : L’élocutio : Rédaction du discours, là où la

    rhétorique rencontre la littérature. Discours affiné dans

    ses moindres détails. Choix des mots et des figures.

    Recherche du style.

  • 51

    Site sur les figures de style à conseiller : www.alyon.org

    Quelques exercices-jeux sur les figures de style à

    pratiquer avant de les intégrer dans son discours.

    Diapo 9 : L’actio : la mise en vie du discours, le savoir

    être, le comportement, les gestes qui viennent appuyer le

    discours, effet de voix, mimiques, regards.

    (Bien leur préciser que l’actio sera développé

    ultérieurement, dans les prochains cours : Sarah et

    Patricio).

    Diapo 10 : la memoria : maîtriser son sujet et ne pas être

    collé sur ses notes, mieux on possède son discours, plus

    on est capable d’improviser.

    Diapo 11 : Développement de la Dispositio : 1. Exorde

    Exorde : à connaitre à la perfection !

    Etape très importante car elle ouvre le discours…

    Prendre son temps (on va passer du silence au bruit),

    pour ordonner son propre esprit, pour capter l’attention

    du public, attirer sa bienveillance.

    Présentation claire de la question à traiter.

    Simple, accroche courte et forte : 10 mots, 10 secondes.

    Vous pouvez choisir parmi différents types

    d’introduction pour donner le ton, pour créer un climat,

    pour établir le contact avec votre auditoire : sur un ton

    malicieux ou sérieux, humoristique, provoquant un effet

    de surprise, véhément, pompeux, rusé …)

    Vos premières paroles, votre assurance, votre regard

    vont créer le climat. Votre auditoire se fixe sur sa

    première impression.

    http://www.alyon.org/

  • 52

    Diapo 12 : 2. Narration

    Vous allez exposer des faits.

    La narration prend la forme d’un récit. Dites le

    déroulement des faits ou rapportez des anecdotes

    (exposition, nœud, dénouement). Préoccupez-vous

    toujours d’être clair. (Voir vidéo)

    Diapo 13 : 3. Confirmation

    On réaffirme son opinion et on donne ses arguments.

    Vous allez développer les arguments utiles afin de

    prouver votre thèse. Cette étape peut être considérée

    comme la pièce maîtresse de votre prise de parole.

    Vous devez choisir maintenant dans le matériel que vous

    avez rassemblé au moment de la réflexion (inventio),

    pour disposer, traiter et établir des liens entre vos

    différents arguments, en formant une trame solide.

    On ne s’en rend pas très bien compte, mais les figures de

    rhétorique sont courantes dans la vie de tous les jours,

    elles nous viennent naturellement, spontanément

    (comparaison, paraphrases, expressions, …)

    Diapo 14 : 4. Réfutation

    On réfute les arguments de la partie adverse

    Vous abordez la partie la plus délicate (certains orateurs

    la placent parfois avant la narration). Chercher à

    imaginer à l’avance toutes les objections possibles à

    votre argumentation afin de mieux pouvoir les détruire.

    Ne tomber pas dans les lieux communs, les préjugés, les

    témoignages, les opinions fausses et les partis pris, les

    propos ironiques... Procédez avec calme, sans esprit

    partisan et surtout aucune injure.

    Activité 5 : Ping-pong d’arguments. Groupe divisé en 2.

    Ils opposent leurs arguments du tac au tac. Exemples :

    Ville/campagne. Stylo/mouse. Vélo/voiture…etc.

  • 53

    Diapo 15 : 5. Péroraison (à dominer parfaitement)

    Pas trop courte, son objectif est de résumer.

    Message final fort, efficace, mémorable : ce qui restera

    dans la tête !

    Faites une synthèse récapitulative succincte de vos

    arguments et lancez un dernier appel pathétique aux

    sentiments, à l’âme de votre auditoire.

    C’est la partie la plus délicate !

    Faites une synthèse récapitulative succincte de vos

    arguments et lancez un dernier appel pathétique aux

    sentiments, à l’âme de votre auditoire.

    Mes recommandations ne se limitent pas à la mise en

    place du texte du discours. Il vous reste maintenant à

    savoir comment « dire » votre intervention. L’action

    oratoire va personnaliser et dynamiser vos propos.

    Mais tout ça, vous le verrez dans les 2 autres modules à

    venir ! ☺

    Autres vidéos à conseiller : Intro

    https://www.youtube.com/watch?v=WSh-2gE3fy8

    Le discours classique :

    https://www.youtube.com/watch?v=3vcy4ifRcus

    Comment préparer un discours

    https://www.youtube.com/watch?v=9EQj5froUac

    Comment débuter un discours :

    https://www.youtube.com/watch?v=6JG4_6sUPvg

    Structure du discours

    https://www.youtube.com/watch?v=HOToogL7hO8

    Les mystères de la rhétorique – Laurent Pernot (J de Romilly)

    https://www.youtube.com/watch?v=LwKC2efWH2M

    Présentation orale de concours fonction publique :

    exemples et erreurs à éviter

    https://www.youtube.com/watch?v=nqAuq33HJGQ

    https://www.youtube.com/watch?v=WSh-2gE3fy8https://www.youtube.com/watch?v=3vcy4ifRcushttps://www.youtube.com/watch?v=9EQj5froUachttps://www.youtube.com/watch?v=6JG4_6sUPvghttps://www.youtube.com/watch?v=HOToogL7hO8https://www.youtube.com/watch?v=LwKC2efWH2Mhttps://www.youtube.com/watch?v=nqAuq33HJGQ

  • 54

    FORMATION

    Atelier du samedi 18 août 2018

    Prof. Sara Soulet

    PRÉPARATION AU CONCOURS D’ÉLOQUENCE-

    SÉANCE N°2 :

    INTONATION, RYTHME, VOIX, ÉMOTIONS

    Un samedi matin, 8h, il faisait encore nuit et plutôt froid.

    Mais ils étaient (presque) tous là en ce matin d’hiver

    pour participer á leur deuxième séance de formation au

    concours d’éloquence á venir, á l’Institut Français de

    Santiago du Chili.

    Je les vois arriver un á un, tous tellement différents, par

    leur âge, leur histoire, leur personnalité, leur origine.

    Pourtant, une chose les unit : la fierté d’avoir été

    sélectionnés pour la demie finale d’un concours national

    d’éloquence. Á cette fierté s’ajoute un mélange

    d’émotions palpable : l’enthousiasme, la curiosité mais

    aussi sans doute la crainte d’être moins bons que les

    autres, la pudeur face au fait de devoir se mettre en avant,

    car ils s’en doutent, ils vont devoir être acteurs de cette

    séance. Après une session dédiée á la rhétorique la

    semaine précédente, ils vont cette fois se pencher

    pendant 3 heures sur les clés de l’intonation, du rythme,

    de la voix et des émotions dans le discours.

    Je précise que je me suis, pour la préparation de cet

    atelier, très largement inspirée de l’excellent livre de

    Bertrand Périer, « La parole est un sport de combat », un

    ouvrage regorgeant de conseils et astuces afin de devenir

    un orateur hors pair.

  • 55

    Objectifs de la séance : apprendre á donner vie á son

    discours á travers les éléments prosodiques que sont le

    rythme et l’intonation, á placer sa voix et á gérer ses

    émotions.

    Prendre conscience du fait que si la construction du

    discours est primordiale, sa mise en voix et sa

    théâtralisation en quelque sorte, l’est tout autant.

    Présentation

    Se présenter : nom, pourquoi ce concours ? Votre plus

    grande qualité en tant que candidat ?

    I. L’importance des éléments prosodiques :

    Mise en route-Contre-exemple : faire écouter la piste.31

    du manuel VO.3

    Écoutez la mise en voix de ces 3 poèmes, laquelle

    préférez-vous ? Pourquoi ?

    Bilan : quels sont les aspects les plus importants de la

    mise en voix d’un discours ? (Rythme, voix, intonation,

    expressivité)

    En retour sur cette activité : vous voyez que les mots ne

    font pas tout. Ces trois poèmes sont des chefs d’œuvre

    de la poésie française mais la manière de les réciter, de

    les déclamer produit des effets très différents sur

    l’auditoire.

    Des études très sérieuses ont été menées sur cette

    question et ont conclu que la force de conviction d’un

    discours passait á 60% par le langage du corps, á 30%

    par les inflexions de la voix (prosodie) et á 10%

    seulement par les mots eux-mêmes C’est dire !

  • 56

    Autrement dit, on est d’abord vu, ensuite entendu et

    enfin seulement, compris.8 Il est donc fondamental de

    soigner le non verbal

    Activité n° 1 : Échauffement : exercices de diction-

    Virelangues

    Prononcez avec un stylo dans la bouche puis sans :

    - « l’assassin sur son sein suçait son sang sans cesse. »

    - « Trois petites truites cuites, trois petites truites crues. »

    -« J’ai la bouche rouge et sèche. »

    Prenez conscience du fait que la diction, l’articulation

    est indispensable á la bonne compréhension d’un

    discours.

    Prononcez clairement les premières consones des mots

    en pensant toujours á bien articuler.

    Activité n°2 : Voix, rythme, intonation-Jeu d’écriture

    Vous avez 5 minutes pour rédiger un quatrain á partir de

    ces amorces :

    Je suis…

    J’ai…

    Je viens…

    Je m’appelle…

    Chacun le lit assis, sur le ton de son choix (les uns après

    les autres)

    Puis chacun son tour se lève et le relit en suivant mes

    indications : en chuchotant, en parlant plus fort, en

    criant, plus lentement, plus vite…

    Retour : faire remarquer l’importance de donner du

    volume au discours á travers les changements de tons

    8 La parole est un sport de combat, Bertrand Périer, Éditions J.C Lattes, p.14

  • 57

    (doux, grave) de rythmes (lent, rapide), de hauteurs en

    contrastant les deux lectures du même texte.

    Conseils et astuces pour se mettre en voix :

    « La voix peut être puissante durablement et sans fatigue

    lorsque le corps est rassemblé autour de l’axe vertical. Pour

    cela, il faut s’aider d’un mur pour que le corps soit bien aligné.

    Aplanissez l’arrière de votre tronc en vous appuyant contre le

    mur, on essaie ainsi de gommer la cambrure du bas du dos et

    de ne pas déporter la tête vers l’avant. Respirez naturellement

    dans cette position en relâchant complètement le visage, à tout

    moment vérifiez que les épaules restent bien détendues.

    Sentez alors l’air passer librement dans la gorge et le ventre

    s’activer par lui-même. »

    « Lorsque ces sensations sont bien claires, retrouvez la même

    qualité et posture sans l’aide d’un mur. Une légère bascule du

    bassin en avant et un beau port de tête vous y aideront. Vous

    aurez ainsi la gorge libre et le ventre actif. » 9

    Une fois cette posture trouvée, respirez profondément,

    comptez jusqu’á 3, balayez l’auditoire du regard et

    lancez-vous les poumons pleins, les pieds bien ancrés

    dans le sol.

    Il y a donc un silence essentiel avant la prise de parole.

    Attention : pas d’épaules baissées, de regard dans le

    vide, montrez votre envie, votre détermination d’être là.

    Trouver sa voix d’implication : Un basculement doit

    s’effectuer entre sa voix quotidienne et sa voix d’orateur,

    une voix amplifiée. La voix doit être puissante mais vous

    ne devez pas crier pour autant. Vous en prendrez

    9 La parole est un sport de combat, Bertrand Périer, Éditions J.C Lattes

  • 58

    conscience si vous parlez comme si vous vous adressiez

    á un objet situé au fond de la salle.

    Le rythme :

    Il est essentiel que le rythme de la parole suive le rythme

    de la pensée. Si l’on parle trop vite et que l’on n’a pas le

    temps d’élaborer la pensée suivante lorsque l’on exprime

    la pensée précédente, vous risquez la rupture. Adaptez

    donc le rythme de votre parole au rythme auquel les

    idées vous viennent á l’esprit et anticipez.

    Privilégiez le rythme ternaire (les formules par trois) qui

    est au cœur de la rhétorique classique. Il est par exemple

    employé par B. Obama dès l’exorde de son fameux

    discours Yes we can : « Je suis ici devant vous empli

    d’un sentiment d0humilité face á la tâche qui nous attend

    (1), reconnaissant pour la confiance que vous m’avez

    témoignée (2) et conscient des sacrifices consentis par

    nos ancêtres. (3)

    Un point important concernant le rythme : on n’écrit pas

    pour dire comme on écrit pour être lu. Le style oral

    implique quelques contraintes d’écritures. Demandez-

    vous toujours si vous pourrez dire la phrase que vous

    écrivez sans difficultés. Aurez-vous assez de souffle ?

    La phrase est-elle bien rythmée ? Pas trop longue ni trop

    courte ? N’y a-t-il pas de mots trop difficile á

    prononcer ?

    Il est plus facile de se rendre compte de ce genre de

    détails en s’entrainant á prononcer á voix haute son

    discours.

    Répétez plusieurs fois -d ’abord seul- afin d’identifier les

    moments où votre texte doit être modifié dans l’optique

    de sa déclamation á voix haute. Ces répétitions vous

    permettront aussi de repérer les endroits où vous devez

  • 59

    ménager des silences, hausser le ton, accélérer ou ralentir

    le débit. Exercez-vous ensuite devant d’autres personnes

    de confiance en prenant en compte leurs critiques et leurs

    conseils. C’est aussi l’occasion de vérifier si vos traits

    d’humour sont bien accueillis.

    La présentation du discours :

    Pas de recto verso, pour juste avoir á glisser ses feuilles,

    en grands caractères (police 18 ou 20) et interlignes

    doubles, sans notes de bas de page.

    Puis l’annoter pour la lecture, comme une partition

    (accélérations, ralentissements, chuchotements…)

    Á la fin de votre discours, préparez votre péroraison.

    Quelques lignes avant la fin, la voix devient plus grave

    et le débit plus lent ou au contraire plus exalté. La tension

    se crée et la formule finale tombe.

    Activité 3 : adopter la bonne posture.

    Essayez de mettre en pratique tous les conseils énoncés

    précédemment : adoptez la posture autour de l’axe

    vertical, tout le dos collé au mur : respirez

    profondément, comptez jusqu’á 3, balayez l’auditoire du

    regard et lancez-vous les poumons pleins, les pieds bien

    ancrés dans le sol en prononçant cette phrase selon sa

    voix d’implication (en fixant un point au fond de la

    salle) : "Si vous n'essayez jamais, vous ne réussirez

    jamais, mais si vous essayez, vous risquez de vous

    étonner vous-même."

  • 60

    II. Les émotions

    Il est fondamental lors d’un discours de gérer le trac et

    ses émotions.

    Si l’émotion peut naturellement survenir á tout moment

    de la prise de parole, et est presque inévitable puisque

    nous ne sommes pas des robots, il faut cependant faire

    en sorte qu’elle ne vous submerge pas et ne vous

    déstabilise pas.

    1ere règle : dédramatisez. Le stress vient souvent d’une

    idée erronée que l’on se fait de l’auditoire. Il vous jugera

    mais n’est pas nécessairement malveillant á votre égard.

    Le stress ne disparaitra pas mais il faut seulement faire

    en sorte qu’il stimule et ne paralyse pas.

    2eme conseil : la visualisation.

    En amont de la prise de parole, se voir parler, s’imaginer

    et anticiper. Cela permet de se rassurer.

    Avoir en tête son début et sa fin.

    Ne pas hésiter á se moquer de soi en cas d’erreur.

    Activité 4 : Vidéo de Fernandel, « Le schpoutz »,

    Tout condamné aura la tête tranchée (2’35)

    Faire visionner la vidéo

    (https://www.youtube.com/watch?v=uBMqVQd3P5Y)

    Imposer une émotion (la même pour tous)

    Et chacun prononce la 1ere phrase de son poème sur le

    ton de cette émotion.

    Variante

    Chacun pioche un papier émotion et prononce une

    phrase de son poème sur le ton de cette émotion que les

    autres doivent deviner. (peur, joie, colère, tristesse,

  • 61

    haine, nostalgie, dégoût, espoir, ennui, frustration,

    honte)

    Activité 5 : l’exagération des sentiments :

    Je propose un sentiment. Le 1er l’exprime dans une

    phrase de son choix de manière la plus atténuée possible,

    puis dans l’ordre, chacun son tour en cercle, les autres

    exagèrent de plus en plus ce sentiment jusqu’au dernier

    qui doit l’exagérer au maximum.

    Activité 6 : la valise de sentiments

    Tous en cercle. Au milieu, une valise.

    Je nomme un sentiment. Le 1er s’avance au centre, ouvre

    la valise et exprime le sentiment en question avec la

    phrase de son choix et en la jouant le mieux possible (en

    découvrant quelque chose qui lui fait peur, envie, le met

    en colère…)

  • 62

    FORMATION

    Atelier du samedi 25 août 2018

    Prof. Patricio Garcia

    PRÉPARATION AU CONCOURS D’ÉLOQUENCE-

    SÉANCE N°3

    LE LANGAGE CORPOREL

    POSTURE – REGARD – GESTES –

    GESTION DE L’ESPACE

    Importance du NON VERBALE dans la Prise de Parole

    en Public.

    Objectifs de la séance : apprendre et réviser les éléments

    para-verbaux qui sont la posture, la gestuelle, le regard

    et la proxémie pour mieux communiquer son discours en

    public.

    8 minutes pour présenter un sujet en respectant la

    thématique proposée. Vous devez convaincre le jury.

    Vous pouvez utiliser toutes les ressources de la

    rhétorique dans un discours organisé, rigoureux et

    cohérent : exorde, narration, réfutation, péroraison.

    Vous vous adressez à deux jurys dans une salle de classe

    (présélection) Exercice de prise de parole individuelle.

    Même si l’oral du discours doit prévaloir il est très

    important (68% de prévalence) de respecter les formes

    non verbales qui accompagnent et permettent

    d’articuler et de soutenir votre parole.

  • 63

    Activité 1 : Présentation personnelle

    SE PRESENTER ET SALUER EN MIMANT LES

    AUTRES (Comme dans le film « A haute voix »)

    https://www.youtube.com/watch?v=-KLE7PTx92U

    DURÉE : 15 minutes

    ORGANISATION

    Déroulement de l’activité : en groupe.

    Le groupe se met en cercle. Le numéro 1 se présente et

    fait un geste. Le numéro 2 se présente et fait un geste,

    ensuite il reproduit le geste et la présentation du numéro

    1. Le 3 se présente et reproduit le geste et la présentation

    des numéros 2 et 3 et ainsi de suite. Le numéro 10 doit

    reproduire toutes les présentations.

    Une fois que tous se sont présentés on peut faire un tour

    de présentation tous ensemble en reproduisant tous les

    gestes.

    Questions pour la réflexion collective : Qu’est-ce que

    nous avons mobilisées dans cette activité ? LA PAROLE

    – LES GESTES – LA MEMOIRE Le triangle vertueux

    de l’éloquence. Qu’est-ce que cette activité permet de

    faire ressortir ? Il y a une mémoire des mots et une

    mémoire des gestes, il y a des mots parasites et des gestes

    parasites qu’il faut contrôler : les béquilles du

    langage…les béquilles