Comment l Ambition Vient Aux Filles Ed1 v1

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Ce document est la propriété exclusive de maria baciu ([email protected]) - 09 novembre 2014 à 18:43 Frédérique Cintrat Des histoires vivifiantes 15 trucs et astuces pour réaliser ses ambitions

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Des récits sur la situation de la femme en société, comment trouver le courage de percer les préjuges et assumer un rôle de leadership et de pouvoir.

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    Lauteure mrit les rponses cette inter-rogation depuis 1983, quand adolescente en classe prparatoire, elle a particip une mission de tlvision consacre cette thmatique, aux cts dlisabeth Badinter et de Franoise Giroud. Avec cet ouvrage, elle livre au lecteur ses rflexions en la matire, nourries par son exprience, depuis lenfance jusqu aujourdhui.

    La parole est galement donne neuf femmes inspirantes (tudiantes, salaries, chefs dentreprise ou indpendantes), qui expriment leur vision de lambition, en se fondant sur leur propre exprience de vie et leur parcours.

    Des conseils et des astuces jalonnent louvrage, notamment sous la forme de fiches pratiques, afin de vivre avec enthousiasme et nergie son ambition au fminin avec un grand A.

    Diplme de lEM Normandie, Frdrique CINTRAT est fondatrice et associe dAssurancielles, structure de conseil et daccompagnement en dveloppement commercial, marketing, communication et formation. Elle a mis en place un programme spcifique sur lassurance au fminin. Elle travaille paralllement sur un projet de start-up, AXielles.

    En 2013, le prix de la Femme de lanne dans lassurance lui a t dcern par les internautes ; la mme anne, elle a reu le prix Femme commerciale de lassurance de lanne lors des Trophes de lArgus de lAssurance. Elle intervient rgulirement dans des colloques et simplique normment dans diffrents rseaux mixtes (Ex-Cardif Gnration 90) et fminins (FinanciElles, Alter Egales CDC, Parit Assurances, EquiLibre EM Normandie, Vox Fmina).

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    ISBN 978

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    Groupe Eyrolles61, bd Saint-Germain75240 Paris Cedex 05

    www.editions-eyrolles.com

    Illustrations intrieur : Lulu Inthesky

    En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intgralement ou partiellement le prsent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de lditeur ou du Centre franais dexploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.

    Groupe Eyrolles, 2014ISBN : 978-2-212-56037-4

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    Des histoires vivifiantes

    15 trucs et astuces pour raliser ses ambitions

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    Je ddie ce livre toutes les petites filles, les jeunes filles (et leurs parents), ainsi qu toutes les femmes engnral.

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    Remerciements

    Mes remerciements vont en premier lieu, pour leur soutien affectif, mes trs proches, Antoine et Victor, mesfils chris, ma plus belle russite, Yves mon poux, moncom-plice au quotidien, et mes parents, pour tout cequils mont transmis et leur appui sans faille.

    Je remercie galement les neuf femmes, Ophlie, Carol-Anne, Raghia, Sandrine, Patri-cia, Christine, Frdrique, Nadia et Nicole, qui ont accept de participer ce projet et se sont confies moi.

    Merci Anne Guilllaumat de Blignires qui ma fait lamiti de rdiger la prface. Merci galement Viviane deBeaufort et Brigitte Grsy qui ont bien voulu rpondre, pour la premire quelques questions sur lambition, et pour la seconde sur le sentiment de lgitimit des femmes.

    Je remercie toutes celles et ceux que jai cits de faon anonyme ou non, dont les tmoi-gnages, citations etouvrages mont fait avancer dans mes rflexions.

    Je remercie en outre toutes celles et ceux que jai croiss dans mes vies personnelle et professionnelle, et qui mont aide raliser mes ambitions, souvent en me donnant ma chance ou en me soutenant.

    Je remercie enfin Marie Pic Allavena, directrice gnrale dEyrolles, qui a cru en ce projet, ainsi que Marguerite Cardoso, mon ditrice, et son quipe, dont Graldine Couget, qui mont accompagne dans laventure decetouvrage.

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    Sommaire

    Prface .................................................................................................................... 11

    Introduction ........................................................................................................... 13

    Femme de lanne ........................................................................................ 13Russir au fminin ........................................................................................ 16

    CHAPITRE1 Ambition: dequoiparle-t-on? .................................................... 19

    Ambition et strotypes .............................................................................. 23Y aurait-il une ambition fminine et une ambition masculine? ..................... 25Comment lambition vient-elle aux filles? .................................................... 27

    CHAPITRE2 Flash-back ...................................................................................... 33

    Souvenirs, souvenirs .................................................................................. 36Lambition na pas de sexe ............................................................................ 38Une scolarit prcoce .................................................................................. 40Une fille libre et indpendante ...................................................................... 42Une question dorientation .......................................................................... 43Des tudes suprieures magiques ............................................................... 45Des dbuts dans le commercial .................................................................... 47Virage vers lassurance ................................................................................. 50Le got du pouvoir ....................................................................................... 52Reprsenter les femmes .............................................................................. 54Un coaching rvlateur ................................................................................ 56Promouvoir le potentiel et lenvie ................................................................. 58Vers un avenir dentrepreneur ...................................................................... 60

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    CHAPITRE3 Lambition dans tous sestats: neuffemmes seracontent ...... 63

    Avoir de lambition ne dpend pas dusexeou du milieu .......................... 67Je suis dtermine russir .................................................................... 72Lambition, cest le contraire delaroutine! .............................................. 77Lambitieux avance toujours .................................................................... 83Lambitieux est en permanence insatisfait .............................................. 89Lambition, cest se projeter danslavenir ................................................ 95Lambition doit se mettre au service dune grande ide ........................... 101tre ambitieux, cest vouloir faire bouger les choses ............................... 107Lambition se traduit parunedtermination extrme ............................. 113

    CHAPITRE4 Quelques trucs etastuces pourraliser sesambitions ............. 119

    Saisir les opportunits .................................................................................. 123Adopter une stratgie de contournement ................................................... 125Adopter la bonne posture ............................................................................ 127Fonctionner en rseau ................................................................................. 129Matriser lart oratoire ................................................................................... 132Matriser son image ...................................................................................... 135Prserver sa sant ........................................................................................ 138Se faire accompagner .................................................................................. 141Se faire reprer professionnellement ........................................................... 143Sinterroger sur les consquences deses choix avant de sengager ............. 146Susciter lintrt ........................................................................................... 148Saffirmer, demander, proposer, refuser ....................................................... 151Se dire que cest possible ............................................................................. 154Dvelopper une stratgie............................................................................. 156Remettre en question sa trajectoire ............................................................. 159

    Conclusion ............................................................................................................. 163

    Des interrogations lgitimes ........................................................................ 163Finalement, comment lambition vient-elle aux filles? ................................. 165 vous de jouer! ........................................................................................... 166

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    Prface

    tonne-moi ! Ainsi me dfiait mon vieil ami Jacques Chancel, stimulant alors mes rves dtudiante. Je lui dois beaucoup de mavoir encourage repousser les limites de mon imagination et de mes rves. Sur le mode de son mission Radioscopie , ma vie a ainsi t jalonne de multiples rencontres qui ont nourri et aiguis mes envies, ma curiosit et le besoin de me dpasser, grce et avec les autres.

    Quand Frdrique Cintrat ma propos de rdiger la prface de ce livre, une multitude de penses se sont enchevtres dans mon esprit en un instant : bravo, Frdrique ! Quelle audace dentreprendre une telle aventure ! Mais comment trouve-t-elle le temps de faire cela en plus du reste ? Quel plaisir dtre ainsi sollicite ! Merci pour ta confiance ! Et pourquoi ne pas raliser mon tour le projet dcriture que je porte depuis quelques annes ? Merci douvrir de nouvelles portes ! Merci !

    Une autre question a ensuite surgi, relative la lgitimit dune rflexion ddie une ambition spcifiquement fminine : les femmes auraient-elles ncessairement une vision, diffrente des hommes, de lenvergure de leur projet de vie et de carrire ? Pour-quoi et comment russissent-elles mener jusquau bout leurs projets ? Si lambition comporte une connotation trs positive quand elle concerne un homme, celle dune femme a souvent attir des remarques, voire de la rprobation.

    Des gnrations dhommes ont en effet t heurtes par des femmes ambitieuses : il a donc fallu des montagnes de tnacit et de courage Julie-Victoire Daubi, premire femme bachelire en 1861, Madeleine Brs, premire femme docteur en mdecine en 1875, Jeanne Chauvin, enfin avocate en 1900, Marie Curie, premire femme prix Nobel, et sa fille Irne, premire femme secrtaire dtat. Sans oublier la premire Franaise parlementaire, Marthe Simard en 1943, quelques mois avant linstauration du vrai suffrage universel, incluant les femmes. Jean-Louis Debr retrace leurs longs combats dans son rcent ouvrage Ces femmes qui ont rveill la France (Fayard, 2013). Nous leur devons tant : elles nous ont ouvert le chemin.

    La lecture du manuscrit de Frdrique ma impressionne, sduite, par sa vision gn-reuse et puissante de lambition fminine. Outre le plaisir de dcouvrir les parcours fminins des neuf femmes interviewes et celui de lauteur , cet ouvrage propose une rflexion et des modes daction sur les ressorts de lambition, issue du cur de cha-cune. Chaque rencontre constitue une tape enrichissante, rsume ensuite de manire

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    efficace pour que nous nous imprgnions aisment de diffrentes cls permettant chacune de saccomplir.

    Ces dix tmoignages attirent notre sympathie et notre admiration car ils expriment la soif de dpassement et daccomplissement, la volont et le courage dexplorer des com-ptences, une incroyable tnacit, le got doser.

    Lambition personnelle est ainsi rarement tourne vers le seul objectif du pouvoir per-sonnel, mais vers la ralisation dun projet partag, et la ncessit de saccomplir tout en transformant le monde.

    Le rle initial des parents apparat fondamental : le moteur initial de lambition de ces femmes comme pour moi aussi , nat aussi de leur mre et souvent de leur pre, qui ont ouvert le champ de tous les possibles. Sy ajoute celui des enseignants, qui doivent discerner la ligne de llan crateur et la suivre, comme le prconisait Madeleine Dani-lou. Ranimer les projets enfouis, ouvrir les portes, largir les horizons mme si videm-ment rien ne sera facile.

    La bienveillance engendre la confiance, levain indispensable de notre socit.

    Nos rseaux professionnels fminins (FinanciElles, Alter gales CDC, GEF, le Metar-seau, et tant dautres), que connat si bien Frdrique, sont des terreaux prcieux qui portent cette vision et appuient les femmes qui veulent, comme le recommande le pro-gramme interentreprises EVE, oser tre soi pour pouvoir agir , afin daller toujours plus haut !

    Anne Guillaumat de Blignires,

    coprsidente de FinanciElles et prsidente dAlter gales CDC, conseillre du comit de direction du Groupe Caisse des Dpts, responsable de la promotion des femmes et

    de la parit, chevalier de lOrdre du Mrite et de la Lgion dhonneur, membre de la section Finance du Conseil conomique Social et Environnemental (CESE).

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    Introduction

    La gense de ce livre remonte 1983 quand, dix-sept ans, jai crit Aujourdhui la vie , (anciennement aujourdhui Madame ), une mission de socit diffuse laprs-midi. Parmi les thmes des missions suivantes, Comment lambition vient aux filles avait fait tilt dans ma tte. Je voulais tmoigner.

    Dans ma lettre, jvoquai le fait que je voulais me prouver et prouver aux autres , faire abstraction du dterminisme, avec comme leitmotiv : il ny a pas de raison et quand on veut on peut . Ils taient srement un peu utopistes, mais rellement moteurs, mme quand on a t leve la campagne et que lon est une fille Le terreau fertile mon ambition rsidait dans mon ducation, dans la faon dont mes parents mavaient leve, sans strotypes. Je jouais un peu tout. Javais des jeux de construction, une voiture et un tracteur pdales, des poupes aussi, mais pas de petits accessoires de mnagre, ma mre sy opposant. Mon prnom mixte ma toujours porte et je nai jamais, de ce fait, compris que les aspirations des garons et des filles puissent diffrer.

    Dans ma lettre toujours, je prcisais dj mon refus dune vie ordinaire, mon envie de gagner de largent, dtre indpendante, cest--dire ne pas dpendre de largent de qui-conque et donc pas dun homme, et mon aspiration une vie extraordinaire Je nvo-quais pas le pouvoir, mais je ne voulais pas vivre dans lanonymat et rvais de devenir une femme daffaires. Je ne parlais pas encore daltruisme, une valeur qui mest dsormais chre. Cest vrai que jai toujours aim la lumire, les rles de premier plan, et je lassume. Plus de trente aprs, quest cette ambition devenue ?

    Femme de lanneMarie, mre de deux garons de vingt et un et dix-neuf ans, je viens de crer ma propre entreprise aprs vingt-sept ans de salariat. Jtais directrice commerciale, marketing et communication externe dune socit dassistance, dans lunivers de lassurance, jusquen octobre 2014. Jy suis entre comme responsable commerciale et marketing pour dvelopper avec succs partir dune page blanche les offres et le dveloppe-ment des accords de partenariat. Jinterviens rgulirement en tant quanimatrice ou experte dans des colloques professionnels. Jenseigne galement dans une cole de commerce et suis depuis 2011 membre du comit excutif de FinanciElles, la fdration des rseaux de la banque, de lassurance et de la finance. Jy reprsente le rseau Alter gales de la Caisse des Dpts (CDC). Adhrente au cercle Parit Assurances, qui runit

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    des femmes dirigeantes et influentes du secteur de lassurance de personnes et de la sant, je prside galement le rseau mixte Ex-Cardif Gnration 90 que jai cofond. Je suis membre actif du rseau des anciens de mon cole de commerce, lEM Normandie, dont je viens en outre de cofonder le rseau Mixit quiLibre. Et depuis 2014, jappar-tiens au rseau dexpertes Voxfemina.

    Jai toujours, jusque-l, bien gagn bien ma vie, et ainsi celle de ma famille. Lexistence non ordinaire laquelle jaspirais ladolescence se ralise galement travers ma vie sociale, mes rseaux et mon apptence pour lexpression artistique. En effet, membre dune troupe de music-hall amateur, je me produis sur scne rgulirement en excutant des chorgraphies ou des play-back, ai fait de la figuration au cinma, et suis par ailleurs administratrice de lassociation Mucoviscidose Innovation.

    En 2012, le journal LArgus de lassurance a lanc la premire dition des Trophes des femmes de lassurance. Partant du constat que, alors quil y a plus de 65 % de femmes dans lassurance, moins de 15 % sont reprsentes dans les instances dirigeantes, les organisateurs ont souhait valoriser les parcours exemplaires de femmes occupant des postes responsabilit et promouvoir la mixit dans les quipes dirigeantes. Jai pr-sent ma candidature dans la catgorie femme citoyenne . Jai frl la nomination, loccasion pour moi de lire avec motion les mots trs logieux de mon P-DG, quil livrait ainsi pour la premire fois, sur ma personnalit et mon travail.

    Lanne suivante, mon P-DG ma suggr de retenter ma chance. Je ne voyais pas lint-rt de rcidiver, car le champ de mes responsabilits tait rest le mme ; la promotion officielle que je convoitais tant, celle de cadre de direction au sein de la maison mre de ma socit, restait mtre attribue. Jai alors vu quune nouvelle catgorie, celle de la femme commerciale , avait t cre entre-temps. En lisant le descriptif des qualits attendues, je me suis dit que si je ne recevais pas ce prix-l, je nen recevrais aucun. Il me semblait en effet avoir t fait pour moi : femme ayant le sens de linno-vation, accompagnant son quipe, ayant le sens du dveloppement, apprcie de ses clients , etc. De surcrot, double satisfaction, la direction des ressources humaines du groupe dassurances auquel appartient la filiale dans laquelle je travaille ma contacte pour me demander si jaccepterais que ma candidature reprsente lentreprise dans la catgorie femme commerciale , comme propos par le comit excutif. Ctait l une vraie reconnaissance

    Jai donc prpar minutieusement mon dossier avant de mengager, et fait valider lopi-nion de mes clients sur mon travail. Jai recouru aux recommandations sur LinkedIn, alors que jusque-l, je souriais ironiquement lorsque quelquun me sollicitait Javais

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    Introduction

    toujours t trs gne par ces recommandations, qui me semblaient la manifestation dun certain narcissisme. En parcourant diffrents profils sur le rseau social, jai pris conscience de la porte de ces mini-textes. Jai donc pris mon courage deux mains et prsent ma demande des clients, partenaires, anciens collgues, et anciens respon-sables. Quelle satisfaction, quelle fiert, quel renforcement de lestime de soi la lecture de toutes ces recommandations qui ont afflu ! Jen ai repris deux pour complter mon dossier de candidature

    Quelle joie lorsque jai appris que je faisais partie des trois nomines dans cette cat-gorie (le jury avait dj fait son choix parmi ces trois, mais je ne savais pas encore que le prix mtait attribu) ! Jai eu droit une interview et une sance photo organises par LArgus de lassurance. Quand jai su quun vote serait ouvert aux abonns du jour-nal puis aux internautes pour lire la femme de lanne dans lassurance parmi les vingt-sept nomines des neuf catgories, dont celle de la femme commerciale dans laquelle jtais positionne, jai mobilis mes connaissances et mes rseaux pour voir si jallais tre suivie. Les responsables du rseau des anciens de mon cole de commerce, lEM Normandie, ont envoy un e-mail chacun de leurs cotisants pour les inciter voter pour moi. Le rseau Alter gales de la CDC, le service de communication interne de mon employeur, CNP Assurances, mon rseau danciens collgues, les ex-Cardif Gnration 90, un groupe de clients et partenaires dune fdration de mutuelles ont appel voter pour moi. Des clients, des prospects, ainsi que des contacts professionnels se sont mani-fests spontanment. Jai en outre mobilis lensemble de mes contacts via les rseaux sociaux professionnels, LinkedIn, Viadeo, puis Facebook. Lun de mes deux fils a mme envoy un tweet ! Les rseaux fminins amis, tels que celui de Microsoft, ont relay lin-formation galement. Cette machine de guerre a port ses fruits : le 4 dcembre 2013, jai reu le prix des internautes de la femme de lanne dans lassurance , avec, selon les informations que jai pu glaner, plus de 20 % des votes parmi vingt-sept nomines. Cerise sur le gteau, jai aussi reu le prix de la femme commerciale de lassurance , remis par un jury de professionnels.

    Ces trophes mont valu une avalanche de flicitations et de tmoignages de sympa-thie. Un communiqu de presse a t mis par CNP Assurances dans lequel mon trophe tait mentionn, et jai rpondu des interviews pour la communication interne de la CDC, ainsi que la newsletter du rseau FinanciElles. LAgefi ma consacr un portrait ; jai t intgre un dossier sur les cent managers dinfluence de France en mai 2014 par le magazine Action Commerciale ; jai tmoign dans La lettre de LExpansion dans un dos-sier sur la russite au fminin. Enfin, le quotidien rgional de ma localit dEure-et-Loir, Lcho Rpublicain, ma galement offert une demi-page.

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    Russir au fmininSi mon parcours, mon exprience, ma recherche dquilibre de vie, en voulant tout mais avec des compromis, pouvaient aider des femmes, en leur donnant envie de suivre le mme chemin ou de sen inspirer, jen serais ravie. Depuis lobtention de ces distinctions, je savoure les moments qui me permettent de mexprimer sur la russite au fminin . Jai ainsi t invite en tant que role model loccasion de la Journe de la femme, en mars 2014, pour intervenir devant une quarantaine de femmes travaillant pour un assureur La Dfense, puis devant une antenne dun syndicat pour parler de lintrt du rseautage , notamment pour les femmes, qui ny recourent pas encore spontan-ment. Leurs ractions ont t trs positives et jai t vraiment trs touche par les mes-sages de certaines dentre elles, qui mont remercie de leur avoir transmis de lnergie, quelques trucs, et lenvie doser sexprimer et de prsenter leurs souhaits professionnels. Je suis galement devenue Web mentor pour le site www.womentomorrow.fr.

    Mon histoire et mon exprience peuvent intresser, amuser et peut-tre inspirer, car je ressemble vraiment Madame Tout-le-monde. Je nai jamais voulu renoncer quoi que ce soit, tout en essayant de faire un peu tout ce qui me plaisait. Je vis dans une fer-mette la campagne et passe plus de trois heures par jour dans les transports, ce qui ne mempche pas de moccuper de ma famille et de continuer mes activits sportives, artistiques et citoyennes. Jai fait des choix que jassume et jai encore des projets plein la tte. Lorsque les contraintes sont librement dcides, elles deviennent des choix : mon mari et moi avons prfr vivre dans un petit village de campagne, o jai pass mon enfance. Nous sommes proches de la nature, avec nos animaux, pratiquons le sport faci-lement, et sommes proches de nos familles, en particulier de mes parents. Nous vivons donc presque en tribu, et avons consacr de longues annes durant nos week-ends nos fils pour leur permettre de grandir de faon harmonieuse et de mener leurs activits diverses, dont des comptitions sportives.

    Pour maintenir cet quilibre de vie, jai d faire des choix professionnels, renoncer cer-tains postes qui supposaient de dmnager. Jai souhait fonder une famille tout en vivant un certain nombre dexpriences sportives et artistiques et en russissant pro-fessionnellement. Je voulais un emploi rmunrateur dans un secteur dactivit ayant un vrai sens socital, puis exercer des responsabilits me permettant dagir avec huma-nisme. Je nourrissais enfin lambition de faire voluer les relations entre les hommes et les femmes dans lexercice du pouvoir et de la reprsentation. Depuis le dbut de lanne 2014, mon ambition est plus forte que jamais. Certes, lambition est une force de la jeu-nesse, mais elle ne lui est pas rserve : elle peut renatre en milieu de parcours de vie.

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    Introduction

    Avec lobtention de ces trophes, jai aspir transmettre, crire, et mme crer, notamment une entreprise. Jadmire beaucoup de personnes, dont certains hommes et femmes que je rencontre tous les jours, qui mimpressionnent, me stimulent, et me donnent de lnergie. Jadmire galement tous ces jeunes qui sortent de lcole et se lancent, parfois avec navet, mais souvent avec une grande nergie et une grande matu-rit, dans la cration de leur propre emploi. Les hommes et les femmes de ma gnration qui me stimulent sont tous des crateurs, quil sagisse dartistes ou dentrepreneurs. Ces derniers ont pris des risques, eu le courage de sortir de leur zone de confort, avec un vrai sens des affaires ou une ide de gnie, et toujours un vrai souci de lhumain. Leur exemple me montre la voie : me raliser professionnellement en tant aux commandes et en crant de la valeur.

    Les femmes qui minspirent ont ce petit quelque chose qui tmoigne de leur niaque , leur grande nergie, leur libert et leur indpendance dagir et de penser. Elles sont en outre souvent audacieuses et bienveillantes. Je pense notamment des femmes embl-matiques comme Claudie Haigner, spationaute et femme politique, Simone Veil, ex-ministre de la Sant, Christine Lagarde, ex-ministre des Finances et actuelle prsidente du FMI (Fonds Montaire International), Najat Vallaud-Belkacem, actuelle ministre de lducation nationale, de lenseignement suprieur et de la recherche, Sandra Legrand, la tte de Kalidea, une entreprise de plus de deux cents salaris cre en 2000 (sous lenseigne Canalce), Franoise Gri, directrice gnrale du groupe Pierre & Vacances, ou encore Anne Lauvergeon, ancienne prsidente du directoire dAreva. Outre ces femmes connues, combien danonymes tout aussi inspirantes, qui cause de, ou grce leur ducation, au bonheur, voire aux ruptures de vie, ont dvelopp des stratgies pour ne pas dpendre des normes de leur classe sociale, quels quaient t leur parcours scolaire ou leur origine sociale.

    Je pense notamment Patricia, qui a dcid de faire des tudes de coiffure alors que tout le monde voulait lorienter vers une seconde gnrale. Elle souhaitait en effet pouvoir travailler rapidement et librement domicile, avant douvrir son salon, voire plusieurs. Je songe aussi Armelle, qui a pass un CAP de cuisine et na quune ide en tte, ouvrir son propre restaurant, ou encore Solenne, qui a prpar un BTS technique avant dintgrer une cole dingnieurs, car elle aspire travailler sur les moteurs davion. Je me rappelle enfin de Virginie, qui, aprs une formation en logistique, a rachet une entreprise de transports, et dIsabelle, employe au guichet dune entreprise de service public, prsi-dente de lassociation de parents dlves de lcole primaire, qui se dmne en faisant montre de vrais talents de leader pour organiser des vnements locaux afin de rcolter des fonds pour contribuer au financement des voyages des enfants et la vie de lcole.

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    Dans cet ouvrage, jai souhait faire tmoigner neuf dentre elles, que je connais per-sonnellement, qui mont confi le rcit de leur enfance, leur histoire professionnelle, puis leur regard sur lambition. Elles sappellent Ophlie, Carol-Anne, Raghia, Christine, Sandrine, Patricia, Nadia, Frdrique et Nicole. ges de dix-neuf cinquante-sept ans, elles viennent de milieu ouvrier ou bourgeois, de la campagne, de la banlieue ou de la ville, ont eu une enfance heureuse ou tourmente, une scolarit exemplaire ou chaotique. Pour introduire ces tmoignages, jai dcid de me livrer aussi lexercice, revenant sur mon parcours depuis lenfance jusqu aujourdhui, afin de tmoigner sur ma conception de lambition.

    Jespre que ces lignes vous inspireront Bonne lecture !

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    CHAPITRE1Ambition: dequoiparle-t-on?

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    CHAPITRE 1Ambition : de quoi parle-t-on?

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    Quest ce que lambition ? Selon Le Petit Larousse, il sagit du dsir ardent de poss-der quelque chose, de faire quelque chose : avoir lambition de russir. Dsir ardent de gloire, de russite sociale. Exemple : un homme dvor dambition . Lambition serait donc associe la vanit, lorgueil. Pourtant, on dit parfois dune personne que lon admire X est ambitieux, il y arrivera , et, lorsque lon associe ce mot aux concepts ou aux projets, cest toujours positif, par exemple Plan Ambition 2015 de La Poste . La fonda-trice du Womens Forum, Aude de Thuin, rappelle dans son livre Osons la France (Eyrolles, 2013) que les magnifiques ambitions font faire les grandes choses , citant Victor Hugo ; elle continue : Sans ambition, pas de russite professionnelle, point de destin.

    Pour sa part, Philippe Laurent, coach, confrencier et formateur, a publi le 19 novembre 2013 dans LExpress un article tout fait intressant sur lambition, dont voici un extrait : Avec la niaque qui recherche tout prix le succs, lavidit du titre, la cupidit du toujours plus, du toujours plus loin et du meilleur que les autres, lambitieux que nous pensons a soif de pouvoir et a besoin de se prouver lui-mme et aux autres quil est capable et invincible. (.) La vritable ambition nest pas volont de puissance, mais de ralisation de soi ; elle nest pas vellit, mais moteur daction pour avancer en se dpassant. Lambitieux ne se laisse pas vivre ou pousser par les vnements extrieurs, mais se projette lui-mme moyen et long termes, prenant en main sa vie de manire responsable, dynamique et optimiste, dans un esprit de conqute qui permet de surpasser les obstacles.

    Il prend en charge son volution sans attendre passivement que les autres sen chargent. Il ne baisse pas les bras, mais remonte ses manches et se bat pour obtenir ce quil recherche (une nouvelle position, une mobilit, un nouveau mtier, etc.). Non de manire agressive, contre les autres, mais avec cette violence qui permet au tenace davancer contre ses peurs et de tenir tte ladversit. Lambition saine est bnfique, car elle fait grandir, rend fier, donne envie et mobilise. () Pour dvelopper une vritable ambition professionnelle, le plus important est de commencer par se poser une question essentielle : quest-ce que je veux pour moi demain professionnellement et personnellement ? Je suis rarement seul pouvoir rpondre cette question, car elle engage ma vie et ceux qui la font. Quest-ce que je recherche au-del de cette ambition ? De quoi mon ambition est-elle le moyen ? En lint-grant dans un projet de vie plus global, elle sclaire et prend tout son sens.

    Dans cette vision, je dois me donner un objectif concret qui reprsente pour moi un dfi, me demande nergie, crativit, intelligence, patience et travail. Enfin, je dois me donner les moyens de mon ambition. Que dois-je apprendre pour la raliser ? Que suis-je prt sacri-fier pour elle ? Par quoi dois-je commencer ?

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    Comment lambition vient aux filles ?

    La vritable ambition est celle qui me donne du souffle, mentrane et mpanouit, car elle est en phase avec qui je suis, me permet dexploiter mes talents et dactualiser mes potentiels. Elle me fait regarder au loin, surtout devant lobstacle, en me donnant toujours une bonne raison de faire chaque jour un pas de plus avec patience, persvrance et tnacit. Lambi-tieux nest pas content de battre les autres, mais de se vaincre lui-mme en allant encore plus loin que ce quil croit possible.

    Lambition deviendrait pjorative si cest une femme qui lexprime ? Voil une dpche AFP (Agence France Presse) du 27 janvier 2012 : Davos Les filles ne sont pas le-ves pour tre aussi ambitieuses que les garons, a dplor vendredi Sheryl Sandberg, directrice dexploitation de Facebook, classe au cinquime rang des femmes les plus influentes du monde par le magazine Forbes, lors dun dbat Davos sur les femmes.

    Le Forum conomique mondial (WEF) de Davos qui discute depuis mercredi principale-ment finances, crise de leuro, dveloppement durable parmi un public majoritairement masculin, sest intress galement la place des femmes dans la socit et sur de nou-veaux modles de leadership, plus ouverts aux femmes.

    Nous avons un foss de lambition partout dans le monde entre hommes et femmes, a sou-tenu Sheryl Sandberg. Nous disons que nous voulons duquer nos filles aussi bien que nos garons mais nous ne le faisons pas en ralit. Nous nlevons pas nos filles pour tre aussi ambitieuses que nos garons.

    Plus un homme est puissant et a du succs, plus il est aim. Plus une femme est puissante et russit, moins on laime, a-t-elle galement observ.

    Alors, de la toute petite enfance ladolescence et jusquau mariage, on rcompense les hommes chaque tape pour avoir pris des risques, pour avoir t comptitifs, mais on dit aux femmes effacez-vous, soyez ordinaires, a poursuivi Mme Sandberg.

    Il faut changer cela et dire aux hommes dtre plus ambitieux la maison et nos filles dtre plus ambitieuses pour russir sur le march du travail, a-t-elle conclu.

    Dans milie milie ou lambition fminine au xviiie sicle (Flammarion, 1983), lisa-beth Badinter dpeint deux destins de femme libres. Par leur histoire, leurs aventures sentimentales, les changes quelles ont pu avoir, les revanches sur la vie quelles sou-haitaient prendre, elles ont repouss les limites et fait abstraction des obligations quon leur assignait. Lune est devenue scientifique, traduisant les crits de Newton, dplorant nanmoins de ne rien avoir vraiment invent, quand lautre sest ralise travers ldu-cation de sa fille, dessinant ainsi les contours de lambition maternelle.

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    travers lhistoire de vingt-deux femmes la tte de groupes internationaux, Les femmes daffaires mythiques (Dunod, 2010), de Claudia Lanfranconi et Antonia Mainers, montre quelles avaient des tempraments trs forts et une vraie personnalit indpen-dante pour lpoque, par exemple dans leur apparence (vtements confortables, coif-fure parfois la garonne comme pour Maria Bogner, skieuse et cratrice de vtements de ski et notamment de fuseaux). Elles taient visionnaires, talentueuses, et savaient bien sentourer, quil sagisse dhommes ou de femmes. Elles avaient, pour la plupart, connu une enfance o elles avaient pu sexprimer, t veilles la dcouverte et leffi-cacit par leur pre et leur mre. Ce fut le cas de Beate Uhse qui devint aviatrice avant de se lancer dans lindustrie. Certaines ont exerc leur curiosit en regardant, par exemple Este Lauder qui avait observ les gestes prcis dun oncle dermatologue pendant son enfance pour sen inspirer lge adulte. Parfois, cette ambition avait t mise entre parenthses pendant quelles soccupaient de leurs enfants, avant de refaire surface une fois arrives lge de la maturit, comme pour Katharine Graham qui reprit les rnes du Washington Post la mort de son mari.

    Ambition et strotypesEn dcembre 2011, jai organis un djeuner dans le cadre du rseau mixte danciens col-lgues que janime, les Ex-Cardif Gnration 90. Une ancienne collgue de dix ans ma cadette ma interpelle : Tu me fais rire avec tes rseaux fminins ! Ce nest pas l que a se passe, il faut investir les rseaux professionnels mixtes. Elle avait partiellement raison, lun nempchant pas lautre. Je lui ai alors expliqu les vertus complmentaires des rseaux fminins : le rle de la fdration pour FinanciElles, le lobbying, la partici-pation la performance, les changes business , o, linstar des rseaux masculins, on noue des accords de partenariat, on fait des affaires, on change sur nos mtiers et nos secteurs dactivit, les role models , les prises de conscience. Je lui ai galement prcis que cela permettait de rencontrer un grand nombre dexcellents profils, de crer de la solidarit, voire une mulation, des opportunits commerciales ou de mobilit. En outre, lchange et le rseautage transmettent toutes ces femmes un regain dnergie, dassurance et de confiance. Elle ma alors rtorqu : Demande plutt quoi toutes ces femmes inspirantes jouaient quand elles taient petites Cette question toute simple ma interpelle.

    Jai approfondi le sujet en lisant le rapport Contre lhypersexualisation, un nouveau combat pour lgalit que la snatrice Chantal Jouanno a publi en mars 2012, dont voici un extrait : Les strotypes sapent la capacit des personnes raliser leur poten-tiel en limitant les choix et les opportunits. Ils sont la base de la discrimination sexiste

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    ouverte et dissimule, directe et indirecte, et rcurrente, qui a des consquences ngatives sur lgalit de fond qui devrait tre garantie aux femmes.

    Ce rapport dnonce la prgnance des strotypes sexistes dans les reprsentations vhicules autour du rle et de la place des filles et des garons dans la socit. Cela se traduit dans les faits par de forts clivages dans leur ducation, notamment travers les jeux, la scolarit, les activits culturelles et sociales, puis plus tard les choix profession-nels. Les nombreuses recherches sociologiques et fministes tendent montrer la per-sistance de ces reprsentations, en particulier vhicules travers les mdias, la mode, les jouets, les stars et Internet. Elles font le constat dune forte assignation sexue des rles, et des reprsentations trs clives de lidentit sociale, corporelle et sexuelle. Ces reprsentations demeurent centres sur lapparence, la gentillesse, la docilit et une forme de passivit pour les filles, et des rles plus actifs, plus cratifs, et plus autonomes pour les garons.

    Les strotypes sont des images rductrices construites sur la base des diffrences socioculturelles caractrisant des groupes inscrits dans des rapports sociaux. Loin dtre inns, les strotypes sont appris et transmis, susceptibles dtre amplifis par les mdias. Lunivers des jouets ravive les strotypes et les clivages entre les sexes. En tmoigne cet autre extrait du rapport de Chantal Jouanno : Les jouets induisent net-tement une forme de distinction sexue des capacits, mais aussi des qualits dvelop-per et mettre en uvre selon que lon est une fille ou un garon : les jouets pour les filles induisent clairement des reprsentations sexues des qualits dvelopper pour les filles centres entre autres sur la mise en valeur de soi et de son apparence, la docilit, la patience, la douceur, la sdentarit. Au total, il apparat que lunivers des mdias enseigne un fminin dornement et dagrment trs strotyp, alors que le masculin se reprsente exclusive-ment travers laction, la dcouverte et la crativit. () Certes, des jouets mixtes existent, ces jouets dits ducatifs font rfrence un socle dapprentissage commun aux filles et gar-ons, tout comme il existe ce socle commun lcole. Toutefois, ils ne sont pas le reflet de linvestissement en temps pass par les filles et les garons qui leur prfrent nettement les jouets clairement sexus.

    Lune de mes cousines, institutrice en maternelle, ma fait remarquer que les enfants taient amens utiliser, dans sa classe, tous les types de jeux. trois ou quatre ans, les diffrences voques quant au choix des jouets en fonction du genre ne sont pas encore trop marques. Certains parents, les pres notamment, manifestent cependant leur rprobation lorsquils dcouvrent leur fils au milieu de poupes. Il reste donc du che-min parcourir

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    En mai 2013, je me suis rendue une confrence organise par une grande cole de com-merce, Paris, sur le thme Comment prparer lgalit professionnelle ds lcole . Jy ai appris de la bouche des minents intervenants la table ronde que les parents navaient pas du tout la mme attitude avec un fils ou une fille, et ce ds la vie intra-utrine. Des tudes auraient montr que si les parents, en particulier le pre, apprennent que le futur bb est un garon, leurs caresses seront plus saccades ( Soit un homme, mon fils ) ; sil sagit dune fille, elles seront plus douces ( dj une chose fragile ).

    Y aurait-il une ambition fminine et une ambition masculine?Il semble aujourdhui dsuet de dire que la premire ambition de la mre de famille devrait tre de russir sa vie familiale, ce qui na plus vraiment de sens quand on sait quun tiers des couples divorcent en province et un sur deux en le-de-France et que cela na pas grand-chose voir avec le travail fminin pourtant, cest parce quelle na pas dind-pendance financire quune femme peut tre amene rester avec un conjoint quelle naime plus ou qui la maltraite

    Ds lors que la femme travaille, pourquoi naspirerait-elle pas un emploi panouis-sant , quand cela est envisageable ? Bien sr, chaque femme met ce quelle souhaite sur ce terme : secteur dactivit, fonction, mission, expertise, responsabilits, autonomie, varit, pouvoir, etc. De plus, spanouir, se raliser, ne signifie pas ncessairement tre au service des autres, en ayant le sens du sacrifice, ni rester dans le registre de la dou-ceur, dans lombre, en tant que numro deux, ou encore super-adjointe

    Les cartes sont en train dtre redistribues, notamment grce la gnration Y 1, qui, bien quayant un peu baign dans une atmosphre strotype, a toujours connu des femmes et des mres avec le droit de vote, ayant suivi des tudes, travaillant en dehors du foyer, souvent en entreprise, des familles parfois recomposes, des pres investis dans lducation des enfants ou le partage des tches mnagres. La signification de lambition et de laspiration semble de plus en plus comparable entre les garons et les filles : spanouir personnellement et professionnellement, donner du sens, trouver un quilibre entre toutes ses vies.

    1. Elle regroupe des personnes nes entre les annes 1980 et 1990.

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    Comment lambition vient aux filles ?

    Dirait-on aujourdhui dun ambitieux quil est volontaire et a du caractre, et dune ambi-tieuse quelle a un sale caractre ? Le thme des plnires du forum ELLE Active, qui se tenait au Conseil conomique et Social (CES) le 4 avril 2014, tait lambition. Loccasion pour moi dassister aux dbats, tant ce sujet me semblait indit. En effet, on parlait sou-vent jusque-l de plafond de verre , de la ncessit de mettre en uvre la mixit, de solutions de leadership au fminin, mais finalement assez peu dambition.

    Prsents cette occasion, les rsultats dun sondage quIpsos a effectu ont montr que les femmes ambitieuses avaient, en 2014, plutt bonne presse. Cependant, si les parents (et les mres en particulier) encourageaient leurs enfants suivre des tudes, le got de la comptition et de la prise de risque tait nanmoins davantage inculqu aux garons. Les schmas archaques se perptuent, et les femmes ont leur part de respon-sabilit, y compris pour la gnration des dix-huit vingt-cinq ans. Ce sont donc nous, les femmes mres , actives dans la plupart des cas, parfois mres des filles de cette gnration, qui sommes concernes Le sondage rvle galement que les femmes ambitieuses seraient considres comme dynamiques, Il sagit l dune image plutt positive, qui suscite lenvie.

    En revanche, lambition serait plutt, en priode de crise, lie laspiration une vie quilibre, une qute de sens pour les sujets sur lesquels hommes et femmes se retrouvent. Ceux-ci travaillent moins avec lobjectif de la conqute du pouvoir et des responsabilits, se rfugiant dans le cocon familial (lui-mme parfois instable) plutt que dans lentreprise. Cest une nouvelle faon daborder lambition professionnelle. Les rves deviennent moins grands, y compris pour les femmes, mais plus humanistes

    La grande Brigitte Grsy, secrtaire gnrale du Conseil Suprieur de lgalit Profes-sionnelle (CSEPT), est intervenue dans ces plnires pour rappeler que les strotypes lis lducation, la vie en socit, induisaient des comportements diffrents des hommes et des femmes dans leur volont daccder aux responsabilits et dans leur faon de le faire savoir, do la ncessit, parfois, dun accompagnement spcifique. Jai not lors de dbats cette petite phrase un peu exagre, mais tristement vraie : En France, les femmes sont sur-mentores et sous-promues. Des femmes qui ont dcid de prendre en main leur carrire, parfois double (dirigeantes chez LOral, chez Axa, etc.), et qui ont reconnu quon avait plus facilement ce quon demandait que ce quon mritait. Non seulement elles lont mrit, mais en plus elles lont demand

    Un sentiment de frustration demeure toujours pour les femmes de ma gnration, les quarante-cinq ans et plus, qui ont de grands enfants et un regain dnergie (et dambi-tion, comme jai pu le constater travers mes interviews) : elles ont toujours un peu

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    limpression que quand on parle des femmes, on sintresse avant tout la priode de la maternit et des quelques annes qui suivent mme sil est vrai que beaucoup de choses se jouent ce moment-l dans une carrire. Je retiens le commentaire amus dune amie journaliste enjoue de quarante-huit ans, pleine de projets : Cest bien connu : notre ge, on ne vaut plus rien et on na plus envie de rien !

    Comment lambition vient-elle aux filles? prsent que je suis trs investie dans les rseaux professionnels en gnral, et dans les rseaux fminins en particulier, je me rends compte que pour briser le fameux pla-fond de verre, il faut agir sur deux tableaux. Dune part, auprs des dirigeants ou dci-deurs (souvent des hommes), pour quils prennent conscience que les choses ne sont pas aussi simples pour les femmes, et passent outre les strotypes, cela au bnfice de la performance globale de lentreprise ; dautre part auprs des femmes pour quelles assimilent les codes de laccession au pouvoir, et prennent en main leur carrire en can-didatant diffrents postes, voire en changeant dentreprise pour acclrer leur carrire et raliser leurs ambitions. Si elles veulent se hisser jusquau sommet de la hirarchie, elles ne doivent pas opter uniquement pour des postes traditionnellement rservs aux femmes, et ce ds leur entre dans la vie professionnelle (communication, ressources humaines, etc.). Certes, cela ne les empchera pas de progresser, mais ces fonctions supports conduisent rarement aux plus hautes responsabilits. Par ailleurs, elles doivent sortir , frquenter les lieux o se font les affaires, les rseaux formels ou informels mixtes, ceux dentraide et ceux dans lesquels elles pourront apprendre, rencontrer les personnes qui comptent et mme agir sur les sphres dinfluence.

    Je ctoie galement un certain nombre de femmes entrepreneurs, et je dois avouer quelles font partie de celles qui mimpressionnent le plus : elles ont eu une ide, la volont de se lancer, ont pris des risques, se sont jetes corps et me dans la construc-tion de leur entreprise, ont investi et souvent cr des emplois. Toutes en reconnaissent la difficult, mais insistent sur la satisfaction, et le sentiment de plnitude et de libert quelles ressentent !

    Plutt que de se demander comment lambition, pralable toute russite, vient aux filles, on pourrait sinterroger sur la faon dont la niaque vient aux filles ; car cest bien de cela quil sagit Cest loccasion de se demander sil existe des facteurs cls qui favo-risent lmergence de cette ambition. Est-ce lattitude des parents, des enseignants, des pairs ? Sagit-il de modles issus de la littrature, vhiculs par les mdias ou trouvs dans la vraie vie ? Lambition sexplique-t-elle par lhistoire familiale ? Les expriences de vie ? Et peut-elle (re)natre pendant la vie adulte ?

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    Linterview de Viviane de Beaufort

    Viviane de Beaufort, professeure lESSEC, fondatrice des programmes Women-ESSEC et chercheure, ma fait lhonneur de rpondre quelques questions sur lambition.

    Quest-ce que lambition pour vous ?Ce mot ne signifie rien pour moi sil nest pas accompagn par de faire ou de raliser ou de transformer Autrement dit, lambition dtre, voire de paratre, na aucun sens, pas plus que celle davoir ou de possder. Lambition, cest plutt lenvie de raliser, de mener un projet, une action. Cest un moteur puissant de ralisation, mme lorsque le mot est envisag dans une version plus classique et donc pour moi potentiellement connote : tre ambitieux , au sens avoir envie de gravir les chelons.

    Existe-t-il une ambition fminine ?Si vous le permettez, je mettrais des guillemets, car il est facile ET dangereux de tomber dans des strotypes par dfaut, lorsquon aborde cette question. Cepen-dant, les travaux mens sur cette question, et notamment ltude Femmes et Pouvoir commise en 2012 1, identifient trois lments intressants :

    1. Entre construction dune carrire et lintrt du job ou de la mission, cest le second qui est trs largement privilgi par les femmes. Ainsi, aux questions quest-ce qui vous pousse ou vous a pousse vouloir tre dirigeante ? vous lancer en politique ? embrasser une vraie carrire ? Aviez-vous (avez-vous) un projet particulier, quelque chose qui vous tenait (tient) cur ? , la quasi-tota-lit des cinquante rponses initiales et, par la suite les ractions lors dateliers mens depuis 2012 et encore aujourdhui se rsument dans ces deux verbatims : Je nai pas toujours choisi le poste le plus porteur. Il doit y avoir un sens : jai besoin davoir du plaisir aller travailler, de savoir pourquoi je me lve le matin. Sinon cest difficile de tenir un poste ; Si un poste est utile mais quil ny a aucun moyen de lui donner un sens, je ny vais pas.

    2. Les perspectives fminines du pouvoir sont diffrentes. Les femmes inter-viewes voquent avoir souhait le pouvoir pour la ralisation de soi dans un projet collectif, la qute de sens. Les femmes au pouvoir sont donc particuli-

    1. Beaufort (de), V., Women and their Relationship to Power , Council on Business and Society Global Forum, 16 novembre 2012.

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    rement interpelles sur leur identit mme ; rester une femme en assumant des responsabilits dhomme est une ambivalence fondamentale. En latin, pou-voir se dfinit par deux mots diffrents : dune part, potentia exprime la force, le pouvoir de ; les anglophones le traduisent par power to ; dautre part potes-tas exprime la puissance, le pouvoir sur , le power over pour les anglophones. partir des ractions des interviewes, il est possible de prsupposer que la potentia (le pouvoir de) est plutt fminin, alors que la potestas (le pouvoir sur) contient une dimension masculine vidente plus guerrire.

    3. Il existe une ambition partage de faire changer les choses : Je suis anime dune forte conviction de la ncessit dun changement. Nous avons besoin de nouveaux comportements crateurs de valeur et/ou de mieux-tre. Le chan-gement pour accompagner les mutations conomiques, sociales, politiques du monde dans lequel nous vivons. Lambition doit tre accompagne par un sens fort de lthique et des valeurs personnelles.

    Comment se manifeste cette ambition ?Pas suffisamment et cest srement lun des problmes essentiels. Elle est exprime souvent autrement, donc non comprise par des hommes qui occupent encore trs largement les postes de pouvoir. Il y a un problme cl de langage. Prenons lexemple dun poste ou dune mission pourvoir. Quand une femme dit cela mintresserait de , elle exprime une ambition quon risque den-tendre mal ou pas du tout , car le langage entre hommes correspond une expression plus directe : Je mrite le poste que Et paradoxalement, quand lambition est plus assume, lambivalence perdure : aux tats-Unis, il est plus facile pour une femme de dire je suis carririste . En Europe, on assume moins lambition carririste. On retrouve cette ambivalence dans le rapport largent, au pouvoir, la visibilit, par exemple sur les rseaux sociaux.

    Avez-vous des exemples de grandes ambitieuses ?Si la question est exprime ainsi, et cest intressant, je suis mal laise pour donner des noms de contemporaines. Car ce mot mvoque des personnes que je ne trouve pas recommandables : brillantes peut-tre et arrives des postes de pouvoir, mais dures, intransigeantes, intrigantes parfois, bref Prtes tout. Je ne cautionne pas cela chez les hommes, je ne peux le faire pour des femmes, mme si je reste consciente. Je suis sans doute victime du strotype ngatif li lambition mais sans aspect de genre. Je vous citerai donc des femmes du pass comme la Montespan.

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    Comment lambition des femmes est-elle considre par les hommes ? Et par les femmes ?Je citerais volontiers pour rpondre la question des lments tirs de ltude sur les strotypes en matire de management, ralise par IMS-Entreprendre pour la Cit en 2012 : Il apparat que pour plus de la moiti des neuf cent huit managers interrogs, tous genres confondus, les femmes qui russissent obte-nir un poste trs hautes responsabilits dune part sont taxes dambitieuses, le mot tant connot pjorativement, dautre part finissent, en grande majorit, par se comporter comme des hommes. Je citerais aussi Virginie Martin, polito-logue : Il faut rester une fille, ne pas tre trop autoritaire, parce que les femmes qui ont soif de pouvoir, cela perturbe les hommes.

    Comment faire natre lambition chez les jeunes filles ? Et chez les femmes ?Nous avons certainement une responsabilit particulire lgard de la gnra-tion qui arrive. Peut-tre du fait de ma posture de professeure, mais aussi parce que je suis maman dune jeune femme de vingt-sept ans, je ressens fortement cette responsabilit, au point que jai accept de mentorer des jeunes Y et dtre professeure rfrente pour lESSEC sur la Charte galit Hommes/Femmes 1. Il faut aider nos jeunes femmes prendre conscience quon ne les attend pas for-cment bras ouverts ni au travers du prisme de la bonne lve. Elles doivent apprendre nous devons les aider tre plus tactiques, plus exigeantes, rclamer de manire intelligible, valoriser leurs diverses expriences profes-sionnelles, bref oser. Jaimerais bien quelles puissent faire des choix, pas des sacrifices. Jajouterai que de toute vidence, les jeunes hommes de cette gn-ration bousculent aussi le systme avec une vision diffrente de lambition, de lintrt pour largent, la promotion, etc. Tout cela est moins prioritaire, pourvu quil y ait de lintrt et du sens. Cette gnration Y interpelle et cest tant mieux.

    1. https://sites.google.com/a/essec.edu/viviane-de-beaufort/engagement-women/leadership-au-feminin

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    Lavis de Brigitte Grsy1

    Brigitte Grsy, secrtaire gnrale du Conseil suprieur de lgalit profes-sionnelle, nous parle du sentiment de lgitimit des femmes.Jaime le mot ambition , car il est ambivalent : dun trs mauvais genre au dpart, ce dsir passionn des honneurs sest assagi pour dsigner le simple dsir de se projeter, le dsir de vivre en quelque sorte ; ds lors, en devenant frquentable, il est devenu compatible avec les femmes, mais au prix dun certain affadissement. Ambition et got du pouvoir, certes, mais un pouvoir recommandable, celui qui cherche lever autrui et non le mettre sous sa coupe, tant les femmes seraient vertueuses, mme quand elles flirtent avec les mauvais garons de la langue fran-aise ! Drle dhistoire !

    Et si, l encore, les habits du fminin et du masculin ntaient pas pure mystifi-cation ? Si, au lieu daccrocher du fminin ou du masculin aux qualits et comp-tences, lambition et la rigueur masculines, la douceur et lintuition fminines, on ne se disait pas une fois pour toutes que la diffrence physiologique et biologique des sexes nentranait pas celle des aptitudes ; que les femmes et les hommes vou-laient sans doute les mmes choses et que sils ne pouvaient pas lobtenir aussi facilement, ctait parce quils navaient pas appris, depuis lenfance, les mmes choses.

    Cest l que le thme de lambition des femmes rejoint la question des stro-types, des systmes de reprsentation qui prsentent un monde masculin et fminin binaire au lieu doffrir chacun tout le champ des possibles et qui fait que les femmes voient surtout la vie en rose. Cest l que se construit diffremment le sentiment de lgitimit, lestime de soi, la confiance dans sa capacit prendre des risques, investir lespace, djouer le conformisme, accder lautonomie, tre acteur de sa vie. Tout y concourt, la socialisation des tout-petits, la mise sur rails lcole, limpuissance des mdias reflter correctement la moiti de lhu-manit, les livres pour la jeunesse qui rigent le masculin neutre comme talon uni-versel, les jouets dont le dluge de bleu et de rose poussent les filles vers la sphre prive, les vtements qui ligotent les mouvements ou qui les librent, le sport qui joue le collectif du succs ou de lchec, ou la solitude du beau voir.

    1. Auteure de La vie en rose. Pour en dcoudre avec les strotypes, Albin Michel, 2014.

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    Rien dtonnant alors ce qumergent tous les syndromes de la terre, celui de limposture, de lusurpation, de Cendrillon mme. Mais peu importe, car face tout cela, une bonne nouvelle : rien ne rsiste lapprentissage ; rien ne rsiste la dci-sion doser sexercer, et ds lors, lambition vient aux filles et les conditions de sa mise en actes sont poses.

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    CHAPITRE1Ambition: dequoiparle-t-on?

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    Le livre Aujourdhui la vie A2, paru chez Olivier Orban en 1985, propose une slection de lettres envoyes par les tlspectateurs dans le cadre de lmission ponyme. Pour illustrer le thme de lambition, figure notamment le courrier que javais envoy en mai 1983, dans lespoir dtre choisie pour y participer :

    Lambition dune fille peut se trouver contrarie. Souvent, une jeune fille va renon-cer une brillante carrire professionnelle cause de tous les avertissements quon lui adresse : Pense ta vie familiale ; si tu occupes un poste important, tu ne pourras pas lever correctement tes enfants On lui dira aussi que mme si elle a beaucoup de diplmes, elle nest quune fille, et cela suppose beaucoup de sous-entendus. Il est difficile pour une jeune fille daccder un poste important cause des ventuelles contraintes de sa vie de mre. Les patrons et on les comprend sont rticents donner de fortes responsabilits quelquun qui risque dtre absent. Pour beaucoup, dans ce contexte de crise, un poste occup par une femme reprsente une suppression demploi pour un homme. Les garons nont pas eu lhabitude de se voir distancer par les filles, de recevoir des ordres de ces dernires.

    Une fille montre donc, selon moi, beaucoup de courage garder son ambition, connais-sant les difficults quelle aura surmonter.

    Jai dix-sept ans. Je suis titulaire dun bac C. Demain je passerai le concours dentre HEC. Jenvisage en effet de suivre de hautes tudes commerciales. Je vis en milieu rural et les gens sont toujours tonns lorsque je les informe de mes projets professionnels. Pour beaucoup, comme je travaille bien lcole, je devrais suivre la filire de lenseigne-ment, devenir une sage petite institutrice de campagne la vie paisible. Mme ma mre aurait t rassure (pour elle, lenseignement est la voie idale pour une femme), alors que l, je me lance dans un domaine inconnu : non seulement je suis une fille, mais en plus je suis issue dune famille relativement modeste (mon pre est un petit cultivateur). Je devrai donc faire mes preuves pour accder une place leve dans la hirarchie sociale.

    Do vient ma propre ambition ?

    Mes amis extrascolaires travaillent. Ils sortent le samedi soir, profitent de leur jeunesse. Moi, je ne connais ces petits plaisirs que pendant les congs. Je dois toujours apprendre, rviser et viter daccumuler de la fatigue. Cest pourquoi en priode scolaire, jessaie de ne pas les rencontrer au cas o, par faiblesse, je serais tente de suivre leur exemple.

    Mon avenir se joue pendant ces quelques annes que jai sacrifier. Je ne veux pas vivre la mme routine que tous ceux qui mentourent. Si tre ambitieuse, cest refuser cette vie simple, ordinaire, alors oui, je le suis !

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    Je veux gagner un bon salaire pour massurer une indpendance dans la vie. Quoi quon en dise, largent contribue largement au bonheur. Tout cela pourrait tre qualifi dam-bition personnelle, mais dans mon cas, il y a autre chose, le prestige. Jai aussi besoin de prouver aux autres quelque chose : par exemple aux lves qui en ont voulu cette gamine que jtais, qui non seulement accaparait les bonnes notes et lestime des pro-fesseurs, mais qui en plus avait deux ans davance (...)

    Souvenirs, souvenirsEn relisant ces lignes, plus de trente ans plus tard, jai ressenti avec le recul de la dter-mination, presque de la rage, voire de la prtention Je venais dun milieu rural, certes, mais jtais loin dtre une Cosette dans une famille pauvre. Les jeunes que je ctoyais en classe prparatoire taient plutt issus de familles bourgeoises ou intellec-tuelles quand mes amis du village ou du collge, garons et filles, avaient, eux, choisi de suivre des tudes courtes.

    Je devais en avoir assez de rviser. Javais allum la tlvision et tais tombe sur la fin dAujourdhui la vie, au moment o les appels tmoin pour les prochaines mis-sions taient indiqus. Cest l que jai lu sur mon cran Comment lambition vient aux filles Sans hsiter, jai pris une feuille, un crayon, et jai griffonn quelques lignes, envoyant ma lettre sans en parler personne. Courrier post, presque oubli Quelques semaines plus tard, alors que jtais seule au domicile familial (coup de chance), le tl-phone a sonn :

    Bonjour, je souhaite parler Frdrique Cintrat. Vous avez reu un tlgramme tl-phon.

    Ctait la premire fois de ma vie que je recevais un tlgramme, de surcrot par tl-phone. Une fois leffet de surprise pass, jai t prise dinquitude : de quoi sagissait-il ?

    Vous avez t slectionne pour participer lmission Aujourdhui la vie, sur le thme Comment lambition vient aux filles. Lenregistrement aura lieu le 20 juin aux studios de la SFP. Vous allez recevoir les dtails par courrier.

    Javais donc t choisie pour reprsenter la jeune gnration ! Mes ractions taient par-tages. Jtais extrmement heureuse, flatte et excite par cette nouvelle exprience, et en mme temps anxieuse : comment allais-je annoncer cela mes parents ? Eux, si discrets, avaient dj t, bien que fiers, gns quand les journalistes locaux mavaient consacr un article intitul Frdrique, seize ans, bachelire en section C , photo et interview lappui pour les deux quotidiens locaux, Lcho Rpublicain et La Rpublique du Centre.

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    L, javais trois informations leur communiquer : javais crit pour participer lmis-sion ; javais t slectionne pour y participer ; il allait falloir quils my conduisent. Fina-lement, aprs avoir pouss un soupir dpit, ils ont plutt bien pris la nouvelle.

    Le jour J est arriv. Javais choisi de porter ce que je croyais tre ma plus belle robe, rose fonc, plutt longue, pas glamour et encore moins femme daffaires . Une fois sur place, jai reu un excellent accueil. Direction la salle de maquillage, o on ma prsent les femmes avec lesquelles jallais dbattre : lisabeth Badinter qui venait dcrire milie, mi-lie, ou lambition fminine au xviiie sicle (Flammarion, 1983), Franoise Giroud, ancienne ministre, et trois autres tlspectatrices dont une adjointe la mairie de Rennes.

    ce moment-l, jai commenc prendre conscience que je jouais dans la cour des grands, aux cts de femmes illustres que je navais jusque-l vues qu la tlvision et dont javais dj lu certains livres. Non, il ne fallait pas tre impressionne ! Courage Je devais me lancer sans perdre mes moyens (cette petite voix intrieure a souvent t mon meilleur coach). Aprs tout, si jtais l, ctait pour une bonne raison ! Sur le plateau, jai t mise en confiance par les deux journalistes, Genevive Moll et Claude Bellei : ils nous ont expliqu comment ils allaient procder, les questions quils allaient nous poser, etc.

    Mes parents taient rests dans les coulisses et ont suivi, fbriles, lenregistrement de lmission dans une pice voisine sur un cran. Tout est all trs vite. Je me sou-viens de mon contentement de navoir pas trop bafouill. Malgr mon apprhension, javais trouv les mots pour rpondre aux questions qui mavaient t poses. En sep-tembre 1983, jai demand scher le cours de maths de ma seconde anne de prpa (eh oui, javais rat HEC !) pour pouvoir regarder lmission dans une salle de mon ta-blissement Orlans. Bien sr, je mtais trouve horrible, encore plus rose que la cou-leur de ma robe, et agaante Les ractions de mon entourage avaient pourtant t plutt sympathiques et bienveillantes, parfois mme surprenantes, comme le message dune femme qui pensait avoir dcouvert en moi la rincarnation de sa fille dcde

    Des membres de ma famille avaient enregistr lmission sur une cassette vido. loccasion des lections du bureau des lves Sup de Co Le Havre Caen, lcole de commerce que javais intgre en 1984, jai voulu la montrer quelques camarades de promotion. Malheureusement, la cassette avait disparu avec une valise de linge que javais laisse dans mon vhicule, qui avait t fractur mon grand regret, jai d attendre des annes avant de pouvoir revoir cet enregistrement.

    En relisant ma lettre, je suis encore aujourdhui frappe par les mots que jemploie. Cer-tains demeurent compltement dactualit Les choses ont-elles vraiment chang depuis 1983 ? Je nen suis pas sre, en tout cas si je considre les trajectoires que lon

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    propose aux femmes de suivre et les perspectives quelles saccordent parfois. Il me semble que les choses ont mme un peu rgress Lducation familiale, la scolarit, les modles donns par les mdias, les hros et hrones de films, les clips musicaux, etc., font quil est plus que jamais intressant de sintresser cette ambition fminine. Les amies de mes fils qui ne sont pas toutes issues de familles bourgeoises sorientent sou-vent en terminale vers des filires comme la psychologie, le droit, la biologie, et, peut-tre influences par des sries tlvises, vers la mdecine judiciaire ou la police, voire ambitionnent de devenir commissaires.

    Lambition na pas de sexeDbut 2013, jai tap sur Internet comment lambition vient aux filles et ma grande surprise, la premire ligne qui est apparue correspondait un document de lINA, lenre-gistrement dune mission de juin 1983. Comme lindique son rsum : Lmission est consacre aux polmiques que peut soulever lambition fminine sous les diverses formes quelle prend dans la socit actuelle. Une jeune tlspectatrice de dix-sept ans, Frdrique Cintrat, ayant prpar plusieurs grandes coles, explique quelles barrires elle sest heurte. Trois autres tlspectatrices plus ges voquent leur itinraire ; il sagit dArlette Tardif (adjointe la mairie de Rennes), de Mesdames Dbats et Bachelot. Participe au dbat lisabeth Badinter pour son dernier livre milie, milie, lambition fmi-nine (Flammarion), o elle analyse lambition de Madame du Chtelet et Madame dpi-nay. lisabeth Badinter souligne laspect pjoratif de lambition, analyse la russite de sa vie par rapport langoisse de mort et donne quelques exemples des difficults rencon-tres par les femmes sortant des mmes coles que leurs collgues masculins. Quant Franoise Giroud, journaliste, ancien ministre de la Condition fminine et venant de publier Le bon plaisir (Mazarine), elle insiste sur la diffrence entre lambition ralise et la notorit, entre faire et tre et analyse la nouvelle forme de fminisme qui se dgage ainsi que le malaise ressenti par les hommes dans un monde en mutation.

    Dans le court extrait disponible gratuitement sur le site de lINA, Genevive Moll intro-duit lmission ainsi : Je veux tout, je veux quon moffre des fleurs, je veux quon mouvre les portires, je veux tre P-DG dune socit. Rassurez-vous, ce nest pas moi qui le dis, cest une jeune femme qui le dit, qui vient de publier un livre qui sintitule Femme daffaires, affaires de femmes () Sophie de Menton. videmment depuis quelle est P-DG dune socit, cela fait maintenant six ans, ses belles-surs lui ont tourn le dos, sa mre ne lui parle plus, elle veut mme racheter tous les livres de la bibliothque de son village afin que personne ne lise le livre de sa fille. Et pourtant, Sophie de Menton est non seulement P-DG dune socit, mais elle lve deux enfants ! Alors parler de lambition fminine en France,

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    vous savez, cest trs mal vu, cest presque un gros mot ; cest presque une insulte que de dire quune femme est ambitieuse. On le sait bien, les ambitieuses, pour parvenir, emploient tous les moyens, dit-on Pour parvenir quoi ? Eh bien dominer les hommes. Mais les femmes ne sont pas les dernires les mal juger. Pourtant, les femmes dont on parle sont de plus en plus nombreuses, les femmes qui simposent sont de plus en plus nombreuses. Encore faut-il savoir ce quelles mettent, elles, sous le terme dambition ; encore faut-il se demander ce quelles sont dsireuses de russir dans leur vie ; encore faut-il sinterroger sur les nouvelles formes dambitions fminines.

    Jai videmment saisi lopportunit de revoir enfin lmission en entier en commandant le DVD sur le site de lINA ! Quand je lai reu, jtais un peu anxieuse lide de le vision-ner. Quelle motion de se retrouver devant une presque inconnue, la jeune fille que jtais trente annes en arrire. Genevive Moll commence par interroger une veuve, mre de six enfants, qui a d travailler la mort de son mari. Cette femme de tte est devenue adjointe au maire de Rennes. Puis lisabeth Badinter, majestueuse, voque les deux types dambition des hrones de son dernier livre. Elle ajoute que lambitieux, en gnral, nest pas trs apprci, vivant toujours dans le futur, plus centr sur lui-mme que tourn vers les autres, avec un petit ct narcissique, voire exhibitionniste Pour elle, lambition na pas de sexe . Une autre invite, une femme ge, raconte quelle tait ambitieuse quand elle a pass le concours de lcole normale, avant de finalement prendre poux et soccuper de sa famille Elle confie quelle nest srement pas alle au bout de ses ambitions quelle a transfres sur ses enfants , et quelle aurait eu trop honte de reconnatre publiquement quelle tait ambitieuse, ou quon la qualifie ainsi. On vient de loin !

    Enfin vient mon tour ! Et vous Mademoiselle Cintrat, quen pensez-vous ? Jai refait connaissance avec cette jeune fille aux longs cheveux noirs qui, bien cale au fond de son sige, affirme dune voix douce quelle ne voit pas pourquoi, ds lors que garons et filles frquentent les mmes tablissements scolaires, reoivent le mme enseignement, ils nauraient pas les mmes ambitions. Je reprends mme les propos dlisabeth Badinter en les approuvant : Lambition na pas de sexe. Le journaliste me demande si cela inter-pelle les garons qui frquentent la mme prpa que moi. Oui, ils nosent pas se lavouer, mais quand on lance le sujet, ils se lchent. On peut passer pour des voleuses demploi pour les postes de haut niveau. Il aurait sans doute t prfrable que je parle de nouvelle concurrence . Jaffirme que cest l un phnomne nouveau, car dailleurs on compte peu de femmes daffaires. Le journaliste me rtorque que leur nombre augmente. Peut-tre Paris, mais je nen connaissais aucune dans mon environnement proche et javais encore assez peu de rfrences.

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    Sensuit un dbat avec Franoise Giroud, qui dfend le fait que les hommes aient cette ambition de crer, daller de lavant, car ils sont dpourvus du pouvoir de crer avec la maternit ; dsormais, les femmes ont une double volont, une ambition profession-nelle et une ambition maternelle, ce qui devrait dstabiliser les hommes. Pour Fran-oise Giroud, lambition est insuffle par la mre, qui mettrait toute son nergie la transmettre son fils, et par dfaut sa fille. Par consquent, les filles seraient plus ambitieuses dans les familles dnues de fils, grce une ducation moins strotype : celle du garon conqurant et de la fille frivole et douce.

    Puis lisabeth Badinter rprouve que quelques annes en arrire, lambition des parents pour leurs filles se rsumait ce quelles fassent un grand mariage . Selon elle, ce sont les pres qui auront un rle fondamental jouer pour transmettre lambition leurs filles, en les soutenant, elles et leurs projets, avec nergie, investissement et considration.

    On me redemande alors mon avis : Ma mre a un peu peur de me voir partir linconnu, vers le commerce international (une voie que je nai dailleurs jamais poursuivie). Elle souhaite bien sr que je travaille, pour mon indpendance, mais que je choisisse un mtier moins risqu, comme institutrice. Le journaliste me demande, alors que je nai que dix-sept ans, ce que je choisirais. Il faut croire qu lpoque, il semblait inconcevable de tout avoir ou de tout vouloir ! Avec un petit sourire gn, je rponds que justement, cest mon problme : Je pense une carrire professionnelle pour le moment et non une carrire familiale (quelle drle dexpression !). Je nenvisage pas pour le moment de me marier et de faire des enfants Puis lisabeth Badinter rappelle que dans les socits athes, la vie sur terre doit avoir un sens et tre la plus riche possible. Cest lmergence de lambi-tion, au sens de lvitement du renoncement, du dsir dpanouissement total, que lon recherche.

    Une scolarit prcoceMes parents se sont connus lcole communale qui runissait tous les enfants de leur village dEure-et-Loir. Ma mre tait lane dune famille nombreuse et ouvrire ; mon pre, lui, tait lenfant unique dun couple de paysans possdant quelques terres et quelques vaches. Ils ont tous deux obtenu leur certificat dtudes, ma mre ayant ter-min deuxime du canton, puis prpar une formation agricole courte. Je suis ne dix mois aprs leur mariage. Mon pre travaillait alors la ferme de ses parents. Comme ma mre avait pris beaucoup de poids, on lui pronostiquait la naissance dun garon, ce qui faisait la joie de mon pre, qui allait avoir un complice et un cultivateur en herbe la mai-son. Ils avaient hsit pour le prnom : Frdric pour un garon et Sylvie pour une fille. Comme on commenait entendre parler de Frdrique, ma mre avait convaincu mon

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    pre de choisir ce prnom. Lorsquune fille de plus de 4 kg a point le bout de son nez, mon pre a t un peu du, mais a vite t flatt par les compliments quon lui faisait sur ce gros bb vif et plein de sant.

    Trs jeunes, mes parents ont d prendre la suite de mes grands-parents paternels, aprs leur dcs. Nous ne vivions pas dans le luxe, mais je ne manquais de rien, et surtout pas damour. Ma mre inventait toujours des histoires quelle me racontait en mimant les situations. Jtais captive. Elle mavait galement appris compter et lire trs tt. Mon pre, lui, memmenait aux champs avec le cheval de trait. Mes petites camarades du village qui ne vivaient pas dans une ferme aimaient partager des moments buco-liques avec moi, dans la remorque sur les foins. Il y avait deux vaches laitires la ferme, le lait tant destin la consommation du foyer et la vente aux particuliers. Lorsque les petits Parisiens tout bien habills et propres sur eux, qui passaient quelques jours chez leurs grands-parents, arrivaient chez nous acheter un litre de lait, j