Communication financière : Comment utiliser les réseaux sociaux à bon escient ?

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Memo AMF / Communication financière et digitale Page 1 / 2 Recommandation AMF sur l’usage des réseaux sociaux dans la communication financière L’Autorité des Marchés Financiers a publié le 9 décembre la recommandation n°2014-15 relative à la diffusion de l’information privilégiée sur les sites des sociétés cotées ainsi que sur les réseaux sociaux. Elle y autorise la publication de communiqués financiers sur les réseaux sociaux, une fois que ceux-ci ont déjà été diffusés via les canaux de communication classique : site internet de l’entreprise et diffuseur agréé. Le débat a débuté en juillet 2012, lorsque le CEO de Netflix a diffusé une information privilégiée sur Facebook. Ce précédent a contribué à faire évoluer le droit boursier américain, puisqu’en avril 2013, la SEC a autorisé les sociétés cotées à diffuser des communiqués via des canaux comme Facebook ou Twitter, à une condition : qu'elles aient au préalable donné aux investisseurs les adresses des pages sur lesquelles trouver les annonces en question. I. DECISION ET COMMENTAIRES DE L’AMF Dans cette lignée, l’AMF vient d’autoriser clairement les sociétés à utiliser les réseaux sociaux pour diffuser leurs informations privilégiées « si et seulement si ces informations ont préalablement fait l’objet d’un communiqué à diffusion effective et intégrale et sous réserve que l'information donnée par l'émetteur, quel que soit le support utilisé, soit exacte, précise et sincère, conformément aux exigences du règlement général ». L’AMF énonce ensuite une liste de recommandations à l’usage des sociétés cotées afin que l’usage de ce nouveau canal de communication crée le moins de confusion et soit le plus pertinent possible. Authentification et accès à l’information L’AMF recommande aux sociétés de s’assurer de l’authentification de leurs comptes sur les réseaux sociaux. Concernant Twitter, elle recommande l’utilisation de « hashtag » avec le code mnémonique de l’entreprise (#codemnémo), afin d’assurer une meilleure identification et traçabilité de l’information. Elle recommande également la mise en place d’une charte d’utilisation au sein de chaque entreprise, rappelant à chaque dirigeant, mandataire social et salarié que leur communication personnelle sur les réseaux sociaux ne doit pas se faire au nom de l’entreprise et ne doit pas influencer les marchés financiers ni contenir d’informations privilégiées. Format du message Rappelant que « l’information [diffusée] doit être exacte, précise et sincère », l’AMF invite les sociétés souhaitant utiliser les réseaux sociaux à apporter une attention toute particulière à la rédaction des messages du fait de la concision de ces moyens de communication, notamment twitter. Par ailleurs, l’AMF précise que les messages devront toujours comporter un lien renvoyant à l’intégralité du communiqué. Processus de veille active L’AMF recommande aux sociétés une veille active et sérieuse afin d’avoir connaissance des informations les concernant circulant sur ces réseaux et d’identifier les éventuels compte « pirates ». Cette mesure permettra également d‘identifier les éventuelles rumeurs susceptibles d’avoir une influence sur le cours de bourse de la société Réaction aux rumeurs L’AMF souligne que le fait d’avoir un compte officiel identifié sur ces sites permet de diffuser une information authentifiée et ainsi de répondre de façon pertinente aux rumeurs. Par ailleurs, l’AMF rappelle que les sociétés sont juges de « la nécessité et/ou l’opportunité de démentir une rumeur ». S’il n’existe pas d’obligation sur ce point, l’AMF rappelle également que toute fuite d’information

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Recommandation AMF sur l’usage des réseaux sociaux

dans la communication financière

L’Autorité des Marchés Financiers a publié le 9 décembre la recommandation n°2014-15 relative à la diffusion de

l’information privilégiée sur les sites des sociétés cotées ainsi que sur les réseaux sociaux. Elle y autorise la

publication de communiqués financiers sur les réseaux sociaux, une fois que ceux-ci ont déjà été diffusés via les

canaux de communication classique : site internet de l’entreprise et diffuseur agréé.

Le débat a débuté en juillet 2012, lorsque le CEO de Netflix a diffusé une information privilégiée sur Facebook. Ce

précédent a contribué à faire évoluer le droit boursier américain, puisqu’en avril 2013, la SEC a autorisé les sociétés

cotées à diffuser des communiqués via des canaux comme Facebook ou Twitter, à une condition : qu'elles aient au

préalable donné aux investisseurs les adresses des pages sur lesquelles trouver les annonces en question.

I. DECISION ET COMMENTAIRES DE L’AMF

Dans cette lignée, l’AMF vient d’autoriser clairement les sociétés à utiliser les réseaux sociaux pour diffuser leurs

informations privilégiées « si et seulement si ces informations ont préalablement fait l’objet d’un communiqué à

diffusion effective et intégrale et sous réserve que l'information donnée par l'émetteur, quel que soit le support

utilisé, soit exacte, précise et sincère, conformément aux exigences du règlement général ».

L’AMF énonce ensuite une liste de recommandations à l’usage des sociétés cotées afin que l’usage de ce nouveau

canal de communication crée le moins de confusion et soit le plus pertinent possible.

Authentification et accès à l’information

L’AMF recommande aux sociétés de s’assurer de l’authentification de leurs comptes sur les réseaux sociaux.

Concernant Twitter, elle recommande l’utilisation de « hashtag » avec le code mnémonique de l’entreprise

(#codemnémo), afin d’assurer une meilleure identification et traçabilité de l’information.

Elle recommande également la mise en place d’une charte d’utilisation au sein de chaque entreprise,

rappelant à chaque dirigeant, mandataire social et salarié que leur communication personnelle sur les

réseaux sociaux ne doit pas se faire au nom de l’entreprise et ne doit pas influencer les marchés financiers

ni contenir d’informations privilégiées.

Format du message

Rappelant que « l’information [diffusée] doit être exacte, précise et sincère », l’AMF invite les sociétés

souhaitant utiliser les réseaux sociaux à apporter une attention toute particulière à la rédaction des

messages du fait de la concision de ces moyens de communication, notamment twitter.

Par ailleurs, l’AMF précise que les messages devront toujours comporter un lien renvoyant à l’intégralité du

communiqué.

Processus de veille active

L’AMF recommande aux sociétés une veille active et sérieuse afin d’avoir connaissance des informations les

concernant circulant sur ces réseaux et d’identifier les éventuels compte « pirates ».

Cette mesure permettra également d‘identifier les éventuelles rumeurs susceptibles d’avoir une influence

sur le cours de bourse de la société

Réaction aux rumeurs

L’AMF souligne que le fait d’avoir un compte officiel identifié sur ces sites permet de diffuser une information

authentifiée et ainsi de répondre de façon pertinente aux rumeurs.

Par ailleurs, l’AMF rappelle que les sociétés sont juges de « la nécessité et/ou l’opportunité de démentir une

rumeur ». S’il n’existe pas d’obligation sur ce point, l’AMF rappelle également que toute fuite d’information

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privilégiée « doit donner lieu sans délai à la diffusion d’un communiqué de presse » et la mention de ce

communiqué sur les réseaux sociaux où la fuite aurait été constatée.

Dans ce sens, l’AMF précise que si une rumeur s’est uniquement répandue sur un réseau social et si le

démenti ne constitue pas en soi une information privilégiée, « il est possible de ne diffuser [une réponse]

que sur le seul média source de la rumeur sans le reprendre sous la forme d’un communiqué à diffusion

effective et intégrale ». En revanche si l’information s’est répandue à d’autres médias, la société doit publier

un communiqué qui pourra s’accompagner d’une réaction particulière sur les différentes plateformes

sociales.

II. RECOMMANDATIONS FTI CONSULTING

Pour tardive qu’elle ait été, cette recommandation n’en reste pas moins avisée. Elle a le mérite d’aborder l’intégralité

des enjeux que recouvre la communication financière sur internet et notamment les réseaux sociaux. FTI Consulting

tient à attirer l’attention des sociétés cotées sur deux points :

Assumer sa présence sur les réseaux sociaux :

Les réseaux sociaux peuvent au premier abord être considérés comme des canaux redondants d’information, il

pourrait néanmoins se révéler préjudiciable d’en ignorer la portée et surtout l’émergence. Ceci étant dit, il convient

de s’y astreindre avec méthode.

Etre identifié et visible : les réseaux sociaux constituent déjà des sources d’informations privilégiées pour les

journalistes. En ce sens il y a peu de doutes que la génération actuelle d’analystes ou d’investisseurs n’en

fassent de même dans un futur proche. En outre disposer d’un compte officiel permet d’éviter l’usurpation et

la confusion, ce qui confère un caractère presque obligatoire à la présence des sociétés sur les réseaux

sociaux. Enfin, l’utilisation du « ticker » en « hashtag » comme le suggère l’AMF permettra de différencier les

informations financières des autres informations corporate.

Une rédaction sincère, concise et à valeur ajoutée : la rédaction de messages brefs, conciliant une

information « intégrale sincère et circonstanciée », et les messages clefs peut s’avérer une tâche moins

évidente qu’il n’y paraît au premier abord, notamment quand l’information est complexe ou dense comme

pour un communiqué de résultat.

L’absence de hiérarchie entre intervenants : une des caractéristiques majeures du web2.0 est l’égalité

donnée à tous les intervenants. Ainsi en procurant une certaine visibilité, les sites comme Twitter, Facebook

ou LinkedIn mettent également en exergue les commentaires que ces messages nourrissent, et qui s’ils ne

sont ni injurieux, ni de caractère à influencer le cours de bourse, ne pourront être retirés de la vue de tous.

De l’importance d’une veille active :

Etre réactif : l’instantanéité des échanges sur les réseaux sociaux ne saurait être sous-estimée, notamment

durant les heures d’ouverture des marchés. A ce titre, FTI rappelle, qu’aux yeux de l’AMF, les sociétés sont

responsables de l’information les concernant. Cette veille, chronophage, constitue donc une nouvelle

mission pour les départements de relations investisseurs, qui ne pourront dès lors plus ignorer ces médias.

Les opérations de marché : Durant ces périodes, des procédures particulières devront être mises en place et

préparées en amont afin de répondre à d’éventuelles fuites et, ce, en plus des chartes d’utilisation que

toutes les sociétés feront signer à leurs salariés et mandataires sociaux.

La reconnaissance officielle des réseaux sociaux par l’AMF constitue de fait une nouvelle attribution pour les

responsables des relations investisseurs des sociétés cotées.

FTI Consulting est à votre disposition pour discuter

des enjeux de la communication financière sur les réseaux sociaux