Clinique lacanienne du « fantôme » chez un adolescent en deuil

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L’évolution psychiatrique 78 (2013) 233–242 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Article original Clinique lacanienne du « fantôme » chez un adolescent en deuil Lacanian clinic of “ghost” in a teenager in mourning Pascal Le Maléfan a,,b , Daphné Lemercier c a Professeur de psychologie clinique, université de Rouen, rue Lavoisier, 76820 Mont-Saint-Aignan cedex, France b Psychologue, CMP enfants-adolescents, laboratoire PSY-NCA EA 4306, rue de Sotteville, 76000 Rouen, France c Psychologue, IDEFHI, route de Sahurs, 76380 Canteleu, France Rec ¸u le 19 septembre 2011 Résumé L’objectif de ce texte est de discuter de concepts susceptibles de rendre compte de certaines spécificités de la clinique du deuil à partir d’un cas rencontré dans une pratique de psychologue. Compte tenu que le phénomène du « fantôme » est maintenant admis comme faisant partie intégrante des phénomènes du deuil, il nous a paru intéressant de proposer un modèle d’interprétation issu de l’enseignement de Jacques Lacan qui en fait une manifestation non psychotique. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Psychanalyse ; Adolescent ; Deuil ; Symptôme ; Fantôme ; Lacan J. ; Psychothérapie ; Cas clinique ; Étude théorique Abstract Based on a case encountered in our practice as a clinical psychologist, the objective of this paper is to discuss some concepts that may account for certain specific clinical aspects related to grief. Given that the “ghost” phenomena is now accepted as being an integral part of the grief phenomena, it seemed relevant to suggest an interpretation model stemming from the teachings of Jacques Lacan. © 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Psychoanalysis; Adolescent; Mourning; Symptom; Ghost; Lacan J.; Psychotherapy; Clinical case; Theorical study Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. Le Maléfan). 0014-3855/$ see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2012.08.011

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L’évolution psychiatrique 78 (2013) 233–242

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

Article original

Clinique lacanienne du « fantôme » chez unadolescent en deuil

Lacanian clinic of “ghost” in a teenager in mourning

Pascal Le Maléfan a,∗,b, Daphné Lemercier c

a Professeur de psychologie clinique, université de Rouen, rue Lavoisier, 76820 Mont-Saint-Aignan cedex, Franceb Psychologue, CMP enfants-adolescents, laboratoire PSY-NCA EA 4306, rue de Sotteville, 76000 Rouen, France

c Psychologue, IDEFHI, route de Sahurs, 76380 Canteleu, France

Recu le 19 septembre 2011

Résumé

L’objectif de ce texte est de discuter de concepts susceptibles de rendre compte de certaines spécificitésde la clinique du deuil à partir d’un cas rencontré dans une pratique de psychologue. Compte tenu que lephénomène du « fantôme » est maintenant admis comme faisant partie intégrante des phénomènes du deuil,il nous a paru intéressant de proposer un modèle d’interprétation issu de l’enseignement de Jacques Lacanqui en fait une manifestation non psychotique.© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Psychanalyse ; Adolescent ; Deuil ; Symptôme ; Fantôme ; Lacan J. ; Psychothérapie ; Cas clinique ; Étudethéorique

Abstract

Based on a case encountered in our practice as a clinical psychologist, the objective of this paper is todiscuss some concepts that may account for certain specific clinical aspects related to grief. Given that the“ghost” phenomena is now accepted as being an integral part of the grief phenomena, it seemed relevant tosuggest an interpretation model stemming from the teachings of Jacques Lacan.© 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Psychoanalysis; Adolescent; Mourning; Symptom; Ghost; Lacan J.; Psychotherapy; Clinical case; Theoricalstudy

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (P. Le Maléfan).

0014-3855/$ – see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2012.08.011

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1. Introduction

La pratique de la psychologie clinique offre de temps à autre l’occasion de recueillir desexpériences subjectives proprement extra-ordinaires. Le problème qui se pose alors au clinicienest de savoir jusqu’où il peut les considérer comme recevables. « Recevables » signifie précisémentqu’un a priori sur leur nature psychopathologique sera évité, celui les considérant d’embléecomme relevant de la psychose – ou encore de la fabulation mythomaniaque. Car le jugementclinique nécessite un temps d’observation assez long, d’une part, procédant par hypothèses et,d’autre part, il repose sur une expérience clinique assurée, elle-même orientée par des conceptionsthéorico-cliniques solides et malgré tout en constante ré-élaboration. Il est alors possible que cequi apparaissait avec un caractère hors de la norme soit effectivement l’un des aspects d’unepensée psychotique. Mais c’est que d’autres éléments seront venus conforter ce diagnostic. Onretiendra d’ailleurs à ce sujet ce que Lacan pouvait avancer, dans les années 1950, concernant lesprécautions à prendre afin de porter un diagnostic de psychose, en précisant « qu’aucune formationimaginaire n’est spécifique. . . » ([1], p. 546) et que « les mécanismes en jeu dans la psychose nese limitent pas au registre imaginaire » ([2], p. 166), et encore qu’« une psychose, (. . .) ce n’estpas le développement d’un rapport imaginaire, fantasmatique, au monde extérieur. » ([2], p. 121).

Le rappel de ces points prendra sa valeur dans ce qui va suivre de deux facons complémentaires.D’abord par l’exposé du cas d’un adolescent, Quentin, rencontré dans le cadre d’une MECSS1.Ce qu’il a pu rapporter traduit un monde imaginaire problématique dans lequel apparaît bienun Autre semblant s’imposer. Pourtant, nous ne pouvons conclure à un cas de psychose. Nousévoquerons plutôt un délire non psychotique du deuil. Et c’est ici que s’insère la deuxième faconde valoriser les rappels théoriques sur le diagnostic de psychose selon Jacques Lacan dans lesannées 1955 à 1958, mais en y ajoutant une pièce apportée un an plus tard, en 1959, lors deson séminaire, toujours inédit, Le désir et son interprétation. Lacan y parle du deuil, à proposd’Hamlet, et suggère que certains des phénomènes hallucinatoires qu’on peut parfois observeren cette circonstance sont le produit d’un mécanisme inverse de celui de la forclusion, et c’estd’ailleurs pour cela que le deuil, dit Lacan, s’apparente à la psychose. Parmi ces phénomènes,à l’instar d’Hamlet, le ghost en est le plus représentatif. Ce qui nous indique d’ailleurs que lemonde des images et la catégorie de la présence sont deux des dimensions principales de ce déliredu deuil, sans que le langage ne soit altéré. C’est pourquoi nous préférons le concept d’illusionà celui d’hallucination, conformément à ce que proposent certains spécialistes de la clinique dudeuil ([3], p. 351). Mais nous sommes également dans le registre de l’apparition, conformémentcette fois à la longue tradition des revenants et fantômes attestée au moins depuis le Moyen Âgedans notre civilisation [4]. Notre cas va nous servir pour illustrer partiellement ces aspects.

2. Exposé du cas

Quentin, âgé de 15 ans, est l’aîné d’une fratrie de 5 enfants, composée d’une sœur de 13 ans,de deux plus jeunes frères de dix et huit ans, ainsi que d’une sœur décédée à quelques mois, quiaurait aujourd’hui 11 ans.

Á la suite d’une mesure d’Aide Educative en Milieu Ouvert (AEMO) familiale n’ayant pasévolué positivement, le placement a été ordonné pour l’ensemble de la fratrie.

1 Maison d’enfants à caractère sanitaire spécialisé.

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Quentin se trouve accueilli dans une Maison d’Enfants à Caractère Social. Son placement estprincipalement motivé par des comportements délinquants au collège où il est de plus en plusabsent. Il manifeste, par ailleurs, des attitudes d’opposition face à ses parents et fuit le domiciledurant de longues périodes dans la journée et parfois le soir.

Le père de Quentin est sourd et sa mère présente une déficience intellectuelle légère. Ils sontdécrits par Quentin à la fois comme communiquant peu avec leurs enfants et offrant un cadrechaleureux et aimant à l’ensemble de la fratrie.

L’équipe éducative est inquiète pour Quentin, qu’elle percoit comme un enfant fragile et nonun adolescent en voie d’autonomisation. Physiquement, Quentin est petit, chétif et ne présentepas encore les signes de puberté.

La demande manifeste de l’équipe auprès du psychologue, reprise également par Quentin, est decomprendre un problème d’énurésie, principalement nocturne, associé à des déambulations dansla structure, au cours desquelles il cherche de la nourriture et semble particulièrement désorienté.

Par ailleurs, Quentin apparaît en difficulté dans les relations avec ses pairs. Il ne parvient pas às’intégrer au groupe des adolescents accueillis. Il met en œuvre des comportements inadaptés, quiaboutissent le plus souvent à son exclusion, mais il se trouve aussi régulièrement en position d’êtremanipulé par les autres, allant jusqu’à exécuter toutes sortes d’injonctions (illégales, sexuelles. . .).

Les entretiens psychologiques s’orientent d’emblée vers la recherche du sens de ses difficultésnocturnes (réveils et énurésie). Ils sont investis par Quentin, qui souhaite « parler de ce qui lui faitpeur ». Toutefois, il banalise son énurésie nocturne, et évoque plus facilement une énurésie diurneoccasionnelle, qu’il parvient à lier à un ensemble de représentations angoissantes et potentielle-ment traumatiques. Parmi celles-ci, Quentin parle d’un événement qui semble être majeur pourcomprendre ce qui se joue chez lui. Il s’agit du décès de sa petite sœur. En effet, ce décès brutalsemble représenter un véritable point traumatique sur lequel Quentin s’est fixé, faisant résonanceavec un ensemble d’événements analogues ou percus comme tels.

Il a fallu plusieurs mois de suivi régulier, et les conditions du transfert, pour que Quentinéprouve le besoin d’aborder précisément les conditions du décès de sa sœur, comme une faconde parler cette mort qui n’a pu être mise en mots dans la famille. Quentin, alors âgé de quatreans aurait, selon lui, assisté aux convulsions du bébé durant la journée, à la venue des pompiersainsi qu’à leur départ sans la petite sœur, générant un climat d’inquiétude, d’incertitude et denon-dit dans la famille. La nuit suivante, celle-ci aurait beaucoup pleuré. Dormant dans la mêmechambre qu’elle, Quentin s’en serait occupé, la réconfortant et jouant avec elle jusqu’à ce qu’ellese rendorme. Au matin, le bébé était décédé et Quentin s’est retrouvé face à un lit vide. Interrogeantses parents sur cette « disparition », ils lui auraient expliqué que sa petite sœur était partie pourun séjour chez une tante. Le « secret » aurait même était gardé des mois durant, jusqu’au jour où,toujours dans l’impréparation, la mère de Quentin put dire sans expression d’affect que la petitesœur était morte. Mais une fois cela énoncé, elle fit comprendre que le sujet ne devait plus êtreabordé par les enfants. La famille s’est donc organisée autour d’une règle du non-dit dans laquellele langage est mis en échec dans sa fonction d’accès au symbolique.

À travers cet événement — souvenir reconstruit dans l’après-coup mais qui tient lieu de fictionvéridique — un fort sentiment d’incompréhension, de solitude et de culpabilité apparaît chezQuentin.

Ces éléments laissent penser que le décès de cette petite sœur est logé à l’état brut dans lepsychisme de Quentin, sans avoir fait l’objet d’une élaboration, d’un travail de deuil. La tonalitéémotionnelle n’ayant pas pu être liée par une symbolisation que la mise en mots permet, Quentinreste jusqu’à aujourd’hui en proie à des affects et à un questionnement qu’il ne parvient pas àmaîtriser et qui s’actualisent à travers un ensemble de symptômes envahissants et angoissants. Il

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décrit en particulier des « visions » subites/subies de sa petite sœur, qui l’empêchent de mener sesactivités quotidiennes. Il justifie ainsi son absentéisme scolaire, fuyant la « rencontre » avec cesimages prégnantes sur le chemin de l’école, l’amenant à déambuler dans les rues des heures durantcomme un moyen de les dissiper et de parvenir ensuite à revenir à la réalité. Comme exemplesqu’il donne de ces moments d’angoisse, il rapporte que, marchant dans la rue, près d’une église,il aurait vu le berceau de cette petite sœur sortant par le porche, sans que personne ne le pousse.De même, alors qu’il voyageait en train, il vit par la fenêtre le berceau de sa petite sœur sur le quaioù il devait descendre. Il fut alors pris d’angoisse et comme pétrifié et resta dans le train jusqu’àson terminus, redoutant de revoir cette image à chaque gare.

3. Commentaires

Les manifestations rapportées par Quentin évoquent ce que nous proposons de continuer à nom-mer ses « visions ». Le terme d’hallucinations nous semble insatisfaisant dans ce cas, car renvoyanttrop fortement à la psychose et comportant le risque d’une intervention thérapeutique inadaptée,notamment par une prescription de psychotropes s’avérant inadéquate et contre-productive [5].De plus, il semble démontré qu’en cas de traitement par antipsychotiques, leurs effets secondairesnégatifs peuvent conduire à diagnostiquer des états schizophréniques induits2. Pour Quentin, iln’a pas été nécessaire de recourir à un suivi et un traitement psychiatriques car l’évolution futfavorable. La vigilance est restée néanmoins de mise.

Remarquons d’abord que ces « visions » restent compréhensibles au sens que donnait Jaspers àce terme : elles sont syntones avec l’histoire de Quentin et semblent en rapport avec un événementcentral, le décès de sa sœur. Toutefois, il s’agit bien d’une manifestation du réel, soit le retour dece qui n’a pu faire l’objet d’une symbolisation. On peut alors les considérer comme l’illustrationde ce que le sujet n’a pu inscrire dans ses traces mnésiques du fait même de sa non-symbolisation.L’événement du décès de la sœur n’a pas été parlé, il est resté figé, non métabolisé, clivé et aeffracté le pare-excitation du petit garcon de quatre ans qu’était alors Quentin avec des défensespsychiques encore immatures. La fonction parentale pare-excitante n’a pas été non plus opérante,le laissant dans la situation d’être assailli par des affects qu’il n’était pas en mesure de lier à desreprésentations, en l’occurrence ici les représentations de la mort. Cette mort est devenue par lasuite un objet à la fois de fascination mais également de réactivation du traumatisme originel,comme lorsque Quentin fut confronté à la mort de son grand-père paternel. Dans ce contexte,les « visions » de Quentin peuvent-elles être considérées comme une tentative d’attribution desens pour symboliser quelque chose d’une expérience que le sujet ne parvient pas à intégrer,dans un moment de crise familiale où les liens sont remis en question et au décours du processusadolescent où la mort se subjective de facon nouvelle ? On peut penser à ce propos que la présencede l’église, en tant que représentation d’un rituel mortuaire n’ayant pas eu lieu, a peut-être euune fonction déclenchante car éminemment symbolique ? Notons par ailleurs que ces illusionsvisionnaires décrivent principalement le berceau dans lequel la petite sœur se trouverait. Pourautant, cette dernière ne semble pas vue concrètement par Quentin, qui ne la décrit pas, de sorteque cet Autre qu’elle représente alors ne semble rien lui vouloir sur un mode persécutant. Noussommes davantage ici dans un paroxysme d’inquiétante étrangeté proche du cauchemar éveillé.

Mais s’il y a une tentative de reprise dans le symbolique de ce qui revient dans le réel, c’estgrâce, d’abord, à la qualité du lien transférentiel qui a rendu possible une verbalisation et un

2 Stayer et al., 2004. Cité dans [5].

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partage. Pour pouvoir parler de ses « visions » et ne pas risquer de passer pour fou, Quentin a dûpercevoir une possibilité inscrite dans le désir du thérapeute. Appelons-la « fonction d’accueil duréel ». Celle-ci est la seule ayant permis d’offrir à Quentin un authentique espace d’expressionoù il puisse confronter ses visions fantasmatiques à une certaine réalité, rendue concrète par laprésence et l’écoute de l’autre. Il semble important, en effet de continuer à travailler avec lui à laréappropriation de ses affects liés à l’événement traumatique resté brut à l’intérieur de la psyché.Pour sa famille, l’élaboration autour de cet événement fondamental de son histoire est apparuégalement incontournable à mener pour que tous ses membres puissent retrouver une place et unsens au groupe.

Compte tenu du commentaire que nous venons de donner, quelle proposition pouvons-noussoutenir quant à un autre mécanisme susceptible de rendre compte des « visions » de Quentin ?Il nous semble ici que la clinique du deuil3 est aujourd’hui — et depuis Freud — une cliniqueparticulièrement riche en potentialités, notamment en suivant les indications de Lacan sur laquestion du « fantôme » dans le processus de deuil.

4. Cliniques du « fantôme »

4.1. Clinique parallèle et clinique des hallucinations du chagrin

Notre perspective en abordant ce thème des apparitions « fantomatiques » est de nous écarterde certaines explications actuelles qui relèvent davantage d’une psychologie parallèle, voire d’unspiritisme latent, et qui utilisent la catégorie de « l’extraordinaire » pour se déguiser. Nous nepensons pas en effet que les morts puissent revenir ! Et il ne suffit pas de proclamer s’inscriredans une démarche « clinique » pour éliminer le relent spirite de l’entreprise. C’est le cas avecle chapitre que consacre à cette question Evelyn Elsaesser-Valarino, intitulé « Vécus de contactavec un défunt » (VSCD) (After-Death Communication [ADC]), dans un ouvrage paru en Franceen 2009 [6].

Reconnaissons-en tout d’abord les aspects positifs. L’auteur nous fait par exemple connaîtreun certain nombre de recherches et de points de vue stimulants sur ce type d’allégations, de psy-chiatres, de médecins et de psychologues universitaires, qui montrent une ouverture à des réalitésjusque-là plutôt automatiquement versées dans la psychopathologie et de ce fait stigmatisées.Il a aussi l’avantage d’attirer l’attention sur la nécessaire information des soignants qui doiventaccompagner les endeuillés. Au fond, ce chapitre invite à revisiter la notion de deuil afin d’yinclure les contacts avec les disparus comme des expériences aux conséquences le plus souventpositives : diminution de la peur de la mort, modification des croyances vers plus de spiritualité,nouvelle vision du monde. Bref, comme l’écrit Evelyn Elsaesser-Valarino, les VSCD ont unedimension « thérapeutique ».

Cependant, quelques passages laissent clairement penser que Evelyn Elsaesser-Valarino tientpour possible sinon probable que ces contacts soient de véritables contacts objectifs avec desdéfunts « existant » encore dans une autre dimension ou un autre monde. C’est pourquoi sesconvictions survitalistes lui font en particulier douter des hypothèses psycho-dynamiques issuesde la psychanalyse qui donnent une place centrale à la vie psychique interne dans le lien persistantà la personne décédée. On peut alors se demander si les formations qu’elle préconise en directiondes « professionnels de la santé » (infirmier(e)s ? médecins ? psychologues ? psychothérapeutes ?)

3 Nous y associons la clinique du mourir.

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pour aider les endeuillés à donner un sens positif à leurs VSCD tels qu’elle les concoit, neseront pas une manière de diffuser de telles convictions et d’entretenir des croyances consolantesirrationnelles, là où il s’agit pour celui qui a subi une perte de découvrir ce qui peut continuer àexister malgré la mort [7]. Et ceci prend du temps et se fait dans le tumulte et la douleur, jusqu’àun apaisement et une transformation.

Cette mise au point faite, nous souhaitons relever que le thème des perceptions de la représen-tation d’une personne décédée fait aujourd’hui partie des aspects reconnus de la clinique du deuilet que les modèles interprétatifs de telles impressions évoluent par la recherche de cadres con-ceptuels adéquats. Notons aussi qu’elles sont actuellement un thème récurrent au cinéma et enlittérature. Ainsi, les « hallucinations » du deuil, comme la vision ou l’audition du proche défunt,la sensation réaliste de sa présence ou de son contact, ne sont plus systématiquement associéesà la psychopathologie [8]. Nous signalerons par exemple les récentes propositions du psycho-logue clinicien et chercheur anglais Vaughan Bell au sujet des apparitions des défunts ou des« hallucinations du chagrin » [9]. Pour lui, ces « hallucinations » sont plus courantes qu’on lepense, mais en général les personnes en deuil ne les divulguent pas, de crainte de passer pourfolles. Une recherche menée à l’université de Göteborg montre ainsi que 80 % des personnes âgéesen deuil depuis un mois de leur conjoint ont des impressions de présence ou des visions vivides[10]. De même, de nombreuses enquêtes épidémiologiques ont pu interroger des populations dumonde entier sur leur « impression d’avoir réellement été en contact avec une personne décédée » :il ressort en moyenne qu’un quart des européens sondés admettent un tel contact direct [11]. Maisil existe aussi des « hallucinations du chagrin » vécues dans la douleur car elles traduisent une cul-pabilité très forte du survivant. Vaughan Bell cite à ce sujet un article d’un psychiatre allemand del’université de Berlin, Christopher Baethge, qui décrit le cas d’une mère dont la fille toxicomaneest décédée d’overdose et qui lui « apparaît » régulièrement et l’entend lui dire, parfois, « Maman,Maman ! » et « C’est tellement froid ! » [12]. Nous noterons pour notre part que Baethge considèreque ce genre de phénomène hallucinatoire est assez commun et qu’il a toutes les particularitéscliniques d’une hallucination vraie. Par conséquent, le terme de pseudo-hallucination devrait êtreabandonné pour le décrire écrit-il. Vaughan Bell, quant à lui, reconnaît qu’on ne sait au fondpas grand-chose sur ces « hallucinations du chagrin », et qu’il faut encore prendre en comptel’environnement culturel pour les comprendre ; il pense également que le terme de « fantôme »est un fourre-tout pratique pour englober des réalités bien complexes. C’est pourquoi il l’utiliseici.

4.2. « Fantôme » freudien et post-freudien

La clinique du deuil est en effet d’une grande complexité. Elle provient essentiellement desparticularités des remaniements psychiques qui doivent permettre de passer de la disparition del’objet à sa perte et au réinvestissent partiel de la libido, ce qui est généralement appelé, depuisFreud, le « travail de deuil ». Or la théorie freudienne du deuil implique que dans ce processus lefantasme inconscient puisse maintenir transitoirement l’existence de l’objet perdu dans une sortede survie psychique, jusqu’à un détachement possible. Si bien que la survivance inconscientepeut donner l’illusion d’une relation maintenue avec l’objet disparu sous forme de « psychosehallucinatoire de désir » (PHD) et détourner momentanément le sujet endeuillé de la réalité ([13],p. 150). Et l’on peut ajouter que pour certains sujets, cet état transitoire de « psychose hallucinatoirede désir » correspond à une objectivation de la survivance dans un dehors, le fantasme inconscientdonnant consistance à des illusions de présence, à des rencontres avec le mort, tout ce que l’onpeut en effet mettre sous le terme de « fantôme ». Mais, précise Freud, « ce qui est normal, c’est

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que le respect de la réalité l’emporte » [13]. Autrement dit, les « fantômes » disparaissent à unmoment donné. . .

La plupart des auteurs qui ont adopté les conceptions freudiennes du deuil ont continué àse servir du concept de PHD, si bien qu’on retrouve toujours dans les constructions théoriquesdes uns et des autres une sorte d’indécision sémantique lorsqu’il s’agit de préciser à quel typede manifestation on a affaire avec cette PHD lors d’un deuil : s’agit-il de vraies hallucinations ?d’illusions ? de visions ? Ce trait est à mettre en relation avec deux points de la théorie freudienne :premièrement, Freud s’est écarté d’une perspective déficitaire de l’hallucination en en faisant unevariante particulière de l’accomplissement du désir inconscient, comme lors du rêve (c’est le casavec le délire hallucinatoire d’Hanold lorsqu’il « voit » le fantôme de Gradiva ([14], p. 177), etce, même dans le cas de la psychose ou de l’amentia de Meynert, modèle à partir duquel il a bâtisa PHD ; secondement, il n’a pas isolé un mécanisme spécifique de l’hallucination psychotique,le refoulement et la perte de la réalité restant les deux dimensions majeures de la psychose pourFreud.

Parmi les approches post-freudiennes du deuil, celles s’appuyant sur le concept d’hallucinatoiresont à retenir car elles tentent de donner un cadre théorico-clinique à des manifestations au car-actère singulier comme celle que nous tentons d’aborder dans cet article. Nous pouvons ainsisignaler le travail de Laurie Laufer [15] et sa proposition de concevoir le « fantôme » commeune « fiction hallucinatoire » aidant à la résolution du deuil. Sylvie le Poulichet, de son côté,dans la suite de l’approche de l’hallucinatoire de P. Aulagnier, avec ses concepts d’informe [16]ou de chimères du corps [17], envisage une métapsychologie de certaines formations fantasma-tiques au décours d’une psychanalyse relevant de la clinique du deuil et des « fantômes », la curevisant à « l’excorporation du mort » ([17], p. 108). La catégorie de borderline est alors évoquéepour désigner la structure psychique de ces patients, qui souffrent de retours « fantasmatiques »antérieurement refoulés et clivés. On reste donc là dans un cadre névrotique, et, a priori, ces con-ceptions servent à faire la différence avec ce qui signerait la psychose et nécessiterait le recoursà la psychiatrie.

Mais, concernant ce dernier point, il semble que la conceptualisation de l’hallucinatoire laplus en vogue actuellement soit celle de C. et S. Botella [18]. Leur approche de l’hallucinatoiresouhaite renouer avec l’intuition freudienne du Trouble de mémoire sur l’Acropole [19], lorsqueS. Freud précise que le sentiment d’étrangeté qu’il a pu éprouver alors n’est nullement incompat-ible avec la normalité, de telle sorte qu’il « joue un peu le rôle des hallucinations accidentelleschez les gens sains » ([19], p. 227). Les Botella tirent de cette dernière formule la propositionque l’« hallucinatoire » est un processus dynamique constant du psychisme, de nature non psy-chotique et doté de capacités expressives bien que relevant d’un fonctionnement archaïque. Cethallucinatoire aurait ainsi la vertu, au cours de la cure, de figurer l’irreprésentable en cas dedéfaut des représentations de ce qui fait trauma, ce que S. Freud avait déjà indiqué dans Con-structions dans l’analyse en évoquant le surgissement d’hallucinations ramenant un événementoublié dans « des cas qui n’étaient certainement pas psychotiques » ([19], p. 278). Mais selon lesBotella, l’hallucinatoire serait aussi du côté de l’analyste qui doit rendre intelligible, figurable, unemémoire sans souvenir chez son patient, et cette possibilité est offerte par la régrédience propreau processus analytique favorisant continuité, équivalence et indistinction, ce qui se traduit parexemple par une sorte de transindividualité où le patient peut repérer chez son analyste ce qui s’ysera déposé de son propre trauma, sous forme de sensations ou d’images.

Par ailleurs, ils insistent sur la distinction entre l’hallucinatoire comme dynamique psychiquenormale (l’hallucination des gens sains évoquée par S. Freud) et l’hallucination psychotique, cettedernière dénotant un clivage. Ce faisant, ils reproduisent l’impasse freudienne dans la tentative

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de différenciation entre fonctionnement névrotique et fonctionnement psychotique, car de l’aveumême de ce dernier, le clivage, s’il existe bien dans toute psychose, peut également se retrouverdans d’autres états et dans les névroses tout autant ([20], p. 79–80). Et ce n’est pas le critère ultimeinvoqué par les Botella qui veut que le moi, dans l’hallucination normale, éprouve l’image hallu-cinatoire comme une perception fausse, qui peut être décisif. Comment alors situer la convictionde la réalité de la rencontre « fantômatique » comme notre cas — et bien d’autres — le laisseapparaître ?

4.3. Le « fantôme » vu par le DSM

Si l’on se tourne maintenant vers le DSM-IV, on s’apercoit que le souci de ne pas patholo-giser outre mesure cette clinique du « fantôme » est présent. En effet, au sujet de l’hallucinationprécisément, il est recommandé de ne pas orienter le diagnostic vers un Trouble psychotiquelorsque les expériences hallucinatoires font partie d’un rituel religieux ou d’une particular-ité religieuse (par exemple, entendre la voix d’un parent décédé donnant des conseils) ([21],p. 52). On aurait donc ici des hallucinations non psychotiques, ce qui reste toujours une for-mulation problématique compte tenu de la valeur stigmatisante du concept d’hallucination.C’est sans doute ce qui peut expliquer la place particulière prise depuis quelque temps parla schizotypie [22]. Ce concept vise semble-t-il la modélisation d’un continuum psychotiquepermettant de déceler des signes avant-coureurs de psychose schizophrénique dans la pop-ulation générale. Or, parmi les symptômes les plus souvent associés à la schizotypie, seretrouvent notamment les croyances paranormales ou toutes les expériences dites anomales ouexceptionnelles [23].

Ce que nous montre en fin de compte cette clinique du « fantôme », c’est la nécessité occa-sionnelle de penser les phénomènes observés en dehors d’une bi-partition qui revient à considérercomme relevant de la psychose tout ce qui dépasse une norme comportementale et à le définircomme hallucination, i.e. psychotique. C’est pourquoi l’utilisation du concept d’illusion, sisouvent retrouvé dans les diverses études sur la clinique du deuil, nous semble une indica-tion forte de cette nécessité. De même que celui d’hallucination non psychotique dont nousavons dit quelques mots, et qui nous paraît, au final, à défaut, peut-être, d’un autre conceptà forger4, comme utile en pratique sinon en théorie, notamment dans la clinique de l’enfantet de l’adolescent [25,26]. Notons d’ailleurs que Larøi et al. font du deuil une circonstancefavorisante dans l’apparition d’hallucinations chez l’enfant. Ce serait ici reprendre un débatancien, on s’en doute, où se retrouveraient convoqués Esquirol, Marillier, Ey et tous ceux quiont tenté de définir les limites de l’hallucination, en particulier dans sa compatibilité avec laraison. . .

Ces interrogations nous amènent alors à chercher s’il y a une approche structurale possiblede la clinique du « fantôme » s’appuyant sur ce que J. Lacan a apporté dans sa conception despsychoses. Il s’agirait de concevoir une manifestation du réel non psychotique qui ne ressortiraitpas à la définition classique de l’hallucination. Néanmoins, ce n’est pas tant du côté de la psychoseque l’on pourra trouver un modèle chez Lacan, mais de ce qu’il a pu avancer concernant le deuil,au reste encore peu exploité.

4 Henri Ey proposait celui d’éïdolies hallucinosiques, qu’il différenciait des hallucinations proprement dites, toujourspsychotiques [24]. Mais ce concept n’a pas eu la postérité de son auteur.

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5. Le « ghost » : une approche lacanienne

Dans son séminaire tenu en 1957 et 1958, intitulé Le désir et son interprétation5, Lacan s’appuiesur la tragédie d’Hamlet pour proposer une voie nouvelle de compréhension du travail de deuil.Nous n’allons pas la détailler ici, d’autant que cela supposerait une connaissance suffisante desconcepts lacaniens par le lecteur. Mais nous souhaitons exploiter un point du commentaire deLacan, celui qui met en lumière que, dans le deuil, il peut surgir des images comme celle du« fantôme » lorsque un sacrifice n’a pu avoir lieu. Habituellement, un tel sacrifice est permis etencouragé par les rites appelés par la disparition d’une personne aimée ; il a donc une dimensionle plus souvent sociale et publique. Mais il est d’abord une opération intime qui consiste à perdresymboliquement l’objet après l’avoir perdu dans la réalité, à le sacrifier donc, alors même qu’ilreprésente une valeur suprême. Or ce sacrifice est aussi sacrifice consenti d’une part de soi-même,d’un petit bout de soi, résultant de l’identification partielle à l’objet.

Pour que survienne un tel sacrifice, il faut des étapes, et sa réalisation rencontre les particularitésde la personnalité de l’endeuillé et du lien qu’il avait avec la personne aimée. Pour Lacan, cesétapes sont dépendantes d’une structure, celle formée par les trois catégories qu’il utilise à cemoment de son enseignement : le réel, le symbolique et l’imaginaire (RSI). Il postule ainsi que ladisparition d’une personne aimée constitue un trou dans le réel, trou qui provoque un comblementpar toutes sortes d’éléments liés au mort, pour n’en sélectionner qu’un seul, celui-là même quisera le motif du sacrifice évoqué plus haut. Dans ce qui vient à se projeter dans ce trou, l’image dumort, le ghost, peut représenter « une folie » écrit Lacan, tant que les rites — et le sacrifice — nesont pas accomplis. Cette folie n’est pas la psychose, mais elle utilise l’opération inverse, préciseLacan, de l’entrée dans une psychose, point que Lacan avait dégagé dans son séminaire de l’année1955–1956. Dans la psychose, le trou est dans le symbolique, et relève d’une forclusion et nond’un refoulement ou d’un déni, ce qui permet de différencier radicalement le champ de la névrosede celui de la psychose. La rencontre de ce trou plonge le sujet dans une perplexité dont l’enjeuest sa disparition même, si le délire ne venait suturer la béance et offrir un viatique pour continuerà exister.

Le ghost est donc une image revenante du mort, une illusion de présence, un désordre transitoireprovoqué par le trou laissé par le disparu. Mais fondamentalement, il procède d’un appel à tout cequi du symbolique et de l’imaginaire peut permettre la mise en attente d’un sacrifice à venir, car ilfaut encore que les rites fassent leur office pour qu’un deuil s’achève. On peut donner à ce ghostun statut de quasi-hallucination6, car là où le retour de ce qui a été forclos du symbolique dans leréel signe la psychose, ce quasi-hallucinatoire du deuil est un appel à des éléments symboliqueset imaginaires dans le trou provoqué dans le réel. La différence est donc structuralement fondée([28], p. 333).

6. Conclusion

L’objectif de ce texte était de discuter de concepts susceptibles de rendre compte de cer-taines spécificités de la clinique du deuil à partir d’un cas rencontré dans notre pratique depsychologue. Compte tenu que le phénomène du « fantôme » est maintenant admis comme

5 Lacan, J. Le désir et son interprétation, séminaire de 1958-1959, inédit.6 À notre connaissance, c’est S. Ferenczi qui utilisa le premier le concept de quasi-hallucination en 1933 pour désigner

des « manifestations impressionnantes » dues au traumatisme ([27], p. 125).

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faisant partie intégrante des phénomènes du deuil, il nous a paru intéressant de proposer unmodèle d’interprétation issu de l’enseignement de Lacan qui permet de s’écarter des concep-tions déficitaires des « hallucinations du deuil ». Il s’agirait d’ailleurs davantage d’illusions ou dequasi-hallucinations, dont une des fonctions est de conduire l’endeuillé sur la voie d’un sacrificerésolutoire.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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