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Cliniques et thérapeutiques
des dysfonctions temporo-mandibulaires
Auteur : Jean-Marie Landouzy, Ostéopathe
Cette conférence a été donnée lors des Journées Scientifiques de la Société des
Ostéopathes de l’Ouest (SOO) à Rennes les 13 et 14 novembre 2009.
Nous remercions particulièrement notre confrère, Jean-Marie Landouzy de nous avoir
autorisé à reproduire l’ensemble de cette conférence.
Certains éléments de cette conférence, pour des raisons de Copyright, ne sont pas
disponibles;
1 - Introduction
Je vous remercie de m’inviter à participer aux « Journées Scientifiques de la Société des
Ostéopathes de l'Ouest » ayant pour thème principal les dysfonctions crânio-dento-
mandibulaires.
Ce sujet m’est particulièrement cher et m’occupe depuis plus de 25 ans.
La dysfonction temporo-mandibulaire est une pathologie qui requiert une collaboration
indispensable entre des praticiens de spécialités différentes pour pouvoir en établir les
étiologies et les thérapeutiques.
Cette pathologie intéresse nombre de patients de nos cabinets et mérite une attention
toute particulière. La première originalité clinique, qui doit attirer notre attention chez les
patients atteints par cette pathologie, est la récidive constante des symptômes et des
douleurs.
Les corrections ostéopathiques ne « tiennent »pas !
Preuves que nous n’avons pas corrigé la « lésion primaire » qui entraîne, compte tenu des
localisations variées des symptômes, une « lésion totale »
C’est ce que nous a démontré Costen en décrivant son syndrome.
2 - Pourquoi cette pathologie est-elle redoutable ?
Il faut revenir en 1934. Costen décrit les multiples symptômes dont souffrent les patients
présentant un déséquilibre temporo-mandibulaire.
Les multiples localisations des symptômes indiquent combien le déséquilibre de la
mandibule est susceptible de perturber l'homéostasie du corps.
3 - Still a énoncé le principe : la structure gouverne la fonction. Voyons
les structures.
• 1. La mandibule, élément le plus mobile de la tête, est suspendue au crâne par ses
condyles situés dans les fosses mandibulaires des os temporaux.
Elle est la boite de la bouche qui contient la langue.
Elle est le « marteau » du système de mastication.
• 2 - Le maxillaire, élément fixe, qui reçoit la mandibule. Il est le couvercle de la
bouche puisque normalement les dents maxillaires recouvrent les dents
mandibulaires.
Il est « l’enclume » du système de mastication.
La mandibule est suspendue au crâne par ses deux articulations temporo-mandibulaires
qui sont stabilisées, entre autre, par les contacts des dents maxillaires et mandibulaires.
4 - Il faut considérer la mandibule de deux manières :
1. Elle est suspendue au crâne, comme une balançoire, par un système musculaire
complexe qui la relie au crâne, à l’entonnoir thoracique et au rachis cervical. Elle
réagira à toute modification de ces éléments.
2. Elle est le point d’attache de l’ensemble du tractus aéro-digestif et sa position se
stabilise par les contacts dento-dentaires maxillaires et mandibulaires. Son
changement de position affectera ces différents éléments.
Pour illustrer ces modifications on peut alors la comparer au croisillon de la marionnette
qui anime celle-ci par les mouvements du marionnettiste.
Ce croisillon est composé par :
• une partie postérieure :
l'occipital,
• des parties latérales : les
temporaux,
• une partie antérieure : la
mandibule.
Et en pratique nous allons retrouver les mêmes modifications de la posture du corps en
rapport avec le déséquilibre de la mandibule que celles observées par les modifications de
positions de la marionnette suspendue à son croisillon.
5 - L’équilibre crânio-facial a été l’objet de nombreuses études.
Le Joyeux et Delaire l’ont publié.
Vous voyez sur le schéma de Le joyeux l’équilibre entre la mandibule, le rachis cervical, l’os
hyoïde et les insertions de la langue dont nous reparlerons tout à l’heure.
Delaire décrit un équilibre qui inclut les relations dure-mériennes du crâne jusqu’au sacrum
et la nécessité d’un équilibre musculaire entre les forces des extenseurs cervicaux et des
muscles antérieurs cervicaux (sus et sous hyoïdien)
Récemment, (en 2005) le Professeur Raphaël Fenart a déterminé la situation de l’axe de
rotation de la mandibule.
Il passe par le sommet de l’odontoïde. Ce qui renforce encore le nombre des liaisons entre
la mandibule et le rachis cervical.
En ne considérant que les
positions extrêmes qu'on réunit
par un segment de droite (im –
id)
et en traçant leur médiatrice (en
vert), elles se rencontrent toutes
en un point : x = +7mm et y =
-28mm
c'est l'extrémité (Od) de
l'apophyse odontoïde.
Publication de Raphaël Fenart
6 - L’équilibre général de notre corps est soumis à la pesanteur comme
toute construction architecturale.
Il doit être étudié avec le fil à plomb et le niveau, même si, notre corps est en mouvement
perpétuel et que nous sommes pourvus de mécanismes assurant notre équilibre :
Le système labyrinthique et la vision.
7 - L'équilibre est l’alignement parfait, des os qui représentent la «
charpente » de notre corps, sur le fil à plomb et le niveau.
Le fil à plomb définit la verticale et le niveau les
perpendiculaires situées au niveau des articulations.
Tout déséquilibre d’une parallèle entraîne un
déséquilibre des autres parallèles.
8 - L'ouverture buccale rectiligne et d’amplitude normale est la matérialisation de
l’équilibre mandibulaire.
Le mouvement ne subit aucune contrainte musculaire créé par un déséquilibre des
structures osseuses.
Cette constatation va à l’encontre de l’idée que la désocclusion dentaire supprime l'effet de
la malocclusion sur la mandibule.
En effet, s'il en était ainsi, l'ouverture buccale serait rectiligne même en présence d'une
occlusion perturbée.
9 - Le déséquilibre mandibulaire se manifeste par la déviation latérale de mandibule
au cours du mouvement d’ouverture buccale.
On observe alors une position asymétrique des condyles dans les fosses mandibulaires au
cours l’Occlusion d’Intercuspidie Maximale et dans le mouvement d’ouverture de la
bouche.
Cela détermine un côté hypo mobile (du côté où la mandibule dévie) et un côté hyper
mobile (du côté opposé à la déviation mandibulaire) qui sera souvent celui de la luxation
du disque.
Et nous savons que l’hyper mobilité ne peut se traiter car elle est la compensation de
l’hypo mobilité.
10 - Les déséquilibres de la mandibule se situent dans les trois plans de
l’espace.
• Dans le plan frontal : le déséquilibre est une « boiterie » dont l’origine est souvent
une prématurité occlusale ou linguale unilatérale.
• Dans le plan horizontal : le déséquilibre est une rotation de la mandibule par
rapport au neuro-crâne dont l’origine est souvent une interférence située sur le
secteur antérieur et/ou les secteurs latéraux.
• Dans le plan sagittal : le déséquilibre est une position en avant ou en arrière des
condyles mandibulaires.
Les déséquilibres peuvent s’additionner. C’est ce qui rend difficile les diagnostics et les
traitements
11 - Pour effectuer un diagnostic clinique précis il faut explorer les
différentes causes du déséquilibre de la mandibule.
1. 1. La posture.
2. 2. Les fonctions oro-faciales.
1. La déglutition salivaire.
2. La mastication.
3. La ventilation.
3. 3. L’occlusion dentaire.
4. 4. L’architecture crânio-faciale.
C’est toujours dans cet ordre qu’il faudra réaliser les examens cliniques pour déterminer les
causes du déséquilibre mandibulaire.
L’équilibre de la mandibule influence la posture.
Cette réciprocité peut-être contrôlée, vérifiée, prouvée en créant artificiellement ces
déséquilibres sur un sujet parfaitement équilibré.
Comment se manifestent ces liaisons biomécaniques ?
13 - Posture et mandibule
J'ai schématisé sur cette diapositive l'équilibre et le déséquilibre mandibulaire en
comparant la position des condyles aux plateaux d’une balance de Roberval afin de mieux
imaginer leurs positions dans l'espace et la cause du déséquilibre.
Lorsque la mandibule et la posture sont équilibrées nous observons une position
horizontale des condyles ou des plateaux de la balance.
La mise en place d'une cale molaire gauche entraîne le déséquilibre de la mandibule et de
la posture. Comme l’augmentation du poids d’un des plateaux de la balance entraîne une
ascension de l’autre plateau.
L’ascension du condyle droit par la mise en place d’une cale molaire gauche entraîne
l’ascension des ceintures scapulaire et pelvienne.
14 - Pelvis et mandibule
La mise en place d'une cale sous le pied droit entraîne une ascension pelvienne droite et
une déviation latérale droite de la mandibule à l'ouverture. La mandibule dévie du côté de
la jambe « longue ».
De même la mise en place d'une cale molaire gauche entraîne une ascension, non
seulement du condyle droit mais aussi de l'ensemble des ceintures scapulaire et pelvienne
créant une fausse « jambe longue » droite.
15 - Ceintures scapulaire et mandibule :
• L'ascension volontaire de l'épaule droite entraîne une ascension du condyle droit et
une déviation latérale droite de la mandibule au cours de l'ouverture buccale.
• La cale molaire gauche entraîne, avec la déviation latérale de la mandibule à droite
dans le mouvement d’ouverture et une ascension droite de la ceinture scapulaire.
16 - Pour le rachis cervical les choses sont plus complexes.
La flexion latérale droite de la tête et du rachis cervical entraîne une ascension du condyle
droit et une déviation latérale droite de la mandibule au cours de l'ouverture buccale.
(homolatérale)
Par contre la rotation céphalique droite entraîne une déviation gauche de la mandibule au
cours de l’ouverture buccale. Le mouvement se fait en controlatéral.
La cale molaire gauche qui provoque une déviation latérale de la mandibule vers la droite
entraîne une flexion latérale droite et une rotation gauche du rachis cervical.
17. - Dans le plan sagittal on observe que
• La flexion antérieure du rachis cervical et de la tête provoque une propulsion de la
mandibule.
• Si la mandibule se trouve bloquée dans son mouvement de propulsion elle limite la
flexion antérieure de la tête du rachis cervical.
• L'extension de la tête du rachis cervical provoque un recul de la mandibule.
• La mise en propulsion volontaire de la mandibule limite l'extension de la tête et du
rachis cervical.
18 - Limitation de la flexion cervicale par l'occlusion
Sur ces radios nous voyons que la flexion antérieure de la tête est améliorée par la
désocclusion dentaire qui a levé les contraintes du secteur antérieur permettant ainsi à la
mandibule d'accentuer son mouvement vers l'avant
19 - Schéma postural en relation avec le déséquilibre temporo
mandibulaire
C'est à partir de ces constatations que j'ai pu en 1992 et 1993 déterminer un schéma
postural en relation avec le déséquilibre temporo mandibulaire.
Du côté de la déviation latérale gauche de la mandibule au cours de l’ouverture buccale
nous observons :
1. Flexion latérale gauche de l’occiput sur C1
2. Rotation droite de C2/C3
3. Ascension de l’omoplate gauche
4. Ascension de l’aile iliaque gauche.
Bibliographie :
• Approche ostéopathique des dysfonctions crânio-mandibulaires LA REVUE DE
STOMATOLOGIE DU NORD DE LA France n° 128 1992
• Livre : Les A.T.M. Evaluation, Traitements odontologiques et Ostéopathiques Editions
Verlaque 1993
20 - Les modifications de la posture statique entraînent des
modifications de la dynamique.
Notamment on observe :
• une limitation de la rotation cervicale du côté de la déviation latérale de la
mandibule,
• un manque de force du membre scapulaire controlatéral.
• un manque d'équilibre au cours de la translation du poids du corps d'un pied sur
l'autre, du côté opposé à la déviation latérale de la mandibule
21 - Limitation de la rotation cervicale.
Une latéromandibulie gauche par mal occlusion entraîne une limitation de la rotation
cervicale.
Elle est limitée à gauche et normale à droite.
C’est la raison des cervicalgies chroniques, des migraines et des vertiges décrits dans le
syndrome de Costen
22 - Manque de force du bras controlatéral.
Latéro mandibulie gauche entraîne un manque de force du bras droit.
Ceci n’a rien à voir avec un test de kinésiologie. Il s'agit d’un testing musculaire comparant
la force de chaque bras.
Le test n’est pas influencé par la latéralisation du sujet : droitier ou gaucher.
23 - Déséquilibre sur le pied controlatéral.
Au cours de la translation du poids du corps d’un pied sur l’autre, sous l’effet de la poussée
latérale de l’ostéopathe, l’équilibre est « précaire » du côté opposé à la déviation latérale
de la mandibule.
Il devient alors évident que le déséquilibre mandibulaire soit à l'origine de symptômes
rachidiens.
C'est la raison pour laquelle la posture doit être le premier examen et la première
correction effectuée dans le cadre d'une dysfonction temporo mandibulaire.
24 - Les fonctions oro faciales :
• déglutition salivaire,
• mastication,
• ventilation.
25 - Influence sur la croissance crânio-faciale
La déglutition salivaire à une très grande influence non seulement sur l’équilibre de la
mandibule mais aussi sur la croissance crânio-faciale.
Pour prouver cette influence nous avons réalisé, dans le cadre du CHRU de Lille, un radio
cinéma qui démontre le déséquilibre mandibulaire en relation directe avec une déglutition
salivaire dysfonctionnelle.
Avant de visionner ce film je vous invite à regarder un film sur la succion-déglutition du
bébé. Ce film a été réalisé par le service d’ORL du CHU de La Timone à Marseille.