Chroniques de Fouesnant - zjf

6
Jean-Paul CHAPEL L’armoire en pierre de Kerjégu en Clohars-Fouesnant Dans les vieilles maisons bretonnes on trouve la trace de ces étranges éviers, de ces dalles de pierre percées sur des auges de granit. C’était l’élément indispensable entre le puits et la cheminée, entre l’eau et le feu. Il était prévu dès la construction, intégré dans le mur de la salle à vivre. Dans les maisons, on a toujours utilisé ce vieil « immeuble » en pierre, indestructible, à toutes sortes de tâches ménagères. Comme cette auge constituait la base du mur originel, elle a survécu à toutes les modes, à toutes les reconstructions, et, selon le goût ou l’imagination du propriétaire, elle connaît aujourd’hui des aménagements variés, comme le montre une page suivante. : . Ce timbre d’office est un chef-d’œuvre de technologie. Il est construit dans le mur nord de la maison ; l’extérieur est à proximité du puits, l’intérieur à côté de la porte arrière et face à la cheminée. A 40 cm au-dessus de la dalle-évier, un conduit est réservé dans le mur, un autre en trop-plein de la cuve. On tirait l’eau du puits, versait le contenu du seau dans la niche et récupérait en dessus les eaux grasses pour la soupe des cochons. A l’intérieur, la maîtresse remplissait sa marmite, lavait ses écuelles, et le maître ses mains. C’était la fontaine et le lave-vaisselle d’antan. Quand l’eau courante est arrivée au robinet, l’armoire a reçu deux portes en bois et deux tablettes en ardoisine pour la vaisselle ; elle est devenue garde-manger à l’abri des rongeurs et des mouches… elle a été utilisée jusqu’à nos jours. Mur extérieur L’armoire en pierre de Kerjégu et sa tête mystérieuse 1/6

description

Chroniques de Fouesnant -

Transcript of Chroniques de Fouesnant - zjf

Page 1: Chroniques de Fouesnant -  zjf

Jean-Paul CHAPEL

L’armoire en pierre de Kerjégu

en Clohars-Fouesnant

Dans les vieilles maisons bretonnes on trouve la trace de ces étranges éviers, de ces dalles de pierre percées sur des auges de granit. C’était l’élément indispensable entre le puits et la cheminée, entre l’eau et le feu. Il était prévu dès la construction, intégré dans le mur de la salle à vivre. Dans les maisons, on a toujours utilisé ce vieil « immeuble » en pierre, indestructible, à toutes sortes de tâches ménagères. Comme cette auge constituait la base du mur originel, elle a survécu à toutes les modes, à toutes les reconstructions, et, selon le goût ou l’imagination du propriétaire, elle connaît aujourd’hui des aménagements variés, comme le montre une page suivante. : .

Ce timbre d’office est un chef-d’œuvre de technologie. Il est construit dans le mur nord de la maison ; l’extérieur est à proximité du puits, l’intérieur à côté de la porte arrière et face à la cheminée. A 40 cm au-dessus de la dalle-évier, un conduit est réservé dans le mur, un autre en trop-plein de la cuve. On tirait l’eau du puits, versait le contenu du seau dans la niche et récupérait en dessus les eaux grasses pour la soupe des cochons.

A l’intérieur, la maîtresse remplissait sa marmite, lavait ses écuelles, et le maître ses mains. C’était la fontaine et le lave-vaisselle d’antan. Quand l’eau courante est arrivée au robinet, l’armoire a reçu deux portes en bois et deux tablettes en ardoisine pour la vaisselle ; elle est devenue garde-manger à l’abri des rongeurs et des mouches… elle a été utilisée jusqu’à nos jours.

Mur extérieur L’armoire en pierre de Ke

rjégu et sa tête mystérieuse

1/6

Page 2: Chroniques de Fouesnant -  zjf

A KERVOAL (Pleuven)

Au COSQUER (Saint-Evarzec)

A SQUIVIDAN (Ergué-Gabéric)

Au Pont de BODINIO

2/6

Page 3: Chroniques de Fouesnant -  zjf

3/6

Page 4: Chroniques de Fouesnant -  zjf

Ad

Enfeu du XVI ème Eglise St Thomas

A Bénodet

A l'origine, dans les églises, c'était le prêtre qui avait besoin d'un lavabo pour l'ablution des doigts et la communion; les architectes avaient imaginé une fenêtre «orbe», sorte d'arcature aveugle formant une niche en plein-cintre. Mais au XIII ème siècle, le pape Innocent III avait ordonné aux prêtres de boire l'eau et le vin ayant purifié le calice. Les « piscines » perdirent de leur importance; on en fit des enfeus pour les saints, pour les seigneurs. Aux XVI ème et XV ème siècles, la voûte de ces crédences devint ogivale, avec des trèfles à lobes aigus.

utre tête, sur le linteau voûté Marge’une porte au Cosquer à St Evarzec

lle de puits avec tête sculptée (Cheffontaines)

4/6

Page 5: Chroniques de Fouesnant -  zjf

Mythique et symbolique

Que représente cette mystérieuse tête sculptée, en clé de voûte romane bordée d’une

cordelière ? Foen Izella est certes une revue d’histoire locale, mais il n’est pas interdit de laisser galoper son imagination …

Bien sûr, on pense à l’héritage des Celtes, nos lointains ancêtres qui, à l’époque d’Abraham, nous ont apporté de Perse ces « gueules » : Hermès, l’imperturbable, le protecteur (entre-autres) de l’agriculture et l’inventeur de la cornemuse ! Hestia, la déesse du foyer domestique…

Un des premiers documents attestant d’une présence humaine à Cloetgual (actuellement Clohars) est en 1128 le cartulaire de Quimper qui indique une « possessio » à quatre lieues du Prieuré de Locmaria, le village de « terra Yagu », le domaine de Jacob, devenu Kerjégu en breton.

Pourquoi choisir le nom du petit fils d’Abraham, le troisième et dernier patriarche de la genèse ? Tout simplement parce qu’en Bretagne les prénoms bibliques ont toujours été à la mode, surtout au Moyen Age ; quand le Comte de Cornouaille Alain Canhiart va épouser l’héritière royale Judith de Nantes, vers 1025, fille de Judicael, ils vont appeler leur fils Hoël, futur Duc de Bretagne et leur dernière fille Hodiern, qui va fonder en I058 le premier sanctuaire féminin de Locmaria, consacré à la Vierge Marie.

Cet « en-tête » de granit sommant notre échelle de Jacob campagnarde, s’il date du premier « potager » quimpérois, serait donc royal ou marial ? Il faudrait près de 900 ans ! J’ai la plus grande vénération pour la Sainte Vierge et respect pour notre grande com(i)tissa Judith, d’ailleurs enterrée à Landévennec, mais je trouve que cette « bille » joufflue et souriante, fait plutôt penser à une bonne mère , sans auréole ni couronne, une protectrice de la fontaine : « Si tu salis l’eau, je ne pourrai plus la boire … » (Judith).

5/6

Page 6: Chroniques de Fouesnant -  zjf

J’ai vu une tête semblable à Cheffontaines sur un puits, venant d’on ne sait où…Il y a une cinquantaine d’années, une autre tête trônait sur le même ensemble de desserte d’une crêperie à Squividan en Ergué-Gabéric. Là, c’était du lait ribot et du cidre qu’on buvait à pleines bolées !

Au XIIème siècle l’église la plus proche de la « Terra Iagu » était celle de Perguet et sa patronne, Sainte Brigitte ( Berhed en breton ). Nos pagans d’aïeux la vénéraient déjà à l’époque irlandaise de Saint Patrick. C’est sans doute nos étonnants voyageurs, Saint Gildas ou Saint Brendan, qui, sur la route de Rhuys, ont été séduits par notre riante anse de l’Odet, et nous ont apporté le culte de leur illustre abbesse

Quand Saint Brendan faisait escale à Bénodet, et repérait un Prieuré pour sa grande sœur… ?

Pour achever ces chroniques « jacobines »rentrant de l’école, les trois sœurs Quéméré, bpoussaient la porte et lançaient à l’adresse de cettà celle du célèbre révolutionnaire : « Salut … Mitête coupée)

Honoré-Gabriel RIQUETI Comte de MIRABEAU

(1749-1791) « ….Par la force des baïonnettes ! »

, un clin d’œil : Il y a quelques années, en elles fermières de cette terre de Kerjégu, e tête ronde qu’elles trouvaient ressembler rabeau ! » (Mais lui au moins n’a pas eu la

6/6