Cie Artara • Brochure rétrospective n°00

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RETROSPECTIVE 2009-2014 www.artara.be N° 00

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Le parcours de la Cie Artara de 2009 à 2014

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RETROSPECTIVE

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ARTARA / RETROSPECTIVE / 2009 - 2014

A!l’heure où il s’engage dans la création de Notre peur de n’être pour l’édition 2014 du Festival d’Avignon, Fabrice

Murgia se voit décerner, à la Biennale de Venise, un Lion d’argent!! Doublement poussé dans la lumière, l’auteur et metteur en scène belge, acteur de formation, 30 ans seulement (dont six d’un parcours professionnel fulgurant), se voit récompensé pour le caractère innovant de son théâtre.

C!eux et celles qui ont vu –!ou plutôt expérimenté!- l’un ou l’autre des spectacles dont il a signé à ce jour l’écriture textuelle et scénique, se souviennent sans doute de la terrifiante voix de Dolorès du chagrin des Ogres, ou du plateau nimbé de lumière rouge de LIFE!: RESET, ou encore de l’étrangeté mélancolique des chants de Ghost Road. Chaque spectacle invente un entremêlement –!quasi organique!- d’images, de sons et de lumière qui embarque le spectateur dans un flot de sensations. Les acteurs, quant à eux, ont assez de présence pour s’accorder avec un plateau déconcertant voire hallucinatoire. Mais l’habileté à convoquer sur la scène toutes les formes d’expression possibles et les ressources des technologies contemporaines jusqu’à l’illusionnisme ne suffisent pas à expliquer l’impact des créations de Fabrice Murgia -!qu’on les aime ou pas. Au-delà du décalage poétique de récits volontiers sombres, déconstruits comme des rêves, chaque spectacle exprime une humanité dans laquelle -!sans détour par une quelconque intellectualité et dans une langue d’apparence ordinaire!- troublés, nous nous reconnaissons.

L’écriture de plateau de Fabrice Murgia prend en effet appui sur une perception aigüe et souvent inquiète d’un réel qu’il ne perd jamais de vue. L’exil de ses parents, son métissage italo-espagnol originel, sa jeunesse rurale en milieu ouvrier, son enfance fascinée par la clairvoyance d’une littérature d’anticipation gorgée de poésie, sa formation dans un conservatoire à haute teneur en conscience politique et aujourd’hui sa trentaine citadine et connectée, tout cela fait de lui un jeune européen hyper-sensible aux malaises complexes d’une civilisation en pleine mutation. Faisant inlassablement le portrait de déserts hantés par les perdants du système, de villes surpeuplées d’individus désorientés, captifs volontaires de leurs écrans, fragilisés ou en errance, ce sont nos existences contemporaines, notre vivre ensemble qu’il métaphorise et invite à penser.

INTRODUCTION

Conscient d’avoir autant de responsabilité que de chance dans ce métier, Fabrice Murgia a souhaité offrir à ceux qui ont soutenu son travail, à ceux qui doivent encore le découvrir, spectateurs ou professionnels, ce carnet de voyages partagés. Il s’est prêté, avec la jubilation d’enfant créateur que nous escomptions, au jeu des commentaires instantanés, tirant au sort des mots en binômes parmi nos petits papiers. Ce livret rétrospectif, qui porte sur cinq créations, présente en alternance une sélection de ces libres propos et des entretiens menés auprès d’artistes –!compagnons de ce premier âge d’Artara, autant de regards croisés qui donneront à voir, nous l’espérons, la cohérence d’une dramaturgie singulière, toujours en mouvement, parfaitement accordée à la respiration du monde présent.

Cécile Michaux

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Introduction

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Le chagrin des Ogres / p 4LIFE!: RESET!|!Chronique d'une ville épuisée / p 12Exils / p 20Les enfants de Jéhovah / p 28Ghost Road / p 36Conclusion / p 44Crédits / p 45

A!t the same time as embarking on the production of his new play Notre peur de n’être for the 2014 Avignon Festival,

Fabrice Murgia has been awarded a Silver Lion at the Venice Biennale for Innovation in Theatre. Thrust into the limelight twice this year, the 30-year-old Belgian playwright and director, who trained in acting, has spent the past six years forging a dazzling career.

Everyone who has seen!—!or more accurately experienced!—! one of the shows Fabrice Murgia has written and directed to date, will no doubt remember Dolores’s harrowing voice in the chagrin des Ogres, or the stage bathed in red light in LIFE!: RESET, or the strangely melan-choly songs in Ghost Road. Every show creates an almost organic fusion of images, sounds and lighting effects which immerse the spectator in a wave of sensations. As for the actors, they have enough stage presence not to be overwhelmed by the bewildering, even hallucinatory, stage sets. However, the flair with which Fabrice Murgia exploits all possible forms of expression and modern technological resources on stage, almost to the point of illusionism, is not enough to explain the impact of his creations!—!whether you are a fan or not. Transcending the poetic shifts of narratives that tend to be dark and as fragmented as dreams, his plays create a portrait of humanity which, expressed in a language that is superficially ordinary and devoid of intellectual posturing, allows us with some discomfiture to recognise ourselves.

This is because Fabrice Murgia’s stage writing leans heavily on his insightful and often uneasy perception of an ever-present reality. His parents’ exile, his mixed Italian and Spanish heritage, his rural working-class childhood, his youthful fascination with prophetic science-fiction literature rich in poetry, his training at a conservatory with a high level of political consciousness, as well as the urban lifestyle of a thirty-year-old man with an active online presence!—! are all factors that have combined to make him a young European, ultrasensitive to the complex anxieties of a civilisation undergoing radical change. Tirelessly portraying deserts inhabited by people who have been failed by the system, or cities overpopulated by fragile, rootless, disoriented individuals who are voluntary slaves to their computer screens, he is creating a metaphor for our contemporary lives, for the way we live together, and inviting us to think deeply about what is at stake. Aware that a sense of responsibility is as important as luck in this profession, Fabrice Murgia is keen to present this shared travel diary to the spectators and professionals who have supported his work, as well as those who have yet to discover it. With the exuberant youthful creativity we’ve come to expect from him, he threw himself into the game of adlibbing about pairs of words written on scraps of paper and picked at random. This retrospective pamphlet, which focuses on five productions, alternates these off-the-cuff comments with interviews with various artists!—!all of whom have collaborated with Artara in the theatre company’s early years. These diverse perspectives will demonstrate, we hope, the coherent approach of a unique dramatic art which never rests on its laurels and continues to keep its finger on the pulse of the modern world.

Cécile Michaux

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Le chagrin des Ogres

MOTEUR Fasciné par les échos désespérés du blog qu’avait tenu Bastian Bosse, 17 ans, avant d’ouvrir le feu dans son lycée en 2006, Fabrice Murgia mêle à ce matériau documentaire les figures fantasmatiques -Dolorès, Laetitia- d’une enfance en passe de basculer. Le tout sur fond de petits contes cruels, des faits divers du monde contemporain…

EXTRAITMesdames et messieurs, bonsoir. Ce soir, ne cherchez surtout pas à distinguer le vrai du faux. Quoi qu’il arrive ce soir, retenez juste que tout cela est réel. Je suis réelle. Je suis réelle parce que tout ce qui peut être imaginé est réel. Je suis réelle, comme un cauchemar peut être réel. Un cauchemar en commun. Un cauchemar que n’importe lequel d’entre nous écrit, ou aurait pu écrire un jour de sa vie.

PRESSEEntre Kronos et les Frères Grimm, Fabrice Murgia offre un conte onirique réalisé à la pointe du couteau. La langue est d’une dureté et d’une pureté évidentes, (…) l’ensemble est lisible et d’une grande fluidité. Le regard de l’enfance offre une catharsis remarquable d’éloquence, renouant avec la tradition de la tragédie antique : simplicité et complexité alternant selon un rythme étonnamment bien maîtrisé. Le propos est universel et fédérateur, intelligent et brillant.

BRUNO DESLOTUn fauteuil pour l’orchestre

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Le chagrin des Ogres

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INSPIRATIONFascinated by the desperate outpourings in the blog written by seventeen-year-old Bastian Bosse before he opened fire on students at his school in 2006, Fabrice Murgia combined this documentary material with imaginary figures!—!Dolores, Laetitia!—!who inhabit a childhood on the brink of collapse. These elements were set against the backdrop of short hard-hitting news stories taken from contemporary newspapers…

EXTRACTGood evening, Ladies and Gentlemen. Please don’t waste time tonight trying to work out what’s true and what’s false. Remember, whatever happens tonight, it’s all real. I’m real. I’m real because everything that can be imagined is real. I’m real, just as a nightmare can be real. A shared nightmare. A nightmare any of us could write about, or could have written about, one day in our lives.

PRESS Situated somewhere between Cronus and the Brothers Grimm, Fabrice Murgia presents a dreamlike narrative told at gunpoint. The language has a tough, stripped back quality (…) the whole production is accessible and impressively seamless. The use of the childhood gaze has an eloquently cathartic effect, reviving the traditions of classical tragedy : Murgia demonstrates astonishing control alternating simplicity with complexity. The highly intelligent subject matter is both universal and unifying.

BRUNO DESLOTUn fauteuil pour l’orchestre

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Je suis moi-même un peu perdu.

D!ès Le chagrin des Ogres, j’ai senti qu’il était difficile pour moi d’énoncer un «!message!», de me situer dans un monde fraîchement mondialisé en ciblant

un agresseur… Les dénonciations très frontales ont eu tout leur sens à une certaine époque, comme celle du Living Théâtre dans les années soixante, mais aujourd’hui, à qui dirais-je que le monde actuel, les nouvelles façons de communiquer à toute vitesse, les technologies qui ouvrent les frontières et nous connectent en permanence, c’est «!pas bien!»!?

Conscient des catastrophes que ces transformations peuvent engendrer, je suis aussi fasciné par ces avancées technologiques qui vont jusqu’à transformer l’humain. Plutôt que de prendre une position tranchée, qui serait fausse et peut-être facile, je fais le choix d’une expression scénique qui suscite une question. Cette question peut apparaître brouillée, pas immédiatement identifiable, comme dans la photographie -!je pense notamment au travail du photographe allemand Michael Wolf!- qui évoque sans énoncer.

Pour que la question atteigne le spectateur sans passer par la case «!cerveau!», il faut ouvrir les portes de la perception, créer un malaise sincère, en induisant notamment une certaine énergie sur le plateau.

Je donne souvent comme indication aux acteurs!: là tu dois être comme après un accident. J’aimerais qu’à son tour le spectateur s’interroge dans un état fragilisé, comme après un accident. Une vraie question contemporaine et politique peut surgir de l’espace-temps partagé de la représentation, -!la dernière expérience collective selon Claude Régy!-, surgir de ce «!choc de la forme!». Il suffit d’une tension par exemple, d’un silence qui survient après une avalanche de bruits continus, comme les coups violents sur les bâches en plastique au début du chagrin des Ogres ou le bruit de la ville dans LIFE!: RESET.

PERCEPTIONS!/!POLITIQUE

LIBRES PROPOS

PRESSE Titre parfait, texte royal, mise en scène époustouflante. (…) Dans un univers onirique trash, Fabrice Murgia vient appuyer sur la douleur adolescente qui pousse à des actes dramatiques et à première vue incompréhensibles.

AMÉLIE BLAUSTEIN-NIDDAMToute la culture

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PERCEPTIONS!/!POLITICS

OFF-THE-CUFF COMMENTS

R!ight from the start, with Le chagrin des Ogres, I felt it would be hard to convey a “message”, to take up a stance in a newly globalized world by targeting

someone who had attacked society… Directly critical works made perfect sense at one time, like those staged by the Living Theatre of the 1960s, but now, who would I tell that the modern world with its new methods of high-speed communication, the technology that breaks down barriers and ensures we’re permanently online, is “a bad thing”?

I’m a little lost too. Although I’m aware of the disasters that can be caused by these changes, I’m also fascinated by these technological advances which can go so far as to transform human nature. Rather than adopting an uncompromising position, which would have been wrong and perhaps too easy, I chose to ask a question in dramatic terms. This question may appear a little vague, not immediately identifiable, as inphotography! —!I’m thinking particularly of the work of the German photographer Michael Wolf!—! which suggests without stating clearly.

This allows the question to bypass the intellectual response of the spectator: you have to open the gateway to perception, create a real feeling of unease, in particular by generating a certain energy on stage.

The stage direction I often give actors is: right now, you should act as though it’s just after an accident. I’d also like spectators to think about things in a traumatised state, as if they too have just experienced an accident. A genuine contemporary and political question can arise out of this “shock of form”, out of the space-time shared by the performance!—!the ultimate collective experience according to Claude Régy. All that is needed is a feeling of tension, for example, a silence that occurs after an avalanche of continual noise, like the violent blows on the plastic sheets at the beginning of Le chagrin des Ogres or the din of the city in LIFE: RESET.

PRESS A perfect title, a magnificent text and a staggering production. (…) In a grungy, dreamlike, world, Fabrice Murgia examines the teenage problems that can lead to tragic acts which at first sight seem incomprehensible.

AMÉLIE BLAUSTEIN-NIDDAMToute la culture

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JEAN-LOUIS COLINET Directeur du Théâtre National à Bruxelles

LE CHOIX D’OFFRIR À FABRICE MURGIA ET À SA COMPAGNIE ARTARA À PEINE NÉE, LE SOUTIEN DU THÉÂTRE NATIONAL ET DES DATES AU FESTIVAL DE LIÈGE A-T-IL ÉTÉ ÉVIDENT ?

Bien davantage que l’étape de travail un peu obscure du chagrin que j’ai vue presque par hasard, c’est la première discussion avec Fabrice qui a été déterminante dans mon désir de compagnonnage. Nous partagions quelque chose de personnel!: une relation au théâtre particulière quand on vient d’un milieu modeste où la culture n’est pas une évidence. J’ai été aussi extrêmement sensible au rapport intime qu’il entretient avec ce qu’il a envie de dire, par son authenticité. Cela ne suffit pas pour faire de beaux spectacles mais c’est indispensable. J’ai choisi de l’aider, de soutenir ce chagrin des Ogres recalé par le Conseil de l’Aide aux Projets.

INTERVIEWREGARDS CROISÉS

Le second déclic, lors d’une avant-première demandée par la RTBF, fut la réaction inouïe des lycéens de Liège, un moment rare dans une carrière, une vague d’émotion très profonde, des larmes. Trois comédiens dont c’était le premier spectacle professionnel avaient parlé de la perte de l’adolescence à des spectateurs à peine plus jeunes qu’eux!: c’était profondément générationnel, très touchant. J’étais aussi frappé par le brio avec lequel Fabrice utilise la lumière et la vidéo, comme tous ces jeunes artistes nés dans un monde baigné d’images jusque dans la vie la plus intime, mais il n’y avait rien de décoratif!: tout dans la forme était signifiant. Il fait de l’image un usage très cinématographique!: des gros plans, au plus près de l’émotion quand il filme les acteurs en direct, qui alternent avec une dimension plus large, plus documentaire.

Il y avait cette rencontre entre le poétique et le politique, le collectif et l’intime, que je cherche depuis toujours au théâtre. Fabrice parle en effet beaucoup de lui dans ses spectacles mais jamais d’une façon narcissique, c’est un point de départ pour évoquer le monde. C’est un artiste ouvert, curieux de tout, qui n’est jamais là où on l’attend. Très empirique, il pense la dramaturgie directement au travers de son langage scénique!: c’est donc sur le plateau que tout s’invente, jusqu’à la dernière minute. Ce qu’il dit d’un spectacle en cours de création a peu de chance d’être au final sur le plateau car entretemps, comme avec des radars, des antennes en éveil permanent, il aura capté autre chose. Il chope des matériaux, saisit des instants avec un grand sens de l’à-propos, c’est un vrai don, il rebondit, ça ne veut pas dire qu’il est opportuniste, c’est une capacité créatrice, une ébullition constante, doublée d’une gourmandise de travail. Il adore inventer!… Le danger évidemment, quand on a seize idées à la minute et qu’en plus on reste ouvert, c’est peut-être de se disperser, de s’épuiser… mais Fabrice est conscient de ce risque.

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JEAN-LOUIS COLINET Director of the Théâtre National in Brussels

WAS IT AN EASY DECISION TO OFFER FABRICE MURGIA AND HIS NEWLY FORMED COMPANY ARTARA THE SUPPORT OF THE THÉÂTRE NATIONAL AND DATES AT THE LIÈGE FESTIVAL?

Rather than seeing the rather sketchy work-in-progress of chagrin almost by accident, it was my first discussion with Fabrice that played a crucial role in my desire to collaborate with him. We shared something very personal: a special relationship with the theatre, coming from a poor background in which culture doesn’t play a big part. I was also swayed by the close connection he has with what he wants to say and his authenticity. That isn’t all it takes to put on good shows, but it’s indispensable. So I decided to help him, to support Le chagrin des Ogres, which had been rejected by the Conseil de l’Aide aux Projets. The second deciding factor was the incredible reaction of the students of Liège during a preview requested by the RTBF (the French-speaking public broadcasting corporation in Belgium). The surge of deeply-felt emotion, the tears, that’s the sort of thing that rarely happens in a career. Three actors, who were appearing professionally for the first time, had spoken about the passing of adolescence to an audience which wasn’t much younger than them: it was extremely generational and very moving. I was also struck by the panache with which Fabrice used lighting and video, like all young creators born into a world saturated with images, even in the most private aspects of life. However, there was nothing decorative about it: everything was there for a reason. He employed images in a very cinematographic way: alternating close-ups!—!getting as close as he could to the emotion when filming the actors live!—!with a wider, more documentary dimension. There was the meshing of poetry and politics, of collective and private worlds, that I’ve always looked for in stage productions. This is because, although Fabrice speaks about himself a great deal in his plays, he isn’t narcissistic, this is merely his starting point for describing the world. He’s an open-minded creator, inquisitive about everything, but never about the things you’d expect.

INTERVIEWDIVERSE PERSPECTIVES

Eminently practical, he conceives drama directly in terms of stage vocabulary: so everything is devised on stage, right up to the last minute. What he says about a show under production is unlikely to be seen on stage in the end, because in the meantime, like a radar whose antennae are permanently receiving, he’ll pick up something else. He captures elements, seizes moments with a deep feeling for their relevance!: it’s a true gift. He’s constantly reinventing. This doesn’t mean he’s an opportunist, he simply has a great capacity for creativity!—! he’s continually seething with ideas!—!combined with a relish for work. He loves inventing new things…

The obvious danger, when you have sixteen ideas a minute and are open to everything, is that you could spread yourself too thin, burn yourself out… but Fabrice is aware of that risk.

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BEAUCOUP DE JEUNES ARTISTES VEULENT PARLER DU MONDE, FONT UN THÉÂTRE TRUFFÉ D’IMAGES. TOUS N’ONT PAS LE SUCCÈS DE FABRICE …

En effet. Le cœur de son succès, d’après moi, c’est qu’il y a chez lui, dans ses personnages, ce qu’ils disent, une profonde humanité, très touchante. Il a une envie sincère de s’intéresser aux gens, de faire du théâtre pour eux, le souci de ne pas ennuyer, bref, une générosité. Moi j’aime ce théâtre qui donne quelque chose. Pourquoi serait-on sensibles à du théâtre qui pratique le secret, la rétention voire le mépris!? Ces propositions élitistes expliquent en partie la fréquentation confidentielle du théâtre. Fabrice est quelqu’un qui continue de me marquer -!on a des discussions sur son travail et je ne suis pas toujours d’accord. Il n’empêche que Le chagrin des Ogres avait été déterminant, avait déclenché la deuxième phase de mon travail au Théâtre National!: l’affirmation de ma sensibilité envers les jeunes créateurs comme Vincent Hennebicq ou le Raoul Collectif, l’affirmation internationale avec des artistes comme Joël Pommerat, Falk Richter, le goût d’une esthétique et d’un langage singuliers aptes à traduire le monde. Tout ce qui se passe dans la carrière de Fabrice est lié à son talent mais il a bénéficié d’un vrai soutien du National. C’est le devoir et la fonction essentielle des structures que d’accompagner les artistes, c’est-à-dire de ne pas attendre d’eux un chef-d’œuvre mais de leur dire que quoiqu’il advienne, on va faire un bout de chemin ensemble. Il faut donner aux jeunes les moyens d’apprendre, d’essayer, leur permettre de se tromper.

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MANY YOUNG ARTISTS WANT TO TALK ABOUT THE WORLD AND CREATE PLAYS OVERFLOWING WITH IMAGES. NOT ALL OF THEM ARE AS SUCCESSFUL AS FABRICE …

That’s true. The main reason for his success, in my opinion, is that his characters and what they say are profoundly human and very moving. He’s genuinely interested in people, he wants to write plays for them, he cares about not being boring, in short, he’s generous. I love theatre which gives us something. Why should we be moved by theatre that’s secretive, that pulls its punches or even holds the world in contempt!?

It’s partly because of these elitist productions that the number of theatregoers is relatively small. Fabrice is someone who continues to make an impression on me!—!we discuss his work and I don’t always agree with him. Nevertheless, Le chagrin des Ogres was a decisive project which triggered the second phase of my work at the Théâtre National: it allowed me to assert my personal tastes by working with young creators like Vincent Hennebicq or the Raoul Collectif, as well as to consolidate an international reputation with creators like Joël Pommerat or Falk Richter, and indulge my penchant for a unique aesthetic quality and language capable of mirroring the world. Everything that has happened in Fabrice’s career is as a result of his talent but he has benefited from real support from the National Theatre. It is the duty and main function of such organisations to accompany creators every step of the way, in other words, not to expect a masterpiece from them, but to tell them that whatever happens, we’re in this together. We must give young creators the wherewithal to learn, experiment and make mistakes.

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MOTEURLIFE!: RESET est né d’une image que Fabrice Murgia portait en lui!: toutes les petites fenêtres lumineuses qui brillent dans la nuit lorsque l’on quitte une ville en train, comme un assemblage de plein de solitudes qui se côtoient sans se connaître. Il avait envie de parler de l’une d’elles…

EXTRAITLINDEN66 : J’en ai marre d’être un lapin ...ONDINE : lol, tu voudrais devenir quoi ?LINDEN66 : une sirène.ONDINE : une femme ?LINDEN66 : non une sirèneONDINE : une femme doncLINDEN66 : tu peux rien faire avec une sirèneONDINE : lol. T’es conCaresser le visage > LINDEN66.LINDEN66 désire vous embrasser > accepter (Ils s’embrassent)

PRESSEOn nage entre les eaux de Lewis Carroll, Joël Pommerat, David Lynch ou David Claerbout. (…) Rouge, belle et distanciée, la mise en scène offre un univers singulier, intrigant et ponctué de musiques - Abba - qui résonnent comme autant d’appels.

LAURENCE BERTELSLa Libre Belgique

PRESSECe qui se déroule sous nos yeux nous est, au même moment, restitué sur écran par le truchement de caméras scrutant le moindre de ses gestes. (…) Pas un mot n’est prononcé. Pas une explication n’est donnée. Une vie nous est donnée à voir.

JEAN-MARIE WYNANTSLe Soir

LIFE : RESETChronique d’une ville épuisée

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LIFE : RESET | Chronique d’une ville épuisée

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INSPIRATIONLIFE: RESET grew out of an image which Fabrice Murgia had long carried with him: the many small lit windows glowing in the darkness when you leave a town by train, like a collection of solitary lives existing alongside each other without ever meeting. He wanted to talk about one of them…

EXTRACTLINDEN66: I’m tired of being a rabbit...ONDINE: lol, what would you like to be then?LINDEN66: a siren.ONDINE: a woman?LINDEN66: no, a sirenONDINE: you mean a womanLINDEN66: you can’t do anything with a sirenONDINE: lol, silly cow.Caressing face > LINDEN66.LINDEN66 want to kiss you > accept (They kiss)

PRESSWe’re confronted by a mix of influences, including Lewis Carroll, Joël Pommerat, David Lynch and David Claerbout. (…) The eye-catching, disconnected staging with red accents represents a strange, intriguing world with musical interludes — Abba — which sound for all the world like cries for help.

LAURENCE BERTELSLa Libre Belgique

PRESSWhat unfolds before our eyes is simultaneously recreated on the screen via cameras scrutinising every move she takes. (…) Not a single word is spoken. Not a single explanation is given. A life is laid out before our eyes.

JEAN-MARIE WYNANTSLe Soir

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J!’ai toujours dit que je n’étais pas un auteur, que je ne voulais pas me revendiquer comme tel. Comment s’y prendre

en effet pour éditer les textes de certaines de mes pièces!? Les images, les musiques, les accents sont autant d’éléments indispensables à la partition. Un photographe -!Gautier Deblonde!- a réalisé une conduite story-boardée de l’une de mes créations, comme un roman-photo. Cela permet une vraie immersion dans le spectacle, mais, en termes d’édition, ça ne rentre dans aucune collection. Après avoir assisté à LIFE!: RESET, spectacle didascalique, les gens me demandent parfois mais où est le texte!? Je réponds que cette fille est seule chez elle, qu’elle n’a pas à parler. Dans le théâtre en langue française, le poids du texte reste énorme. Et moi, sans aller jusqu’au silence de LIFE!: RESET, j’ai toujours voulu diminuer son importance dramaturgique afin de relever le niveau de force des autres éléments.

TEXTE!/!THÉÂTRE

PRESSEDans une savante alchimie, le réel et le virtuel se mêlent intimement. Personnage virtuel sur l’écran et jeune femme de chair sur le plateau, Olivia Carrère est l’unique interprète. En quête et perte d’elle-même, en abandon, elle émeut, bouleverse, prise au piège de la solitude des grandes villes et du refuge internet.

DIDIER MÉREUZELa-Croix.com

LIBRES PROPOS

Bizarrement, on reproche vite à la technique d’écraser l’acteur et pourtant c’est fou comme on a accepté longtemps le primat du texte parfois jusqu’à l’écrasement du comédien. Avec mes acteurs sur le plateau, nous venons aux mots –!souvent une parole brute!-, en dernière extrémité. La plupart du temps, sauf dans les lignes complètement narratives comme les parties contées du chagrin des Ogres, je n’écris rien au départ. Je travaille sur une grande page où j’inscris progressivement une espèce de mind-map, une carte heuristique, un dessin avec des fils qui relient, des formes, des couleurs, des durées, des points de passage de l’état émotionnel du spectateur nécessaires pour que ma question soit posée.

C’est une construction de tensions, quasi scénaristique, presque mathématique. Les mots n’émergent que quand quelque chose doit sortir qui ne peut plus s’exprimer autrement.

Ils jaillissent alors comme un dernier recours au besoin de toucher l’autre, un ultime «!t’as compris!?!», une bouteille à la mer. Je ne cherche ni le beau mot ni le dialogue!: dans mes spectacles, quand deux êtres interagissent, ce sont deux lignes de monologue qui ne s’écoutent pas. Par contre je suis attentif à une rythmique, des répétitions, des obsessions, un martèlement. Ceci dit, j’aimerais écrire un jour des textes qui aient une vie autonome entre les mains du seul lecteur, sans le recours aux images de la scène, mais c’est un autre travail. En attendant, je prends beaucoup de plaisir à collaborer avec des auteurs comme Laurent Gaudé.

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I!’ve always said that I wasn’t a writer, that I didn’t want to bill myself as one. After all, how would you go about publishing

the texts of some of my plays? The images, the music, and the accents are all indispensable. A photographer!—!Gautier Deblonde!—!created a story-boarded chronology of one of my plays as a roman-photo. This allows complete immersion in the show but, in terms of publication, it isn’t available as part of any collection. After watching LIFE!: RESET, which is a didactic show, people sometimes ask but where’s the text? I reply that this girl is home alone, that there’s no reason for her to speak. The text continues to carry huge weight in French-language drama. What I wanted to do with LIFE!: RESET, without going to the extreme of complete silence, was to lessen the dramatic significance of the text in order to heighten the impact of the other elements.

TEXT!/!THEATRE

PRESSEA masterful alchemy seamlessly blends real and virtual worlds together. The only performer is Olivia Carrère, a virtual character on screen and a young woman of flesh and bone on stage. We watch, distressed and disturbed, as this lost and forsaken woman struggles to find herself, trapped by the loneliness of the big city and the sanctuary offered by the internet.

DIDIER MÉREUZELa-Croix.com

OFF-THE-CUFF COMMENTS

Strangely, people are quick to criticise the technique of diminishing the role of the protagonists, yet it’s incredible that people have accepted the primacy of the text for so long, sometimes to the detriment of the actors. With my actors on the stage, speech!—!often very simple words!—!comes last. Most of the time, except for the completely narrative parts like the narrated sections of Le chagrin des Ogres, I don’t start by writing anything. I work on a big page where I gradually draw a sort of mind-map, a heuristic chart, a drawing with connecting lines, shapes, colours, lengths of time, essential emotional transition points for the spectator that enable me to ask the question I want to ask.

This is a quasi-scenaristic, almost mathematic, construction of tensions. The words only come when something has to emerge that cannot be expressed in any other way.

At that point, they are like a last resort, generated by the need to sway others, a final ‘Get it?’, a bottle thrown into the sea. I don’t try to come up with words that sound good or with dialogue: in my shows, when two people are interacting, you have two monologues that aren’t listening to each other. On the other hand, I’m very sensitive to rhythm, repetitions, obsessions, hammered reiterations. That said, one day I’d like to write texts which have an independent life in the hands of a reader and which have no recourse to stage imagery, but that would be a different type of work. In the meantime, I’m really enjoying collaborating with authors like Laurent Gaudé.

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VINCENT LEMAIRE Scénographe

Avec LIFE!: RESET, Fabrice recrée de façon personnelle et contemporaine l’argument de la pièce Concert à la carte de Franz Xaver Kroetz!: mais ici, la solitude d’une très jeune femme est hantée par une sorte d’addiction, par écran interposé, aux mondes virtuels. En termes d’espace, le piège aurait été de poser sur le plateau des limites claires entre monde réel et virtuel, avec des bascules franches entre les deux. Une vision aussi manichéenne -!avec notamment le cliché de la nocivité des relations en ligne!– ne correspond pas du tout au propos de Fabrice. Il souhaitait à l’inverse traduire la perception subjective et globale du monde de la protagoniste sans dissociation entre moments virtuels et réels.

INTERVIEW

J’ai donc dessiné un univers trouble et ai rendu en quelque sorte son réel aussi instable que son virtuel, son virtuel aussi tangible que son réel. Un tulle tendu aux dimensions du cadre de scène permet, selon l’éclairage, d’alterner transparence et projection, et surtout de réunir sur un même plan visuel des éléments virtuels (l’écran où elle chatte) et réels (le corps de l’actrice assise dans la chambre). Chaque zone de l’appartement, la salle de bain par exemple, est une petite boîte scénique bien réelle dont la matérialité et la pesanteur deviennent douteuses quand elle se déplace avec la légèreté d’une image (en réalité glissée sur roulettes, en silence par un machiniste).

REGARDS CROISÉS

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LIFE : RESET | Chronique d’une ville épuisée

VINCENT LEMAIRE Stage Designer

LIFE: RESET is Fabrice’s highly personal, modern take on the general subject of the play Concert à la Carte (Request Concert) by Franz Xaver Kroetz: but here, the loneliness of a young woman is plagued by a kind of addiction to virtual realities via the intermediary of the screen. In terms of spatial layout, the obvious trap would have been to create clear boundaries on stage between the real and virtual worlds, to make the switches between them obvious. Such a Manichean vision!—!particularly with the clichéd view that online relationships are harmful!—!is completely out of kilter with Fabrice’s aims. What he wanted to do instead was to represent the subjective, global perception of the protagonist’s world without distinguishing between the real and the virtual.

As a result, I designed an ambiguous world, making its reality as unstable as its virtual counterpart, and its virtual counterpart as tangible as its reality.

Depending on the lighting, the piece of tulle stretched over the entire front of the stage could be completely transparent or a screen to be projected on. This made it possible to combine virtual elements (the computer screen where she is chatting) and real elements (the actress physically sitting in the room) on the same visual plane.

DIVERSE PERSPECTIVES

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L’appartement tout entier a été conçu pour se composer et se décomposer à vue, de façon fluide et arbitraire. C’est à travers le regard submergé du personnage que nous avons accès à sa détresse. Le trajet du spectateur suit celui des affects de la comédienne!: on est avant tout dans la perception. En effet, plutôt que raconter le monde, le théâtre de Fabrice veut l’embrasser dans sa complexité suffocante. Une bruyante équation accumule des données de toutes sortes!: désirs, pulsions, incapacités, réalité profuse, immédiate, qui submerge…

Ce nouveau monde multiple où la perspective disparaît, laisse place à une pensée plus verticale faite de superpositions instantanées et de collisions. Si la rhétorique linéaire est en échec pour exprimer un monde qui ne l’est plus du tout, le travail de Fabrice constitue, sous la forme d’un souffle poétique, une tentative de réponse, la recherche d’un langage possible pour traduire cet indicible sentiment du monde.

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LIFE : RESET | Chronique d’une ville épuisée

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Each area of the apartment, for example the bathroom, is a genuine small compartment, whose physicality and weight become questionable when it appears to change position as easily as an image (in actual fact, it is being moved silently on castors by a stagehand). The whole apartment was designed to be smoothly and randomly assembled and disassembled in plain sight. We witness the character’s distress in her overwhelmed gaze. The spectator’s journey follows the same course as the actress’s emotions: we’re primarily in the realm of perception. In actual fact, rather than describing the world, Fabrice’s dramatic works aim to embrace it in all its suffocating complexity. A noisy formula based on an endless, variable stream of data: desires, impulses, inabilities, and an abundant, immediate, reality which overloads us…

This complex new world in which perspective has vanished makes way for more vertical thought processes composed of instantaneous superimpositions and collisions. If linear rhetoric is unable to express a world which isn’t linear any more, Fabrice’s highly poetic approach in his work forms an attempt to provide an answer!—!it is a quest for a language that might be able to translate this inexpressible response to the world.

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MOTEURA Dakar, j’ai travaillé avec le comédien sénégalais El Hadji Abdou Rahmane Ndiaye alias Cabila. Cette rencontre a nourri le propos d’Exils. Raconter quatre destins, dont celui d’un migrant, c’était ma façon de poser la question cruciale du vivre ensemble dans les grandes villes européennes. Je me suis demandé si l’espace Schengen ne crée pas un étouffoir. Mon souci dépasse le politique!: c’est le sentiment d’exils de nos vies, d’effacement derrière un système qui m’intéresse.

EXTRAIT Cabila, dans une cabine téléphonique, en wolof

Maman ? Tu m’entends ? Oui, oui. Comment tu vas ? Tu as reçu l’argent ? C’est la troisième fois qu’ils me font le coup. Je vais changer de banque. Je suis désolé, maman. Ca arrive. Je comprends bien. Revenir… il faut que je trouve le temps.Beaucoup de boulot. Ca n’arrête pas. Le temps passe trop vite ici. Je viendrai bientôt.

EXILSPRESSEFabrice Murgia a passé des heures à décortiquer les mécanismes régissant l’espace Schengen. Pour nourrir ses réflexions sur les phénomènes de migration, il n’a pas hésité à pousser la porte du centre fermé de Vottem.

MAGALIE BEGONL'Avenir

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Exils

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INSPIRATIONIn Dakar, I worked with a Senegalese actor El Hadji Abdou Rahmane Ndiaye alias Cabila. This meeting inspired the theme of Exils. Narrating four life stories, including that of a migrant, was my way of asking important questions about living together in the big European cities. I wondered if the Schengen Area actually stifles diversity. My concerns are not merely political: what interests me is the way we can feel like exiles in our own lives, the way the system can make us feel invisible.

EXTRACT Cabila, in a phone box, speaking Wolof

Mum? Can you hear me? Yes, yes. How are you? Did you get the money? That’s the third time they’ve pulled that trick on me. I’m going to change banks. I’m really sorry, Mum. It happens. I understand. Come home?… I’ll have to find the time. So much work. There’s no end to it. Time goes too fast here. I’ll come soon

PRESSExils launches the ambitious programme Villes en Scène / Cities on Stage involving six European cities, six leading theatres and seven productions. Before Joël Pommerat or Frank Castorf among others, Murgia started the ball rolling with a difficult subject. (…) Short sketches tackle the subject of exile, aided by the compelling stage presence of a Senegalese actor, Cabila, speaking French or Wolof. Working against an overly literal interpretation, Fabrice Murgia has opted for a poetic mode of expression, similar to the plastic arts, extending the concept of exile to all types of exile (a person suffering from burnout, symbolized by a flurry of papers, and death, the final exile…).

GUY DUPLATLa Libre Belgique

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Pour moi, dont le travail de plateau est parfois perçu comme une lutte entre la technique et l’acteur, ce recentrage sur l’humain a été essentiel.

A!rtara, c’est la contraction d’Artaud et de Sankara. Antonin Artaud, nous en étions fans absolus au Conservatoire. C’était le théâtre qu’on voulait faire et que lui-même

n’a jamais pu réaliser. Je suis bouleversé par la façon dont il parle du choc qu’il ressent devant une œuvre. C’est un visionnaire. La force avec laquelle il décrit le sentiment de spectateur m’a fait croire à un théâtre nouveau!! Quant au révolutionnaire burkinabé Thomas Sankara, il avait fait, quelques mois avant d’être assassiné, une déclaration terriblement belle et concrète sur l’annulation de la dette du tiers-monde, un texte fondateur de la compagnie. Artara est née d’un travail d’école -!Je ne veux plus manger!- qui nous a réuni Vincent Hennebicq, Jeanne Dandoy et moi, et qui nous liait déjà à l’Afrique. C’était insolent, provocateur, un peu facile, on avait 17 ans, mais l’énergie était juste et on parlait des rapports Nord-Sud. Plus tard, j’ai mené des ateliers au Sénégal, une occasion de sortir du luxe absolu dans lequel j’ai la chance de faire du théâtre en Occident. Là-bas, pour trouver un espace de travail plongé dans l’obscurité, il faut aller dans une boîte de nuit et tu disposes juste de deux projecteurs. Ces expériences-là m’ont beaucoup appris en matière de direction d’acteurs.

AFRIQUE!/!ARTARA

Exils, la rencontre avec Cabila, un comédien qui amène tout un univers sur le plateau, a changé ma façon d’écrire. Aller vers d’autres grilles culturelles, travailler partout dans le monde, avec des gens venant de partout!: tout ce réel nourrit la création.

PRESSEExils lance l’ambitieux programme Villes en scène / Cities on stage impliquant six villes européennes, six grands théâtres et sept créations. Avant notamment Joël Pommerat ou Frank Castorf, Murgia ouvrait le feu avec un sujet difficile. (…) De courtes saynètes racontent l’exil, portées par la forte présence d’un acteur sénégalais, Cabila, parlant parfois français, parfois wolof. Pour pallier ce que cela aurait de trop littéral, Fabrice Murgia a choisi une expression poétique, proche des arts plastiques, et étendu le concept de l’exil à nos exils à tous (un burn-out symbolisé par une valse de papiers, la mort qui est l’exil suprême,…).

GUY DUPLATLa Libre Belgique

LIBRES PROPOS

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Exils

Pour moi, dont le travail de plateau est parfois perçu comme une lutte entre la technique et l’acteur, ce recentrage sur l’humain a été essentiel.

A!rtara is a contraction of Artaud and Sankara. We were big fans of Antonin Artaud at the Conservatoire. That was

the type of theatre we wanted to make and which he himself was never able to create. I’m blown away by the way he speaks of the shock he feels when seeing a piece of theatre. He was a visionary. His description of the audience’s feelings was so powerful that it made me believe in a new type of theatre! As for Thomas Sankara, the revolutionary from Burkina-Faso, a few months before he was assassinated, he’d made a terribly beautiful, practical statement about the cancellation of the debt of the developing countries, which was a seminal text for the company.

Artara arose from a college project!—!Je ne veux plus manger (I don’t want to eat anymore)!—!which brought together Vincent Hennebicq, Jeanne Dandoy and me, and which even then provided a link to Africa. It was arrogant, provocative and a little glib, we were 17, but it had good energy and we were speaking

AFRICA!/!ARTARA

PRESSFabrice Murgia has spent hours dissecting the mechanics of the Schengen Area. He didn’t think twice about pushing open the door of the Vottem closed centre to develop his thoughts on migration phenomena.

MAGALIE BEGONL'Avenir

These experiences taught me a great deal about directing actors. It was crucial for me, given that my stage work is sometimes viewed as a struggle between technology and the actor, to refocus on the human element.

OFF-THE-CUFF COMMENTS

Exils, the meeting with Cabila, an actor who brings another world to the stage, changed the way I write. Visiting other cultures, working all over the world with people who come from all over: these different realities stimulate the creative process.

about the relationship between the North and South. Later, I ran workshops in Senegal, which gave me the opportunity to leave behind the total luxury of acting I have the chance to get in the West. Over there, a nightclub is the only place to find a workspace in complete darkness and there will only be two spotlights at your disposal.

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YANNICK FRANCK Musicien, performeur, fondateur du label Idiosyncratics

ON REPROCHE PARFOIS AU THÉÂTRE DE FABRICE UN « TROP DE TECHNIQUE » …

Il n’y a rien de trop ni de gratuit, aucune démonstration. Son utilisation de la technique répond à une nécessité, il est né là-dedans et persuadé qu’il faut s’exprimer par tous les moyens disponibles. Les techniques sont toujours au service du spectacle. Pour Exils, les basses étaient sous le gradin du public, quelque chose nous venait dans les oreilles et faisait bouger tout le corps. Moi qui viens d’une culture de musique industrielle, pas toujours mélodieuse ni dans le sens du poil, avec un niveau de son élevé, je sais comment cela influence toutes les perceptions des spectateurs. Il y a un aller-retour constant entre le silence et le bruit qui vient s’immiscer ou qui s’impose, c’est toute une partition à écrire.

Ce qui m’émeut le plus, c’est quand on quitte le «!vouloir signifier!» et qu’on perçoit au lieu de comprendre, comme quand les maîtres zen donnent des koans, des énigmes qui amènent à une impasse!: on doit se rendre compte que ce n’est pas par le mental qu’on va résoudre la question. J’aime bien ce côté traquenard, cul-de-sac des spectacles de Fabrice. Il aime ce défi!: sortir d’une narration évidente, jouer avec le sens et les sens, aller vers l’abstraction pour raconter. C’est un enjeu fondamental du théâtre contemporain mais il y en a bien peu –!Castellucci notamment!- qui l’osent car subsiste l’idée qu’au théâtre ça doit rester clair et lisible pour toucher un certain public.

COMME UNE MUSIQUE FORMATÉE, SUPPOSÉE FAITE POUR TOUTES LES OREILLES ?

Moi, j’aime la portée que peut avoir l’utilisation du son, du bruit, en tant que démarche viscérale et politique. On vit dans une culture de masse et je revendique un mode de vie et de création alternatif, indépendant du mode courant de consommation culturelle qui me paraît triste, peu inventif, très tape-à-l’œil, parfois vulgaire. C’est une démarche de résistance au jour le jour, un refus qui vient des tripes, comme quand je suis obligé d’écouter tel type de musique dans les magasins. La pop culture a été fantastique mais depuis que ce ne sont plus les artistes qui la font mais les producteurs, je n’y crois plus. Et ce n’est pas de l’élitisme. Je suis moi-même fatigué du ghetto expérimental où on se fait croire que c’est formidable de jouer devant vingt personnes.

Travailler pour Fabrice signifie aussi que beaucoup de gens découvrent ce que je fais. Mon travail sonore soutient les projets de Fabrice et les narrations de Fabrice éclairent mon travail, c’est comme un miroir. Je suis aussi très touché quand des comédiens me disent qu’une nappe sonore, un son dru et brut, les a portés et aidé dans leur jeu.

INTERVIEWREGARDS CROISÉS

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YANNICK FRANCK Musician, performer, founder of the Idiosyncratics label

FABRICE’S STAGE WORKS ARE SOMETIMES CRITICISED FOR THEIR “EXCESSIVE USE OF TECHNOLOGY”…

There is nothing uncalled for or gratuitous, nothing there just for show. His use of technology meets a need, he was born into a technological world and is convinced that he should use all the available methods to express himself. The technological devices are always there to help the production along. For Exils, the basses were beneath the audience’s tiered seating, we could hear something that was physically shaking our bodies. I come from a background of industrial music, which isn’t always melodious and can rub you up the wrong way with its high sound levels, so I know how that can influence the spectators’ perceptions. There is a continual alternation between silence and sound, which breaks in or takes over, it’s like you’re writing an entire score. The most exciting thing for me is when the desire for meaning is abandoned and we sense things rather than understand them!—!like when Zen masters use Koans, riddles that lead nowhere: we have to realize that the question can’t always be answered by brainpower. I really like that trap or dead-end aspect to Fabrice’s shows. He enjoys the challenge of moving away from an obvious narrative, playing with the sense and senses, veering towards the abstract in order to tell a story. This is key concern in modern theatre but there are very few directors!—!Castellucci among them!—!who dare to do it, because there is still an idea that stage productions must be clear and intelligible to reach certain audiences.

LIKE FORMATTED MUSIC, WHICH IS SUPPOSED TO APPEAL TO ALL EARS? I like the visceral and political impact of using sound or noise. We live in a mass culture and I’ve opted for an alternative way of living and creating, independent from the general approach to cultural consumption, which seems sad, uninventive, rather flashy and occasionally vulgar. It’s a defiant day-to-day approach, a gut refusal, such as when I’m forced to listen to that kind of music in shops. Pop culture was fantastic, but ever since the producers, not the artists, started writing it, I stopped buying into it. And that isn’t elitism. I’m actually tired of the experimental ghetto where people try to kid themselves that it’s fantastic to play for an audience of twenty. Working for Fabrice also means that a great many people get to hear what I do. My acoustic work underpins Fabrice’s projects and Fabrice’s narratives shed light on my work, it’s like a mirror. It also means a great deal to me when actors tell me that an ambience track, or a dense, raw sound, influenced their acting and helped them to play their part.

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CONCRÈTEMENT, COMMENT ÉLABORES-TU LA PARTITION SONORE POUR UN SPECTACLE COMME EXILS ?

A partir de ce que je vois sur le plateau!: le grésillement de la corde de basse suit le déplacement du comédien ou de la lumière, l’espace sonore se remplit au fur et à mesure que l’espace scénique se vide, ou bien plus c’est lumineux plus le son est ténu. Je cherche un dialogue entre la dramaturgie et la matière sonore, parfois des contrastes!: plein jeu, plein son, très fort, puis rien. Noir. Je pars d’un mélange de sons naturels, de traitements électroniques, d’instruments acoustiques retravaillés, de synthétiseurs, de chansons existantes découpées, recomposées comme dans le hip hop. Des cohérences cachées se créent!: un morceau retravaillé, sur lequel on a opéré un déplacement, un glissement de sens revient en leitmotiv. Je me suis beaucoup amusé à faire ça pour Fabrice, comme Abba dans LIFE!: RESET. Ou cette reprise d’Eurythmics dans Exils, mais Olivia, l’une des comédiennes, ne chante pas comme Annie Lennox et j’y ai mis une esthétique sonore qui me plaît, sans compromis, différente de l’original.

Du côté du spectateur, le son, c’est comme un massage!: si on veut trop comprendre ce qui nous arrive, on passe à côté de l’expérience. Organiser des bruits, c’est déjà de la composition, cela peut émouvoir au même titre que la musique classique, même si notre canal de perception habituel, c’est la mélodie. Se laisser aller dans un univers qu’on ne connaît pas demande une ouverture, un lâcher prise. Quand on leur tend un peu la main, beaucoup de gens sont touchés. Ceci dit, le son au théâtre, même s’il porte le spectacle autant que la lumière, la vidéo ou le jeu, passe au second plan car on est dans une culture visuelle. Tirons parti de ce statut de parent pauvre!: le son peut s’immiscer de façon furtive, subtile, presque subliminale. On pourrait presque dire qu’une bande son est réussie quand on ne l’entend pas.

QU’EST-CE QUE TU APPRÉCIES LE PLUS DANS TA COLLABORATION AVEC FABRICE ?

La liberté. Tout peut commencer de façon illustrative puis déraper, ou aller très fort. Il aime, comme moi, les moments très soutenus, ce qui est rare au théâtre où il faut le plus souvent s’effacer. Ici, on peut aller jusqu’à créer la transe. Il faut que ça révolte un peu, que ça perturbe. L’art toujours plaisant n’a aucun intérêt. Définir sa façon d’être au monde à travers la création est mille fois plus important que de vouloir faire des choses plaisantes. Fabrice veut dire quelque chose du monde et même le crier. C’est là qu’on se rencontre probablement.

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IN CONCRETE TERMS, HOW DO YOU PUT TOGETHER THE SCORE FOR A SHOW LIKE EXILS?

I base it on what I see on stage: the thrumming of the bass string follows the movement of the actor or the light, the acoustic space fills out as the stage empties, or the sound is more sustained the brighter it becomes. I try to create a dialogue between the dramatic material and the acoustic material, or sometimes contrasts: full-on acting, full-on sound, very loud, then nothing. Lights out. I start with a mixture of natural sounds, electronically processed sounds, reworked acoustic instruments, synthesisers, existing songs cut up and put back together again, as they do in hip hop. Hidden correspondences are created: a reworked piece, which has been moved, or has undergone a shift of meaning, crops up again as a leitmotiv. I had a lot of fun doing that for Fabrice, using Abba in LIFE!: RESET. Or Eurythmics in Exils, but Olivia, one of the actresses, doesn’t sing like Annie Lennox, so rather than compromising, I went for a sound I liked, which was different from the original. Sound, for the spectator, is like a massage: if we try too hard to understand what’s being done to us, we miss out on the experience.

Arranging sounds is still an act of composition, which can move people in the same way as classical music, even if melody is our usual channel of perception. You have to be open-minded, laidback, if you’re going to let yourself go in an unfamiliar environment. If you give the audience a helping hand, many of them will be moved. Having said that, the use of sound in the theatre, even if it is as vital to the show as the lighting, video projection or acting, is of secondary importance because this is a visual medium. We have to make the most of this poor relation status: sound can make itself heard furtively, subtly, almost subliminally. You could almost say that a soundtrack is working properly when no one is listening to it.

WHAT DO YOU ENJOY MOST WHEN YOU’RE COLLABORATING WITH FABRICE?

The freedom. Things can begin descriptively then go off at a tangent, or turn into something really powerful. Like me, he enjoys moments of great intensity, which is rare in the theatre where, more often than not, you’re supposed to stay in the background. Here, you can actually shake up the audience. They have to be a little shocked and unsettled. Art that always seeks to entertain is of no interest. Using creativity to define your existence is a thousand times more important than wanting to entertain. Fabrice wants to say something about the world and shout it from the rooftops. That’s probably what we have in common.

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MOTEUR !/ !EXTRAITJe dédie ce spectacle à mon père…Je dédie ce spectacle à tous ceux qui rêvent plus qu’ils n’ont peur…Au monde de l’enfance qui n’a pas besoin du Ciel.

PRESSEUn spectacle d’une époustouflante beauté. On parle de la famille, du déracinement de ces Italiens venus en Belgique pour travailler dans les mines, de la douleur de la perte d’un enfant, de ces témoins de Jéhovah qui tendent une main secourable à ceux qui sont dans le malheur mais qui rejettent ceux qui mettent en doute leurs croyances. (…) De cette matière intime, le spectacle, idéalement porté par trois actrices ressemblant aux trois visages d’une même femme, fait une matière universelle, poétique, émouvante.

JEAN-MARIE WYNANTSLe Soir

PRESSELe décor, à la perspective faussée, les images projetées, déforment la réalité, comme le regard que portent les témoins de Jéhovah sur le monde. (…) De savants jeux de lumière et des effets spéciaux mènent aux confins du songe, où monstres et catastrophes nous plongent dans un cauchemar terrifiant. Malgré la sérénité affichée, Fabrice Murgia est un artiste de la crise, dénonçant tout ce qui prive l’homme de sa liberté, depuis les idéologies libérales jusqu’aux âmes faussement charitables.

LÉNA MARTINELLILestroiscoups.com

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Les enfants de Jéhovah

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INSPIRATION !/ !EXTRACTI dedicate this show to my father…I dedicate this show to everyone who is not too afraid to dream…To the realm of childhood which has no need of Heaven.

PRESSA stunningly beautiful production. This work deals with family, the uprooting of Belgian Italians who came to Belgium to work in the mines, the grief caused by losing a child, the Jehovah’s Witnesses who will extend a helping hand to those hard hit by misfortune but reject whose who question their beliefs. (…) In this show, this highly personal material, impeccably performed by three actresses resembling three faces of the same woman, becomes something universal, poetic and highly moving.

JEAN-MARIE WYNANTSLe Soir

PRESSThe stage set, with its distorted perspective and projected images, misrepresents reality in the same skewed way as the Jehovah’s Witnesses regard the world. (…) Clever lighting and special effects create a dreamlike world which is transformed into a terrifying nightmare by monsters and disasters. Despite his apparent composure, Fabrice Murgia is a writer who deals with crisis, denouncing everything that deprives individuals of their freedom, from liberal ideologies to people who purport to be charitable but are not.

LÉNA MARTINELLILestroiscoups.com

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L!es projets s’enchaînent parfois très vite et j’aime bien ça, un temps de répétition court… je ne vais pourtant pas plus

vite que les autres!: c’est lié à ma façon d’écrire au plateau. Un temps de répétition trop long peut tout foutre en l’air. Dans mon parcours, c’est Le chagrin des Ogres qui écrit LIFE!: RESET qui écrit Exils qui écrit Les enfants de Jéhovah… j’aborde toujours la même question mais d’une autre manière parce que ma préoccupation se modifie, ma façon de raconter des histoires, ma perception du monde, mon âge et celui de mon enfant aussi. Aujourd’hui par exemple j’en ai assez d’entendre «!Murgia ça parle de mondes virtuels et d’ordinateurs!». Dans Les enfants de Jéhovah, il n’est pas question d’ordinateurs. Ce dont j’ai envie de parler, c’est la fragilité de l’humain, l’extrême difficulté à être en rapport avec l’autre. Et puis je fais des spectacles courts et violents, par envie d’être direct mais aussi par pudeur!: j’ai peur de la complaisance, d’autant plus que je travaille avec une forte dimension esthétique. Il m’importe de rester sincère. Le temps est utile pour prendre du recul, me confronter au monde, pour que la question reste vraie, vivante. Le doute ne m’épargne pas.

METHODE!/!MOTIVATION

A chaque début de création je me questionne sur ma nécessité, je me demande ce que je veux dire et à quel public… Et puis, dans le noir et dans le silence, je vois un geste, un mouvement, et je me dis ok, c’est là qu’il faut puiser, un spectacle va naître de ça. Cette profusion de créations part aussi d’une sorte d’inexpérience!: je n’avais pas de méthode préconçue, je me la suis inventée. Mais il faudra un jour trouver autre chose, pour éviter l’infarctus (rire).

PRESSELe public est happé, l’estomac et le cœur penchés vers ce plateau sombre sur lequel plane la menace de l’embrigadement et de l’aveuglement. (…) On devient soudain un enfant terrorisé par des monstres, on frissonne de l’incendie qui détruit tout, on s’émerveille d’une pluie de flocons et des miracles auxquels on a envie de croire tout de même.

JULIE CADILHACBscnews.fr

LIBRES PROPOS

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P!rojects sometimes follow on from each other very fast and I like a very short rehearsal time… I do not work faster than

anyone else but it’s more to do with the way I write on stage. Rehearsing for too long can ruin everything. In my writing career, Le chagrin des Ogres wrote LIFE!: RESET which wrote Exils which wrote Les enfants de Jéhovah… I always tackle the same question but in a different way, because my considerations change, as do my way of telling stories, my perception of the world, my age and that of my child. Right now, for example, I’ve had enough of hearing ‘Murgia’s work is all about virtual worlds and computers’. Computers have no place in Les enfants de Jéhovah. What I anted to talk about was human weakness, how difficult it is to relate to other people. Also, I write short, violent plays, not just because I want to be direct but also through a sense of restraint: I’m afraid of being self-indulgent, especially as I’m working with a powerful aesthetic medium. It’s important for me to be sincere. Time is essential to allow me to take a step back and look at the world, so that the question remains true, alive. I’m never free from doubt.

METHOD!/!MOTIVATION

OFF-THE-CUFF COMMENTS

PRESSThe audience is struck by the gut-wrenchingly, heart-stoppingly dark stage, which is pervaded by the threat of blindness and indoctrination. (…) We suddenly become children terrified of monsters, we tremble at the fire that destroys everything, we marvel at a shower of snowflakes and at miracles which, despite everything, we desperately want to believe in.

JULIE CADILHACBscnews.fr

Whenever I start the process of creation, I wonder whether I need to do it, I ask myself what I want to say and to what kind of audience… Then, in the darkness and the silence, I see a gesture or a movement, and I think: Ok, that’s what I need to draw from, I can get a play from that. The need to create so many shows also stems from a kind of inexperience: I didn’t have a preconceived method, I invented one. But one day I’ll have to find something else if I’m going to avoid having a heart attack (laughs).

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DAVID MURGIAFrère cadet de Fabrice, comédien au sein du très remuant Raoul Collectif

QUELLE A ÉTÉ LA SINGULARITÉ DE TON APPORT DANS LA CONCEPTION DES ENFANTS DE JÉHOVAH ?

Après Exils, mon frère voulait revenir à des thèmes plus intimes, à une petite équipe. La thématique, on y avait déjà pensé et on avait interviewé notre père. En marge de notre présence au Festival à Rennes, on avait lu ensemble un court premier jet écrit par Fabrice. Cette lecture très vibrante –!on parlait de notre histoire!– avait marqué la salle. Dès ce moment-là, je faisais partie de l’écriture. On a même hésité à jouer tous les deux. Mais on a tant de projets qu’on ne pourra pas se retrouver dans une création avant 2019 (rire). Pendant les répétitions, au LOD, à Gand, je venais poser un regard, avec une fonction difficile à définir –!Fabrice parle de co-concepteur. Disons plutôt que j’étais, de par ma seule identité, dépositaire de ce dont Fabrice avait besoin!: notre histoire, une proximité, de la véracité dans

ce qu’il tentait de toucher. J’étais une épaule sur laquelle il pouvait s’appuyer pour chercher les mots. Personne n’aurait pu avoir à ma place cette alternance de présence, de compréhension muette, de lâcher-prise. J’ai également apporté l’interview de la Nonna d’un ami acteur, une grand-mère arrivée en Belgique à la même époque que nos grands-parents. Elle a mis des mots, des images sur son arrivée à Fléron, le quartier où on a grandi, le terril, l’usine, les charbonnages. Il en est resté un accent, des fragments que Fabrice a fondus avec notre histoire. Le récit d’enfance livré par mon père évoquait sa manière de grandir dans la religion, des choses qui sont dans le spectacle sous forme de sensations, un univers peuplé de bruits, le diable caché dans la chambre d’enfant, le bois qui craque.

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DAVID MURGIAFabrice’s younger brother, an actor with the dynamic Raoul Collectif

CAN YOU TELL US MORE ABOUT YOUR UNIQUE CONTRIBUTION TO THE CONCEPT OF ENFANTS DE JÉHOVAH?

After Exils, my brother wanted to return to some more personal themes, and a small group of actors. We’d already come up with the theme and had interviewed our father. When we were at the Rennes Festival, we’d done a reading together at a fringe event of a short early piece written by Fabrice. This moving event!—! we were talking about our own history!—!had made a deep impression on the audience. From then on, I was involved in the writing. We’d even both been in two minds about acting in it. But we had so many projects on the go that we wouldn’t have been able to be in a first performance together until 2019 (laughs). I came to the LOD theatre in Ghent, during the rehearsals, to take a look at the play, although my role was hard to define!—!Fabrice described me as cowriter. Let’s just say that, because of who I am, I had just what Fabrice needed: a shared history, a kinship, I knew the truth about what he was trying to say. I was the shoulder to lean on when he was trying to find the right words. No one else could have done what I did, providing moral support and unspoken understanding, while taking a back

seat when required. I also came up with an interview with the Nonna of a friend and fellow actor, a grandmother who’d come to Belgium at the same time as our grandparents. She provided some words, some images about her arrival in Fléron, the neighbourhood where we’d grown up, with the slagheap, factory and coalmines. Fabrice combined an accent and some fragments with our own story. The story my father told of his childhood described a religious upbringing, things which in the play appear as sensations, a world inhabited by noises, the devil hidden in the child’s bedroom, the sound of wood cracking.

DID YOUR INVOLVEMENT EXTEND TO THE STAGING OF THE COLLECTED MATERIAL?

No, we inhabit very different worlds and work in very different ways!—!I could develop the same theme, but it would take me two years. Anyway, there can only be one chief. Fabrice has a way of working which reminds me of networking, with maybe a computer programmer’s brain: he launches several creative processes at the same time with his collaborators, then focuses all his attention on the project at hand while staying aware of things developing here and there.

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TU AS ÉTÉ IMPLIQUÉ JUSQUE DANS LE TRAITEMENT SCÉNIQUE DE CE MATÉRIAU COLLECTÉ ?

Non, nous avons des univers et des façons de travailler très différentes –!moi je pourrais développer ce même thème, mais il me faudrait deux ans. Et puis, il y a un seul capitaine. Fabrice a une méthode de travail qui fait penser aux fonctionnements en réseau, avec peut-être un cerveau de programmateur!: il lance plusieurs processus créatifs en même temps avec des collaborateurs, puis se concentre sur le projet le plus immédiat tout en gardant à l’esprit que des choses mûrissent ça et là. Ensuite, à un rythme régulier, il provoque des connexions, des rencontres où les avancées s’échangent, rebondissent, se relancent. Il travaille très vite. Toute la facture scénique des enfants, Fabrice l’a conçue dans le prolongement de ses recherches et le spectacle, bien au-delà de la question des sectes, retravaille les questions qui le taraudent. C’est l’histoire de quelqu’un qui grandit pendant 18 ans dans un fort conditionnement, une vision du monde faussée et qui, avec une force vitale formidable, refuse cet asservissement et s’émancipe. C’est une histoire de révolutionnaire. Ceci dit, il y est aussi question de dimension virtuelle!: la religion ne dit-elle pas que le monde, le réel, n’a pas de valeur, qu’il faut se projeter dans un hors-monde, un après-jugement-dernier où enfin la vraie vie va commencer!? Dans le travail de Fabrice, la peur, qui empêche d’exister, est un thème majeur, et avec elle, en réponse, il y a toujours la force du vivant, l’enfant en nous, qui a tenu bon, l’enfant comme vitalité.

COMMENT VOTRE PROPRE ENFANCE PARTAGÉE INFLUE-T-ELLE SUR VOTRE MÉTIER AUJOURD’HUI ?

Nous sommes fils d’ouvriers et avons grandi dans l’idée qu’il ne fallait pas reproduire l’aliénation que le travail avait fait peser sur nos parents. Ils ont espéré que nous ayons si possible une vie de bureau confortable. Au début, quand nous sommes partis vers des métiers d’artistes, ça a été un peu la catastrophe. Aujourd’hui, leur vision de ce milieu, de la culture, a évolué, ils nous font des retours sur notre boulot, ont un esprit critique affiné quant aux différentes tendances des supports presse. Ce n’est pas le métier le plus rassurant, mais nous aimons cette liberté-là. Notre origine fait que nous gardons toujours le contact avec le réel, la matière du monde nous intéresse prodigieusement et c’est important d’y être connectés. Pas question donc de partir dans des délires intellectuels. Fabrice ne cherche pas à prouver quoi que ce soit sur ce plan-là. Même si l’art contemporain l’intéresse, comme des centaines d’autres choses qu’il scrute et connecte sans relâche entre elles, il n’y a aucun élitisme chez lui.

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Then he steadily generates connections and meetings which allow the advances made to be exchanged, given new impetus and followed up. He works very fast. Fabrice designed the entire stage production of enfants while doing his research and the play, quite apart from the question of sects, reworks other questions that preoccupy him. It’s the story of someone brainwashed for 18 years, someone who grows up with a distorted view of the world and who, with incredible strength, rejects that enslavement and breaks free. It’s the story of a revolutionary. That said, it also deals with the question of virtuality: after all, doesn’t religion tell us that the world, that reality, has no value, and that we need to cast ourselves into a world beyond, a world after the last judgement when real life can at last begin? In Fabrice’s work, the fear that prevents us from living is a key theme and this is always accompanied, by way of an answer, by the strength of the living, the child within us, who has stood his ground!—!the child as vitality.

WHAT INFLUENCE DOES YOUR SHARED CHILDHOOD HAVE ON YOUR WORKING LIFE NOW?

We’re the sons of labourers and we grew up believing that we shouldn’t allow work to alienate us the way it did our parents. They hoped we’d have comfortable lives working in an office. Initially, when we started to show an interest in artistic professions, it was regarded as a bit of a disaster. Now they look at this milieu, at culture, with fresh eyes, they review our work, they’re very discerning when it comes to the different sympathies of the press. It’s not the most secure line of work, but we like the freedom it brings. Our background means that we never lose touch with reality, we’re hugely interested in the world about us and it’s important to stay grounded. As a result, there’s no way we’d ever start spouting intellectual theories. Fabrice doesn’t feel he has anything to prove in that respect. Even though he’s interested in contemporary art, along with hundreds of other things which he examines and continually connects, there’s nothing elitist about his work.

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MOTEUR J’étais tombé amoureux de ces endroits en déréliction au bord de la mythique Road 66 et surtout de ces gens âgés, qui ont fui et vivent là, «!hors monde!», habités par leurs souvenirs et des préoccupations certainement bien différentes de celles qui hantent notre société de consommation.

PRESSEUn voyage immobile à la recherche de fantômes, de souvenirs enfuis, tandis que l’imaginaire comble les absences et les manques. Magnifié par les sublimes arias chantées par Jacqueline Van Quaille, la splendide partition musicale de Dominique Pauwels et la finesse de son travail sonore, Ghost Road est un touchant portrait en filigrane de Viviane De Muynck, un spectacle d’une douloureuse beauté qui s’enracine ailleurs pour mieux nous parler de l’humain, ici et maintenant.

PATRICK BEAUMONTLa Gazette Nord-Pas de Calais

EXTRAITLa vie est belle ici.Tu peux laisser le matin la journée commencer à son aise.Vivre avec ce dont tu as besoin.Et.Tu peux ?Tu peux vivre avec ce dont tu as besoin ?Je veux dire juste ce dont tu as besoin ?Quand tu peux faire ça.Tu n’as plus besoin de vacances.

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INSPIRATIONI’d fallen in love with the rundown places along the legendary Route 66 and particularly with all those elderly people who’d turned their backs on society and who now live there “on the fringes” with their memories, possessed by concerns that differ entirely from those that obsess our consumer society.

PRESSA stationary journey in search of ghosts and lost memories, leaving the imagination to fill in the absences and gaps. Enhanced by magnificent arias sung by Jacqueline Van Quaille, a superb musical score and sophisticated sound installation by Dominique Pauwels, Ghost Road is a subtly moving portrait of Viviane De Muynck, a heartbreakingly beautiful show that talks all the more effectively about the human condition here and now for being rooted in another place.

PATRICK BEAUMONTLa Gazette Nord-Pas de Calais

EXTRACTLife is beautiful here.You can let the morning the day start in its own good time.Live with what you need.And.You can?You can live with what you need?I mean just what you need?When you can do that.You don’t need to take holidays anymore.

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T!out petit, peut-être à cause des jeux sur les terrils (rire), je voulais être archéologue ou reporter. Il est resté quelque

chose de cette idée d’enfant dans le métier que je fais. J’ai parfois la chance de voyager -!même très loin!- pour inventer mes spectacles. La création de Ghost Road correspondait au désir de renouveler mes questionnements, de ne pas me laisser enfermer dans un tiroir - Ah oui!! Murgia c’est «!les nouvelles générations!»!! J’avais besoin d’un désert, de me fracasser contre une réalité différente de la mienne. J’avais peur aussi que ce métier isole avec ses noirs, ses murs épais, ce repli dans la littérature et les films qui tournent forcément, comme une obsession, autour du sujet qu’on est en train de travailler. Alors nous sommes partis ensemble dans un désert, avec très peu de temps pour inventer, sept jours!… A partir des interviews réalisées là-bas se sont dessinés des portraits d’êtres très différents de nous.

VÉRITE!/!VOYAGE

Le voyage a vraiment un pouvoir régénérant.

Ceci dit, dans ce métier, je peux être un voyageur sans partir nulle part, et j’adore ça!: juste découvrir des gens, des façons de faire ou de penser nouvelles. J’ai travaillé avec Viviane De Muynck par exemple, alors qu’on ne se connaissait pas, qu’elle a un âge tout différent du mien, et c’était un vrai voyage.

PRESSE(…) Une magnifique œuvre d’art pour notre époque : une messe funèbre pour l’Ouest, un message de foi en quelque chose de neuf. Ghost Road est un étrange spectacle où les cigarettes ne sont pas écrasées à mi-chemin mais fumées jusqu’au bout. Il y a du temps, des images magnifiques, une musique superbe. Et la puissance de conviction tranquille de Viviane De Muynck et Jacqueline Van Quaille.

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W!hen I was very young, I wanted to be an archaeologist or a reporter, perhaps from playing on the slag heaps

(laughs). Something of that childhood idea has remained in my choice of profession. I sometimes get the chance to travel!—!a long way away occasionally!—!to put together my shows. The creation of Ghost Road corresponded to a desire to change my line of questioning, to avoid letting myself be compartmentalised!—!Oh yes! Murgia, he’s all about “the new generations!!”. I needed a desert, I needed to confront a reality that was different to mine. I was also afraid that this profession might cut me off from the world with its darknesses, its thick walls, the way you withdraw into books and films which inevitably revolve around the subject you’re working on, like an obsession. So we set off for a desert, with very little time to come up with anything, just seven days… Based on interviews we carried out there, we created some portraits of people very different to us.

TRUTH!/!TRAVEL

PRESS(…) A magnificent work of art for our times: a funeral mass for the West, a message of faith in something new. Ghost Road is a strange show in which cigarettes aren’t crushed underfoot half-finished but are smoked to the bitter end. There is a sense of time, superb images and wonderful music. And the calm power of conviction of Viviane De Muynck and Jacqueline Van Quaille.

WOUTER HILLAERTDe Standaard

The trip had a totally regenerative power. That said, in this profession, I can be a traveller without going anywhere, and I love that: just discovering people, new ways of doing things or thinking. I worked with Viviane De Muynck for example, when we didn’t know each other and when she was a completely different age from me, and it was a real voyage of discovery.

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VIVIANE DE MUYNCK Comédienne

L A MÉTHODE DE TRAVAIL DE FABRICE MURGIA A-T-ELLE ÉTONNÉ LA COMÉDIENNE EXPÉRIMENTÉE QUE VOUS ÊTES ? J’ai l’habitude du mixage des arts, je travaille énormément avec des danseurs, mais avec Fabrice, ce qui est surprenant c’est que les répétitions correspondent pendant assez longtemps à une pratique de montage, plutôt technique, comme au cinéma. Fabrice compose avec beaucoup d’éléments en même temps!: vidéo, interviews, musique, lumière!… Ce n’est qu’assez tard dans le développement que j’ai dit!: maintenant plus personne ne vient sur le plateau, je veux faire une traversée du texte, sans interruption!! Bien sûr il y avait un travail de mise en scène, Fabrice a indiqué les couleurs qu’il souhaitait pour chaque partie, mais la dramaturgie, ce travail de faire de tout cela une pensée humaine, interprétable de plusieurs façons, ça c’est venu en fin de processus. Il y a même des choses que je n’ai découvertes que très tardivement au cours des représentations!: comment, à certains moments, je suis sur scène et aussi en image projetée en grand format, en gros plan, derrière moi, à partir d’une captation réalisée en direct sur le plateau pendant que je parle. Il faut alors ajuster un jeu différent –!plus «!cinéma!»!- quand la caméra fait la focale sur mon visage. C’est donc une démarche très spécifique,

qui m’a fait penser à celle d’Elizabeth LeCompte avec son Wooster Group à New-York!; elle aussi construit ses spectacles minute après minute. Cette technique exige d’être ouvert, souple et disponible aux autres, d’accepter de faire et refaire. Au début, il faut laisser aux autres la possibilité de développer l’univers dans lequel votre parole va pouvoir se dessiner, seulement alors vous développez votre arrogance (elle doute du mot qu’elle a choisi), votre verselfsprekendheid (nous cherchons ensemble le mot français qui conviendrait!: singularité!?), enfin, cette façon unique que vous avez d’être sur une scène. Tout cela constitue une dramaturgie vivante écrite dans l’instant, un processus complexe car nous sommes dans un monde complexe. Nous travaillons dans le même esprit à la Needcompany!: le metteur en scène a les pieds sur terre, une conscience de la complexité du monde où il vit, un monde dur, très dur. Le nom de ma compagnie, ça veut dire!: on a besoin de compagnie, on ne fait pas les choses tout seul, on travaille ensemble et aussi!: on est relié au monde dans lequel on fait du théâtre.

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VIVIANE DE MUYNCK Actress

BEING AN EXPERIENCED ACTRESS, WERE YOU SURPRISED AT FABRICE MURGIA’S WAY OF WORKING ? I’m used to a crossover of arts, I work with dancers a lot, but what is surprising about Fabrice is that, for a long time, the rehearsals resemble a fairly technical editing process, as in film. Fabrice works with a great many elements at the same time: video, interviews, music, lighting… It was only fairly late in the play’s development that I said: no one else is to come on stage now, I want to run through the text without any interruptions! Of course, Fabrice was working on the staging, indicating the colours he wanted for each part, but the dramatic composition, the work involved in turning everything into a collection of human thoughts which could be interpreted in several ways, all that came at the end of the process. There were even things I didn’t discover until late into the performances: how, at certain moments, I’m on stage and also viewed as a large format close-up which is being filmed and projected behind me live onstage as I’m speaking. Then you have to adjust to a different!—!more “filmic”!—!style of acting when the camera focuses on your face. So it’s a very specific approach, which reminded me of Elizabeth LeCompte and her Wooster Group in New-York; she also put together her shows from one minute to the next. This technique means you have to be open-minded, flexible and receptive to others, happy to do things over and over.

In the beginning, you have to allow people the opportunity to develop the world in which your words will take shape, and only then can you develop your arrogance (she’s unsure of the word she’s chosen), your verselfsprekendheid (the equivalent in English could be uniqueness!?), your own unique way of being on stage. This is a living drama written on the spot, a complex process for a complex world. We work in the same spirit at the Needcompany: the director has his feet firmly on the ground, an awareness of the complexity of the world in which he lives, a world that is tough, very tough. The name of my company can mean: we need company, we don’t do things on our own, we work together and also: we’re linked to the world in which we make theatre.

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QU’EST-CE QUI VOUS SINGULARISE COMME ACTRICE ? Je viens avec ce que je suis. Je crois que c’est ce que le public apprécie!: sentir cette résonance avec qui je suis vraiment, les choses de ma vie. Et aussi avec eux, leur vie. Les gens sont touchés. Mais pour une actrice, ce n’est pas sans prix!… Et puis, il y a aussi le respect pour le public. J’adore ce moment où il est invité à se confronter à ce qui est offert, c’est très émouvant. J’avais été étonnée, quand j’ai rencontré Fabrice, que quelqu’un de si jeune -!28 ans!!!- ait cette curiosité pour des gens souvent vieux, retirés dans le désert. Aussi quand le spectacle a été joué, j’ai été très émue qu’il plaise à des gens très jeunes. Le public me donne tant depuis toutes ces années. Et moi, je ne me cache pas derrière un personnage dans un monde d’illusion. Cocteau dit!: le théâtre est un mensonge qui dit toujours la vérité. Pour Ghost Road, la vérité, c’était aussi celle des gens qu’on est allés rencontrer, qui vivent dans des baraquements isolés, des hommes, surtout. On ne va pas pour rien habiter ces endroits qui sont quand même dangereux. Alors, je voulais aborder les gens avec beaucoup de pudeur, sans questions indiscrètes sur leur moyens de vivre ni même sur le pourquoi ils sont venus là. Vous savez, quand un gars dit!: je suis venu ici parce que je n’avais plus envie de faire du mal et plus envie qu’on m’en fasse, ça en dit assez. C’est très puissant. Je me demande ce que sera Ghost Road 2. Moi-même j’ai beaucoup changé. La vie nous change, on vit des épreuves qui nous bouleversent. J’ai vécu déjà le voyage sur la Route 66, maintenant on repart, au Chili, ça va être une histoire différente, sans doute très différente.

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I come with what I am. I think that’s what the public likes: they can feel that my performance chimes with who I really am, with stuff going on in my life. And also with them, their lives. People are touched. But for an actress, that comes at a price… Then there’s your respect for the public. I love that moment when the audience is asked to take on board what they’re being shown, it’s very moving. I had been surprised, when I met Fabrice, that someone so young!—!28!!—!should be so curious about people who are often old and have withdrawn into the desert. Also, when the show was performed, I was very moved that it appealed to very young people. The public has given me so much all these years.

WHAT SETS YOU APART AS AN ACTRESS?

And I myself don’t hide behind a character in a world of illusion. Cocteau said: theatre is a lie that always tells the truth. For Ghost Road, the truth was also the truth about the people we went to meet, who live in isolated shacks, mainly men. These places are dangerous and people don’t go to live there for nothing. So I wanted to approach those people tactfully, without asking indiscreet questions about how they live or even why they’d gone there. You know, when a guy says: I came here because I didn’t want to hurt anyone anymore and I didn’t want anyone to hurt me, that says it all. It’s very powerful. I wonder what Ghost Road 2 will be like. I’ve changed a great deal. Life changes us, we live through ordeals which turn our lives upside down. I’ve already experienced the trip along Route 66, and now we’re off again, to Chile: that will be a different story, probably very different indeed.

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CONCLUSION

A!près Avignon, quel tournant va prendre Artara en termes de forme!? Avec qui, devant quel public jouerons-nous!?

Dans quels lieux!? Avec des non-professionnels!? Ces questions ne sont pas de pure logistique!: elles concernent le sens de mon travail. J’aimerais aller plus loin encore dans les rencontres que permet mon langage théâtral. Car, mêler les modes d’expression, l’image, la musique, c’est aussi décloisonner le théâtre, l’ouvrir à plus de monde, aux jeunes, partager la chance que nous avons en tant qu’artistes d’être sans cesse en train d’interroger la marche du monde. J’ai le sentiment qu’un cycle se termine, un changement de cap se prépare, il y a une envie de partenariats, des lieux qui m’invitent, des appels à collaborer, beaucoup de désirs... Je me demande aussi aujourd’hui!: comment être dans la beauté, la poésie sans renoncer à agir sur la qualité de la citoyenneté!? Certes, le théâtre, vieux de plus de 2.000 ans existera toujours, mais je suis inquiet. Qu’en est-il d’une société qui s’était donnée les moyens de faire de la culture un facteur de bien-être social et d’émancipation!? Il y a des reculs significatifs. Le Portugal en crise rattache son ministère de la Culture à celui des sports. Est-ce qu’on va bientôt retourner aux spectacles de gladiateurs!? Moi, personnellement, je m’en sors bien!: faire du théâtre, c’est ce qui me construit en tant qu’être humain, unique. Mais du côté des spectateurs!? Que deviendra demain la fonction cathartique du théâtre, ce précieux et salutaire moment collectif!? Où allons-nous si le Star system tue les artistes, si la société du Mainstream, cette façon de «!produire des biens culturels!» toujours plus formatés selon la demande la plus massive, uniformise les spectateurs ou vide les théâtres!? Il est urgent pour l’artiste de déborder des colonnes «!culture!» des journaux, d’associer son geste à une implication plus forte dans la société civile. Il est essentiel de préserver, par tous les moyens, un lien de qualité entre les artistes et tous les publics.

W!hat new direction will Artara take in terms of form after Avignon? Who will we act with and in front of what kind

of audiences? In what type of venues? With non-professionals? These questions are not just a matter of logistics: they affect the very meaning of my work. I’d like to go even further with the encounters made possible by my dramatic language. This is because combining modes of expression with images and music is also a way of breaking down walls in the theatre, of opening it up to wider audiences, to young people; it is a way of sharing how lucky we are, as artists, to be constantly examining the way the world works. I feel as though something is coming to an end, that a change of course is in the offing, I have a craving for new partnerships, for invitations to different places, for fresh collaborations, I want to do a lot of things... I’m now also wondering how to stay within the realms of beauty, poetry, without turning my back on the desire to have an impact on the nature of citizenship. Naturally, the art of theatre, which dates back more than 2,000 years, will always exist, but I am concerned. What has happened to a society that once took measures to make culture an agent for social wellbeing and liberation? That process has taken a significant step backwards. Portugal, in a state of economic crisis, has made its Ministry for Culture part of the Ministry for Sport. Are we on our way back to gladiatorial spectacles? Personally, I’m doing fine: acting and writing for the theatre is what makes me human and sets me apart from everyone else. But what about the audiences? What will become of the cathartic role of theatre, that invaluable, beneficial collective event? What will become of us if the star system kills all the true artists and if mainstream society, that method of producing increasingly systematised “cultural goods” to meet mass demand, standardises audiences or empties the theatres? There is an urgent need for artists to step outside the culture columns in the newspapers and ensure that whatever they do has a greater impact on civil society. It is essential to use all possible means to preserve a thriving relationship between artists and audiences of every kind.

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Conclusion / Crédits

Rédaction et entretiens!/!Texts and interviews Cécile Michaux, avec le soutien du Théâtre National-Bruxelles Traduction!/!Translation Sue Rose Conception graphique!/!Graphic Design PUREBRAND by Bidule (www.purebrand.be)

Merci aux personnes interviewées!/!Special thanks to the intervieweesJean-Louis Colinet, Vincent Lemaire, Yannick Franck, David Murgia, Viviane De Muynck

Le chagrin des Ogres Texte et mise en scène!/!Written and directed by Fabrice Murgia / Cie Artara Assistante à la mise en scène!/!Assisted byCatherine HanceEnvironnement sonore et régie son!/!Sound installation and managementMaxime GlaudeCréation vidéo!/!Video creationJean-François RavagnanCréation lumière!/!Lighting creationManu SaviniScénographie!/!Stage designFrançois LefebvreCréation costumes!/!Costumes creationMarie-Hélène BalauRégie générale!/!General stage managementMichel RansbotynRégie vidéo!/!Video managementMatthieu BourdonRégie lumière!/!Lighting managementJody DeneefInterprétation!/!WithLaura Sépul!/!Ingrid Heiderscheidt, Emilie Hermans, David Murgia!/!Anthony FoladoreProduction!/!Produced byLe Théâtre National-Bruxelles. Avec l’aide de - with the support of - la Cie Artara, du Festival de Liège, de Théâtre & Publics. Le texte est publié aux - the text is published by - Editions Hayez & Lansman (version FR!-!ENG - French and English version).

Le chagrin des Ogres en tournée!/!Le chagrin des Ogres on tour 2008!-!2009 / 6 représentations!: Soumagne, Festival Paroles d’Hommes!/ Liège, Culture Club!/!Liège, Festival de Liège!/!Bruxelles, Théâtre National «!Showcase!». 2009!-!2010 / 65 représentations!: Bruxelles, Théâtre National!/!Charleroi, L’ANCRE!/!Soumagne, Centre Culturel!/!Huy, Acte 2!/!Tournai, Maison de la Culture!/!Mons, Le Manège!/!Malines, KC Nona!!/!Strasbourg, Le Maillon, ! Festival «!Premières!»!/!Paris, Odéon Théâtre de l’Europe,!Festival «!Impatience!»!/! Wiesbaden, Festival «!New Plays from Europe!»!/!Avignon, La Manufacture.2010!-!2011 / 26 représentations!: Limoges, Festival «!Les Francophonies en Limousin!»!/!Namur, Théâtre Royal!/!Châlons-en-Champagne, La Comète!/! Rochefort, Centre Culturel!/!Ciney, Centre Culturel!/!Château-Arnoux, Théâtre Durance!/! Région parisienne, Festival «!Les théâtrales Charles Dullin!»!/!Paris, Centre Wallonie Bruxelles!-!Paris!/!Nancy, «!La mousson d’hiver!»!/!Nivelles, Centre Culturel!/!Sibiu, The Sibiu International Theatre Festival.2011!-!2012 / 49 représentations!: Genève, Le Festival de la Bâtie!/! Bruxelles, Théâtre National!/!Paris, Odéon - Théâtre de l’Europe!/!Pessac, Pessac en Scène!/!Arradon, La Lucarne!/!Alençon, Scène Nationale 61!,!Flers!/!Cherbourg, Scène Nationale, Le Trident!/!Blois, Halle aux Grains, Scène Nationale!/!Brétigny, Théâtre de Bretigny!/!Annemasse, Château rouge!/!Cluses, Allobroges, Centre Culturel!/! Le Creusot, L’Arc, Scène Nationale!/!Montpellier, Festival Hybrides!/!Amiens, Le Safran!/! Rennes, Festival Mythos!/!Grasse, Théâtre de Grasse!/!Creil, La Faïencerie!/! Grenoble, MC2 Maison de la Culture!/!Vire, Le Préau - CDR Basse!-!Normandie!/! Torun, Pologne. 2012!-!2013 / 11 représentations!: Bruxelles, Wolubilis!/!Annecy, Bonlieu Scène nationale!/!Oullins (Grand Lyon), La Renaissance!/!Aix en Provence, ATP Théâtre Antoine Vitez!/!Saint Etienne, La Comédie!/!Santiago de Chili, Festival Santiago a Mil.2013!-!2014 / 1 représentation!: Girona, Festival Temporada Alta.

Prix - Récompenses / AwardsBiennale de Venise «!Silver Lion for innovation in Theater!» (2014)La Biennale di Venezia « Silver Lion for innovation in Theater » (2014)

LIFE!: RESET | Chronique d’une ville épuisée nominé aux Prix de la Critique de la presse en Communauté française, remporte le prix du «!Meilleur espoir féminin!», pour Olivia Carrère (2011).LIFE:RESET / Chronique d’une ville épuisée nominated for the Prix de la Critique de la Presse en Communauté Française (Awards of the Press Critics in French-speaking Community) wins the «!Most Promising Actress!« Award for Olivia Carrère (2011).

LIFE!: RESET | Chronique d’une ville épuisée présenté dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts, suivi par le «!Children Choice Awards!», reçoit deux prix, attribués par un groupe d’enfants âgés de 10-11 ans!: le prix du baiser le plus bizarre (entre une femme et un lapin) et le prix de la femme nue (Olivia Carrère) (2011).LIFE:RESET / Chronique d’une ville épuisée presented as part of the Kunstenfestivaldesarts, followed by the «Children Choice Awards», becomes two prizes, awarded by a group of children aged 10-11: the prize of the strangest kiss (between a woman and a rabbit) and the prize of the naked woman!- Olivia Carrère (2011).

LIFE!: RESET | Chronique d’une ville épuisée est présenté à Munich lors du Festival «!Radikal Jung!!!». Le spectacle remporte le prix de la Masterclass - groupe d’apprentis metteurs en scène issus de toute l’Allemagne! (2011).LIFE:RESET / Chronique d’une ville épuisée is presented in Münich during the Festival «Radikal Jung!». The production wins the Prize of the Masterclass - a group of novice directors coming from all Germany (2011).

Le chagrin des Ogres à Paris, remporte le prix du jury Odéon-Télérama et le prix du public dans le cadre du Festival Impatience (2010).Le Chagrin des Ogres in Paris, wins the Prize of the Odéon-Télérama jury and the Prize of the Public within the framework of the Impatience Festival (2010).

Le chagrin des Ogres est nominé deux fois aux Prix de la Critique de la presse en Communauté française pour Laura Sépul (2010).Le Chagrin des Ogres is twice nominated for the Prix de la Critique de la Presse en Communauté Française for Laura Sépul (2010).

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ARTARA / RETROSPECTIVE / 2009 - 2014

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Exils Texte et mise en scène!/!Written and directed byFabrice Murgia!/!Cie ArtaraAssistante à la mise en scène!/!Assisted byCatherine HanceCréation sonore!/!Sound creationYannick FranckComposition musicale!/!Musical compositionLaurent PlumhansCréation vidéo!/!Video creationGiacinto Caponio et Jean-François RavagnanCréation lumière!/!Lighting creationXavier LauwersScénographie!/!Stage designVincent LemaireRecherches!/!ResearchAlicia Herteler et Georges HicterMaquillage!/!Make-upDominique BreversRégie générale!/!General stage managementRomain GueudréRégie son!/!Sound managementSimon PirsonRégie vidéo!/!Video managementGiacinto CaponioRégie lumière!/!Lighting managementDidier CovassinStagiaire lumière!/!Lighting traineeEmily BrassierRégie plateau!/!Stage managementJean-François Opdebeeck et Michel FissetInterprétation!/!WithOlivia Carrère, Jeanne Dandoy, El Hadji Abdou Rahmane Ndiaye, François SauveurCo-production!/!Co-produced byThéâtre National-Bruxelles, Odéon-Théâtre de l’Europe-Paris, Teatro Stabile di Napoli, Teatrul National Radu Stanca-Sibiu!/!Avec le soutien - supported by - de Fotti Cultures et de l’ESACT, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Loterie nationale.

Dans le cadre de VILLES EN SCENES!/!CITIES ON STAGE. Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne. Cette publication n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.

Part of VILLES EN SCENES!/!CITIES ON STAGE. This project has been funded with support from the European Commission. This publication reflects the views only of the author, and the Commission cannot be held responsible for any use which may be made of the information contained therein.

Exils en tournée!/!Exils on tour2011!-!2012 / 19 représentations!: Bruxelles, Théâtre National!/!Sibiu, The Sibiu International Theatre Festival!/!Naples, Festival di Napoli. 2012!-!2013 / 2 représentations!: Madrid, Festival de Otonõ en Primavera.

LIFE : RESET / Chronique d’une ville épuiséeTexte et mise en scène!/!Written and directed by Fabrice Murgia!/!Cie ArtaraAssistantes!/!Assisted by Christelle Alexandre et Catherine HanceMusique et régie son!/!Music and sound managementYannick FranckEnvironnement vidéo!/!Video installationArié Van Egmond Scénographie!/!Stage designVincent LemaireDécoration!/!DecorationAnne Goldschmidt, Marc-Philippe Guérig, Anne HumbletRégie générale!/!General stage managementRomain GueudréRégie vidéo!/!Video managementGiacinto CaponioRégie lumière!/!Lighting managementJody Deneef et Graziano Bardio Régie plateau!/!Stage managementJean-François Opdebeeck et Michel Fisset Interprétation!/!WithOlivia CarrèreCréation costumes et avatars!/!Costumes and avatars creationSabrina Harrii!Chant!/!SingingAlbane CarrèreFiguration!/!ExtrasChristelle Alexandre et Romain GueudréConstruction décor!/!Set constructionAteliers du Théâtre National!-!BruxellesCo-production!/!Co-produced byLe Théâtre National-Bruxelles, Theater Antigone – Courtrai, Festival de Liège, Maison de la Culture de Tournai, CECN. Ce texte a bénéficié du soutien du - This text creation has been supported by - Comité Mixte CWB!/! Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon!/!Promotion des Lettres du MCF.

LIFE!: RESET en tournée!/!LIFE!: RESET on tour2010!-!2011 / 47 représentations!: Tournai, Maison de la Culture, Festival «!Next!»!/!Courtrai, Théâtre Antigone!/!Liège, Festival de Liège!/!Mons Festival «!VIA!!»!/!Munich, VolksTheater, Festival Radikal Jung!/!Bruxelles, Kunstenfestivalsdesarts!/!Bruxelles, Théâtre National!/!Dijon, Théâtre Dijon - Bourgogne!/!Avignon, La Manufacture.2011!-!2012 / 11 représentations!: Courtrai, Théâtre Antigone!/!Créteil MAC - Festival EXIT!/!Udine CSS - Teatro Stabile Udine!/!Rennes, Festival Mythos.2012!-!2013 / 7 représentations!: Limoges, Les Francophonies en Limousin!/!Nantes, TU!/!Genève, Le Forum Meyrin!/!Rouen, Le Hangar 23. 2013!-!2014 / 13 représentations!: Foix, La Scène Nationale l’Estive!/!Anvers, Toneelhuis!/!Bruxelles, Le Théâtre National.

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Crédits

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Les enfants de Jéhovah Texte et mise en scène!/!Written and directed byFabrice Murgia!/!Cie ArtaraConseiller artistique!/!Artistic adviserDavid MurgiaAssistante!/!Assisted byCatherine HanceStagiaire à la mise en scène!/!TraineePénélope BiessyMusique!/!MusicMaxime GlaudeCréation vidéo!/!Video creationArié Van EgmondScénographie et création lumière!/!Stage design and lighting creationSimon SiegmannCréation costumes!/!Costumes creationMarie-Hélène BalauRégie générale!/!General stage managementMatthieu KaempferRégie son!/!Sound managementSébastien CourtoyRégie vidéo!/!Video managementLedicia GarciaRégie lumière!/!Lighting managementEmily BrassierInterprétation!/!WithCécile Maidon, Magali Pinglaut, Ariane RousseauConstruction décor!/!Set constructionAteliers du Théâtre Vidy-Lausanne.Production!/!Produced byCie Artara et Cie des Petites HeuresCo-production!/!Co-produced byLe Théâtre National-Bruxelles, Le Théâtre Royal de Namur, Montpellier!– Le Printemps des Comédiens, Le Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées, Le Théâtre des Sablons – Neuilly-sur-Seine, La Maison de la Culture de Tournai, Le Carré Sainte-Maxime. Avec l’aide des - with the help of - Brigittines. Avec le soutien de - supported by - la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Loterie nationale. Le texte est publié aux - the text is pubished by - Editions Hayez & Lansman. Radio NOVA est sponsor de «!!Les enfants de Jéhovah!» are sponsored by Radio NOVA.

Les enfants de Jéhovah en tournée!/!Les enfants de Jehovah on tour2011!-!2012 / 19 représentations!: Lausanne, Théâtre Vidy Lausanne!/Montpellier, Le Printemps des Comédiens.2012!-!2013 / 36 représentations!: Limoges, Les Francophonies en Limousin!/! Tarbes-Pyrénées, Le Parvis Scène nationale!/!Lillebonne-Juliobonna, Festival Automne en Normandie!/Bruxelles, Le Théâtre National!/!Créteil, Les Théâtrales Charles Dullin MAC Créteil!/!Istres, Le Théâtre de l’Olivier!/!Montluçon, Le Fracas-CDN!/!Ste Maxime, Le Carré!/!Namur, Le Théâtre de Namur!/!Liège, Le Festival de Liège!/!Neuilly-sur-Seine, Le Théâtre de Neuilly-sur-Seine!/!Tournai, La Maison de la Culture de Tournai!/!Grasse, Le Théâtre de Grasse. 2013!-!2014 / 8 représentations!: Bruxelles, Festival Toernee General, KVS!/! Ath, Maison Culturelle d’Ath!/!Vevey, Théâtre de Vevey!/!Château Arnoux, Théâtre Durance!/!Brétigny-sur-Orge, Théâtre Brétigny!/!Welkenraedt, Centre Culturel de Welkenraedt, Festival Paroles d’Hommes, PAC Verviers!/!Ostende, Cultuurcentrum De Grote Post.

Ghost Road Texte et mise en scène!/!Written and directed byFabrice Murgia / Cie ArtaraComposition musicale et installation sonore!/! Musical composition and sound installationDominique PauwelsInterprétation!/!WithViviane De MuynckChanteuse!/!SingerJacqueline Van QuailleRéalisation des images!/!Production of imagesBenoit DervauxCréation vidéo!/!Video creationGiacinto Caponio et Benoit Dervaux Création lumière!/!Lighting creationGiacinto CaponioAssistanat à la mise en scène!/!Assisted byCatherine HanceRecherches!/!ResearchVirginie DemilierCoordination technique!/!Technical coordinationNic RoseeuwRégie son!/!Sound managementMarc CombasRégie vidéo!/!Video managementBrecht BeuselinckRégie lumière!/!Lighting managementKurt Bethuyne Régie plateau!/!Stage managementWim Piqueur.Production!/!ProducedLOD!| théâtre musical & Cie ArtaraCo-production!/!Co-producedLe Théâtre National-Bruxelles, Le manège.mons, Theater Antigone, Le Maillon Strasbourg, L’Hippodrome de Douai, Rotterdamse Schouwburg.

Ghost Road en tournée!/!Ghost Road on tour2012!-!2013 / 28 représentations!: Rotterdam, Rotterdam Schouwburg!/!Bruxelles, Théâtre National!/!Douai, L’Hippodrome!/!Mons, Le Manège!/!Courtrai, Theater Antigone, Festival NEXT!/!Girona, Festival Temporada Alta!/!Roeselare, Cultuurcentrum De Spil!/!Strasbourg, Le Maillon!/!Hasselt, Cultuurcentrum!/!Madrid, Festival de Otonõ en Primavera.2013!-!2014!/!19 représentations!: Bruges, Cultuurcentrum Brugge!/!Gand, NTGent!/!Utrecht, Stadschouwburg Utrecht!/!Louvain, 30 CC Leuven!/!Tournai, Maison de la Culture de Tournai!/!Créteil, Maison des Arts de Créteil!/!Arles, Théâtre d’Arles!/!Nantes, TU-Nantes!/!Caen, Comédie de Caen!/!Rennes, TNB!/!Creil, La Faïencerie. 2014!-!2015 / 7 représentations!: Ostende, Theater aan zee!/!Liège, Théâtre de Liège.

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ARTARA / RETROSPECTIVE / 2009 - 2014

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Équipe / Crew Cie ArtaraFabrice MURGIA Stage Director Virginie DEMILIER Company Manager Giacinto CAPONIO Technical Director / Video Designer Michel VAN SLIJPE Accounting and Production Support

Avenue Louise 379 (bte 21)1050 Bruxelles!-!Belgique +32 (0)2 649 09 69www.artara.be

fabrice.murgia1 channels/504687

Éditeur responsable © Artara asbl

Nos partenaires / PartnershipsFabrice Murgia est artiste associé au Théâtre National-BruxellesFabrice Murgia is Associate Artist at the Théâtre National-Bruxelles

Fédération Wallonie!-!Bruxelles / Wallonie!-!Bruxelles International Le Centre Wallonie-Bruxelles!!- Paris / Wallonie-Bruxelles Théâtre!-!Danse / Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) / Eubelius / Riva Audio!-!www.rivaaudio.be / Ozango / Office national de diffusion artistique (Onda) / GenerateAudio / Purebrand by Bidule - www.purebrand.be