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544 Comptes rendus / Sociologie du travail 54 (2012) 533–557 La logique du choix suppose un individu capable de décider, seul, du traitement qui convient. Cet individu peut être soit le médecin, soit le patient. Soit le patient obéit soit il décide. Ce n’est pas au soin que s’oppose le choix mais à l’obéissance. Une fois reconnue la faiblesse de cette opposition, demeure la question du rapport soignant/soigné. La logique du choix et celle de l’obéissance répondent à une chronologie séquentielle simple rappelant à maints égards celle présentée en sciences politiques : identification du problème ; identification des solution ; choix ; traitement. Deux cas de figures se présentent, dans le premier « les patients dirigent, les médecins exécutent », dans le second les médecins dirigent, les patients exécutent. Or, non seulement les rôles ne sont jamais aussi simples (le malade pouvant, par exemple, développer une forme d’expertise médicale) mais le processus de soin lui-même est bien plus circulaire que linéaire. Il est un bricolage quotidien, un ensemble d’ajustements concertés et intégrant les singularités du malade. Ce faisant il ne peut reposer sur des règles générales et pré-établies, ni sur des catégories figées à l’avance. Par exemple, pourquoi toujours différencier hommes et femmes quand une distinction entre personnes ayant des menstruations et personnes n’en ayant pas pourrait être plus pertinente. Ce que propose A. Mol, c’est, au fond, une éthique collective du soin et de la classification, tenant compte des corps, des âmes, des contextes, des contraintes, de leurs singularités. Pierre-André Juven Centre de sociologie de l’innovation, école des mines de Paris, 60, boulevard Saint-Michel, 75272 Paris cedex 06, France Adresse e-mail : [email protected] doi:10.1016/j.soctra.2012.09.010 Action and Agency in Dialogue, F. Cooren. John Benjamins Publishing, Amsterdam/ Philadelphia (2010). 206 pp. Franc ¸ois Cooren est une figure importante du courant de recherche qui, à la suite notamment de James R. Taylor et Linda L. Putman, développe une analyse méticuleuse de la dimension communicationnelle des processus organisationnels. Par son ambition théorique et sa volonté d’interroger les liens entre dialogue et action, cet ouvrage marque une étape importante pour ces travaux, déjà largement diffusés internationalement. Son point de départ est un parti pris théorique bien connu : le refus du partage analytique entre le niveau local des échanges interpersonnels, observable naturellement, et le niveau global de structures invisibles, dont la mise en lumière permettrait d’expliquer le premier. Mais c’est aux limites de ce cadre, en particulier de ses emprunts à l’ethnométhodologie et à l’interactionnisme, que l’auteur s’attaque en cherchant à l’articuler à un modèle de l’action pluraliste, qui ne rabat pas la définition de « ce qui agit » sur la personne et ses intentions, et cherche à prendre en considéra- tion les différents êtres (principes, règles, collectifs, autorité...) qui peuplent la communication. Pour suivre ce programme, F.Cooren propose d’utiliser la métaphore de la ventriloquie qu’il emprunte à la linguistique et à la philosophie du langage. Ce faisant, il opère un second dépla- cement, puisqu’il cherche à opérationnaliser des notions qui jusqu’ici étaient restées cantonnées aux postures analytiques de ces domaines, nourries essentiellement d’exemples canoniques et non pas par l’analyse minutieuse d’interactions situées. Par ce biais F. Cooren peut s’atteler à la vaste question : « Que fait-on agir et qu’est-ce qui nous fait agir ? » sans la rabattre sur le seul registre de l’intention ni rompre avec le principe d’endogénéité de l’action qui fonde sa démarche.

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La logique du choix suppose un individu capable de décider, seul, du traitement qui convient.Cet individu peut être soit le médecin, soit le patient. Soit le patient obéit soit il décide. Cen’est pas au soin que s’oppose le choix mais à l’obéissance. Une fois reconnue la faiblessede cette opposition, demeure la question du rapport soignant/soigné. La logique du choix etcelle de l’obéissance répondent à une chronologie séquentielle simple rappelant à maints égardscelle présentée en sciences politiques : identification du problème ; identification des solution ;choix ; traitement. Deux cas de figures se présentent, dans le premier « les patients dirigent,les médecins exécutent », dans le second les médecins dirigent, les patients exécutent. Or, nonseulement les rôles ne sont jamais aussi simples (le malade pouvant, par exemple, développerune forme d’expertise médicale) mais le processus de soin lui-même est bien plus circulaireque linéaire. Il est un bricolage quotidien, un ensemble d’ajustements concertés et intégrant lessingularités du malade. Ce faisant il ne peut reposer sur des règles générales et pré-établies,ni sur des catégories figées à l’avance. Par exemple, pourquoi toujours différencier hommes etfemmes quand une distinction entre personnes ayant des menstruations et personnes n’en ayantpas pourrait être plus pertinente. Ce que propose A. Mol, c’est, au fond, une éthique collective dusoin et de la classification, tenant compte des corps, des âmes, des contextes, des contraintes, deleurs singularités.

Pierre-André JuvenCentre de sociologie de l’innovation, école des mines de Paris, 60, boulevard Saint-Michel,

75272 Paris cedex 06, FranceAdresse e-mail : [email protected]

doi:10.1016/j.soctra.2012.09.010

Action and Agency in Dialogue, F. Cooren. John Benjamins Publishing, Amsterdam/Philadelphia (2010). 206 pp.

Francois Cooren est une figure importante du courant de recherche qui, à la suite notammentde James R. Taylor et Linda L. Putman, développe une analyse méticuleuse de la dimensioncommunicationnelle des processus organisationnels. Par son ambition théorique et sa volontéd’interroger les liens entre dialogue et action, cet ouvrage marque une étape importante pour cestravaux, déjà largement diffusés internationalement.

Son point de départ est un parti pris théorique bien connu : le refus du partage analytique entrele niveau local des échanges interpersonnels, observable naturellement, et le niveau global destructures invisibles, dont la mise en lumière permettrait d’expliquer le premier. Mais c’est auxlimites de ce cadre, en particulier de ses emprunts à l’ethnométhodologie et à l’interactionnisme,que l’auteur s’attaque en cherchant à l’articuler à un modèle de l’action pluraliste, qui ne rabat pasla définition de « ce qui agit » sur la personne et ses intentions, et cherche à prendre en considéra-tion les différents êtres (principes, règles, collectifs, autorité. . .) qui peuplent la communication.Pour suivre ce programme, F. Cooren propose d’utiliser la métaphore de la ventriloquie qu’ilemprunte à la linguistique et à la philosophie du langage. Ce faisant, il opère un second dépla-cement, puisqu’il cherche à opérationnaliser des notions qui jusqu’ici étaient restées cantonnéesaux postures analytiques de ces domaines, nourries essentiellement d’exemples canoniques et nonpas par l’analyse minutieuse d’interactions situées. Par ce biais F. Cooren peut s’atteler à la vastequestion : « Que fait-on agir et qu’est-ce qui nous fait agir ? » sans la rabattre sur le seul registrede l’intention ni rompre avec le principe d’endogénéité de l’action qui fonde sa démarche.

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Après un court chapitre introductif qui expose le cadre théorique central du livre autour decette conception élargie de l’action, deux chapitres sont consacrés à son développement : la priseen compte de l’agentivité des textes et des choses dans le dialogue (chapitre 2) et l’intégrationdes figures de la passion et de l’animation dans un modèle élargi de l’agency (chapitre 3). Lechapitre 4 constitue le cœur du livre et s’arrête longuement sur la notion même de ventriloquisme.Le dernier chapitre donne l’occasion à F. Cooren de proposer une sorte d’ouverture conceptuelleà son analyse à travers la discussion de la notion d’incarnation qu’il défend, notamment face àcelle de réification, pour consolider sa théorie de l’action.

On l’aura compris, le projet est ambitieux. Il relève aussi bien des sciences du langage quede la sociologie et de la philosophie. À ce titre, ses filiations sont nombreuses. Parmi elles, lesfigures de Mikhaïl Bakhtine, Jacques Derrida, Harold Garfinkel et Bruno Latour sont évidemmentcentrales. Mais c’est sans doute Erving Goffman, auquel l’auteur renvoie dès la deuxième notede son livre, qui est ici l’inspiration la plus importante. On trouve en effet chez le sociologueaméricain de nombreuses réflexions soulignant la nécessité de se débarrasser de tout postulat surl’unité sociale et biologique de l’individu, notamment lorsqu’à propos de la notion de « position »,il montre la « fonction enchâssante » de la parole. F. Cooren cherche à montrer que prendre ausérieux cet enchâssement permet de comprendre non seulement que toute personne est prise dansune chaîne d’agences, mais que cette chaîne est présente dans l’interaction, qu’elle y est actualisée.Il propose d’étudier la ventriloquie comme opérateur de cette présence : c’est par elle que l’onfait agir certaines entités (des mots, des documents, des gestes. . .) à notre place. L’analyse de cespratiques langagières très courantes est un moyen de repeupler l’interaction et de montrer qu’elledispose elle-même des moyens de déborder le hinc et nunc de la situation.

L’originalité de l’usage fait ici de la métaphore de la ventriloquie réside dans la possibilité dela faire travailler dans les deux sens. Si les personnes sont des ventriloques qui font agir d’autreschoses à leur place, il arrive aussi qu’elles se placent elles-mêmes en position de marionnettes,mues par des principes ou des instances qui les font agir de telle ou telle manière, ou bien dontelles se font, au sens propre du terme, les porte-parole. Comme l’écrit régulièrement l’auteur aufil du livre, ces facons de parler sont généralement évacuées par les chercheurs qui n’y voient queles effets d’un langage figuré sans importance. Il défend au contraire la nécessité d’y être attentifet de les prendre au sérieux en les étudiant comme pratiques de figuration et de configuration.

Quel est l’intérêt de poser les choses en ces termes ? Cela permet d’abord de reconnaître unecertaine autonomie aux productions langagières. À partir de nombreux extraits de dialogues (issusd’une enquête ethnographique auprès de Médecins sans frontières, des retranscriptions du procèsEichman, de corpus d’autres auteurs. . .), F. Cooren met en lumière les situations dans lesquellesce que dit une personne (ou ce qu’elle a écrit, affiché, etc.) peut la trahir et lui faire dire des chosesqu’elle ne maîtrise pas. Plutôt que de les réduire à de simples querelles d’interprétation, il montreque ces décalages invitent à sortir d’un modèle de la communication et de l’interaction qui resteencore largement imprégné d’intentionnalisme. Il reprend ainsi les critiques faites à la théorie desactes de langage de John Searle et les élargit à l’analyse conversationnelle à laquelle il reprochecertaines dérives fonctionnalistes. Reconnaître une forme d’autonomie aux textes, c’est rompredéfinitivement avec le vocabulaire du « message » et de « l’émetteur » pour se focaliser sur laquestion de l’attribution. Qu’est-ce qui vient d’être dit ? Qu’est-ce qui est écrit ? Voilà le moteurde nombre d’interactions qui sont autant de négociations à propos des textes qui les peuplent.

L’auteur propose donc un modèle de la communication comme « production d’entitéssémiotiques » (p. 104) qui ne sont jamais complètement contrôlables, insistant sur l’oscillationpermanente des énoncés, la part irréductible d’indécidabilité de leur sens. Un modèle qui per-met de faire une juste place à l’humour et à l’ironie en tant qu’ils s’appuient précisément sur

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l’impossibilité de trancher avec certitude sur le sens d’une occurrence et l’intention de celui quila prononce.

L’intérêt de l’ouvrage réside également dans son exploration de l’autre face de la ventri-loquie — celle de la « passion » et de « l’animation » — qui consiste à s’assumer comme agentd’une entité qui nous fait agir. Faire référence à ce qui compte, et donc ce qui agit, dans telle outelle situation, est en effet aux yeux de l’auteur, un ressort central de l’accountability : « makingone’s behavior accountable or answerable consists of identifying everything that precisely countsor matters for us in given circumstances » (p. 79). Rendre compte de son action passe toujourspar la description d’une agence hybride au sein de laquelle des règles, des principes et parfoisd’autres personnes sont invoquées.

Mais que l’on ne s’y trompe pas. Dans ce modèle, les figures invoquées, qu’elles soient desrègles, des principes, des textes ou des catégories, ne sont pas des objets stabilisés qui seraientdes ressources fiables sur lesquelles les personnes s’appuieraient durant l’échange. Ce ne sontpas des conventions au sens abstrait du terme. Sur ce point, F. Cooren revendique clairementl’héritage de H. Garfinkel. Pour que des conventions existent, et pour qu’elles se perpétuent, ellesdoivent être incarnées, reproduites à chaque fois dans l’interaction « another next first time ». Lacommunication, orale et écrite, consiste à actualiser des noms et des catégories, à éprouver desfigures, y compris de grandes figures « culturelles » qui ne sont des ressources, ou des cadres denos échanges, qu’à condition d’être cultivées.

Au fil de l’ouvrage, F. Cooren aborde les questions méthodologiques, puis politiques, quesoulève son modèle. Si l’interaction est toujours une occasion de mettre à l’épreuve les figuresque l’on invoque, il est évident que celles-ci ne sont pas toutes objet de négociation. Le cas,particulièrement détaillé dans le livre, du procès de Eichmann qui se défend en se placant toutentier sous l’autorité du règlement et des ordres hiérarchiques, représente une forme extrêmed’échanges. Dans la plupart des situations, les choses sont beaucoup plus apaisées. Or, la tâcheque se donne l’auteur consiste tout autant à décrire les pourparlers autour de tel ou tel objet de ladiscussion, que de repérer les figures qui font consensus et qui ne posent pas problème. D’un pointde vue méthodologique, cela veut dire, comme l’a défendu Aaron Cicourel en son temps, quel’analyse d’interactions situées doit se nourrir d’une immersion longue auprès des personnes que lechercheur étudie. En s’acclimatant à une communauté de langage, le chercheur peut appréhenderles contrastes entre les figures « culturelles » qui sont invoquées comme un paysage qui n’est pasquestionné et celles qui comptent et font une différence pour les interactants. Sur le plan politique,il y a là un enjeu important. Cette perspective de recherche peut en effet s’élaborer comme uninstrument de vigilance. Repérer ce qui n’est plus questionné, discuté, c’est aussi se donner lesmoyens de débattre à nouveau, et de « cultiver l’indécidabilité » (p. 172).

Cet ouvrage passionnant a le grand mérite de ne pas se refermer sur lui-même, mais d’ouvrirau contraire de nombreuses pistes d’analyse. La principale difficulté qu’il soulève concerne leslimites de l’exercice et la place que tient le chercheur (observateur toujours participant) dansl’identification des figures qui hantent l’interaction. Il est évident qu’il n’y a aucune prétentiondans ce projet à épuiser les échanges de tout ce qui les habite. Mais on pourra être gêné parl’usage, peu problématisé dans le livre, de la notion d’implicite. Pour être plus précis, on sentbien que la frontière est mince entre les figures culturelles qui vont de soi et ce qui relève dunon dit. Mais la question est alors méthodologique. Faut-il, en tant que chercheur, rendre compted’une figure si elle n’est pas « thématisée » par les interlocuteurs, pour reprendre un terme del’ethnométhodologie. Si oui, quels sont les moyens que l’on peut se donner pour assurer à sonanalyse le fondement descriptif essentiel à ce projet ? Comment peut-on considérer que tel principeou telle posture institutionnelle a participé de l’action dont l’on rend compte en tant que chercheur

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si l’on ne peut en trouver la trace ? Question complexe qui aurait mérité sans doute d’être encoreapprofondie.

Jérôme DenisTélécom ParisTech, département de sciences économiques et sociales, 46, rue Barrault,

75003 Paris, FranceAdresse e-mail : [email protected]

doi:10.1016/j.soctra.2012.09.013

L’évitement du politique, N. Eliasoph. Economica, Paris (2010). 352 pp. [traduction francaisede Camille Hamidi]

L’ouvrage devenu un classique de Nina Eliasoph, Avoiding Politics, est désormais, 12 ans aprèssa publication aux États-Unis, disponible en langue francaise. L’on doit ce cadeau à CamilleHamidi, traductrice pour l’occasion mais aussi et surtout universitaire qui contribue, par sespropres travaux, à diffuser en France cette approche interactionniste de la politisation dont lasociologue américaine constitue l’une des grandes figures.

En étant particulièrement attentifs à ce qui, dans le rapport ordinaire à la politique, s’expliquepar du social non incorporé, les défenseurs de cette approche ré-inscrivent l’analyse des atti-tudes et des comportements dans les environnements concrets où ils sont adoptés. Ce sont lescontextes dessinés par les échanges inter-individuels, ceux qui font le quotidien de la vie sociale,qui retiennent l’attention. Ces échanges, dès lors qu’ils ne surgissent pas n’importe où et avecn’importe qui, peuvent, avec le temps, alimenter des habitus et faconner des prédispositions.Mais c’est en tant qu’ils forment, au moment même où ils se produisent, des environnementsproducteurs d’effets sur les comportements qu’ils sont investis dans ce cadre. On s’intéresse auxressources qu’ils offrent comme aux effets de censure qu’ils produisent sur des individus dont lescomportements varient donc en fonction des contextes dans lesquels ils évoluent.

Le livre fondateur de Nina Eliasoph montre ainsi comment s’opère, dans l’espace publicaméricain, la construction sociale de l’indifférence politique. Son premier mérite réside d’ailleursdans cet objet. Prendre au sérieux le retrait pour montrer qu’il constitue un effet de contextesrevient déjà à ne pas le transformer en prise de parole, ce que l’on s’autorise trop souvent àfaire. Toutefois, si l’indifférence, pour la sociologue, constitue bien l’indicateur d’un rapportdistancié au politique largement répandu aux États-Unis, elle est avant tout le produit d’un travaild’évitement qui a effacé sa propre trace et que l’enquête ethnographique vise à analyser, doncà rendre visible. Expliquer comment les Américains travaillent à écarter le politique de leur viepour comprendre, en dernier ressort, comment favoriser un processus contraire, tel est l’objectifessentiel du livre.

Pour cela, Nina Eliasoph suit pendant deux ans et demi les membres de plusieurs petitsgroupes de citoyens dont le niveau d’engagement dans l’espace public et le domaine par lequelil s’opère sont très divers. Danseurs de country, parents mobilisés contre la drogue, militantsécologistes ont pour point commun de se réunir régulièrement et d’engager des conversationsauxquelles la sociologue va largement participer, avec pour but d’évaluer la part réservée aupolitique. Parce que l’enquête est de longue durée et qu’elle fait varier les situations d’observationet d’entretiens — Nina Eliasoph rencontre également les membres de ces groupes pour desentretiens individuels en face-à-face — la sociologue se donne les moyens de comprendre ce queles contextes d’énonciation font aux comportements.