Communisme de l'attaque et communisme de la défection

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    L'@NGLE MORT-- Thorie - Problmatiques et Histoire --

    Problmatiques et

    Histoire Communisme del'attaque etcommunisme de ladfection

    vendredi 9 mars 2007

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    traduit de la version anglaise du texte original sudois crit par l'un desmembres du groupe riff raff

    Nous devons tre des ractionnaires et des rvolutionnaires, hrtiques etprophtes. Nous n'avons jamais t si loin et plus prs de Marx ! Notre contradictionest seulement sa contradiction implique par ses dveloppements thoriques. (J.L. Darlet, Lettre Jacques Camatte)

    maintes reprises, nous avons dcrit le communisme comme le mouvement duproltariat dans mais contre le capitalisme. Nous avons affirm que ce mouvement,c'est--dire la lutte de classe de la classe ouvrire, de faon dialectique, avait lafois produit et t produit par les rapports capitalistes. Ainsi, nous avons soulignque c'est cette contradiction qui fournit au capital sa capacit de dveloppement. Dece point de vue nous avons analys ce paradoxe comme la vritable contradictionentre le capital et le travail. de multiples occasions nous avons discut et repris cepoint, et grce aux enqutes ouvrires nous avons essay de dcrire commentcette contradiction apparaissait en ralit. Toutefois, un texte interrogeant etdfinissant ce paradoxe - c'est--dire le mouvement rel du proltariat - d'une faonconceptuelle, faisait dfaut et tait attendu depuis longtemps.Le propos de ce texte, donc, tait initialement de dfinir la communisation et lemouvement communiste, et d'expliquer pourquoi nous avions considr lecommunisme comme identique la relation antagonique entre le proltariat et lacapital. Ainsi l'ide initiale tait de creuser ce que Antonio Negri et Michael Hardt,dans Empire , appellent la volont de rsister. Toutefois, pendant l'criture,cela a chang, parce qu'alors que nous tions en train de travailler sur le texte, nosperspectives se sont radicalement dveloppes. Nous avons fondamentalementabandonn la mythologie marxiste propos du proltariat, ce qui, son tour, nous aamen critiquer cette partie de notre dialectique qui affirmait que le communismeest le rsultat d'une contradiction interne des rapports du capital. Cela ne signifie

    pas que nous nions le processus dialectique entre le capital et le travail. Ce qui achang, ce n'est pas la notion de capital, mais une vision obsolte de la nature de larvolte. En opposition avec ce que nous affirmions alors - c'est--dire que lecommunisme est une autoproclamation qui n'a pas encore t dmentie et parconsquent doit natre de l'anantissement de l'organisation capitaliste de la classeouvrire - nous affirmons dornavant que le communisme doit tre compris commeun produit mcanique plutt que comme un phnomne issu des rapportscapitalistes. Le communisme bloque et anantit la dialectique capitaliste, il nel'annule pas. C'tait la seule faon pour nous d'viter toute tlologie etmtaphysique tout en maintenant dans le mme temps notre utilisation de la critiquede l'conomie politique de Marx. Ainsi, nous insistons aujourd'hui sur le fait que lecommunisme doit tre compris comme quelque chose cr artificiellement,

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    l'oppos de quelque chose issu de contradictions internes . Pour le dire brivement :le communisme survient malgr le capitalisme, et non cause du capitalisme, maisce malgr , toutefois, signifie que la cause logique et matrielle du communismeest le capital lui-mme .Ce texte est la fois une recherche et une lecture. Il est une recherche dans lamesure o il tente de dfinir le capital et le communisme, mais dans le mme tempsil est une lecture du sixime chapitre indit du Capital- Rsultats du procs deproduction immdiat- que nous considrons comme la cl pour comprendre lasituation actuelle et le capital.Ce texte est divis en cinq parties diffrentes. Le fil rouge qui les relie est la relationentre thorie et praxis, autrement dit, les implications organisationnelles de lathorie communiste. Les deux premires parties dfinissent le capital et le travail,dcrivent les relations entre ces deux entits, et donnent un bref aperu desimplications pratiques que cela entrane pour les rvolutionnaires d'aujourd'hui. Ladeuxime partie discute aussi de la ncessit pour le capital de conqurir le futur etde l'organiser comme temporalit. La troisime partie interroge la diffrence entresubsomption formelle et relle. Dans cette partie nous verrons aussi latransformation du travail concret qu'implique la gnralisation de la subsomptionrelle. La quatrime partie de ce texte est une discussion sur la rflexivit pratiqueet sur ce qui distingue cette mthode de la perspective lniniste et de celle de la

    Gauche communiste. Il y a aussi dans cette partie une dfinition catgorique ducommunisme, et une discussion sur les deux modes d'apparition de lacommunisation. La cinquime et dernire partie, pour conclure, est plusimmdiatement organisationnelle et pratique, puisque qu'elle prsente ce qu'est unparti de la thorie et une proposition pour de futures recherches l'aide de latypologie de la communisation prsente dans la quatrime partie.

    La tautologie du capital : travail et travail

    Tant que la classe ouvrire se dfinit elle-mme par rapport ses acquis, ou mmepar rapport un tat thoriquement conquis, elle apparat seulement comme capital , une partie du capital (le capital variable), et ne quitte pas le plan ducapital.(Gilles Deleuze &Flix Guattari, Mille plateaux)

    Il est bien connu que le capital est du travail abstrait accumul. Malgr la diffrenceentre ces deux entits, elles sont parties d'un seul et mme procs dialectique. Lerapport capitaliste - mouvement unifiant et dialectique du capital et du travail - fait dutravail, du capital, mais les deux parties doivent tre runies par un autre lment -l'argent. D'autre part, l'argent tire sa force du rapport capitaliste, parce que la

    fonction de l'argent est d'unifier la circulation avec la production. Le procs de

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    production est initi par l'argent (A) achetant une marchandise (M) : A - M, maiscomme l'crit Marx, ce procs de circulation : Est interrompu par P, o les marchandises T et Mp achetes sur le march sontconsommes comme partie constitutives, en substance et en valeur, du capitalproductif ; le produit de cette consommation est une marchandise nouvelle, M',modifie quant la substance et quant la valeur. Il faut que le procs decirculation interrompu, A-M, soit complt par M-A. Mais comme support de cettedeuxime et dernire phase de la circulation apparat M', une marchandisediffrente de la premire, M, tant au point de vue de la substance qu' celui de lavaleur .La valorisation se rapporte exclusivement la transformation P, le procs deproduction, qui apparat ainsi comme transformation relle du capital, encomparaison de la transformation simplement formelle de la circulation . Lagarantie de la valorisation est le travail abstrait. Le travail abstrait est le travailchangeable, la force de travail, c'est--dire la marchandise que le capital doitacheter pour gnrer de la valeur. La force de travail doit tre achete pour devenirdu capital. Est-ce que le travail achet est par consquent du capital ? Oui, maismme lorsque la force de travail est achete, il existe une diffrence entre le capitalet le travail, et elle est constitue par les deux abstractions qui s'incarnent endiffrents groupes sociaux : le proltariat et la bourgeoisie. Le proltariat est

    exploit par le capital, mais l'existence de cette classe est conditionne par lamdiation du capital. La classe ouvrire est conditionne par la force de travail.Sans cela, elle n'existerait pas. Dans le mme temps, la force de travail estconditionne par le capital, comme le capital est conditionn par la force de travail.Ainsi nous voyons que la classe ouvrire est la classe qui rend le rapport capitalistepossible.La classe ouvrire est une classe exploite puisque exploite par un capitaliste ouun bureaucrate (par exemple agissant pour le compte d'un tat) qui achte unecertaine quantit de temps au travailleur, la force de travail. L'ouvrier, toutefois, n'estpas pay pour tout le travail qu'il accomplit. Le travail non pay est le surtravail, etce surtravail gnre de la plus-value, une plus-value que le capitaliste (aprs avoirvendu les produits), peut convertir en profits, et donc en plus d'argent. Ce nouvelargent, toutefois, n'est pas en lui-mme du capital ; il le devient uniquement lorsqu'ilest investi dans une nouvelle force de travail, afin de produire de la nouvelle valeur.Ainsi, le capital repose sur du travail destin l'change gnrant de la valeurd'change, mais cette valeur d'change doit son tour rendre possible plus devaleur d'change. Comme nous pouvons le voir, le capital est un rapport social, etnon, par exemple une usine ou un rouet filer. Plutt, le capital est un rapport socialorganisant le travail d'une certaine faon, dans l'usine ou par le rouet, c'est--dire enfaisant travailler les salaris dans l'usine ou par le mouvement du rouet. Le capitalmet en uvre la force de travail et l'exploite pour la plus-value, par le moyen du

    surtravail. Cela prouve qu'il peut y avoir un capitalisme sans capitalistes (comme en

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    URSS), mais que le capitalisme ne peut jamais exister sans un proltariat exploit,c'est--dire une classe de salaris. Que cette classe, alors, travaille dans desusines, des hpitaux ou des bureaux n'a aucune importance.Nous voyons que le capital est un rapport social dont le principe moteur (et lacause) est la production de plus-value. L'essence du capital est ainsi la valeur mais,pour qu'existe cette essence, la production doit tre structure autour d'un certainschma. Le rapport social capitaliste possde donc une existence matrielle. Celapeut sembler vident, mais il est important de souligner que l'on ne peut sparer laforme du capital (l'organisation relle du travail) de son contenu (la production deplus-value rendant possible l'accroissement de plus-value). Le proltariat et labourgeoisie, donc, ne sont pas simplement des acteurs incarnant un certaincontenu, mais plutt l'existence de ces classes sontidentiques de par le rapportsocial qui produit le capitalisme. Pour Hegel, et aussi pour Marx, il est fondamentalque cette essence apparaisse comme son existence. C'est--dire que l'essence ducapitalisme (travail abstrait, forme de la valeur, etc.) apparaisse comme normalit :travail, argent et ainsi de suite. Ainsi, il n'y a pas d'essence par-del l'existence, nulfond derrire la forme, mais un seul et mme phnomne. Cela signifie que lesabstractions de Marx, telles que le travail, l'change et la capital sont desabstractions concrtes et relles. Elles sont perceptibles et dtermines parl'poque historique, le capitalisme, dans lesquelles elles existent :

    Le travail n'est point une " chose vague " ; c'est toujours un travail dtermin, cen'est jamais le travail en gnral que l'on vend et que l'on achte. Ce n'est passeulement le travail qui se dfinit qualitativement par l'objet, mais c'est encore l'objetqui est dtermin par la qualit spcifique du travail. L'existence procde de l'essence, mais dans le mme temps l'essence est sapropre existence. Le rapport social capitaliste n'est pas introduit dans la production,mais son essence est sa propre existence : ce sont les salaris travaillant et suantdans les usines, ou les salaris faisant tourner le rouet. Ainsi, le capitalisme est unesocit de classes, et l'existence des classes produit un antagonisme, dans lemme moment o ces classes sont constitues par cet antagonisme. Classe contreclasse, les travailleurs essayent d'chapper au travail et la bourgeoisie/l'tat essayed'imposer le surtravail au travailleur. Ces derniers profitent de leur alination,pendant que les premiers souffrent et sont obligs de travailler pour eux. Sur cettebase, il est vident que la thse avance par le philosophe slovne Slavoj iekdans son livre The Sublime Subject of Ideology , savoir que le capitalismeserait dfini par ses symptmes, est fondamentalement fausse. iek affirme que lecapitalisme est dfini par les anomalies qu'il cr, par exemple la criminalit, laguerre et la famine. Cette thorie du symptme, fondamentalement freudienne,dveloppe par Jacques Lacan, est dj fausse quand il s'agit d'expliquer lepsychisme d'un individu isol, elle est proche du ridicule quand on l'utilise pourexpliciter un systme social. Les extrmes d'une socit ne peuvent jamais

    l'expliquer. Bien au contraire : la normalit d'une socit explique ses symptmes et

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    ses extrmes. La poursuite de la valeur et du profit, par exemple, produit lesguerres, ce ne sont pas les guerres qui produisent la plus-value, mme si la guerrepeut aider et intensifier la production de plus-value. Bien mieux, peut-tre, c'est lanormalit de la socit capitaliste, telle que la production de plus-value, qui donne la guerre et la criminalit leur mode d'existence capitaliste. Dans le capitalisme, cesont les profits et la plus-value qui sont des facteurs dterminants pour lacomposition technologique de la guerre et de la criminalit. Les cartels de la drogueet autres groupes criminels, par exemple, sont obligs d'utiliser les banques pourblanchir l'argent, et les activits des fractions combattantes sont dtermines pardes phnomnes capitalistes tels que la lutte de classe et les crises conomiques.La relation troite, relation qui se dveloppe en une identit, entre l'existence et lecontenu nous fait surmonter une des faiblesses de Marx, qui est son optimismeprogressiste . Cette tendance dans la pense de Marx est rarement exprimeexplicitement, mais, comme l'a not Gilles Dauv, dans d'autres uvres de Marx,notamment politiques, elle constitue la logique sous-jacente . Les spcificits de sonpoque, l'esprit des Lumires, et l'optimisme progressiste de Marx voient les forcesproductives comme un phnomne neutre dont le dveloppement est entrav etcontrl par la bourgeoise. Le proltariat doit donc librer les forces de productiondes entraves que lui impose le capitalisme : il s'ensuit logiquement que lesocialisme devient le pouvoir des ouvriers plus l'lectrification, et le communisme

    devient une utopie, une socit d'abondance. Cette tendance qui existe chez Marxsera dveloppe par Engels et le marxisme des IIme et IIIme Internationales, et,dans son expression la plus vulgaire, par la thorie de la dcadence de Lnine . Lemarxisme productiviste n'est pas seulement commun la social-dmocratie et aulninisme, mais aussi la gauche communiste. La perspective ultime est qu'il existeune contradiction entre le systme de la production industrielle et le systme derpartition bourgeois. D'o il s'ensuit que le communisme est une question desocialisation du systme industriel de production et de dveloppement d'un nouveausystme de rpartition. Communment, cette thorie a amen dsigner le capitalfinancier comme l'ennemi principal du proltariat, ce qui, son tour, a gnr uneincomprhension des fonctions du capital industriel et du capital total. Dans lenazisme, le fascisme et le lninisme, nous pouvons voir quoi ces thories ontmen en pratique, quand, au mme moment, elles considraient le capital industrielcomme une force de dveloppement, elles dsignaient le capital financier commeun secteur parasitaire. Il est intressant de souligner que ce sont les organisations sociales-dmocrates et humanistes, telles qu'Attac, qui sont aujourd'hui leshritires de cette tendance historique qui a trouv son expression la plus brutaledans le stalinisme, le fascisme et la nazisme. Ces thories identifient lecommunisme (ou le socialisme, en l'occurrence, comprenant le prtendunational-socialisme) au dveloppement des forces productives en les sparant deleur contenu, et vice-versa. Le capital n'est pas analys comme une totalit, comme

    un rapport existant d'une faon donne, mais, plutt, le mode d'existence des forces

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    productives est considr comme neutre, et l'ingalit capitaliste est simplementrduite un problme de gestion et de rpartition des forces productives. La seulechose qui doive tre change, pour ces socialismes de droite ou de gauche, ce sontdonc les rapports de production. Les forces productives, toutefois, demeurentinchanges. Nous pouvons aujourd'hui constater quoi ont abouti ces prtendues socits de transition . Le socialisme, c'est la socialisation, la dmocratisation, lagnralisation du travail salari, et par consquent, aussi, la souffrance humaineinutile.Toutefois, plusieurs marxistes modernes ont insist sur le fait qu'il existe une autretendance chez Marx que celle souligne prcdemment, et que cet autre tendancepeut nous permettre une vritable comprhension des forces productives. Cet autre- ou peut-tre premier - Marx n'analyse pas les forces productives comme desentits neutres, mais insiste sur le fait que, tout comme les rapports de productionet de rpartition, elles possdent des fonctions capitalistes et classistes . Le fondn'est pas spar de la forme, il est plutt affirm que le fond apparat comme sonexistence. Le rapport social capitaliste est une combinaison spcifique de forces etde rapports de production, et c'est cette combinaison qui doit tre modifie.Pour donner un exemple de la connexion entre l'essence et l'existence du capitalchez Marx, nous utiliserons le classique Sixime chapitre indit du Capital:rsultats du procs de production immdiat. Dans une rflexion sur le caractre

    ambivalent de la marchandise, Marx crit : Considrons tout d'abord la valeurd'usage. Pour dfinir la notion de marchandise, il importe peu, comme nous l'avonsvu, de connatre son contenu particulier et sa destination exacte . Cela signifieque pour qu'une chose soit une marchandise, cette chose doit comporter une valeurd'change. C'est pourquoi la forme de la valeur, la valeur d'change, est premire,et que dans la dfinition de la marchandise, la valeur d'usage est inapplicable. (Enralit, toutefois, la valeur d'usage joue son propre rle puisque c'est elle que leconsommateur recherche.) Pourtant, Marx note qu'il ne saurait en tre de mmepour la valeur d'usagedes marchandises qui oprent au sein du procs deproduction. De par la nature mme du procs de travail, les moyens de productionse scindent d'abord en objets de travailet en moyens de travail, ou plusexactement, en matires premiresd'une part, et en instruments, matiresauxiliaires, etc. d'autre part. Ce sont l des spcifications formellesde la valeurd'usage qui dcoule de la nature mme du procs de travail. C'est donc pour lesmoyens de production que la valeur d'usage est le plus troitement dtermine .Les valeurs d'usage dans le procs de production ne sont donc pas triviales enthorie . Ces valeurs d'usage ont des fonctions immdiates dans l'organisation dutravail. Ceci est non seulement vrai pour les moyens de surveillance, tel que lapointeuse, mais toute l'objectivit capitaliste, c'est--dire les moyens et forces deproduction, possde en elle-mme une spcification de classe. Marx lui-mme crit: La forme spcifique de la valeur d'usage devient alors essentielle pour le

    dveloppement du rapport conomique, de la catgorie conomique . Ainsi, les

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    valeurs d'usage des marchandises capitalistes ne sont pas des phnomnesneutres, mais des dterminations formelles des rapports de l'conomie capitaliste. Ace propos, il ne faut pas oublier que, pour Marx, la force de travail est le fondementdes rapports conomiques capitalistes. Du passage prcdent propos desdiverses fonctions des valeurs d'usage dans le procs de production on peutdduire que la dtermination formelle des valeurs d'usage de la reproduction de laforce de travail n'est pas neutre mais est une dtermination de classe. Pour letravailleur individuel, l'argent ne reprsente rien d'autre que les moyens desubsistance qui se trouvent sur le march (ou y arrivent divers intervalles) et sontdestines la consommation individuelle de l'ouvrier. L'argent n'est qu'unemtamorphose de ces moyens de subsistance : peine l'a-t-il touch, que l'ouvrierle reconvertit en moyens de subsistance . La valeur d'usage des ces moyens desubsistance n'existe que sous forme capitaliste. Les thories autonomistes etsituationnistes infrant la lutte de classe des rapports marchands, se mprennentdonc sur la dimension capitaliste de la valeur d'usage. Parce qu'ils identifient lecommunisme avec la libration des valeurs d'usage, cela leur interdit de voir, pluttque la forme marchandise, la singularit du capital comme exploitation de la forcede travail (c'est--dire la production de plus-value). De cela il s'ensuit que larvolution communiste doit aussi rvolutionner les valeurs d'usage capitalistes. Cechangement, bien sr, ne fera pas en sorte que les gens, dans le communisme,

    n'aient plus la ncessit de valeurs d'usage. La rvolution est une mutation, unchangement, pas un anantissement. Si l'on prend comme exemple la nourriture,cela signifie que la nourriture consomme dans le communisme sera trscertainement diffrente de ce qui est servi aujourd'hui. En fait, les nouvelles formesdes rapports la nourriture sont souvent dveloppes durant les priodesrvolutionnaires. On peut voir comment, durant les situations insurrectionnelleshistoriques les pauvres ont saccag les restaurants de luxe pour y pratiquer desorgies qui ne prirent fin que lorsque l'insurrection et t crase. Dans d'autrescas, les paysans ont combattu pour le droit de chasse, alors que dans d'autressituations de nouvelles attitudes alimentaires, comme le vgtarisme et le jene, sesont dveloppes.En fait, Marx dit que l'on ne peut pas nier que la consommation de moyens desubsistance par les travailleurs doive tre incluse ou englobe dans le procs detravail, l'instar de celle des matires instrumentales par les machines. L'ouvriern'est plus considr alors que comme un instrument achet par le capital et ayantbesoin, pour oprer dans le procs de production, de consommer et de s'adjoindrecomme matires instrumentales une portion dtermine de moyens de subsistance . A partir de l, il est videmment faux de considrer la valeur d'usage comme unlment neutre et la valeur d'change comme la spcificit capitaliste dans lamarchandise. La socit de consommation a certainement produit une varit denouveaux dsirs et de gots pour l'homme moderne (qui de nos jours ne se sentirait

    pas nu sans Internet ou un tlphone portable ?), mais cela uniquement parce que,

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    en stimulant et produisant de nouveaux dsirs chez le consommateur individuel, lareproduction de la force de travail est un march avec des perspectives enexpansion. Avec la subsomption relle, la dtermination formelle du procs deproduction par les valeurs d'usage, c'est--dire l'organisation matrielle du rapportconomique devient, selon les termes de Marx, spcifiquement capitaliste . Cetteorganisation spcifique de la production et de la reproduction parachve ce que leralisateur, crivain et pote, Pier Pasolini, appelle une rvolution anthropologique .La rvolution anthropologique met en conformit les besoins des gens avec lesbesoins du capitalisme, c'est--dire que tout ce que nous dsirons, le capital tentede nous le procurer avec la valeur comme mdiation. Quelques-uns des meilleurspenseurs de notre temps, par exemple Jacques Camatte et Antonio Negri, ontessay de dcrire cette capitalisation des besoins et dsirs humains. D'aprs eux,l'homme lui-mme est devenu un tre capitaliste et par consquent souhaite sapropre subsomption . Toutefois, cela ne signifie pas que les gens dsirent leurtravail, mais qu'ils demandent l'argent et les moyens de subsistance, c'est--dire lesvaleurs d'usage, que le travail et le salaire peuvent leur fournir . Mais puisque lavaleur d'usage de ces moyens de subsistance est une dtermination formelle ducapitalisme, le dsir en lui-mme amne ce que ce qui est dsir soit la propresubsomption de chacun .Dans la domination relle il n'y a ni temps ni espace en dehors du capital. Cela

    implique que l'ouvrier non seulement incarne le travail mais aussi le capital, parexemple travers son rle de consommateur. Dans son livre Capital etGemeinwesen, Jacques Camatte remarque que Marx nomme la subsomption relledu travail par le capital Subsumtionet non Unterordnung. Unterordnungest le motallemand pour domination, alors que bien sr subsumierensignifie aussi cela, maisle sens du mot insiste sur l'inclusion de quelque chose. Il apparat donc que quandMarx crivait sur la subsomption relle du travail par le capital, il voulait dire que letravail tait rellement inclus dans le capital. Le capital s'incarne donc en l'ouvrier.Ainsi Camatte crivait ceci propos de la domination relle du travail : Il [le capital] peut seulement faire cela en s'appropriant la force de travail, et ici,comme en allemand, se l'approprier (sich aneignen) doit tre pris au pied de lalettre, dans son sens le plus fort. Dans la priode de domination formelle, le capitalne contrle pas la force de travail pour la subsumer, et donc pour l'incorporer, elledemeure extrieure lui, se rebelle contre lui dans la mesure o elle met en dangerle dveloppement du processus, puisque le capital en dpend compltement. Maisl'introduction de la machinerie change tout. Le capital intgre le cerveau humain, sel'approprie, avec le dveloppement de la cyberntique : avec l'ordinateur, il cr sonpropre langage, sur lequel le langage humain doit lui-mme se greffer, etc. Aprsent ce ne sont plus seulement les proltaires - ceux qui produisent la plus-value- qui sont subsums par le capital, mais tous les hommes, dont la majeure partie estproltarise. C'est la domination relle de la socit, une domination dans laquelle

    chaque homme devient esclave du capital (= esclavage gnralis, et donc

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    convergence avec le mode production asiatique). Ainsi ce n'est plus alors seulement le travail, un moment particulier et bien dfinide l'activit humaine, qui est subsum et incorpor par le capital, mais le processusde toute la vie de l'homme. Le procs d'incarnation du capital (Einverleibung), qui acommenc en Occident il y a cinq sicles, est achev. Le capital est dornavantl'tre commun, l'oppresseur de l'homme .Avec cette transformation, l'individu est transform en capital variable en-dehors et,en tout tat de cause, avant la vie au travail, et, comme l'crivait Pasolini, cela faitque l'ouvrier incarne le conflit de classe comme totalit. L'ouvrier en lui-mme estune contradiction . Avec la rvolution anthropologique du capital, le travailleurindividuel est incarn dans la dialectique capitaliste. Le travailleur individuel devientun microcosme capitaliste, une petite unit de production. De mme, toujours plusde groupes de gens et de couches sociales sont proltariss, transforms enouvriers. Toutefois, Pasolini ralise que c'est durant la domination relle que l'onproduit des efforts en vue de crer des extriorits, c'est--dire, des sphres et desrelations qui abandonnent le capital. Par exemple, cela survient lorsque des gensen ont assez du travail et de ce qu'il est commun d'appeler la socit deconsommation et attaquent le capital par le vol, le refus du travail, les meutes etles grves. La comprhension de Pasolini de l'individu en domination relle commeincarnant la fois le capital et le travail l'amne dvelopper une typologie des

    concepts de dveloppement et de progrs.Nous pouvons dfinir le dveloppement comme les pratiques sociales dontparticipe la subjectivit et les actions constituantes de la classe ouvrire. Cettesubjectivit et ces actions sont bien sr contamines et enveloppes par lecapitalisme dans ce qui est gnralement appel le travail. Ceux qui souhaitent ledveloppement sont les industriels et les ouvriers. Bien sr, c'est pour autant quece qui veulent le dveloppement dans ce sens sont ceux qui produisent, c'est--direles industriels D'un autre ct, les consommateurs de ces biens superflus sonttout fait heureux d'un tel 'dveloppement' . Mais dans le mme moment, Pasolinidit que l'ouvrier, l'exploit, est divis. Il veut aussi le progrs, c'est--dire undveloppement communiste. Le progrs doit donc tre vu comme une pratique sansmdiation et comme des rapports communistes. La dichotomiedveloppement/progrs nous donne l'image de ce que l'ouvrier veut en tant que consommateur ou de ce que l'on appellerait force de travail, et dans le mmetemps que c'est en tant un consommateur et une force de travail qu'il fournit lematriel potentiel pour la production du progrs. Quand les gens mettent en causele dveloppement du capitalisme, cela doit amener une attaque de ladtermination formelle des valeurs d'usage et des rapports conomiques, Ou alorscette remise en cause conduira seulement au dveloppement du capitalisme. Cecipuisque le contenu du capitalisme (la production de valeur) est immanent au moded'existence du capital (l'industrie, les centres commerciaux, etc.). Il tait dj

    vident pour Marx que le communisme devait tre produit par la rvolution de la vie

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    et du travail en tant que tels sous le capitalisme : Dans toutes les rvolutions antrieures, le mode d'activit restait inchang et ils'agissait seulement d'une autre distribution de cette activit, d'une nouvellerpartition du travail entre d'autres personnes ; la rvolution communiste par contreest dirige contre le mode d'activit antrieur, elle supprime le travail et abolit ladomination de toutes les classes en abolissant les classes elles-mmes, parcequ'elle est effectue par la classe qui n'est plus considre comme une classe dansla socit, qui n'est plus reconnue comme telle et qui est dj l'expression de ladissolution de toutes les classes, de toutes les nationalits, etc., dans le cadre de lasocit actuelle .De cela il dcoule videmment que le communisme ne peut pas tre dcrit commela satisfaction des dsirs qui existent aujourd'hui. Bien au contraire nous devonsexaminer comment les pratiques communistes sont produites lorsque les gens sonten demande de rapports, de relations et de choses qui n'existent pas encore.D'aprs Marx, de nouveaux dsirs sont forms lorsque les gens font face desbouleversements. C'est ce qu'il veut dire quand il affirme que [Ce mode d'activit]est dj l'expression de la dissolution de toutes les classes, de toutes lesnationalits, etc., dans le cadre de la socit actuelle . Le communisme, ladissolution mergente, apparat lorsque les gens dsirent une autre existence.La rflexion du fanatique de l'apocalypse qu'est Oswald Spengler sur la diffrence

    entre les communauts spirituelles et les entits cosmiques peut illustrer cettesituation. Une communaut spirituelle est, par exemple, un parti ou une organisation laquelle les gens choisissent d'adhrer, et cette communaut prtend seulement une nouvelle distribution de l'activit (Marx). Une entit cosmique, au contraire,est l'expression d'une dissolution mergente. Ceci parce qu' une entit cosmiquevous vous dvouez, et ceci de tout votre tre. Cela peut tre extatique comme Eleusis ou Lourdes ou virilement courageux comme les Spartiates aux Thermopyleset les derniers Goths au Vsuve. Cela se forme partir des churs, des marcheset des danses, et est amplifi par les effets des couleurs vives et les bijoux, lescostumes et les uniformes . Les entits cosmiques sont cosmiques ds lorsqu'elles dveloppent de nouveaux rapports l'existence, au monde et l'universpar le biais des masses qui veulent tre absorbes dans cette entit. Lescommunauts spirituelles sont purement mathmatiques. Elles peuvent rassemblerdes gens, s'tendre et croitre - mais elles restent toujours une somme, jamais uneentit. Les entits, au contraire, apparaissent quand existe pour les masses lapossibilit matrielle d'tre animes et unies par de nouveaux rapports au monde(au cosmos). Le dilemme est que l'entit cosmique est facilement rompue, etretombe dans la normalit : Pendant les temps d'agitation politique, les mots peuvent devenir des destins etles opinions publiques des passions. Une masse runie fortuitement dans la ruepeut tout coup raliser une conscience, une motion, un langage, jusqu' ce que

    l'tat d'esprit fortuit disparaisse et que chacun regagne son foyer. Cela arrivait tous

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    les jours Paris en 1789, aussitt aprs qu'on ait affich les appels sur lesrverbres .Nous pouvons voir ici un autre lien entre la dissolution mergente de Marx et lesentits cosmiques de Spengler - toutes deux tant directement une critiquedestructive contre l'ordre actuel des choses. Les motions contemporaines et lesdsirs d'aujourd'hui sont remis en cause par le fait que de nouvelles motions,langages et dsirs se dveloppent au sein du langage actuel. Si l'on fait le lien entrecette irrationalit et le dveloppement prcdent sur la dtermination formelle desvaleurs d'usage du capital, on constate que l'essence du capital, qui est la valeur,peut seulement tre attaque lorsque l'objectivit capitaliste (comprenant les forceset rapports de production capitalistes) est attaque. Ce que l'on peut remarquer parexemple dans le sabotage, tant l'intrieur qu'en dehors de l'usine. Lorsque qu'unebrique est lance travers une vitrine ou qu'un centre commercial est ravag par lefeu, non seulement les rapports la valeur sont attaqus (comme lorsque des bienssont drobs), mais aussi les valeurs d'usage qui dterminent le mode d'existencedu capital. Toutefois, il faut insister sur le fait que le communisme ne peut treproduit que par une pratique constructive et positive, par la production de nouveauxdsirs. L'entit cosmique et la dissolution mergente, qui est la survenue de larvolution, doivent tre rpandues parmi les masses de faon ce que l'unit decette multitude consiste en la capacit particulire et individuelle de chaque tre

    humain agir de faon autonome. Parce que la destruction et l'appel depuis lesrverbres ne changent pas par eux-mmes le monde pour le meilleur. S'il estune chose que la pense de Bakounine selon laquelle la destruction est une forcecratrice a ralise et rendu comprhensible, c'est le capitalisme. Le capital doit defaon continue nier le travail mort et la valeur passe pour produire de la nouvellevaleur. Toutefois, cela exclut la ncessit d'attaques diriges contre le vieux monde.Au contraire, ce sont seulement la critique pratique et les efforts concrets pour nierl'tat actuel de la socit qui peuvent produire le communisme. Certes, Marx relvecombien il est important pour le capitalisme de protger l'objectivit du procs deproduction (sa dtermination formelle). Cela apparat travers la rationalisation dela surveillance du capital constant. Cependant, pour ce qui touche la conservation de la valeur du capital constant, ily a quelque chose de plus : dans la limite du possible, il doit tre consommproductivement et ne pas tre gaspill, sinon le produit fini pourrait contenir uneportion de capital matrialis suprieure ce qui est socialement ncessaire. Orcela dpend en partie des ouvriers eux-mmes : c'est ici que commencent donc lecontrle et la surveillance du capitaliste (qui atteint son but, en imposant le travail la tche et en oprant des retenues sur le salaire). En outre, le travail doits'effectuer un rythme rgulier et appropri, les moyens de production setransformer en produits suivant un processus rationnel, et la valeur d'usagerecherche sortir effectivement du procs d eproduction sous une forme russie. Le

    capitalisme affirme ici encore son contrle et sa discipline.

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    Enfin le procs de production ne doit tre ni perturb ni interompu. A la fin du cycle,il doit aboutir effectivement au produit, dans les dlais (laps de temps) dicts par lanature mme du procs de travail et par ses conditions objectives. Ce rsultat estassur en partie par la continuit du travail (qui est une caractristique de laproduction capitaliste), mais en partie aussi par des circonstances extrieures etincontrlables .Donc, la dsobissance et le dsordre au travail, le sabotage et la rupture de lacontinuit du travail sont des phnomnes qui rompent avec l'objectivit du capitalet tendent paralyser les rapports capitalistes. Dans le mme moment o lespratiques subversives signifient de-objectivation, elles peuvent aussi signifierde-subjectivation. En effet, quand la reproduction de la force de travail estperturbe, quand elle dsobit et devient insoumise, sa convocation par le capitalchoue. La force de travail est de la sorte la fois le sujet et l'objet du capital. Marxqualifie le travail de condition subjective du travail dans le procs de travail aumoment mme o il dcrit comment le travail est ncessairement transform en son autre , un lment objectif. Le salari est le sujet du capitalisme, puisque lesvaleurs d'usage qui sont les matires premires du procs de production sonttransformes en marchandises par l'intervention du travail vivant. A prsent, dans le procs de travail, elle (la valeur d'usage) est transformation enune valeur d'usage nouvelle (produit) des objets (valeurs d'usage) qui ont servi au

    travail vivant, en activit cratrice, de matire premire et de moyens de travail Mais quand l'ouvrier donne cette force subjective, actu, au capitaliste, il valorise etproduit du travail mort, qui est du travail vivant pass. Ainsi l'ouvrier entre dans leprocs de production comme composante de la valeur d'usage, l'existence relle ducapital, son existence comme valeur. Et cela reste vrai mme lorsque cette relationse noue seulement dans le procs de production . Ainsi le travail mort estl'objectivit capitaliste que le travail vivant (la subjectivit du capital) valorise. Cerapport est dj ralise lors de l'mergence du capitalisme. L'objet est le travailmort et le sujet le travail vivant, le travail changeable. Ceci illustre sur quelletautologie est bti le capital : le rapport commence avec le travail et se termine aveclui. Ce rapport est tautologique de la mme faon pour le capitaliste individuelpuisque la relation commence avec l'argent A utilis afin d'acheter une marchandiseM qui est vendue, ce qui cre plus d'argent A' : A - M - A'. Et la tautologie apparataussi pour l'ouvrier individuel puisque le rapport, pour lui, commence avec unemarchandise M (la force de travail) qui est vendu pour de l'argent A par lequell'ouvrier achte ses moyens de subsistance M (de nouvelles marchandises) : M - A -M. La force de travail passe est investie dans la force de travail (la subjectivit). Laplus-value et donc les nouveaux produits peuvent seulement tre produits par ceprocs tautologique. Marx crit : Cependant, le capital, pas plus que l'argent, n'est un objet. Dans l'un et l'autre,des rapports de productions sociaux dtermins entre individus apparaissent

    comme des rapports se nouant entre objets et individus. Autrement dit, des rapports

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    sociaux dtermins semblent tre des proprits sociales naturelles des objets.Sans salariat, ds lors que les individus se font face comme des persones libres,pas de production de plus-value, et sans celle-ci, pas de production capitaliste, doncni capital, ni capitaliste ! Le caractre ftiche du capitalisme et l'alination de l'ouvrier sont donc dpendantsde la division du travail et de la sparation des moyens de production d'avecl'ouvrier. Le caractre ftiche du capital, d'aprs Marx, est le pouvoir qui obscurcit lefait que la force de travail est le sujet du rapport capitaliste. Cet cran defume , n'est pas le produit d'une fausse conscience, mais la nature relle ducaractre ftiche est drive du fait que les moyens de production n'ont plus pourfonction que d'aspirer en eux la plus grande quantit possible de travail vivant . Ce recouvrement inverse rellement le sujet en objet, la machine met l'ouvrier l'uvre. Ainsi nous avons un mouvement de balancier continu entre la subjectivitet l'objectivit, et c'est ce mouvement pendulaire - cette dialectique - qui est lerapport capitaliste. Quand Marx crivait que cette force qui conserve la valeur touten en crant une nouvelle, est donc la force mme du capital, et son procsapparat comme procs d'auto-valorisation du capital, et plus encored'appauvrissement de l'ouvrier, qui est bien celui qui cre la valeur, mais valeurtrangre lui-mme. , il veut dire que non seulement l'ouvrier est alin auproduit qu'il produit, mais aussi qu'il se mprend sur la ralit. L'ouvrier ne prte

    plus attention au fait qu'il est celui qui gnre la valeur et produit le rapportcapitaliste. Toutefois, l'alination du capital ne peut pas tre supprime par la classeouvrire en passant simplement au-del du caractre ftiche du capital. Il n'est passuffisant que l'ouvrier ralise qu'il est le sujet de l'histoire capitaliste. L'alination estune pratique matrielle et doit donc tre remplace par de nouvelles pratiques entreles hommes . C'est ainsi qu'aujourd'hui le travail vivant apparat comme travailalin, bien que l'ouvrier sache qu' long terme il est celui qui rend l'intgralit de laproduction capitaliste possible. La plupart des ouvriers se sont mpris sur l'idologiedont Marx disait qu'elle concernait l'homme . Ils ont vu au travers du caractreftiche du capital, mais malgr a, ils n'ont pas substitu au capitalisme un nouvelordre des choses. Selon les mots de Peter Sloterdijk, le sujet capitaliste est devenuun sujet cynique. Ce cynisme appelle une nouvelle forme d'idologie critique. Il n'estplus suffisant de souligner que le roi est nu en disant : c'est nous, la classeouvrire, qui faisons tourner les rouets du capital. Nous sommes le pouvoir ! Bienau contraire, nous devons attaquer les rapports qui rendant les gens cyniques etapathiques. Slavoj Zizek crit, propos de ce dveloppement cynique du sujet : Le sujet cynique est entirement conscient de la distance entre le masqueidologique et la ralit sociale, mais il maintient nanmoins le masque. A partirde Marx, Zizek interprte la thse propos des ouvriers embarqus dans l'idologie(ils ne savent pas ce qu'ils font, et pourtant ils le font) comme suit : avec le sujetcynique il faut dire : ils savent ce qu'ils font, et persistent pourtant. Ce cynisme

    gnralis n'est rien moins qu'un signe de la rvolution anthropologique du

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    capitalisme. Les ouvriers, non seulement incarnent le travail, mais aussi bien lerapport capitaliste. L'ouvrier peut trs bien ne pas se sentir l'aise au travail, mais iltravaille nanmoins puisque c'est le monde du travail qui lui rend tout possible. L'homme moderne est prisonnier du march ; toute communaut entre les hommes est dtermine par ce que Marx nomme la communaut de l'argent.Ceci, parce que l'existence et la communaut sont plus ou moins impossibles sansargent, c'est--dire sans travail. La subsomption relle du travail fait du capitalismeune communaut humaine matrielle, puisque la communaut de l'argent occupede plus en plus notre existence. Si cette communaut devait tre dtruite, celasignifierait la de-objectivation de la dtermination formelle des rapportsconomiques, en mme temps qu'une de-subjectivation de la qualit des hommes en tant que valeurs d'usage pour le capital, qui est une de-subjectivation de leursfonctions comme sujet du procs capitaliste de production.La de-subjectivation et la de-objectivation de ces rapports raliseraient unervolution, mais cette rvolution ne serait pas caus par une crise dans lecapitalisme, puisque les crises ne font que dvelopper le capital : de nouveauxmarchs sont crs alors que d'autres disparaissent. Le communisme ne peuts'obtenir partir des contradictions qui marquent le capitalisme ; au contraire, lecommunisme peut survenir malgr ces contradictions. Ceci parce que la possibilitpour le communisme de se constituer comme communaut peut seulement

    apparatre si la crise se dveloppe en une crise pour le capital, l'oppos d'unecrise dans le capital. Parce que l'hostilit et la contradiction entre les classes estpartie intgrante du capitalisme, il se trouve que le rapport capitaliste n'est riend'autre que la contradiction en procs entre le capital et le travail. Comme l'ontmontr Machiavel et Mario Tronti, chacun sa faon et en son temps, labourgeoisie a de tout temps t contrainte d'avoir partie lie la pratiqueconstituante des masses. Les crises crent de faon rpte des entitscosmiques , mais ces entits ne peuvent jamais, par leur puissance propre,transcender le systme dominant. Le capital total est revigor par la lutte de classedu proltariat, du moins si cette lutte de classe se limite une questiond'exploitation, au prix du la force de travail, etc., mme si les capitaux individuels nese multiplient pas, du fait des contestations incessantes de ces entits.Historiquement nous pouvons voir comment le capital total se dveloppe au traversdes conflits entre classes, tats et entreprises. Ceci, malgr le fait que durant larelativement brve histoire du capitalisme, on a vu combien de capitaux ont tconfronts leur perte, et mme leur disparition, lorsque des conomies entires,dans diffrents pays, se sont effondres cause de dpressions, de la lutte declasses et/ou de la guerre. Dans la mesure o le capital est le mouvement entre lecapital et le travail, il n'y a rien l d'insolite - LE CAPITAL EST EN LUI-MME UNANTAGONISME (majuscules dans le texte). Nous obtenons ainsi, de faonabstraite, l'antagonisme entre le capital et le travail. C'est un procs sans sujet et

    sans but, c'est--dire un procs qui n'est pas tlologique, et ce procs peut

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    seulement se transcender lui-mme (dans le sens hglien), mais jamais raliser sapropre extinction.La transcendance/abolition des anciens antagonismes tablit les anciennescontradictions un nouveau niveau et sous de nouvelles formes. Ainsi, lecommunisme ne peut pas crotre mcaniquement de la dialectique entre le travail etle capital, comme l'affirment par exemple Negri et la tendance Johnson-Forest (ilsaffirment ceci parce qu'ils ont une vision affirmative de la pratique constituante dusujet). Si le communisme s'obtient comme Aufhebung, c'est--dire comme rsultatinterne du mouvement entre le capital et le travail, alors, dans ce cas, lecommunisme survient cause de la contradiction en procs qu'est le capital. Quece communisme soit le rsultat du capital lui-mme ne signifie pas ncessairementqu'il soit un dterminisme, mais de factoune tlologie. Toutefois, nous affirmonsque le principe causal et historique du communisme rside dans la contradictionavec et de l'chappement de la contradiction du rapport capitaliste. Pour que lerapport capitaliste soit bloqu, il est ncessaire qu'il y ait intervention qui mette fin la dialectique capital-travail. Cette intervention est la lutte de la classe ouvrirecontre elle-mme, dont l'expression principale visent les mdiations (par exemplel'existence d'une classe dominante) qui rendent possible l'existence du capital.Toutes les autres pratiques conduiront seulement au renforcement dudveloppement tautologique du capital. Toutefois, nous voudrions dire que l'accent

    mis sur la nature anti-dialectique de la rvolte ne rend pas la dialectique marxistesuperflue. Ngatif ! Au contraire, cela doit mener l'intuition que le communismedoit tre obtenu de l'anantissement de l'objectivit et de la subjectivit capitalistes.Et cela doit survenir quand le sujet du capital - la classe ouvrire - abandonne lamonstrueuse dialectique dans laquelle il est enferr.De la mme faon qu'il est impossible qu'une rvolution communiste soit seulementle produit d'une crise, ni de contradictions capitalistes internes, elle se saurait treune production de la conscience. La classe ouvrire a dj vu par-del le caractreftiche du capital, et le proltaire individuel est largement conscient de sa positiondans les rapports de production capitalistes. Toutefois, cette conscience nesupprime pas son alination. Toute conscience est aujourd'hui incluse dans lamega-machine capitaliste, et seule la raison capitaliste existe. Toutes lesinnovations et tout esprit d'entreprise sont invitablement mdis par le travail et lecapital. Le criminel est de bien des faons l'esprit d'entreprise conduit sonextrmit logique et la plus nihiliste. Le gangster est celui qui fera n'importe quoipour de l'argent. De l, il est vident que l'irrationalit, par exemple les actesaltruistes et gratuits ainsi que l'absence de dialogue (avec la classe capitaliste -ajout du traducteur) dans les mouvements contestataires et autour d'eux, peuventsouvent fonctionner comme un premier pas vers des actions subversives. Unmouvement qui demeure dans l'ordre moral existant et qui ne tente pas de faire unpas au-del de la loi et l'ordre n'voluera pas vers ce que Marx nommait le parti

    de l'anarchie dans Le 18 brumairede Louis Bonaparte. Toutefois, l'illgalit et la

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    remise en cause des coutumes existantes ne peuvent par elles-mmes sedbarrasser du capital. Ce qui est important est que les dsirs dvelopps durantune lutte ne peuvent tre raliss dans le capitalisme. Quand les gens attaquent lecapital sans mettre en avant des revendications nous pouvons voir exactement quede tels dsirs sont allums. Quand il n'y pas de dialogue ou de communication entreles classes la dialectique entre le capital et le travail commence s'affaiblir. Laseule communication intressante d'un point de vue rvolutionnaire est celle quisurvient entre les gens qui essayent de rompre avec le vieux monde. Ce dialogueest le dialogue sur la tactique et la stratgie des communauts venir en train de seformer et la ralisation des nouvelles formes de dsir. Si la rvolution n'est stimulni par la conscience ni par la crise, c'est donc que la rvolte doit conduire uneactivit dans laquelle les gens s'chappent de et attaquent le rapport capitaliste parle dveloppement de dsirs et de rapports que le capital ne peut satisfaire.

    La pratique constituante du capital : temps et temporalit

    Le temps est dsarticul ! (William Shakespeare, Hamlet) Le temps est tout, l'homme n'est rien : il est, au plus, la carcasse du temps (KarlMarx, Misre de la Philosophie)

    Le capitalisme est le premier mode de production tre fond sur la ncessited'assujetir le futur. Les modes de production prcdent, le fodalisme par exemple,taient contraints de conserver le pass en organisant la conservation du prsent.Au contraire, le capitalisme est constamment contraint d'organiser le futur. Lecapitalisme est la production du temps venir. Comment cette production et cetteorganisation se sont-elles imposes ? Et qu'est-ce que le temps dans sondcoupage temporel, dans sa forme capitaliste ?Une des rvolutions philosophiques d'Immanuel Kant, dans la Critique de la Raisonpure, consiste situer le sujet dans le temps. Le sum res cogitansde Descartes, je suis une chose pensante signifie, quelque peu simplifi, que quelque chosepense et par consquent existe, mais le cogitode Descartes ne nous dit rien sur le

    fondement de cette existence, au-del du pur fait de penser. Kant, de son ct,

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    s'intresse au fondement de cette existence et, pour lui, les dterminations ultimesde cette existence sont le temps (et l'espace). Notre raison et notre existence sontdonc dtermines l'intrieur du temps et de l'espace. Je pense n'est dterminableque dans la forme du temps. En consquence, le temps n'est plus la mesure dumouvement, mais le mouvement existe en lui. Lorsqu'un tre humain pense, cethomme pense dans le temps et donc succesion et changement sont dans le temps.Le temps est compris par Kant comme la possibilit du changement, puisque lechangement se situe dans le temps. Le temps est ternel et linaire, il va de l'avant,il est tension vers l'avant et toute chose est subsum sous lui. Mme la fin dumonde ne serait pas la disparition du temps, puisque seulement les existences dansle temps sont temporaires.La Critique de la Raison pure, publie en 1781, prfigure en France la rvolutionbourgeoise de 1789, la philosophie de Kant fonde notre facult de penser enprsentant les facults qui l'organisent. L'uvre de Kant est, quelque chose prs,contemporaine du moment o la rvolte de la bougeoisie posa les fondations de ladialectique qui deviendra la philosophie du capitalisme. De nouvelles bases de lapense et de la vie se mirent donc en place la fin du dix-huitime sicle.Toutefois, aucune rvolution n'est le produit de la veille. Des transformationsradicales de la notion de temps taient intervenues en Europe occidentale entre1300 et 1650 (cf. Thompson, Customs in Common : Studies in Traditionnal Popular

    Culture, p.9). On peut penser que trois cents ans c'est long, mais il faut se souvenirqu'en comparaison avec les socits primitives, dont la notion de temps estdtermine pas le cycle des travaux et la succesion des saisons, trois cents ansc'est ridiculement court.Dans les socits paysannes ( mme l'poque moderne), la notion de temps estprincipalement dtermine par les travaux. Le temps est ressenti et organis autourdes tches quotidiennes, cela signifie galement que la sparation entre la vie et letravail est floue (cf. E.P. Thompson). La notion de temps commena changer dansles milieux intellectuels, l o la vie n'tait pas dtermine par le travail de la terre,l o au contraire existait une sparation entre la profession et la vie, travail ettemps libre. Toutefois, l'horloge fut bien sr la machine qui gnralisa le tempscomme temporalit. Dj au quatorzime sicle les horloges des glises et lesautres horloges publiques apparaissent dans les villes. Cependant jusqu' ce que lebalancier soit invent en 1658, ces horloges n'taient pas trs prcises. La sonneriedes cloches fut une autre faon de gnraliser et dmocratiser cette nouvelle notionde temps. La sonnerie des cloches avertit chacun - riche ou pauvre - du moment dese lever et de se coucher. En Angleterre un domaine tait donn aux sonneurs decloches, car leur fonction tait considre comme importante dans la cration d'uneapprhension rationnelle et systmatique du temps qui dcoupe la journe etorganise le travail 38. En outre, le son des cloches renforait l'emprise duchristianisme sur l'humanit. Le temps (matrialis par la sonnerie des cloches)

    rappelait aux hommes leur caractre mortel qui ne pouvait tre dpass que dans la

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    croyance la rsurrection du Christ. Toutefois, la sonnerie des cloches fut ensuiteremplace par des signaux sonores et lumineux dans les rgions industrielles et,avec le balancier, les horloges se rpandirent de plus en plus durant les annes1660. La production d'horloges devint alors une vaste industrie, et autour de 1680,l'industrie horlogre anglaise l'emporta sur ses concurrentes pour au moins unecentaine d'annes 39.Quand l'activit manufacturire anglaise tait encore limite l'industriedomestique, ou de petits ateliers, ni l'usage de l'horloge ni la nouvelle notion detemps ne provoqurent une rvolution de la production. Dans le cadre de cetteactivit industrielle, les gens pouvaient contrler eux-mmes le travail. Enconsquence, des priodes d'inactivit taient mlanges des priodes d'activitintense40. Selon Thompson, il tait en outre trs frquent parmi les ouvriers dedormir et de repousser le travail autant qu'il tait possible. Dans un grand nombrede profession, comme les cordonniers, les tailleurs, les mineurs de charbon, lestypographes, les tisserands, etc. il tait largement rpendu et accept que nonseulement le dimanche mais aussi le lundi, tait un jour de repos. Le temps detravail irrgulier dans l'industrie manufacturire s'accompagnait galement, durantles weekends, d'orgies qui vous laissaient assoms et d'autres festivits. Enconsquence, le puritanisme victorien et le mouvement pour la temprence avaientnon seulement pour cible l'excs de boisson, mais aussi le repos du lundi. Ce jour

    offrait aux gens la possibilit de boire et festoyer largement. Mme le temps detravail des ouvriers agricoles semble avoir t relativement irrgulier, puisque letemps et les saisons provoquaient de longues interruptions dans le travail au longde l'anne. Les propritaires terriens avaient galement de grandes difficults poursurveiller les ouvriers agricoles parpills dans les champs et les granges. Audix-huitime sicle, les enclosures furent une faon de surveiller et contrler lesouvriers agricoles. Comme on le sait, ce mouvement cra galement une force detravail surnumraire croissante qui rendit possible l'expansion de l'industriemanufacturire. Cela signifie que l'industrie manufacturire passa de l'atelierdomestique de vastes tablissements o une organisation stricte du temps et dela division du travail transforma le temps de travail irrgulier du pass en travaileffectif et rationalis. A la place d'ouvriers allant et venant leur guise et travaillant leur volont dans l'atelier, chacun avait sa place pour effectuer une tcheparticulire.Dj en 1700, des horaires contrls par des surveillants existent dans certainsateliers autant pour combattre la paresse que pour planifier les mouvements de laforce de travail. Celui qui tait en retard recevait une amende. La nouvelle notion dutemps fonctionnait donc comme une force disciplinaire et cela longtemps avantl'industrialisation de l'activit manufacturire. Les controleurs devaient donc arriverau travail les premiers, contrler l'arrive des ouvriers et rpartir le travail. Lapremire organisation du temps controle par une horloge fut introduite dans une

    usine de poterie au dix-huitime sicle41. Les toutes premires formes de littrature

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    manageriale apparaissent au dix-huitime sicle galement. Par exemple, dans sabrochure, Amical Conseil aux pauvres, le rvrend J. Clayton crit que si l'ouvrierne s'emploie pas au travail de faon continue et gche sa sant par la paresse, il secondamne lui-mme ne pas avoir de salaire. Clayton se plaint mme du fait queles glises soient pleines dborder. Ils devraient tre au travail ! Il faut que nonseulement la paresse soit punie, mais encore que l'argent rcompense le sens dudevoir. Toutefois, la nouvelle notion du temps ne fut pas seulement impose parune contrainte externe. Des inventions comme l'horloge et des phnomnesidologiques comme le puritanisme ou d'autres formes de christianisme rigoureuxagirent comme des instruments biopolitiques, ils crerent un sens du devoir et de lamesure parmi les croyants. La nouvelle notion du temps mit en mouvement dessujets qui avaient acquis une autre notion du temps, non seulement par la divisiondu travail, le contrle et le systme des bonus (par exemple les bons ouvrierspouvaient obtenir leur propre horloge), mais aussi par les rgles de l'thiquepuritaine. Le puritanisme affirmait que le travail et la ponctualit taient un signe duchoix de Dieu. L'thique protestante, pousse terme dans le puritanisme, leCalvinisme et ses quivalents, combattait la contemplation catholique et, contre elle,insistait sur le fait que le plus important tait l'activit pratique. L'activitconsciencieuse et ponctuelle travaillait la gloire de Dieu et tait un signe de laprdestination dans la vie matrielle. Comme Weber l'expose, il tait important de

    travailler, car cela montrait le choix de Dieu42. Inversement, ceux qui s'adonnaient la boisson, aux ftes et arrivaient toujours en retard au travail taient prdestins l'enfer.Nous pouvons comprendre maintenant que la notion de temps de Kant commephnomne ternel et linaire, le temps qui est l'organisation de toute chose commeun moment de la continuit temporelle, n'est pas une dtermination valable pourtoutes les poques.(Bien sr, cela ne signifie pas que le temps apparat avec Kant.Cela signifie seulement qu'une certaine vision du temps apparat avec lui. De lamme faon que Debord souligne que l'histoire n'a pas toujours exist dans saforme historique.43) Nous pouvons suvre la trace les origines de cette notion detemps avec les clochers des Etats et des glises dans les villes au quatorzimesicle. En organisant les sonneries de cloches, les protestants bnissaient le travail,ils bnissaient l'extension et la gnralisation de l'horloge ainsi que l'accumulationprimitive qui entrainait de force les gens dans le travail salari. Ces phnomnesdsignent la fabrication des fondements matriels et idologiques qui consolidrentle capitalisme comme mode de production.Dans les socits primitives, les socits agricoles et parmi les travailleurs deschamps, pendant le fodalisme (et plus tard), la conception cyclique du temps taitprdominante. La conception cyclique du temps avec l'exprience humaineindividuelle de la rptition constante de la vie et de la mort, trouve son origine dansla relation organique entre le paysan et la terre, le paysan et le monde. Durant ces

    priodes, le travail humain concret tait donc une activit qui provenait et qui utilisait

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    la terre. La terre, travers le travail humain, tait le fondement de la reprsentationde la richesse. L'accumulation primitive dtruisit cette relation organique avec laterre. L'exploitation, contraire l'usage, de la terre par le systme des fabriques nefut pas la cause premire de cette destruction, mais le fait de faire de l'homme(comme force de travail) la source de la richesse. Le capitaliste tire nergie etvaleur de la force de travail peu prs de la mme faon que le fermier utilise leschamps. Le Capital inverse la relation prcdente : au lieu que ce soit la force detravail qui fait surgir la richesse de la matire, c'est la matire / machines qui tire larichesse de la force de travail. Le travail concret devient travail abstrait et la valeurdu travail abstrait, la valeur de la force de travail, est dtermine par le temps detravail moyen ncessaire la production de marchandises. C'est travers lepouvoir de la valeur sur l'homme que l'activit humaine devient temporalise etsitue dans le temps. C'est travers la valeur que le temps existe dans satemporalit rationnelle et mercantile : le temps comme argent, le temps commemesure de la valeur du travail. La mesure du travail, c'est le temps. La valeur relative des produits estdtermine par le temps du travail qu'il a fallu employer pour les produire. Le prixest l'expression montaire de la valeur relative d'un produit. Enfin, la valeurconstitue d'un produit est tout simplement la valeur qui se constitue par le temps

    de travail y fix. 44

    Toutefois, le dveloppement du capitalisme de la subsomption formelle lasubsomption relle dtermine une transformation dans l'organisation capitaliste dutemps. Des boucles apparaissent dans la stricte ligne droite. Cette ligne du tempsrevenant sur elle-mme est ce que Guy Debord appelle le tempspseudo-cyclique45. Mais dans la mesure o Debord ne ralise pas que le spectacleest la reprsentation qui surgit de la production de valeur et non pas du rapportsocial de la marchandise, il parvient une conception limite de la notion de tempsspectaculaire. Pour lui la reprsentation du capital et le temps pseudo-cyclique sontseulement une transformation de la qualit en quantit.

    Le temps pseudo-cyclique est celui de la consommation de la survie conomiquemoderne, la survie augmente, o le vcu quotidien reste priv de dcision etsoumis, non plus l'ordre naturel, mais la pseudo-nature dveloppe dans letravail alin ; et donc ce temps retrouve tout naturellement le vieux rythme cycliquequi rglait la survie des socits pr-industrielles. Le temps pseudo-cyclique lafois prend appui sur les traces naturelles du temps cyclique, et en compose denouvelles combinaisons homologues : le jour et la nuit, le travail et le reposhebdomadaire, le retour des priodes de vacances. 46

    La description par Debord du retour du temps cyclique dans le capitalisme est

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    correcte, mais il n'a pas tant voir avec la privation de dcision et le fait de rendrechaque chose ennuyeuse, mais plutt avec la dcision pratique prise par les gensqui constitue la reproduction du systme : les besoins humains peuvent, de facto,tre satisfaits par le capital, mais seulement, bien sr, jusqu' un certain point. Il n'ya pas que les situationnistes qui ne veulent plus travailler. La plupart d'entre nous leveulent galement, mais en mme temps ils veulent les valeurs d'usage au traversdesquelles le capitalisme apparat.Avec la subsomption relle, le temps devient plus diffus et plus difficile quantifier,cependant il est quantifi et mesur, ce que nous pouvons voir dans les procdureslocales et globales de rationalisation de la vie au travail. Les usines se dplacent deBengtsfors Goteborg et de Goteborg Shangha. L'organisation du travail estmodifie, les sociologues mesurent le temps et, en consquence, des lignesd'assemblage sont installes ou dplaces. Mais la subsomption relle produit desboucles sur la ligne du temps. Le capital devient monde, devient un organisme, et lavaleur, qui est le temps de travail moyen, se rpand et dtermine encore plus nosvies, en dehors mme de la production directe. Toute la machinerie technique etsociale qui a t conue pour acclrer les activits humaines est la manifestationvivante de la manire dont notre monde est domin par le temps. Tout est acclret mme le temps hors de la production devient de l'argent. L'allure s'acclre aupoint o tout mouvement semble s'arrter et tout changement parat impossible.

    Monotonie et vitesse ne sont pas contradictoires. Les fours micro-ondes, les fastfood et les tlphones portables ralisent des transformations dans le temps, et lasubsomption relle ralise une transformation du temps. La subsomption formelles'occupait de la production et l'espace en dehors de la production directe tait untemps extrieur l'organisation capitaliste du temps. Avec la subsomption relle,cette relative autonomie en dehors du capital est dtruite, toutefois, l'intrieur decette transformation, le temps ternel, cyclique et paen qui caractrisait lessocits agricoles est rssuscit. Quand le capitalisme devient un organisme celasignifie que le temps redevient cyclique. Cyclique, puisque le capitalisme est fondsur l'argent achetant la force de travail pour crer plus d'argent : A - M - A'. Si cemouvement tautologique ne se confirme pas, le capital s'effondre ainsi que satemporalit : l'organisation marchandise du temps. La ralisation de la valeur sevalorisant c'est un capital futur ou la monnaie, c'est travers le procs A - M - A'que le capital devient un mouvement rcurrent, ternel et cyclique. Si quelquechose d'autre que les conditions de la production capitalistes revient del'automouvement du capital, alors le mode de production capitaliste ne peutcontinuer exister. Pour le capitalisme la reproduction est donc une production :production de la consommation, production de la reproduction, production d'unenouvelle production. Toute chose se rduit la production pour la production.En imposant des qualits abstraites aux hommes, le capitalisme montre qu'ildevient organique. Tout est rduit une question de temps, d'argent et de travail.

    Sous le capitalisme, les relations que les personnes entretiennent entre elles et

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    avec le monde qui les entoure sont unifies comme relations entre le mondeenvironnant et des individus spars adquats au march.La communaut humaine devient la communaut montaire. Le capital cherche quantifier tous les phnomnes qu'il rencontre. Toutefois, cela ne signifie pas quetoutes les valeurs substantielles sont rduites des valeurs fonctionnelles, commecela a t proclam par diffrents thoriciens comme Heidegger, Baudrillard etDebord. La quantification ne signifie pas que toute qualit s'vanouit. Le capitalismene rend pas toute chose sans intrt. La sexualit, comme n'importe quelle autrejoie ou enthousiasme, demeure par exemple une pratique qualitative qui peut relierles persones. (Tout comme l'anxit, la dpression et d'autres phnomnes enaugmentation dans notre monde, sont des phnomnes qualitatifs.) Enconsquence, le capital n'est pas la transformation de toute qualit en quantit,mais plutt le capitalisme cherche renforcer l'existence d'une diffrencefondamentale entre les deux. De cette faon, la qualit ce sont ces choses quincessitent la plus grande quantit d'argent, les marchandises les plus dsirablessont galement les plus chres. Le communisme ne place donc pas la qualit face la quantit, mais probablement il sera la transformation de ces deux phnomnesau point que nous ne les reconnaitrons plus. Car, comme Camatte l'a dcrit,quantit et qualit sont conjointement interne la mesure de la valeur, c'est--direla valeur.

    Quantit et qualit existent ensemble dans une troite liaison avec la mesure, ettout est li la valeur. La mesure agit avec une force identique au niveau de lavaleur d'usage et au niveau de la valeur d'change. Dans le premier cas, cela esten relation troite avec un type de domination : les valeurs d'usage mesurent laposition sociale particulire d'une personne, et sont galement une mesure del'oppression qu'elle endure. Les valeurs d'usage imposent leur propre despotismequi enveloppe l'autre despotisme (la valeur d'change), et maintenant aussi celui ducapital. Marx, dans ses notes sur J. S. Mill, critique l'utilitarisme en tant quephilosophie dans laquelle l'homme ne vaut que selon son usage, tandis quel'change tend s'autonomiser lui-mme. 47

    En consquence, la quantification effectue par le capitalisme ne signifie pas quetoute activit qualitative disparat :

    Dans l'atelier automatique, le travail d'un ouvrier ne se distingue presque plus enrien du travail d'un autre ouvrier : les ouvriers ne peuvent plus se distinguer entreeux que par la quantit de temps qu'ils mettent travailler. Nanmoins, cettediffrence quantitative devient, sous un certain point de vue, qualitative, en tant quele temps donner au travail dpend, en partie, de causes purement matrielles,telles que la constitution physique, l'ge, le sexe ; en partie, de causes morales

    purement ngatives, telles que la patience, l'impassibilit, l'assiduit. 48

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    Le procs de quantification est donc avant tout une illustration de la transformationrelle du travail concret en travail abstrait, toutefois cette transformation n'impliquepas que toute qualit s'vanouisse - certains travailleurs sont, par exemple, pluscomptents que d'autres. Ceci ne signifie pas que le travail abstrait ne possde pasune existence relle, en effet l'abstraction devient relle puisque le travail estcomparable et changeable au travers du temps de travail comme dtermination dela valeur. C'est au travers du temps que l'ensemble de l'activit humaine constitueun systme organique :

    Votre heure de travail vaut-elle la mienne ? C'est une question qui se dbat par laconcurrence. La concurrence, d'aprs un conomiste amricain, dtermine combien de

    journes de travail simple sont contenues dans une journe de travail compliqu.Cette rduction de journes de travail compliqu des journes de travail simple nesuppose-t-elle pas qu'on prend le travail simple lui-mme pour mesure de la valeur? La seule quantit de travail servant de mesure la valeur sans gard la qualitsuppose son tour que le travail simple est devenu le pivot de l'industrie. Ellesuppose que les travaux se sont galiss par la subordination de l'homme lamachine ou par la division extrme du travail ; que les hommes s'effacent devant le

    travail ; que le balancier de la pendule est devenu la mesure exacte de l'activitrelative de deux ouvriers, comme il l'est de la clrit de deux locomotives. Alors, ilne faut pas dire qu'une heure d'un homme vaut une heure d'un autre homme, maisplutt qu'un homme d'une heure vaut un autre homme d'une heure. 49

    Le dveloppement organique du capitalisme n'est pas une volution, en effet c'estun mouvement continu mais qui s'effectue au travers de sauts et de petitesrvolutions. La valeur, en fait, ne domine pas toutes les parties de la socit, mmedurant la subsomption relle il existe des lieux et des espaces contre lesquels lecapitalisme lutte pour les internaliser et les rvolutionner. En dpit de cela, Marxqualifie son poque comme l'poque de la corruption gnralise, de la vnalituniverselle, ou, pour parler avec les mots de l'conomie politique, l'poque o toutechose, morale ou physique, a acquis une valeur marchande, elle est apporte aumarch pour que soit fix sa valeur la plus exacte 50. Selon Marx, le capitalismeest l'poque o tout ce que les hommes avaient considr comme ne pouvant tevendu devient un objet d'change, de trafic et peut tre alin. C'est l'poque o leschoses mmes qui jusque l avait t communiques mais jamais changes ;donnes mais jamais vendues ; acquises mais jamais achetes - le courage,l'amour, les croyances, la connaissance, la conscience, etc. - o tout, en rsum,passe dans le commerce. 51 Ce n'est pas compltement vrai, encore. Tout nepeut pas tre achet ou vendu sur le march. Mme pas l'poque o la

    subsomption relle est totale. Malgr cela, c'est quand le capital devient

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    spcifiquement capitaliste , c'est--dire avec la subsomption relle du travail, quele capitalisme devient un organisme. Mais, mme lorsque les temps sont venus otoute chose passe dans le commerce, il y aura toujours un extrieur dont le capitalne peut s'emparer. Car, tout comme l'organisme humain meurt sans oxygne, lecapital est dpendant d'une variable externe : le travail vivant. Le travail vivant estl'oxygne du corps capitaliste. C'est la pratique qui doit tre achete et introduitedans le travail productif pour que le capital perptue son existence - sans travailvivant, pas de valeur. C'est le travail vivant qui est le futur, le temps que lecapitalisme doit recrer ; cela parce que l'homme personnifie le temps. Nousexpliquerons plus loin que ce n'est pas le sujet qui est situ dans le temps, commele soutient Kant, mais c'est travers le sujet que le temps peut exister. Les hommes- sous la forme particulire du travail vivant - sont ce qui fait que le temps existedans sa temporalit, sa forme mesurable. En consquence, c'est un fait, au moinsdans la thorie, que le travail vivant, un moment donn, existe en dehors de ladialectique du capital. Ce moment se situe bien sr au moment de la consommationdes biens ou avant que l'individu vende sa force de travail. Toutefois le capitalcherche constamment limiter cet extrieur. En pratique, cet extrieur n'existe paspour l'individu, si ce n'est sous des formes extrmement limites, puisque mme lestudes et les loisirs deviennent de plus en plus des activits productives et utilespour le capital. Comme nous le savons, les entreprises sont touches par le

    chmage, par exemple par la baisse des salaires pour rendre l'emploi comptitif. Enoutre, notre existence est de plus en plus occupe par la valeur. Cependant, touteactivit n'est pas encore mdiatise par la valeur. Ainsi, respirer est encore gratuit.Que le capitalisme soit en train d'essayer d'absorber sa propre limite, la force detravail vivante, montre que c'est en fait le capital qui est en train d'essayer deraliser la vieille utopie communiste d'unifier l'essence et l'existence ; car l'essence(la production de plus-value) est de plus en plus dtermine par l'existence humaineet pas seulement de par une pratique humaine (le travail abstrait). Le travail salariest gnralis un tel degr que le capital non seulement devient identique auprocs de production, mais l'humain lui-mme.

    Le capital () capitalise le proltariat - c'est--dire qu'il cre en lui lecomportement suivant : il se considre lui-mme comme capital, donc il doitrapporter, le travail doit tre une activit en vue du profit, et rien d'autre. Cephnomne arrive simultanment l'anthropomorphose du capital : le capitaldevient homme. Par l, sa domination devient non seulement naturelle () maisaussi humaine, et travers cette dernire gnralisation de son tre, il sembledisparatre. Quand cela arrive, le capital devient l'apologiste de ce qui tait sonprincipal ennemi - le travail qui produit la plus-value (et donc le profit). 52

    Toutefois, cette concidence entre essence et apparence n'est pas seulement visible

    dans la transformation de l'ouvrier en capital, mais aussi dans les tentatives des

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    ouvriers d'attaquer ce qui produit la situation d'ouvrier - avant tout l'existence d'uneclasse suprieure - en effet, grace l'unification de l'essence et de l'apparence, despratiques particulires acquirent la capacit d'attaquer directement la valeurcomme rapport social. Aujourd'hui, les activits anti-capitalistes ne peuvent treanalyses comme tant seulement des vnements purements empiriques, ellesdoivent tre comprises en rapport avec les abstractions concrtes que le capitalimplique : la forme marchandise, le travail abstrait, la valeur, etc. Bien sr, la luttede la classe ouvrire a toujours t une ngation et toujours t antagoniste auxabstractions capitalistes, mais avec le devenir du capitalisme en un organisme, larelation entre ce que l'on peut appeler concret et abstrait est renforce. En effet,avec la subsomption relle du travail, les pratiques particulires (singulires) nereste jamais isoles ou concrtes puisque chaque action possde, dans soncaractre unique, potentiellement la capacit d'attaquer les abstractions capitalistesen tant que telles. Cela parce que la subsomption relle du travail signifie quel'ouvrier est inclus dans le capital et de cette faon devient capital, c'est ainsi que lecapital devient un organisme.Mais, qu'est-ce qu'un organisme rellement ? Un organisme consiste en desorganes entrelacs dans un corps qui vit par l'activit des organes. Le capitalismeest un tel corps improductif et les proltaires individuels sont des organes quiproduisent la connection et le fonctionnement du corps. Le capitalisme travaille

    comme un homme dans le sommeil, en effet, dans le sommeil, l'homme estincapable d'agir. Dans le sommeil, il devient comme une plante ; il n'a pas deconscience, mais seulement une existence. Une existence qui est dtermine parcertaines fonctions rptitives, respirer par exemple.

    Dans l'existence, il y a un destin. Quand tu es rveill, tu trouves des causes etdes effets, pour les premires les questions "quand ?" et "pourquoi ?", et pour lesautres, les questions "o ?" et "quand ?", La plante a une existence inconsciente et,pendant le sommeil, toutes les espces deviennent des plantes : la conscience dumonde environnant est teinte, mais la vie continue. Une plante n'a de relationsqu'avec les questions "quand ?" et "pourquoi ?" .Les premiers bourgeons qui sortentde la terre d'hiver, la violence de la floraison, l'odeur, les couleurs et la maturation,tout a est un dsir d'accomplissement du destin et une rponse la question"quand ?". La rponse la question "quand ?" ne peut avoir un sens pour uneplante. Et c'est cette question que chaque humain se pose tous les jours et le poulde l'existence est toujours prsent dans toutes les gnrations. Mais, l'tat de veillerecommence pour chaque microcosme. C'est la diffrence entre la reproduction etla naissance. La premire affirme la dure et la deuxime le dbut. C'est pour aque la plante se reproduit mais ne nat pas, elle existe mais elle n'est pas en veille, iln'y a pas de dbut l'ouverture de ses sens. 53

    En consquence, pendant la subsomption formelle, le capitalisme est un

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    phnomne en veil qui est n grace aux actions conscientes desmarchands, de la bourgeoisie et des proltaires, ainsi que des consquencesmatrielles auxquelles ds le dbut ces actions ont conduit. Cependant, durant lasubsomption relle, le capitalisme s'est assoupi et doit en consquence reproduireconstamment ses propres fondements. Comme un corps endormi qui doitconstamment rpter sa respiration pour se rveiller demain, le capital total doitconstamment engendrer de nouveaux marchs, des travailleurs salaris et desentreprises pour tre en mesure de demeurer dans le sommeil. C'est seulement laconscience qui peut dtruire les rapports sociaux capitalistes, cela signifie que lesgens retirent le futur du capital ( people withdraw the future from capital : leprivant de futur, il l'anihile, lui qui n'est qu'assignation sur le temps venir, note dutraducteur) et utilise la possibilit alatoire qui existe partir de la fondation, surlaquelle repose le capitalisme - le temps actuel dans sa forme de temporalit en tantque production de plus-value. La possibilit du communisme est donc purementabstraite dans le refus du proltariat tre proltariat. Si les ouvriers vitent dereproduire les rapports sociaux qui gnrent la plus-value, le capital total tomberacomme un chteau de cartes.

    La domination du travail par le capital : subsomption formelle et subsomption relle

    Le capital, comme mode de production, ralise sa domination relle lorsqu'il russit remplacer toutes les prsuppositions sociales et naturelles prexistantes par sespropres formes d'organisationqui mdiatisent la soumission de toute la vie physiqueet sociale son besoin de valorisation. L'essence de la Gemeinschaftdu capitalest l'organisation . (Gianni Collu, Transition).Comme nous l'avons vu, le capitalisme est fond sur un rapport contingent : lancessit de conqurir le futur. Nous avons vu aussi que le besoin du capital degarantir ce rapport contingent devient encore plus aigu quand le capitalisme s'engage dans la domination relle. Depuis que la valeur est rpartie dans toutel'usine sociale, les antagonismes suivent. Mais qu'est-ce que la domination relle ?Et qu'est-ce qui distingue la domination relle de la domination formelle ?La domination formelle signifie que le capital prend le contrle des moyens deproduction et les transforme en moyens de production capitalistes. Le travail est misde force dans la domination capitaliste (l'usine). Le travail devient le travail abstrait,et nous avons vu aussi comment cette marchandise rend possible le capital.(L'accumulation primitive se poursuit, malgr le fait que le monde entier soitemprisonn par la domination relle). La domination formelle signifie la productionde plus-value absolue par l'extension de la journe de travail. La domination rellecommence par la transformation technique du travail. Cette transformation faitpasser la production de la production de plus-value absolue la production deplus-value relative. Ainsi, la plus-value relative est une stratgie qui intensifie le

    travail durant la journe de travail. Au dbut, la domination relle transforme

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    seulement l'organisation de l'usine et les techniques pour exploiter la force detravail. La production de plus-value absolue n'affecte que la dure du travail, laproduction de plus-value relative en transforme entirement les procdstechniques et les combinaisons sociales. Elle se dveloppe donc avec le mode deproduction capitaliste proprement dit. 54Historiquement, nous pouvons trouver la naissance du capitalisme, ou du moins dela bourgeoisie, dans les villes, surtout dans les villes de l'Italie de la Renaissance. Ilest intressant de noter que malgr le fait que la naissance de la bourgeoisie eutcomme centre la ville, le capitalisme naquit dans l'industrie et la domination rellenon pas dans l'industrie mais dans l'usine dans son sens le plus restreint, comme leconstata Marx. Le centre de la domination relle, son essence, est en effet, toutcomme celui de la domination formelle, le travail abstrait. La domination relle semit en place dans l'usine moderne et industrialise. Pour le dire simplement, ladomination relle est l'introduction de technologies nouvelles et l'organisation relle du travail dans l'usine. La domination relle n'est cependant pas ladisparition de la domination formelle, comme le montre, par exemple, l'extension dela journe de travail. Par consquent, il est important de souligner que la dominationrelle existe toujours, comme base. Cependant nous devons dire que le capitalismeoeuvre dans un sens hglien puisque c'est un bon exemple d'Aufhebung

    capitaliste. Les anciens moyens de contrle existent toujours, mais leurs limites sontsurmontes et le travail est maintenant structur d'une manire plus raffine. Ladomination formelle devient relle Marx dcrit cet Aufhebungcapitaliste : Si l'on considre part chacune des formes de plus-value, absolue et relative,celle de la plus-value absolue prcde toujours celle de la plus-value relative. Mais ces deux formes de plus-value correspondent deux formes distinctes desoumission du travial au capital ou deux formes distinctes de production capitaliste,dont la premire ouvre toujours la voie la seconde, bien que cette dernire,