Comment interpréter des spermocultures - cgoa.fr · Seuils de pathogénicité définis par la...
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EPU 27 septembre 2014 9èmes journées d’Infertilité d’Alsace
Comment interpréter des
spermocultures ?
Nicolas Lefebvre (infectiologue NHC)
Cécile Grèze (biologiste CMCO)
Textes et recommandations (1/2)
• Arrêté du 3 août 2010 modifiant l’arrêté du 11 avril 2008 relatif aux règles de bonnes pratiques cliniques et biologiques d’assistance médicale à la procréation
- IIU : « une spermoculture datant de moins de six mois (afin d’éviter tout risque de contamination de la femme) »
- FIV : « spermoculture récente »
• Guide OMS 2010 : aucune recommandation sur délai ou interprétation de la SPC
• Recommandations pour la pratique clinique décembre 2010 - CNGOF - La prise en charge du couple infertile
« Le groupe de travail recommande de ne pas prescrire de spermoculture en première intention (grade A) sauf signes d’appels infectieux. »
Textes et recommandations (2/2)
Contamination Flore polymorphe (≥ 3 germes ≠)
Germes pathogènes de par leur présence C. trachomatis* – N. gonorrhoeae
Germes pathogènes au seuil de ≥ 5.103 UFC/mL (et même ≥ 102 UFC/mL proposé des FIVistes français !)
Entérobactéries : E. coli – Proteus mirabilis – K. pneumoniae – M. morganii…
Au seuil de ≥ 5.103 UFC/mL Corynebacterium seminale/glucuronyticum – Streptocoques pyogènes – S. aureus – Gardnerella vaginalis – C. albicans
Au seuil de ≥ 104 UFC/mL M. hominis – U. urealyticum
Seuils de pathogénicité définis par la Société Française de Microbiologie pour le résultat de la spermoculture dans le cadre d’une tentative d’AMP. Repris dans une Revue générale « Les bactériospermies en AMP : comment réaliser et interpréter une spermoculture ? Qui traiter ? Pourquoi ? Comment ? » (Boitrelle et al., Gynécologie Obstétrique & Fertilité 2012)
* Sensibilité meilleure dans le 1er jet urinaire que dans le sperme
Que faire devant le résultat ? La fréquence du résultat « problématique »
87,4
8,6
1,7 0,3
1,1
0,9
%
Stériles ou considérés comme "négatifs" (polymicrobiens ≤ 10e4 sans BGN)
Polymicrobiens sans BGN > 10e4
BGN > 10e3
C. seminale
U. urealyticum ≥ 10e4
Strepto souche pure (non pyogène)
Résultats des SPC au CMCO – PTM
des HUS (septembre 2013 – janvier
2014)
Source : C. Hersant (interne en biologie
médicale)
- 348 prélèvements (frais et paillettes
confondus)
- 6 avec > 10e3 UFC/mL
Entérobactéries
- 1 avec C. seminale/glucuronyticum >
10e4 UFC/mL (10 positifs en 4 ans –
Source : C. Koebel – PH au PTM)
- 4 avec UU ≥ 10e4 UFC/mL
- ECBU pas toujours associées (3
faites, une avec BGN)
Moins de 4% des résultats de bactériologie du sperme posent vraiment question
Interrogatoire +++
• ATCD urogénitaux : infections urogénitales ? MST ? Diabète ? Douleurs pelviennes ? ...
• Poids / IMC
• Habitudes de vie :
- Equilibre alimentaire, temps consacré aux repas ? (déséquilibre flore intestinale ?)
- Boissons (soda, cafés sucrés, sirop ?), hydratation ?
- Hygiène ? (excessive ?)
- Profession, position assise prolongée
- Fréquence des éjaculations
Que faire devant le résultat ? Une attitude pragmatique
Bonnes conditions de prélèvement : • Bonne hydratation préalable : 1,5 L à 2L d’eau non
sucrée 2 jours avant (voire 3 L si flore polymicrobienne ou présence de bactérie isolée déjà retrouvée), 1 L le matin du recueil
• Eviter les délais d’abstinence trop longs (< 8 jours)
• Hygiène du prélèvement (consignes verbales +++ et écrites - Boucher et al. Fertil Steril 1995 - éviter le prélèvement ramené au laboratoire) - Uroculture associée – CMCO : savon doux à usage unique puis Amukine®
Résultat « positif » : • SPC « positive » n’implique pas traitement
antibiotique systématique !!!
• Sperme = fluide biologique bactériostatique
Examens complémentaires
• DHX
• Echographie génito-urinaire
• Contrôle SPG et SPC
Education du patient + conseils
Consultation spécialisée
Surveillance de la résistance bactérienne Données aux HUS
Klebsiella pneumoniae
• « …jusqu’à 50% d’utilisation inappropriée… »
– en terme d’indication, doses, durée, spectre, toxicité…
• Principales prescriptions inappropriées
– Non indications
• Bactériuries asymptomatiques, ou sur sonde
• Prélèvements cutanés positifs
• Prélèvements pulmonaires positifs (ex. Candida)
• Liquides de drains ?
• Spermocultures positives ?
…
– Durées trop prolongées
• Promotion du « Bon usage des ATB »
Infections uro-génitales Nosologie
Symptomes
cliniquesBactéries
Traitement
ATB
Vessie
Cystite + BG- +
Bactériurie asymtomatique - BG- +
Voies génitales
Uréthrite + Gono., C. trachomatis +
+BG-, Strepto, Gono, C.
trachomatis+
Orchite + Viral, BG-, Strepto +
Prostate
Prostatite aiguë bactérienne + BG-, CG+ +
Prostatite chronique bactérienne + BG-, CG+ +
+ ? ?
- Type inflammatoire
- Type non-inflammatoire
Prostatite inflammatoire asymptomatique - ? ?
Autre
Contamination - + -
Colonisation - + -
Syndrome pelvien douloureux chronique /
(Prostatite chronique)
Epididymite
Problématique de la spermoculture positive en AMP
• Retentissement morphologique et fonctionnel sur le spz :
- numération, mobilité, morphologie ; aptitude migratoire (Diemer, Andrologia 2003) et fécondante altérées par la bactériospermie et la leucospermie ; phénomènes inflammatoires du tractus génital
E. coli : mobilité, vitalité d’autant plus que sperme oligospermique, phénomènes apoptotiques (Auroux Int J Androl 1991; Villegas, Apoptosis 2005), déstabilisation de la membrane lipidique du spz (Fraczek, Fertil Steril 2014) Mycoplasmes : numération, mobilité, morphologie (Moretti, J. Assist Reprod Genet, 2010)
- Altération fonction du germe, quantité,
atteinte des glandes annexes, oligospermie préalable ou pas (Sanocka, J. Reprod Immunol 2004)
• Améliorer pour éviter la médicalisation de la procréation ! EGU +/- consultation urologique spécialisée
Problématique de la spermoculture positive en AMP
IIU :
• Risque de contamination de la femme
• Risque de diminution des chances de grossesse / altération paramètres spermatiques (très rares études reprise dans Boitrelle et al.)
Culture embryonnaire :
• Risque de contamination du milieu de culture et de non évolution embryonnaire
• Utilisation de milieu +/- supplémentés en ATB à faible concentration (ex : Global® LifeGlobal avec gentamicine – concentration non spécifiée)
Contamination du milieu de culture avérée – FIV classique
• Cas non exceptionnels de contamination de milieu de culture
[30 % avec origine spermatique (Kastrop, HR, 2007)]
• Mails sur BLEFCOLISTE juin + AMP vigilance infos mai 2014 (lettre d’information pour les professionnels de santé – ABM)
• Couple X : ex CHU de Lyon
- J1 : pousse microbienne avec 2 ovocytes lysés et un non fécondé.
- Bactério : 10e5 E. coli et 10e5 E. faecalis, ds sperme migré utilisé pour l’insémination; recueil ovocytaire hors de cause : résultat négatif pour le puits ayant servi au lavage des cumulus avant insémination
- Absence de fécondation et pousse bactérienne : mise en cause aisée
• Couple T : ex CHU de Strasbourg
- PO 03/13 : embryons tous lysés à J2 avec pousse microbienne dans les boîtes -> Identification de Pseudomonas aeruginosa
- Mme traitée qq j avant la PO par Monuril pour une infection urinaire (germe non identifié); SPC + ECBU nég 4 j après la PO
- Absence de fécondation et pousse bactérienne : mise en cause aisée, source ??? -> investigations avec l’EOH, prélèvements d’eau, d’air : RAS
- Nouvelle SPC 05/13 : 10e4 P. aeruginosa !! Non vu !!! Tentative stoppée en juillet 2013, nouvelle SPC retrouve même germe -> Oflocet + AINS 3 sem
- Par précaution, constitution de paillettes de spz pour tentative ultérieure avec paillettes (TE 1
embryon, reste 3 congelés)
Contamination du milieu de culture suspectée - ICSI
• Contamination du milieu de culture rarissime : injection de spz dans une pipette à partir d’un échantillon de préparation redilué.
• Taille bactérie (2 µm/0,5µm) << spz
• Pratique brestoise : SPC systématique jour tentative – mise en évidence ponctuelle d’une relation SPC + et mauvaise qualité et/ou blocage embryonnaire précoce (data non publiées) FIV et ICSI
• Couple M : ex CHU de Strasbourg
- SPC antérieures négatives. 1 ATCD d’ICSI avec maturité faible 5/15 ovo et 3 zygotes, pas d’embryon évolutif.
- ICSI faite. Aucun signe de culture bactérienne à J1 ou J2 dans les boîtes de culture (milieu Global avec Gentamicine). Paucifécondation : 1 zygote / 5 mII (8 total). 1 embryon, bloqué à J2. Pas de TE.
- SPC faite jour de PO sur signe d'appel d'infection potentielle = leucospermie. Pas de paill (OATS, devait autoconserver). Résultat > 10 000 E. coli souche pure. Genta S.
- Pauci fécondation et mauvaise évolution embryonnaire, sperme contaminé : mise en cause probable mais les puits de culture n’ont pas été testé.
- Contrôle SPC 09/14 : négatif + autoconservation en cours au CECOS.
Patient asymptomatique SPC positive isolée
• Cas clinique – Couple P. - SPC avec rares leucocytes ; 10e3 Proteus mirabilis et 10e3 E. coli ; associée à
ECBU négative. Pas de signe clinique.
- OATS avec EGU et examen clinique strictement normaux.
- 2 SPC antérieures toutes négatives
- 6 semaines Oflocet en ville…
… Commentaires ?
Patient asymptomatique Prélèvements qui restent positifs
Blaser. Nature 2013
Contamination? Infection ? Colonisation ?
Patient Spermoculture Bactéries
Patient A
N°1 E. coli
N°2 Haemophilus parainfluenzae
N°3 Polymicrobien sans BGN
N°4 et 5 Polymicrobien
Patient B
N°1 et 2 E. coli
N°3 Morganella morganii sp. morg
N° 4 et 5 Polymicrobien
Patient C
N°1 et 2 E. coli
N°3 Klebsiella oxytoca
N°4 Polymicrobien
N°5 Pseudomonas aeruginosa
Patient D
N°1 et 2 E. coli
N°3 Polymicrobien sans BGN
N° 4 et 5 Polymicrobien
Patient asymptomatique Perturbation majeure paramètres spermatiques / SPC négative
• Cas clinique – Couple J. M. 44 ans, peintre en bâtiment :
- Akinétospermie sur 2 SPG - SPC négative, pas de leucos - Aucun signe clinique, mais kyste
épididyme G à la palpation 01/06/12 - Traitement de 6 semaines par Oflocet +
3 semaines par AINS juin – juillet 2012 - Réalisation de paillettes
d’autoconservation - Echec FIV n°1 (TE 1 + Cg 3 blasto),
utilisation sperme frais de bonne qualité (hyperplasie endométriale opérée chez sa femme de 31 ans)
Date 03/03/11 14/05/12 27/07/12
Volume (mL) 1,5 1,7 3,7
Viscosité N N N
pH 7,5 7,2 6,9
Numération (M/mL)
5,02 9,14 163
Mobilité d = 100% d = 100% a+b = 49%
Vitalité (%) 46 33 79
Formes typiques (%)
2 (21% angulés, 29% enroulés)
8 (26% angulés, 14% enroulés)
26
Cellules rondes 0,02 0 0,7 (pas de leuco)
Bactériologie SPC et ECBU : - SPC - SPC -
Patient symptomatique
• Cas clinique – Couple B. M. 38 ans, ingénieur : - Prostatite aiguë en 2007 - Prise en charge urologique pour prostatite chronique
symptomatique (dysurie, pollakiurie, douleurs pelviennes) - SPC itératives avec E. coli, divers TT ATB donnés en ville (Bactrim, Tavanic 3 mois, Oflocet…)
- Consult CMCO : Infertilité primaire de 2 ans en 2010 – pas de retentissement sur SPG
- Echec de plusieurs IIU (et plusieurs arrêts pour réponse explosive) 2011-2012
- Fin 2011, apparition d’un trouble de l'éjaculation (anéjaculation) suite à prise Urorec® (silodisine) pour hypertrophie bénigne de la prostate, réversible en qq jours après arrêt du TT.
- Apparition E. coli BLSE, impasse pour la prise en charge en FIV.
- Conseil infectiologie NHC : TT 21 jours ertapénème (SC) en août 2012 !!!
- Résultat : constitution de paillettes stériles avec SPC 24/08/12 (en vue de FIV) mais grossesse spontanée !
Date 26/04/12 21/05/12 24/08/12
Volume (mL) 3,5 3,8 4,4
Viscosité N N N
pH 7,2 7,2 7,2
Numération (M/mL)
167 165 212
Mobilité a+b = 37% a+b = 39% a+b = 40%
Vitalité (%) 71 72 66
Formes typiques (%)
Non effectué (essais d’autoconservation au CECOS)
Cellules rondes
3,6 (0 leucos)
9,4 (0 leucos)
9 (1,5M leuco)
Bactériologie SPC + SPC + malgré gradient 6 couches
SPC -
Patient symptomatique
• Cas clinique – Couple D. M. 30 ans, policier : - PMA en cours - Terrain: hypospadia opéré dans l’enfance,
présence de 2 kystes épididymaires, varicocèle
- Douleurs pelviennes (testiculaires, érection, éjaculation, scrotum, anales…) depuis quelques mois. Syndrome dépressif.
- Spermocultures multiples + (diverses bactéries)
- TTT antibiotiques multiples: lévofloxacine, bactrim, amoxicilline, ofloxacine
- Proposition infectiologue: stop ATB - Consultation « douleur » avec avis
psychiatrique (2h): somatisation au niveau pelvien en raison des ATCD
- Evolution: favorable!
• 11 paillettes CECOS « propres » utilisables en ICSI (après réalisation de gradient de densité 6 couches)
Stratégie proposée devant une SPC positive sans signes cliniques
• Contrôle avec conditions d’hygiène +++ et hyperhydratation
Efficace le plus souvent (colonisation ou germes sphère anale ≠ infection)
• Si contamination polymicrobienne persistance : utilisation possible d’un gradient de densité 6 couches pour éliminer les germes (inefficace sur les BGN ou les mycoplasmes) + autoconservation de paillettes
• Jusqu’à maintenant : si persistance germe considéré comme pouvant contaminer les puits de culture en FIV et entraîner une perte de chance pour le couple : consultation uro + EGU +/- TT ATB / AINS
• Proposition : Flush d’ATB ?