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Comprendre les mobilités : approche du
phénomène par la combinaison des flux
routiers et d’un réseau modélisé
Application à l’agglomération de Montbéliard
Mémoire de soutenance - Juin 2011
Romain Louys
Master 2 IT-ISA Tutorat : Olivier Poncelet, Hélène Houot
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REMERCIEMENTS
Tout d’abord, je tiens à remercier mon tuteur de stage, Olivier Poncelet, avec qui j’ai eu
l’honneur de travailler. Merci pour son encadrement, ses conseils précieux, sa très grande
disponibilité, et son soutien tout au long du stage. Je remercie Hélène Houot d’avoir porté un
regard extérieur sur mon travail et merci également pour ses précieux conseils.
Je remercie Pierre Lavergne, responsable du pôle « Intelligence Territoriale » pour la
confiance qu’il m’a accordée.
Merci également à toute l’équipe de l’Agence d’Urbanisme et de Développement pour leur
appui dans et en dehors du travail.
Je remercie plus particulièrement les membres de l’équipe « Intelligence Territoriale » de
l’agence pour leur gentillesse et leur convivialité.
Des remerciements aussi aux personnes avec qui j’ai travaillé, à savoir Charles Bergounioux
et Philippe Bozon. Merci à eux pour leurs conseils ainsi que leurs qualités humaines et
professionnelles.
Enfin, un remerciement tout particulier à Christine Maffli pour la mise en page et merci à
Olivier Schmitt et José Pereira pour la relecture de ce mémoire.
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INTRODUCTION
De nos jours, l’organisation des transports jouent, plus que jamais, un rôle prépondérant
dans le développement et l’attractivité d’une agglomération. En effet, ils permettent le
déplacement à la fois des personnes et des marchandises dans des agglomérations de plus en
plus étendues et dans lesquelles les flux augmentent.
Dans l’agglomération de Montbéliard, plus qu’ailleurs, ces déplacements se font
essentiellement à partir de l’automobile. De plus, de nombreuses zones d’activités,
disséminées sur le territoire, entrainent une circulation de flux de marchandises en particulier
à l’aide des poids lourds. Ces phénomènes sont liés à l’histoire et à la structure urbaine du
territoire particulièrement atypique. Ainsi, celui-ci présente de multiples particularités riches
d’enseignement pour l’appréhension des flux routiers. À travers l’histoire de l’industrie
automobile, la question des mobilités est un « marqueur » fort de l’histoire du Pays de
Montbéliard et la relation à la voiture individuelle, notamment, est ici plus prégnante
qu’ailleurs, ce qui a pour conséquence de rendre le territoire mono-dépendant face à la
voiture.
Dans son Projet d’Agglomération 2020, le Pays de Montbéliard a fixé comme objectif
de faire de son territoire une éco-agglomération, en complément des autres politiques
publiques en vigueur (Schéma de Cohérence Territoriale, Plan de Déplacements Urbains).
Une meilleure considération de la durabilité de la ville est une opportunité pour repenser les
mobilités et diminuer la dépendance à l’automobile. Pour faire émerger une éco-
agglomération, des outils d’aide à la décision et à l’action existent. Parmi ceux-ci, nous nous
intéresserons plus particulièrement dans cette étude à l’un deux : l’observatoire
Déplacements-Mobilité. Cet observatoire, de portée locale, s’inscrit dans un contexte national
de renforcement du rôle de l’évaluation1. En effet, l’évaluation est devenue un outil de suivi
des effets des politiques permettant, le cas échéant, de les réajuster. Dans cette optique, les
agences d’urbanisme apparaissent, de par leur caractère partenarial et indépendant, comme
des outils efficaces pour piloter les travaux d’observations.
1 L’évaluation est inscrite dans la Constitution depuis 2008 dans le but d’optimiser l’efficacité des politiques
publiques
4
Une étude sur l’évolution des flux routiers apparaît naturellement incontournable dans
une démarche d’observation territoriale autour des mobilités. Une telle étude a pour objectif
de représenter les flux routiers en matière d’évolution et de répartition et de mieux
comprendre les phénomènes de circulation routière afin d’élaborer au mieux les politiques
publiques.
Toutefois, peu d’outils techniques permettent aujourd’hui d’évaluer efficacement les
flux routiers sur un territoire. L’objectif de cette étude est donc d’apporter un regard objectif
sur le phénomène des flux routiers sur l’agglomération de Montbéliard, afin de mieux le
comprendre et d’en cerner les enjeux. De même, l’insuffisance du nombre de point de
comptages routiers sur le territoire peut apparaitre comme problématique et l’une des pistes
étudiées, dans le cadre de l’observatoire, pour palier ce constat, est de combiner les données
de comptages routiers avec un réseau routier modélisé afin d’enrichir et de compléter l’étude.
Enfin, le territoire, structuré autour de l’automobile, a pour conséquence de créer une
surcharge de trafic sur certains tronçons. Le dernier enjeu du mémoire sera d’aborder les
conséquences de la surcharge de certains tronçons et d’apporter une solution, en termes
d’accessibilité, à la saturation du trafic en proposant des itinéraires « bis », afin de
désengorger les endroits critiques de l’agglomération.
Dès lors, face à un territoire organisé de manière à privilégier l’utilisation de
l’automobile, quels outils méthodologiques peuvent être envisagés pour considérer le
phénomène des flux routiers ?
De cette question centrale découlent plusieurs questions, certaines thématiques, d’autres
d’ordre plus technique.
Pourquoi et comment le Pays de Montbéliard s’est structuré autour de l’automobile ?
Quelle est l’organisation des flux routiers sur l’agglomération de Montbéliard ?
Comment ces flux évoluent-ils sur le territoire ?
Comment construit-on un référentiel géographique de données cohérentes sur les
comptages routiers ?
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La modélisation du réseau routier permet-elle de mieux comprendre la façon dont ce
réseau fonctionne et est utilisé ?
Comment enrichir l’information sur les flux routiers pour avoir une vision plus fine
des enjeux sur le territoire ?
Pour tenter de répondre à ces questions, ce mémoire présentera, tout d’abord, le
contexte spatial, historique et institutionnel du territoire ainsi que les politiques publiques
actuelles en lien avec les flux routiers et le rôle de l’observatoire Déplacements-Mobilité.
Dans un deuxième temps, nous aborderons les aspects méthodologiques nécessaires à la
représentation du phénomène routiers sur un territoire au travers de la structuration et de
l’utilisation des données comptages routiers d’une part et de la modélisation du réseau d’autre
part. Cette approche aura pour but d’expliquer le déroulement et les différentes phases
méthodologiques de l’étude. L’étude étant, à ce jour, encore en cours d’élaboration, nous
tenterons enfin d’en tirer les premiers résultats, d’en évoquer les limites et de proposer des
pistes d’amélioration pour la connaissance du phénomène routier.
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I. Un territoire de « prédilection » pour l’analyse des flux
routiers
Le territoire du Pays de Montbéliard compte 120 000 habitants répartis sur 168 km²,
dont seulement 30% sont urbanisés. Le Pays de Montbéliard est administré par la première
communauté d’agglomération créée en France en 1999 (à la suite d’un district urbain crée en
1959) et composée de 29 communes. Ce territoire occupe une position stratégique au Nord de
la région Franche-Comté et à la porte de l’Alsace. Avec Belfort, l’agglomération est le point
de passage obligé entre les massifs Vosgien et Jurassien (figure n°1). Cette position entre les
plaines rhénanes et rhodanienne en fait très tôt un site stratégique et un nœud de
communication.
Sur une carte ou vue du ciel, l’agglomération apparaît comme une construction à centres
multiples où se mêlent centres anciens de petites villes et grands ensembles, percée de larges
espaces de prés et de forêts. Sur cet espace maillé par un réseau routier dense, l’autoroute A36
qui traverse l’agglomération et l’usine Peugeot-Citroën placée en son cœur constituent des
éléments structurants.
Figure 1 : Situation géographique du Pays de Montbéliard (© Office du Tourisme Montbéliard et © R. Capato - ADU)
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A. Un territoire façonné par et pour l’automobile
L’objectif de cette partie est de présenter la spécificité territoriale du Pays de
Montbéliard à partir de ses caractéristiques naturelles et historiques et de leurs répercussions
sur les mobilités et l’usage de l’automobile.
1. Des caractéristiques naturelles et historiques…
Le territoire, aujourd’hui Pays de Montbéliard Agglomération (PMA), présente à bien
des égards une spécificité très affirmée. En effet, plus nettement qu’ailleurs, il existe un lien
particulièrement fort entre l’aspect économique et le développement territorial.
Ses caractéristiques naturelles en font un territoire particulier. L’origine de
l’agglomération est ancienne. Il existait déjà une importante cité gallo-romaine à Mandeure,
port fluvial prospère, avant que Montbéliard n’apparaisse au Xème siècle sur le promontoire
rocheux dominant la confluence de l’Allan et de la Lizaine.
Le site géographique apparait comme contraignant. Neuf cours d’eau traversent le Pays
de Montbéliard. Ce réseau hydrographique fragmente le site du Pays de Montbéliard en
vallées, plateaux et collines plus ou moins élevées (figure n°2).
Alors que le territoire est originellement située le long du Doubs, le développement
territorial qui a suivi s’est réalisé quant à lui plus en aval pour bénéficier de la convergence
des sept rivières, avec comme villes principales Audincourt, la ville commerçante à la
confluence du Gland et du Doubs, et Montbéliard, la ville de pouvoir2 à la confluence de
l’Allan et de la Lizaine.
La nature de l’urbanisation hérite de l’histoire du territoire. A la fin du 18e siècle, le
développement industriel et urbain qui prend naissance à l’amont des vallées va être
déterminant dans l’élaboration d’une agglomération multipolaire. Ainsi, on voit très vite se
développer des usines, parfois suivie d’une cité ouvrière à proximité, le tout enclavé dans une
vallée car la présence d’eau et sa force motrice constituait un atout majeur. Les quelques
familles d’entrepreneurs à l’origine de ce premier développement industriel ont ainsi su tirer
parti des éléments naturels qui leurs étaient offerts, à savoir la présence de bois et de cours
2 Siège d’un comté à partir de 1042 et d’un duché de 1495 à la Révolution
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d’eau et la proximité de gisements métallurgiques et charbonniers. Ces atouts naturels
rencontrant l’ambition des premiers capitaines d’industrie de la région sont à l’origine d’un
développement industriel sans précédent, qui va faire de Montbéliard « l’épicentre de la
région proportionnellement la plus industrialisée de France3 ».
Ainsi, Peugeot est à la fois l’emblème et l’exemple local le plus évocateur d’une
entreprise qui a su tirer parti des ressources du territoire pour se développer.
Figure 2 : Occupation du sol et topographie de l'agglomération de Montbéliard (© R. Capato - ADU)
Progressivement, se développe un changement de logique : les ancrages industriels se
développent plus en aval, au fur et à mesure que l’on dépend moins étroitement de la force
locale de l’eau. De plus, avec le développement des réseaux de communications (voies ferrés,
routes principales…), les usines ont désormais la nécessité de se rapprocher de ces structures
(figure n°3).
Le résultat conduit à la multiplicité de noyaux urbains formant un agrégat complexe et
au sein duquel la ville de Montbéliard n’est pas un centre incontesté. Cette urbanisation
polynucléaire a occupé progressivement les vallées qui, descendant des plateaux du nord et du
3 J.GRAS, La France : les 22 régions, 2001, page 169
9
sud, convergent vers la vallée du Doubs. Les talwegs4 furent ainsi occupés de manière
pratiquement complète par l’habitat, les usines, les infrastructures dès avant 1950.
Figure 3 : Plan monumentale des grandes usines de la vallée de Montbéliard (Archives départementales du Territoire de
Belfort)
Entre 1950 et 1980, une croissance urbaine en « tache d’huile » s’opère, en lien avec
l’explosion de la production automobile (qui avant la mécanisation complète des chaînes
nécessite une main d’œuvre considérable : plus de 40 000 salariés sur le seul site de Peugeot
Sochaux en 1980), puis peu à peu, la périurbanisation autour des villages se diffuse sur les
plateaux. « On est donc passé d’un développement fondé initialement sur une proximité
habitat et emploi à un mode fonctionnaliste permis par l’automobile 5». Ce passé historique
n’a pas facilité la constitution d’une agglomération et d’un corps social cohérent et conduit à
l’agglomération multipolaire que l’on connaît aujourd’hui.
4 Un talweg correspond à la ligne qui rejoint les points les plus bas d’une vallée
5 Frankhauser P (dir.), Morphologie des villes émergentes en Europe à travers les analyses fractales, 2010,
ThéMA, 240p.
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Les réalités géographiques du Pays de Montbéliard ont largement contribués à la
structure urbaine actuelle.
L’urbanisation, née d’une topographie complexe et d’une histoire industrielle singulière, a
produit une agglomération multipolaire au développement extensif, se traduisant dans
l’organisation du territoire par la dispersion des fonctions et une densité de population
relativement faible.
2. … qui expliquent l’organisation multipolaire du territoire…
Figure 4 : Une agglomération multipolaire (© R. Capato - ADU)
L’agglomération de Montbéliard ne correspond pas à une organisation classique de ville
de type radioconcentrique. Ceci tant à l’échelle de ses deux villes principales (Montbéliard en
particulier – un centre-ville de 4 000 habitants et un quartier étendu de 10 000 habitants – et
Audincourt dans une moindre mesure) que de son agglomération dans sa totalité où ville(s)
« centre » et centralités sont dissociées et peu lisibles.
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La carte schématique ci-dessus (figure n°4) montre cette réalité avec la composition
d’une sorte de bi-centrisme Montbéliard/Audincourt entre lesquelles apparaît un « centre
géographique » d’agglomération faiblement pourvu en population et au contraire émaillé
d’éléments caractéristiques du périurbain. Ainsi, au centre de la carte, nous trouvons de vastes
zones industrielles et commerciales comme l’usine PSA-Sochaux et la zone commerciale
étendue du Pied des Gouttes, de l’habitat pavillonnaire d’Exincourt, des équipements
(l’Axone, salle de spectacle de type zénith, centre de secours et d’incendie, équipements
sportifs…) et même une zone non urbanisée (secteur des Gros Pierrons).
Cette zone faiblement urbanisée représente pourtant à la fois le centre géographique et
le centre de gravité. En témoigne la présence de l’autoroute, passant au cœur de cet espace, et
d’une infrastructure de contournement comparable à une rocade, épousant ses contours.
Un autre fait marquant est la forte présence sur cet espace d’une industrie, spécifiquement
axée autour de l’automobile. Du sud au nord, on rencontre successivement le Centre d’Etudes
Automobiles PSA de Belchamp, l’usine PSA-Sochaux et la zone Technoland 1 sur laquelle
sont implantés de nombreux sous-traitants.
Ce polycentrisme rend plus complexe les mobilités. La multipolarité éparpille les pôles
générateurs et accentue les distances de déplacements, favorisant ainsi l’utilisation de
l’automobile (car plus compétitif que les autres modes de transports sur de plus longues
distances). Mais elle multiplie également le nombre des déplacements, car les centres d’intérêt
sont éclatés. Les habitants du Pays de Montbéliard ont appris à utiliser ces lieux de vie dans
ce vaste espace composite que constitue l’agglomération. Selon les besoins des habitants, les
échelles spatiales changent et les centralités se multiplient. Enfin, la multipolarité rend les
mobilités perçues plus compliquées. En effet, il n’est pas évident pour un habitant de
Montbéliard de se repérer dans son trajet quand on sait que cette même personne apercevra au
centre géographique de la ville différents éléments qui n’ont rien d’homogène. Cette plus
grande difficulté à obtenir des repères est un facteur limitant au changement d’habitudes des
mobilités, source de confort.
Ce polycentrisme n’est pas sans conséquence sur l’utilisation de la voiture sur le
territoire.
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3. … et ses impacts sur l’usage de l’automobile
Avec près de 70% de déplacements effectués en voiture à l’échelle de son
agglomération (figure n°5), la culture industrielle automobile du territoire se répercute sur les
mobilités.
Figure 5 : Répartition modale sur l'agglomération de Montbéliard (SCoT, Diagnostic, 2006)
Cet état de fait est corroboré par la comparaison avec d’autres agglomérations de taille
voisine (figure n°6) : le taux de motorisation6 est toujours dans la décimale des 1.1 pour les
autres agglomérations, et il affiche à Montbéliard un chiffre de 1.36 véhicules par habitant. De
même, le nombre de trajets quotidiens effectués en voiture à Montbéliard, qui est de
pratiquement trois trajets, se situe largement au-dessus de la médiane des agglomérations
étudiées, qui sont quant à elles autour des 2.4. Comparé à sa voisine Belfort, l’agglomération
de Montbéliard apparaît comme particulièrement singulière dans son comportement vis-à-vis
de l’automobile.
Population Marche Voiture TC Tous deux
roues Ensemble
Taux de motorisation
Non mobiles
LORIENT (2004) 200 000 0,91 2,42 0,3 0,1 3,8 1,12 9%
MONTBELIARD (2004) 117 500 1,05 2,93 0,23 0,09 4,02 1,36 8%
BELFORT (2004) 93 000 1,42 2,47 0,2 0,07 3,81 1,16 12%
BESANCON (2004) 170 000 1,1 2,3 0,5 0,08 3,9 1,1 8% Figure 6 : La mobilité du Pays de Montbéliard comparée à d'autres agglomérations (ADU, Tableau de bord PDU, 2007)
6 Taux de motorisation : nombre de véhicules par habitant
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Cette domination de l’automobile ne se présente pas uniquement dans les chiffres mais
se répercute aussi dans le paysage urbain. En témoigne ainsi la dissémination de nombreux
parkings dans la ville, y compris au sein des centres villes où l’accessibilité automobile prend
parfois le dessus sur les fonctions patrimoniales.
L’une des spécificités du Pays de Montbéliard est sa relation avec l’autoroute qui draine
son fonctionnement interne comme ses échanges avec l’extérieur. Accessible en moins de 10
mn pour l’ensemble du territoire du fait de 5 échangeurs, l’autoroute est utilisée, outre une
fonction classique de transit, pour une desserte interne de l’agglomération. Elle est l’épine
dorsale à partir de laquelle se ramifie un réseau routier dense, configuré pour répondre au
polycentrisme du territoire (flux de transit entre sites industriels et migrations pendulaires
entre pôles urbains).
Ainsi, le graphique du trafic automobile (figure n°7) illustre bien la fonction
structurante de l’autoroute A36 entre Montbéliard et Belfort. A partir des comptages routiers
de l’année 2010, fournies par Autoroute Paris Rhin-Rhône, on observe que progressivement,
le trafic augmente au fur et à mesure que l’on s’approche de Montbéliard et Belfort pour
atteindre un pic à Sévenans avec plus de 60 000 véhicules en trafic journalier annuel moyen.
En dehors de l’Aire urbaine, le nombre de véhicules passe sous la barre des 30 000.
Figure 7 : Trafic routier sur l'A36 en 2010 (APRR)
Le rôle structurant de l’A36 apparait sur la carte des taux de densité de population et
d’emploi autour des échangeurs autoroutiers : l’axe autoroutier qui traverse le territoire en son
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
L'A36 : un axe structurant
Nombre de véhicules
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cœur et sur son ring alors qu’elle ne fait longer l’agglomération de Belfort. Ainsi, 57% de la
population de l’agglomération de Montbéliard se situe à moins de trois kilomètres d’un
échangeur autoroutier et 92% à moins de cinq kilomètres. De même, 82% des emplois sont à
moins de trois kilomètres d’un échangeur autoroutier et 97% à moins de cinq kilomètres
(figure n°8).
Figure 8 : Zone-tampon autour des échangeurs autoroutiers (Réalisation R. Louys)
Le polycentrisme qui crée des mouvements plus diffus, l’étalement urbain qui allonge
les distances et la faible densité qui permet l’existence de parkings, même en centres villes
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sont autant de facteurs qui, associés à l’histoire industriel du Pays de Montbéliard, apportent
donc un avantage déterminant pour la voiture par rapports aux autres modes.
Toutefois avec le développement des mobilités nées de la motorisation, la situation de
Montbéliard n’est plus seulement à analyser au niveau local et doit davantage être considérée
à l’échelle de l’Aire urbaine.
4. La problématique de la mobilité dans l’Aire urbaine Belfort Montbéliard : une
problématique similaire
Alors que nous avons pour le moment analysé le contexte territorial de Montbéliard au
niveau de son agglomération, il s’agit dans cette partie de compléter ce point de vue par
l’étude d’une autre échelle territoriale qui est celle de l’Aire urbaine car l’horizon des
habitants ne se limite pas aux frontières administratives de la communauté d’agglomération.
En effet, cette échelle est celle du bassin de vie. Ce territoire de 300 000 habitants, de loin le
plus important de Franche-Comté, associe deux agglomérations et plusieurs villes
secondaires.
La problématique de la mobilité dans l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard pourrait se
résumer à cet enjeu : comment, à partir d’un territoire polycentrique (figure n°9), construire
un territoire de vie cohérent qui parvient à dépasser la simple juxtaposition d’espaces
interconnectés et atteindre des effets de seuils permettant d’accéder à des fonctions
hiérarchiquement supérieures correspondant à une agglomération de 300 000 habitants ?
« Plus qu’un enjeu majeur, la mobilité est l’axe fédérateur du Pays, le thème transversal
et récurrent du projet de l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard-Héricourt-Delle »7. La
thématique des transports et de la mobilité apparait ainsi comme un élément central, voire
même essentiel, à l’échelle de l’Aire urbaine. La diversité et la complexité des territoires qui
la compose nécessitent le développement d’une politique de transport cohérente et lisible
construite de façon partenariale. La définition d’une telle politique, devant répondre
simultanément à l’enjeu de relier les territoires entre eux et de former un espace cohérent,
structuré et accessible, est d’autant plus nécessaire aujourd’hui avec l’arrivée de la grande
vitesse au sein de l’Aire urbaine.
7 Charte de Pays, SMAU, 2003
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Figure 9 : Le polycentrisme dans l'Aire urbaine (ADU, © R. Capato)
À l’échelle de l’Aire urbaine, le réseau routier est également très compétitif. En effet, le
territoire est traversé par deux infrastructures routières majeures qui présentent la particularité
de conjuguer deux fonctions. La première de transit liée à leur statut d’itinéraires routiers
nationaux et internationaux. Ainsi, l’A36 constitue un barreau de connexion entre l’Europe du
Nord et l’Europe du Sud, et la N19 qui assure des liaisons Ouest-Est entre Paris et la Suisse.
La deuxième fonction est celle de structuration du territoire et des échanges locaux
quotidiens. L’A36 relie les deux pôles urbains de Belfort et Montbéliard en 15 minutes
environ. La gratuité sur cet axe et la multiplicité des échangeurs en font une véritable
armature drainant les échanges locaux.
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Le réaménagement de la N19 valorise l’accessibilité des pôles secondaires d’Héricourt
et Delle. Le croisement de la N19 avec l’A36 devient un nœud de circulation majeur, véritable
barycentre de l’Aire urbaine en termes d’accessibilité. Il en résulte ainsi de très bonnes
conditions d’échanges entre les pôles urbains situés sur ces axes. Des projets routiers
aujourd’hui engagés viennent encore renforcer ces constats. Par exemple, la mise à 2*3 voies
de l’A36 entre Belfort et Voujeaucourt a pour objectif de fluidifier le trafic et de sécuriser les
déplacements sur une portion d’autoroute qui conjugue trafics locaux et flux de transits. Le
recalibrage de la RN19 améliorera la connexion de l’axe Est-Ouest.
Ainsi, l’organisation routière de l’Aire urbaine rend l’utilisation de la voiture
particulièrement compétitive pour les échanges inter-agglomérations.
Cette configuration du Pays de Montbéliard, façonné par la voiture pénalise la
performance de modes alternatifs et n’incite pas au changement de pratiques. La voiture reste
un mode de transport efficace dont l’utilisation n’est contrainte que par les coûts (acquisition,
entretien, carburant) de plus en plus pesant sur le budgets des ménages.
Dans l’objectif d’une éco-agglomération, comment les pouvoirs publics réagissent face
à ce phénomène du « tout-automobile » ? Comment se positionnent-ils lors de l’élaboration de
documents cadres ?
B. Le rôle des politiques publiques face à la question du « tout-
automobile »: entre résistance institutionnelle et volontarisme affiché
L’organisation multipolaire du territoire fait des mobilités un enjeu primordial. Le but
de cette partie est d’expliquer le rôle des politiques publiques et leurs positionnements
stratégiques.
1. Une multitude d’acteurs : les autorités organisatrices de transports
En France, la loi du 30 décembre 1982, loi d’orientation pour les transports intérieurs
(Loti), transfère aux collectivités territoriales la compétence d’organisation des transports
publics réguliers de personnes. « Une Autorité Organisatrice des Transports (AOT) est une
commune, un département, une région, un groupement de commune ou un syndicat mixte qui
est responsable de l’organisation du transport collectif sur son territoire. Les AOT définissent
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la politique de transport au niveau de l’agglomération, le mode d’organisation des transports
publics ainsi que la réalisation et la gestion des infrastructures et des équipements affectés au
transport.8 »
Chaque échelon administratif possède des compétences propres, et se positionne donc
en AOT avec des fonctions spécifiques.
Le premier échelon est celui de l’Etat. La réglementation des activités de transports et le
contrôle de son application relèvent de sa responsabilité. De plus, l’Etat est l’autorité
organisatrice des services de transport public d’intérêt national ; il travaille avec les
différentes autorités organisatrices de transport dans le cadre d’actions décentralisées (par
exemple la LGV, les autoroutes,…).
La Région, deuxième échelon, constitue l’autorité organisatrice des services de
transports ferroviaires et routiers d’intérêt régional ; elle établit des schémas régionaux de
transport. C’est dans ce cadre qu’elle met en place le Schéma Régional des Infrastructures et
des Transports (SRIT). Il s’agit d’un document « définissant la stratégie de la région en
matière de transports à moyen et long terme9 ».
Le département est quant à lui l’autorité organisatrice des services de transports publics
non urbains (transports scolaires,…) ; dans ce cadre, il élabore des schémas départementaux
de transport. L’échelon départemental prend une place prépondérante dans la gestion du
réseau routier depuis le transfert en 2006 par l’Etat de la gestion des routes départementales et
anciennes nationales.
Les communes et les EPCI10
représentent quant à elles les autorités organisatrices des
services de transports publics urbains et mettent en place des Plans de Déplacements Urbains
(PDU) dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants.
Ainsi, sur le territoire de l’Aire urbaine, en plus de l’Etat et de la Région, nous sommes
en présence de 6 autorités organisatrices de transport. Les trois conseils généraux (Doubs,
Haute-Saône, Territoire de Belfort) abordent, entre autre, la question des transports scolaires,
8 Conseil National des Transports, Les autorités organisatrices de transport dans les agglomérations
européennes, 2001, 38p.
9 Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Schéma régionale des transports, 2006, 36p.
10
Etablissement public de coopération intercommunale
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la Communauté de commune du Pays d’Héricourt (CCPH) traite notamment du transport à la
demande (TAD). Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) et la Communauté
d’Agglomération Belfortaine (CAB) complètent la liste des AOT présentes sur le territoire.
L’existence d’autant d’AOT sur le territoire complexifie la possibilité de réaliser une véritable
politique de transports à l’échelle de l’Aire urbaine. Belfort et Montbéliard se structurent
chacune autour de deux systèmes de transports en commun différents et deux politiques de
transports qui ne suivent pas les mêmes logiques. Quand Belfort force la demande par l’offre,
Montbéliard mise sur l’adaptation de l’offre à la demande. Les tarifs comme la billettique
diffèrent également. Une meilleure coordination des AOT permettrait d’accroitre la lisibilité
de l’offre de transports en commun à l’échelle de l’Aire urbaine. La complexité de la tâche à
réaliser ne doit pas masquer l’importance des enjeux : de la problématique de la desserte de la
gare TGV découle celle de la diffusion de « l’effet TGV » sur toute l’Aire urbaine.
Face à ce contexte institutionnel relativement compliqué, que stipulent les différents
documents cadres de l’aménagement et de l’urbanisme concernant la mobilité ?
2. Le suivi des flux routiers par les documents cadres : une logique volontariste
Afin de mettre en cohérence les actions menées sur les différents modes de
déplacement, des Plans de Déplacements Urbains (PDU) ont été instaurés par la Loi LOTI et
rendus obligatoires par la Loi sur l’air du 30 décembre 1996 pour les agglomérations de plus
de 100 000 habitants. Les PDU, qui sont élaborés par les AOT, sont des outils d’analyse, des
différentes politiques de transport au niveau des agglomérations : la diminution du trafic
automobile, la priorité accordée aux transports en commun, le développement de l’inter
modalité sont quelques-uns des objectifs des PDU.
Le PDU du Pays de Montbéliard a été adopté en octobre 2000, puis révisé en 2009.
Quelles sont les grandes orientations de ce PDU sur l’agglomération de
Montbéliard concernant les flux routiers ?
Il préconise la maîtrise de la hausse du trafic automobile à travers une offre performante
sur les modes alternatifs plutôt que par une politique coercitive contre l’automobile. L’idée est
également de tendre vers un partage modal équilibré de la voirie où cela est possible, de
20
renforcer les actions visant à sécuriser les déplacements, de contraindre le transit poids lourds
et enfin d’assurer l’accessibilité vers les nouveaux points structurants pour le territoire.
L’objectif est donc de redessiner un réseau clair et lisible, facteur d’attractivité aux yeux des
habitants et des visiteurs. Cette orientation induit un enjeu de maitrise des nuisances, en
canalisant le trafic poids lourds, et en réduisant la vitesse sur l’A36 à 110km/h. Mais c’est
également un enjeu de qualité de vie et de qualité de ville, en offrant une place à tous les
modes de déplacements. Ainsi, l’espace public tend à être mieux partagé même si des efforts
sont encore à faire. De même, dans la dernière étude datant de 2006, l’évolution du trafic
routier est à la hausse mais inégale selon les réseaux. On constate une augmentation sur le
réseau national, une stabilité sur le réseau autoroutier et une diminution sur le réseau
départemental. Un des objectifs de l’étude sur les flux routiers permettra de savoir si cette
tendance reste la même. De manière globale, la voiture reste encore trop utilisée et l’objectif
du PDU est d’en limiter son utilisation par différentes actions comme par exemple augmenter
les liaisons douces, ou le nombre de couloirs de bus11
.
Le Plan de Déplacements Urbains vise à limiter l’usage de la voiture et à rendre son
utilisation plus adéquate par rapport aux besoins de mobilité, afin de tendre vers une mobilité
intelligente. C’est ainsi qu’il propose de stabiliser la part modale de la voiture. Effectivement,
les modes doux et les transports en commun sont plus performants dans certains types de
déplacements, mais pour d’autres, la voiture apparaît être le mode le plus pratique.
La mise en œuvre de la hiérarchisation du réseau viaire préconisé par le PDU vise à
réorganiser le trafic routier à l’échelle de l’agglomération et à proposer des itinéraires
sécurisés et adaptés en fonction des différents types de trafic. En effet, l’absence de
hiérarchisation du réseau est facteur d’inadéquation entre la vocation des voies et l’usage qui
peut en être fait.
En lien avec la hiérarchisation du réseau viaire, la mise en œuvre du schéma poids lourds a
pour objectif de mieux coordonner le trafic poids lourds. Compte tenu du caractère industriel
de l’agglomération, les flux de poids lourds sont importants et cela nécessite donc d’adapter
les réglementations et les politiques d’aménagement.
11
ADU, Tableau de bord PDU : 2007, 68p.
21
Dans une moindre mesure, le Projet Urbain d’Agglomération (PUA) actuellement en
cours d’élaboration traite également de la question de la mobilité et du réseau routier. Le PUA
recommande de rapprocher le système de transport d’agglomération des lieux de vie et de
développer le système viaire du Pays de Montbéliard, non plus suivant des axes dédiés à la
vitesse automobile mais suivant de nouveaux systèmes de mobilités. Cette volonté affichée
est la traduction du SCoT dans les différents plans locaux d’urbanisme (PLU).
Ainsi, tous les documents cadres liés à l’urbanisme traitent de la question de la mobilité
et de la gestion des flux routiers. C’est une thématique centrale des politiques publiques.
Quelle approche adopte l’Agence de Développement et d’Urbanisme du Pays de Montbéliard
face à cette question ?
3. L’approche de l’Agence de Développement et d’Urbanisme de Montbéliard sur la
question
Les agences d’urbanisme, nées de la loi d’orientation foncière de 1967, ont été créé dans
l’optique de développer un outil d’accompagnement aux collectivités publiques qui puissent
les aider à harmoniser et coordonner leurs politiques dans un contexte de périurbanisation
émergent qui multiplie les acteurs considérés. Dans cette logique, l’Agence de
Développement et d’Urbanisme du Pays de Montbéliard a aujourd’hui pour mission de suivre
les évolutions territoriales (par des enquêtes et l’actualisation de base de données), d’animer
et participer aux politiques d’aménagement du territoire, d’élaborer ou de participer à
l’élaboration des documents d’urbanisme (PLU, SCoT, PDU…). L’Agence d’Urbanisme
bénéficie de la proximité du terrain (ce qui permet de nouer des rapports réguliers avec les
acteurs) et dispose de la liberté du périmètre géographique. C’est donc un instrument de
gouvernance novateur par sa pluridisciplinarité, et son rôle de médiateur multi partenarial lui
permet de constituer des réseaux utiles au développement territorial.
Ainsi, l’Agence a pu se positionner de manière stratégique sur la thématique des
mobilités, avec le projet de transport en commun à l’échelle de l’Aire urbaine. Tout l’enjeu de
ce projet est d’acquérir un discours cohérent sur les mobilités afin de le porter à
22
l’agglomération et de se repositionner stratégiquement sur cette thématique. Cette étude doit
permettre de provoquer les arbitrages nécessaires pour construire une stratégie globale
d’organisation des transports dans l’Aire urbaine, en cohérence avec un modèle de
développement urbain et économique. Dans la perspective d’un échange entre les présidents
des AOTU (Autorité Organisatrice des Transports Urbain) de Pays de Montbéliard
Agglomération et du Territoire de Belfort, cette étude a pour objectif de structurer un
argumentaire qui fixe les grands principes de la position montbéliardaise quant à la définition
de cette stratégie. Elle constitue donc la première étape d’un projet à construire sur le plus
long terme avec les autres collectivités de l’Aire urbaine et les différents partenaires
concernés.
C’est donc dans un cadre de repositionnement et de réaffirmation sur les mobilités que
l’agence se positionne.
Dans ce contexte, l’Agence de Montbéliard restructure un observatoire déplacements-
mobilités afin d’apporter de la plus-value à la fois technique et méthodologique. En effet, cet
observatoire, restitué à l’échelle de l’Aire urbaine, est certes un outil qui sert d’ajustement des
politiques publiques, mais c’est aussi un outil qui prépare le « passage » de la réflexion de
l’éco-agglomération à l’échelle de l’Aire urbaine.
À l’état de préfiguration en 2010, ce nouvel observatoire va permettre en 2011 de suivre
la mise en œuvre des objectifs de mobilités sur l’Aire urbaine et d’apporter des éléments
permettant, le cas échéant de les réorienter. Il fournira des informations aux partenaires,
acteurs du territoire et établira une veille territoriale sur les mobilités.
Trois axes d’études sont proposés pour 2011 et seront poursuivis en 2012-2013, à
savoir :
Diminuer la part d’utilisation de la voiture
Coordonner le développement urbain et l’organisation des transports
Organiser les flux d’échanges à différentes échelles
23
C. Un observatoire Déplacements-Mobilité pour réajuster les objectifs
des politiques publiques et apporter de la plus-value technique
L’organisation territoriale du Pays de Montbéliard et le contexte institutionnel ont
révélé la nécessité d’un suivi des politiques publiques concernant les mobilités. Cette partie a
pour but de déterminer les enjeux, les objectifs d’un Observatoire Déplacements-Mobilité afin
de le replacer dans un contexte global d’aide à la décision
1. L’observatoire Déplacements-Mobilité : un outil de suivi et de gestion des
politiques locales
Suivi des politiques mises en place
C’est l’action de base de l’observatoire, il s’assure de l’avancement des actions décidées
dans le PDU. Il permet de répondre aux questions « où en est la mise en place de …» « quel
effet cette action entraîne sur les mobilités… » . Il permet également de faire un bilan des
actions lancées ou non, « sont –elles appliquées ?… ». Même si dorénavant les PDU n’ont
plus forcément d’objectifs chiffrés, différents indicateurs qualitatifs permettent d’observer si
l’objectif se réalise ou non.
On peut réorienter les nouveaux aménagements en favorisant les axes importants pour
créer un maillage. Une cohérence entre les actions du PDU et l’observatoire permet de tendre
vers cet objectif. Par exemple, le tableau de bord PDU de l’agglomération de Montbéliard
ambitionne de construire 27km de piste cyclable. Tous les ans, le tableau de bord s’intéressera
à la situation et à son évolution. En revanche, l’observatoire déplacements-mobilités va plutôt
se concentrer sur la question : « Est-ce que le mode doux est plus utilisé ? », ou « est-ce que
les actions réalisées sont cohérentes dans la construction du système de mobilités et au regard
de l’ensemble des politiques publiques concernées ? ». L’observatoire vient en complément et
non en doublon. C’est une plus-value technique sur les effets indirects des politiques de
déplacements. Le fait de connaître l’avancement des actions présentes aux PDU permet de
réorienter certaines politiques qui ne portent pas leurs fruits. Si une agglomération ou une
AOT a comme priorité les modes doux, il va pouvoir suivre l’avancement des nouveaux
aménagements mais également la pratique de ses administrés, voir si ces aménagements
servent à quelque chose.
24
Rassembler et capitaliser les informations sur les déplacements de l’agglomération
montbéliardaise et de l’Aire urbaine
Par ailleurs, cet observatoire remplit d’autres fonctions. Outre qu’il soit un outil
partenarial de suivi des répercussions des politiques publiques pour aider à la décision,
l’Observatoire permet en capitalisant de l’information d’établir une veille territoriale.
L’Observatoire des déplacements permet de capitaliser un grand nombre d’informations
émanant de multiples partenaires. Il permet de les faire travailler conjointement. La
multiplicité des acteurs des déplacements d’une agglomération entraîne naturellement cette
dynamique partenariale. Les indicateurs d’un observatoire sont issus de sources publiques et
privées. Le maître d’œuvre se charge d’obtenir les informations et de coordonner les échanges
entre ces acteurs de la mobilité. Chaque fournisseur garde bien sûr la maîtrise de ses
informations. La centralisation permet une meilleure harmonisation et comparaison. Avoir
une base de données unique rassemblant tous ces éléments est important pour évaluer ces
pratiques. Le regroupement de toutes ces données permet également d’observer les
interrelations entre ces différents modes, voir si la baisse du trafic automobile profite aux
transports en commun, connaître l’impact de la montée en puissance des deux-roues sur les
autres déplacements… Cette base de données transport, restructurée pour capitaliser des
données qui permettront d’établir des publications, est nécessaire. Elle l’est d’autant plus avec
le non-remplacement des deux personnes spécialisées « transport ». Il y a une absence de mise
à jour dans la base de données « transport » depuis 2008.
2. La structuration de l’Observatoire
La mise en place d’un observatoire Déplacements-mobilité s’inscrit donc dans un
contexte d’émergence d’une éco-agglomération à l’échelle de l’Aire urbaine (à terme), et dans
un contexte institutionnel, comme on l’a vu, compliqué qui incite l’agence à renouer avec son
rôle de médiateur. On peut décomposer la restructuration de l’observatoire en quatre grandes
composantes.
25
Figure 10 : Les quatre composantes de l'Observatoire Déplacements- Mobilité
La structuration de l’observatoire : retravailler l’architecture des données
L’Observatoire Déplacements-mobilité se doit de structurer une base de données
mobilités dans une perspective « Aire urbaine ». En effet, l’administration et l’acquisition des
données apparait relativement compliquée. De plus, il y a une absence de mise à jour depuis
2008 pour certaines données. Il n’y a donc pas de base de données réellement structurée à
l’échelle de l’Aire urbaine. Ceci constitue un des grands chantiers de l’Observatoire
Déplacements et mobilité. La structuration de la base de données passe donc par des
conventions avec les partenaires, des mises à jour régulières, et une architecture rigoureuse.
De plus, la modélisation d’un réseau routier à l’échelle de l’Aire urbaine s’inscrit dans cette
composante de l’Observatoire, mais nous y reviendrons plus tard en détail.
La structuration de l’observatoire : conçue comme un outil partenarial
La restructuration de l’observatoire déplacements et mobilité a pour but de se composer
avec de multiples partenaires, utiles à son fonctionnement. La dynamique partenariale est
importante dans l’élaboration d’un observatoire des déplacements. La multiplicité des
26
partenaires (AOT, exploitants, usagers…) impliqués dans les déplacements favorise cette
dynamique. Certains acteurs ne sont pas directement impliqués dans la mobilité mais ils
peuvent avoir un impact sur les politiques et les pratiques de déplacement.
Figure 11 : Schéma opérationnel de l'Observatoire Déplacements-Mobilité
Ces partenaires peuvent être des acteurs pilotes, qui définissent les objectifs de
l’observatoire, des acteurs fournisseurs, qui créent la donnée, et des acteurs destinataires du
projet, intéressés par les restitutions ou les trois à la fois (figure n°11). Tout l’enjeu de
l’Observatoire est de créer une dynamique partenariale et de partager une culture commune
autour des problématiques de mobilité. C’est dans ce cadre-là que des conventions sont à
redéfinir par exemple pour améliorer les échanges de données. Une meilleure connaissance
des phénomènes permet de mettre en place des politiques plus adaptées. Il s’agit du célèbre
adage : « Connaître pour savoir… savoir pour agir ». L’intérêt porté par les membres
constituant l’observatoire est d’autant plus important que cette restructuration modifie
l’échelle d’analyse, passant de l’agglomération à celle de l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard.
Par conséquent, le panel de ses membres est voué à s’élargir à l’échelle nouvellement
27
considérée. Il s’agit donc bien d’une demande de l’agglomération de Montbéliard mais il est
nécessaire de la mettre en perspective à l’échelle de l’Aire urbaine. En effet, de plus en plus
de décisions se font à cette échelle. De plus, c’est une échelle pertinente, celle du bassin de
vie et celle de la réalité des usages et des pratiques.
La structuration de l’Observatoire : un outil de communication
L’Observatoire Déplacements-Mobilité est donc un outil de suivi des politiques de
déplacements et par conséquent implique deux types de publications.
Un tableau de bord annuel
L’Observatoire Déplacements-Mobilité se caractérise d’abord par un tableau de bord
annuel. Il s’agit d’un dossier comprenant des informations spécifiques, nombreuses et
précises. Ce document se veut avant tout technique. C’est un document où peu d’analyses
sont réalisées, seul les chiffres bruts sont disponibles. C’est pourquoi il est à destination
principalement des techniciens.
Ce tableau de bord expose les objectifs des politiques publiques en matière de mobilité
et propose des indicateurs de suivis (selon la disponibilité des données et leurs coûts). Il s’agit
d’une analyse permanente des indicateurs.
De nombreuses thématiques ont des indicateurs très précis qui permettent de donner une
bonne connaissance des phénomènes à destination des techniciens. Ces données servent de
socle à la réalisation d’études ou de documents de planifications plus spécifiques.
Des notes thématiques
Publiées sous la forme d’un « 4 pages » ou d’un « 8 pages », il permet une lecture
rapide et une publication régulière. Dans ces documents synthétiques et thématiques, la place
de la cartographie est importante.
L’agence a détecté 5 notes thématiques à couvrir pour relancer l’observatoire
déplacements et mobilité : évolution des flux routiers, évolution des flux transports en
commun, stationnement, accidentologie et impacts environnementaux. L’objectif est de
28
relancer l’Observatoire à partir de données structurantes. C’est dans ce contexte que la
première note thématique sur l’évolution des flux routiers a été programmée.
Dans ce contexte, l’Observatoire Déplacements-Mobilité, piloté par l’Agence de
Développement et d’Urbanisme a donc pour objectif de réajuster les objectifs des politiques
publiques et être un support pour l’aide à la décision.
Les spécificités territoriales, reliées entre elles ont pour conséquence d’établir
aujourd’hui une nécessaire recomposition territoriale, où les mobilités et le réseau routier
jouent un rôle prépondérant. De plus, la localisation étalée des usines le long des différentes
rivières a eu pour effet de produire une ville multipolaire et ainsi de créer les problèmes
d’organisation des transports que l’on connaît aujourd’hui. Ainsi, plus que jamais, il est à la
fois intéressant et nécessaire d’analyser les flux routiers sur le territoire du Pays de
Montbéliard. Mais l’enjeu se place également dans l’appréhension du phénomène de
saturation de certains axes « critiques » de l’agglomération.
Ainsi, l’originalité de l’étude se situe dans son aspect méthodologique. En effet, à partir
des données sur les comptages routiers, et de la modélisation d’un réseau, l’étude tendra vers
une meilleure compréhension des flux routiers. Cette approche nécessite donc un travail
méthodologique important. C’est l’objet de la deuxième partie.
29
II. L’approche méthodologique des flux routiers : construction
d’une base de données relationnelle et modélisation d’un réseau
routier
Après avoir abordé les aspects contextuels de la thématique des flux routiers sur le
territoire, l’enjeu de cette partie est d’expliciter les aspects méthodologiques mis en œuvre
pour caractériser les flux routiers et ainsi de pouvoir effectuer, entre autres, des calculs
d’accessibilités sur le territoire.
A. Choix préalables à l’analyse
1. Objectifs, hypothèses et méthode d’analyse
Objectif de l’étude :
L’objectif global de l’étude sur l’évolution des flux routiers est d’observer afin de
mieux comprendre ce phénomène. A partir des données de comptages routiers, le but est de
représenter l’évolution du trafic et sa répartition sur le territoire puis de comparer ces
observations avec les objectifs des politiques publiques. L’Agence de Développement et
d’Urbanisme a réalisé une note sur le même thème en 2006 : elle s’intéressait alors plus
particulièrement aux répercussions de ces flux et les évolutions sur les autres modes de
transport notamment les modes doux. Cette étude se place, cette fois-ci, du côté de
l’évaluation des politiques publiques, et nécessite une connaissance aussi fine que possible
des flux routiers. A partir d’un tronçon anormalement surchargé en termes de capacité, l’idée
sera de proposer un itinéraire « bis »12
sans passer par ce tronçon pour voir les reports de
trafic et comparer les deux itinéraires selon leurs accessibilités (vitesse moyenne, temps de
parcours, longueur,…). Cet objectif proposera, ainsi, des solutions pour désengorger certains
tronçons présentant un trafic important.
L’étude aura donc une double finalité, à la fois pour les partenaires et les élus. Pour les
partenaires, elle est de mieux connaître le phénomène afin d’apporter des solutions adaptées et
pour les élus d’évaluer les actions et de les réadapter si besoin.
12
A partir de l’algorithme de plus court chemin
30
Les objectifs de l’étude sont multiples :
Analyser et interpréter la répartition du trafic automobile et poids lourds sur le
territoire.
Mettre en perspective l’impact des grands travaux résultant des politiques publiques
dans l’agglomération, sur l’évolution dans les flux routiers.
Positionner l’étude dans la perspective des objectifs du PDU de l’agglomération.
L’intérêt sera de cartographier la répartition des flux, et de le comparer avec le schéma de
hiérarchisation du réseau viaire et du schéma d’itinéraire poids lourds. Ainsi, on désignera les
secteurs où il est important d’agir. Si le trafic routier d’une route départementale diminue
alors qu’elle est considérée comme importante dans la nouvelle hiérarchisation, on peut en
déduire que la réalité ne répond pas aux objectifs du PDU.
Proposer des itinéraires « bis » sur les tronçons surchargés pour « désengorger »
l’agglomération là où cela est nécessaire.
Cadrage de l’étude
En ce qui concerne l’échelle d’analyse de la note, l’étude traitera plus particulièrement
de l’agglomération de Montbéliard, les données sur le territoire de Belfort n’étant pas
mobilisables à court terme. Ce zoom sur le Pays de Montbéliard permettra d’en dégager les
spécificités territoriales. Mais à plus long terme, l’analyse portera sur l’ensemble de l’Aire
urbaine.
Concernant la temporalité, la précédente étude datant de 2006 traitait des données de
2002 à 2004. Pour être au plus près de la réalité, nous avons donc retenu la période 2004-
2009, les données de 2010 n’étant pas encore entièrement disponibles.
Problématique et hypothèse
Des questions et des hypothèses découlent de ce positionnement général et serviront de fil
conducteur à l’étude :
Dans quelle logique spatiale se répartissent ces flux routiers ?
Hypothèse : Le cœur d’agglomération a vu ses flux routiers dessiner une nouvelle répartition
suite aux différents travaux réalisé dans le Pays de Montbéliard.
31
Hypothèse : La fréquentation automobile sur l’autoroute A36 et à Audincourt a été impactée
durant les longues périodes de travaux dus respectivement à l’élargissement en 2 x 3 voies, et
au réaménagement du centre-ville
Comment ces flux évoluent-ils sur le territoire ?
Hypothèse : Si la tendance à la hausse globale du trafic se poursuit, on devrait l’observer de
façon lisible sur le territoire (périurbain,…).
Les flux de poids lourds répondent-ils à la même logique que les flux automobiles ?
Hypothèse : La logique voudrait que le trafic poids lourds soit moins disséminé sur le
territoire et au contraire plus concentré géographiquement. Le développement de nouvelles
zones d’activités et les fermetures de sites industriels anciens devraient provoquer des
variations perceptibles sur les secteurs concernés.
L’étude va permettre d’affirmer ou au contraire d’infirmer ces hypothèses.
Cependant, ces choix méthodologiques ne sont pas suffisants et une réflexion des
moyens techniques à mettre en œuvre s’impose.
Méthode d’analyse
L’idée est d’utiliser en complément une base de données relationnelle avec un Système
d’Information Géographique.
PostgreSQL est un système de gestion de base de données relationnelle et objet
disponible en licence « open source Free BSD ». Il est le principal système de gestion de base
de données relationnelle et objet open source. Ce système est concurrent d’autres systèmes de
gestion de base de données type Oracle ou MySQL. Afin de travailler sur PostgreSQL, nous
employons une interface utilisateur appelée PgAdmin III qui permet de se connecter aux
bases de données locales. La conception de la base de données est l’étape préalable à
l’intégration de données. En l’occurrence, la base de données comptages routiers n’est pas
créée à l’occasion de l’intégration des comptages car celle-ci se fera sur une base déjà
existante. PostgreSQL dispose d’une extension géographique PostGIS. C’est un module
spatial permettant la manipulation d’informations vectorielles (points, lignes, polygones).
Cette extension permet le traitement d’objets spatiaux de manière à pouvoir les visualiser sous
forme de couche dans un Système d’Information Géographique (SIG), et à pouvoir faire des
32
requêtes spatiales. Les comptages routiers seront donc intégrés à la base centralisée. Le
logiciel QGIS sera utilisé pour leurs localisations manuelles, les données récupérées n’étant
pas géographiques. La généralisation des points de comptage aux tronçons se feront à partir
du logiciel Safe FME13
et la finition sur Adobe Illustrator.
Il est important de mentionner le fonctionnement du système d’information à l’agence
puisque celui-ci va fortement influer sur les choix techniques développés plus loin.
2. Choix techniques
Ce système d’information s’organise autour d’une base de données centralisée sous
PostgreSQL/PostGIS (figure n°12). Toutes les thématiques sur lesquelles l’ADU travaille sont
représentées dans la base de données : logement, économie, environnement, mobilités et
transports…
De plus, il existe une librairie nommée PgRouting qui constitue une extension de
PostGIS permettant l’analyse du réseau. Outre la création des graphes, cette librairie permet,
entre autres, d’utiliser l’algorithme de Dijkstra, algorithme de recherche de plus court chemin
et la fonction « distance de conduite » qui indique, pour chaque arc et chaque nœud du
graphe, s’il peut être atteint en moins d’un temps donné, à partir d’un point (nœud) donné
(calcul d’isochrones).
C’est donc à partir de cette librairie que le réseau routier sera modélisé.
B. Les comptages routiers : mise en place d’une base de données
relationnelle
L’intégration dans la base de données des informations sur les comptages routiers et
leur localisation sont les conditions sine qua none à la représentation de la répartition des flux
routiers sur le territoire.
13
Logiciel dit « Extract-Transform-Load » qui permet d’effectuer des enchainements logiques de traitements
dans une base de données.
33
1. Présentation des données
Les comptages routiers permettent de mesurer la densité de flux du trafic routier. Les
informations mesurées concernent le nombre de véhicules (poids lourd, véhicules légers), et
parfois la vitesse moyenne pratiquée. Les données sont exprimées en Trafic Moyen Journalier
Annuel (TMJA) pour l’ensemble des véhicules et pour les poids lourds. Le trafic tous
véhicules correspond à la moyenne journalière de la fréquentation de tous les véhicules
confondus circulant en un point de comptage donné pour tous les jours de l’année. Le trafic
poids lourds, quant à lui, est une moyenne journalière de la fréquentation des véhicules de
plus de six mètres de long en un point de comptage donné. Cependant ce système n’est pas
fiable à 100%. Une étude du Centre d’Etudes techniques de l’Equipement de l’Est (CETE)14
indique ainsi qu’environ 1% des véhicules ne sont pas détectés lorsqu’ils sont mal positionnés
dans les voies de circulation. Par ailleurs, ces moyennes ne font pas de différence entre le
trafic des jours ouvrables et celui des week-ends et jours fériés qui peuvent être très différents.
Il faut donc appréhender ces données avec vigilance.
Pour avoir un modèle de flux routiers représentatif de la réalité, il faut disposer de
nombreux comptages routiers aux différentes heures de la journée. Il est également utile de
constituer des séries chronologiques (en TMJA) sur une période d’une vingtaine d’années de
manière à pouvoir connaître les tendances d’évolution du trafic routier. La temporalité des
données s’échelonne de 1973 à 2010 soit environ 7000 lignes de comptages routiers. Il existe
plusieurs fournisseurs des données de trafic. Ainsi, l’agence d’urbanisme récupère des
données par les sociétés autoroutières, en l’occurrence Autoroute Paris Rhin-Rhône.
Concernant le réseau national et les voies rapides urbaines, ce sont les Direction
Interdépartementale des Routes (DIR) qui fournissent les données. Les Conseils Généraux
gèrent les comptages routiers du réseau départemental hors agglomération, et les communes
administrent le réseau de la voirie communale dans l’agglomération. L’idée est de constituer
une base de données « comptages routiers » à l’échelle de l’Aire urbaine. Cependant, la
multiplicité des différents fournisseurs compliquent l’harmonisation des données entre elles.
Les informations collectées lors du comptage diffèrent selon l’exploitant. Ainsi, certaines
données renseignent le détail horaire des trafics tous véhicules et poids lourds, quand d’autres
donnent uniquement la moyenne à la journée. De même, on a parfois la distinction du trafic
14
CETE, Evaluation du système de comptage routier Sensys Nteworks, 2010, 52p.
34
selon le sens de circulation : le trafic moyen journalier annuel est donné du point A au point
B, mais également du point B au point A.
Cette multiplication des sources de données nécessite une réflexion au niveau de la
modélisation de la base de données contenant toutes les informations sur les comptages
routiers, afin de pouvoir faire les traitements nécessaires.
2. Montage d’une base de données orientée objet
Il s’agit donc d’homogénéiser les informations des différentes sources afin de trouver le
référentiel commun à tous les jeux de données. Le nouveau modèle de données a été conçu à
partir du modèle déjà existant en base mais qui n’était pas mis à jour depuis plusieurs années.
De plus, il a fallu repenser ce modèle puisqu’il ne prenait pas en compte le détail horaire des
comptages et ne permettait pas de gérer correctement les différentes sources (figure n°12). La
première étape avant la construction de la base de donnée « comptages routiers » est la
réalisation d’un modèle conceptuel orienté objet. En effet, avant de réfléchir au modèle
organisationnel de données (MOD), il est bon de modéliser la problématique à traiter d’un
point de vue conceptuel et indépendant du logiciel utilisé. C’est le but de cette partie.
Figure 12 : Modèle conceptuel relationnel de données (MERISE) "comptages routiers" utilisée jusqu’ici à l’ADU
Le Modèle Conceptuel de Données (MCD) proposé par la méthode MERISE15
et utilisé
jusqu’à présent à l’agence peut s’avérer insuffisants pour modéliser certaines situations. Dans
15
Méthode d’Etude et de Réalisation Informatique pour les Systèmes d’Entreprise
35
ce cas, on est obligé de faire appel à des représentations de type objet comme l’héritage. C’est
le but de la démarche. L’héritage est utilisé lorsque plusieurs entités, proches mais distinctes,
partagent une partie de leurs caractéristiques. C’est le cas ici avec le champ « tranche
horaire » et les différents champs de comptage. En effet, si on suit le dernier MCD, on ne peut
pas à la fois représenter les données moyennes pour une journée, et en même temps le
détailler heure par heure quand c’est disponible.
Pour cela, on doit mettre en œuvre un processus de création d’entités génériques et
d’entités spécialisées, les secondes héritant des caractéristiques des premières. Ce concept qui
permet de représenter le lien « est un » est représenté graphiquement par une flèche double.
Ainsi, le modèle définitif choisi (figure n°13) est composé d’une table mère contenant
virtuellement toutes les informations communes à toutes les données comptages et deux tables
filles qui héritent de tous les champs de la première table et ont potentiellement des champs
qui leurs sont spécifiques (même si ce n’est pas le cas ici). Les tables filles contiennent les
données physiquement. Nous sommes donc en présence de deux tables réelles où l’une
comporte des informations sur le trafic moyen journalier annuel de tous les tronçons, et une
sur le détail heure par heure de certains tronçons quand cette information est disponible.
Figure 13 : Modèle conceptuel orienté objet "comptages routiers"
Dans la table « comptages journaliers », on a donc des points de comptage, identifiés
par un code tronçon unique à chaque point de comptage, caractérisés par la géométrie du
36
point de comptage, une voie et un numéro de voie, la localisation du tronçon, et tous les
différents comptages (tous véhicules et poids lourds, sens 1 et sens 2). En parallèle, dans la
table « comptages horaires », les points de comptage ont les mêmes caractéristiques, avec le
détail de tous les comptages heure par heure en plus, chaque heure correspondant à une ligne.
Pourquoi un tel modèle ? Pour pouvoir intégrer facilement les données indépendamment
de leur source et de leur structure, y compris les évolutions éventuelles non connues
aujourd’hui. De même, ce modèle facilite les traitements SIG et statistiques : toutes les
données comptage sont accessibles en une seule fois via la table mère, il suffit ensuite
d’appliquer des filtres en fonction des besoins.
Figure 14 : Extrait du fichier Excel « comptages journaliers » en vue de l'intégration dans une base de données
3. Intégration dans la base de données
Pour pouvoir importer nos deux fichiers Excel dans la base de données, il faut respecter
certaines conditions. Ainsi, il faut que chaque colonne corresponde à un champ (et chaque
ligne a un enregistrement) de la table destination.
La deuxième étape, celle de l’intégration des données consiste donc à remplir deux
tableaux Excel, un pour les comptages journaliers et un pour les comptages horaires,
contenant toutes les informations dont on dispose (figure n°14). Ainsi est renseigné le type de
37
voie, le numéro de la voie, le code tronçon unique à chaque point et qui sert d’identifiant,
l’année de prélèvement des comptages, la localisation, le point kilométrique et la géométrie
du point de comptage, puis enfin les différentes informations sur le trafic journalier moyen
journalier annuel (tous véhicules et poids lourds). Un autre tableau est rempli avec le détail
heure par heure avec les mêmes attributs.
L’intégration dans une base de données est réalisée à partir du logiciel de type ETL, à savoir
Safe FME.
4. Géocodage des points de comptage et généralisation du point sur le tronçon
Une fois l’intégration faite, l’information sur la localisation de certains points de
comptage ne sont pas renseignées. Il convient donc de les géocoder. La méthode consiste à
renseigner manuellement dans le logiciel QGis, les coordonnées de chaque point de
comptage. La démarche repose sur une localisation manuelle à partir des informations dont on
dispose sur le point de comptage. Ainsi, pour un point donné, on sait qu’il se situe entre la RD
126 et la RD 463, au point kilométrique 37. En comparant avec le Géoportail, on place le
point sur la couche « route » de la BD TOPO. On réitère cette technique autant de fois que
l’on a de points de comptage différents, mais une requête SQL permet de localiser
automatiquement les points de comptages revenant d’une année sur l’autre.
Cela nous donne le résultat suivant, avec plusieurs centaines de point sur le territoire (figure
n°15).
Figure 15 : Répartition des points de comptage sur le territoire
38
Par la suite, l’idée est de généraliser le point de comptage routier au tronçon qu’il
représente. Compte tenu de l’insuffisance des points de comptage sur le territoire, on effectue
une extrapolation des données sur le tronçon. Cette extrapolation se fait à partir des
informations dans la base de données sur la localisation du tronçon. Pour cela, en utilisant le
logiciel Safe FME, on généralise l’information du point sur le tronçon auquel il est connecté.
On passe ainsi, en langage SIG, d’une information ponctuelle à une information linéaire.
La méthodologie est décrite dans la figure n°16. A partir des points de comptage situés sur
les tronçons de la BD TOPO, l’idée consiste a reconstitué le tronçon dans sa globalité, puis de
le découper selon l’emplacement des points de comptage. Puis les points centraux des
tronçons nouvellement crées sont déterminés. Enfin, on redécoupe l’itinéraire à partir des
points centraux pour créer les tronçons finaux, auxquels on attribue les données de comptage.
Figure 16 : Méthodologie de généralisation des points de comptage sur les tronçons (ADU)
Pour la finalisation, on passe donc par le logiciel Adobe Illustrator, pour l’amélioration
des polylignes que l’on étend sur tout le tronçon, ceci afin d’aider à la compréhension et à la
lisibilité des cartes.
C. Modélisation d’un réseau routier à l’échelle de l’Aire urbaine Belfort-
Montbéliard
Afin de mieux connaître les phénomènes routiers sur le territoire, il est décidé en
complément de l’exploitation des comptages de modéliser le réseau routier à l’échelle de
l’Aire urbaine, ceci afin d’apporter la notion d’accessibilité dans l’analyse des flux routiers.
Ce réseau routier modélisé, a pour objectif d’être rapidement opérationnel puis
améliorable et perfectible avec le temps. Le but est donc d’adopter une méthodologie
39
relativement simple et facilement reproductible. Ceci s’inscrit ainsi dans une logique de
culture commune et de partage des connaissances avec une mise à disposition pour les
partenaires. Dans ce cadre, la méthodologie sera donnée aux membres de la Fédération
Nationale des Agences d’Urbanisme (FNAU). De même, cette modélisation s’inscrit dans un
cadre plus générale de restructuration de l’observatoire des Mobilités et c’est une des
composantes de cette restructuration.
Ses usages pourront être de différents ordres. Il sera un outil essentiel pour
l’observatoire des Mobilités avec notamment la possibilité d’appréhender des problématiques
d’accessibilité sur le territoire, comme le calcul du plus court chemin selon l’algorithme de
Djikstra, ou encore le calcul d’isochrone qui crée une zone pouvant être couverte par une
distance ou un temps à partir du point de départ en utilisant le réseau routier (la voirie). Dans
le cadre de l’étude sur les flux routiers, ce réseau modélisé sera une plus-value technique et
apportera ainsi un regard complémentaire sur le phénomène. En ce qui concerne le champ
d’application de la planification, il permettra d’améliorer la lisibilité, dans le domaine de la
mobilité, des documents de références comme le Schéma de Cohérence Territoriale et sera
utilisé lors de l’élaboration des Plan Locaux d’Urbanisme. Enfin, concernant l’aspect « projet
urbain », ce réseau routier modélisé sera un outil assez fin pour analyser un secteur précis,
comme par exemple, évaluer différents scénarios sur un carrefour précis de l’Aire urbaine ou
l’accessibilité au nouvel équipement.
1. Sources à mobiliser
La modélisation se base sur deux sources de données. Le réseau de voirie détaillé est la
principale source à mobiliser. Des bases de données géographiques routières existent tels que
TéléAtlas, Navteq,… mais elles sont payantes. Cependant, le ministère de l'écologie, du
développement durable, des transports et du logement a annoncé, en 2010, la mise à
disposition du Référentiel Grande Echelle (RGE) de l’IGN pour toutes les agences
d’urbanisme. Ce RGE contient plusieurs bases de données de l’IGN à savoir BD ORTHO, BD
TOPO, BD PARCELLAIRE et BD ADRESSE. C’est pourquoi il a été décidé d’utiliser la
couche route de la BD TOPO®. Le but, ici, est de modéliser un réseau viaire16
à partir de
données accessible par tous. Compte tenu de la prédominance du mode automobile et du
16
Un réseau viaire est l’ensemble des voies de circulation terrestres permettant le transport par véhicules
routiers, et en particulier les véhicules motorisés (automobiles, motos, bus, poids lourds…).
40
mode piéton, nous nous intéressons, dans un premier temps, uniquement à ces derniers, même
si l’objectif à plus long terme est de disposer d’un réseau multimodal où tous les modes de
transports seront représentés.
La couche route de la BD TOPO comprend le réseau de voies de communication dans
son intégralité, le réseau « adressé », c’est-à-dire une sélection des tronçons possédant un nom
de rue, une sélection de chemins et sentiers, et une description du réseau revêtu selon son
importance (rôle structurant du réseau). Ce thème comprend également les toponymes se
rapportant au réseau routier. La version 2 de la BD TOPO a été préférée à la version 1, car
plus détaillée, avec par exemple le
sens de circulation des tronçons.
Pour le niveau de détail du
réseau viaire, on s’appuiera sur le
champ « importance » de la couche
route. Cet attribut matérialise une
hiérarchisation du réseau routier
fondée, non pas sur un critère
administratif, mais sur l'importance
des tronçons pour le trafic routier.
Ainsi, les valeurs "1", "2", "3", "4",
"5" permettent un maillage de plus en
plus dense du territoire. Le réseau 1
est composé d’autoroutes et quasi-
autoroutes, parfois de nationales. Le
réseau 2 désigne les liaisons entre
départements. Les tronçons
d’importance 2 ont pour fonction
d’assurer les liaisons à fort trafic entre
agglomérations. Le réseau
d’importance 3 indique les liaisons de
ville à ville à l’intérieur d’un département. Ce niveau est majoritairement représenté par des
routes départementales. Le réseau 4 qualifie les voies permettant de se déplacer rapidement à
l’intérieur d’une commune et, dans les zones rurales. Enfin, le réseau 5 représente les voies de
Figure 17 : Réseau routier de l'Aire urbaine selon l'attribut "importance" de
la BD TOPO®
41
desserte à l’intérieur d’une commune17
. On s’appuiera, entre autre, sur cette donnée
« importance » pour modéliser le réseau routier à l’échelle de l’Aire urbaine (figure n°17).
La deuxième source à mobiliser pour modéliser le réseau routier est la tache urbaine18
de l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard ; dans le but de la faire correspondre avec le réseau
routier. Ainsi, on pourra affecter des vitesses selon l’environnement géographique. La
démarche méthodologique d’identification de la tache urbaine est détaillée en annexe 1. Nous
reviendrons plus tard sur l’utilisation de cette donnée dans la modélisation du réseau.
A ce stade, les deux sources de données (la couche route de la BD TOPO et la tache
urbaine) utiles à la modélisation sont mobilisées.
2. Principes de modélisation d’un réseau de voirie
Le principe de modélisation d’un réseau routier s’appuie généralement sur la théorie des
graphes. La question centrale est : comment passe-t-on de la couche route de la BD TOPO à
un graphe de représentation du réseau routier. Il faut rappeler que l’on peut parler de réseau
uniquement à partir du moment où les tronçons du réseau sont connectés les uns aux autres, ce
qui permet ensuite de réaliser des calculs d’accessibilité.
Modéliser un réseau de voirie nécessite de disposer d'une table du réseau à parcourir
comportant une topologie de graphe. C'est à dire que chaque tronçon du réseau doit avoir un
nœud initial et un nœud final et tous les nœuds des différents tronçons doivent être connectés
entre eux. Ainsi, un tronçon représente la relation existante entre deux nœuds, relation qui
s’opère selon des conditions définies (sens de circulation, longueur,…).
Dans un SIG, la forme de chaque tronçon est décrite géométriquement par une liste de points
de coordonnées (x,y) reliés entre eux par des segments, l’ensemble formant des polylignes.
Les nœuds sont les points initiaux et finaux des tronçons.
Afin de modéliser le réseau routier, on le codifie sous la forme d’un graphe arc-nœuds.
On associe les sommets du graphe aux nœuds des réseaux et les arcs aux liens si le graphe est
orienté. Les graphes orientés sont nécessaires pour modéliser des routes. La raison est qu'il
peut y avoir un chemin d'un point A à un point B mais pas de chemin de B vers A. Cela peut
être le cas de voies à sens unique.
17
IGN, BD TOPO Version 2, descriptif de contenu, 2011, 171 p. 18
Limite de la zone urbaine de l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard
42
Sur PgRouting, la création du graphe se fait par les requêtes SQL fournies par David
Techer qui explique toute la démarche à suivre dans ces travaux19
.
Puis le but est d’enrichir la base de données routière par différents attributs liés à la
nature du tronçon, tels que le sens de circulation, la largeur des voies, la vitesse, la structure
du réseau (sinuosité, configuration des voies,…). En fonction de ces éléments, les arcs sont
valués, et cette valeur peut être égale à la longueur du tronçon, au temps qu’il faut pour le
parcourir, ou à tout autre chose.
Examinons les différents attributs choisis.
Le sens de circulation
Le sens de circulation est un attribut renseigné dans la version 2 de la BD TOPO.
Trois classes apparaissent, le sens double, où la circulation est autorisée dans les deux
sens. Le sens direct, c’est-à-dire que la circulation n’est autorisée que dans le sens de
numérisation du tronçon et enfin le sens inverse, la circulation n’est autorisée que dans le sens
inverse de numérisation du tronçon.
Le principe de modélisation donne la possibilité de pouvoir confronter à la fois des arcs
orientés et non orientés. Dans la BD TOPO, un arc correspondant à un tronçon, l’attribut
« both » est donné pour les voies à double sens. « Ainsi, une voie à sens unique est décrite par
un arc (i,j) et une voie à double sens par deux arcs distincts (i,j) et (j,i)20
».
Le nombre de voies et la longueur du tronçon
Ces deux informations sont données par les données attributaires de la BD TOPO.
Capacité
La capacité est le débit horaire moyen à saturation. Il s’agit du trafic horaire au-delà
duquel le plus petit incident risque d’entrainer la formation de bouchons. La capacité du lien
19
David Techer, http://www.davidgis.fr/documentation/win32/html/apa.html 20
Appert M., Evaluation de la congestion d’un réseau routier urbain, Application aux agglomérations de
Montpellier et Nîmes, ESPACE.
43
est fournie en nombre d’unités de voitures particulières par heure21
(UVP). Par exemple, un
poids lourds équivaut souvent à 2 ou 3 UVP selon sa taille. Il s’agit donc de la capacité
maximale pouvant être absorbé par un lien.
La capacité dépend à la fois des distances de sécurité22
, des caractéristiques
géométriques de la route et de la largeur de la voie.
Pour notre modélisation, nous avons retenu la typologie de l’étude faite par le Syndicat
des transports d’Île de France (STIF) en 2009. Dans cette étude, le réseau de transport d’Ile de
France est établit selon une typologie de la capacité des tronçons, en distinguant « Paris » et
« Extérieur de Paris ». Nous avons donc retenu leur classement « extérieur de Paris » qui se
fonde sur la largeur des voies (figure n°18). Après avoir comparé avec d’autres typologies sur
la capacité, nous avons fait le choix arbitraire de prendre en compte celle-ci. Cela nous donne
le tableau suivant :
21
L’Unité de Voiture particulière ou UVP est un indicateur permettant d’agréger différents types de véhicules
pour tenir compte de leur occupation différenciée de l’espace de voirie. 22
En milieu urbain, la vitesse étant moindre, ce facteur est favorable à la capacité, il l’est beaucoup moins en
dehors, où la densité de véhicules sera donc beaucoup plus faible.
Type de largeur de voie En nombre de véhicules par heure (UVP/H)
et par sens
Etroit < 5m 600
Mi- large (5-9m) 600
Large (9-12m) 600
Super large (> 12 m) 800
Double chaussée 1400
Double chaussée type autoroutier 1850
Autoroute 2000
Echangeur 1600
Connecteur 9999
Figure 18 : Typologie de la capacité des tronçons (Arc Express, Enjeux transports et études de trafic, Syndicat des Transports
d'Ile de France, 2009
44
Codage de la vitesse de circulation
Pour affecter des vitesses sur le réseau routier, nous nous sommes appuyés sur les
travaux de Mohamed Hilal dans son étude « ODOMATRIX, calcul de distance routières
communales » réalisée en 2010. Dans cette étude, l’auteur aborde la question de l’accès aux
services de proximité et aux emplois. Dans ce but, un logiciel nommé « ODOMATRIX » a
été développé pour calculer des distances routières intercommunales et des zones
d’accessibilité de pôles ou d’équipements.
Le réseau de voirie de la BD TOPO en lui-même ne permet pas de distinguer le contexte
urbain ou non des tronçons de route. Afin d’appliquer des « vitesses différentes selon
l’environnement géographique traversé (agglomération, relief,...) », la méthode de M. Hilal
consiste à réaliser des opérations géométriques sur le réseau pour obtenir un plus grand
nombre de classes de voies selon que l’on se situe en milieu urbain ou non.
Le temps de traversée de chaque arc est calculé à partir de la longueur et de la vitesse de
circulation. Cette dernière sera ici définie en fonction de la vocation de la route et de
l’environnement géographique traversé et de la sinuosité globale, en reprenant une méthode
développée à l’échelle de la France par M. Hilal.
o Prise en compte de l’environnement géographique traversé
L’objectif est d’identifier le réseau routier propre au milieu urbain, permettant de
différencier les conditions particulières de trafic entre milieu urbain et non urbain. Ceci afin
de permettre de mieux tenir compte de la diversité des situations dans l’Aire urbaine.
On peut donc déterminer la vitesse maximale de circulation, en dehors des heures de
pointe, en tenant compte à la fois de l’environnement géographique traversé et de la classe
d’infrastructure auquel appartient le tronçon
Dans le logiciel « ODOMATRIX », l’auteur établit des vitesses-types selon
l’environnement géographique, et effectue cette classification à l’échelle nationale selon le
nombre d’habitants des aires urbaines. C’est le tableau qui figure en annexe 2.
On applique cette méthode à partir de la tache urbaine de l’Aire urbaine Belfort-
Montbéliard précédemment déterminée.
45
Dans cette classification, l’auteur tient compte du nombre d’habitant dans les aires
urbaines, mais également du type de commune (ville-centre, tache urbaine et le reste de l’aire
urbaine). En s’inspirant de ce tableau, on peut appliquer les vitesses correspondant à la classe
« plus de 200 000 habitants » car l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard-Héricourt-Delle est un
bassin de vie de plus de 300 000 habitants. Ainsi, on s’appuie sur le classement suivant
(figure n°19).
Vitesse en heure creuse
(km/h)
Vitesse en heure de
pointe (km/h)
Villes centres de
Montbéliard
Belfort,
Héricourt, et
Audincourt
Autoroute 65 35
2 x 2 voies 30 16
principale et régionale 25 14
locale à une voie 20 11
bretelle 60 42
Tache urbaine de
l'Aire urbaine
hors ville-centre
Autoroute 70 53
2 x 2 voies 40 28
principale et régionale 30 19
locale à une voie 20 12
bretelle 20 42
Reste de l’Aire
urbaine
Autoroute 110 110
2 x 2 voies 85 85
principale et régionale 70 70
locale à une voie 60 60
bretelle 60 60
Figure 19 : Tableau des vitesses dans l'Aire urbaine Belfort-Montbéliard adapté d’ODOMATRIX, Calcul de distances
routières intercommunales, M. Hilal, 2010
Dans cette typologie, les vitesses des « villes-centres » ont été appliquées aux quatre
principales communes de l’Aire urbaine (Montbéliard, Belfort, Héricourt et Audincourt), et la
vitesse sur autoroute dans le « reste de l’Aire urbaine » a été modifiée à 110km/h car la
portion d’autoroute entre Belfort et Montbéliard est limitée à cette vitesse.
46
Dans le logiciel PgRouting, il faut procéder au codage du type de voirie, selon les cinq
types de voies retenues dans le tableau des vitesses. Ainsi, par requête SQL, on assigne
l’autoroute et ses vitesses, avec l’attribut de la BD TOPO « importance 1 ». On fait de même
pour les 2 X 2 voies avec « importance 2 », les principales et régionales avec « importance 3 »
puis les locales à une voie et les bretelles avec « importance 4 et 5 ». De même, la distinction
des vitesses selon l’environnement géographique se fait à partir du croisement du réseau
routier avec la tache urbaine. Pour les villes centres, dans la requête SQL, le code INSEE des
trois communes retenues est assigné pour les distinguer du reste de la tache urbaine.
o Prise en compte de la sinuosité globale
En plus de la prise en compte de l’environnement géographique traversé, M. Hilal, tient
compte de la sinuosité globale du tronçon. Pour ce faire, il calcule à la fois la sinuosité
planimétrique, c’est-à-dire la différence entre la longueur du tronçon et la distance à vol
d’oiseau séparant les deux nœuds du tronçon, mais également de la sinuosité altimétrique,
c’est-à-dire la différence entre la longueur réelle et la longueur planimétrique fourni par l’IGN
dans BD Alti 500.
Pour notre méthodologie, au regard de la longueur faible des tronçons de la BD
TOPO®, la sinuosité altimétrique a été simplifiée à partir de l’altitude de début et de fin de
tronçon renseignée dans la couche. Ainsi, lorsque l’on obtient une pente supérieure à 30 %, on
applique les coefficients de pondération de la vitesse déterminés dans l’étude de M. Hilal
(figure n°20).
Autoroute 0,75
2x2 voies 0,70
principale et régionale 0,65
locale à une voie 0,60
bretelle 0,70 Figure 20 : Coefficient de pondération de la vitesse pour tenir compte de la sinuosité planimétrique et altimétrique
(ODOMATRIX, M. Hilal)
La prise en compte de cet attribut permet de s’approcher au plus près de la réalité du
réseau routier.
Une fois le réseau routier généré selon la théorie des graphes, et les tronçons
caractérisés par différents attributs, il reste à en évaluer la fiabilité en testant différents calculs
d’accessibilité.
47
3. Test d’application des différents calculs d’accessibilité
En fonction des différents attributs listés plus haut, un poids est affecté à chaque tronçon
du réseau. Ce poids peut être égal à la longueur du tronçon, au temps qu'il faut pour le
parcourir, ou à tout autre chose.
Le calcul du plus court chemin entre un point A et un point B s’effectue à partir de
l’algorithme de Dijkstra, c’est-à-dire
la fonction « short path » dans
PgRouting.
Pour utiliser cet algorithme
avec PgRouting, il suffit d’écrire la
requête SQL correspondant à la
fonction « short path ». Les chemins
de la BD TOPO® ne peuvent être
parcourus pour le mode voiture afin
d’éviter les biais lors du calcul.
Sur la figure n°21, la fonction
de plus court chemin est appliquée et
représentée sur une interface
développée à partir de Google Map
API. Cet API de Google permet de
représenter tout type de données sur
une carte (routière, satellite, mixte).
Des fonctions de calculs d’itinéraires
peuvent également être utilisées via
cet API, ce qui permettra de
comparer les résultats du réseau
modélisé avec celle de l’API (qui
utilise les données Navteq et
TéléAtlas pour ses calculs).
L’exemple suivant illustre
l’application de la fonction plus court chemin « distance » et « temps ». Ainsi, l’itinéraire est
Figure 21 : Application de la fonction de plus court chemin « distance » et
« temps » entre Pays de Montbéliard Agglomération et le Stade Bonal
48
calculé puis la longueur totale du parcours est affichée. En complément, lors du calcul du plus
court chemin « temps », le temps de parcours et la vitesse moyenne apparaissent en
information. L’itinéraire vert correspond à notre modèle puis l’itinéraire violet, quant à lui,
coïncide avec le modèle de Google Map. Il n’apparaît pas judicieux de comparer les deux
modèles sur la distance, car le modèle de Google Map effectue des calculs du plus rapide
chemin uniquement. En revanche, dans le calcul de plus court chemin en termes de temps, les
deux modèles utilisent un parcours similaire. Google Map prévoit un trajet d’une durée de 5
minutes avec une vitesse moyenne de 32 km/h alors que notre réseau modélisé estime 24
km/h de moyenne en 6 minutes. Les disparités concernant la vitesse peuvent s’expliquer par le
fait que Google Map utilise une base de données routière différente, à savoir Navteq et
TéléAtlas. LA BD TOPO en termes de bases de données routières apparait donc pertinent
pour une échelle d’étude comme l’Aire urbaine.
Enfin le deuxième calcul d’accessibilité appliqué est celui des calculs d’isochrones à 5,
10 et 15 minutes à partir d’un point. Pour générer des couches d’arcs et de nœuds situés à une
distance donnée d’un point du graphe, il faut utiliser la fonction « driving distance ». Il s’agit
de la fonction de calculs d’isochrones. Pour créer le polygone, la fonction utilise une
enveloppe convexe. Cette fonction s’exécute également par requête SQL.
Figure 22 : Isochrone d'accessibilité routière de 5, 10, 15 minutes depuis la gare de Montbéliard
49
Sur la figure n°22, on applique la fonction « driving distance » depuis la gare de
Montbéliard. Ainsi, les isochrones d’accessibilité routière apparaissent avec des seuils de 5,
10 et 15 minutes. Il est également possible, à partir d’un point donné, de donner un seuil
d’accessibilité en minute pour connaître la distance qui peut être accessible en voiture.
Le montage de la base de données « comptages routiers », accompagné d’un réseau
modélisé à l’échelle de l’Aire urbaine était la condition préalable avant l’exploitation des
données à proprement parler. Ceci va ainsi permettre à la fois d’analyser l’évolution et la
répartition des flux routiers, mais également d’apporter une des solutions à la saturation du
trafic dans certains tronçons de l’agglomération. Ainsi, l’aspect accessibilité, via l’entrée du
réseau modélisé, sera abordé de manière complémentaire à l’étude purement cartographique
des flux.
Tout l’enjeu est désormais d’exploiter ces outils afin d’apporter des résultats sur le
phénomène de répartition et d’évolution des flux routiers, mais aussi des solutions pour le
désengorgement de certains axes. C’est l’objectif de la troisième partie.
50
III. Analyse des flux routiers dans le Pays de Montbéliard : entre
impacts structurels et potentialité de « désengorgements »
Cette partie présentera et analysera les premiers résultats de l’étude sur les flux routiers,
abordera une approche complémentaire à partir du réseau modélisé et enfin proposera des
pistes d’améliorations et les perspectives de l’étude.
A. Premiers résultats
1. Un trafic globalement en baisse
Tous les chiffres qui suivent sont calculés sur la base de la formule du taux de
croissance annuel moyen, qui permet de calculer une variation moyenne sur une durée de x
périodes. L’intérêt de ce calcul est de donner une indication sur le taux de croissance moyen
sur une période donnée.
Sur la période 2004/2009, le trafic tous véhicules (voitures et poids lourds) a diminué
sur l’ensemble du réseau routier du Pays de Montbéliard en moyenne de 0,74% par an (figure
n°23). Cette diminution va dans le sens contraire de la tendance de la dernière période
analysée (2000/2004). En effet, durant cette période, l’évolution moyenne s’élevait à 1,82%
par an. Cette diminution fluctue en fonction du réseau routier. Elle est moins marquée sur le
réseau autoroutier (-0,78% par an) que sur le réseau départemental (-1,6% par an), et ce,
malgré le fait que, depuis 2006, le réseau routier nationale ait été transféré au département. Il
faut préciser que les calculs proviennent uniquement des comptages du Conseil Général du
Doubs, et ne tiennent pas compte des données des communes puisqu’il était impossible de
calculer des évolutions sur ces chiffres. La date la plus ancienne pour ces comptages remonte
à 2006. Il faut donc relativiser cette diminution dans la fréquentation du réseau départemental.
Type
Evolution annuelle 2000-
2004 Evolution annuelle 2004-
2009
Réseau départemental 0,3% par an -1,6% par an
Réseau national 1,86%par an
Réseau autoroutier 4,24% par an -0,78% par an
Moyenne 1,82% par an -0,74% par an Figure 23 : Tableau comparatif des évolutions de trafics par réseaux
51
2. La baisse du trafic autoroutier : une conséquence des travaux
d’élargissement de l’A36
La diminution du trafic autoroutier sur la période d’étude (2004/2009) change
radicalement de tendance puisqu’il passe de + 4,24% par an entre 2000/2004 à -0.78% par an
entre 2004/2009. On peut imputer clairement ce changement à la première phase des travaux
sur l’élargissement en 2 x 3 voies de l’A36 entre la sortie Belfort Nord et Voujeaucourt. Ces
travaux ont eu lieu entre 2006 et 2008 et ont fortement impacté le trafic automobile sur la
portion Montbéliard et Belfort.
Cette diminution se constate également sur la figure n°24. Ce graphique représente
l’évolution du trafic tous véhicules sur l’A36 par période 1998/2000, 2002/2004 et
2007/2009. Si pour chaque tronçon entre 1998 et 2004, le trafic augmente, la tendance
s’inverse pour les portions où les travaux d’élargissement ont eu lieu. Ainsi pour la portion
Sochaux-Brognard, le trafic passe d’une moyenne de 55345 véhicules par jour entre
2002/2004, à 50862 entre 2007/2009 soit une baisse de 8% au total. On observe d’autant plus
l’impact des travaux en s’intéressant aux tronçons non concernés par cet élargissement. Le
trafic automobile continue à augmenter progressivement pour chaque période. Malgré cette
diminution, l’A36 continue à jouer un rôle majeur pour la circulation au sein du Pays de
Montbéliard et de l’Aire urbaine
Figure 24 : Evolution du trafic tous véhicules sur l'A36 (APRR)
010000200003000040000500006000070000
Une diminution du trafic sur l'A36 suite aux
travaux
1998-2000
2002-2004
2007-2009
52
Ce constat se confirme sur le trafic poids lourds (figure n°25). Cette baisse est d’autant
plus significative sur Brognard-Sévenans ou où l’on passe de plus de 13 000 poids lourds en
moyenne à seulement 6 000 sur la période d’étude. Le pic de 13 000 s’explique par la
présence de la zone d’activités Technoland à proximité, et qui draine un certains nombres de
poids lourds sur cette zone. On peut imaginer que, durant les travaux de l’A36, le trafic de ces
derniers se sont reportés sur la N19, axe particulièrement structurant.
Figure 25 : Evolution du trafic poids lourds sur l'A36
Il sera intéressant, dans une prochaine étude, de voir si cet élargissement à eu des
impacts à posteriori sur le trafic. Pour cette étude, on ne possède pas assez de recul pour tirer
des conséquences sur cet élargissement.
La représentation graphique ne suffit pas et il convient d’appréhender le phénomène des
flux routiers par l’approche cartographique.
3. Une évolution du trafic inégalement répartie
Pour avoir une vue d’ensemble, on confrontera cette carte avec celle faite pour la
précédente étude (annexe n°3).
A première vue, sur la carte (figure n°26), on n’observe pas de réelle logique spatiale
sur l’évolution des flux routiers dans le Pays de Montbéliard.
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
14000
Evolution du trafic poids lourds sur l'A36
1998-2000
2002-2004
2007-2009
53
La tendance, observée à partir des graphiques, sur le trafic tous véhicules de l’autoroute
A36 se confirme sur la carte. Une stabilité du trafic a lieu jusqu’à l’échangeur de Sochaux
puis la diminution s’accentue à partir de l’axe Sochaux/Brognard.
En comparant les deux périodes de références, on remarque que l’augmentation est
relativement moindre avec seulement cinq tronçons connaissant une augmentation de plus de
5% par an. Ces axes sont essentiellement situés dans le cœur d’agglomération. C’est le cas,
notamment, de la D 136 entre Montbéliard et Grand-Charmont, la D 472 entre Courcelles-
les-Montbéliard et Audincourt, et une partie de la D 437 sur Audincourt. Ces axes sont ceux
du Pays de Montbéliard qui enregistrent une augmentation de trafic nettement plus importante
que celle de la période 1998/2004.
L’évolution du trafic est moins importante sur les axes périphériques de
l’agglomération. Certains enregistrent même une diminution du trafic entre ces deux périodes,
notamment dans l’Ouest de l’agglomération. C’est le cas de la D 480 qui traverse le territoire
du Nord au Sud entre Hérimoncourt et Etupes. A l’est, la D 432 en direction de Bethoncourt,
connait une diminution relativement importante.
Il convient à présent de zoomer l’analyse sur des axes importants, afin de dégager des
spécificités.
La situation de la D 437 est intéressante et mérite que l’on s’y attarde. En effet, la
fréquentation de cet axe est en grande partie impactée par le « Nouveau Pont » construit entre
Valentigney et Audincourt inauguré en janvier 2008. Ce pont avait pour objectif d’améliorer
les déplacements Nord-Sud de l’agglomération et ainsi de diminuer la pollution inhérente au
trafic en incitant les automobilistes de passage à éviter le centre-ville d’Audincourt. La
construction de ce pont a pour conséquence de reporter le trafic tous véhicules sur la D 437, et
ainsi évite de passer par le centre-ville d’Audincourt. Plus de 7 600 véhicules en moyenne ont
emprunté ce nouveau pont. Le reste de la D 437 en direction de Sochaux voit son trafic
diminué au profit de la D 207. Il est intéressant de constater la diminution dans la deuxième
partie de la D 437. On peut imputer sans doute cette tendance aux travaux dans le centre-ville
d’Audincourt qui ont impactés toute la circulation dans la ville. Cette tendance est d’autant
plus singulière que cette portion avait connu une augmentation importante dans la précédente
étude, et apparaissait comme un axe structurant dans le Pays de Montbéliard.
54
La situation au centre-ville d’Audincourt, suite aux travaux de réaménagement, est
difficile à appréhender du fait du peu de comptages routiers installés. La principale conclusion
que l’on peut tirer est une diminution globale du trafic au sein du centre-ville
La D 34 entre Montbéliard et Audincourt est également intéressante à analyser. Dans la
précédente étude, cet axe connaissait une augmentation importante de son trafic, hors la
tendance s’inverse entre 2004 et 2009. La diminution est constante tout au long de l’axe et
jusqu’à Audincourt. A l’inverse, l’axe parallèle à la D 34 (la D 472), connaît une
augmentation de son trafic à plus de 5% par an. On peut imaginer ainsi, que le trafic s’est, en
partie, reporté sur cet axe.
Après avoir vu l’évolution du trafic dans le Pays de Montbéliard, intéressons nous
désormais à la répartition de ce dernier. Le cœur d’agglomération continue à drainer un
nombre important de véhicules, dû non pas à une croissance d démographique qui générerait
plus de déplacements, mais à une utilisation toujours plus importante de la voiture. Des axes,
comme la D 437, la D 463, la D 126, la D 136 et une partie de la D 34, structurent
l’agglomération de Montbéliard et conditionnent la bonne circulation automobile dans le
territoire.
L’objectif du PDU est de concentrer les trafics sur les voies autoroutières, pénétrantes et
structurantes établies dans la future hiérarchisation du réseau. Les premiers résultats observés
vont globalement dans ce sens.
En complément de cette approche cartographique, il est intéressant d’appréhender la
question de l’accessibilité à travers des axes, qui sont en situation d’être saturés. A partir du
réseau routier modélisé, l’idée est d’identifier les axes potentiellement surchargés, puis de
proposer des itinéraires « bis » pour contourner les éventuelles difficultés de circulation dans
l’agglomération. Ainsi, le but est de proposer des solutions pour désengorger certains axes
critiques dans la zone d’étude mais aussi de se questionner sur l’acceptabilité d’une hausse de
trafic sur ces voies. C’est l’objet de la prochaine partie.
56
B. Axes saturés : quelles conséquences ?
1. Identification des axes surchargés
L’idée est de partir de la capacité de notre réseau modélisé pour déterminer les axes où
la saturation est proche. En fonction de notre typologie choisie, à savoir une capacité de 600
unités de véhicules par jour pour les voies simples, ceci équivaut à une moyenne de 14 400
véhicules par jour. Ainsi, en confrontant ce chiffre à notre précédente carte, on détermine les
axes « potentiellement » saturés. On en a sélectionné trois qui sont localisés sur la figure n°27.
Il s’agit de la D 136 entre Montbéliard et Grand-Charmont (16 581 tous véhicules par jour), la
D 34 entre Arbouans et Audincourt (18 443 tous véhicules) et de la D 34 entre Audincourt et
Hérimoncourt (15 039 tous véhicules).
Figure 27 : Identification des tronçons « potentiellement » surchargés (ADU)
C’est à partir de ces axes identifiés, que des solutions seront proposées pour les
désengorgés. Le principe est de supprimer les tronçons identifiés des calculs de plus court
chemin. Il s’agit pour nous du seul moyen pour l’instant de prendre en compte la saturation. Il
est nécessaire de préciser ce problème puisque si le tronçon est saturé, dans la réalité le report
57
se fait progressivement et il n’y a pas de réelle suppression du tronçon. Le but, ici, est de
simplement voir où se feront ces reports. Il s’agit donc bien d’une vision synthétique de la
conséquence de la saturation de ces tronçons.
C’est tout l’enjeu d’avoir un réseau routier modélisé à l’échelle de l’agglomération.
2. Propositions de solutions pour désengorger l’agglomération
En partant de notre réseau modélisé, on choisit un itinéraire « type » empruntant l’axe
surchargé. On considère donc bien un itinéraire théorique et non un itinéraire réel, qui relie
des endroits structurants de l’agglomération. L’idée est de déterminer l’accessibilité, à partir
du calcul de plus court chemin en termes de temps, en utilisant le tronçon identifié comme
surchargé, puis de proposer un itinéraire « bis » évitant l’axe identifié, et de redonner
l’accessibilité du nouvel itinéraire. Outre
l’idée d’absorber les hausses de trafic
pour désengorger les tronçons saturés,
l’enjeu est de se demander si une
augmentation des trafics est encore
acceptable sur ces voies.
Cette approche a pour unique
objectif de proposer des solutions mais ne
constitue pas une finalité en tant que tel.
Axe entre Montbéliard et Grand-
Charmont (RD 136)
On part du postulat d’un itinéraire
théorique du centre-ville de Grand-
Charmont au centre-ville de Montbéliard.
Cet itinéraire emprunte la D 136 et le
calcul de plus court chemin donne un
trajet de 3km pour 9 minutes de trajet, soit
une vitesse moyenne de 21km/h (figure
n°28).
Figure 28 : Itinéraire "type" et itinéraire "bis" entre Grand-Charmont et
Montbéliard
58
En supprimant l’accessibilité à ce tronçon, le calcul de plus court chemin nous propose un
itinéraire « bis » évitant cet axe. Ainsi, dans ce cas-là, le trafic se reporterait sur la D 390 et la
D 136bis. Le nouveau trajet aurait une longueur de 4,5km pour 11 minutes de trajet, soit une
vitesse moyenne de 25km/h.
Le trajet serait plus long, mais avec une vitesse plus importante. Il serait donc judicieux
d’envisager un report du trafic sur la D 136 bis. La question d’une augmentation du trafic sur
ce tronçon ne semble pas poser réellement de problème puisque l’itinéraire « bis » est un axe
structurant. La fréquentation de cet axe est à lier avec les travaux de l’A36.
Axe Hérimoncourt et centre-ville d’Audincourt (RD 34)
La D 34 structure l’agglomération.
C’est un axe particulièrement utilisé pour
les personnes habitant dans le Sud du Pays
de Montbéliard et souhaitant rejoindre le
cœur d’agglomération. Cet axe a connu
une évolution importante entre 2002/2009
et une partie apparait surchargée. En
déterminant un itinéraire type du centre-
ville d’Hérimoncourt au centre-ville
d’Audincourt, le calcul de plus court
chemin utilise la D34 et détermine un
trajet de 6km pour 13 minutes de trajet,
soit une moyenne de 29km/h (figure
n°29).
En supprimant cet axe et en
recalculant l’accessibilité, l’itinéraire
« bis » emprunte la D 480 et le trafic se
reporte sur cet axe. La nouvelle
accessibilité apparaît beaucoup moins
performante, avec un trajet de 10km pour
22 minutes de parcours, soit une vitesse moyenne de 28km/h.
Figure 29 : Itinéraire "type" et itinéraire "bis" entre Hérimoncourt et
Audincourt
59
Ainsi, la principale conclusion que l’on peut tirer de cette analyse est l’aspect
structurant de la D 34 pour rejoindre le cœur d’agglomération. A l’inverse, la D 480
n’apparait comme pas suffisamment compétitive en termes d’accessibilité. Elle n’est pas
capable d’absorber autant de trafics. Quant à la question de l’augmentation du trafic sur cette
voie, cela pose le problème du développement urbain de ce secteur. En effet, l’espace étant
très contraint dans cette vallée, il sera difficile d’améliorer les conditions de circulation en
jouant seulement sur les caractéristiques du réseau : si les besoins en déplacement sur cet axe
continuent d’augmenter, il va y avoir un problème réel. Soit le développement sera freiné
naturellement par la pénalisation de l’accessibilité, soit il faut arrêter le développement au
niveau des politiques publiques, soit il faut faire en sorte de faciliter beaucoup plus le report
modal sur les transports en commun. Dans tous les cas, c’est un secteur qui doit attirer
l’attention des décideurs.
Il faudrait, sans doute, réfléchir à un possible réaménagement de la D 34 pour permettre
une meilleure desserte du centre de l’agglomération. C’est un des objectifs dans le PDU. La D
34 est envisagée comme un « axe structurant » dans la future hiérarchisation du réseau viaire.
Cette approche confirme cette vision du PDU.
Axe centre-ville d’Audincourt et Pied des Gouttes
L’axe identifié comme
potentiellement surchargé
concerne toujours la D 34 mais
dans sa partie centrale, entre
Audincourt et Montbéliard. La
précédente carte indique un
trafic journalier de plus de
18 000 véhicules. En partant
du postulat d’un itinéraire entre
le centre-ville d’Audincourt et
la zone d’activité du Pieds des
Gouttes, l’accessibilité du plus Figure 30 : Itinéraire "type" et itinéraire "bis" entre le centre-ville d'Audincourt et la zone du
Pieds des Gouttes
60
court chemin indique une longueur de 5km en 9 minutes, avec une vitesse moyenne de 30
km/h (figure n°30).
En supprimant l’axe surchargé, le report de trafic s’effectue sur la D 126 et emprunte
l’autoroute A 36 pour rejoindre la zone d’activité. La D 126 est capable de supporter un report
de trafic de par ces caractéristiques. Cette nouvelle accessibilité donne un trajet de 6km en 8
minutes, avec une vitesse moyenn1e de 47 km/h. Il y a donc un gain de temps en empruntant
cet itinéraire « bis ».
Il est donc intéressant de voir, ici, que la D 34 est utilisé, plus par souci d’habitude, que
par son caractère performant en termes d’accessibilité. Cette approche permet de montrer
qu’il existe des possibilités en matière de report de trafic dans l’agglomération. Ceci coïncide
avec les objectifs du PDU qui préconise l’utilisation de l’autoroute comme liaisons de
cabotage.
Ainsi, l’étude des axes surchargés en termes de capacité, via l’utilisation d’un réseau
routier modélisé, illustre la problématique d’un réseau très compétitif à l’échelle de
l’agglomération. Cependant, des possibilités, en matière de report de trafic, existent pour
désengorger le territoire. Mais il y a possibilité d’aller plus loin dans la précision afin de
réaliser une véritable étude sur le trafic routier.
C. Perspectives et limite de l’étude sur les flux routiers
1. L’objectif à long terme : un outil pour l’étude de trafic
Rappelons que les résultats présentés précédemment ne sont qu’une partie de ce qui est prévu.
Ainsi, la principale perspective à l’étude sur les flux routiers réalisée, concerne
l’élargissement de l’analyse sur le territoire de Belfort. Elles n’étaient pas mobilisables à court
terme, mais l’étude envisagée pour septembre prévoit d’intégrer ces données afin de mener la
note thématique sur l’ensemble du territoire de l’Aire urbaine afin d’avoir une vision globale
sur le phénomène.
De même, une analyse sur l’évolution et la répartition des flux de poids lourds sur le
territoire sera réalisée afin de combiner cette approche avec celle sur les « tous véhicules ».
61
L’enquête ménage-déplacements (EMD) aurait pu être utilisée lors de la partie sur la
proposition d’itinéraire « bis ». Ainsi, les itinéraires « types » se seraient appuyés sur cette
source pour s’approcher au plus près de la réalité. Cependant, l’EMD du Pays de Montbéliard
date de 2004. Elle a donc été jugé trop ancienne pour correspondre aux réalités et enjeux que
connaît l’agglomération, aujourd’hui, en matière de mobilités. Il serait donc intéressant de
réactualiser cette enquête en vue des prochaines études de l’observatoire mobilité et
déplacements.
Enfin, le réseau routier aurait pu être davantage utilisé. La question de la généralisation
des points de comptages sur le réseau est une perspective indéniable à l’étude pour répondre
au problème du manque de suivi et du nombre de points de comptages sur le territoire.
Cependant, cette question nécessite un travail important. L’idée serait d’utiliser notre
réseau modélisé pour généraliser les flux routiers et ainsi obtenir un réseau routier
complètement recouvert par l’information sur les comptages routiers. A l’instar du logiciel
Davisum, logiciel d’aide à la décision pour la modélisation du trafic, et qui permet de mener
des études de trafic routier, il s’agit d’un des objectifs à long-terme du réseau modélisé.
L’exemple-type d’utilisation est l’évaluation du report de trafic suite à un contournement de
voies. Le fonctionnement du logiciel se réalise en quatre étapes, à savoir la génération, en
termes de demande de déplacements, la distribution c'est-à-dire le choix de la destination, la
répartition modale et enfin l’affectation c’est-à-dire le choix de l’itinéraire.
L’idéal serait d’arriver à un modèle relativement proche afin de réaliser de véritable
étude du trafic routier.
2. Un manque de suivi dans la régularité des points de comptage
L’étude a permis de prendre conscience de la limite concernant le nombre de comptages
routiers sur le territoire. Il y a un problème sur la régularité des points de comptage. De
nombreuses anomalies apparaissent selon les années de recensement. Parfois, les points de
comptage changent d’endroits d’une année sur l’autre et empêchent tout suivi rigoureux.
Pour illustrer ce souci, la figure n°31 représente la répartition des points de comptage
sur le Pays de Montbéliard. On observe que de nombreux axes routiers ne sont pas recensés
pour le trafic moyen journalier annuel.
62
Figure 31 : Répartition des points de comptage selon leurs sources (APRR, CG 25, DDE 25, Ville de Montbéliard)
En vue de la hiérarchisation des voies prévue dans le PDU, il est important de
mentionner aux partenaires l’intérêt d’un sui régulier des points de comptage afin de pouvoir
pleinement analyser le phénomène sur le territoire. En effet, comme il a été précisé dans
l’étude, une extrapolation sur les tronçons a été réalisée afin de pouvoir mener l’étude. Mais
cette approche n’est pas sans limite pour la bonne compréhension du sujet.
L’autre problème concernant la régularité des points de comptage se situe dans un
manque de suivi dès lors que l’on rentre dans l’agglomération. Ainsi, les données du Conseil
Général parcourent bien le territoire en dehors du cœur d’agglomération, mais dès lors que
l’on se retrouve dans le périmètre urbain, ce suivi devient quasi inexistant. Il y a donc un
effort de coordination à mener entre les différents acteurs.
Les partenaires doivent donc se mettre d’accord pour une meilleure disposition des
points de comptage. L’observatoire des mobilités regroupant l’ensemble des partenaires
intervenant dans les comptages routiers, il peut s’agir d’un cadre d’échange intéressant pour
coordonner les comptages réalisés par les différents partenaires.
En réalité, l’étude montre essentiellement qu’il existe un véritable problème pour observer le
phénomène des flux routier sur le territoire du Pays de Montbéliard.
63
CONCLUSION
Au travers de ce mémoire, on a montré l’intérêt de combiner différentes sources de
données afin de mieux appréhender et mieux comprendre un phénomène tel que celui de
l’analyse des flux routiers, qui plus est sur un territoire comme celui du Pays de Montbéliard,
où l’automobile est plus que jamais le principal moyen pour des déplacements internes et
externes à l’agglomération. A travers son histoire et ses caractéristiques naturelles, le territoire
a été façonnée par et pour la voiture, ce qui a engendré l’agglomération multipolaire que l’on
connaît aujourd’hui. Il s’agit donc d’un territoire « préférentiel » pour l’analyse des flux
routiers.
Cette organisation territoriale a révélé la nécessité d’un suivi des politiques publiques en
matière de mobilité et de suivi des flux routiers. L’observatoire déplacements et mobilité
s’inscrit dans ce contexte et apparaît comme un véritable outil d’aide à la décision et à l’action
que ce soit dans l’analyse purement statistique et cartographique du phénomène mais
également dans la perspective afin d’apporter des solutions aux problèmes liés aux flux
routiers.
Pour répondre à ce double enjeu, il est nécessaire de réaliser un véritable travail
méthodologique liant à la fois le montage d’une base de données sur les comptages routiers, et
la modélisation d’un réseau routier.
Le montage d’une base de données contenant toutes les informations sur les comptages
routiers, effectués par les différents acteurs (APRR, CG, DDE,...), que ce soit « tous
véhicules » ou « poids lourds » est nécessaire avant l’analyse en tant que tel. Une réflexion
préalable sur l’usage que l’on fera de ces données est également primordiale pour une
meilleure utilisation de la base de données.
De même, l’idée de modéliser un réseau de voirie, à partir d’une couche géographique
relativement accessible par tous est un des principaux enjeux du mémoire. En s’inspirant et en
confrontant différentes études traitant de ce sujet, la modélisation d’un réseau routier va
permettre d’aborder la question de l’accessibilité dans l’analyse des flux routiers.
La modélisation d’un réseau routier à l’échelle de l’Aire urbaine, condition préalable
pour réaliser des calculs d’accessibilité, apparaît comme une approche complémentaire à
64
l’analyse purement cartographique de l’évolution des flux routiers. Elle permet de mieux
comprendre la façon dont le réseau fonctionne et est utilisé.
L’idée, à la base, de combiner une approche « flux » et une approche « accessibilité »,
c'est-à-dire de combiner des données sur les comptages routiers et la modélisation d’un réseau
routier, n’apparait pas facilement réalisable. Mais on a bien vu que ces deux approches
peuvent véritablement être complémentaires.
En partant de l’analyse statistique et cartographique des données sur les comptages
routiers, des axes apparaissant comme surchargés, en termes de capacité, ont été identifiés.
Puis à partir du réseau modélisé, des solutions de report de trafic ont été envisagés à partir
d’un itinéraire « bis ». Cette approche combinant flux et accessibilité est donc bien
complémentaire.
Une diminution du trafic sur l’ensemble du réseau et l’existence d’un fort potentiel
report de trafic sont les principaux résultats que l’on peut tirer, à l’heure actuelle, de l’étude.
Le réseau routier de l’agglomération, dans son ensemble voit son trafic diminué, et l’impact
de certains travaux n’est pas sans conséquence dans la répartition des « nouveaux » flux
routiers. De même, cette répartition est inégale sur le territoire, selon que l’on se situe dans le
cœur d’agglomération ou en périphérie.
Fort de son réseau routier particulièrement structurant, il existe de nombreuses solutions
aux reports de trafic dans l’agglomération. Le potentiel est bien présent sur le Pays de
Montbéliard. Le mémoire en a présenté trois exemples mais il aurait été possible de les
multiplier comme il aurait été possible d’améliorer l’analyse afin de mener une véritable étude
de trafic routier.
Ainsi, le réseau routier montbéliardais particulièrement concurrentiel pénalise le
développement des autres modes de transports, et à l’inverse c’est par ce réseau que des
solutions pour la compétitivité des transports en commun peuvent être envisagés. Pour le
futur, entre frilosité institutionnelle et important potentiel, il sera nécessaire de prendre les
bonnes décisions.
65
Table des matières
REMERCIEMENTS 2
INTRODUCTION 3
I. UN TERRITOIRE DE « PREDILECTION » POUR L’ANALYSE DES FLUX ROUTIERS 6
A. Un territoire façonné par et pour l’automobile 7 1. Des caractéristiques naturelles et historiques… 7
2. … qui expliquent l’organisation multipolaire du territoire… 10
3. … et ses impacts sur l’usage de l’automobile 12
4. La problématique de la mobilité dans l’Aire urbaine Belfort Montbéliard : une problématique similaire
15
B. Le rôle des politiques publiques face à la question du « tout-automobile »: entre résistance
institutionnelle et volontarisme affiché 17 1. Une multitude d’acteurs : les autorités organisatrices de transports 17
2. Le suivi des flux routiers par les documents cadres : une logique volontariste 19
3. L’approche de l’Agence de Développement et d’Urbanisme de Montbéliard sur la question 21
C. Un observatoire Déplacements-Mobilité pour réajuster les objectifs des politiques publiques
et apporter de la plus-value technique 23
1. L’observatoire Déplacements-Mobilité : un outil de suivi et de gestion des politiques locales 23
2. La structuration de l’Observatoire 24
II. L’APPROCHE METHODOLOGIQUE DES FLUX ROUTIERS : CONSTRUCTION
D’UNE BASE DE DONNEES RELATIONNELLE ET MODELISATION D’UN RESEAU
ROUTIER 29
A. Choix préalables à l’analyse 29 1. Objectifs, hypothèses et méthode d’analyse 29
2. Choix techniques 32
B. Les comptages routiers : mise en place d’une base de données relationnelle 32 1. Présentation des données 33
2. Montage d’une base de données orientée objet 34
3. Intégration dans la base de données 36
4. Géocodage des points de comptage et généralisation du point sur le tronçon 37
C. Modélisation d’un réseau routier à l’échelle de l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard 38 1. Sources à mobiliser 39
2. Principes de modélisation d’un réseau de voirie 41
66
3. Test d’application des différents calculs d’accessibilité 47
III. ANALYSE DES FLUX ROUTIERS DANS LE PAYS DE MONTBELIARD : ENTRE
IMPACTS STRUCTURELS ET POTENTIALITE DE « DESENGORGEMENTS » 50
A. Premiers résultats 50
1. Un trafic globalement en baisse 50
2. La baisse du trafic autoroutier : une conséquence des travaux d’élargissement de l’A36 51
3. Une évolution du trafic inégalement répartie 52
B. Axes saturés : quelles conséquences ? 56 1. Identification des axes surchargés 56
2. Propositions de solutions pour désengorger l’agglomération 57
C. Perspectives et limite de l’étude sur les flux routiers 60
1. L’objectif à long terme : un outil pour l’étude de trafic 60
2. Un manque de suivi dans la régularité des points de comptage 61
CONCLUSION 63
BIBLIOGRAPHIE 67
TABLE DES FIGURES 69
TABLE DES ANNEXES 70
67
Bibliographie
Ouvrages
Gras J. et al., La France : Les 22 régions, Armand Colin, 2001, 365p.
Pumain D., L’analyse spatiale, localisation dans l’espace, Armand Colin, 1997, 167p.
Etudes
ADU, Diagnostic SCOT, 2006, 69p.
ADU, Tableau de bord PDU : 2007, 68p.
ADU, Evolution et incidences du trafic routier dans le Pays de Montbéliard, 2006, 16p.
AUDAB (Agence d’Urbanisme de l’Agglomération de Besançon), Les flux routiers, 2006, 2p.
AULAB (Agence d’urbanisme de l’arrondissement de Béthune), L’observatoire des
déplacements : trafic routier et accidentologie, 2009, 8p.
Appert M., Evaluation de la congestion d’un réseau routier urbain, Application aux
agglomérations de Montpellier et Nîmes, ESPACE.
Baechler F., Modélisation de données, 19p.
Bonnafous A. et al., MOSART, Modélisation et Simulation de l’Accessibilité aux Réseaux et
aux Territoires : un prototype d’outil d’aide à la décision, individuelle et collective pour une
mobilité durable, Laboratoire d’Economie des Transports, 2009, 129p.
CERTU, Calculs d’accessibilité : Impact des spécifications du réseau routier sur les calculs
d’accessibilités Données sources méthodes, 2006, 41p.
CETE, Evaluation du système de comptage routier Sensys Nteworks, 2010, 52p.
Conseil National des Transports, Les autorités organisatrices de transport dans les
agglomérations européennes, 2001, 38p.
68
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2010, 8p.
Frankhauser P (dir.), Morphologie des villes émergentes en Europe à travers les analyses
fractales, 2010, ThéMA, 240p.
Godinot C. et Bonnel P., Phase d’affectation : mise en forme du réseau routier sur l’Aire
Urbaine de Lyon, Laboratoire d’Economie des Transports, 2008, 176p.
Hilal M., ODOMATRIX : calcul de distances routières intercommunales, INRA, 2010, 24p.
Hilal M., Accessibilité aux emplois en France : le rôle de la distance à la ville, INRA-
CESAER, 2003, 15p.
IAURIF (Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région d’Ile-de-France), La
circulation routière en Ile-de-France : évolution des flux et conditions de circulation dans la
zone centrale, 2005, 29p.
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SMAU (Syndicat Mixte de l’Aire urbaine), Charte de Pays, 2003.
STIF, Arc Express : Enjeux transports et études de trafic, 2009, 42p.
Sites internet
ADU, www.adu-montbéliard.fr
AUTB www.autb.fr
CERTU www.certu.fr
INSEE www.insee.fr
OT de Montbéliard http://www.ot-pays-de-montbeliard.fr/
Pays cœur d’Héraut http://www.coeur-herault.fr/
Techer D., http://www.davidgis.fr/documentation/win32/html/apa.html
69
Table des figures
Figure 1 : Situation géographique du Pays de Montbéliard (© Office du Tourisme Montbéliard et © R.
Capato - ADU) ........................................................................................................................................ 6
Figure 2 : Occupation du sol et topographie de l'agglomération de Montbéliard (© R. Capato - ADU) 8
Figure 3 : Plan monumentale des grandes usines de la vallée de Montbéliard (Archives
départementales du Territoire de Belfort) ............................................................................................... 9
Figure 4 : Une agglomération multipolaire (© R. Capato - ADU) ........................................................ 10
Figure 5 : Répartition modale sur l'agglomération de Montbéliard (SCoT, Diagnostic, 2006) ............ 12
Figure 6 : La mobilité du Pays de Montbéliard comparée à d'autres agglomérations (ADU, Tableau de
bord PDU, 2007) ................................................................................................................................... 12
Figure 7 : Trafic routier sur l'A36 en 2010 (APRR) .............................................................................. 13
Figure 8 : Zone-tampon autour des échangeurs autoroutiers (Réalisation R. Louys) ........................... 14
Figure 9 : Le polycentrisme dans l'Aire urbaine (ADU, © R. Capato) ................................................. 16
Figure 10 : Les quatre composantes de l'Observatoire Déplacements- Mobilité .................................. 25
Figure 11 : Schéma opérationnel de l'Observatoire Déplacements-Mobilité ........................................ 26
Figure 12 : Modèle conceptuel relationnel de données (MERISE) "comptages routiers" utilisée
jusqu’ici à l’ADU .................................................................................................................................. 34
Figure 13 : Modèle conceptuel orienté objet "comptages routiers" ...................................................... 35
Figure 14 : Extrait du fichier Excel « comptages journaliers » en vue de l'intégration dans une base de
données .................................................................................................................................................. 36
Figure 15 : Répartition des points de comptage sur le territoire ........................................................... 37
Figure 16 : Méthodologie de généralisation des points de comptage sur les tronçons (ADU) ............. 38
Figure 17 : Réseau routier de l'Aire urbaine selon l'attribut "importance" de la BD TOPO® .............. 40
Figure 18 : Typologie de la capacité des tronçons (Arc Express, Enjeux transports et études de trafic,
Syndicat des Transports d'Ile de France, 2009 ...................................................................................... 43
Figure 19 : Tableau des vitesses dans l'Aire urbaine Belfort-Montbéliard adapté d’ODOMATRIX,
Calcul de distances routières intercommunales, M. Hilal, 2010 ........................................................... 45
Figure 20 : Coefficient de pondération de la vitesse pour tenir compte de la sinuosité planimétrique et
altimétrique (ODOMATRIX, M. Hilal) ................................................................................................ 46
Figure 21 : Application de la fonction de plus court chemin « distance » et « temps » entre Pays de
Montbéliard Agglomération et le Stade Bonal ...................................................................................... 47
Figure 22 : Isochrone d'accessibilité routière de 5, 10, 15 minutes depuis la gare de Montbéliard ...... 48
Figure 23 : Tableau comparatif des évolutions de trafics par réseaux .................................................. 50
Figure 24 : Evolution du trafic tous véhicules sur l'A36 (APRR) ......................................................... 51
Figure 25 : Evolution du trafic poids lourds sur l'A36 ......................................................................... 52
Figure 26 : Evolution du trafic tous véhicules entre 2002 et 2009 (ADU)............................................ 55
Figure 27 : Identification des tronçons « potentiellement » surchargés (ADU) .................................... 56
Figure 28 : Itinéraire "type" et itinéraire "bis" entre Grand-Charmont et Montbéliard ......................... 57
Figure 29 : Itinéraire "type" et itinéraire "bis" entre Hérimoncourt et Audincourt ............................... 58
Figure 30 : Itinéraire "type" et itinéraire "bis" entre le centre-ville d'Audincourt et la zone du Pieds des
Gouttes .................................................................................................................................................. 59
Figure 31 : Répartition des points de comptage selon leurs sources (APRR, CG 25, DDE 25, Ville de
Montbéliard) .......................................................................................................................................... 62
70
Table des annexes
Annexe 1 : Méthodologie de la construction de la tâche urbaine dans l’Aire urbaine Belfort-
Montbéliard-Héricourt-Delle
Annexe 2 : Tableau des vitesses selon Mohamed Hilal
Annexe 3 : Evolution du trafic tous véhicules entre 1998 et 2004
71
Annexe 1 : Méthodologie pour construire la tache urbaine de l’Aire
urbaine Belfort-Montbéliard
Objectifs
L’objectif, est de construire une couche d’information spatiale qui corresponde aux
limites de la zone urbaine de l’Aire urbaine, appelé « Tache urbaine ». Dans la modélisation
du réseau, cette couche spatiale nous servira à appliquer des vitesses différentes selon
l’environnement géographique des tronçons de route c’est-à-dire que l’on se situe dans la
tache urbaine ou hors de la tache urbaine. Cette tache urbaine sera construite sur des éléments
graphiques issus de la couche « bâti » de la BD TOPO (source IGN).
L’ensemble des traitements a été effectué sous le logiciel « Safe FME » de
technologie dit « ETL », « Extract-Transform-Load » lequel permet d’effectuer des
enchainements logiques de traitements dans une base de données.
Schéma et étapes dans FME pour obtenir la tache urbaine
Déroulé de la méthode
A partir des trois couches « bâti » de la BD TOPO (catégories : Indifférencié,
remarquable et industriel), on les regroupe pour ne former qu’une seule et unique couche
« Bâti ». Cela se fait par une commande « union » en requête SQL.
Dans le logiciel FME, on choisit la fonction qui fait intervenir la couche « bâti réuni » de la
BD TOPO projeté en Lambert 2 étendu. On effectue les opérations à partir de cette couche (A
72
sur la figure). On vérifie la validité de la géométrie (la typologie) puis on agrège tout le bâti
avec la fonction « Agregator » (B).
Ensuite, on applique la méthode Dilatation-érosion appliqué par le CERTU.
Par dilatation (C), on entend la construction d’une zone-tampon positive (appelé ‘Buffer ») de
50m autour de l’ensemble des bâtiments. Puis par l’érosion, on redonne aux objets leur taille
initiale en laissant reliés entre eux les objets qui auront été agrégés. Ainsi, on applique une
zone-tampon négative de - 25m autour du premier buffer.
Enfin, la dissolution vient à la suite. L’opération dilatation-érosion a formée plusieurs
polygones. La fonction« Dissolution » sert à ne former qu’un seul élément.
La tache urbaine (Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du
territoire)
Afin de travailler sur une tache homogène et qui ne soit pas trop complexe
géométriquement, nous avons éliminé les objets de trop petites tailles (un seul minimal de 1
hectare a été gardé). On applique la fonction « area calculator » qui calcule la surface du
polygone. (D) Avec la fonction « Tester », on désigne comme seuil maximal 1 hectare. Ainsi,
tous les polygones inférieurs à 1 hectare seront supprimés. (D).
De même, les trous dans la tache urbaine qui correspondent par exemple à un parking non
couvert mais complètement inscrit dans le cadre urbain sont comblés.
73
On utilise la fonction « Donut Hole Extractor » qui va identifier les trous s’il y en a à
l’intérieur des polygones (E). Puis avec « area calculator », on recalcule la surface des
polygones.
Avec l’outil « Tester », on désigne un seuil de 1 hectare au-dessus duquel les trous présents
sur la tache urbaine seront comblés (E), puis la fonction « Donut Builder » va créer un
polygone quand il y a un trou (E).
Ainsi, après reprojection en Lambert 93, après création d’un attribut en l’occurrence la date de
la tache urbaine, et après calcul des polygones en hectare, on obtient la tache urbaine de l’Aire
urbaine Belfort Montbéliard.
Identification de la tache urbaine sur le territoire d’étude (BD TOPO)
74
Annexe 2 : Tableau des vitesses selon M. Hilal
Tableau des vitesses selon M. Hilal, ODOMATRIX, Calcul de distances routières intercommunales, M. Hilal,
2010
Vitesse en heure creuse
(km/h)
Vitesse en heure de
pointe (km/h)
Ville centre des aires urbaines
Plus de 200 000 habitants
Autoroute 65 35
2 x 2 voies 30 16
principale et régionale 25 14
locale à une voie 20 11
bretelle 60 42
entre 100 000 et 200 000 habitants
Autoroute 65 41
2 x 2 voies 30 19
principale et régionale 25 16
locale à une voie 20 13
bretelle 60 47
moins de 100 000 habitants
Autoroute 65 53
2 x 2 voies 30 25
principale et régionale 25 20
locale à une voie 20 16
bretelle 60 54
Tache urbaine des aires
urbaines hors ville centre
Plus de 200 000 habitants
Autoroute 70 53
2 x 2 voies 40 28
principale et régionale 30 19
locale à une voie 20 12
bretelle 20 42
entre 100 000 et 200 000 habitants
Autoroute 70 57
2 x 2 voies 40 31
principale et régionale 30 21
locale à une voie 20 13
bretelle 20 47
moins de 100 000 habitants
Autoroute 70 64
2 x 2 voies 40 36
principale et régionale 30 26
locale à une voie 20 17
bretelle 20 54
Reste de l'aire urbaine, reste du pôle rural, espace rural
sans objet
Autoroute 130 130
2 x 2 voies 85 85
principale et régionale 70 70
locale à une voie 60 60
bretelle 60 60