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Collection dirigée par Jean-Christophe FLORENTIN

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Les grandes impostures téléphoniques

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Les impostures téléphoniques de Jean-Yves Lafesse ont été diffusées sur Radio Nova et Europe 1. Disque Phonogram — < Mort de rire >, 1988. Disque - CD - Cassette et vidéo - WEA - < Les impostures de Lafesse >, 1991. Production Dune.

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Jean-Yves LAFESSE

Les grandes impostures téléphoniques

Éditions Ramsay 9, rue du Cherche-Midi

75006 Paris

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© Éditions Ramsay, 1992 ISBN: 2-85956-994-4

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AVANT-PROPOS

J'ai 10 ans, je rêve d'être marin, espion, acteur de films porno, guitariste de twist, femme à barbe et père de moi-même.

A 11 ans, je réalise que je n'aurai pas le temps de faire tout ça en une vie. C'est con.

A 27 ans, désespéré, je décroche le téléphone. Miracle ! Je deviens marin barbu, acteur de twist, père d'un espion et guitariste de films porno.

J'ai enregistré 2 200 impostures en 7 ans. Et j'aime ça. Au début, j'empoignais le combiné téléphonique comme une raquette de ten- nis. Aujourd'hui, entre le pouce et l'index, comme une truite.

Un matin (14 h 30!!! N.d.l.R.), la voix de Mme Ledoux est sor- tie de ma gorge, comme un bébé.

Dès que j'ai besoin de créer un personnage, cette voix sort de moi, comme un yoyo.

Mme Ledoux... Une petite vieille à qui on ne peut rien interdire : Elle est folle, tendre, salope, obèse, maigre...

Elle ne ressemble à personne. Elle sort de mon cerveau comme une anguille et se glisse dans le téléphone, jusqu'au cerveau de mon correspondant. Je ne connais d'elle que sa voix et son mari, M. Ledoux. Ils ont tous deux la même voix. Je les aime comme si, tous les trois, nous formions une trinité de Siamois.

Je compose un numéro. Le téléphone sonne. Les yeux rivés sur le Bottin, nous sommes aux aguets tous les

trois. Tut tut tut... Pas d'idée. Pas d'idée... Une idée, vite! Tut tut...

Allô ! ?

Ça y est, ça part, c'est dans la voix de l'autre que se trouve l'infor-

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mation qui me donne l'idée. Il a l'air sévère..., prétentieux, triste, attentionné... Allô... Bonjour, docteur Delaplace à l'appareil, je vous passe Mme Ledoux, elle vient d'accoucher, félicitations, monsieur. C'est un garçon!

- Pardon???

Ce qu'il y a de bien dans l'improvisation c'est qu'il n'y a aucune limite... On est toujours comme un funambule, sur le fil du télé- phone, concentré et attentif à chaque mot pour rebondir et stimuler l'imaginaire de l'autre. Je ne dois jamais rire, sourire, être saoul. Pas facile quand on aime boire et déconner. J'aurais mieux fait d'être chirurgien !

Dans cette sélection d'impostures, vous distinguerez deux époques.

Celle où je me gargarisais de l'info. Elle me stimulait, m'excitait. Alors je la décalais pour dénoncer les travers des temps présents. J'étais encore militant... d'un monde meilleur...

Un soir, Mme Ledoux me fit comprendre qu'elle n'avait rien à foutre de mes états d'âme et que si je continuais à < coller > à l'info elle s'en irait vers un monde... meilleur... Mme Ledoux, jalouse!! Vite, je quittai l'info.

La deuxième époque d'impostures, c'est aujourd'hui. Je raconte des salades aux adultes et des frisées aux lardons. J'arrive à 10 h 30 tous les matins à Europe 1. Mon frère m'attend. C'est lui qui choi- sit, parmi la trentaine d'impostures quotidiennes, celle qui passera le lendemain. Il a de l'oreille, mais je l'ai déjà piégé : une fois, je l'ai appelé en pleine nuit pour lui faire croire qu'un jeune doigt de pied poussait à mon pied droit. Il a marché.

Depuis, il s'est blindé. Il écoute tout ce que je fais. Pas facile : entre les gens plus ou moins passifs, les tristes et les gais, les salauds et les disponibles, il va sélectionner l'imposture qui donnera la banane aux auditeurs pour la journée.

Et les partenaires involontaires de mes impostures, choisis au hasard des annuaires de tous les départements français, s'écouteront un matin, incrédules devant leur propre crédulité. Il m'est plus aisé de piéger que de faire comprendre à celui que je viens d'appeler que c'était une blague!

Ils sont montés si haut qu'ils ont du mal à redescendre : le ver-

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tige, probablement. Je fais partie de ceux qui aiment la naïveté. Pas la collective, l'individuelle. Je crois au père Noël. La preuve? J'ai coincé un bout de tissu rouge dans ma cheminée pour faire croire à ma concierge que le père Noël y est bloqué depuis 4 ans.

Elle me croit. Comme ça, je peux étrenner ma concierge tous les matins, dans l'escalier! D'ailleurs, c'est là qu'elle est toujours four- rée!! J'aimerais bien faire croire à Dieu que je suis immortel. J'ai bien trouvé un M. Dieu, mais ce n'était pas le bon.

Je recommence demain. Ça pourrait marcher... sur l'eau... Allô...

Jean-Yves Lafesse.

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L e charcu t ie r héros de

— (Lafesse. Voix normale.) Bonjour monsieur, M. Delaplace à l'ap- pareil, des éditions littéraires Delaplace. Je vous appelle car nos avo- cats nous ont demandé de nous mettre en rapport au plus vite avec vous. Nous venons de sortir un livre de Robert Ledoux, philosophe essayiste. Le problème réside dans un risque d'homonymie. Mon auteur a choisi le nom du héros de son roman en mélangeant les lettres du Scrabble et ça a donné Jean X. C'est bien votre nom? — Ah oui! — Donc le titre de son roman est le suivant : Moi, Jean X, ou la vie ténébreuse d'un abruti! — Eh ben! — Alors nos avocats nous ont dit : < Attention, essayez d'abord de trouver les gens qui ont le même nom. > Parce que l'action de son livre se passe dans la région de Dole, c'est bien là où vous êtes implanté? — Bien sûr! — Je vais vous passer M. Robert Ledoux, l'auteur, qui va vous expliquer en deux mots ce qu'est son livre ! (Il prend la voix d'un vieillard.) Allô, bonjour monsieur, je suis vraiment enchanté parce que c'est la première fois que je rencontre l'homonyme du héros de mon roman Moi, Jean X ou la vie d'un abruti aux éditions Dela- place. Vous êtes dans le commerce, je crois? — Oui! — Parce que mon héros habite dans les environs de Dole et c'est un charcutier. Et vous, vous êtes? — Charcutier! — Oui, mais ne vous inquiétez pas parce que, vous allez voir, ça n'a rien à voir avec vous. Ce charcutier est un escroc, c'est-à-dire qu'il vend de la viande avariée. — Qu'est-ce que c'est que ça! — Et il intoxique tous les gens de la région! — Oh! mais vous vous rendez compte de ce que vous faites, là? Ça c'est pas possible... — Mais c'est un roman, monsieur! Attendez que je vous dise la suite et vous verrez que ça n'a rien à voir avec votre vie, évidemment! — Mais rendez-vous compte que si les gens dans le coin lisent de

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telles choses, même si c'est un roman, moi je ne pourrais pas accep- ter ça! — Le charcutier, donc monsieur X, apprend par une lettre anonyme que sa femme le trompe, c'est-à-dire que c'est une femme légère et qu'elle le trompe avec tous les fournisseurs de la charcuterie! — Oh! là, là, là! — Alors lui il apprend ça, il essaie de faire une enquête pour essayer de savoir avec qui et alors le problème est qu'il se fait arrêter, car il a déjà intoxiqué dix personnes dans sa région. Donc il se retrouve en prison. Sa femme n'a plus les moyens de continuer toute seule l'exploitation de la charcuterie et elle monte à Paris où elle devient prostituée! — Eh ben! (Abattu.) — Et elle monte une maison de prostitution, mais il y a une morale parce qu'elle se retrouve aussi en prison. Mais l'idée du roman c'est que, comme monsieur X a intoxiqué tous les clients de la charcute- rie, qui porte donc votre nom, elle va aussi contaminer tous les clients avec qui elle aura fait des affaires en tant que prostituée! — Oh! oh! Alors c'est donc un nommé Jean X de Dole qui empoi- sonne tout le monde, c'est quand même pas mon rôle ! Et ma femme qui est prostituée et qui transmet des maladies vénériennes à tous ses amants ! — Imaginez, votre femme, ça va être une star dans la ville! — Oui, mais une star de mauvaise réputation! — Oui, mais c'est moral puisqu'elle finit en prison. — Aïe!!! — Alors ce qu'on ne comprend pas, avec mon éditeur, c'est pour- quoi ce livre marche aussi bien à Dole : c'est déjà épuisé! — Ah! ben oui, mais tout le monde connaît ma femme quand même, on est dans une ville de 30 000 habitants, on n'est pas à Paris ! — Que je vous dise tout de suite, sur le livre, derrière, il y a une photo de votre charcuterie! — Oh! La photo de ma charcuterie derrière le... — Oui, oui, avec votre femme en porte-jarretelles! — En photo ? — Avec dessous, marqué en petit, < Mme Jean X > ! — Oh! non, mais vous vous foutez de nous, là, c'est pas possible! — Oui, c'était pour Europe 1.

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c a n i c h e e t l e t r a m p o l i n e

— (Lafesse prend une voix chevrotante, de vieille.) Bonjour madame. — Bonjour madame. — Mme Ledoux. Je vous appelle de la part de la mairie, c'est bien vous qui vous occupez de la SPA? Parce que figurez-vous que j'ai perdu mon petit caniche qui s'appelle Couperose. — Oh! — Cette nuit on est allés se promener sur la plage et je l'ai mise sur le trampoline parce que ça lui fait du bien de sauter un peu en l'air. Et elle a fait un bond, j'avais jamais vu ça, je l'ai regardée s'envoler et je l'ai perdue. — Oh! et elle a quel âge? — 4 ans, mais elle en paraît 3. — Ah oui! et elle est tatouée ? — Oui, elle est à moué! — Elle est tatouée? — Oui, oui, elle est à moué! — Bien, écoutez, il aurait pas fallu faire ça, il faut les tenir en laisse quand on n'est pas chez soi! — Oui, mais madame, si je l'avais tenue en laisse alors qu'elle était sur le trampoline, moi je pouvais partir avec! — Oui, mais il aurait pas fallu la mettre là-dessus! — Ben oui, mais elle est championne de France des caniches sur trampolines. — Ah bon! — Oui, elle a déjà gagné 2 concours. — Bon alors écoutez, on va voir si on la trouve dans les environs. — Oui, mais pourrais-je vous dire quelque chose, c'est un petit chien très important, parce que c'est un caniche bleu unique en son genre, je l'ai fait teindre en bleu pour le distinguer des autres. — Bon alors cherchez-le, madame, continuez de le chercher, hein! — Vous savez, j'ai commencé depuis ce matin, mais j'ai trouvé que des bigorneaux, alors! - Laissez les bigorneaux pour une autre fois, cherchez plutôt votre petit chien. — Mais dites-moi, les bigorneaux que j'ai trouvés, vous pensez que je peux les mettre sur le trampoline?

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— Oh! non, ils vont s'étouffer avec ça! Non ! Cherchez-la, appelez-la et continuez à la chercher là où elle est partie! — Ah ben c'est une idée, si je me mets sur le trampoline comme elle hier soir et que je saute comme elle l'a fait, dans la même direction, en atterrissant où je vais atterrir, j'irai la chercher là-bas! — Voilà, bien sûr, alors faites ça tout de suite. — (Il crie.) Couperose! Couperose! (Nouvel appel.) — (Il reprend sa voix normale.) Allô... Bonjour madame, M. Dela- place, je vous appelle de la plage de La Palu. Voilà, on vient de louer une petite maison ici et cette nuit on a entendu un gros bruit. On a été voir dans le grenier, il y avait un trou dans le toit et on a trouvé un petit chien qui a atterri on ne sait pas comment en l'air. Un caniche bleu... — Ah oui, la dame vient de me téléphoner. Écoutez, c'est une dame bizarre, elle m'a dit : < J'ai teint mon petit chien en bleu pour pas qu'il soit comme les autres. > Alors elle l'a mis sur le trampoline... — Mais madame, comment voulez-vous qu'un chien traverse mon toit comme ça? — Mais c'est le champion des trampolines, monsieur, unique au monde, c'est un chien qui va dans les airs, c'est un cascadeur, il est unique au monde! — Ah, c'est pour ça qu'il a une médaille? — Oh! oui, il a une médaille et un tas de trucs! — Attendez voir (il lit) : champion du monde de trampoline 1989. — Voilà, c'est ça, oui, il fait des bonds en l'air comme un avion, c'est un champion de trampoline et il est bleu! — Attendez, mais qu'est-ce qui tombe par la fenêtre, mais c'est pas possible, il y a des bigorneaux qui rentrent par la fenêtre, maintenant (surpris) ! — Oui, oui, c'est la dame qui doit être là. — Attendez, vous pouvez me répéter ça? — Voilà, elle m'a dit : < Mon chien est parti par le trampoline, je vais mettre des bigorneaux et peut-être qu'ils vont rejoindre le chien. > — Ah ben, c'est ça, alors. Ah, madame, mais c'est incroyable, il y en a six. — Oui, oui, c'est ça, bon alors vous allez certainement recevoir encore autre chose et peut-être même la bonne femme aussi... (Gros bruit de chute d'un objet.)

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- (Il se met à crier.) Ah! non, non! Oh, là! là! mais qu'est-ce que c'est, une dame vient d'arriver par la fenêtre! — Oui, oui, c'est elle, elle est championne de trampoline aussi! - (Il reprend la voix de la vieille dame.) Mme Ledoux, championne de trampoline! - (Voix normale.) Bonjour, madame, mais asseyez-vous, je vous en prie. Mais vous avez fait un bond d'au moins 5 km pour arriver là. Allô, ben écoutez, je vous la passe. — (La vieille dame.) Alors voilà, je me suis mise sur le trampoline, et je suis arrivée sur la plage de La Palu et là j'ai trouvé mon chien chez le monsieur! — Mon Dieu, bon! — Et j'ai fait un bond de... Ça fait combien de distance jusqu'à La Palu? — Oh! 10 km au moins! — Oh! c'est pas possible, j'ai battu mon record! - (Elle hurle.) Bravooo!! Vous êtes championne, bon, allez récupé- rer votre chien! Au revoir madame! Au revoir.

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L e camping e t le révis ionnis te

— (Lafesse. Voix normale.) Bonjour monsieur, vous êtes le directeur du camping ? Bernard Delaplace, de l'émission < Trouvaille > sur Europe 1. Vous savez qu'on fait de grands débats contradictoires actuellement sur le tourisme en France et les problèmes touristiques de la saison. Nous avons actuellement dans nos studios, parmi nos invités, M. Robert Ledoux qui est maître de conférences à l'univer- sité de Lyon XVII et qui prépare cette université au BTS de tou- risme. C'est un écrivain révisionniste, vous savez ce que c'est? — Oui.

— Alors voilà, cette personne prétend qu'il n'y a jamais eu de cam- ping à Berck, est-ce que vous pouvez lui apporter la contradiction ? — Ah oui, bien sûr. — Bon, alors écoutez, vous êtes donc en direct sur Europe 1, je vais vous passer M. Robert Ledoux, écrivain révisionniste ! — Oui!

— (Voix de vieux.) Allô, bonjour monsieur, vous êtes le pseudo- directeur du camping? — Je ne suis pas le pseudo-directeur, je suis le directeur! — Qu'est-ce que c'est que cette affaire, monsieur? — Enfin, monsieur, vous connaissez Berck? — Je connais Berck, écoutez-moi, je suis enseignant, ça fait 30 ans que je m'occupe du tourisme en France et il n'y a jamais eu de cam- ping à Berck! — Bon, écoutez, monsieur, vous êtes révisionniste, on sait ce que c'est, à Berck vous avez douze campings-caravanings, monsieur! — Absolument faux, monsieur! (Méchant.) — Je m'excuse, monsieur, il y a douze campings! — Écoutez, monsieur, parmi les traités qui parlent du tourisme à Berck, connaissez-vous le guide Michelin? — Oui, monsieur! — Le Guide du routard? — Oui, monsieur! — Le Guide bleu? — Oui, monsieur! — Et je prends même le Maxi-routes d'Europe 1, nulle part il n'est fait mention de l'existence, à aucun moment de l'histoire de France, d'un terrain de camping à Berck!

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— Alors, là, je suis désolé, monsieur! Mais enfin, ce sont vos méthodes, on les connaît! — Non mais dites donc, monsieur, nous sommes des historiens! — Oui, oui des historiens bien sûr, on les connaît les historiens aussi ! Enfin moi, je vous maintiens, et ce sera bref, qu'il y a douze cam- pings à Berck! — Faux! Il n'y a jamais eu de camping... (Hurlant, tapant du poing sur la table.) — Enfin ça, monsieur, c'est votre problème, c'est que vous ne connaissez pas la région... — Monsieur, Berck, j'y suis allé faire des fouilles avec des amis! — Alors < L'International >, le < Miami >, < l'Alouette >, tout ça ce ne sont pas des campings? — Non, ce ne sont pas des campings, ce sont des sites désertiques, mais il n'y a jamais eu de terrains de camping à Berck! — Je viens de vous citer des noms de camping! — Monsieur, ce sont des noms qui ont été inventés de toutes pièces ! Pour servir les intérêts de qui on sait! (Hargneux.) — Bon, et alors, est-ce qu'il faut vous envoyer des photos, et pour- quoi alors je suis dans les guides? — Monsieur, vous n'êtes pas dans les guides ! Et vos photos sont des trucages, de la désinformation! — Oui, bien sûr, vous êtes lamentable! — (Le speaker reprend l'antenne.) Monsieur, Bernard Delaplace à l'appareil, il conviendrait quand même de ne pas semer trop de polémique, parce que vous savez, je pense, que ce débat doit garder un certain niveau! — (Le directeur.) Oui, mais alors là, je ne peux pas, alors vous pre- nez quelqu'un d'autre, parce que... — (Ledoux.) Vous êtes un déviationniste, monsieur! — (Le speaker.) Voyons, monsieur Ledoux! — (Le directeur.) Ah oui, d'accord, je vois, ça prend une mauvaise tournure tout de suite! — Alors en gros, monsieur, est-ce que vous avez une preuve qui pourrait effectivement montrer qu'il y a bel et bien des campings à Berck? — Évidemment, monsieur : on apparaît sur tous les guides, je peux vous envoyer un guide de Berck, un guide... — (Ledoux lui coupe la parole.) C'est faux, c'est absolument faux! Des montages éhontés! (Au bord de la crise d'hystérie.)

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— Des montages? Mais qu'est-ce que c'est que ce monsieur? — (Le speaker.) Eh bien, vous savez, c'est ce qu'on appelle un..., vous savez, le problème des révisionnistes! — Oh oui! — (Lafesse.) Bon, alors est-ce que vous auriez un campeur à côté de vous?

— (Ledoux.) Ce sont des comédiens, des figurants, il n'y a pas de campeurs à Berck! — (Le directeur du camping explique la situation à quelqu'un qui se trouve à côté de lui.) Monsieur Gilot, je suis en direct sur Europe 1 et il y a un révisionniste, là, qui soutient qu'il n'y a jamais eu de cam- ping à Berck. Alors, si vous voulez bien lui dire que vous êtes cam- peur... — (Ledoux.) Tenez, écoutez-les, eh ben voyons, allons-y, eh ben voyons! (Ricanant.) — Monsieur, vous connaissez le guide officiel du camping- caravaning 1990, Fédération française de camping-caravaning! — Menteur, menteur! (Agressif.) — Alors, dans le Pas-de-Calais, à Berck, vous avez le parc résidentiel de loisir La Freyney, le < Miami >, le camp de la Manche, < Cam- pilu >, etc. — (Ledoux essaie de lui couper la parole.) Menteur, menteur, dévia- tionniste! — Oui, c'est ça, je suis un menteur, alors, je vais vous passer M. Gilot qui campe actuellement au camping < Campilu » ! — C'est un traître, monsieur! — (M. Gilot, campeur.) Allô ? alors monsieur, je peux vous dire, en tant que campeur, que Berck est l'endroit sur ce littoral où il y a le plus de campings! — Quel mensonge! mais monsieur, vous êtes payé! — Comment ça, quel mensonge!? — Vous faites de la désinformation, c'est un mensonge historique, les auditeurs sont témoins! Vous êtes un traître! — Écoutez, monsieur, je ne sais pas qui vous êtes, mais vous êtes cer- tainement un branquignol, parce que moi je vous dis qu'il y a des campings, vous n'avez qu'à venir sur place de toute façon! — (Le speaker.) Allô, monsieur, Bernard Delaplace à l'appareil. Vous maintenez donc que vous êtes bel et bien campeur? — Bien sûr! — Monsieur, je vous remercie beaucoup et je vous souhaite une très bonne journée!

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— (Ledoux.) Eh ben, pas moi, hein! — Et nous retrouvons donc le directeur du camping < Campilu >. Qu'auriez-vous à dire en guise de conclusion? — Berck est une station touristique, nous avons douze campings!... — (Ledoux, hurlant.) Mensonge! — Monsieur Ledoux, laissez monsieur conclure, quand même! — Et c'est vérifiable en permanence! — (Hystérique.) Traître! — Monsieur, je vous souhaite une bonne journée, et merci de votre participation à l'émission < Trouvaille > ! — Au revoir, monsieur! — (Ledoux.) Ah! mon Dieu, pourquoi tant de haine!?

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L e m a r i a g e d u h a m s t e r

— (Lafesse. Voix de vieille.) Allô, bonjour madame, c'est la mairie du I I Je voudrais le service des mariages. — Oui, bonjour madame! — Mlle Ledoux à l'appareil. Je suis à Notre-Dame-des-Victoires avec le père Bernard et je lui explique que je voudrais épouser mon ami qui est à côté de moi et malheureusement j'ai oublié les papiers à la mairie! — Quels papiers vous avez oubliés? — Le certificat comme quoi vous étiez d'accord pour que j'épouse mon ami! — Comment s'appelle votre ami? — Joseph! — Et le nom de famille? — Il n'a pas de nom de famille, parce que c'est mon hamster à moi! — Pardon! — Oui, je le connais depuis deux ans et je suis donc encore une jeune fille parce que je n'ai jamais connu d'hommes de ma vie. — Alors vous souhaitez vous marier avec votre hamster? — Oui! — Alors, écoutez, avant de faire les papiers, je ne sais pas quoi vous dire, parce que c'est pas tout à fait prévu! — Attendez, je vous passe le père Bernard! — (Voix normale, il s'adresse à la demoiselle.) Merci, attendez-moi là, ma fille! (A l'employée de mairie.) Allô? Croyez-moi, je suis un peu désolé de vous appeler, mais... — Mon père, c'est grave, qu'est-ce qu'on va faire? — Là, je ne sais que faire! — Mon père, là, je suis très contrariée, c'est la première fois qu'on m'expose un problème de ce genre, attendez je vais vous passer le bureau du secrétaire général, ne quittez pas! — (Le curé, d'un ton très cérémonieux.) Je vous remercie! (Musique d'attente.) — Allô! — (Le curé.) Oui, bonjour monsieur, on vous a expliqué la situation? (L'employée de mairie explique la situation au secrétaire général.) — (Le curé.) Allô, vous m'entendez? Voilà ce que je vous propose,

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on va faire comme si j'étais d'accord, mais évidemment on ne fera pas de cérémonie à l'église, et vous de votre côté vous direz que vous consentez à son mariage et que pour faciliter les démarches on ne fait pas de papiers! Qu'en pensez-vous? — Vous savez, on ne peut pas faire ce genre de choses! — Oui, mais vous savez, elle est très euphorique! Attendez, je vais l'appeler ! (Il s'adresse à Mlle Ledoux.) Mademoiselle Ledoux, j'ai là les deux personnes de l'état civil à la mairie qui vont en même temps vous servir de témoins, je vais vous demander de vous approcher. — (Mlle Ledoux.) Allô? bon alors je sollicite de votre part l'auto- risation d'épouser mon ami Joseph! — (Le secrétaire général.) Écoutez, cette autorisation vous est accor- dée à titre exceptionnel avec l'accord du père Bernard. Donc, je vous demande si vous êtes d'accord pour épouser Joseph. — Oui. — Et Joseph est d'accord pour vous épouser? — Oui. — Bon, alors je vous déclare unis par les liens du mariage! — Je vous remercie beaucoup tous les deux, permettez-moi de vous embrasser, je peux parler à la dame? — (L'employée de mairie.) Oui, alors mademoiselle, enfin madame, puisque vous êtes unie par les liens du mariage, je vous félicite, je vous souhaite tous les vœux de bonheur que vous avez projetés jusqu'à ce jour, pour le meilleur et pour le pire, on vous souhaite tous nos vœux de bonheur avec Joseph! — Merci, et avec de nombreux enfants! — Ah, euh, ah, c'est-à-dire, ben euh, enfin... c'est un peu difficile, parce que... (gênée). J'espère que vos vœux s'exauceront! — Merci, on va partir en lune de miel, je vous passe le père Bernard ! — (Le curé.) Allô! — Mon père, moi je vois beaucoup de choses à la mairie, mais alors là! — C'est du sérieux! — Oh oui! (Écrasée sous le poids de la fatalité.)

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U n poulet violeur, des mangeurs de chiens, un assassinat de Schtroumpf, Nicolas Hulot coincé dans la cuvette des wc, des Compagnons de la Chanson partouzeurs, un archevêque fêtard, un exhibitionniste bavard, des lapins de gouttière et des chapeaux-méduses : voici le meilleur des fameux canu- lars de Jean-Yves Lafesse enfin rassemblés, interdits compris.

Francis Blanche et Pierre Desproges pas morts, Lafesse vit encore et nous livre aujourd'hui les gags les plus drôles qu'il ait enregistrés, tous rigoureusement authentiques.

Ce nouveau roi du canular c o m m e n ç a de t romper son monde dans les années 80 sur Carbone 14, puis sur Radio Nova. Enfin, il développa ses impostures téléphoniques sur Europe 1 où il sévit toujours quotidiennement.

Voici le livre d 'une décennie d' impostures, de véritables morceaux d'anthologie tour à tour absurdes, paillards, sur- réal is tes , mais t ou jou r s d 'une force comique de dix sur l'échelle de Richter...

Dissimulé derrière son micro, Lafesse fait prendre des ves- sies pour des lanternes et le pire, c'est qu'on se brûle !

(A consommer sans modération)

A V E R T I S S E M E N T

APRES L E C T U R E D E CE LIVRE, VOUS N E R É P O N D R E Z

PLUS JAMAIS AU T É L É P H O N E C O M M E AVANT

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