Communication interculturelle : cadre de références théoriques

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Cours ICL4A02a M. Stockinger Le 14/12/2011 La Communication Interculturelle Questionnaire Pauline Beauvillier Valentin Cadiot Clémence Riger Institut National des Langues et Civilisations Orientales

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Cadre de références théoriques de la communication interculturelle.

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Cours ICL4A02a M. StockingerLe 14/12/2011

La Communication Interculturelle

Questionnaire

Pauline BeauvillierValentin CadiotClémence Riger

Institut National des Langues et Civilisations Orientales2011-2012

TABLE DES MATIERES

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Questionnaire --------------------------------------------------------- p.3

1. Exemple de projet de communication ----------------------------- p.3

2. La communication sociale -------------------------------------------- p.5

3. La communication systémique -------------------------------------- p.8

4. Exemples d’expertises culturelles --------------------------------- p.10

5. La bonne conduite d’une communication interculturelle ------ p.15

6. Les échelles de valorisation des différences culturelles ----- p.17

7. La compétence interculturelle -------------------------------------- p.19

Bibliographie, webographie -------------------------------------- p.21

Questionnaire   :

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1/ Vous soumettez un projet de communication qui vise la réalisation d’une exposition (d’objets et sous forme audiovisuelle – photographique et filmique) consacrée à la culture matérielle d’une région géographique donnée. Vous devez obtenir les accords et financements nécessaires

Ce projet de communication a pour but de démontrer à travers une exposition de photographies, l’évolution des traditions russes dans le temps. En effet, les changements de la Russie depuis vingt ans se retrouvent dans l’évolution des datchas russes. A l’époque soviétique, la datcha avait été valorisée par le pouvoir communiste en tant qu’espace privatif sur lequel le travailleur pouvait se reposer de son dur labeur. Pendant des années, les soviétiques privés de voyages ont vécu entre leurs appartements collectifs dans les blocs de béton et leur petite datcha où ils se précipitaient tous les vendredis soirs entre mai et octobre.

Aujourd’hui, les datchas font toujours partie du quotidien des Russes, mais les potagers ont souvent été remplacés par du gazon, signe d’un nouveau mode de vie. Les nouveaux riches se font construire des petits palais appelés « cottages », les russes peuvent aussi voyager pour leurs vacances et la spéculation immobilière menace des datchas « historiques ». C’est pour cela que l’exposition sera intitulée «  Datcha :   espèce en voie de disparition »

Cette exposition photo a pour projet de réunir différents clichés de datchas russes. Elle permettra au peuple russe de se remémorer de nombreux étés passés dans leurs datchas et pour certains de découvrir ce mode de vie et de pensée russe. La datcha est un symbole propre à la Russie, cette maisonnette est un élément indispensable dans la vie d’une famille russe. Malheureusement, certaines datchas disparaissent, pour laisser place à des immeubles ou villages de « cottage » pour les plus fortunés. Cette exposition aura un goût de nostalgie pour certains compatriotes et de nouveauté pour les autres. L’avantage de cet événement sera de permettre de faire découvrir une spécificité culturelle de la Russie mais aussi de dénoncer les dangers de l’urbanisation à outrance du paysage russe.

Cette exposition photo est destinée à un large public curieux de découvrir une spécificité culturelle russe. Il est vrai que la Russie a subi des changements et est d’ailleurs toujours en mutation, il est intéressant d’illustrer ces phénomènes en se spécifiant sur une particularité russe en l’occurrence « la datcha » et d’y découvrir ses transformations. Après avoir pris contact et partager mes engagements avec le photographe Vincent Lacotte qui a déjà auparavant diffusé sur son site internet 24 clichés de datchas, nous avons convenu d’un partenariat. Ce sera pour lui l’occasion de faire une rétrospection sur ce sujet d’actualité. (http://www.odessaphotographies.com/index.php/mptt_galeries/voir/p:36/g:497234ed4f05d )

L’exposition se déroulera dans les locaux du Centre de Russie pour la Science et la Culture situé au 61 rue Boissière, 16ème arrondissement à Paris. Il organise régulièrement des événements culturels dans le but de promouvoir la culture russe et la langue russe. Dans les locaux du CRSC s’est tenu récemment le salon du livre russe mais aussi des expositions comme l’exposition personnelle de l’artiste-peintre émérite de Russie Victor Loukianov « Les vacances à Moscou », le

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27 septembre 2011 et l’exposition de gravures et de livres consacrés au Tsarskoïe Selo, dans le cadre du programme «Tsarskoïe Selo » dans la poésie russe, en collaboration avec l'association « Les amis de Pouchkine, le 16 novembre 2011. L’exposition «  Datcha : espèce en voie de disparition » se tiendra durant deux mois dans les locaux du CRSC à compter du 1 er février 2012 jusqu’au 1er avril 2012, début du printemps. Le CRSC propose deux pièces à disposition, destinées aux événements culturels, le petit salon de 37m2 et la salle de cheminée de 47m2. (cf :http://www.russiefrance.org/fr/nous/exposition.html)

Etudions à l’aide d’un schéma la faisabilité de ce projet   :

Etant donné que cet aspect de la culture russe est rarement traité, et que le CRSC est toujours prêt à faire découvrir par le biais d’évènements culturels une particularité russe (exposition, concert, concours…) cette exposition trouvera son public et sera un moyen de débattre de l’actualité. La « mission » de cette exposition permettra de débattre des abus des entrepreneurs russes, des démolitions des datchas. D’ailleurs l’article du magazine courrier international écrit sur ce sujet. (cf :http://www.courrierinternational.com/article/2010/02/04/touche-pas-a-ma-datcha)

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Ressource d’une communication de

projet

Support photos uniquement accompagné d’explications

en russe et en français

Exposition photos intitulée

Datcha : espèce en voie de disparition

Traduction des explications français/russe

Développer la publicité au sein des partenaires (http://www.parismoscou.info/partenaires_fr.html) comme le courrier de Russie, la Russie d’aujourd’hui, alliance française…

Le centre de Russie pour la Science et la

CultureSalle d’exposition

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Il est éventuellement possible que les clichés soient mis en ventes au profit d’une association russe : « grouppa » (cf : http://www.gruppa-r.ru/services/security/garden/) pour la défense et la survie de cette caractéristique typique et singulière russe.

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2/ La communication sociale est un des principaux domaines où la dimension interculturelle (de la médiation interculturelle, du dialogue interculturel) joue un rôle capital. Trouvez des informations.

La communication sociale est un des principaux domaines où l’activité professionnelle peut se développer concrètement. Elle se base sur l’interaction entre les différentes parties de la société telles que les associations ou les syndicats, par exemple. Cette communication a pour but de modifier les représentations, les comportements ou les attitudes du destinataire face à des « interrogations » quotidienne. La communication sociale est étroitement liée à la communication pédagogique, publique et politique.

Les enjeux de la communication sociale sont multiples. En effet, cette communication est nécessaire dans le but de faire prendre conscience du réel pouvoir des individus dans la société. Pour cela, la communication sociale doit modifier les comportements à risque pour la population, les idées reçus envers des populations afin de combattre les préjugés et les divers malentendus. C’est dans ce sens qu’elle communique et informe les populations sur des problèmes sociaux actuels.

Prenons à titre d’exemple, les campagnes sociales sur le développement durable. Le but de ces campagnes est de sensibiliser au maximum les citoyens, en informant le plus grand nombre de personnes sur les problèmes environnementaux actuels. Cela peut se faire par le biais, d’affiches publicitaires, de slogan « vite, ça chauffe ! » ou « trier, c’est préserver », de publicités télévisés ou même de manifestations. L’acteur principal de ces campagnes de communication est bien entendu le citoyen, leurs destinataires peuvent être les collectivités, les mairies, les associations ou les ONG. Elles agissent principalement en vue de modifier le comportement du citoyen pour lui montrer qu’il est membre à part entière d’une société, ayant un rôle responsable et civique à jouer. Cette communication doit se faire progressivement pour obtenir des résultats.

Cependant, on peut observer une forte réticence auprès des citoyens ayant malgré tout subis une large communication sociale. Cela se produit en générale concernant un domaine tabou. En effet, les multiples campagnes pour le dépistage du virus du sida ne sont pas reçues par tout le monde. L’enjeu est pourtant vital, une communication sociale est chaque année remise à jour sous différentes formes comme de la prévention, des affiches « le sida n’a pas de loi, réagissez », des spots publicitaires ou des journées d’actions. Ces deux exemples démontrent concrètement les bienfaits de la communication sociale à travers la prévention, la lutte contre les discriminations, les préjugés dans le but de modifier les mentalités et surtout de les faire évoluer vers la tolérance. Malheureusement, cette communication connaît des limites par rapport à la faiblesse de son impact dans la société.

Dans ce secteur, nous pouvons étudier plus précisément le cas de l’ALCIP par exemple, basée à Genève. L’Association de Lutte Contre l’Injustice Sociale et la Précarité (ALCIP) a pour but de lutter contre la précarisation de la population et de tout mettre en œuvre afin que chaque individu puisse mener une vie décente. Peu importe la situation sociale (RMCAS, AI, AVS, chômeurs, Intermittents du spectacle, assistés, personnes en difficulté, surendettés, SDF, etc.), l’association accompagne

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en cas de conflit et offre une aide pour toute démarche administrative et/ou juridique ainsi qu'un soutien moral si nécessaire. Elle représente ces populations auprès des autorités cantonales et communales, privées, économiques, des partis politiques et les organismes représentant la société civile. Cette association a pour but de renforcer le lien de solidarité et d’entre aide entre les individus. Cette association est basée sur cette idée principale qui est la suivante, un lien social dans une communication sociale. De plus, on remarque le phénomène suivant à propos des personnalités médiatisé politiquement, du cinéma ou journaliste, qui est de devenir « parrain » ou marraine » d’une association. L’image véhiculée par la personnalité est devenue importante et peut devenir une forme de communication sociale. Si le citoyen apprécie telle célébrité, il peut s’intéresser aux valeurs qu’elle défend et lui faire ainsi transmettre ses idées. Par exemple, la journaliste de canal plus Anne Sophie Lapix, a accepté de se dénuder pour l’exposition corporElles qui a pour objectif de récolter des fonds pour l’association caritative Enfants du désert. Cette dernière prend en charge la scolarité d’enfants marocains qui vivent dans la pauvreté.

La communication sociale fait appel à d’autre formes de communication et compétences comme la communication interpersonnelle, la communication organisationnelle, la dimension sociale, les phénomènes culturels, interculturels et internationaux liés à la communication, les méthodes de recherche et d'intervention en communication; les relations publiques et la communication marketing; les théories de la communication. Pour travailler dans ce domaine, il est nécessaire de réunir une multitude de compétences. Dans le domaine sociolinguistique, la communication sociale fait appel à la médiation culturelle et citoyenne. Elle contribue à satisfaire les destinataires et à améliorer la qualité de vie sociale et culturelle des individus. Il est indispensable également

Le domaine de la communication sociale se développe très sérieusement depuis quelques années. Economiquement, il est très intéressant de travailler sur des données chiffrées pour étudier son ampleur. En effet depuis 2002, 7 centres sociaux ont été créés dans les quartiers de la politique de la ville : Paris des faubourgs (10e), Les Olympiades (13e), Porte de Vanves (14e), Danube (19e), Les Amandiers (20e), Archipelia (20e) et Saint Blaise (20e). Puis 6 nouveaux centres sociaux vont être créés de 2008 à 2014 à Paris, 7 régies de quartier ont été créées dans chacun des quartiers ; à côté de leurs programmes d’insertion, elles développent de véritables projets de lien social, 5 points d’information médiation multiservices, et plus de 400 associations sont soutenues chaque année dans le programme politique de la ville par la municipalité parisienne.

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3/ La communication systémique constitue sans aucun doute un des paradigmes de référence pour analyser et comprendre la communication. Essayez de produire une présentation rapide mais argumentée de ce paradigme   :

De nos jours, afin d’analyser et comprendre la communication, un des paradigmes de référence est constitué par la communication systémique. Celle-ci est également appelée communication stratégique et participative.

Tout d’abord, la communication stratégique part du postulat que le public destinataire a une défaillance dans son style de vie, dans son comportement, ou a des lacunes dans ses connaissances. Les objectifs de la communication stratégique sont alors de faire adopter le destinataire d’une communication à « un nouveau comportement », « un nouveau style de vie », « une nouvelle connaissance », etc.…ou encore d’amener le destinataire d’une communication à devenir un « délégué actif » du destinateur de la communication. Le but de la communication stratégique n’est donc pas seulement d’informer le destinataire de la communication mais aussi de « modifier le comportement », « faire accepter des valeurs, des normes », et « rendre actif » le destinataire. La communication stratégique a pour objectif principal de changer « les comportements clés » des destinataires, afin de prévenir des dysfonctionnements donnés, des situations de risques ou de catastrophes, etc. ; et de renforcer les capacités internes du destinataire (des personnes ou des groupes concernés). Pour cela, le destinateur s’appuie sur une implication de tous les acteurs concernés dans l’élaboration d’une campagne, sa réalisation et son évaluation. Il ne s’agit plus d’une communication « unidirectionnelle », c'est-à-dire un simple transfert de connaissances. C’est pour cette raison que l’on parle de « communication participative ». Dans une telle communication, il est très important de bien définir qui est le destinataire et quelle est sa culture.

La notion de « communication stratégique » a été élaborée dans les années 1990, par les spécialistes de la communication de la Banque Mondiale. En effet, en 1999, la Banque Mondiale, et plus précisément Mme Cécilia Cabanero-Verzosa travaillant au département des relations extérieures de la Banque Mondiale, publie un manuel intitulé  « Communication stratégique pour les projets de développement ». Ce manuel définit clairement les objectifs, les moyens de mise en œuvre, et les enjeux de la communication stratégique afin de changer les comportements des pays en en voie de développement concernant l’efficacité de leurs conditions de vie sanitaires.

Ce manuel décrit précisément l’évolution du comportement du destinataire d’une communication stratégique selon cinq étapes typiques :

-Dans la première phase, le destinataire est un « auditoire » non informé. A ce moment là, la communication doit provoquer une prise de conscience, une sensibilisation, un processus d’apprentissage…

-Dans la deuxième phase, le destinataire est un « auditoire » conscient, concerné, puis informé. A ce moment là, la communication doit montrer les bénéfices du changement de comportement.

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-Dans la troisième phase, le destinataire est un « auditoire » motivé à des changements de comportement. A ce moment là, la communication doit apporter des supports, des aides, des conseils, des motivations.

-Dans la quatrième phase, le destinataire est un « auditoire » qui essaie, et expérimente un nouveau comportement. A ce moment la communication doit assister l’auditoire, et renforcer les capacités requises et l’usage continu.

-Enfin, dans la cinquième et dernière phase, le destinataire est un « auditoire » qui soutient le nouveau comportement. A ce moment là, la communication se sert de l’auditoire pour élargir son influence, fournit une assistance, et continue à renforcer les capacités au travers de formations, d’enseignements, etc.

La notion de communication stratégique a donc été conçue et testée dans un contexte originel de communication au service du développement (durable), et plus spécifiquement dans les domaines de la santé publique (PSN : Population, Santé, Nutrition), et de la réduction de la pauvreté ; et a vu le jour sous forme de programmes d’information, d’éducation, et de communication (IEC).

En ce qui concerne le domaine de la santé publique, il convient de préciser que le double objectif poursuivi était de faire adopter aux populations concernées des comportements face à la santé permettant d’améliorer le niveau de la santé publique, tout en maintenant à un niveau « raisonnable » les coûts des dépenses en santé publique, et notamment dans les pays dits du tiers monde ou en voie de développement.

Mais la communication stratégique n’est pas une communication appliquée uniquement par la Banque Mondiale. En effet, la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations, i.e. l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) utilise également ce procédé et y fait référence dans ces publications consacrées à la communication participative rurale. En outre, un autre organisme qu’est FIDAfrique-IFADAfrica, le réseau de promotion de partage des savoirs et des innovations pour la réduction de la pauvreté rurale en Afrique subsaharienne, utilise également une stratégie de communication pour le développement communautaire, et met en ligne sur son site internet un guide pratique en cinq étapes.

Après l’étude que nous venons de faire de toutes ces informations, nous pouvons donc dire que la communication stratégique et participative, de par ses objectifs, se distingue des autres formes de communications, et constitue donc un des paradigmes de référence pour comprendre et analyser la communication.

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4/ L’expertise culturelle essaie d’expliciter une quinzaine de types de référence contribuant très fortement à l’identité culturelle (sentie, vécue, représentée, …) d’un groupe social, d’une personne ou encore d’une région. Essayez d’expliciter ces 15 types de référence à l’aide de deux exemples   (tirés, dans la mesure du possible, d’une zone géolinguistique «   orientale   »).

Créer une expertise culturelle relève en premier de la collecte d'informations et de documents afin d'expliciter les éléments du cadre de référence culturel de l'objet en question. Les résultats permettront de mieux cibler son champ d'actions en témoignant de sa diversité culturelle. Les quinze références pré-établies sont les suivantes:

*Valeur relative à.... la famille, la vie, le travail...*Règles (normes, obligations...)* Croyances et idéologies*Connaissances et savoir-faire spécialisé*Traditions, mœurs, coutumes*Références historiques dont notamment les événements*Formes d'expression. Langue, vocabulaire commun*Manières d'apparaître et de se comporter*Symboles, emblèmes, signes...* Objets de valeur jouissant d'un statut de références*Œuvres intellectuelles*Personnes de référence (vedettes, artiste, intellectuel...)*Lieux avec un statut de référence (lieu de mémoire...)*Périodes, moments (liés à la religion, au travail...)*Événements rituels. Rites publics, familiaux, professionnels...

L'organisation WWOOF.

Afin de permettre à des personnes aimant la campagne mais n'ayant pas les moyens d'y accéder, une secrétaire londonienne eu l'idée de créer en 1971 une association qui promouvrait le monde rural et porterait un nouvel intérêt pour la vie à la campagne. Avec son succès immédiat, le concept s'étendit dans de nombreux pays, pour en atteindre une vingtaine aujourd'hui. Wwoof est aujourd'hui une organisation internationale mettant en relation des volontaires avec des hôtes du monde entier. Concernant généralement des fermes biologiques ou des structures aux objectifs plus larges. Le principe est assez simple, le wwoofer travaille quelques heures par jour dans le champ (par exemple) de son hôte en échange du gîte et du couvert. Il n´y a donc aucun échange sous forme monétaire ce qui permet assurément d´échanger bien d´autres choses.

Valeurs: Elles touchent principalement les domaines du social, de l'agriculture, et de l'échange. Dans un processus d'échange de services, le wwoofing est gratuit (sauf la carte de membre) et mise sur l'implication positive de chacun. Fervent défenseur de l'écologie, toutes les lieux d'accueils sont impliqués (restauration, environnement, agriculture...) dans la cause avec la garantie d'un mode de vie le plus sain et respectueux de la nature.

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Humainement, l'expérience est sans égal. Le partage est de mise puisque le plus souvent, l'hôte accueille le wwoofer dans son propre logis et l'invite à sa table.

Règles, normes: Afin que le séjour se passe le mieux possible malgré les différences interculturelles, il existe toute une liste de règles à respecter tant pour celui qui reçoit, que pour l'arrivant. Et toute personne s'inscrivant dans l'organisation, doit prendre connaissance de la charte, puis la signer.

Croyances et idéologies   : Étant une ONG, il n'y a aucune religion. Cependant WWOOF développe une idéologie très écologiste en montrant un grand respect de l'environnement et un fort véhicule des notions de partage dans l'égalité et l'expérience.

Connaissances et savoir-faire   : L'échange de savoir-faire est la base de la charte. Adhérer à WWOOF, c'est accepter d'apprendre et de transmettre des connaissances utiles (aussi bien manuelles qu'intellectuelles). Chaque hôte précise sur sa page de présentation (via le site internet) les connaissances que le wwoofeur doit posséder, et ce qu'il va éventuellement apprendre en « travaillant ».

Traditions, mœurs   : L'interculturel étant de mise, chacun découvre les us et coutumes de l'autre dans un cadre familial. Loin d'être institutionnalisés, il est presque rentrer dans les mœurs d'écrire un mot sur le livre d'or de ses hôte ainsi que de préparer au moins une fois, un repas typique de son lieu de provenance.

Références et événements historiques   : En dehors de l'historique de l'association, il n'existe pas de moments forts dans l'année avec par exemple une fête du WWOOFing. Cependant nous pouvons nous référer à deux dates-clé : 1971 (année de création de WWOOF) et 2000 où a eu lieu le premier congrès international du WWOOFing. Cette conférence réunissant 15 pays membres, a permis de fonder WWOOF international et de définir d'une charte commune.

Formes d'expression, langage   : Pas de langue officielle. Cependant WWOOF possède son petit jargon : le wwoofing (action de partir travailler avec Wwoof) et wwoofer (membre hébergé par l'hôte).

Manières d'apparaître et de se comporter   : WWOOF était très discrète jusqu'à il y a peu. Mais depuis « la crise », ce genre d'associations est très sollicité car il permet de partir en vacances sans trop dépenser. De plus en plus connu, WWOOF ne fait aucune publicité et reste très modeste quant à ses idéologies.

Emblème, symbole: L'organisation est représentée par un sigle assez simple à mémoriser et signifiant: World Wide Opportunities On Organics Farms.

Objet de valeur   : Pas de références.Œuvres intellectuelles   : Concrètement, il n'existe que quelques ouvrages

témoignant de l'expérience du Wyoming. Personnes de référence   : Aucune personnalité n'est représentative de

l'association, d'autant plus qu'il n'y a pas de publicité. Les personnes de référence sont les hôtes et les wwoofers.

Lieux référence   : Étant une organisation internationale, le seul lieu de référence est le siège de International Wwoof, en Grande-Bretagne.

Périodes, moments   : Son périmètre (social et géographique) étant très vaste, WWOOF ne possède pas de périodes références. Cependant, en ce focalisant sur les zones géographiques plus spécifiques, on pourrait établir une liste des moments les plus fastes pour le wwoofing (selon les tâches à effectuer). Généralement, c'est pendant les belles saisons que les wwoofers sont le plus sollicités.

Événements rituels   : L'association en elle-même ne possède de rituels d'aucune façon, excepté l'inscription obligatoire (afin de pouvoir interagir avec la

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communauté) et la ratification de la charte. Néanmoins, chacun partagera les rituels (quotidiens, religieux, professionnels...) de l'autre en vivant sous son toit.

Depuis aujourd'hui 40 ans, WWOOF parvient a conserver et transmettre ses valeurs premières avec un succès grandissant. A l'heure d'une remise en question sur les pratiques écologiques dans le monde entier, il devient de plus en plus nécessaire de comprendre son environnement pour mieux vivre avec.

L'organisation agissant dans une vingtaine de pays très variés, il est également possible de faire une expertise culturelle sur chacune de ces zones géographiques, afin d'obtenir des informations plus précises.

Cependant, il ressort clairement de ces observations que WWOOF est une ONG basée sur le respect de l'environnement, le partage de l'expérience et l'échange des savoir-faire de tous ses membres.

La secte Aum Shinrikyô   :

Fondée en 1984 par Shôkô Asahara, Vérité Suprême d'Aum (son second nom) sévit principalement au Japon. A la base religieuse, elle se politise petit à petit avec des actions criminelles dune grande violence. Toujours active de nos jours, Aum Shinrikyô est soumise a une surveillance constante des autorités japonaises et ses membres vivent malgré eux en marge de la société, qui les montre du doigt. Aujourd'hui Aum Shinrikyô a été rebaptisée Aleph.

Valeurs   : Basée sur la méditation d'écrits et la vénération du gourou, elle prône avant tout des valeurs religieuses avec le sacrifice de soi et l'ascétisme, puis politiques dès 1990. Un gouvernement interne constitué de ministres fut même établi.

Règles et normes : Il existe bien sûr un règlement, mais les adeptes sont tout de même libre de choisir de vouer totalement leur vie à Aum Shinrikyô (les renonçant) ou partiellement. Depuis 1999, Aleph exige que ses membres s'engagent par écrit à ne pas enfreindre les lois.

Croyances et idéologies   : Aspirations de types hindouiste, bouddhistes et yogistes, elle prône un style de vie ascétique et un culte au chef. L'idée principale étant basé sur une pensée millénariste, un grand crédit était accordé aux prophéties de Nostradamus, où seuls les membres du groupe seraient épargnés par l'apocalypse. Asahara créa également le concept de Poa: Il est légitime d'éliminer son adversaire afin d'éviter à celui-ci de commettre un crime qui lui fermerait l'accès au nirvana.

Connaissances et savoir-faire   : Afin de préparer ses attentats biologiques, la majorité des recrutements se faisait parmi l'élite intellectuelle japonaise. Ainsi, Aum Shinrikyô rassembla beaucoup de connaissances dans beaucoup de domaines. Officiellement, Asahara utilisait ses prétendues connaissances et capacités à combler un vide spirituel pour recruter ses adeptes.

Traditions, coutumes   : Les actions effectuées au sein même de Aum Shinrikyô ne sont communiqués nulle part. Nous supposons l'existence de coutumes mais ne pouvant l'affirmer.

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Manière d'apparaître et de se comporter   : Aujourd'hui beaucoup plus discrète, Aleph recrute toujours via internet et la distribution de tracts. Bien avant cela, elle faisait sa promotion librement sur les médias japonais et existait dans plusieurs états sous le nom de l'entreprise Maha Posya Inc. (de soi-disant import-export) grâce à laquelle elle se fournissait en équipement nécessaire pour fabriquer ses agents chimiques. Malgré ses prédictions apocalyptiques délirantes, la secte garde son crédit grâce à a renommée de ses adeptes issus de l'intelligentsia japonaise. Également présente dans la sphère politique où elle présentera 25 de ses membres aux élections parlementaires (échec total).

Références historiques   : Créée en 1984, elle obtient un statut officiel en 1989, année de son apparition sur la scène politique. La date fatalement liée à Aum Shinrikyô est bien entendu celle du 20/03/1995, attaque au gaz sarin ayant entraîné la mort de 25 personnes.

Langage, vocabulaire   : Excepté les écrits médités le plus souvent en sanskrit et tibétain (car issus du bouddhisme), il n'existe pas de langage ou de vocabulaire propre au groupe.

Symbole, emblème   : Aum est un symbole fort signifiant en sanskrit « pouvoir de destruction et de création de l'univers » et shinrikyô étant la traduction japonaise de « enseignement de la vérité suprême ». La figure emblème semble être Shôkô Asahara, le fondateur du groupe. Mais il n'est pas rare, qu'il apparaisse sous le visage de Shiva, dieu destructeur hindou.

Objets de valeur   : La doctrine de Aum Shinrikyô se base sur des textes bouddhistes et hindouistes ainsi que sur des prédictions écrites de Nostradamus. Cependant, aucun objet n'est vénéré en dehors de Shôkô Asahara lui-même. Notons tout de même le port obligatoire d'un casque muni d'électrodes afin d'être en communion direct avec les pensées du gourou.

Œuvres de référence   : Intellectuellement, Shôkô Asahara a édité une multitude d'écrits de nature prophétique. Pour ce qui est des actions, le groupe avant tout connu pour avoir perpétré une certaine activité criminelle et notamment l'attentat au gaz sarin en 1995 (ce qui, du point de vue de la secte, peut être vu comme une œuvre.).

Personne de référence   : Figure emblématique et fondatrice du groupe, Shôkô Asahara sera condamné à la peine capitale en 2004 suite aux attentats au gaz Sarin dans le métro de Tôkyô en 1995. Ses recours en justice épuisés, il attend toujours sa sentence. Malgré son sa situation, la secte Aleph le considère toujours comme le guide spirituel tout en lui refusant tout pouvoir effectif. Intellectuellement

Lieu de référence   : Basée au Japon( et en minorité en Russie), le siège de Aum Shinrikyô fût découvert par les autorités peu après les attendant de 1995. Celui-ci était situé sur le mont Fuji.

Périodes et moments de référence   : Le groupe existant dans le but de se préparer à survivre à l'apocalypse, il était écrit qu'Armageddon, prédit par Nostradamus arriverait entre 1997 et 2003. Ainsi les membres vivaient dans l'attente de ce moment. Ponctuellement, il ne semble pas y avoir de célébration annuelle ou autre.

Événement rituel   : Les rites spirituels se durcissent dès 1989 avec des séances de méditations intensives et des rites « laveurs de cerveau » (propos recueillis par d'anciens adeptes).

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Il apparaît clairement dans ces observations qu'avant de se muer en Aleph, le groupe Aum Shinrikyô eut un champs d'action dévastateur perpétré dans la violence, le repli sur soi et l'abrutissement par un véritable lavage de cerveau. Sa réputation n'est plus à faire et rare sont les personnes (surtout au Japon) n'en n'ayant jamais entendu parler.

Malgré cela, le groupe existe toujours, sous un nouveau nom et surveillé en permanence par les autorités et continue de recruter. Comptant aujourd'hui plus de 1600 membres dans plusieurs établissements, Aleph reconnaît une part de responsabilité dans les crimes qui lui sont imputés et conserve Shôkô Asahara comme emblème vénérable. Cependant les réunions en huis-clos son interdites et les membres subissent un rejet de la part de la société japonaise.

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5/ La «   bonne conduite   » d’une communication interculturelle repose sur une gestion de différences culturelles entre les participants de celle-ci. Expliquez de quoi il s’agit en donnant des exemples.

La Communication interculturelle est une technique pour informer, renseigner et enseigner, elle fait surtout appel à une compétence interculturelle. Elle peut s’exprimer sous différentes formes comme une communication médiatisée, direct, naturelle ou publique. Elle s’appuie bien entendu sur la parole, les gestes ou même différents supports écrits ou numériques.

Dans la démarche d’une communication interculturelle, la différence culturelle entre les acteurs devient le point décisif pour mener à bien une communication interculturelle. Elle s’oriente par rapport à la culture de son public et doit définir son identité. Pour appréhender une « bonne conduite » de communication interculturelle, il faut avant tout réaliser une expertise culturelle. Ce processus se définit par une prise en compte de la notion de culture dans sa définition et son approche mais aussi une acquisition au préalable d’une importante connaissance sur la région, le groupe d’individus ou l’époque concernée. L’expertise culturelle donne recours à différentes compétences telles que des compétences sociolinguistiques, interprétatives, communicatives et stratégiques. Il est essentiel de posséder des connaissances dans les cultures, les styles de vie, les visions du monde, des attitudes et des traditions. Cela permet de mettre en place l’identité du (des) communicant(s). Le but est de coopérer et du mieux vivre ensemble en mettant face à face des individus.

Prenons un exemple pour illustrer la «bonne conduite » d’une communication interculturelle. On peut observer ainsi qu’il existe certains domaines dans lesquelles il est important de mettre l’accent dès le début pour éviter un blocage dans la communication. En ce qui concerne par exemple les échanges interculturels, la dimension de communication non – verbale est un élément essentiel. En effet, il faut savoir évaluer et traiter les différents codes non verbaux comme gestes, placement de la voix, contact visuel et gestion de l’espace, lors d’un échange avec une personne. Plutôt que de juger ces expressions non verbales, il est préférable d’essayer de les comprendre. Notre perception et interprétation du non verbal est souvent inexacte, basée sur nos propres valeurs et normes, et non pas sur celles de la personne avec qui nous interagissons. Pour illustrer davantage cette notion prenons l’exemple de la distance lors d’échange interculturel. L’anthropologue états-unien, Edward T. Hall détermine différentes formes de distance, la distance sociale, personnelle, intime et publique. Or, la bonne distance est régie par un code culturel secret.

L’enjeu principal pour une bonne conduite de communication interculturelle est de décoder des règles implicites afin de rendre les relations plus faciles et de diminuer par exemple les malentendus.

Puis, la bonne tenue d’une communication interculturelle résulte d’un ensemble de connaissances à mettre en place avec l’interlocuteur. Il est très important de mettre son interlocuteur en confiance tout en restant dans une

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perspective d’écoute, d’échange et de partage. En effet, savoir que le dialogue se produira dans un cadre de référence commun permet d’installer une certaine sérénité et une ouverture dans les échanges en vue de s’adapter aux différentes spécificités culturelles. En Russie, par exemple, au début de l’échange avec l’interlocuteur, pour saluer celui-ci, il est nécessaire de s’adresser à la personne en la nommant par son prénom suivi de son patronyme et non pas son nom de famille. La poignée de main également ne se fera jamais sur le seuil d’une porte mais à l’intérieur cela porte malheur et signe de non-respect. On remarque bien qu’il est essentiel d’établir une complicité, une entente en connaissant les pratiques culturelles dans le but de rassurer l’interlocuteur que la communication s’établira dans l’échange et non pas le jugement. Par ailleurs, la difficulté majeur pour établir une « bonne conduite « dans la communication interculturelle est de mettre en place un cadre commun et faire en sorte que chacun participe au sein même du dialogue. Les différences culturelles ne doivent pas être un barrage à la communication mais être valorisé comme facteur de diversité. Elles sont hiérarchisées dans une échelle de valorisation qui renvoie à des différences selon les acteurs impliqués dans la communication. Les différents styles de vie, comportements, pensées établissent des perceptions différentes. En effet, on constate qu’il existe des différences culturelles dans le fait par exemple d’être ponctuel, de se saluer différemment par rapport au moment de la journée, de négocier ou du savoir se comporter en tant qu’invité. Ayant fait au préalable ce constat et en ayant conscience, il faut amener l’(les) acteur(s) dans la communication interculturelle à tirer profit de cette richesse interculturel pour éviter le blocage. Des exercices par exemple peuvent nous amener à nous interroger sur notre propre culture et à réfléchir sur ses spécificités en vue d’adapter un comportement ou une vision plus tolérante de la culture d’autrui.

La participation de l’interlocuteur et son investissement personnel dans cette démarche de communication interculturelle doivent être réellement pris en compte et acquis lors des échanges. Une confiance s’installe entre les différents acteurs ce qui permet de développer des liens entre les individus et donc de faire progresser les échanges. Pour mener à bien une « bonne conduite » de communication interculturelle il faut savoir gérer les différences culturelles entre les participants en établissant une base commune tout en conservant et en prenant en compte chaque spécificités culturelles en tant qu’atout culturel de chacun. L’expertise culturelle doit être correctement menée afin d’éviter tous types de blocages.

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6/ Il existe différentes échelles de valorisation des différences culturelles. Expliquez-les à l’aide d’exemples concrets.

Avant de parler des différentes échelles de valorisation des différences culturelles, il convient de préciser qu’une différence culturelle implique toujours une échelle de valorisation ou de hiérarchisation des différences. En effet, les différences sont toujours ressenties de manière subjective par les acteurs concernés, soumises à des évaluations, puis hiérarchisées suite à des jugements de valeurs, eux-mêmes justifiés par le cadre de référence définissant l’identité culturelle de l’acteur qui juge.

Les échelles de valorisation sont donc des indicateurs de distance entre individus ou groupes sociaux, et renvoient à des différences systématiques dans les cadres de référence des acteurs impliqués dans une communication. Il s’agit par exemple des différences de comportements, de style de vie, de vision du monde, ou encore de savoir-faire.

Nous distinguons quatre grandes échelles de valorisation des différences.

Dans un premier temps, il existe l’échelle de la distance subjective quantifiée. Il s’agit d’une échelle mettant en évidence le fait que certaines cultures n’ont pas la même notion des quantités que d’autres. Ce rapport aux proportions est totalement subjectif et dépend complètement de la culture dans laquelle on grandit. Nous pouvons citer par exemple les très grandes portions de nourritures servies dans les fast-foods aux Etats-Unis, comparées à celles de l’Europe. Un autre exemple illustrant l’échelle de la distance subjective quantifiée est celui d’un rapport au temps qui est différents selon les cultures, et qui peut être révéler par le proverbe afghan suivant : « Les occidentaux ont des montres, nous nous avons le temps »

Dans un deuxième temps, il existe également l’échelle de la distance épistémique. Celle-ci se rapporte aux connaissances, à la science, aux avancés des connaissances scientifiques de notre monde. C’est donc une échelle valorisant la différence du niveau de connaissance d’un groupe par rapport à un autre. Pour illustrer cette échelle de la distance épistémique, j’ai choisi de trouver un exemple dans les récits de voyages du navigateur James Cook, dans le livre « Relations de voyages autour du monde », paru aux éditions « La découverte ». Ce célèbre navigateur du 18ème siècle a parcouru le monde en bateau, et notamment les îles du Pacifique, où il a été confronté à de très nombreuses situations interculturelles. Parlant des « naturels » d’une de ces îles, il écrit : « On fit feu une troisième fois, et l’un d’entre eux fut tué sur place. A cette vue, les trois autres restèrent sans mouvement pendant une ou deux minutes, avec toute l’apparence d’une surprise complète ; ils se demandaient sans aucun doute ce qui avait bien pu tuer leur camarade » (page 65). Cet extrait montre bien la différence de niveaux de connaissances techniques entre le navigateur et les naturels de l’île, qui n’étaient armés que de lances.

La troisième échelle de valorisation des différences et celle de la distance morale. C’est une échelle qui se rapporte aux mœurs, et plus précisément aux différences de traditions et de mœurs entre différents groupes culturels. Pour

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illustrer cette échelle, j’ai de nouveau trouvé un exemple dans les récits de James Cook, cette fois-ci en Nouvelle-Zélande : «  Je désirais devenir témoin oculaire d’un fait dont beaucoup de gens doutaient, je donnai l’ordre de faire griller un morceau de chair, où un de ces cannibales le mangea avec une avidité surprenante. L’effet produit sur nos hommes fut si vif que quelques-uns allèrent jusqu’à se trouver mal. » (page 217). La pratique du cannibalisme est un exemple un peu extrême, mais qui montre combien des différences de mœurs peuvent créer l’indignation ou l’intolérance.

Il existe enfin l’échelle de la distance émotionnelle, affective, qui met en évidence le fait qu’un individu d’un groupe culturel, face à une situation ou un état de fait, pourra réagir de manière totalement différente par rapport à un autre individu d’un autre groupe culturel. Nous pouvons illustrer cette dernière échelle de valorisation en donnant l’exemple du rapport à la mort complètement différent entre les Occidentaux et les Mexicains. En effet, les Occidentaux prennent la mort très au sérieux et la voient comme dramatique, alors que les Mexicains prennent la mort avec beaucoup plus d’humour et de détachement, et fêtent même la mort les 2 novembre de chaque année. Cette vision de la mort pour les Mexicains est un fait purement culturel qui vient de très loin, hérité des civilisations précolombiennes (Aztèques).

Ces échelles de valorisation des différences sont donc très importantes, car elles permettent d’éviter de nombreux problèmes liés à la perception des différences, tels que les malentendus et les incompréhensions, le culturo-centrisme, le repli communautariste, et tout l’éventail des émotions dysphoriques résultants des attentes frustrées des acteurs engagés dans un échange interculturel.

Enfin, le rejet de ces échelles de valorisation des différences et même l’application de sa contre-mesure qui serait la non communication mènerait à différents types de cas extrêmes, que sont les situations bloquées, la dénégation de ses propres valeurs au détriment d’un autre système de référence, ou encore la dévalorisation systématique, la dénégation de l’autre, pouvant mener à des comportements allants des préjugés jusqu’au racisme.

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7/ Expliquez le terme «   Compétence Interculturelle   » et produisez des exemples concrets.

La compétence interculturelle se définit comme la capacité d’entrer en échange avec des personnes, groupes…possédant des références culturelles différentes, et de se servir de ces différences comme d’un vecteur de réussite pour la communication. Il s’agit de pouvoir être capable de mener à bien une communication faisant interagir plusieurs entités culturelles différentes.

La compétence de communication interculturelle nécessite plusieurs aptitudes et capacités :

-Des savoirs : Une compétence interculturelle présuppose avant tout la maîtrise d’un certain nombre de savoirs, de connaissances à proprement parler sur les cultures et les modes de vie des différents acteurs de la communication. Cet apprentissage des savoirs constitue une démarche qu’on appelle « l’expertise culturelle ». Cette démarche se définit tout simplement comme l’étude des références culturelles des différents groupes culturels dont font partie les acteurs de la communication, et ce en vue d’adapter l’activité, les contenus, et les ressources de la communication aux spécificités culturelles du destinataire. Le savoir et les connaissances sur les différences culturelles constituent donc une aptitude clef de la bonne réussite d’une communication interculturelle. Pour illustrer la nécessité de maîtriser des connaissances sur la culture du destinataire lors d’une communication mettant en scènes des acteurs provenant de groupes culturels différents, nous pouvons donner l’exemple très récent de la marque de chaussure Puma, qui a eu l’idée de créer et de mettre en vente une chaussure reprenant les couleurs du drapeau des Emirats Arabes Unis, qui fêtaient leur quarante ans. La sortie de cette chaussure aux Emirats a débouché sur un mouvement d’indignation, car dans les pays arabes, le statut de la chaussure est vraiment négatif, et associé à l’impureté. Mettre le drapeau des Emirats Arabes Unis sur des chaussures était donc totalement inapproprié, et mettait en évidence le fait que Puma n’a pas mené d’expertise culturelle avant de se lancer dans la fabrication de ce modèle de chaussure.

-Du savoir-faire : Une compétence interculturelle nécessite également un ensemble de savoir-faire, définit par des techniques, des pratiques de communication. Si le savoir décrit des connaissances, le savoir-faire décrit des compétences. Il s’agit d’abord de compétences sociolinguistiques et sémiologiques. C’est-à-dire la capacité à pratiquer et être compétent dans la langue du destinataire de la communication si elle est différente de la langue du destinateur, ou plus largement la capacité à exprimer et comprendre différents langages et systèmes d’expressions. Il s’agit également de compétences interprétatives, c'est-à-dire de capacités à la compréhension et à la bonne appropriation de messages qui nous sont destinés. Il faut ensuite avoir des compétences communicatives, qui permettront de produire et d’énoncer clairement des messages, facilement compréhensible par le destinataire. Enfin, le dernier domaine de savoir-faire qu’il convient de maîtriser est celui des compétences stratégiques. C'est-à-dire de la capacité à atteindre un but de communication. Un exemple très simple décrivant un savoir-faire serait la compétence dans une langue étrangère, par exemple une compétence de travaille

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en chinois si notre public destinataire de la communication appartient à l’aire culturelle dite chinoise.

-Du savoir être : Une compétence interculturelle nécessite enfin un savoir être, c'est-à-dire une identité propre, un mode de fonctionnement, un comportement adapté à la réussite d’une communication interculturelle. Autrement dit, le savoir être correspond à la capacité de produire des actions et des réactions en accord avec son environnement, si bien qu’on pourrait le définir comme un art de la convivialité avec ses interlocuteurs. Le savoir être peut s’exprimer dans une identité, une attitude, un style de personnalité, ou encore dans tous types de qualités humaines. Mais le savoir être peut aussi être présent dans un contexte de motivations personnelles.Mais d’une manière générale, une qualité humaine essentielle que nécessite la communication interculturelle est la capacité d’adaptation, et de décentrement, face à des destinataires ayant des cadres de références culturels parfois radicalement différents. Nous pouvons par exemple citer le cas d’un Italien expatrié, travaillant dans une entreprise japonaise. Pour la bonne réussite du dialogue au sein de cette entreprise entre cet Italien et ses collègues Japonais, il devra avoir en lui une capacité d’adaptation, afin de mettre son comportement au même niveau que celui des Japonais. Le caractère latin étant réputés assez prononcés, le contraste avec le comportement des Japonais sera assez fort, et l’Italien devra faire preuve d’une bonne dose de motivation et d’adaptabilité pour la bonne réussite de la communication au sein de l’entreprise.

Ainsi, la compétence interculturelle décrit donc une capacité à garantir la réussite d’une bonne communication interculturelle, et cette capacité s’acquiert au travers de la maîtrise de trois aptitudes : les savoirs, le savoir-faire, et le savoir être. Et ces trois aptitudes ne peuvent être maîtrisées qu’à condition d’avoir fait des études et des recherches sur la culture dont fait partie le public destinataire de notre communication ; mais aussi à condition d’avoir acquis de l’expérience dans des savoirs plus techniques ; et enfin à condition d’avoir effectué un développement personnel favorisant l’assimilation de qualités humaines telles que l’adaptabilité, le décentrement, la modestie, ou encore la tolérance, celles-ci étant favorables à la réussite d’une communication interculturelle.

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Bibliographie et Webographie:

-Relations de voyages autour du monde, James Cook, Editions « La découverte », Paris, 1998, 455 pages.

-http://www.wwoof.org/-http://www.wwoof.pt/-http://conflits.revues.org/index720.html-http://www.stratisc.org/strat_6667_Campbell.htmlhttp://www.odessaphotographies.com/index.php/mptt_galeries/voir/p:36/g:497234ed4f05d-http://www.russiefrance.org/fr/nous/exposition.html-http://www.parismoscou.info/partenaires_fr.html-http://www.gruppa-r.ru/services/security/garden/

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