Civilisation Francaise I

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    AN I

    CIVILISATION FRANAISE

    I. LA GAULE ROMAINE

    La civilisation (faon de vivre) = ensemble des caractres propres la vie

    culturelle et matrielle d'une socit humaine (La Rousse)La Prhistoire de la France: la France est entre dans l'histoire avec les Gaulois

    et leurs historiens et gographes, crivains latins et en grecs. Avant les Gaulois, plusieurscivilisations se sont succd sur le sol de la France ds le palolithique. Le nolithique alaiss la France, surtout l'Ouest du pays, de curieux monuments mgalithiques, surtouten Bretagne.

    1. LA GAULE INDPENDANTE

    C'est environ 1000 ans avant Jsus Christ que la prsence des Celtes est attestedans le territoire actuel de la France. Mais c'est seulement au IVme sicle avant notre re,qu'ils entrent dans l'histoire par les premiers contacts violents qu'ils ont eus avec les

    Romains.Ils formaient alors en Gaule un ensemble de peuples indpendants, unis seulement

    par la langue et la religion. Ils connaissaient l'criture, mais leur religion et leurs ides setransmettaient seulement par la voie orale.

    La socit tait dirige par les Druides la fois prtres, juges et ducateurs de lajeunesse.

    La religion taitpolythiste; la socit gauloise tait une socit aristocratique;- toute l'autorit appartenait aux nobles qui taient aussi les propritaires de terre.- la plbe tait la "cliente" des nobles;- les cellules familiales taient associes en tribus. Plusieurs tribus formaient des nations

    ou cits, qui se groupaient par intrts militaires et conomiques. Les rivalits ont t sifortes qu'aucune de ces nations n'arrivait faire l'unit des Gaulois.

    Le portrait moral classique que fait Jules Csar ces nations ("De Bellogalico") explique cette incapacit de s'unir et son temprament, ses querelleurs.- Le courage, l'intelligence, la gnrosit avaient comme contrepartie l'indiscipline,l'instabilit, la crdulit.

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    - Le talent principal des Gaulois, se manifeste dans la vie pratique, dans l'habilettechnique et esthtique.- Ils sont d'excellents agriculteurs, grands leveurs de chevaux et de moutons;- Ils inventrent des instruments de culture perfectionns: la charrue roues (plug) et lagrande faux (coasa); ils travaillaient le fer, le cuivre (arama) et le bois.

    L'Art gaulois n'a rien en commun avec l'antique grco-latin; les ornements, lesvases taient ornes de forme abstraite, gomtrique.

    2. LA GAULE ROMAINE

    L'intrt de Rome pour la Gaule se manifesta ds le II me sicle avant notre re. Laprovince fut conquise par les Romains et puis, plus tard, la menace des Germains(intresss eux aussi par la riche terre Gauloise) fut le prtexte d'une conqute totale. Lescombats livrs par Jules Csar durent 5 ans; le grand chef Vercingtorix russit infliger Csar une lourde dfaite Gergovie (56), mais la supriorit militaire romaine obligea

    Vercingtorix s'enfermer dans la place forte d'Alsia et y capituler (52).Pendant 4 sicles, la Gaule fit partie de l'Empire romain et suivit ses destins. Elle

    s'accommoda bien cette situation et les quelques rvoltes du I er sicle n'ont pas tgraves. Le couvoir (cuibar) des Druides diminua et l'aristocratie gauloise se ralliavolontaire aux Romains pour asservir l'administration et pour en profiter. Une capitale futdifie Lugdunum (Lyon). C'est ici que s'est tenu chaque anne un ensemble desdlgus de chaque peuple gaulois.

    La romanisation se fit par l'arme et par l'administration; Cest--dire par leschamps (o les soldats gaulois dfendaient l'Empire contre les Germaines) et par lesvilles (o l'aristocratie gauloise furnisait des magistrats). Ainsi, les Gaulois devenaientcitoyens romains et adoptaient la langue Latine. Le Latin s'imposa vite et la langueceltique est disparue peu peu. L'Art gaulois-romain adopta le modle des conqurants;l'hritage de l'Orient hellnistique et l'organisation romaine ont dtermin de faondcisive la suite de l'histoire de la Gaule qui a reconnu toute de suite la supriorit latinepar l'adoption de la langue, des institutions, des arts, des sciences et de la technique.

    Mais la paix romaine et cette culture cosmopolite ne dura que jusqu' la fin duIIIme s. Ds que l'Empire arrta ses conqutes l'impt romain reprsenta des dpensescrasantes et ruina progressivement les villes. L'inscurit provoque par laguerre civile,d'abord, puis les invasions germaniques ont men la dcadence des villes et desstructures prfodales dans les campagnes.

    C'est alors que le christianismesauva l'unit romaine. Il est apparu en Gaule aucours du IIme s, d'abord Lyon o l'un des premiers rcits de martyres concerne lacommunaut prside par l'vque Pothin. Fonde par les chrtiens de langue grecque,l'glise gauloise se latinisa bientt, mais resta limite aux villes. Au IVme s,l'vanglisation de campagne commena surtout grce l'action de saint Martin, vquede Tours.

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    II. LE MOYEN GE

    1. LE HAUT MOYEN GEEvul mediu timpuriu Vme - Xme

    Les EvnmentsEn 476, l'Empire Romain d'Occident cesse d'exister et c'est partir de cette datequ'on considre le dbut du Moyen ge. Les invasions germaniques et d'autres vontmarquer la fin de la tranquillit pour la population. Pour 7 sicles, au moins, la violenceva rgner sur toute l'Europe.

    Dans la 2nde moiti du Vme sicle, les Wisigoths s'installent en Aquitaine, lesBurgondes l'est de la Gaule, les Francs au Nord, les Bretons (peuple celte de la Grande-Bretagne) dans le N-E. Le gnral romain Aetius russit, en 451, repousser (avec l'aidedes Wisigoths et des Francs) les Huns d'Attila.- C'est alors qu'apparut Clovis, le chef des Francs Saliens, qui russit en 20 ans raliserl'unit presque totale de la Gaule, tirant profit de sa conversion au catholicisme. Mais

    cette unit du regnum Francorum fut celle qui donna le nom du pays, mais cette unit nedura pas long temps.- Les rois mrovingiens considraient leur royaume comme une proprit personnellequ'ils pouvaient partager entre leurs fils. Les rivalits d'entre eux ont fini par ruiner leurautorit au profit de l'aristocratie.

    Au VIIIme sicle une famille noble de l'Est du royaume s'assura la matrise dugouvernement. Charles Martel prit par la force le gouvernement de tout le pays et ilrepoussa, en 732, Poitiers, une invasion arabe. Il donna son nom la nouvelle dynastiecarolingienne dont le fils Ppin le Bref est le fondateur. Ppin s'allia avec le Pape et reutla couronne.

    Le rle du roi des Francs comme dfenseur et promoteur de la chrtient, se

    montra avec plus d'clat sur la rgne de Charlemagne (771-814).- Celui-ci dtruisit le royaume lombard et se fit couronner Roi d'Italie en 774;- Puis il enleva une partie de l'Espagne; - annexa la Bavire, conquit la PlaineDanubienne sur les Avars et soumit les Saxons;- En 800, il fut couronn par le Pape Lon III; - il eut une forte administration dlgueaux comptes qu'il contrlait par ses envoys et avec l'aide de l'glise;- En 843, par le trait de Verdun, le royaume de Charlemagne se partagea entre les 3fils de Louis le Pieux (-fils de Charlemagne): 1. Lothaire, l'an, gardait le titred'empereur reut d'Italie; la Vale du Rhne et celle de la Sane; la rive gauche du Rhin.2. Louis gardait les pays situs sur la rive droite du grand fleuve. 3. Charles gardait lesbasins de l'Escaut, de la Seine, de la Loire, de la Garonne.

    Ce trait sparait dfinitivement la Germanie (l'Allemagne) de la France et vouaitLotharingie leurs convoitises et au dmembrement. De plus, les nouvelles invasionscontinurent ruiner l'autorit royale. Les expditions des Hungrois, des Arabes etl'invasion des Normands qui s'installrent, finirent par crer un climat d'inscuritpermanente. Cette situation acclra la dcomposition de l'autorit au profit des pouvoirslocaux.- En 987, le dernier carolingien perdit le trne et le duc de l'le de France , HuguesCapet, fonda une nouvelle dynastie, cette fois-ci, fodale.

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    La socit campagnarde tait forme de paysans et de grands propritairesfonciers, dont les terres augmentaient des dotations que ceux-ci recevaient de leur roi, enchange de leurs services. Le roi avait des fidles dont il levait lui-mme, les fils lacour. Ainsi naquit la vassalit sanctionne au VIIIme par la crmonie de l'hommage: levassal, genoux, plaait ses mains dans celles de son suzerain et lui prtait un serment de

    fidlit; en change, il recevait: la protection du seigneur et une terre qui s'appelait le fief.Mais avec le temps, la dfense offerte par l'arme du seigneur ne pouvait plus resterimportante.

    La religion: l'glise protge tout d'abord par le trne, tait devenue unasile de moralit et de culture. Saint Boniface reforma l'glise qui devint pastorale etmonastique. Les vques redevinrent des chefs spirituels et des ducateurs dans les colespiscopales.

    La vie intellectuelle:Sous Charlemagne on btit de nombreuses coles piscopales et abbatiales qui

    rpandirent un programme d'enseignement mthodique en Latin. L'enseignement sefaisait en 2 cycles:

    - un I

    er

    cycle le trivium, visait la grammaire, la rhtorique, l'art du raisonnement;- le IIme le quadrivium, traitait de thmes comme: l'arithmtique, de la musique, del'astronomie et de la gomtrie. La langue des coles tait le Latin classique qui taitconsacre comme langue des savants, spare de la langue populaire qui volua vers leRoman. Le IXme sicle produisit: quelques crivains latins -auteurs de posie religieuse,quelques thologiens et quelques historiens.

    La vie artistiqueL'art romain tait depuis longtemps puis lorsque se produisirent les grandes

    invasions du Vme sicle, et ses monuments eurent beaucoup souffrir, cependant que latechnique artistique disparaissait. L'architecture et la sculpture connurent, la fin duVIIme sicle un renouveau, dont il reste d'ailleurs, peu de traces, car toutes les glisesmrovingiennes furent plus tard, dmolies pour tre remplaces par des difices romansou gothiques. Un art nouveau apparut la fin du VIIIme sicle: l'ornementation des livressacrs par des enluminures et des reliures d'ivoire. En mme temps, la musiqueoccidentale fait son apparition, elle aussi sous l'Egide de l'Eglise. On sait qu'il existait,sans qu'on en ait gard la moindre trace, une musique gauloise, puis des chantsliturgiques gallo-francs.La vie quotidienne: - les activits intellectuelles et artistiques restrent l'apanage d'unepetite minorit; - pour les autres, la vie des tous les jours est limite au travail et laguerre dans une atmosphre d'inscurit et de violence; - ceux-ci, viennent s'agiter lafamine et les pidmies, la torture, la barbarie des peines judiciaires, font du VIIme siclele plus aride et le plus barbare de l'histoire de la France. Il faut quand mme dire quel'Empire de Charlemagne reprsenta un reflux de la violence.

    2. L'APOGE DU MOYEN GE

    Les Evnments la fin du Xme sicle, la France tait un mosaque d'tats fodaux, tels: le comt

    de Flandre, le comt de Champagne, le duch de Bourgogne, le duch de Normandie. LesCaptiens d'Hugues Capet (987) Philippe IV le Bel (1314), eurent la chance de disposer

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    des territoires autour de Paris et de rgner de pre en fils pendant 3 sicles. Par unepolitique matrimoniale avise, ils rlargirent leur autorit.

    l'aube du XIIme sicle, la monarchie captienne commena une grandeexpansion avec Louis VI le Gros qui rduisit l'obissance les vassaux de son domaine etqui proclama le droit royal d'assurer la paix et la justice dans tout le royaume.

    Cependant, sous Louis VII, il y eut un regroupement d'tats fodaux.- La fodalit franaise trs dynamique se lana dans des grandes entreprises guerrireso la mystique chrtienne se mlait la soif d'aventure et de conqute.- Les Normands se rendirent matres de l'Italie mridionale byzantine et de la Sicile.- La chevalerie franaise s'allia avec les royaumes chrtiens du Nord de l'Espagne contreCordoue pour assurer la puissance des royaumes de Castille et d'Aragon.- Ces expditions d'Espagne avaient pris le caractre d'une guerre sainte et la papautinitia l'lan gnral pour la croisade destine librer la Terre Sainte.- Cette croisade fut prche par le Pape Urbain II en 1095 Clermont en Auvergne. Unecroisade populaire se fit massacrer en traversant l'Europe en Asie Minore. Mais lacroisade des chevaliers sous le commandement de Godefroi de Bouillon russit prendre

    Jrusalem en 1099 et fonda le royaume chrtien de Jrusalem et 3 autres principautsdans le Levant. Les croisades entranrent un perptuel "va-et-vient" entre l'Occident etl'Orient et la fois un enrichissement matriel et des progrs intellectuels remarquables.

    Le rgne de Philippe IV le Bel (1285-1314)Marqua l'apoge de la monarchie mdivale. Il russit restaurer l'ide du

    pouvoir abstrait de l'tat. La monarchie devient la manifestation d'une volont communedes sujets du roi au-dessous des cadres fodaux. Les faits marquants de son rgne sont:- de nouveaux agrandissements du royaume (La Province du Champagne et une partie dela Flandre);- autonomie de l'Eglise franaise devant la papaut;- confiscations des biens des Templiers (ordre monastique et militaire dont le rle avaitt grand en Terre Sainte) et qui taient devenus les banquiers du roi.

    conomie et socit partir du Xme sicle et jusqu' la fin du XIIIme s., la France a connu une

    expansion conomique continue: - l'agriculture augmente par des dfrichements de terreet par de nouvelles cultures;- il s'installe une vritable rvolution technique et une pousse dmographique continue;- les rendements agricoles s'amliorent, le commerce renat lui aussi et les industriesartisanales s'panouissent, les routes se multiplient et on btit des ponts; - on met en placedes marchs et des foires.

    l'poque, la socit tait trs nettement divise en classes, en "ordres" ou"tats". On y retrouve3 fonctions de la socit: 1. la fonction religieuse; 2 la fonction militaire; 3. la fonctionconomique.

    Le clerg s'accorde avec la noblesse imposer au peuple l'obissance et lerespect de l'hirarchie. La noblesse se composait notamment de chevaliers; la qualit dechevalier, qui tait hrditaire, tait reue au sortir de l'adolescence, par une crmonie aucours de laquelle, aprs avoir fait preuves de son talent militaire, le jeune chevalierrecevait ses armes. Cette crmonie s'appelait "l'adoubement du fils". Les nobles aimaient

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    par-dessus tous les exercices physiques, la chasse, le tournoies et ils pratiquaient unerigoureuse morale de l'honneur.

    Le service vassalique comportait l'aide et le conseil. L'aide consistait enassistance militaire au suzerain pendant 40 jours/an et en dons d'argent dans 4 cas prvus :- l'adoubement du fils; - la dot de la fille; - le paiement d'une ranon; - le dpart pour une

    croisade. Le conseil tait la prsence la Court du suzerain, soit l'occasion d'une gravedcision prendre, soit pour rendre la justice.Les paysans taient eux aussi stratifis: il y avait une certain nombre de

    propritaires libres qui chappaient thoriquement au systme fodal, mais qui, en ralit,tombaient sous la dpendance conomique du seigneur.

    La bourgeoisie apparat partir du XIme sicle. C'est la nouvelle classe d'artisanset de commerants qui finit par s'affranchir de la tutelle fodale. Ils s'organisent dans desassociations lies par serment qui prirent le nom de "communes". Certaines de ces"communes" devinrent mme des seigneuries collectives disposant d'une force arme, dela milice, de leurs propres finances et d'administration.

    l'intrieur de cette classe bourgeoise, apparurent bientt des diffrenciations

    opposant les pauvres et les riches, les riches essayant de monopoliser les pouvoirs decommandement et de former une oligarchie urbaine. Entre les possdants et lestravailleurs, se cra un abme grandissant. Clercs, nobles, bourgeois et les paysans, touten se diffrenciant en classes, restent unis l'intrieur de chacune en communauts. Leclerg anime la vie religieuse trs active. Le chteau (le seigneur) tait le centre de lasocit seigneuriale (o taient levs les fils des vassaux) servie par de nombreuxdomestiques, divertie par les troubadours, les mnestrels. En ville, les corporationsorganisaient le travail et favorisaient le patriotisme urbain en mettant les habitants sous lepatronage de Notre-Dame ou d'un saint. Le paysans se groupaient eux aussi encommunauts de village qui administraient les terrains de pturage et d'exploitationforestire.

    La vie religieuseL'Eglise montra ce-temps l un remarquable dynamisme la fois spirituel,

    intellectuel et artistique. En 910, on fonda l'ordre clunisien (Cluny), selon la rglebndictine, rattache directement l'autorit du Pape qui interdisait l'intervention deslacs dans la vie religieuse. Il y eut la rforme entreprise par le Pape Grgoire VII qui fitque les monastres et le clerg revinrent une certaine austrit et ferveur spirituelle. Laconception clunisienne de la vie monacale juge trop aristocratique, fut plus tard dpasspar de nouveaux ordres.

    L'une des principales hrsies qu'apparurent au XIIme sicle fut le catharisme,qui se dveloppa dans le Sud de la France; son trait caractristique tait l'absence deprtres. Une petite lite de "parfaits" assumait la puret vanglique et transmettait auxfidles le message du Nouveau Testament. la mme poque, Pierre Valdo et sesdisciples prchaient l'absolue pauvret. La raction de l'glise, mene par le PapeInnocent III, fut violente. L'hrsie de Pierre Valdo fut extirpe par la force et en 1208 futdclenche la croisade contre les Albigeois, nom sur lequel on dsignait les cathares duLanguedoe.

    La papaut favorisa ensuite l'action de 2 nouveaux ordres religieux : lesDominicains et les Franciscains. Cependant, la fin du XIIIme s. fit apparatre un certainesprit anticlrical et un progrs de l'esprit laque.

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    La vie intellectuelleL'panouissement de la vie intellectuelle aux XI me et XIIme sicles et la belle

    floraison du XIIIme s., en France sont dus 3 causes principales : 1. l'intrt d'une partiedu clerg pour la spculation intellectuelle; 2. l'adoucissement des murs chevaleresques,qui laissait des loisirs pour le divertissement et 3. le progrs des villes; ceci se manifesta

    d'abord dans le progrs des tudes:- Les coles se multiplient et certaines deviennent clbres, surtout celles de Paris, quieurent partir du XIIme s., la meilleure rputation d'Europe;- Au XIIIme s., certaines de ces coles s'organisrent en associations de matres etd'tudiants.- Les universits possdaient dj l'autonomie administrative.- Les premires universits furent celles de Paris et de Toulouse, elles taient divises en:facults des arts, thologie, droit et de mdecine; - Les tudiants lisaient leur recteur.- Le latin, qui tait la langue du clerg, avait retrouv sa puret classique, la littraturelatine y tait commente, admire et imite.- Toute une pliade d'hommes d'Eglise se consacre aux lettres la thologie et la

    philosophie. On met en place une nouvelle logique base sur l'exercice du raisonnement.On essaya de concilier la raison et la rvlation chrtienne, ce qui fit le propre de l'effortintellectuel du Moyen ge.-Pierre Ablardfut le grand matre de la thologie rationaliste;- Un tournant dcisif prpar et opr l'universit, de Paris fut celui de Thomasd'Aquin grand matre de la scolastique.- En mme temps, d'abord sous l'inspiration chevaleresque, puis sous l'inspiration del'esprit naissait la littrature en langue profane;- 2 des dialectes issus du roman, parvinrent au 12eme au rang de langues littraires: - lalangue d'oc, parle dans le Midi et le dialecte d'Ile de France qui prit alors sonextension pour des raisons politiques.

    Dans le Midi de la France, on parvint un grand raffinement d'esprit o la femmejouait un rle d'inspiratrice lyrique. Les troubadours chantaient l'amour, rendaient unvritable culte femme et se tournaient peu peu, vers l'expression d'une hautespiritualit chrtienne.

    Dans le Nord du pays, la guerre idalise, devint sujet de prdilection pour lanoblesse; ctait le moment des chansons de geste, dont la premire (la Chanson deRoland), exalte artistiquement le vertu chevaleresque et la fidlit.

    Dans la IInde moiti du XIImes., l'esprit courtois" ("Le roman courtois"))reprsente cette nouvelle littrature aristocratique, qui mlait l'amour et le merveilleux,autour des aventures da la Table Ronde, de Tristan et Iseut et du Graal, et dont le meilleurconteur fut Chrtien de Troyes. Au XIIImes., s'introduisit dans la littrature, un nouveaucourent littraire inspir par l'esprit bourgeois.

    En posie, un lyrisme plus proche des ralits de la vie, surtout satirique, nourritles oeuvres deRutebeuf. L'esprit bourgeois donne la prfrence la prose avec des rcitsreligieux tels "Les Miracles de la Vierge" et les fabliaux malicieux. Le Roman de Renartcrit depuis 1174 et jusqu'au IVmes., est lui aussi satirique. La littrature culmina parLeRoman de la Rose, dont la Ire partie, crite par Guillaume de Lorris, enseigne un artd'aimer la manire courtoise, et la IInde, par Jean de Meung, glorifie par contre, la nature

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    et la raison. On crit les premires chroniques sur les croisades et le thtre mlange lesacr et le profane en langue profane.

    La vie artistiqueLes progrs intellectuels manifests pendant ces 3 sicles, ont donn un clat

    encore plus grand aux arts. Ceux-ci, d'abord l'architecture, bnficirent de conditions

    particulirement favorables:- la renaissance des mtiers ranima les ateliers artistiques;- le progrs des connaissances mathmatiques servit les architectes; - le renouveaureligieux.

    Ce qui provoqua un extraordinaire mouvement de constructions d'glises, decathdrales et de monastres. Le XImes. fut l'poque de gestation de l'architecture romanedont l'innovation capitale fut la vote en pierre couvrant tout l'difice. Entre la fin duXImes. et le dbut du XIImes., s'panouit l'art romane avec une diversit et d'inventionsadmirables, dans la disposition extrieure des volumes et dans la dcoration.

    En sculpture il se manifesta un style fortement expressif et fortement dcoratifsous l'influence gallo romaine et de l'art byzantin. Elle est lie troitement aux

    monuments; bien que la plus part des fresques aient disparu, on sait que les mursintrieurs des glises romanes taient peints dans un style simple, mais savant, employantpeu des couleurs; ces scnes traitent des images de l'Apocalypse ou de la Gense.

    L'architecture gothique apparut au dbut du XIImes. et s'impose dabord dans lamoiti Nord de la France; elle exprime par tous ses lments une spiritualit nouvelle. Sile XIImes fut l'poque des recherches en Normandie et l'le de France, partir de laseconde moiti du sicle, on a les premiers chefs duvre: La Basilique de Saint-Denis,cathdrales de Sacre Cur de Noyon.

    Le XIIImes fut un sicle des ralisations les plus parfaites; la russite rside dansl'union de l'harmonie et du dfit: harmonie du plan, dfit de la verticalit, avec des votesmontant dans la cathdrale de Beauvais jusqu' 48 mtres, avec des piliers flanqus descolonnettes, s'levant du sol la vote; dfi de la lgret avec les grandes fentres vitraux et les murs rduits une ossature de pierre. Parmi les monuments les plusadmirables du XIIImes. s'imposent les 4 grandes cathdrales: la cathdrale de Chartres,de Riens, dAmiens, de Beauvais. A Paris, l'exemple le plus loquent est la Saint-Chapelle du Palais de Paris.

    cette architecture moderne, corresponde une sculpture nouvelle qui abandonnel'intrieur vid des monuments pour s'ordonner sur les faades Vest, Nord, Sud. Le stylede la sculpture est calme, raliste et humain. La figure humaine individualise estrespecte dans ses caractres physiques et psychologiques. Mais ce ralisme s'allieparfaitement au souffle potique et religieux. Le monde spirituel, moral et matriels'ordonne autour de la figure centrale du Christ accompagn par la Vierge, les aptres, lesprophtes ainsi que par des figures symboliques: Vices et Vertus, Vierges folles etVierges sages, calendriers, travaux des mois, arts libraux.

    La peinture disparat peu peu des glises gothiques; elle est remplace par desvitraux qui compltent l'enseignement iconographique de la sculpture, en apportant laspiritualit du monument religieux, la puissance de la couleur et de la lumire associe etcontribuant au mouvement d'lvation de l'me, ce qui caractrise l'art gothique. Lamusique: l'apoge du Moyen Age transforme essentiellement l'art musical, en dcouvrantla polyphonie. partir de la seconde moiti du XIImes. et jusqu' la fin du XIIImes, on

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    dveloppa l'orque, 3/4 lignes mlodiques sont possibles dans une musique austre etmotionnante.

    Vie quotidienne et sensibilitBien que des progrs techniques fussent possibles, l'essentiel des travaux repose dans les travaux

    manuels et pour le peuple, la vie quotidienne reste dure, pnible. Les matires sont essentiellement: le bois,la pierre et trop peu le fer. Techniquement et socialement, la France mdivale mne une vie menace par

    la famine, les pidmies et les maladies nerveuses. La mortalit, surtout infantile, reste terrible. l'inscurit matrielle, rpond l'inquitude morale laquelle seule la religion apporte l'apaisement le calme.

    Une premire forme de sensibilit apparat dans le besoin de tout ce qui peut rassurer dans l'espritcommunautaire. L'homme mdival appartient fondamentalement un group, gouvern par un ensemble desoumission et de solidarit: groupe familial, seigneurie (corporations, confrries).

    Ce qui rassure galement, c'est l'autorit du pass qui, venant de la thologie, pse sur toute la viemorale. Le miracle, joue un rle important, car tout ce qui touche une opration magique, met encommunication avec le monde du surnaturel. Ce qui vient cependant dfendre l'homme contre l'angoisse,c'est la joie et l'inspiration la beaut, le got de la couleur et surtout l'amour de la lumire, l'harmonie et lascurit souriante des statues gothiques, l'exaltation de la vertu et de l'amour dans la littrature pique etcourtoise, en sont les tmoins vidents.

    Les livres, assez rares et coteux, donnent l'homme une nouvelle confiance dans la connaissancerationnelle de la nature et de lui-mme. On peut conclure que de la I ere Croisade, aux premiers malheurs de

    la Guerre de Cent Ans, s'est constitu progressivement dans la sensibilit franaise, un quilibre entre uneinscurit fondamentale et des progrs matriels certains dus la raison.

    3. LE DCLIN DU MOYEN GE(XIVme - XVme sicle)

    Les Evnements: les successeurs de Philippe le Bel ne laissaient pas d'hritiersmles, ce futPhilippe VI de Valois, qui monta au trne en 1228. 12 ans plus tard, le vieuxconflit entre la France et l'Angleterre dgnra en la terrible Guerre de 1oo ans (1340-1453):

    La I

    re

    phase de la Guerre (1340-1360) fut catastrophique; l'arme anglaisedtruisit la flotte franaise et battit la chevalerie franaise Crcy et elle prit Calais. Une2nde expdition anglaise, crasa Poitiers, le roi Jean II le Bon; il y eut une grande crisede la monarchie. La bourgeoisie, mene par le prvt (maire) des marchands de Paris-Etienne Marcel, voulut transformer la France en une fdration des communes etimposer sa force en soulevant la population de Paris. La Jacquerie rpondit l'meuteparisienne, mais le rgent, chapp de Paris, fut soutenu par les Etats gnraux, EtienneMarcel fut assassin et la noblesse humilie rprima la Jacquerie. En change de larenonciation d'Edouard III la couronne de France, la France du cder les rgents deGascogne (Poitou et Calais). La IIme phase dirige avec prudence parCharles V, amenala retraite totale des Anglais des territoiresfranais.

    Une nouvelle crise, marqua le rgne de Charles VI (1380-1422). Sa minorit etpuis sa folie, laissrent le pouvoir ses oncles; l'un de ses oncles, Philippe, duc deBourgogne, constitua en France un tat puissant et riche. Son fils, Jean sans Peur,s'opposa au duc d'Orlans, s'allia aux forces populaires pour rgner sur le Paris ets'entendit avec l'Angleterre. La Guerre anglaise, qui reprit en 1414, prit le caractre de laGuerre Civile, et fit possible la victoire de Henry V Azincourt. Par le trait de Troyes(1420), le dauphin Charles tait priv de son droit de succession et les 2 royaumesdevaient tre runis sous la couronne de fils d'Henry et de Catherine de France, fille de

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    Charles VI. Aprs la mort de Charles VI, la France se divisa entre les partisans du petitHenry VI couronn roi de France et d'Angleterre. Le roi Charles VII, s'tait rfugi ausud de la Loire.

    Jeanne d'ArcLe salut pour la France vient non pas de la noblesse, mais du peuple, par la figure

    de Jeanne d'Arc, fille de paysan; elle est accepte mystrieusement par Charles VII; elle,dlivra Orlans, ville assige par les Anglais, fit sacrer son roi en 1429 Reims. Maisabandonne, elle choua Paris et fut prise en 1431 Compigne. Son procs Rouen,men par un tribunal religieux, au service des occupants anglais qui voulaient dtruireson prestige et sa mort sur le bcher comme sorcire, ne firent qu'agrandir l'opinionpopulaire et nationale au profit de Charles VII. Celui-ci, fit la paix avec Philippe le Bonpar le trait d'Arras (1435). Essayant de runir le royaume, Charles VII repoussadfinitivement les Anglais qui ne gardrent que Calais.(1453)

    La France sortait politiquement transforme de cette guerre; territorialement, elleavait rcupr tous ses cts occidentaux. Charles VII modernisa profondment leroyaume:

    - il lui donna une administration financire; - il cra des Parlements Poitiers, Toulouseet Bordeaux;- il cra une arme permanente dote d'artillerie. Sur les ruines de la fodalitdconsidre par ses dfaites militaires, la centralisation monarchique se constituait.Louis XIaccentua encore l'absolutisme royal et s'empara du duch de Bourgogne aprsla victoire surCharles le Tmraire.

    conomie et socit cause de la Guerre de Cent ans, il y eut une stagnation conomique; La Peste

    Noire, les ravages des armes d'invasion, aboutirent une sensible rgressiondmographique qui marqua une dpression conomique et une dprciation de lamonnaie. Ceci entrana une modification profonde du systme fodal. Les propritairesvirent diminuer leurs revenus par la rarfaction de la main-duvre et leur relchementdes liens de dpendance des paysans envers leurs seigneurs.

    La ruine de beaucoup de seigneurs profita aux paysans riches et surtout aux bourgeois quidevinrent propritaires de terre. L'industrie en fut moins affecte. On vit se dvelopper les industriestextiles de Champagne et de Normandie ou l'industrie des colorants dans le Midi.

    Cependant, sous Charles VII et sous Louis XI, la monnaie fut stabilise. Les marchs et les foiresacquirent un clat particulier et la production nationale fut favorise dans les mines, dans le tissage de lasoie. L'exportation entrana le dveloppement des ports de Bordeaux et de Marseille. la mort du roi LouisXI, l'conomie mdivale commence cder la place au capitalisme naissant.

    La socit fut marque pardes troubles trs graves:- dans les campagnes, les troubles sociaux prirent la forme d'explosions violentes, telles:la Jacquerie, vite rprime par la noblesse.- dans les villes, la lutte fut plus organise et prit un aspect politique: la grandebourgeoisie d'tienne et Marcel contre les conseillers du roi au XIV mes.; la petitebourgeoisie et le peuple des mtiers contre l'aristocratie; la haute bourgeoisie soutenaitles Armagnacs au XVme s. La socit garde donc, ces cadres traditionnels, elle esttoujours divise en "ordres": clerg, noblesse et tiers tat.

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    La vie religieuseIl faut dire que la religion prend au XIV me et au XVmes un caractre plus exalt,

    plus dmonstratif et aussi plus tragique:- elle se traduit par une multitude de pratiques extrieures et de manifestations religieusesspciales.

    - la liturgie s'allonge et se complique et les ordres monastiques se multiplient.Mais vers la fin de cette priode, la religion finit par se banaliser, d'abord par lemlange du sacr et du profane et parla dgradation des murs du clerg. L'incrdulitse montre pour la Ire fois, visage dcouvert. On vnre surtout La Vierge et les saints;la dsarroi de la religion fut aliment aussi par une crise de la hirarchie au centre duclerg.

    La vie intellectuelleLes XIVme et le XVme s sont marqus par un progrs surtout quantitatif des

    tudes: Le nombre des universits et le nombre d'tudiants augmentent dans les villesAix-en-Provence, Nantes, Poitiers, Bordeaux, Besanon. La Sorbonne et les autres"collges" comptent 5.000 tudiants.

    Le prestige universitaire perd, cependant, peu peu, parce que la pense vivanteexcde le monde universitaire. Au XVme s. le thomisme (Thomas d'Acquint) dcline,cdant la place la philosophie de l'Anglais -Guillaume d'Occam. Les occamistesouvrirent des voies diffrentes l'exprience mystique et au travail scientifique. Lapremire cherche la prsence divine par l'ascse et la seconde, permit des progrs surtoutdans les sciences physiques et naturelles.- On crit en Franais des traits de Droit, de Mdecine et d'Agriculture.- Dans l'historiographie, il faut citerJoinville avec sa belle "Histoire de Saint Louis" etFroissantavec ses "Chroniques".- En littrature, la vieille tradition pique se perptue en ranimant des Chansons degestes et des romans courtois. La littrature bourgeoise avec sa veine satirique, s'exprimedans des contes tels: "Le Petit Jehan de Saintr", d'Antoine de la Sale et par "QuinzeJoies de Mariage".

    Le thtre est monopolis par les mystres qui sont d'normes spectaclesorganiss par des confrries, durant plusieurs jours et frappant par le nr des personnageset la varit des tableaux. Certaines confrries reprsentent des moralits satiriques et desfarces telles:Farces du Cuvieret de MatrePathelin.

    Le XIVme s. est une poque de haute posie. On cultive surtout le pome forme fixe (rondeau,ballade), trs musical et trs rythm. Reprsentants:Eustache Deschamps, qui relie l'inspiration courtoiseau lyrisme bourgeois; tout comme un autre grand pote Guillaume de Machaut; il cultive comme thmed'amour, les malheurs du temps et de la mort en des rondeaux et des ballades.

    Au XVme s., Christine de Pisan, chante l'amour et la solitude et dfend la causedes femmes. Le plus gracieux des potes courtois est Charles d'Orlans, exil en

    Angleterre, qui chante l'exil mlancolique, l'amour tendre et raffin. Le plus grand potede cette priode est Franois Villon, qui domine la posie du Moyen ge par son gnieverbal et par la sincrit pathtique. Il chante le bien et le mal, le destin, l'amour et lamort; on le considre comme tant le Ier pote moderne.

    La vie artistiqueAprs le Classicisme du XIIIme s., l'architecture gothique volue vers la virtuosit

    et la richesse du dcor. - Le XIVme s. voit s'affirmer le gothique rayonnant assez abstrait,

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    avec ses grandes verticales et sa gomtrie fortement centre (la cathdrale deStrasbourg, de Metz).

    - Le XVme s. est celui du gothique flamboyant o se multiplient les lignesdcoratives en courbes et contre-courbes, en forme de flammes, les nervures des votes,l'ornementation sculpte.

    L'architecture civile abandonne peu peu les proccupation de dfense au profitde celles du confort. Les grosses tours des chteaux substitueront jusqu'en pleineRenaissance, ayant plutt un rle dcoratif. La sculpture se dtache de l'architecture etconquiert son autonomie. Elle reste en grande partie, d'inspiration religieuse. Lessculpteurs cessent d'tre anonymes. C'est en Bourgogne que se dveloppa le plusprestigieux centre de sculpture.

    La peinture, franchit-elle aussi, une tape capitale de son histoire; au XIVme s.,la peinture murale, carte des glises par le vitrail, se rfugia dans les chteaux (le Palaisdes papes d'Avignon). Mais c'est surtout cette poque qu'apparat le tableau de chevalet.C'est Paris, sous l'influence des matres italiens que nat en France ce nouvel objet deluxe image de pit ou autel portatif peint sur bois et sur fond d'or. On trouve dans cette

    cole parisienne un esprit mondain de luxe et de grce fminine, de vrit psychologiqueaussi.Le XVme s. est un des grands moments de l'art franais. La peinture murale achve son histoire

    avec un thme caractristique de l'poque: les Danses Macabres, dont la plus pathtique est celle de laChaise-Dieu. Sous la double influence italienne et flamande, le tableau de chevalet prend un remarquableessor. La tapisserie devint la dcoration principale des glises et des chteaux. Elle naquit Aubusson etdes ateliers de tapisserie se dvelopprent Paris, Aras et Tours.En musique, au XIVme et au XVmes, on atteint les plus hauts sommets de polyphonie vocale.

    Vie quotidienne et sensibilitLa 2nde moiti du XVme s. a t riche en ralisations techniques, aussi bien dans le

    domaine de l'invention que dans celui de l'application quotidienne. On connut des progrsdans le domaine de la mobilit humaine: - percement de routes alpines, - premires

    voitures; - on a dcouvert la boussole.Dans l'industrie: - les premiers rouets pdales; - les premires horloges et montres;- les premiers hauts fourneaux pour la fonte; - on dveloppa aussi les

    armes de feu.La plus grande nouveaut de l'poque reste l'imprimerie qui se rpandit en France,surtout Paris et Lyon. Les villes augmentent et Paris devient la IIme ville d'Europeaprs Constantinople.

    La diffrence entre les riches et les pauvres se marque surtout dans les vtementsqui distinguent les gens de qualit. Le dclin du Moyen ge est marqu par une motivitintense, porte aux extrmes de l'aspiration la joie et la beaut la plus raffine, comme ceux de la cruaut et du dsespoir le plus morbide. Le XVme s. est domin par laterrible obsession de la mort et de la vanit de toute beaut comme de toute gloirehumaine.

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    III. LE XVIme SICLELA RENAISSANCE

    vocation des vnements:Le passage du Moyen ge, la priode dite des Temps Modernes, a t lent. Les

    vnements que les historiens ont choisi pour marquer l'aube de la Renaissance, ont t:- la prise de Constantinople par les Turcs (1453);- le voyage de Christophe Colomb en Amrique (1492).

    On a vu que la fin du rgne de Charles VII et celui de Louis XI ont dj des caractrespolitiques modernes et inversement, une grande partie du XVIme s. resta par certains deses aspects, profondment mdivale.

    L'ABSOLUTISME ROYAL

    Les rgnes de Charles VIII(1483-1498), Louis XII (1498-1515), de Franois Ier (1515-1547) et de Henri II (1547-1559), sont marques par un progrs constant de l'absolutisme

    royal. Le Roi dtient, sans partage, tous les pouvoirs qu'il fait exercer par ses officiers:- son Conseil troit (compos d'intimes); - son Conseil ordinaire et son Chancelier pourl'administration;- son Grand Conseil pour la Justice suprme; - ses Chambres des Comptes;- ses trsoriers; - ses gnraux de Finances;- ses Parlements; - ses gouverneurs militaires.

    Le mariage de Charles VIII, puis de son cousin et successeurLouis XII, avec laduchesse Anne de Bretagne amnent le rattachement de cette province, longtempsindpendante au royaume.

    En 1523, Franois Ier annexe les domaines du duc de Bourbon. Cependant,certains freins limitent cet absolutisme et la vie provinciale garde en ralit une certaine

    autonomie.Charles VII qui rvait de croisade et de gloire, descendit en Italie entre 1494-

    1495, pour s'assurer la couronne de Naples. Mais son expdition se heurta aux calculs dupape et Charles VII dut se retourner en France. Son cousin, Louis XII, tenta de nouveaul'aventure, cette fois pour Milan; mais lui aussi se heurta du pape Jules II et auxEspagnoles, qui devinrent matres de Naples.

    Aprs sa mort (1515), son cousin Claude Franois Ier, passa son tour, les Alpes etla victoire du Marignan sur les Suisses (1515), se traduisit par la Paix Perptuelle avec lesSuisse et le concordat de 1516 avec le pape Lon X. C'est alors que l'imprialismefranais rencontra l'imprialisme des Habsbourgs, en la personne de Charles Quint,devenu hritier des possessions d'Autriche, des Pays-Bas, de l'Espagne et de nouvelles

    colonies amricaines. l'lection impriale de 1519, Charles Quintl'emporta sur Franois Ier. Vaincu et

    fait prisonnier Pavie (1525), Franois Ier dut perdre la Bourgogne par le trait de Madrid,mais il ne respecta pas le trait et il s'allia avec les princes protestants allemands et ausultan turc Soliman, contre Charles Quint. Son fils continua cette lutte et reprit 3 chvslorrains (Metz, Toulet et Verdun).

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    Les guerres de religionLa IIme partie du sicle est marque par le fait que la France se replit sur ses

    frontires moins menaces, et par une grave crise religieuse et politique: les guerres dereligion. Celles-ci sont nes des incertitudes de la politique royale vis--vis de laRforme. D'abord tolrant, Franois Ier se tourna contre la Rforme en 1535. Mais la

    guerre l'empcha d'arrter le progrs du parti protestant qui eut sa tte de grandesfamilles nobles.Une lutte d'influence entre ces familles et la noblesse catholique, se dveloppa

    sous Franois II qui ne rgna qu'un an, puis sous la rgence de sa veuve Catherine deMdicis. La politique d'quilibre que fit celle-ci ne pt empcher l'clat de la guerrecivile.

    SousHenri III, la guerre civile reprit sans que le roi, prit entre les protestants etles ultra-catholiques, pt imposer son autorit. Aprs l'assassinat d'Henri III par unmoine, la couronne revint Henri de Navarre qui se convertit an catholicisme; l'aidedes officires et de la bourgeoisie, Henri IVmit un terme au conflit religieux par l'ditde Nantes (1598) qui restaura l'autorit royale et emmena le rgressement conomique du

    pays, ruin pas 65 ans de guerre trangre et 38 ans guerre civiles.Economie et socit L'avnement du capitalisme

    Le phnomne le plus important c'est l'avnement du capitalisme. L'essor ducapitalisme caractrise pleinement le XVIme sicle: C'est l'extension du grand commerce le dveloppement des dpenses de luxe la

    cour, dans la noblesse et dans la haute bourgeoisie urbaine. On fait du commerce europen, mais aussi du commerce asiatique pour les parfums,

    le coton, la soi, les pierres prcieuses. La route maritime de l'Inde et la dcouverture de l'Amrique firent que les marchands

    franais arrivent Lisbonne et Sville pour vendre leurs produits et acheter ceux

    d'Asie et d'Amrique. La ville de Lyon faisait la liaison avec l'Italie et devint la place financire la plus

    active de l'Europe. L'afflux de l'or et de l'argent d'Amrique entrana une hausse constante des prix.

    Au capitalisme financier et commercial s'ajoute le capitalisme industriel: Dans lesvilles, les rglements des corporations limitaient la production. Les entrepreneurscapitalistes fournirent les matires premires et l'outillage des travailleurs salaris despetites villes et de la campagne et vendirent ici, les produits fabriqus. Cependant, lesanciennes corporations se dfendirent dans les villes et renforcrent leur rglementationpour se protger de la concurrence.

    La hausse des prix, fit changer la vie rurale aussi. De nombreux bourgeois

    achetrent des seigneuries en les louant des fermiers; ils en firent des exploitationscapitalistes, en commercialisaient la production, tudiant les marchs et vendant aumeilleur prix.

    Une nouvelle vague dmographique se produisit galement. Mais dans la IIme

    moiti du VIme s., la situation s'empira: crise financire de 1557-1559, due aux dpensesexcessives de l'tat au cours de la lutte contre Philippe II; crise conomique etfinancire, due aux guerres de religion et leurs consquences: - augmentation desimpts, - entraves apportes au commerce et destructions.

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    De cet ensemble de facteurs conomiques nouveaux, la socit franaise sortitmodifie, dans le sens d'une plus grande diversit:- une partie de la noblesse devint pauvre;- la bourgeoisie d'affaires s'enrichit et accda la noblesse;- les matres des corporations se sparrent de la bourgeoisie d'affaires;

    - les ouvriers salaris taient maintenus au bas de l'chelle de la socit urbaine par lapolitique de bas salaires.La vie religieuse

    La RformeLa malaise de la conscience religieuse dj sensible au XV me s., toucha la France

    avant mme la rforme deLuther. Les maux de l'glise taient: - les abus de la fiscalit, -l'ignorance, - les mauvaises murs du bas clerg.

    C'est alors que les oeuvres d'Erasme au dbut du XVImes rpondirent auxaspirations vers une religion pure, faisant confiance en l'homme et sa libert, insistantsur l'amour du Christ et revenant au message profond des vangiles. (loge de la Folie,1511). Cette forme d'humanisme vangliste eut un grand succs en France. Pendant

    quelques annes, aprs 1520, le luthranisme connut une priode d'expansion en France,mais son pessimisme radical sur la nature humaine, l'opposa vite aux rasmiens qui seretrouvrent isols entre les luthriens et les catholiques.

    C'est alors qu'apparut Calvin dontL'Institution Chrtienne (1541), apparut aussi enFranais. Sa Rforme fut plus radicale que celle de Luther, car il rejetait tout ce qui nevenait pas des critures et qui niait la hirarchie ecclsiastique. De plus, il labora unedoctrine de la grce divine, soumettant l'homme la prdestination. la suite, on vits'organiser en France des glises rformes, surtout l'Ouest et au sud du pays ets'adressant surtout une partie de la noblesse et de la bourgeoisie.

    L'glise catholique essayait-elle aussi de se rformer. Ds 1532, Ignace deLoyola fondait Montmartre, la Socit de Jsus et bientt, les collges des PresJsuites, commencrent d'exercer une influence profonde sur la formation des jeunes, desfamilles aises. la fin des guerres de religion, l'dit de Nantes (1598), laissa les chosesdans l'indcision. Le catholicisme tait la religion d'tat, mais les protestantsbnficirent de la libert du culte et la fois des garanties judiciaires et militaires. LaFrance fut alors le seul pays o 2 religions coexistaient officiellement. Le rsultat videntdes luttes religieuses fut l'augmentation du nombre des indiffrents et des athes.

    La vie intellectuelleL'Humanisme

    La Renaissance est essentiellement une pousse de vitalit cratrice, comparable celle manifeste au XIIme s. La diffrence est que cette fois-ci, les novateurs ont eu laconscience et la volont d'innover selon les modles de l'antiquit grco-latine. Lemanifeste de l'humanisme en France est la lettre de Gargantua son fils Pantagruel, criteparRabelais en 1532, qui oppose son poque "au temps encore tnbreux et sentantl'inflicit et calamit des Goths": "Maintenant toutes disciplines sont restitues". Lescritiques de l'humanisme restent faire donc le sens de l'illusion concernant le mpris deMoyen Age et dont la rduction de quelques ans au modle antique.

    On sait que l'Italie du Quattrocento fut le foyer de l'Humanisme, la rsurrection del'Antiquit grco-latine. En France, l'rudition fut l'activit deLefvre d'Etaples qui aprs

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    avoir dit Aristote se consacra aux critures et publia la premire Bible en franais(1530).

    Autre grand humaniste a t Guillaume Bud juriste, historien et hellniste. Si l'une desorientations de cet humanisme menait l'vanglisme, l'autre conduisait la recherche scientifique et la

    philosophie naturaliste inspire de la confiance dans la nature humaine.Si la France n'a pas particip au progrs de mathmatique, elle enregistra des progrs dans la

    mdecine et dans les sciences naturelles. Ambroise Par chirurgien, Bernard Palissy dans la gologie.Mais l'humanisme signifie la recherche d'un idal de l'homme ; le retour aux sources (auteurs grecset latins) tait le mot d'ordre. C'est alors que l'enseignement secondaire prit un essor sans prcdent; c'estalors qu'on a mis en place des facults de Droit, Mdecine, Thologie, auxquelles Franois I er ajouta en1530 le Collge de France, cole o enseignaient de grands humanistes en latin, en grec et en hbreu. Ils'agissait de former l'homme vritable dans son autonomie et son universalit. On exalte les valeurs da lavie et de la connaissance, la beaut et la gloire.

    Dans la pense il y a 2 grands moments:1. Le moment Rabelais qui marque la Ire gnration d'humanistes:Marguerite deNavarre (1492-1549);Clment Marot(1494-1544); Franois Rabelais (1494?-1553).

    Rabelais a t une des grandes figures de la Renaissance franaise, crivain,

    rudit, humaniste et mdecin qui a contribu lancer son poque vers l'aventureintellectuelle. Sous le forme de la littrature plaisante il a utilis 2 armes redoutables: laparodie contre le pass et l'utopie pour l'avenir.- il s'appuie son but sur l'tude des Anciens et surtout sur l'tude de la nature et de lavie;- il attaque avec vhmence l'asctisme religieux qui mutile l'homme, la justice quiopprime et l'avidit de conqute des princes qui dtruit;- il dresse en face de tout a, ses personnages ses gants rieurs et sages et leurscompagnons de leurs corps comme de leur esprit, prophtes de la libert et de laconnaissance, car les "gens libres, bien ns, bien instruits, conversant en compagnieshonntes, ont par nature un instinct et aiguillon qui toujours les pousse des faits

    vertueux et qui les retire de vice."Mais aprs la mort de Rabelais, le nationalisme intellectuel ragissant contre lesexcs d'une culture trop vaste, trop antique et trop italienne, s'affiche avec la "Dfense etillustration de la langue franaise" deJoachim du Bellay.Pierre de Ronsardrestreint sesambitions la glorification de sa patrie, de son roi et de sa religion, mais il se sauve parson ide de la beaut.2. Vient alors M. Montaigne homme du bilan de la mditation sur la condition humaine,esprit comme Rabelais, toujours ouvert. Dans l'histoire des ides, Montaigne reprsenteun moment de la pense d'une extrme fluidit o le doute est instinct intellectuel et non-mthode, o la prudence reste voisine avec la hardiesse.

    Form l'cole des Antiques (Snque, Plutarque) dans ses "Essais" il exprimeles expriences de l'homme, qu'il a observe lui-mme, voyager et voluer parmi lescontradictions de son poque et de ses propres contradictions. Il a reconnu les limites desambitions humaines et tout en les acceptant, il est rest un sceptique. Son scepticisme estd'abord la rsignation ces limites et, en de d'elles, le ferme exercice du bon sens, dujugement qui cherche avec une curiosit inlassable la vrit partout o elle se trouve ensachant bien qu'elle est relative.

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    La vie artistique (L'poque des chteaux)Le dbut du VImes. ne marqua aucune rupture avec le Moyen ge dans la cration

    artistique. Le gothique flamboyant va donner pendant tout le sicle de remarquablesoeuvres. La Renaissance, c'est--dire l'imitation du style italien, ne s'introduit en Franceque dans le dcor et non dans la structure.

    L'architecture civile se laissa plus vite influencer par la Renaissance italienne eton peut observer en France 2 priodes nettes:1. La premire qui harmonise la tradition mdivale aux motifs italiens ;2. Dans la IInde moiti du sicle, une Renaissance purement classique, inspire del'Antiquit.

    la premire appartiennent les Chteaux de la Loire (Amboise, Blois,Chambord, Chenonceaux, Azay-le-Rideau); ils ont gard de la solide architecturemdivale, les tours puissantes et les toits inclins. Mais la dcoration est italienne, avecla multiplication des ouvertures, les galeries en arcades et surtout l'importance toutenouvelle des jardins.

    Franois Ier qui complta Blois et construit Chambord, installa aussi la

    Renaissance prs de Paris: aux Chteaux de Fontainebleau et de Saint-Germain-en-Laye.Il commence le Louvre (architecte Pierre Lescot, sculpteur, Jean Goujon). Mais proprement parler, avec le Louvre et Pierre Lescot, commence la IIme Renaissance, quine gardant du pass que les toits inclins, adopte la symtrie des btiments et l'quilibrestrict des lignes horizontales et verticales. Philippe Delorme est l'architecte des Tuilerieset de l'admirable galerie en forme de pont de chteau de Chenonceaux.

    La sculpture franaise du XVIemes. reste longtemps elle aussi un art de fusion. Sathmatique reprend pour l'essentiel celle du sicle prcdent: tombeaux et Vierges. 3chefs-duvre dominent la sculpture franaise funraire: - le tombeau de Franois II ducde Bretagne et de sa femme, par Michel Colombe; - celui de Louis II et d'Anne deBretagne; - celui de Louis de Poncher, conseiller de roi et de sa femme, par l'atelier deColombe.

    L'italianisme s'impose dans le IIme tiers du sicle. Des artistes italiens sontappels en France pour qu'on retrouve travers de l'Italie le classicisme de l'Antiquitgrecque. Cependant, la sve gothique se manifestait en Lorraine avec Ligier Richier.Cette belle floraison de la sculpture culmine avec Germain Pilon le matre de la "Contre-Reforme" franaise, auteur de 6 admirables statues funraires. Germain Pilon sculpteurprofondment religieux frappe par sa profondeur psychologique et annonce le baroque.

    L'italianisme a influenc surtout la peinture. Dans la France de Franois Ier etHenri II. Les 2 peintres italiens: le Rosso et le Primatice ont fait triompher le manirismequi fut prolong par les peintres franais: Jean Cousin et Antoine Caron. A la mmepoque apparat une cole de portraitistes:Jean et Franois Clouetet Corneille de Lyonutilisent le crayon pour donner des personnages de la Cour des Valois, une galerie pleinede grce.

    En musique, la Renaissance n'a pas connu de rupture avec le Moyen ge. Lapolyphonie vocale continue s'panouir et on ajoute des thmes profanes nouveaux. Versla fin du sicle l'art polyphonique commence s'puiser pour faire place la musique desalon de style prcieux.

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    Vie quotidienne et sensibilitLa vie matrielle continue se modifier par l'emploi croissant des mtaux non

    seulement dans l'outillage industriel, mais dans la vie domestique et guerrire. L'usagegnralis du verre vitre qui remplace le vitrail ou le simple papier translucide.L'imprimerie rend le livre moins cher et rend possible une rvolution de la culture. Le

    renouveau dmographique et conomique de la priode de stabilit, plongent dans lemarasme pendant les guerres de religion. Le monde rural reste ignorant, parce qu'enralit la Renaissance est surtout une priode des dveloppements des villes:- Paris a doubl sa population en un sicle; - les villes de Rouen et de Lyon de mme.- Ces villes se sont agrandies d'un grand nombre de paysans chasss par la guerre et par lamisre.

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    IV. LE XVIIme SICLELe classicisme

    vnementsLe grand sicle; le sicle classique; le sicle de Louis XIV.

    La pacification religieuse obtenue parHenri IV, grce L'Edit de Nantes, fut suivie par un grandtravail de rparation rendu ncessaire par les immenses destructions de la guerre civile. Henri IV renforal'autorit royale et restaura l'conomie. Aprs son assassinat qui survenu en 1610, commena la sries desminorits et rgences qui se soldrent chaque fois par une crise. Au nom de Louis XIII, qui avait 8 ans, en1610, la rgence fut exerce par sa mre Marie du Mdicis qui laissa gouverner sa nourrice. Les tatsgnraux imposrent Richelieu qui devint secrtaire d'tat en 1616. La France tait redevenue une proie

    pour les ambitions de la grande famille noble, elle-mme dchire entre catholiques et protestants.

    Richelieu modle la France

    C'est alors queRichelieu, nomm cardinal, devient en 1624, Premier ministre. Il apromis de renforcer l'autorit royale, de lutter contre le parti huguenot qui en base deL'Edit de Nantes pouvait s'armer et se fortifier. Les protestants s'allirent avec les Anglaiset Richelieu passa l'action contre eux. Leur place principale, La Rochelle, fut priseaprs un an de sige. Les autres places tombrent-elles aussi et L'Edit de Grce d'Als(1629), annula les privilges politiques et maintint les liberts des protestants.

    La lutte contre le danger fodale fut longue et marque par une srie deconspirations auxquelles Richelieu riposta par:- l'interdiction du duel et des excutions;- l'arme passa de 10.000 150.000 hommes;-

    la marine de guerre se fortifia;- Richelieu fonda "La Nouvelle France" du Canada;- colonisa une partie des Antilles et la Guyane;- il institutionnalisa les missions des officiers de justice, police et finances par

    lesquelles la centralisation administrative se mit en place.

    Richelieu mourut en 1642 et Louis XIII, l'anne suivante, laissant un fils de 5 ans.Louis XIII appela aux affaires le cardinal Mazarin, qui sera Premier ministre jusqu' samort (1661), sous la rgence de la reine mre Anne d'Autriche. Aprs la mort deRichelieu, la turbulence fodale prit sa revanche anime par Gaston d'Orlans, lecardinal de Rets et lesfrres Cond

    Le Parlement de Paris rvait lui aussi de jouer un rle. Il y eut une tentative desecouer la tutelle de l'tat par la Fronde (1648-1653). La Fronde avec ses 2 phases: - laFronde parlementaire; - la Fronde des princes. de nouvelles mesures financires, leParlement de Paris rpondit par une tentative d'laborer une rforme de l'tat. Le peuplede Paris qui vivait mal, se souleva et il obligea la Cour quitter Paris. Le Parlementinquiet se soumit en 1643, mais les princes mens par le Grand Cond, dclenchrent unerbellion qui s'entendit aux provinces. Les forces royales remportrent sur les Frondeurs.

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    Louis XIV proclam majeur en 1650 rentra Paris en 1652, Mazarin en 1653. Aprs laFronde, la fodalit tait morte politiquement et la monarchie absolue fut installe pourplus d'un sicle. la mort de Mazarin (1661), Louis XIV, ge de 22 ans, commena sonlong rgne personnel.

    Louis XIV - Roi Soleil

    Le roi appuya son got de l'ordre et du pouvoir, sur l'assurance qu'il tenait de Dieumme. Au service de cet absolutisme de droit divin, il mit une grande clairvoyance dansle choix de ses collaborateurs. Il nomma: - Colbert responsable de finances, del'conomie, de la marine et des beaux-arts;

    -Michel le Telliersecrtaire d'tat la guerre;-Hugues de Lionne, secrtaire d'tat aux Affaires Etrangres.

    Outre ces trois chefs des dpartements, auxquels sajoutait le chancelier qui taitMinistre de la Justice, le roi travaillait avec ses Conseils: - le Conseil des Ministres;

    - le Conseil des Finances;- le Conseil du Commerce.Une autre institution incarna en ralit la politique de Louis XIV: la Cour

    Royale, ainsi que le lieu o elle gravitait autour du Roi-Soleil: Versailles. Centre duGouvernement et cadre de la majest royale, le chteau de Versailles, fut aussi unpuissant moyen de domestiquer la noblesse car tout honneur, toute charge, toute richessemme s'obtenait la Cour. Forme avec les domestiques de plusieurs milliers depersonnes, La Cour comprenait: - la famille royale, - la haute noblesse; - les petitsseigneurs.

    Toutes ces personnes vivaient Versailles selon une tiquette trs complique,formant:

    - la maison militaire et civile du roi;- les services de chambre, d'curie, de chasse, de menus plaisirs.- Il faut y ajouter les illustrations du rgne: Molire, Racine, Boileau; les architectes, lessculpteurs, les peintres et le musicien Lully, ordonnateur des ballets royaux.

    Le pouvoir du roi tait indiscut dans tout le royaume. Celui-ci tait: chefeffectif de l'arme. La justice portait-elle aussi la marque de labsolutisme royal, dont lesymbole tait "la lettre de cachet", permettant sur simple ordre du roi d'emprisonnerquiconque sans jugement. Le Parlement de Paris n'a gard que le droit d'enregistrementdes dits royaux.

    Les droits taient d'une grande diversit. La France reste dpartage en: - pays dedroit crit, au Sud; - de droit coutumieren Nord. La justice gardait un ct formaliste et

    barbare par l'emploi de la torture pendant l'instruction et avant les excutions.L'absolutisme royal se marquait enfin dans l'administration financire. Les financesconstituaient cependant, un point faible du rgime. Les dpenses ne connaissent gure delimites. Celles de la Cour, des constructions et surtout des guerres.

    La politique extrieure fut inspire par2 tendances qui entranrent des guerres:1. Empcher toute union entre les 2 branches des Habsbourgs et donc assurer la France vers le Nord etl'Est des frontires moins vulnrables;

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    2. Assurer le dveloppem commercial et maritime de la France, menac par l'Angleterreet par la Hollande.

    Cette double volont, dont le rsultat tait la prpondrance franaise en Europeet sur les mers, finit par coaliser toutes les puissances contre la France. En 1668, LouisXIV conquit la Flandre mridionale. En 1672, il envahit la Hollande, qui rpliqua par

    l'ouverture des digues et qui obligea Cond reculer. Aprs la victoire finale des Franaiscontre la Hollande, allie l'Espagne et l'Angleterre, LEspagne donna la Francequelques villes au Nord. Trois ans plus tard, Louis XIV annexa Strasbourg 1681. En1689, l'avnement au trne d'Angleterre, de Guillaume d'Orange fit clater une nouvelleguerre de 9 ans mais, les victoires remportes sur la mer et sur la terre, ne firent quepermettre au royaume de garder ses conqutes antrieures.

    Politique intrieure Pendant le rgne de Louis XIV, on favorisa l'apport priv decapitaux, on encouragea l'agriculture, mais les guerres firent que la monnaie subisse desimputations. La production diminua.

    Une certaine partie de la bourgeoisie, les officiers de finances et de justicenotamment, devinrent trs nombreux et formrent une nouvelle classe. De l'autre ct, il

    y avait les financiers, les fabricants et les marchands. Tous les 2 accdrent la noblesse.En revanche, la condition d'ouvriers s'aggrava sensiblement. Les patronsimposrent des bas salaires et agrandirent la journe de travail. Les paysans, les petitspropritaires et fermiers, ils furent crass par: - les impts royaux; - les redevancesfodales; - la dme ecclsiastique; - la baisse des prix agricoles.

    Le sicle vit s'accrotre l'ingalit entre les classes sociales et fut marqu de faonpresque constante par des rvoltes et des meutes de la misre: - insurrections decompagnons Lyon, Paris, Rouen, - rvoltes paysannes, contre lesquelles il fallut parfoisemployer l'arme.

    La vie religieuseLe renouveau catholique: l'antagonisme et la violence qui marqurent la vie politique ontaliment les antagonismes religieux. Les 2 premiers tiers du sicle furent caractriss parune remarquable vitalit de la vie religieuse. Devant la menace de la Rforme, lecatholicisme s'tait replis en s'orientant vers une conqute des mes. Matriellement, cerenouveau se traduisit par une quantit considrable de fondations pieuses; des crationsdes couvents; des constructions d'Eglises.

    Spirituellement, la pense et la sensibilit catholiques manifestrent une grandevigueur grce certaines personnalits. 2 styles opposs se manifestent: l'humanismedvot et le jansnisme. Le Ier, opposa au pessimisme calviniste, un mysticisme faisantconfiance l'homme qui n'a pas d'autre vrit que celle d'aimer Dieu, le monde cr parDieu et l'homme lui-mme, image de Dieu. Cette orientation faisait voir une confiance unpeu complaisante dans l'indulgence divine.

    Le Jansnisme

    C'est alors qu'un augustinisme beaucoup plus rigoureux ragit: le jansnisme.Jansen, l'vque d'Ypres, avait laiss un trait de thologie ("L'Augustinus") qui futpubli aprs sa mort en 1640. Mais sa doctrine avait t reprise et diffuse par l'abb deSaint-Cyran, directeur spirituel du Couvent de Port-Royal. La grande rputation de cette

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    doctrine avait attir prs du couvent de Port-Royal, des philosophes qui se sont nomms"les solitaires de Port-Royal". Parmi ceux-ci: Antoine Arnauld, qui publia en 1643, unouvrage intitul "La frquente Communion". Le succs de ce livre irrita les jsuites.

    Le jansnisme prenait le contre-pied de l'enseignement jsuite sur2 terrains :

    - celui thologique de la grce, laquelle les jsuites n'accordaient qu'une place mesure,alors que les jansnistes la jugeaient suffisante;- celui de la morale qui, pour les derniers, n'admet aucun compromis avec le monde.

    Les jsuites contre-attaqurent et tirrent de "L'Augustinus" 5 propositions (qui enrsumaient l'esprit), qu'ils jugeaient hrtiques et qu'ils firent condamner par la Sorbonneet ensuite par le pape en 1653.

    Une Ire phase de la guerre fit que Pascal crit les "Provinciales", qui furentcondamns en 1660. Les religieuses de Port-Royal, furent disperse et obliges entrerdans les couvents conformistes.

    Une IIme phase, fit raser le couvent de Port-Royal et dtruire le cimetire oreposaient Pascal et Racine. Tous les crits jansnistes furent condamns en 1713, mais

    les jansnistes ntaient pas vaincus et ils eurent loisir au XVII

    me

    sicle de prparer leurrevanche sur les Jsuites.

    Le Quitisme

    Le succs du jansnisme dans une partie importante du clerg et de la bourgeoisieest celui d'un christianisme dur, humiliant l'homme pour le contraindre en la politiquerigoureuse des vertus qui marqua profondment la sensibilit religieuse franaise; mais cepessimisme fondamental ne pouvait sduire certains mes tendres, qui provoqurent unrveil du mysticisme: le quitisme. Cette doctrine recherchait l'union avec Dieu dans unparfait repos et rejetait toute forme de pit s'interposant dans la communication directe

    avec Dieu. Violences contre les protestantes:Le protestantisme franais minoritaire ne participa que peu aux mouvements de

    pense et aux controverses du protestantisme europen; son histoire est celle d'uneagression qui dura plus de 20 ans et qui culmina avec la rvocation de l'dit de Nantes en1685; le rsultat fut une migration massive qui priva les villes de marchands etd'artisans.

    La vie intellectuelle au XVII sicleLe XVIIme s, longtemps considr dans l'unit du roi, de son ordre et de sa

    volont, se rvle l'tude, plein de tensions et de contradictions. Cependant, dans cesdiversits, une tendance fondamentale demeure: un humanisme qui consacra l'analyse,

    l'individu pensant sentant et agissant.L'EnseignementOn largit tout:

    - d'abord, l'emploi du Franais en philosophie, sciences, thologie. Le Franais devientplus soign et plus claire. Descartes qui donna avec son "Discours de la Mthode" ( 1637),le Ier ouvrage philosophique en Franais et surtout B. Pascal; ils sont les artisans de cetlargissement du Franais. On voit donc pour des raisons culturelles et politiques, le

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    Franais devenir non seulement la langue de la diplomatie, mais en partie la langueinternationale de la pense.- l'largissement de la culture aux non-spcialistes, nobles ou bourgeois, l'idal del'honnte homme noble devient un trait caractristique du sicle. L'ducation des princeset des enfants, de la bonne socit, des filles aussi, proccupe les esprits. L'Antiquit,

    reste le modle de cette culture surtout latine. Les rapports avec d'autres pays europenssont cultivs et l'exotisme amuse la socit cultive.

    Le classicisme franaisManifest isolment, dans une Europe baroque, tourmente, est essentiellement

    un effort de raison et de volont d'une lite qui entend se faire une reprsentation del'homme et du monde, majestueuse et dfinitive, laquelle correspond une moraleuniverselle, indiffrente l'histoire. L'action personnelle de Richelieu et de Louis XIVcontribua notablement la mise en lumire du classicisme. L'ordre et la hirarchie desides convenaient l'absolutisme. On les aidera par un contrle rigoureux de l'expressioncrite: limitation du nombre des imprimeurs et censure, destruction des livres menaants,

    amendes et prison pour leurs auteurs, surveillance des spectacles.La presse fit son apparition en 1631, avec "La Gazette de France", deThophraste Renaudotet non seulement contrle, mais inspire par le gouvernementroyal. Le roi fit entrer lui-mme dans le systme des crivains et des penseurs. En 1634fut cre l'Acadmie franaise qui devait servir la gloire du roi et donner la languefranaise une prminence qui devait servir la politique royale. Colbertcra l'Acadmiede Peinture et de Sculpture (1664), l'Acadmie de Architecture (1671), l'Acadmie deMusique (1672) et l'Acadmie (1676)

    Ren Descartes: le fondement philosophique du classicisme est le rationalismecartsien. Humaniste et optimisme, moraliste et pdagogue, R Descartes universalisel'esprit humain par l'observation que le bon sens est possible pour tous et il universaliseles connaissances par une mthode qui s'applique toutes les sciences; ainsi s'affirmentorgueilleusement, une libert de l'homme, matre de sa raison qui lui permet d'accder la certitude. Le point de dpart de sa dmarche est le doute mthodique qui implique laprimaut de l'esprit et de l'vidence. Les 4 principes de sa Mthode, restent la base detoute activit intellectuelle: Le premiertait de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne laconnusse videntement tre telle... Le second de diviser chacune des difficults que j'examinais en autant deparcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requit pour les mieux rsoudre... Le troisimede conduire par ordre mespenses en commerant par les objets les plus simples et plus aiss connatre jusqu' la connaissance des pluscomposes... Et le dernierde faire partout des dnombrements si entiers et des revues si gnrales, que je fusse

    assur de ne rien omettre." En 1649, Descartes publique un "Trait des Passions", qui leconsacre une fois de plus comme un matre de la pense.

    Le courant libertin, mais un autre courant d'ides, contemporain de Descartes,

    tout en se fondant aussi sur la raison, repousse le dogmatisme pour s'en tenir auscepticisme critique de Montaigne: c'est celui de Gassendiet des libertins tels: plus tard,Chapelle et Saint-vremond, Thophile de Viau,La Mothe-Le Vayer. Ils manifestrentune grande curiosit intellectuelle, esprit d'rudition et une libert de pense oppose tout absolu scolastique ou cartsien et ne reconnaissant que l'effet, les faits d'observation.

    La morale: plus que philosophique, le XVIIeme s. a t moraliste, surtout partirde 1660, quand parurent "Les Penses" de Pascal, qui veille le sicle l'angoisseexistentielle, humilie l'homme dans sa raison, et considre que la foi religieuse est le seul

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    salut. Au service de cette dmonstration de la "misre de l'homme sans Dieu" et de la "Grandeur del'homme avec Dieu", il met un instrument extrmement efficace, jouant la fois sur la logiquela plus rigoureuse, l'esprit de gomtrie, et sur la sensibilit la plus libre: l'esprit definesse.

    La vie artistiqueArtistiquement, le sicle reste disput entre le grand courant baroque europen,

    issu de la Contre-Rforme et le classicisme de la cour de Louis XIV.L'architecture classique: Seule, l'architecture a rsist au jaillissement baroque,

    pour se consacrer dans la svrit classique. Dans l'art religieux, elle adopte la formule de laContre Rforme: nef unique, faade 2 ou 3 tages, colonnes et frontons. Classiquegalement, mais avec moins de froideur et plus de majest, la formule des glises coupoles quiembellirent Paris.

    Les russites les plus parfaites de l'architecture classique se trouvent dans lespalais, les chteaux et les htels. La construction du Palais du Louvre, fut poursuivie

    sous Louis XIII et XIV. L'architecteLemercier, acheva le Pavillon de l'Horloge et l'aileOuest; puis Le Vau complta la Cour Carre du Louvre. Les quipes de l'architecte LeVau, du peintre et dcorateurLe Brun et du dessinateur des jardins de Le Ntre,travaillrent Versailles, mlangeant la somptuosit baroque la rigueur et la logiqueclassique.

    La sculpture a laiss la place diffrentes tentatives baroques; sous Louis XIII lesculpteurJacques Sarazin, form Rome, introduit le baroquisme en France avec sadcoration pleine de mouvement et de vie. Le plus grand sculpteur baroque est PierrePuget, auteur des Atlantes de l'htel de ville de Toulon.

    La peinture connut au XVIImes., une grande priode, l'issue de laquelle laFrance devint, aprs l'Italie, le grand centre d'activit de l'Europe. Le sicle se divise en 2priodes distinctes, dont le point de rencontre est le peintre Nicolas Poussin. La Ire,jusqu'au rgne personnel de Louis XIV, est marque par une grande diversit. L'influenceitalienne s'exera dans le sens baroque, c'est--dire dans le sens de la virtuosit, d'unecomposition mouvemente, exprimant la violence des sentiments et aussi des effets delumire et d'ombre contrastes. Les grands peintres:- Valentin, Claude Vignon, Simon Vouet, Georges de La Tour, qui cultivent unmysticisme personnel;- Le jansnisme, inspiraPhilippe de Champaigne, dont l'austrit s'allie la pntrationpsychologique;- Claude Gele, dit le Lorrain, fut le Ier peintre franais qui se consacra exclusivement aupaysage et aux effets de la lumire; - Nicolas Poussin, labora la plus haute expressiondu classicisme pictural ou les sensations les plus vives sont mdites et ordonnes par laraison la pus matrise.

    Aprs 1660, le classicisme tourna vers l'acadmisme, sous l'influence de Colbertet de la nouvelle Acadmie et sous la direction du peintre Le Brun. Celui-ci, granddcorateur, Ier peintre du roi et directeur de la manufacture royale, exera une sorte dedictature artistique pendant 30 ans, dont le got de la clart et lumire fit merveilles Versailles.

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    La musique La polyphonie vocale, religieuse et profane, fit place une nouvellemusique de cour. Cette musique aristocratique et amoureuse prit 2 formes : l'air de cour etle ballet de cour, chant et dans. S'ils n'avaient pas donn de grands noms l'histoire de lamusique franaise, ils prparrent l'avnement de l'opra et de la comdie-ballet, qui futle propre de l'poque de Louis XIV.Jean-Baptiste Lully est le plus grand nom, qui cra

    avecMolire, le genre de la comdie-ballet.Vie quotidienne et sensibilit

    L'historien des murs ne peut manquer d'tre frapp par l'extrme stabilit duXVIIemes :- La vie matrielle ne change pas.- La population franaise, la plus nombreuse de l'Europe, est reste stable: environ 18millions d'habitants.- La natalit est forte mais la mortalit infantile et juvnile est grande.- Les pidmies restent meurtrires. Quoique la lpre disparaisse et la peste recule. cela, il faut ajouter la mortalit par les famines, rsultant de mauvaises rcoltes, de la

    hausse du prix du pain et du chmage.- La vie la campagne reste la mme.- La ville a un aspect campagnard.

    En 1662, Paris, ou voit apparatre les premiers transports publics. Au niveau dela noblesse et mme chez les bourgeois il y a la profusion d'toffe, de rubans, dedentelles; la perruque devient monumentale. L'extrme raffinement se joint, cependant, une ngligence totale pour la propret et l'hygine.

    Quant la sensibilit, on dcouvre sous l'apparence d'une victoire de la contrainte,un terrible tension intrieure. L'poque reste brutale et suscite des ractions, o l'individuse manifeste avec violences soit dans sa "gnrosit", soit dans son angoisse. Il semanifeste, d'une part, un libertinage d'esprit et des murs et de l'autre, la sombre rigueurreligieuse et morale.

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    V. LE VIIIme SICLE(1715-1789)

    Les vnementsLa Rgence

    Le roi Louis XV, la mort de Louis XIV, n'avait que 5 ans. La rgence futexerce parPhilippe d'Orlans, libertin intelligent, dont le rgne emporta des contraintespolitiques et morales. Philippe d'Orlans cra une Banque Gnrale par actions, quidiminua considrablement la dette publique. En 1723, la mort du Philippe d'Orlans, lenouveau Premier Ministre, le duc de Bourbon, maria Louis XV Marie, la fille del'ancien roi de Pologne -Stanislas Leszczynski.

    Le ministre FleuryLe cardinal Fleury, prcepteur de Louis XV, gouverna avec habilet la France, au

    nom du roi:- il stabilisa la monnaie et dtermina un essor conomique;- extrieurement, il s'entendit avec l'Autriche, l'Espagne et l'Angleterre.

    En 1740, quand il se posa le problme de la Succession d'Autriche, qui dressacontre l'impratrice Marie-Thrse les ambitions de nombreux tats, Louis XV, s'allia la Prusse, contre l'Autriche. Une dsastreuse priode de guerre commenait.

    La fin du rgne de Louis XV amena le dclin de la monarchie. Les ministrestaient changs par les caprices du roi et surtout de sa favorite: la Marquise dePompadourqui rgna pratiquement sur lui et sur la France, de 1745-1764, dans un constantmouvement d'intrigues. Une nouvelle crise financire, provoque par les guerres et lesdpenses de la cour, s'imposa. Dans la querelle austro-prussienne, la France se trouvaallie l'Autriche. La guerre de Sept Ans (1756-1763), marqua le dsastre pour la France,qui perdit le Canada et les Antilles, cds l'Angleterre et qui abandonna la Louisiane l'Espagne. Un certain redressement se mit en place sous Choiseul, ministre qui rorganisal'arme et la marine, qui acheta des rgions aux Indes et la Corse (1761-1770).

    Louis XVI (1774-1789)Pendant 15 annes, la socit se rforma considrablement. L'volution rapide de

    l'conomie et des structures sociales, rtablirent les parlements. Turgot, nommcontrleur gnral des Finances, abolit les douanes intrieures, rduisit la dette publiqueet supprima la corve royale, qu'il remplaa par un impt payable par tous. La politiqueroyale fut plus heureuse, grce Vergennes, ministre des Affaires trangres, qui concluten 1778, une alliance avec les nouveaux tats-Unis.

    conomie et socit- La prosprit conomique, fait augmenter d'abord, la courbe dmographique dans lesvilles et dans les campagnes. - La natalit augmenta et la mortalit, surtout infantile,

    diminua.- Une rvolution conomique se mit en place, grce aux dfrichements et laugmentation de la production agricole, ce qui entrana la croissance du niveau de vie.- Les grandes exploitations furent encourages, par la demande accrue des villes. Il enrsulta galement, un dveloppement du commerce intrieur par la multiplication desfoires et des marchs.

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    - Les voies de communication se multiplirent; il y eut un intrt pour l'amlioration destechniques et des activits artisanales, surtout dans les mtiers des btiments et destextiles.- Le grand commerce fut lui aussi favoris, surtout le trafic maritime avec les colonies.

    Cependant, ces progrs conomiques furent freins, par une grave crise, qui se

    produisit entre 1775-1790. Le secteur agricole fut affect par une srie des mauvaisesrcoltes pendant 15 ans; la production diminua; il y eut une hausse des prix et une baissedes salaires, qui crrent des violences et une situation tragique.

    Socialement parlant, le XVIIImes., est l'poque o, la pression des facteursconomiques font apparatre l'archasme des structures traditionnelles par "ordres"(clerg, noblesse, tiers-tat), qui ont force lgale depuis le XIV mes.; Chaque ordrepossdant sa hirarchie intrieure:1. - haut clerg (cardinaux, vques); -bas clerg;2. - haute noblesse (princes de sang); - petite noblesse (simples gentils-hommes); - noblesse derobe;3. - la bourgeoisie (avocats, financiers); - les paysans propritaires ou "laboureurs"; - les

    artisans;- les gens des mtiers. Bien qu'il existe des passages d'un ordre l'autre, ce systme restestrict, ce qui va produire bientt une situation explosive.

    La vie religieuseLe XVIIIme s. est la priode o le Catholicisme franais se voit souffrant.

    Compromise dans les violences contre les protestants, discrdite par la longue querelleentre jsuites et jansnistes, l'glise, dans son ensemble, perdit beaucoup de sa vigueurspirituelle. Et surtout, l'glise subit l'offensive violente des philosophes. Elle tourna l'offensive gnrale avec le Dictionnaire de Bayle, les oeuvres de Voltaire et surtoutl'Encyclopdie. la veille de la rvolution, la crdulit tait presque gnrale.

    La vie intellectuelleEst en expansion. L'humanisme classique, fond sur le concept fixe de l'homme

    universel, dclencha le rveil du libertinage mondain, la fois de murs et desprit. Lepremier utiliser le rationalisme cartsien, pour liminer le surnaturel, est Fontenelle,dont la pense mne l'esprit scientifique de l'Encyclopdie. Il fonde son scepticisme surla critique historique. Gnralement, les esprits philosophiques du sicle conviennent deprfrer le progrs la tradition, c'est la position des Modernes contre les Anciens. Ainsi,tout est prt pour un nouvel humanisme, qui veut tre plus proche du rel. L'aristocratie,mais surtout, toutes les catgories de la bourgeoisie laque et ecclsiastique, participent la vie intellectuelle. Les femmes y jouent un rle de plus en plus important, surtout dansla socit de salon.

    L'enseignement devient plus populaire et plus moderne. La culture classique endemeure la base: - On introduit l'tude de la littrature franaise rcente.- On accorde un intrt spcial l'histoire, aux langues vivantes et surtout, aux sciences.- Les changes intellectuels sont facilits par plus de contactes.- Les livres sont moins chers et les bibliothques se multiplirent.- Les journaux devinrent un instrument de culture de plus en plus rpandu.

    Cette vie intellectuelle foisonnante, devint cosmopolite grce au voyaged'trangers en France et de Franais l'tranger: en Italie (Montesquieu), en Allemagne(Voltaire), en Angleterre (Rousseau), mais aussi en Orient, aux Indes et en Amrique. Si

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    l'Europe culturelle se fit volontiers franaise, les intellectuels franais s'ouvrirent lAngleterre et l'exotisme de la Grce, de l'Orient, de l'Amrique et des les. Lagographie et la cartographie se perfectionnrent. La curiosit pour, l'homme augmentedans 2 sens: - celui d'un intellectualisme sec et lucide; - celui d'un sentimentalismerhabilitant les instincts et les affects.

    Les lumires. L'esprit critique appliqu aux murs et aux ides, se dveloppedans des oeuvres telles: -Lettres Persanes (Montesquieu); -Lettres Philosophiques,LesContes,Le Neveu de Rameau (Diderot); - Le dictionnaire Philosophique (Voltaire); -LeMariage de Figaro (Beaumarchais).

    Il repousse toute contrainte intellectuelle ou morale et son principal souci est dedgager l'homme de la religion en reprenant la leon des libertins. On attaque avec decourage: les institutions politiques montrant les dangers de l'absolutisme, de l'esclavagede la torture. L'humanisme desphilosophes, dclare: la libert de l'homme, sa dignit, sondroit au bonheur. De l, viennent: la revendication, la tolrance et l'effort de l'hommepour amnager ses relations avec l'tat de manire protger l'homme contre les abus dupouvoir. Voltaire est le champion de la libert. Celui qui affirme sa croyance en raison et

    le travail humain. 3 livres parus au milieu du sicle fondent l'orientation politique quimne la Rvolution:- L'Esprit des Lois (1748) de Montesquieu qui pose le problme de la sparation des 3

    pouvoirs: lgislatif, excutif et judiciaire, fondement ncessaire de toute libertindividuelle.

    - Le Discours sur l'Origine de L'ingalit (1755) de J.J. Rousseau qui lie l'ingalit l'appropriation par certains de la terre et des instruments de travail.

    - Contrat Social(1762) de J.J. Rousseau qui fait dpendre toute contrainte politique dela volont collective.

    L'optimisme caractrise aussi l'aventure intellectuelle de Diderot, passionn descience et amoureux de la nature humaine. C'est son enthousiasme qu'on retrouve dans

    l'Encyclopdie, qu'il l'a dirigea avec le philosophe d'Alembert, puis seul. Elle constitueun remarquable tat des connaissances de l'poque, en matire des sciences, arts librauxet reprsente une puissante arme de combat contre l'glise et contre l'absolutismepolitique.

    La confiance en l'homme et la croyance au progrs du XVIIImes se traduit aussidans la rflexion sur l'ducation. L'ouvrage essentiel estEmile (1762), de J.J. Rousseau. Cetrait se fonde sur le postulat de la bont naturelle de l'homme. L'ducation d'Emile parl'absence de toute contrainte, par l'observation directe du monde, par l'harmonie entre lavie du corps et de l'esprit, est la source essentielle de la pdagogie moderne. L'histoire secre dans un effort nouveau vers, l'objectivit, la critique des sources et l'analyse des loisgnrales grce : Montesquieu: Considration sur les causes de la grandeur des

    Romains et de leur dcadence (1734); Voltaire:Histoire de Charles XII (1731),Le siclede Louis XIV(1751).La vie artistique Lumires - le sicle de l'art, est trs clatant.

    L'architecture religieuse reste classique et trs importante, le baroque s'appelledans cette priode rococo. Mais ce fut surtout l'architecture civile, qui fut triomphante.Peu de chteaux, en revanche, d'admirables htels ou salons, o la socit mondainerecherche le confort et l'intimit. Il faut noter galement le renouvellement de l'art desjardins dans le sens de l'effet que produit la libert naturelle.

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    La sculpture vit natre une remarquable floraison de talents divers soit dans lesens baroque, soit dans le sens classique. La peinture, connat-elle aussi, des modles etexcelle surtout dans le portrait et dans le paysage. En musique, l'cole franaiseclassique connut, jusque vers 1760, un superbe prolongement avec Jean-Philippe Rameauet Jean Marie Leclair, puis elle s'affaiblit pour longtemps dans les genres mineurs.

    Vie quotidienne et sensibilit:Le XVIIIme s apparat ds la Rgence et jusqu'aux annes de crise, comme unedes poques les plus heureuses:- L'expansion conomique, le recule des pidmies et de la famine, furent les causes de cebonheur.- Le niveau de vie s'amliore surtout en villes.- Chez les nobles, le plaisir de vivre atteint un raffinement unique en Europe.- Si le vtement fminin reste compliqu et clatant, le costume masculin se simplifie.- La gastronomie se raffine et le caf devient une passion du sicle- La haute socit, les crivains et les artistes, vivent de conversations spirituelles, de luxeet d'amours lgres.

    - la campagne le travail reste dur.La sensibilit connat au XVIIIme s. 2 phases contrastes :- La Rgence et la plus grande partie du rgne du Louis XV combinrent le got de l'intelligence avec lascheresse de cur, et l'amour effrn des plaisirs sensuels.- Vers la fin du sicle, le sentiment prit sa revanche et s'exprima de 2 manires: sous l'influence des oeuvresanglaises, traduites en Franais (Shakespeare, Richardson), le got de la passion irraisonne envahit lescurs, la passion fatale ravage le cur des personnages du romanManon Lescaut(par l'abb Prvost).- Il se forme une ferveur dj prromantique, mais c'est avec J.J. Rousseau, sa nouvelle Hlose et sesRveries d'un promeneur solitaire, que la passion produisit la rvolution de la sensibilit qui annonait unge nouveau.

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  • 7/27/2019 Civilisation Francaise I

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    VI. LE XIXme SICLE

    A: 1789-1848

    Les vnements La RvolutionLes lections des dputs aux tats Gnraux fournirent l'occasion tous les

    mcontentements et tous les dsirs de rforme. Le tiers-tat, quelques nobles libraux etle bas clerg, arrivrent Versailles au mois de mai 1789, dcids crer une monarchiemoderne et une socit libre de privilges et de contraintes fodales. Il y eut une Ire

    victoire juridique des "patriotes" et les dputs du tiers-tat, obtinrent le vote par tte etnon plus par ordre et la transformation des tats Gnraux en une Assemble NationaleConstituante, dont le rle tait de voter une Constitution.

    Cette rvolution se transporta sur un autre plan que celui juridique, lorsque LouisXVI appela secrtement des rgiments trangers son service autour de Paris et deVersailles. La population parisienne, affame par la misre, riposta le 14 juillet enprenant les armes et s'emparant de la Bastille -prison royale et symbole de l'absolutisme.Louis XVI, fut oblig de cder et de reconnatre la municipalit parisienne, installe parla rvolte. Cette rvolution parisienne fut suivie des meutes paysannes qui dtruisirentdes chteaux et qui dclenchrent une "Grande Peur" que la bourgeoisie des villesamplifia, en constituant des gardes nationales son tour. La haute noblesse commena migrer.

    Une nouvelle intervention de la population parisienne, ramena de force la famille royale deVersailles Paris. Ce temps-ci, l'Assemble Nationale s'tait mise au travail. Le 4 Aot, les dputs duclerg et de la noblesse, renoncrent aux privilges de leurs ordres: droits fodaux et dme et la fodalit futabolie. Le 26 Aot, on vota La Dclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, qui proclama la libert etl'galit en droits des hommes. Ceci brisa dfinitivement les cadres fodaux et af