CLIMATIQUE -...
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L’ADAPTATION AU CHANGEMENT
CLIMATIQUE
L’intégration des enjeux
d’adaptation au changement
climatique dans les exercices de
prospective territoriale
2010-2011 POULAIN Arnaud
Directeur de recherche
RICHARD Elsa
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2010-2011 POULAIN Arnaud
Directeur de recherche
RICHARD Elsa
L’ADAPTATION AU CHANGEMENT
CLIMATIQUE
L’intégration des enjeux
d’adaptation au changement
climatique dans les exercices de
prospective territoriale
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AVERTISSEMENT
Cette recherche a fait appel à des lectures, enquêtes et interviews. Tout emprunt à des
contenus d’interviews, des écrits autres que strictement personnel, toute reproduction et
citation, font systématiquement l’objet d’un référencement.
L’auteur de cette recherche a signé une attestation sur l'honneur de non plagiat.
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FORMATION PAR LA
RECHERCHE ET PROJET DE FIN
D’ETUDES
La formation au génie de l’aménagement, assurée par le département aménagement de
l’Ecole Polytechnique de l’Université de Tours, associe dans le champ de l’urbanisme et
de l’aménagement, l’acquisition de connaissances fondamentales, l’acquisition de
techniques et de savoir faire, la formation à la pratique professionnelle et la formation
par la recherche. Cette dernière ne vise pas à former les seuls futurs élèves désireux de
prolonger leur formation par les études doctorales, mais tout en ouvrant à cette voie, elle
vise tout d’abord à favoriser la capacité des futurs ingénieurs à :
Accroître leurs compétences en matière de pratique professionnelle par la
mobilisation de connaissances et techniques, dont les fondements et contenus
ont été explorés le plus finement possible afin d’en assurer une bonne maîtrise
intellectuelle et pratique,
Accroître la capacité des ingénieurs en génie de l’aménagement à innover tant
en matière de méthodes que d’outils, mobilisables pour affronter et résoudre les
problèmes complexes posés par l’organisation et la gestion des espaces.
La formation par la recherche inclut un exercice individuel de recherche, le projet de fin
d’études (P.F.E.), situé en dernière année de formation des élèves ingénieurs. Cet
exercice correspond à un stage d’une durée minimum de trois mois, en laboratoire de
recherche, principalement au sein de l’équipe Ingénierie du Projet d’Aménagement,
Paysage et Environnement de l’UMR 6173 CITERES à laquelle appartiennent les
enseignants-chercheurs du département aménagement.
Le travail de recherche, dont l’objectif de base est d’acquérir une compétence
méthodologique en matière de recherche, doit répondre à l’un des deux grands
objectifs :
Développer toute ou partie d’une méthode ou d’un outil nouveau permettant le
traitement innovant d’un problème d’aménagement
Approfondir les connaissances de base pour mieux affronter une question
complexe en matière d’aménagement.
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REMERCIEMENTS
Au terme de ce projet de recherche, ma reconnaissance va à toutes les personnes qui
m’ont encadré, suivi et soutenu lors de la réalisation de ce mémoire.
A cet effet, je remercie tout d’abord Elsa Richard, tutrice de ce projet, qui a su me
guider pas à pas dans l’élaboration de ce projet et m’initier à la réalisation d’un mémoire
de recherche.
Je souhaite également remercier François Bertrand, chercheur à l’université François
Rabelais de Tours, travaillant sur le projet Adap’Ter intitulé « L’adaptation au
changement climatique : les défis d’une approche intégrée pour les territoires ».
Enfin, je souhaite remercier les acteurs auditionnés dans le cadre de ce projet :
Pierre-François Clerc : chargé développement durable à la DATAR ;
Pierre Crépeaux : chargé plan climat à la mission Ecologie Urbaine du Grand
Lyon :
Virginie Gicquel : conseillère technique au CESER de la région Bretagne ;
Bénédicte Métais : chargée environnement à l’Agence d’Urbanisme de
l’agglomération de Tours.
Leur disponibilité et leur intérêt sont à l’origine même des éléments de réflexions
présentés dans ce mémoire.
7
SOMMAIRE
Avertissement ........................................................................................................... 4
Formation par la recherche et projet de fin d’études .................................................. 5
Remerciements ........................................................................................................... 6
Sommaire ........................................................................................................... 7
Introduction ........................................................................................................... 8
Première partie : Adaptation et prospective territoriale, éléments contextuels et
problématisation ............................................................................ 10
1. De l’émergence des politiques « climat » à la prise en compte de l’adaptation .... 11
2. L’évolution de la prospective dans les documents territoriaux ............................. 21
3. Spécification de la problématique de recherche .................................................... 26
Deuxième partie : Etude de cas sur l’intégration de l’adaptation au changement
climatique dans les exercices de prospective territoriale ........... 32
1. Grand Lyon : un territoire précurseur dans la prise en compte de la problématique
climatique au sein des politiques territoriales ........................................................ 33
2. Bretagne : une auto-saisine pour appréhender les impacts du changement
climatique sur les modes de gouvernance ............................................................. 42
3. L’agglomération tourangelle : une adaptation encore en gestation ....................... 49
Troisième partie : Discussions et perspectives ............................................................ 58
1. Les modalités d’intégration de l’adaptation au changement climatique dans les
exercices de prospective territoriale ...................................................................... 59
2. Les éléments clés de l’intégration de l’adaptation au changement climatique ...... 69
3. Les conséquences sur l’aménagement du territoire ............................................... 75
Conclusion ......................................................................................................... 78
Liste des personnes interrogées .................................................................................... 81
Bibliographie ......................................................................................................... 82
Table des sigles et abréviations .................................................................................... 85
Table des figures ......................................................................................................... 86
Table des tableaux ......................................................................................................... 87
Table des cartes ......................................................................................................... 88
Table des matières ......................................................................................................... 89
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INTRODUCTION
L’histoire de l’humanité ne représente qu’une modeste péripétie dans l’histoire de la
Terre. Si cette dernière est ramenée à une heure, l’homme n’apparaît même pas une
seconde. Durant cette heure, de nombreux rebondissements se sont produits en fonction
des évènements climatiques, tels que des variations extrêmes de température, dus
principalement aux oscillations de la Terre sur son axe. Ces variations ont souvent été
nuisibles à l’homme depuis son apparition. L’homme de Neandertal aurait disparu
notamment car il ne pouvait survivre aux nombreux et forts changements climatiques de
son époque. De tout temps où l’homme est apparu sur Terre, la nature et l’homme se
sont livrés à un bras de fer. Depuis des millénaires, l’homme est parvenu à dompter
certains aspects de la nature pour se loger ou se nourrir. Lors des dernières années de
son histoire, l’homme, après avoir dompté la nature, a créé et développé les machines
pour améliorer sa productivité et sa richesse. Ces dernières années, qui représentent un
infime chapitre de l’histoire de l‘humanité, ont engendré et vont engendrer des
modifications de la nature. Des évolutions que l’homme ne sait dompter mais auxquelles
il va devoir se confronter et s’adapter s’il ne veut pas subir le même sort que ses
ancêtres, tels l’homme de Neandertal face à des évènements climatiques extrêmes.
Les derniers rapports du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du
Climat (GIEC) ont permis de transformer une simple hypothèse du rôle anthropique
dans le changement climatique en une certitude. Changement dont l’échéance et
l’ampleur font toujours débat. Le sujet n’est donc plus uniquement porté par les
scientifiques, mais est devenu une thématique éminemment politique. Ces évolutions du
climat combinées à la transition énergétique vont entraîner des ruptures et des
modifications de nos modes de vie.
Face à ce changement climatique, dont certaines conséquences sont d’ores et déjà
visibles avec des événements climatiques extrêmes, les collectivités territoriales
apparaissent comme un échelon adéquat pour mettre en place des stratégies
d’adaptation. Cependant, si la prise de conscience semble avoir eu lieu au niveau
international, il n’en est pas de même au niveau territorial qui doit se mobiliser pour
s’adapter aux impacts climatiques locaux. Le contexte ne facilite pas les choses. Les
acteurs territoriaux doivent faire face à une problématique globale à un niveau local dont
les résultats ne seront pas visibles à court terme. De plus, des incertitudes subsistent sur
l’ampleur du changement climatique et les faibles retours de projets d’adaptation ne
permettent pas d’intervenir en s’appuyant sur une expérience passée.
L’objet de ce mémoire est d’approfondir les modalités d’intégration de l’adaptation au
changement climatique au sein des exercices de prospective territoriale. Il s’agit plus
précisément de comprendre comment les territoires se saisissent d’un enjeu global pour
le traduire au travers de politiques publiques grâce à l’outil de la prospective.
Le projet s’attache à identifier les stratégies d’intégration de l’adaptation au changement
climatique et comprendre l’intérêt de l’outil prospective pour inclure cette thématique
dans les politiques publiques. La finalité étant de révéler les freins et les leviers à la mise
en œuvre de l’adaptation par les territoires locaux et d’identifier les modifications,
9
engendrées par la politique d’adaptation au changement climatique sur les processus
d’aménagement du territoire.
Le mémoire se structure autour de trois parties. La première partie met en évidence le
contexte et les enjeux majeurs de la problématique climat afin de spécifier la
problématique et les hypothèses de recherches. La seconde partie est dédiée à l’étude de
trois documents de prospective territoriale intégrant la question d’adaptation : le Plan
Climat Territorial du Grand Lyon, Pouvoirs et démocraties en Bretagne à l’épreuve du
changement climatique, à l’horizon 2030 du Conseil Economique, Social et
Environnemental Régional de Bretagne, et Vers un SCoT Facteur 4 de l’Agence
d’Urbanisme de l’Agglomération de Tours. La troisième partie présente les résultats de
l’analyse des stratégies d’adaptation au changement climatique sur les terrains d’étude.
Elle propose dans un second temps un certains nombre de réflexions et de perspectives
quant aux modalités d’intégration des stratégies d’adaptation dans les documents de
prospective et quant aux retombées de cette politique sur l’aménagement du territoire.
10
PREMIERE PARTIE :
ADAPTATION ET PROSPECTIVE
TERRITORIALE, ELEMENTS
CONTEXTUELS ET
PROBLEMATISATION
11
Cette première partie vise à préciser l’objet et les notions clés de la recherche et à définir
la problématique et les hypothèses qui axeront l’analyse.
1. De l’émergence des politiques « climat » à la prise
en compte de l’adaptation
Longtemps considérée comme un problème scientifique, la problématique du
changement climatique est devenue, depuis la fin du XXe siècle, un objet politique à
part entière, à la fois au niveau international et national. Les avancées des connaissances
sur l’évolution du climat ont fait émerger un consensus scientifique sur l’hypothèse d’un
réchauffement climatique d’origine anthropique, suffisant pour motiver une saisie
institutionnelle de la lutte contre le changement climatique. C’est dans ce contexte
scientifique que s’inscrit ce mémoire de recherche.
Le quatrième rapport du GIEC de 2007 évoque le caractère désormais incontestable du
changement climatique :
« Le réchauffement du système climatique est sans équivoque. On note
déjà, à l’échelle du globe, une hausse des températures moyennes de
l’atmosphère et de l’océan, une fonte massive de la neige et de la glace
et une élévation du niveau moyen de la mer » (GIEC, 2007).
Cette partie n’a pas pour objectif de faire un historique détaillé de la politique climat,
mais de remettre dans le contexte l’apparition de la notion d’adaptation et de
comprendre sa signification.
11. L’émergence des politiques contre le changement
climatique en France
Le premier rapport du GIEC de 1992 a engendré une mobilisation des gouvernements
via la conférence de Rio qui a permis de signer le premier traité international dont le but
était de lutter contre le changement climatique. Depuis cette conférence, et devant les
preuves scientifiques, des politiques à différentes échelles, du mondial au local, ont été
mises en œuvre afin de lutter contre le changement climatique.
En France, la Mission Interministérielle de l’Effet de Serre (MIES) a été créée en 1992,
suite à la conférence de Rio, afin de coordonner les initiatives de lutte contre le
changement climatique. Cependant, l’émergence réelle de la politique climat en France
fut dans les années 2000, suite au protocole de Kyoto datant de 1997. Ce protocole,
ratifié par les membres de l’Union Européenne, fixait les objectifs de la France à une
stabilisation des émissions de gaz à effet de serre sur la période 1990-2012. En 2000, la
MIES publie le « Plan national de lutte contre le changement climatique » afin que la
France respecte ses engagements du protocole de Kyoto. L’ONERC, Observatoire
National des Effets du Réchauffement Climatique, fut créé en 2001 afin de répondre aux
enjeux établis dans le plan national. En 2004, un Plan Climat National est adopté afin de
diminuer les émissions de gaz à effet de serre, et ainsi, de respecter les engagements pris
lors du protocole de Kyoto. En 2005, la France prend la décision de revoir ses objectifs
de diminution des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, et se fixe
l’objectif de les diviser par 4 d’ici 2050. Enfin, le Grenelle de l’environnement de 2007
puis sa deuxième version de 2010 visent à trouver un consensus sur des mesures à
12
mettre en place dans la perspective d’un développement durable. L’un des groupes de
travail était consacré au changement climatique.
Dates 1992 1997 2000 2001 2004 2007-2010
Evènements Conférence
de Rio
Création de
la MIES
Protocole de
Kyoto
Plan national
de lutte
contre le
changement
climatique
Création de
l’ONERC
Plan Climat
national
Grenelle de
l’environne-
ment 1 et 2
Tableau 1 : Evènements clés mondiaux ou nationaux ayant permis l’émergence de la
politique de lutte contre le changement climatique en France (A. Poulain, 2011)
Les politiques de lutte contre le changement climatique sont donc récentes et les enjeux
les plus importants restent à venir tant au niveau de la réduction des émissions de gaz à
effet de serre, où les objectifs sont à l’horizon 2050, qu’au niveau de l’adaptation
compte tenu du caractère inéluctable des impacts futurs du changement climatique.
12. L’articulation entre la politique d’atténuation et la
politique d’adaptation
La politique d’adaptation a parfois été considérée contraire aux objectifs de la politique
d’atténuation par ces mesures qui pouvaient augmenter les émissions de gaz à effet de
serre (exemple : climatisation énergivore), et par le signe d’abandon et de relâchement
des efforts qu’elle incarnait pour certains. Or, comme le souligne le quatrième rapport
du GIEC en 2007 :
« Ni l’adaptation ni l’atténuation ne permettront, à elles seules, de
prévenir totalement les effets des changements climatiques. Les deux
démarches peuvent toutefois se compléter et réduire sensiblement les
risques encourus. »
Aussi, il est primordial que la lutte contre le changement climatique prenne en compte
ces deux actions complémentaires :
L’atténuation : il s’agit de limiter l’impact du territoire sur le climat, en
réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Elle passe par une meilleure
efficacité énergétique ou encore par une augmentation de la part des énergies
renouvelables dans la production finale d’énergie ;
L’adaptation : il s’agit de réduire la vulnérabilité du territoire dans un contexte
où les impacts du changement climatique sont inéluctables. Cela passe par la
prise en compte du changement climatique dans les autres politiques territoriales
(urbanisme, transport, infrastructure…) et par l’acceptation de modes de vie
différents. Elle relève également de la gestion des risques.
Des mesures d’adaptation peuvent être négatives pour la politique d’atténuation (par
exemple, la production de neige artificielle qui augmente la demande d’énergie), mais
certaines peuvent également être neutres, voire positives. Il en est de même pour les
mesures d’atténuation sur la politique d’adaptation.
13
Sans une mise en place de l’atténuation, c’est-à-dire une diminution significative des
émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation peut devenir extrêmement difficile voire
impossible. De même, si des efforts d’atténuation sont réalisés, certains effets du
changement climatique resteront toutefois observables ce qui rend l’adaptation
indispensable (ONERC, 2009). Dans cette perspective, il est nécessaire de trouver une
synergie entre l’atténuation et l’adaptation. C’est précisément l’objet du projet de
recherche « Adap’Ter » mené au laboratoire CITERES de l’Université de Tours et piloté
par François BERTRAND, qui questionne l’intérêt d’une approche intégrée de
l’adaptation pour les territoires1.
Figure 1 : La place de l’adaptation et de l’atténuation dans les causes et les effets du
changement climatique (Source : GIEC, 2007)
La réussite de ces politiques d’atténuation et d’adaptation repose sur la contribution de
tous les échelons territoriaux et sur les comportements individuels. Il sera dès lors
intéressant d’observer le rôle des acteurs dans les études de cas du mémoire.
La lutte contre le changement climatique nécessite donc ces deux politiques. Cependant,
ce mémoire ne va pas s’attarder sur la politique d’atténuation même si l’union de ces
politiques entraîne des problématiques qui peuvent être différentes telles que l’échelle,
la temporalité ou les acteurs impliqués.
1 Projet de recherche de 24 mois (jan 2010 – déc 2011) mené dans le cadre du Programme Gestion et
Impacts du Changement Climatique (APR 2008) du Ministère de l’Environnement, intitulé Adap’Ter
« Adaptation : le défi d’une approche intégrée pour les territoires ». Résumé en ligne [http://www2.gip-
ecofor.org/publi/]
14
13. La notion d’adaptation
a) La montée en puissance du concept d’adaptation
Contrairement à la prise de conscience du réchauffement climatique, la nécessité de
s’adapter n’a été mise en exergue que bien des années plus tard. Effectivement, alors
que le GIEC est créé en 1988, ce n’est qu’en 2001 qu’il propose dans son troisième
rapport une définition de l’adaptation :
« L’adaptation aux changements climatiques indique l’ajustement des
systèmes naturels ou humains en réponse à des stimuli climatiques
présents ou futurs ou à leurs effets, afin d’atténuer les effets néfastes ou
d’exploiter les opportunités bénéfiques. »
Cette même année, les accords de Bonn et Marrakech établissent le principe d’un Fonds
d’Adaptation en direction des pays en développement.
Lors des 10ème et 11ème conférences des Parties à la convention cadre des Nations Unies
sur le changement climatique (Buenos Aires en 2004 et Montréal en 2005), une attention
particulière a été portée sur les impacts du changement climatique et l’adaptation. A
Bali, l’inscription de la notion d’adaptation est rendue officielle et publique en 2007.
L’adaptation devient alors un des quatre piliers1 de la négociation internationale menée
au sein de la convention cadre des Nations Unies.
Au niveau européen, un livre vert élaboré en 2007 et intitulé : « Adaptation au
changement climatique en Europe : les possibilités d’action de l’Union Européenne »,
préfigure des stratégies d’adaptation à toutes les échelles. Ce livre vert définit quatre
lignes d’action :
Action précoce afin de développer des stratégies d’adaptation dans les secteurs
où le niveau actuel des connaissances est insuffisant ;
Intégration des besoins d’adaptation mondiaux dans les relations extérieures de
l’Union Européenne et formation d’une nouvelle alliance avec des partenaires
du monde entier ;
Amélioration des connaissances en matière d’adaptation grâce à la recherche au
niveau communautaire et à l’échange d’informations ;
Création d’un groupe consultatif européen sur l’adaptation au changement
climatique, chargé d’analyser des stratégies et des actions coordonnées.
Un livre blanc, rédigé en 2009, « Adaptation au changement climatique en Europe : vers
un cadre d’action européen », complète le livre vert et propose des instruments de
politique d’adaptation tels que le plan de relance de l’économie européenne qui contient
des propositions concernant l’investissement lié au changement climatique,
l’optimisation du recours aux assurances ou encore l’utilisation des fonds générés par le
système d’échange du quotas d’émission de gaz à effet de serre à des fins d’adaptation.
Au niveau national, le Plan Climat National de 2004 fixe des objectifs de réduction des
émissions de gaz à effet de serre et comprend un volet adaptation qui est confié à
1 Le Plan d’action de Bali a déterminé quatre principaux piliers pour l’amélioration de l’action de lutte
contre les changements climatiques : les mesures d’atténuation, les mesures d’adaptation, la mise au point et
le transfert des technologies et le financement (PNUD, Les résultats de Copenhague, 2010)
15
l’ONERC. Ainsi, l’ONERC publie en 2007 une « Stratégie Nationale d’Adaptation ». Il
s’agit d’aborder l’adaptation afin de préparer le territoire aux bouleversements et
impacts du changement climatique. Pour cela, le document, à visée indicative, et sans
portée juridique, fixe quatre priorités (sécurité et santé publique, aspects sociaux, aspects
économiques, patrimoine naturel à préserver) et détermine neuf axes d’application :
Développer les connaissances scientifiques ;
Consolider le dispositif d’observation ;
Informer, former et sensibiliser tous les acteurs ;
Promouvoir une approche adaptée aux territoires ;
Financer les actions d’adaptation ;
Utiliser les instruments législatifs et réglementaires ;
Favoriser les approches volontaires et le dialogue avec les acteurs privés ;
Tenir compte de la spécificité de l’outre-mer ;
Contribuer aux échanges internationaux.
Dernier document clé pour la prise en compte de l’adaptation au niveau national, le
Grenelle de l’Environnement 2, adopté en 2010, propose un Plan National d’Adaptation
qui devrait être adopté en juin 2011 et fixe un caractère obligatoire à la conception des
Plans Climat Territoriaux pour les intercommunalités de plus de 50 000 habitants tout en
gardant l’échéance du premier Grenelle. Le Plan Climat local est un document qui doit
intégrer l’atténuation et l’adaptation.
Enfin, des sommets internationaux ont eu lieu mais n’ont pas amené à des changements
radicaux. Le sommet de Copenhague de 2009 a permis de compléter la définition du
GIEC ci-dessous par l’adaptation aux effets indirects, c’est-à-dire aux mesures
d’atténuation.
Le quatrième rapport du GIEC de 2007 définie l’adaptation comme suit :
« Initiatives et mesures prises pour réduire la vulnérabilité des
systèmes naturels et humains aux effets des changements climatiques
réels ou prévus. »
b) Les différentes stratégies d’adaptation
La vulnérabilité au changement climatique est le degré par lequel un système risque
d’être affecté négativement par les effets du changement climatique sans pouvoir y faire
face (MEEDDM, 2010). A titre d’illustration, en cas de période de forte chaleur (aléa),
la vulnérabilité d’un territoire sera fonction :
De son degré d’exposition à l’augmentation des températures ;
De ses caractéristiques socio-économiques, telles que la présence de populations
fragiles (personnes âgées par exemple), qui vont conditionner sa sensibilité à
l’aléa chaleur ;
De sa capacité d’adaptation (systèmes de prévention en place, accès aux
équipements d’urgence, etc.).
Les actions qui permettent de réduire les impacts effectifs ou d’améliorer la capacité
d’adaptation pourront être par exemple :
Anticiper et limiter les dégâts éventuels (par intervention sur les facteurs qui
16
vont déterminer l’ampleur des dégâts : par exemple, l’urbanisation des zones à
risques) et profiter des opportunités potentielles ;
Supporter les changements (y compris en termes de variabilité et d’événements
extrêmes) ;
Réagir et faire face aux conséquences ou se remettre des dégâts.
A chaque impact dû au changement climatique, il n’existe donc pas une seule attitude
possible pour faire face au changement climatique et à ses impacts ni une seule action
d’adaptation réalisable. Cela est dû aux vulnérabilités spécifiques à chaque territoire et à
la capacité du territoire à s’adapter. Ainsi, plusieurs typologies d’actions d’adaptation
sont définies en fonction du degré de spontanéité et du type d’acteurs impliqués.
Pierre Dumas, dans le cadre de sa thèse1, a proposé une typologie d’adaptation reprise
par la suite par le MEEDDM :
Tableau 2 : Exemple de différents types d’adaptation (Source : DUMAS Pierre, 2006)
En fonction du degré de spontanéité, les actions d’adaptation sont :
Adaptation spontanée ou autonome : adaptation à une contrainte climatique par
une réponse immédiate et non réfléchie d’un point du vue stratégique
1 Pierre DUMAS, L'évaluation des dommages du changement climatique en situation d'incertitude :
l'apport de la modélisation des coûts de l'adaptation, 2006
17
(MEEDDM, 2010). Les actions de ce type d’adaptation correspondent à une
adaptation réalisée par les acteurs socio-économiques de manière indépendante
sans que cela entraîne de changements radicaux. C’est une attitude réactive face
à une contrainte du changement climatique.
Adaptation planifiée : adaptation qui résulte de décisions stratégiques
délibérées, fondées sur une perception claire des choses qui ont changé, ou qui
sont sur le point de changer, et sur les mesures qu’il convient de prendre pour
revenir, s’en tenir, ou parvenir à la situation souhaitée (MEEDDM, 2010).
Les stratégies d’adaptation sont également de deux types en fonction des acteurs qui les
conduisent :
Adaptation de caractère privé : adaptation amorcée et réalisée par des individus
privés. Elle sert d’ordinaire les intérêts de ceux qui la mettent en œuvre.
Adaptation de caractère public : adaptation amorcée et réalisée par des acteurs
publics. Elle sert généralement les intérêts d’une collectivité.
Les mesures d’adaptation mises en place au sein de ces différentes stratégies peuvent
être caractérisées de différentes manières :
Mesures d’adaptation physiques (investissement de protection, …) ;
Mesures d’adaptation institutionnelles (mécanisme de gestion de crise,
réglementation, …) ;
Mesures d’adaptation stratégiques (déplacement, faciliter la reconstitution en
cas de sinistre, …) ;
Mesures d’adaptation concernant la connaissance et l’information du public et
des décideurs, adaptation que l’on pourrait qualifier de « cognitive ».
L’intérêt de la typologie est de souligner la diversité des mesures envisageables et la
nécessité de rechercher une complémentarité entre les différentes actions possibles. Si
un seul type d’adaptation est mis en œuvre, la vulnérabilité du territoire ne serait pas
réduite au minimum.
Dans le cadre de ce mémoire, les études de cas se basent sur des stratégies d’adaptation
planifiées. Face au caractère désormais inéluctable du changement climatique et des
impacts qu’il va engendrer, certains territoires tentent d’agir à leur échelle pour
connaître et réduire leur vulnérabilité, se prémunir face aux contraintes du changement
climatique et ainsi augmenter leur capacité d’adaptation.
14. Les enjeux majeurs pour les stratégies d’adaptation
Malgré l’urgence de mettre en place des mesures d’adaptation, la recherche sur
l’adaptation des territoires aux effets associés au changement climatique, concomitante à
l’action, n’est pas suffisamment adaptée pour aider la décision. Et si des initiatives
locales ont déjà émergé, en France et à l’étranger, la planification et la mise en place de
mesures d’adaptation au changement climatique sont encore embryonnaires, à l’heure
actuelle. Des limites importantes à leur développement existent, telles que le caractère
local de l’adaptation qui rend plus difficile la coordination des politiques, et empêche la
conduite homogène des politiques d’adaptation à l’échelle nationale, ou encore les
incertitudes liées aussi bien aux impacts des changements climatiques qu’à la
vulnérabilité des systèmes naturels et économiques.
18
a) Des incertitudes nombreuses
Bien que le caractère inéluctable du changement climatique soit désormais reconnu, il
n’en demeure pas moins que de nombreuses zones d’incertitude persistent et rendent
plus difficile la mise en œuvre de stratégies d’adaptation. Ainsi, lors de l’élaboration de
ces stratégies, il n’est pas aisé de traiter l’incertitude liée à l’ampleur de changement
climatique et aux impacts associés. Cette incertitude résulte de la somme de trois
composantes :
Celle sur l’évolution du climat. Les impacts du changement climatique et les
risques associés sont incomparables suivant qu’on se situe dans un scénario de
hausse moyenne de +2°C ou +4°C, ce qui pourrait entraîner par exemple une
hausse du niveau de la mer variant de 15 centimètres (s’il y a une dilatation des
océans) à 15 mètres (s’il y a une fonte de tous les glaciers) (GIEC, 2007).
Celle sur les impacts locaux du changement climatique. Par exemple, les
modèles climatiques divergent en France sur la façon dont le changement
climatique va affecter la fréquence et l’intensité des épisodes de tempêtes dans
le nord du pays. L’incertitude est donc accrue lorsqu’on a besoin d’évaluer les
impacts locaux du changement climatique pour mettre en place une stratégie
d’adaptation (DE PERTHUIS, 2010). La finesse de l’échelle accentue les
incertitudes car les données sont de plus en plus désagrégées et viennent se
rajouter aux incertitudes initiales.
Celle sur les réponses des sociétés face au changement climatique. Il est à
l’heure actuelle très difficile de connaître les vulnérabilités, les réactions et les
capacités des sociétés face aux impacts du changement climatique. Ce n’est pas
nécessairement les plus riches qui s’adapteront le mieux, ce n’est pas fatalement
les plus exposés qui sont les plus vulnérables (Magnan, 2009).
L’ensemble de ces incertitudes peut être localement un frein à la prise de décision en
matière de stratégies d’adaptation. Le manque de connaissance sur les enjeux du
territoire face au changement climatique peut justifier des choix de non investissement
des pouvoirs publics dans l’adaptation. Cependant, ces incertitudes n’empêchent pas la
mise en œuvre de certaines mesures, en privilégiant des approches flexibles ou des
approches dites « gagnant-gagnant »1. Le partage de connaissance entre les acteurs
locaux est aussi un élément essentiel pour créer une base de connaissance commune et
que chacun soit conscient des enjeux et des incertitudes sur le territoire.
b) Le coût de l’adaptation
Les stratégies d’adaptation sont difficiles à mettre en place de par les incertitudes ci-
dessus, mais de plus, nous ne connaissons que très peu les coûts de l’adaptation de nos
modes de vie et de nos systèmes économiques à un climat qui évolue (DE PERTHUIS,
2010). Une question est alors soulevée sur le choix à faire sur des secteurs lourds en
infrastructures. Par exemple, doit-on construire un bâtiment d’une durée de vie de 150
ans qui devra alors être adapté au climat actuel mais également au climat de 2160, ou
faut-il construire un bâtiment avec une durée de vie plus faible mais qui sera
certainement encore en bon état au moment où il sera nécessaire de reconstruire ?
1 Pierre Dumas, dans sa thèse de 2006, définit l’approche gagnant-gagnant comme une stratégie qui engage
des investissements qui ne seront pas perdus, même s’il n’y a pas de changement climatique ou un
changement climatique en décalage avec les prévisions : par exemple une végétalisation en milieu urbain
permet d’améliorer le cadre de vie et de climatiser naturellement le milieu urbain.
19
S’adapter au changement climatique nécessite d’effectuer des choix stratégiques lors de
la prise de décisions de projets à long terme. Or, l’échelle de temps de l’adaptation ne
permet pas de retours d’expérience et un apprentissage par la pratique. Son évaluation
est donc prématurée.
Face au changement climatique, les études, notamment le rapport de Nicholas Stern
publié en 2006 sur L’économie du changement climatique, attestent toutefois d’un coût
de l’inaction bien supérieur au coût de l’action. L’adaptation resterait donc
indispensable car on peut s’attendre à un impact global négatif du changement
climatique, les coûts pouvant atteindre plusieurs centaines de millions d’euros par an
pour plusieurs secteurs si aucune adaptation n’est entreprise (ONERC, 2009).
c) Le concept de mal-adaptation
Comme nous l’avons vu précédemment, l’atténuation peut avoir des retombées
négatives sur l’adaptation. L’adaptation peut également conduire à des résultats non
conformes aux attentes.
« La mal-adaptation est un changement opéré dans les systèmes naturels
ou humains faisant face au changement climatique et qui conduit – de
manière non intentionnelle – à augmenter la vulnérabilité au lieu de la
réduire1 ».
Une situation de mal-adaptation correspond à l’une des situations suivantes (MEEDDM,
2010) :
Utilisation inefficace de ressources comparée à d’autres options d’utilisation (le
recours massif à la climatisation au lieu d’investir dans une isolation) ;
Transfert incontrôlé de vulnérabilité d’un système à un autre, mais également
d’une période à une autre ;
Réduction de la marge d’adaptation future (mesures qui limitent une flexibilité
éventuelle) ;
Erreur de calibrage : sous-adaptation ou adaptation sous-optimale.
L’erreur de calibrage est un axe potentiel important de mal-adaptation dans ce contexte
de fortes incertitudes concernant le changement climatique et ses impacts.
Prendre la mesure du risque de mal-adaptation, c’est notamment privilégier le choix de
stratégies sans-regret, qui permettent de réduire la vulnérabilité au changement
climatique et qui gardent des avantages quelles que soient les évolutions climatiques.
Les activités de renforcement des capacités d’adaptation sont souvent considérées
comme des mesures sans-regret car elles rendent la société moins vulnérable à un
ensemble de pressions (y compris à la variabilité climatique), quel que soit le niveau
effectif du changement (MEEDDM, 2010).
Outre les stratégies d’adaptation sans-regret, deux autres types de mesures sont à
privilégier :
Mesures réversibles qui permettent de modifier la stratégie à court terme ;
L’ensemble des mesures doit pouvoir être ajusté périodiquement en fonction de
l’avancée des connaissances sur l’évolution du climat et de l’efficacité des
mesures d’adaptation.
1 Troisième rapport du GIEC, 2001
20
L’adaptation est donc une notion récente dans l’histoire des politiques « climat » qui
remontent aux années 90. L’adaptation est l’une des deux stratégies pour lutter contre le
changement climatique et ses impacts associés, avec l’atténuation. Sa mise en œuvre est
soit réactive (en réponse à un évènement, en réaction à un changement) et donc
spontanée (exemple des climatiseurs lors de forte chaleur), soit planifiée (exemple de
construction de digues) et anticipée (exemple de la végétalisation en anticipation à
l’accentuation des îlots de chaleur urbain). La planification de ces stratégies ne se révèle
pas aisée car il faut prendre en compte de nombreuses incertitudes sur le changement
climatique, les impacts associés et les réactions des sociétés face aux contraintes
climatiques. De plus, étant un sujet récent, le peu de recul ne nous permet pas d’attendre
beaucoup des retours d’expérience sur les différentes stratégies et mesures à mettre en
œuvre pour adapter les territoires. Néanmoins, des mesures flexibles sont conseillées
pour prendre en compte les incertitudes. L’implication et la sensibilisation des acteurs
ont donc un rôle essentiel pour planifier et mettre en œuvre des stratégies d’adaptation
pour faire face au changement climatique sur leur territoire.
Dans le cadre de ce mémoire, nous allons étudier au travers de trois études de cas la
manière dont est intégrée l’adaptation au sein des documents de prospective territoriale.
21
2. L’évolution de la prospective dans les documents
territoriaux
La prospective ne doit pas être confondue avec la projection (prolongement dans le futur
des tendances passées) ni avec la prévision (voir par avance ce qui doit arriver).
L’idée centrale inhérente à la prospective est que l'avenir n'est pas une fatalité, qu’il se
construit pas à pas, qu’il est moins à découvrir qu'à inventer. Pour pouvoir le construire,
il faut faire preuve d'anticipation. Sans anticipation, reste les seules urgences qui ne
laissent guère de marges de manœuvre.
21. Petite historique de la prospective
a) Les dates clés de la prospective
Gaston Berger, philosophe et administrateur, a établi en 1955 les fondements de la
prospective. Cependant, en reprenant l’étymologie latine du mot prospicere qui signifie
regarder en avant, la prospective ne date pas des années 50. Dès le XVIIe siècle, Blaise
Pascal dans Pensées de 1670 écrivait :
« Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos
moyens ; le seul avenir est notre fin. »
Ce n’est pourtant qu’en 1957 que le centre international de la prospective est créé. En
France, la DATAR (Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à
l’Attractivité Régionale) est fondée en 1963. Cette délégation est chargée de préparer les
orientations, mettre en œuvre la politique nationale d’aménagement et de
développement du territoire, et a une mission de réflexion prospective et stratégique. Les
principes de la prospective se diffusent et se développent alors dans les centres de
décision jusqu’au plus haut niveau de l’Etat.
A partir du milieu des années 1970, sous l’effet conjoint de la décentralisation et de la
déconcentration des services de l’Etat, la prospective devient une prospective
territoriale. Cette prospective sera menée par les acteurs des différentes collectivités
locales selon les principes définis depuis 1955 par Gaston Berger jusqu’au début des
années 1970 par les groupes de prospective du plan et de la DATAR.
Depuis les années 1990, la loi Chevènement, puis la loi Voynet, qui permettent de créer
les intercommunalités, puis d’élaborer des schémas de territoire à différents échelons,
provoquent une multiplication des exercices de prospective territoriale.
b) L’évolution de la définition de la prospective
Gaston Berger en 1959 a établi une « attitude prospective » qui est développée en cinq
points :
Voir loin : l’attitude prospective nous fait regarder au loin.
Voir large : dans les affaires humaines, toute action, comme toute décision, est
synthétique. Elle intègre tous les éléments antérieurs. Cela est encore plus vrai
lorsqu’il s’agit de vues lointaines et que l’on vit, comme à présent, dans un
22
monde où l’interdépendance ne cesse de croître. Pour dépasser les vues étroites
des spécialistes et décrire d'une manière concrète une situation éloignée dans
l'avenir, rien ne vaut le colloque entre hommes d'expérience, ayant des
formations et des responsabilités différentes.
Analyser en profondeur : c'est à une analyse en profondeur que la prospective
doit se livrer. Recherche des facteurs vraiment déterminants et des tendances qui
poussent les hommes dans certaines directions, sans qu’ils s’en rendent toujours
bien compte.
Prendre des risques : prévision et prospective n'emploient pas les mêmes
méthodes. Elles ne doivent pas non plus être mises en œuvre par les mêmes
hommes.
Penser à l’homme : à bien des points de vue, la prospective ressemble à
l’histoire. Le passé n’est plus, l’avenir n’est pas encore, tous deux sont hors de
l’existence. Comme l’histoire aussi, la prospective ne s’attache qu’aux faits
humains. Les événements cosmiques ou les progrès de la technique ne
l’intéressent que par leurs conséquences pour l’homme.
Suite à ces fondements de la prospective établit par Gaston Berger, la DATAR en 1991
a défini la prospective de la sorte :
« La prospective est une démarche globale, interdisciplinaire qui a pour
mission de rendre compte de la situation passée et présente, de formuler
les questions clés du devenir, de repérer et de dessiner les futurs
possibles, de les confronter avec les buts que s’assignent ceux à qui elle
s’adresse et avec les contraintes existantes, de suggérer les procédures et
les actions appropriées pour transformer celles-ci en projets collectifs,
pour permettre aux décideurs de choisir en connaissance de cause. »
Suite à cette définition, la prospective se développe en France et des spécialistes
établissent de nouvelles définitions. Ainsi, Michel Godet, économiste, professeur au
Conservatoire National des Arts et Métiers et titulaire de la Chaire de la prospective
stratégique, définit la prospective en 1997 comme suit :
« La prospective est avant tout une attitude de l’esprit et un
comportement mobilisés pour assurer la qualité et la maîtrise de
l’existence présente et future. La prospective réhabilite le désir comme
force productive d’avenir. »
Hugues de Jouvenel, directeur du groupe Futuribles, centre international d’études
pluridisciplinaires et prospectives, quant à lui établit la définition suivante en 2004 :
« L’avenir est domaine de liberté, de pouvoir et de volonté. Il est à la fois
territoire à explorer, d’où l’utilité de la veille et de l’anticipation, et en
particulier de la prospective dite exploratoire ; et territoire à construire,
d’où l’utilité de la prospective parfois appelé normative, qui renvoie non
plus à l’investigation des futurs possibles mais à celle des futurs
souhaitables, aux politiques et aux stratégies qui pourraient être
adoptées pour les réaliser. »
Suite à la multiplication des exercices de prospective territoriale, la revue Les travaux de
recherche et de prospective, numéro 24, établit une définition de la prospective
territoriale en 2004 :
« La prospective a pour objet l’élaboration de visions, de perspectives et
23
d’orientations concernant le devenir d’un territoire et de ses habitants
pour éclairer et pour permettre des prises de position et des options
stratégiques, dans les cas les plus complexes, de projets de territoires. »
Ainsi, les définitions de la prospective sont multiples, parfois différentes et restreignent
pour certaines le choix de documents de planification pour les études de cas de la
seconde partie.
Le changement climatique est de plus une notion assez récente qui commence seulement
à devoir être intégrer dans les documents de planification grâce notamment au Grenelle
de l’Environnement. Dans le cadre de ce mémoire, les critères pour caractériser la
prospective territoriale sont :
La finalité de la prospective est d’élaborer des visions d’avenir à plus ou moins
long terme qui sont de nature à aider les acteurs et décideurs territoriaux à
définir les choix de stratégies d’action.
L’élaboration des visions d’avenir peut donner lieu à deux types de prospective :
la prospective exploratoire pour élaborer des visions ou des futurs possibles, et
la prospective normative pour élaborer des visions de ce qui serait souhaitable et
qui pourrait être un objectif à atteindre à une échéance donnée.
Ces critères sont volontairement larges pour avoir un choix maximal, lors des cas
d’étude, dans les exercices ouverts de prospective intégrant l’adaptation au changement
climatique.
Ainsi, ce choix se reflète dans la définition de la prospective retenue dans le cadre de ce
mémoire :
« La prospective est un outil de réflexion et d’aide à la décision destiné à éclairer les
questions du présent et de l'avenir, d'une part en les considérant dans leur cadre
systémique et complexe et, d'autre part, en les inscrivant dans la temporalité, grâce à
l’élaboration de stratégies territoriales. » (Commissariat Général au Développement
Durable, 2009)
c) La prospective de nos jours en France
Le contexte législatif récent est favorable au développement de la prospective
(DURANCE, 2008). Ainsi, parmi les instruments de planification stratégique et spatiale
intégrant une forte dimension prospective, les schémas de cohérence territoriale (SCoT),
qui réclament une réflexion poussée à un horizon de 20 ans et, à un degré moindre, les
plans locaux d’urbanisme (PLU), sont en train de mobiliser de nombreuses équipes.
La prise en compte du futur dans la construction de stratégies de développement, qui est
monnaie courante dans les grandes entreprises, commence à s'imposer dans les
territoires. Le champ et les finalités de la prospective territoriale sont désormais mieux
explicités, les principes de base, les concepts fondamentaux clarifiés, les outils et
méthodes ont fait en partie la preuve de leur efficacité.
Il importe cependant de distinguer la prospective initiée par les collectivités locales dans
laquelle la co-construction collective est indispensable, de la prospective de l’État,
réalisée également avec des acteurs de différentes structures, grâce à laquelle il s’agit de
combler un déficit de réflexions et de visions communes et à long terme.
24
Le niveau national s’est d’abord saisi de l’outil prospective et continue à le mettre en
œuvre de manière quasi scientifique. Les territoires se sont saisis par la suite de l’outil
grâce notamment au contexte législatif favorable. Cependant, de nombreuses structures
se lancent dans l’élaboration de prospective territoriale sans toujours savoir quelles sont
les démarches, les méthodes à suivre pour pratiquer l’exercice dans sa globalité. Selon
Pierre-François Clerc de la DATAR, il n’y pas d’exercice de prospective mis en place
au niveau territorial mais les exercices sont un mélange de prévision et de prospective.
22. La prospective stratégique dans les documents de
planification
a) Les idées clés de la prospective territoriale
« Toute forme de prédiction est une imposture, l’avenir n’est pas écrit,
mais reste à faire. L’avenir est multiple, indéterminé et ouvert à une
grande variété de futurs possibles. Ce qui se passera demain dépend
moins de tendances lourdes qui sʹimposeraient fatalement aux hommes
que des politiques menées par les hommes face à ces tendances. »,
(GODET, 2004)
Toutes les collectivités sont confrontées à la mise en œuvre de projet de territoire
intégrant une démarche prospective et une approche stratégique, au moins à travers
l’élaboration de documents d’urbanisme obligatoires. La prospective territoriale obéit
aux lois générales de la prospective appliquées à un champ qui est le projet de territoire.
La prospective territoriale est donc :
Un instrument privilégié pour aider à la compréhension de la transformation du
territoire en abordant les problèmes dans leur globalité ;
Une culture de l’anticipation et du débat collectif sur les enjeux futurs et les
choix qui en résultent de nos jours ;
Un raisonnement pour engager les acteurs vers des stratégies ambitieuses et pré
ou proactives.
L’exercice de prospective doit débuter par une phase de diagnostic du territoire passé et
présent. Cette phase va servir de base à l’élaboration de choix stratégiques. Ensuite, la
méthode des scénarios va permettre de construire des représentations du futur ainsi que
les cheminements qui y conduisent. L’objectif de ces représentations est de mettre en
évidence les tendances lourdes. Les deux grands types de scénarios sont les scénarios
exploratoires (futurs possibles) et les scénarios normatifs (futur souhaitable). Les
scénarios constituent un éclairage indispensable pour orienter les décisions stratégiques.
b) La prospective territoriale et les questions climatiques
Compte tenu de la courte histoire des problèmes climatiques et de leur prise en compte
par les acteurs politiques en France, les premiers exercices de prospective territoriale
dédiés à cette thématique ont réellement émergé dans le début des années 2000 avec les
Agendas 21 locaux et les Plans Climat Territoriaux en 2004.
Pour répondre aux enjeux d’adaptation, la prospective semble être un outil pertinent
25
notamment pour gérer les incertitudes. En effet, la prospective permet de gérer les
incertitudes particulièrement avec l’élaboration de scénarios. L’incertitude face à
l’avenir fait qu’il n’existe pas un, mais des futurs possibles. Il faut distinguer l’aspect
subjectif de l’incertitude (connaissance insuffisante) et l’aspect objectif (contingence).
La prospective répond à ces deux préoccupations en constituant une démarche de
connaissance, en envisageant des futurs possibles et souhaitables qui, en éclairant le
choix entre des options stratégiques, permettent de faire face aux multiples incertitudes
pesant, notamment à long terme, sur le contexte général des organisations et des
territoires. La prospective permet d’imaginer des alternatives tant dans les futurs
possibles que dans les réponses stratégiques à apporter (CORDOBES, 2009).
De par la nécessité d’une connaissance du territoire passé et présent, d’une échelle et
d’un territoire défini, et par l’élaboration de scénarios, la prospective territoriale pourrait
être un outil pertinent pour intégrer les enjeux d’adaptation au changement climatique
dans les documents de planification stratégique.
26
3. Spécification de la problématique de recherche
Alors que l’adaptation au changement climatique constitue un champ d’action publique
émergeant sur la scène locale, la prospective territoriale apparaît quant à elle comme un
« outil » aussi relativement récent à l’échelle du territoire pour aider la décision
stratégique, et en particulier l’adaptation. En effet, le caractère intrinsèquement
territorial de l’adaptation au changement climatique, rendant spécifique les mesures
envisageables sur chaque territoire, et les incertitudes incompressibles associées à
l’adaptation, semblent solubles et appréhendables au travers de la prospective. Par
l’exploration des possibles, comme par l’élaboration de scénarios, le recours à la
prospective à l’échelle territoriale semble pouvoir aider, sous couvert des compétences
requises pour l’exercice, la gestion locale de l’adaptation au changement climatique.
Des études de cas vont permettre d’observer la manière dont l’adaptation au changement
climatique est intégrée dans les exercices de prospective territoriale. Voyons à présent
les questions et la problématique qui ont orienté les recherches sur les études de cas et
de ce mémoire.
31. Questionnements et problématique de recherche
a) Le thème de la recherche
Les impacts du changement climatique sont localisés et les territoires vont être affectés
de manière inégale (inégalité dans l’exposition de même que dans les réponses).
L’adaptation au changement climatique est donc dépendante du territoire sur lequel elle
est mise en œuvre. Les pratiques des territoires et les secteurs de développement sont
ainsi concernés. Pour ne pas les fragiliser et faire face aux effets néfastes du changement
climatique, la mise en place de mesures d’adaptation sont nécessaires.
L’adaptation des territoires au changement climatique.
b) Le problème général
Même si des efforts d’atténuation importants sont aujourd’hui réalisés, les territoires
devront faire face aux impacts provoqués par le changement climatique. Néanmoins, le
volet adaptation est bien souvent délaissé dans les politiques locales. Les politiques
d’adaptation sont récentes et il est dès lors impossible d’avoir un retour sur expérience.
Aussi, comment les territoires mettent-ils en place leur politique d’adaptation ?
Quels sont les enjeux qui vont se révéler avec l’introduction de la politique d’adaptation
au niveau de l’aménagement du territoire ?
Les effets de l’adaptation au changement climatique sur l’aménagement, et l’action
publique territoriale sont méconnus.
27
c) La question générale
Les mesures doivent être adoptées au niveau local car les territoires vont être
inégalement impactés par le changement climatique. Différentes actions sont possibles
afin de s’adapter à un même impact. De plus, des incertitudes inhérentes au changement
climatique rendent la gestion de l’adaptation et la décision délicates. Aussi, la
prospective territoriale, grâce à sa méthodologie et à l’élaboration de scénarios, permet-
elle de gérer ces incertitudes ? Les mesures d’adaptation pour lutter contre les impacts
sont-elles intégrées de la même manière dans les exercices de prospective suivant les
territoires ?
Selon quelles modalités sont intégrés les enjeux d’adaptation au changement
climatique dans les exercices de prospective territoriale ?
d) La problématique de recherche
Les documents de prospective émergent depuis quelques années mais peu nombreux
sont ceux qui intègrent l’adaptation au changement climatique. La recherche s’est donc
orientée vers les documents de prospective « climat ». De plus, le volet adaptation reste
bien souvent moins développé que le volet atténuation. Le mémoire de recherche vise à
comprendre les modalités d’intégration de l’adaptation dans les exercices de prospective
territoriale et de cibler les leviers et les freins à sa mise en œuvre. Il cherche également à
déterminer l’intérêt et les effets de l’outil prospective dans le cas de l’adaptation au
changement climatique.
Selon quelles stratégies l’adaptation est-elle intégrée dans les exercices de prospective
territoriale sur le changement climatique ?
e) Les hypothèses de recherche
Les hypothèses de recherche sont les suivantes :
L’hypothèse principale :
L’adaptation est intégrée de manière multiforme dans les exercices de prospective.
Les raisons d’intégrer l’adaptation au changement climatique dans les politiques
territoriales, les acteurs impliqués à l’élaboration des mesures d’adaptation ou le degré
de connaissance des impacts du changement climatique ne peuvent être les mêmes sur
chaque territoire et engendre des stratégies d’adaptation différentes.
Les sous-hypothèses :
Les incertitudes associées à l’adaptation au changement climatique ouvrent des scènes
de discussions nouvelles renforçant les échanges entre acteurs et entre territoires.
28
L’élaboration de scénarios à travers la prospective territoriale permet une gestion de
l’incertitude des impacts du changement climatique et le débat favorisé par la
prospective amène un échange qui enrichit les connaissances.
L’adaptation est intégrée dans les exercices de prospective davantage comme une
logique cognitive que décisionnelle.
L’adaptation est un sujet récent qui est encore méconnu par de nombreux acteurs
territoriaux. Les premiers documents de prospective intégrant l’adaptation ont l’objectif
d’apporter des éléments de connaissance sur l’adaptation et de faire prendre conscience
à l’ensemble des acteurs la nécessité d’effectuer de manière complémentaire les
politiques d’atténuation et d’adaptation. Des mesures pourraient être proposées dans des
documents ultérieurs, quand le sujet sera mieux appréhendé.
32. Justification des terrains d’étude
Afin de répondre à la problématique, la recherche va se porter sur l’analyse de
l’intégration de l’enjeu d’adaptation au changement climatique dans les exercices de
prospective territoriale sur des territoires différents.
Les études de cas retenues sont :
Le Plan Climat Territorial du Grand Lyon ;
Le rapport Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l’épreuve du changement
climatique, à l’horizon 2030 du Conseil Economique, Social et
Environnemental Régional de la Bretagne ;
Le SCoT Facteur 4 de l’agglomération tourangelle.
Les territoires ne sont pas comparables ni au point de vue de leur taille, ni au point de
vue de la collectivité. Le choix a été fait de prendre des études de cas différents pour
avoir une vision de l’intégration de l’adaptation à différentes échelles et suivant
différents enjeux de territoire. Cette méthode d’analyse de grande variance ne prétend
pas monter en généralité, ni mener une comparaison stricto sensu des territoires, mais
vise à décrire un éventail d’intégrations possibles de l’adaptation dans des prospectives
de lutte contre le changement climatique.
Le Grand Lyon se place comme une collectivité pionnière de la gestion du changement
climatique avec l’élaboration d’un PCT dès 2007.
Le rapport sur la gouvernance à l’épreuve du changement climatique sur le territoire
breton résulte d’une auto-saisine de la part du CESER. C’est cette particularité qui en a
fait l’intérêt d’une étude de cas pour ce mémoire de recherche sur les stratégies
d’adaptation.
Enfin, l’agglomération tourangelle ne s’est saisi que dernièrement des problématiques
climatiques. L’objectif est de voir si les stratégies d’adaptation sont différentes sur un
territoire sans antécédents a priori dans les politiques climatiques par rapport à un
territoire tel que le Grand Lyon qui se saisit de ces questions depuis quelques années
déjà.
29
33. Démarche adoptée
Afin de mener à bien l’analyse comparative, les trois études de cas sont présentées et
analysées dans la seconde partie, puis la dernière partie vise à tirer des enseignements
sur les stratégies d’adaptation et à faire émerger les éléments déterminants et méthodes
susceptibles d’être partagées avec d’autres territoires. L’objectif est de dégager les
leviers et les freins de l’intégration de l’adaptation au changement climatique dans les
exercices de prospective territoriale.
a) Méthode d’étude des stratégies d’adaptation
Afin de pouvoir établir une comparaison entre les différents territoires, une grille de
lecture a été élaborée. Celle-ci a été complétée pour chaque territoire grâce aux outils de
recherche suivants :
La collecte de données documentaires ;
La conduite d’entretiens semi-directifs.
La grille de lecture s’attache dans un premier temps à réaliser un descriptif succinct du
territoire. Les caractéristiques suivantes sont intégrées : statut, superficie, population,
compétences, climat, …
La grille est ensuite divisée en quatre parties distinctes :
La première vise à présenter l’exercice et les facteurs clés de son élaboration ;
La seconde évoque la place de la prospective dans l’exercice ;
La troisième se réfère à l’intégration de l’adaptation dans l’exercice ;
La dernière ayant pour but de montrer l’articulation entre la prospective et
l’adaptation.
La première partie de la grille vise à comprendre les facteurs qui ont permis d’intégrer
l’adaptation au changement climatique dans un document de prospective. Dans certains
cas un élément déclencheur, tel qu’un événement climatique récent ou un acteur
politique sensibilisé à la question du changement climatique, peut entraîner l’élaboration
de ces documents. Ensuite, ce sont les dates clés et les acteurs impliqués qui sont
recensés.
La seconde partie étudie les méthodes prospectives employées et les concertations
engendrées par l’élaboration du document.
La troisième partie évalue dans un premier temps les connaissances liées à l’adaptation
du changement climatique, en recensant le type d’études qui ont été compilées ou
produites et les impacts identifiés sur le territoire. Dans un second temps, les stratégies
d’intégration de l’adaptation sont questionnées afin de déterminer les freins et les
leviers.
La quatrième partie interroge l’apport de la prospective territoriale dans l’intégration de
l’adaptation aux politiques territoriales.
L’ensemble de ces données est synthétisé dans le tableau suivant :
30
Comment est intégrée l’adaptation dans l’exercice de prospective territoriale ? Comment est
élaboré cet exercice ?
Processus Résultats
L’e
xer
cice
Description du territoire :
Statut
Compétences
Nombre d’habitants
Relief
Climat
Données socio-économiques
Comment émerge l’exercice de prospective territoriale ?
(éléments déclencheur, continuité d’une politique climat)
Dates clés de l’exercice de prospective et informations
liées :
Mise à l’agenda
Prise en compte de l’adaptation
Fin de l’exercice
Mise en place des mesures
Quels sont les acteurs impliqués dans le lancement et
l’élaboration du projet ?
Pro
spe-
ctiv
e
Quelle est la méthode de prospective utilisée ?
Quelles ont été les formes de concertation privilégiées ?
Avec quels acteurs ?
Ad
apta
tio
n
Quelles connaissances sur le changement climatique ou
l’adaptation ont été compilées ou produites ? Y a-t-il un
besoin de connaissances ?
Quels enjeux identifiés pour le territoire face au
changement climatique ?
Quelles sont les stratégies de prise en compte de
l’adaptation au changement climatique ?
Quels freins ou leviers ont été identifiés à son intégration
et/ou à sa mise en œuvre ?
L’a
rtic
ula
tion
adap
tati
on/p
rosp
ecti
ve
Dans quelles mesures la prospective peut être un outil
pour intégrer l’adaptation ?
Dans l’exercice, comment sont gérées les incertitudes
liées au changement climatique et aux impacts associés ?
Comment qualifiez-vous l’apport de la prospective dans
la gestion de l’incertitude ?
Quelles sont les répercussions sur les acteurs locaux et
les processus décisionnels ?
Quels ont été les moyens pour communiquer autour de ce
projet et pour sensibiliser la population à l’adaptation ?
Tableau 3 : Grille de lecture (A. Poulain, 2011)
31
Septembre Octobre Novembre Décembre Janvier Février Mars Avril Mai
Choix du sujet
Recherches bibliographiques
Formulation de la problématique et des hypothèses de recherche
Elaboration de la grille de lecture
Etude de terrain
Rédaction du rapport final
Rendu final (13mai) et
soutenance
b) Calendrier suivi
L’élaboration de ce projet de recherche, en parallèle d’autres enseignements, s’étale sur
une période de neuf mois lors de la cinquième année universitaire. La démarche de
construction du projet s’est structurée autour de différentes étapes.
Figure 2 : Calendrier suivi pour le projet de recherche (A. Poulain, 2011)
32
DEUXIEME PARTIE :
ETUDE DE CAS SUR
L’INTEGRATION DE
L’ADAPTATION AU
CHANGEMENT
CLIMATIQUE DANS LES
EXERCICES DE
PROSPECTIVE
TERRITORIALE
33
Cette seconde partie vise à mettre en évidence les modalités d’intégration de
l’adaptation au changement climatique, dans des exercices de prospective territoriale
dédiés à la question climatique, à travers trois cas d’étude. La contextualisation du
document dans la politique climatique territoriale est réalisée afin de connaître la
sensibilisation des acteurs à ces thématiques et d’appréhender les démarches
précédemment réalisées.
1. Grand Lyon : un territoire précurseur dans la prise
en compte de la problématique climatique au sein
des politiques territoriales
11. Le territoire du Grand Lyon
Située dans la région Rhône-Alpes, la communauté urbaine du Grand Lyon est la plus
grande de France au niveau de la population. Ci-dessous, quelques caractéristiques de
cette communauté urbaine créée en 1969.
Carte 1 : Communauté urbaine du Grand Lyon
(www.economie.grandlyon.com)
58 communes
Population : 1 310 000 habitants1
Superficie : 51 500 hectares2
Compétences : aménagement et
urbanisme, économie et foncier,
services au quotidien.
Suite à la signature de la charte d’Alborg en 1999, le Grand Lyon se lance dans la
réalisation d’un Agenda 21 local. Celui-ci est adopté en 2005. Le premier plan d’action
2005-2007 intègre la lutte contre l’effet de serre comme l’un des cinq axes stratégiques.
Une des actions de cette orientation est l’élaboration d’un Plan Climat Territorial
approuvé en 2007.
1 Source : INSEE, 2010 2 Source : www.grandlyon.com
34
La PCT du Grand Lyon va constituer un document d’étude dans le cadre du projet de
recherche car c’est un exercice qui doit intégrer deux actions pour lutter contre le
changement climatique : le volet atténuation et le volet adaptation.
12. Le Plan Climat Territorial dans la continuité des
politiques « climat » du Grand Lyon
a) Le contexte climatique de l’agglomération lyonnaise
La communauté urbaine se saisit précocement de la question du développement durable
avec l’élaboration de deux chartes de l’écologie urbaine en 1992 et 1997. En 1997, le
projet Millénaire 3 est également lancé et une de ses finalités est d’élaborer le projet de
développement durable du territoire. Le Grand Lyon signe la charte d’Alborg, charte
européenne des villes durables en 1999.
Avant l’élaboration du premier Agenda 21, et de la partie sur la lutte des gaz à effet de
serre, des réflexions avaient été produites principalement sur les dépenses énergétiques
avec le montage de l’Agence Locale de l’Energie en 2000. Auparavant, le programme
POLYEN en 1990 et 1997 avait permis de faire un inventaire énergétique.
En 2005, la première version de l’Agenda 21 est adoptée dont l’un des cinq axes
concerne la lutte contre l’effet de serre. La deuxième version est adoptée en 2007 avec
25 actions sur 100 concernant la lutte contre l’effet de serre, et qui constituent le premier
PCT du Grand Lyon.
Le 18 décembre 2007, le conseil de Communauté du Grand Lyon a voté à l’unanimité la
délibération cadre du PCT qui :
Définit la démarche Plan Climat de la communauté urbaine ;
Engage la communauté sur des objectifs chiffrés ;
Articule des engagements selon les périmètres d’intervention de la communauté
urbaine.
b) Le Plan Climat Territorial : l’axe climat de l’Agenda 21 du Grand
Lyon
L’Agenda 21 et le PCT sont deux documents complémentaires. L’Agenda 21 parce qu’il
est stratégique et se veut global est à même de préparer la mise en œuvre du PCT. C’est
le cas de l’agglomération lyonnaise qui a mis en place un PCT en application de son
Agenda 21. Le PCT est alors une déclinaison opérationnelle de l’axe climat de l’Agenda
21.
Le PCT n’est donc pas apparu dès la première version de l’Agenda 21 qui notifiait juste
l’élaboration future du PCT. Les premières actions du PCT apparaissent dans la version
de l’Agenda 21 2007-2009. Actuellement, un PCT est en cours d’élaboration avec un
diagnostic déjà achevé et un document qui devrait être adopté au cours de l’année 2011.
35
13. Une commande politique à l’origine du Plan Climat
Territorial
a) Vers une mobilisation des grands réseaux d’acteurs de
l’agglomération lyonnaise
Le PCT est venu d’une commande politique de la part de Béatrice Vessiller, alors élue
« vert » en charge de l’énergie, qui voulait lancer une réflexion politique sur ce qu’était
un Plan Climat et où le situer par rapport à l’Agenda 21. Depuis, le cheminement du
PCT au sein du Grand Lyon a évolué avec une première version dans le deuxième
Agenda 21, et au cours de l’année 2011, une version plus aboutie du PCT sera adoptée.
Pour ce faire, de nombreux acteurs ont été impliqués. Au sein de Grand Lyon qui met en
œuvre et pilote le projet, Pierre Crépeaux de la mission Ecologie au sein du service
Stratégies d’agglomération est le chargé du Plan Climat. Avec son service, il pilote
différents bureaux d’étude, notamment pour les calculs d’émissions de gaz à effet de
serre :
ICE et Indigo pour les calculs ;
Esprit Public pour la communication.
Ce sont ces mêmes bureaux d’étude qui réalisent les gains chiffrés en termes de
réduction d’émissions de gaz à effet de serre grâce aux mesures mises en place.
Outre ces acteurs, l’agence locale de l’énergie (ALE) lyonnaise a intégré le comité de
projet Plan Climat du Grand Lyon. L'ALE assure un rôle d'appui technique et
méthodologique au sein du comité technique du Plan Climat.
Mis à part ces acteurs mettant en œuvre l’exercice, des concertations ont eu lieu avec les
échelons inférieurs, comme supérieurs. Effectivement, l’ensemble des communes du
territoire du Grand Lyon a eu la présentation du diagnostic du projet et ensuite des
groupes de travail ont été formés afin d’avoir une réflexion stratégique pour élaborer des
plans d’action.
La région Rhône Alpes n’a pas été directement impliquée dans la réalisation du PCT du
Grand Lyon mais des échanges s’effectuent dans le cadre du Schéma Régional Climat
Air Energie.
Bruno Charles, Vice-président du Grand Lyon en charge de la démarche prospective en
matière énergétique, du pilotage, de l’animation des outils du développement durable et
élu porteur désormais du projet du PCT, a effectué une saisine à l’attention du Conseil
de Développement qui s’inscrit dans la continuité de leurs travaux antérieurs sur le
développement durable. L’objectif pour le Grand Lyon est d’avoir une valeur ajoutée et
innovante à son document grâce à la force de proposition du Conseil de Développement.
Sensibilisés à ces questions, les membres du Conseil ont souhaité interpeler les élus sur
la nécessité de penser conjointement la question énergétique et climatique et faire
prendre conscience que chaque citoyen est acteur du territoire et a donc des
responsabilités.
Le Conseil de Développement, instance de débats et de propositions, composé de
représentants de la société civile, constitue donc l’instance consultative de
l’agglomération.
Suite à une étude qui a établi que la communauté urbaine ne peut avoir d’influence que
36
sur 25% des émissions de gaz à effet de serre du territoire, le Grand Lyon a choisi de
fédérer toutes les forces vives du territoire au sein de la Conférence Energie Climat. La
Conférence Energie Climat, lancée le 6 mai 2010, est un mode de gouvernance innovant
que le Grand Lyon a mis en place afin de mobiliser sur le long terme les différents
acteurs du territoire dans la réussite du Plan Energie Climat. Les objectifs recherchés
sont un dialogue sur la manière d’atteindre les objectifs climatiques, la définition de la
contribution de chacun, la création d’une synergie et la mise en cohérence des actions
menées sur le territoire (Grand Lyon, 2010).
La Conférence Energie Climat est composé de 5 collèges :
Les membres de ces 5 collèges travaillent régulièrement sur des travaux thématiques et
se réunissent en séance plénière une à deux fois par an.
Ainsi, le Grand Lyon a initié et souhaite piloter une démarche de partenariats autour du
Plan Climat, par laquelle des acteurs du territoire de tous types pourront partager
l'engagement du Grand Lyon et mettre en commun leurs efforts de réduction d'émission.
b) La chronologie du Plan Climat Territorial
Le début de l’exercice et des études s’est fait en 2005 lors du premier volet de l’Agenda
21. A l’époque, ce n’était pas encore le Plan Climat mais des études pour préparer son
élaboration. Ces premières études ne se basaient que sur le volet atténuation et il a fallu
Figure 3 : Acteurs du PCT du Grand Lyon (A. Poulain, 2011)
Tableau 4 : Composition de la Conférence Energie Climat du Grand Lyon (Grand Lyon, 2010)
37
attendre 2006 pour que l’adaptation soit prise en compte. Les réflexions sur l’adaptation
ont débuté dans le cadre de la participation du Grand Lyon au projet européen AMICA.
Le but de ce programme sera développé dans la partie concernant l’intégration de
l’adaptation au Grand Lyon.
La dernière version du PCT sera achevée au cours de l’année 2011 tandis que le
diagnostic est d’ores et déjà terminé.
Le déroulement de l’exercice est résumé dans le tableau ci-dessous.
2005 2006 2007 2011 La suite
Début de
l’exercice et
des études
Prise en compte
de l’adaptation
(programme
AMICA)
Première
version du PCT
en tant qu’axe
climat de
l’Agenda 21
2007-2009
Dernière
version du PCT
Une fois achevé, le
PCT se déclinera en
mesures qui devront
être évaluées. Il
alimentera
également d’autres
documents. Un
document dédié à
l’adaptation va être
élaboré.
Tableau 5 : Chronologie du PCT du Grand Lyon (A. Poulain, 2011)
Le tableau ci-dessous met en parallèle les différents documents prospectifs de
l’agglomération lyonnaise.
2003-2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
PCT
Début de
l'exercice
Prise en
compte de
l'adaptation
Première
version du
PCT
Diagnostic du
PCT
Dernière
version du
PCT
PLU
intercommunal
Phase
d'élaboration
et de
concertation
Approbation
du PLU Procédure de modification
SCOT
Elaboration du rapport de
présentation et du PADD
Elaboration du Document
d'Orientations Générales, arrêt
du projet du SCoT, Consultation
et approbation
Tableau 6 : Chronologie des documents prospectifs de l’agglomération lyonnaise
(A. Poulain, 2011)
L’élaboration du PCT chevauche l’élaboration ou la modification des autres documents
38
de prospective. Ainsi, le PCT alimente d’autres documents d’urbanisme tels que le PLU
intercommunal, le SCoT de Lyon, le PLH ou encore le plan de protection de
l’atmosphère. Dans le cadre de la procédure de modification du PLU, un groupe de
travail « Vivre Facteur 4 » permet d’alimenter le document en termes énergétique et
climatique.
c) Les apports de la prospective
Pour l’élaboration du PCT, des connaissances du passé et du présent ont été produites en
2005, à l’entame du projet, grâce à un cadastre des émissions de gaz à effet de serre et
un bilan des potentiels d’utilisation des énergies renouvelables. Pour l’adaptation, des
travaux de vulnérabilités ont été produits dans le cadre du programme européen de
l’AMICA.
Le PCT propose un scénario pour atteindre le Facteur 4. L’adaptation sera prise en
compte dans un prochain travail de manière approfondie grâce à des études qui ont déjà
débutées. Cependant, Pierre Crépeaux ne sait pas encore la manière dont la prospective
sera utilisée au sein de ce futur document.
La prospective au sein du PCT a été mise en place de diverses manières :
Pour les calculs, un bureau d’étude utilisait le logiciel « prosperer » qui est un
tableur Excel permettant de réaliser différents scénarios ;
Par des ateliers.
Selon Pierre Crépeaux, la prospective permet de faire comprendre les ordres de grandeur
aux acteurs. Les ateliers prospectifs permettent aux acteurs politiques et techniques
d’avoir une base de connaissance et de leur faire prendre conscience des enjeux.
Dans le cadre du prochain exercice, la méthode n’est pas encore déterminée mais se fera
certainement par une analyse fine des facteurs de vulnérabilité du territoire. Ensuite, il
faudra recueillir des données sur l’évolution climatique et observer les impacts
provoqués sur le territoire afin d’agir en priorité sur les endroits les plus vulnérables.
Néanmoins, Pierre Crépeaux ne sait pas encore si une prospective exploratoire sera
utilisée avec l’élaboration de plusieurs scénarios.
14. Une première approche de l’adaptation
a) L’adaptation intégrée grâce au programme AMICA
L’adaptation est intégrée au PCT seulement en 2006 grâce au programme européen
AMICA. Selon Pierre Crépeaux, sans ce programme, la démarche adaptation n’aurait
pas été abordée dans le cadre du PCT.
Le programme AMICA vise à identifier de «bonnes» mesures d'adaptation, qui
combineront baisse des émissions et baisse de la vulnérabilité locale. Il permettra donc
de renforcer le volet adaptation du Plan Climat du Grand Lyon. L'objectif central est de
mettre au point une politique locale qui réponde au changement climatique de manière
intégrée, en alliant des mesures de court et de long terme, de précaution et de réponse
aux impacts, et créant le cadre d'un développement local durable dans le temps.
39
AMICA se décompose en cinq tâches :
Coordination : gestion du programme par Climate Alliance ;
Adaptation : mise en place de groupes de travail interrégionaux thématiques :
inondation, érosion côtière, sécheresse, pic de chaleur. Séminaires de travail,
estimation pour chaque partenaire de sa vulnérabilité aux impacts, inventaire
des mesures d'adaptation existantes. Production d'un catalogue des mesures
d'adaptation en lien avec le groupe des scientifiques.
Réduction des émissions : suivi des mesures en place par la méthodologie de
Climate Alliance. Auto évaluation et revue par des pairs (visite des autres
partenaires), contrôler l'évaluation.
Intégration des deux axes et mise en œuvre : travail sur les synergies entre les
deux aspects. Groupe de travail inter services dans chaque municipalité pour
travailler le plan d'action.
Sensibilisation : communication au sein de la collectivité et vers l'extérieur,
travail en réseau, élargissement des parties prenantes.
Ce programme européen, terminé en 2008, a permis aux acteurs du Grand Lyon d’être
sensibilisés à l’adaptation au changement climatique et ainsi d’intégrer ce volet dans le
PCT.
Dans le cadre du diagnostic du PCT de 2010, le programme AMICA a permis au Grand
Lyon de mener une prospective sur les impacts des changements climatiques sur son
territoire. Effectivement, une étude des facteurs de vulnérabilité susceptibles d’affecter
le territoire de l’agglomération lyonnaise a été réalisée. Il en ressort des impacts négatifs
qui, selon Pierre Crépeaux, se révèleront en cas de changement climatique mais ne sont
pas des enjeux actuels :
les îlots de chaleur urbains et canicule ;
les sécheresses ;
l’évolution des régimes hydrologiques.
D’autres impacts plus flous tels que les inondations, les tempêtes, les épidémies ou
encore l’évolution des précipitations ont également été identifiés mais seront à préciser
au fur et à mesure que la déclinaison régionale des impacts sera mieux connue.
Des mesures intéressantes identifiées au cours du programme AMICA et applicables au
territoire de l’agglomération ont été répertoriées :
40
Système
d’alerte
Urbanisme Bâtiments Energie
Plan
canicule
Végétalisation de la
ville, des parkings,
des rues, etc.
Création de trames
«vertes et bleues»
rafraîchissantes,
limitation des surfaces
imperméabilisées.
Adaptation des
espèces végétales
plantées pour intégrer
des variétés plus
résistantes aux
nouvelles contraintes
climatiques :
nouvelles espèces ou
sélection d’individus
plus résistants au sein
des espèces déjà
présentes.
Choix de matériaux
absorbant peu la
chaleur dans les
espaces publics,
parcours piétons
ombragés
Bâtiments à basse
consommation
d’énergie, dont
l’isolation limite les
besoins de
climatisation,
Isolation par
l’extérieur qui limite
l’effet de chaleur
urbain,
Protections solaires
des ouvertures pour
limiter les apports
solaires en plein été,
Mise en œuvre des
systèmes performants
de ventilation,
Utilisation
d’appareils
électriques les plus
efficaces en énergie,
pour limiter les
besoins de
climatisation.
Développement des
réseaux urbains en
trigénération :
production de chaleur,
d’électricité et de
froid à moindre
émission de CO2,
Suppression du
chauffage au fioul
dans les constructions
en zone inondable et
remplacement par du
bois pour éviter le
risque de pollution
des eaux,
Campagnes de
mobilisation de la
population pour
effectuer un délestage
du réseau électrique,
très sollicité lors des
canicules.
Tableau 7 : Mesures d'adaptation dans le PCT
(Source : Grand Lyon, 2009, A. Poulain, 2011)
Certaines modélisations sont actuellement déjà réalisées sur les îlots de chaleur et des
mesures de végétalisation sont entreprises compte tenu des conséquences engendrées par
la canicule de 2003. De plus, la canicule est un des enjeux identifiés lors du programme
AMICA. Néanmoins, mises à part quelques actions, les démarches concernant
l’adaptation restent faibles comparées à l’atténuation.
Aussi, un futur document sur l’adaptation va être réalisé. Ce futur document sera fait par
le Grand Lyon en collaboration avec l’agence d’urbanisme, l’agence locale de l’énergie
et un(e) thésard(e). En effet, pour remédier aux besoins de connaissance recensés, le
Grand Lyon a lancé une thèse. Ces besoins de connaissance sont relatifs aux incertitudes
dues au changement climatique et aux impacts associés, mais également sur le lien entre
les formes urbaines et la vulnérabilité causée par les phénomènes d’îlots de chaleur et
sur l’évolution des régimes hydrologiques.
Même si le document commence simplement à être pensé, Pierre Crépeaux estime qu’il
sera nécessaire d’effectuer une évaluation avec Météo France et, si possible, de mettre
en œuvre un observatoire de l’adaptation.
Les documents techniques sont inutiles si les politiques ne s’en saisissent pas par la
suite. Or, pour Pierre Crépeaux, les élus étaient un frein à la mise en œuvre de
41
l’adaptation, car ils considéraient que l’adaptation était une position de perdant
contrairement à l’atténuation. Heureusement, ils ont compris que malgré des actions
spectaculaires d’atténuation, des impacts affecteront le territoire. Ils considèrent
désormais l’adaptation comme de la gestion de risques. Les freins à la mise en place de
l’adaptation sont désormais les incertitudes soulevées.
b) Une gestion des incertitudes pas encore à l’ordre du jour
Les incertitudes concernant le Grand Lyon ne sont aujourd’hui pas gérées d’après Pierre
Crépeaux. La thèse aura pour but de répondre à toutes les incertitudes soulevées grâce à
une étude fine des vulnérabilités du territoire, puis avec une étude sur le changement
climatique local. Enfin, l’objectif sera d’étudier les impacts provoqués par le
changement climatique grâce, si possible, à une cartographie pour mettre en place des
actions sur les territoires les plus vulnérables.
Une fois ces incertitudes gérées, une autre inquiète Pierre Crépeaux : la mise en place
des mesures d’adaptation par les acteurs politiques. Maillon décisionnel, il est
indispensable que les acteurs politiques soient sensibilisés à la question pour qu’ils
puissent mettre en œuvre des plans d’action. Or, la majorité des acteurs du territoire ne
connaît pas réellement l’adaptation et la difficulté émergera lorsqu’elle apprendra
l’ordre des mesures à mettre en place sur leur territoire.
Pour combattre cette dernière incertitude, une communication a été faite sur
l’atténuation. Pour l’adaptation une communication, certainement intitulée « Comment
modifier la ville pour s’adapter », sera mise en place pour atteindre les acteurs
publiques. En effet, la mise en place des actions d’atténuation relève plus du domaine
privé tandis que l’adaptation relève du domaine public. L’implication des élus est donc
essentielle.
42
2. Bretagne : une auto-saisine pour appréhender les
impacts du changement climatique sur les modes de
gouvernance
21. Le territoire breton
Quatrième région touristique grâce à ses côtes et à la diversité de ses paysages, la
Bretagne a une qualité de vie à préserver qui pourrait être affectée par les impacts du
changement climatique.
Ci-dessous quelques caractéristiques du territoire breton.
Carte 2 : La région Bretagne (www.culture.gouv.fr)
4 départements
Population : 3 173 000
habitants1
Superficie : 2 720 900
hectares2
Compétences :
développement économique,
aménagement des territoires
et transport, agenda 21
régional
Le CESER (Conseil Economique, Social et Environnemental Régional) est une
assemblée consultative qui, avec le Conseil Régional, constitue la collectivité de la
région. Cette assemblée réalise des études et émet des préconisations, mais ne fait pas
dans l’opérationnel.
Figure 4 : La composition de la région Bretagne (A. Poulain, 2011)
1 Source : INSEE, 2009 2 Source : www.bretagne.fr
43
C’est cette assemblée qui s’est autosaisie, en 2007, d’une étude concernant les effets du
changement climatique en Bretagne sur les modes de gouvernance intitulée : « Pouvoirs
et démocratie en Bretagne à l’épreuve du changement climatique, à l’horizon 2030 ».
Effectivement, en 2008 la région a adopté son Agenda 21 et elle est actuellement en
cours d’élaborer son Schéma Régional Climat Air Energie mais, au préalable, aucune
étude n’avait été réalisée sur le changement climatique.
La façon dont le CESER s’est saisi de l’étude et le choix d’avoir orienté la prospective
sur les modes de gouvernance font que le rapport « Pouvoirs et démocratie en Bretagne
à l’épreuve du changement climatique, à l’horizon 2030 » va servir de document
d’étude dans le cadre de ce projet de recherche.
22. Une auto-saisine pour palier le manque de document sur
le changement climatique
a) Le contexte climatique de la région Bretagne
Dans le cadre de cette réflexion sur la gouvernance en Bretagne à l'épreuve du
changement climatique, la section prospective du CESER a saisi le Conseil Scientifique
de l’Environnement en Bretagne (CSEB) sur la question du changement climatique et
ses impacts en Bretagne dans le but d’effectuer une recherche sur les documents
préexistants. Cependant, ni les membres de la section prospective dans leur propre
recherche, ni le CSEB n’ont trouvé d’étude préalable sur le changement climatique au
niveau régional.
Les seuls exercices qui pouvaient exister auparavant étaient des documents faits par des
territoires inférieurs, tels que le PCT de Rennes.
b) Le CESER se saisit de la question climatique
Ce rapport provient d’une auto-saisine de la part des membres de la section prospective
du CESER qui souhaitaient en connaître plus sur les impacts du changement climatique
sur leur territoire, notamment au niveau de la gouvernance.
Cette auto-saisine ne fait suite à aucun élément déclencheur mais simplement à une
envie des membres de la section d’en connaître plus sur un sujet dans « l’air du temps »
au niveau de leur région.
C’est ainsi qu’en 2007, le projet « Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l’épreuve du
changement climatique, à l’horizon 2030 » a débuté.
23. Questions de gouvernance autour du changement
climatique
a) Les acteurs mobilisés au cours du projet
Les membres de la section prospective, provenant des différents collèges, se sont
autosaisis du projet et l’ont piloté. Des auditions ont été réalisées auprès de 37 personnes
44
qualifiées sur le sujet, mais aucune autre forme de concertation n’a eu lieu. Les auditions
ont principalement eu pour objectif d’améliorer les connaissances de la section
prospective au niveau du réchauffement climatique et de ses impacts possibles au niveau
régional.
M. Pierre
AUROUSSEAU
Président du Conseil scientifique de
l’environnement de Bretagne
Mme Corinne
LEPAGE
Présidente de CAP 21, ancienne ministre
de l’environnement
M. Yvon
BASSET
Responsable des activités Maîtrise de
l'énergie / Collectivités / Qualité de l'air,
à l’ADEME Bretagne
Mme Cécile
LEROUX
Architecte
M. François
BERTRAND
Docteur en aménagement, professeur à
l’Université François Rabelais de Tours
Mme Pascale
LOGET
Vice-présidente en charge de l'Agenda
21 régional, Conseil
régional de Bretagne
Mme Cécile
BLATRIX
Maître de conférences en sciences
politiques, Université Paris 13
M. Gérard
MAGNIN
Délégué général de l’association
Energie-Cité
M. Dominique
BOULLIER
Sociologue, Professeur à l’Université de
Rennes 2
M. Philippe
MEROT
Directeur de recherche à l’INRA et
membre du Conseil scientifique
de l’environnement de Bretagne
M. Paul-Henri
BOURRELIER
Président du Conseil scientifique pour la
prévention des catastrophes naturelles Mme Sylvie
OLLITRAULT
Enseignant-chercheur à l’Institut
d’Etudes Politiques de Rennes
M. Jacques
BREGEON
Directeur du Collège des hautes études
de l'environnement et du développement
durable
M. Jean-Charles
ORVEILLON
Directeur du Pays de Saint Brieuc
M. Brendan
CATHERINE
Chargé de la mission Environnement,
Mairie de Rennes
M. Stéphane
PENNANGUER
Chargé de mission à la Mission «Mer»,
Conseil régional de Bretagne
M. Ferdinand
COSTES
Chef de mission en charge du Plan
Energie pour la Bretagne M. Stéphane
PEYHORGUE
Chargé de mission au Bureau de
représentation de la Bretagne à
Bruxelles
M. Vincent
DUBREUIL
Directeur de l'équipe COSTEL, Maître
de conférences, Université de Rennes 2 M. Jean-Claude
PIERRE
Président de l’association « Nature et
Culture »
M. Jean
DUCHESNE
Professeur de l’enseignement supérieur
agronomique à l’Institut National
d’Horticulture d’Angers
M. Serge
PLANTON
Climatologue, responsable du groupe de
recherches climatiques
du CNRM
M. Loïc
DUTAY
Président du Centre Permanent
d'Initiative pour l'Environnement Val de
Vilaine
M. Michel
POIGNARD
Avocat, Président régional de
l’association régionale Haute
Bretagne de l’Institut des Hautes Etudes
de Défense Nationale
M. Marc
GILLET
Directeur de l’ONERC M. Julian
PONDAVEN
Membre de l’association «Cohérence»
Mme Fabienne
HERBINOT
Direction régionale de l’environnement
de Bretagne, Unité « risques naturels »
Mme Gwénola
PREVERT
Directrice du Centre Permanent
d'Initiative pour l'Environnement
Val de Vilaine
M. Fabrice
JAULIN
Membre de l’association « Nature et
Culture » M. Hugues
RAVENEL
Directeur adjoint chargé des études et
développements, Direction
Ouest de Météo-France
Mme Sylvie
JOUSSAUME
Climatologue, Directeur de recherche au
CNRS,
M. Lucien
SFEZ
Sociologue, Professeur de sciences
politiques Université de Paris 1
M. Pierre
LE FLOC'H
Chef du service « Développement des
territoires », Conseil
général des Côtes d’Armor
M. Philippe
TOURTELIER
Député à l’Assemblée nationale
M. Patrick
LE GALES
Professeur de sciences politiques à
l’Institut d’Etudes Politiques de Paris,
Directeur de recherche CNRS
M. Paul
TREGUER
Professeur d’océanographie chimique
M. Ronan
LE LOUARN
Chargé de mission en charge de
l'Agenda 21 régional, Conseil
régional de Bretagne
Tableau 8 : Acteurs auditionnés pour l'exercice en Bretagne (A. Poulain, 2011)
45
Cette étude est donc le résultat d'un travail collectif qui a impliqué les membres de la
section prospective (des conseillers économiques et sociaux et des personnalités
extérieures), mais aussi d'autres personnes auditionnées. Ces nombreux échanges, avec
des discussions, des débats ont permis aux membres du CESER de se faire une opinion
des différentes problématiques en jeu, puis de faire des hypothèses concernant les
évolutions possibles à l'horizon 2030. Les membres de la section prospective ont ensuite
construit plusieurs scénarios en les fondant sur des jeux d'hypothèses, et en discutant de
leur mise en cohérence.
Suite à la publication du rapport, les organismes qui le souhaitaient pouvaient demander
une présentation par les membres de la section prospective. Deux présentations ont ainsi
été faites devant le MEEDDM bien qu’aucun acteur d’échelon supérieur n’ait été
contacté lors de l’élaboration de l’exercice. Peu de présentations ont été faites sur le
territoire régional. Le rapport, une fois achevé, a néanmoins été présenté à la société
civile lors d’une conférence.
Le rapport doit être présenté dans la prochaine revue à sortir par le CESER. Cela
provoquera peut être de nouvelles demandes de présentation pour en connaître
davantage sur le document.
b) La chronologie de l’exercice
L’exercice a débuté à la fin de l’année 2007 avec l’objectif d’en apprendre plus sur le
réchauffement climatique. Ensuite, les membres du CESER ont cherché à en connaître
ses impacts. C’est alors que pour lutter contre ces impacts du changement climatique,
l’adaptation a été évoquée avant même l’atténuation. L’exercice a pris fin 18 mois plus
tard et le rapport a été édité en octobre 2009.
Fin 2007
Eté/Automne 2009 Octobre 2009
La suite
Auto-saisine
Démarrage de
l’exercice « Pouvoirs
et démocratie en
Bretagne à l’épreuve
du changement
climatique, à
l’horizon 2030 »
Fin de l’exercice Publication du
rapport
Le CESER
publie une revue
sur ses rapports.
La prochaine
revue de mai
2011 évoquera
ce rapport.
Tableau 9 : Chronologie du projet "Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l'épreuve du
changement climatique, à l'horizon 2030 (A. Poulain, 2011)
Virginie Gicquel, conseillère technique du CESER, bien que non informée par le
Conseil Régional du suivi des préconisations de ce rapport, évoque néanmoins une
prochaine alimentation de cet exercice dans divers projets qui émergent en Bretagne.
Ainsi, des échanges ont eu lieu et devraient encore avoir lieu pour l’élaboration du
Schéma Régional Climat Air Energie. Les membres de la section prospective vont
également intervenir lors de l’élaboration de la charte de l’espace côtier breton au sein
du groupe sur le changement climatique. Ils vont donner leur avis sur la composition du
comité de pilotage et sur la méthodologie à suivre.
46
c) Les apports de la prospective
Le choix d’avoir pour échéance l’horizon 2030 a pour but de ne pas « crisper » les
membres de la section prospective qui peuvent avoir des intérêts différents à plus court
terme et néanmoins de garder une échéance qui peut être « appréhender
intellectuellement », selon Virginie Gicquel.
L’exercice se base sur quatre scénarios liés aux différents modes de gouvernance pour
s’adapter au changement climatique. Les scénarios se veulent objectifs même si certains
sont plus pessimistes que d’autres, le but étant de créer une connaissance sur le
changement climatique et les possibilités de gouvernance envisageables.
Ce document est, à priori, l’unique à se baser sur les modes de gouvernance. Il est à
noter également que l’adaptation est largement abordée dans le rapport, voire plus que
l’atténuation qui a une place prépondérante dans les politiques de lutte contre le
changement climatique. L’adaptation est l’élément clé de ce document pour lutter contre
le changement climatique.
L’atelier prospectif a permis d’établir une base commune de connaissances, puis la
prospective a permis d’élaborer les différents scénarios de gouvernance dans le cadre de
l’exercice. Ce document a pour but d’éclairer les décisions d’aujourd’hui et de demain,
tant au niveau du Conseil Régional que de l’ensemble des acteurs régionaux. L’étude
n’a pas pour but d’apporter des réponses mais d’ouvrir des pistes de réflexion, de
provoquer le débat et de susciter le questionnement.
24. Le rôle de l’échelon régional dans l’adaptation du
territoire
a) De nouvelles pratiques démocratiques pour répondre aux enjeux
climatiques ?
Le CESER n’a aucune vocation scientifique et n’avait donc pas de connaissance sur le
réchauffement climatique. Leurs scénarios se basent donc sur les scénarios du GIEC.
Pour essayer d’en savoir plus sur le changement climatique local, la section prospective
a auditionné Monsieur Ravenel, de la direction Ouest de Météo France et a demandé au
Conseil Scientifique de l’Environnement de Bretagne de faire une étude sur les impacts
possibles.
Des études réalisées par l’ONERC ont également servi à enrichir la connaissance sur les
impacts du changement climatique.
Virginie Gicquel évoque un réel besoin de développer la recherche sur le changement
climatique et sur les impacts car il y a énormément d’incertitudes. Des travaux, depuis 5
ans, sont mis en place pour étudier différents impacts, notamment au niveau côtier, mais
ils n’ont pas encore abouti à des conclusions.
Le travail réalisé se base sur les enjeux de gouvernance et sur l’articulation possible
entre les différents échelons pour lutter et s’adapter au changement climatique. La
Bretagne est considérée comme une région « sans trop de soucis », par Virginie Gicquel,
au niveau des impacts attendus. Néanmoins, il est important, pour les membres du
47
CESER, que les acteurs régionaux se saisissent de la question et se mobilisent car de
faibles impacts dus au changement climatique sur la région ne veulent pas dire aucun
impact. Ainsi, un impact indirect pourrait être une migration de population vers la
Bretagne et une réflexion est alors à porter sur les équipements et autres problèmes qui
pourraient alors être soulevés.
Or, les stratégies régionales sont encore peu modifiées par la perspective du changement
climatique. Au travers de deux hypothèses sur l’évolution du climat croisées avec quatre
hypothèses portant sur l’évolution des pouvoirs et de la démocratie (régulation
mondiale, régulation nationale, pas de régulation, une régulation concertée), quatre
scénarios prospectifs ont été élaborés. Ces quatre scénarios listent les conséquences sur
le territoire breton du changement climatique en fonction du mode de gouvernance.
Même si la région a une vulnérabilité apparente moindre comparée à d’autres régions, il
ne faut que cela devienne une source de retard dans la réflexion sur les mesures
d’adaptations nécessaires.
Les membres de CESER préconisent de mettre en place un observatoire de l’adaptation
comme il a été fait pour l’énergie et les gaz à effet de serre et listent des leviers que la
région pourrait d’ores et déjà actionner pour faciliter la réflexion sur l’adaptation.
La région et le Conseil Régional peuvent dès à présent jouer un rôle pour améliorer les
connaissances et les échanges sur les enjeux du changement climatique. Pour le futur,
une nouvelle pratique démocratique pourrait être pertinente d’après les membres du
CESER : démultiplier régionalement les moyens d’associer la société civile aux
réflexions sur ces sujets.
« Ainsi, les processus participatifs locaux, centrés sur l’information, la
discussion et la proposition d’objectifs partagés doivent être encouragés
et soutenus à toutes les échelles de territoires, depuis la commune
jusqu’à la région, en passant par les pays, les intercommunalités, les
métropoles, les départements… Ils doivent porter tant sur les politiques
des collectivités territoriales que sur celles mises en œuvre par l’Etat. Et
ils doivent intervenir en amont de la prise de décision. Il est souhaitable
de développer des consultations capables de changer la donne et qui ne
soient pas des consultations alibi. » (CESER, 2009)
Cette pratique démocratique locale est proposée par les membres du CESER car il faut,
selon eux, que la société se mobilise pour faire face aux enjeux climatiques.
b) Mettre en œuvre l’adaptation dans un univers d’incertitude
Les incertitudes étaient importantes pour le CESER lors de l’élaboration du document
tant au niveau du changement climatique que de ses impacts au niveau local. Les
membres de la section prospective se sont alors appuyés sur les études préalablement
réalisées pour produire de nouveaux impacts au niveau de la gouvernance comme au
niveau territorial. L’atelier prospectif a permis d’établir une base commune de
connaissances et les incertitudes ont été gérées grâce à l’élaboration de plusieurs
scénarios qui permettent de travailler sur différentes hypothèses. Virginie Gicquel
évoque un problème au niveau de l’ampleur du réchauffement global car tous les
scientifiques ne sont pas en accord sur le passé et se demande jusqu’où on peut avoir
confiance sur les prévisions futures.
48
Ces incertitudes ne justifient pas pour les membres du CESER une inaction et ils
prônent des mesures séquentielles qui permettent un retour en arrière si les informations
nouvellement acquises le justifient.
Au fur et à mesure, de nouvelles connaissances seront produites sur les impacts du
changement climatique à un niveau local. La mise à jour des travaux se fera dans le
Schéma Régional Climat Air Energie.
49
3. L’agglomération tourangelle : une adaptation
encore en gestation
31. Le territoire de l’agglomération tourangelle
Le territoire sur lequel porte la recherche correspond au périmètre du Schéma de
Cohérence Territoriale de l’agglomération tourangelle. Celui-ci dépasse les frontières de
l’agglomération pour s’étendre sur 4 établissements publics de coopération
intercommunale.
Les caractéristiques présentées ci-dessous sont, soit celles du territoire d’étude, soit,
lorsque cela est précisé, celles de la communauté d’agglomération tourangelle
Tour(s)Plus.
Carte 3 : Le territoire de l'agglomération tourangelle
(www.atu37.org)
40 communes réparties dans
4 EPCI
Population : 353 000
habitants1
Superficie : 83 000 hectares2
Compétences (Tour(s)Plus) :
développement économique,
aménagement de l’espace
communautaire,
environnement et cadre de
vie
Alors que l’élaboration du PCT de Tour(s)Plus venait d’être entamée fin 2008, le
directeur de l’agence tourangelle d’urbanisme a répondu, en 2009, à un appel à projet
«Repenser les villes dans une société post-carbone» lancé par l’ADEME et le Ministère
de l’Ecologie afin de creuser la question du changement climatique et, plus largement,
de l’environnement dans le cadre de l’élaboration du SCOT.
En 2011, le rapport de l’agence tourangelle d’urbanisme, intitulé « Vers un schéma de
cohérence territoriale Facteur 4 », répondant à l’appel à projet, a été achevé.
1 Source : INSEE, 2006 2 Source : www.scot-agglotours.fr
50
L’agglomération de Tours n’avait auparavant aucune étude concernant la gestion du
changement climatique et le PCT, lancé en 2008, s’est achevé au début de cette année
2011.
Le rapport « Vers un schéma de cohérence territoriale Facteur 4 » est le document
référence pour ce projet de recherche au sein de l’agglomération tourangelle et va
permettre d’observer si le Grenelle de l’Environnement a pu avoir un impact sur des
territoires qui n’avaient pas abordés les problématiques climat auparavant.
32. Une prise en compte tardive de la problématique climat
a) Le contexte climat de l’agglomération tourangelle
Tandis que les Agendas 21 locaux pouvaient être effectués dès le début des années 2000
et que le Plan Climat National, sorti en 2004, incitait les agglomérations de plus de
50 000 habitants à réaliser un PCT, l’agglomération tourangelle ne s’est impliquée dans
la prise en compte des problématiques climatiques qu’en 2008 avec le lancement du
PCT et ne recense pas d’Agenda 21. Depuis 2009, la mission de développement durable
de Tour(s)Plus s’est transformée en - service développement durable - et la question du
changement climatique occupe une place majeure dans les missions du service. Les
premières démarches environnementales de l’agglomération tourangelle ne prenaient en
compte que l’assainissement ou les déchets. Désormais, elle est plus globalisante et tient
compte notamment des trames vertes et bleues.
b) L’émergence du projet SCoT Facteur 4
Dans ce contexte, le projet SCoT Facteur 4 vient d’une réponse à un appel d’offre lancé
par l’ADEME et le Ministère de l’écologie en 2009. A l’initiative du directeur de
l’ATU, l’agence a répondu à cet appel d’offre car le projet offrait la possibilité de
creuser la question du changement climatique et, plus largement, de l’environnement au
sein du SCOT qui ne l’abordait pas dans l’Etat Initial de l’Environnement (EIE).
L’agence d’urbanisme souhaitait également, en répondant à cet appel d’offre, alimenter
les différents projets sur lequels elle travaille (documents d’urbanisme, PLH, PDU…), et
venir en synergie et complément du SCoT en cours d’élaboration et du PCT de
Tour(s)Plus. Pour ce faire, l’agence d’urbanisme a créé un poste de chargé d’étude
environnement en 2009.
33. Un projet pour repenser la ville post-carbone
a) Des acteurs sensibilisés à la question climatique
L’agence d’urbanisme, en répondant à cet appel, avait pour but d’alimenter les
réflexions autour des questions du changement climatique, en fournissant de la matière
et un travail technique sur lesquels baser les discussions (SCoT, PCT, documents
d’urbanisme, etc.). Bénédicte Métais, chargée d’étude environnement à l’agence
d’urbanisme de Tours, a piloté et réalisé cet exercice.
51
Pour mener à bien le projet, un comité de pilotage a également été mis en place avec des
acteurs de quatre collèges : les élus, l’université, la société civile et les techniciens des
collectivités locales. Ce comité s’est réuni quatre fois lors des 15 mois de projet.
Un atelier prospectif a permis, à certains acteurs de ces collèges, d’exprimer leurs
visions futures du territoire en 2030 et de participer à l’élaboration de scénarios. Francis
Beaucire, enseignant chercheur à la Sorbonne, animait cet atelier qui comptait la
présence de :
François Bertrand, chercheur à la Maison des Sciences de l’Homme à Tours, et
Jean-Philippe Fouquet, chercheur au CETU ETIcs, représentants l’université ;
Jean-Jacques Filleul, maire de Montlouis-sur-Loire et Daniel Langé, élu à la
mairie de La Riche, représentants les élus ;
Bernard Sauveur, ancien directeur de l’INRA, et des associations, pour la
société civile
Des techniciens des collectivités locales tels que Frédéric Tallois, chargé de
mission au syndicat mixte de l’agglomération tourangelle, Florence Fresnault,
responsable de la mission développement durable à l’agglomération de
Tour(s)Plus ou Patrick Gachet de l’agence locale de l’énergie.
Une dizaine d’enfants, membres élus de la commission environnement du conseil
d’enfants de la commune de Joué-lès-Tours, a participé à l’élaboration de ce projet en
racontant une journée de leur vie d’adulte dans un monde post-carbone, sous forme de
textes et de dessins. Les enfants insouciants ne sont pas influencés par les médias et
peuvent ainsi avoir des idées différentes par rapport aux visions qu’un adulte peut avoir.
C’est dans cette optique que l’atelier s’est construit, pour apporter une vision nouvelle
au projet.
Un atelier d’écriture a également été mené avec le Centre Dramatique Régional de
Tours (CDRT). Sur un sujet donné, par exemple « Ecrire une lettre racontant un voyage
que l'on vient de faire, en 2050 », les participants donnaient leurs visions qui
permettaient de se réinterroger sur le scénario proposé dans l’exercice.
L’Etat a participé à ce projet par l’intermédiaire de ses services déconcentrés : la
DREAL et la DDT. Les conseils régional et général n’ont pas été impliqués.
Quelques élus, les plus sensibles et impliqués à la question environnementale, ont été
invités à participer à l’atelier, mais seuls deux d’entre eux ont répondu présent, ceux de
Montlouis-sur-Loire et de La Riche.
Figure 5 : Acteurs mobilisés dans le cadre du SCoT Facteur 4 (A. Poulain, 2011)
52
Une partie du territoire fait partie du PNR Loire Anjou Touraine. Michel Mattéi,
responsable du service urbanisme du PNR, a donc été impliqué à l’élaboration du projet.
L’objectif pour Bénédicte Métais était d’avoir un petit groupe de travail productif avec
des personnes concernées par le projet afin de recueillir de la matière et non d’avoir une
concertation « usine à gaz ». Le temps imparti et les financements expliquent également
ce choix.
Suite au scénario proposé dans le cadre de l’exercice, l’agence, en collaboration avec le
laboratoire ETIcs, veut étudier le degré d’accessibilité du scénario par les habitants. Le
but est de voir les freins et limites pour atteindre ce scénario et de voir si les habitants
prennent ce scénario comme un retour en arrière ou comme une avancée. Plusieurs
ménages ayant différents modes de vie seraient questionnés. Les modalités de cette
étude (financement, calendrier, etc.) ne semblent pas encore définies, selon Bénédicte
Métais, mais l’échéance pourrait être pour fin 2011 - début 2012.
b) La chronologie de l’exercice
Le déroulement de l’exercice est résumé dans le tableau ci-dessous.
Février 2009
Mars 2009 Septembre
2009
Jusqu’en
décembre
2010
Décembre
2010
(15mois)
La suite
Recrutement
d’un chargé
d’étude
environnement
à l’ATU 37
Réponse à
l’appel à
projet de
l’ADEME
« Repenser
les villes
dans une
société
post-
carbone »
Démarrage
du projet
SCoT
Facteur 4
Comité de
pilotage et
des ateliers
prospectifs,
d’écriture et
de conseil
d’enfants
Fin du
projet
Présentation du projet devant
le conseil d’administration de
l’ATU.
Concertation avec la
population locale pour voir le
degré d’acceptabilité du
projet.
Faire un second projet plus
approfondi sur l’adaptation.
Tableau 10 : Déroulement de l'exercice SCoT Facteur 4 (A. Poulain, 2011)
Plusieurs temps ont rythmé le projet et alimenté les réflexions :
4 réunions du comité de pilotage, dont une sous forme de « brainstorming » ;
1 atelier prospectif animé par Francis Beaucire, lors duquel plusieurs collèges
ont été représentés (université, collectivités, société civile, élus) ;
1 atelier d’écriture avec le Centre Dramatique Régional de Tours (CDRT) ;
1 atelier d’écriture avec un conseil d’enfants à Joué-lès-Tours. Ceci par
l’intermédiaire du conseil municipal des jeunes et dû notamment à la
motivation de l’animatrice, Magali Duveau.
Le directeur de l’ATU, Jérôme Barratier, a présenté le projet au conseil d’administration
de l’agence dont Jean Germain, maire de Tours, et Marie-France Beaufils, sénatrice et
maire de Saint-Pierre-des-Corps. Une présentation a également été faite devant une
commission de Tour(s)Plus.
L’exercice, et notamment son scénario, vont faire l’objet d’une publication accessible
d’une vingtaine de pages.
53
Le tableau ci-dessous fait la mise en parallèle du projet SCoT Facteur 4 avec les autres
documents prospectifs à l’échelle de l’agglomération tourangelle.
2002-2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
SCoT Facteur
4
Mars :
réponse à
l'appel à
projet
Septembre :
début du
projet
Décembre
: fin du
projet
Plan Climat
Territorial
Lancement
du PCT
Réalisation du
bilan carbone
Réalisation
du livre
blanc
Etablir un
plan
d'actions
SCoT
Arrêté du
périmètre et
création du
syndicat
mixte
Prise de
connaissance
du territoire
Diagnostic Etablir le
PADD
Tableau 11 : Chronologie des documents prospectifs "climat" sur l'agglomération
tourangelle (A. Poulain, 2011)
Le projet SCoT Facteur 4, d’une durée d’élaboration de 15 mois, s’inscrit dans les
périodes d’élaboration du PCT de Tour(s)Plus achevé en 2011, et du SCoT de
l’agglomération tourangelle. Le projet a permis d’alimenter les ateliers du PCT qui se
déroulaient lors de l’élaboration de l’exercice. Il restera désormais à étudier si le SCoT
intègrera ces enjeux climatiques.
c) Les apports de la prospective
Dans le cadre de l’atelier prospectif, les participants ont identifié des facteurs de
changement à venir et élaboré une posture à prendre en fonction de ces facteurs et ses
déclinaisons opérationnelles.
54
Figure 6 : Les résultats de l'atelier prospectif (ATU, 2011)
L’exercice du SCoT Facteur 4 se base sur une échéance à l’horizon 2030 afin
d’impliquer les acteurs politiques, pour qu’ils se sentent plus concernés qu’à un horizon
trop lointain tel que 2050.
Le projet ne se base que sur un seul scénario pour avoir une meilleure clarté sur la vision
du futur. Néanmoins, derrière cet unique scénario, plusieurs hypothèses ont été testées et
évaluées au regard des objectifs de réductions des émissions de gaz à effet de serre, et
seules les hypothèses permettant d’atteindre le facteur 4 ont été gardées.
Selon Bénédicte Métais, la prospective a été un réel moyen d’enrichir la réflexion au
cours de l’élaboration de l’exercice grâce au débat collectif qui a été mis en place avec
l’atelier prospectif et à la possibilité d’élaborer et de confronter plusieurs scénarios.
55
34. L’adaptation : un chantier à venir
a) Les prémices de l’adaptation au sein de l’agglomération tourangelle
L’adaptation est définie par Bénédicte Métais comme l’action de s’adapter aux
conséquences du changement climatique ou de permettre de s’y adapter. Il s’agit
d’adapter l’aménagement et l’urbanisme pour réduire les impacts potentiellement
négatifs.
La question de l’adaptation au changement climatique est abordée au sein du projet Vers
un SCoT Facteur 4, mais ne constitue pas l’objet de l’étude. La vision transversale est
amenée par l’ATU, et l’adaptation principalement par l’intermédiaire de la chargée
d’étude Bénédicte Métais.
L’objectif est essentiellement de faire prendre conscience de l’enjeu relatif de la gestion
des effets du changement climatique, de constituer une ouverture dans le projet.
L’adaptation est donc un des « chantiers à venir » de l’ATU. La question de l’adaptation
va continuer d’être étudiée, avec la collaboration de Météo France et l’observatoire
régional de l’énergie si des financements le permettre.
Néanmoins, même si l’adaptation va certainement constituer un des prochains sujets
d’étude pour l’ATU, leur rapport identifie dès à présent des enjeux pour le territoire
tourangeau et préconise quelques mesures.
Effectivement, malgré les incertitudes existantes sur la qualification des impacts du
changement climatique (positifs ou négatifs), l’agence a pu identifier des impacts
positifs possibles du changement climatique, tels que sur le vin (amélioration de la
qualité des récoltes), ou sur le tourisme (hiver plus doux). Toutefois, concernant le vin,
il est possible que de nouvelles maladies apparaissent suite au réchauffement, inhibant
ainsi la bonification des crus.
Selon Bénédicte Métais, les enjeux identifiés sont ainsi davantage liés aux impacts
négatifs du changement climatique que sont :
La gestion de la ressource en eau, dans un contexte actuel déjà menaçant
sur la nappe du Cénomanien, susceptible de s’accentuer au regard des
impacts potentiels du changement climatique (sécheresses plus
importante) ;
L’amélioration du confort et cadre de vie urbain avec la réduction des
îlots de chaleur urbains et la place de la végétation dans la ville avec
pour but de réduire les canicules ou leurs conséquences (climatisation
naturelle de la ville, rendre viable la ville dense) ;
Accompagner l’adaptation des milieux naturels (écosystèmes) face au
changement climatique avec la préservation des trames vertes et bleues ;
L’étude des nouvelles cultures à produire au niveau agricole.
Ces précédents impacts sont aujourd’hui déjà ciblés avec une nécessité d’agir.
Contrairement, la possibilité d’une inversion des flux migratoires due au changement
climatique n’est pas encore observée sur le territoire, mais il faudrait alors s’adapter à
l’accueil de ces nouvelles populations si cet enjeu venait à se confirmer.
56
Tableau 12 : Les mesures d'adaptation au changement climatique du scénario SCoT
Facteur 4 (ATU, 2011)
Au niveau de l’adaptation, « tout reste à faire », selon Bénédicte Métais et une étude des
vulnérabilités du territoire sera alors réalisée par l’ATU.
L’introduction de l’adaptation a été faite au travers de cet exercice dans l’idée d’ouvrir
le débat. Cette démarche a été initiée non pas par une demande politique, mais par les
sensibilisations des personnels techniques de l’ATU dans l’idée d’engendrer des
discussions et de faire de l’adaptation un « chantier à venir ».
b) Une connaissance du climat local pour faire face aux incertitudes
L’ATU a exprimé des besoins de connaissances sur le climat local pour réaliser les
scénarios pour le projet « Vers un SCOT Facteur 4 », d’où la collaboration avec Météo
France, initiée suite à la rencontre avec Météo France dans le cadre du PCT de
Tour(s)Plus. Ainsi, l’exercice se base sur les hypothèses et études de Météo France sur
le changement climatique local, elles-mêmes basées sur les hypothèses et scénarios du
GIEC.
Selon l’agence, il est nécessaire de pouvoir décrire un climat local futur pour travailler
sur l’adaptation.
Dans l’attente de réaliser un travail approfondi sur l’adaptation au changement
climatique, l’ATU a déjà réfléchi à la gestion de l’incertitude. Elle se fera avec la
collaboration de Météo France et des différentes études régionalisées pour avoir des
études sur le climat local indispensables à la mise en œuvre de mesures pour
57
l’adaptation du territoire. Pour l’incertitude sur les impacts du changement climatique,
c’est le principe de précaution qui pourrait être envisagé et élargi (réactualisation des
PPR par exemple).
Cependant, selon Bénédicte Métais, si tout reste à faire concernant l’adaptation, les
risques sont connus, et l’exacerbation des risques préexistants restent prévisibles.
59
1. Les modalités d’intégration de l’adaptation au
changement climatique dans les exercices de
prospective territoriale
11. Le rôle décisif des acteurs dans la saisie du sujet
a) L’importance du contexte de la politique climatique sur le territoire
De précédents documents sur la thématique climat permettent de sensibiliser les acteurs
techniques et politiques au sujet. Or dans les trois études de cas, seul le Grand Lyon
avait au préalable réalisé des exercices sur les sujets climatiques, environnementaux et
énergétiques depuis les années 1990.
La communauté urbaine du Grand Lyon, dans la continuité de sa politique climat, s’est
saisie d’outils élaborés au niveau national et déclinés au niveau local. Ainsi, le Plan
Climat du Grand Lyon a été inscrit dans l’Agenda 21 précédemment élaboré au titre de
lutte contre l’effet de serre.
En ce qui concerne l’agglomération tourangelle et la région Bretagne, la réalisation des
projets intervient dans un contexte de prise en compte du changement climatique
inexistant. Un PCT sur l’agglomération tourangelle et un Agenda 21 sur la région
Bretagne ont été mis à l’ordre du jour ou produits lors de l’élaboration des documents de
prospective. Dans les deux cas, les projets ont émergé grâce à la curiosité des acteurs
techniques et à leur envie d’en savoir plus sur un sujet d’actualité.
b) Les acteurs techniques se saisissent de la question du changement
climatique
Bien que le PCT du Grand Lyon découle d’une commande politique d’une élue « vert »,
il n’en reste pas moins que ce sont, sans conteste, des techniciens sensibilisés qui
œuvrent pour la saisie de la question climatique. Ainsi, l’intégration de la question de
l’adaptation au sein du PCT est due au programme AMICA mais également à
l’engagement de Pierre Crépeaux, chargé de mission Plan Climat au Grand Lyon.
En Bretagne, le document « Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l’épreuve du
changement climatique, à l’horizon 2030 » n’émerge pas d’une commande politique. Ce
sont les membres de la section prospective du CESER qui ont souhaité se saisir de la
question climatique. En effet, le CESER étant composé de représentants de la vie
économique, sociale et culturelle, ces acteurs ont émis le souhait d’en connaître
davantage sur un sujet d’actualité qui pourrait nuire à leurs intérêts dans l’avenir et se
sont donc autosaisie du projet. Les membres de la section prospective ont voulu en
savoir plus sur le changement climatique en Région Bretagne et sur les problèmes qui
pourraient être engendrés au niveau de la gouvernance. Cette auto-saisine n’aurait peut
être pas eu lieu si la région s’était saisie préalablement de cette thématique, d’où
l’importance du contexte dans lequel intervient le document.
60
Le document « Vers un SCoT Facteur 4 » de l’agence d’urbanisme de Tours provient
d’une saisie différente des deux précédentes. Il correspond à une réponse à un appel à
projet « Repenser les villes dans une société post-carbone » lancé par l’ADEME et le
Ministère de l’Ecologie en 2009. Le directeur de l’agence d’urbanisme a répondu à cet
appel à projet dans le but de creuser la question du changement climatique et plus
largement de l’environnement dans le cadre de l’élaboration du SCoT.
Au travers des trois cas, il est possible d’observer l’importance des acteurs techniques
dans l’élaboration d’un projet. Sans des acteurs sensibilisés, la prise en compte du
changement climatique est difficile à mettre en œuvre au sein des territoires.
c) Un manque d’intérêt de la part des acteurs politiques ?
Malgré la commande politique, initiatrice du PCT du Grand Lyon, le projet est peu porté
politiquement. L’acteur en charge du PCT est le vice président de la communauté
urbaine, Bruno Charles, élu « vert » tout comme Béatrice Vessilier qui avait initié
l’exercice. Mis à part les élus sensibilisés et convaincus de la nécessité de mettre en
œuvre des politiques de lutte contre le changement climatique, il est plus difficile de
faire admettre l’enjeu aux autres acteurs du territoire. Cependant, grâce à un travail de
sensibilisation, les acteurs du territoire comprennent qu’ils n’ont plus guère le choix et
considèrent l’adaptation comme de la gestion des risques, d’après Pierre Crépeaux.
Dans le cadre de l’auto-saisine du CESER, aucun acteur politique n’a porté le projet, ni
même est intervenu lors de l’élaboration de l’exercice. De plus, suite à la publication du
document, des présentations pouvaient être organisées sur demande d’un organisme. Or,
aucun acteur politique ne s’y est intéressé, même si le document s’attarde à des
scénarios d’adaptation sur les modes de gouvernance qui les concernent
particulièrement. Il y a eu un seul retour de l’Union Démocratique Bretonne qui s’est
approprié quelques aspects de l’exercice d’après Virginie Gicquel.
Au niveau de l’agglomération tourangelle, le projet n’a pas été porté politiquement mais
deux élus sensibles à la question environnementale ont cependant participé à
l’élaboration du document lors de l’atelier prospectif. Compte tenu de son achèvement
récent, début 2011, il est difficile de connaître l’intérêt des acteurs politiques pour ce
projet, mais le directeur de l’agence d’urbanisme l’a tout de même présenté à une
commission de Tour(s)Plus à laquelle assistait Jean Germain, maire de Tours et
président de la communauté d’agglomération.
Un portage politique fort est nécessaire pour rendre possible la mise en œuvre du projet.
La conjonction des différents types d’acteurs sur le territoire (élus, techniciens, acteurs
économiques, etc.) est essentielle pour se saisir de la question du changement climatique
et mener à bien un projet.
61
12. La prospective au sein des exercices
a) Les méthodes utilisées
La prospective territoriale se base sur un diagnostic passé et présent, puis s’appuie sur
des scénarios élaborés à une échéance déterminée. Grâce au tableau suivant, nous allons
observer les méthodes de prospective utilisées dans le cadre des études de cas. Les trois
documents sont différents mais il est intéressant de savoir si, pour intégrer l’adaptation
au changement climatique, la même méthode est utilisée.
Plan Climat
Territorial
Grand Lyon
Pouvoirs et
démocraties
Bretagne
Vers un SCoT
Facteur 4
Agglomération
tourangelle
Diagnostic
passé et présent
Réalisé en 2005 à
l’entame du projet
Aucun car le CESER
n’a pas de
compétence
scientifique
Diagnostic des
émissions actuelles
de gaz à effet de serre
Méthode de
prospective
Atelier prospectif et
utilisation d’un
logiciel « prosperer »
pour l’atténuation
Atelier prospectif Atelier prospectif
Scénarios
proposés
Un scénario pour
atteindre le Facteur 4
Quatre scénarios
d’adaptation des
modes de
gouvernance
Un scénario pour
atteindre le Facteur 4
Echéance 2020 et 2050 2030 2030
Tableau 13 : Comparaison des méthodes de prospective des études de cas (A. Poulain, 2011)
Le tableau révèle que les trois territoires ont tous eu recours à des ateliers prospectifs qui
permettent aux acteurs du territoire d’émettre des visions de leur territoire. Cependant,
mise à part la région Bretagne, la prospective a été utilisée pour mettre en place une
politique d’atténuation et non d’adaptation. Les projets du Grand Lyon et de
l’agglomération tourangelle intègrent l’adaptation de manière plus ou moins développée,
mais les scénarios proposés ont pour unique but de réduire les émissions de gaz à effet
de serre.
Seule la région Bretagne a effectué des scénarios sur une adaptation au changement
climatique. L’originalité réside dans le fait que, n’ayant pas de compétence scientifique,
les scénarios reposent sur l’adaptation des modes de gouvernance face au changement
climatique. Les membres du CESER n’ont ainsi pas pu établir de diagnostic passé ou
présent du territoire ni avoir de réelles connaissances des évolutions climatiques du
territoire. Ils se sont appuyés sur les études du GIEC. Ce qui les intéressait, était de
scénariser les différentes réactions des échelons décisionnels face au changement
climatique.
62
Aucun de ces projets ne réalise une étude complète de l’adaptation des territoires face
aux impacts associés au changement climatique. Le Grand Lyon et l’agence tourangelle
d’urbanisme ont déjà commencé une nouvelle étude sur l’adaptation ou la prévoit. Les
méthodes de prospective qui seront utilisées ne sont pas encore déterminées.
Les membres du CESER travailleront certainement sur l’adaptation au cours de
l’élaboration du Schéma Régional Air Energie Climat.
b) Le fonctionnement des exercices de prospective
La mise en œuvre de la prospective nécessite des personnes compétentes. Des acteurs
compétents sur le changement climatique doivent également intervenir pour aider à
l’élaboration de scénarios.
Par exemple, le projet « Territoires 2040 » de la DATAR fait intervenir près de 300
experts, mobilisés de manière différenciée. La majorité fait partie de groupes de travail,
certains interviennent lors de séminaires, lors d’auditions ou en fournissant des
documents, et enfin, les membres du conseil scientifique portent un regard critique et
constructif sur les différentes productions. Des séminaires sur des territoires témoins
permettent de tester localement les hypothèses formulées. Enfin, des orientations
adaptées permettront d’impliquer la strate politique afin qu’elle assure le passage de la
dimension cognitive à la dimension décisionnelle.
63
Le tableau suivant répertorie les personnes qui ont participé au pilotage des projets et
auditionné au cours de leurs élaborations.
Plan Climat
Territorial
Grand Lyon
Pouvoirs et
démocraties
Bretagne
Vers un SCoT
Facteur 4
Agglomération
tourangelle
Les personnes
pilotant le
projet
Grand Lyon, Agence
Locale de l’Energie,
bureaux d’étude
Membres de la
section prospective
du CESER
ATU, bureau d’étude
Les
concertations
avec les
échelons
supérieurs et
inférieurs
Région Rhône Alpes,
les communes de la
communauté urbaine,
Présentation du
rapport au
MEEDDM, auditions
du chargé de mission
environnement de la
mairie de Rennes, du
chef du service
développement des
territoires des Côtes
d’Armor,
DREAL, DDT, PNR
Loire Anjou
Touraine, élus
sensibles à la
question climatique
Les
concertations
avec les acteurs
du territoire
Conférence climat
énergie, Conseil de
Développement
Auditions
d’enseignants
chercheurs, de
personnes qualifiées
en environnement et
d’associations, travail
en lien avec le
Conseil Scientifique
de l’Environnement
en Bretagne
Météo France,
participation aux
ateliers prospectifs
d’enseignants
chercheurs,
techniciens de
collectivité,
d’associations, un
atelier avec un
conseil d’enfants et
un atelier d’écriture
Tableau 14 : Acteurs participant à l’élaboration des exercices (A. Poulain, 2011)
La ville de Lyon et la communauté urbaine du Grand Lyon, impliquées depuis de
nombreuses années dans la prise en compte de l’environnement et du changement
climatique, ont associé à l’élaboration du PCT l’ensemble des acteurs du territoire et se
sont appuyés sur un partenariat avec l’Agence Locale de l’Energie. La Conférence
Energie Climat et la saisine du Conseil de Développement ont permis à chaque collège
d’acteurs du territoire d’apporter leur avis ou leur vision sur le projet du Grand Lyon.
Le CESER a réalisé son document sur les différents modes de gouvernance possibles
face au changement climatique. Ils ont auditionné des personnes compétentes pour
combler leur lacune scientifique. Néanmoins, pour élaborer le document, les membres
du CESER ont considéré ne pas avoir besoin d’acteurs. Ils ont basé leurs scénarios sur
les modes de gouvernance de l’échelon mondial au local et non sur les capacités des
territoires à s’adapter et les mesures à prendre.
64
Malgré le peu d’expérience de l’agglomération tourangelle dans la thématique climat, de
nombreux acteurs ont été mobilisés pour élaborer ce projet. L’originalité de la
participation des acteurs réside dans la création d’un atelier de conseil d’enfants pour
avoir des visions nouvelles sur le futur. La société civile sera auditionnée, suite à la
publication du projet, pour connaître le degré d’acceptation du scénario proposée.
Les différentes formes de documents s’expliquent en partie par le fait que les acteurs
pilotant les exercices proviennent d’organismes différents. Cependant, parmi les acteurs
impliqués lors de l’élaboration, nous retrouvons les personnes du territoire compétentes
en environnement ou climat, toutefois certains types d’acteurs varient. Ainsi, la saisine
du Conseil de Développement au Grand Lyon, le conseil d’enfants pour l’agglomération
tourangelle proviennent uniquement de la volonté des chargés du projet de les
impliquer.
La mise en œuvre du projet ne diffère pas seulement par la différence d’incertitude liée
au changement climatique sur le territoire, ni aux capacités du territoire à répondre aux
impacts, mais également par la volonté des chargés d’études d’impliquer les différents
types d’acteurs, des financements disponibles pour réaliser l’exercice et du temps
consacré à celui-ci.
13. Les différentes manières d’appréhender l’adaptation dans
le projet
a) Les connaissances utilisées et acquises au cours de l’exercice
Pour mettre en place l’adaptation au changement climatique, il semble nécessaire
d’avoir des connaissances sur le changement climatique et ses impacts associés au
niveau territorial. Le tableau ci-après permet d’observer de quelle façon les territoires
ont appréhendé l’adaptation au changement climatique et de répertorier les
connaissances qui leur semblaient indispensables.
65
Plan Climat Territorial
Grand Lyon
Pouvoirs et démocraties
Bretagne
Vers un SCoT Facteur 4
Agglomération tourangelle
Les connaissances
concernant le
climat futur
L’exercice ne se base pas sur
des hypothèses climatiques
mais sur des calculs
d’émissions car le but est
d’atteindre le Facteur 4. Le
travail d’adaptation repose
sur des facteurs de
vulnérabilité en fonction
d’une élévation de
température.
Les hypothèses du futur
climat se basent sur des
projections de Météo France
et de l’Institut Pierre Simon
Laplace, fondées sur les
scénarios du GIEC.
Le scénario repose sur des
études locales du changement
climatique réalisées par
Météo France, fondées sur les
scénarios du GIEC.
Les connaissances
sur les impacts
Les impacts identifiés au sein
de l’exercice, grâce au
programme AMICA, sont
principalement liés à la santé
avec par exemple les îlots de
chaleur urbains. Ces impacts
sont des facteurs de
vulnérabilité qui pourraient
constituer un enjeu dans le
futur.
Les impacts sur le territoire
ont été identifiés par la
lecture d’études notamment
de l’ONERC. L’exercice se
concentrait à déterminer les
impacts sur la gouvernance et
les retombées sur la région
Bretagne.
Aucune étude n’a permis
d’identifier les impacts
associés au changement
climatique. Les impacts
identifiés sont dès à présent
des enjeux pour le territoire.
Les connaissances
sur les
vulnérabilités du
territoire
Pas d’étude réalisée.
Les connaissances sur la
vulnérabilité du territoire
proviennent d’études
précédentes.
Pas d’étude réalisée.
Les besoins de
connaissances
Le changement climatique
local et les impacts engendrés
sont nécessaires pour mettre
en place des mesures
d’adaptation. De plus, des
connaissances sont
nécessaires pour connaître le
lien entre les formes urbaines
du territoire et la vulnérabilité
due au phénomène d’îlot de
chaleur et sur l’évolution des
régimes hydrologiques. Pierre
Crépeaux souhaiterait mettre
en place un observatoire de
l’adaptation.
Il y a un besoin de
connaissances au niveau local
en ce qui concerne le
changement climatique et ses
impacts. Selon Virginie
Gicquel, il faudrait également
établir par la suite une
connaissance partagée avec
comme proposition de mettre
en place un observatoire.
Le besoin de connaissance
reposait principalement sur
une connaissance du
changement climatique local.
Un besoin sur les impacts n’a
pas été évoqué car l’exercice
n’intègre que peu
l’adaptation.
Tableau 15 : Comparaison des connaissances utilisées, acquises lors de l'exercice et des
besoins exprimés (A. Poulain, 2011)
L’adaptation n’étant pas intégrée de la même manière dans les différents documents, les
connaissances utilisées, acquises ou nécessaires ne sont pas forcément les-mêmes.
Néanmoins, pour mettre en place l’adaptation, tous les acteurs ont évoqué logiquement
un besoin de connaissances plus précises au niveau local. Effectivement, ces projets ne
s’appuient pas sur des connaissances exactes du changement climatique local ou de ses
66
impacts car l’adaptation au changement climatique n’est pas approfondie au niveau
territorial. Or, sur les territoires, des nouveaux projets sur l’adaptation vont voir le jour
dans un futur proche ; les acteurs ont émis la nécessité d’avoir des connaissances plus
fines sur le changement climatique et ses impacts.
Le Grand Lyon, dans le cadre de l’élaboration du PCT, n’a pas eu de réels besoins de
connaissances car le projet était accès sur la réduction des émissions de gaz à effet de
serre. La participation au programme AMICA a permis d’intégrer l’adaptation au PCT.
Celle-ci se base sur des facteurs de vulnérabilité qui se révèleraient avec le changement
climatique et principalement une élévation de la température. L’adaptation fera l’objet
d’une étude lors d’un prochain document élaboré par le Grand Lyon. Dans le cadre de ce
futur exercice, Pierre Crépeaux a identifié des besoins de connaissance qui seront palliés
par une thèse.
Les membres du CESER de la région Bretagne se sont appuyés sur des études de Météo
France, du GIEC et de l’ONERC pour appréhender le changement climatique. A partir,
de deux scénarios climatiques, ils ont identifié des impacts sur le territoire.
Quatre scénarios de gouvernance ont ensuite été imaginés, en fonction d’une
prééminence variable des échelons politiques de gouvernement et d’un degré variable de
participation et de mobilisation des autres acteurs. A l’issue de chaque scénario, les
conséquences socio-économiques sur la région sont déclinées.
« Vers un SCoT Facteur 4 » a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de
serre. L’adaptation est rapidement évoquée. Pour le travail, une connaissance sur le
changement climatique a été produite au niveau local en collaboration avec Météo
France. Selon Bénédicte Métais, d’après le changement climatique futur, les impacts
sont déjà identifiés à l’heure actuelle et resteront les mêmes. Un document devrait être
réalisé par l’agence tourangelle d’urbanisme sur l’adaptation et il sera alors intéressant
d’observer sur quelles bases de connaissances s’appuie l’exercice.
Les connaissances utilisées ne sont pas les mêmes au sein de ces trois exercices car
l’adaptation n’est pas étudiée de la même manière. Cependant, il semble indispensable
d’avoir une connaissance précise du changement climatique locale et ses impacts pour
mettre en place une politique d’adaptation comprenant des mesures ajustées au territoire.
Autre élément important dans la mise en œuvre de l’adaptation : la connaissance des
vulnérabilités du territoire. Le Grand Lyon et l’agglomération tourangelle vont effectuer
cette étude dans le cadre d’un futur exercice sur l’adaptation, par contre le CESER de la
région Bretagne n’avait pas les moyens scientifiques de le faire. Néanmoins, l’étude de
vulnérabilité et la connaissance du territoire sont indispensables, d’après les acteurs
territoriaux, pour élaborer des mesures d’adaptation.
b) Les stratégies de prise en compte de l’adaptation
Les documents du Grand Lyon et de l’ATU intègrent l’adaptation de manière
indépendante dans une partie lui étant consacrée, tandis que l’adaptation est intégrée de
manière transversale dans l’exercice du CESER Bretagne. Les scénarios de ce dernier
sont fondés sur l’atténuation et l’adaptation, contrairement aux deux autres projets dont
les scénarios sont uniquement basés sur l’atténuation. L’adaptation est donc un élément
clé dans le document « Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l’épreuve du changement
67
climatique, à l’horizon 2030 » et ne constitue qu’une infime partie des deux autres
documents du Grand Lyon et de l’agglomération tourangelle. Ceci s’explique par le fait
que ces derniers territoires vont élaborer un futur exercice sur l’adaptation. Quant aux
membres du CESER Bretagne, représentants de la vie économique, culturelle et sociale,
ils ont vu dans leur intérêt futur d’aborder dès maintenant l’adaptation au changement
climatique.
Les modalités d’intégration de l’adaptation dans les exercices de prospective territoriale
dédiées au changement climatique sont donc multiformes, comme il est possible de le
constater dans cette partie.
Les acteurs impliqués dans l’élaboration des différents projets diffèrent d’un territoire à
l’autre. Le futur exercice sur l’adaptation du Grand Lyon reflète encore plus cette
différence avec le projet de travailler en collaboration avec un(e) thésard(e).
Les études sur l’adaptation n’ont pas été réalisées de la même manière. Le PCT,
document intégrant normalement l’atténuation et l’adaptation, ne doit sa partie
adaptation qu’à la participation du Grand Lyon au programme européen AMICA.
L’agglomération tourangelle préconise des mesures d’adaptation sans-regret et générales
suivant les enjeux identifiés sur le territoire dès à présent. Dans le cadre de ce document
aucune étude des vulnérabilités du territoire ou des impacts dus au changement
climatique n’a été faite. Les membres du CESER Bretagne ont voulu intégrer les deux
actions de lutte contre le changement climatique dans les scénarios pour avoir une vision
des enjeux.
Plan Climat
Territorial
Grand Lyon
Pouvoirs et
démocraties
Bretagne
Vers un SCoT
Facteur 4
Agglomération
tourangelle
Modalité de
mise à l’agenda
Commande politique
Volet « lutte contre
les gaz à effet de
serre » dans l’Agenda
21
Auto-saisine des
membres du CESER
Réponse à un appel à
projet
Intégration
transversale ou
indépendante
Indépendante, Transversale Indépendante
Adaptation prise
en compte dans
les scénarios
Non Oui Non
Acteurs
travaillant sur
l’adaptation
Acteurs du Grand
Lyon grâce au
programme AMICA
Membres du CESER
Chargée de mission
environnement à
l’agence d’urbanisme
Objectif de
l’adaptation
dans l’exercice
Faire prendre
conscience aux élus
qu’il faut s’adapter au
changement
climatique
Interpeller les acteurs
régionaux sur la
nécessité d’agir et
d’intégrer
l’adaptation dans les
politiques
Faire prendre
conscience de l’enjeu
relatif à la gestion du
changement
climatique
Tableau 16 : Comparaison des stratégies d'adaptation au changement climatique
(A. Poulain, 2011)
68
Malgré des divergences dans l’intégration de l’adaptation au sein des divers exercices, la
stratégie première des acteurs mettant en place ces projets est la même : provoquer le
débat, ouvrir des pistes de réflexion, susciter le questionnement. Pour Bénédicte Métais
de l’ATU, l’objectif est surtout de faire prendre conscience de l’enjeu relatif à la gestion
des effets du changement climatique, de constituer une ouverture dans le projet ;
l’adaptation reste « un chantier à venir ». Au Grand Lyon, l’objectif est de faire prendre
conscience aux élus qu’il n’y a plus guère le choix et qu’il convient de s’adapter. En
Bretagne, l’exercice vise à interpeller le Conseil Régional et l’ensemble des acteurs des
échelons régional et local sur un certains nombres d’enjeux en lien avec le changement
climatique qui affecteront la région. Ces acteurs « seront appelés à tenir compte du
changement climatique et de ces conséquences, autrement dit à réfléchir aux questions
qui relèvent de l’adaptation, alors qu’actuellement, seule la dimension atténuation est
éventuellement prise en compte » (CESER, 2009).
69
2. Les éléments clés de l’intégration de l’adaptation
au changement climatique
21. Les freins et leviers de l’adaptation au changement
climatique
« La difficulté actuelle du changement climatique est l’adaptation car
nous commençons à connaître les outils pour l’atténuation mais on ne
sait pas comment s’y prendre pour l’adaptation à cause de l’incertitude
face aux impacts »
Pierre-François Clerc, chargé mission de développement durable à la DATAR, reflète
par cette phrase tout le travail qu’il reste à faire pour que l’adaptation soit un outil clé
pour les territoires dans la lutte contre le changement climatique. L’objectif de cette
partie est d’identifier les différents freins de l’adaptation au changement climatique et
également de montrer que certains leviers existent déjà.
L’historique relativement court de la mise en place de l’adaptation ne permet d’identifier
l’ensemble des freins et leviers. Le dépassement de ces freins et l’optimisation des
leviers sont les enjeux principaux pour la mise en œuvre de l’adaptation.
a) Les barrières informationnelles
La mise en œuvre d’une démarche d’adaptation au changement climatique requiert des
connaissances sur le phénomène et la façon de l’appréhender. Or, les incertitudes sur le
changement climatique et ses impacts, soulevées par l’ensemble des acteurs interrogés
au cours de la recherche, sont nombreuses et les connaissances sur les stratégies
d’adaptation sont faibles. En ce qui concerne les incertitudes liées au changement
climatique, la première est l’évolution des émissions de gaz à effet de serre qui
entraînent ce changement climatique. Les hypothèses scientifiques se basent sur six
scénarios possibles mais les acteurs des territoires n’effectuent leur exercice que d’après
un ou deux, comme les membres du CESER Bretagne. L’incapacité scientifique à
prévoir un modèle fiable à l’échelle mondiale fait qu’aux échelons locaux, l’ampleur du
changement climatique est d’autant plus incertaine. La deuxième incertitude est de
connaître les impacts qui seront engendrés par ce changement climatique sur la société
humaine et sur les écosystèmes.
Il est difficile de déterminer si c’est réellement le manque de connaissances qui bloque
les acteurs à agir ou la délicate gestion de l’incertitude.
Mis à part des progrès scientifiques qui n’interviendront peut-être pas à temps pour
réduire ces incertitudes, les territoires devront agir et prendre des décisions dans un
contexte de fortes incertitudes, ce qui engendre un frein important au niveau des acteurs.
De plus, le fait qu’il y ait peu d’études préalables, et donc peu de mesures types déjà
mises en place, n’encourage pas la mise en œuvre d’adaptation.
Pour s’adapter, les territoires, dans un contexte d’incertitudes, doivent être créatifs et
70
innovants car il n’y a que peu de matière sur laquelle s’appuyer. Il faut de plus se méfier
de ce qui est fait précédemment car chaque territoire évolue dans un contexte différent
comprenant ses propres vulnérabilités et peut-être des impacts différents.
b) Des inégalités territoriales
Les territoires ne sont pas égaux devant le changement climatique et ce à divers aspects.
Ainsi, les vulnérabilités, les impacts dus au changement climatique, la sensibilisation
des acteurs, ou encore les moyens financiers font que chaque territoire devra mettre en
place sa propre stratégie d’adaptation en fonction de ses besoins. Il est peu probable que
l’agglomération lyonnaise ait la même stratégie d’adaptation qu’une petite commune
insulaire de Bretagne car les moyens humains et financiers ne sont pas les mêmes ainsi
que les vulnérabilités du territoire.
Contrairement à l’atténuation, la notion d’adaptation n’est pas encore intégrée par la
majorité des acteurs territoriaux et notamment des élus. Seuls les acteurs sensibles à la
question environnement et/ou climatique connaissent ce que le terme recouvre et sont
plus à même de mettre en œuvre des mesures d’adaptation. De plus, pour ajouter de la
complexité, les objectifs de l’adaptation ne sont pas chiffrés et les échéances ne sont pas
déterminées.
Il faut également des personnes techniquement compétentes, capables de mettre en place
l’adaptation et un plan d’action qui nécessite des moyens financiers. Néanmoins, les élus
se font souvent à l’idée que l’adaptation nécessite des coûts importants alors que la mise
en place de mesures sans-regret ne requiert des moyens financiers excessifs.
c) Les évènements climatiques vécus
Le sentiment de vulnérabilité peut amener le territoire à agir. Ce sentiment peut provenir
d’une situation géographique particulière (littoral, ville dense ou température élevée) et
suite à des événements climatiques extrêmes (canicule, inondation, tempête, etc.) ayant
marqué les mémoires. Ainsi, le Grand Lyon a été fortement touché par la canicule de
2003 et met en place des mesures d’adaptation sans-regret pour réduire les îlots de
chaleur urbains.
Les villes n’ayant subi aucun événement marquant peuvent au contraire tarder à prendre
conscience de la nécessité de l’adaptation.
d) Participation à un projet international ou européen
La participation de territoire à des projets ou programmes internationaux ou européens
d’aménagement durable ou de lutte contre le changement climatique facilite le partage
de connaissances et ainsi la mise en place de l’adaptation. C’est le cas du Grand Lyon
qui a intégré l’adaptation seulement à l’occasion de sa participation au programme
européen AMICA en 2006, alors que des études sur l’atténuation avaient été réalisées
depuis les années 2000.
Aussi, la mise en place de réseaux nationaux peut servir de levier pour que certains
71
territoires mettent en place l’adaptation, grâce à des échanges et des partages de
connaissances. De même, la proximité d’un territoire s’engageant dans une démarche
d’adaptation peut engendrer la mise en place d’adaptation dans les territoires
limitrophes, inférieurs et parfois supérieurs. Il arrive que les villes s’inspirent du
document qui a été réalisé par l’intercommunalité.
e) Le rôle des élus
Toute démarche d’adaptation verra plus facilement le jour si un élu est engagé dans le
développement durable. L’élu peut non seulement permettre de lancer le projet, mais
également le porter par la suite pour qu’il soit le plus abouti possible.
Le PCT du Grand Lyon provient ainsi d’une commande politique d’une élue « vert » et
est actuellement porté par un élu « vert » chargé du développement durable.
Des freins existent mais comme le soulignent les membres du CESER Bretagne, « les
incertitudes ne doivent pas paralyser l’action », en favorisant les mesures séquentielles
ou les mesures sans-regret. Il serait également préférable que le levier des événements
climatiques subis ne soit plus un élément déclencheur et que des mesures soient prises
auparavant.
Les partages de connaissances et les échanges permettent plus aisément de mettre en
œuvre l’adaptation sur un territoire grâce à une consolidation des bases de connaissances
et au partage d’expériences. Cependant, dans les trois études de cas réalisées, malgré la
réalisation d’atelier prospectif, ce sont la plupart du temps des acteurs sensibles à la
question qui sont impliqués dans les projets. Il semblerait que l’atelier prospectif
permette une nouvelle forme d’échanges autour de la question du changement
climatique. Tous les acteurs devront s’y impliquer. Pour cela une communication sur
l’adaptation devra être mise en place pour clarifier la notion d’adaptation aux acteurs
territoriaux. Il est nécessaire de leur faire prendre conscience de l’enjeu pour qu’ils
s’impliquent dans cette politique. De plus, au-delà des ateliers prospectifs et de la mise
en œuvre de l’adaptation, il faut effectuer une sensibilisation de chaque acteur du
territoire. En effet, au Grand Lyon, territoire pionner sur les questions climatiques en
France, le service Arbre et Paysage essaye de développer la question de l’adaptation
mais se heurte au manque de sensibilisation des membres du service Propreté et
Assainissement (PAGE, 2010).
Les propos de Pierre-François Clerc soulignent cette nécessité d’échange entre les
différents territoires et différents services. Selon lui, les territoires interrégionaux ou
régionaux doivent mettre en place des stratégies d’adaptation qui soient cohérentes les
unes avec les autres. Ensuite, il est nécessaire de sensibiliser les acteurs pour que
l’adaptation soit intégrée dans les différents documents de prospective mais « les
collectivités ne sont pas armées pour le faire ».
72
22. Les modalités d’utilisation de la prospective territoriale
pour gérer l’intégration de l’adaptation au changement
climatique
La prospective territoriale est perçue par les acteurs des territoires d’étude comme un
moyen d’enrichir la réflexion. L’atelier prospectif permet d’établir une base commune
de connaissances et par les différents scénarios possibles de faire prendre conscience à
l’ensemble des acteurs des enjeux.
Cependant, pour Pierre-François Clerc de la DATAR, les documents élaborés au niveau
local ne sont pas des exercices de prospective territoriale. Au niveau national, deux
types de méthode prospective existent :
La méthode de la DATAR basée uniquement sur la prospective.
La méthode du Commissariat Général du Développement Durable qui se base
plus sur un mélange de prévision et de prospective.
Les territoires reprennent la méthode prospective du Commissariat Général du
Développement Durable et non celle de la DATAR.
Pour Pierre-François Clerc, les exercices de prospective suivant la méthode DATAR
doivent être réalisés à l’échelon régional ou interrégional. La décentralisation a donné
des compétences aux différents échelons mais il y a la nécessité que les différentes
stratégies soient cohérentes. Aux niveaux inférieurs, ces travaux de prospective
alimenteraient des documents de réflexion de type prévision-prospective. Les
collectivités n’ont pas les compétences pour réaliser ces documents d’après Pierre-
François Clerc. Ceci amène aux contraintes de l’utilisation de la prospective territoriale :
Les collectivités territoriales doivent comporter des personnes compétentes en
prospective pour réaliser les exercices en régie.
La prospective nécessite une connaissance du territoire et de ses acteurs.
Il faut du temps pour réaliser un projet de prospective territoriale. Les exercices
réalisés par la DATAR, avec l’intervention de plus 300 experts, prennent
environ deux ans.
Pour ces raisons et pour un souci de cohérence, il est plus approprié de laisser la
réalisation des études de prospective aux échelons régionaux ou interrégionaux et de
décliner l’exercice aux échelons locaux, avec des travaux de réflexions basés sur la
prospective-prévision, selon Pierre-François Clerc.
Le point de vue, du chargé de développement durable de la DATAR, de considérer les
travaux des collectivités comme n’étant pas de la prospective territoriale, peut être mis
en parallèle avec les nombreuses définitions de la prospective élaborée et le fait que
chaque organisme considère la prospective différemment suivant les acteurs qui y
travaillent et son intérêt.
Néanmoins, malgré ces divergences de définitions entre l’échelon national et le local, la
prospective territoriale permet de montrer que l’incertitude ne justifie pas l’inaction. En
effet, l’incertitude est généralement plus ou moins mesurée et, face à cet encadrement, il
73
est possible de trouver des solutions adaptées et faire des analyses pour éviter la mal-
adaptation.
Selon Pierre-François Clerc, l’adaptation et le changement climatique viennent
renouveler non pas la méthode prospective mais le besoin de prospective.
La prospective territoriale n’est pas une science exacte mais elle est nécessaire pour
envisager des stratégies. Or, l’adaptation au changement climatique nécessite la mise en
place de stratégie pour que le territoire s’adapte au mieux aux impacts du changement
climatique. De par ces ateliers et les scénarios, la prospective permet aux acteurs
d’échanger et d’élaborer ensemble le futur de leur territoire en fonction des facteurs qui
pourront évoluer avec le changement climatique.
23. Une typologie d’intégration de l’adaptation est-elle
réalisable ?
Une typologie d’intégration de l’adaptation ne semble pas être réalisable étant donné
l’inégalité des territoires et la diversité des documents dans lequel l’adaptation est et
sera intégrée. En effet, pour la DATAR, l’objectif est d’intégrer l’adaptation dans
l’ensemble des documents de prospective.
Néanmoins une démarche, un processus pour permettre l’intégration de l’adaptation au
changement climatique au sein des exercices de prospective semble être réalisable.
D’après les différents propos recueillis au cours des entretiens et les lectures, des
besoins ou des étapes se dessinent pour intégrer l’adaptation au changement climatique
dans les documents de prospective.
Tout d’abord, la prospective parait être un outil adapté à l’intégration de l’adaptation. Il
permet d’élaborer des stratégies, d’avoir un échange de connaissances entre les
différents acteurs aussi bien politiques que techniques et permet, par l’élaboration de
scénarios, de gérer en partie l’incertitude. L’outil prospective semble être un bon moyen
de gérer les effets du changement climatique.
Le document de prospective dans lequel va s’inscrire l’adaptation importe peu.
Effectivement, le PCT doit intégrer un volet adaptation mais il est bien souvent
inexistant ou peu développé par rapport au volet atténuation. Par exemple, le Grand
Lyon a réalisé dans son PCT une partie sur l’adaptation mais le territoire a pour projet
de réaliser un futur document qui permettra d’approfondir et de traiter exclusivement la
question d’adaptation. Il est à noter que l’intégration de l’adaptation se fait actuellement
quasiment qu’au sein d’exercices traitant du changement climatique. Lorsque la notion
d’adaptation sera moins floue pour l’ensemble des acteurs, l’intégration de l’adaptation
devra se faire dans l’ensemble des documents de prospective pour une meilleure
transversalité.
Des études apparaissent incontournables dans l’intégration de l’adaptation. La première
est une étude des vulnérabilités du territoire. Celle-ci permet de connaître les faiblesses
du territoire et par la suite de comprendre si ces vulnérabilités vont s’accentuer ou
diminuer avec l’évolution du climat. Parallèlement à cette étude, pour connaître le
potentiel du territoire à agir et à réagir, l’inventaire des documents, techniques et
moyens permettant de s’adapter et de réduire les vulnérabilités est à réaliser.
74
Par la suite, il va de soi que des études sur le changement climatique local et ses impacts
associés sont indispensables pour élaborer des stratégies et des mesures d’adaptation
territoriales. Ces connaissances permettent d’éviter la mal-adaptation ou de mettre en
œuvre des mesures d’adaptation insuffisantes, à moins qu’elles soient ajustables
(mesures séquentielles). Ces études croisées avec l’étude de vulnérabilités du territoire
permettent de révéler les endroits les plus vulnérables.
Ces connaissances pourraient permettre de réaliser un diagnostic de vulnérabilité du
territoire futur. Ce diagnostic aurait le même rôle qu’un diagnostic de performance
énergétique d’un bâtiment. Le diagnostic de performance énergétique a pour but
d’informer sur les consommations énergétiques globales, de sensibiliser l’habitant et
d’apporter des conseils ou des mesures sur les éléments les plus énergivores du
bâtiment. A l’instar de ce diagnostic de performance énergétique, le diagnostic de
vulnérabilité du territoire pourrait permettre d’avoir une vision globale de la
vulnérabilité du territoire, de sensibiliser les acteurs territoriaux aux enjeux du
changement climatique et de cibler les zones les plus vulnérables et de proposer des
mesures ou préconisations pour s’adapter et réduire les vulnérabilités.
Il faudrait compléter ce diagnostic par une étude des opportunités du territoire, pour
profiter des opportunités dues à l’évolution du climat.
Tous ces éléments peuvent constituer un observatoire de l’adaptation, évoqué comme un
objectif pour le futur par le Grand Lyon et la région Bretagne lors des entretiens.
L’observatoire de l’adaptation permet de regrouper les informations sur le changement
climatique, de les analyser, d’avoir une vision globale du territoire et de ses enjeux, et
par la suite d’évaluer les mesures d’adaptation. L’observatoire est également un moyen
de sensibiliser les acteurs.
Ces différentes études et données facilitent l’élaboration de stratégie d’adaptation mais,
pour un bon déroulement, il est essentiel d’avoir un portage technique et politique. Dans
les trois cas d’étude de ce mémoire, le portage politique était faible, même au Grand
Lyon, territoire pionner sur les questions climatiques. Ce sont majoritairement des élus
sensibles et impliqués qui prennent part et soutiennent des projets sur le changement
climatique. Or, afin de structurer l’exercice climatique, la conjonction de l’ensemble des
acteurs du territoire est déterminante. La volonté de l’équipe technique en charge du
projet doit être accompagnée d’un engagement politique des acteurs décisionnels. Le
pilotage doit également permettre d’associer l’ensemble des acteurs du territoire (socio-
économiques, associatifs,…).
75
3. Les conséquences sur l’aménagement du territoire
31. L’adaptation : une logique cognitive plutôt qu’une
politique décisionnelle
Dans le cadre du changement climatique, le terme de politique d’adaptation est
fréquemment employé. Or, comme il a été possible de le constater au travers des trois
cas d’étude, l’adaptation au changement climatique ne permet pour l’instant pas
d’élaborer une politique décisionnelle.
L’intégration de l’adaptation a actuellement pour rôle d’indiquer que c’est une stratégie
de lutte contre le changement climatique, tout comme l’atténuation. Le rôle de cette
approche est de provoquer le débat, d’inciter les réflexions et de sensibiliser les acteurs à
une stratégie qu’ils n’ont pas encore intégrée dans leur politique.
Les personnes des territoires d’étude auditionnées ont clairement laissé transparaitre un
manque de connaissance des acteurs du territoire concernant l’adaptation. Cela est pour
certains une notion inconnue, floue, négative. L’intégration de l’adaptation dans les
documents permet de prouver à ces acteurs que nous n’avons plus le choix face au
changement climatique, il faudra mettre en place une politique d’adaptation.
L’atténuation ne suffira pas, le changement climatique a, et aura, des retombées sur le
territoire. L’adaptation est intégrée pour faire prendre conscience aux acteurs de ces
enjeux.
L’intégration de l’adaptation dans les exercices de prospective est plus ciblée pour
indiquer l’existence de cette stratégie, et sa nécessité, plutôt que d’établir une politique
décisionnelle. Politique qui serait par ailleurs difficile à mettre en place compte tenu de
la faible implication des acteurs politiques. L’adaptation, comme elle est incluse dans les
documents aujourd’hui, n’implique pas de réelles retombées sur l’aménagement du
territoire. Cependant, elle met en avant des éléments qui viendront modifier les
processus tels que la concertation et la coordination des réseaux et la diversification des
acteurs à impliquer.
32. L’utilisation plus importante de la prospective territoriale
pour lutter contre le changement climatique entraînerait-elle
des modifications sur les processus d’aménagement ?
Les politiques d’aménagement du territoire ont un rôle à jouer très important pour la
réduction des émissions de gaz à effet de serre et pour l’adaptation au changement
climatique. Elles devront être modernisées pour prendre en compte les nouvelles
informations sur les impacts des changements climatiques. L’adaptation est un sujet
transversal qui impacte de nombreuses politiques. Il se pose alors la question clé de
savoir s’il est nécessaire de créer de nouvelles politiques d’adaptation, ou s’il est plus
pertinent d’incorporer l’adaptation dans les politiques existantes. D’après la DATAR,
76
l’objectif est de l’intégrer dans les différents documents de prospective, mais on perçoit
les difficultés que rencontrent les personnes compétentes sensibilisées à
l’environnement à inclure cette politique dans des documents dédiés au changement
climatique.
La question climatique nécessite que les acteurs du territoire, travaillant sur
l’aménagement, aient une réflexion collective particulière. En effet, ces enjeux
supposent d’intervenir sur une problématique globale avec une capacité d’intervention
réduite, de proposer des actions dans un contexte d’incertitude, sans avoir de résultat à
court terme et peut être même à long terme.
La réussite de la mise en œuvre d’une politique d’adaptation suppose une collaboration
et une coordination de l’ensemble des acteurs techniques et politiques. Le sujet étant
transversal, il est nécessaire que chacun soit sensibilisé pour ne pas aller à l’encontre de
ce qui peut être fait par un autre service ou acteur. La politique d’adaptation demande
également un travail avec les différents échelons territoriaux pour élaborer des stratégies
cohérentes. Cela nécessitera peut être de nouvelles formes locales de discussion.
Ces politiques d’adaptation intégrées dans des documents de prospective territoriale
requièrent des personnes compétentes tant au niveau du changement climatique que de
la prospective pour les mettre en œuvre. La prospective, actuellement utilisée dans un
but cognitif ou informationnel, devra devenir un véritable outil d’aide à la décision.
Les acteurs de l’aménagement du territoire ont un rôle essentiel. Ils déterminent
l’exposition au changement climatique et aux aléas, mais également la sensibilité et la
vulnérabilité du territoire en influant sur la gravité des conséquences (si les zones
inondables n’avaient pas été construites, la tempête Xinthia n’aura pas eu les mêmes
répercussions). « L’intégration de la perspective du changement climatique dans la
prise de décision en aménagement du territoire est ainsi une voie-clé de prise en compte
globale des enjeux sur un territoire, d’autant plus que la décision concerne
généralement ici des actions de long terme » (MEDCIE, 2008).
Les documents d’urbanisme peuvent fournir un cadre d’action pour la mise en place des
mesures d’adaptation. Dans le cadre des PLU et des SCoT, « l'élaboration ou la révision
du document d'urbanisme oblige à inscrire dans le rapport de présentation des
indications sur la situation existante du territoire et en particulier à exposer les risques
et les impacts qu'ils représentent. Ce rapport peut fournir un cadre pour l'adaptation de
la ville au changement climatique, car il est obligatoire de proposer des mesures
édictées dans le règlement afin de réduire ou de supprimer les dangers » (ONERC,
2010). Le changement climatique doit être l’objet d’une attention particulière au sein de
ces documents afin que la thématique soit prise en compte lors de la modification des
territoires.
La question climatique va nécessiter une adaptation de l’aménagement au niveau de
l’utilisation des sols, de leur imperméabilisation, des constructions des infrastructures à
long terme qui vont devoir résister au changement climatique, ou encore lors de
l’élaboration de stratégies de gestion des risques.
« L’aménagement de l’espace pourrait fournir un cadre intégré
permettant de mettre en relation l’évaluation de la vulnérabilité et des
risques, d’une part, et les capacités d’adaptation et les réactions
d’adaptation, d’autre part, afin de faciliter l’identification de mesures
envisageables et de stratégies présentant un rapport coût-efficacité
acceptable. Il convient d’envisager la mise en place de formules
77
innovantes de financement consacrées à l’adaptation pour soutenir la
mise en œuvre de stratégies d’adaptation coordonnées, notamment dans
les régions et les segments de la société les plus vulnérables d’Europe. »
(ONERC, 2010)
78
CONCLUSION
La politique d’adaptation au changement climatique est une stratégie publique récente
pour les institutions territoriales. L’objet de ce projet de recherche de fin d’études était
d’explorer les logiques d’intégration de l’adaptation au changement climatique dans les
politiques territoriales, et plus précisément, au sein des exercices de prospective
territoriale.
Cette thématique récente fait émergée de nombreuses questions qui ont permis d’émettre
trois hypothèses en vue de répondre à la problématique de recherche de ce mémoire :
selon quelles stratégies l’adaptation est-elle intégrée dans les exercices de prospective
territoriale sur le changement climatique ?
L’hypothèse principale de ce projet était :
L’adaptation est intégrée de manière multiforme dans les exercices de
prospective
Les deux sous-hypothèses émises étaient :
Les incertitudes associées à l’adaptation au changement climatique ouvrent des
scènes de discussions nouvelles renforçant les échanges entre acteurs et entre
territoires.
L’adaptation est intégrée dans les exercices de prospective davantage comme
une logique cognitive que décisionnelle.
L’analyse comparative de trois documents de prospective territoriale intégrant la
question de l’adaptation sur les territoires du Grand Lyon, de la région Bretagne et de
l’agglomération tourangelle, a permis d’identifier différentes modalités d’intégration de
l’adaptation au changement climatique.
Ce travail de comparaison soulève une limite principale de la recherche. Le nombre
restreint de documents analysés ne peut amener à une généralisation des résultats. Il est
de plus nécessaire de situer les résultats dans un contexte précis pour prévenir de toute
erreur d’interprétation.
Il ressort de cette analyse comparative que les territoires sont inégaux face au
changement climatique et à ses impacts. Cette inégalité entraîne une réaction souvent
plus rapide des territoires vulnérables à élaborer des stratégies d’adaptation. De plus, les
mesures d’adaptation préconisées varient en fonction des vulnérabilités du territoire
actuelles ou envisagées avec l’évolution du climat. Les stratégies d’adaptation
dépendent donc également des caractéristiques du territoire et des impacts locaux
possibles.
Les acteurs impliqués et concertés, pour l’élaboration de l’exercice de prospective
territoriale, et les études utilisées pour appréhender l’adaptation au changement
climatique au niveau local sont d’autres divergences révélées lors de l’analyse. Les
connaissances des personnes pilotant le projet, l’organisme dans lequel ils évoluent, le
temps consacré au projet ou encore le financement dédié sont autant de facteurs qui
engendrent des différences dans l’élaboration de ces projets. En ce qui concerne les
études réalisées ou compilées pour prendre en compte l’adaptation, il est de nouveau
possible d’observer diverses manières d’appréhender la question.
79
L’intégration de l’adaptation dans les documents de prospective territoriale vise
cependant un même objectif sur les trois territoires étudiés : provoquer le débat, inciter
des réflexions sur l’adaptation au changement climatique et faire prendre conscience des
enjeux aux acteurs territoriaux.
Nous pouvons considérer ces exercices de prospective comme une première approche de
l’adaptation au changement climatique par les territoires afin de faire prendre
conscience de la nécessité de la politique d’adaptation.
Au travers de cette analyse, l’adaptation est une logique cognitive en vue de réaliser par
la suite une politique décisionnelle.
Cette analyse permet donc de valider l’hypothèse principale selon laquelle l’adaptation
est intégrée de manière multiforme. La sous hypothèse selon laquelle l’adaptation est
davantage une logique cognitive que décisionnelle est également validée.
Cependant, la sous-hypothèse, sur la création de nouveaux échanges pour gérer
l’incertitude, ne peut pas être validée. En effet, l’incertitude sur le changement
climatique reste un problème majeur pour les territoires qui ont du mal à l’appréhender.
Les incertitudes sont gérées de diverses manières (non prise en compte, études
préalables, considérer que les enjeux sont déjà connus) au sein des documents de
prospective mais elles n’ont pas amené à de nouveaux échanges entre les acteurs.
Cette pratique sera néanmoins nécessaire dans le futur pour que l’ensemble des acteurs
territoriaux soient mobilisés et que les stratégies des territoires soient cohérentes les
unes avec les autres.
L’élaboration de stratégie d’adaptation nécessite un fort portage politique et technique,
ainsi que la sensibilisation, la mobilisation et l’implication de l’ensemble des acteurs du
territoire. Ces acteurs devront prendre des décisions dans un contexte d’incertitude et
d’échelle de temps particulier. Néanmoins, des études sur la vulnérabilité, le
changement climatique local et ses impacts associés devront permettre d’élaborer des
stratégies d’adaptation et de mettre en œuvre des mesures sans-regret ou séquentielles,
tout en évitant la mal-adaptation.
L’ensemble des acteurs territoriaux va devoir modifier son mode de développement au
regard des enjeux climatiques futurs et mettre en œuvre des mesures acceptables et
supportables pour les sociétés. L’intérêt de l’outil prospective intervient dans la
possibilité d’élaborer des stratégies sur le long terme face à l’incertitude.
La vigilance et la rigueur des acteurs de l’aménagement du territoire est nécessaire pour
réduire les faiblesses du territoire face à l’évolution du climat. L’intégration de la
question climatique doit se faire dans les documents d’urbanisme et dans les choix de
projets ayant souvent des répercussions à long terme.
Grâce aux connaissances scientifiques, nous savons que l’homme et son mode de
développement peuvent avoir des répercussions importantes sur la Terre. L’adaptation,
combinée à l’atténuation, apparait comme une politique territoriale incontournable pour
éviter un drame climatique et environnemental. L’homme est dans l’obligation de
remettre en cause son système de développement en y intégrant l’environnement et en
respectant les contraintes naturelles.
80
« L'homme raisonnable s'adapte au monde ; l'homme déraisonnable
s'obstine à essayer d'adapter le monde à lui-même.
Tout progrès dépend donc de l'homme déraisonnable. »
Georges Bernard Shaw
« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les
plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements. »
Charles Darwin
81
LISTE DES PERSONNES
INTERROGEES
Dans le cadre de ce projet, des entretiens ont été réalisés avec les personnes suivantes :
Pierre-François Clerc – chargé de mission développement durable à la
DATAR.
Pierre Crépeaux – chargé de mission plan climat, Mission Ecologie Urbaine,
Grand Lyon.
Virginie Gicquel – conseillère technique de la section prospective du Conseil
Economique, Social et Environnemental Régional de Bretagne.
Bénédicte Métais – chargée environnement à l’agence d’urbanisme de
l’agglomération de Tours.
82
BIBLIOGRAPHIE
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des vulnérabilités territoriales ? : Action publique et perceptions des inégalités
écologiques.2007. 148 p.
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attitude, concepts et histoire. 2009. 19 p.
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DE PERTHUIS, Christian, HALLEGATTE, Stéphane, LECOCQ, Franck. Economie de
l’adaptation au changement climatique. Conseil économique pour le développement
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83
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84
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Conseil de développement du Grand Lyon. Du Blocage au déclic : chacun acteur et
ensemble responsables, dès aujourd’hui, d’une métropole sobre en énergie et en
carbone : contribution du conseil de développement à l’élaboration du Plan Climat
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CREPEAUX, Pierre. Note de synthèse : collectivités locales et émissions de gaz à effet
de serre : réflexions préalables à la mise en œuvre d’un « Plan Climat Local » au Grand
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http://www.grandlyon.com/L-Agenda-21-du-Grand-Lyon.34.0.html. 14 avril 2011.
Grand Lyon. Plan Climat Grand Lyon. http://blogs.grandlyon.com/plan-climat/. avril
2011.
Documents sur l’étude de la stratégie d’adaptation de l’agglomération tourangelle
ATU. Axe de progrès vers un schéma de cohérence territoriale Facteur 4 : quels leviers
locaux pour une agglomération post-carbone, premier rapport d’étape. 2009. 56 p.
ATU. Axe de progrès vers un schéma de cohérence territoriale Facteur 4 : quels leviers
locaux pour une agglomération post-carbone, deuxième rapport d’étape. 2010. 63 p.
ATU. Axe de progrès vers un schéma de cohérence territoriale Facteur 4 : quels leviers
locaux pour une agglomération post-carbone, rapport final. 2011. 91 p.
85
TABLE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS
ADEME : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie
ALE : Agence Locale de l’Energie de l’Agglomération Lyonnaise
AMICA : Adaptation and Mitigation, an Integrated Climate policy Approach
ATU : Agence d’Urbanisme de l’Agglomération de Tours
CDRT : Centre Dramatique Régional de Tours
CESER : Conseil Economique, Social et Environnemental Régional
CNRM : Centre National de Recherches Météorologiques
CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique
COSTEL : Climat et Occupation des Sols par Télédétection
CSEB : Conseil Scientifique de l’Environnement de Bretagne
DATAR : Délégation Interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à
l’Attractivité Régionale
DDT : Direction Départementale des Territoires
DIACT : Délégation Interministérielle à l’Aménagement et à la Compétitivité des
Territoires
DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement
EIE : Etat Initial de l’Environnement
GIEC : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat
INRA : Institut National de la Recherche Agronomique
INSEE : Institut National de la Statistiques et des Etudes Economiques
MEEDDM : Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la
Mer
MIES : Mission Interministérielle de l’Effet de Serre
ONERC : Observatoire National des Effets du Réchauffement Climatique
PCT : Plan Climat Territorial
PLH : Plan Local de l’Habitat
PLU : Plan Local d’Urbanisme
PNR : Parc Naturel Régional
SCoT : Schéma de Cohérence Territorial
86
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : La place de l’adaptation et de l’atténuation dans les causes et les effets du
changement climatique .................................................................................................... 13
Figure 2 : Calendrier suivi pour le projet de recherche ................................................... 31
Figure 3 : Acteurs du PCT du Grand Lyon ..................................................................... 36
Figure 4 : La composition de la région Bretagne ............................................................ 42
Figure 5 : Acteurs mobilisés dans le cadre du SCoT Facteur 4 ....................................... 51
Figure 6 : Les résultats de l'atelier prospectif .................................................................. 54
87
TABLE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Evènements clés mondiaux ou nationaux ayant permis l’émergence de la
politique de lutte contre le changement climatique en France ........................................ 12
Tableau 2 : Exemple de différents types d’adaptation ................................................... 16
Tableau 3 : Grille de lecture ........................................................................................... 30
Tableau 4 : Composition de la Conférence Energie Climat du Grand Lyon .................. 36
Tableau 5 : Chronologie du PCT du Grand Lyon .......................................................... 37
Tableau 6 : Chronologie des documents prospectifs de l’agglomération lyonnaise ...... 37
Tableau 7 : Mesures d'adaptation dans le PCT ............................................................... 40
Tableau 8 : Acteurs auditionnés pour l'exercice en Bretagne ......................................... 44
Tableau 9 : Chronologie du projet "Pouvoirs et démocratie en Bretagne à l'épreuve du
changement climatique, à l'horizon 2030 ........................................................................ 45
Tableau 10 : Déroulement de l'exercice SCoT Facteur 4 ............................................... 52
Tableau 11 : Chronologie des documents prospectifs "climat" sur l'agglomération
tourangelle ....................................................................................................................... 53
Tableau 12 : Les mesures d'adaptation au changement climatique du scénario SCoT
Facteur 4 .......................................................................................................................... 56
Tableau 13 : Comparaison des méthodes de prospective des études de cas ................... 61
Tableau 14 : Acteurs participant à l’élaboration des exercices ...................................... 63
Tableau 15 : Comparaison des connaissances utilisées, acquises lors de l'exercice et des
besoins exprimés ............................................................................................................. 65
Tableau 16 : Comparaison des stratégies d'adaptation au changement climatique ........ 67
88
TABLE DES CARTES
Carte 1 : Communauté urbaine du Grand Lyon ............................................................. 33
Carte 2 : La région Bretagne .......................................................................................... 42
Carte 3 : Le territoire de l'agglomération tourangelle .................................................... 49
89
TABLE DES MATIERES Avertissement ........................................................................................................... 4
Formation par la recherche et projet de fin d’études .................................................. 5
Remerciements ........................................................................................................... 6
Sommaire ........................................................................................................... 7
Introduction ........................................................................................................... 8
Première partie : Adaptation et prospective territoriale, éléments contextuels et
problématisation ............................................................................ 10
1. De l’émergence des politiques « climat » à la prise en compte de l’adaptation . 11
11. L’émergence des politiques contre le changement climatique en France ............. 11
12. L’articulation entre la politique d’atténuation et la politique d’adaptation ........... 12
13. La notion d’adaptation ........................................................................................... 14
a) La montée en puissance du concept d’adaptation .............................................. 14
b) Les différentes stratégies d’adaptation ............................................................... 15
14. Les enjeux majeurs pour les stratégies d’adaptation ............................................. 17
a) Des incertitudes nombreuses .............................................................................. 18
b) Le coût de l’adaptation ....................................................................................... 18
c) Le concept de mal-adaptation ............................................................................ 19
2. L’évolution de la prospective dans les documents territoriaux ........................... 21
21. Petite historique de la prospective ......................................................................... 21
a) Les dates clés de la prospective .......................................................................... 21
b) L’évolution de la définition de la prospective .................................................... 21
c) La prospective de nos jours en France ............................................................... 23
22. La prospective stratégique dans les documents de planification ........................... 24
a) Les idées clés de la prospective territoriale ........................................................ 24
b) La prospective territoriale et les questions climatiques ...................................... 24
3. Spécification de la problématique de recherche ................................................... 26
31. Questionnements et problématique de recherche .................................................. 26
a) Le thème de la recherche .................................................................................... 26
b) Le problème général ........................................................................................... 26
c) La question générale ........................................................................................... 27
d) La problématique de recherche .......................................................................... 27
e) Les hypothèses de recherche .............................................................................. 27
32. Justification des terrains d’étude ........................................................................... 28
33. Démarche adoptée ................................................................................................. 29
a) Méthode d’étude des stratégies d’adaptation ..................................................... 29
b) Calendrier suivi .................................................................................................. 31
90
Deuxième partie : Etude de cas sur l’intégration de l’adaptation au changement
climatique dans les exercices de prospective territoriale ........... 32
1. Grand Lyon : un territoire précurseur dans la prise en compte de la
problématique climatique au sein des politiques territoriales ... 33
11. Le territoire du Grand Lyon .................................................................................. 33
12. Le Plan Climat Territorial dans la continuité des politiques « climat » du Grand
Lyon....................................................................................................................... 34
a) Le contexte climatique de l’agglomération lyonnaise ........................................ 34
b) Le Plan Climat Territorial : l’axe climat de l’Agenda 21 du Grand Lyon ......... 34
13. Une commande politique à l’origine du Plan Climat Territorial ........................... 35
a) Vers une mobilisation des grands réseaux d’acteurs de l’agglomération
lyonnaise ............................................................................................................ 35
b) La chronologie du Plan Climat Territorial ......................................................... 36
c) Les apports de la prospective ............................................................................. 38
14. Une première approche de l’adaptation ................................................................. 38
a) L’adaptation intégrée grâce au programme AMICA.......................................... 38
b) Une gestion des incertitudes pas encore à l’ordre du jour .................................. 41
2. Bretagne : une auto-saisine pour appréhender les impacts du changement
climatique sur les modes de gouvernance .................................... 42
21. Le territoire breton ................................................................................................. 42
22. Une auto-saisine pour palier le manque de document sur le changement
climatique .............................................................................................................. 43
a) Le contexte climatique de la région Bretagne .................................................... 43
b) Le CESER se saisit de la question climatique .................................................... 43
23. Questions de gouvernance autour du changement climatique ............................... 43
a) Les acteurs mobilisés au cours du projet ............................................................ 43
b) La chronologie de l’exercice .............................................................................. 45
c) Les apports de la prospective ............................................................................. 46
24. Le rôle de l’échelon régional dans l’adaptation du territoire ................................. 46
a) De nouvelles pratiques démocratiques pour répondre aux enjeux climatiques ? ...
....................................................................................................................... 46
b) Mettre en œuvre l’adaptation dans un univers d’incertitude .............................. 47
3. L’agglomération tourangelle : une adaptation encore en gestation .................... 49
31. Le territoire de l’agglomération tourangelle .......................................................... 49
32. Une prise en compte tardive de la problématique climat ...................................... 50
a) Le contexte climat de l’agglomération tourangelle ............................................ 50
b) L’émergence du projet SCoT Facteur 4 ............................................................. 50
33. Un projet pour repenser la ville post-carbone ....................................................... 50
a) Des acteurs sensibilisés à la question climatique ............................................... 50
b) La chronologie de l’exercice .............................................................................. 52
c) Les apports de la prospective ............................................................................. 53
91
34. L’adaptation : un chantier à venir .......................................................................... 55
a) Les prémices de l’adaptation au sein de l’agglomération tourangelle................ 55
b) Une connaissance du climat local pour faire face aux incertitudes .................... 56
Troisième partie : Discussions et perspectives ............................................................ 58
1. Les modalités d’intégration de l’adaptation au changement climatique dans les
exercices de prospective territoriale............................................. 59
11. Le rôle décisif des acteurs dans la saisie du sujet .................................................. 59
a) L’importance du contexte de la politique climatique sur le territoire ................ 59
b) Les acteurs techniques se saisissent de la question du changement climatique . 59
c) Un manque d’intérêt de la part des acteurs politiques ? ..................................... 60
12. La prospective au sein des exercices ..................................................................... 61
a) Les méthodes utilisées ........................................................................................ 61
b) Le fonctionnement des exercices de prospective ............................................... 62
13. Les différentes manières d’appréhender l’adaptation dans le projet ..................... 64
a) Les connaissances utilisées et acquises au cours de l’exercice .......................... 64
b) Les stratégies de prise en compte de l’adaptation .............................................. 66
2. Les éléments clés de l’intégration de l’adaptation au changement climatique .. 69
21. Les freins et leviers de l’adaptation au changement climatique ............................ 69
a) Les barrières informationnelles .......................................................................... 69
b) Des inégalités territoriales .................................................................................. 70
c) Les évènements climatiques vécus ..................................................................... 70
d) Participation à un projet international ou européen ............................................ 70
e) Le rôle des élus ................................................................................................... 71
22. Les modalités d’utilisation de la prospective territoriale pour gérer l’intégration de
l’adaptation au changement climatique ................................................................. 72
23. Une typologie d’intégration de l’adaptation est-elle réalisable ? .......................... 73
3. Les conséquences sur l’aménagement du territoire ............................................. 75
31. L’adaptation : une logique cognitive plutôt qu’une politique décisionnelle ......... 75
32. L’utilisation plus importante de la prospective territoriale pour lutter contre le
changement climatique entraînerait-elle des modifications sur les processus
d’aménagement ? ................................................................................................... 75
Conclusion ......................................................................................................... 78
Liste des personnes interrogées .................................................................................... 81
Bibliographie ......................................................................................................... 82
Table des sigles et abréviations .................................................................................... 85
Table des figures ......................................................................................................... 86
Table des tableaux ......................................................................................................... 87
Table des cartes ......................................................................................................... 88
Table des matières ......................................................................................................... 89
CITERES
UMR 6173
Cités, Territoires,
Environnement et Sociétés
Equipe IPA-PE
Ingénierie du Projet
d’Aménagement, Paysage,
Environnement
Département Aménagement
35 allée Ferdinand de Lesseps
BP 30553
37205 TOURS cedex 3
Directeur de recherche : Poulain Arnaud
Richard Elsa Projet de Fin d’Etudes
DA5
2010-2011
Titre : L’adaptation au changement climatique
Résumé : L’adaptation au changement climatique est un enjeu important pour les futures décennies
de la Terre. Notre planète va être confrontée à un changement climatique, dont les premières
évolutions se font d’ores et déjà sentir, combiné à une transition énergétique. Les mesures
d’adaptation ne pourront pas s’appuyer sur l’ensemble des ressources énergétiques et devront donc
être pensées et stratégiques. Même si l’adaptation s’inscrit désormais dans les agendas politiques
nationaux et internationaux, il reste à décliner ces politiques au niveau local. Cette échelle semble la
plus adéquate pour mettre en place des plans d’action mais les incertitudes persistantes sur
l’évolution du climat constituent un frein à l’élaboration des stratégies.
Ce projet de recherche vise à explorer les modalités d’intégration des stratégies d’adaptation au sein
des exercices de prospective territoriale. Il s’agit d’identifier les enjeux pour élaborer une politique
d’adaptation au changement climatique.
Pour apporter des éléments de réponse, trois exercices de prospective territoriale, du Grand Lyon, de
la région Bretagne et de l’agglomération tourangelle, sont analysés.
Cette analyse a permis d’observer une utilisation de l’outil prospective à des fins cognitives et non
décisionnelles. Des éléments déterminants à l’intégration de l’adaptation au changement climatique
dans les politiques territoriales sont alors identifiés.
Mots clés et mots géographiques : agglomération tourangelle, CESER Bretagne, changement
climatique, Grand Lyon (69), plan climat territorial, politique territoriale, prospective territoriale,
stratégie d’adaptation.