Concept d’humanitude

Le mot humanitude a été créé par Jacquard, Klopfenstein et le Dr Mias comme étant le fait de prendre soin de notre commune humanité, de reconnaître en cette personne, quel que soit son état de dégradation physique ou mentale, notre espèce humaine, notre frère humain.

« L’ensemble de cadeaux d’évolution que les humains se sont fait les uns les

autres au cours des générations, depuis qu’ils ont conscience d’être, et qu’ils peuvent se faire encore, dans un enrichissement sans limite » … « ce trésor de compréhension, d’émotion et surtout d’exigences éthiques pour soi et pour les autres que nous avons peu à peu développé …(Jacquard, 1947, 1987)), exemple la verticalité, le regard échangé, la tendresse, le toucher, le rire et le sourire, le regroupement familial ou amical, la socialisation etc..

Ils recouvrent les comportements d’attention, de reconnaissance, de sollicitude…créateurs de développement humain. A l’échelle de notre vie quotidienne, nous les reproduisons avec notre famille ou les malades. Ils possèdent ce pouvoir d’adaptation, de motivation, de bien-être, de qualité de vie et de croissance personnelle (Phaneuf, 2007)

Face à la personne vulnérable, la plus isolée, la plus apparemment repoussante même, l’humanitude est une approche qui lutte contre l’exclusion et la déshumanisation. Le soignant prend l’initiative d’aller à sa rencontre et de se montrer humain. Il le fait parfois à travers un soin non classique, ou une méthodologie créative, complètement adaptée aux soins de la personne et surtout porteuse de sens. A titre d’exemple, la méthodologie de « toilette en humanitude » prônée par Gineste et Marescotti,1 pour les personnes démentes ou très dégradées psychiquement: on commence par le dos, non menaçant, et une personne fait la toilette tandis que l’autre parle et rassure la personne tout du long.

Il est important de souligner ici que même chez une personne extrêmement dégradée cognitivement, la mémoire affective est conservée jusqu’au bout, contrairement à la mémoire immédiate et à long terme de type cognitif qui seront perdues. Les souvenirs cognitifs sont oubliés, mais pas le ressenti qui les a accompagné : le souvenir affectif. Si nous avons construit, sans le vouloir, ce souvenir comme menaçant : exemple la toilette forcée, nous pouvons le reconstruire cette fois en douceur et en fraternité.

Cela demande un travail important sur soi même pour approcher la personne avec douceur, humilité et bienveillance.

Sur le plan des bénéfices pour le soignant, l’apparente perte de temps initiale est vite récompensée par moins de violence, moins de cris, moins d’efforts et une meilleure efficacité. Par ailleurs prendre soin avec humanitude fait du bien au soignant parce ce qu’il fait alors a un sens et est en accord avec ses valeurs . Sources - Mémoire infirmier de Lorine Blanc, promotion 2009-2002, la toilette en humanitude - Conférence internationale sur les soins infirmiers, Hôpital de la Cité de la santé, université de Laval, Québec, 2002 - Phaneuf, Margot, Inf, PHD, 2007 :Le Concept d’humanitude :une application aux soins infirmiers généraux,Le viellissement perturbé :la maladie d’Alzheimer, Montréal, Chenelière Education - Gineste Y, Marescotti R, Soins, corps et communication : les liens d’humanitude ou l’art d’être ensemble jusqu’au bout de la vie - Jacquard, Albert,1987, Cinq Milliards d’hommmes dans un vaisseau, Seuil 1 Note de vigilance éthique :Gineste et Marescotti ont eu le mérite d’adapter certaines techniques dérivées du concept d’humanitude, mais ne sont en aucun cas les inventeurs du concept qui existait bien avant eux !