Chut … écoutez Etty … cela fait du bien à la vie€¦ · 5 février 2012 Chut … écoutez...

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5 février 2012 Chut … écoutez Etty … cela fait du bien à la vie La dernière phrase vient d’être prononcée, le temps est suspendu; la salle accuse la force des mots dans un silence méditatif puis timidement retentit le premier applaudissement, suivi de tous les autres. C’est étrange comme il est incongru d’applaudir; presque indécent. Pourtant nous sommes au théâtre; pourtant l’artiste a réussi à nous faire vivre son texte; justement pour cela. Parce que l’on ne peut applaudir la terrible nouvelle : le départ sans retour pour Auschwitz de celle qui a revécu devant nous pendant une heure. Car grâce à Bérangère Allaux, Etty a repris vie et sa parole, incroyablement lumineuse et vivante, a bondi aux quatre coins de la scène. Qu’est-ce qu’elle est sympa Etty ! Et qu’est-ce qu’elle parle bien ! Une pensée précise, des mots justes et si joliment agencés; elle observe, analyse, commente, comprend et s’évade, loin, bien au-delà des barbelés qu’elle survole par l’esprit. Elle regarde la misère humaine et pardonne l’impardonnable et sourit encore et espère toujours; chapeau Etty ! C’était samedi soir, j’avais entraîné un mari un peu bougon et pas toujours bon public et nous étions presque les plus jeunes de la salle – c’est dire ! Au lever du rideau j’ai eu une pointe d’inquiétude et j’ai espéré que ce ne soit pas une trop vieille histoire trop sinistre et trop triste. Et bien non ! Une pensée jeune, joyeuse, audacieuse s’est emparée du théâtre et Etty nous a raconté sa vie quotidienne, comme à de vieux amis. Sa vie depuis le camps de concentration de Westerbork, ses espoirs, ses souffrances au milieu de la folie dévastatrice créée par quelques uns. Etty souffre, Etty vit, Etty pense et Etty nous renvoie à notre propre vie et ce qu’on en fait; avec humanité, intelligence et beaucoup, beaucoup, beaucoup de courage. Respect Etty ! En sortant mon mari m’a dit un laconique : “C’était bien Etty” . Et je crois qu’il avait raison de parler ainsi – Etty c’est simple, c’est beau et c’est très fort. Alors jeunes et moins jeunes, allez un jour écouter Etty, cela fait du bien à la vie. Bérangère Allaux dans “ETTY” © Victor Tonelli/ArtcomArt Etty, du 2 au 5 février au TOP, d’après les “Lettres de Westerbork” d’Etty Hillesum. Mise en scène Sava Lolov, avec Bérangère Allaux. Sophie.

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5 février 2012

Chut … écoutez Etty … cela fait du bien à la vie

La dernière phrase vient d’être prononcée, le temps est suspendu; la salle accuse la force des mots dans unsilence méditatif puis timidement retentit le premier applaudissement, suivi de tous les autres. C’est étrangecomme il est incongru d’applaudir; presque indécent. Pourtant nous sommes au théâtre; pourtant l’artiste aréussi à nous faire vivre son texte; justement pour cela. Parce que l’on ne peut applaudir la terrible nouvelle : ledépart sans retour pour Auschwitz de celle qui a revécu devant nous pendant une heure.

Car grâce à Bérangère Allaux, Etty a repris vie et sa parole, incroyablement lumineuse et vivante, a bondi auxquatre coins de la scène. Qu’est-ce qu’elle est sympa Etty ! Et qu’est-ce qu’elle parle bien ! Une penséeprécise, des mots justes et si joliment agencés; elle observe, analyse, commente, comprend et s’évade, loin,bien au-delà des barbelés qu’elle survole par l’esprit. Elle regarde la misère humaine et pardonnel’impardonnable et sourit encore et espère toujours; chapeau Etty !

C’était samedi soir, j’avais entraîné un mari un peu bougon et pas toujours bon public et nous étions presqueles plus jeunes de la salle – c’est dire ! Au lever du rideau j’ai eu une pointe d’inquiétude et j’ai espéré que cene soit pas une trop vieille histoire trop sinistre et trop triste. Et bien non ! Une pensée jeune, joyeuse,audacieuse s’est emparée du théâtre et Etty nous a raconté sa vie quotidienne, comme à de vieux amis. Savie depuis le camps de concentration de Westerbork, ses espoirs, ses souffrances au milieu de la foliedévastatrice créée par quelques uns. Etty souffre, Etty vit, Etty pense et Etty nous renvoie à notre propre vie etce qu’on en fait; avec humanité, intelligence et beaucoup, beaucoup, beaucoup de courage. Respect Etty !

En sortant mon mari m’a dit un laconique : “C’était bien Etty” . Et je crois qu’il avait raison de parler ainsi – Ettyc’est simple, c’est beau et c’est très fort. Alors jeunes et moins jeunes, allez un jour écouter Etty, cela fait dubien à la vie.

Bérangère Allaux dans “ETTY” © Victor Tonelli/ArtcomArt

Etty, du 2 au 5 février au TOP, d’après les “Lettresde Westerbork” d’Etty Hillesum.

Mise en scène Sava Lolov, avec Bérangère Allaux.

Sophie.