Comment la Polynesie est devenue française

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Comment la Polynésie est devenue française ? Pierre-Yves TOULLELAN Mea nafea to Porinetia riroraa mai ia farani lriti hia e James SALMON tavini huiraatira - www.tavinihuiraara.com - 1995/2012

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Histoire de la colonisation de la Polynésie par la France en langue française et tahitienne.

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Comment la Polynésie est devenue française ?

Pierre-Yves TOULLELAN

Mea nafea to Porinetia riroraa mai ia farani

lriti hia e James SALMON

tavini huiraatira - www.tavinihuiraatira.com - 1995/2012

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Comment la Polynésie est devenue française ? Pierre-Yves TOULLELAN

A - Les grandes puissances et le Pacifique - p.1

B - L’intervention de la France en Océanie - p.2

C - Les Mouvements de Résistance ( 1842-1880 ) - p.4 C1 - «Guérilla marquisienne» - p.4 C2 - «La guerre franco-tahitienne ( 1844-1846 )» - p.5 C3 – «L’affaire d’Anaa ( Tuamotu) ( 1856 )» - p.7 C4 – «Rapa ( 1887 )» - p.7 C5 - « La guerre des Iles Sous-le-Vent (1888-1897) » - p.7

Avertissement - p 9

MEA NAFEA TO PORINETIA RIRORAA MAI IA FARANI... lriti hia e James SALMON

A -Te mau Hau rarahi e to Patitifa - p.12

E -Te tomoraa o Farani i roto i Oteania - p.13

F -Te Mau Aroraa no te vai tiama raa (1842-1880) - p.1 5 Fl - «Aroraa a to Nuuhiva ma» - p.16 F2 – «Te tama’i Farani -Tahiti (1 844 -1 846)» - p.17 F3 – «Te fifi no Anaa ( Tuamotu) ( 1856 )» - p.18 F4 – «Rapa ( 1887 )» - p.19 F5 – «Te tama’i i Raro-Mata’i ma (1888- 1897)» - p.20

Faaâraraa - p.21

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En 1842, lors du premier contact officiel entre la France et le royaume des Pomare, Tahiti et ses dépen-dances sont soumises déjà à une profonde influence anglo-saxonne. Les pasteurs de la London Missionary Society ont largement contribué à l’émergence de la monarchie des Pomare, monarchie centralisatrice qui a définitivement rompu avec la division en chef-feries traditionnelles connues jusqu’alors aux Îles-du-Vent. La bataille de Feipi (Tahiti), en 1815, consacre à la fois, la victoire de Pomare II, et celle du christia-nisme, qui imprégna dès lors profondément la socié-té polynésienne. A cette date, Pomare II est reconnu suzerain des Îles-du-Vent (Tahiti, Moorea et Tetiaroa), des Tuamotu de l’Ouest, de Tubuai et Raivavae (aux Australes), et est très influent aux Îles Sous-le-Vent, grâce à ses liens matrimoniaux. Des échanges com-merciaux avec les Nouvelles-Galles-du-Sud ( com-merce du porc salé ), le mouillage fréquent de cen-taines de baleiniers qui sillonnent alors les mers du Sud, tout contribue à accroître l’influence anglaise, que les missionnaires exercent déjà à Tahiti, jusque dans la rédaction des Codes de Lois.

Il n’est donc pas étonnant qu’entre 1824 et 1844, les chefs de Tahiti aient sollicité pas moins de huit fois le protectorat officiel de l’Angleterre, demandes chaque fois repoussées.

Une autre explication à ces requêtes est que le royaume tahitien donne des signes évidents de fai-blesse, à la mort de Pomare II, en 1821. Son fils, Pomare III (1820-1827), pas plus que sa fille, Pomare Vahine IV (Aimata 1813-1877), ne sont en mesure de prendre en main les destinées réelles du royaume : la courte guerre de 1833 révéla la coexistence de deux sources d’autorité : d’une part, la famille royale Pomare (les hau fetii), et d’autre part, les chefs tradi-tionnels (les arii). Ces divisions, les européens surent les utiliser au maximum, tant sur le plan religieux

(les missionnaires catholiques prennent pied aux Gambier en 1834 et font des tentatives en direc-tion de Tahiti) que sur le plan économique (contrôle des exportations). Or, le royaume tahitien ne cesse de s’ouvrir aux «popaa» : plus de baleiniers, plus de commerçants, qui suscitent des troubles et sai-sissent régulièrement leur gouvernement dès qu’ils s’estiment lésés ou spoliés. La nomination de consuls devient dès lors la règle. Ces hommes, Pritchard pour l’Angleterre, Moerenhout pour les états-Unis, puis pour la France, ont eux-même des intérêts à Tahiti et sont partie prenante : leurs interventions ne sont pas neutres. De plus, leur action, pour être efficace, a besoin sans cesse d’être soutenue par la présence de navires de guerre : de 1837 à 1842, rien qu’à Tahiti, les états-Unis d’Amérique en envoient 6, la France également, et l’Angleterre 7 ...

A - Les grandes puissances et le Pacifique

Il est vrai qu’en cette première moitié du XIXe siècle, l’Océan Pacifique attire les regards. C’est tout d’abord l’Amérique du Sud qui suscite bien des convoitises, après le départ forcé des Espagnols. En 1830 ~ 1831, la France est le premier pays européen à reconnaître l’indépendance des nouveaux états, geste dont elle attend certaines retombées économiques, en vain semble-t-il. Pour accroître son influence, elle main-tient en cette zone une division navale, qui, en 1837, comprend une «Station des Mers du Sud»; davan-tage préoccupée, il est vrai par la façade américaine (Chili, Pérou) que par l’ Océanie. Mais cette station acquiert son autonomie en 1841, date à laquelle, elle est placée sous les ordres du contre-amiral Dupetit-Thouars. Elle commence alors à porter véritablement son nom en se tournant vers l’Océanie.

En fait, depuis la Restauration, et surtout sous la Monarchie de Juillet, la France est réapparue dans

Cinq archipels constituent ce que l’on nomme la Polynésie Française. Il s’agit de l’ancien royaume des Pomare, créé à partir de l’île de Tahiti, auquel l’on a rattaché les Marquises et les Gambier. Les liens qui unissent ces archipels sont donc artificiels et résultent d’un découpage colonial par les grandes puissances, au XIXe siècle. En fait, l’archipel des Cook avait des contacts plus nombreux et plus profonds avec les Îles¬ Sous-le-Vent que n’en eurent jamais les Marquises. C’est donc du seul fait d’un pays européen, la France en l’occurrence, que ces îles, éparpillées sur une superficie égale à celle de l’Europe et distantes parfois de plus de deux milles kilomètres, constituent un ensemble francophone, aujourd’hui bien isolé dans un Pacifique anglo-saxon.

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le Grand Océan. Elle ne peut qu’assister en specta-trice à la pénétration du continent australien par l’Angleterre : en 1840, l’Australie est «all british» et devient totalement fermée aux autres puissances. Le gouvernement français, aiguillonné par sa Ma-rine, entend pourtant contre¬carrer cette poussée anglaise dans la région, poussée telle que la Reine Victoria peut considérer le Pacifique comme une «mare nostrum». L’Espagne éliminée, la France se sent seule capable d’une telle mission, d’au¬tant que les états-Unis d’Amérique, à cette date, demeurent étrangers au Pacifique. Ainsi, l’équipée de Porter, aux Marquises, en 1814, est laissée sans suite. Certes, en 1836, les U.S.A. disposent de près de 300 baleiniers dans le Grand Océan, mais ce n’est qu’avec l’ouver-ture de l’Orégon (1846) et surtout de la Californie (1848~1850) qu’une réelle présence américaine se fera sentir.

Mais la France a-t-elle les moyens de s’opposer à l’action de la Grande-Bretagne ? Sa Marine en est convaincue : en 1837, elle dispose de 40 vaisseaux, 50 frégates, 220 navires divers, ce qui fait dire « qu’au moment où elle va disparaître, c’est l’apogée de la marine à voile française «. Elle se sent assez puissante pour, après l’expédition d’Algérie en 1830, pratiquer la politique de la canonnière au Mexique (1837) puis en Argentine (1845). Elle cherche alors des points de relâche sur toute la surface du globe.

Les navires français envoyés dans le Pacifique n’ont désormais plus à se soucier de recherche scientifique : dans le meilleur des cas, « il s’agit d’une courtoisie à l’ égard des corps savants, invités à profiter si possible d’expéditions lointaines pour recueillir des bribes d’information «. L’expédition de Dumont D’Urville (1826-1829) est la dernière qui soit encore baignée de l’ esprit du XVIIIe siècle, cher à Bougainville. Des temps nouveaux s’annoncent : désormais les navires de guerre français sont chargés de protéger la pêche balei¬nière, le commerce en général, et de collecter tous les renseignements utiles aux armateurs. Il faut toutefois noter qu’à cette date, l’heure de la coloni-sation n’a pas encore sonné : «chaque nation entend protéger l’indépendance des petits états afin d’ assu-rer à ses escadres des points de relâche en temps de guerre». Signalons toutefois que le capitaine de vais-seau Laplace montre, en 1838, la nécessité de possé-der une base dans le Pacifique, et désigne à cet effet les Marquises, archipel que l’amiral Dupetit-Thouars retient également pour site d’une éventuelle colonie pénitentiaire.

On le voit, la France s’éveille, dans les années 1830, à la politique océanienne. Ses navires de guerre sillonnent le Grand Océan, ce que, pourtant, son intérêt commercial ne nécessite guère... De plus, le nombre de français établis dans les îles polynésiennes ou mélanésiennes est infime (une vingtaine à Tahiti à peine). Les missionnaires catholiques, même s’ils ne sont pas tous français, loin s’en faut, vont fournir à la France le prétexte qui lui manque pour intervenir dans les différents états polynésiens !

B - L’intervention de la France en Océanie

Depuis 1827, les missionnaires catholiques, picpu-ciens à l’Est (Polynésie), maristes à l’Ouest (Méla-nésie), se sont lancés dans l’évangélisation des océaniens. Soit parce qu’ils arrivent en milieu païen hostile, soit parce qu’ils débarquent dans des îles où les protestants anglais les ont précédés ; ces mission-naires sont presque toujours en situation délicate et recourent aux officiers de la Marine, «autorisés à croire que rien de ce qu’ils feront pour les mission-naires ne sera jugé excessif», étant que la Monarchie de Juillet «ne marchande pas son aide aux Missions». A une époque où 1’honneur national est exacerbé, la rivalité religieuse devient rapidement une rivalité franco-anglaise, sans que les missions y aient tou-jours à gagner d’ailleurs ...

Après l’expulsion de deux missionnaires catholiques de Tahiti, en 1836, puis en 1837, l’amiral Dupetit¬-Thouars fait une impressionnante démonstration de force qui contraint la reine Pomare Vahine IV à signer le traité du 4 septembre 1838, aboutissant à la liberté religieuse, surtout que d’autres interventions ont lieu à ce propos : Cécile en 1838 (avec I’Héroïne), Laplace en 1839 (avec l’Arthémise). Ce type d’actions musclées se produit également à Hawaii et à Wallis, ce qui inquiète grandement les autres puissances. On assiste à une politique française d’interventions multi-directionnelles qui crée un climat de tensions, sans qu’aucune prise de possession ne survienne pourtant.

Tout va se jouer en Nouvelle-Zélande : les deux grandes îles attirent les regards de l’Australie qui, de 1830 à 1835, tente de forcer la main au Foreign Office pour l’ annexer. Il est vrai que pas moins de 1 000 an-glais y vivent, en relations commerciales constantes avec Sydney. La France, de son côté, appuie une ten-tative de colonisation privée dans l’île sud, dans la péninsule de Banks à Akaroa. Ce projet décide finale-ment Londres à annexer les deux îles par le traité de

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Waitangi, en 1840. Cet échec français, dans l’esprit du temps, exigeait une réparation. La Grande-Bre-tagne, montrant le chemin de l’annexion, il était permis de l’imiter, surtout là où elle n’avait aucun intérêt. Les Marquises, où Dupetit-Thouars venait de convoyer les missionnaires picpuciens, étaient à nouveau le point de mire de la Marine. L’amiral était chargé d’annexer l’archipel, dont il avait lui-même vanté les mérites, ce qui fut fait le 1er mai de l’année 1842.

Dupetit-Thouars se rend-t-il compte du peu d’inté-rêt (commercial et agricole) de ces îles ? Toujours est-il qu’il est à Tahiti le 9 novembre 1842 et qu’il y proclame, de sa seule autorité, le protectorat, insti-tuant un gouvernement provisoire (novembre 1842 à novembre 1843).Il donne l’ordre à ses adjoints de procéder à la même démarche aux Wallis et aux Gambier, et Hawaii semble bien promise à un sort comparable, en dépit de l’implantation des autres grandes puissances qui y ont des intérêts commer-ciaux bien plus importants que ceux de la France.

Londres ne tarde pas à réagir en protégeant juste-ment l’archipel le plus précieux à ses yeux, celui d’Hawaii : le traité de novembre 1843 proclame l’indépendance du royaume de Kamehameha. Profi-tant des maladresses faites à Tahiti par des officiers de Marine français emportés (l’arrestation du consul d’Angleterre, Pritchard), au milieu d’un climat de passions enflammé de part et d’autre du Channel, le Foreign Office réussit à obtenir la non-ratification des Protectorats sur Wallis et les Gambier, tandis que la conférence de Londres (19 juin 1847) oblige la France à renoncer aux Îles Sous-le-Vent.

Les années 1845-1850 marquent donc un net recul de la présence, de l’action, de la France dans cette partie du monde. Ce n’est que sous le Second Em-pire, en annexant la Nouvelle-Calédonie (1853), que Paris renoue avec une politique océanienne, sans que celle-ci retrouve jamais le brillant passé de la Monarchie de Juillet. Napoléon III dispose de deux possessions éloignées, sans lien de communi-cation, et ni la Grande Terre, ni la Nouvelle-Cythère, ne connaissent alors de mise en valeur économique. Surtout, la possession polynésienne est mal assurée : les Marquises, seules îles annexées, sont totalement délaissées pour Tahiti, où un vague Protectorat, mal défini, assure seul la présence française.

Les autres archipels échappent totalement à l’in-fluence française, au moins jusque dans les années

1860-1870. Les colons sont rares, les maisons de commerce françaises pratiquement absentes. Mais tout au long de ces années, l’administration colo-niale, qui ne cesse de croître, accentue sa domina-tion sur le royaume tahitien, au point que la reine Pomare Vahine IV se contente le plus souvent de signer des documents (en français, langue qu’elle comprend mal).

Dans la décennie suivante, on remarque un change-ment dans la nature et le rythme de l’expansion des grandes puissances en Océanie, et d’une manière générale, autour du Pacifique (questions d’Extrême-Orient). La Grande-Bretagne, en annexant les îles Fidji en 1874, montre à nouveau l’exemple : il est vrai que les îles océaniennes sont désormais des mar-chés intéressants qui offrent sucre, coton, vanille et coprah.

Dans le même temps, la Californie est devenue un pôle d’attraction considérable (après la ruée vers l’or du Farwest). San Francisco établit de grandes lignes de navigation qui la relie avec l’autre «géant» du Pacifique, Sydney. Mais l’emploi de navires à vapeur conduit très vite à la nécessité de disposer de dépôts de charbon. Grande-Bretagne, France, Etats-Unis d’Amérique, Allemagne recherchent donc des escales-relais, d’autant qu’à partir de 1880, des bruits persistants annoncent l’ouverture du canal de Panama (effectuée...en 1914). Aucune autre partie du monde ne fut l’objet d’aussi âpres marchandages : on découpa des archipels, on partagea des îles, on se disputa des baies même, comme Pago Pago aux Samoa, entre Américains, Anglais et Allemands.

Dans cette course aux îles, la France était sans nul doute la puissance européenne disposant du moins d’atouts. Contrairement à la Grande-Bretagne (Aus-tralie) et aux états-Unis d’Amérique (Californie en pleine expansion), elle n’a pas de base arrière. L’In-dochine ne sera jamais en relation avec les établis-sements Français d’Océanie, guère plus avec la Nou-velle-Calédonie. La France ne possède pas non plus les intérêts économiques remarquables que l’Alle-magne a su développer dans cette partie du monde. Ajoutons à cela la perte de prestige terrible que lui causa la défaite de 1870; «l’on fit aimablement courir le bruit que tous les français étaient morts !». La Ma-rine française ne refait son apparition dans le Grand Océan que dans les années 1880, de façon fort ti-mide. Les quelques frégates envoyées ne suffisent pas à empêcher la France d’être rapidement exclue de l’Océanie centrale et du Pacifique nord, où ses

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seuls nationaux sont toujours des missionnaires (et encore : Hawaii est alors confiée aux Pères belges !).

En Polynésie orientale, il est vrai, la France paraît mieux placée, dans la mesure où le «choc des impé-rialismes» est moindre. Mais Paris laisse échapper «lîle de Pâques», comme l’on dit au ministère..., île qui réclame pourtant son annexion, d’autant que ses liens avec Tahiti sont profonds. La terre aux 600 sta-tues devient chilienne en 1888.

On pouvait au moins espérer que, dans la logique du temps, on ne laisserait pas échapper l’archipel des Cook, en contact permanent avec les Îles Sous-le-Vent. Là encore, les tergiversations françaises abou-tissent à la proclamation, en 1888, d’un protectorat néo-zélandais. Le groupe nord de l’archipel adresse alors une demande d’annexion qui n’est pas prise en considération. L’affaire fit quelque bruit: «Le Siècle» intitulait l’un de ses articles «Les Anglais s’empa-rent d’un archipel français». La petite campagne de presse organisée par les milieux coloniaux aboutit à la démission du sous-secrétaire d’Etat aux Colonies, La Porte.

Le 29 juin 1880, la France annexe les Îles du Vent (Tahiti et Moorea) ainsi que les Tuamotu. Aux Gam-bier, le Protectorat n’avait jamais été ratifié : Paris considérait le Chef de la Mission catholique comme résident officiel, bien que les Pères ne souhaitassent absolument pas l’intervention de la France dans le petit royaume qu’ils contrôlaient étroitement. Des tensions s’en suivent, qui aboutissent à l’envoi d’un résident en 1869 : en 1881, l’archipel est annexé, mais le «Code Mangarévien», soit la législation tradition-nelle, est maintenu. Aux Îles Sous-le-Vent, l’activisme allemand fait craindre le pire, surtout à Bora Bora. L’Angleterre, souhaitant encore moins l’Allemagne que la France dans ces parages, accepte d’abroger le traité de Jarnac, et en échange du double protecto-rat sur les Nouvelles¬Hébrides, ces Îles Sous-le-Vent deviennent françaises en 1888.

Seules demeurent alors les Australes, dans la mesure où les Marquises sont annexées depuis 1842. Toute influence européenne y est des plus réduite, mission-naires mormons et pasteurs anglais s’y sont seuls in-téressés. Rapa, la plus éloignée, avait été appelée à signer un vague protectorat quand on pensa y décou-vrir du charbon. Mais en cette année 1886, le dan-ger vient une nouvelle fois de la Nouvelle-Zélande, qui souhaite annexer cette île pour ses lignes de va-peur. Rapa est annexée l’année suivante, mais il faut

attendre 1900 pour Rimatara, et 1901 pour Rurutu (Tubuai et Raivavae, considérés comme appartenant au royaume des Pomare, étaient annexées de fait en 1880). Ces annexions ne modifièrent en rien l’aban-don dans lequel fut laissé l’archipel qui continua de vivre au rythme de ses traditions.

Les établissements Français d’Océanie acquièrent donc leur tracé définitif, entre 1842 et 1901.

C - Les Mouvements de Résistance ( 1842-1880 )

Que pensent les «indiens», les «canaques», comme l’on s’obstine encore à nommer les Polynésiens en cette fin du XIXe siècle, de cette intrusion de la France, qui, de Protectorat en Annexion, impose progressive-ment son Code Civil et son administration directe ? :

Il va de soi qu’officiellement les populations polyné-siennes sollicitent l’aide protectrice de la France ( ce discours s’avérant lourd de conséquences aux Îles-Sous-le-Vent, comme nous allons le voir). Qu’en fut-il exactement ? Force est de constater que contrai-rement à l’idée reçue, comme quoi «la Polynésie se donna à la France», il y eut, dans tous les archipels, excepté aux Australes, des mouvements de résis-tance, à commencer par l’archipel des Marquises.

C1 - «Guérilla marquisienne»

Sur le plan international, l’annexion des îles marqui-siennes n’eut guère de retentissement. Sur place, l’affaire fut rondement menée : il est vrai que Dupe-tit-Thouars disposait d’une véritable armada (1 800 marins, 400 soldats, équipés de pièces de campagne et de montagne). Devant une telle puissance de feu, les marquisiens eurent garde de résister : sans avoir tiré un coup de fusil, l’archipel tout entier est entre les mains de la France, des forts sont construits sur les hauteurs dominant baies et villages. En juin 1842, l’amiral quitte l’archipel... Le 17 septembre, le grand chef «Iotete», de Tahuata, déclare la guerre au capi-taine de frégate Halley, commandant de l’établisse-ment Français. D’emblée, les soldats se trouvent en mauvaise posture.

Les Marquisiens, tous armés de fusils, connaissant parfaitement le relief tourmenté de leurs îles qui se prêtent à merveille à la guerre d’embuscade, mena-cent les forts, à l’aide même d’un obusier de mon-tagne et d’un vieux canon. L’attaque française que conduit Halle y échoue lamentablement, en coûtant la vie au commandant, à un lieutenant de vaisseau,

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et fait 6 blessés. Après une «guerre de 8 jours» les combats ont fait 26 tués du côté français. La confis-cation de vallées entières, le déplacement de popu-lations, n’empêchent pas le soulèvement de Nuku Hiva, en 1845, qui entraîne la mort de 5 soldats : la répression fut sévère (beaucoup de «canaques sont tués» et le chef Pakoko fusillé ).

De 1847 à 1849, les garnisons françaises, qui, au dire des missionnaires, n’osaient guère s’aventurer hors de leur fort, sont évacuées sur Tahiti (pour d’autres combats...) et l’archipel est bel et bien abandonné. Le désordre est constant, les guerres entre clans si nom-breuses, que l’on envoie régulièrement des navires de guerre bombarder les villages. En 1850, à Hiva Oa, en ébullition perpétuelle, une garnison doit être rétablie.

A la fin de l’année 1870, les troubles sont tels, surtout à Nuku-Hiva et à Fatu Hiva, qu’une brigade de gen-darmerie et un détachement d’infanterie ne suffisent pas à rétablir l’ordre.

Terribles Marquises qui conduisent les bureaux pari-siens à se demander «s’il n ‘y aurait pas lieu d’envi-sager la question de l’abandon». Ce sont les projets de percement de l’isthme de Panama qui finalement entraînent le gouvernement «à fortifier notre action dans ce pays».

En juin 1880, le contre-amiral Dupetit-Thouars (ne-veu du précédent) est envoyé vers l’archipel avec 3 navires de guerre, 700 hommes de troupe et 300 vo-lontaires tahitiens. L’expédition punitive aboutit à la confiscation de toutes les armes, à l’arrestation et à la déportation (vers le bagne calédonien) des princi-paux chefs. L’affaire est rondement menée, en dépit de quelques combats à Hiva Oa. Un lourd silence, un silence des morts, recouvre dès lors l’archipel, où le combat cesse faute de combattants.

Peuplée de près de 60 000 habitants lors de leurs découvertes, les îles comptent 20 000 personnes en 1840, 6 000 en 1874 et 3 500 en 1902.

La disparition des marquisiens est due pour partie aux guerres qui s’y déroulent tout au long du XIXe siècle. Les français ne sont que l’un des nombreux adversaires des différents clans des îles. En fait l’ archipel a très vite glissé vers l’anarchie la plus com-plète, et en 1842, l’autorité des chefs, l’ordre social sont déjà très menacés par l’action des baleiniers et des déserteurs.

Il est donc malaisé de discerner une réelle lutte d’indépendance dans ces conflits désordonnés qui affectent une vallée ou une île, et jamais la totalité de l’archipel. Le cas des Îles Sous-le-Vent est bien dif-férent.

C2 - «La guerre franco-tahitienne ( 1844-1846 )»

Tahiti la Chrétienne est sans nul doute l’île la plus soumise aux apports technologiques et idéologiques européens, auxquels la monarchie des Pomare doit beaucoup. Mais le Protectorat que propose Dupetit-Thouars en 1842, du haut de ses canonnières, n’est accepté que du bout des lèvres par la jeune reine Pomare Vahine IV, qui trouve le courage, en 1843, de dire non au même amiral lorsque ce dernier revient porteur de la ratification du traité par le roi Louis-Phi-lippe.

Le bouillant amiral agit immédiatement : les troupes françaises débarquent le 6 novembre (1843), la reine est déchue, la prise de possession de l’île est procla-mée. Pomare IV, réfugiée à bord du navire anglais «Basilik» lance un appel aux chefs, les hau fetii, qui vont la soutenir dans sa Résistance. L’agitation gagne toute l’île, au moment où l’amiral s’embarque, lais-sant au nouveau gouverneur Bruat une situation bien délicate.

Bruat, qui dispose de 1 000 hommes et de 4 navires de guerre, se fortifie. Papeete prend des allures de camp retranché, des forts sont construits, notam-ment à Taravao, afin de couper la presqu’île de Taia-rapu de Tahiti Nui. Bruat décide ensuite d’emprison-ner 6 chefs, en proscrit d’autres (ceux de Teva I Uta) qui s’enfuient immédiatement dans la montagne. Po-mare Vahine IV et les hau fetii mènent ouvertement campagne contre les Français.

C’est à Taravao, le 21 mars 1844, que la guerre fran-co-tahitienne commence : deux soldats français sont tués, les districts environnants immédiatement bom-bardés, grâce aux navires de guerre. Ces bâtiments constituent l’essentiel de la force d’intervention de Bruat qui se voit cerné dans les deux bastions que sont Papeete et Taravao. Le reste de l’île est entre les mains des chefs insurgés qui, à partir des vallées centrales de l’île (Papenoo et Punaruu), lancent leurs offensives. Il est difficile de pouvoir estimer le nombre de guer-riers dont ils disposent. L’historien Newbury avance le chiffre de 4 000, ce qui paraît cependant beaucoup pour une population totale de 8 082 habitants (chiffre du recensement de 1848, établi après les hostilités).

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Tous les districts ne participent pas à l’insurrection : les grands chefs Tati, Hitoti, le régent Paraita de-meurent dans le camp français, tandis qu’à Moorea, Tairapa, chef-juge de l’île met son influence au ser-vice du camp français et que le chef Hanoto en est un allié actif. Mais ce noyau est-il pro-français, dans la mesure «où ces notables ne devaient leurs fonc-tions qu’à la reconnaissance officielle de leurs titres» par la puissance occupante, ou est-il anti-Pomare ? L’ancienne division politique de l’île joua donc, habi-lement utilisée par la France. Non seulement des dis-tricts restèrent en dehors de la lutte, mais fourniront également des contingents de volontaires.

«La guerre d’indépendance» comprend trois phases.

Lors de la première phase, Bruat va tout d’abord ten-ter de briser l’étau que lui imposent les polynésiens : c’est le débarquement à Mahaena, en avril 1844, de 441 soldats sous le couvert des canons de deux navires de guerre. Le camp retranché des insurgés, tenu par 1 000 guerriers et 3 canons, est pris après de violents combats, qui font 15 tués et 51 blessés chez les français. Les pertes polynésiennes sont incon-nues, les tahitiens emportant leurs morts dans leur retraite. Mais 102 cadavres sont découverts dans les fossés. Toute l’année 1845, c’est le statut quo : les polynésiens rebelles occupent le fond des vallées de la Papenoo et de la Punaruu, forteresses natu-relles inexpugnables. Quelques opérations ont lieu, afin d’empêcher l’accès à la mer des révoltés, par la construction de forts (combat de la Pointe Vénus et de Faa’a). Papeete continue d’élever ses fortifications et des renforts arrivent des Marquises.

La deuxième phase s’ouvre lorsque Bruat décide d’intervenir aux Îles Sous-le-Vent. Pomare Vahine IV y a trouvé refuge et appui auprès des chefs, qui sont tous des arii du hau fetii. L’état de tension qui s’ins-taure est jugé trop dangereux par Bruat qui décide le blocus de Raiatea et la prise de Huahine par un corps expéditionnaire. Le commandant Bonard débarque le 24 avril 1845, sous le feu des habitants : l’enseigne de vaisseau Clappier est tué, ainsi que 17 marins. On relève 53 blessés. Le soldat d’infanterie Mullot indique que «l’ennemi était supérieur en nombre et que nos troupes commandées par des officiers de Marine, et par conséquent très mal dirigées, allèrent à la débandade». En hâte, on construit un camp re-tranché, mais que l’on doit abandonner pour gagner le centre de Papeete, très menacé. L’échec sanglant du commandant Bonard est connu des insurgés tahi-tiens, qui reprennent confiance. Ils lancent deux at-

taques, l’une sur le fortin de la Pointe Vénus, l’autre...sur Papeete. En deux vagues successives, les 20 et 22 mars 1846, les rebelles se rendent maîtres de la ville, la population européenne devant trouver refuge sur les navires de la rade et sur l’îlot de Motu Uta. Bruat, qui se lance à leur poursuite, les rejoint à Punaauia et essuie un échec douloureux (7 tués et 18 blessés par-mi les soldats). A cette date, la révolte semble mar-quer des points. Pourtant, elle devient terriblement isolée. La communauté européenne, composée sur-tout d’anglo-saxons, effrayée par la destruction des plantations, assure l’armée française d’un appui sans faille. Le blocus établi autour de Tahiti laisse les insur-gés sans munitions, et les vivres sont rares. Les rallie-ments augmentent, en dépit des actions d’éclat. Face aux guerriers fatigués, Bruat dispose enfin des forces qu’il réclamait et que Paris lui a adressé, inquiet des proportions que prend «l’affaire tahitienne».

La troisième phase de la guerre peut alors commen-cer, l’initiative étant cette fois dans le camp français. Il s’agit de repousser toujours plus loin à l’intérieur de la montagne les révoltés 1 200 soldats attaquent, le 25 mai 1846, le camp retranché de la Papenoo, vite abandonné par les rebelles. Deux jours plus tard, la même opération est effectuée de l’autre côté, à la Punaruu, coûtant il est vrai, 5 tués et 19 blessés aux assaillants. De plus, la forteresse naturelle que constitue les sommets de la Fautaua laisse présager un long siège. Mais le 17 décembre, deux colonnes composées de grenadiers, de voltigeurs, d’artilleurs, de matelots et de 175 volontaires polynésiens (ve-nus de Tubuai et de Bora Bora) se lancent à l’assaut, «pour écrire l’une des plus belles pages de l’histoire coloniale de la France». 62 voltigeurs, guidés par 25 Tahitiens, escaladent le pic de la Fautaua, et, suivis par la 3e compagnie de «l’Uranie», franchissent les hauteurs pour prendre à revers les insurgés, qui su-bissent le feu roulant du gros des forces, qui progresse lentement dans la vallée. La surprise est telle que la débandade est générale. Le 18 décembre, après de longs palabres, un milliers de guerriers déposent leurs armes, ce qui entraîne la capitulation de l’autre groupe de rebelles, celui de la Papenoo. Fareau, Pito-mai et Teaviri, chefs de Teva-I-Uta, vrais leaders de l’insurrection, ceux là même que Bruat a proscrit, se soumettent enfin. La résistance tahitienne est brisée : en février 1847, la reine Pomare Vahine IV, rentre à Papeete, soumise.

On peut penser que des causes immédiates sont à l’origine de cette flambée de violence. Les confisca-tions de terres auxquelles procède Bruat à son arri-

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vée sont le plus souvent évoquées. Or, c’est la reine Pomare qui perdit le plus : bandes côtières, vallées entières, îlots (Motu Uta). Son aversion pour la France peut très bien en résulter. De plus, la présence de la France à Tahiti, à partir de 1842-1843, se traduisit par quelques centaines de soldats se conduisant en pays conquis. Le mécontentement grandit rapidement. Pourtant, il nous semble que cela est insuffisant pour expliquer la révolte, d’autant que là où ces causes n’existèrent pas, des rejets eurent lieu également, comme aux Tuamotu.

C3 – «L’affaire d’Anaa ( Tuamotu) ( 1856 )»

Partie intégrante, bien que mal délimitée, du royaume des Pomare, les Tuamotu de l’Est et du centre n’ont guère à subir les effets du Protectorat français en ces années 1840-1850. Mais d’âpres rivalités religieuses sévissent, surtout à Anaa, l’île la plus peuplée (2 000 habitants), le centre commercial le plus actif (nacre et coprah). Protestants et surtout catholiques et mormons, tentent les uns après les autres de conver-tir les Tuamotu. Le succès grandissant des mormons, qui laissent entendre, maladroitement, qu’une inter-vention américaine est possible, conduit le gouver-neur à envoyer le «Phoque» : le mormonisme est interdit, un poste de gendarmerie est créé.

Le 9 novembre 1852, la révolte éclate : le gendarme chef de poste est tué, un missionnaire frappé à coups de massue, un autre, le R.P. Fouqué laissé pour mort, flottant dans le lagon. «Les assassins avaient juré, non contents des victimes qu’ils avaient frappées, de ne laisser la vie à aucun français». On brûle le «livre de lois français», ainsi que le pavillon du Protecto-rat. Comme les secours tardent, les insurgés s’enhar-dissent quand survient enfin «L’Hydropraghe», le 4 décembre. Les quelques matelots qui composent l’équipage tentent un débarquement vite repoussé sous une pluie de balles. Le lendemain, le «Phoque» mouille à son tour : c’est en sa présence que les in-surgés pillent la mission catholique, brûlent église et presbytère, ainsi que les cases dès «piri farani» (par-tisans français). La force est nécessaire pour rétablir l’ordre : cinq meneurs sont pendus et en janvier, des soldats, essentiellement des «volontaires tahitiens», sont débarqués. Les missionnaires s’effrayent des pillages effectués, et de la prostitution engendrée par leur présence. Le travail forcé est établi. Le Père Fierens conclut : «on cherchera vainement, on ne trouvera d’autre cause à ces tristes événements que la haine du Protectorat. Certes, ce n’est un mystère pour aucun français résidant à Tahiti que notre dra-

peau n’a été qu’hypocritement adopté. Si quelques hommes semblent le soutenir, c’est qu’ils se sont compromis pour notre cause ou qu’ils sont subven-tionnés…Mais que demain les anglais se présentent. ..tous les indigènes nous abandonnent «.

C4 – «Rapa ( 1887 )»

Ce refus du Protectorat français, on le retrouve même dans l’île la plus éloignée, la plus perdue du Pacifique, Rapa, qui, et cette fois en 1887, est en « révolte ou-verte contre la France». Le gouverneur Lacascade écrit cette année là que «les gens de Rapa (192 ha-bitants) manifestent des velléités d’indépendance «Il se rend surplace à bord d’un navire de guerre pour ramener la population à de meilleurs sentiments à l’égard de la France, mais s’entend répondre:.. Nous ne comprenons, ni n’admettons votre intervention dans nos affaires. «Mais, les chefs se voyant déjà pendus», un détachement (15 hommes) s’apprêtant à occuper l’île, «les gens de Rapa» se décident à si-gner l’acte qui donne plein pouvoir à la France.

Tous ces actes isolés, au demeurant bien modestes, montrent cependant que la présence française n’est jamais acceptée spontanément et que la menace ou la force s’avèrent chaque fois nécessaires. C’est éga-lement le cas aux Îles Sous-le-Vent lorsque la France entend y élever son pavillon.

C5 - « La guerre des Iles Sous-le-Vent (1888-1897) »

Pendant près d’une quarantaine d’années, ces îles échappent à la France, comme l’exige la Conférence de Londres. Pourtant, en dépit de l’accord internatio-nal, et malgré l’échec du débarquement de Huahine en 1845, toute une politique d’approche est tentée. Ordres et contre-ordres se succèdent, le pavillon dressé puis amené, ce qui ruine le crédit et le prestige de la France auprès de chefs sollicités puis abandon-nés. Ces îles, tenues en main par les missionnaires protestants anglais, en dépit des liens étroits qui les lient à Tahiti, ne souhaitent pas l’intervention de la France.

Mais, comme nous l’avons vu, les nouveaux accords entre Londres et Paris, laissent les mains libres aux Français : la proclamation de la prise de possession des îles de Huahine, Bora Bora, Raiatea et Tahaa a lieu du 16 au 19 mars 1888, sans donner lieu au moindre trouble. Pourtant, dès l’année 1887, alors que des bruits courent à ce sujet, le roi de Raiatea est déposé ainsi que les chefs favorables aux français.

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La population «ne parlait de rien moins que de jeter les français à la porte, de proclamer l’indépendance de leur île». Trois navires de guerre mouillent alors devant Uturoa pour impressionner les habitants, tan-dis qu’à la même époque, «Le Scorpion» ne peut être distrait de la surveillance qu’il exerce à «Bora Bora, où la population nous est plus hostile que partout ailleurs». Un minimum de prudence s’imposait donc.

Pourtant sans précautions particulières, l’enseigne de vaisseau Denot est débarqué à la tête d’un déta-chement à Huahine, le 21 mars 1888... et accueilli à coups de fusils. Il est tué sur le coup, ainsi que deux marins, 4 autres gisent blessés. Rapidement, toutes les Îles Sous-le- Vent glissent vers la révolte, dont le centre est, la vallée d’Avera, à Raiatea, où le chef Te-raupoo, âme de la résistance, dispose d’un millier de guerriers.

Le gouvernement français est bien embarrassé : aux yeux des autres grandes puissances, il ne peut admettre que ces populations rejettent sa protec-tion. Dès lors «une drôle de guerre» s’instaure. On imagine un blocus autour des îles, tandis qu’une garnison s’établit à Uturoa. En fait, les rebelles, qui contrôlent totalement les îles, disposent des champs de taro et de manioc, ne redoutent rien sinon les dis-sensions internes : ainsi en 1894, les habitants de Ta-haa reconnaissent pour cheffesse la reine de Raiatea, mais refusent de lui verser le tribut, d’où quelques affrontements qui cependant ne suffisent pas «à la désagrégation des clans insurgés». La France rem-porte pourtant quelques succès avec le ralliement de Huahine, puis de Bora Bora ( 1894 ). Seul donc «Raia-tea la Sacrée» résiste toujours.

Ceci n’est pas du tout du goût du gouverneur des E.F.O. : «Notre rôle dans cette affaire n’a rien de flatteur pour notre amour propre... Il est humiliant et nous fait tourner en dérision par les étrangers». Plusieurs missions se succèdent : mais gouverneurs, pasteurs, consuls (fût-il anglais) n’obtiennent rien au cours des années 1894-1895. Paris décide alors d’en finir et envoie à Tahiti un homme qui s’est déjà illustré lors de la répression de la révolte canaque de Nouvelle-Calédonie, en 1877 : Gallet.

Grâce à des renforts venus de Nouméa, fin 1896, Gal-let met sur pied un corps expéditionnaire de 1 050 hommes (dont 355 volontaires tahitiens). Trois na-vires de guerre conduisent à Uturoa cette expédition qui y débarque le 1er janvier 1897. L’affrontement a lieu le lendemain : la victoire française est sans ba-

vure, ne coûtant qu’une vingtaine de blessés. Mais le chef Teraupoo demeure insaisissable et peut même lancer une attaque surprise sur la garnison d’Uturoa lorsque le corps expéditionnaire est occupé à pacifier Tahaa. Teraupoo n’est capturé que le 16 février. Il est immédiatement expédié au bagne de Nouméa, avec sa femme, la cheffesse de Tevaitoa, et trois autres chefs. 118 prisonniers partent pour les Marquises, et 300 autres sont employés aux travaux publics, aux Îles Sous-le-Vent.

Les établissements Français d’Océanie sont définiti-vement pacifiés.

Les descendants des foules guerrières, qui assaillaient le «Dolphin» de Wallis en 1767, furent dignes de leurs ancêtres : la Polynésie ne se donna pas à la France, elle dût être conquise par les armes. Des dizaines de soldats français tombèrent pour la conquête de ces îles perdues, que beaucoup estimaient sans aucun intérêt. Plus d’un gouverneur connut la disgrâce pour n’avoir su briser ces mouvements de résistance, que l’on regardait à Paris avec agacement...et stupeur.

Alors que le maire indépendantiste de Faa’a, M. Oscar TEMARU, dresse une stèle en l’honneur des tahitiens tués le 29 juin 1844, on peut se demander pourquoi il y eut un tel refus de la pénétration française.

En dehors des Marquises, en pleine anarchie, les îles qui luttèrent contre les français manifestèrent, à un moment ou à un autre, des sentiments très anglo-philes. Les chefs tahitiens, comme la reine Pomare, étaient persuadés que l’Angleterre allait les «pro-téger», comme ils le réclamaient depuis 1822. à Anaa, en 1852, on hissa le pavillon du Royaume des Pomare, mais aussi les couleurs anglaises et améri-caines, lors de la révolte «pour secouer le joug du Protectorat, pour se donner aux anglais et aux Amé-ricains». En 1893, le chef Teraupoo envoya ses émis-saires rencontrer à Tahiti, le consul d’Angleterre, afin de lui demander, par écrit, que son pays proclame le protectorat sur Raiatea.

Plus qu’être indépendant, on souhaite devenir an-glais. Observateurs et journalistes francophiles ne manquèrent de souligner le rôle actif de commer-çants et de colons anglais dans les soulèvements. Surtout, les pasteurs furent unanimement accusés. Il est certain qu’un homme comme Pritchard, qui refu-sa de révéler à la Reine une lettre du Foreign Office, annonçant que l’Angleterre n’interviendrait jamais (et il accrédita même le bruit inverse), porte une

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lourde responsabilité dans le conflit franco-tahitien. Ni les colons (pas toujours en situation régulière), ni les pasteurs (qui durent tous quitter les E.F.O. par la suite) ne souhaitaient une présence officielle dans «leurs îles». Doit-on en conclure qu’ils furent l’âme de la révolte ? Certes non. On vit d’ailleurs, lors de toutes les insurrections, des démarches réitérées de la part de ces religieux tentant de convaincre leurs ouailles de l’échec à long terme de leur mouvement.

En fait, comme le montre J.F. Baré, en épousant le Dieu des anglais, on épousait aussi leur pays, on se sentait anglais. C’est pourquoi on put se révolter contre les français au nom de son protestantisme car «du protestantisme à sa (principale) patrie, il n’y a qu’ un pas» vite franchi.

Aujourd’hui encore, «l’ombre portée des états-Unis, et au-delà, de l’Angleterre», de l’Angleterre de la Marine à voile, de «Rule Britania», envahit toutes les consciences...même en ces années 1980, aux Îles Sous-le-Vent.

On ne peut donc attribuer ces mouvements de résis-tance aux ressortissants anglais (pasteurs, commer-çants), mais plutôt à l’anglomanie des polynésiens, à leur identification à ce peuple européen dont ils avaient adopté la religion.

Pierre-Yves TOULLELAN

Avertissement

1. C’est parce que l’invasion coloniale de la Polyné-sie constitue indubitablement un acte de brigandage perpétré par la terreur des armes - acte qualifié de nos jours de terrorisme d’état - qui avachit le prestige de la France que des générations entières de polyné-siens ont été amputées, jusqu’à ce jour, d’une partie cruciale de la mémoire collective qui est la leur, et pire encore, délibérément induits dans le mensonge par la propagande de la «version officielle du don de Pomare V». Force est de constater, à la lumière des faits comme l’a fait l’auteur, que la vérité est toute autre : la Polynésie a bel et bien dû être conquise par le feu et par le sang.

2. Cet historique, aussi louable soit-il, ne saurait cependant suffire à décrire l’ensemble des événe-ments qui se sont déroulés à l’époque de l’invasion française ; beaucoup de faits resteront malheureuse-ment à jamais enfouis dans le cimetière de l’histoire des peuples vaincus et opprimés notamment ceux à tradition dite orale comme le nôtre.

3. Surtout, il convient de garder présent à l’esprit que la présente tentative de reconstitution est totalement française. D’un tel point de vue, il ne faut pas espérer y trouver la moindre critique à l’égard des exactions commises par les forces françaises d’invasion.

4. Dans ces conditions, point n’est besoin d’expliquer la raison du choix des termes utilisés : «rebelles, in-surgés» pour les patriotes polynésiens en lutte contre la pénétration étrangère française pour préserver leur liberté et leur souveraineté, «pacification, civi-lisation» pour les envahisseurs français cherchant à s’accaparer le territoire et les ressources d’un peuple dont la crédulité n’a d’égale que sa légendaire hospi-talité.

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MEA NAFEA TO PORINETIA RIRORAA MAI

IA FARANI

lriti hia e James SALMON

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I te matahiti 1842, a tupu ai no te taime matamua roa te farereiraa i rotopu te Hau Farani e te faa-tereraa huiarii Pomare, ua hema a’e na o Tahiti e te mau tuhaa i piri ia’na i te faanahoraa a te pererane. Maoti noa iho te mau orometua no te Totaiete Mitionare no Roretona i paûtuûtu mai-tai ai te faatereraa huiarii a Pomare, faate¬reraa amui tei taa’e i te faatereraa amahamaha tei mataro noa hia na i Ni’a-Matai. Inaha. Ua riro te tama’i no Feipi (Punaruu) i te matahiti 1815, ei rê na Pomare 2 e na te faaroo keretitiano atoa, i te mea i reira oia i te faatumu roa raa i roto i te oraraa o te nunaa màohi. I taua tàu ra, te arii ra o Pomare 2 i Ni’a-Matai (Tahiti, Moorea e Tetiaroa), i Tuamotu Too’a-o-te-ra, i Tubuai e Rai-vavae (Tuhaa-Pae) e, e roo rahi atoa ho’i to’na i Raro-Matai, na roto i to’na mau au-fetiiraa. Mai te parau no te tapihoora, tauihaa e o Niu-Terani (no te pua’a ta-miti ) tae mai te parau no te mau rahiraa pahi rava’i tohora e tere mai nei na te pae Apatoa e o te tapae mai i te fenua, te rahi noa atura te faanahoraa a te peretane, o ta te mau mitionare i omua a’e na mai i Tahiti na roto te papai raa ratou te puta Ture maohi ( a Pomare ).

Eita ïa e maere hia i te mea e, i roto noa i te area matahiti 1822 e 1844, ua tata’i va’u te taime te mau Raatira no Tahiti ani noaraa ia Peretane e ia haamau oia i ta’na faatereraa hau-tamaru, aita ra te reira i faarii hia mai.

Te hoê atoa tumu no teie mau aniraa, oia ïa te paruparu e ite hiara ra i roto i te faatere huia-rii i te taime a mate ai o Pomare 2 i te matahiti 1821. Mai tana tamaiti, o Pomare 3 (1820-1827) tae atu i ta’na tamahine, o Pomare 4 (Aimata 1813-1877), aita te tavaha no te faatereraa o te patireia e mau ra i te tape’a : na te tama’i poto,

i tupu i te matahiti 1833, i faaite ê, te vai ra e piti pû mana faatere : a tahi, te opu fetii huiarii a Pomare, e te piti, o te mau Raatira huiarii tahito ïa no mutaa ihora. Ua faaohipa te mau ratere no Europa i taua amahamaharaa ra e ua manuia maitai, mai te pae no te faaroo (inaha ua taati atu te mau mitionare tatorita i Maareva i te matahiti 1834 e te tamata ana’era e tomo i Tahiti) e te pae no te imiraa faufaa (ua riro te tapihoora tauihaa i te Hau ê’e). Te rahi noa atura te ratere e manii mai nei i te fenua : te rahi atura te mau pahi rava’i tohora, te rahi atoa ra te mau hoo-tao’a, ta ratou mau faahuehueraa e ta ratou hororaa i mua i to ratou mau Hau fenua no te faaûpooti’a ta ratou mau aniraa ti’a-ore. I reira te rahiraa mai te mau Ti’a-Hau no tera e tera fenua. Mai ïa Pritchard, Ti’a no Peretane, Moerenhout, Ti’a no Marite e no Farani i muri mai, aita atoa ratou e faaea hapa-ore noa ra, i te me’a ê te vaira ta ratou iho mau imiraa faufaa. E aita atu ta rarou rave’a no te haamanuia ta ratou mau opuaraa, maoti te ani-raa i te turu a to ratou iho mau manuâ tama’î : mai te matahiti 1837 tae mai te matahiti 1842, e 6 manuâ ta Marite, e 6 ta Farani, e 7 ta Peretane, i Tahiti noa ...

A -Te mau Hau rarahi e to Patitifa

Ua riro mau iho’a te oti’a moana no Patitifa ei tutonu raa mata i te omuaraa no te 19 o te te-nerere. Haamata te mau nounou i te pae fenua Marite Apatoa, i te taime a ti’avaru hia ai te mau nuu Paniora. O Farani te Hau fenua matamua no Europa i faarii e faatura i teie mau Hau tiama apî e ti’a mai nei, i te area 1830-1831, i te mea ua manao oia e roaa ia ‘na ia faanaho i te pae imi-raa faufàa. No te haapapu i to’na ti’araa i teie oti’a moana, ua haamau roa oia i te hoê faatere-

E 5 na tuhaa motu o te fenua e pii hia ra i teie mahana o Porinetia farani. O te patireia ia o te hui Pomare i mutaa ihora, tei haamau hia i Tahiti, e ua taati hia atu te tuhaa no Nuuhiva e no Maareva ma. Aita ia e taa’amuraa mau i rotopu i teie mau tuhaa motu i te mea na te Hau ai-fenua rarahi o te 19 o te tenetere i taamu î taua mau motu ra na roto i ta ratou mau haruraa fenu. Ia hi’o hia, e rahi a’e â te mau âuraa hohonu i roto i te tuhaa no Rarotoa e o Raro-Matai ma, i to te tuhaa motu Nuuhiva ma. E nehenehe ia ia parau hia ê, maoti mau te raveraa a te hoê Hau no Europa, oia o Farani, i hoê ai teie mau motu tei purara i ni’a i te hoê a’anoraa hoê a rahiraa e o Europa, hau atu i te 2.000 maire te atea o te tahi e te tahi, e a riro mai ai ei haapûraa-tari’a farani o tei mo’emo’e i teie mahana i roto i te moana Patitifa, tei riro ho’i ei haapûraa-tari’a peretane.

MEA NAFEA TO PORINETIA RIRORAA MAI IA FARANI...

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raa nuu ihitai i te matahiti 1837, o te «Pare no te tuhaa moana Apatoa» ; teie ra, ua hau a’e to’na nounou i te mau fenua no Marite (Tireni, Peru) ia Oteania. Tei te matahiti 1841, i te taime a tuu hia ai oia i roto i te rima o te Atimarara Dupetit-Thouars i rave papu ai teie nuu ihitai ta’na mau faanahoraa. I reira oia te haapaariraa i to’na ti’ara a i roto i te oti’a moana no Oteania.

I mo’e na, e te faûra faahou mai nei o Farani i Patitifa i te tau no ta’na Faatereraa huiarii o tei pii hia Faatereraa nô te ava’e Tiurai. Aita atu ta’na maoti te hi’o mata ia Peretane i te tomoraa i te fenua Autararia : i te matahiti 1840, ua riro te taa-toaraa o Autararia i te peretane e ua opani oia i te mau Hau ê atu. Faaoti ihora te Hau farani, ma te turu hia e ta’na Faatereraa nuu ihitai, e rave atoa i ta’na mau haruraa i roto i teie oti’a moana, inaha e manuia rahi ho’i to Peretane, i ti’a ai i to’na Ariivahine o Victoria ia faariro ia Patitifa mai te hoê apoo pape no’na. Ua mana’o o Farani e o’na ana’e te ti’a ia aimaro e o Peretane, i te mea aita o Paniora e aita ato ‘a te Hau Marite e tau’a maira i te oti’a moana Patitifa i taua tau ra. Inaha, aita te tere o te taata marite o Porter i Nuuhiva i te matahiti 1814 i tau’ahia. Noa atu a ïa e 300 pahi rava’i tohora ta Marite i te matahiti 1836 i Patitifa, aita ra oia i haapaari i to’na ti’araa e tae noa atu i te taime, a mau ai te tuhaa no Oregon (1846) e te tuhaa no Tarafonia (1848-1850).

E rave’a anei ta Farani e nehenehe e faaohipa no te aimaro atu e o Peretane ? Ua naho te faa-tereraa nuu ihitai a Farani i te mea, i te matahiti 1837, e 40 pahi tamaî, e 50 manua tima-toru ê, e 220 pahi faito ê atu ta’na e tia’au ra, e o tei riro ei te’ote’oraa na’na. I muri a’e i te tomo raa hia e a’na te fenua Areteria i te matahiti 1830, ua ma-nao oia e, ua îneîne e ua tae i te taime no te haa-mata i te haru mai, na roto i te puai nuu, te fenua Mexique (1837) e te fenua Raparata (1845). Te imi atoa ra oia e haamau te mau taahiraa avae no’na na te ao ato’a nei.

Aita atura ïa e faufaa faahou no te mau manua farani i tono hia i Patitifa ïa faahua tauturu te pa-rau no te mau maîmiraa no te huna te opuaraa tumu : ua taui te aratairaa, e au atura ïa te mau aivanaa i taua taime ra ei manihini o tei faarii hia e apee i te mau tere haruraa fenua. E ere atura ïa mai te tere i aratai hia e Dumont D’Urville no te pae o te maîmiraa i te area matahiti 1826 e 1829. Inaha, e tau apî teie e fâ mai nei : te tono hia nei

te nuu ihitai no te paruru te rava’airaa tohora, te tapihooraa a Farani e no te titorotoro haere i tera vahi e i tera vahi. E ti’a ra ia parau hia e, aita â i tae atura î te taime no te haru eiâ raa te fenua o vetahi mau nunaa ê atu. I te mea ua manao teie mau Hau rarahi e paruru na mua roa te tiamaraa o te mau Hau riirii ïa ohie i te mau manua tama’i ia tapae atu ma te fifi ore ïa tupu noa atu te ta-maï. Te faaitera ra te tapena farani o Laplace, i te matahiti 1838, i te faufaa no Farani ïa faanaho oia te hoê taahiraa avae nona i roto i Patitifa, ma te tohu atu i te tuhaa motu no Nuuhiva o ta te atimarara Dupetit-Thouars i feruri atoa e mea ti’à ia tàpe’a hia mai no te haamau i te hoê haapûraa feia mau-auri.

Tei te area matahiti 1830 to Farani haamataraa i ta’na mau opuaraa aifenua. Te tere haere ra to’na mau manua tamai na Patitifa, e ere atura no te tapihooraa tauihaa te tumu... I taua taime ra, mea iti roa te taata farani e parahi ra i te mau tuhaa motu Porinetia e Meranetia ma (e 20 ana’e farani i Tahiti). Noa atù a ïa, e ere te taatoaraa o te mau mitionare tatorita te taata farani, na ratou ra i horo’a ia Farani te moihaa o tei faariro hia e a’na ei rave’a no te tomo haere na roto i te mau Hau fenua no Porinetia !

E -Te tomoraa o Farani i roto i Oteania

Mai te matahiti 1827 i haamata ai te mau mitio-nare tatorita e poro evaneria i roto i te mau nu-naa oteania to «picpus» i Porinetia, te «mariste» i Meranetia. Mai te mea ra e fifi ana’e to ratou i te mau vahi atoa, no te farii ore anei a te paieti-ore e aore ra no te mea e ua mau a’e na te porote-tani peretane, e aita atu ta ratou peu maoti te ani raa ratou i te mau Raatira no te nuu ihitai farani ia turu ia ratou, inaha, ua oti hoi i te faaoti hia mai e te Faatereraa huiarii no Tiurai a Farani e ia paturu mau hia te mau mitionare tatorita noa atu te huru ote fifi e farerei hia, ia au te faaâuraa a Farani e te Faaroo Tatorita. E hepohepo rahi to Farani i taua tau ra, ohie noa atura te ai-marôraa i te pae no te faaroo i te faariro hia ei ai-marôraa na na Hau toopiti, o Farani e o Peretane ...

I muri a’e te ti’avaru raa hia e 2 na mitionare fa-rani tatorita i Tahiti, i te matahiti 1836 e 1837, ua faanaho mai te atimarara Dupetit-Thouars te hoê faahemaraa no te pae o te nuu, tei haavî te ariivahine Pomare 4 ia ta-rima i te parau faaâu no te 4 no Tetepa 1838 ia faarii hia e a’na te mau

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faaroo atoa ; e ere o te reira ana’e te faahemaraa no taua tumu : oia ta Cécile i te matahiti 1838, e te manua “Héroïne” e ta Laplace i 1839 e te manua “Arthémise”.

Ua rave atoa hia teie mau faaiteiteraa puai nuu i Vaihi e Wallis ma, o te pe’ape’a hia e vetahi mau Hau ê atu. I reira te ite papu raa hia te aratairaa poritita a Farani i te mau vahi atoa, o tei faatupu i te hepohepo, aita ra oia i haamata atu ra i te haruraa fenua.

O Niu-Terani te tumu matamua : inaha te nounou nei o Autararia i na motu rahi e piti, e ua imi oia i te ravea i te pae no te Faateraa Hau peretane no te haru mai i teie fenua. Te ora ra hoi hoê 1 000 peretane i reira e te tapihoo ana’e ra ratou e te oire no Sydney i Autararia. Ua tamata atu o Farani e tomo i te tuhaa apatoa no Niu-Terani, i te ô’ô’a no « Banks » i Akaroa. Te tumu te reira i faaoti ai o Roretona e aneti na motu toopiti, na roto i te parau faaâu no Waitangi i te matahiti 1840. I roto i te hi’oraa no taua tau ra, mea titau hia ia tâtâ’i o Farani i taua manuia ore no’na. I te mea ua faa’ite o Peretane i te huru no ta’na mau haruraa fenua, ua ti’a ia Farani ia rave atoa i taua faanahoraa ra i te vahi ê atu. I aratai iho nei o Dupetit- Thouars te mau mitionare no «picpus» i te tuhaa Nuuhiva ma, e tei reira te tutonu raa te mata o te Faatereraa nuu ihitai a Farani. Na roto i tana faaueraa, ua haru mai te atimarara i taua tuhaa ra, i te mahana matamua no Me 1842,

Ua ite anei o Dupetit-Thouars te faufaa ore no taua mau motu ra (pae no te faaâpu e te tapi-hooraa) ? E no reira anei i fano atu ai oia i Tahiti, i te 9 no novema 1842, e i haamau ai, na ni’a noa i tona manao, te Hau-tamaru, e te hoê Faa-tereraa-hau-tau-poto (mai Novema 1842 tae atu i Novema 1843), Ua faaûe ato’a oia i tona mau rima rave ia tere e haru i te tuhaa motu no Wallis e Maareva ma, e ua opua e haru ia Vaihi ma, noa atu â ia e ua na mua atu vetahi mau Hau rarahi te haamau ia ratou i reira e i te faanaho i ta ratou mau tapilhooraa tauihaa rave rau o tei hau atu te rahi i ta Farani i ho.

Oi’oi’ noa ihora o Roretona te paruru i te tuhaa motu no Vaihi i te mea o tana ia e nounou ra, na roto i te Faaâuraa no Novema 1843, tei paturu atu te tiamaraa ote faatereraa huiarii a Kameha-meha. Maoti vetahi mau hape i rave hia i Tahiti e te mau tapa’o ana’ana no te nuu ihitai farani (mai

te tape’araa hia te Ti’a-Hau no Peretane o Prit-chard) e te umeumeraa e tupu ra i roto ia Farani e Peretane, ua roa’a ia Peretane te haafaufaa-ore te mau Hau-tamaru a Farani i ni’a i na tuhaa motu no Wallis e Maareva ma, e i te faatea ia Farani i te pae Raro-Matai ma i muri a’e i te ruru-raa no Roretona (19 no Tiunu 1847).

Ua ite hia i te area matahiti 1845-1850 te hoê otohe raa o Farani e no ta’na mau ohipa i roto ia Patitifa. Tei te Piti o te Faatereraa Emepera, na roto i te aneti raa hia o Taratoni ( 1853 ), to Farani faahaere faahou raa ta’na poritita i Oteania, aita ra i ra’ea hia e a’na te una’una no muta a ihora i te tau no te Faatereraa Huiarii no Tiurai. E 2 ho’i fenuà haru apî e fatu hia e Napoléon 3, o Taratoni e o Tahiti, e aita e taamu ra a to tetahi e tahi, aita atoa te parau no te faahoturaa faufaa i faahaere hia atura. Aore â ho’i te tiaraa o Farani i Porinetia i papu maitai atura : aita o Nuuhiva, tei riro i te haru hia mai, e tau’a faahou hia ra i te mea tei Tahiti to’na haapuai raa, e maoti noa te faatereraa Hau-tamaru i parahi ai Farani i reira, i roto ra i te tutaperepere.

Aita a ïa te vetahi mau tuhaa motu i riro atura ia Farani, e tae roa mai i te area matahiti 1860-1870. Mea iti roa te farani e parahi ra, e te vara-vara ho’i ta ratou mau fare-toa. I roto ra i taua taime ra, te puai noa mai ra te faaterera haavî a Farani, e te taimaha mai ra tana haavîraa i ni’a i te faatereraa huiarii no Tahiti, i te mea ua hema te ariivahine o Pomare 4 i te faatarima noa hia te mau parau faaûeraa rave rau ( tei papa’i hia ho’i na roto i te reo farani, reo tei ore e ta a papu hia e a’na ).

I roto i na 10 matahiti i muri mai, te ite hiara te hoê tauiraa i te pae no te mau faanahoraa a te mau Hau aifenua i Oteania, na te hiti ihoa ra no Patitifa (i te mau pae Asia ma). Inaha, o Peretane teie e ti’a faahou mai nei, na roto i te haru raa i te tuhaa no Fîti ma i te matahiti 1874 : inaha, te ite papu ato’a hia ra te faufaa mau no teie mau pae motu Oteania i te pae no te tihota, te vavâi, te vanira e te puha.

I taua taime ra, e au o Tarifonia mai te aûri ô¬vahinera te huru ( i muri a’e i te iteraa hia te pirû i te tuhaa Too’a-o-te-ra ). Ua rau te mau reni pahi i te area no te oire marite o «San Francisco» e te oire no “Sydney” i Autararia. Mea titau ru hia ia haamau te mau haaputuraa arahu no teie mau

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pahi matini arahu ; te tumu te reira o Peretane, Farani, Marite e o Heremani, i imî ana’e ai te mau vahi tapaeraa pahi, e no te mea ato’a te hiti tamau ra te parau, i te matahiti 1880, no te iriti raa hia te hororaa pahi no Panama (tei tupu roa i te matahiti 1914). Aita atu e vahi i te ao nei, tei riro i te haru popore hia mai teie pae oti’a moana no Patitifa : inaha, ua tapûpû hia te mau tuhaa motu, te mau motu iho, tae roa atu te mau o’o’a ato’a, mai ia Pago Pago i te pae Hamoa ma, o tei ai-maro hia e te Marite, te Peretane e te Purutia.

I roto i taua haruraa motu ra, o Farani te Hau no Europa paruparu roa a’e. E ere oia mai ïa Peretane (Autararia) e ia Marite (te ruperupe o te fenuaTaratonia), i te mea aita to’na e taahiraa avae. Aore hoê noa a’e tereraa ohipa no Initia-taina e te mau Ai-hu’a-raau no Oteania, tae noa atu ia Taratoni ma. Aore ato’a a Farani e imiraa faufaa faahiahia mai ta Heremani i manuia i te haatupu i teie pae oti’a moana nei. Ua riro ato’a te pâuraa o Farani ia Purutia i te tama’i no te matahiti 1870, ei faaoriorio i to ‘na hanahana ; «inaha, ua tae roa i te faahiti hia te parau e, aore e taata farani e ora faahou i te mea ua mate pau-roa ratou !». E no te matahiti 1880 noa ra, te ite-raa hia te mau manua farani te teretere faahou-raa mai na te moana Patitifa. Noa atu a ïa vetahi mau pahi tama’i o ta’na i tono mai, aore ra oia e ô faahou atu i roto i te tuhaa ropu no Oteania e i te pae Apato’erau no Patitifa, e aita atu ho’i to’na mau pupu taata aifenua maoti ia te mau mitio-nare tatorita ana’e ra (ua pûpû atu oia ia Vaihî ma i roto i te rima no te mau Pope Peretita !).

E tiaraa papu ra to Farani i te pae Hitiaa-o-te-ra no Porinetia, i te mea e aita te aimaroraa a te mau Hau rarahi i hahi atu i reira. Te parau hia ra ra i te Faatereraa Hau farani e, aita i mau ia Paris i te tape’a mai te motu ra no «Rapa Nui» o tei ani na ho’i ia aneti hia oia e Farani, no te hohonu o to’na âuraa e o Tahiti. Riro atu ai teie motu no na tii e 600 i te Hau Tireni i te matahiti 1888.

Ua tiaturi hia e, ia au i te mau peu no taua tau ra, eita ia te tuhaa no Rarotoa ma e mahere ia Fara-ni no te rahi o te mau âuraa e te tuhaa Raro-Ma-tai ma. No te tutaperepere raa o Farani, riro ato’a atura, i te matahiti 1888, i raro i te hau-tamaru a Niu-Terani. Ua ite hia te pae Apato’erau no Raro-toa te aniraa mai ia Farani ia aneti hia oia, aita ra i tau’a hia atu. Ua tupu te hepohepo i Farani : te faahiti ra te ve’a farani ra «Le Siècle» e, Ua haru

hia te hoê tuhaa motu Farani e te mau Peretane. Ua rahi te ma-ino’inoraa a te feia aifenua i faatae na roto te mau ve’a e o te tumu te reira i iriti roa hia ai te tiaraa o te Faatere-Hau no te mau Fenua ai-hua-raau farani, o La Porte :

I te 29 no Tiunu 1880, ua aneti o Farani ia Nia-Matai ma (Tahiti e Moorea) e te tuhaa Tuamotu. I Maareva, ma, aita te faatereraa Hau-tamaru i haamana hia : ua riro te Pope tatorita ei Ti’a-hau farani i Maareva i roto i te hi’oraa a Paris, noa atu a ia te faarii-ore a te mau mitionare e ia o’omo mai o Farani ia’na i roto i te faatereraa e mau papu hia ra e ratou. Ua ite hia te fifi raa e no te reira i tono roa hia ai te hoê Tia-hau i te matahiti 1869: aneti hia Maareva i te matahiti 1881, are’a te Papature maàreva oia o te ture maohi, te vai ra ia i te vai maite raa. I Raro-Mata’i ma, ua riro te mau opuaraa a te Hau Purutia te faatupu te ma-na’ona’oraa no Bora Bora. Aita roa o Peretane e au ra ia Heremani ia faaô mai ia’na e no reira, ua faa’oreatu oia te parau faaau hia e a’na e o Farani i Jarnac, riro mai ai Raro-Mata’i ia Farani i te matahiti 1888 e vâhi atu ai raua i te tuhaa motu Hepirita (oia o Vanuatu) na ropu no raua.

Aita atu ia e motu e vai ra maoti to te Tuhaa Pae ma i te mea ua aneti hia o Nuuhiva ma mai te matahiti 1842. Mea iti roa to Europa e ite hia i reira, aita atu ai feia i tomo atu maoti te mau mi-tionare Momoni e te mau orometua peretane. Ua mana’o o Farani e haru ato’a i te motu no Rapa, oia te motu atea roa a’e, no te ti’aturi raa oia e te vai ra paha te arahu i reira. I te matahiti 1886, te pe’ape’a hia ra a riro teie motu i te haru hia e te Hau Niu-Terani no ta’na ra mau reni pahi arahu. Aneti hia atura Rapa e Farani i te matahiti i muri mai, Rimatara i te matahiti 1900, e o Rurutu i te matahiti 1901 (i te mea e ua taati hia o Tubuai e o Raivavae i te patireia a Pomare, ua aneti hia ia taua na motu ra i te matahiti 1880). Noa atu teie mau aneti raa, ua vai noa o Tuhaa Pae ma i roto i te otareraa, ia ora noa na te oraraa i mataro hia e ratou i mutaa iho ra.

Ua papu roa te oti’a no te mau Fenua Ai-Hu’a-Raau a Faranii Oteania i te area matahiti 1842 e 1901.

F -Te Mau Aroraa no te vai tiama raa (1842-1880)

Eaha te mana’o o te mau «initia», te mau

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«etene», o te i’oa ia o te mau nunaa taata pori-netia e topa noa hia ra i taua hope’a tenetere, no teie tomoraa hia to ratou fenua ai’a tupuna e Farani, mai te Hau-tamaru tae mai te anetiraa hia, no te o’omoraa mai oia i ta ‘na Ture tivira e te haruraa te mana faatere na roto i te haavi.

Aita atu iho a ïa parau e faahiti noa hia ra, mao-ti ia e, na te nunaa iho o Porinetia i taparu i te pererau tamaru o Farani (e riro ra teie parau i te taimaha ia tupu te mau aroraa i Raro-Mata’i ma). Eaha mau te parau mau ? E ere roa atu mai te parau i faa’atutu noa hia na e, «na Porinetia iho i pùpu atu ia’na i te Hau Farani», e ore roa e ti’a ia haamo’e hia te mau aroraa rave rau i tupu i te mau tuhaa motu ato’a no te tape’a raa ratou i to ratou tiamaraa, taa’e noa atu ia Tuhaa Pae ma, oia te parau no Nuuhiva.

Fl - «Aroraa a to Nuuhiva ma»

Aita te parau no te aneti raa hia te tuhaa Nuuhiva ma e Farani i atùtu rii noa a’e na te ao. Ua ohie noa teie ohipa i te rave hia : parau mau, e nuu farani rahi o te faatere hia ra e Dupetit- Thouars (1 800 ihitai, 400 fa’ehau, e ua rau ta ratou moiha tama’i no te vahi papu e no te vahi mou’a). E ore roa taua nuu ra e rurua i to Nuuhiva ma : mai te mea ra e ua hi’a te taato’araa o Nuuhiva i roto i te rima o Farani ma te tama’i-ore hia, e ua patu te nuu farani taratou mau pâ aroraa i ni’a i te puu mou’a tapiri i te mau o’o’a e i te mau mata’ie-naa. I te ava’e, no Tiunu 1842, ua reva mai te atimarara...E i te 17 no Tetepa, ua ti’a te raatira rahi no Tahuata o “Iotete”, e aro atu i te tapena pahi farani o Halley e faatere ra ia Nuuhiva. I te omuaraa ra, ua ite hia te fifiraa te mau fa’ehau.

Ua rava’i atoa to Nuuhiva i te moihaa pupuhi e te aravihi no to ratou ite papu i te huru no to ratou fenua, faatupu atu ai te tama’i taponiponi ma te haafifi roa i te mau pâ aroraa farani i te mea e, te vai atoa ra ta ratou hoê topita mou’a e hoê pupuhi tahito. Te faaûraa i arata’i hia e Halley, ua faufaa-ore oia i te «mea ua mate roa te tomana iho, te hoê ofitie ihitai e, e 6 fa’ehau o tei pepe. I te hope’a no taua “aroraa nona mahana e 8”, 26 fa’ehau farani tei pohe roa. Noa atu a te haruraa hia e rave rahi mau faa, te faaâtearaa hia te mau huiraatiraa, ua ti’a te nunaa o te motu no Nuuhiva, i te matahiti 1845, e ua taparahi pohe roa e 5 fa’ehau farani : mea taimaha te tahooraa (rave rahi etene i mate e i reira to te raatira ra o Pakoko pupuhi raa hia).

Mai te matahiti 1847 tae mai i te matahiti 1849, e taiâ rahi to te nuu farani ia faaru’e i to ratau puhapa, i’au te faahitiraa a te mau mitionare, faa reva hia mai nei te nuu i Tahiti (no tetahi mau aroraa ê atu...), vai noa atu ai o Nuuhiva ma. Te vai tamau ra te huehue, e no te rahi o te mau aroraa i rotopu i tera e i tera pupu, ua tono hia atu te mau manuâ tama’i no te tupita ia ratou. O Hiva Oa te vahi fifi, i haamau roa hia ai te hoê aua fa’ehau i te matahiti 1850.

No te rahi o te huehue e ite hia ra i te hope’a matahiti 1870, i Nuuhiva e i Fatu Hiva ihoara, aita te hau i tupu noa atu te haamauraa hia hoê nuu muto’i farani e hoê nuu fa’ehau.

No te eta’eta rahi o te nunaa Nuuhiva, ua tae roa te mau huimana no Paris i te ûiûi e «e ere a nei i te mea hau ia faaru’e hia o Nuuhiva ma». Maoti noa iho te opuaraa no te faatoro raa te hororaa miti i Panama i faaoti ai te Hau Farani «e haa-paari i to tatou ti’araa i roto i teie fenua Nuuhiva».

I te ava’e Tiunu 1880, ua tono hia atu te atima-rara Dupetit-Thouars (te tamaiti a te taea’e no te atimarara matamua) i teie tuhaa motu ma te apee hia atu e 3 manua tama’i, 700 fa’ehau fa-rani e e 300 fa’ehau no Tahiti mai. Ua manuia te tere o teie nuu haavî, inaha ua haru hia te mau moihaa tama’i, ua haru e ua ti’avaru hia ( i te vahi tape’araa i te fenua Taratoni ) te mau raatira. Noa atu a ia e ua tupu te aroraa i Hiva Oa, ua ohie ra te ohipa. Ua tupu te mamuraa, e mamuraa tai-mahaa mai to te pohe ra, i Nuuhiva ma, ua mû te aroraa, aore e aito faahou e toe.

E âu ra e, 60 000 nunaa taata e ora ra i mutaai-hora, 20 000 i te matahiti 1840, 6.000 i te mata-hiti 1874 e 3 500 ana’e i toe i te matahiti 1902.

Ua haamata teie nunaa i te mou na roto i te mau tama’i o tei tupu i rotopu ia ratou iho i te roaraa no te 19 o te tenetere. Ua rau te mau enemi no tera e no tera faatereraa motu, are’a te farani. o te hoê noa iho ia o to ratou enemi. Mai te mea ra e, ua arepurepu a’e na o Nuuhiva mai te area matahiti 1842, e ua fifi roa te oraraa hau na roto i te tapaeraa atu te mau pahi rava’i tohora e to ratou ra mau ratere.

No reira, e ere i te mea ohie ia parau, e ua tupu mau te tama’i no te tiamaraa, no te rahi o te mau aroraa i roto i te hoê anei faa e aore i te hoê noa

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motu, e ere ra i te taato’araa o Nuuhiva ma. Mea taa’e roa te parau no Raro Mata’i ma.

F2 – «Te tama’i Farani -Tahiti (1 844 -1 846)»

O Tahiti te pito o te Faaroo, o te motu atoa tei hema i te mau moihaa e i te mau arata’iraa no roto mai i te nunaa Europa ma, e no reira mai ho’i te ti’araa mai te faatereraa huiarii a te u’i Pomare. E âu ra e, aita te ariivahine o Pomare 4 i faarii te faatereraa Hau-tamaru tei faanaho hia e Dupetit-Thouars i te matahiti 1842 na roto i te puai nuu ; e ua ti’a roa atu oia i mua i teie atimarara, i te matahiti 1843, no te pato’i te parau faarii i tarima e te arii Louis-Philippe no Farani.

Ua ti’a ta’ue te atimarara e te hae atoa : ua tuu hia mai te mau nuu farani i te 6 no Novema (1843), ua tape’a hia te ti’araa mana o te arii vahine, e ua haru atu oia i te faatereraa o te fenua. Mai ni’a. i te pahi peretane ra o, «Basilik» i reira oia i te ho-roraa atu, to Pomare 4 ti’aororaa i te mau raatira, te hau fetii, no te turu ia’na i roto i ta’na pato’iraa. Ua ati ti’a o Tahiti te pato’iraa, i te taime a reva atu ai te atimarara ma te vaiho mai te tavana rahi o Bruat i roto i te hoê taime hepohepo.

1 000 fa’ehau, e 4 pahi tama’i ta Bruat i faaohipa no te haapaari iana. Ua riro o Papeete ei tahua tama’i, ua patu hia te mau pâ aroraa, i Taravao atoa, no te tapû ia Taiarapu e o Tahiti Nui. Haru atu ra Bruat e 6 raatiraa. ti’avaru atu ra vetahi pae (oia to Teva I Uta) o ratou tei horo taponi i uta i te mou’a. I reira to Pomare Vahine 4 haapapu raa i ta’na aroraa i te mau farani ma te turu hia e te hau fetii.

Tei Taravao, i te 21 no Mati 1844, te tama’i a Fa-rani e o Tahiti te haamataraa ; 2 fa’ehau farani tei taparahi pohe roa hia, tupita hia iho ra te mau mataienaa tapiri e te mau pahi tama’i farani. Teie mau pahi, o te puai ia no te moihaa e mau hia e Bruat, e te ite ra oia i te haati raa hia i roto i to’na na pâ e piti o Papeete e o Taravao. Are’a te taato’araa o Tahiti, tei roto ia i te rima o te mau raatiraa pato’i o tei faanaho ta ratou mau aroraa mai roto mai i te mau faa rarahi (mai Papenoo e Punaruu). Aore ite hia te faito numera o te mau aito i ti’a mai. Ua faahiti te aivanaa o Newbury te numera ra e 4 000 aito, e mai te mea ra e ua rahi roa teie numera i te mea e 8.082 nunaa taata i taua tau ra (ia au te tai’oraa nunaa no te matahiti 1848 i faatupu hia i muri a’e i te tama’i).

Aita te taato’araa o te mau mata’ienaa i ti’a atu no te aro : inaha ua piri te mau raatirarahi mai Tati, Hitoti e o Paraita i te farani, tae noa atu te raatira e haava ho’i no Moorea, o Tairapa, tei turu i te nuu e ua faaô tino ma Atu te raatira ra o Ha-noto ia’na i te pae o te farani. E ti’ara paha ia ûi hia e, e feia piri farani mau anei teie mau taata «i te mea na te farani ho’i i haapapu te ti’araa mana o teie mau raatira», e aore ra, no to ratou anei faarii oreraa te faatereraa huiarii a te û’i Pomare ? E âu atura e, o te amahamaharaa poritita no mutaa ihora te tumu mau e ua na reira to Farani faaha’uti raa. Taa’e noa atu te tau’a ore raa veta-hi mata’ienaa, ua tae atoa i te tahi e atu ia horo’a te pupu taata no te faaô i roto i te nuu farani.

E 3 taime taa’e i ite hia i roto i te «tama’i no te tiamaraa». Ua imi na mua o Bruat te rave’a no te vavahi te tavaha i faanaho hia e te mau maohi : ua faareva atu oia i te ava’e eperera 1844, i Mahaena, 441 fa’ehau o te paruru hia e te tupita a na manua tama’i toopiti. Tei reira te puhaparaa te mau feia pato’i, 1 000 aito tae noa atu ... e 3 to-pita, tei riro i te haru hia i muri a’e i te hoê aroraa paari, pohe atu ai 15 fa’ehau e, 51 pepe, i te pae farani. Aita te rahiraa pohe i te pae o te maohi e ite hia i te mea te ohi atura ratou to ratou mau pohe. Ua ite hia mai ra 102 tino pohe i roto i te mau apoo. Vai noa atura na pae e piti i te matahiti 1845 i roto i te hi’opo’araa : te pae pato’i o te mau maohi tei roto i te faa no Papenoo e Punaruu te faaea vî-ore noa raa. Patu faahou hia a vetahi mau pâ aroraa no te opani i te feia orure hau ia haere atu i tahatai (ua aro i te otu’e no Matavai e i Faa’a). Te patu noa hia ra te mau i Papeete e te tapae mai ra te mau nuu apî mai Nuuhiva mai.

Ua tupu te piti o te taime i te faaotiraa o Bruat e tuu atu i te nuu i te tuhaa Raro-Mata’i ma. Tei reira o Pomare vahine 4 te parururaa hia e te tururaa hia e te mau raatira, oia te taato’araa o to’na opu fetii. No te rahi o te fifi e ite hia ra, faaotinoa atura o Bruat e tape’a i te mau tereraa pahi i Raiatea e tuu atura te hoê nuu no te haru ia Huahine. Tapae atu te Tomana Bonard i te 24 no Eperera 1845 ma te aro hia mai e te nunaa : pohe roa te ofitie Clappier e 17 ihitai farani. 53 fatehau i pepe. Ua faaite te fa’ehau ra o Mullot e “ua rahi a’e te enemi ia ratou e no te faatereraa hia to ratou nuu e te mau ofitie ihitai, e no te papu-ore o ta ratou faatereraa, ua horo haere noa atura te mau fa’ehau farani !”. Haamau ru noa hia atura te hoê pâ aroraa e te nuu farani, e faaru’e hia atura

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no te ho’i mai e paruru ia Papeete. Ite hia ihora te maemae rahi o te Tomana Bonard e te mau feia pato’i no Tahiti, e riro atura ei faaitoitoraa ia ratou no ta ratou aroraa.

Faanaho ana’e atura ratou e 2 faaûraa, hoê i te pâ aroraa farani i te otu’e no Matavai, e te piti... i Papeete. E piti taime te tupuraa taua faaûraa ra, i te 20 e te 22 no Mati 1846, riro atura te oire i te mau feia haru, e horo ana’e atura te mau nunaa taata europa e parahi i ni’a i te mau pahi i roto i te o’o’a e i ni’a i te motu no Motu-Uta. Tapâpa ihora o Bruat ia ratou i Punaauia e maemae ihora te nuu farani (7 pohe e 18 pepe i te pae o te mau fa’ehau).

E au ra e, te ûpooti’a maira te pae pato’i i taua taime ra. Tei roto atoa ra oia i te iti raa atu. No te ri’ari’a o te nunaa taata europa ia faaore rea hia ta ratou mau faa’apu, e peretane ho’i te rahiraa o ratou, turu ana’e atura ratou paato’a te pae o te nuu farani. Te fifi ra te feia pato’i i te pae no te moihaa tama’i e i te pae no te ma’a na roto te opani raa hia te tereraa pahi i Tahiti. Noa atu te manuia rahi o te pae pato’i, te rahi noa mai ra te mau turu i te nuu. No te ite raa o Paris e te tafifi nei «te ohipa a Farani i Tahiti», tono mai nei te nuu apî no te faati’a faahou ia Bruat i mua i te aro o te mau aito e paruparu noa atura.

Te ô ra te tama ‘i i roto i te 3 o te tuhaa, tei te pae o te farani ra te puai. Ua faanaho oia e faa’otohe i te feia orure hau i uta, i roto i te atearaa o te mou’a.1.200 fa’ehau farani tei ti’a atu i te 25 no Me 1846 e aro i te pare no Papenoo, e inaha faa-ru’e ana’e atura te feia vî-ore i taua vahi ra. E 2 mahana i muri mai, tapiti hia teie raveraa i tetahi a’e pae i te faa no Punaruu, e 5 farani i pohe e 19 tei pepe. Toe rii noa atura te pare no Fautaua, e no te tapitapi o taua vahi ra, ua mana’o hia e maoro te nuu i te haru atu.

I te 17 no Titema, e 2 nuu tei tuu hia atu i rei-ra, e ua faanaho hia te feia taora tupita, te feia pa’i’uma mou’a, te nuu ihitai e tae noa atu 175 piri farani (o tei tae mai mai Tubuai e Bora Bora), e no» te papa’i atu raa ratou i te hoê o te mau api nehenehe roa a’e no te a’ai haruraa fenua a Farani”. 62 piri mou’a arata’i hia e 25 taata tahiti piri farani tei pa’i’uma i Fautaua, ma te apee hia e te 3 o te nuu no te pahi tama’ira o «Te Pa’urani», titapou atura i tetahi a’e pae mou’a no te aro mai i te mau feia pato’i na muri mai, are’a te rahiraa

o te nuu farani tei roto ia i te faa te tupita noa raa ia ratou. Ua hitimahuta te feia pato’i e horo haere noa ana’e atura ratou.

I te 18 no Titema, e i muri a’e i te hoê tau’araa parau hururoa, ua faaoti te mau aito, 1.000 o ra-tou, e faaea te tama’i, e no reira, ua faaea atoa te pupu orure-hau e parahi ra i Papenoo. A tahi ra o Fareau, o Pitomai e o Teaviri, raatira no Teva-I-Uta, te mau aito mau no te pato’iraa ia Farani e o tei ti’avaru hia na ho’i e Bruat, i fati ai. Ua vî te pato’iraa a to Tahiti: i te ava’e Fepuare 1847, ua ho’i mai te ariivahine Pomare 4 e tahopu i mua ia Farani.

E nehenehe ia parau hia e te tumu o teie huehue rahi, o vetahinoa ia mau ohipa rii. Te hoê tumu e faahiti pinepine hia ra, o te mau haruraa fenua ia i rave hia e Bruat i to’na tapaeraa mai. O te ariivahine Pomare tei maemae maitai : fenua tahatai, fa’a taato’a, motu (mai Motu Uta). E ere anei no reira mai to’na au ore rahi ia Farani. Eau atoa ra e, mai te area 1842-1843 a tomo mai ai o Farani i Tahiti, tau hanere fa’ehau farani e ite hia ra e mai te mea ua faariro roa ratou ia ratou mai te fatu o teie fenua. I tupu mai ai te ino’ino. Tera ra, i ta matou nei hi’oraa, eere te reira te tumu mau no te pato’iraa, i te mea e ua tupu atoa te mau pato’iraa, mai Tuamotu ma, ma te ore roa i ite hia teie huru tumu.

F3 – «Te fifi no Anaa ( Tuamotu) ( 1856 )»

Noa atu a ia e tei roto te tuhaa Tuamotu Hitiaa-o-te-ra e to ropu, i te oti’a fenua e faatere hia e te hui Pomare, aita ratou i ite rii a’e te taimaha no te Faatereraa Tamaru a Farani i te area matahiti 1840-1850. Te ite hiara ra, i Anaa ihoa ra, te motu tei hau te nunaa (2 000 huiraatira) e tei reira te pû o te tapihooraa (pârau e te pûha) te ûmeûme rahi i roto i te mau Faaroo. Te Porotetani, te Tato-rita e te Momoni teie e aimaro nei. No te manuia papu o te mau Momoni, ua faaatutu hia te parau e nehenehe te nuu Marite e tomo i te Tuamotu. Tono ihora te tavana rahi farani i te manua ra o Phoque : opani roa hia te Faaroo Momoni, e haa-mau hia ihora te hoê aûa muto’i farani.

E i te 9 no Novema 1852, ua orure te hau : pohe roa te raatira muto’i farani, hoê mitionare i papa’i hia. are’a te Metua Varua o Fouqué, te painû haere ra ia na tai ma te mana’o hia e ua pohe oia. Taa’e naoatu te feia i taparahi hia e ratou,

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ua faaoti te fèia taparahi taata e, e haamou i te farani. Ua tutu’i hia te puta ture farani tae noa atu i te reva Hau Tamaru. No te taere o te mau tautu-ru, te puâi mai ra te feia orure hau i te taime a tapae atu ai te pahi ra « L’Hydrographe» i te 4 no Titema. Aita te mau ihitai e nehenehe e pou atu i te mea te pupuhi hia mai nei ratou. Ua tapae mai te manua ra o «Phoque» i te mahana i muri mai : i taua taime ra to te feia orure hau tomoraa atu te pû ohipa tatorita, tutu’iraa te fare pure i te auahi, tae noa atoa te mau fare o te mau «piri farani» (oia te mau Hoo ai’a). Titau hia i taua taime ra te puai nuu no te faatupu i te hau : 5 raatira orure tei tarihia i te ava’e Tenuare, haamau hia te nuu fa’ehau, e taata tahiti ho’i te pae rahi o ratou. Ua riro te mau eiâraa e te peu faaturi i rave hia e ratou ei faari’ari’a i te mau mitionare. Haamau hia ihora te utu’a haavî. Ua faahiti te Pope Fie-rens e : «aita atu ai e tumu no teie mau fifi maoti te ino’ino rahi i te Faatereraa Hau Tamaru. Oia mau, e ere i te hoê ohipa ite ore hia e te mau farani atoa e parahi ra i Tahiti, ua faarii noa hia to tatou reva farani na roto i te au ore. E mai te peu e te turu hia ra oia e vetahi pae, no te mea ia e ua faahavahava ratou ia ratou no tatou e aore ra ua piri hia ratou e te moni ... A tae mai na ra te mau peretane a nanahi ... pauroa te maohi e faaru’e ia tatou ‘.

F4 – «Rapa ( 1887 )»

Ua tae roa atoa te pato’iraa i te Faatereraa Ta-maru a Farani i te motu atea roa a’e, te motu mo’emo’e roa a’e no Patitifa, oia o Rapa, o tei faaite papu i te matahiti 1887 e «te pato’i nei oia ia Farani»...Ua papa’i te tavana rahi o Lacascade i taua matahiti ra e «te nunaa no Rapa (192 nu-naa) teie e hia’ai nei te tiamaraa». Ua tere roa atu oia i reira na ni’a i te hoê manua tama’i, no te faahuri te nunaa ia au mai teie nunaa ia Farani, e teie te pahonoraa i pahono hia ia na : «Aore matou e au e aore atoa matou e faarii ia outou ia faaô i roto i to matou oraraa». No te ri’ari’a ra o «te mau raatira ia tari hia ratou» i te mea ua naho i te hoê pupu fa’ehau (15 o ratou) i te haru i te motu, «ua faarii atura te nunaa no Rapa» e ta-rima i te parau tutuuraa e no Farani te mana hope.

Na teie mau pato’iraa i tera e i tera vahi e faaite papu mai e aita ihoa te parahiraa o Farani i ô nei i faarii hia ma te au, ua tupu ra oia na roto i te faa-hema e te faaohiparaa hia e Farani te puai nuu.

Te reira atoa te ohipa i ite hia i te tuhaa Raro-Ma-ta’i ma i te taime a faaoti ai o Farani e huti to’na reva i reira.

F5 – «Te tama’i i Raro-Mata’i ma (1888- 1897)»

Tau i te Faaotiraa no Roretona, ua vai noa teie mau motu i te roa-ore i te haru hia e Farani i te roa raa no na matahiti e maha ahuru te maoro. Taa’e noa atu teie faaotiraa e te manuia-ore no te haruraa ia Huahine i te matahiti 1845 ra, ua tamata hia te arata’iraa poritita. Ua horo’a hia te faaûeraa e i muri mai ua faaore hia, ua huti te reva farani e i muri mai ua iriti hia, ua riro te reira ei faa’ino i te roo o Farani i mua i te aro o te mau raatira tei titau hia e i muri mai ua tau’a ore hia. E au ra e, aita teie mau motu tei mau i te rima o te mau mitionare peretane e faarii ia Farani, noa atu te auraa e vai ra e o Tahiti.

Mai ta tatou i ite na, ua riro te mau faaâuraa apî i rotopu ia Roretonga e ia Paris i te vaiho e ia rave noa o Farani tei au ia’na : i reira to Farani faariro-raa ia’na ei fatu no te mau motu ra Huahine, Bora Bora, Raïatea e Tahaa mai te 16 e tae atu i te 19 no Mati 1888, e aore roa hoe fifi i ite hia. Ua ite hia ra, i te omuaraa no te matahiti 1887, te iritiraa hia e te nunaa no Raiatea te ti’araa o tona arii tae noa atu te ti’araa o te mau raatira piri farani. Aita atu e parau rahi a te nunaa maoti «ia ti’avaru hia te mau farani e ia haamau hia te tiamaraa o to ratou motu». E 3 manua tama’i tei tono hia atu i mua ia Uturoa no te faari’ari’a i te nunaa no reira, e te ti’a atoa ra te manua «Le scorpion» no te hi’opo’a atu i te motu no Bora Bora e i to’na «nunaa tei hau atu te riri ia tatou i to te mau vahi atoa». Mea titau hia i taua taime ra ia vai mata ara te faatereraa farani.

E au ra ra e, ua tuu noa hia atu te ofitie ihitai o Denot i uta i Huahine e ta’na nuu fa’ehau i te 21 no Mati 1888 ma te tau’a ore te fifi e farerei hia e ratou ... inaha ua pupuhi hia mai ratou e te nunaa. Ua pohe atu oia e, e 2 ihitai atoa, are’a e 4 tei pepe. O noa ihora te taato’araa no Raro-Mata’i ma i roto i te tama’i pato’i ia Farani, ma te arata’i hia e te raatira ra o Teraupoo, te varua ia no teie aroraa, mai roto i te faa no Avera i Raïa-tea e ta’na ra 1.000 aito.

Ua fifi roa te Faatereraa Hau no Farani : eita e ti’a ia’na ia faarii, i mua i te aro o te mau Hau rarahi, te pato’iraa a teie mau nunaa i to’na mana

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paruru. Mai reira mai te tupu raa «te hoê tama’i taa’e mau». Tape’a hia te mau tereraa pahi, e haamau hia te hoê aua fa’ehau i Uturoa. Tei roto ra te taato’araa o te mau motu i te rima o te feia pat’oi, e faa’apu taro e maniota ta ratou, e aita atu ta ratou e pe’ape’a maoti te umeumeraa ra-tou ia ratou iho : inaha, ua faarii te nunaa o Tahaa i te arii vahine no Raiatea ei raatira no ratou, i te matahiti 1894, aita ra i faarii e aufau atu i te tute na’na, e ua tupu vetahi mau aimaroraa «aita ra te hoêraa i rotopu i te feia vî-ore i parari». Ua manuia rii mai o Farani na roto te tapiri raa mai o Huahine e o Bora Bora (1894). Toe noa atura o Raïatea, te fenua Tapu ana’e i te pae pato’i.

Aïta roa teie faito e au hia ra e te tavana rahi no te mau Fenua aihu’a raau a Farani i Oteania : «E ere teie ohipa i te mea hanahana no tatou.. .-Mea haamâ roa e, e riro oia ei tahitohito raa na te mau ratere»- Ua rau te mau feia i tono hia : mai te mau tavana rahi, te mau orometua, te mau ti’a-Hau (tae noa atu i to Peretane iho), aore i manuia noa a’e i te area matahiti 1894-1895. Faaoti ihora o Paris e tura’i i te faito hope’a, e tono mai ra i Tahiti te hoê taata tei vavahi na te pato’iraa a te nunaa Kanak no Taratoni i te mata-hiti 1877, oia te taata ra o Gallet.

I te hope’a matahiti 1896 faatae hia mai Noumea mai te mau nuu apî tei faanaho hia e Gallet no te haamau i te hoê nuu haavî e 1.050 fa’ehau (e 355 piri farani o ratou). E 3 manua tama’i tei faaûta atu teie nuu i Uturoa i te mahana mata-mua no Tenuare 1897. Tupu ihora te aroraa i te 2 : manuia rahï to te nuu farani i te mea e 20 ana’e fa’ehau tei pepe. Aita ra te raatira ra o Teraupooi roaa hia i te haru, e ua faanahoatu oia i te hoê aroraa na’na, i te aua fa’ehau no Uturoa i te taime a faareva hia ai te rahiraa o te nuu farani i Tahaa. I te 16 no Fepuare to Teraupoo riro raa i te farani : ti’avaru noa hia ihora i te vahi tape’araa no Nou-méa e ta’na vahine, o oia te raatira noTevaitoa, e e 3 raatira. 118 aito i faareva hia i Nuuhiva ma, 300 tei faaûtu’a hia i te ûtu’a ohipa haavi i Raro Mata’i noa iho.

A tahi roa ra te mau Fenua Ai-hu’a-raau Farani no Oteania i ô ai i roto i te orara-a hau.

Ua ti’a mau â te hua’ai no te mau aito tei aro ia Wallis e te pahi ra “Dolphin”, i te matahiti 1767, i to ratou mau tupuna te îtoîto : aita o Porinetia i pupu no ia’na ia Farani, ua riro atu ra oia na roto

i te puai nuu. Tata’i ahuru te mau fa’ehau farani tei marua no te haru teie mau motu mo’emo’e, o ta te pae rahi i mana’o i muta ihora e, mea faufaa ore. Tau tavana rahi tei faatea hia no te vî-ore-raa ia ratou teie mau pato’iraa, o tei faa’aûeuê ia Paris...e o tei hitimahuta atoa hia.

Ite mea e ua patu te tavana no Faa’a e titau ra i te tiamaraa, o Oscar TEMARU, te hoê ofa’i tihi haamana’oraa te mau taata tahiti tei pohe i te 29 no Tiunu 1844, e ti’a ia ûi hia e aha te tumu te tomoraa mai o Farani i pato’i u’ana hia ai.

Taa’e noa atu ai Nuuhiva ma, tei roto i te arepu-repu te vairaà, te ite hiara i roto i te mau motu tei aro ia Farani, te hoê âuraa taa’e no ratou i te Peretane. Ua ti’aturi te mau raatira tahiti, mai te ariivahine Pomare, e, «e paruru» o Peretane ia ratou i’au i te mea i titau hia e ratou mai te matahiti 1822 mai â. I te matahiti 1852, i te taime a tupu ai i Anaa te pato’iraa no «te ofati te tuto tavini a Farani e no te pupu atu i te peretane e i te marite», ua huti atoa hia te reva o na Hau peretane e Marite i te taime a huti hia ai te reva o Pomare. I te matahiti 1893, ua tono te raatira ra o Teraupoo i to’na mau ve’a i Tahiti, no te fare-rei e no te ani atu i te Ti’a-Hau no Peretane e ia haamau hia te Hau tamaru a Peretane i Raiatea.

Hau atu â i te tiamaraa, te vai ra te hia’airaa i te hoê faatereraa peretane. Tau ite e tau papa’i-ve’a piri farani tei faahapa te turu i horo’a hia e te mau hoo-tao’a e te mau ratere peretane i roto i te mau pato’iraa i tupu. Ua hoê roa te faahaparaa i te mau orometua porotetani. I roto i te tama’i a Farani e o Tahiti, e hara rahi ta te taata ra o Pritchard i rave, no te hunaraa oia i te Ariivahine te hoê rata na te Faatereraa Hau peretane no te mau fenua e’e, o te faa’ite ra e, eita roa o Pere-tane e faaô ia’na i roto i teie tama’i (ua faa’atutu ra oia te parau haavare). Mai te mau ratere (e parahi ti’a-ore ra vetahi pae o ratou i te fenua nei) tae atu i te mau orometua porotetani (tei ti’avaru paato’a hia i muri mai ), aita ratou e hinaaro i te hoê Hau ia faatumu ia ‘na i roto i “to ratou ra mau motu” .O ratou anei ra te tumu mau i orure ai ? Aita roa. I te taime a tupu ai te mau aroraa, ua ite hia te faaâra tamau a teie pupu feia-faaroo i ta ratou mau pipi e, eita ta ratou aroraa e manuia i roto i te roaraa o te tau, e vî ra oia.

Mai tei faahiti hia na e te aivanaa ra o J.F. Baré, ua faaîpoîpo ana’e i te Atua o te Peretane ra, ua

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taati hia ïa i to ratou ra fenua, ua riro atoa ia ei taata peretane. No reira i te tupu ai te pato’iraa ia Farani, no te i’oa o te Faaroo porotetani i te mea e «te e’a o te faaroo o te e’a ia o te ai’a tupuna, hoê ana’e taahiraa» e tapae atu ai.

I teie mahana â, tei roto te mana’ona’oraa o teie nunaa i te «âta tamaru no te Hau Marite e no te Hau Peretane» te vai raa, i roto te «Ture Pere-tane» ...e tae roa mai â i te mau area matahiti 1980, i Raro- Mata’i ma.

No reira, eita e ti’a ia pari hia e na te mau ratere peretane ( mai te orometua e te hoo-tao’a ) i faa-tupu teie mau aroraa i te mea e, te tumu mau, o te here rahi ia o te nunaà Porinetia i te mau peu a teie nunaa Europa, e inaha ua tae roa i te rave mai i ta’na faaroo.

lriti hia e James SALMON

Faaâraraa

1. No te mea e, ua riro te tomoraa hia o Porinetia mai te hoê eiâraa o tei rave hia na roto i te moi-haa tama’i -e parau hia i teie tau, e faahuehueraa -e o te riro ei hi’oraa ino roa no Farani, ua tumâ oia i te hoê pae faufaa rahi no te a’ai o te nunaa maohi, tae mai â i teie nei mahana, e ua haavare atu oia i te mau u’i maohi na roto i ta’na haapu-

roro tamau raa i «te parau tuutuu a Pomare 5». I’au ra i te mau ohipa o tei tupu, e o tei faahiti hia e teie aivanaa, eita ia e nehenehene ia huna faahou hia te parau mau : ua riro mau o Porinetia i te haru hia na roto i te taparahi raa taata e te haamanii raa tôto.

2. Eita ra teie iritiraa a’ai e ti’a i te faaite mai i te taato’araa no te mau ohipa o tei tupu i roto i te roaraa no te tau a tomo mai ai te farani i te fenua nei ; i te mea, rave rahi mau parau tei mo’e i te huna hia i roto i te menema no te mau a’ai o te mau nunaa tei fati e tei topa i te haavîraa a vetahi ê, e aore hoi to ratou parau i papa’i hia, mai teie nunaa to tatou nei te huru.

3. Eiaha roa atu ia aramoina hia e tatou, e ua pa-pa’i hia teie nei iritiraa a’ai e te hoê mata farani. Eiaha ia tatou e ti’aturi i te hoê noa a’e faahapa-raa na’na i te mau ohipa ino tei rave hia e te mau nuu farani haru fenua tei tomo mai.

4. I reira atoa tatou e maramarama ai te tumu no te mau parau i faahiti hia ea’na : «orure-hau, feia pato’i» no te mau maohi tei ti’a atu e aro i teie Hau ratere farani e tomo mai nei, no te paruru i to ra-tou tiamaraa e to ratou ra mana faatere i te fenua nei. «faatupuraa i te hau, haa¬maramaramaraa» no te mau nuu farani o tei haru haere i te fenua e te faufaa a te hoê nunaa ti’aturi noa e te faarii rahi hoi ia vetahi ê.

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Comment la Polynésie est devenue française ?

Pierre-Yves TOULLELAN

Mea nafea to Porinetia riroraa mai ia farani

lriti hia e James SALMON

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