Comment innover au-delà du tout-rénovation -...

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10 bailleurs sociaux et experts partagent leurs pratiques en matière d’efficacité énergétique et témoignent de la manière dont ils optimisent les dépenses des bâtiments qu’ils ont à leur charge. Comment innover au-delà du tout-rénovation ? Logement social en partenariat avec EXPÉRIENCES PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

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10 bailleurs sociaux et experts partagent leurs pratiques en matièred’efficacité énergétique et témoignent de la manière dont ils

optimisent les dépenses des bâtiments qu’ils ont à leur charge.

Comment innover au-delà du tout-rénovation ?

Logement social

en partenariat avec

EXPÉRIENCES PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

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AVANT-PROPOS ..................................................................................................................................................4

INTRODUCTION ..................................................................................................................................................5

EXPÉRIENCES DE SPÉCIALISTES

Pierre BAUX

Associé-gérant, Sunsquare ...............................................................................................................7

Ronan LE ROUX

Directeur outils et performance, Idex ...........................................................................................9

Aziz AOUACHRIA

Chef du service pôle politique technique, Logirep ...................................................................11

Asterios RIzOs

Directeur du développement, Seine Ouest Habitat ................................................................13

Arnaud THAMIN

Directeur maîtrise des charges et efficacité énergétique, Foncia .........................................15

Florence BOVET

Responsable du service marchés, travaux et contrats, Domaxis ..........................................17

Tristan HAMON

Responsable de la cellule énergie, 3F ..........................................................................................19

Nadège MAREUIL-MILLET

Responsable développement durable, Paris Habitat .............................................................21

Frédéric COsQUER

Responsable énergie, ICF Habitat La Sablière ...........................................................................23

Thierry CHAMBON

Président, Energisme ......................................................................................................................25

Clément METzgER

Responsable efficacité énergétique, Energisme ......................................................................27

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Thierry CHAMBONPrésidentEnergisme

LE TOUT-RéNOVATION N’EsT PAs L’UNIQUE sOLUTION POUR UNE MEILLEURE PERFORMANCE éNERgéTIQUE

Face aux défis de la transition énergétique, les acteurs du bâtiment sont amenés à trouver desnouveaux moyens pour réduire leurs consommations. Les bailleurs sociaux, qui ne font pasexception à la règle, doivent redoubler d’efforts. Certains ont déjà pris les devants en testantdes solutions innovantes pour améliorer l’efficacité énergétique de leurs bâtiments et enparticulier de la chaufferie. Leur organisation a été profondément revue : de nouveaux métiersont été créés à l’image des responsables de performance énergétique, des équipementsinstrumentés sont apparus sur sites, les locataires ont été davantage sensibilisés. Maissurtout, l’économie d’énergie n’est plus synonyme « d’acheter moins cher » mais de« mieux consommer ». D’autres, conscients de ces enjeux, peinent encore à généraliser leurs expérimentations. Le « tout-rénovation » n’est pas l’unique solution pour une meilleure performanceénergétique. Des technologies simples à implémenter sur sites sont à portée de main. Lesbailleurs sociaux qui les adopteront pourront mieux remonter les données de la chaufferie etainsi moins dépendre des opérateurs et donc mieux maîtriser leurs coûts et en faire bénéficier leurs locataires. En tant qu’éditeur de logiciels attentif à ce marché, il nous semblait important de regrouper les visions des acteurs du bâtiment en mettant l’accent sur les expériences des bailleurssociaux qui ont, plus que jamais, besoin de s’adapter.

AVANT-PROPOs | 4

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Innover pour la performance énergétique.

Avec plus de 45% de l’énergie finale consommée en 2014, le bâtiment est le secteur le plus énergivore devant les transports (32,6%) et l’industrie (19,2%)*. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit devenu une priorité pour les politiques à l’heure de la transition énergétique. En effet, depuis plusieurs années, les réglementations se sont multipliées en la matière, amplifiant à chaque fois les ambitions des précédentes. Une des plus marquantes, la loi du grenelle de l’Environnement, votée en 2009, fixe des objectifs audacieux. Elle impose notamment de réduire les consommations d’énergie du parc des bâtiments existants d’au moins 38% d’ici à 2020 et d’atteindre le rythme de 400 000 rénovations complètes de logements chaque année. Les 4,7 millions de logements sociaux en France sont aussi concernés par cette vague de réhabilitation avec, par exemple, la réalisation de travaux sur les 800 000 bâtiments les plus énergivores. La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTEVC), publiée au Journal Officiel du 18 août 2015, comprend elle aussi un volet dédié au bâtiment. Comparé au grenelle, les objectifs sont encore plus élevés : à partir de 2017, 500 000 logements devront être rénovés chaque année. Pour y parvenir, les bailleurs sociaux doivent diversifier leurs actions : construction de bâtiments neufs aux performances énergétiques et environnementales élevées, amélioration de l’efficacité énergétique des systèmes (chauffage, eau chaude sanitaire,…) renforcement des dispositifs d’information aux consommateurs, déploiement des compteurs intelligents connectés…

Le chauffage, premier poste de dépensesDes investissements lourds, qui portent leurs

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INTRODUCTION | 6

fruits seulement à moyen terme. Lors de ses vœux pour l’année 2016, le président de la République, François Hollande, a annoncé vouloir accélérer la rénovation énergétique des logements sociaux, en débloquant 1,5 milliards d’euros. Ce montant, géré par la Caisse des Dépôts,  financera un nouveau prêt créé au cours de l’année 2016 qui vise à soutenir les programmes de travaux. Un coup de pouce pour les bailleurs  ? Oui mais contrairement aux croyances, le parc social français est relativement récent et fait l’objet d’un entretien régulier. Depuis 2007, plus de 280  000 logements ont été certifiés «  BBC  » (Bâtiment Basse Consommation), 33% du parc social est classé comme peu énergivore contre 14% des résidences principales. Le «  tout-rénovation  » n’est pas le seul levier d’investissement pour améliorer la performance énergétique et baisser la consommation énergétique. Les bailleurs cherchent aussi à rénover ou remplacer leurs équipements, et particulièrement la chaufferie. Le chauffage est en général le premier poste de dépenses sur une quittance et représente plus de 70% de la consommation d’énergie totale, selon l’Observatoire de la performance énergétique du logement social. «  Pour diminuer le coût global de la facture, il faut donc impérativement travailler sur ces charges puisque le loyer d’un logement social est conventionné  », explique Aziz Aouachira, chef du service pôle politique technique de Logirep.  

Tester pour industrialiserHistoriquement, les bailleurs se sont souvent attachés à faire baisser les prix de l’énergie àl’achat. Certains privilégient toujours ce levier mais ont innové à l’image de Domaxis qui a créé avec des associations «  l’achat

groupé ». « Nous serons donc en capacité de proposer à tous nos locataires un abonnement individuel de chauffage plus intéressant que s’ils étaient allés voir seuls un fournisseur d’énergie sur le marché  », précise Florence Bovet, responsable du service marchés, travaux et contrats chez Domaxis. D’autres bailleurs commencent à tester des solutions innovantes dans certains logements, en installant par exemple des capteurs ou des sondes de température connectées. Faute de financement, les acteurs du secteur restent au stade de l’expérimentation. La question de l’industrialisation est critique surtout pour un bailleur qui gère plusieurs dizaines de milliers de logements. sans oublier qu’après l’installation, il faut prendre en compte le recrutement d’experts capables de remonter et d’analyser les données. Ronan Leroux, directeur outils et performance chez Idex, une société de services spécialisée dans l’efficacité énergétique, souligne que la donne est en train de changer : «  Aujourd’hui, une sonde de température connectée coûte une centaine d’euros. C’est donc beaucoup plus abordable pour un bailleur  !  » Alors que les technologies ont fait leur apparition sur le marché, la plupart des bailleurs doit maintenant trouver les bons arguments pour convaincre la direction générale de se lancer. La sélection d’interviews qui composent ce carnet d’expériences permet de mieux connaître le niveau de maturité des bailleurs sur la question.

*source  : service de l’Observation et des statistiques (sOes), d’après les sources par énergie, Bilan énergie 2014

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Pierre BAUXAssocié-gérantsunsquare

LORsQU’UN INVEsTIssEMENT EsT FAIT, IL EsT INDIsPENsABLE DE s’AssURER

QU’UN LOgEMENT CONsOMME CE QUI éTAIT PRéVU. 

sunsquare est un bureau d’études qui conçoit des solutions énergétiques pour le secteur du bâtiment (neuf et rénovation), en majorité pour les copropriétés et les bailleurs sociaux. son gérant, Pierre Baux, fait le point sur les actions qui améliorent l’efficacité énergétique des parcs des bailleurs et distille des conseils pour optimiser les rénovations.

Les acteurs du bâtiment résidentiel ont-ils le même niveau de maturité sur la question de la performance énergétique ? Pas du tout ! Par rapport aux copropriétés, les bailleurs sociaux ont des stratégies basées sur l’entretien de leur patrimoine parce qu’il représente la valeur de l’entreprise. De plus, ils ont des obligations réglementaires de travaux, comme la loi grenelle 2 qui leur impose de rénover les bâtiments les plus énergivores. A cela s’est ajouté ces dernières années un certain nombre d’aides financières tels que les éco-prêts réhabilitation. A l’inverse, la copropriété, n’est, en général, pas moteur sur ces questions hormis quelques opérations ponctuelles ou grâce à l’impulsion d’un conseil syndical particulièrement ambitieux. Mais cela reste une minorité. C’est en partie à cause de leur budget mais surtout à cause de la gouvernance. Il est forcément plus difficile de faire voter des décisions qui engagent quelques dizaines de milliers d’euros par logement malgré les aides existantes et certaines assistances à maîtrise d’ouvrage. La ville de Paris a d’ailleurs mis en place un « Coach Copro » pour les guider mais la massification n’est pas au rendez-vous.

Les rénovations représentent-elles le levier principal pour une meilleure efficacité énergétique ? Il y a une vraie démarcation entre les travaux faits sur le bâti et les travaux sur les systèmes (chaufferie, distribution de chauffage, production d’eau chaude sanitaire…). En termes d’investissement, les rénovations de systèmes sont évidemment

privilégiées. Les bailleurs sont tout à fait en capacité de rénover leur parc, même si les bâtiments sont occupés et les travaux sont lourds. On sait aussi que pour des bâtiments datant des années 1950 à 1970 - avant les premières réglementations thermiques - le seul changement de système, aussi optimisé soit-il, ne suffit pas à atteindre les étiquettes d’énergie « A, B ou C ». La copropriété fait face, quant à elle, à deux obstacles quand elle fait des travaux : le coût et la gêne occasionnée. C’est la raison pour laquelle l’amélioration de la performance passe généralement par les systèmes.

Un système est-il plus impacté qu’un autre ?Le chauffage bien sûr. Une consommation élevée dépend de plusieurs paramètres : l’isolation du bâti, le rendement des systèmes et les usages des équipements. si ces trois éléments-là ne sont pas réunis, la consommation peut vite déraper. Il faut donc agir avant tout sur les comportements, s’assurer qu’on ne va pas surchauffer un bâtiment, qu’on ne va pas passer l’hiver avec les fenêtres ouvertes… Pour un bâtiment résidentiel collectif construit jusque dans les années 2000, il est clair que le poste de chauffage est le poste principal. Le potentiel d’amélioration est donc encore énorme pour la plupart des bâtiments. A mesure qu’on a construit des bâtiments plus performants, c’est l’eau chaude sanitaire qui a pris la première place.

Quels conseils donneriez-vous aux bailleurs après une rénovation ? Lorsqu’un investissement est fait, que ce soit sur les systèmes ou sur le bâti, il me semble indispensable de s’assurer qu’un logement consomme ce qui était prévu. Il ne s’agit pas non plus d’être trop exigent. Bien que les moteurs de calcul soient performants et que les capteurs peuvent faire remonter de l’information en temps réel, il existe toujours une marge d’erreur sur la consommation prévue. Il n’est pas raisonnable de chercher à tout instrumenter. Par contre, il y a

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EXPéRIENCEs PERFORMANCE éNERgéTIQUE | 8

Sunsquare

Création : 2006Effectif : 10

Chiffre d’affaires 2015 : 900.000 euros

certain nombre d’équipements, de relevés et de suivis de consommation qui nous permettent de savoir si le système fonctionne bien. Le pire est de faire une rénovation, d’investir dans de nouveaux équipements et finalement ne pas regarder si tout fonctionne bien ! Un bâtiment n’est pas un produit industriel manufacturé passé sur une bande d’essai. Les méthodes constructives ont souvent beaucoup évoluées depuis sa construction, le bâtiment a subi des rénovations successives, son usage peut avoir changé et il peut présenter des pathologies. Il est donc vraiment nécessaire de suivre la performance une fois les travaux réalisés.

Comment ? Il n’existe pas de démarche spécifique de suivi. Malheureusement, même si on rénove un bâtiment à un bon niveau de performance, il y a la réalité économique. Le maître d’ouvrage va choisir une solution raisonnable en termes de prix et considère souvent qu’un accompagnement de l’entreprise d’exploitation après la rénovation est inutile. Quand on rentre dans les démarches de performance énergétique sur le long terme, ça ne peut pas se faire sans reporting. Celui qui a un bâtiment avec un contrat d’exploitation tout simple reçoit sa facture à la fin de l’année, puis son exploitant lui fait un reporting éventuellement une fois par an. Ce n’est pas un suivi très soutenu et c’est ce qui manque à certains maîtres d’ouvrage.

Le numérique est-il une solution efficace pour réduire la consommation énergétique ? Je suis convaincu que c’est un élément indispensable, notamment quand on voit la manière dont sont gérés les bâtiments. Il peut

y avoir de bonnes rénovations mais si on ne contrôle pas, si on ne mesure pas, si on laisse déraper les températures, ça n’est pas très utile ! si la programmation de la chaufferie n’est pas correcte, si une pompe marche à une vitesse trop élevée, si le rendement de combustion n’est pas bon, ça peut coûter quelques points de performance. Il serait économiquement stupide de chercher à gagner ces points en isolant absolument tout le bâtiment. D’autant qu’il y a certains bâtiments où ça ne sera pas possible. Par contre, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse, c’est-à-dire, qu’une instrumentation ne doit pas coûter plus chère que ce qu’elle rapporte. Il ne faut pas oublier qu’il y a un suivi et du stockage d’informations, qui représente un coût pour le propriétaire, et indirectement pour les locataires.

Où en sont les bailleurs sur ces sujets d’innovation ? Le suivi d’exploitation instrumenté se développe. Il est mûr chez les plus gros bailleurs, mais pas suffisamment chez les petits. Dans un avenir proche, il sera généralisé et couplé avec la maquette numérique dans les logiciels de gestion technique de patrimoine.

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Ronan Le ROUXDirecteur outils et performanceIdex

NOUs AIDONs LEs BAILLEURs à FAIRE BAIssER LA FACTURE

gLOBALE DEs LOCATAIREs. 

Idex est une société de services d’efficacité énergétique qui s’adresse aux collectivités, aux industriels et aux organisations du secteur tertiaire. Elle gère aujourd’hui plus de 50 000 bâtiments via un réseau de 100 agences en France. Les bailleurs sociaux font appel à cette ETI pour assurer le confort des locataires, tout en améliorant la performance énergétique de leurs bâtiments.

Quelles sont vos principales missions ? Nous signons des contrats de maintenance avec des entreprises et collectivités pour entretenir diverses installations (chaufferie, climatisation, ventilation…). Nous garantissons aussi le confort aux occupants des bâtiments et une baisse de leur consommation d’énergie. En résumé, nous faisons de l’efficience énergétique, c’est-à-dire que nous optimisons les ressources énergétiques utilisées pour assurer le bien-être thermique de nos clients tout en réduisant l’empreinte carbone du territoire. Par ailleurs, la direction outils et performance, accompagne notre réseau de 100 agences dans la modernisation des pratiques de travail et le déploiement d’outils informatiques. Nous promouvons la mobilité des techniciens qui, avec un smartphone ou une tablette, peuvent partager des informations plus rapidement avec nos clients.

Qu’attendent de vous les bailleurs sociaux ? Ils souhaitent travailler sur leur engagement sociétal, plus spécifiquement sur le comportement de leurs locataires face à leur consommation d’énergie. En termes de dépenses, le poste de chauffage est souvent en première ou deuxième position derrière le gardien. Pour s’attaquer à cette problématique, il est certes possible d’envisager des rénovations, mais certains bailleurs préfèrent investir sur le comportement des locataires. sans compter que certains bailleurs n’ont pas toujours le budget pour engager des réhabilitations lourdes. La sensibilisation des locataires s’avère être une

solution plus abordable et assez efficace. Il existe un grand écart entre la prise de conscience collective, comme il y a eu avec la COP 21, et la prise de conscience individuelle : on remarque fréquemment qu’il reste encore du travail à accomplir pour que chacun s’approprie la nécessaire évolution de ses comportements. Nous cherchons à décliner ces grands principes au sein des logements sociaux mais ce n’est pas toujours facile à mettre œuvre.

Comment sensibilisez-vous les locataires ? Avec des méthodes traditionnelles : dépliants, flyers, affiches, réunions, portes ouvertes…Mais aussi sur les sites Internet des bailleurs où nous expliquons comment utiliser de nouveaux équipements comme les thermostats connectés. De plus, nous mettons en ligne les consommations d’énergie des locataires et déployons les meilleures solutions techniques pour atteindre une bonne répartition des charges. Pour résumer, nous agissons sur les habitudes des individus et les incitons à adopter un comportement plus économe. Aujourd’hui, nous constatons que beaucoup de locataires conservent leur logement à température constante, ce qui veut dire que la consommation d’énergie n’est pas du tout optimisée. Notre objectif principal est de faire comprendre à l’occupant qu’il faut chauffer son logement à la juste température, et seulement lorsque cela est nécessaire. Nous prenons souvent un exemple classique mais très parlant : une baisse d’un degré équivaut à 7% d’économie sur la facture. Quand on passe de 20 à 17 degrés (la nuit ou en période d’inoccupation), l’impact est immédiat sur la quittance.

Quelles autres actions menez-vous dans ce sens ? En plus de la sensibilisation, nous pouvons aussi travailler sur le coût de l’énergie. L’idéal est bien sûr de faire les deux. Dans ce cas, nous aidons les bailleurs à renégocier leurs contrats

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d’approvisionnement, et ainsi à faire baisser la facture globale des locataires.

Installez-vous des solutions innovantes dans les logements sociaux ? Nous travaillons sur le développement des objets connectés avec les bailleurs sociaux. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de proposer ces technologies. Il y a quelques années, les capteurs et autres équipements technologiques étaient à un prix exorbitant. De plus, ils ne permettaient pas de remonter les données en temps réel (on travaillait essentiellement avec des enregistreurs). Aujourd’hui, une sonde de température connectée coûte une centaine d’euros. C’est donc beaucoup plus abordable pour un bailleur ! Récemment, nous avons mis des sondes de températures, des capteurs de présence et un thermostat connecté dans un appartement pour récupérer de l’information et anticiper le comportement de l’occupant. En complément de ces appareils, il convient de disposer de bons logiciels pour traiter toutes les données remontées, analyser les dérives et envisager des actions correctives.

Les bailleurs sont-ils prêts à aller vers le bâti-ment connecté ? Nous avons remarqué qu’ils s’y intéressaient de plus en plus. En deux ans, le marché des objets connectés a explosé, difficile de passer à côté. Quelques bailleurs en région parisienne mais aussi en régions commencent à se positionner. Par exemple, Emmaüs Habitat est très moteur sur ces sujets (capteurs et portail énergétique). Le Relais (filiale d’Emmaüs) teste même l’installation

de capteurs sur les conteneurs de vêtements.Les locataires, quant à eux, réagissent bien à toutes ces technologies. suite à nos premières expérimentations, nous avons pu constater qu’ils accueillent globalement bien le thermostat connecté qui permet de changer la température depuis un smartphone et permet d’avoir un historique détaillé de la température d’un logement. La place du smartphone ne fait que grandir dans la vie personnelle des individus… il est le support idéal pour relayer de l’information.

Comptez-vous multiplier ces initiatives ? Nous nous informons sans cesse des nouvelles solutions. Par exemple, nous consultons la revue ATEE (Association Technique Energie Environnement), qui a récemment fait un répertoire des différents logiciels du marché de la gestion énergétique, parmi lesquels nous avons découvert Energisme. Nous travaillons sur de nombreux projets car nous voulons profiter au maximum du développement des objets connectés. L’objectif pour Idex est d’en déployer 4000 l’année prochaine, essentiellement en habitat collectif pour se servir de la donnée et la mettre à disposition des locataires. Cela fait six mois que nous travaillons dessus, nous sommes prêts et décidés à ce que 2017 soit l’année de l’accélération.

EXPéRIENCEs PERFORMANCE éNERgéTIQUE | 10

Idex

Création : 1963Effectif : 3600

Chiffre d’affaires 2015 : 724 millions d’euros

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Aziz AOUACHRiAChef du service pôle politique technique Logirep

LA sENsIBILIsATION DEs LOCATAIREs DOIT sE FAIRE sUR

DEs PRATIQUEs RéELLEs. 

Logirep, bailleur social appartenant au groupe Polylogis, gère plus de 35 000 logements en Île-de-France et en Normandie. Depuis plusieurs années, il a renforcé son engagement en matière de performance énergétique avec notamment une démarche de formation d’« ambassadeurs développement durable ».

Quelle est la politique énergétique globale de Logirep ? Notre démarche est guidée par la norme IsO 50001 fondée sur le management d’un système d’énergie. Elle inclut l’ensemble des opérateurs : l’achat, la construction neuve, la réhabilitation, la maintenance du patrimoine, la communication, la proximité, la qualité et plus généralement l’ensemble des acteurs de l’énergie, que ce soit les fournisseurs ou les prestataires de services. Cette norme définit un cadre afin que tous ces acteurs puissent fixer des objectifs pour mettre en œuvre leur politique, mesurer les résultats, améliorer en continu le management de l’énergie. Chez Logirep, nous avons choisi comme périmètre le chauffage et l’eau chaude sanitaire collectifs ainsi que l’éclairage des parties communes. Nous avons trois objectifs : ramener notre patrimoine supérieur à 180 kwh/an au m2 à une étiquette énergétique C, baisser la consommation de notre patrimoine et réduire le coût du réchauffage de l’eau pour l’ECs.

Sur quel poste concentrez-vous vos efforts ? Aujourd’hui, entre 40 et 50 % de la quittance de loyer concerne les charges de chauffage et d’eau chaude. Pour diminuer le coût global de cette facture, il faut donc impérativement travailler sur ces charges puisque le loyer d’un logement social est conventionné. Le taux le plus important reste le chauffage et l’eau chaude, c’est pourquoi nous cherchons à faire des économies dans l’exploitation de nos générateurs de production

en chaufferie. Normalement, un logement doit avoir une température entre 19 et 20 degrés, ce qui n’est pas tout le temps le cas. Un chauffage à 21°C, c’est entre 7 et 8 % de consommation en plus. Les dérives arrivent vite ! sans compter les problèmes techniques qui peuvent survenir comme le dysfonctionnement d’une régulation ou des émetteurs. C’est pourquoi il faut vérifier régulièrement les températures livrées et demander au prestataire de prendre trois positions de température : une très favorable (en rez-de-chaussée), une au milieu et une défavorable (au dernier étage). Ensuite, nous analysons le tout. Nous sommes en phase de test pour l’instrumentation d’une chaufferie, ce qui nous permettra d’avoir les informations en temps réel pour pouvoir intervenir le plus rapidement possible en cas de dérive.

Concrètement, qu’avez-vous mis en place pour diminuer la consommation de la chaufferie ? Nous avons choisi de créer des contrats adaptés avec

des obligations de résultat. Nous avons fixé une consommation de référence avec l’objectif de se rapprocher au maximum de cette étiquette même si on sait bien que dans la pratique c’est impossible. Dans le contrat, nous avons plutôt fait une estimation, c’est-à-dire un calcul moyen de la consommation du bâtiment. Nous avons donc obligé le prestataire à respecter cette consommation et instrumenter sa chaufferie en temps réel grâce à des capteurs. Nous collectons des données en temps réel sur les sites où il y a une forte consommation, soit une forte puissance (plus de 2 mégawatts), en chaufferie. s’il y a une dérive de la chaufferie – une chaudière qui tombe en panne par exemple c’est un rendement divisé par deux dans une production en cascade – une alerte est envoyée pour que l’exploitant intervienne le plus rapidement possible. Pour les autres chaufferies, nous avons

LEs DéRIVEs ARRIVENT VITE. 

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un système classique de suivi avec une visite hebdomadaire pour la vérification des différents organes de régulation (pompes, brûleurs, loi d’eau courbe de chauffe …).

Est-il facile pour un bailleur d’obtenir des opérateurs les données de chaufferie ?Tout dépend du type d’opérateurs et du niveau d’informations que nous souhaitons obtenir. Dans le contrat que nous avons mis en place, nous recevons un relevé de compteur mensuel. Mais il est vrai que si on ne le demande pas, on ne le reçoit qu’à la fin de l’année ! Cependant, nous attendons que le compteur communicant de gRDF, gazpar*, voit le jour. Aujourd’hui les bailleurs ont tout intérêt à instrumenter la chaufferie pour obtenir les informations en temps réel et aider l’exploitant sans le « fliquer ». Nous voulons être partenaires de l’ensemble des intervenants.

Depuis 2014, vous sélectionnez parmi vos loca-taires des « ambassadeurs de développement durable et d’efficacité énergétique ». En quoi cela consiste ? Par exemple, il y a le projet européen Trime, que nous menons avec d’autres bailleurs européens. Nous avons réalisé que prendre en compte seulement le bâtiment, qui n’est qu’un ensemble d’éléments statiques, n’est pas suffisant. Il faut s’intéresser à celui qui vit dans le logement, donc son comportement. Nous avons donc mené des études de simulation dynamique thermique sDT pour analyser le comportement des locataires sur le chauffage et une partie de l’éclairage. On part de quelques questions simples : ai-je besoin de faire chauffer un litre d’eau pendant 30 minutes ou une tasse pendant 10 minutes ? Dois-je mettre une ampoule de 100 watts ou de 60 dans ma lampe ? La sensibilisation doit se faire sur des

pratiques réelles. Ça ne sert à rien d’employer des formules incompréhensibles !

Avez-vous d’autres moyens pour sensibiliser tous vos locataires sur la consommation de chauffage ? Nous préférons les convaincre à la fin de l’année, lors de la régulation des charges. Dans les résidences où les températures ont été maîtrisées à 19 ou 20°C, nous pouvons faire jusqu’à 200 euros d’économies à l’année en fonction des DJU. Nous pensons que l’économie de chauffage doit aussi se traduire par une économie d’argent. En plus, ce genre de sensibilisation marche très bien !

Quels sont vos futurs projets ?Notre projet phare, actuellement en cours, est celui de la résidence du square Auguste Renoir à Trappes (Yvelines). C’est un projet de rénovation à très haute performance énergétique basé sur des façades préfabriquées en bois. Les 85 logements seront isolés par l’extérieur et auront des panneaux solaires thermique et photovoltaïque. Mais surtout, tout sera instrumenté avec de l’information en temps réel grâce à des capteurs compteurs thermiques. Nous espérons ainsi réduire la facture énergétique, particulièrement celle du chauffage.

* Entre 2016 à 2022, 11 millions de clients gaz naturel seront équipés de compteurs communicants gazpar qui permettront de mieux suivre votre consommation de gaz naturel au quotidien.

EXPéRIENCEs PERFORMANCE éNERgéTIQUE | 12

Logirep

Création : 1960Effectif : 1090

Chiffre d’affaires 2015 : 427 millions d’euros

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Asterios RizOs, Directeur du développement

Guy BessièRe, Directeur du patrimoineseine Ouest Habitat

LE FINANCEMENT EsT NOTRE PLUs gRAND DéFI. 

seine Ouest Habitat est en charge de 7 766 logements pour quatre communes situées dans les Hauts de seine (92). L’office public de l’habitat, dans le cadre de sa mission de service public, réhabilite les logements anciens, en construit de nouveaux et engage d’importants financements sur la question énergétique. Asterios Rizos et guy Bessière reviennent sur l’enjeu du financement auquel sont confrontés les bailleurs sociaux.

Est-ce que Seine Ouest Habitat dispose d’un programme de rénovation énergétique ?Asterios Rizos : Cela remonte à une dizaine d’années, lorsque nous avons renouvelé le bail avec nos deux fournisseurs d’énergie, Cofely et Dalkia. Nous avons alors entrepris un grand projet de rénovation de la plupart des chaufferies de notre parc immobilier pour les faire passer à l’énergie au gaz. Actuellement, nous n’avons pas de programme spécifique mais dans deux ans, à l’occasion du prochain renouvellement de bail, la question de l’efficacité énergétique sera prioritaire. Le conseil d’administration a voté la mise en place d’un plan stratégique de patrimoine.

En quoi consiste-t-il ?Guy Bessière : Ce plan est doté d’une classification des bâtiments selon leur empreinte énergétique. Pour améliorer cette classification nous allons entreprendre des travaux sur l’ensemble des résidences dont nous avons la gestion et en particulier les pertes de chaleur. Nous allons donc engager des opérations d’isolation qui consistent à traiter l’enveloppe thermique afin de diminuer les déperditions d’énergie. Cependant, ce plan est très coûteux par rapport au rendement énergétique et les gains qu’il procure. Dans l’idéal il aurait fallu construire de nouveaux logements selon les critères

environnementaux actuels et détruire ces vieux bâtiments, mais nous n’avons pas les moyens de déloger puis reloger plusieurs centaines de familles. Nous sommes donc contraints de procéder ainsi. Tous les nouveaux logements construits ont obtenu une certification Cerqual.

Est-ce que tout passe par le sujet de l’isolation ?Asterios Rizos : Il faut distinguer deux aspects différents. D’une part, il y a ces opérations de réhabilitation thermique. Celles-ci sont considérées comme relavant d’une amélioration du « confort ». De ce fait, nous sommes tenus par des accords collectifs que nous passons avec les locataires. Cela les engage sur le plan financier mais permet sur du moyen terme de réduire les charges et d’améliorer les conditions

de logement. Pour les éléments d’équipements, nous ne pouvons pas faire d’accord collectifs puisque nous devons délivrer un système de production opérationnel. Ces investissements sont à la fois coûteux et ne permette pas d’être rentabilisés ; les gains ne sont en effet visibles

que pour les locataires qui voient leurs charges baisser.

Le financement est votre plus grand défi ?Guy Bessière : Que ce soit pour construire un nouvel immeuble ou pour en rénover un ancien, seine Ouest Habitat ne peut couvrir seul la totalité du financement. Nous avons besoin d’obtenir des subventions de la part de l’Etat et du conseil régional. Il faut pour cela faire un audit de l’ensemble des caractéristiques techniques de l’immeuble et l’aspect énergétique y tient une place très importante. seine Ouest Habitat à une convention avec l’organisme Cerqual qui délivre une certification. Cette dernière nous permet, une fois obtenue, de lancer un appel d’offre auprès d’entreprises qui vont réaliser

CHACUN PAYE AU PRORATA D’UNE PART MOYENNE DE LA CONsOMMATION TOTALE.

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Seine Ouest Habitat

Création : 1915 Effectif : 101

Chiffre d’affaires 2015 : 43,6 millions d’euros

la construction. Lors de l’audit, une étude thermique est faite, puis indexée au cahier des charges du prestataire. Une fois la construction terminée, une analyse du site est faite pour vérifier que le bailleur social et le prestataire ont bien respecté les prescriptions de l’Etat et du conseil régional. Le financement est donc bien notre plus grand défi.

Disposez-vous d’outils pour mesurer la déperdition énergétique ?Asterios Rizos : Nos immeubles sont alimentés soit par des chaufferies gérées par l’entreprise Dalkia, ou par des sous-stations de production de chaleur gérées par Cofely. Nous avons installé un système de comptage calorifique à la sortie des sous-stations et des chaufferies collectives. Celui-ci permet d’avoir un aperçu global de la consommation énergétique. Nous ne pouvons lutter contre le gaspillage énergétique que de manière indirecte. Lorsque nous constatons de la déperdition énergétique dans un immeuble notre seul levier d’action est de contacter l’entreprise en charge du système de chauffage pour qu’elle intervienne. Nous pouvons en outre faire un avenant au contrat qui nous lie à elle pour diminuer la consommation énergétique.

Vous réalisez de lourds investissements pour les locataires, y a-t-il un programme parallèle pour les sensibiliser à une démarche écoresponsable ?Guy Bessière : Notre service communication organise assez régulièrement des campagnes de sensibilisation à destination des locataires. Cela porte principalement sur les usages, comme le fait de penser à bien fermer les robinets d’eau, ne pas allumer un radiateur tout en ouvrant la fenêtre… Cependant c’est toujours délicat et il faut faire attention à ne pas tomber dans une volonté de vouloir dicter aux gens leur manière de vivre. Mais le gouvernement a prévu une réforme pour inciter les individus à moins consommer. Aujourd’hui, pour calculer la part du coût énergétique dans les charges d’un immeuble : on estime le coût total, que l’on rapporte aux tantièmes de chaque locataire, ainsi chacun paye au prorata d’une part moyenne de la consommation totale. Une nouvelle réglementation entrera en vigueur au 31 mars 2017, qui impose un comptage calorifique individualisé. Les habitants d’un immeuble payeront alors exactement ce qu’ils consomment. Ceci devrait donc encourager à avoir des comportements plus vertueux sur le plan énergétique.

EXPéRIENCEs PERFORMANCE éNERgéTIQUE | 14

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Arnaud THAMiNDirecteur maitrise des charges et travaux d’efficacité énergétique au sein de la direction généraleFoncia

LORs DEs AssEMBLéEs géNéRALEs ANNUELLEs NOUs sOMMEs

sOUVENT RAMENés à DEs QUEsTIONs DE COURT TERME.

Foncia est un spécialiste français du secteur immobilier dont le cœur de métier est l’admi-nistration de biens et la gestion des syndics de copropriétés. Arnaud Thamin décrypte les défis auxquels font face les syndics pour mettre en place des politiques énergétiques innovantes dans les immeubles gérés par Foncia.

Comment abordez-vous la question de l’efficacité énergétique ?C’est un thème stratégique pour Foncia car l’efficacité énergétique contribue à la maîtrise des charges payées par nos clients et à la valorisation de leur patrimoine. Le rôle d’un syndic est en premier lieu de garantir une gestion efficace des immeubles, de négocier des contrats avantageux pour la copropriété et de maîtriser les charges le mieux possible. Nous jouons également un rôle de conseil sur la valorisation du patrimoine, un autre point très important de notre activité. Un appartement dans un immeuble efficace sur le plan énergétique se vend mieux que le même appartement dans un bâtiment énergivore, c’est ce qu’on appelle la « valeur verte ». Nous incitons donc nos clients à mettre en œuvre un certain nombre de travaux pour améliorer l’efficacité énergétique.

Les dépenses énergétiques représentent une part importante du budget d’une copropriété ?L’énergie est, de loin, le poste de dépense le plus important. Il couvre à lui seul 35 à 40% du budget total de la copropriété lorsqu’il y a une installation collective de chauffage et de production d’ECs. L’énergie la moins chère est celle que l’on ne dépense pas. En plus de l’aspect écologique,

il y a un intérêt financier pour les propriétaires à engager des travaux d’efficacité énergétique. Mais nous administrons des immeubles qui ne nous appartiennent pas ; nous ne sommes donc pas décisionnaires, contrairement aux bailleurs sociaux. Chaque année, nous incitons nos clients, lors des assemblées générales des immeubles les plus énergivores, à faire voter des travaux pour améliorer la performance énergétique. Cependant ces travaux peuvent être lourds et demandent une importante contribution financière, que les propriétaires ne sont pas forcément en mesure de porter. Nous poussons pour que cette question soit

appréhendée sur le long terme, mais lors des assemblées générales annuelles nous sommes souvent ramenés à des questions de court terme.

Comment faire alors pour convaincre les propriétaires ?Nous avons un devoir de conseil et lorsque nous travaillons de concert avec un conseil syndical motivé et mobilisé, nous pouvons porter ces

sujets lors des assemblées générales. Nos forces de persuasion mises en commun permettent bien souvent d’enclencher ce type de travaux.Toutefois, la contrainte légale est la plus efficace à court terme. Lorsque nous recevons une injonction d’une mairie pour, par exemple, procéder à un ravalement de façade, nous allons profiter de l’appel d’offre pour embarquer de la performance énergétique et proposer de réaliser des travaux d’isolation. De même, le 31 mars 2017 une nouvelle loi imposera d’individualiser les frais de chauffage. si l’Ag ne vote pas ces travaux, la copropriété risque une amende de 1 500 euros par lot.

NOUs AVONs DEs PARTENARIATs AVEC DEs sTART-UP POUR TEsTER PUIs METTRE EN PLACE DEs sOLUTIONs NOUVELLEs DANs CERTAINs DE NOs IMMEUBLEs.

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La réduction des coûts énergétiques est néces-sairement une vision de long terme ?Oui, mais cela complique le processus de décision du syndicat des copropriétaires. Pour des travaux d’efficacité énergétique, il faut attendre près de quinze ans pour avoir un retour sur investissement. Et ceci est à mettre en perspective avec le fait que les propriétaires restent, en moyenne, sept à huit ans avant de revendre leur bien. Difficile dans ces conditions de leur demander de faire ces travaux coûteux, pour que ce soit, au final, leurs successeurs qui en profitent.

De quels leviers d’actions disposez-vous à court terme sur la maîtrise du poste budgétaire « énergie » ?La première chose à faire est de prendre le problème à la source, à savoir le prix d’achat du combustible. La réglementation et la fin des tarifs réglementés nous imposent désormais de souscrire pour nos clients des contrats de fourniture en offre de marché. Chez Foncia, nous avons saisi cette opportunité pour créer une filiale de courtage en achat d’énergie. Cela nous permet de massifier nos volumes pour l’ensemble des immeubles que nous gérons et d’obtenir ainsi les meilleurs prix. L’impact est assez considérable puisque, pour prendre l’exemple du gaz, la conjugaison des effets « prix » et « négociation sur la massification des volumes » a permis de faire baisser la facture de nos clients de 34% en 2 ans. Le deuxième aspect est de travailler sur le rendement de l’installation de chauffage. Il s’agit évidemment de remplacer les chaudières obsolètes et de passer sur les nouvelles technologies comme les chaudières à condensation. Il faut ensuite coupler cela avec un bon contrat de maintenance, puisqu’une chaudière mal entretenue voit son rendement fortement diminuer. Nous veillons également à l’efficacité énergétique du réseau de distribution. Les parties communes n’ont, par exemple, pas besoin d’être chauffées. Ceci implique de calorifuger le réseau à ces endroits pour éviter les déperditions de chaleur. Enfin, il y a tout ce qui concerne la température de consigne, comment on règle les différents radiateurs. Mais là, on touche du doigt la

question de l’individualisation, des usages et de l’automatisation. La solution semble être dans la mise en place de systèmes automatiques et intelligents, capables de faire des économies à notre place.

Les nouvelles technologies numériques peu-vent-elles être une solution ?Ce sont effectivement des solutions que nous suivons de près. Il s’agit de toute une réflexion autour du bâtiment intelligent, qui est à la jonction de la question de la transition énergétique et de celle de la révolution numérique. Nous avons des partenariats avec des start-up pour tester des solutions nouvelles dans certains de nos immeubles. Nous avançons beaucoup sur les plateformes techniques, à la manière des solutions de gestion technique du bâtiment (gTB), mais dans une version adaptée au monde de la copropriété. Ceci permet de détecter automatiquement des anomalies, comme une surconsommation, mais aussi d’analyser les changements d’usages que peuvent avoir les occupants ou encore détecter une défaillance des installations. Ces solutions nourrissent également le syndic en reporting mensuels et apportent une meilleure visibilité sur tout ce qui concerne l’efficacité énergétique. Mais de manière générale, il ne faut pas oublier que la question de la mise en place sera toujours complexe. La copropriété reste le décisionnaire en dernier ressort et c’est elle qu’il faut convaincre pour que les propriétaires acceptent d’investir.

EXPéRIENCEs PERFORMANCE éNERgéTIQUE | 16

Foncia

Création : 1972Effectif : 8000

Chiffre d’affaires 2015 : 700 millions d’euros

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Florence BOveTResponsable du service marchés, travaux et contratsDomaxis

NOUs VOULONs UNE TECHNOLOgIE QUI sERA PéRENNE ET INTERCONNECTéE. 

suite à un audit énergétique, lancé en novembre 2009 sur l’ensemble de ses 26 000 logements, Domaxis a mené une politique d’investissement visant à diminuer la consommation d’énergie et réduire les charges locatives de chauffage et d’eau chaude. Une stratégie pilotée par le ser-vice marché, travaux et contrats du bailleur.

Pourquoi n’y-a-t-il aucune mention d’énergie dans votre fonction ?Je suis arrivée chez Domaxis il y a quatre ans en tant qu’ingénieur en développement durable. Ma mission consistait à consolider sa politique énergétique. J’ai changé de poste il y a un an, mais quelqu’un dans mon équipe a pris le relais. Désormais, cet expert énergétique pilote ces sujets mais c’est moi qui me suis occupée de la mise en place du plan stratégique énergétique que nous complétons aujourd’hui par d’autres leviers comme la rénovation.

Qu’avez-vous pu réaliser concrètement en trois ans ? Quand j’ai pris mes fonctions en 2012, il y avait déjà une volonté d’améliorer la consommation d’énergie pour faire de la performance énergétique. J’ai surtout donné du liant et regroupé les actions dans une seule stratégie pour que nous ayons au moins réhabilité le patrimoine énergivore d’ici à 2020. Ce plan stratégique a été créé sur la base d’un principe : l’énergie la plus propre et la moins chère est celle qui n’est pas consommée. J’ai donc défini les opérations de rénovation qui me paraissaient nécessaires pour diminuer drastiquement la consommation d‘énergie des bâtiments. Ce n’est pas une part importante du parc de Domaxis, qui n’est pas très vieux, mais il y avait quelques chantiers à mener. Nous n’avons pas opté pour des solutions très techniques outrancières, qui nous paraissaient dangereuses en exploitation, mais plutôt pour des solutions simples et pérennes qui diminuent la consommation des bâtiments.

Quels autres leviers avez-vous actionné ? Après les réhabilitations, nous nous sommes attaqués aux achats d’énergie. Nous travaillons sur cette problématique depuis deux ans en raison de la disparition de certains tarifs réglementés qui concernent surtout les chauffages collectifs. Nous nous sommes rendus compte qu’en faisant du volume, nous arrivions à avoir des prix très intéressants. Aujourd’hui, nous faisons des appels d’offre et obtenons des prix renégociés pour tous nos locataires en chauffage collectif. sauf que ça ne représente que la moitié de notre parc… L’autre moitié est plus compliquée à traiter car nos locataires en chauffage individuel sont bien sûr libres de choisir le fournisseur qu’ils souhaitent. Par conséquent, nous avons eu l’idée de travailler avec des associations pour créer « l’achat groupé Domaxis ». Concrètement, nous proposons aux locataires de s’inscrire à une association pour signaler qu’ils sont intéressés pour se grouper. Ils n’auront pas l’obligation de souscrire à l’abonnement et quand on aura un nombre suffisant de locataires, nous aurons un fournisseur d’énergie, qui, comme il sera face à un gros volume, fera un meilleur prix. Nous serons donc en capacité de proposer à tous nos locataires un abonnement individuel de chauffage plus intéressant que s’ils étaient allés voir seuls un fournisseur d’énergie sur le marché.

Menez-vous d’autres actions avec les locataires ? Oui, nous les sensibilisons sur la question de la consommation, à l’aide de notre département de communication. Nous avons créé des guides que nous donnons aux locataires à l’entrée des bâtiments avec les bons gestes à adopter pour ne pas avoir une consommation excessive de chauffage. Nous avons aussi créé le magazine Do’mag pour les petits locataires - de 7 à 12 ans - où nous leur expliquons pourquoi il est important de faire attention à l’énergie et au chauffage. Ce levier est très intéressant car les enfants sont prescripteurs de bons comportements et ainsi

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« éduquent » leurs parents. Enfin, quand nous installons de nouveaux équipements après chaque réhabilitation, nous organisons des réunions avec les associations de locataires. En réunion publique, nous leur expliquons comment utiliser leurs nouveaux équipements après réhabilitation. Dans le cadre de l’achat d’énergie groupé, nous voudrions aussi organiser des réunions assez localisées pour les sensibiliser sur ces sujets.

Pouvez-vous nous parler d’un projet de performance énergétique ? Nous avons récemment signé notre premier contrat avec garantie de performance pour la réhabilitation d’une résidence à Fontenay-sous-Bois, construite à la fin des années 1960, avant toute réglementation thermique. Nous avons pour objectif de faire baisser la consommation de chauffage et d’eau chaude de 50 % pendant 15 ans. Celui-ci est garanti par le groupement, c’est-à-dire l’entreprise qui fait les travaux, la société qui exploite le parc et l’architecte qui conçoit les plans. Par conséquent, 50% des économies de charges seront refacturées au locataire, mais sa quittance baissera de manière significative. Beaucoup de travaux sont aussi prévus, notamment en sous-station et sur le bâti. Quelques capteurs vont être installés pour vérifier les températures dans les logements, et tout un programme d’accompagnement des locataires sera mis en place par le groupement. Comme il a une obligation de résultats, il a tout

intérêt à ce que les locataires se comportent correctement.

Vous avez donc déjà installé des capteurs dans votre parc ? Pour le moment, nous optons plutôt pour des solutions simples : isolation des façades, pose de menuiseries performantes, installation de bons systèmes de ventilations… des techniques que nous utilisons depuis 40 ans ! Cependant, nous commençons à penser aux capteurs, notamment sur les chaufferies collectives, pour arriver à suivre l’exploitation. Par exemple, ils nous permettraient de connaître les températures de départ et de retour. Cependant, nous voulons choisir une technologie qui sera pérenne et interconnectée. Demain nous pourrions aussi avoir des capteurs sur nos ascenseurs. Il faut que tous ces capteurs puissent se parler et que nous puissions piloter la maintenance de tous nos équipements.

EXPéRIENCEs PERFORMANCE éNERgéTIQUE | 18

Domaxis

Création : 1905Effectif : 458

Chiffre d’affaires 2015 : 209 millions d’eurosNombre de logements sociaux : 26.000

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Tristan HAMONResponsable de la cellule énergie 3F

L’EXPLOITANT EsT LE PRINCIPAL ACTEUR DE L’EFFICACITé éNERgéTIQUE. 

Tristan Hamon est responsable de la cellule énergie et intervient au sein du service énergie/équipement/sécurité, et plus particulièrement sur la maintenance du chauffage collectif. sur les 140 000 logements de 3F en Ile-de-France, environ 90 000 sont équipés de chauffage collectif.

Quels sont vos meilleurs leviers en matière d’efficacité énergétique ? Nous intervenons sur plusieurs leviers. Le premier est la réhabilitation de nos logements avec l’objectif d’éliminer toutes les étiquettes « EFg » de notre patrimoine pour passer à « C ». Le deuxième est la construction neuve avec une performance thermique au-delà de la réglementation RT2012, moins 10% au minimum, voire des projets de bâtiment à énergie positive. Toute opération de réhabilitation et de construction fait l’objet d’une étude de mise en place d’une énergie renouvelable. Le troisième levier est la gestion des contrats. sur le chauffage collectif, une nouvelle équipe, la cellule énergie, met en place les contrats de chauffage, vérifie les factures et contrôle les consommations énergétiques. Nous tenons à répondre aux questions environnementales de réduction de consommation énergétique des bâtiments et de précarité énergétique. En tant que bailleur social nous nous mobilisons pour réduire au maximum les charges de nos locataires.

Que faîtes-vous plus spécifiquement pour la chaufferie ?Chez 3F, la rénovation d’une chaufferie dépend de sa vétusté, mais aussi du coût des charges de chauffage et d’eau chaude sanitaire sur le programme. Nous avons testé un certain nombre de sources d’énergies renouvelables (biomasse, géothermie, solaire thermique et photovoltaïque, récupération de chaleur sur eaux grises...). Ensuite, nous mettons en place des contrats qui intègrent les performances énergétiques, pour inciter les prestataires

à optimiser les consommations de nos immeubles. Cela consiste en la mise en place d’un intéressement, c’est-à-dire une forme de bonus-malus vis-à-vis des prestataires. Le rôle de la cellule énergie est donc de faire vivre ces contrats. C’est un travail complexe mais qui commence à porter ses fruits.

Comment comptez-vous améliorer le suivi de l’énergie ? Nous mettons en place des compteurs communicants. Nous menons actuellement une expérimentation avec des capteurs sur deux sites en Île-de-France.

Les opérateurs vous fournissent-ils facilement les données dont vous avez besoin ? La principale difficulté, c’est l’absence de communication entre les différents outils des acteurs du bâtiment. Depuis plusieurs mois, on voit apparaître de nouvelles solutions qui permettent de « décompartimenter » les outils et donc de nous faire remonter l’information nécessaire de manière automatisée et régulière. Cela correspond aux besoins des bailleurs sociaux comme 3F.

Et qu’en est-il des locataires ? Nous incitons nos exploitants chauffagistes à sensibiliser les locataires. Le métier d’exploitant a évolué. Aujourd’hui, ils sont les principaux acteurs de l’efficacité énergétique et ils nous accompagnent, avec la participation d’associations locales, dans cette démarche de sensibilisation aux économies d’énergie.

3F

Création : 1928Effectif : 3500

Chiffre d’affaires 2015 : 1,4 milliard d’euros

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EXPéRIENCEs PERFORMANCE éNERgéTIQUE | 20

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Nadège MAReUiL-MiLLeTResponsable études, prospectives et développement durable Paris Habitat

NOUs sOMMEs DANs UNE LOgIQUE D’INNOVATION CONTRôLéE. 

Avec 123 000 logements sociaux, dont environ 12 000 dans la petite couronne, Paris Habitat est le plus gros bailleur social de la capitale. Une position qui lui a permis depuis plusieurs années d’expérimenter des projets et de lancer des chantiers pour améliorer la performance énergétique de ses parcs.

En quoi consiste votre poste ? Je suis en charge d’une équipe de développement durable qui travaille sur l’ensemble des processus d’efficacité énergétique de notre parc. Nous sommes dans une logique de prescription et de mise en œuvre par rapport aux écarts que l’on observe entre les bâtiments. La marque de fabrique de Paris Habitat est de mettre en place une politique d’efficacité énergétique avec les locataires. Nous veillons à l’impact de notre activité sur l’environnement et cherchons à préserver le cadre de vie de nos locataires tout en maîtrisant leurs charges locatives. Nous pensons que ce travail doit se baser sur des principes de réduction de la consommation. Vous misez donc principalement sur la sensibilisation ? Le locataire n’est pas toujours notre premier levier d’actions. Tout dépend de la responsabilité qu’il a sur la gestion du système de chaufferie. Pour le chauffage collectif, le bailleur social est responsable, la part de manœuvre est plus faible pour le locataire. Nous imposons donc nos propres paramètres sur l’ensemble du patrimoine concerné. Pour le chauffage individuel, nous faisons des recommandations au locataire sur l’utilisation des équipements. Nous sommes pédagogues et expliquons en quoi un radiateur froid est synonyme de bonne nouvelle, que les fenêtres ne doivent pas être ouvertes si le chauffage est en marche. Nous les encourageons à changer progressivement de comportement et les incitons à surveiller leur consommation d’énergie. Comment agissez-vous sur la consommation

de chauffage ? Depuis plusieurs années, nous sommes dans une logique d’innovation contrôlée. Nous ne testons de nouvelles technologies dans notre parc que si elles ne présentent pas de risque pour le maintien de la qualité de service. Nous évitons aussi d’avoir un système en rupture, pour lequel il n’y a aucune garantie in situ, mais privilégions des technologies avec solutions de secours éprouvées. Certaines technologies paraissent très innovantes mais elles peuvent être source de dégradation de confort pour les locataires, il faut donc rester vigilants. Il nous arrive également de réfléchir avec d’autres bailleurs sur les bénéfices et inconvénients d’une technologie. Une fois testée, si la technologie montre satisfaction, on peut la développer en masse. En résumé, nous cherchons à optimiser la mise en place de solutions davantage dans une logique multicritères que dans une logique d’ultra performance énergétique. Nous préférons avancer prudemment pour garantir le service aux locataires.

Quelle solution avez-vous déjà mise en place en matière de chaufferie ? Nous sommes partis d’une technologie qu’on avait depuis 20 ans chez nous, une PAVE, et qu’on a remise d’actualité. Cette solution, UHP109, a été développée par Cofely services et a été présentée au Bourget en 2015. Elle est basée notamment sur la récupération de la chaleur latente, ce qui permet d’atteindre des rendements énergétiques supérieurs aux systèmes à condensation traditionnels. Concrètement, elle fournit un rendement moyen annuel mesuré de plus de 105 % alors qu’une chaudière de même catégorie atteint à peine 89 % in situ (chauffage et ECs). Elle garantit également une baisse des émissions de gaz à effet de serre d’environ 20% par rapport à une chaudière à condensation classique.

Où avez-vous implanté cette chaudière ?

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Dans deux sites parisiens où il était techniquement difficile d’améliorer la performance énergétique de l’enveloppe, et notamment de travailler sur l’isolation extérieure. Cette chaufferie nouvelle génération permet une réduction drastique de la pollution atmosphérique par l’abaissement de la température de la flamme. Nous avons pu mesurer plusieurs résultats : une diminution importante de la formation des oxydes d’azote et un gain de 25% de rendement par rapport à une chaufferie classique. Et les locataires paient des charges moins élevées ! Cependant, cette technologie est peu développée en raison notamment de la baisse du prix du gaz mais aussi de la complexité de conception et de réglage de l’installation.

Avez-vous mené d’autres projets de performance énergétique ? Nous menons une opération dans la zAC Clichy-Batignolles dans une logique de smart grid, notamment sur l’optimisation de la gestion de la boucle d’eau chaude. La zone d’aménagement est située sur une boucle d’eau chaude géothermique. L’aménageur et des partenaires sont chargés d’optimiser les dépenses d’énergie et de déterminer comment on pourrait mieux réguler les appels de puissance. Nous attendons par ailleurs une forte production de photovoltaïque pour aller petit à petit vers de l’autoproduction.Nous travaillons également en collaboration avec la ville de Paris sur un projet mixte de logements, de gymnase et d’école. Plutôt que de nous intéresser uniquement aux locataires, nous avons souhaité élargir le champ en intégrant l’acculturation des enfants. Nous allons utiliser l’école comme outil de pilotage de performance énergétique. Pour cela, nous allons installer des

capteurs dans différentes salles et un système de pilotage avec un suivi des consommations. Ainsi, les enfants pourront suivre la consommation quotidienne du chauffage et de l’électricité. Avec des collaborateurs de la Mairie, nous accompagnerons les équipes en place pour déterminer les bons gestes à adopter pour réduire la consommation d’énergie et mesurer l’impact de chaque geste.

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Paris Habitat

Création : 1988Effectif : 3200

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Frédéric COsqUeRResponsable énergieICF Habitat la sablière

NOUs REMONTONs LEs INFORMATIONs sUR UNE PLATEFORME DE

TéLésURVEILLANCE, sUR LAQUELLE IL Y A UN VOLET géNIE CLIMATIQUE. 

La sablière, filiale du groupe ICF Habitat, gère 40 000 logements en Île-de-France, dont 35 000 HLM. Frédéric Cosquer, membre de la direction technique, met en place des contrats et donne des lignes de conduite pour la réhabilitation énergétique.

Quelle est la stratégie d’efficacité énergétique de La Sablière ? Notre politique est axée sur les obligations réglementaires. Nous nous sommes engagés à éradiquer tous nos bâtiments dits énergivores, c’est-à-dire dans les classes EFg, à horizon 2020. Certains des bâtiments sont faciles à traiter car il suffit de faire de l’isolation thermique par l’extérieur et d’autres plus difficiles car ils sont de type Haussmanniens, classés ou ont des coûts de travaux ramenés aux logements qui sont trop importants. Notre objectif principal est d’atteindre au minimum la classe C sur un patrimoine lambda. Dans Paris, nous allons forcément chercher le niveau plan climat de la ville puisqu’il nous permet d’avoir des subventions. Nous demandons également aux bureaux d’études que les travaux prescrits respectent a minima les exigences des certificats d’efficacité énergétique pour obtenir aussi des subventions. Toutes les orientations que nous pouvons suivre ne se font pas sans un regard fin porté sur les charges locatives que nous facturons à nos locataires. Nous faisons du logement social, nous nous adressons à des gens qui n’ont pas forcément beaucoup de moyens et les charges pèsent lourd dans le budget des ménages. Pour nous aussi c’est bénéfique : si les charges sont maîtrisées, les locataires auront plus de facilités à payer leur loyer. Nous ne voulons absolument pas faire des bâtiments performants au niveau environnemental qui seraient très peu performants au niveau économique.

Quels sont vos champs d’actions ? Nous faisons beaucoup de réhabilitations lourdes. Nous avons pour objectif d’en faire plus de 1000 par an sur un patrimoine de 40 000 logements. Les directions territoriales ont aussi

des objectifs d’amélioration de la performance énergétique sur certaines résidences qui ont été identifiés comme étant énergivores. Nous avons aussi une politique de renouvellement régulier de nos installations. Par exemple, nous n’attendons pas qu’une chaufferie ait 30 ans et présente des performances très médiocres pour la rénover. Nous essayons plutôt, pour les installations collectives, de les renouveler au bout de 20 ans. Avec ces différentes actions, nous arrivons à travailler sur la maîtrise de nos charges et sur la performance énergétique de nos bâtiments.

Comment faîtes-vous pour baisser la consommation de chauffage ? Nous réalisons systématiquement des études thermiques pour identifier les postes et usages qui ont des consommations anormalement élevées. Nous avons un guide des prescriptions techniques qui va au-delà de la réglementation et impose des garde-fous notamment sur les performances de l’enveloppe ainsi que sur les systèmes. Nous regardons aussi ce qu’il y a de plus intéressant en termes de performance économique : gaz, électricité ou réseau de chauffage urbain. sachant qu’en Île-de-France, les réseaux de chauffage urbains sont souvent relativement chers en termes de charges et pas toujours très performants en termes d’efficacité environnementale. sur le chauffage, nous menons des actions relativement classiques. Pour les réhabilitations, nous restons en gaz quand c’est possible. Ces dernières années, nous avons mis en place une politique d’installation de différents systèmes de production ENR et en interne, nous faisons nos retours d’expérience. Nous regardons ce qui fonctionne bien, ce qui nous permet de déployer à grande échelle ou au contraire d’abandonner. Depuis quelques temps, nous travaillons beaucoup sur des systèmes innovants pour la production d’eau chaude sanitaire car elle devient un poste important. Dans certains

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cas, elle représente 50% de la consommation du bâtiment. Sollicitez-vous vos locataires sur la question de la chaufferie ? Nous essayons mais la communication n’est pas évidente. Nous les sensibilisons avec des lettres d’information pour leur expliquer quelles sont les températures contractuelles imposées par la réglementation, comment ils doivent se servir des équipements tels qu’un robinet thermostatique, un automate programmable ou encore un radiateur basse température. Quand il s’agit d’une réhabilitation, nous leur remettons un petit guide des bonnes pratiques des nouveaux systèmes installés. sur les réhabilitations lourdes, nous commençons à installer des panneaux d’affichages soit dans les parties communes comme les halls soit dans les ascenseurs. Concernant les consommations d’eau par exemple, nous déployons des compteurs en télé-relève avec un portail web pour que le locataire puisse consulter à terme ses consommations d’eau en temps réel et savoir comment il se situe par rapport à un usage moyen du logement qu’il occupe ou par rapport à l’ensemble des autres locataires de sa résidence, et éviter ainsi les écueils en fin d’année de régulation de charges très importantes.

Est-ce que la mise en place de solutions inno-vantes est une piste chez La Sablière ? Nous commençons à y réfléchir. Nous n’avons pas encore énormément de compteurs connectés. Par contre, nous essayons d’anticiper l’avenir en prévoyant les connectiques nécessaires dans le logement. sur certains sites, nous allons connecter le logement via le système de visiophonie car il y a des constructeurs qui proposent ce type de solution. Nous essayons d’équiper les logements, de les emmener vers « le tout connecté » même si nous n’en sommes encore qu’aux prémices. La situation devrait évoluer dans les années à venir car suite à la loi de transition énergétique, un décret est paru, et nous impose désormais à différentes échéances d’installer de la répartition de frais de chauffage dans l’ensemble de nos immeubles collectifs. Nous allons donc devoir progressivement installer des compteurs d’énergie et des répartiteurs de frais de chauffage. Le but est de pouvoir fournir aux locataires des informations sur sa consommation en temps réel.

Ce n’est donc pas un choix voulu… Parfois nous subissons un peu les changements réglementaires mais nous essayons aussi d’en tirer parti et de développer de nouveaux systèmes de suivi de nos bâtiments. Par exemple, il y a quelques années, la réglementation nous a imposé la télé alarme dans les ascenseurs. Nous avons profité de cette mesure pour développer un système de télésurveillance multi-technique et avons mis une box au niveau d’un ascenseur pour faire remonter des informations sur son fonctionnement mais également au niveau des chaufferies. Nous avons donc instrumenté nos chaufferies et remontons désormais les informations sur une plateforme de télésurveillance, sur laquelle il y a un volet génie climatique. Ce système nous permet de faire du suivi de consommation en temps réel et d’anticiper d’éventuelles dérives de consommation qui coûteraient cher aux locataires.

Comment faîtes-vous pour remonter les données ? Nous travaillons avec des assistants à maîtrise d’ouvrage en suivi d’exploitation qui nous assistent sur des contrats d’exploitation. si les sites sont raccordés en télésurveillance, cela signifie que nous avons mis des compteurs sur le gaz, des compteurs d’énergie aux endroits stratégiques et des compteurs communicants au niveau des compteurs d’eau chaude volumétrique. Nous avons donc les informations en temps réel. s’ils ne sont pas connectés, les exploitants remontent les index à nos AMO qui les compilent et font des analyses de consommation. Aujourd’hui, cette méthode fonctionne relativement bien, tous les exploitants jouent le jeu. De plus, à La sablière, nous avons des contrats d’exploitation avec des objectifs de performance sur le chauffage. Et pour les inciter à mieux suivre leurs installations, nous avons des clauses d’intéressement. sur l’eau chaude sanitaire et le chauffage, s’il y a une économie, nous reversons un tiers du montant, mais s’il y a surconsommation, nous faisons prendre en charge les deux tiers.

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ICF Habitat La sablière

Création : 1927Effectif : 619

Chiffre d’affaires 2015 : 206 millions d’euros

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Thierry CHAMBONPrésidentEnergisme

ENERgIsME ACCOMPAgNE à LA MIsE EN PLACE D’ENgAgEMENTs CHIFFRés ET

MEsURABLEs. 

Fondée en 2004, Energisme édite des solutions logicielles et matérielles qui optimisent les dépenses d’énergie. Une offre, spécialement développée pour les chaufferies, fournit aux maîtres d’ouvrage des données en temps réel pour suivre, restituer, analyser et décrypter les consommations. La jeune entreprise, qui se définit comme un tiers de confiance, donne son éclairage sur les défis énergétiques auxquels doivent faire face les bailleurs sociaux.

En quoi Energisme est un acteur innovant dans le secteur du bâtiment ?Nous assistons le client dans tous ses projets de mesures et de suivis énergétiques, de la simple gestion de ses factures au déploiement d’un dispositif de gestion de l’énergie multi-sites et multi-utilisateurs. Nous savons dialoguer directement avec les fournisseurs d’énergie pour récupérer les données. Nous disposons également d’un logiciel de reconnaissance des caractères pour intégrer automatiquement les données des factures numérisées par le client. Pour l’instrumentation, nous utilisons des capteurs exploités sous le réseau LoRa. Celui-ci nous permet de proposer des solutions plug and play à très faibles coûts. Enfin, notre cœur de métier est de proposer un portail de restitution et d’analyse des données en mode sAAs, accessible depuis tout terminal connecté. Notre plateforme se veut simple, ergonomique et pragmatique : elle s’adapte aux besoins et à la maturité énergétique.

Quel est le besoin principal des bailleurs pour améliorer la performance énergétique de leurs parcs ?Aujourd’hui, la gestion patrimoniale des bailleurs sociaux a pris une nouvelle dimension, celle de l’énergie, ce volet est devenu incontournable, que ce soit dans le neuf ou la rénovation. Pour mettre en place une démarche vertueuse de gestion énergétique, le premier pas est la collecte de l’ensemble des données énergétiques disponibles : aussi bien les factures

que les points de mesure, les automates, les systèmes de gestion technique centralisés… Ce n’est qu’en rassemblant toutes ces données qu’une vision complète et exhaustive du parc est possible. Mais cela ne suffit pas, il faut y ajouter de l’intelligence, c’est-à-dire des outils de data mining et de deep learning pour comprendre ces données, pouvoir les comparer avec d’autres données, les mettre en cohérence et perspective. Il y a donc d’abord la collecte et la visualisation des données. L’analyse est une couche supplémentaire développée conjointement avec nos clients, basée sur notre expérience et les besoins propres. Nous proposons une solution sur mesure.

Comment la collecte de données permet-elle de réduire les consommations d’énergie ? Les bailleurs sociaux ont beaucoup de données : il existe plusieurs fournisseurs d’énergie, plusieurs mainteneurs ou exploitants, plusieurs types de facturations. Certains sites sont mêmes déjà pourvus de comptages énergétiques. Ils se retrouvent donc confrontés à divers documents dans leur format, leur taille, leur complexité. Nous automatisons les collectes d’information, via des flux web ou des reconnaissances de caractères. Ensuite, une fois les données centralisées, nos analyses permettent de mettre en évidence différentes dérives sur les contrats et les consommations. Quand vous pouvez visualiser et analyser vos données, les décisions sont plus pertinentes, tout comme les choix d’investissement ! Et en plus de prendre de meilleures décisions, vous économisez du temps. Pour une semaine de travail de cinq jours, le gérant met en moyenne trois jours à collecter les données, et deux à les analyser. Avec notre outil, les étapes de collecte, de centralisation et d’homogénéisation des données sont automatisées, et le bailleur a cinq jours pour se concentrer sur l’analyse et la prise de décision.

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Quel est votre rôle dans un contrat de performance pris par les bailleurs ?souvent, les bailleurs sociaux mettent en place des contrats de performance énergétique avec leurs exploitants ou mainteneurs. Le principal problème, dans ce type de configuration, c’est d’avoir un référent qui mette tout le monde d’accord. Avec un tiers de confiance qui restitue les éléments chiffrés, cela devient beaucoup plus simple. Energisme accompagne à la mise en place d’engagements chiffrés et mesurables. Une fois validée par les deux parties, Energisme suit l’atteinte réelle des objectifs. Nous avons ainsi développé une application spécifique au suivi les installations de production et de distribution de chaleur. Notre plateforme sert alors de support et d’aide au jour le jour aux acteurs de l’efficacité (par l’envoi d’alerte en cas de dérive, par la mise à disposition d’outil de modélisation et de reporting) et de juge de paix à la fin de chaque cycle de facturation. Notre interface de gestion donne ainsi à tous les acteurs du bâtiment une vue objective et précise de la performance énergétique des sites exploités.

Le bailleur a-t-il à sa disposition d’autres outils pour l’efficacité énergétique de ses chaudières ?Dans le cadre du suivi d’un contrat à intéressement, par exemple, les mainteneurs calculent la performance des équipements des bailleurs avec des ratios simples de type Kilowattheure/DJU, les ratios sont revus chaque année dans le meilleur des cas. Ces ratios réduisent la performance du chauffage à une seule cause, quand il en existe beaucoup d’autres ! Des travaux de performance énergétique entrepris par le bailleur ou la vacance importante d’appartements par exemple, ne doivent pas impacter le résultat du contrat de performance. Nos solutions permettent, avec des points de mesure judicieusement choisis, de délimiter les fonctions et périmètres de chacun. La complexité actuelle est qu’une économie d’énergie n’existe pas, elle n’est donc pas mesurable. C’est pourquoi nous mettons en place des modèles mathématiques pour les quantifier.

L’investissement, en termes d’instrumentation notamment, semble lourd… si les outils de modélisation demandent en effet une instrumentation supplémentaire, nous avons bien souvent un retour sur investissement immédiat par le redimensionnement des abonnements ou des contrats. Lorsque des travaux sont prévus, il existe des budgets, il est nécessaire d’allouer quelques pourcentages de celui-ci à la mesure énergétique. Celle-ci permettra de quantifier les performances réelles atteintes et de maintenir un niveau d’exigence dans le temps. si l’on ne peut pas mesurer l’efficacité de ces projets, les décisions suivantes seront toujours prises à l’aveuglette. Quand on investit dans une chaudière censée faire 115 % de rendement, on doit être capable de le vérifier ! La mesure fait donc partie des projets liés à l’énergie. Elle devrait donc s’intégrer sans mal dans le budget du gestionnaire. D’autant plus qu’elle ne représente que quelques pourcentages de ce budget.

Quel est l’impact sur le locataire ?si le bailleur social a la volonté de responsabiliser le locataire, il a les informations nécessaires. A partir du moment où il a installé le premier capteur, ces informations sont consultables directement sur la plateforme Energisme. En parallèle, un expert lui fera des recommandations personnalisées. Chez nos clients, nous avons mis les données liées à la maintenance et les températures de réseau de chauffage et d’eau chaude sanitaire à la disposition des gardiens. Quand les températures dérivent, ils peuvent prévenir immédiatement le mainteneur ! Un accès aux mêmes données pour chaque acteur du bâtiment donne mécaniquement plus de cohérence et d’efficacité à l’ensemble du projet. Le locataire bénéficie logiquement de toutes ces améliorations.

Energisme

Création : 2004Effectif : 25

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Clément MeTzGeRResponsable efficacité énergétiqueEnergisme

UNE APPLICATION POUR sUIVRE, ANALYsER ET COMPRENDRE

LEs CONsOMMATIONs DE VOs PRODUCTIONs DE CHALEUR. 

Le responsable Efficacité Energétique d’Energisme nous parle de «  l’application Chaufferie  », une application qui permet de suivre, analyser et comprendre la performance énergétique des systèmes de productions de chaleur de vos bâtiments : alertes en cas de dérives, modélisation prédictive, comparaison entre plusieurs bâtiments… une variété de fonctionnalités pour adresser la totalité des besoins des parties prenantes.

Pourquoi créer une application spécifiquement dédiée aux chaufferies ?Energisme a toujours développé ses services en partant d’un constat de terrain. C’est en échangeant avec les parties prenantes sur des projets et des problématiques qu’on arrive à savoir ce dont elles ont réellement besoin. L’application Chaufferie est donc le fruit d’un travail de recherche et d’enquête auprès des acteurs du bâtiment, le défi étant d’apporter une solution aussi complète que possible et qui permette une prise en main quasi-immédiate par l’ensemble des acteurs. Chez nous, cela est rendu possible par le travail conjoint d’experts en efficacité énergétique, de designers en expérience utilisateur et de data-scientists. Ces expertises se complètent en permettant la conception d’un outil  pertinent, simple, et scalable (ndlr  : qui puisse s’adapter à n’importe quel volume et type de données).

Comment se déroule le déploiement de ce service chez votre client ?La première étape, c’est ce que nous appelons en interne la « pré-analyse ». C’est un premier audit des équipements sur site, du fonctionnement du bâtiment, des données déjà collectées par le client et potentiellement exploitables… Il s’agit de connaître la maturité énergétique du gestionnaire. C’est cette maturité qui dictera la marche à suivre  : interfaçage avec les équipements déjà existants, plan de comptage pour installer de nouveaux équipements de mesure, formation des

utilisateurs… L’application, elle, pourra s’adapter à toutes les situations. Que l’utilisateur veuille simplement centraliser ses données existantes (historiques de consommation, caractéristiques des équipements, etc…), suivre la performance en temps réel de ses chaudières instrumentées, ou utiliser des modèles statistiques pour évaluer la performance d’une rénovation énergétique, l’application le lui permettra.

Avez-vous des exemples de fonctionnalités de l’application ?L’une des fonctionnalités de base, c’est le suivi de profils de consommation. Les capteurs que nous posons permettront par exemple à l’utilisateur de visualiser les températures de production de chauffage ou d’ECs. Avec ce premier outil, la maintenance préventive est améliorée  : les anomalies sont identifiées dès leur survenue. La réglementation impose par exemple des températures limites sur le réseau ECs, nous mettons à disposition le suivi adéquat. Comparer les profils de consommation entre les différents sites est une seconde approche. En établissant des benchmarks énergétiques, l’utilisateur peut prioriser sa réflexion. Les actions de réhabilitations seront en fonction des performances énergétiques réelles.Après avoir instrumenté les entrées et sorties des chaufferies, l’application analyse les performances et offre des restitutions intelligentes et adaptées. Ainsi le propriétaire pourra apprécier le taux de charge ou la performance de ses équipements au cours du temps. Il connaitra l’intensité d’utilisation de ses chaudières et pourra redimensionner les corps de chauffe de façon adéquate s’il décide de les remplacer.La signature énergétique, elle, qualifiera la consommation en fonction des paramètres extérieurs (température et m3 d’ECs principalement). Elle est un outil très intéressant pour apprécier la bonne régulation mais aussi et surtout pour quantifier les économies d’énergie engendrée par une action. Quand un

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prestataire extérieur prend des engagements de performance vis-à-vis du propriétaire, par exemple 5% d’économies, il faut se doter d’outils pour les valider. sinon comment peut-on s’assurer que les consommations ont baissés grâce à l’entreprise mandatée ? D’autres événements, indépendants de la prestation réalisée, peuvent faire varier les consommations : un comportement plus responsable de la part des locataires, une fréquentation qui baisse, des rénovations menées sur le bâti… Dans certains cas, l’efficacité de la prestation est largement surestimée par les gestionnaires, car ils n’ont pas intégré ces autres variables dans leur modèle. Et les intéressements touchés par les prestataires sur les économies réalisées ne sont pas toujours fondés.Avec la signature énergétique, le propriétaire connait donc la part de responsabilité du prestataire dans la réduction des consommations. Il est même capable de savoir ce que ses chaudières auraient consommé s’il avait décidé de ne rien changer. Dans le cadre d’un Contrat de Performance Energétique, il a donc toutes les outils en main pour suivre, évaluer et juger les actions du prestataire.

Existe-t-il d’autres bénéfices avec la mise en place de votre solution sur les sites du gestionnaire ?Une fois ses données existantes centralisées et ses chaufferies instrumentées, le propriétaire dispose d’un système complet de surveillance et d’amélioration de la performance énergétique et d’un outil d’aide à la décision pour la rénovation énergétique. Parce qu’il centralise la gestion de tous ses projets sur une seule et

même interface, le gain de temps est plus que significatif. Il peut faire simultanément de la maintenance préventive et curative, ajuster ses contrats fournisseurs à sa consommation réelle, connaitre le rendement de ses équipements, impliquer les différents acteurs du bâtiment dans les projets qu’il met en place et améliorer les conditions de travail de ces acteurs tout en calculant le retour sur investissement des actions qu’il entreprend… ses prises de décision sont facilitées, ses choix gagnent en pertinence et impactent la performance énergétique de son parc de façon pérenne et durable.

Energisme

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La collection « Expériences Transformation » propose une série de dossiers traitant des probléma-tiques auxquelles sont confrontés tous les secteurs d’activité dans le cadre de leur transformation numérique. Elle est fondée sur la capitalisation d’expériences d’acteurs majeurs du marché, sans parti pris, pour apporter une vision nouvelle du sujet traité. Une approche pragmatique valant mieux qu’un long discours, ces expériences de décideurs facilitent le décryptage des grandes thématiques qui impactent le quotidien des entreprises.

Ce carnet d’expériences été réalisé par les journalistes Charlie Perreau et sylvestre Rome pour Alliancy, le mag, en partenariat avec Energisme.

Transformation numérique : de la stratégie à la mise en œuvreDans ce monde complexe, mouvant, où une simple idée peut tout bousculer, il est important de créer de la transversalité, du lien. Magazine engagé en faveur du « travailler ensemble pour innover plus vite », Alliancy le mag déniche pour vous l’information qui a du sens. Autour des écosystèmes les plus actifs, des témoignages les plus opérationnels, des innovations les plus pertinentes, des évé-nements les plus actionnables, Alliancy vous projette dans le ‘faire’ et stimule votre curiosité, en vous démontrant par l’exemple que le chemin de la transformation numérique est possible, et en vous permettant de rencontrer les personnes qui ont compris, qui ont testé, qui ont fait.

Mentions légales et droit d’exploitation Alliancy, le mag 32 rue des Jeuneurs 75002 ParissARL au capital de 10.000€792 635 138 R.C.s. Paris

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Directeur de publication : sylvain Fievet Toute reproduction des textes publiés dans ce carnet d’expériences est interdite sans autorisation explicite de la rédaction. Pour tout renseignement, vous pouvez adresser vos questions à l’adresse suivante : [email protected]

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Collection «Les carnets d’expériences» pour action ! en partenariat avec

Comment innover au-delà du tout-rénovation ?

Logement social

En France, le bâtiment est aujourd’hui le secteur le plus énergivore, après les transports et l’industrie. La loi du grenelle de l’Environnement, votée en 2009, a donc notamment imposé de réduire les consommations d’énergie du parc des bâtiments existants et d’atteindre le rythme de 400 000 rénovations complètes de logements chaque année. Elle prescrit aussi la rénovation de l’ensemble des logements sociaux. Pourtant la rénovation n’est pas le seul moyen pour faire baisser la consommation énergétique.

Il existe d’autres leviers moins coûteux et moins contraignants.

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