CLIMATIQUE -...

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0 L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE L’intégration des enjeux d’adaptation au changement climatique dans les exercices de prospective territoriale 2010-2011 POULAIN Arnaud Directeur de recherche RICHARD Elsa

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L’ADAPTATION AU CHANGEMENT

CLIMATIQUE

L’intégration des enjeux

d’adaptation au changement

climatique dans les exercices de

prospective territoriale

2010-2011 POULAIN Arnaud

Directeur de recherche

RICHARD Elsa

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2010-2011 POULAIN Arnaud

Directeur de recherche

RICHARD Elsa

L’ADAPTATION AU CHANGEMENT

CLIMATIQUE

L’intégration des enjeux

d’adaptation au changement

climatique dans les exercices de

prospective territoriale

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AVERTISSEMENT

Cette recherche a fait appel à des lectures, enquêtes et interviews. Tout emprunt à des

contenus d’interviews, des écrits autres que strictement personnel, toute reproduction et

citation, font systématiquement l’objet d’un référencement.

L’auteur de cette recherche a signé une attestation sur l'honneur de non plagiat.

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FORMATION PAR LA

RECHERCHE ET PROJET DE FIN

D’ETUDES

La formation au génie de l’aménagement, assurée par le département aménagement de

l’Ecole Polytechnique de l’Université de Tours, associe dans le champ de l’urbanisme et

de l’aménagement, l’acquisition de connaissances fondamentales, l’acquisition de

techniques et de savoir faire, la formation à la pratique professionnelle et la formation

par la recherche. Cette dernière ne vise pas à former les seuls futurs élèves désireux de

prolonger leur formation par les études doctorales, mais tout en ouvrant à cette voie, elle

vise tout d’abord à favoriser la capacité des futurs ingénieurs à :

Accroître leurs compétences en matière de pratique professionnelle par la

mobilisation de connaissances et techniques, dont les fondements et contenus

ont été explorés le plus finement possible afin d’en assurer une bonne maîtrise

intellectuelle et pratique,

Accroître la capacité des ingénieurs en génie de l’aménagement à innover tant

en matière de méthodes que d’outils, mobilisables pour affronter et résoudre les

problèmes complexes posés par l’organisation et la gestion des espaces.

La formation par la recherche inclut un exercice individuel de recherche, le projet de fin

d’études (P.F.E.), situé en dernière année de formation des élèves ingénieurs. Cet

exercice correspond à un stage d’une durée minimum de trois mois, en laboratoire de

recherche, principalement au sein de l’équipe Ingénierie du Projet d’Aménagement,

Paysage et Environnement de l’UMR 6173 CITERES à laquelle appartiennent les

enseignants-chercheurs du département aménagement.

Le travail de recherche, dont l’objectif de base est d’acquérir une compétence

méthodologique en matière de recherche, doit répondre à l’un des deux grands

objectifs :

Développer toute ou partie d’une méthode ou d’un outil nouveau permettant le

traitement innovant d’un problème d’aménagement

Approfondir les connaissances de base pour mieux affronter une question

complexe en matière d’aménagement.

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REMERCIEMENTS

Au terme de ce projet de recherche, ma reconnaissance va à toutes les personnes qui

m’ont encadré, suivi et soutenu lors de la réalisation de ce mémoire.

A cet effet, je remercie tout d’abord Elsa Richard, tutrice de ce projet, qui a su me

guider pas à pas dans l’élaboration de ce projet et m’initier à la réalisation d’un mémoire

de recherche.

Je souhaite également remercier François Bertrand, chercheur à l’université François

Rabelais de Tours, travaillant sur le projet Adap’Ter intitulé « L’adaptation au

changement climatique : les défis d’une approche intégrée pour les territoires ».

Enfin, je souhaite remercier les acteurs auditionnés dans le cadre de ce projet :

Pierre-François Clerc : chargé développement durable à la DATAR ;

Pierre Crépeaux : chargé plan climat à la mission Ecologie Urbaine du Grand

Lyon :

Virginie Gicquel : conseillère technique au CESER de la région Bretagne ;

Bénédicte Métais : chargée environnement à l’Agence d’Urbanisme de

l’agglomération de Tours.

Leur disponibilité et leur intérêt sont à l’origine même des éléments de réflexions

présentés dans ce mémoire.

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SOMMAIRE

Avertissement ........................................................................................................... 4

Formation par la recherche et projet de fin d’études .................................................. 5

Remerciements ........................................................................................................... 6

Sommaire ........................................................................................................... 7

Introduction ........................................................................................................... 8

Première partie : Adaptation et prospective territoriale, éléments contextuels et

problématisation ............................................................................ 10

1. De l’émergence des politiques « climat » à la prise en compte de l’adaptation .... 11

2. L’évolution de la prospective dans les documents territoriaux ............................. 21

3. Spécification de la problématique de recherche .................................................... 26

Deuxième partie : Etude de cas sur l’intégration de l’adaptation au changement

climatique dans les exercices de prospective territoriale ........... 32

1. Grand Lyon : un territoire précurseur dans la prise en compte de la problématique

climatique au sein des politiques territoriales ........................................................ 33

2. Bretagne : une auto-saisine pour appréhender les impacts du changement

climatique sur les modes de gouvernance ............................................................. 42

3. L’agglomération tourangelle : une adaptation encore en gestation ....................... 49

Troisième partie : Discussions et perspectives ............................................................ 58

1. Les modalités d’intégration de l’adaptation au changement climatique dans les

exercices de prospective territoriale ...................................................................... 59

2. Les éléments clés de l’intégration de l’adaptation au changement climatique ...... 69

3. Les conséquences sur l’aménagement du territoire ............................................... 75

Conclusion ......................................................................................................... 78

Liste des personnes interrogées .................................................................................... 81

Bibliographie ......................................................................................................... 82

Table des sigles et abréviations .................................................................................... 85

Table des figures ......................................................................................................... 86

Table des tableaux ......................................................................................................... 87

Table des cartes ......................................................................................................... 88

Table des matières ......................................................................................................... 89

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INTRODUCTION

L’histoire de l’humanité ne représente qu’une modeste péripétie dans l’histoire de la

Terre. Si cette dernière est ramenée à une heure, l’homme n’apparaît même pas une

seconde. Durant cette heure, de nombreux rebondissements se sont produits en fonction

des évènements climatiques, tels que des variations extrêmes de température, dus

principalement aux oscillations de la Terre sur son axe. Ces variations ont souvent été

nuisibles à l’homme depuis son apparition. L’homme de Neandertal aurait disparu

notamment car il ne pouvait survivre aux nombreux et forts changements climatiques de

son époque. De tout temps où l’homme est apparu sur Terre, la nature et l’homme se

sont livrés à un bras de fer. Depuis des millénaires, l’homme est parvenu à dompter

certains aspects de la nature pour se loger ou se nourrir. Lors des dernières années de

son histoire, l’homme, après avoir dompté la nature, a créé et développé les machines

pour améliorer sa productivité et sa richesse. Ces dernières années, qui représentent un

infime chapitre de l’histoire de l‘humanité, ont engendré et vont engendrer des

modifications de la nature. Des évolutions que l’homme ne sait dompter mais auxquelles

il va devoir se confronter et s’adapter s’il ne veut pas subir le même sort que ses

ancêtres, tels l’homme de Neandertal face à des évènements climatiques extrêmes.

Les derniers rapports du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du

Climat (GIEC) ont permis de transformer une simple hypothèse du rôle anthropique

dans le changement climatique en une certitude. Changement dont l’échéance et

l’ampleur font toujours débat. Le sujet n’est donc plus uniquement porté par les

scientifiques, mais est devenu une thématique éminemment politique. Ces évolutions du

climat combinées à la transition énergétique vont entraîner des ruptures et des

modifications de nos modes de vie.

Face à ce changement climatique, dont certaines conséquences sont d’ores et déjà

visibles avec des événements climatiques extrêmes, les collectivités territoriales

apparaissent comme un échelon adéquat pour mettre en place des stratégies

d’adaptation. Cependant, si la prise de conscience semble avoir eu lieu au niveau

international, il n’en est pas de même au niveau territorial qui doit se mobiliser pour

s’adapter aux impacts climatiques locaux. Le contexte ne facilite pas les choses. Les

acteurs territoriaux doivent faire face à une problématique globale à un niveau local dont

les résultats ne seront pas visibles à court terme. De plus, des incertitudes subsistent sur

l’ampleur du changement climatique et les faibles retours de projets d’adaptation ne

permettent pas d’intervenir en s’appuyant sur une expérience passée.

L’objet de ce mémoire est d’approfondir les modalités d’intégration de l’adaptation au

changement climatique au sein des exercices de prospective territoriale. Il s’agit plus

précisément de comprendre comment les territoires se saisissent d’un enjeu global pour

le traduire au travers de politiques publiques grâce à l’outil de la prospective.

Le projet s’attache à identifier les stratégies d’intégration de l’adaptation au changement

climatique et comprendre l’intérêt de l’outil prospective pour inclure cette thématique

dans les politiques publiques. La finalité étant de révéler les freins et les leviers à la mise

en œuvre de l’adaptation par les territoires locaux et d’identifier les modifications,

9

engendrées par la politique d’adaptation au changement climatique sur les processus

d’aménagement du territoire.

Le mémoire se structure autour de trois parties. La première partie met en évidence le

contexte et les enjeux majeurs de la problématique climat afin de spécifier la

problématique et les hypothèses de recherches. La seconde partie est dédiée à l’étude de

trois documents de prospective territoriale intégrant la question d’adaptation : le Plan

Climat Territorial du Grand Lyon, Pouvoirs et démocraties en Bretagne à l’épreuve du

changement climatique, à l’horizon 2030 du Conseil Economique, Social et

Environnemental Régional de Bretagne, et Vers un SCoT Facteur 4 de l’Agence

d’Urbanisme de l’Agglomération de Tours. La troisième partie présente les résultats de

l’analyse des stratégies d’adaptation au changement climatique sur les terrains d’étude.

Elle propose dans un second temps un certains nombre de réflexions et de perspectives

quant aux modalités d’intégration des stratégies d’adaptation dans les documents de

prospective et quant aux retombées de cette politique sur l’aménagement du territoire.

10

PREMIERE PARTIE :

ADAPTATION ET PROSPECTIVE

TERRITORIALE, ELEMENTS

CONTEXTUELS ET

PROBLEMATISATION

11

Cette première partie vise à préciser l’objet et les notions clés de la recherche et à définir

la problématique et les hypothèses qui axeront l’analyse.

1. De l’émergence des politiques « climat » à la prise

en compte de l’adaptation

Longtemps considérée comme un problème scientifique, la problématique du

changement climatique est devenue, depuis la fin du XXe siècle, un objet politique à

part entière, à la fois au niveau international et national. Les avancées des connaissances

sur l’évolution du climat ont fait émerger un consensus scientifique sur l’hypothèse d’un

réchauffement climatique d’origine anthropique, suffisant pour motiver une saisie

institutionnelle de la lutte contre le changement climatique. C’est dans ce contexte

scientifique que s’inscrit ce mémoire de recherche.

Le quatrième rapport du GIEC de 2007 évoque le caractère désormais incontestable du

changement climatique :

« Le réchauffement du système climatique est sans équivoque. On note

déjà, à l’échelle du globe, une hausse des températures moyennes de

l’atmosphère et de l’océan, une fonte massive de la neige et de la glace

et une élévation du niveau moyen de la mer » (GIEC, 2007).

Cette partie n’a pas pour objectif de faire un historique détaillé de la politique climat,

mais de remettre dans le contexte l’apparition de la notion d’adaptation et de

comprendre sa signification.

11. L’émergence des politiques contre le changement

climatique en France

Le premier rapport du GIEC de 1992 a engendré une mobilisation des gouvernements

via la conférence de Rio qui a permis de signer le premier traité international dont le but

était de lutter contre le changement climatique. Depuis cette conférence, et devant les

preuves scientifiques, des politiques à différentes échelles, du mondial au local, ont été

mises en œuvre afin de lutter contre le changement climatique.

En France, la Mission Interministérielle de l’Effet de Serre (MIES) a été créée en 1992,

suite à la conférence de Rio, afin de coordonner les initiatives de lutte contre le

changement climatique. Cependant, l’émergence réelle de la politique climat en France

fut dans les années 2000, suite au protocole de Kyoto datant de 1997. Ce protocole,

ratifié par les membres de l’Union Européenne, fixait les objectifs de la France à une

stabilisation des émissions de gaz à effet de serre sur la période 1990-2012. En 2000, la

MIES publie le « Plan national de lutte contre le changement climatique » afin que la

France respecte ses engagements du protocole de Kyoto. L’ONERC, Observatoire

National des Effets du Réchauffement Climatique, fut créé en 2001 afin de répondre aux

enjeux établis dans le plan national. En 2004, un Plan Climat National est adopté afin de

diminuer les émissions de gaz à effet de serre, et ainsi, de respecter les engagements pris

lors du protocole de Kyoto. En 2005, la France prend la décision de revoir ses objectifs

de diminution des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, et se fixe

l’objectif de les diviser par 4 d’ici 2050. Enfin, le Grenelle de l’environnement de 2007

puis sa deuxième version de 2010 visent à trouver un consensus sur des mesures à

12

mettre en place dans la perspective d’un développement durable. L’un des groupes de

travail était consacré au changement climatique.

Dates 1992 1997 2000 2001 2004 2007-2010

Evènements Conférence

de Rio

Création de

la MIES

Protocole de

Kyoto

Plan national

de lutte

contre le

changement

climatique

Création de

l’ONERC

Plan Climat

national

Grenelle de

l’environne-

ment 1 et 2

Tableau 1 : Evènements clés mondiaux ou nationaux ayant permis l’émergence de la

politique de lutte contre le changement climatique en France (A. Poulain, 2011)

Les politiques de lutte contre le changement climatique sont donc récentes et les enjeux

les plus importants restent à venir tant au niveau de la réduction des émissions de gaz à

effet de serre, où les objectifs sont à l’horizon 2050, qu’au niveau de l’adaptation

compte tenu du caractère inéluctable des impacts futurs du changement climatique.

12. L’articulation entre la politique d’atténuation et la

politique d’adaptation

La politique d’adaptation a parfois été considérée contraire aux objectifs de la politique

d’atténuation par ces mesures qui pouvaient augmenter les émissions de gaz à effet de

serre (exemple : climatisation énergivore), et par le signe d’abandon et de relâchement

des efforts qu’elle incarnait pour certains. Or, comme le souligne le quatrième rapport

du GIEC en 2007 :

« Ni l’adaptation ni l’atténuation ne permettront, à elles seules, de

prévenir totalement les effets des changements climatiques. Les deux

démarches peuvent toutefois se compléter et réduire sensiblement les

risques encourus. »

Aussi, il est primordial que la lutte contre le changement climatique prenne en compte

ces deux actions complémentaires :

L’atténuation : il s’agit de limiter l’impact du territoire sur le climat, en

réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Elle passe par une meilleure

efficacité énergétique ou encore par une augmentation de la part des énergies

renouvelables dans la production finale d’énergie ;

L’adaptation : il s’agit de réduire la vulnérabilité du territoire dans un contexte

où les impacts du changement climatique sont inéluctables. Cela passe par la

prise en compte du changement climatique dans les autres politiques territoriales

(urbanisme, transport, infrastructure…) et par l’acceptation de modes de vie

différents. Elle relève également de la gestion des risques.

Des mesures d’adaptation peuvent être négatives pour la politique d’atténuation (par

exemple, la production de neige artificielle qui augmente la demande d’énergie), mais

certaines peuvent également être neutres, voire positives. Il en est de même pour les

mesures d’atténuation sur la politique d’adaptation.

13

Sans une mise en place de l’atténuation, c’est-à-dire une diminution significative des

émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation peut devenir extrêmement difficile voire

impossible. De même, si des efforts d’atténuation sont réalisés, certains effets du

changement climatique resteront toutefois observables ce qui rend l’adaptation

indispensable (ONERC, 2009). Dans cette perspective, il est nécessaire de trouver une

synergie entre l’atténuation et l’adaptation. C’est précisément l’objet du projet de

recherche « Adap’Ter » mené au laboratoire CITERES de l’Université de Tours et piloté

par François BERTRAND, qui questionne l’intérêt d’une approche intégrée de

l’adaptation pour les territoires1.

Figure 1 : La place de l’adaptation et de l’atténuation dans les causes et les effets du

changement climatique (Source : GIEC, 2007)

La réussite de ces politiques d’atténuation et d’adaptation repose sur la contribution de

tous les échelons territoriaux et sur les comportements individuels. Il sera dès lors

intéressant d’observer le rôle des acteurs dans les études de cas du mémoire.

La lutte contre le changement climatique nécessite donc ces deux politiques. Cependant,

ce mémoire ne va pas s’attarder sur la politique d’atténuation même si l’union de ces

politiques entraîne des problématiques qui peuvent être différentes telles que l’échelle,

la temporalité ou les acteurs impliqués.

1 Projet de recherche de 24 mois (jan 2010 – déc 2011) mené dans le cadre du Programme Gestion et

Impacts du Changement Climatique (APR 2008) du Ministère de l’Environnement, intitulé Adap’Ter

« Adaptation : le défi d’une approche intégrée pour les territoires ». Résumé en ligne [http://www2.gip-

ecofor.org/publi/]

14

13. La notion d’adaptation

a) La montée en puissance du concept d’adaptation

Contrairement à la prise de conscience du réchauffement climatique, la nécessité de

s’adapter n’a été mise en exergue que bien des années plus tard. Effectivement, alors

que le GIEC est créé en 1988, ce n’est qu’en 2001 qu’il propose dans son troisième

rapport une définition de l’adaptation :

« L’adaptation aux changements climatiques indique l’ajustement des

systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques

présents ou futurs ou à leurs effets, afin d’atténuer les effets néfastes ou

d’exploiter les opportunités bénéfiques. »

Cette même année, les accords de Bonn et Marrakech établissent le principe d’un Fonds

d’Adaptation en direction des pays en développement.

Lors des 10ème et 11ème conférences des Parties à la convention cadre des Nations Unies

sur le changement climatique (Buenos Aires en 2004 et Montréal en 2005), une attention

particulière a été portée sur les impacts du changement climatique et l’adaptation. A

Bali, l’inscription de la notion d’adaptation est rendue officielle et publique en 2007.

L’adaptation devient alors un des quatre piliers1 de la négociation internationale menée

au sein de la convention cadre des Nations Unies.

Au niveau européen, un livre vert élaboré en 2007 et intitulé : « Adaptation au

changement climatique en Europe : les possibilités d’action de l’Union Européenne »,

préfigure des stratégies d’adaptation à toutes les échelles. Ce livre vert définit quatre

lignes d’action :

Action précoce afin de développer des stratégies d’adaptation dans les secteurs

où le niveau actuel des connaissances est insuffisant ;

Intégration des besoins d’adaptation mondiaux dans les relations extérieures de

l’Union Européenne et formation d’une nouvelle alliance avec des partenaires

du monde entier ;

Amélioration des connaissances en matière d’adaptation grâce à la recherche au

niveau communautaire et à l’échange d’informations ;

Création d’un groupe consultatif européen sur l’adaptation au changement

climatique, chargé d’analyser des stratégies et des actions coordonnées.

Un livre blanc, rédigé en 2009, « Adaptation au changement climatique en Europe : vers

un cadre d’action européen », complète le livre vert et propose des instruments de

politique d’adaptation tels que le plan de relance de l’économie européenne qui contient

des propositions concernant l’investissement lié au changement climatique,

l’optimisation du recours aux assurances ou encore l’utilisation des fonds générés par le

système d’échange du quotas d’émission de gaz à effet de serre à des fins d’adaptation.

Au niveau national, le Plan Climat National de 2004 fixe des objectifs de réduction des

émissions de gaz à effet de serre et comprend un volet adaptation qui est confié à

1 Le Plan d’action de Bali a déterminé quatre principaux piliers pour l’amélioration de l’action de lutte

contre les changements climatiques : les mesures d’atténuation, les mesures d’adaptation, la mise au point et

le transfert des technologies et le financement (PNUD, Les résultats de Copenhague, 2010)

15

l’ONERC. Ainsi, l’ONERC publie en 2007 une « Stratégie Nationale d’Adaptation ». Il

s’agit d’aborder l’adaptation afin de préparer le territoire aux bouleversements et

impacts du changement climatique. Pour cela, le document, à visée indicative, et sans

portée juridique, fixe quatre priorités (sécurité et santé publique, aspects sociaux, aspects

économiques, patrimoine naturel à préserver) et détermine neuf axes d’application :

Développer les connaissances scientifiques ;

Consolider le dispositif d’observation ;

Informer, former et sensibiliser tous les acteurs ;

Promouvoir une approche adaptée aux territoires ;

Financer les actions d’adaptation ;

Utiliser les instruments législatifs et réglementaires ;

Favoriser les approches volontaires et le dialogue avec les acteurs privés ;

Tenir compte de la spécificité de l’outre-mer ;

Contribuer aux échanges internationaux.

Dernier document clé pour la prise en compte de l’adaptation au niveau national, le

Grenelle de l’Environnement 2, adopté en 2010, propose un Plan National d’Adaptation

qui devrait être adopté en juin 2011 et fixe un caractère obligatoire à la conception des

Plans Climat Territoriaux pour les intercommunalités de plus de 50 000 habitants tout en

gardant l’échéance du premier Grenelle. Le Plan Climat local est un document qui doit

intégrer l’atténuation et l’adaptation.

Enfin, des sommets internationaux ont eu lieu mais n’ont pas amené à des changements

radicaux. Le sommet de Copenhague de 2009 a permis de compléter la définition du

GIEC ci-dessous par l’adaptation aux effets indirects, c’est-à-dire aux mesures

d’atténuation.

Le quatrième rapport du GIEC de 2007 définie l’adaptation comme suit :

« Initiatives et mesures prises pour réduire la vulnérabilité des

systèmes naturels et humains aux effets des changements climatiques

réels ou prévus. »

b) Les différentes stratégies d’adaptation

La vulnérabilité au changement climatique est le degré par lequel un système risque

d’être affecté négativement par les effets du changement climatique sans pouvoir y faire

face (MEEDDM, 2010). A titre d’illustration, en cas de période de forte chaleur (aléa),

la vulnérabilité d’un territoire sera fonction :

De son degré d’exposition à l’augmentation des températures ;

De ses caractéristiques socio-économiques, telles que la présence de populations

fragiles (personnes âgées par exemple), qui vont conditionner sa sensibilité à

l’aléa chaleur ;

De sa capacité d’adaptation (systèmes de prévention en place, accès aux

équipements d’urgence, etc.).

Les actions qui permettent de réduire les impacts effectifs ou d’améliorer la capacité

d’adaptation pourront être par exemple :

Anticiper et limiter les dégâts éventuels (par intervention sur les facteurs qui

16

vont déterminer l’ampleur des dégâts : par exemple, l’urbanisation des zones à

risques) et profiter des opportunités potentielles ;

Supporter les changements (y compris en termes de variabilité et d’événements

extrêmes) ;

Réagir et faire face aux conséquences ou se remettre des dégâts.

A chaque impact dû au changement climatique, il n’existe donc pas une seule attitude

possible pour faire face au changement climatique et à ses impacts ni une seule action

d’adaptation réalisable. Cela est dû aux vulnérabilités spécifiques à chaque territoire et à

la capacité du territoire à s’adapter. Ainsi, plusieurs typologies d’actions d’adaptation

sont définies en fonction du degré de spontanéité et du type d’acteurs impliqués.

Pierre Dumas, dans le cadre de sa thèse1, a proposé une typologie d’adaptation reprise

par la suite par le MEEDDM :

Tableau 2 : Exemple de différents types d’adaptation (Source : DUMAS Pierre, 2006)

En fonction du degré de spontanéité, les actions d’adaptation sont :

Adaptation spontanée ou autonome : adaptation à une contrainte climatique par

une réponse immédiate et non réfléchie d’un point du vue stratégique

1 Pierre DUMAS, L'évaluation des dommages du changement climatique en situation d'incertitude :

l'apport de la modélisation des coûts de l'adaptation, 2006

17

(MEEDDM, 2010). Les actions de ce type d’adaptation correspondent à une

adaptation réalisée par les acteurs socio-économiques de manière indépendante

sans que cela entraîne de changements radicaux. C’est une attitude réactive face

à une contrainte du changement climatique.

Adaptation planifiée : adaptation qui résulte de décisions stratégiques

délibérées, fondées sur une perception claire des choses qui ont changé, ou qui

sont sur le point de changer, et sur les mesures qu’il convient de prendre pour

revenir, s’en tenir, ou parvenir à la situation souhaitée (MEEDDM, 2010).

Les stratégies d’adaptation sont également de deux types en fonction des acteurs qui les

conduisent :

Adaptation de caractère privé : adaptation amorcée et réalisée par des individus

privés. Elle sert d’ordinaire les intérêts de ceux qui la mettent en œuvre.

Adaptation de caractère public : adaptation amorcée et réalisée par des acteurs

publics. Elle sert généralement les intérêts d’une collectivité.

Les mesures d’adaptation mises en place au sein de ces différentes stratégies peuvent

être caractérisées de différentes manières :

Mesures d’adaptation physiques (investissement de protection, …) ;

Mesures d’adaptation institutionnelles (mécanisme de gestion de crise,

réglementation, …) ;

Mesures d’adaptation stratégiques (déplacement, faciliter la reconstitution en

cas de sinistre, …) ;

Mesures d’adaptation concernant la connaissance et l’information du public et

des décideurs, adaptation que l’on pourrait qualifier de « cognitive ».

L’intérêt de la typologie est de souligner la diversité des mesures envisageables et la

nécessité de rechercher une complémentarité entre les différentes actions possibles. Si

un seul type d’adaptation est mis en œuvre, la vulnérabilité du territoire ne serait pas

réduite au minimum.

Dans le cadre de ce mémoire, les études de cas se basent sur des stratégies d’adaptation

planifiées. Face au caractère désormais inéluctable du changement climatique et des

impacts qu’il va engendrer, certains territoires tentent d’agir à leur échelle pour

connaître et réduire leur vulnérabilité, se prémunir face aux contraintes du changement

climatique et ainsi augmenter leur capacité d’adaptation.

14. Les enjeux majeurs pour les stratégies d’adaptation

Malgré l’urgence de mettre en place des mesures d’adaptation, la recherche sur

l’adaptation des territoires aux effets associés au changement climatique, concomitante à

l’action, n’est pas suffisamment adaptée pour aider la décision. Et si des initiatives

locales ont déjà émergé, en France et à l’étranger, la planification et la mise en place de

mesures d’adaptation au changement climatique sont encore embryonnaires, à l’heure

actuelle. Des limites importantes à leur développement existent, telles que le caractère

local de l’adaptation qui rend plus difficile la coordination des politiques, et empêche la

conduite homogène des politiques d’adaptation à l’échelle nationale, ou encore les

incertitudes liées aussi bien aux impacts des changements climatiques qu’à la

vulnérabilité des systèmes naturels et économiques.

18

a) Des incertitudes nombreuses

Bien que le caractère inéluctable du changement climatique soit désormais reconnu, il

n’en demeure pas moins que de nombreuses zones d’incertitude persistent et rendent

plus difficile la mise en œuvre de stratégies d’adaptation. Ainsi, lors de l’élaboration de

ces stratégies, il n’est pas aisé de traiter l’incertitude liée à l’ampleur de changement

climatique et aux impacts associés. Cette incertitude résulte de la somme de trois

composantes :

Celle sur l’évolution du climat. Les impacts du changement climatique et les

risques associés sont incomparables suivant qu’on se situe dans un scénario de

hausse moyenne de +2°C ou +4°C, ce qui pourrait entraîner par exemple une

hausse du niveau de la mer variant de 15 centimètres (s’il y a une dilatation des

océans) à 15 mètres (s’il y a une fonte de tous les glaciers) (GIEC, 2007).

Celle sur les impacts locaux du changement climatique. Par exemple, les

modèles climatiques divergent en France sur la façon dont le changement

climatique va affecter la fréquence et l’intensité des épisodes de tempêtes dans

le nord du pays. L’incertitude est donc accrue lorsqu’on a besoin d’évaluer les

impacts locaux du changement climatique pour mettre en place une stratégie

d’adaptation (DE PERTHUIS, 2010). La finesse de l’échelle accentue les

incertitudes car les données sont de plus en plus désagrégées et viennent se

rajouter aux incertitudes initiales.

Celle sur les réponses des sociétés face au changement climatique. Il est à

l’heure actuelle très difficile de connaître les vulnérabilités, les réactions et les

capacités des sociétés face aux impacts du changement climatique. Ce n’est pas

nécessairement les plus riches qui s’adapteront le mieux, ce n’est pas fatalement

les plus exposés qui sont les plus vulnérables (Magnan, 2009).

L’ensemble de ces incertitudes peut être localement un frein à la prise de décision en

matière de stratégies d’adaptation. Le manque de connaissance sur les enjeux du

territoire face au changement climatique peut justifier des choix de non investissement

des pouvoirs publics dans l’adaptation. Cependant, ces incertitudes n’empêchent pas la

mise en œuvre de certaines mesures, en privilégiant des approches flexibles ou des

approches dites « gagnant-gagnant »1. Le partage de connaissance entre les acteurs

locaux est aussi un élément essentiel pour créer une base de connaissance commune et

que chacun soit conscient des enjeux et des incertitudes sur le territoire.

b) Le coût de l’adaptation

Les stratégies d’adaptation sont difficiles à mettre en place de par les incertitudes ci-

dessus, mais de plus, nous ne connaissons que très peu les coûts de l’adaptation de nos

modes de vie et de nos systèmes économiques à un climat qui évolue (DE PERTHUIS,

2010). Une question est alors soulevée sur le choix à faire sur des secteurs lourds en

infrastructures. Par exemple, doit-on construire un bâtiment d’une durée de vie de 150

ans qui devra alors être adapté au climat actuel mais également au climat de 2160, ou

faut-il construire un bâtiment avec une durée de vie plus faible mais qui sera

certainement encore en bon état au moment où il sera nécessaire de reconstruire ?

1 Pierre Dumas, dans sa thèse de 2006, définit l’approche gagnant-gagnant comme une stratégie qui engage

des investissements qui ne seront pas perdus, même s’il n’y a pas de changement climatique ou un

changement climatique en décalage avec les prévisions : par exemple une végétalisation en milieu urbain

permet d’améliorer le cadre de vie et de climatiser naturellement le milieu urbain.

19

S’adapter au changement climatique nécessite d’effectuer des choix stratégiques lors de

la prise de décisions de projets à long terme. Or, l’échelle de temps de l’adaptation ne

permet pas de retours d’expérience et un apprentissage par la pratique. Son évaluation

est donc prématurée.

Face au changement climatique, les études, notamment le rapport de Nicholas Stern

publié en 2006 sur L’économie du changement climatique, attestent toutefois d’un coût

de l’inaction bien supérieur au coût de l’action. L’adaptation resterait donc

indispensable car on peut s’attendre à un impact global négatif du changement

climatique, les coûts pouvant atteindre plusieurs centaines de millions d’euros par an

pour plusieurs secteurs si aucune adaptation n’est entreprise (ONERC, 2009).

c) Le concept de mal-adaptation

Comme nous l’avons vu précédemment, l’atténuation peut avoir des retombées

négatives sur l’adaptation. L’adaptation peut également conduire à des résultats non

conformes aux attentes.

« La mal-adaptation est un changement opéré dans les systèmes naturels

ou humains faisant face au changement climatique et qui conduit – de

manière non intentionnelle – à augmenter la vulnérabilité au lieu de la

réduire1 ».

Une situation de mal-adaptation correspond à l’une des situations suivantes (MEEDDM,

2010) :

Utilisation inefficace de ressources comparée à d’autres options d’utilisation (le

recours massif à la climatisation au lieu d’investir dans une isolation) ;

Transfert incontrôlé de vulnérabilité d’un système à un autre, mais également

d’une période à une autre ;

Réduction de la marge d’adaptation future (mesures qui limitent une flexibilité

éventuelle) ;

Erreur de calibrage : sous-adaptation ou adaptation sous-optimale.

L’erreur de calibrage est un axe potentiel important de mal-adaptation dans ce contexte

de fortes incertitudes concernant le changement climatique et ses impacts.

Prendre la mesure du risque de mal-adaptation, c’est notamment privilégier le choix de

stratégies sans-regret, qui permettent de réduire la vulnérabilité au changement

climatique et qui gardent des avantages quelles que soient les évolutions climatiques.

Les activités de renforcement des capacités d’adaptation sont souvent considérées

comme des mesures sans-regret car elles rendent la société moins vulnérable à un

ensemble de pressions (y compris à la variabilité climatique), quel que soit le niveau

effectif du changement (MEEDDM, 2010).

Outre les stratégies d’adaptation sans-regret, deux autres types de mesures sont à

privilégier :

Mesures réversibles qui permettent de modifier la stratégie à court terme ;

L’ensemble des mesures doit pouvoir être ajusté périodiquement en fonction de

l’avancée des connaissances sur l’évolution du climat et de l’efficacité des

mesures d’adaptation.

1 Troisième rapport du GIEC, 2001

20

L’adaptation est donc une notion récente dans l’histoire des politiques « climat » qui

remontent aux années 90. L’adaptation est l’une des deux stratégies pour lutter contre le

changement climatique et ses impacts associés, avec l’atténuation. Sa mise en œuvre est

soit réactive (en réponse à un évènement, en réaction à un changement) et donc

spontanée (exemple des climatiseurs lors de forte chaleur), soit planifiée (exemple de

construction de digues) et anticipée (exemple de la végétalisation en anticipation à

l’accentuation des îlots de chaleur urbain). La planification de ces stratégies ne se révèle

pas aisée car il faut prendre en compte de nombreuses incertitudes sur le changement

climatique, les impacts associés et les réactions des sociétés face aux contraintes

climatiques. De plus, étant un sujet récent, le peu de recul ne nous permet pas d’attendre

beaucoup des retours d’expérience sur les différentes stratégies et mesures à mettre en

œuvre pour adapter les territoires. Néanmoins, des mesures flexibles sont conseillées

pour prendre en compte les incertitudes. L’implication et la sensibilisation des acteurs

ont donc un rôle essentiel pour planifier et mettre en œuvre des stratégies d’adaptation

pour faire face au changement climatique sur leur territoire.

Dans le cadre de ce mémoire, nous allons étudier au travers de trois études de cas la

manière dont est intégrée l’adaptation au sein des documents de prospective territoriale.

21

2. L’évolution de la prospective dans les documents

territoriaux

La prospective ne doit pas être confondue avec la projection (prolongement dans le futur

des tendances passées) ni avec la prévision (voir par avance ce qui doit arriver).

L’idée centrale inhérente à la prospective est que l'avenir n'est pas une fatalité, qu’il se

construit pas à pas, qu’il est moins à découvrir qu'à inventer. Pour pouvoir le construire,

il faut faire preuve d'anticipation. Sans anticipation, reste les seules urgences qui ne

laissent guère de marges de manœuvre.

21. Petite historique de la prospective

a) Les dates clés de la prospective

Gaston Berger, philosophe et administrateur, a établi en 1955 les fondements de la

prospective. Cependant, en reprenant l’étymologie latine du mot prospicere qui signifie

regarder en avant, la prospective ne date pas des années 50. Dès le XVIIe siècle, Blaise

Pascal dans Pensées de 1670 écrivait :

« Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos

moyens ; le seul avenir est notre fin. »

Ce n’est pourtant qu’en 1957 que le centre international de la prospective est créé. En

France, la DATAR (Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à

l’Attractivité Régionale) est fondée en 1963. Cette délégation est chargée de préparer les

orientations, mettre en œuvre la politique nationale d’aménagement et de

développement du territoire, et a une mission de réflexion prospective et stratégique. Les

principes de la prospective se diffusent et se développent alors dans les centres de

décision jusqu’au plus haut niveau de l’Etat.

A partir du milieu des années 1970, sous l’effet conjoint de la décentralisation et de la

déconcentration des services de l’Etat, la prospective devient une prospective

territoriale. Cette prospective sera menée par les acteurs des différentes collectivités

locales selon les principes définis depuis 1955 par Gaston Berger jusqu’au début des

années 1970 par les groupes de prospective du plan et de la DATAR.

Depuis les années 1990, la loi Chevènement, puis la loi Voynet, qui permettent de créer

les intercommunalités, puis d’élaborer des schémas de territoire à différents échelons,

provoquent une multiplication des exercices de prospective territoriale.

b) L’évolution de la définition de la prospective

Gaston Berger en 1959 a établi une « attitude prospective » qui est développée en cinq

points :

Voir loin : l’attitude prospective nous fait regarder au loin.

Voir large : dans les affaires humaines, toute action, comme toute décision, est

synthétique. Elle intègre tous les éléments antérieurs. Cela est encore plus vrai

lorsqu’il s’agit de vues lointaines et que l’on vit, comme à présent, dans un

22

monde où l’interdépendance ne cesse de croître. Pour dépasser les vues étroites

des spécialistes et décrire d'une manière concrète une situation éloignée dans

l'avenir, rien ne vaut le colloque entre hommes d'expérience, ayant des

formations et des responsabilités différentes.

Analyser en profondeur : c'est à une analyse en profondeur que la prospective

doit se livrer. Recherche des facteurs vraiment déterminants et des tendances qui

poussent les hommes dans certaines directions, sans qu’ils s’en rendent toujours

bien compte.

Prendre des risques : prévision et prospective n'emploient pas les mêmes

méthodes. Elles ne doivent pas non plus être mises en œuvre par les mêmes

hommes.

Penser à l’homme : à bien des points de vue, la prospective ressemble à

l’histoire. Le passé n’est plus, l’avenir n’est pas encore, tous deux sont hors de

l’existence. Comme l’histoire aussi, la prospective ne s’attache qu’aux faits

humains. Les événements cosmiques ou les progrès de la technique ne

l’intéressent que par leurs conséquences pour l’homme.

Suite à ces fondements de la prospective établit par Gaston Berger, la DATAR en 1991

a défini la prospective de la sorte :

« La prospective est une démarche globale, interdisciplinaire qui a pour

mission de rendre compte de la situation passée et présente, de formuler

les questions clés du devenir, de repérer et de dessiner les futurs

possibles, de les confronter avec les buts que s’assignent ceux à qui elle

s’adresse et avec les contraintes existantes, de suggérer les procédures et

les actions appropriées pour transformer celles-ci en projets collectifs,

pour permettre aux décideurs de choisir en connaissance de cause. »

Suite à cette définition, la prospective se développe en France et des spécialistes

établissent de nouvelles définitions. Ainsi, Michel Godet, économiste, professeur au

Conservatoire National des Arts et Métiers et titulaire de la Chaire de la prospective

stratégique, définit la prospective en 1997 comme suit :

« La prospective est avant tout une attitude de l’esprit et un

comportement mobilisés pour assurer la qualité et la maîtrise de

l’existence présente et future. La prospective réhabilite le désir comme

force productive d’avenir. »

Hugues de Jouvenel, directeur du groupe Futuribles, centre international d’études

pluridisciplinaires et prospectives, quant à lui établit la définition suivante en 2004 :

« L’avenir est domaine de liberté, de pouvoir et de volonté. Il est à la fois

territoire à explorer, d’où l’utilité de la veille et de l’anticipation, et en

particulier de la prospective dite exploratoire ; et territoire à construire,

d’où l’utilité de la prospective parfois appelé normative, qui renvoie non

plus à l’investigation des futurs possibles mais à celle des futurs

souhaitables, aux politiques et aux stratégies qui pourraient être

adoptées pour les réaliser. »

Suite à la multiplication des exercices de prospective territoriale, la revue Les travaux de

recherche et de prospective, numéro 24, établit une définition de la prospective

territoriale en 2004 :

« La prospective a pour objet l’élaboration de visions, de perspectives et

23

d’orientations concernant le devenir d’un territoire et de ses habitants

pour éclairer et pour permettre des prises de position et des options

stratégiques, dans les cas les plus complexes, de projets de territoires. »

Ainsi, les définitions de la prospective sont multiples, parfois différentes et restreignent

pour certaines le choix de documents de planification pour les études de cas de la

seconde partie.

Le changement climatique est de plus une notion assez récente qui commence seulement

à devoir être intégrer dans les documents de planification grâce notamment au Grenelle

de l’Environnement. Dans le cadre de ce mémoire, les critères pour caractériser la

prospective territoriale sont :

La finalité de la prospective est d’élaborer des visions d’avenir à plus ou moins

long terme qui sont de nature à aider les acteurs et décideurs territoriaux à

définir les choix de stratégies d’action.

L’élaboration des visions d’avenir peut donner lieu à deux types de prospective :

la prospective exploratoire pour élaborer des visions ou des futurs possibles, et

la prospective normative pour élaborer des visions de ce qui serait souhaitable et

qui pourrait être un objectif à atteindre à une échéance donnée.

Ces critères sont volontairement larges pour avoir un choix maximal, lors des cas

d’étude, dans les exercices ouverts de prospective intégrant l’adaptation au changement

climatique.

Ainsi, ce choix se reflète dans la définition de la prospective retenue dans le cadre de ce

mémoire :

« La prospective est un outil de réflexion et d’aide à la décision destiné à éclairer les

questions du présent et de l'avenir, d'une part en les considérant dans leur cadre

systémique et complexe et, d'autre part, en les inscrivant dans la temporalité, grâce à

l’élaboration de stratégies territoriales. » (Commissariat Général au Développement

Durable, 2009)

c) La prospective de nos jours en France

Le contexte législatif récent est favorable au développement de la prospective

(DURANCE, 2008). Ainsi, parmi les instruments de planification stratégique et spatiale

intégrant une forte dimension prospective, les schémas de cohérence territoriale (SCoT),

qui réclament une réflexion poussée à un horizon de 20 ans et, à un degré moindre, les

plans locaux d’urbanisme (PLU), sont en train de mobiliser de nombreuses équipes.

La prise en compte du futur dans la construction de stratégies de développement, qui est

monnaie courante dans les grandes entreprises, commence à s'imposer dans les

territoires. Le champ et les finalités de la prospective territoriale sont désormais mieux

explicités, les principes de base, les concepts fondamentaux clarifiés, les outils et

méthodes ont fait en partie la preuve de leur efficacité.

Il importe cependant de distinguer la prospective initiée par les collectivités locales dans

laquelle la co-construction collective est indispensable, de la prospective de l’État,

réalisée également avec des acteurs de différentes structures, grâce à laquelle il s’agit de

combler un déficit de réflexions et de visions communes et à long terme.

24

Le niveau national s’est d’abord saisi de l’outil prospective et continue à le mettre en

œuvre de manière quasi scientifique. Les territoires se sont saisis par la suite de l’outil

grâce notamment au contexte législatif favorable. Cependant, de nombreuses structures

se lancent dans l’élaboration de prospective territoriale sans toujours savoir quelles sont

les démarches, les méthodes à suivre pour pratiquer l’exercice dans sa globalité. Selon

Pierre-François Clerc de la DATAR, il n’y pas d’exercice de prospective mis en place

au niveau territorial mais les exercices sont un mélange de prévision et de prospective.

22. La prospective stratégique dans les documents de

planification

a) Les idées clés de la prospective territoriale

« Toute forme de prédiction est une imposture, l’avenir n’est pas écrit,

mais reste à faire. L’avenir est multiple, indéterminé et ouvert à une

grande variété de futurs possibles. Ce qui se passera demain dépend

moins de tendances lourdes qui sʹimposeraient fatalement aux hommes

que des politiques menées par les hommes face à ces tendances. »,

(GODET, 2004)

Toutes les collectivités sont confrontées à la mise en œuvre de projet de territoire

intégrant une démarche prospective et une approche stratégique, au moins à travers

l’élaboration de documents d’urbanisme obligatoires. La prospective territoriale obéit

aux lois générales de la prospective appliquées à un champ qui est le projet de territoire.

La prospective territoriale est donc :

Un instrument privilégié pour aider à la compréhension de la transformation du

territoire en abordant les problèmes dans leur globalité ;

Une culture de l’anticipation et du débat collectif sur les enjeux futurs et les

choix qui en résultent de nos jours ;

Un raisonnement pour engager les acteurs vers des stratégies ambitieuses et pré

ou proactives.

L’exercice de prospective doit débuter par une phase de diagnostic du territoire passé et

présent. Cette phase va servir de base à l’élaboration de choix stratégiques. Ensuite, la

méthode des scénarios va permettre de construire des représentations du futur ainsi que

les cheminements qui y conduisent. L’objectif de ces représentations est de mettre en

évidence les tendances lourdes. Les deux grands types de scénarios sont les scénarios

exploratoires (futurs possibles) et les scénarios normatifs (futur souhaitable). Les

scénarios constituent un éclairage indispensable pour orienter les décisions stratégiques.

b) La prospective territoriale et les questions climatiques

Compte tenu de la courte histoire des problèmes climatiques et de leur prise en compte

par les acteurs politiques en France, les premiers exercices de prospective territoriale

dédiés à cette thématique ont réellement émergé dans le début des années 2000 avec les

Agendas 21 locaux et les Plans Climat Territoriaux en 2004.

Pour répondre aux enjeux d’adaptation, la prospective semble être un outil pertinent

25

notamment pour gérer les incertitudes. En effet, la prospective permet de gérer les

incertitudes particulièrement avec l’élaboration de scénarios. L’incertitude face à

l’avenir fait qu’il n’existe pas un, mais des futurs possibles. Il faut distinguer l’aspect

subjectif de l’incertitude (connaissance insuffisante) et l’aspect objectif (contingence).

La prospective répond à ces deux préoccupations en constituant une démarche de

connaissance, en envisageant des futurs possibles et souhaitables qui, en éclairant le

choix entre des options stratégiques, permettent de faire face aux multiples incertitudes

pesant, notamment à long terme, sur le contexte général des organisations et des

territoires. La prospective permet d’imaginer des alternatives tant dans les futurs

possibles que dans les réponses stratégiques à apporter (CORDOBES, 2009).

De par la nécessité d’une connaissance du territoire passé et présent, d’une échelle et

d’un territoire défini, et par l’élaboration de scénarios, la prospective territoriale pourrait

être un outil pertinent pour intégrer les enjeux d’adaptation au changement climatique

dans les documents de planification stratégique.

26

3. Spécification de la problématique de recherche

Alors que l’adaptation au changement climatique constitue un champ d’action publique

émergeant sur la scène locale, la prospective territoriale apparaît quant à elle comme un

« outil » aussi relativement récent à l’échelle du territoire pour aider la décision

stratégique, et en particulier l’adaptation. En effet, le caractère intrinsèquement

territorial de l’adaptation au changement climatique, rendant spécifique les mesures

envisageables sur chaque territoire, et les incertitudes incompressibles associées à

l’adaptation, semblent solubles et appréhendables au travers de la prospective. Par

l’exploration des possibles, comme par l’élaboration de scénarios, le recours à la

prospective à l’échelle territoriale semble pouvoir aider, sous couvert des compétences

requises pour l’exercice, la gestion locale de l’adaptation au changement climatique.

Des études de cas vont permettre d’observer la manière dont l’adaptation au changement

climatique est intégrée dans les exercices de prospective territoriale. Voyons à présent

les questions et la problématique qui ont orienté les recherches sur les études de cas et

de ce mémoire.

31. Questionnements et problématique de recherche

a) Le thème de la recherche

Les impacts du changement climatique sont localisés et les territoires vont être affectés

de manière inégale (inégalité dans l’exposition de même que dans les réponses).

L’adaptation au changement climatique est donc dépendante du territoire sur lequel elle

est mise en œuvre. Les pratiques des territoires et les secteurs de développement sont

ainsi concernés. Pour ne pas les fragiliser et faire face aux effets néfastes du changement

climatique, la mise en place de mesures d’adaptation sont nécessaires.

L’adaptation des territoires au changement climatique.

b) Le problème général

Même si des efforts d’atténuation importants sont aujourd’hui réalisés, les territoires

devront faire face aux impacts provoqués par le changement climatique. Néanmoins, le

volet adaptation est bien souvent délaissé dans les politiques locales. Les politiques

d’adaptation sont récentes et il est dès lors impossible d’avoir un retour sur expérience.

Aussi, comment les territoires mettent-ils en place leur politique d’adaptation ?

Quels sont les enjeux qui vont se révéler avec l’introduction de la politique d’adaptation

au niveau de l’aménagement du territoire ?

Les effets de l’adaptation au changement climatique sur l’aménagement, et l’action

publique territoriale sont méconnus.

27

c) La question générale

Les mesures doivent être adoptées au niveau local car les territoires vont être

inégalement impactés par le changement climatique. Différentes actions sont possibles

afin de s’adapter à un même impact. De plus, des incertitudes inhérentes au changement

climatique rendent la gestion de l’adaptation et la décision délicates. Aussi, la

prospective territoriale, grâce à sa méthodologie et à l’élaboration de scénarios, permet-

elle de gérer ces incertitudes ? Les mesures d’adaptation pour lutter contre les impacts

sont-elles intégrées de la même manière dans les exercices de prospective suivant les

territoires ?

Selon quelles modalités sont intégrés les enjeux d’adaptation au changement

climatique dans les exercices de prospective territoriale ?

d) La problématique de recherche

Les documents de prospective émergent depuis quelques années mais peu nombreux

sont ceux qui intègrent l’adaptation au changement climatique. La recherche s’est donc

orientée vers les documents de prospective « climat ». De plus, le volet adaptation reste

bien souvent moins développé que le volet atténuation. Le mémoire de recherche vise à

comprendre les modalités d’intégration de l’adaptation dans les exercices de prospective

territoriale et de cibler les leviers et les freins à sa mise en œuvre. Il cherche également à

déterminer l’intérêt et les effets de l’outil prospective dans le cas de l’adaptation au

changement climatique.

Selon quelles stratégies l’adaptation est-elle intégrée dans les exercices de prospective

territoriale sur le changement climatique ?

e) Les hypothèses de recherche

Les hypothèses de recherche sont les suivantes :

L’hypothèse principale :

L’adaptation est intégrée de manière multiforme dans les exercices de prospective.

Les raisons d’intégrer l’adaptation au changement climatique dans les politiques

territoriales, les acteurs impliqués à l’élaboration des mesures d’adaptation ou le degré

de connaissance des impacts du changement climatique ne peuvent être les mêmes sur

chaque territoire et engendre des stratégies d’adaptation différentes.

Les sous-hypothèses :

Les incertitudes associées à l’adaptation au changement climatique ouvrent des scènes

de discussions nouvelles renforçant les échanges entre acteurs et entre territoires.

28

L’élaboration de scénarios à travers la prospective territoriale permet une gestion de

l’incertitude des impacts du changement climatique et le débat favorisé par la

prospective amène un échange qui enrichit les connaissances.

L’adaptation est intégrée dans les exercices de prospective davantage comme une

logique cognitive que décisionnelle.

L’adaptation est un sujet récent qui est encore méconnu par de nombreux acteurs

territoriaux. Les premiers documents de prospective intégrant l’adaptation ont l’objectif

d’apporter des éléments de connaissance sur l’adaptation et de faire prendre conscience

à l’ensemble des acteurs la nécessité d’effectuer de manière complémentaire les

politiques d’atténuation et d’adaptation. Des mesures pourraient être proposées dans des

documents ultérieurs, quand le sujet sera mieux appréhendé.

32. Justification des terrains d’étude

Afin de répondre à la problématique, la recherche va se porter sur l’analyse de

l’intégration de l’enjeu d’adaptation au changement climatique dans les exercices de

prospective territoriale sur des territoires différents.

Les études de cas retenues sont :

Le Plan Climat Territorial du Grand Lyon ;

Le rapport Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l’épreuve du changement

climatique, à l’horizon 2030 du Conseil Economique, Social et

Environnemental Régional de la Bretagne ;

Le SCoT Facteur 4 de l’agglomération tourangelle.

Les territoires ne sont pas comparables ni au point de vue de leur taille, ni au point de

vue de la collectivité. Le choix a été fait de prendre des études de cas différents pour

avoir une vision de l’intégration de l’adaptation à différentes échelles et suivant

différents enjeux de territoire. Cette méthode d’analyse de grande variance ne prétend

pas monter en généralité, ni mener une comparaison stricto sensu des territoires, mais

vise à décrire un éventail d’intégrations possibles de l’adaptation dans des prospectives

de lutte contre le changement climatique.

Le Grand Lyon se place comme une collectivité pionnière de la gestion du changement

climatique avec l’élaboration d’un PCT dès 2007.

Le rapport sur la gouvernance à l’épreuve du changement climatique sur le territoire

breton résulte d’une auto-saisine de la part du CESER. C’est cette particularité qui en a

fait l’intérêt d’une étude de cas pour ce mémoire de recherche sur les stratégies

d’adaptation.

Enfin, l’agglomération tourangelle ne s’est saisi que dernièrement des problématiques

climatiques. L’objectif est de voir si les stratégies d’adaptation sont différentes sur un

territoire sans antécédents a priori dans les politiques climatiques par rapport à un

territoire tel que le Grand Lyon qui se saisit de ces questions depuis quelques années

déjà.

29

33. Démarche adoptée

Afin de mener à bien l’analyse comparative, les trois études de cas sont présentées et

analysées dans la seconde partie, puis la dernière partie vise à tirer des enseignements

sur les stratégies d’adaptation et à faire émerger les éléments déterminants et méthodes

susceptibles d’être partagées avec d’autres territoires. L’objectif est de dégager les

leviers et les freins de l’intégration de l’adaptation au changement climatique dans les

exercices de prospective territoriale.

a) Méthode d’étude des stratégies d’adaptation

Afin de pouvoir établir une comparaison entre les différents territoires, une grille de

lecture a été élaborée. Celle-ci a été complétée pour chaque territoire grâce aux outils de

recherche suivants :

La collecte de données documentaires ;

La conduite d’entretiens semi-directifs.

La grille de lecture s’attache dans un premier temps à réaliser un descriptif succinct du

territoire. Les caractéristiques suivantes sont intégrées : statut, superficie, population,

compétences, climat, …

La grille est ensuite divisée en quatre parties distinctes :

La première vise à présenter l’exercice et les facteurs clés de son élaboration ;

La seconde évoque la place de la prospective dans l’exercice ;

La troisième se réfère à l’intégration de l’adaptation dans l’exercice ;

La dernière ayant pour but de montrer l’articulation entre la prospective et

l’adaptation.

La première partie de la grille vise à comprendre les facteurs qui ont permis d’intégrer

l’adaptation au changement climatique dans un document de prospective. Dans certains

cas un élément déclencheur, tel qu’un événement climatique récent ou un acteur

politique sensibilisé à la question du changement climatique, peut entraîner l’élaboration

de ces documents. Ensuite, ce sont les dates clés et les acteurs impliqués qui sont

recensés.

La seconde partie étudie les méthodes prospectives employées et les concertations

engendrées par l’élaboration du document.

La troisième partie évalue dans un premier temps les connaissances liées à l’adaptation

du changement climatique, en recensant le type d’études qui ont été compilées ou

produites et les impacts identifiés sur le territoire. Dans un second temps, les stratégies

d’intégration de l’adaptation sont questionnées afin de déterminer les freins et les

leviers.

La quatrième partie interroge l’apport de la prospective territoriale dans l’intégration de

l’adaptation aux politiques territoriales.

L’ensemble de ces données est synthétisé dans le tableau suivant :

30

Comment est intégrée l’adaptation dans l’exercice de prospective territoriale ? Comment est

élaboré cet exercice ?

Processus Résultats

L’e

xer

cice

Description du territoire :

Statut

Compétences

Nombre d’habitants

Relief

Climat

Données socio-économiques

Comment émerge l’exercice de prospective territoriale ?

(éléments déclencheur, continuité d’une politique climat)

Dates clés de l’exercice de prospective et informations

liées :

Mise à l’agenda

Prise en compte de l’adaptation

Fin de l’exercice

Mise en place des mesures

Quels sont les acteurs impliqués dans le lancement et

l’élaboration du projet ?

Pro

spe-

ctiv

e

Quelle est la méthode de prospective utilisée ?

Quelles ont été les formes de concertation privilégiées ?

Avec quels acteurs ?

Ad

apta

tio

n

Quelles connaissances sur le changement climatique ou

l’adaptation ont été compilées ou produites ? Y a-t-il un

besoin de connaissances ?

Quels enjeux identifiés pour le territoire face au

changement climatique ?

Quelles sont les stratégies de prise en compte de

l’adaptation au changement climatique ?

Quels freins ou leviers ont été identifiés à son intégration

et/ou à sa mise en œuvre ?

L’a

rtic

ula

tion

adap

tati

on/p

rosp

ecti

ve

Dans quelles mesures la prospective peut être un outil

pour intégrer l’adaptation ?

Dans l’exercice, comment sont gérées les incertitudes

liées au changement climatique et aux impacts associés ?

Comment qualifiez-vous l’apport de la prospective dans

la gestion de l’incertitude ?

Quelles sont les répercussions sur les acteurs locaux et

les processus décisionnels ?

Quels ont été les moyens pour communiquer autour de ce

projet et pour sensibiliser la population à l’adaptation ?

Tableau 3 : Grille de lecture (A. Poulain, 2011)

31

Septembre Octobre Novembre Décembre Janvier Février Mars Avril Mai

Choix du sujet

Recherches bibliographiques

Formulation de la problématique et des hypothèses de recherche

Elaboration de la grille de lecture

Etude de terrain

Rédaction du rapport final

Rendu final (13mai) et

soutenance

b) Calendrier suivi

L’élaboration de ce projet de recherche, en parallèle d’autres enseignements, s’étale sur

une période de neuf mois lors de la cinquième année universitaire. La démarche de

construction du projet s’est structurée autour de différentes étapes.

Figure 2 : Calendrier suivi pour le projet de recherche (A. Poulain, 2011)

32

DEUXIEME PARTIE :

ETUDE DE CAS SUR

L’INTEGRATION DE

L’ADAPTATION AU

CHANGEMENT

CLIMATIQUE DANS LES

EXERCICES DE

PROSPECTIVE

TERRITORIALE

33

Cette seconde partie vise à mettre en évidence les modalités d’intégration de

l’adaptation au changement climatique, dans des exercices de prospective territoriale

dédiés à la question climatique, à travers trois cas d’étude. La contextualisation du

document dans la politique climatique territoriale est réalisée afin de connaître la

sensibilisation des acteurs à ces thématiques et d’appréhender les démarches

précédemment réalisées.

1. Grand Lyon : un territoire précurseur dans la prise

en compte de la problématique climatique au sein

des politiques territoriales

11. Le territoire du Grand Lyon

Située dans la région Rhône-Alpes, la communauté urbaine du Grand Lyon est la plus

grande de France au niveau de la population. Ci-dessous, quelques caractéristiques de

cette communauté urbaine créée en 1969.

Carte 1 : Communauté urbaine du Grand Lyon

(www.economie.grandlyon.com)

58 communes

Population : 1 310 000 habitants1

Superficie : 51 500 hectares2

Compétences : aménagement et

urbanisme, économie et foncier,

services au quotidien.

Suite à la signature de la charte d’Alborg en 1999, le Grand Lyon se lance dans la

réalisation d’un Agenda 21 local. Celui-ci est adopté en 2005. Le premier plan d’action

2005-2007 intègre la lutte contre l’effet de serre comme l’un des cinq axes stratégiques.

Une des actions de cette orientation est l’élaboration d’un Plan Climat Territorial

approuvé en 2007.

1 Source : INSEE, 2010 2 Source : www.grandlyon.com

34

La PCT du Grand Lyon va constituer un document d’étude dans le cadre du projet de

recherche car c’est un exercice qui doit intégrer deux actions pour lutter contre le

changement climatique : le volet atténuation et le volet adaptation.

12. Le Plan Climat Territorial dans la continuité des

politiques « climat » du Grand Lyon

a) Le contexte climatique de l’agglomération lyonnaise

La communauté urbaine se saisit précocement de la question du développement durable

avec l’élaboration de deux chartes de l’écologie urbaine en 1992 et 1997. En 1997, le

projet Millénaire 3 est également lancé et une de ses finalités est d’élaborer le projet de

développement durable du territoire. Le Grand Lyon signe la charte d’Alborg, charte

européenne des villes durables en 1999.

Avant l’élaboration du premier Agenda 21, et de la partie sur la lutte des gaz à effet de

serre, des réflexions avaient été produites principalement sur les dépenses énergétiques

avec le montage de l’Agence Locale de l’Energie en 2000. Auparavant, le programme

POLYEN en 1990 et 1997 avait permis de faire un inventaire énergétique.

En 2005, la première version de l’Agenda 21 est adoptée dont l’un des cinq axes

concerne la lutte contre l’effet de serre. La deuxième version est adoptée en 2007 avec

25 actions sur 100 concernant la lutte contre l’effet de serre, et qui constituent le premier

PCT du Grand Lyon.

Le 18 décembre 2007, le conseil de Communauté du Grand Lyon a voté à l’unanimité la

délibération cadre du PCT qui :

Définit la démarche Plan Climat de la communauté urbaine ;

Engage la communauté sur des objectifs chiffrés ;

Articule des engagements selon les périmètres d’intervention de la communauté

urbaine.

b) Le Plan Climat Territorial : l’axe climat de l’Agenda 21 du Grand

Lyon

L’Agenda 21 et le PCT sont deux documents complémentaires. L’Agenda 21 parce qu’il

est stratégique et se veut global est à même de préparer la mise en œuvre du PCT. C’est

le cas de l’agglomération lyonnaise qui a mis en place un PCT en application de son

Agenda 21. Le PCT est alors une déclinaison opérationnelle de l’axe climat de l’Agenda

21.

Le PCT n’est donc pas apparu dès la première version de l’Agenda 21 qui notifiait juste

l’élaboration future du PCT. Les premières actions du PCT apparaissent dans la version

de l’Agenda 21 2007-2009. Actuellement, un PCT est en cours d’élaboration avec un

diagnostic déjà achevé et un document qui devrait être adopté au cours de l’année 2011.

35

13. Une commande politique à l’origine du Plan Climat

Territorial

a) Vers une mobilisation des grands réseaux d’acteurs de

l’agglomération lyonnaise

Le PCT est venu d’une commande politique de la part de Béatrice Vessiller, alors élue

« vert » en charge de l’énergie, qui voulait lancer une réflexion politique sur ce qu’était

un Plan Climat et où le situer par rapport à l’Agenda 21. Depuis, le cheminement du

PCT au sein du Grand Lyon a évolué avec une première version dans le deuxième

Agenda 21, et au cours de l’année 2011, une version plus aboutie du PCT sera adoptée.

Pour ce faire, de nombreux acteurs ont été impliqués. Au sein de Grand Lyon qui met en

œuvre et pilote le projet, Pierre Crépeaux de la mission Ecologie au sein du service

Stratégies d’agglomération est le chargé du Plan Climat. Avec son service, il pilote

différents bureaux d’étude, notamment pour les calculs d’émissions de gaz à effet de

serre :

ICE et Indigo pour les calculs ;

Esprit Public pour la communication.

Ce sont ces mêmes bureaux d’étude qui réalisent les gains chiffrés en termes de

réduction d’émissions de gaz à effet de serre grâce aux mesures mises en place.

Outre ces acteurs, l’agence locale de l’énergie (ALE) lyonnaise a intégré le comité de

projet Plan Climat du Grand Lyon. L'ALE assure un rôle d'appui technique et

méthodologique au sein du comité technique du Plan Climat.

Mis à part ces acteurs mettant en œuvre l’exercice, des concertations ont eu lieu avec les

échelons inférieurs, comme supérieurs. Effectivement, l’ensemble des communes du

territoire du Grand Lyon a eu la présentation du diagnostic du projet et ensuite des

groupes de travail ont été formés afin d’avoir une réflexion stratégique pour élaborer des

plans d’action.

La région Rhône Alpes n’a pas été directement impliquée dans la réalisation du PCT du

Grand Lyon mais des échanges s’effectuent dans le cadre du Schéma Régional Climat

Air Energie.

Bruno Charles, Vice-président du Grand Lyon en charge de la démarche prospective en

matière énergétique, du pilotage, de l’animation des outils du développement durable et

élu porteur désormais du projet du PCT, a effectué une saisine à l’attention du Conseil

de Développement qui s’inscrit dans la continuité de leurs travaux antérieurs sur le

développement durable. L’objectif pour le Grand Lyon est d’avoir une valeur ajoutée et

innovante à son document grâce à la force de proposition du Conseil de Développement.

Sensibilisés à ces questions, les membres du Conseil ont souhaité interpeler les élus sur

la nécessité de penser conjointement la question énergétique et climatique et faire

prendre conscience que chaque citoyen est acteur du territoire et a donc des

responsabilités.

Le Conseil de Développement, instance de débats et de propositions, composé de

représentants de la société civile, constitue donc l’instance consultative de

l’agglomération.

Suite à une étude qui a établi que la communauté urbaine ne peut avoir d’influence que

36

sur 25% des émissions de gaz à effet de serre du territoire, le Grand Lyon a choisi de

fédérer toutes les forces vives du territoire au sein de la Conférence Energie Climat. La

Conférence Energie Climat, lancée le 6 mai 2010, est un mode de gouvernance innovant

que le Grand Lyon a mis en place afin de mobiliser sur le long terme les différents

acteurs du territoire dans la réussite du Plan Energie Climat. Les objectifs recherchés

sont un dialogue sur la manière d’atteindre les objectifs climatiques, la définition de la

contribution de chacun, la création d’une synergie et la mise en cohérence des actions

menées sur le territoire (Grand Lyon, 2010).

La Conférence Energie Climat est composé de 5 collèges :

Les membres de ces 5 collèges travaillent régulièrement sur des travaux thématiques et

se réunissent en séance plénière une à deux fois par an.

Ainsi, le Grand Lyon a initié et souhaite piloter une démarche de partenariats autour du

Plan Climat, par laquelle des acteurs du territoire de tous types pourront partager

l'engagement du Grand Lyon et mettre en commun leurs efforts de réduction d'émission.

b) La chronologie du Plan Climat Territorial

Le début de l’exercice et des études s’est fait en 2005 lors du premier volet de l’Agenda

21. A l’époque, ce n’était pas encore le Plan Climat mais des études pour préparer son

élaboration. Ces premières études ne se basaient que sur le volet atténuation et il a fallu

Figure 3 : Acteurs du PCT du Grand Lyon (A. Poulain, 2011)

Tableau 4 : Composition de la Conférence Energie Climat du Grand Lyon (Grand Lyon, 2010)

37

attendre 2006 pour que l’adaptation soit prise en compte. Les réflexions sur l’adaptation

ont débuté dans le cadre de la participation du Grand Lyon au projet européen AMICA.

Le but de ce programme sera développé dans la partie concernant l’intégration de

l’adaptation au Grand Lyon.

La dernière version du PCT sera achevée au cours de l’année 2011 tandis que le

diagnostic est d’ores et déjà terminé.

Le déroulement de l’exercice est résumé dans le tableau ci-dessous.

2005 2006 2007 2011 La suite

Début de

l’exercice et

des études

Prise en compte

de l’adaptation

(programme

AMICA)

Première

version du PCT

en tant qu’axe

climat de

l’Agenda 21

2007-2009

Dernière

version du PCT

Une fois achevé, le

PCT se déclinera en

mesures qui devront

être évaluées. Il

alimentera

également d’autres

documents. Un

document dédié à

l’adaptation va être

élaboré.

Tableau 5 : Chronologie du PCT du Grand Lyon (A. Poulain, 2011)

Le tableau ci-dessous met en parallèle les différents documents prospectifs de

l’agglomération lyonnaise.

2003-2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

PCT

Début de

l'exercice

Prise en

compte de

l'adaptation

Première

version du

PCT

Diagnostic du

PCT

Dernière

version du

PCT

PLU

intercommunal

Phase

d'élaboration

et de

concertation

Approbation

du PLU Procédure de modification

SCOT

Elaboration du rapport de

présentation et du PADD

Elaboration du Document

d'Orientations Générales, arrêt

du projet du SCoT, Consultation

et approbation

Tableau 6 : Chronologie des documents prospectifs de l’agglomération lyonnaise

(A. Poulain, 2011)

L’élaboration du PCT chevauche l’élaboration ou la modification des autres documents

38

de prospective. Ainsi, le PCT alimente d’autres documents d’urbanisme tels que le PLU

intercommunal, le SCoT de Lyon, le PLH ou encore le plan de protection de

l’atmosphère. Dans le cadre de la procédure de modification du PLU, un groupe de

travail « Vivre Facteur 4 » permet d’alimenter le document en termes énergétique et

climatique.

c) Les apports de la prospective

Pour l’élaboration du PCT, des connaissances du passé et du présent ont été produites en

2005, à l’entame du projet, grâce à un cadastre des émissions de gaz à effet de serre et

un bilan des potentiels d’utilisation des énergies renouvelables. Pour l’adaptation, des

travaux de vulnérabilités ont été produits dans le cadre du programme européen de

l’AMICA.

Le PCT propose un scénario pour atteindre le Facteur 4. L’adaptation sera prise en

compte dans un prochain travail de manière approfondie grâce à des études qui ont déjà

débutées. Cependant, Pierre Crépeaux ne sait pas encore la manière dont la prospective

sera utilisée au sein de ce futur document.

La prospective au sein du PCT a été mise en place de diverses manières :

Pour les calculs, un bureau d’étude utilisait le logiciel « prosperer » qui est un

tableur Excel permettant de réaliser différents scénarios ;

Par des ateliers.

Selon Pierre Crépeaux, la prospective permet de faire comprendre les ordres de grandeur

aux acteurs. Les ateliers prospectifs permettent aux acteurs politiques et techniques

d’avoir une base de connaissance et de leur faire prendre conscience des enjeux.

Dans le cadre du prochain exercice, la méthode n’est pas encore déterminée mais se fera

certainement par une analyse fine des facteurs de vulnérabilité du territoire. Ensuite, il

faudra recueillir des données sur l’évolution climatique et observer les impacts

provoqués sur le territoire afin d’agir en priorité sur les endroits les plus vulnérables.

Néanmoins, Pierre Crépeaux ne sait pas encore si une prospective exploratoire sera

utilisée avec l’élaboration de plusieurs scénarios.

14. Une première approche de l’adaptation

a) L’adaptation intégrée grâce au programme AMICA

L’adaptation est intégrée au PCT seulement en 2006 grâce au programme européen

AMICA. Selon Pierre Crépeaux, sans ce programme, la démarche adaptation n’aurait

pas été abordée dans le cadre du PCT.

Le programme AMICA vise à identifier de «bonnes» mesures d'adaptation, qui

combineront baisse des émissions et baisse de la vulnérabilité locale. Il permettra donc

de renforcer le volet adaptation du Plan Climat du Grand Lyon. L'objectif central est de

mettre au point une politique locale qui réponde au changement climatique de manière

intégrée, en alliant des mesures de court et de long terme, de précaution et de réponse

aux impacts, et créant le cadre d'un développement local durable dans le temps.

39

AMICA se décompose en cinq tâches :

Coordination : gestion du programme par Climate Alliance ;

Adaptation : mise en place de groupes de travail interrégionaux thématiques :

inondation, érosion côtière, sécheresse, pic de chaleur. Séminaires de travail,

estimation pour chaque partenaire de sa vulnérabilité aux impacts, inventaire

des mesures d'adaptation existantes. Production d'un catalogue des mesures

d'adaptation en lien avec le groupe des scientifiques.

Réduction des émissions : suivi des mesures en place par la méthodologie de

Climate Alliance. Auto évaluation et revue par des pairs (visite des autres

partenaires), contrôler l'évaluation.

Intégration des deux axes et mise en œuvre : travail sur les synergies entre les

deux aspects. Groupe de travail inter services dans chaque municipalité pour

travailler le plan d'action.

Sensibilisation : communication au sein de la collectivité et vers l'extérieur,

travail en réseau, élargissement des parties prenantes.

Ce programme européen, terminé en 2008, a permis aux acteurs du Grand Lyon d’être

sensibilisés à l’adaptation au changement climatique et ainsi d’intégrer ce volet dans le

PCT.

Dans le cadre du diagnostic du PCT de 2010, le programme AMICA a permis au Grand

Lyon de mener une prospective sur les impacts des changements climatiques sur son

territoire. Effectivement, une étude des facteurs de vulnérabilité susceptibles d’affecter

le territoire de l’agglomération lyonnaise a été réalisée. Il en ressort des impacts négatifs

qui, selon Pierre Crépeaux, se révèleront en cas de changement climatique mais ne sont

pas des enjeux actuels :

les îlots de chaleur urbains et canicule ;

les sécheresses ;

l’évolution des régimes hydrologiques.

D’autres impacts plus flous tels que les inondations, les tempêtes, les épidémies ou

encore l’évolution des précipitations ont également été identifiés mais seront à préciser

au fur et à mesure que la déclinaison régionale des impacts sera mieux connue.

Des mesures intéressantes identifiées au cours du programme AMICA et applicables au

territoire de l’agglomération ont été répertoriées :

40

Système

d’alerte

Urbanisme Bâtiments Energie

Plan

canicule

Végétalisation de la

ville, des parkings,

des rues, etc.

Création de trames

«vertes et bleues»

rafraîchissantes,

limitation des surfaces

imperméabilisées.

Adaptation des

espèces végétales

plantées pour intégrer

des variétés plus

résistantes aux

nouvelles contraintes

climatiques :

nouvelles espèces ou

sélection d’individus

plus résistants au sein

des espèces déjà

présentes.

Choix de matériaux

absorbant peu la

chaleur dans les

espaces publics,

parcours piétons

ombragés

Bâtiments à basse

consommation

d’énergie, dont

l’isolation limite les

besoins de

climatisation,

Isolation par

l’extérieur qui limite

l’effet de chaleur

urbain,

Protections solaires

des ouvertures pour

limiter les apports

solaires en plein été,

Mise en œuvre des

systèmes performants

de ventilation,

Utilisation

d’appareils

électriques les plus

efficaces en énergie,

pour limiter les

besoins de

climatisation.

Développement des

réseaux urbains en

trigénération :

production de chaleur,

d’électricité et de

froid à moindre

émission de CO2,

Suppression du

chauffage au fioul

dans les constructions

en zone inondable et

remplacement par du

bois pour éviter le

risque de pollution

des eaux,

Campagnes de

mobilisation de la

population pour

effectuer un délestage

du réseau électrique,

très sollicité lors des

canicules.

Tableau 7 : Mesures d'adaptation dans le PCT

(Source : Grand Lyon, 2009, A. Poulain, 2011)

Certaines modélisations sont actuellement déjà réalisées sur les îlots de chaleur et des

mesures de végétalisation sont entreprises compte tenu des conséquences engendrées par

la canicule de 2003. De plus, la canicule est un des enjeux identifiés lors du programme

AMICA. Néanmoins, mises à part quelques actions, les démarches concernant

l’adaptation restent faibles comparées à l’atténuation.

Aussi, un futur document sur l’adaptation va être réalisé. Ce futur document sera fait par

le Grand Lyon en collaboration avec l’agence d’urbanisme, l’agence locale de l’énergie

et un(e) thésard(e). En effet, pour remédier aux besoins de connaissance recensés, le

Grand Lyon a lancé une thèse. Ces besoins de connaissance sont relatifs aux incertitudes

dues au changement climatique et aux impacts associés, mais également sur le lien entre

les formes urbaines et la vulnérabilité causée par les phénomènes d’îlots de chaleur et

sur l’évolution des régimes hydrologiques.

Même si le document commence simplement à être pensé, Pierre Crépeaux estime qu’il

sera nécessaire d’effectuer une évaluation avec Météo France et, si possible, de mettre

en œuvre un observatoire de l’adaptation.

Les documents techniques sont inutiles si les politiques ne s’en saisissent pas par la

suite. Or, pour Pierre Crépeaux, les élus étaient un frein à la mise en œuvre de

41

l’adaptation, car ils considéraient que l’adaptation était une position de perdant

contrairement à l’atténuation. Heureusement, ils ont compris que malgré des actions

spectaculaires d’atténuation, des impacts affecteront le territoire. Ils considèrent

désormais l’adaptation comme de la gestion de risques. Les freins à la mise en place de

l’adaptation sont désormais les incertitudes soulevées.

b) Une gestion des incertitudes pas encore à l’ordre du jour

Les incertitudes concernant le Grand Lyon ne sont aujourd’hui pas gérées d’après Pierre

Crépeaux. La thèse aura pour but de répondre à toutes les incertitudes soulevées grâce à

une étude fine des vulnérabilités du territoire, puis avec une étude sur le changement

climatique local. Enfin, l’objectif sera d’étudier les impacts provoqués par le

changement climatique grâce, si possible, à une cartographie pour mettre en place des

actions sur les territoires les plus vulnérables.

Une fois ces incertitudes gérées, une autre inquiète Pierre Crépeaux : la mise en place

des mesures d’adaptation par les acteurs politiques. Maillon décisionnel, il est

indispensable que les acteurs politiques soient sensibilisés à la question pour qu’ils

puissent mettre en œuvre des plans d’action. Or, la majorité des acteurs du territoire ne

connaît pas réellement l’adaptation et la difficulté émergera lorsqu’elle apprendra

l’ordre des mesures à mettre en place sur leur territoire.

Pour combattre cette dernière incertitude, une communication a été faite sur

l’atténuation. Pour l’adaptation une communication, certainement intitulée « Comment

modifier la ville pour s’adapter », sera mise en place pour atteindre les acteurs

publiques. En effet, la mise en place des actions d’atténuation relève plus du domaine

privé tandis que l’adaptation relève du domaine public. L’implication des élus est donc

essentielle.

42

2. Bretagne : une auto-saisine pour appréhender les

impacts du changement climatique sur les modes de

gouvernance

21. Le territoire breton

Quatrième région touristique grâce à ses côtes et à la diversité de ses paysages, la

Bretagne a une qualité de vie à préserver qui pourrait être affectée par les impacts du

changement climatique.

Ci-dessous quelques caractéristiques du territoire breton.

Carte 2 : La région Bretagne (www.culture.gouv.fr)

4 départements

Population : 3 173 000

habitants1

Superficie : 2 720 900

hectares2

Compétences :

développement économique,

aménagement des territoires

et transport, agenda 21

régional

Le CESER (Conseil Economique, Social et Environnemental Régional) est une

assemblée consultative qui, avec le Conseil Régional, constitue la collectivité de la

région. Cette assemblée réalise des études et émet des préconisations, mais ne fait pas

dans l’opérationnel.

Figure 4 : La composition de la région Bretagne (A. Poulain, 2011)

1 Source : INSEE, 2009 2 Source : www.bretagne.fr

43

C’est cette assemblée qui s’est autosaisie, en 2007, d’une étude concernant les effets du

changement climatique en Bretagne sur les modes de gouvernance intitulée : « Pouvoirs

et démocratie en Bretagne à l’épreuve du changement climatique, à l’horizon 2030 ».

Effectivement, en 2008 la région a adopté son Agenda 21 et elle est actuellement en

cours d’élaborer son Schéma Régional Climat Air Energie mais, au préalable, aucune

étude n’avait été réalisée sur le changement climatique.

La façon dont le CESER s’est saisi de l’étude et le choix d’avoir orienté la prospective

sur les modes de gouvernance font que le rapport « Pouvoirs et démocratie en Bretagne

à l’épreuve du changement climatique, à l’horizon 2030 » va servir de document

d’étude dans le cadre de ce projet de recherche.

22. Une auto-saisine pour palier le manque de document sur

le changement climatique

a) Le contexte climatique de la région Bretagne

Dans le cadre de cette réflexion sur la gouvernance en Bretagne à l'épreuve du

changement climatique, la section prospective du CESER a saisi le Conseil Scientifique

de l’Environnement en Bretagne (CSEB) sur la question du changement climatique et

ses impacts en Bretagne dans le but d’effectuer une recherche sur les documents

préexistants. Cependant, ni les membres de la section prospective dans leur propre

recherche, ni le CSEB n’ont trouvé d’étude préalable sur le changement climatique au

niveau régional.

Les seuls exercices qui pouvaient exister auparavant étaient des documents faits par des

territoires inférieurs, tels que le PCT de Rennes.

b) Le CESER se saisit de la question climatique

Ce rapport provient d’une auto-saisine de la part des membres de la section prospective

du CESER qui souhaitaient en connaître plus sur les impacts du changement climatique

sur leur territoire, notamment au niveau de la gouvernance.

Cette auto-saisine ne fait suite à aucun élément déclencheur mais simplement à une

envie des membres de la section d’en connaître plus sur un sujet dans « l’air du temps »

au niveau de leur région.

C’est ainsi qu’en 2007, le projet « Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l’épreuve du

changement climatique, à l’horizon 2030 » a débuté.

23. Questions de gouvernance autour du changement

climatique

a) Les acteurs mobilisés au cours du projet

Les membres de la section prospective, provenant des différents collèges, se sont

autosaisis du projet et l’ont piloté. Des auditions ont été réalisées auprès de 37 personnes

44

qualifiées sur le sujet, mais aucune autre forme de concertation n’a eu lieu. Les auditions

ont principalement eu pour objectif d’améliorer les connaissances de la section

prospective au niveau du réchauffement climatique et de ses impacts possibles au niveau

régional.

M. Pierre

AUROUSSEAU

Président du Conseil scientifique de

l’environnement de Bretagne

Mme Corinne

LEPAGE

Présidente de CAP 21, ancienne ministre

de l’environnement

M. Yvon

BASSET

Responsable des activités Maîtrise de

l'énergie / Collectivités / Qualité de l'air,

à l’ADEME Bretagne

Mme Cécile

LEROUX

Architecte

M. François

BERTRAND

Docteur en aménagement, professeur à

l’Université François Rabelais de Tours

Mme Pascale

LOGET

Vice-présidente en charge de l'Agenda

21 régional, Conseil

régional de Bretagne

Mme Cécile

BLATRIX

Maître de conférences en sciences

politiques, Université Paris 13

M. Gérard

MAGNIN

Délégué général de l’association

Energie-Cité

M. Dominique

BOULLIER

Sociologue, Professeur à l’Université de

Rennes 2

M. Philippe

MEROT

Directeur de recherche à l’INRA et

membre du Conseil scientifique

de l’environnement de Bretagne

M. Paul-Henri

BOURRELIER

Président du Conseil scientifique pour la

prévention des catastrophes naturelles Mme Sylvie

OLLITRAULT

Enseignant-chercheur à l’Institut

d’Etudes Politiques de Rennes

M. Jacques

BREGEON

Directeur du Collège des hautes études

de l'environnement et du développement

durable

M. Jean-Charles

ORVEILLON

Directeur du Pays de Saint Brieuc

M. Brendan

CATHERINE

Chargé de la mission Environnement,

Mairie de Rennes

M. Stéphane

PENNANGUER

Chargé de mission à la Mission «Mer»,

Conseil régional de Bretagne

M. Ferdinand

COSTES

Chef de mission en charge du Plan

Energie pour la Bretagne M. Stéphane

PEYHORGUE

Chargé de mission au Bureau de

représentation de la Bretagne à

Bruxelles

M. Vincent

DUBREUIL

Directeur de l'équipe COSTEL, Maître

de conférences, Université de Rennes 2 M. Jean-Claude

PIERRE

Président de l’association « Nature et

Culture »

M. Jean

DUCHESNE

Professeur de l’enseignement supérieur

agronomique à l’Institut National

d’Horticulture d’Angers

M. Serge

PLANTON

Climatologue, responsable du groupe de

recherches climatiques

du CNRM

M. Loïc

DUTAY

Président du Centre Permanent

d'Initiative pour l'Environnement Val de

Vilaine

M. Michel

POIGNARD

Avocat, Président régional de

l’association régionale Haute

Bretagne de l’Institut des Hautes Etudes

de Défense Nationale

M. Marc

GILLET

Directeur de l’ONERC M. Julian

PONDAVEN

Membre de l’association «Cohérence»

Mme Fabienne

HERBINOT

Direction régionale de l’environnement

de Bretagne, Unité « risques naturels »

Mme Gwénola

PREVERT

Directrice du Centre Permanent

d'Initiative pour l'Environnement

Val de Vilaine

M. Fabrice

JAULIN

Membre de l’association « Nature et

Culture » M. Hugues

RAVENEL

Directeur adjoint chargé des études et

développements, Direction

Ouest de Météo-France

Mme Sylvie

JOUSSAUME

Climatologue, Directeur de recherche au

CNRS,

M. Lucien

SFEZ

Sociologue, Professeur de sciences

politiques Université de Paris 1

M. Pierre

LE FLOC'H

Chef du service « Développement des

territoires », Conseil

général des Côtes d’Armor

M. Philippe

TOURTELIER

Député à l’Assemblée nationale

M. Patrick

LE GALES

Professeur de sciences politiques à

l’Institut d’Etudes Politiques de Paris,

Directeur de recherche CNRS

M. Paul

TREGUER

Professeur d’océanographie chimique

M. Ronan

LE LOUARN

Chargé de mission en charge de

l'Agenda 21 régional, Conseil

régional de Bretagne

Tableau 8 : Acteurs auditionnés pour l'exercice en Bretagne (A. Poulain, 2011)

45

Cette étude est donc le résultat d'un travail collectif qui a impliqué les membres de la

section prospective (des conseillers économiques et sociaux et des personnalités

extérieures), mais aussi d'autres personnes auditionnées. Ces nombreux échanges, avec

des discussions, des débats ont permis aux membres du CESER de se faire une opinion

des différentes problématiques en jeu, puis de faire des hypothèses concernant les

évolutions possibles à l'horizon 2030. Les membres de la section prospective ont ensuite

construit plusieurs scénarios en les fondant sur des jeux d'hypothèses, et en discutant de

leur mise en cohérence.

Suite à la publication du rapport, les organismes qui le souhaitaient pouvaient demander

une présentation par les membres de la section prospective. Deux présentations ont ainsi

été faites devant le MEEDDM bien qu’aucun acteur d’échelon supérieur n’ait été

contacté lors de l’élaboration de l’exercice. Peu de présentations ont été faites sur le

territoire régional. Le rapport, une fois achevé, a néanmoins été présenté à la société

civile lors d’une conférence.

Le rapport doit être présenté dans la prochaine revue à sortir par le CESER. Cela

provoquera peut être de nouvelles demandes de présentation pour en connaître

davantage sur le document.

b) La chronologie de l’exercice

L’exercice a débuté à la fin de l’année 2007 avec l’objectif d’en apprendre plus sur le

réchauffement climatique. Ensuite, les membres du CESER ont cherché à en connaître

ses impacts. C’est alors que pour lutter contre ces impacts du changement climatique,

l’adaptation a été évoquée avant même l’atténuation. L’exercice a pris fin 18 mois plus

tard et le rapport a été édité en octobre 2009.

Fin 2007

Eté/Automne 2009 Octobre 2009

La suite

Auto-saisine

Démarrage de

l’exercice « Pouvoirs

et démocratie en

Bretagne à l’épreuve

du changement

climatique, à

l’horizon 2030 »

Fin de l’exercice Publication du

rapport

Le CESER

publie une revue

sur ses rapports.

La prochaine

revue de mai

2011 évoquera

ce rapport.

Tableau 9 : Chronologie du projet "Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l'épreuve du

changement climatique, à l'horizon 2030 (A. Poulain, 2011)

Virginie Gicquel, conseillère technique du CESER, bien que non informée par le

Conseil Régional du suivi des préconisations de ce rapport, évoque néanmoins une

prochaine alimentation de cet exercice dans divers projets qui émergent en Bretagne.

Ainsi, des échanges ont eu lieu et devraient encore avoir lieu pour l’élaboration du

Schéma Régional Climat Air Energie. Les membres de la section prospective vont

également intervenir lors de l’élaboration de la charte de l’espace côtier breton au sein

du groupe sur le changement climatique. Ils vont donner leur avis sur la composition du

comité de pilotage et sur la méthodologie à suivre.

46

c) Les apports de la prospective

Le choix d’avoir pour échéance l’horizon 2030 a pour but de ne pas « crisper » les

membres de la section prospective qui peuvent avoir des intérêts différents à plus court

terme et néanmoins de garder une échéance qui peut être « appréhender

intellectuellement », selon Virginie Gicquel.

L’exercice se base sur quatre scénarios liés aux différents modes de gouvernance pour

s’adapter au changement climatique. Les scénarios se veulent objectifs même si certains

sont plus pessimistes que d’autres, le but étant de créer une connaissance sur le

changement climatique et les possibilités de gouvernance envisageables.

Ce document est, à priori, l’unique à se baser sur les modes de gouvernance. Il est à

noter également que l’adaptation est largement abordée dans le rapport, voire plus que

l’atténuation qui a une place prépondérante dans les politiques de lutte contre le

changement climatique. L’adaptation est l’élément clé de ce document pour lutter contre

le changement climatique.

L’atelier prospectif a permis d’établir une base commune de connaissances, puis la

prospective a permis d’élaborer les différents scénarios de gouvernance dans le cadre de

l’exercice. Ce document a pour but d’éclairer les décisions d’aujourd’hui et de demain,

tant au niveau du Conseil Régional que de l’ensemble des acteurs régionaux. L’étude

n’a pas pour but d’apporter des réponses mais d’ouvrir des pistes de réflexion, de

provoquer le débat et de susciter le questionnement.

24. Le rôle de l’échelon régional dans l’adaptation du

territoire

a) De nouvelles pratiques démocratiques pour répondre aux enjeux

climatiques ?

Le CESER n’a aucune vocation scientifique et n’avait donc pas de connaissance sur le

réchauffement climatique. Leurs scénarios se basent donc sur les scénarios du GIEC.

Pour essayer d’en savoir plus sur le changement climatique local, la section prospective

a auditionné Monsieur Ravenel, de la direction Ouest de Météo France et a demandé au

Conseil Scientifique de l’Environnement de Bretagne de faire une étude sur les impacts

possibles.

Des études réalisées par l’ONERC ont également servi à enrichir la connaissance sur les

impacts du changement climatique.

Virginie Gicquel évoque un réel besoin de développer la recherche sur le changement

climatique et sur les impacts car il y a énormément d’incertitudes. Des travaux, depuis 5

ans, sont mis en place pour étudier différents impacts, notamment au niveau côtier, mais

ils n’ont pas encore abouti à des conclusions.

Le travail réalisé se base sur les enjeux de gouvernance et sur l’articulation possible

entre les différents échelons pour lutter et s’adapter au changement climatique. La

Bretagne est considérée comme une région « sans trop de soucis », par Virginie Gicquel,

au niveau des impacts attendus. Néanmoins, il est important, pour les membres du

47

CESER, que les acteurs régionaux se saisissent de la question et se mobilisent car de

faibles impacts dus au changement climatique sur la région ne veulent pas dire aucun

impact. Ainsi, un impact indirect pourrait être une migration de population vers la

Bretagne et une réflexion est alors à porter sur les équipements et autres problèmes qui

pourraient alors être soulevés.

Or, les stratégies régionales sont encore peu modifiées par la perspective du changement

climatique. Au travers de deux hypothèses sur l’évolution du climat croisées avec quatre

hypothèses portant sur l’évolution des pouvoirs et de la démocratie (régulation

mondiale, régulation nationale, pas de régulation, une régulation concertée), quatre

scénarios prospectifs ont été élaborés. Ces quatre scénarios listent les conséquences sur

le territoire breton du changement climatique en fonction du mode de gouvernance.

Même si la région a une vulnérabilité apparente moindre comparée à d’autres régions, il

ne faut que cela devienne une source de retard dans la réflexion sur les mesures

d’adaptations nécessaires.

Les membres de CESER préconisent de mettre en place un observatoire de l’adaptation

comme il a été fait pour l’énergie et les gaz à effet de serre et listent des leviers que la

région pourrait d’ores et déjà actionner pour faciliter la réflexion sur l’adaptation.

La région et le Conseil Régional peuvent dès à présent jouer un rôle pour améliorer les

connaissances et les échanges sur les enjeux du changement climatique. Pour le futur,

une nouvelle pratique démocratique pourrait être pertinente d’après les membres du

CESER : démultiplier régionalement les moyens d’associer la société civile aux

réflexions sur ces sujets.

« Ainsi, les processus participatifs locaux, centrés sur l’information, la

discussion et la proposition d’objectifs partagés doivent être encouragés

et soutenus à toutes les échelles de territoires, depuis la commune

jusqu’à la région, en passant par les pays, les intercommunalités, les

métropoles, les départements… Ils doivent porter tant sur les politiques

des collectivités territoriales que sur celles mises en œuvre par l’Etat. Et

ils doivent intervenir en amont de la prise de décision. Il est souhaitable

de développer des consultations capables de changer la donne et qui ne

soient pas des consultations alibi. » (CESER, 2009)

Cette pratique démocratique locale est proposée par les membres du CESER car il faut,

selon eux, que la société se mobilise pour faire face aux enjeux climatiques.

b) Mettre en œuvre l’adaptation dans un univers d’incertitude

Les incertitudes étaient importantes pour le CESER lors de l’élaboration du document

tant au niveau du changement climatique que de ses impacts au niveau local. Les

membres de la section prospective se sont alors appuyés sur les études préalablement

réalisées pour produire de nouveaux impacts au niveau de la gouvernance comme au

niveau territorial. L’atelier prospectif a permis d’établir une base commune de

connaissances et les incertitudes ont été gérées grâce à l’élaboration de plusieurs

scénarios qui permettent de travailler sur différentes hypothèses. Virginie Gicquel

évoque un problème au niveau de l’ampleur du réchauffement global car tous les

scientifiques ne sont pas en accord sur le passé et se demande jusqu’où on peut avoir

confiance sur les prévisions futures.

48

Ces incertitudes ne justifient pas pour les membres du CESER une inaction et ils

prônent des mesures séquentielles qui permettent un retour en arrière si les informations

nouvellement acquises le justifient.

Au fur et à mesure, de nouvelles connaissances seront produites sur les impacts du

changement climatique à un niveau local. La mise à jour des travaux se fera dans le

Schéma Régional Climat Air Energie.

49

3. L’agglomération tourangelle : une adaptation

encore en gestation

31. Le territoire de l’agglomération tourangelle

Le territoire sur lequel porte la recherche correspond au périmètre du Schéma de

Cohérence Territoriale de l’agglomération tourangelle. Celui-ci dépasse les frontières de

l’agglomération pour s’étendre sur 4 établissements publics de coopération

intercommunale.

Les caractéristiques présentées ci-dessous sont, soit celles du territoire d’étude, soit,

lorsque cela est précisé, celles de la communauté d’agglomération tourangelle

Tour(s)Plus.

Carte 3 : Le territoire de l'agglomération tourangelle

(www.atu37.org)

40 communes réparties dans

4 EPCI

Population : 353 000

habitants1

Superficie : 83 000 hectares2

Compétences (Tour(s)Plus) :

développement économique,

aménagement de l’espace

communautaire,

environnement et cadre de

vie

Alors que l’élaboration du PCT de Tour(s)Plus venait d’être entamée fin 2008, le

directeur de l’agence tourangelle d’urbanisme a répondu, en 2009, à un appel à projet

«Repenser les villes dans une société post-carbone» lancé par l’ADEME et le Ministère

de l’Ecologie afin de creuser la question du changement climatique et, plus largement,

de l’environnement dans le cadre de l’élaboration du SCOT.

En 2011, le rapport de l’agence tourangelle d’urbanisme, intitulé « Vers un schéma de

cohérence territoriale Facteur 4 », répondant à l’appel à projet, a été achevé.

1 Source : INSEE, 2006 2 Source : www.scot-agglotours.fr

50

L’agglomération de Tours n’avait auparavant aucune étude concernant la gestion du

changement climatique et le PCT, lancé en 2008, s’est achevé au début de cette année

2011.

Le rapport « Vers un schéma de cohérence territoriale Facteur 4 » est le document

référence pour ce projet de recherche au sein de l’agglomération tourangelle et va

permettre d’observer si le Grenelle de l’Environnement a pu avoir un impact sur des

territoires qui n’avaient pas abordés les problématiques climat auparavant.

32. Une prise en compte tardive de la problématique climat

a) Le contexte climat de l’agglomération tourangelle

Tandis que les Agendas 21 locaux pouvaient être effectués dès le début des années 2000

et que le Plan Climat National, sorti en 2004, incitait les agglomérations de plus de

50 000 habitants à réaliser un PCT, l’agglomération tourangelle ne s’est impliquée dans

la prise en compte des problématiques climatiques qu’en 2008 avec le lancement du

PCT et ne recense pas d’Agenda 21. Depuis 2009, la mission de développement durable

de Tour(s)Plus s’est transformée en - service développement durable - et la question du

changement climatique occupe une place majeure dans les missions du service. Les

premières démarches environnementales de l’agglomération tourangelle ne prenaient en

compte que l’assainissement ou les déchets. Désormais, elle est plus globalisante et tient

compte notamment des trames vertes et bleues.

b) L’émergence du projet SCoT Facteur 4

Dans ce contexte, le projet SCoT Facteur 4 vient d’une réponse à un appel d’offre lancé

par l’ADEME et le Ministère de l’écologie en 2009. A l’initiative du directeur de

l’ATU, l’agence a répondu à cet appel d’offre car le projet offrait la possibilité de

creuser la question du changement climatique et, plus largement, de l’environnement au

sein du SCOT qui ne l’abordait pas dans l’Etat Initial de l’Environnement (EIE).

L’agence d’urbanisme souhaitait également, en répondant à cet appel d’offre, alimenter

les différents projets sur lequels elle travaille (documents d’urbanisme, PLH, PDU…), et

venir en synergie et complément du SCoT en cours d’élaboration et du PCT de

Tour(s)Plus. Pour ce faire, l’agence d’urbanisme a créé un poste de chargé d’étude

environnement en 2009.

33. Un projet pour repenser la ville post-carbone

a) Des acteurs sensibilisés à la question climatique

L’agence d’urbanisme, en répondant à cet appel, avait pour but d’alimenter les

réflexions autour des questions du changement climatique, en fournissant de la matière

et un travail technique sur lesquels baser les discussions (SCoT, PCT, documents

d’urbanisme, etc.). Bénédicte Métais, chargée d’étude environnement à l’agence

d’urbanisme de Tours, a piloté et réalisé cet exercice.

51

Pour mener à bien le projet, un comité de pilotage a également été mis en place avec des

acteurs de quatre collèges : les élus, l’université, la société civile et les techniciens des

collectivités locales. Ce comité s’est réuni quatre fois lors des 15 mois de projet.

Un atelier prospectif a permis, à certains acteurs de ces collèges, d’exprimer leurs

visions futures du territoire en 2030 et de participer à l’élaboration de scénarios. Francis

Beaucire, enseignant chercheur à la Sorbonne, animait cet atelier qui comptait la

présence de :

François Bertrand, chercheur à la Maison des Sciences de l’Homme à Tours, et

Jean-Philippe Fouquet, chercheur au CETU ETIcs, représentants l’université ;

Jean-Jacques Filleul, maire de Montlouis-sur-Loire et Daniel Langé, élu à la

mairie de La Riche, représentants les élus ;

Bernard Sauveur, ancien directeur de l’INRA, et des associations, pour la

société civile

Des techniciens des collectivités locales tels que Frédéric Tallois, chargé de

mission au syndicat mixte de l’agglomération tourangelle, Florence Fresnault,

responsable de la mission développement durable à l’agglomération de

Tour(s)Plus ou Patrick Gachet de l’agence locale de l’énergie.

Une dizaine d’enfants, membres élus de la commission environnement du conseil

d’enfants de la commune de Joué-lès-Tours, a participé à l’élaboration de ce projet en

racontant une journée de leur vie d’adulte dans un monde post-carbone, sous forme de

textes et de dessins. Les enfants insouciants ne sont pas influencés par les médias et

peuvent ainsi avoir des idées différentes par rapport aux visions qu’un adulte peut avoir.

C’est dans cette optique que l’atelier s’est construit, pour apporter une vision nouvelle

au projet.

Un atelier d’écriture a également été mené avec le Centre Dramatique Régional de

Tours (CDRT). Sur un sujet donné, par exemple « Ecrire une lettre racontant un voyage

que l'on vient de faire, en 2050 », les participants donnaient leurs visions qui

permettaient de se réinterroger sur le scénario proposé dans l’exercice.

L’Etat a participé à ce projet par l’intermédiaire de ses services déconcentrés : la

DREAL et la DDT. Les conseils régional et général n’ont pas été impliqués.

Quelques élus, les plus sensibles et impliqués à la question environnementale, ont été

invités à participer à l’atelier, mais seuls deux d’entre eux ont répondu présent, ceux de

Montlouis-sur-Loire et de La Riche.

Figure 5 : Acteurs mobilisés dans le cadre du SCoT Facteur 4 (A. Poulain, 2011)

52

Une partie du territoire fait partie du PNR Loire Anjou Touraine. Michel Mattéi,

responsable du service urbanisme du PNR, a donc été impliqué à l’élaboration du projet.

L’objectif pour Bénédicte Métais était d’avoir un petit groupe de travail productif avec

des personnes concernées par le projet afin de recueillir de la matière et non d’avoir une

concertation « usine à gaz ». Le temps imparti et les financements expliquent également

ce choix.

Suite au scénario proposé dans le cadre de l’exercice, l’agence, en collaboration avec le

laboratoire ETIcs, veut étudier le degré d’accessibilité du scénario par les habitants. Le

but est de voir les freins et limites pour atteindre ce scénario et de voir si les habitants

prennent ce scénario comme un retour en arrière ou comme une avancée. Plusieurs

ménages ayant différents modes de vie seraient questionnés. Les modalités de cette

étude (financement, calendrier, etc.) ne semblent pas encore définies, selon Bénédicte

Métais, mais l’échéance pourrait être pour fin 2011 - début 2012.

b) La chronologie de l’exercice

Le déroulement de l’exercice est résumé dans le tableau ci-dessous.

Février 2009

Mars 2009 Septembre

2009

Jusqu’en

décembre

2010

Décembre

2010

(15mois)

La suite

Recrutement

d’un chargé

d’étude

environnement

à l’ATU 37

Réponse à

l’appel à

projet de

l’ADEME

« Repenser

les villes

dans une

société

post-

carbone »

Démarrage

du projet

SCoT

Facteur 4

Comité de

pilotage et

des ateliers

prospectifs,

d’écriture et

de conseil

d’enfants

Fin du

projet

Présentation du projet devant

le conseil d’administration de

l’ATU.

Concertation avec la

population locale pour voir le

degré d’acceptabilité du

projet.

Faire un second projet plus

approfondi sur l’adaptation.

Tableau 10 : Déroulement de l'exercice SCoT Facteur 4 (A. Poulain, 2011)

Plusieurs temps ont rythmé le projet et alimenté les réflexions :

4 réunions du comité de pilotage, dont une sous forme de « brainstorming » ;

1 atelier prospectif animé par Francis Beaucire, lors duquel plusieurs collèges

ont été représentés (université, collectivités, société civile, élus) ;

1 atelier d’écriture avec le Centre Dramatique Régional de Tours (CDRT) ;

1 atelier d’écriture avec un conseil d’enfants à Joué-lès-Tours. Ceci par

l’intermédiaire du conseil municipal des jeunes et dû notamment à la

motivation de l’animatrice, Magali Duveau.

Le directeur de l’ATU, Jérôme Barratier, a présenté le projet au conseil d’administration

de l’agence dont Jean Germain, maire de Tours, et Marie-France Beaufils, sénatrice et

maire de Saint-Pierre-des-Corps. Une présentation a également été faite devant une

commission de Tour(s)Plus.

L’exercice, et notamment son scénario, vont faire l’objet d’une publication accessible

d’une vingtaine de pages.

53

Le tableau ci-dessous fait la mise en parallèle du projet SCoT Facteur 4 avec les autres

documents prospectifs à l’échelle de l’agglomération tourangelle.

2002-2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

SCoT Facteur

4

Mars :

réponse à

l'appel à

projet

Septembre :

début du

projet

Décembre

: fin du

projet

Plan Climat

Territorial

Lancement

du PCT

Réalisation du

bilan carbone

Réalisation

du livre

blanc

Etablir un

plan

d'actions

SCoT

Arrêté du

périmètre et

création du

syndicat

mixte

Prise de

connaissance

du territoire

Diagnostic Etablir le

PADD

Tableau 11 : Chronologie des documents prospectifs "climat" sur l'agglomération

tourangelle (A. Poulain, 2011)

Le projet SCoT Facteur 4, d’une durée d’élaboration de 15 mois, s’inscrit dans les

périodes d’élaboration du PCT de Tour(s)Plus achevé en 2011, et du SCoT de

l’agglomération tourangelle. Le projet a permis d’alimenter les ateliers du PCT qui se

déroulaient lors de l’élaboration de l’exercice. Il restera désormais à étudier si le SCoT

intègrera ces enjeux climatiques.

c) Les apports de la prospective

Dans le cadre de l’atelier prospectif, les participants ont identifié des facteurs de

changement à venir et élaboré une posture à prendre en fonction de ces facteurs et ses

déclinaisons opérationnelles.

54

Figure 6 : Les résultats de l'atelier prospectif (ATU, 2011)

L’exercice du SCoT Facteur 4 se base sur une échéance à l’horizon 2030 afin

d’impliquer les acteurs politiques, pour qu’ils se sentent plus concernés qu’à un horizon

trop lointain tel que 2050.

Le projet ne se base que sur un seul scénario pour avoir une meilleure clarté sur la vision

du futur. Néanmoins, derrière cet unique scénario, plusieurs hypothèses ont été testées et

évaluées au regard des objectifs de réductions des émissions de gaz à effet de serre, et

seules les hypothèses permettant d’atteindre le facteur 4 ont été gardées.

Selon Bénédicte Métais, la prospective a été un réel moyen d’enrichir la réflexion au

cours de l’élaboration de l’exercice grâce au débat collectif qui a été mis en place avec

l’atelier prospectif et à la possibilité d’élaborer et de confronter plusieurs scénarios.

55

34. L’adaptation : un chantier à venir

a) Les prémices de l’adaptation au sein de l’agglomération tourangelle

L’adaptation est définie par Bénédicte Métais comme l’action de s’adapter aux

conséquences du changement climatique ou de permettre de s’y adapter. Il s’agit

d’adapter l’aménagement et l’urbanisme pour réduire les impacts potentiellement

négatifs.

La question de l’adaptation au changement climatique est abordée au sein du projet Vers

un SCoT Facteur 4, mais ne constitue pas l’objet de l’étude. La vision transversale est

amenée par l’ATU, et l’adaptation principalement par l’intermédiaire de la chargée

d’étude Bénédicte Métais.

L’objectif est essentiellement de faire prendre conscience de l’enjeu relatif de la gestion

des effets du changement climatique, de constituer une ouverture dans le projet.

L’adaptation est donc un des « chantiers à venir » de l’ATU. La question de l’adaptation

va continuer d’être étudiée, avec la collaboration de Météo France et l’observatoire

régional de l’énergie si des financements le permettre.

Néanmoins, même si l’adaptation va certainement constituer un des prochains sujets

d’étude pour l’ATU, leur rapport identifie dès à présent des enjeux pour le territoire

tourangeau et préconise quelques mesures.

Effectivement, malgré les incertitudes existantes sur la qualification des impacts du

changement climatique (positifs ou négatifs), l’agence a pu identifier des impacts

positifs possibles du changement climatique, tels que sur le vin (amélioration de la

qualité des récoltes), ou sur le tourisme (hiver plus doux). Toutefois, concernant le vin,

il est possible que de nouvelles maladies apparaissent suite au réchauffement, inhibant

ainsi la bonification des crus.

Selon Bénédicte Métais, les enjeux identifiés sont ainsi davantage liés aux impacts

négatifs du changement climatique que sont :

La gestion de la ressource en eau, dans un contexte actuel déjà menaçant

sur la nappe du Cénomanien, susceptible de s’accentuer au regard des

impacts potentiels du changement climatique (sécheresses plus

importante) ;

L’amélioration du confort et cadre de vie urbain avec la réduction des

îlots de chaleur urbains et la place de la végétation dans la ville avec

pour but de réduire les canicules ou leurs conséquences (climatisation

naturelle de la ville, rendre viable la ville dense) ;

Accompagner l’adaptation des milieux naturels (écosystèmes) face au

changement climatique avec la préservation des trames vertes et bleues ;

L’étude des nouvelles cultures à produire au niveau agricole.

Ces précédents impacts sont aujourd’hui déjà ciblés avec une nécessité d’agir.

Contrairement, la possibilité d’une inversion des flux migratoires due au changement

climatique n’est pas encore observée sur le territoire, mais il faudrait alors s’adapter à

l’accueil de ces nouvelles populations si cet enjeu venait à se confirmer.

56

Tableau 12 : Les mesures d'adaptation au changement climatique du scénario SCoT

Facteur 4 (ATU, 2011)

Au niveau de l’adaptation, « tout reste à faire », selon Bénédicte Métais et une étude des

vulnérabilités du territoire sera alors réalisée par l’ATU.

L’introduction de l’adaptation a été faite au travers de cet exercice dans l’idée d’ouvrir

le débat. Cette démarche a été initiée non pas par une demande politique, mais par les

sensibilisations des personnels techniques de l’ATU dans l’idée d’engendrer des

discussions et de faire de l’adaptation un « chantier à venir ».

b) Une connaissance du climat local pour faire face aux incertitudes

L’ATU a exprimé des besoins de connaissances sur le climat local pour réaliser les

scénarios pour le projet « Vers un SCOT Facteur 4 », d’où la collaboration avec Météo

France, initiée suite à la rencontre avec Météo France dans le cadre du PCT de

Tour(s)Plus. Ainsi, l’exercice se base sur les hypothèses et études de Météo France sur

le changement climatique local, elles-mêmes basées sur les hypothèses et scénarios du

GIEC.

Selon l’agence, il est nécessaire de pouvoir décrire un climat local futur pour travailler

sur l’adaptation.

Dans l’attente de réaliser un travail approfondi sur l’adaptation au changement

climatique, l’ATU a déjà réfléchi à la gestion de l’incertitude. Elle se fera avec la

collaboration de Météo France et des différentes études régionalisées pour avoir des

études sur le climat local indispensables à la mise en œuvre de mesures pour

57

l’adaptation du territoire. Pour l’incertitude sur les impacts du changement climatique,

c’est le principe de précaution qui pourrait être envisagé et élargi (réactualisation des

PPR par exemple).

Cependant, selon Bénédicte Métais, si tout reste à faire concernant l’adaptation, les

risques sont connus, et l’exacerbation des risques préexistants restent prévisibles.

58

TROISIEME PARTIE :

DISCUSSIONS ET

PERSPECTIVES

59

1. Les modalités d’intégration de l’adaptation au

changement climatique dans les exercices de

prospective territoriale

11. Le rôle décisif des acteurs dans la saisie du sujet

a) L’importance du contexte de la politique climatique sur le territoire

De précédents documents sur la thématique climat permettent de sensibiliser les acteurs

techniques et politiques au sujet. Or dans les trois études de cas, seul le Grand Lyon

avait au préalable réalisé des exercices sur les sujets climatiques, environnementaux et

énergétiques depuis les années 1990.

La communauté urbaine du Grand Lyon, dans la continuité de sa politique climat, s’est

saisie d’outils élaborés au niveau national et déclinés au niveau local. Ainsi, le Plan

Climat du Grand Lyon a été inscrit dans l’Agenda 21 précédemment élaboré au titre de

lutte contre l’effet de serre.

En ce qui concerne l’agglomération tourangelle et la région Bretagne, la réalisation des

projets intervient dans un contexte de prise en compte du changement climatique

inexistant. Un PCT sur l’agglomération tourangelle et un Agenda 21 sur la région

Bretagne ont été mis à l’ordre du jour ou produits lors de l’élaboration des documents de

prospective. Dans les deux cas, les projets ont émergé grâce à la curiosité des acteurs

techniques et à leur envie d’en savoir plus sur un sujet d’actualité.

b) Les acteurs techniques se saisissent de la question du changement

climatique

Bien que le PCT du Grand Lyon découle d’une commande politique d’une élue « vert »,

il n’en reste pas moins que ce sont, sans conteste, des techniciens sensibilisés qui

œuvrent pour la saisie de la question climatique. Ainsi, l’intégration de la question de

l’adaptation au sein du PCT est due au programme AMICA mais également à

l’engagement de Pierre Crépeaux, chargé de mission Plan Climat au Grand Lyon.

En Bretagne, le document « Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l’épreuve du

changement climatique, à l’horizon 2030 » n’émerge pas d’une commande politique. Ce

sont les membres de la section prospective du CESER qui ont souhaité se saisir de la

question climatique. En effet, le CESER étant composé de représentants de la vie

économique, sociale et culturelle, ces acteurs ont émis le souhait d’en connaître

davantage sur un sujet d’actualité qui pourrait nuire à leurs intérêts dans l’avenir et se

sont donc autosaisie du projet. Les membres de la section prospective ont voulu en

savoir plus sur le changement climatique en Région Bretagne et sur les problèmes qui

pourraient être engendrés au niveau de la gouvernance. Cette auto-saisine n’aurait peut

être pas eu lieu si la région s’était saisie préalablement de cette thématique, d’où

l’importance du contexte dans lequel intervient le document.

60

Le document « Vers un SCoT Facteur 4 » de l’agence d’urbanisme de Tours provient

d’une saisie différente des deux précédentes. Il correspond à une réponse à un appel à

projet « Repenser les villes dans une société post-carbone » lancé par l’ADEME et le

Ministère de l’Ecologie en 2009. Le directeur de l’agence d’urbanisme a répondu à cet

appel à projet dans le but de creuser la question du changement climatique et plus

largement de l’environnement dans le cadre de l’élaboration du SCoT.

Au travers des trois cas, il est possible d’observer l’importance des acteurs techniques

dans l’élaboration d’un projet. Sans des acteurs sensibilisés, la prise en compte du

changement climatique est difficile à mettre en œuvre au sein des territoires.

c) Un manque d’intérêt de la part des acteurs politiques ?

Malgré la commande politique, initiatrice du PCT du Grand Lyon, le projet est peu porté

politiquement. L’acteur en charge du PCT est le vice président de la communauté

urbaine, Bruno Charles, élu « vert » tout comme Béatrice Vessilier qui avait initié

l’exercice. Mis à part les élus sensibilisés et convaincus de la nécessité de mettre en

œuvre des politiques de lutte contre le changement climatique, il est plus difficile de

faire admettre l’enjeu aux autres acteurs du territoire. Cependant, grâce à un travail de

sensibilisation, les acteurs du territoire comprennent qu’ils n’ont plus guère le choix et

considèrent l’adaptation comme de la gestion des risques, d’après Pierre Crépeaux.

Dans le cadre de l’auto-saisine du CESER, aucun acteur politique n’a porté le projet, ni

même est intervenu lors de l’élaboration de l’exercice. De plus, suite à la publication du

document, des présentations pouvaient être organisées sur demande d’un organisme. Or,

aucun acteur politique ne s’y est intéressé, même si le document s’attarde à des

scénarios d’adaptation sur les modes de gouvernance qui les concernent

particulièrement. Il y a eu un seul retour de l’Union Démocratique Bretonne qui s’est

approprié quelques aspects de l’exercice d’après Virginie Gicquel.

Au niveau de l’agglomération tourangelle, le projet n’a pas été porté politiquement mais

deux élus sensibles à la question environnementale ont cependant participé à

l’élaboration du document lors de l’atelier prospectif. Compte tenu de son achèvement

récent, début 2011, il est difficile de connaître l’intérêt des acteurs politiques pour ce

projet, mais le directeur de l’agence d’urbanisme l’a tout de même présenté à une

commission de Tour(s)Plus à laquelle assistait Jean Germain, maire de Tours et

président de la communauté d’agglomération.

Un portage politique fort est nécessaire pour rendre possible la mise en œuvre du projet.

La conjonction des différents types d’acteurs sur le territoire (élus, techniciens, acteurs

économiques, etc.) est essentielle pour se saisir de la question du changement climatique

et mener à bien un projet.

61

12. La prospective au sein des exercices

a) Les méthodes utilisées

La prospective territoriale se base sur un diagnostic passé et présent, puis s’appuie sur

des scénarios élaborés à une échéance déterminée. Grâce au tableau suivant, nous allons

observer les méthodes de prospective utilisées dans le cadre des études de cas. Les trois

documents sont différents mais il est intéressant de savoir si, pour intégrer l’adaptation

au changement climatique, la même méthode est utilisée.

Plan Climat

Territorial

Grand Lyon

Pouvoirs et

démocraties

Bretagne

Vers un SCoT

Facteur 4

Agglomération

tourangelle

Diagnostic

passé et présent

Réalisé en 2005 à

l’entame du projet

Aucun car le CESER

n’a pas de

compétence

scientifique

Diagnostic des

émissions actuelles

de gaz à effet de serre

Méthode de

prospective

Atelier prospectif et

utilisation d’un

logiciel « prosperer »

pour l’atténuation

Atelier prospectif Atelier prospectif

Scénarios

proposés

Un scénario pour

atteindre le Facteur 4

Quatre scénarios

d’adaptation des

modes de

gouvernance

Un scénario pour

atteindre le Facteur 4

Echéance 2020 et 2050 2030 2030

Tableau 13 : Comparaison des méthodes de prospective des études de cas (A. Poulain, 2011)

Le tableau révèle que les trois territoires ont tous eu recours à des ateliers prospectifs qui

permettent aux acteurs du territoire d’émettre des visions de leur territoire. Cependant,

mise à part la région Bretagne, la prospective a été utilisée pour mettre en place une

politique d’atténuation et non d’adaptation. Les projets du Grand Lyon et de

l’agglomération tourangelle intègrent l’adaptation de manière plus ou moins développée,

mais les scénarios proposés ont pour unique but de réduire les émissions de gaz à effet

de serre.

Seule la région Bretagne a effectué des scénarios sur une adaptation au changement

climatique. L’originalité réside dans le fait que, n’ayant pas de compétence scientifique,

les scénarios reposent sur l’adaptation des modes de gouvernance face au changement

climatique. Les membres du CESER n’ont ainsi pas pu établir de diagnostic passé ou

présent du territoire ni avoir de réelles connaissances des évolutions climatiques du

territoire. Ils se sont appuyés sur les études du GIEC. Ce qui les intéressait, était de

scénariser les différentes réactions des échelons décisionnels face au changement

climatique.

62

Aucun de ces projets ne réalise une étude complète de l’adaptation des territoires face

aux impacts associés au changement climatique. Le Grand Lyon et l’agence tourangelle

d’urbanisme ont déjà commencé une nouvelle étude sur l’adaptation ou la prévoit. Les

méthodes de prospective qui seront utilisées ne sont pas encore déterminées.

Les membres du CESER travailleront certainement sur l’adaptation au cours de

l’élaboration du Schéma Régional Air Energie Climat.

b) Le fonctionnement des exercices de prospective

La mise en œuvre de la prospective nécessite des personnes compétentes. Des acteurs

compétents sur le changement climatique doivent également intervenir pour aider à

l’élaboration de scénarios.

Par exemple, le projet « Territoires 2040 » de la DATAR fait intervenir près de 300

experts, mobilisés de manière différenciée. La majorité fait partie de groupes de travail,

certains interviennent lors de séminaires, lors d’auditions ou en fournissant des

documents, et enfin, les membres du conseil scientifique portent un regard critique et

constructif sur les différentes productions. Des séminaires sur des territoires témoins

permettent de tester localement les hypothèses formulées. Enfin, des orientations

adaptées permettront d’impliquer la strate politique afin qu’elle assure le passage de la

dimension cognitive à la dimension décisionnelle.

63

Le tableau suivant répertorie les personnes qui ont participé au pilotage des projets et

auditionné au cours de leurs élaborations.

Plan Climat

Territorial

Grand Lyon

Pouvoirs et

démocraties

Bretagne

Vers un SCoT

Facteur 4

Agglomération

tourangelle

Les personnes

pilotant le

projet

Grand Lyon, Agence

Locale de l’Energie,

bureaux d’étude

Membres de la

section prospective

du CESER

ATU, bureau d’étude

Les

concertations

avec les

échelons

supérieurs et

inférieurs

Région Rhône Alpes,

les communes de la

communauté urbaine,

Présentation du

rapport au

MEEDDM, auditions

du chargé de mission

environnement de la

mairie de Rennes, du

chef du service

développement des

territoires des Côtes

d’Armor,

DREAL, DDT, PNR

Loire Anjou

Touraine, élus

sensibles à la

question climatique

Les

concertations

avec les acteurs

du territoire

Conférence climat

énergie, Conseil de

Développement

Auditions

d’enseignants

chercheurs, de

personnes qualifiées

en environnement et

d’associations, travail

en lien avec le

Conseil Scientifique

de l’Environnement

en Bretagne

Météo France,

participation aux

ateliers prospectifs

d’enseignants

chercheurs,

techniciens de

collectivité,

d’associations, un

atelier avec un

conseil d’enfants et

un atelier d’écriture

Tableau 14 : Acteurs participant à l’élaboration des exercices (A. Poulain, 2011)

La ville de Lyon et la communauté urbaine du Grand Lyon, impliquées depuis de

nombreuses années dans la prise en compte de l’environnement et du changement

climatique, ont associé à l’élaboration du PCT l’ensemble des acteurs du territoire et se

sont appuyés sur un partenariat avec l’Agence Locale de l’Energie. La Conférence

Energie Climat et la saisine du Conseil de Développement ont permis à chaque collège

d’acteurs du territoire d’apporter leur avis ou leur vision sur le projet du Grand Lyon.

Le CESER a réalisé son document sur les différents modes de gouvernance possibles

face au changement climatique. Ils ont auditionné des personnes compétentes pour

combler leur lacune scientifique. Néanmoins, pour élaborer le document, les membres

du CESER ont considéré ne pas avoir besoin d’acteurs. Ils ont basé leurs scénarios sur

les modes de gouvernance de l’échelon mondial au local et non sur les capacités des

territoires à s’adapter et les mesures à prendre.

64

Malgré le peu d’expérience de l’agglomération tourangelle dans la thématique climat, de

nombreux acteurs ont été mobilisés pour élaborer ce projet. L’originalité de la

participation des acteurs réside dans la création d’un atelier de conseil d’enfants pour

avoir des visions nouvelles sur le futur. La société civile sera auditionnée, suite à la

publication du projet, pour connaître le degré d’acceptation du scénario proposée.

Les différentes formes de documents s’expliquent en partie par le fait que les acteurs

pilotant les exercices proviennent d’organismes différents. Cependant, parmi les acteurs

impliqués lors de l’élaboration, nous retrouvons les personnes du territoire compétentes

en environnement ou climat, toutefois certains types d’acteurs varient. Ainsi, la saisine

du Conseil de Développement au Grand Lyon, le conseil d’enfants pour l’agglomération

tourangelle proviennent uniquement de la volonté des chargés du projet de les

impliquer.

La mise en œuvre du projet ne diffère pas seulement par la différence d’incertitude liée

au changement climatique sur le territoire, ni aux capacités du territoire à répondre aux

impacts, mais également par la volonté des chargés d’études d’impliquer les différents

types d’acteurs, des financements disponibles pour réaliser l’exercice et du temps

consacré à celui-ci.

13. Les différentes manières d’appréhender l’adaptation dans

le projet

a) Les connaissances utilisées et acquises au cours de l’exercice

Pour mettre en place l’adaptation au changement climatique, il semble nécessaire

d’avoir des connaissances sur le changement climatique et ses impacts associés au

niveau territorial. Le tableau ci-après permet d’observer de quelle façon les territoires

ont appréhendé l’adaptation au changement climatique et de répertorier les

connaissances qui leur semblaient indispensables.

65

Plan Climat Territorial

Grand Lyon

Pouvoirs et démocraties

Bretagne

Vers un SCoT Facteur 4

Agglomération tourangelle

Les connaissances

concernant le

climat futur

L’exercice ne se base pas sur

des hypothèses climatiques

mais sur des calculs

d’émissions car le but est

d’atteindre le Facteur 4. Le

travail d’adaptation repose

sur des facteurs de

vulnérabilité en fonction

d’une élévation de

température.

Les hypothèses du futur

climat se basent sur des

projections de Météo France

et de l’Institut Pierre Simon

Laplace, fondées sur les

scénarios du GIEC.

Le scénario repose sur des

études locales du changement

climatique réalisées par

Météo France, fondées sur les

scénarios du GIEC.

Les connaissances

sur les impacts

Les impacts identifiés au sein

de l’exercice, grâce au

programme AMICA, sont

principalement liés à la santé

avec par exemple les îlots de

chaleur urbains. Ces impacts

sont des facteurs de

vulnérabilité qui pourraient

constituer un enjeu dans le

futur.

Les impacts sur le territoire

ont été identifiés par la

lecture d’études notamment

de l’ONERC. L’exercice se

concentrait à déterminer les

impacts sur la gouvernance et

les retombées sur la région

Bretagne.

Aucune étude n’a permis

d’identifier les impacts

associés au changement

climatique. Les impacts

identifiés sont dès à présent

des enjeux pour le territoire.

Les connaissances

sur les

vulnérabilités du

territoire

Pas d’étude réalisée.

Les connaissances sur la

vulnérabilité du territoire

proviennent d’études

précédentes.

Pas d’étude réalisée.

Les besoins de

connaissances

Le changement climatique

local et les impacts engendrés

sont nécessaires pour mettre

en place des mesures

d’adaptation. De plus, des

connaissances sont

nécessaires pour connaître le

lien entre les formes urbaines

du territoire et la vulnérabilité

due au phénomène d’îlot de

chaleur et sur l’évolution des

régimes hydrologiques. Pierre

Crépeaux souhaiterait mettre

en place un observatoire de

l’adaptation.

Il y a un besoin de

connaissances au niveau local

en ce qui concerne le

changement climatique et ses

impacts. Selon Virginie

Gicquel, il faudrait également

établir par la suite une

connaissance partagée avec

comme proposition de mettre

en place un observatoire.

Le besoin de connaissance

reposait principalement sur

une connaissance du

changement climatique local.

Un besoin sur les impacts n’a

pas été évoqué car l’exercice

n’intègre que peu

l’adaptation.

Tableau 15 : Comparaison des connaissances utilisées, acquises lors de l'exercice et des

besoins exprimés (A. Poulain, 2011)

L’adaptation n’étant pas intégrée de la même manière dans les différents documents, les

connaissances utilisées, acquises ou nécessaires ne sont pas forcément les-mêmes.

Néanmoins, pour mettre en place l’adaptation, tous les acteurs ont évoqué logiquement

un besoin de connaissances plus précises au niveau local. Effectivement, ces projets ne

s’appuient pas sur des connaissances exactes du changement climatique local ou de ses

66

impacts car l’adaptation au changement climatique n’est pas approfondie au niveau

territorial. Or, sur les territoires, des nouveaux projets sur l’adaptation vont voir le jour

dans un futur proche ; les acteurs ont émis la nécessité d’avoir des connaissances plus

fines sur le changement climatique et ses impacts.

Le Grand Lyon, dans le cadre de l’élaboration du PCT, n’a pas eu de réels besoins de

connaissances car le projet était accès sur la réduction des émissions de gaz à effet de

serre. La participation au programme AMICA a permis d’intégrer l’adaptation au PCT.

Celle-ci se base sur des facteurs de vulnérabilité qui se révèleraient avec le changement

climatique et principalement une élévation de la température. L’adaptation fera l’objet

d’une étude lors d’un prochain document élaboré par le Grand Lyon. Dans le cadre de ce

futur exercice, Pierre Crépeaux a identifié des besoins de connaissance qui seront palliés

par une thèse.

Les membres du CESER de la région Bretagne se sont appuyés sur des études de Météo

France, du GIEC et de l’ONERC pour appréhender le changement climatique. A partir,

de deux scénarios climatiques, ils ont identifié des impacts sur le territoire.

Quatre scénarios de gouvernance ont ensuite été imaginés, en fonction d’une

prééminence variable des échelons politiques de gouvernement et d’un degré variable de

participation et de mobilisation des autres acteurs. A l’issue de chaque scénario, les

conséquences socio-économiques sur la région sont déclinées.

« Vers un SCoT Facteur 4 » a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de

serre. L’adaptation est rapidement évoquée. Pour le travail, une connaissance sur le

changement climatique a été produite au niveau local en collaboration avec Météo

France. Selon Bénédicte Métais, d’après le changement climatique futur, les impacts

sont déjà identifiés à l’heure actuelle et resteront les mêmes. Un document devrait être

réalisé par l’agence tourangelle d’urbanisme sur l’adaptation et il sera alors intéressant

d’observer sur quelles bases de connaissances s’appuie l’exercice.

Les connaissances utilisées ne sont pas les mêmes au sein de ces trois exercices car

l’adaptation n’est pas étudiée de la même manière. Cependant, il semble indispensable

d’avoir une connaissance précise du changement climatique locale et ses impacts pour

mettre en place une politique d’adaptation comprenant des mesures ajustées au territoire.

Autre élément important dans la mise en œuvre de l’adaptation : la connaissance des

vulnérabilités du territoire. Le Grand Lyon et l’agglomération tourangelle vont effectuer

cette étude dans le cadre d’un futur exercice sur l’adaptation, par contre le CESER de la

région Bretagne n’avait pas les moyens scientifiques de le faire. Néanmoins, l’étude de

vulnérabilité et la connaissance du territoire sont indispensables, d’après les acteurs

territoriaux, pour élaborer des mesures d’adaptation.

b) Les stratégies de prise en compte de l’adaptation

Les documents du Grand Lyon et de l’ATU intègrent l’adaptation de manière

indépendante dans une partie lui étant consacrée, tandis que l’adaptation est intégrée de

manière transversale dans l’exercice du CESER Bretagne. Les scénarios de ce dernier

sont fondés sur l’atténuation et l’adaptation, contrairement aux deux autres projets dont

les scénarios sont uniquement basés sur l’atténuation. L’adaptation est donc un élément

clé dans le document « Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l’épreuve du changement

67

climatique, à l’horizon 2030 » et ne constitue qu’une infime partie des deux autres

documents du Grand Lyon et de l’agglomération tourangelle. Ceci s’explique par le fait

que ces derniers territoires vont élaborer un futur exercice sur l’adaptation. Quant aux

membres du CESER Bretagne, représentants de la vie économique, culturelle et sociale,

ils ont vu dans leur intérêt futur d’aborder dès maintenant l’adaptation au changement

climatique.

Les modalités d’intégration de l’adaptation dans les exercices de prospective territoriale

dédiées au changement climatique sont donc multiformes, comme il est possible de le

constater dans cette partie.

Les acteurs impliqués dans l’élaboration des différents projets diffèrent d’un territoire à

l’autre. Le futur exercice sur l’adaptation du Grand Lyon reflète encore plus cette

différence avec le projet de travailler en collaboration avec un(e) thésard(e).

Les études sur l’adaptation n’ont pas été réalisées de la même manière. Le PCT,

document intégrant normalement l’atténuation et l’adaptation, ne doit sa partie

adaptation qu’à la participation du Grand Lyon au programme européen AMICA.

L’agglomération tourangelle préconise des mesures d’adaptation sans-regret et générales

suivant les enjeux identifiés sur le territoire dès à présent. Dans le cadre de ce document

aucune étude des vulnérabilités du territoire ou des impacts dus au changement

climatique n’a été faite. Les membres du CESER Bretagne ont voulu intégrer les deux

actions de lutte contre le changement climatique dans les scénarios pour avoir une vision

des enjeux.

Plan Climat

Territorial

Grand Lyon

Pouvoirs et

démocraties

Bretagne

Vers un SCoT

Facteur 4

Agglomération

tourangelle

Modalité de

mise à l’agenda

Commande politique

Volet « lutte contre

les gaz à effet de

serre » dans l’Agenda

21

Auto-saisine des

membres du CESER

Réponse à un appel à

projet

Intégration

transversale ou

indépendante

Indépendante, Transversale Indépendante

Adaptation prise

en compte dans

les scénarios

Non Oui Non

Acteurs

travaillant sur

l’adaptation

Acteurs du Grand

Lyon grâce au

programme AMICA

Membres du CESER

Chargée de mission

environnement à

l’agence d’urbanisme

Objectif de

l’adaptation

dans l’exercice

Faire prendre

conscience aux élus

qu’il faut s’adapter au

changement

climatique

Interpeller les acteurs

régionaux sur la

nécessité d’agir et

d’intégrer

l’adaptation dans les

politiques

Faire prendre

conscience de l’enjeu

relatif à la gestion du

changement

climatique

Tableau 16 : Comparaison des stratégies d'adaptation au changement climatique

(A. Poulain, 2011)

68

Malgré des divergences dans l’intégration de l’adaptation au sein des divers exercices, la

stratégie première des acteurs mettant en place ces projets est la même : provoquer le

débat, ouvrir des pistes de réflexion, susciter le questionnement. Pour Bénédicte Métais

de l’ATU, l’objectif est surtout de faire prendre conscience de l’enjeu relatif à la gestion

des effets du changement climatique, de constituer une ouverture dans le projet ;

l’adaptation reste « un chantier à venir ». Au Grand Lyon, l’objectif est de faire prendre

conscience aux élus qu’il n’y a plus guère le choix et qu’il convient de s’adapter. En

Bretagne, l’exercice vise à interpeller le Conseil Régional et l’ensemble des acteurs des

échelons régional et local sur un certains nombres d’enjeux en lien avec le changement

climatique qui affecteront la région. Ces acteurs « seront appelés à tenir compte du

changement climatique et de ces conséquences, autrement dit à réfléchir aux questions

qui relèvent de l’adaptation, alors qu’actuellement, seule la dimension atténuation est

éventuellement prise en compte » (CESER, 2009).

69

2. Les éléments clés de l’intégration de l’adaptation

au changement climatique

21. Les freins et leviers de l’adaptation au changement

climatique

« La difficulté actuelle du changement climatique est l’adaptation car

nous commençons à connaître les outils pour l’atténuation mais on ne

sait pas comment s’y prendre pour l’adaptation à cause de l’incertitude

face aux impacts »

Pierre-François Clerc, chargé mission de développement durable à la DATAR, reflète

par cette phrase tout le travail qu’il reste à faire pour que l’adaptation soit un outil clé

pour les territoires dans la lutte contre le changement climatique. L’objectif de cette

partie est d’identifier les différents freins de l’adaptation au changement climatique et

également de montrer que certains leviers existent déjà.

L’historique relativement court de la mise en place de l’adaptation ne permet d’identifier

l’ensemble des freins et leviers. Le dépassement de ces freins et l’optimisation des

leviers sont les enjeux principaux pour la mise en œuvre de l’adaptation.

a) Les barrières informationnelles

La mise en œuvre d’une démarche d’adaptation au changement climatique requiert des

connaissances sur le phénomène et la façon de l’appréhender. Or, les incertitudes sur le

changement climatique et ses impacts, soulevées par l’ensemble des acteurs interrogés

au cours de la recherche, sont nombreuses et les connaissances sur les stratégies

d’adaptation sont faibles. En ce qui concerne les incertitudes liées au changement

climatique, la première est l’évolution des émissions de gaz à effet de serre qui

entraînent ce changement climatique. Les hypothèses scientifiques se basent sur six

scénarios possibles mais les acteurs des territoires n’effectuent leur exercice que d’après

un ou deux, comme les membres du CESER Bretagne. L’incapacité scientifique à

prévoir un modèle fiable à l’échelle mondiale fait qu’aux échelons locaux, l’ampleur du

changement climatique est d’autant plus incertaine. La deuxième incertitude est de

connaître les impacts qui seront engendrés par ce changement climatique sur la société

humaine et sur les écosystèmes.

Il est difficile de déterminer si c’est réellement le manque de connaissances qui bloque

les acteurs à agir ou la délicate gestion de l’incertitude.

Mis à part des progrès scientifiques qui n’interviendront peut-être pas à temps pour

réduire ces incertitudes, les territoires devront agir et prendre des décisions dans un

contexte de fortes incertitudes, ce qui engendre un frein important au niveau des acteurs.

De plus, le fait qu’il y ait peu d’études préalables, et donc peu de mesures types déjà

mises en place, n’encourage pas la mise en œuvre d’adaptation.

Pour s’adapter, les territoires, dans un contexte d’incertitudes, doivent être créatifs et

70

innovants car il n’y a que peu de matière sur laquelle s’appuyer. Il faut de plus se méfier

de ce qui est fait précédemment car chaque territoire évolue dans un contexte différent

comprenant ses propres vulnérabilités et peut-être des impacts différents.

b) Des inégalités territoriales

Les territoires ne sont pas égaux devant le changement climatique et ce à divers aspects.

Ainsi, les vulnérabilités, les impacts dus au changement climatique, la sensibilisation

des acteurs, ou encore les moyens financiers font que chaque territoire devra mettre en

place sa propre stratégie d’adaptation en fonction de ses besoins. Il est peu probable que

l’agglomération lyonnaise ait la même stratégie d’adaptation qu’une petite commune

insulaire de Bretagne car les moyens humains et financiers ne sont pas les mêmes ainsi

que les vulnérabilités du territoire.

Contrairement à l’atténuation, la notion d’adaptation n’est pas encore intégrée par la

majorité des acteurs territoriaux et notamment des élus. Seuls les acteurs sensibles à la

question environnement et/ou climatique connaissent ce que le terme recouvre et sont

plus à même de mettre en œuvre des mesures d’adaptation. De plus, pour ajouter de la

complexité, les objectifs de l’adaptation ne sont pas chiffrés et les échéances ne sont pas

déterminées.

Il faut également des personnes techniquement compétentes, capables de mettre en place

l’adaptation et un plan d’action qui nécessite des moyens financiers. Néanmoins, les élus

se font souvent à l’idée que l’adaptation nécessite des coûts importants alors que la mise

en place de mesures sans-regret ne requiert des moyens financiers excessifs.

c) Les évènements climatiques vécus

Le sentiment de vulnérabilité peut amener le territoire à agir. Ce sentiment peut provenir

d’une situation géographique particulière (littoral, ville dense ou température élevée) et

suite à des événements climatiques extrêmes (canicule, inondation, tempête, etc.) ayant

marqué les mémoires. Ainsi, le Grand Lyon a été fortement touché par la canicule de

2003 et met en place des mesures d’adaptation sans-regret pour réduire les îlots de

chaleur urbains.

Les villes n’ayant subi aucun événement marquant peuvent au contraire tarder à prendre

conscience de la nécessité de l’adaptation.

d) Participation à un projet international ou européen

La participation de territoire à des projets ou programmes internationaux ou européens

d’aménagement durable ou de lutte contre le changement climatique facilite le partage

de connaissances et ainsi la mise en place de l’adaptation. C’est le cas du Grand Lyon

qui a intégré l’adaptation seulement à l’occasion de sa participation au programme

européen AMICA en 2006, alors que des études sur l’atténuation avaient été réalisées

depuis les années 2000.

Aussi, la mise en place de réseaux nationaux peut servir de levier pour que certains

71

territoires mettent en place l’adaptation, grâce à des échanges et des partages de

connaissances. De même, la proximité d’un territoire s’engageant dans une démarche

d’adaptation peut engendrer la mise en place d’adaptation dans les territoires

limitrophes, inférieurs et parfois supérieurs. Il arrive que les villes s’inspirent du

document qui a été réalisé par l’intercommunalité.

e) Le rôle des élus

Toute démarche d’adaptation verra plus facilement le jour si un élu est engagé dans le

développement durable. L’élu peut non seulement permettre de lancer le projet, mais

également le porter par la suite pour qu’il soit le plus abouti possible.

Le PCT du Grand Lyon provient ainsi d’une commande politique d’une élue « vert » et

est actuellement porté par un élu « vert » chargé du développement durable.

Des freins existent mais comme le soulignent les membres du CESER Bretagne, « les

incertitudes ne doivent pas paralyser l’action », en favorisant les mesures séquentielles

ou les mesures sans-regret. Il serait également préférable que le levier des événements

climatiques subis ne soit plus un élément déclencheur et que des mesures soient prises

auparavant.

Les partages de connaissances et les échanges permettent plus aisément de mettre en

œuvre l’adaptation sur un territoire grâce à une consolidation des bases de connaissances

et au partage d’expériences. Cependant, dans les trois études de cas réalisées, malgré la

réalisation d’atelier prospectif, ce sont la plupart du temps des acteurs sensibles à la

question qui sont impliqués dans les projets. Il semblerait que l’atelier prospectif

permette une nouvelle forme d’échanges autour de la question du changement

climatique. Tous les acteurs devront s’y impliquer. Pour cela une communication sur

l’adaptation devra être mise en place pour clarifier la notion d’adaptation aux acteurs

territoriaux. Il est nécessaire de leur faire prendre conscience de l’enjeu pour qu’ils

s’impliquent dans cette politique. De plus, au-delà des ateliers prospectifs et de la mise

en œuvre de l’adaptation, il faut effectuer une sensibilisation de chaque acteur du

territoire. En effet, au Grand Lyon, territoire pionner sur les questions climatiques en

France, le service Arbre et Paysage essaye de développer la question de l’adaptation

mais se heurte au manque de sensibilisation des membres du service Propreté et

Assainissement (PAGE, 2010).

Les propos de Pierre-François Clerc soulignent cette nécessité d’échange entre les

différents territoires et différents services. Selon lui, les territoires interrégionaux ou

régionaux doivent mettre en place des stratégies d’adaptation qui soient cohérentes les

unes avec les autres. Ensuite, il est nécessaire de sensibiliser les acteurs pour que

l’adaptation soit intégrée dans les différents documents de prospective mais « les

collectivités ne sont pas armées pour le faire ».

72

22. Les modalités d’utilisation de la prospective territoriale

pour gérer l’intégration de l’adaptation au changement

climatique

La prospective territoriale est perçue par les acteurs des territoires d’étude comme un

moyen d’enrichir la réflexion. L’atelier prospectif permet d’établir une base commune

de connaissances et par les différents scénarios possibles de faire prendre conscience à

l’ensemble des acteurs des enjeux.

Cependant, pour Pierre-François Clerc de la DATAR, les documents élaborés au niveau

local ne sont pas des exercices de prospective territoriale. Au niveau national, deux

types de méthode prospective existent :

La méthode de la DATAR basée uniquement sur la prospective.

La méthode du Commissariat Général du Développement Durable qui se base

plus sur un mélange de prévision et de prospective.

Les territoires reprennent la méthode prospective du Commissariat Général du

Développement Durable et non celle de la DATAR.

Pour Pierre-François Clerc, les exercices de prospective suivant la méthode DATAR

doivent être réalisés à l’échelon régional ou interrégional. La décentralisation a donné

des compétences aux différents échelons mais il y a la nécessité que les différentes

stratégies soient cohérentes. Aux niveaux inférieurs, ces travaux de prospective

alimenteraient des documents de réflexion de type prévision-prospective. Les

collectivités n’ont pas les compétences pour réaliser ces documents d’après Pierre-

François Clerc. Ceci amène aux contraintes de l’utilisation de la prospective territoriale :

Les collectivités territoriales doivent comporter des personnes compétentes en

prospective pour réaliser les exercices en régie.

La prospective nécessite une connaissance du territoire et de ses acteurs.

Il faut du temps pour réaliser un projet de prospective territoriale. Les exercices

réalisés par la DATAR, avec l’intervention de plus 300 experts, prennent

environ deux ans.

Pour ces raisons et pour un souci de cohérence, il est plus approprié de laisser la

réalisation des études de prospective aux échelons régionaux ou interrégionaux et de

décliner l’exercice aux échelons locaux, avec des travaux de réflexions basés sur la

prospective-prévision, selon Pierre-François Clerc.

Le point de vue, du chargé de développement durable de la DATAR, de considérer les

travaux des collectivités comme n’étant pas de la prospective territoriale, peut être mis

en parallèle avec les nombreuses définitions de la prospective élaborée et le fait que

chaque organisme considère la prospective différemment suivant les acteurs qui y

travaillent et son intérêt.

Néanmoins, malgré ces divergences de définitions entre l’échelon national et le local, la

prospective territoriale permet de montrer que l’incertitude ne justifie pas l’inaction. En

effet, l’incertitude est généralement plus ou moins mesurée et, face à cet encadrement, il

73

est possible de trouver des solutions adaptées et faire des analyses pour éviter la mal-

adaptation.

Selon Pierre-François Clerc, l’adaptation et le changement climatique viennent

renouveler non pas la méthode prospective mais le besoin de prospective.

La prospective territoriale n’est pas une science exacte mais elle est nécessaire pour

envisager des stratégies. Or, l’adaptation au changement climatique nécessite la mise en

place de stratégie pour que le territoire s’adapte au mieux aux impacts du changement

climatique. De par ces ateliers et les scénarios, la prospective permet aux acteurs

d’échanger et d’élaborer ensemble le futur de leur territoire en fonction des facteurs qui

pourront évoluer avec le changement climatique.

23. Une typologie d’intégration de l’adaptation est-elle

réalisable ?

Une typologie d’intégration de l’adaptation ne semble pas être réalisable étant donné

l’inégalité des territoires et la diversité des documents dans lequel l’adaptation est et

sera intégrée. En effet, pour la DATAR, l’objectif est d’intégrer l’adaptation dans

l’ensemble des documents de prospective.

Néanmoins une démarche, un processus pour permettre l’intégration de l’adaptation au

changement climatique au sein des exercices de prospective semble être réalisable.

D’après les différents propos recueillis au cours des entretiens et les lectures, des

besoins ou des étapes se dessinent pour intégrer l’adaptation au changement climatique

dans les documents de prospective.

Tout d’abord, la prospective parait être un outil adapté à l’intégration de l’adaptation. Il

permet d’élaborer des stratégies, d’avoir un échange de connaissances entre les

différents acteurs aussi bien politiques que techniques et permet, par l’élaboration de

scénarios, de gérer en partie l’incertitude. L’outil prospective semble être un bon moyen

de gérer les effets du changement climatique.

Le document de prospective dans lequel va s’inscrire l’adaptation importe peu.

Effectivement, le PCT doit intégrer un volet adaptation mais il est bien souvent

inexistant ou peu développé par rapport au volet atténuation. Par exemple, le Grand

Lyon a réalisé dans son PCT une partie sur l’adaptation mais le territoire a pour projet

de réaliser un futur document qui permettra d’approfondir et de traiter exclusivement la

question d’adaptation. Il est à noter que l’intégration de l’adaptation se fait actuellement

quasiment qu’au sein d’exercices traitant du changement climatique. Lorsque la notion

d’adaptation sera moins floue pour l’ensemble des acteurs, l’intégration de l’adaptation

devra se faire dans l’ensemble des documents de prospective pour une meilleure

transversalité.

Des études apparaissent incontournables dans l’intégration de l’adaptation. La première

est une étude des vulnérabilités du territoire. Celle-ci permet de connaître les faiblesses

du territoire et par la suite de comprendre si ces vulnérabilités vont s’accentuer ou

diminuer avec l’évolution du climat. Parallèlement à cette étude, pour connaître le

potentiel du territoire à agir et à réagir, l’inventaire des documents, techniques et

moyens permettant de s’adapter et de réduire les vulnérabilités est à réaliser.

74

Par la suite, il va de soi que des études sur le changement climatique local et ses impacts

associés sont indispensables pour élaborer des stratégies et des mesures d’adaptation

territoriales. Ces connaissances permettent d’éviter la mal-adaptation ou de mettre en

œuvre des mesures d’adaptation insuffisantes, à moins qu’elles soient ajustables

(mesures séquentielles). Ces études croisées avec l’étude de vulnérabilités du territoire

permettent de révéler les endroits les plus vulnérables.

Ces connaissances pourraient permettre de réaliser un diagnostic de vulnérabilité du

territoire futur. Ce diagnostic aurait le même rôle qu’un diagnostic de performance

énergétique d’un bâtiment. Le diagnostic de performance énergétique a pour but

d’informer sur les consommations énergétiques globales, de sensibiliser l’habitant et

d’apporter des conseils ou des mesures sur les éléments les plus énergivores du

bâtiment. A l’instar de ce diagnostic de performance énergétique, le diagnostic de

vulnérabilité du territoire pourrait permettre d’avoir une vision globale de la

vulnérabilité du territoire, de sensibiliser les acteurs territoriaux aux enjeux du

changement climatique et de cibler les zones les plus vulnérables et de proposer des

mesures ou préconisations pour s’adapter et réduire les vulnérabilités.

Il faudrait compléter ce diagnostic par une étude des opportunités du territoire, pour

profiter des opportunités dues à l’évolution du climat.

Tous ces éléments peuvent constituer un observatoire de l’adaptation, évoqué comme un

objectif pour le futur par le Grand Lyon et la région Bretagne lors des entretiens.

L’observatoire de l’adaptation permet de regrouper les informations sur le changement

climatique, de les analyser, d’avoir une vision globale du territoire et de ses enjeux, et

par la suite d’évaluer les mesures d’adaptation. L’observatoire est également un moyen

de sensibiliser les acteurs.

Ces différentes études et données facilitent l’élaboration de stratégie d’adaptation mais,

pour un bon déroulement, il est essentiel d’avoir un portage technique et politique. Dans

les trois cas d’étude de ce mémoire, le portage politique était faible, même au Grand

Lyon, territoire pionner sur les questions climatiques. Ce sont majoritairement des élus

sensibles et impliqués qui prennent part et soutiennent des projets sur le changement

climatique. Or, afin de structurer l’exercice climatique, la conjonction de l’ensemble des

acteurs du territoire est déterminante. La volonté de l’équipe technique en charge du

projet doit être accompagnée d’un engagement politique des acteurs décisionnels. Le

pilotage doit également permettre d’associer l’ensemble des acteurs du territoire (socio-

économiques, associatifs,…).

75

3. Les conséquences sur l’aménagement du territoire

31. L’adaptation : une logique cognitive plutôt qu’une

politique décisionnelle

Dans le cadre du changement climatique, le terme de politique d’adaptation est

fréquemment employé. Or, comme il a été possible de le constater au travers des trois

cas d’étude, l’adaptation au changement climatique ne permet pour l’instant pas

d’élaborer une politique décisionnelle.

L’intégration de l’adaptation a actuellement pour rôle d’indiquer que c’est une stratégie

de lutte contre le changement climatique, tout comme l’atténuation. Le rôle de cette

approche est de provoquer le débat, d’inciter les réflexions et de sensibiliser les acteurs à

une stratégie qu’ils n’ont pas encore intégrée dans leur politique.

Les personnes des territoires d’étude auditionnées ont clairement laissé transparaitre un

manque de connaissance des acteurs du territoire concernant l’adaptation. Cela est pour

certains une notion inconnue, floue, négative. L’intégration de l’adaptation dans les

documents permet de prouver à ces acteurs que nous n’avons plus le choix face au

changement climatique, il faudra mettre en place une politique d’adaptation.

L’atténuation ne suffira pas, le changement climatique a, et aura, des retombées sur le

territoire. L’adaptation est intégrée pour faire prendre conscience aux acteurs de ces

enjeux.

L’intégration de l’adaptation dans les exercices de prospective est plus ciblée pour

indiquer l’existence de cette stratégie, et sa nécessité, plutôt que d’établir une politique

décisionnelle. Politique qui serait par ailleurs difficile à mettre en place compte tenu de

la faible implication des acteurs politiques. L’adaptation, comme elle est incluse dans les

documents aujourd’hui, n’implique pas de réelles retombées sur l’aménagement du

territoire. Cependant, elle met en avant des éléments qui viendront modifier les

processus tels que la concertation et la coordination des réseaux et la diversification des

acteurs à impliquer.

32. L’utilisation plus importante de la prospective territoriale

pour lutter contre le changement climatique entraînerait-elle

des modifications sur les processus d’aménagement ?

Les politiques d’aménagement du territoire ont un rôle à jouer très important pour la

réduction des émissions de gaz à effet de serre et pour l’adaptation au changement

climatique. Elles devront être modernisées pour prendre en compte les nouvelles

informations sur les impacts des changements climatiques. L’adaptation est un sujet

transversal qui impacte de nombreuses politiques. Il se pose alors la question clé de

savoir s’il est nécessaire de créer de nouvelles politiques d’adaptation, ou s’il est plus

pertinent d’incorporer l’adaptation dans les politiques existantes. D’après la DATAR,

76

l’objectif est de l’intégrer dans les différents documents de prospective, mais on perçoit

les difficultés que rencontrent les personnes compétentes sensibilisées à

l’environnement à inclure cette politique dans des documents dédiés au changement

climatique.

La question climatique nécessite que les acteurs du territoire, travaillant sur

l’aménagement, aient une réflexion collective particulière. En effet, ces enjeux

supposent d’intervenir sur une problématique globale avec une capacité d’intervention

réduite, de proposer des actions dans un contexte d’incertitude, sans avoir de résultat à

court terme et peut être même à long terme.

La réussite de la mise en œuvre d’une politique d’adaptation suppose une collaboration

et une coordination de l’ensemble des acteurs techniques et politiques. Le sujet étant

transversal, il est nécessaire que chacun soit sensibilisé pour ne pas aller à l’encontre de

ce qui peut être fait par un autre service ou acteur. La politique d’adaptation demande

également un travail avec les différents échelons territoriaux pour élaborer des stratégies

cohérentes. Cela nécessitera peut être de nouvelles formes locales de discussion.

Ces politiques d’adaptation intégrées dans des documents de prospective territoriale

requièrent des personnes compétentes tant au niveau du changement climatique que de

la prospective pour les mettre en œuvre. La prospective, actuellement utilisée dans un

but cognitif ou informationnel, devra devenir un véritable outil d’aide à la décision.

Les acteurs de l’aménagement du territoire ont un rôle essentiel. Ils déterminent

l’exposition au changement climatique et aux aléas, mais également la sensibilité et la

vulnérabilité du territoire en influant sur la gravité des conséquences (si les zones

inondables n’avaient pas été construites, la tempête Xinthia n’aura pas eu les mêmes

répercussions). « L’intégration de la perspective du changement climatique dans la

prise de décision en aménagement du territoire est ainsi une voie-clé de prise en compte

globale des enjeux sur un territoire, d’autant plus que la décision concerne

généralement ici des actions de long terme » (MEDCIE, 2008).

Les documents d’urbanisme peuvent fournir un cadre d’action pour la mise en place des

mesures d’adaptation. Dans le cadre des PLU et des SCoT, « l'élaboration ou la révision

du document d'urbanisme oblige à inscrire dans le rapport de présentation des

indications sur la situation existante du territoire et en particulier à exposer les risques

et les impacts qu'ils représentent. Ce rapport peut fournir un cadre pour l'adaptation de

la ville au changement climatique, car il est obligatoire de proposer des mesures

édictées dans le règlement afin de réduire ou de supprimer les dangers » (ONERC,

2010). Le changement climatique doit être l’objet d’une attention particulière au sein de

ces documents afin que la thématique soit prise en compte lors de la modification des

territoires.

La question climatique va nécessiter une adaptation de l’aménagement au niveau de

l’utilisation des sols, de leur imperméabilisation, des constructions des infrastructures à

long terme qui vont devoir résister au changement climatique, ou encore lors de

l’élaboration de stratégies de gestion des risques.

« L’aménagement de l’espace pourrait fournir un cadre intégré

permettant de mettre en relation l’évaluation de la vulnérabilité et des

risques, d’une part, et les capacités d’adaptation et les réactions

d’adaptation, d’autre part, afin de faciliter l’identification de mesures

envisageables et de stratégies présentant un rapport coût-efficacité

acceptable. Il convient d’envisager la mise en place de formules

77

innovantes de financement consacrées à l’adaptation pour soutenir la

mise en œuvre de stratégies d’adaptation coordonnées, notamment dans

les régions et les segments de la société les plus vulnérables d’Europe. »

(ONERC, 2010)

78

CONCLUSION

La politique d’adaptation au changement climatique est une stratégie publique récente

pour les institutions territoriales. L’objet de ce projet de recherche de fin d’études était

d’explorer les logiques d’intégration de l’adaptation au changement climatique dans les

politiques territoriales, et plus précisément, au sein des exercices de prospective

territoriale.

Cette thématique récente fait émergée de nombreuses questions qui ont permis d’émettre

trois hypothèses en vue de répondre à la problématique de recherche de ce mémoire :

selon quelles stratégies l’adaptation est-elle intégrée dans les exercices de prospective

territoriale sur le changement climatique ?

L’hypothèse principale de ce projet était :

L’adaptation est intégrée de manière multiforme dans les exercices de

prospective

Les deux sous-hypothèses émises étaient :

Les incertitudes associées à l’adaptation au changement climatique ouvrent des

scènes de discussions nouvelles renforçant les échanges entre acteurs et entre

territoires.

L’adaptation est intégrée dans les exercices de prospective davantage comme

une logique cognitive que décisionnelle.

L’analyse comparative de trois documents de prospective territoriale intégrant la

question de l’adaptation sur les territoires du Grand Lyon, de la région Bretagne et de

l’agglomération tourangelle, a permis d’identifier différentes modalités d’intégration de

l’adaptation au changement climatique.

Ce travail de comparaison soulève une limite principale de la recherche. Le nombre

restreint de documents analysés ne peut amener à une généralisation des résultats. Il est

de plus nécessaire de situer les résultats dans un contexte précis pour prévenir de toute

erreur d’interprétation.

Il ressort de cette analyse comparative que les territoires sont inégaux face au

changement climatique et à ses impacts. Cette inégalité entraîne une réaction souvent

plus rapide des territoires vulnérables à élaborer des stratégies d’adaptation. De plus, les

mesures d’adaptation préconisées varient en fonction des vulnérabilités du territoire

actuelles ou envisagées avec l’évolution du climat. Les stratégies d’adaptation

dépendent donc également des caractéristiques du territoire et des impacts locaux

possibles.

Les acteurs impliqués et concertés, pour l’élaboration de l’exercice de prospective

territoriale, et les études utilisées pour appréhender l’adaptation au changement

climatique au niveau local sont d’autres divergences révélées lors de l’analyse. Les

connaissances des personnes pilotant le projet, l’organisme dans lequel ils évoluent, le

temps consacré au projet ou encore le financement dédié sont autant de facteurs qui

engendrent des différences dans l’élaboration de ces projets. En ce qui concerne les

études réalisées ou compilées pour prendre en compte l’adaptation, il est de nouveau

possible d’observer diverses manières d’appréhender la question.

79

L’intégration de l’adaptation dans les documents de prospective territoriale vise

cependant un même objectif sur les trois territoires étudiés : provoquer le débat, inciter

des réflexions sur l’adaptation au changement climatique et faire prendre conscience des

enjeux aux acteurs territoriaux.

Nous pouvons considérer ces exercices de prospective comme une première approche de

l’adaptation au changement climatique par les territoires afin de faire prendre

conscience de la nécessité de la politique d’adaptation.

Au travers de cette analyse, l’adaptation est une logique cognitive en vue de réaliser par

la suite une politique décisionnelle.

Cette analyse permet donc de valider l’hypothèse principale selon laquelle l’adaptation

est intégrée de manière multiforme. La sous hypothèse selon laquelle l’adaptation est

davantage une logique cognitive que décisionnelle est également validée.

Cependant, la sous-hypothèse, sur la création de nouveaux échanges pour gérer

l’incertitude, ne peut pas être validée. En effet, l’incertitude sur le changement

climatique reste un problème majeur pour les territoires qui ont du mal à l’appréhender.

Les incertitudes sont gérées de diverses manières (non prise en compte, études

préalables, considérer que les enjeux sont déjà connus) au sein des documents de

prospective mais elles n’ont pas amené à de nouveaux échanges entre les acteurs.

Cette pratique sera néanmoins nécessaire dans le futur pour que l’ensemble des acteurs

territoriaux soient mobilisés et que les stratégies des territoires soient cohérentes les

unes avec les autres.

L’élaboration de stratégie d’adaptation nécessite un fort portage politique et technique,

ainsi que la sensibilisation, la mobilisation et l’implication de l’ensemble des acteurs du

territoire. Ces acteurs devront prendre des décisions dans un contexte d’incertitude et

d’échelle de temps particulier. Néanmoins, des études sur la vulnérabilité, le

changement climatique local et ses impacts associés devront permettre d’élaborer des

stratégies d’adaptation et de mettre en œuvre des mesures sans-regret ou séquentielles,

tout en évitant la mal-adaptation.

L’ensemble des acteurs territoriaux va devoir modifier son mode de développement au

regard des enjeux climatiques futurs et mettre en œuvre des mesures acceptables et

supportables pour les sociétés. L’intérêt de l’outil prospective intervient dans la

possibilité d’élaborer des stratégies sur le long terme face à l’incertitude.

La vigilance et la rigueur des acteurs de l’aménagement du territoire est nécessaire pour

réduire les faiblesses du territoire face à l’évolution du climat. L’intégration de la

question climatique doit se faire dans les documents d’urbanisme et dans les choix de

projets ayant souvent des répercussions à long terme.

Grâce aux connaissances scientifiques, nous savons que l’homme et son mode de

développement peuvent avoir des répercussions importantes sur la Terre. L’adaptation,

combinée à l’atténuation, apparait comme une politique territoriale incontournable pour

éviter un drame climatique et environnemental. L’homme est dans l’obligation de

remettre en cause son système de développement en y intégrant l’environnement et en

respectant les contraintes naturelles.

80

« L'homme raisonnable s'adapte au monde ; l'homme déraisonnable

s'obstine à essayer d'adapter le monde à lui-même.

Tout progrès dépend donc de l'homme déraisonnable. »

Georges Bernard Shaw

« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les

plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements. »

Charles Darwin

81

LISTE DES PERSONNES

INTERROGEES

Dans le cadre de ce projet, des entretiens ont été réalisés avec les personnes suivantes :

Pierre-François Clerc – chargé de mission développement durable à la

DATAR.

Pierre Crépeaux – chargé de mission plan climat, Mission Ecologie Urbaine,

Grand Lyon.

Virginie Gicquel – conseillère technique de la section prospective du Conseil

Economique, Social et Environnemental Régional de Bretagne.

Bénédicte Métais – chargée environnement à l’agence d’urbanisme de

l’agglomération de Tours.

82

BIBLIOGRAPHIE

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des vulnérabilités territoriales ? : Action publique et perceptions des inégalités

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Documents sur l’étude de la stratégie d’adaptation de la région Bretagne

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l’horizon 2030. 2009. 199 p.

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84

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Bretagne, http://www.bretagne.fr/internet/jcms/preprod_52831/democratie-et-

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Documents sur l’étude de la stratégie d’adaptation du Grand Lyon

ALE. Projet de contribution sur l’adaptation au livre blanc sur le changement

climatique de l’agglomération lyonnaise : contribution au volet plan climat de l’Agenda

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ALE. « Le Plan Climat du Grand Lyon », in Agence Locale de l’Energie du Grand

Lyon, http://www.ale-lyon.org/rubrique/references/planclimat/index.html, 20 avril 2011.

Conseil de développement du Grand Lyon. Du Blocage au déclic : chacun acteur et

ensemble responsables, dès aujourd’hui, d’une métropole sobre en énergie et en

carbone : contribution du conseil de développement à l’élaboration du Plan Climat

Energie du Grand Lyon. 2010. 47 p.

CREPEAUX, Pierre. Note de synthèse : collectivités locales et émissions de gaz à effet

de serre : réflexions préalables à la mise en œuvre d’un « Plan Climat Local » au Grand

Lyon. 2004. 17 p.

Grand Lyon. Conférence énergie climat : co-construire l’avenir de l’agglomération.

2010. 12 p.

Grand Lyon. Diagnostic climat de l’agglomération lyonnaise : première étape vers une

agglomération sobre en carbone. 2009. 54 p.

Grand Lyon. « L’Agenda 21 du Grand Lyon », in Grand Lyon communauté urbaine.

http://www.grandlyon.com/L-Agenda-21-du-Grand-Lyon.34.0.html. 14 avril 2011.

Grand Lyon. Plan Climat Grand Lyon. http://blogs.grandlyon.com/plan-climat/. avril

2011.

Documents sur l’étude de la stratégie d’adaptation de l’agglomération tourangelle

ATU. Axe de progrès vers un schéma de cohérence territoriale Facteur 4 : quels leviers

locaux pour une agglomération post-carbone, premier rapport d’étape. 2009. 56 p.

ATU. Axe de progrès vers un schéma de cohérence territoriale Facteur 4 : quels leviers

locaux pour une agglomération post-carbone, deuxième rapport d’étape. 2010. 63 p.

ATU. Axe de progrès vers un schéma de cohérence territoriale Facteur 4 : quels leviers

locaux pour une agglomération post-carbone, rapport final. 2011. 91 p.

85

TABLE DES SIGLES ET

ABREVIATIONS

ADEME : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie

ALE : Agence Locale de l’Energie de l’Agglomération Lyonnaise

AMICA : Adaptation and Mitigation, an Integrated Climate policy Approach

ATU : Agence d’Urbanisme de l’Agglomération de Tours

CDRT : Centre Dramatique Régional de Tours

CESER : Conseil Economique, Social et Environnemental Régional

CNRM : Centre National de Recherches Météorologiques

CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique

COSTEL : Climat et Occupation des Sols par Télédétection

CSEB : Conseil Scientifique de l’Environnement de Bretagne

DATAR : Délégation Interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à

l’Attractivité Régionale

DDT : Direction Départementale des Territoires

DIACT : Délégation Interministérielle à l’Aménagement et à la Compétitivité des

Territoires

DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement

EIE : Etat Initial de l’Environnement

GIEC : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat

INRA : Institut National de la Recherche Agronomique

INSEE : Institut National de la Statistiques et des Etudes Economiques

MEEDDM : Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la

Mer

MIES : Mission Interministérielle de l’Effet de Serre

ONERC : Observatoire National des Effets du Réchauffement Climatique

PCT : Plan Climat Territorial

PLH : Plan Local de l’Habitat

PLU : Plan Local d’Urbanisme

PNR : Parc Naturel Régional

SCoT : Schéma de Cohérence Territorial

86

TABLE DES FIGURES

Figure 1 : La place de l’adaptation et de l’atténuation dans les causes et les effets du

changement climatique .................................................................................................... 13

Figure 2 : Calendrier suivi pour le projet de recherche ................................................... 31

Figure 3 : Acteurs du PCT du Grand Lyon ..................................................................... 36

Figure 4 : La composition de la région Bretagne ............................................................ 42

Figure 5 : Acteurs mobilisés dans le cadre du SCoT Facteur 4 ....................................... 51

Figure 6 : Les résultats de l'atelier prospectif .................................................................. 54

87

TABLE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Evènements clés mondiaux ou nationaux ayant permis l’émergence de la

politique de lutte contre le changement climatique en France ........................................ 12

Tableau 2 : Exemple de différents types d’adaptation ................................................... 16

Tableau 3 : Grille de lecture ........................................................................................... 30

Tableau 4 : Composition de la Conférence Energie Climat du Grand Lyon .................. 36

Tableau 5 : Chronologie du PCT du Grand Lyon .......................................................... 37

Tableau 6 : Chronologie des documents prospectifs de l’agglomération lyonnaise ...... 37

Tableau 7 : Mesures d'adaptation dans le PCT ............................................................... 40

Tableau 8 : Acteurs auditionnés pour l'exercice en Bretagne ......................................... 44

Tableau 9 : Chronologie du projet "Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l'épreuve du

changement climatique, à l'horizon 2030 ........................................................................ 45

Tableau 10 : Déroulement de l'exercice SCoT Facteur 4 ............................................... 52

Tableau 11 : Chronologie des documents prospectifs "climat" sur l'agglomération

tourangelle ....................................................................................................................... 53

Tableau 12 : Les mesures d'adaptation au changement climatique du scénario SCoT

Facteur 4 .......................................................................................................................... 56

Tableau 13 : Comparaison des méthodes de prospective des études de cas ................... 61

Tableau 14 : Acteurs participant à l’élaboration des exercices ...................................... 63

Tableau 15 : Comparaison des connaissances utilisées, acquises lors de l'exercice et des

besoins exprimés ............................................................................................................. 65

Tableau 16 : Comparaison des stratégies d'adaptation au changement climatique ........ 67

88

TABLE DES CARTES

Carte 1 : Communauté urbaine du Grand Lyon ............................................................. 33

Carte 2 : La région Bretagne .......................................................................................... 42

Carte 3 : Le territoire de l'agglomération tourangelle .................................................... 49

89

TABLE DES MATIERES Avertissement ........................................................................................................... 4

Formation par la recherche et projet de fin d’études .................................................. 5

Remerciements ........................................................................................................... 6

Sommaire ........................................................................................................... 7

Introduction ........................................................................................................... 8

Première partie : Adaptation et prospective territoriale, éléments contextuels et

problématisation ............................................................................ 10

1. De l’émergence des politiques « climat » à la prise en compte de l’adaptation . 11

11. L’émergence des politiques contre le changement climatique en France ............. 11

12. L’articulation entre la politique d’atténuation et la politique d’adaptation ........... 12

13. La notion d’adaptation ........................................................................................... 14

a) La montée en puissance du concept d’adaptation .............................................. 14

b) Les différentes stratégies d’adaptation ............................................................... 15

14. Les enjeux majeurs pour les stratégies d’adaptation ............................................. 17

a) Des incertitudes nombreuses .............................................................................. 18

b) Le coût de l’adaptation ....................................................................................... 18

c) Le concept de mal-adaptation ............................................................................ 19

2. L’évolution de la prospective dans les documents territoriaux ........................... 21

21. Petite historique de la prospective ......................................................................... 21

a) Les dates clés de la prospective .......................................................................... 21

b) L’évolution de la définition de la prospective .................................................... 21

c) La prospective de nos jours en France ............................................................... 23

22. La prospective stratégique dans les documents de planification ........................... 24

a) Les idées clés de la prospective territoriale ........................................................ 24

b) La prospective territoriale et les questions climatiques ...................................... 24

3. Spécification de la problématique de recherche ................................................... 26

31. Questionnements et problématique de recherche .................................................. 26

a) Le thème de la recherche .................................................................................... 26

b) Le problème général ........................................................................................... 26

c) La question générale ........................................................................................... 27

d) La problématique de recherche .......................................................................... 27

e) Les hypothèses de recherche .............................................................................. 27

32. Justification des terrains d’étude ........................................................................... 28

33. Démarche adoptée ................................................................................................. 29

a) Méthode d’étude des stratégies d’adaptation ..................................................... 29

b) Calendrier suivi .................................................................................................. 31

90

Deuxième partie : Etude de cas sur l’intégration de l’adaptation au changement

climatique dans les exercices de prospective territoriale ........... 32

1. Grand Lyon : un territoire précurseur dans la prise en compte de la

problématique climatique au sein des politiques territoriales ... 33

11. Le territoire du Grand Lyon .................................................................................. 33

12. Le Plan Climat Territorial dans la continuité des politiques « climat » du Grand

Lyon....................................................................................................................... 34

a) Le contexte climatique de l’agglomération lyonnaise ........................................ 34

b) Le Plan Climat Territorial : l’axe climat de l’Agenda 21 du Grand Lyon ......... 34

13. Une commande politique à l’origine du Plan Climat Territorial ........................... 35

a) Vers une mobilisation des grands réseaux d’acteurs de l’agglomération

lyonnaise ............................................................................................................ 35

b) La chronologie du Plan Climat Territorial ......................................................... 36

c) Les apports de la prospective ............................................................................. 38

14. Une première approche de l’adaptation ................................................................. 38

a) L’adaptation intégrée grâce au programme AMICA.......................................... 38

b) Une gestion des incertitudes pas encore à l’ordre du jour .................................. 41

2. Bretagne : une auto-saisine pour appréhender les impacts du changement

climatique sur les modes de gouvernance .................................... 42

21. Le territoire breton ................................................................................................. 42

22. Une auto-saisine pour palier le manque de document sur le changement

climatique .............................................................................................................. 43

a) Le contexte climatique de la région Bretagne .................................................... 43

b) Le CESER se saisit de la question climatique .................................................... 43

23. Questions de gouvernance autour du changement climatique ............................... 43

a) Les acteurs mobilisés au cours du projet ............................................................ 43

b) La chronologie de l’exercice .............................................................................. 45

c) Les apports de la prospective ............................................................................. 46

24. Le rôle de l’échelon régional dans l’adaptation du territoire ................................. 46

a) De nouvelles pratiques démocratiques pour répondre aux enjeux climatiques ? ...

....................................................................................................................... 46

b) Mettre en œuvre l’adaptation dans un univers d’incertitude .............................. 47

3. L’agglomération tourangelle : une adaptation encore en gestation .................... 49

31. Le territoire de l’agglomération tourangelle .......................................................... 49

32. Une prise en compte tardive de la problématique climat ...................................... 50

a) Le contexte climat de l’agglomération tourangelle ............................................ 50

b) L’émergence du projet SCoT Facteur 4 ............................................................. 50

33. Un projet pour repenser la ville post-carbone ....................................................... 50

a) Des acteurs sensibilisés à la question climatique ............................................... 50

b) La chronologie de l’exercice .............................................................................. 52

c) Les apports de la prospective ............................................................................. 53

91

34. L’adaptation : un chantier à venir .......................................................................... 55

a) Les prémices de l’adaptation au sein de l’agglomération tourangelle................ 55

b) Une connaissance du climat local pour faire face aux incertitudes .................... 56

Troisième partie : Discussions et perspectives ............................................................ 58

1. Les modalités d’intégration de l’adaptation au changement climatique dans les

exercices de prospective territoriale............................................. 59

11. Le rôle décisif des acteurs dans la saisie du sujet .................................................. 59

a) L’importance du contexte de la politique climatique sur le territoire ................ 59

b) Les acteurs techniques se saisissent de la question du changement climatique . 59

c) Un manque d’intérêt de la part des acteurs politiques ? ..................................... 60

12. La prospective au sein des exercices ..................................................................... 61

a) Les méthodes utilisées ........................................................................................ 61

b) Le fonctionnement des exercices de prospective ............................................... 62

13. Les différentes manières d’appréhender l’adaptation dans le projet ..................... 64

a) Les connaissances utilisées et acquises au cours de l’exercice .......................... 64

b) Les stratégies de prise en compte de l’adaptation .............................................. 66

2. Les éléments clés de l’intégration de l’adaptation au changement climatique .. 69

21. Les freins et leviers de l’adaptation au changement climatique ............................ 69

a) Les barrières informationnelles .......................................................................... 69

b) Des inégalités territoriales .................................................................................. 70

c) Les évènements climatiques vécus ..................................................................... 70

d) Participation à un projet international ou européen ............................................ 70

e) Le rôle des élus ................................................................................................... 71

22. Les modalités d’utilisation de la prospective territoriale pour gérer l’intégration de

l’adaptation au changement climatique ................................................................. 72

23. Une typologie d’intégration de l’adaptation est-elle réalisable ? .......................... 73

3. Les conséquences sur l’aménagement du territoire ............................................. 75

31. L’adaptation : une logique cognitive plutôt qu’une politique décisionnelle ......... 75

32. L’utilisation plus importante de la prospective territoriale pour lutter contre le

changement climatique entraînerait-elle des modifications sur les processus

d’aménagement ? ................................................................................................... 75

Conclusion ......................................................................................................... 78

Liste des personnes interrogées .................................................................................... 81

Bibliographie ......................................................................................................... 82

Table des sigles et abréviations .................................................................................... 85

Table des figures ......................................................................................................... 86

Table des tableaux ......................................................................................................... 87

Table des cartes ......................................................................................................... 88

Table des matières ......................................................................................................... 89

CITERES

UMR 6173

Cités, Territoires,

Environnement et Sociétés

Equipe IPA-PE

Ingénierie du Projet

d’Aménagement, Paysage,

Environnement

Département Aménagement

35 allée Ferdinand de Lesseps

BP 30553

37205 TOURS cedex 3

Directeur de recherche : Poulain Arnaud

Richard Elsa Projet de Fin d’Etudes

DA5

2010-2011

Titre : L’adaptation au changement climatique

Résumé : L’adaptation au changement climatique est un enjeu important pour les futures décennies

de la Terre. Notre planète va être confrontée à un changement climatique, dont les premières

évolutions se font d’ores et déjà sentir, combiné à une transition énergétique. Les mesures

d’adaptation ne pourront pas s’appuyer sur l’ensemble des ressources énergétiques et devront donc

être pensées et stratégiques. Même si l’adaptation s’inscrit désormais dans les agendas politiques

nationaux et internationaux, il reste à décliner ces politiques au niveau local. Cette échelle semble la

plus adéquate pour mettre en place des plans d’action mais les incertitudes persistantes sur

l’évolution du climat constituent un frein à l’élaboration des stratégies.

Ce projet de recherche vise à explorer les modalités d’intégration des stratégies d’adaptation au sein

des exercices de prospective territoriale. Il s’agit d’identifier les enjeux pour élaborer une politique

d’adaptation au changement climatique.

Pour apporter des éléments de réponse, trois exercices de prospective territoriale, du Grand Lyon, de

la région Bretagne et de l’agglomération tourangelle, sont analysés.

Cette analyse a permis d’observer une utilisation de l’outil prospective à des fins cognitives et non

décisionnelles. Des éléments déterminants à l’intégration de l’adaptation au changement climatique

dans les politiques territoriales sont alors identifiés.

Mots clés et mots géographiques : agglomération tourangelle, CESER Bretagne, changement

climatique, Grand Lyon (69), plan climat territorial, politique territoriale, prospective territoriale,

stratégie d’adaptation.