Comité Interafricain d’Etudes Hydrauliques · l’un sur les réseaux de surveillance...

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P.A Ouaga Comité Interafricain d’EtudesHydrauliques SIEGE SECRETARIAT GENERAL -- Boîte Postale 369 OUAGADOIII-,~ )II HAIJ‘TL VOLTA Téléphone 33-35-18 & 33-34-76 ABONNEMENT 4 Numéros par an : 5 000 F CFA en Afrique. 6 000 F CFA ailleurs SOMMAIRE N” 57 - JUILLET 1984 EDITORIAL Une première au CIEH ETUDES TECHNIQUES Intérêt, mise en place et suivi des réseaux de mesures piézométriques 2 Aménagements hydroagricoles et participation paysanne en Afriqve 17 La lutte contre l’érosion en Haute-Volta : I’expkience du Fonds de Développement Rural 28 INFORMATIONS Fiches de lecture des ouvrages récemment édités par le CIEH 42 Nouvel les brèves 50

Transcript of Comité Interafricain d’Etudes Hydrauliques · l’un sur les réseaux de surveillance...

P.A Ouaga

Comité Interafricain d’Etudes Hydrauliques

SIEGE SECRETARIAT GENERAL -- Boîte Postale 369 OUAGADOIII-,~ )II HAIJ‘TL VOLTA Téléphone 33-35-18 & 33-34-76

ABONNEMENT 4 Numéros par an : 5 000 F CFA en Afrique. 6 000 F CFA ailleurs

SOMMAIRE

N” 57 - JUILLET 1984

EDITORIAL Une première au CIEH

ETUDES TECHNIQUES Intérêt, mise en place et suivi des réseaux de

mesures piézométriques 2

Aménagements hydroagricoles et participation

paysanne en Afriqve 17

La lutte contre l’érosion en Haute-Volta :

I’expkience du Fonds de Développement Rural 28

INFORMATIONS Fiches de lecture des ouvrages récemment édités

par le CIEH 42

Nouvel les brèves 50

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EDITORIAL

Une Première au CIEH

En exécution d’un mandat donné au Douzième Conseil des Ministres du Comité (24-25 Février 1984), le Président du Conseil, son Excellence Marius MOUAMBENGA, Ministre de l’Agriculture et de 1’Elevage de la République Populaire du Congo,’ a entrepris une tournée dans les Pays Membres de l’Orga- nisation en vue de saisir les Chefs d’Etats des mesures adoptées lors du dit Conseil. Cette tournée qui l’a conduit successivement au Gabon, Tchad (Avril 1984), Bénin, Niger, Haute-Volta, Mali, Sénégal, Mauritanie, C&e- d’ivoire, Togo, Cameroun (Mai 1984) lui a permis de tenir des séances de travail avec les autorités compétentes des Etats sur les,activités de l’Orga- nisation ainsi que d’apprécier le niveau d’intérêt des Etats pour le Comité. Les principaux thèmes évoqués concernent la participation active à la vie du Comité, la conduite d’etudes rémunérées dans les Etats et le paiement des contributions.

En outre un Etat observateur, la République Centrafricaine, a été visité en vue d’acc61érer la procédure de son adhésion au CIEH.

Son Excellence MOUAMBENGA était accompagné par le Directeur du Génie Rural et du Machinisme Agricole du Congo, Monsieur LIWANGA-VAKAZY ZEPHIRIN et par le Secrétai6e Général du CIEH, Monsieur Abdou HASSANE.

Les plus hautes autorités des pays’ont réaffirmé leur adhésion et leur soutien total au Comité au cours de cette première tant attendue notamment par les administrations de tutelle qui comptent retenir le prin- cipe d’une telle mission périodique.

*

La partie technique de ce bulletin est composée de trois articles, l’un sur les réseaux de surveillance piézométrique, le second sur la partici- pation paysanne aux aménagements hydro-agricoles et le troisiéme sur les travaux anti-érosifs pratiqués en Haute-Volta dans le cadre du Fonds de Développement Rural.

Le Secrétaire Génrkal /

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INTERET, MISE EN PLACE ET SUIVI

DES RESEAUX DE MESURES PIEZOMETRITJJES

J. LEPRIOL (*> et C. DILUCA (**>

-==o-• - -

Depuis 1974, les pays sahéliens subissent un cycle climatique déficitaire entraînant une pénurie chronique des ressources en eau et un tarissement d’un grand nombre d’ouvrages (principalement de puits) captant les eaux souterraines.

Face à l’ampleur et à l’accroissement de la demande (70.000 points d’eau villageois et plus de 500 centres secondaires envisagés à l’issue de la Décennie dans l’ensemble des Pays Membres du CIEH), il con- vient dès à présent de se poser la question de l’aptitude des aquifères à supporter une telle exploitation compte tenu de l’inégalité de leur réa- limentation dans le temps et dans l’espace.

La connaissance et l’évaluation des ressources en eau d’un aquifère, de ses mécanismes d’alimentation et de drainage, de ses poten- tialités de mise en valeur, ne sont possibles que grâce à des mesures “in situ” multiples dans l’espace et dans le temps, effectuées dans des réseaux de piézometres et de forages.

Si l’ensemble des responsables de la gestion des ressources en eaux souterraines de nos pays et les sources d’aide internationale sont unanimes sur l’intérêt des réseaux piézométriques “préventifs”, le problè- me de la sélection des points d’observation et leur mode de suivi se pose de telle sorte qu’actuellement ces réseaux de surveillance ne sont déve- loppés que dans le cas d’études hydrogéologiques très localisées.

Le présent article a pour objet de proposer aux responsables nationaux des schémas de mise en oeuvre d’un réseau piézométrique et de donner des exemples d’observation dans les deux types d’aquifère : bassin sédimentaire - socle cristallin.

I/ LA CONSTITUTION D’UN RESEAU PIEZOMETRIQUE MINIMAL

1.1 Conception du réseau

Les données fournies par un réseau piézométrique doivent être significatives (en qualité) et suffisantes (en quantité). Pour cette rai- son, on veillera à ce que le réseau tienne compte :

I

(*> Hydrogéologue à la Direction des Etudes Hydrauliques. Ministère de 1’Hydraulique. DAKAR. Sénégal.

*

(**) Hydrogéologue, Chef du Département Hydrogéologie et Hydraulique Villageoise du CIEH.

Bulletin de Liaison du CIEH, r+’ 57 - Juillet A4

-3-

- des conditions géologiques : roches cristallines fracturées, altérations, schistes, sables, calcaires ;

- des conditions géomorphologiques : proximité d’un axe d’ali- mentation (rivières permanentes, barrages,...), zone de plateau, zone de vallée ;

- des conditions climatiques : on compartimentera le territoire à étudier en zones climatiques : 0 - 200 mm, 200 à 500 mm, 500 à 900 mm, supérieur à 900 mm.

1.2 La sélection des points d’observation

La sélection des points d’observation devra avoir lieu sur des critères techniques. On devra impérativement connaître la coupe géologique et technique ainsi que les caractéristiques techniques de l’ouvrage (débit spécifique, pertes de charges, formation captée : altération ou zone fracturée,...).

D’autres critères interviennent au second plan pour la sélec- tion des points d’observation : présence d’un réseau pluviométrique, réseau hydrologique, réseau routier, existence d’école ou dispensaire.

Trois types d’ouvrages peuvent être utilisés pour la constitu- tion d’un réseau piézométrique : d

l”) Des petits forages profonds ou “légers” selon que l’on s’intéresse à un aquifère captif ou libre. Ces ouvrages peuvent être effec- tués dans le cadre d’un projet d’étude hydrogéologique. Les caractéristi- ques de ces ouvrages seront les suivantes :

- Diamètre de la chambre de pompage : 4 s”

- Tube d’exhaure et crépine PVC : 2 %”

Z”) Des forages abandonnés ou non exploités réalisés dans le cadre de programme d’hydraulique villageoise ou semi-urbaine. Parmi les ouvrages abandonnés à cause d’un débit d’exploitation insuffisant, on pourrait choisir ceux qui ont fourni un débit d’essai inférieur de 20 % au débit de récep,ion. 4. Une enquête menée en Haute-Volta, par la Direction Générale de l’Hydraulique, dans le cadre de la mise en place d’un réseau piézométrique “minimal”, a démontré, qu’en fait, très peu de forages aban- donnés sont récupérables, soit à cause des débits insignifiants, soit par manque de tubage provoquant un effondrement partiel. Par contre cette en- quête a démontré qu’il est possible d’identifier des forages inexploités (plus de 36 forages ont ainsi été localisés dans l’ensemble du territoire).

Cette option peut s’avérer économique si l’on dispose de données d’inventaire des Ressources Hydrauliques (IRH) actualisées au fur et à mesure de la réalisation des programmes de forages. Elle nécessite néanmoins une mission de reconnaissance préalable (recherche des ouvrages, contrôle de la qualité du tubage et de l’ouverture du tubage) et, dans certains cas des opérations de décolmatage de l’ouvrage.

3”) Des ouvrages exploités et dont le moyen d’exhaure est équipé d’un regard de mesure. Il s’agit, dans ce cas, des ouvrages réalisés en hy- draulique villageoise. Lorsqu’une pompe à main est installée sur le point d’eau, il sera nécessaire de prévoir un bouchon vissé sur la dalle d’embase permettant l’introduction d’une sonde électrique ou de tout autre appareil de mesure (tube de pression,...).

-4-s

Dans le cas de certaines pompes (ABI-MN - India,...) il est nécessaire de modifier la tête de pompe de façon à avoir accès à l’orifice du forage.

Dans le cadre des opérations de suivi post projet d’un programme d’hydraulique villageoise, le CIEH a expérimentG un système permettant de mesurer un niveau piézométrique sur un forage équipé d’une pompe ABI-MN. Ce système consistait à souder à l’intérieur de la tête de pompe un tube de mesure oblique entre la dalle de la pompe et la paroi de la fontaine. Ce tube, d’une longueur de 50 cm est fermé par un bouchon vissé.

De telles modifications pourraient être adoptées par les cons- tructeurs qui livrerait à la demande cette option fabriquée en série; Un aperçu des principales pompes utilisées dans les Pays Membres du CIEH mon- tre que la majorité peut être facilement modifiée. Nous donnons, ci-après, des propositions de modification à apporter à quelques modèles de pompes.

Pompes

ABI-MN

India Mark 2

Fluxinos Pulsa

Vergnet

Monarch P3

Robbins Myers

ABI-‘ASM

Volanta

Preussag Kardia

Deplechin

Caractéristiques de la tête de oomoe

Cylindrique

Cylindrique Regard d’accès

Plaque d’embase accessible

Cylindre à embase conique

Cylindrique

Cylindrique

Cylindrique

Carré

Cylindrique

Modifications à apporter

Tube de mesure oblique 26/34 mm à bouchon vissé.

Tube de mesure à bouchon vissé sur toute la longueur du réservoir.

1

Bouchon vissé sur l’embase de la pompe.

A étudier

Idem - ABI-MN

A étudier

~ Aucune. Accés du forage par lla tête de pompe démontable. l ;A étudier

Dans le cas des puits villageois, il sera nécessaire de sélec- tionner ceux qui ont une tranche d’eau su>fisante (supérieure à 5 m).

Ce troisième type d’ouvrage est sensible à l’effet de puisage (notamment les puits villageois) et, de ce fait, on doit veiller à effec- tuer les mesures de niveau avant puisage (le matin de préférence lorsque la remontée nocturne a été suffisamment longue).

II/ LE,SUIVI DU RESEAU PIZEOMETRIQUE

II.1 Les movens de mesure

A l’exception des besoins d’une étude particulière (étude hydro- géologique en zone littorale, invasion du front salé, influence de la marée) il ne sera pas nécessaire d’effectuer un enregistrement continu des fluctua- tions de niveau. Si cet enregistrement s’avère nécessaire, on pourra utiliser

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des limnigraphes verticaux (type OTT RI6 à rotation mensuelle) ; dans ce cas ils pourront être couplés avec des pluviographes (type “Richard Pekly”) à augets basculeurs et rotation hebdomadaire ou des pluviomètres à lecture quotidienne (type “Association” > .

Le matériel de mesure périodique comprend généralement une sonde électrique (type AOTT) dont le coût est d’environ 200.000 F.CFA pour une longueur de fil d.e 100 mètres.

Dans le cadre de la mise en place d’un réseau élémentaire, en Haute-Volta, la Direction de 1’Hydraulique s’est fixée comme objectif la réalisation d’un moyen de mesure très simple : la sonde à cloche. Ce moyen de mesure comprend une corde en fibre synthétique graduée par des bagues fixées tous les 50 centimétres et terminée à l’extrémité par une clo.che métallique de 15 mm de diamètre dont le poids doit être supérieur à 100 g.

Ce système très simple peut être réalisé pour un investisse- ment de 5.000 F.CFA par sonde à cloche de 50 mètres.

La précision de mesure est de l’ordre de quelques centimètres. Les erreurs de mesure peuvent être commises lorsque le poids de la cloche s’avère insuffisant et lorsque la corde est trop élastique. Ce matériel s’avère néanmoins suffisant pour réaliser une esquisse piézométrique d’un secteur mais convient assez mal aux essais de pompage.

Signalons qu’en ce qui concerne le matériel accessoire, il est nécessaire de prévoir lors de tournées piézométriques, des clefs à griffe, clefs à chaîne, tournevis, p our le dévissage des bouchons de fermeture d’ouvrages.

II.2 Les modalités de surveillance

Les observations périodiques peuvent être assurées de trois manières différentes :

- Surveillance par un bureau d’étude spécialise. Cette option a été adoptée en Haute-Volta où le bureau d’étude IWACO est chargé du pro- jet “Bilan d’eau”, ce projet prévoyait la mise en place et le suivi du ré- seau par le bureau d’étude. Cette solution peut être appliquée dans le cadre d’études hydrogéologiques comportant un volet “Etude piézométrique” (voir exemple d’étude ci-après au paragraphe 111.1). Le coût de mise en place d’une équipe de surveillance piézométrique peut être estimé à envi- ron 7 millions de F.CFA pour une tournée de 1 mois de terrain. Cette solu- tion est certainement la plus efficace mais ne résout pas le problème du suivi du réseau après la période d’exécution de l’étude.

- Relevés périodiques par des observateurs recrutés sur place et rémunérés. C’est certainement la solution qui s’avère la plus économique. L’indemnité attribuée à l’observateur est de l’ordre de 10.000 F.CFA par année d’observation (en général 4 mesures par an pour un suivi de longue durée).

L’observateur peut être recruté au niveau du village et choisi parmi les membres du Comité de point.d’eau : le maître d’école, l’infirmier du dispensaire ou la mission religieuse. Cette solution nécessite une sé- lection rigoureuse des observateurs et un contrôle annuel du réseau par 1’Administration. La transmission des données peut être effectuée par la poste, la gendarmerie, la sous-préfecture ou les structures décentralisées.

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Une période transitoire de quelques mois doit être prévue au début du fonctionnement du réseau pour contrôler la fiabilité du réseau et la qualité des données transmises. Cette solution présente l’avantage d’être relativement économique de sensibiliser la population au problème de la ressource, son coût ne dépend pratiquement pas de la fréquence de mesures sur un point d’observation.

- Suivi du réseau par des équipes hydrologiques ou pluviomé- triques. Cette solution consiste à superposer au mieux le réseau piézo- métrique à un réseau existant (hydrologique ou de 1’ASECNA). On doit alors prévoir des indemnités attribuées aux équip’es de suivi et un poste “Consommables” qui est fonction du supplément de parcours demandé aux équipes hydrologiques.

Signalons enfin une dernière solution offerte par la télétrans- mission. Le Service Argos, entré en phase opérationnelle en 1978, permet d’écouter et de transmettre les données fournies par une balise installée sur un forage.

Les messages sont réceptionnés par des satellites (NOAA) et transmis à des stations de réception au sol (AlasKa, Virginie, France).

La balise peut être installee sur un limnigraphe. Le coût d’installation revient à environ 1.800.000 F.CFA.

Cette solution coûteuse, doit être réservée à des conditions bien particulières : accès difficile, nécessité de mesures rapprochées dans le temps,...).

III/ EXEMPLES DE DONNEES FOURNIES PAR UN RESEAU PIEZOMETRIQUE

III.1 Etude de la recharge des nappes en zone sédimentaire

Nous citerons l’exemple d’un aquifère libre, celui des forma- tions sablo-argileuses du “Continental Terminal” de la Casamance, au Sénégal (figure 1).

Deux saisons sont bien différenciées : saison sèche (novembre à mai), saison des pluies (juin à octobre).

Le bassin Casamançais offre l’aspect de vastes plateaux bas et monotones, souvent cuirassés et entaillés de marigots (cours d’eau tem- poraires). La série géologique comprend les horizons suivants :

- sables rouges de Rlateau

- couches latéritiques

- sables gris de haute terrasse

- sables blancs de basse terrasse.

Les diverses études réalisées à ce>jour (dont l’une a duré trois ans et bénéficié d’une gamlrk pluviométrique très étendue. 550 mm en 1980 à 1250 mm en 1981 ont améLiorii considérablement la connaissance de la nappe (figure 2).

- 7 -

LOCALISATION DE LA ZONE D’ETUDE

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GUINE :.. .

4 ~kde du bauim dc M’iLA (L. &ryv Jntornat’ona1 _ 1979)

2 E&& Zqpe de ~RD~~D~J-MAR~AUOU~I (Dct-L 1979/1981)

3 Etude du btawn du I(A+IOD~~ BOLON (BC.~.O.~./J.R.A.T. - 1979)

6 Etude du bassin de QU&L (‘M~m~rw D.C.H. Hivernay 1981)

s Ebde du borrin du Sou~qaouoaou (SD.“PV/SOGRtA~ - 1979)

;; --e-o __-a iropiixe 0 mètre dr La nappe du CT

a00 a- L-L .;rchyitc 800 mm (Normale]

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, Le niveau de l’eau varie de quelques décimètres de profondeur

dans les zones basses et à plus de 15 m sous les interfluves. Les fluctua- tions de la nappe sont sensibles à la morphologie. La recharge est précoce (début juin) forte et rapide au pied des versants et dans les zones où la nappe est peu profonde. Elle est lente et tardive (a partir de juillet ou août) attenuée, voire nulle sous les plateaux. Au delà de 20 m de profon- deur, on peut considérer que la nappe n’est plus alimentée dans l’état climatique actuel (pluviométrie inférieure à 900 - 1000 mm).

L'observation régulière des fluctuations de la nappe a permis d'appréhender la valeur du seuil pluviométrique d'alimentation de l'aquifère :

- Lorsque la pluviométrie est de l'ordre de 800 à 850 mm, il n’y a pas d’alimentation interannuelle. Ce tarissement naturel, fonction de la morphologie, annule la recharge saisonnière et provoque une baisse de l'ordre de 0,20 m (plateaux) à 0,60 m (zones basses). Ce qui correspond à un dénoyage de 2 à 7 m en 13 ans.

- Lorsque la pluviométrie est supérieure à 900 - 1000 mm, le ta- rissement paraît stoppé et on observe une remontée de la nappe dans les zones où le niveau est à moins de 15 m.

- Lorsque la pluviométrie est supérieure à 1300 mm, l'alimenta- tion est assurée en toutes les zones où le niveau est à moins de 20 m de profondeur. Dans les zones où le niveau est plus profond que 20 m, il semble qu’il faille une pluviométrie supérieure à 1500 mm. Cette condition paraît impossible dans l'état climatique actuel. On comprend de ce fait que, dans la partie centrale du Senégal (FerloI- où la nappe est profonde (30 à 70 m), l'aquifère n'est jamais alimenté. Notons qu’en zone méridionale de la Casa- mance, où les conditions pluviométriques et morphologiques sont particulière- ment favorables, des mesures effectuées sur des puits FED 1968 ont montré qu’en 13 ans, la baisse de niveau a été nettement plus faible (de l'ordre de 0,lO m à 0,20 m/an.

En ce qui concerne l’évaluation de l'infiltration des corréla- tions entre la remontee saisonnière et la pluviométrie annuelle ont montré qu'il existe une profondeur critique au delà de laquelle, dans l'état cli- matique actuel, la nappe échappe au cycle naturel de l’eau et n’est plus alimentée par les pluies (figures 3.a et 3.b). Cette profondeur, au delà de laquelle la nappe est figée (si l’on fait abstraction des influences artificielles) serait de l'ordre de 30 à 40 m et correspond grossièrement à l'isopièze 0 mètre situé au nord de la Gambie et qui ceinture la zone centrale du Ferlo.

Elle correspondrait au front de désertification, zone au delà de laquelle la végétation ne parvient plus à assurer sa survie. On a ma- lheureusement assisté, ces dernières années à une migration de ce "front" vers le sud du Sénégal parallèlement à la baisse pluviométrique.

III.2 Les fluctuations de niveau des-nappes en zone cristalline

En région de socle qui constitue uhe partie importante des for- mations géologiques, l'existence d’aquifères dépend du jegré de fracturation et d'altération des roches.

Le schéma hydraulique est le suivant :

- Alteration peu perméable et capacitives alimentées par les pluies.

V.E.W./H.H.

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ZOrJE DE SEDk4lGG - MARSASSOUr/l (CASAMANCE) : ETUDE DE LA RECHARGE MOYENNE DE LA NAPPE SUPER -

-FIC\ELLE EN FONCTION DE SP PROFCiNDEUR MOYENNE PAR

RAPPORT AU SOL ET oE LA PLLIVIOMETRIE -

_ 3onneé5 Expérimentaks -

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Courbe de rechorg~ + 1 m

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4 _ puits viIIQgeoi5 borain de CUI’ML.

+

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Im

600 ho 800 looo 1100 1200 1300 1400 1500

- 12 -

- Socle frecturé situé sous les altérations. Conducteur d’eau, sans capacité.

Les altérations corltiannent généralement une nappe libre et alimentent par égouttement le socle fracturé dont les fractures contiennent de l’eau souterraine sous pression.

Nous nous intéressons dans la suite de l’article à la nappe contenue dans la zone fracturée.

A notre connaissance, il n’existe pas de séries d’observation de longue durée (supérieure à 5 ans) effectuées en zone cristalline, à l’exception du piézomètre du CIEH mis en service en 1978 à Ouagadougou et un réseau piézométrique fonctionnant dans le cadre d’un projet “Bilan d’eau”, en Haute-Volta, depuis 1980.

D’une manière générale, on constate que l’allure générale est à la baisse régulière depuis les années de sécheresse et de l’ordre de 0,60 m par an dans une zone climatique où la pluviométrie moyenne de la période d’observation est de 736 mm (cf. figure 4), période déficitaire par rapport à la normale annuelle voisine de 864,5 mm.

Il apparaît que la remontée saisonnière, voisine de 0,80 m, est indépendante de la hauteur d’eau tombée pendant la saison des pluies et sem- ble liée à la fréquence des pluies (hauteur minimale et nombre de jours de pluies).

La comparaison des fluctuations de la nappe contenue dans les granites fracturés et le régime des eaux de surface montre qu’il n’existe pas de relation significative entre la variation des modules annuels et la descente régulière du niveau de la nappe (figure 4). Pendant la saison des pluies, les variations de niveaux sont analogues d’une année à l’autre (figure 5.a) et on constate que la nappe commence à remonter à partir d’un seuil d’alimentation qui semble diminuer régulièrement depuis 1978 et passer de 240 mm en 1978 à 99 mm en 1983.

L’enregistrement continu des variations journalières de niveau a mis en évidence l’influence des variations de pression atmosphé- rique sur le niveau de la nappe (figure 5.b). Ce phénomène doit être pris en compte lors de l’interprétation des essais de pompage provoquant de faibles rabattements.

L’exemple des observations menées régulièrement sur un piézo- mètre en zone de socle montre que le phénomène de recharge des aquifères discontinus reste difficile à appréhender. Pour mener à bien une telle étude, il conviendrait de suivre plusieurs ouvrages et disposer de don- nées pluviométriques et climatologiques complètes.

L’interpretation de ces données fondées sur l’utilisation de modèles hydroclimatologiques globaux (modèle de type CREATURE du BRGM, modèles de simulation du bilan hydrique BILJAN et BILJAS du CIEH) permet- tra de corréler les fluctuations observées avec les différents paramètres climatiques et conduira à l’évaluation de la recharge des aquifères discontinus.

NAPPE DES GRANITES

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FIGURE il@ 4 --- PIEZOMETRE - CIEH

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1981 1982 1978

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COMPARAISONS ENTRE LES FLUCTUATIONS DU NIVEAU Figure 5.a --.

D'UN BARRAGE ET DE LA NAPPE Haufeqr d'eau :

-

Barrage LOUMBILA

EFFET DE LA PRESSION ATMOSPHERIQUE SUR LE NIVEPU -------A. DE LA NAPFE

Nive,aU de la nappe (P&a&re CIEH)

Pression atmbsphérique ' c

Pression atmosphérique

Figure 5.b

?ro.fon?e ur ?e 10 nappe

6,75

6,80

8h 12h 1671

26 Avril. 1078

20h 24h

- 15 -

Dans ce domaine de recherche, un projet pilote a et6 mis en place à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest et est conduit par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (chef de file), le bureau d’étude italien Aquater, la Direction Générale de 1’Hydraulique et de 1’Equipement Rural de Haute-Volta et le CIEH. Ce projet, fondé sur l’analyse des isotopes naturels du milieu et sur l’exploitation de stations de mesures (isotopiques et de niveaux piézométriques) devrait démarrer très prochainement en Haute-Volta, pays choisi pour sa variété climatique et géologique. Ce projet devrait, outre l’évaluation de la recharge des aquifères en zone cristalline, juger de la faisabilité d’un réseau de contrôle à l’échelle régionale et définir les caractéristiques minimales d’un tel réseau.

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BRGM 1976 : Etude hydrogéologique du Continental Terminal entre le Sine et la Gambie (SENEGAL).

IWACO 1984 :. Observations du niveau de la nappe des eaux souterraines et de sa composition chimique et isotopique en Haute-Volta.

c Réunion sur 1’Hydraulique Villageoise. Ouagadougou. Janvier 1984.

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AMENAGEMENTS HYDROAGRICOLES ET PARTICIPATION PAYSANNE EN AFRIQUE

Le point de vue d’un bureau d’études

Par

A. FREDERIC4 et J. RABES (*)

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RESUME ET CONCLUSIONS

L ‘analyse de la notion de “participation paysanne”, et les expé- riences concrètes des différentes phases de développement d’un projet hydro- agricole amènent aux conclusions suivantes :

- la finalité d’un projet de développement agricole doit être, outre l’augmentation de la production, l’assimilation de processus de déve- loppement par les paysans ;

- la participation paysanne est indispensable à la réalisation de cet objectif, et garantit l’efficacité véritable à long terme des inves- tissements initiaux. Elle demande des moyens importants et du temps : elle ne peut conduire dans l’immédiat à un désengagement des Etats et des bail- leurs de fonds, mais à une réforme profonde de la conception, de l’évalua- tion et du mode de réalisation des projets de développement.

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LES NOTIONS DE PARTICIPATION PAYSANNE : comment les perçoit le bureau d’études ?

Le bureau d’études n’est pas un acteur de “premier rang” du développement, S’il y joue un r91e de maître d’oeuvre ou de maître d’ouvra- ge, c’est toujours par délégation et sous contrôle, dans le cadre d’un cahier des charges plus ou moins explicite. Cette évidence n’est pas du tout rappelée ici en exergue, comme un alibi; Il ne s’agit pas de poser un postulat de non responsabilité du hureau d’études, ni de dire que la qua- lité de son intervention serait en définitive essentiellement déterminée par les termes techniques de son contrat. Les bureaux d’études sont évi- demment eux aussi engagés ‘et responsables. Cependant, l’existence .d’un cadre contractuel, la nécessité de se référer à un cahier des charges ou à un mandat, doivent inviter le bureau d’études et ses mandataires (Etat et bailleurs de fond) à un effort de définition des termes et à un éclaircissement préalable du vobabulaire, sanspour autant faire du juridisme ou de la sémantique.

La participation paysanne, ressort de la situation prédomi- nante - dans les cas du développement hydroagricole encore plus qu’ailleurs - où les paysans sont les partenaires “spontanés, provoqués ou espérés” d’un leader qui est en définitive et dans la plupart des cas 1’Etat à travers son administration ou ses institutions de développement.

(*) SCET AGR.1 - PARIS.

Bulletin de Liaison du CIEH, 11% 57 - .Juillec 04

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Le vocable “participation paysanne” se réfère alors à un con- cept riche mais aux contours imprécis avec tous les avantages et les in- convénients que cela comporte : autour de lui se réunissent quelquefois des consensus trop rapides qui peuvent cacher certains malentendus et la question suivante mérite toujours d’être posée : la participation paysanne est-elle une condition préalable, un facteur (un moyen parmi d’autres), ou la finalité du développement agricole ?

La question n’est pas aussi oiseuse qu’il y paraît (*>... La réponse peut être différente d’une situation à l’autre, d’un pays à l’autre. Elle n’est sans doute pas toujours facile à donner, mais une amorce de réponse constituerait déjà une précieuse indication. Lorsqu’il n’y a pas de réponse ou lorsque la question n’est même pas posée, le bu- reau d’études ne peut, au mieux, considérer la participation paysanne que comme un moyen parmi d’autres de satisfaire à des objectifs affichés d’une toute autre nature.

Plus prosaiquement et pour éviter les malentendus, il nous paraît, dans un premier temps, plus rigoureux de parler de formes de par- ticipation paysanne ou de participations paysannes au pluriel, tant les réalités concernées sont variées et d’essences diverses : en fait, toute une gamme de situations depuis le degré zéro (salariat agricole) jusqu’à la participation “totale” (ou la maîtrise entière du développement par les agriculteurs : 1’Etat devient le partenaire...).

Que l’on soit cependant assuré que la participation paysanne n’est pas une notion étrangère à l’ingénieur de bureau d’études, et qu’au- cun ingénieur ne pense que l’irrigation soit une chose trop sérieuse pour être confiée aux paysans !

L’EXPERIENCE DES PROBLEMES ET FORMES DE PARTICIPATION PAYSANNE PAR LE BUREAU D’ETUDES : La genèse d’un projet hydroagricole

Dans la pratique, l’expérience du bureau d’études ne se borne pas à la seule phase de conception et de projet. Il peut se trouver en fait associé à des degrés variables, de près ou de loin, à toutes les phases, depuis l’identification et la conception jusqu’à l’exploitation en passant par la réalisation. Mais il ne participe pas toujours à la réalisation et/ou l’exploitation de ce qu’il a conçu et vice-versa. (Notons d’ailleurs que les codes et réglementation des Etats et des bailleurs de fonds ont des attitudes contradictoires à cet égard : certains pensent qu’il est anormal que le concepteur soit le réalisateur ; d’autres affirment qu’il est juste et utile que celui qui a projeté l’aménagement le réalise et assiste l’exploitation. (“L’ingénieur timoré” constatera que la partici- pation du bureau d’étude est donc soit systématiquement suspectée dans un cas, soit systématiquement mise a l’épreuve dans l’autre !)>.

On peut remarquer que l’on parle ici de participation paysanne et non pas de participation de 1’Etat au développement agricole, comme c’est le cas dans les pays développés. C’est implicitement exclure du cadre

. de notre reflexion, p eut-être à tort, les situations où l’initiative de l’aménagement serait essentiellement paysanne. Il est vrai que de telles situations, actuelles ou prévisibles à court terme, sont trés exceptionnelles. Elles existent néanmoins, et représentent pour le bureau d’études et ses techniciens qui s’y intéressent, une invita- tion féconde à adapter leurs méthodes.

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LA PARTICIPATION PAYSANNE AU NIVEAU DE L’IDENTIFICATION ET DE LA CONCEPTION DES PROJETS HYDROAGRICOLES

Dans la pratique, la participation paysanne à la conception des projets hydroagricoles est extrêmement limitée. Elle n’est pourtant pas impossible, même si elle ne peut être qu’indirecte et prnvoquée.

Indirecte, par l’intermédiaire des représentants des commu- nautés rurales existantes. Provoquée, car le dialogue suppose connues des communautés rurales, des informations qu’elles ne sont pas habituées à manipuler. On voit que se posent alors deux problèmes majeurs : la repré- sentativité des interlocuteurs, et leur accès à l’information. C’est déjà tout le problème-clé de la communication entre les paysans et l’ingénieur, rarement posé et encoTe plus rarement abordé concrètement.

Si les difficultés sont nombreuses et les désillusions possi- bles (et si la consultation aboutissait à une résistance au developpement correspondant à une résistance à l’innovation technologique ?> (*>, cette démarche ne peut que contribuer à une meilleure iacceptation du projet par la communauté rurale, et à une meilleure définition des objectifs.

Mais si les paysans ne participent pas à la conception du projet, celle-ci doit évidemment tenir compte de leur participation ulté- rieure, mais dans un cadre imposé plus ou moins contraignant.

De ce point de vue, on peut décrire deux attitudes extrêmes des maîtres d’ouvrages nationaux et internationaux, qui illustrent bien les problèmes rencontrés :

- soit une attitude purement technocratique, qu’elle soit économique ou technique ;

- soit une attitude “idéalement” participative.

Ces deux attitudes peuvent d’ailleurs être juxtaposées de fa- çon souvent contradictoires, soit dans l’espace (deux projets voisins), soit dans le temps (un même projet soumis successivement aux deux atti- tudes . ..>. Le phén omène est important à relever.

Le jeu des financements multilatéraux et bilatéraux détermine plus ou moins dans de nombreux pays du Tiers Monde, des structures d’in- tervention “par projet” aux objectifs différenciés et qui sont autant de partenaires de la population concernée.

Théoriquement, ce cloisonnement gêne les administrations natio- nales : on peut en effet penser que c’est un obstacle à la recherche et à l’expression par celles-ci d’un mode d’action à finalités, objectifs et moyens, de nature homogène. Dans la pratique, les administrations natio- nales sont bien obligées de s’en accomoder. Quelquefois même au-delà, la contrainte extérieure devient habitude- et peut-être confort : la disper- sion des projets hétérogenes pare qu’accaparés chacun par des bailleurs de fonds distincts, aux objectifs, voire à l’idéologie différente, em- pêche puis dispense d’avoir une politique cohérente.

(*> Ce problème n’est pas propre aux ruraux des pays en voie de développe- ment : voir “Prométhée empêtré ou la résistance au progrès technolo- gique” de J.J. SALOMON qui montre clairement que ce phénomène existe aussi en EUROPE.

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L’attitude technocratique est sans doute encore assez répandue : les opération de développement hydroagricole, qui sont les seules à pouvoir garantir une efficience agronomique, donc des productions importantes dans toutes les régions où la ressource en eau est rare et difficile à maîtriser; sont des opérations qui réclament des investissements très importants. Et jusqu’à présent, les maîtres d’ouvrages “nationaux et internationaux” ont toujours examiné ces demandes de financement en termes d’efficience écono- mique ?I rnurt ou à moyen terme.

Cette analyse économique, qui n’accepte pas le “droit à l’erreur” (*), conduit à privilégier “sur le papier” des organisations “optima” structurées et directives, mais dont les coûts et les résultats sont quantifiables (situation de référence, régime de croisibre du projet, taux de rentabilité).

Mais à l’opposé, il ne faut sans doute pas tomber dans le . piège d’une participation paysanne maximaliste et immédiate pour éviter

ie piège du technocratisme. La participation et l’organisation paysanne ne se décrètent pas. Dans l’imagerie detestable des échecs passés, les périmètres irrigués à l’abandon et sans paysans côtoient aussi des ma- gasins et bureaux coopératifs déserts.

Une approche “né0-rousseauiste” (**), qui accorde systémati- quement aux communautés rurales des capacités d’auto-organisation, d’auto- gestion, voire d’investissements que ni les expériences acquises, ni l’ana- lyse initiale du milieu ne permettent de garantir, peut aussi être dangereuse.

A ce niveau, le problème des études préalables du milieu socio- économiqtie paysan mérite d’être posé. Celles-ci - ou du moins celles dont nous avons l’expérience - si elles fournissent des données très importantes au dimensionnement et à la définition technique de l’amenagement, ne peu- vent pas donner des indications très opérationnelles sur les conditions d’adhésion ou de participation des futurs utilisateurs. Elles sont assez souvent un catalogue des difficultés prévisibles et des périls encourus, quelquefois fort heureusement démentis par les faits. Une préconisation trop fréquente est celle de ne pas “perturber le milieu’... Sans aller jusqu’à dire que la “violence est l’accoucheuse de l’histoire”, peut-on poser un développement non perturbant surtout dans le cas précis où la maîtrise de l’eau introduit une innovation technologique majeure ?

L’ingénieur et le sociologue font trop souvent mauvais ménage. Ils devraient sûrement apprendre à travailler ensemble avec modestie. Mais en définitive, l’essentiel du succès des participations paysannes reposera moins sur l’étude préalable du milieu, ou de ses déterminants supposés, que sur une pratique quotidienne et attentive, en situation réelle.

Qu’il soit place dans des cadres trop contraignants dans un sens ou dans l’autre ou bien, au contraire, q u’il souffre de l’absence de dialogue ou d’encadrement par ses mandataires, le bureau d’études n’en est pas moins persuadé que la conception initiale engage l’avenir de la parti- cipation paysanne, qu’un excès de rigidité peut être irréversible à terme,

(*> C’est-à-dire le droit à l’adaptation permanente des solutions en fonction de la pratique ultérieure,.

(**> Dans un cadre plus général, Pascal BRUCKNER dans “Le sanglot de 1 ‘Homme Blanc” analyse de manière intéressante “l’idéologie tiers- mondiste” et ses ambigüités.

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ou qu’un préjugé délibérément inverse peut aboutir à une impasse. Il sera donc assez souvent conduit de lui-même à ménager l’avenir, c’est-à-dire à concevoir des compromis évolutifs avec tous les avantages et les inconvé- nients que cela comporte. Par exemple, mise en place d’une organisation exogène directive mais qui n’exclut pas une évolution de plus en plus participative. Cette évolution sera d’autant plus facile que la partici- pation paysanne, figurant comme un objectif explicite de l’opération de développement, dans un cadre prédéfini, aura été prise en compte dans les choix techniques que fera le bureau d’études ; évolution possible, mais nécessairement lente, les communautés rurales ayant à assimiler une technologie nouvelle.

Mais le moment venu et à chaque étape, les structures exogènes que l’on a voulu fortes au départ, sauront-elles dépérir... Ce sera bien souvent contraire à leur logique interne : qui programmera, décidera et contralera leur désengagement progressif ?.

Tous les choix techniques initiaux vont déterminer les condi- tions de la participation paysanne ultérieure (par exemple, le choix ou l’obligation de mettre en.valeur intensive des sols lourds qui conduisent à travailler avec. des engins lourds). Nous retiendrons deux thèmes parmi d’autres, celui de la complexité de l’aménagement et celui de sa taille, en remarquant au demeurant qu’il y a interdépendance...

a), La participation paysanne, même sous une forme timide, suppose que les paysans aient-leur mot à dire dans l’organisation techni- que de l’irrigation et de la production : c’est donc, au niveau du projet, concevoir des dispositifs souples, laissant un degré de liberté beaucoup plus important aux utilisateurs que dans le cas d’une organisation centra- lisée et directive où le statut du paysan est beaucoup plus celui d’un salarié intéressé aux résultats (*).

A contraintes physiques égales (surface du périmètre au premier chef, débit parcellaire), un aménagement à fort degré de liberté des uti- lisateurs est en réalité plus complexe et bien souvent plus coûteux. Un exemple simple : un “pivomatic” permettant l’irrigation par aspersion de 80 hectares coûtera moins cher qu’un réseau par aspersion classique avec irrigation à la demande. Mais s’il est au service d’un ensemble de 80 paysans; il imposera à ces derniers des contraintes d’organisation du travail extrêmement fortes (tour d’eau, calendrier des semis et de tra- vaux). Dans le réseau classique, quatre ou cinq fois plus cher, le paysan disposera au contraire sur sa pxcelle d’une liberté et d’un confort im- portant (borne indépendante, alimentée en permanence au débit nécessaire).

b) Parmi les données ou les choix initiaux, la taille du péri- mètre joue évidemment un rôle essentiel. Lorsque la latitude lui en est laissée, lorsque la distribution dans l’espace des ressources en eau et en sol, ainsi que la répartition de la population, l’y autorisent, l’aména- giste doit rechercher la mise en olace de petites unités d’irrigation qui permettent :

- de minimiser le coût de 1 hectare irrigué,

- de faciliter la gestion des installations,

- d’accorder une plus grande indépendance aux agriculteurs, dont la participation et la responsabilité pourront être ainsi mieux sollicitées.

( ;c ) A moins que la société paysanne puisse s’organiser el.le-même rapide- ment au niveau correspondant, ‘ce qui suppose une autorité interne et une auto-discipline rares.

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* Ces avantages sont de plus en plus pris en.considération à juste titre et prévalent contre les inconvénients des coûts induits par la dispersion des périmètres, mais ils ne sauraient constituer une solu- tion absolue et définitive de remplacement aux grands périmètres irrigues dont les caractéristiques permettent en réalité de satisfaire d’autres objectifs :

- utilisation maximum des surfaces potentiellement irrigables, ce qui implique un coût marginal d’aménagement croissant,

- production rapide, toujours espérée et quelquefois réali- sée, de surplus alimentaire destiné à une population urbaine en croissance rapide.

Il faut donc nuancer et en tout cas ne pas pousser trop loin le débat concernant les stratégies alternatives “petits,aménagements” et “grands aménagements” : il faut insister sur leur complémentarité plus que sur leur opposition.

On voit que la prise en compte de la participation paysanne dans la conception des projets de développement hydroagricole amène les bureaux d’études à dépasser sensiblement la problématique purement techni- que : soit la participation paysanne figure au cahier des charges (comme facteur de développement, ou comme objectif) de manière explicite, et c’est alors une contrainte très puissante tant sur le plan “technique” (taille de l’aménagement, système de distribution d’eau, mode d’entre- tien . ..> que sur le plan “gestion” (gestion de l’eau, organisation de la production...) ; soit la participation paysanne n’est pas explicitement intégrée au cahier des charges. La situation du bureau d’études est alors délicate ; ses expériences lui ont montré l’importance de la participation paysanne pour le succès de l’opération de développement, et surtout sa pé- rennité, mais une prise de position marquée aura quelquefois une résonance politique difficilement admissible qui est de la responsabilité des gou- vernements. Le choix d’une conception évolutive est alors la solution adoptée, avec le risque que ce compromis ne satisfasse pas pleinement, ni les exigences de rentabilité économique à court terme, ni les espérances de développement économique et social à long terme.

LA PARTICIPATION PAYSANNE AU NIVEAU DE LA REALISATION DES AMENAGEMENTS HYDROAGRICOLES ET DURANT LA PHASE D’INVESTISSEMENT

Les bureaux d’études sont parfois sollicités pendant la phase de réalisation, de deux façons différentes : soit pour la surveillance des travaux d’exécution du projet dont ils peuvent, mais pas toujours, avoir assuré l’étude, soit au titre de l’assistance technique, dans des opéra- tions de développement à l’étude desquelles ils n’ont pas nécessairement pris part (*).

Lors de la réalisation d’aménagements lourds, il y a un réar- rangement profond de l’espace rural et, dans certains cas, le paysan

perd, au moins temporairement et sans toujours comprendre pourquoi,

(*) L’implication du bureau d’é-tudes dans la réalisation d’un projet à l’élaboration duquel il a participé, outre qu’elle l’amène à assumer physiquement ses choix techniques, permet également au bureau d’études d’acquérir une expérience concrète inestimable pour les études ulté- rieures qu’il aura à mener. Loin de refuser cette responsabilité, le bureau d,:études est parfois amené à regretter de n’être pas plus souvent impliqué dans la réalisation des opérations de développement.

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le droit d’usage de sa parcelle au profit de la société de développement. Dans ce cas, la participation paysanne à la réalisation du projet ne peut être qu’indirecte et dérisoire : le paysan loue sa force de travail à l’entreprise qui réalise les travaux. Il contribue certes à l’opération de développement, mais n’en a aucune maîtrise. Nous pensons que même dans ces cas défavorables et caricaturaux, un effort d’information et d’expli- cation est possible, qui viserait à faire comprendre aux paysans qu’ils sont, malgré les apparences, bien plus que “l’objet traumatisé du développement”.

Il faut dans ce cadre citer le cas particulier de l’aménage- ment parcellaire. Cette phase ultime de l’aménagement, souvent très COQ- teuse, est généralement laissée implicitement à la charge des paysans, et l’expérience montre que cette délégation de responsabilité, non concer- tée, est souvent mal perçue. des paysans. D’où un aménagement parcellaire insuffisant, voire carrément déficient.

Or, la qualité de cet aménagement parcellaire conditionne souvent la réussite technique de l’opération (conduite de l’eau, homo- généité des cultures...).

Cette réaction des paysans montre bien que la participation paysanne ne se décrète pas à discrétion pour satisfaire, par exemple, à l’enveloppe financière disponible. On comprend alors que la démarche de participation est bien soumise à une sorte de loi du “tout ou rien”. ’

. Le cas des aménagements hydroagricoles de petite taille et

peu sophistiqués est sensiblement différent. Induisant des bouleverse- ments de l’espace physique et social bien moindres, ces opérations per- mettent d’obtenir relativement facilement une participation aux investis- sements de la part des paysans interessés, qui restent généralement propriétaires de leur parcelle. Cette participation peut prendre diverses formes , par exemple du travail non rémunéré, voire une participation financière. Les exemples sont à l’heure actuelle nombreux.

Il est clair que cette participation paysanne à la réalisation des aménagements est en général très positive, que ce soit par la diminu- tion des coûts d’investissements, ou en tant que première étape dans la maîtrise du développement agricole par les communautés rurales.

On doit cependant remarquer que la participation temporaire B la réalisation, même non rémunérée, ne garantit pas une participation ul- térieure et pérenne à la gesbion technique et financière de l’aménagement, qui est d’une toute autre nature.

Il faut aussi rappeler avec insistance notre conviction que le choix d’une solution par petits aménagements dispersés et peu coûteux s’ap- plique à des situations où les disponibilités en sol et en eau sont encore relativement abondantes par rapport aux besoins immédiats des populations.:

On peut penser qu’a terme, si l’on veut mieux satisfaire les besoins alimentaires croissants des pays. la demande de terre irriguée croîtra. Le sol irrigable deviendra limitant, les contraintes physiques d’aménagement augmenteront fatalement, la réalisation par petits périmètres juxtaposés, en admettant qu’elle soit encore techniquement réalisable, aboutira à des coûts *prohibitifs.*

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Dans cette perspective à long terme, le développement agricole basé sur des petites unités indépendantes ne peut être qu’une étape vers des systèmes agraires de plus en plus complexes : t8t ou tard, l’aménage- ment d’ensembles plus vastes et organisés sera nécessaire.

Ces systèmes agraires, de même que les grands aménagements hydroagricoles, ne sont pas incompatibles avec la participation et la res- ponsabilisation paysanne : il faut simplement avoir conscience que le choix d’une première étape de développement à base de petits aménagements hydro- agricoles, ne dispense pas des investissements d’ordre intellectuel évo- qués dans le cas des grands aménagements hydroagricoles.

L’assimilation du processus de développement par les paysans des petits périmètres participatifs suppose leur capacité à maîtriser la complexité inexorablement croissante des systèmes agraires dont ils ne sont pour l’instant que des composantes, plus ou moins indépendantes.

LA PARTICIPATION PAYSANNE A LA GESTION TECHNIQUE ET FINANCIERE DE L’AMENAGEMENT : PHASE D’EXPLOITATION.

La phase de démarrage de la production sur un aménagement hydroagricole est la phase de concrétisation de toutes les options évo- quées lors de sa conception : options techniques immédiatement visibles, et souvent définitives ; options d’organisation avec des objectifs à court terme, mais qui, elles, ne sont pas immuables.

Nous pensons que c’est a ce niveau que se situent à la fois l’enjeu le plus important et les difficultés les plus vastes. >

L’enjeu le plus important parce que c’est de cette participa- tion là que dépendent à terme la prise en Charge des aménagements par les paysans, leur pérennité et un certain désengagement de 1’Etat (de moins en moins maître d’ouvrage de l’exploitation et de plus en plus catalyseur et oraanisateur de l’économie).

Les difficultés les plus vastes - vécues sur le terrain - parce qu’il s’agit bien dans l’immédiat de jeter les bases d’un véritable contrat entre les paysans et les promoteurs du développement, c’est-à-dire 1’Etat dans la maiorité des cas. Il doit v avoir évolution de ce contrat et adao- tation, pag à pas, à la qualité desdpartenaires, c’est-à-dire à leur capa- cité réelle d’engagement. Il doit y avoir également mise en place de moyens nouveaux et d’investissements imoortants olus intellectuels aue matériels.

a) La capacité réelle d’engagement des partenaires -----------------------------------------------

Elle n’est pas toujours évidente : *

Du côté des paysans, par exemple :

Comment pourraient-ils s’engager à contribuer en permanence à l’amortissement c’est-à-dire au renouvellement des installations, si la production leur permet d’atteindre tout juste le niveau de l’autosuffi- sances alimentaire précaire et si leur seule ressource monétaire provient de l’épargne ‘fluctuante des membres émigrés de la communauté villageoise.

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La participation croissante implique un processus d’échanqes croissant et suppose sans doute qu’un seuil minimum de richesse - c’est-à- dire d’indépendance - soit atteint. Il y a des correctifs possibles grâce à la solidarité et à l’organisation collective. Mais les structures paysannes, là plus qu’ailleurs, ne sont pas toujours représentatives des seuls intérêts des seuls producteurs : les risques que fait courir la “récupération” de la participation paysanne par les notables, les commer- çants, les technocrates et les politiques sont évidents.

. Du &té de l’Etat, par exemple :

- Les sociétés de développement sont-elles’toujours assurées d’avoir les moyens des nombreux engagements qu’elles auront à prendre ? C’est une, question de financement mais aussi de qualité de ces moyens.

- Comment pourraient-elles avoir toujours ces moyens si l’en- vironnement dans lequel elles évoluent leur est défavorable ? Ainsi, dif- ficultés de commercialisation si 1’Etat n’applique pas les mesures minima de protection des prbductions.nationales ; difficultés si les banques de développement et à travers elles, les institutions financières nationales et extérieures, exigent des garanties classiques inadaptées à la situa- tion précise des paysans et de leur groupement.

En attendant qu’une politique globale de participation puisse être progressivement définie, tout cela plaide sans doute pour un contrat initial de portée limitée mais plus sûre. Pour que préférence soit donnée aux investissements modestes... Evidemment, mais il est difficile d’arbi- trer entre la volonté de mieux satisfaire les besoins alimentaires Ratio- naux et celle d’être uniquement attentif à la capacité de gestion paysanne à un instant donné.

b) Des moyens et des investissements importants plus intellectuels Q~ë’ma~ériéïs--‘-‘------------------------------ --------------- ------------_

La définition et la mise en place des modalités de participa- tion à la gestion technique et surtout financière, se trouve très généra- lement en retard sur la conception purement technique de l’opération. C’est souvent le cas aussi et très paradoxalement sur les petits aménagements à l’échelle d’une organisation paysanne réduite. (Tout le monde hésite en fait à passer le contrat).

Il y a de multiples raisons à cela, parmi lesquelles nous ne relèverons que celles qui peuvent impliquer directement ou indirectement le bureau d’études : la participation à ce niveau suppose une réflexion originale et une longue préparation, une animation et une formation tant des paysans que des structures étatiques d’assistance au développement, bref, un investissement intellectuel lourd !

L’exemple de la participatpon a la gestion financière nous paraît particulièrement révélateur. Elle implique une information claire, une transparence des résultats, un calcul “persuonalisé” des recettes et des dépenses là où la société de développement classique pouvait se con- tenter de raisonner par normes et coûts moyens. On imagine la surcharge de quantité et de qualité du travail gestionnaire qui en résultera dans un premier temps pour la structure d’encadrement.

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Nous pensons à ce propos -au risque de paraître’ suivre la mode, mais les idées à la mode ne sont pas forcément mauvaises- que la révolution micro-informatique doit pouvoir très vite apporter des solu- tions efficaces, économiques et pédagogiques à ce problème.

Finalement et comme au niveau de la conception purement techni- . que de l’aménagement, nous pensons que la participation paysanne, si elle

doit déboucher à long terme sur un véritable désenqagement financier de l’Etat, exige à court terme des efforts supplémentaires. Ceux-ci ne relè- vent pas forcément - bien au contraire sans doute - des technologies intermédiaires.

La participation paysanne à la gestion des opérations de déve- loppement hydroagricole comme repense aux problèmes posés par les struc- tures de gestion rigides et centralisées semble être le pendant de l’al- ternative “techniques appropriées/techniques importées”.

La comparaison est intéressante, et l’on peut pressentir que de même que les techniques appropriées réclament des efforts de recherche et d’innovation considérables sous peine de ne devenir que des techniques appauvries, les structures de développement permettant une participation paysanne équilibrée (a nombreux degrés de liberté) demanderont des ef- forts de réflexion importants, et de longues périodes d’adaptation.

ENSEIGNEMENTS ET CONCLUSIONS

Les expériences, mais aussi les intuitions evoquées précé- demment, pourraient et devraient sans doute donner lieu à de plus amples développements. La réflexion devra être complétée sur des points impor- tants qui n’ont pu être’ abordés. Nous espérons cependant qu’elle a été suffisante pour montrer que le bureau d’étude se sent concerné par l’enjeu de la,participation paysanne dans le domaine de la maîtrise de l’eau.

*

A ce titre, on doit sans doute lui reconnaître le droit d’avancer une conclusion qui n’engage que lui mais qui a cependant une portée générale.

Les formes diverses et dispersdes observées à l’heure actuelle, de participation paysanne, représentent généralement des progrès intéres- sants vers l’assimilation par les agriculteursPdu, processus de développe- ’ ment. Mais leurs effets immédiats et à long terme seraient sans doute multipliés si elles étaient conçues et appliquées non pas isolément mais dans un ensemble cohérent et explicite au niveau de chaque Etat et des bailleurs de fonds. Cet ensemble recouvre aussi bien les environnements économiques nationaux que les institutions et sociétés de développement. En dehors de toute considération idéologique, la participation paysanne permettrait alors à long terme d’obtenir la meilleure efficacité des investissements consentis dans le domaine de la maîtrise de l’eau.

Cependant, si l’on veut se rapprocher rapidement de l’auto- suffisance alimentaire, il serait dangereux de considérer que cette re- cherche de la participation paysanne va correspondre à une diminution des investissements et à un désengagement des Etats et des bailleurs de fonds “au profit des paysans”. On peut même penser le contraire.

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En réalité, il doit y avoir non pas diminution de l’action de 1’Etat mais adaptation et déploiement de moyens nouveaux, tant au niveau de la conception et de l’exécution, que de la gestion.

Cette adaptation consistera en particulier, à privilégier les investissements “intellectuels” (*> par rapport aux investissements matériels.

Pour être profonde et avoir des effets durables, nul doute que cette action sera longue et collteuse.

De plus, tout l’appareil classique d’évaluation des projets doit être révisé : la productivité espérée sera plus faible à court terme. Les durées d’investissements projetées seront plus longues. Le critère de rentabilité projeté - souvent différent de la rentabilité observée... mais pas toujours - devra être sinon abandonné - ce qui serait dangereux - du moins amené au rang d’un critère parmi d’autres.

L’évaluation reposera finalement sur une appréciation plus qualitative que quantitative, ce qui.ne sera ‘pas sans poser des problèmes aux acteurs traditionnels du développement. Mais leur dialogue peut sans doute y gagner en efficacité et franchise.

(*> Parmi lesquels :

- recherche et expérimentation de dispositifs d’irrigation “à la demande” fiables et rustiques (pouvant être produits, au moins partiellement, dans les pays concernés),

- recherche et expérimentation de procédés de gestion efficaces, intégrant les besoins et les niveaux respectifs des paysans et des sociétés,

- alphabétisation, formation de l’ensemble et développement de méthodes de communication permanente entre techniciens et agriculteurs.

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LA LUTTE CONTRE L’EROSION EN HAUTE-VOLTA : L’EXPERIENCE DU FONDS DE DEVELOPPEMENT RURAL

Par

N. Antoine OUEDRAOGO (*> et Y. J. CAPO-CHICHI (**>

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1. INTRODUCTION

La zone tropicale et la zone subtropicale se classent parmi les zones du globe où le phénomène d’érosion du sol s’exacerbe.

L’Afrique n’échappe pas à cette règle et les dégats subis par son sol attirent sérieusement l’attention depuis une trentaine d’années.

La Haute-Volta est particulièrement touchée par ce phénomène qui accélère le processus de désertification.

Depuis l’Indépendance, une attention particulière avait été accordée à la défense et à la restauration des sols.

L’objet du présent article est de situer aujourd’hui la place et le rôle du Fonds de Développement Rural dans ce grand combat contre ce phénomène alarmant qui dévaste un pays aux ressources naturelles limitées.

II. LA LUTTE ANTI-EROSIVE DE L’INDEPENDANCE JUSQU’EN 1983

II.1 Intervention GERES

C’est le premier grand projet qui a vu le jour au lendemain 1 de l’Indépendance.

Sur financement FED, le Groupement Européen de Restauration des Eaux et du Sol (GERES) a réalisé de Novembre 1962 à Décembre 1965 dans le Yatenga environ 120.000 ha de sites anti-érosifs et 24 retenues colli- naires, des pistes, des fossés et des plantations d’arbres.

Le rythme d’exécution impressionnant n’a été possible que grâce à l’utilisation d’engins mécaniques lourds comme bulldozers, nive- leuses et tracteurs.

La population de la zone d’intervention n’a été associée ni à la préparation, ni l’exécution du Projet si ce n’est que comme source de main-d’oeuvre non qualifiée.

Sur le plan technique, deux types de fossés ont été creusés, à savoir des fossés de diversion et des fossés d’infiltration, les derniers étant perpendiculaires à la plus grande pente.

(*) Directeur Général du Fonds de Développement Rural (FDR).

(**> Expert FAO, Conseiller Technique Principal au FDR.

- 29 -

Les exutoires naturels sont barrés au moyen de cordons de retenue, (murs en parpaing de cuirasse ferrugineuse) pour empécher le développement des ravines.

L’intervention de GERES n’a pas seulement pris en compte la protection et la restauration des zones cultivées, mais des.bassins ver- sants entiers ont été aménagés de l’amont jusqu’en aval.

Le bilan de l’opération GERES sous certains aspects a éte négatif ; en effet, il y a eu dégradation des aménagements par manque d’entretien de la part de la population qui n’avait.pas été sensibilisée au début à l’opération. Les moyens mécaniques utilisés étaient trop lourds. Leur utilisation aujourd’hui entraînerait des coûts prohibitifs.

II.2 Intervention F.D.R.

L’intervention du Fonds de Développement Rural dans la lutte anti-érosive a démarré depuis 1972/73 et se poursuit jusqu’à ce jour. La philosophie d’intervention actuelle du FDR, tire ses leçons de l’expé- rience précédente. Elle propose une action d’ensemble s’appuyant sur des groupements villageois organisés. Les bénéficiaires contribuent à la mise en place des aménagements sous forme d’investissement humain. Ces derniers étant encadrés par les Organismes Régionaux de Développement (O.R.D.) sous la supervision technique de la Direction Générale de 1’Hydraulique et de 1’Equipement Rural (D.G.H.E.R.). Depuis la mise’en place effective du projet FDR qui en est actuellement à sa 3ème phase, on a enregistré 30.200 ha de sites anti-érosifs jusqu’en 1983.

Nous reviendrons plus en détail sur l’intervention FDR.

11.3 Intervention de l’Autorité des Vallées des Voltas (A.V.V.)

L’A.V.V. est un Etablissement Public ayant pour tâche la mise en valeur des terres fertiles libérées de l’onchocercose, des Vallées des Voltas. Cette mise en valeur s’accompagne d’une politique de conservation des sols et de lutte contre l’érosion. ’

Le problème de l’érosion est traité de manière globale d’après une connaissance des caractéristiques physiques des milieux sensibles à l’érosion.

La mise en place du système commence par la sensibilisation des migrants sur les problemes de l’érosion. L’aménagement s’effectue en bandes de culture de 100 m séparées entre elles par des bandes vierges de 10 m. Elles sont implantées perpendiculairement à la pente de façon à diminuer au maximum les processus d’érosion et à augmenter l’infiltration des eaux pluviales. Ce système est satisfaisant étant donné que les pentes sont faibles 2 70.

Les réalisations physiques de 1’.A.V.V. se montent à 24.500 ha de terres agricoles aménagées depuis 1974 jusqu’en 1983.

II.4 Intervention des ONG

Plusieurs Organismes Non Gouvernementaux interviennent dans les actions de lutte contre l’érosion. On peut compter :

- 30 -

- Le Projet AGRO-ECOLOGIE (PAE) au Sahel et au Yatenga sur

financement allemand.

- Le Projet AGRO-FORESTIER (PAF) au Yatenga sur financement OXFAM dont l’objectif était de tester une gamme de techniques de collecte et de conservation des eaux d’écoulement à buts agricoles, à la, portée des paysans sur les plans technique et économique.

Les 3 types de dispositifs testés sont :

. “Croissant de lune” : il s’agit de diguette en terre ou cailloux/terre-aya~f-ï~-~~~~ë-~~Ün demi-cercle (hauteur de 10 à 25 cm ; longueur allant de 3 à 10 m. Ceci semble convenir sur les sites de re- boisement. .

“Diguettes en t.ige de mil, terre ou kailloux sur les courbes de niveau” :

‘i~~ervaIIë-ëntrë-2-~~~ü~~~ëë-~~-~-~~-~-~-~ëü~ëü~-~ë-~*-~-~~-~m ;

ïGi~üëüZle 20 à 70 m.

“Micro-parcelles” : il s’agit de diguettes qui sont fermées pour créer de micFo~parCëïïës-rectangulaires. Dans l’ensemble, les premiers résultats ont été satisfaisants; L’inconvénient est que l’expérience est à petite échelle.

- Le Projet EURO-ACTION ACCORD à KAYA, démarré au mois de mars 1981, pour une période de 2 ans, la phase pilote avait pour objectifs de conduire des tests et de former la population. Il s’agit encore d’une expérience à petite échelle.

- Le Projet CARITAS VOLTAIQUE démarré en 1976 et dont l’objecr tif est de freiner l’exode des jeunes ruraux et d’aménager les champs con- tre l’érosion. Ce projet a utilisé le “tuyau de niveau” pour la construc- tion des diguettes suivant les courbes de niveau. Cette action dont l’approche est louable et susceptible de donner des résultats positifs doit continuer dans le sens d’une amélioration.

En un mot, ces ONG visent généralement à faire exécuter des aménagements à titre individuel, par les agriculteurs sur leurs propres parcelles avec les moyens de bord (dabas, niveau à eau, etc...). On espère ainsi vulgariser ces travaux par l’effet demultiplicateur ; un bénéficiaire formant les agriculteurs voisins. L’impact de ces actions reste encore fai- ble, malgré les objectifs louables.

III. L’EXPERIENCE DU FDR

III.1 Le Fonds de Développement Rural : objet, mode d’intervention, organisation.

Né en 1972 sous la forme d’un Projet expérimental le FDR, a été transformé par décret, en décembre 1981, en Etablissement Public à caractère spécifique.

Le FDR qui est administré par un Comité Technique Interminis- tériel est placé sous la tutelle technique du Ministre du Développement Rural et la tutelle financière du Ministre des Finances.

- 31 -

Objet :

Aux termes de l’article 2 du décret le FDR a pour objet : ‘1 . . . pour le compte de 1’Etat Voltaique, la mobilisation, la coordination et la gestion des fonds destinés à la promotion d’actions de développement socio-économique en faveur du monde rural et avec la participation de celui-ci”.

Modes de financement : subvention ou prêt.

Domaines d’activités :

Le Fonds,de Développement Rural finance des opérations relatives à :

- l’aménagement de sites anti-érosifs,

- l’aménagement de bas-fonds, d’amonts et d’avals de barrages pour la riziculture ou la culture maraîchère,

- la mise en place d’équipements socio-économiques : retenues d’eau, puits, forages, banques de céréales, boutiques villa- geoises, magasins de stockage, écoles, dispensaires, mater- nités, moulins à grains, décortiqueuses, etc...,

- la défense de l’environnement (reboisement),

- la formation des agriculteurs et des encadreurs,

7 la production et la diffusion du matériel agricole,

- la diffusion de techniques culturales et de matériel végétal améliorés,

- la promotion de l’élevage villageois.

Modes d’intervention :

Le FDR agit par l’intermédiaire de structures techniques comme les ORD, la Direction de 1’Hydraulique et de 1’Equipement Rural, la Direction des Services Agricoles, la Direction de l’Aménagement Forestier et du Reboisement, la Direction de lIElevage, qui jouent le rôle d’agences d’exécution de son programme.

Philosophie :

Financer au bénéfice des populations pauvres, essentiellement du milieu rural, des petits projets correspondant aux besoins exprimés

ion desquels ils apporten par les bénéficiaires eux-mêmes et à la réalisat leur concours.

Organisation :

Le FDR évalue des projets idertt.ifiés en premier lieu par les éventuels bénéficiaires eux-mêmes et préparés ensuite par les ORD et les services techniques concernés. Après l’approbation du programme annuel du FDR, le projet est exécuté par l’organisme compétent (ORD ou HER par exemple). La gestion financière et le contrôle de l’exécution restent la responsabilité du FDR qui se charge aussi du suivi des projets terminés.

- 32 -

Pour cela, la Direction du FDR qui bénéficie de l’assistance technique PNUD/FAO, de celle des Pays-Bas et du FED, comporte une cellule de contrhle de gestion, et 3 services :

- Service Etudes, Programmation, Evaluation,

- Service Supervision et ContrGle des Opérations,

- Service Financier et Administratif.

III.2 Activités de lutte anti-érosive de FDR 1 à FDR 3

Le programme de lutte anti-érosive a été entrepris dès le début du FDR. Les réalisations sont passées de 1.000 ha dans la phase 1 du FDR (1972/1976) à plus de 15.000 ha au cours du FDR II (1976’1981). En fin 1983 le FDR aura finance environ 30.000 ha de sites anti-érosifs - soit environ 900 sites avec une taille moyenne de 35 ha.

Le souci du FDR dans la mise en place de ce programme con- centré surtout sur le Plateau Mossi, vise principalement :

- la conservation et la restauration des sols,

- l’accroissement de la production agricole par une intensi- fication des cultures,

- la protection de l’environnement dans le cadre de la lutte contre la désertification.

a> - Systèmes utilisés pour le programme FDR -__-___--------------------------------

Le système d’infiltration du FDR 1 (voir figure en annexe).

Les premiers aménagements réalisés au cours de FDR 1 utili- saient le “système d’infiltration”. Sur un territoire donné, on cons- truisait des bourrelets (diguettes) sur les courbes de niveau avec une dénivelée entre les courbes de 0,40 m à 0,60 m, et une diguette ceintu- rait également l’aménagement.

Avec ce système, on a constaté que le volume ruisselé dépas- sait la capacité de stockage, et que l’eau qui déversait sur les diguet- tes, créait des brêches ; à cela s’ajoutait l’excés d’eau à certains stades végétatifs.

Le systeme de diversion comprend à la fois la construction de diguettes et l’aménagement des exutoires.

Diguettes

Les diguettes sont des ouvrages réalisés en terresdamée tous les 50 cm de dénivelée (pente 1 76). Elles ont une hauteur d’environ 40 cm pour une emprise de 1,50 mètre.

Le terroir villageois à traiter contre l’érosion a une super- ficie généralement comprise entre 20 et 50 hectares. Il se présente sous forme d’une série de blocs séparés par des chemins d’écoulement naturels ou imposés. A l’intérieur de chaque bloc les diguettes sont implantées selon les courbes de niveau ou avec une légère pente longitudinale. La longueur maximale des diguettes.est fixée à 200 mètres, en vue de limiter les ruptures de diguettes et de diminuer la vitesse de l’eau à leur extrémité.

- 33 - Aménagement des exutoirés

La conception d’un réseau de diversion nécessite l’aménagement d’exutoires permettant l’évacuation des eaux excédentaires non infiltrées par le dispositif. Ces exutoires qu’ils soient naturels ou artificiels doivent être aménagés pour pouvoir remplir leur r61e tout en étant proté- gés eux-mêmes contre l’érosion régressive. L’aménagement peut se traduire selon l’importance par la mise en place de :

- simples bandes d’enherbement transversales ;

- petits ouvrages en cordons de pierres sèches ;

- fascines, de branchages ou de gabions.

C’est le système de diversion qui est utilisé jusqu’à ce jour, c’est-à-dire pour le programme FDR-3.

b, ---------_--__________ - Techniques d’exécution

Organisation

Le FDR assure la maîtrise d’ouvrage du Projet, la maîtrise d’oeuvre étant confiée aux Organismes Régionaux de Développement (ORD) concernés sous le contrôle technique de la Direction Générale de l’Hy- draulique et de 1’Equipement Rural (DGHER).

Cette organisation se traduit par un partage des tâches entre les‘différentes structures comme indiqué ci-après :

- la sensibilisation des paysans est assurée par les agents d’encadrement de 1’ORD durant l’année qui précède la campagne d’aménage- ment dans les villages et par des visites inter-groupements dans les localités bénéficiant déjà de réalisations semblables ;

- la programmation annuelle des sites à aménager est arrêtée conjointement par le FDR, la DGHER et les ORD sur proposition de ces derniers ;

- la conception est définie par les ORD avec l’appui technique de la DGHER ;

- la réalisation est assurée par les ORD et les paysans orga- nisés en groupements villageois, sous le contrôle technique de la DGHER ;

- la réception des travaux terminés est assurée conjointement par le FDR et la DGHER ;

- l’évaluation des résultats et le suivi sont assurés par le FDR, en s’appuyant sur les structures d’encadrement des ORD notamment pour les enquêtes et les actions liées à la maintenance des ouvrages.

Exécution des travaux

L’exécution proprement d+ke des, travaux résultant des campa- gnes de sensibilisation menées par les agents d’encadrement des ORD (secteurs, sous-secteurs, encadreurs) se traduit par l’intervention des équipes spécialisées de 1’ORD (topographie, machinisme) et la participation

- 34 -

de la collectivité villageoise. Les différentes phases de l’exécution sont les suivantes : implantation, matérialisation et confection des diguettes.

Implantation

A partir des sites FDR 2, le levé topographique préalable suivi du projet au bureau a été abandonné au profit d’une implantation directe sur le terrain.

Une fois les limites du site à traiter définies (superficie généralement comprise entre 20 et 50 hectares pour un village), le pique- tage des diguettes s’effectue en présence de l’encadreur et des représen- tants des villageois. Cette implantation directe sur le terrain est suivie d’un levé tachéométrique de l’ensemble de la zone à aménager, permettant de dresser le plan d’ensemble de l’aménagement.

Matérialisation

Le plus tôt possible après l’implantation, le tracteur de 1’ORD ameublit le sol sur une largeur d’environ 5 mètres sur le tracé préalablement piqueté par la brigade topographique. Le tracteur effectue généralement deux “aller-retour” (4 passages) pour travailler l’emprise de la diguette. L’utilisation de la charrue à disques ou de la sous- soleuse dépend de la nature et de la consistance du sol. En cas de ter- rain particulièrement dur, l’augmentation des passages s’avère nécessai- re afin que les agriculteurs disposent d’un volume de terre suffisant pour la construction de la diguette.

Construction de diguettes

Ces travaux sont entièrement réalisés par les paysans bénéfi- ciaires. Les diguettes sont construites avec le matériel de chantier four- ni par le projet (pelles, pioches, dames, brouettes). Elles sont confec- tionnées progressivement par couches de 10 cm damées à sec jusqu’à la hauteur requise (40 à 50 cm). Ce travail qui se poursuit en deuxième phase dès les premières pluies par un compactage sur sol humide permet d’obtenir une bonne cohésion entre les agrégats et permet d’augmenter la solidité et la stabilité des diguettes. *

Techniques culturales

L’agriculture traditionnelle limitée à un léger grattage du sol à la daba est encore très répandue. Si ce mode de culture limite les pertes en terre par érosion, il ne suffit pas pour assurer une infiltra- tion correcte des eaux de pluie dans le sol. Il est préférable d’associer, chaque fois que possible, les aménagements anti-érosifs avec la culture attelée.

Les techniques culturales permettent, de par leur nature et suivant les conditions dans lesquelles elles sont exécutées, d’améliorer la structure du sol, de limiter l’érosion et d’augmenter l’économie en eau du sol, comme elles peuvent au contraire détériorer cette structure et rendre le sol plus sensible à l’érosion. Il convient donc d’effectuer les travaux du sol avec beaucoup de prudence et selon des techniques adaptées.

- 35 -

D’une manière générale, on conseille de travailler le sol dans le sens des courbes de niveau (labour, sarclage, buttage) et d’éviter de découvrir le sol au moment où les pluies sont les plus intenses. Parmi les techniques à diffuser dans le cadre du projet pour les cultures céréa- lières (sorgho-mil) pratiquées sur la majeure partie des terres aménagées, on peut citer :

- le semis en ligne le long des courbes de niveau ;

- le labour en billons isohypses ouverts ou fermés ;

- le sarcla-buttage qui aère le sol et améliore le perméabilité.

Maintenance des ouvrages

Les bourrelets anti-érosifs sont des ouvrages en terre qui sans entretien, sont condamnés à se dégrader progressivement au fil des ans puis finalement à disparaître.

Parmi les techniques d’entretien courant on peut citer :

- le remontage des bourrelets effectué collectivement par des groupements villageois ;

- le comblement des brèches et leur renforcement par des méthodes appropriées (cailloux, plantation d’andropogon) ;

- la fixati‘on des bourrelets par des plantations herbacées ou arbustives.

L’animation des groupements villageois pour l’exécution de ces tâches de maintenancetest assurée par les agents d’encadrement, qui béné- ficient d’une formation et d’un appui technique assurés par la DGHER à cet effet.

c) - Evaluation et suivi des opérations ----------------------------------

Les travaux réalisés par les structures d’exécution sont soumis en fin de chaque campagne (juillet-août) au contrôle final sur le terrain en vue d’une réception définitive des réalisations par le FDR et la DGHER. Cette évaluation des résultats est essentiellement technique : surfaces effectivement réalisées, qualité des travaux.

Le suivi des a,ites aménagés lors des campagnes agricoles suc- cessives poursuit plusieurs objectifs :

- contrôler l’état et le fonctionnement des aménagements pour pouvoir y apporter éventuellement des modifications techniques (travaux confortatifs) ;

- suivre la mise en valeur des sites aménagés de façon à orien- ter les programmes complémentaires de formation, d’essais et de démontra- tions, de crédit agricole....,

- apporter un appui technique aux agents d’encadrement et aux paysans ;

- collecter des donnees permettant d’établir annuellement la situation générale des aménagements et dégager l’effet de ces réalisatïons sur les résultats d’exploitation (rendements, productions).

- 36 -

Ce suivi est basé principalement sur la tenue par les enca- dreurs des fiches distribuées chaque année pour chaque site aménagé. Ces fiches remises aux agents au cours de la campagne agricole sont ensuite collectées une fois les récoltes terminées. Après le premier dépouillement des résultats, une tournée de visites sur le terrain est effectuée par les agents du FDR en vue de vérifier et compléter les renseignements recueillis.

III.3 Bilan des programmes FDR

En 1983, environ 30.000 ha ont été aménagés en sites anti- érosifs. Près de 80 70 de ces aménagements sont effectués sur des champs de case avec une superficie moyenne’par exploitant de 1,225 ha. La plu- part des exploitants possèdent plusieurs hectares de champs de brousse en dehors des sites aménagés.

a) - Etat général des sites et entretien ------_--______---__---------------

On enregistre sur l’ensemble des sites aménagés environ 11 56 de la superficie totale qui sont en voie de dégradation ou en mauvais état. Cette dégradation est particulièrement importante là où le sol est sableux et les diguettes dénudées de végétation herbacées ou arbustives.

Si dans l’ensemble, l’état d’entretien est satisfaisant, la fixation des diguettes en herbacées (andropogon) ou en arbustes (euphorbia balsamifera) est par contre loin d’être généralisée et ce, par une mécon- naissance de l’importance de cette technique de la part des paysans.

b) - Exploitation des sites ----------------------

95 m des terres aménagées sont cultivés, dont 85 70 en céréales. Les 5 70. non cultivés sont des zones de pâturage ou des jachères naturelles.

L’utilisation d’engrais reste faible : environ 20 % des sur- faces mises en cultures. Ceci est dû :

- aux difficultés d’approvisionnement des ORD,

- à l’absence de crédit de campagne,

- aux prix d’engrais jugés trop élevés par les paysans.

Cependant la vulgarisation met l’accent sur la production et l’application des fumures organiques (programme des étables fumières).

La culture attelée est pratiquée sur 50 % de la superficie mise en culture. Elle aurait été plus répandue si :

- il y avait plus de crédits,

- il y avait une disponibilité en matériels aratoires,

- la capacité d’endettement des paysans était bonne.

c> - Avantages du programme “Sites anti-érosifs” -----------------^-------------------------

Depuis le démarrage du programme FDR, plus de 30.000 ha ont été aménagés. Bien que quantitativement insignifiant si l’on se refère aux su- perficies non encore aménagées, on constate que le dispositif anti-érosif

- 37 -

a un impact socio-économique effectif, et génère des avantages financiers certains, analyse faite de l’amélioration des conditions des exploitants et des revenus assez substantiels qu’ils en tirent.

Ainsi on peut noter que :

- près de 200.000 exploitants soit 25.000 familles ont bénéfi- cié de l’opération lutte contre l’érosion,

- les enquêtes conduites au niveau de certaines exploitations ont montré que les rendements en mil et sorgho augmentaient de 30 70 la première années, de 50 % la 2ème année et 60 % à partir de la 3ème année,

- l’alimentation des nappes phréatiques facilite l’approvi- sionnement en eau potable de la population.

III.4 Critioues du oroaramme FDR : Eléments de reoonse

Critiques -M--w----

Plusiewrs remarques ont été faites de temps à autre sur le programme, soit par les responsables des programmes similaires, soit par des missions de courtes durées.

En quelques mots, ces remarques sont résumées comme suit :

a) - Les sites anti-érosifs FDR ne couvrent pas l!ensemble du bassin versant ; ils ne-partent pas des crêtes ; les zones amont ne sont donc pas protégées.

b) - Leur mise en place nécessite l’intervention d’équipes topographiques dotées de matériel sophistiqué et l’introduction d’engins motorisés que les paysans ne maîtrisent pas, et qu’ils ne peuvent. finan- cer ; d’où l’impossibilité d’extension par eux-mêmes.

c> - Les diguettes se dégradent rapidement et l’entretien n’est pas toujours correctement assuré par les agriculteurs.

d) - Les sites anti-érosifs ne concernent qu’une partie des terres cultivées et qu’une fraction de la population-‘alors qu’au moment de la confection tout le monde participe aux travaux.

e> - Le rythme des amenagements ne permettra à la fin de FDR-3, d’atteindre que 2 à 3 5’: environ des superficies cultivées.

f> - Les travaux de confection sont faits en saison sèche, le compactage n’est donc pas très efficace.

ci) - Les paysans ne confectionnent les diguettes que pour bénéficier de l’aide alimentaire (vivres PAM).

Eléments de réponse -------------------

a> - L’idéal technique d’un aménagement est de couvrir l’ensem- ble d’un bassin versant ; mais la méthode du FDR faisant largement appel à la participation de la population aux travaux, et la capacité de travail de cette population étant limitée, l’aménagement ne peut pas couvrir plus, de 50 à 60 ha/an par village.

- 38 -

Par -ailleurs, pour que les agriculteurstsoient motivés pour l’entretien des bourrelets, il faut qu’ils en tirent un bénéfice direct ; ces aménagements vont donc s’étendre sur les terres de culture, en bas de pente et non sur-les zones souvent incultes de,l’amont.

b) - Sur les sites aménagés, la pente est généralement faible (inférieure à 1 %> ; et dans ces conditions l’utilisation d’un matériel topographique précis est necessaire ; la formation des paysans pour l’uti- lisation de niveaux à eau, conduite par certains ONG n’a pas encore fait la preuve de son intérêt.

Cependant le FDR a accepté de conduire sur 1.500 ha des expé- riences dans ce domaine, dans le cadre d’un projet à financer par la BOAD.

Durant la saison pluvieuse, la plasticité du sol permettrait aux agriculteurs de confectionner des diguettes à la daba, ou mieux avec des charrues tractées par’des animaux ; malheureusement durant cette pé- riode, les travaux agricoles ne leur permettent pas de se libérer pour des travaux d’aménagement.

En saison sèche, temps de chômage partiel, les sols tropicaux se prennent en masse et les outils manuels, ou à traction animale les en- tament difficilement ; l’utilisation d’engins comme les tracteurs agricoles avec sous-soleuses est donc nécessaire.

c> - Le problème d’entretien ise pose surtout pour les premiers sites aménagés où les paysans n’étaient aménagement.

4 as toujours à l’origine d’un

Aujourd’hui, grâce à la formation et à l’animation, ce sont les agriculteurs eux-mêmes qui sollicitent les sites ; ils sont dès lors motivés pour leur entretien.

Par ailleurs.certains ORD organisent chaque année des journées de reprise des diguettes et de repiquage d’andropogon.

d) - Pour être efficace un site doit s’étendre sur une grande surface (minimum 20 ha). Cette superficie autour d’un village prend en con- sidération les champs de case et les champs permanents de la plupart des . agriculteurs du village. Naturellement cette superficie ne peut intéresser les champs de brousse disséminés çà et là.

e> - Depuis, aucun autre projet, mis à part le Projet GERES, n’a aménagé plus de surfaces que le FDR. :

v

f> - Le compactage à sec des diguettes n’est effectivement pas suffisant pour assurer la stabilité des ouvrages ; il faudrait que les agriculteurs reprennent le compactage dés les premiéres pluies.

9) - Certains ORD ont eu à distribuer des vivres PAM à l’occa- sion des travaux d’aménagement. Certains ORD pratiquent encore cela. Ce n’est pas géneral, et même lorsque cela se fait, les quantités distribuées sont souvent symboliques et avant d’engager les travaux les paysans ne sont pas du tout assurés de pouvoir en bénéficier.

- 39 -

IV. CONCLUSION

L’aménagement des sites anti-érosifs est le volet qui a connu le plus de.succès parmi ceux financés par le FDR. En effet, l’enthousiasme des agriculteurs pour cette opération est tel qu’il a été impossible de répondre favorablement à toutes les demandes adressées au FDR, le finance- ment constituant le premier facteur limitant.

Aujourd’hui c’est environ 30.000 ha qui ont été financés par le FDR. L’impact socio-économique de ce programme est positif.

La Direction du FDR reste bien consciente que le programme exécuté est infime par rapport aux milliers d’hectares à défendre contre l’érosion et à restaurer pour la production agricole.

Pour une action de grande envergure qui devra entrer dans le cadre de la lutte contre la désertification, les moyens financiers à met- tre en oeuvre devront être plus importants. C’est dire donc que beaucoup de bailleurs qui s’intéressent à ce programme devront envisager des pro- grammes conséquents.

La Direction du FDR reste également convaincue que les techni- ques utilisées jusqu’ici ne constituent pas les seules à adopter définiti- vement. Il y a nécessité d’améliorer les techniques actuelles, et de faire appel à toutes celles qui, simples peuvent être facilement maîtrisées par les paysans mêmes. Le FDR reste donc ouvert à toutes les propositions. constructives. C’est dans ce cadre que déjà il a été décidé de réaliser de façon expérimentale sur 1.500 ha des sites anti-érosifs dans Xe pro- gramme à financer par la BOAD, avec l’utilisation de niveau à eau pour l’implantation des courbes de niveau.

.-.

-‘40 -

BIBLIOGRAPHIE

1. Aménagement de sites anti-érosifs - Programme Complémentaire au FDR-3 Etude de Factibilité (FOR, décembre 1983).

2. La lutte contre l’érosion DRS-CES (NACRO IDRISSA/JACQUES REEB - Septembre 1982).

3. Aspects Socio-économiques des Aménagements de lutte anti-érosive Programme FDR (CAPO-CHICHI/SAMRETH - Mai 1984).

4. L’Evolution de la lutte anti-érosive en Haute-Volta depuis l’Indépendance. Vers une grande participation de la population (CHRIS REIJ - Août 1983).

5. L’Espace des Techniciens et celui des paysans. Histoire d’un périmètre anti-érosif en Haute-Volta (MARCHAL - 1979).

- 41 - ANNEXE

SCHEMA D’AMENAGEMENT

l- Système d’infil+--+;--

2 - Svstème de diversion

VUE EN PLAN

SCHEMA DL DIGUETTLS

-

Diguette enherbée

selon les courbes de niveau

- 42 -

FICHES DE LECTURE DES OUVRAGES RECEMMENT EDITES PAR LE CIEH

-==o==-

Ière Partie : Ouvrages déjà annoncés dans le Bulletin ne 56.

Série Hydrologie /

l- Persistance de la sécheresse au Sahel. Conséquences sur les normes hydrologiques et pluviométriques. Par C. PUECH - CIEH. Décembre 1983.

2 - Courbes hauteur de pluie-- durée - fréquence. Afrique de l’Ouest et Centrale pour les pluies de durée 5 minutes à 24 heures. Par C. PUECH et D. CHABI-GONNI. CIEH - Janvier 1984.

3- Etude des pluies journalières de fréquence rare au Congo. Par A. DEGOULET. CIEH - Janvier 1984.

Série Information /

4- Réfle@ons sur la conception des systèmes d’information hydraulique dans les Pays Membres du CIEH. Par H. PIATON. CTEH - Février 1984.

2ème Partie : Ouvrages édités depuis Mars 1984.

Série Hydrologie /

5- Etude des pluies journalières de fréquence rare au Mali, au Sénégal et en Mauritanie. Par A. DEGOULET. CIEH - Janvier 1984. Fiche de lecture commune avec le document ne 3.

Série Hydraulique Villageoise /

6 - Manuel de formation : “Le point d’eau au village”. Par GEOHYDRAULIQUE et CINAM. Juin 1984.

Série Hydraulique Urbaine /

7- Etude des consommations en eau en zone urbaine. Par K.L. ATIVON. CIEH - Janvier 1984.

Série Information /

8 - Thesaurus Eau pour/l’Afrique. CIEH,- Fevrier 1984.

- 43 -

PERSISTANCE DE LA SECHERESSE AU SAHEL

Par

C. PUECH (*)

-==o==-

Le document que nous présentons ici n’est pas une simple constatation du problème de la sécheresse au Sahel. Il essaye de concilier le point de vue de l’hydrologue et celui de l’utilisateur en montrant les conséquences que la variation climatique peut avoir sur le dimensionnement des projets.

La première partie est le constat, navrant, de la sécheresse de 1983 au Sahel, qui a battu en de nombreux points des records de déficit tant pour la pluviométrie que pour les écoulements, les cultures. La zone la plus touchée étant la Mauritanie et les bords du fleuve Senégal.

La deuxième partie passe en revue les théories actuelles qui tentent d’expliquer la persistance de la sécheresse : influence locale et rôle de l’homme sur son milieu, ou influence planetaire dont la con- naissance exacte se heurte à la complexité du problème. Il est précisé qu’il serait illusoire de s’attendre à un phénomène cyclique qui en se répétant identique, permettrait des prévisions des périodes humides et sèches.

La troisième partie met en garde contre l’utilisation incon- sidérée de normes définies en des périodes à climats différents. Les durées de retour et quantiles associés n’ont de validité que pour une période à climat identique. Le changement actuel, valable pour la décennie actuelle, n’est vraisemblablement que provisoire. Le texte tente d’aborder le problème de savoir comment tenir compte de ces oscillations du climat dans la définition des normes pour les projets.

24 pages, 24 références bibliographiques, 1 tableau, 12 figures.

Remarque : Le Ier chapitre sur la sécheresse de 1983 a fait l’objet d’une publication dans le bulletin de liaison du CIEH no 55.

(*> Chef du Département Hydrologie au CIEH.

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COURBES HAUTEUR DE PLUIE - DUREE - FREQUENCE AFRIQUE DE L’OUEST ET CENTRALE

POUR DES PLUIES DE DUREE 5 MINUTES A 24 HEURES

Par

C. PIJECH (*) et D. CHABI-GONNI (**j

-==o==-

Cet ouvrage présente une analyse.statistique des hauteurs et intensites de pluie pour des épisodes pluvieux inférieurs à 24 heures. Aucun ouvrage systématique n’avait vu le jour jusqu’à présent dans cette partie de l’Afrique si ce n’est le précédent travail de MOUNIS et MANSONGI - CIEH (1972) qui donnait des résultats pour 20 villes. Le présent ouvrage donne les courbes pour 87 villes (ou zones) d’Afrique de l’Ouest et Centrale. Il comble donc une lacune importante dans la connaissance des pluviométries de faible durée.

Il se compose de plusieurs parties :

- La première partie critique les données de base et fait une description sommaire de la méthode de dépouillement des hyétogrammes.

- La deuxième partie décrit la méthode statistique utilisée qui consiste à ajuster les plus fortes pluies à une loi exponentielle. L’ajustement et l’exploitation statistique des échantillons ont été faits systéma- tiquement sur micro-ordinateur sur lequel ont été programmés :

. l’adéquation à la loi choisie (loi exponentielle),

* le contrôle de la variation d’estimation en fonction du seuil choisi, e

. le contrôle visuel de la qualité de l’adéquation à une loi exponentielle par tracé graphique systématique.

- La troisième partie présente les résultats obtenus prksentés sous forme de graphiques en échelle doublement logarithmique.

Malgré certaines incohérences,ont été inclus dans ces graphiques des résultats tirés d’études extérieures (Nigéria et Côte-d’Ivoire notamment) ; on remarque toutefois une cohérence d’ensemble de ces résultats par rapport à ceux donnés par les pluviomètres. Les limites de validité des graphiques, conséquences des incohérences de provenance, de la période de l’échantillon, et de la faible taille des séries de mesure, sont précisées.

Enfin les annexes,contiennent tous les renseignements chiffrés et cartographiés, des figures: la liste des postes, tableaux des coeffi- cients de Montana et quantiles estimés, et les courbes Hauteur de pluie - Duree - Fréquence, ville par ville (graphiques A.1 à A.87).

155 pages - 9 tableaux - 11 figures - 87 graphiques - 24 cartes - 13 références bibliographiques.

(*) Chef du Département Hydrologie - CIEH.

(**> Ingénieur au Département Hydrologie - CIEH.

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ETUDE DES PLUIES JOURNALIERES DE FREQUENCE RARE AU CONGO (1)

ETUDE DES PLUIES JOURNALIERES DE FREQUENCE RARE AU MALI, EN MAURITANIE ET AU SENEGAL (2)

Par

A. DEGOULET (“1

-==o==-

Le but de ces 2 études est la détermination des isohyètes des pluies maximales journalières de diverses durées de retour sur le terri- toire Congolais d’une part, sur le territoire du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal. d’autre part.

Les données de base sont les valeurs des maxima annuels des pluies journalières de 135 stations de plus de 10 années d’obsercation pour le Congo, de 279 stations de plus de 15 années d’observation pour le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.

Dans les 2 cas, la loi statistique choisie pour l’estimation des pluies exceptionnelles de 24 heures a été la loi de Gumbel ajustée par la méthode des moindres carrés. Elle a été soumise à différents tests : comparaison des durées de retour des plus grandes valeurs calcu- lées par diverses lois (la loi de Gumbel ajustée par les moindres carrés donne la distribution la plus proche de la distribution théorique), véri- fication de l’adéquation de la loi à des échantillons pris un à un ou à des agglomerations de stations à coefficient de variation comparable.

Pour les 2 études, il ressort que le coefficient de variation ne peut être considéré comme constant sur l’ensemble du territoire, on ne peut donc directement déterminer les quantiles à partir des moyennes des pluies maximales. Les quantiles sont calculés pour les durées de retour 10 ans et 100 ans puis cartographies. Un lissage au.préalable est néces- saire pour éliminer les fluctuations ponctuelles des valeurs des quantiles.

Il ressort : .

- pour le Congo, la valeur élevée des quantiles dans la zone c8tière accompagnée d’une décroissance rapide lorsqu’on s’éloigne de la côte, des valeurs plus faibles, et plus.stables sur le reste du pays ;

- pour le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, la valeurs des quantiles qui decroit régulièrement lorsqu’on se déplace vers le Nord; et l’influence maritime quasiment limitée à la Casamance.

Les quantiles sont donnés avec une précision de l’ordre de 10 % pour un intervalle de confiance a 90 %, seuil qui pourraît être dépassé en zone de montagne, sur les côtes et au Nord du 181% parallèle.

Pour le Congo, cette Etude est la Premiere du genre. Au Mali, Mauritanie, Sénégal, les travaux précédents réalisés par 1’ORSTOM en 1963 indiquaient des quantiles supérieurs d’environ 10 mm à ceux que nous avons obtenus. Il est probable que la sécheresse,qui sevit depuis une dizaine d’années au Sahel modifie à la baisse l’estimation des quantiles.

(1) 74 pages, 17 figures, 5 annexes, (2) 129tpages, 19 figures, 5 annexes,

9 références bibliographiques. 9 références bibliographiques.

(*> Ingénieur au Département Hydrologie du CIEH.

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REFLEXIONS SUR LA CONCEPTION DES SYSTEMES D’INFORMATION HYDRAULIQUE

DANS LES ETATS MEMBRES DU CIEH

Application à l’Inventaire des Ressources Hydrauliques ---------__-_-___---_____________^______--------------

Par

H. PIATON (*> -==o==-

Les Services Nationaux s’informatisent à l’heure actuelle par le biais de projets ponctuels, présentant des buts limités, souvent de conservation et de stockage de données dans un premier temps. Si cette introduction de l’informatique par la petite porte, favorise le démarrage de l’informatique dans les Services, une trop grande prolifération des projets conduit à des dot.Mes -lois, des redondances, voire des incohérences dans la circulation et l’utilisation de l’information hydraulique.

Le présent document présente la démarche inverse de la logique actuelle, qui part de l’examen de tout le secteur concerné par l’informa- tion hydraulique , qui l’explicite, le formalise du point de vue des flux d’information et permet in fine de bâtir un Schéma Directeur cohérent et conforme avec les objectifs retenus au départ de la démarche.

La présentation de cette démarche est faite dans le premier chapitre du’document. Le deuxième chapitre explicite la situation qui prévalait dans trois pays membres du CIEH (Sénégal, Haute-Volta, Niger) début 1984 et présente quelques perspectives d’informatisation. Enfin le troisième chapitre illustre la démarche explicitée au premier chapi- tre à propos du cas particulier de l’Inventaire des Ressources Hydrau- liques (IRH) problème d’actualité pour de nombreux pays.

Des annexes sont présentés in fine, l’annexe l-étant une présentation des microordinateurs, le no 3 un glossaire informatique, et l’annexe 6 la liste des logiciels du CIEH disponibles en Janvier 1984.

90 pages, 6 annex,es, 9 références bibliographiques, 9 schémas, 5 tableaux.

(*> Chef du Département Hydraulique Agricole - CIEH.

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LE POINT D’EAU AU VILLAGE

Par

GEOHYDRAULIQUE (*> et CINAM (**)

-==o==-

Le document “Le point d’eau au village” est un manuel de formation destiné aux formateurs villageois et aux responsables villageois intervenant dans le secteur de l’hydraulique villageoise.

Le document intéresse trois niveaux différents et comprend :

- trois livrets en format 21 X 15 destinés aux formateurs villageois. Le contenu de chaque livret est le suivant :

. Gérer l’eau au village : expose de la méthode de formation et information sur les maladies hydriques et les mesures à prendre.

. Avoir un point d’eau en bon état : exposé des diff:rentes sortes de points d’eau et les façons de les entretenir.

. Utiliser une pompe : Description détaillée de 4 modèles de pompes : ABI, ABI-VERGNET, VERGNET, India, et recommandations sur leur entretien.

- trois séries d’affiches de sensibilisation en format 21 X 42 cm reprenant les figures de chaque livret.

- trois séries de figures extraites des livrets et destinées aux responsables villageois.

Ce document devrait être très .prochainement élargi à d’autres modèles de pompe à main et bénéficier d’une édition en couleur pour les affiches de sensibilisation et d’une large diffusion auprès des utilisateurs.

Edition : Juin 1984

- livret 1 : 60 pages dont 19 figures. - livret 2 : 36 pages dont 19 figures. - livret 3 : 81 pages dont 33 figures.

(*> GEOHYDRAULIQUE - 10 Rue Eugène Renault - Maisons Alfort - 94700. France.

(**> CINAM : Compagnie d’Etudes Industrielles et dIAménagement du Territoire. ZOLAD. Rue du Caducée - 34100 Montpellier. France.

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ETUDE DES CONSOMMATIONS EN EAU EN MILIEU RURAL

Par

K.L. ATIVON (“1

-==o==-

Ce.document traite en 2 grandes parties, divers aspects de la consommation de l’eau en milieu rural.

Dans la Ière partie, l’étude essaie de cerner de plus près :

- d’une part la quantité d’eau consommée par tête et par jour suivant les 3 types de consommateurs suivants :

. consommateurs des foyers 3 branchement cqmplet . consommateurs des foyers disposant d’un robinet dans la cour . consommateurs des foyers ne disposant d’aucun branchement ;

- d’autre part la répartition des divers postes principaux de consommation à savoir :

. cuisine

. douche + WC . lessive . arrosage . divers.

L’auteur expose les résultats de ses enquêtes comme suit : tout d’abord, une présentation de l’enquête puis, les résultats obtenus, et enfin, l’interprétation des résultats.

Dans la 2ème partie, l’étude traite essentiellement l’évolution de diverses consommations :

- consommations horaires (au niveau des bornes fontaines et d’un quartier) ;

- consommations mensuelles comparées de quartiers d’habitats différents.

Cette Zème partie est exposée essentiellement à l’aide des graphiques suivis de commentaires.

En conclusion, l’auteur présente les enseignements qu’a per- mis de tirer cette étude aussi bien au niveau des enquêtes elles-mêmes qu’à celui des résultats obtenus. Il termine en attirant l’attention du lecteur sur le soin avec lequel il convient de manipuler les chiffres obtenus.

On trouve en annexe, la fiche-type qui a servi à recueillir les mesures dans les foyers ainsi que les tableaux portant les résultats bruts des fiches d’enquête dépouillées. Bien entendu ces tableaux peuvent. être exploités pour des fins diverses.

36 pages (dont 11 en annexe), 12 figures, 7 tableaux (dont 3 en annexe), 2 photos.

(*) Chef du Département Hydraulique Urbaine et Assainissement - CIEH.

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THESAURUS EAU POUR L’AFRIQUE

Par

le CIEH

-==o==-

Il n’y avait pas à notre connaissance de thesaurus dans le domaine de l’eau adapté aux conditions africaines. Un tel vocabulaire organisé de mots décrivant ce domaine de connaissances qu’est l’hydrau- lique a donc été réalisé par le CIEH, à partir de deux thesaurus exis- tants : celui de l’Association Française pour 1’Etude des Eaux (AFEE) . et celui du Centre International de Références pour l’klimentation en Euau Collective et l’Assainissement (CIR).

Ce thesaurus se présente comme une liste alphabétique de 746 descripteurs principaux. et de 758 descripteurs secondaires, reliés entre eux par deux types de relation :

- la relation de substitution (EM : EMployer et EP : Employé Eour) d’un descripteur secondaire par un descrip%r principal sy?Îonyme ou plus général ;

- la relation de proximité de sens (VA : loir Aussi) entre deux descripteurs.

Une liste de 30 descripteurs géographiques termine le document, élaborée à partir des zones géographiques couvertes par l’activité actuelle du CIEH.

Il va de soi que ce thesaurus, dont c’est la première edition devra être repris, complété et étendu à la lumière de son utilisation.

Enfin, le programme ordinateur (BASIC) de gestion des descrip- teurs de ce thesaurus est à la disposition de ceux qui souhaiteraient l’utiliser.

110 pages.

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NOUVELLES BREVES

.

l/ LA VIE DU CIEH PENDANT LE DEUXIEME TRIMESTRE 1984

Pendant le Zème trimestre 1984, le CIEH :

A ORGANISE / :

- un stage de formation, en collaboration avec 1'Ecole Inter- Etats d'ingénieurs de 1'Equipement Rural, intitulé “Micro- informatique et Informatisation des Services" du 24/4 au 4/5/1984. Dix pays sur treize étant représentés.

- un stage de formation aux techniques documentaires de Monsieur Djiré Ibrahima du Projet Inventaire des Ressources Terrestres de Bamako (Mali) du 6 au 21/6/1984.

A ENREGISTRE / :

- l'adhésion de la République CENTRAFRICAINE au CIEH, événement qui était attendu depuis le 12ème Conseil des Ministres. Le Comité compte maintenant 13 Etats Membres (voir Editorial).

A VISITE / :

- tous les Pays Membres du CIEH : une délégation constituée du Ministre de l'Agriculture et de 1'Elevage du Congo, Président en exercice du CIEH, du Secrétaire Général du CIEH et du Directeur du Genie Rural et du Machinisme Agricole du Congo, est allée rendre compte aux Chefs d'Etat des décisions du 12ème Conseil des Ministres (voir Editorial).

A PARTICIPE / :

- à une réunion du Projet Régional Majeur sur 1'Utilisation Rationnelle et la Conservation des Ressources en Eau de 1'UNESCO à Dakar du 16 au 20/4/1984. MM. ATIVON et CHABI.

- à une réunion de concertation avec 1'OMM et 1'ORSTOM sur la mise au point d'une méthode de calcul des débits de crue à Génève du 29/5 au 30/5/1984. Mr. PUECH.

- à un Séminaire National sur la Désertification à Maradi du 17/5 au 1/6/1984. Mr. DIAGANA.

- au salon HYDROPLAN à Marseille du 18 au 21/6/1984. Mr. HASSANE.

S'EST DEPLACE / :

- au Niger dans le cadre de l'étude HG2/84/5 - Mr. DILUCA - 13-21/6/1984.

- au Gabon dans le cadre de l'appui technique - Mr. LAHAYE -

8-17/6/1984.

- en Côte-d'Ivoire dans le cadre de l'étude HG2/84/5 - Mr. DILUCA - 24-30/3/1984.

- au Niger dans le cadre de l'étude HG2/82/4 - Mr. DIAGANA - 21-28/6/1984.

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2/ DES NOUVELLES DE L’ECOLE INTER-ETATS D’INGENIEURS D’EQUIPEMENT RURAL

Par suite de contretemps liés à des problèmes de mise en place de crédits, les actions de formation permanente conjointement menées par 1’EIER et le CIEH ont vu leur calendrier modifié.

. Le stage sur la Mobilisation des Ressources en Eau aura lieu du 22 octobre au 16 novembre 1984.

. Le stage sur 1’Utilisation des Micro-ordinateurs du 18 février au 16 avril 1985.

. Le stage sur l’lltilisation des Ordinateurs de Poche en Hydraulique du 6 au 31 mai 1985.

. Le stage sur la Mise en Valeur des Terres Nouvelles en octobre et novembre 1985.

Quelques places restent disponibles, les candidatures doivent parvenir par le canal du représentant de 1’EIER ou par celui du représentant du CIEH dans chacun des Etats.

Les formations de spécialisation pour ingénieurs (d’une durée d’une année scolaire) s’enrichissent cette année à 1’EIER. En effet quatre

I spécialisations seront ouvertes :

- Génie Sanitaire - Hydraulique Aqricole - Mobilisation des - Energies pour le

Ressources en Eau Developpement Rural.

La date de début des cours est premières, au Ier janvier 1985

fixée au 15 novembre 1984 pour les trois pour la dernière.

Les candidatures doivent nous parvenir pour le mois d’octobre 1984.

3/ CONGRES, CONFERENCES, SESSIONS DE FORMATION PENDANT LE DERNIER TRIMESTRE 1984.

- 15è Congrès de l’AIDE : 29 octobre au 2 novembre 1984. Tunisie. Organisateur à contacter : Association Internationale des Distributeurs ~‘Ëaü:-l-9üë,n-A~,,Ï,-Eate. London SKI H BT (Grande Bretagne).

- Séminaire : “Coopération dans le domaine des eaux transfrontières”. 15-18 octobre 1984. Düsseldorf RFA. Organisateur à contacter.: Division -------l---------T------ de l’Environnement et de 1’Habitat. Commission Economique pour l’Europe de l’ONU, Palais des Nations, CH-1211. Genève. Suisse.

- 5è Conférence Internationale, : “Planification et gestion des ressources en eau - L’eau en l’an 2000”. Athènes. 1 au 4/10/1984. Organisateur : EGA. Production, Piazza Trento, t, 95428, Catania (ItalIëJT--------

- 18è Symposium International : “l’observation de la terre”. l-5/10/1984. Paris. France. Organisateur : CNES et Environmental Research Institute ----L------- of Michigan. Contacter : Mr. Alain BAUBERT. CNES. 42, Rue Camhonne. 75015 PARIS, ,%?i&$:--

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- 5è Symposium de la Lonisiana World Exposition : “Regards sur le monde de 1’ eau”. IO-13/10/1984. New Orléans. LOUISIANE. USA. Contacter L Mr. MARMILION : Public Informations Programs. Atlantic RTëh?Ie’ïd Company. 515 S. Flower Street. AP 1625. Los Angeles. CA 90071. USA.

- Session de formation continue : “Gestion de la faune piscicole”. 9-11/10/1984. Organisateur à contacter : ENGREF. 19, Avenu? du Maine. 75732 PARIS CEDEX,‘~%t%,ë:------------

- Sessions de formation continue de 1’ENITRTS : 1 Quai IKOCH. 67070 - Strasbourg. France.

. Exploitation d’un Service d’Assainissement. 8-12/10/84.

. Techniques de traitement des eaux de consommation. 15-19/1Ol84.

. Stations de pompage. 5:9/11/84. .

. Traitements complémentaires des effluents. 5-9/11/84.

- Sessions de formation internationale du CEFIGRE : Sophia-Antipoiis - BP. 13. 06561 - VALBONNE CEDEX. France.

. Hydraulique Villageoise. 7/11 au 12/12/84. Sophia-Antipolis + 1 pays africain.

. Gestion des périmètres irrigués. 12/11 au 14/12/84: Sophia-Antipolis + 1 pays africain.

- Salon International des techniques et des équipements municipaux. Madrid. Espagne. I/l0 au 5/10/84. Contacter : IFEMA. Institution m--m--- - Ferial de Madrid. Recinto Ferial Case de campo. Avda.’ Portugal, s/n, Madrid 11 (Espagne).

- Conférence 1984 : “Qualité de l’eau” de 1’AWWA (American Water Works Association). Z-5/12/84. DENVER. Colorado. USA. Contacter : Mr. Fred Pontius, AWWA, 6666 W. Quincy, Avenue, Denver, CiYSfl235-TEtats Unis).