Cloud Hybride : le meilleur des deux mondes ?

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CLOUD HYBRIDE : LE MEILLEUR DES DEUX MONDES ? Le cloud hybride reste encore difficile à cerner. Il implique de sortir du cloud privé pour exploiter les capacités complémentaires du cloud public. Une approche incertaine pour nombre de DSI qui doivent revoir leur modèle de fonctionnement. Dans ce dossier, elles pourront s’appuyer sur des scénarios pratiques, lister les raisons de passer au cloud hybride comme les verrous à faire sauter.

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CLOUD HYBRIDE :LE MEILLEUR DES DEUX MONDES ?Le cloud hybride reste encore difficile à cerner. Il implique de sortir du cloud privé pour exploiter les capacités complémentaires du cloud public. Une approche incertaine pour nombre de DSI qui doivent revoir leur modèle de fonctionnement.

Dans ce dossier, elles pourront s’appuyer sur des scénarios pratiques, lister les raisons de passer au cloud hybride comme les verrous à faire sauter.

SOMMAIRE

P.03 Cloud hybride : quatre scénarios pour optimiser vos ressources informatiques

Six bonnes raisons (ou pas) de faire du cloud hybride

Cloud hybride : une offre foisonnante et disparate

Cloud hybride : pourquoi ça coince encore dans les projets ?

Le Cloud hybride inconciliable avec la culture de la DSI ?

Les six verrous du cloud hybride

David Bérard (nFrance) : « Un cloud hybride est un cloud privé associé à quelque chose d’autre»

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CLOUD HYBRIDE :QUATRE SCÉNARIOS POUR OPTIMISER VOS RESSOURCES INFORMATIQUES

Cloud Computing :Sortir du cloud privé pour exploiter les capacités complémentaires offertes par le cloud public constitue une voie incertaine pour nombre d’entreprises. Voici quatre cas de figure qui leur permettront d’optimiser l’utilisation de leurs ressources informatiques.

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Cloud hybride :Quatre scénarios pour optimiser vos ressources informatiques

L’utilisation des plates-formes de Cloud public en tant qu’option de déploiement pour les applications est souvent abordée d’un point de vue binaire : « L’application doit-elle être déployée dans le Cloud ou conservée sur site ? » Cette approche est trompeuse, car nombre d’entreprises évaluent la pertinence du Cloud public uniquement pour les exemples d’utilisation les plus appropriés, puis l’utilisent souvent comme une ressource informatique complémentaire.

La transition vers le Cloud amènera les entreprises à trouver de façon pragmatique le juste équilibre entre utiliser leur propre infrastructure interne, souvent réaffectée à la constitution d’un Cloud privé, et utiliser les infrastructures fournies par des fournisseurs de services de Cloud public. C’est ce qu’on appelle le Cloud computing hybride.

Charges de travail faciles à déplacer entre cloud public et privé

Pour que le Cloud hybride devienne une réalité, les charges de travail doivent être faciles à dé-placer entre les infrastructures privées et pu-bliques. La transformation du provisionnement du datacenter est une condition préalable à cela.

Selon une étude récente de Quocirca (In demand - The culture of online service provision), ce processus est déjà bien entamé : 85 % des entreprises déclarent qu’elles utilisent actuellement la virtualisation des serveurs, et, dans bien des cas, c’est dans l’objectif de regrouper des ressources dans des pools afin de les partager entre plusieurs applications. En d’autres termes, les départements informatiques sont en train de créer leur propre Cloud privé.

Il en résulte deux avantages majeurs pour les entreprises. Cela leur permet, d’une part, de gagner en efficacité au niveau de l’utilisation des équipements et de la puissance de traitement de leurs propres datacenters, et, d’autre part, de renforcer la mobilité de leurs charges de travail applicatives. Celles-ci peuvent être déplacées d’un datacenter privé à un autre, voire au-delà du datacenter pour tirer parti des ressources du Cloud public.

Compléter les capacités internes pour répondre aux besoins

Avec cette flexibilité, les entreprises n’ont plus besoin d’investir dans de nouveaux datacenters et infrastructures informatiques pour retirer toujours davantage de leurs applications.

Dans cette optique, l’utilisation du Cloud public visera souvent à compléter les capacités internes pour répondre aux besoins. Voici certains des principaux exemples d’utilisation du Cloud hybride :

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1 - Le Cloud public en tant que plate-forme de basculement sur incident

2 - Gestion des pics de charge

3 - Se préparer à une réussite inattendue (ou à un échec)

Quel que soit le résultat obtenu en comparant les coûts du Cloud public et du Cloud privé, une chose est certaine : il est inutilement coûteux d’entretenir une pile d’infrastructure inutilisée à des fins de continuité d’activité en cas de défaillance des plates-formes d’exécution habituelles. La même ressource peut être louée auprès d’un fournisseur de Cloud public pour les rares occasions où elle s’avérerait nécessaire. S’appuyer sur un fournisseur de Cloud public est une solution bien plus économique que d’avoir une infrastructure redondante en cas de sinistre.

Bon nombre d’entreprises connaissent des moments de la semaine, du mois ou de l’année, ou simplement des événements imprévus, qui conduisent à un accroissement exceptionnel de la charge de travail d’une application. Lorsque cela arrive, il revient cher de disposer en interne de la capacité supplémentaire nécessaire. Il est bien plus économique d’avoir un contrat avec un fournisseur de services de Cloud permettant de provisionner les nouvelles charges de travail applicatives en fonction des besoins.

Les fournisseurs de services peuvent faire face à ces besoins parce qu’ils ont de nombreux clients dont les pics de charge se produisent à des moments différents, et qu’ils peuvent réallouer les ressources à un coût relativement bas.

Le lancement d’une nouvelle activité, comme un nouveau site Web de vente au détail ou une nouvelle application sur les médias sociaux, est une aventure à l’issue imprévisible. Que se passera-t-il si le succès est plus rapide que prévu ? Que se passera-t-il en cas d’échec ? Les deux cas de figure sont très courants. Par conséquent, quel doit être le montant de l’investissement initial dans l’infrastructure sous-jacente ?

Si une plate-forme de Cloud public est utilisée, cet investissement sera très faible. Les risques associés à une nouvelle activité sont bien plus faciles à justifier si les dépenses d’investissement sont minimales, et, si le projet réussit, les frais liés au fournisseur de services de Cloud sembleront dérisoires au regard du chiffre d’affaires généré.

Cloud hybride :Quatre scénarios pour optimiser vos ressources informatiques

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De telles possibilités devraient stimuler l’innovation au sein de l’entreprise : davantage de nouvelles idées peuvent être testées du fait que le risque et le coût d’un échec sont réduits au minimum. Une fois la pertinence commerciale du projet vérifiée, il pourra être envisagé d’utiliser des ressources internes dédiées.

4 - Le Cloud public en tant que banc d’essai des applications

Les applications sont souvent développées sur des serveurs dédiés, strictement isolés des environnements d’exécution. S’il est possible de tester la plupart des fonctionnalités dans de tels environnements, ce n’est pas le cas de l’évolutivité. Tester une nouvelle version du code dans un environnement d’exécution est risqué, car cela peut avoir une incidence sur l’application actuellement en ligne. Certaines entreprises peuvent réaliser ces opérations la nuit, mais nombre d’applications doivent désormais fonctionner 24x7.

Les plates-formes de Cloud public fournissent un environnement idéal pour réaliser les tests de ce genre. Des ressources peuvent être allouées pour que l’environnement de test corresponde autant que possible à l’environnement réel ainsi que pour mettre à l’épreuve le nouveau logiciel.

Les conditions sont réunies pour un afflux massif de charges de travail du Cloud privé vers le Cloud public, ce qui aboutira dans la majorité des cas à un équilibrage entre les deux. De nombreuses entreprises admettent avoir besoin d’aide pour réaliser cette transition. Dans une étude de Quorcica commanditée par Attenda et publiée en 2013 (The mid-market conundrum), seulement environ 25 % des entreprises britanniques de taille intermédiaire s’estimaient bien préparées à l’utilisation de services de Cloud public.

Renforcer capacité d’innovation et agilité

La majorité d’entre elles voulaient de l’aide pour mettre en place des programmes de continuité d’activité, en ayant la liberté de se concentrer sur la flexibilité des applications plutôt que sur la mise en place des plates-formes. À ces fins, elles envisageaient de transférer de plus en plus de charges de travail vers des plates-formes tierces.

Dans bien des cas, les plates-formes retenues seront celles des ténors du Cloud computing, mais l’étude de Quorcica montre que les clients chercheront une assistance auprès des fournisseurs de services pour accompagner cette transition.

La transition vers le Cloud hybride peut prendre bien des formes, mais toutes les entreprises doivent l’envisager si elles veulent avoir une chance d’atteindre l’objectif que nombre d’entre elles se sont fixés : renforcer leur capacité d’innovation, leur agilité et leur avantage concurrentiel en optimisant l’utilisation des ressources informatiques.

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LE CLOUD HYBRIDE INCONCILIABLE AVEC LA CULTURE DE LA DSI ?

Cloud Computing :Les projets de Cloud hybride sont en croissance mais pour les déployer avec succès, les départements informatiques doivent accepter de revoir leur processus et adapter leur expertise technique à un modèle de fonctionnement agile et en libre-service.

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Selon une étude Gartner, d’ici fin 2017, près de la moitié des entreprises auront mis en œuvre des déploiements de Cloud hybride. Les analystes estiment que le Cloud hybride (où certaines ressources sont gérées en interne et d’autres par des fournisseurs externes) en est au point où en était le Cloud privé il y a trois ans.

Cependant, si la plupart des entreprises utilise aujourd’hui une forme ou une autre de Cloud computing privé, Gartner relève qu’un certain nombre d’obstacles entravent une adoption plus rapide de ces solutions. Selon Thomas Bittman, vice-président de Gartner, l’agilité constitue le principal problème.

Pour M. Bittman, du fait que l’agilité constitue le moteur essentiel du Cloud computing privé, les départements informatiques doivent appréhender à quel niveau de leurs services actuels celle-ci peut vraiment faire la différence. Ils doivent se demander « quels nouveaux services seraient utiles s’ils étaient fournis de manière agile, et ils doivent collaborer étroitement

avec leurs clients pour répondre à ces questions », affirme-t-il.

Selon lui, les entreprises qui ont déjà bien entamé leurs projets de Cloud privé négligent trop souvent les problèmes liés aux technologies elles-mêmes. Cela s’explique en partie par l’immaturité de certaines des technologies sur lesquelles repose le Cloud privé, et en partie par le fait que nombre d’entreprises s’aperçoivent qu’un important travail de personnalisation est nécessaire pour obtenir des produits satisfaisants en partant de rien.

Adapter l’expertise technique au fonctionnement automatisé

Mais, selon Gartner, les transformations requises pour utiliser ces technologies sont encore plus difficiles à mettre en œuvre. « Les services Cloud nécessitent des processus opérationnels à la fois rapides et personnalisés en fonction des services fournis », explique Thomas Bittman.

« La culture informatique centrée sur l’expertise technique qui est profondément enracinée au sein des départements informatiques ne convient pas à un modèle de fonctionnement en libre-service et entièrement automatisé, qui nécessite une approche basée sur le travail d’équipe et orientée sur les services. »

En d’autres termes, la culture en vigueur au sein des départements informatiques les pousse à chercher des solutions techniques à ce qu’ils considèrent comme des problèmes techniques, alors que, dans le monde actuel, ce sont des solutions non techniques qui sont le plus souvent nécessaires.

Le Cloud hybride inconciliable avec la culture de la DSI ?

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« Trop souvent, les projets de Cloud privé commencent par le choix d’une technologie, mais ce n’est pas la technologie elle-même qui résoudra les problèmes liés à la transformation des équipes et des processus », poursuit M. Bittman. Gartner propose une solution radicale : s’il n’est pas question d’éliminer en bloc les départements informatiques, il faut au moins trouver des approches différentes susceptibles d’améliorer leur manière de travailler.

Transformer les équipes et les processus

« Il est préférable de commencer par se concentrer sur une approche permettant de réaliser la transformation nécessaire », affirme M. Bittman. « Dans de nombreux cas, cela implique de créer une organisation distincte, séparée des processus informatiques traditionnels (au moins pendant la phase d’incubation de ces projets), et de se focaliser en premier lieu sur un projet simple qui fasse l’unanimité auprès du département informatique et de ses clients. »

Selon Gartner, les progrès réalisés en matière de Cloud privé sont extrêmement variables, la majorité des déploiements démarrant à petite échelle, avec un périmètre et des fonctionnalités limités. « Toutefois, à mesure que ces solutions de Cloud privés se développeront, les infrastructures de Cloud résultantes seront vraisemblablement basées sur les technologies retenues pour les projets pilotes », expliquent les analystes.

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LES SIX VERROUS DU CLOUD HYBRIDE

Cloud Computing :Le cloud hybride est l’avenir du cloud mais les freins sont encore nombreux. Les uns sont technologiques, économiques, sécuritaires ou réglementaires. Les autres sont organisationnels ou liés au poids de l’existant.

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Les six verrous du cloud hybride

1 - Hétérogénéité et absence de standard

Le principal frein au succès du cloud hybride, c’est l’absence de standardisation. « Un cloud hybride impose des choix structurants pour le SI interne et limitant vis-à-vis des clouds publics supportés », résume Yves Pellemans, directeur technique d’APX. Pour faire du cloud hybride sans couture, il faut adopter la même technologie de bout en bout, jusque chez les prestataires de clouds publics.

« Théoriquement, OpenStack devrait permettre de faire de l’hybride en environnement hétérogène mais ce n’est pour l’instant qu’une promesse », affirme Marc Gourlan, en charge du business développement de la BU cloud computing chez SCC.

Une solution consiste à faire fi des couches de virtualisation et des fonctions de provisioning pour se contenter d’une hybridation au niveau applicatif. « On déploie alors une même application, aussi bien côté public que privé, en maintenant les mêmes niveaux de versions et de patchs », explique Yves Pellemans.

2 - Des contraintes technologiques et applicatives lourdes

Ennemie du cloud hybride, la latence ralentit les échanges entre composants applicatifs distants. « En France, ce n’est pas un problème, si on y met le prix en recourant à la fibre et en optimisant les flux », avance Yves Pellemans. Mais cela a un coût et le verrou technique devient alors économique.

Autre façon de contourner l’obstacle : repenser l’architecture applicative ou accepter des limitations. « Les applications ne devront pas avoir besoin d’accéder à une base de données partagée par le cloud privé et le cloud public », donne en exemple Julien Contal.

On peut aussi se contenter de déplacer des machines virtuelles (VM) entre cloud privé et cloud public. « Mais ce n’est jamais transparent, notamment au niveau de l’adressage IP. De plus, ces VM exécutent des applications dont les échanges de données risqueront toujours de poser des problèmes de latence », rétorque Julien Contal.

Autre contrainte technologique : la gestion des identités et des autorisations devient également complexe en environnement hybride.

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3 - Un poids de l’existant souvent très lourd

4 - Maîtrise des coûts : le cloud hybride n’est pas la panacée

« Pour faire du cloud hybride, il faut d’abord transformer le système d’information en cloud privé », assène Yves Pellemans. Des pans entiers du SI s’avèrent alors incompatibles avec la notion de cloud privé. D’autant qu’il faut pouvoir les reproduire dans le cloud public. Or, il n’existe guère d’offres clouds pour le monde mainframe ou les Unix propriétaires. « A cela s’ajoutent des problèmes de licences, certains éditeurs n’autorisant pas un déploiement dans le cloud », affirme Julien Contal.

Ce poids de l’existant est tel qu’il interdit pratiquement l’évolution des applications vers un cloud hybride de type PaaS. « Il faudra se limiter aux nouvelles applications. Qu’elles soient basées sur un développement spécifique ou un progiciel, on fera en sorte qu’elles soient compatibles PaaS », explique Julien Contal.

Dans cette optique, les éditeurs de logiciels devront décliner leurs offres sous plusieurs formes, service SaaS et package PaaS venant s’ajouter à la version on-premise. Ce qui est encore rarement le cas.

Le cloud public est censé offrir une meilleure visibilité des coûts, qui varient en fonction des besoins. Il permet donc de choisir au cas par cas, le mode privé ou public. Mais il peut aussi être source de dérapage. « Quand on synchronise des données entre clouds privé et public, par exemple dans l’optique d’un PRA, des services doivent tourner en permanence sur le cloud public et les volumes de données peuvent être importants, ce qui génère un risque d’explosion des coûts », explique Julien Contal.

D’autant que beaucoup d’offres de cloud public sont facturées à la bande passante. Cette problématique rejoint alors celle de l’architecture réseau et applicative, qui doit limiter les échanges entre clouds distants.

5 - Des contraintes réglementaires et sécuritaires parfois rédhibitoires

Des contraintes réglementaires et sécuritaires empêchent fréquemment de sortir des données du cloud privé. Qu’à cela ne tienne : le cloud hybride est justement fait pour choisir la meilleure formule en fonction de ces contraintes. Sauf que le cas d’usage le plus souvent cité par les entreprises est le PRA, qui cible par définition les applications les plus critiques. « Or, un PRA en mode hybride impose une sortie en continu des données critiques, afin de les dupliquer dans le cloud public », note Julien Contal.

Les six verrous du cloud hybride

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6 - Une évolution lente des mentalités et de l’organisation

L’entreprise elle-même, DSI en tête, est peut-être le premier frein du cloud hybride. « C’est un gros changement pour les équipes fonctionnelles et techniques, qui devront se mettre d’accord sur ce que l’on peut provisionner dans le cloud public, en pensant services plutôt que ressources.», résume Yves Pellemans.

Il faut aussi ajouter une dimension sociale. Porte grande ouverte sur le cloud public, le cloud hybride est en effet synonyme d’externalisation d’une partie de la DSI.

Les six verrous du cloud hybride

SIX BONNES RAISONS (OU PAS) DE FAIRE DU CLOUD HYBRIDE

Cloud Computing :Pratiquement toutes les entreprises qui déploient un cloud privé prévoient une hybridation. Les motivations ne sont souvent pas liées à un projet précis mais le champ d’applications du cloud hybride se précise.

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1 - Se préparer à la généralisation du cloud public

2 - Choisir la bonne formule dans une démarche de «cloud brokerage»

3 - Sauvegarder et monter un plan de reprise d’activité

« Les entreprises qui font aujourd’hui un cloud privé veulent être sures qu’il pourra évoluer vers un cloud hybride, avec le support d’au moins un acteur du cloud public », constate Yves Pellemans, directeur technique d’APX, au travers des appels d’offres auxquels répond cet intégrateur. Et d’ajouter : « souvent, elles ne savent pas exactement pourquoi. »

En creusant, on s’aperçoit que ces entreprises identifient bien des applications potentielles, comme un PRA (plan de reprise d’activité) ou une externalisation de la plate-forme de test. Mais la raison profonde relève d’une stratégie à long terme : le cloud hybride serait un moyen de se préparer à l’adoption massive du cloud public, jugée inéluctable à long terme.

« L’hébergement d’infrastructures est un métier et la mutualisation massive permettra de faire baisser les coûts », justifie Julien Contal, manager, practice architecture des systèmes d’information chez Solucom. Les entreprises ne sont pas encore prêtes mais veulent tester l’hybride, pour faire un premier pas vers le cloud public.

Le déploiement d’un cloud hybride s’inscrit également dans une démarche d’évolution de la DSI, qui devient un «brokerage» de cloud, c’est-à-dire un fournisseur de services qui, selon les contraintes économiques, réglementaires ou sécuritaires, seront localisés dans le cloud privé interne, dans un cloud privé hébergé ou dans tel ou tel cloud public. « L’objectif est alors d’avoir une vue globale des différents clouds et de provisionner chaque ressource d’un côté ou de l’autre, avec une gestion unifiée et une refacturation interne », explique Yves Pellemans.

Quand les motivations concrètes et immédiates existent, il s’agit le plus souvent de mettre à l’abri les données et de monter un plan de reprise d’activité. Ce dernier est d’ailleurs en fait une extension de la sauvegarde. « La première étape est souvent l’externalisation de la sauvegarde et quand les données de production sont à l’extérieur, on se dit : autant mettre les applications », résume Marc Gourlan, en charge du business développement de la BU cloud computing chez SCC.

Six bonnes raisons (ou pas) de faire du cloud hybride

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4 - Faire du développement, du test et de la préproduction dans le cloud public

5 - Utiliser le cloud public en débordement

6 - S’ouvrir aux partenaires et clients, voire aux filiales

Une autre raison de faire du cloud hybride, c’est l’utilisation du cloud public pour développer de nouveaux projets qui sont ensuite déployés dans le cloud privé, ou pour faire du faire du test et de la préproduction. Cela permet de cumuler les avantages du cloud public – coût réduit pour une utilisation ponctuelle –, et ceux du cloud privé – support d’applications critiques ou compatibilité avec les contraintes réglementaires. Un cloud hybride permet donc de choisir entre cloud public ou privé, pour chaque projet, maquette ou campagne de tests.

Le cloud public peut aussi répondre à des besoins ponctuels en termes de puissance de traitement ou de stockage, lors de pics d’activité ou pour lancer une analyse volumineuse en mode big data. « Dans l’idéal il faudrait une capacité de débordement transparent. Dans les faits, c’est pour l’instant une fonction de provisioning de ressources, en interne ou en externe, via un portail de services uniques », explique Julien Contal.

Quand faut-il décider de basculer dans le cloud public ? « Dans le cadre d’un IaaS, s’il y a au moins un millier de machines virtuelles et que leur nombre est constant, il est plus intéressant de rester dans le cloud privé. Mais c’est un point d’équilibre qui évoluera en faveur du cloud public », estime Julien Contal.

Le cloud hybride est également pertinent pour déporter dans le cloud public, les fonctions applicatives orientées web. « Il s’agit par exemple des outils de campagne marketing ou de communication tournés vers les clients, ou de portails accessibles par les partenaires », explique Yves Pellemans. La même logique peut être mise en œuvre pour connecter des filiales éloignées.

Six bonnes raisons (ou pas) de faire du cloud hybride

DAVID BÉRARD (NFRANCE) : « UN CLOUD HYBRIDE EST UN CLOUD PRIVÉ ASSOCIÉ À QUELQUE CHOSE D’AUTRE»

Cloud Computing :Si les projets de cloud apparaissent dans les DSI, le cloud hybride reste difficile à cerner, voire à définir. David Bérard, ingénieur projet chez nFrance, décrypte ce concept, et explique comment concrètement l’utiliser pour améliorer les performances du SI.

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David BÉNARD(ingénieur projet nFrance)

Comment définissez-vous le cloud hybride chez nFrance ?

Quel est l’avantage des cloud hybrides par rapport aux autres types de cloud ?

Mais on voit arriver sur le marché des solutions d’augmentation des E/S !

Alors, que faire ?

La plupart des acteurs définissent le cloud privé et le cloud public de la même manière, soit deux blocs serveurs avec de la mutualisation de ressources et de la virtualisation dessus.

Ensuite, l’un est hébergé dans le SI, et l’autre par un prestataire qui vend à la consommation. Mais dans les deux cas, il n’y a aucune possibilité de recouvrement d’une de ces technologies par l’autre. Donc pour nous, la conjugaison de cloud privé et public ne donne pas en soit un cloud hybride efficace.

Nous considérons qu’un cloud hybride est un cloud privé associé à quelque chose d’autre. Un cloud public, ou bien des machines physiques en dehors du périmètre du cloud privé. Dans tous les cas, un cloud hybride doit apporter quelque chose de mieux que les autres types de cloud.

Les cloud privés et publics ont un défaut majeur. A l’intérieur des clouds, la mutualisation des ressources disques nuisent aux performances des bases de données gourmandes en E/S (ndlr. Entrée / Sorties).

Oui, il devient possible d’intégrer des applications de plus en plus gourmandes et des bases de données de plus en plus gourmandes dans les cloud. Mais on va assister à une densification des cloud avec ces technologies et cela ne résoudra pas le problème en cas de montée en charge.

Pour palier ce problème, qui est un problème de conception des clouds, on peut sortir les bases de données du cloud. Une fois hors du cloud, on «dévirtualise» et on met ces bases de données sur des serveurs physiques. Bref, on «dévirtualise» là où on n’a pas avantage à virtualiser.

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On conserve la partie applicative dans le cloud privé, et on étend le réseau aux machines physiques positionnées hors du cloud. Cela devient un cloud hybride, avec un cloud privé d’un côté, qui fonctionne avec des données opérées sans virtualisation sur des serveurs physiques en dehors du périmètre du cloud.

Vous avez un exemple ?

Quelles sont les difficultés à surmonter pour mettre en place un cloud hybride ?

Beaucoup d’acteurs du marché évoquent le cloud hybride comme l’avenir du cloud. Qu’en pensez-vous ?

Et côté débit telco, la question de la surcharge va t-elle poser problème pour mettre en place des cloud hybrides ?

Un de nos clients héberge chez nous les ENT (ndlr. Environnement numérique de travail) de collèges et de lycées. Les carnets de correspondance par exemple, sont disponibles pour les parents d’élèves en ligne. L’architecture que nous lui avons conseillé et qu’il a adapté, c’est que toutes les applications web sont dans le cloud, et le stockage des données est en dehors.

Le vrai problème c’est la configuration des machines virtuelles, côté cloud et réseau. Mais les constructeurs commencent à automatiser tout ça. Cisco et Brocade pour la partie réseau, et OpenStack et CloudStack pour autoconfigurer le cloud derrière.

Pour l’avenir, le cloud hybride représente une solution. A condition de ne pas y déporter les défauts des cloud privé et cloud hybride.

Tout dépend du type d’applications. Chez nous, on fait des technos web. Avec du 4 Gb, pas de souci de réseau, loin de là. On est loin de saturer. Mais la question peut se poser à l’avenir avec les problématiques de gros fichiers ou de Big data.

CLOUD HYBRIDE : UNE OFFRE FOISONNANTE ET DISPARATE

Cloud Computing :Les offres revendiquant l’étiquette cloud hybride recouvrent aussi bien des clouds privés et publics homogènes et plus ou moins propriétaires, que des plates-formes pilotant des clouds hétérogènes, ou limitées aux échanges de données.

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1 - Des offres propriétaires chez Microsoft et VMware

2 -Des offres basées sur les standards mais dont l’ouverture est limitée

3 - Des offres qui se veulent entièrement ouvertes

En l’absence de véritable standardisation, les offres de clouds hybrides les plus avancées sont propriétaires et proposées essentiellement par Microsoft et VMware. Microsoft maîtrise toute la chaîne avec ses offre Private Cloud et Azure, relativement compatibles et entre lesquelles sont tirés de nombreux ponts.

Pour sa part, VMware propose son offre on-premise VMware vSphere et délègue le volet public à des opérateurs tiers qui mettent en œuvre la solution vCloud Hybrid Service.

La plate-forme OpenStack offre les prémisses d’une standardisation, promesse d’une interopérabilité en différents clouds publics et privés. IBM ou HP l’ont adopté, aussi bien pour leurs services de cloud public que pour leurs plates-formes de cloud privé. Mais OpenStack est alors décliné dans des versions packagées avec leurs propres outils.

« Ces offres préconfigurées sont rapidement opérationnelles et leur couverture fonctionnelle est complète mais au bout du compte, elles sont pratiquement propriétaires » remarque Yves Pellemans, directeur technique d’APX. D’autant que les opérateurs de cloud exclusivement public comme CloudWatt ou Numergy réalisent également leurs propres implémentations d’OpenStack, qu’ils complètent à leur guise.

D’autres offres se placent au-dessus des solutions existantes – clouds publics ou privés – afin d’en donner une vue homogène, aussi bien au niveau du provisioning de ressources que du pilotage et du reporting unifié (niveau de service et facturation). Certains éditeurs proposent même des services d’aide à la migration d’applications, par exemple du cloud privé vers Azure ou Amazon AWS.

Ces solutions sont proposées par des acteurs comme Cisco (avec Cisco InterCloud), BMC ou CA Technologies. « Mais les solutions les plus avancées émanent des pure players comme ScalR, RightScale et Service Mesh, racheté fin 2013 par CSC » , affirme Julien Contal, manager, practice architecture des systèmes d’information chez Solucom.

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4 - Des plates-formes limitées aux échanges de données

Tableau des principales offre de cloud hybride (voir schema ci-dessous)

Ces solutions peuvent par exemple déplacer des VM à chaud, si les technologies sous-jacentes sont compatibles, ce qui n’est généralement le cas que si le cloud privé et le cloud public sont compatibles entre eux, donc homogènes. « Car en réalité, ces plates-formes pilotent les fonctions des différentes plates-formes de cloud, par exemple pour envoyer un serveur virtuel, d’un cloud privé sous Windows, vers Azure », précise Julien Contal.

Une démarche d’intégration plus pragmatique se concentre non pas sur les services clouds mais sur les échanges de données entre composants applicatifs déployés dans des clouds hétérogènes, publics ou privés. Issue du rachat de Cast Iron par IBM, l’offre la plus connue se nomme WebSphere Cast Iron Cloud Integration. Elle supporte de nombreux clouds et services SaaS.

Dans un registre voisin, APX, Cisco et CloudWatt se sont associés pour proposer une formule de cloud hybride dont l’intégration se limite aux couches applicatives.

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Tableau des principales offre de cloud hybride

CLOUD HYBRIDE : POURQUOI ÇA COINCE ENCORE DANS LES PROJETS ?

Cloud Computing :Le cloud hybride pose de sérieuses questions de gouvernance et de fonctionnement opérationnel du système d’information des entreprises. Entre gouvernance et connectivité des plateformes, qu’est-ce qui bloque encore aujourd’hui ?

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Travail précis d’audit de la DSI

Souplesse et rapidité de mise en place, évolutivité, maîtrise des coûts ; de nombreuses entreprises décident désormais de confier partiellement leurs données et leurs applications à un prestataire. C’est le fond de commerce des solutions de cloud public, largement adoptées aujourd’hui.

Mais l’architecture de cloud hybride, qui promet de faire fonctionner des instances sur des fondations de cloud public et de cloud privé, si elle s’avère plus complexe à mettre en œuvre, assure, en théorie du moins, un niveau de performance plus élevé : la DSI peut positionner les briques logicielles et les données là où le niveau d’efficience est le plus intéressant, et l’utilisateur ne perçoit aucune différence d’usage.

Du côté des chiffres du marché, Gartner estime qu’en 2017 la moitié des entreprises seront équipées de cloud hybride, mais concède qu’en 2013 ces projets sont rares.

« Le cloud hybride, aujourd’hui, il y a pas d’implémentation en dehors du Web et de la messagerie » reconnaît Hervé Lemaitre, responsable avant-vente chez Red Hat. « On a sur le marché des offres de cloud public et des offres de cloud en interne. On en est au point où on se demande comment réconcilier ces deux mondes. »

Pourquoi cette inertie ? Parce que la mise en place concrète pose des problèmes sérieux de gouvernance et de technique.

Sur le plan de la gouvernance, il conviendra de positionner les données et applications non sensibles pour l’activité de l’entreprise dans le cloud public, et de réserver le cloud privé aux actifs informatiques critiques.

Une politique qui si elle paraît évidente à première vue exige néanmoins un travail précis d’audit de la part de la DSI sur son patrimoine informationnel et son parc logiciel. Surtout que la dimension legacy du SI pourrait empêcher la mise en place technique de certaines briques en mode virtualisé, et donc, in fine, en mode cloud.

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Intégration des services difficile car perte de cohérence des données

Gérer la compatibilité des différents systèmes de cloud

Mais le point essentiel pour le bon fonctionnement des plateformes de cloud hybride, c’est l’intégration des cloud privés et publics dans un cadre technique qui rende possible une utilisation combinée des deux environnements.

« L’intégration des services devient plus difficile car il y a une perte de cohérence des données. Il en résulte un surcroît de gestion, ainsi que des différences potentielles dans les systèmes d’interface, de sécurité, de traitement et de reporting qui doivent être traitées» remarque Gérard Bauer, directeur Europe du sud chez Riverbed, à propos du cloud hybride.

Côté acteurs du marché, Microsoft claironne depuis 2013 que «le cloud hybride est l’avenir du cloud». L’éditeur offre de fait avec le trio Windows Server 2012, System Center et Azure une plateforme de cloud hybride dans un écosystème cohérent et fonctionnel sur le plan technique, mais propriétaire et sujet à des coûts de licence qui doivent être sérieusement étudiés par la DSI.

Ailleurs, la DSI devra se pencher sur les questions de compatibilité des différents systèmes de cloud pour s’assurer de pouvoir mettre en place un cloud hybride sur des bases technologiques hétérogènes.

«Communiquer avec des technologies de fournisseurs différents est un défi, car elles peuvent marcher ensemble ou pas. C’est pourquoi les notions de certification et d’écosystème sont très importantes» souligne Hervé Lemaitre.

«Cela demande au minimum de mettre en place des API disponibles et ouvertes, connues, documentées, utilisables. Ensuite, que l’on passe par un connecteur ou des ordres HTTP et des API Rest, il faut l’ouverture de cette couche de technologie» ajoute-t-il.

Dans tous les cas, la DSI ou un prestataire devra donc devoir fournir une couche logicielle pour faire fonctionner harmonieusement cloud privé et public. Et c’est cette brique, au vu de la diversité des technologies de virtualisation et de cloud, qui pose encore problème aux utilisateurs, malgré l’intense activité des fournisseurs pour formaliser des offres.

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En savoir plus

SoftLayer, une société IBM, exploite une infrastructure Cloud d’envergure internationale adaptée à tous les besoins de l’Internet.

Gérant plus de 100 000 périphériques, 13 datacenters aux Etats-Unis, en Asie et en Europe, ainsi que de très nombreux points de présence réseau dans le monde, SoftLayer propose sa plate-forme Infrastructure-as-a-Service (IaaS) à des clients de tous horizons, des start-ups Web aux grands groupes mondiaux.

L’architecture modulaire de SoftLayer offre des niveaux inégalés de performance et de contrôle, avec une API complète et des fonctions d’automatisation sophistiquées permettant de contrôler une plate-forme unifiée d’une grande flexibilité, qui s’étend aux dispositifs physiques et virtuels (des serveurs bare-metal aux intances de cloud public, privé et hybride), et assortie d’un réseau mondial de communications sécurisées à faible taux de latence.

Des performances inégaléesLe Cloud IBM héberge 30% plus de grands sites que tout autre prestataire cloud dans le monde.(*)

Plus de souplesseServeurs virtualisés et dédiés fournis sans système d’exploitation ; en libre-service ou managés ; publics, privés et hybrides.

ContrôleUn portail unifié pour contrôler et régler tous les services, et une seule API avec un ensemble étendu d’appels de fonctions.

(*) Les chiffres de 270 000 et de 30 % ont été fournis par HostCabi.net, à la date du 25/10/2013

http://www.ibm.com/cloud-computing/fr/fr/softlayer.html