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« Petite prospérité, les classes moyennes en Afrique » est un projet initié et mené par Joan Bardeletti. En associant photographie d’auteur et travaux de recherche sociologique, l’enjeu était de tracer le profil d’une autre Afrique, celle d’un entre-deux oscillant entre richesse et pau- vreté. Au terme de deux ans de rencontres avec plus de soixante personnes dans cinq pays du continent, beaucoup de questions subsistent bien sur. Mais l’intelligence, l’énergie et l’ambition qui émanent de ces classes moyennes in- dique que, malgrè les difficultés, l’Afrique est à un tournant qui peut laisser présager des lendemains heureux. Ce projet a été rendu possible grâce au soutien du Ministère des Affaires Etrangères et Européennes (MAEE) ainsi que de l’Agence Française de Dé- veloppement (AFD). L’aide de Fujifillm, Afriqueinvisu, Picturetank et du Groupe Bel a été également précieuse. « Fragile wealth : African Middle Classes » is a project initiated and carried out by Joan Bardeletti. By com- bining auteur photography with sociological research, the goal was to draw up a profile of another Africa, one that is hovering between wealth and poverty. After two years of encounters with more than sixty people in five countries on the continent, there are, of course, many questions remaining. But the intelligence, energy and ambition that comes out of these middle classes in- dicates that, despite the difficulties, Africa is at a turning point which suggests a happier future. This project was made possible by the support of the MAEE and the AFD. The help of Fujifilm, Afriqueinvisu, Picturetank and Bel Group was invaluable. www.classesmoyennes-afrique.org [email protected]

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« Petite prospérité, les classes moyennes en Afrique »

est un projet initié et mené par Joan Bardeletti. En associant photographie d’auteur et travaux de recherche sociologique, l’enjeu était de tracer le profil d’une autre Afrique, celle d’un entre-deux oscillant entre richesse et pau-vreté. Au terme de deux ans de rencontres avec plus de soixante personnes dans cinq pays du continent, beaucoup de questions subsistent bien sur. Mais l’intelligence, l’énergie et l’ambition qui émanent de ces classes moyennes in-dique que, malgrè les difficultés, l’Afrique est à un tournant qui peut laisser présager des lendemains heureux. Ce projet a été rendu possible grâce au soutien du Ministère des Affaires Etrangères et Européennes (MAEE) ainsi que de l’Agence Française de Dé-veloppement (AFD). L’aide de Fujifillm, Afriqueinvisu, Picturetank et du Groupe Bel a été également précieuse.

« Fragile wealth : African Middle Classes »

is a project initiated and carried out by Joan Bardeletti. By com-bining auteur photography with sociological research, the goal was to draw up a profile of another Africa, one that is hovering between wealth and poverty. After two years of encounters with more than sixty people in five countries on the continent, there are, of course, many questions remaining. But the intelligence, energy and ambition that comes out of these middle classes in-dicates that, despite the difficulties, Africa is at a turning point which suggests a happier future. This project was made possible by the support of the MAEE and the AFD. The help of Fujifilm, Afriqueinvisu, Picturetank and Bel Group was invaluable.

www.classesmoyennes-afrique.orgjoan.bardeletti@classesmoyennes-afrique.org

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Des jeunes filles d’une école privée de Nairobi se font photographier au sommet de l’immeuble ICEA, le plus haut de la ville, pendant une visite scolaire.

Young high school girls from a private school of Nairobi get their picture taken at the top ICEA building, the tallest of the whole country, during a school trip.

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La moyenne est > une mesure statistique caractérisant les éléments d’un ensemble de quantités : elle exprime la grandeur qu’auraient chacun des membres de l’ensemble s’ils étaient tous identiques sans changer la dimension globale de l’ensemble > le quotient de la somme de quantités par leur nombre > chose, quantité qui se trouve à la moitié entre plusieurs choses

« Iwas born in the slum, but now I drink milk

every morning, plain milk; my daughter goes to a good school, I live in a 4 rooms appart-ment. When you talk about middle class here, it is only associated to money. But for me the middle class is associated to education.

Calvin, 45 years old, live and work in Mathare, a popular suburb of Nairobi, Kenya

« Je suis né dans un bidonville mais maintenant je bois du lait chaque matin ; du lait entier. ma fille fréquente une bonne école et mon appartement a 4 chambres. Quand on parle des classes moyennes ici c’est surtout associé à l’argent. Mais pour moi, c’est surtout une question d’éducation. »

Calvin, 45 ans, vit et travaille à Mathare, une banlieue de Nairobi, Kenya

L a classe moyenne c’est vraiment la vie des combattants. Ils sont vigilants, dépensent peu et travaillent beaucoup. Mais aujourd’hui il y a surtout l’esprit de la fonction. Tu vois le boule-vard là-dessous ? Chaque jour il y a des mani-festations. Mais ils manifestent pour avoir une chaise, une fonction…

Karim, 30 ans, vient d’ouvrir son cabinet comptable à Rabat, Maroc

“ Middle class life is a daily fight; they are careful, spend little and work a lot. But now people are obssesed with a position. You see that avenue over there? Every day there are demonstrations on it, but they are demonstrating to get a chair, a position… ”

Karim, 30 years old, just started his accounting business in Rabat, Morocco

«

Q uand je vois par rapport aux autres, je me dis que je suis dans la classe moyenne. Mais quand je m’arrête et que je regarde ma situation per-sonnelle, quelque fois, je me dis que je suis parmi les pauvres. Au départ, on pensait que c’était en travaillant dans un bureau qu’on pouvait réussir, mais aujourd’hui les PME rap-portent plus que le bureau. Les fonctionnaires sont payés 150 euros par mois, mais avec ma PME je fais quand même plus que cela !

Kadie, étudiante et mère de famille, emploie 2 personnes dans son cyber-café à Abidjan , Côte d’Ivoire

“ When I compare myself to others I realise that I am middle class. But when I stop and look at my professional situation, I sometimes think that I am amongst the poor. To start with, we thought we’d succeed by working in an office, but to-day we make more money setting up a small company than working in an office. Civil servants earn about 150 euros a month, but I still make more than that ! ”

Kadie, a student and a mum, employs 2 persons in her cyber coffee in Abidjan, Ivory Coast

Moyenne arithmétique

Moyen-nes

Middle, medium, average

=Moyenne harmonique

« y ‘a toujours moyen de moyenner ! »

intermédiaire, médian, peut aussi signifier médiocre, négligeable

expression

Les classes moyennes africaines sont les personnes qui disposent d’une somme qu’ils peuvent choisir de dépenser,

ou non, une fois qu’ils ont satisfait à leurs besoins essentiels. Cette petite prospérité demeure très modeste mais permet

de sortir de la précarité, d’éviter la peur du lendemain et d’envisager des investissements dans le futur.

The African Middle Class is made up of people who have a sum of money at their disposal that they can choose, or not, to spend once they have met their

basic daily needs. This fragile wealth remains modest but enables people to leave poverty behind, to no longer be afraid of their day-to-day situation

and to even think about investing into their future.

x = xi i = 1

1n

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x = xi 1

ni = 1

�n

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Ousmane a 44 ans et travaille comme chauffeur dans un institut étranger à Nairobi. Il a grandi dans un bidonville, travaillé comme caddie dans un golf et il s’est fait embauché par un de ses clients étran-gers. Son salaire n’est pas très important mais l’as-surance maladie proposé par son entreprise est très intéressante. Il vit dans un immeuble du bidonville et tous les lundi matin va jouer au golf pour revoir ses amis caddies. Divorcé, il s’est remarié et sa fem-me travaille à Tripoli. Musulman pratiquant, il a inscrit son fils dans une école privée en dehors du bidonville mais il revient chaque soir pour assister à l’école coranique.

Ousmane is 44 years old and works as a chauffeur for a foreign institute in Nairobi. He grew up in a slum, wor-ked as a caddie at a golf course and was given a job by one of his foreign clients. His salary isn’t very high, but the health insurance offered by his company makes it wor-thwhile. He lives in an apartment building in the slum and every Monday morning goes to play golf so he can see his ex-colleagues at the course. He is a divorcee who has remarried and his wife works in Tripoli. They are both practising muslims and his son is enrolled in a private school outside the slum. He comes back to the teh slum every evening to attend a madrasah.

Les journées de Sally sont bien remplies. Gérante d’un restaurant chinois haut de gamme dans le cen-tre ville de Nairobi, elle commence sa journée à 6 h avec un petit footing et étudie une partie de la nuit en rentrant du travail. En effet, elle estime que son job actuel ne propose aucune perspective et souhai-terait obtenir un diplôme lui permettant de travailler pour les ONG. Elle a acheté il y a 5 ans son apparte-ment dans une résidence gardée car elle se sent plus en sécurité quand elle rentre tard en voiture.

Sally’s days are tought. She manages an up-market Chinese restaurant in the centre of Nairobi, starting her day with a run at 6am as well as studying for part of the night when she gets back from work . She doesn’t think her current job offers any prospects and wants to obtain a diploma that would enable her to work for an NGO. She bought an apartment in a gated community 5 years ago as she feel safer there when she comes home late at night.

Albert est journaliste et rédacteur en chef d’une chaine télévisée et radiophonique. Il gagne environ 450 euros par mois et travaille depuis quelques temps comme consultant sur une radio privée. Dernier né d’une fa-mille de six enfants avec des parents instituteurs dans la campagne camerounaise, il est trentenaire et céli-bataire. A son sens il travaille trop en ce moment pour avoir une chance de trouver quelqu’un, mais chaque chose en son temps. Chaque semaine il cotise dans une tontine et retrouve les autres membres dans un bar pour discuter s’amuser et se faire un réseau. Difficile en tout cas de discuter avec lui sans qu’il ne regarde son télé-phone portable qu’il tripote en permanence.

Albert is both a journalist and editor for a tv and radio station. He earns around 450 euros a month and has re-cently started working as a consultant for a private radio station. He is the youngest of 6 children whose parents are teachers from the Cameroon countryside, is in his 30s and single. He feels his working hours are too long at the moment to meet someone, but everything in its own time. Every week he contributes to a tontine and meets up with other members in a bar to chat, have fun and build a network. It is hard to talk to him as he is always fiddling with his mobile phone.

Lazaro transpire a grosses gouttes. 3 fois par semaine il va dans une salle de sport avant sa journée de tra-vail car sa femme lui a dit qu’il avait pris du poids. Après avoir travaillé pendant 20 ans comme fonc-tionnaire au Mozambique, il a lancé son entreprise il y a quelques années. Il construit des réservoirs et adductions d’eau dans les banlieues tentaculaires de Maputo. Il habite avec sa femme et ses 3 enfants dans la même maison depuis toujours, qu’il a pu ré-cemment rénover. Aujourd’hui ses tuyaux alimen-tent 500 familles en eau.

Lazaro is sweating profusely. He goes to a gym three ti-mes a week before work as his wife told him he had put on weight. After having worked as a civil servant for 20 years in Mozambique, he set up his own company a few years ago. He builds reservoirs and water conveyances in the sprawling suburbs of Maputo. He has always lived in the house that he shares with his wife and 3 children. He has recently been able to renovate it. His water pipes provide 500 families with water.

Driss dirige une entreprise de carrelage. Dans une ville dortoire proche de Rabat, il a maintenant 2 ma-gasins mais la récente crise mondiale a mis a mal ses finances et les retards de paiement se multiplient. Il utilise les chutes pour recarreler la terasse sur le toit de la maison de 2 étages qu’il a fait construire en s’installant ici. En attendant chaque soir, il part à 18h, passe chercher ses deux enfants en voiture à l’école et les ramene à la maison, se change et file au stade. Là, depuis 20 ans maintenant il entraîne les équipes de jeunes en football. Il a même participé à un tour-noi international en Suède. Mais là bas, quel froid...

Driss runs a tiles selling company. In a far suburb of Rabat, he now owns 2 stores but the recent financial crisis affected his business and payment delays are getting numerous. He used the offcuts for the flat roof of the 2 stories house he built when he arrived here. Every day at 6pm precisely, he lives work, takes his 2 children at school with his car, get back home, change, and goes to the stadium. There, for 20 years now, he teaches kids to play football. One of his team even went to an international tournament in Sweden; but there it was so cold....

ILs sont dAns L’entre

deux they Are In-between

Entre richesse et pauvreté

bien sûr, mais également entre

modernité occidentale et tradition

africaine sans renier aucune et

souvent entre marché formel et

informel pour leur emploi comme

pour leur shopping.

Par le biais d’une coopérative, Saad, jeune profes-seur d’économie de 30 ans, vient d’investire ses éco-nomies dans l’achat de 100 m2 de terrain en lointai-ne banlieue de Rabat. il contemple une prairie d’où emergera bientôt un nouveau quartier d’habitation et son appartement. Il partage aujourd’hui ses se-maines entre Rabat où il habite, Casablanca où il étudie en master et Taounate, petite ville du Riff où il est professeur au collège trois jours par semaine et s’y ennuie assez.

Thanks to a tontine, Saad, a 30 years old economy tea-cher just invested his savings into a 100 m2 piece of land. It is now just grass but will soon host a new area of fast spreading Rabat. Today he lives between Rabat, Casablanca where he study to get a Master in Economy and Taounate, a small city of the Riff, where he teaches 3 days a week and very often get bored.

Roquea est une dynamique maman de 2 enfants. Il y a 3 ans, grâce à un microcrédit d’une banque locale, elle a monté un restaurant très prisé par les chauffeurs de bus. Pas grand chose : deux batiments en bois, une cuisine traditionnelle mais très bien placé et mené d’une main de fer. Cette réussite lui a permis de faire bâtir une maison en dur à l’emplacement même de son ancienne case en palme. 3 chambres, un grand salon, un garage qui sert en plus de stockage pour le restaurant.

Roquea is a dynamic mum of 2 children. 3 years ago, thanks to a microcredit from a local bank, she started a restaurant now overcrowded by bus drivers. Nothing much: two buildings in wood and steel, a traditional cooking, but in the perfect spot and run with deter-mination. Thanks to it, she was able to replace her traditional home made of palm by a large concrete house with 3 rooms and a garage that she also uses as storage.

SallyAlbert Saad Driss

Roquea Lazaro

Peu d’enFAnts

Few ChILdren

2 ou 3 enfants au plus alors que les moyennes

nationales de ces pays sont plutôt autour de 6.

Ils n’en n’ont pas plus car ils ont conscience

de leur moyens limités et veulent leur offrir la

meilleure éducation possible.

Kadie a 32 ans et un enfant qu’élève ses parents. Elle est en DEA de sociologie à l’université d’Abid-jan. Elle a crée il y a quelques années un cybercafé et un centre de traitement de texte en y investissant sa bourse d’étude de 1000 $. Informelle, cette activité génère pourtant plus de revenu que son futur salaire de conseillère d’orientation. Mais devenir fonction-naire c’est quand même la sécurité et puis cela lui permettrait de s’installer avec son fiancé dans une maison et de quitter la petite chambre de résidence universitaire où elle vit encore.

Kadie is 32 years old and has a child that her parents are bringing up. She has a Master of Advanced Studies in Sociology from Abidjan University. A few years ago she set up a cyber café and word processing centre by investing the 1000$ of her student grant. It is an in-formal arrangement that nevertheless generates more revenue than her future job as a careers advisor. But becoming a civil servant means job security, and would allow her to set up home with her fiancé, and leave the small room at the university where she still lives.

Mme Coulibaly est l’ainée d’une famille de 20 frères et sœurs. Aujourd’hui, à 33 ans, mariée avec 4 enfants, elle travaille comme chargée de clientèle à Abidjan pour une société de téléphonie après avoir passé un BTS. La hausse du prix des produits alimentaires l’a touchée durement et ses revenus (500 $/mois) encore insuffisants l’ont conduit à déménager pour une maison plus petite en prenant un crédit. Elle peste de voir partir un quart de son salaire en im-pôts chaque mois alors que les routes ne sont même pas refaite. Avec un peu plus de temps, elle pourrait lancer une activité parallèle comme la vente de ma-tériel informatique.

Mrs Coulibaly is the oldest of 20 brothers and sisters. She is 33 years old, married with 4 children and works as head of client relations for a phone company in Abidjan, having finished an HND. The increase in cost of food has affected her heavily, and her insufficient income (500$/month) means she had to take out a mortgage and move to a smaller house. She complains about the fact that a quarter of her salary goes out in taxes every month while the roads still haven’t been repaired. With a little more free time she could set up a parallel source of income such as selling computer hardware.

Kadie OusmaneMme Coulibaly

Few ChILdren : 2 or 3 at most where national averages are around 6. They don’t have any more as they are conscious of their limited incomes and want to offer their children the best. CIty dweLLers : they are nearly all city dwellers whereas 65 % of the African population still lives in rural areas. They often come from families who live in the country and came to the city to study but the price of house rent downtown is very high for them now.the IMPortAnCe oF eduCAtIon : they nearly always have the equivalent of ‘A’ levels; often thanks to sacrifices made by parents or siblings. Their child’s education is a priority and is often the biggest expense along with housing, (up to a third of their revenue).they work, And rIsk A Lot : doubling up jobs (civil service and private sector) ; taking out loans to move or invest; setting up small companies in the private sector. Smart, they multiply the initiatives to find a way to maintain their way of life.they do not wAnt to eMIgrAte and think themselves lucky to be able to build a good life in their own country which provides opportunities despite the difficulties. they Are In-between : sure, between wealth and poverty but also between westernl modernity and african tradition without prefering any of the two and very often between black and formal markets for their incomes and their shopping activities.

ILs trAvAILLent et rIsQuent beAuCouPthey work, And rIsk ALotDouble emplois (fonctionnaire et privés) ; recours au crédit

pour déménager ou investir ; lancement dans le secteur

privé comme petit entrepreneur… Inventifs, ils multiplient

les initiatives pour maintenir leur niveau de vie.

ILs ne veuLent PAs éMIgrer

they do not wAnt to eMIgrAte

Ils estiment avoir une chance de se construire

une belle vie dans leur pays, espace

d’opportunités malgré les difficultés.

IMPortAnCe de

L’éduCAtIon

the IMPortAnCe oF

eduCAtIon

Ils ont en général au moins

l’équivalent du bac ; souvent grâce

au sacrifice des parents ou

d’un frère ou une sœur.

L’éducation de leur enfant est

une priorité et souvent, avec le

logement le premier poste de

dépense ( jusqu’à 1/3 des revenus).

CItAdInsCIty dweLLers Ils le sont presque tous car l’emploi est

en ville alors que 65 % de la population

africaine est encore aujourd’hui rurale.

Le plus souvent issus de la campagne,

ils se sont installés en ville pour leurs

études. Mais le prix des logements en

centre ville grève leur budget.

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Dans le salon de Charles, homme politique camerounais d’une quarantaine d’année. Son père lit le journal pendant que son fils regarde la télévision. Charles cultive un franc parler le conduisant à dénoncer les dérives du gouvernement... tout en en faisant partie. Propriétaire de différents terrains, il se revendique de la classe moyenne, mais il est difficile d’évaluer le montant de ses revenus (Yaoundé).

In Charles living room, a politician in his forties. His father is here reading the newspaper while his son is watching TV. Well known as a straight talker, he denounces the worst driftings of the government... he is part of. Small land owner, he says he is part of the middle class, but eventhough he does not show off, it is quite hard to exactly define his earnings.

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AL

L

Anicet is 25 years old and a pastry chef who works from home in Abdijan, Ivory Coast. He mainly works at weekends for weddings and makes ends meet by giving European cooking lessons. Kenjo is 35 years old and a barber in a village in Cameroon. He opened his salon with the 458 euros he made by playing football in a second division club for two years before injuring his knee. He also works as an electrician when the salon isn’t busy.

Anicet and Kenjo’s existence doesn’t come as a suprise : we know, or can imagine, that there are pastry chefs and barbers in Cameroon. And yet, they embody a new phenomenon, the emergence of a social class that has been invisible or ignored in Africa until now : the middle class. A class whose importance represents a new phe-nomenon in the history of the world : Africa’s great economic leap forward.

Why should we be surprised ? Because western media often only portrays two types of African : the poor, easy prey to epidemics, war or famine, and the wealthy, either dictators or oligarchs, who pour their ill-gained fortunes into villas on the French Riviera or Swiss bank accounts. Researchers have also concentrated on this image. They have mainly studied Africa through the prism of its curses : AIDS, ethnic conflict, desertification, social inequality, illegal emigration, plundering of resources (…)

How many people actually make up this African Middle Classes ? In the absence of census figures for this disparate population, made up of employees, white collar workers, civil servants, small entrepreneurs, the photographer Joan Bardeletti, and a group of researchers from Bordeaux University in France have studied 5 countries in detail. A surprising sample group has come out of their research, consisting of a Kenyan shantytown inhabitant who is now part of the « middle classes » and plays golf in the afternoon ; the head of a primary school in Cameroon who doubles his income by rearing pigs, chickens, quails and keeping bees ; the head of HR in a security firm in Maputo who argues with his wife because he wants to educate his children the western way ; a student of ethno-sociology in Abidjan who is comforta-bly off thanks to two phone booths she owns etc. Individuals who, it would seem, owe their survival to their own income and not to bank transfers from a family member abroad. Destinies that appear ordinary on the surface, but are in fact extraordinary, simply because they are in Africa.

The figures however remain a headache. Firstly, because most African countries don’t have efficient statistics institutes. Secondly because the figures looked at by themselves are meaningless : officially, the average income in Nigeria is 260$ per person, but if a calculation taking into account spending power is made, that sum rises to 1,220$. Finally, because the part played by the informal economy (illegal and cash in hand work etc) is not taken into account by official organisations such as the World Bank. « And yet, explains Dominique Darbon who heads the team of researchers from Bordeaux, most members of the middle class earn their income from informal sources » (…) In Africa if you have 100$ to spend, you can buy four or five times as much on the grey market (second-hand, stolen, rotten, unofficial, forged, Chinese products etc) than if you go into a supermarket where branded merchandise in its original packaging and usually imported, has been cor-rectly taxed with duty and local sales tax.

The World Bank established a definition of the « global middle class » in 2007 which is based, taking into account equal spending power, on the average income in Brazil and Italy, ie respectively 4000$ and 17,000$ per year and per person(…) Anicet and Kanjo are not amongst them. They are even living below the American poverty line (13$/day). Anicet makes about 320$ dollars a month in cake sales in a good month, 100$ when things are bad, and makes 80$ a month on the lessons he gives. With a bit of luck he will manage to make more than 4000$ a year, but also provides for two friends with no income (…)

Investors are already rubbing their hands. More Africans means more consumers. In 2040 this could mean an annual market of more than 1,700 billion dollars. For several years a large part of the funds placed in Africa have been aimed at the middle classes : breweries in Uganda, recreational parks in Kenya, medical centres in Ghana, supermarkets in Tanzania and, more or less everywhere, car washes, DVD shops, insurance companies, bank services, fast-food restaurants, private schools and television programmes. « Sales of televisions have rocketed says British economist Cornelia Ferguson, but there aren’t enough African tv programmes being produced ». This should ensure a brilliant future for Nollywood, the Nigerian film industry which, with the 2000 films it produces annually already produces more than Bollywood, its Indian competitor, and Hollywood combined. It is the same in the mobile phone market : in 2007, 264.5 million Africans were using a mobile phone network, compared to only 51.5 million in 2003. For the French researcher Annie Chéneau-Loquay, specialised in communications in Africa, this is the largest single increase in the world ! (…)

In Ivory Coast, Anicet dreams of opening large cake shops, one in Abidjan and another in Burkina Faso, the country he was born in. In Cameroon, Kenjo sees himself being the director of an electricity company one day. Projects for the future which illustrate the vitality of Africa.

Extract from an article by Serge Michel published in ‘Géo’ in November 2010

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Anicet, 25 ans, est pâtissier à domicile à Abidjan, Côte-d’Ivoire. Il travaille surtout les week-ends, pour les mariages, et arrondit ses fins de mois en donnant des cours de cuisine européenne. Kenjo, 35 ans, est barbier dans un village du Cameroun. Il a ouvert son salon avec les 458 euros reçus d’un club de football de seconde division pour lequel il a joué deux ans avant de se blesser au genou. Il propose aussi ses services d’électricien dans les heures creuses de son salon.

L’existence d’Anicet et de Kenjo n’est pas une surprise : on sait, ou l’on devine, qu’il y a des pâtissiers en Côte d’Ivoire et des barbiers au Cameroun. Et pourtant, ils incarnent à eux deux un phénomène nouveau, l’émergence d’une catégorie sociale jusqu’à présent invisible ou ignorée en Afrique : les classes moyennes. Une classe sociale dont l’importance traduit un phénomène nouveau dans l’histoire du monde : le grand bond en avant économique de l’Afrique. Pourquoi faudrait-il s’en étonner ? Parce que les médias occidentaux ne font trop souvent état que de deux types d’Africains : les pauvres, en proie aux épidémies, aux guerres ou aux famines, et les riches, dictateurs ou oligarques, qui engloutissent dans des villas de la côte d’Azur ou des comptes en Suisse leurs fortunes mal acquises. Les chercheurs ont longtemps souffert du même travers. Ils ont surtout étudié l’Afrique par le prisme de ses fléaux : sida, rivalités ethniques, désertification, inégalités sociales, émigration clan-destine, pillage des ressources (…)Combien sont-elles exactement en Afrique ces classes moyennes ? À défaut de recenser cette population disparate, composée d’em-ployés, de cadres, de fonctionnaires, de petits entrepreneurs, le photographe Joan Bardeletti et un groupe de chercheurs de l’uni-versité de Bordeaux ont étudié à la loupe cinq pays. De leur enquête, il ressort un panel étonnant, qui comprend un habitant de bidonville au Kenya peut désormais faire partie de la « classe moyenne » et jouer au golf l’après-midi ; un directeur d’école primaire au Cameroun qui double son salaire en élevant des porcs, des poulets, des cailles et des abeilles ; un chef des ressources humaines dans une entreprise de vigiles à Maputo qui se dispute avec sa femme parce qu’il souhaite éduquer ses enfants « à l’occidentale » ; une étudiante en ethno-sociologie d’Abidjan qui vit confortablement grâce à deux cabines de téléphonie… Autant d’individus qui, semble-t-il, doivent leur subsistance à leur revenus propres et non aux transferts d’argent d’un parent émigré. Des destinées en ap-parence ordinaires mais en vérité extraordinaires, simplement parce que l’on est en Afrique.

Les chiffres, eux, restent un casse-tête. D’abord, parce que la plupart des pays africains sont dépourvus d’un appareil statistique efficace. Ensuite, parce que les sommes en termes bruts ne veulent rien dire : officiellement, le revenu moyen au Nigeria est ainsi de 260 dollars par tête, mais si l’on applique un calcul qui tient compte du pouvoir d’achat, on atteint l’équivalent de 1 220 dollars. Enfin, parce que la part de l’économie informelle (travail au noir, commerce illicite…) n’est pas prise en compte par des organismes comme la Banque Mondiale. « Or, explique Dominique Darbon, le politologue à la tête de l’équipe de chercheurs bordelais, l’essentiel des classes moyennes tire ses revenus en totalité ou en partie du secteur informel ». (…). En Afrique, si l’on a 100 dollars à dépenser, on peut acquérir quatre à cinq fois plus de marchandises sur le marché gris (produits usagés, volés, avariés, non déclarés, contrefaits, chinois…) que si l’on entre dans un supermarché dont les marchandises, de marque, dans leur emballage d’origine et le plus souvent importées, ont été dûment taxées par les douanes ou la TVA locale.La Banque Mondiale a mis en place en 2007 une définition de la « classe moyenne globale » qui se base, à parité de pouvoir d’achat, sur le salaire médian de l’Italie et du Brésil, c’est-à-dire respectivement 4 000 et 17 000 dollars par an et par personne. (…) Anicet et Kenjo n’en font pas partie. Ils sont même au-dessous du seuil de pauvreté selon les critères américains (13 dollars par jour). Anicet vend pour 320 dollars de gâteaux par mois quand les affaires sont bonnes, 100 quand elles ne le sont pas, et perçoit environ 80 dollars mensuels de ses cours de cuisine. Avec un peu de chance, il franchira la barre des 4 000 dollars par an, mais il a aussi à charge deux amis sans revenus (…)

Déjà, les investisseurs se frottent les mains. Car plus d’Africains, c’est plus de consommateurs. Un marché annuel de plus de 1 700 milliards de dollars à l’horizon 2040. Depuis quelques années, une grande partie des fonds placés sur le continent ciblent les classes moyennes : brasseries de bière en Ouganda, parcs récréatifs au Kenya, centres médicaux au Ghana, supermarchés en Tanzanie et, un peu partout, des laveries de voiture et des boutiques de DVD, des compagnies d’assurances et des services bancaires, des chaînes de fast-food, des écoles privées ou des programmes de télévision. « Les ventes de téléviseurs ont explosé, note l’économiste britannique Cornelie Ferguson, mais il n’y a pas assez de contenu africain pour le continent ». Voilà qui promet un brillant avenir à Nollywood, l’industrie nigériane de cinéma et de télévision qui, avec deux mille films par an, produit déjà plus que Bollywood, son concurrent indien, et Hollywood réunis. Idem pour la téléphonie mobile : en 2007, 264,5 millions d’Africains étaient abonnés à un réseau de té-léphone portable, contre seulement 51,4 millions en 2003. Pour la chercheuse française Annie Chéneau-Loquay, spécialisée dans le domaine des communications en Afrique, cela représente la plus forte progression sur terre ! (…)

Anicet, en Côte-d’Ivoire, rêve d’ouvrir deux grandes pâtisseries, une à Abidjan et une autre au Burkina-Faso, son pays d’origine. Kenjo, au Cameroun, se voit un jour patron d’une entreprise d’électricité. Des projets d’avenir qui illustrent, la vitalité de l’Afrique.

Extrait d’un article de Serge Michel publié par Géo en Novembre 2010

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l’Afrique vient de dépasser le milliards d’habitants.

Son PIB a doublé entre 1990 et 2010 pet dépasse aujourd’hui les 1600 milliards de $.L’Afrique sub saharienne qui ne comptait aucune ville de plus

de un million d’habitants en 1940, en affiche 38 aujourd’hui. 50 % de la population sera ur-baine en 2030. En 2007 seul 2 % des africains avaient accès aux télécommunications moder-nes, ils sont plus de 37 % en 2008, légèrement en dessous de la Chine et de l’Inde. En 2003, 51 millions d africains avaient accès à un telepho-ne portable. Ils sont 265 millions aujourd’hui.

Mais plus de la moitié d’entre eux n’ont pas accès à l’électricité et seul 63 % bénéficie d’un accès aisé à l’eau potable.

L ’AFrIQue Aujourd’huI

AFrICA todAy

Africa now has over a billion inhabitants.

Its GDP has doubled between 1990 and 2010 and is over 1600 billion dollars. Sub-saharan Africa, which had no city with a po-pulation over one million in 1940, now has 38. By 2030, 50% of the population will be city dwellers. In 2007, only 2% of Africans had access to modern telecommunications, by 2008 more than 37% did, slightly more than China and India. In 2003, 51 million inhabitants had access to a mobile phone. There are now 265 million users.

But more than half the popluation still don’t have electricty and only 63% have easy access to drinking water.

> Du fait du déclin des classes moyen-nes et leur paupérisation depuis les années 1970 aux Etats-Unis tout d’abord puis dans l’ensemble de l’Eu-rope occidentale : débattre du déclin des classes moyennes dans le monde développé c’est alors s’interroger à la fois sur les effets économiques de la globalisation et de la libéralisation ; sur les mutations du contrat social et l’affaiblissement du tissu social ; et sur le basculement du centre de gravité du monde vers les pays émergents.

PourQuoI s’Intéresser

Aujourd’huI Aux CLAsses Moyennes dAns

Les PAys éMergents ?

why showIng now An Interest In deveLoPIng CountrIes’ MIddLe CLAsses?

L’Afrique compte aujourd’hui 38 villes de plus d’un million

d’habitants.

Vers une « moyennisation » de la société mondiale

via une paupérisation des classes moyennes des

pays développés et leur croissance dans les pays

émargeants ?

LA dIFFérenCe entre CLAsse Moyenne gLobALe (ou MondIALe) et CLAsses Moyennes AFrICAInes

the dIFFerenCe between the gLobAL MIddLe CLAss (gMC) And the AFrICAn MIddLe CLAsses (AMC)

LA CLASSE MOYENNE MONDIALE (CMG) Appartiennent à la Classe moyenne Globale les foyers avec un revenu compris entre 5000 (salaire médian brésilien) et 17 000$ (salaire médian italien) : 29 % de la population en 2000 ; 40 % en 2020.la CMG se concentrera surtout dans les pays émergents : à 93 % en 2030 contre 56 % en 2007. La Chine et l’Inde comptent pour plus des 2/3 de cette population. Elle comptera 1,2 milliards de personnes d’ici 2030. Seul une infime partie des africains (43 millions de personnes ) en feront partie.Certains en ont une vision utopique : « La classe moyenne est constituée de gens ordinaires, qui parfois risquent leur bétail pour acheter des actions en bourse, qui flambent et as-pirent à devenir la plaque tournante régionale, pendant que s’étendent la pauvreté et les bidonvilles autour de ville. »

James Shikwati, 2007.

LES CLASSES MOYENNES AFRICAINES (CMA) Ce sont les africains avec un revenu compris entre 2 à 13 dollars par jour. Ils représentent 117,5 millions de personnes (22,8 % de la population) en 1990 et 197,1 millions en 2005 (25,8 %), soit une croissance de 6,5 %. Ils ont réglé leur problème de survie. Ils sont enseignants, infirmiers, petits commerçants, salariés du privé... Ils songent à l’amélioration de leur confort et s’offrent de l’électroni-

que grand public, envoient leurs enfants à l’école privée, agran-dissent leur maison et ont pour la plupart un deuxième boulot, informel. Pour qualifier cette strate sociale, les chercheurs par-lent de « la petite prospérité ».

N’oublions pas que en septem-bre 2010 les émeutes de la faim ont fait plus de 10 morts au Mo-zambique, un pays qui affiche une croissance supérieures à 8 %/an mais où 65 % de la population est sous le seuil de pauvreté.

GMCMembers of the GMC are households whose annual income ranges from 5000$ (the average Brazilian salary) to 17,000$ (the average Italian salary) : this was 29% of the population in 2000 ; 40% in 2020 with the GMC mainly being concentrated in developing countries : with 93% in 2030 compared to 56% in 2007. India and China count for more than 2/3 of this population. It will be 1.2 billion people in 2030. Only a slim section of the African population will be part of it (43 million people). Some have a utopist vision : « The middle class is made up of ordi-nary people, who sometimes risk losing their livestock to buy shares on the stock exchange, who are blowing money and hope to become a regional hub, while poverty and slums spread around the city ».

James Shikwati, 2007.

AMCThese are Africans whose income is between 2 and 13$/day. There were 117.5 million of them (22.8% of the population) in 1990 and 197.1 million in 2005 (25.8%), a growth of 6.5%. It is no longer just a question of survival for them. They are teachers, nurses, small business holders, private sector employees etc. They want to improve their lifestyle and buy consumer electronic goods, send their children to private school, extend their house and nearly all have a second informal source of income. To give a name to this section of society, researchers speak about ‘fragile wealth’.However these people are living below the American poverty line (13$/day) and do not have easy access to global benefits such as foreign holidays, dental care, Masters degrees etc.

We must not forget that in September 2010, hunger riots killed 10 people in Mozambique, a country whose annual growth is more than 8%, but where 65% of the population lives below the poverty line.

Cependant, ces personnes sont sous le seuil de pauvreté

américain (13 $/jour) et ne peuvent accéder aisément à des biens globalisés

comme les voyages à l’étranger, les soins

dentaires, les masters universitaires…

«La pression sur les revenus engendre « la précari-sation des solidarités communautaires », qui prend forme à travers une individualisation ou une nu-cléarisation des ménages essentiellement autour de la chose alimentaire. Dans les milieux pauvres, la tendance est à la mise en commun des faibles res-sources pour affronter les incertitudes alimentaires. Pour les classes moyennes en revanche, l’expression collective des difficultés à joindre les deux bouts et l’idée socialement de plus en plus partagée du « poids de plus en plus insupportable de la famille » tendent à modifier les règles de solidarité. » Alain Marie

L’éMergenCe de Ces CLAsses

Moyennes AFrICAInes InduIsent

des ChAngeMent CuLtureLs

the eMergenCe oF the AFrICAn MIddLe CLAsses brIngs CuLturAL ChAnge

Par ailleurs, le diabète a augmenté de plus de 30 % dans certains pays africains du fait des effets de la diffusion de la société de consommation et avec elle de nouvelles pratiques alimentaires, de l’urbanisation et de l’obésité.

« Pressure on income leads to the ‘weake-ning of community solidarity’, whose result is individualisation, or the family focussing essentially on food issues. In poor areas, the tendency is to pool resources in order to face food uncertainties. For the middle classes, on the other hand, the collective ex-pression of difficulty in making ends meet, and the idea that is socially shared more and more of ‘the increasingly unbearable weight of the family’ tends to alter the rules of solidarity ». Alain Marie

In addition, cases of diabetes have risen to more than 30% in some African countries due to the spread of a consumer society and the new feeding habits, urbanisation and obesity that come with it.

> D’autre part, la montée en puissance dans les pays émergents de « classes moyennes » témoignerait de l’enrichis-sement rapide de ces pays et de parties massives de leur population et porterait en germe la stabilité politique et la « dé-mocratisation » à terme de leurs régi-mes. Les cas chinois, indiens, mexicain, brésilien et, pour l’Afrique, sud-africain ne cessent d’être convoqués pour vali-der ces mutations et le recentrage du monde sur l’axe asiatique Inde-Chine. Mais est ce vraiment si simple ?

> Enfin, la réduction de la pauvreté via la globa-lisation se traduirait par un enrichissement et des changements planétaires et donc une «moyenni-sation» de la société mondiale par le biais de la création d’une « Global middle class ». Selon cer-tains, assez utopistes, elle serait composée d’hu-mains baignant dans le bienfaits de la société de consommation, fortement internationalisés, et à ce titre friands du mode de vie et de la gouvernan-ce démocratique occidental, comme ne cessent de l’illustrer les magazines écrits ou électroniques (source: The Economist, 2009).

> Due to the decline in the middle classes and their pauperisation since the 1970s, in the States to start with and then throughout western Europe : discussing the decline of the middle classes in the developed world raises questions about the economic effects of globalisation and liberalisation ; about changes in the social contract and the wea-kening of social fabric ; about the swing of the global centre of gravity towards deve-loping countries.

> Moreover rapid growth, in emerging countries, of the « middle classes » seems to bear witness to the rapid enrichment of large parts of its population and sows the long-term seeds of political stability and the ‘democratisation’, of their regimes. The case of China, India, Mexico, Brazil and South Africa is continually referred to in order to lend creedence to these changes and the fact that the Indo-Chinese axis is now of central importance. But will it be that simple?

Decline of middle classes in western coun-tries and its uprise in developping countries: is the world society «middleing» ?

> Finally, reducing poverty, which is linked to globalisa-tion, also leads to global enrichment, planetary change and a levelling of global society through the creation of a global middle class. According to some, relatively utopist in view, this global middle class is wallowing in the bene-fits of a stongly international consumer society and, due to this, is partial to the way of life and government of western democracy, as is being constantly shown in both print and electronic media (source : The Economist, 2009).

Page 8: CMA fanzine

Récolte de tomates dans un champs près de

Chokwé, une petite ville essentiellement agricole

à 3h de route de Maputo. Lucas Marcamo est

agriculteur et il a contracté un pret de 15 000 $

afin d’acheter les caisses noires nécessaires au

transport de ses tomates vers Maputo. Il évite

ainsi les intermédiaires qui rognaient sa marge.

Le prêt remboursé, il veut maintenant agrandir

son exploitation et a d’autres projets en tête.

Tomatoes harvest in a field near

Chokwe, a small rural town. Lucas

Marcamo is a farmer and took a $15000

credit to buy these black packing case

to transport its harvest in Maputo the

capital. Thanks to that, he got rid of

the go-between who were eating his

margin. He has now other investments

projects.