Chiens passion. Pour bien comprendre et soigner son chien

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C H I E N S P A S S I O N

H. HEGEWALD-KAWICH

Pour bien comprendre et soigner son chien

Photographe : Monika Wegler

HACHETTE

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«D 1996, Hachette Livre (Hachette Pratique), Paris, pour l'édition française. © 1996, Mosaik Verlag GmbH, Münich.

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préface

L orsque j'étais enfant, j'avais de nombreux contacts avec les ani- maux. C'est ainsi qu'à

force de les fréquenter, j'ai appris à les connaître. Mon rêve était alors d'avoir mon propre chien, ma profes- sion m'a permis de le réaliser quelques années plus tard. Devenu jeune fonctionnaire de police, j'ai travaillé avec un berger allemand, pré- nommé Ciro, qui m'a assisté avec dévouement et courage pendant près de neuf ans, en dépit des erreurs qu'il m'arrivait de commettre à son égard. Très vite, je me suis méfié des méthodes d'éducation traditionnelles, sans pour autant savoir comment m'y prendre autrement. Les ins- tructeurs travaillaient méca- niquement, sans tenir compte des besoins des chiens. Pour tout dire, j'avais « un mal de chien » à le faire admettre. C'est alors que j'ai commencé

à acquérir des connaissances sur la façon de traiter, d'éle- ver et d'éduquer nos amis quadrupèdes. Les ouvrages de Konrad Lorenz, fonda- teur de l'éthologie, et de Eberhard Trummler m'ont considérablement aidé à comprendre la nature du chien, ce qui est bien sûr indispensable pour le traiter correctement. La pratique, c'est-à-dire le travail avec des chiens de races diffé- rentes durant le service, les cours d'éducation et l'en- traînement sportif, m'a peu à peu convaincu que l'on ne peut bien traiter les chiens que sur la base d'une solide connaissance scientifique, et que prendre la respon- sabilité d'un chien ne pou- vait — et surtout ne devait — pas se limiter à lui rem- plir le ventre. Pour bien comprendre la nature des chiens domesti- ques, j'ai dû m'intéresser à

leur histoire. Au fil du temps, j'ai été

surpris de voir à quel point les chiens actuels ressemblent à leurs ancêtres sauvages, les loups. Les études de Erik Zimen et Werner Freund m'ont beaucoup aidé à faire ce rapprochement. En trente ans de travail avec les chiens, j'ai souvent pu constater que la plupart des problèmes qui se posent à leurs propriétaires reposent sur quelques préjugés et quelques erreurs reprodui- tes depuis des temps immé- moriaux. En effet, nom- breux sont ceux qui ne peuvent — ou ne veulent — pas admettre que leurs com- pagnons ne sont pas des hommes à quatre pattes, mais les descendants de pré- dateurs. À l'origine de cette confusion, il y a certaine- ment la peur de l'inconnu, peur que l'on ne peut dé- truire qu'en l'affrontant. Le chef de tribu indien Dan George l'a parfaitement ex- primé : « Si tu parles aux ani- maux, ils te répondront, et

vous vous connaîtrez mu- tuellement. Si vous ne vous parlez pas, vous n'apprendrez pas à vous connaître, et vous vous craindrez. Et ce que l'on craint, on le détruit.» Aider à la compréhension entre l'homme et le chien, voilà ce à quoi j'aimerais contribuer avec ce livre.

Horst Hegewald-Kawich

Ces cinq petits bassets, sont âgés de deux mois. Sally (à gauche) et ses frères et sœurs vont nous accompagner tout au long de ce livre.

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TABLE DES MATIERES NOTRE AMI LE CHIEN

Mythe et réalité

Le chien est sans aucun doute l'animal domestique

qui joue le rôle le plus important dans la vie de l'homme. Il n'est donc pas surprenant de le retrouver dans la my- thologie, la littérature, les arts graphiques, les oeuvres cinématogra- phiques et télévisées, et les expressions les plus usuelles. Dans la vie quotidienne, le chien a été tour à tour adoré et diabolisé.

Pages 12 à 17

Origine et variété

Dans l'état actuel des connais- sances scientifiques, il appa- raît que le chien domestique descend d'un seul et unique ancêtre sauvage, toujours présent aujourd'hui. Quelle que soit leur race, tous les chiens, du caniche au dogue allemand, descendent du loup, dont ils possèdent encore en partie l'instinct de prédateur. La grande diversité d'aspect de nos chiens actuels s'explique par la grande variabilité intrin- sèque du loup.

Pages 18 à 35

Des chiens et des hommes

La domestication du chien s'est opérée voici plusieurs milliers d'années, probable- ment à l'époque néolithique. Depuis lors, le chien a rempli pour l'homme toutes sortes de fonctions importantes. D'abord auxiliaire de chasse, il a été aussi gardien de l'habitat et du troupeau, et bien entendu son fidèle compagnon. Aujourd'hui, la plupart d'entre eux sont

devenus des animaux d'agré- ment et de compagnie. Des- cendant d'un aïeul hau- tement socialisé, le chien n'éprouve aucune difficulté à s'intégrer dans la commu- nauté humaine, à condition toutefois que ses besoins spécifiques soient reconnus et qu'il soit traité avec amour et de façon cohérente.

Pages 36 à 55

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LE COMPORTEMENT DU CHIEN naissance et croissance

Au début de leur vie, les bébés chiens dépendent en- tièrement des soins prodigués par leur mère. Ils passent leurs premiers jours à dormir et à boire. À compter de la quatrième semaine, ils commencent à être plus actifs et font, dans les mois

qui suivent, des expériences très importantes pour leur vie future. Vers deux ou trois mois, le chiot peut être séparé de sa mère et de ses frères et sœurs, et rejoindre son nouveau foyer.

Pages 58 à 75

Jouer pour apprendre

Lorsqu'il rejoint sa « meute humaine », le chiot a encore beaucoup à apprendre. Il le fera surtout grâce au jeu. En batifolant avec ses congé- nères, il va acquérir le lan- gage canin, et en jouant avec l'être humain, établir les bases d'une confiance absolument nécessaire à une cohabitation harmonieuse ; enfin, en jouant avec des objets, il apprendra à connaî- tre son environnement. Mais les chiens adultes jouent eux aussi volontiers.

Pages 76 à 91

Un instinct de chasseur

Issus d'un prédateur carnassier, les chiens possèdent tous plus ou moins l'instinct de la chasse. En pratiquant un élevage sélectif, l'homme a par- faitement su favoriser ou réprimer cet instinct, si bien que la passion de la chasse est diversement partagée par nos chiens. Cette sélection a permis, au fil du temps, de créer de véritables spécia- listes de la chasse. À ce jour, on dénombre pas moins de 180 races de chiens de chasse.

Pages 92 à 97

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LE COMPORTEMENT DU CHIEN La garde et la défense

Grâce à leur flair et à leur ouïe exceptionnels, les chiens peuvent repérer les intrus bien avant nous. Comme ils ont un instinct inné de défense du territoire, ce sont de très bons gardiens. Par le biais de l'élevage sélectif, l'homme a pu créer des races à l'instinct de défense et de protection plus ou moins développé. Les chiens qui possèdent ce sens de façon exacerbée doivent toujours rester sous contrôle.

Pages 98 à 105

À boire et à manger

Comme leurs ancêtres les loups, les chiens apprécient particulièrement la viande fraîche. Mais ils ne dédai- gnent pas à l'occasion cha- rognes et détritus, ou bien le gâteau à la crème qui ne leur était pas destiné... Pourtant, le chien n'est pas voleur par nature : ce sont simplement

son instinct de survie et son flair exceptionnels qui le poussent à rechercher tout ce qui est comestible pour se préserver. Le chien, comme la plupart des autres ani- maux, étanche sa soif avec de l'eau.

Pages 106 à 115

1 Sommeil et rêves 1

Tout comme les hommes, les chiens ont des phases de sommeil léger et de sommeil profond. Pendant les phases de sommeil léger, tous leurs sens sont en éveil, ce qui leur permet de réagir très vite en cas de besoin. Le chien ne tombe en sommeil profond que lorsqu'il se sent en par- faite sécurité. Les chiens ont besoin pour dormir d'un coin bien à eux, où ils pour- ront se retirer et être laissés en paix.

Pages 116 à 123

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Propreté et soins corporels

Soucieux de leur confort, les chiens utilisent leur langue, leurs dents et leurs pattes pour se débarrasser de tout ce qui les dérange (saletés, puces, etc.). Le fait de se rouler au sol ou de se secouer énergiquement relève égale- ment du confort personnel. Mais il arrive que des chiens se roulent dans des détritus

« parfumés » pour se créer un camouflage olfactif. Les chiens apprennent très vite à se soulager en dehors de leur cadre d'habitation. Leurs déjections contiennent des informations olfactives qui sont de véritables messages pour les congénères.

Pages 124 à 131

Désir sexuel et vie amoureuse

Lorsque les mâles sont sti- mulés par l'odeur d'une chienne en chaleur, ils sont prêts à tout pour la rejoin- dre et la contenter. De son côté, la chienne en chaleur déploiera toutes les ruses dont elle est capable pour essayer de trouver un parte- naire. Il est primordial que l'accouplement et la repro- duction des chiens soient contrôlés par l'homme, de façon à ce que les portées qui viennent au monde soient toujours désirées et en bonne santé.

Pages 132 à 141

Bien comprendre le chien

Les attitudes, les ports de queue ou d'oreille et les mi- miques jouent un rôle impor- tant dans le langage canin. L'aboiement, le grognement, le gémissement et le coui- nement sont les principaux moyens d'expression sonores. Mais pour bien comprendre un chien, il faut toujours tenir compte de l'ensemble des moyens d'expression. L'odeur individuelle d'un chien est extrêmement signi- ficative pour ses congénères.

Pages 142 à 173

I Index pages 174 et 175

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NOTRE AMI

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LE CHIEN

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M Y T H E E T R É A L I T É

Le chien a accompagné l'homme tout au long de son histoire. Au fil des siècles, il a été tour à tour gardien, auxiliaire de chasse,

parfois aussi compagnon d'armes, mais surtout et avant tout fidèle ami de l'homme. Il a su inspirer notre imagination : il hante notre mythologie

et notre littérature, où il apparaît tantôt compagnon des divinités ou gardien du royaume des morts et tantôt loup-garou ou, plus simplement,

héros quadrupède, à la fois intelligent, perspicace et loyal.

s

elon une hypothèse admise par certains chercheurs, il semble- rait que ce soient les

femmes de l'âge de pierre qui aient introduit les loups dans la communauté hu- maine. Les premiers chiens auraient été des familiers de l'homme qu'ils auraient suivi. Tout d'abord chargés du nettoyage des déchets, ils seraient vite devenus les pro- tecteurs du campement, puis des auxiliaires de chasse, des gardiens de troupeaux et des animaux de trait. Le chien est en effet le plus ancien animal domestique. Fidèle

compagnon de l'homme, il incarne la loyauté et la vigi- lance. Nul autre animal ne parvient à développer avec son maître une relation aussi étroite, nul ne lui est autant dévoué, toujours prêt à le défendre, quitte à se mettre lui-même en péril.

LE CHIEn AU FIL DES SIÈCLES

On peut voir à Çatal Hôyiik, en Anatolie, une fresque datant de la préhistoire, représentant un chasseur armé d'un arc et de flèches,

accompagné de son chien. Les flèches de cette époque atteignaient souvent leur but mais elles ne parvenaient pas toujours à tuer le gibier : l'homme découvrit alors que le chien, véritable arme de chasse, pouvait le recher- cher et le retrouver. Il se mit donc à élever des chiens spé- cialement pour certaines tâches, en sélectionnant pour la reproduction les sujets ayant les aptitudes les plus utiles. Les chiens n'ont servi d'animaux de boucherie que dans des cas exceptionnels ou en période de famine, car il aurait fallu pour les engrais-

ser leur donner beaucoup plus de viande à manger qu'à l'accoutumée. Certains textes cunéiformes datant de 3000 à 2000 ans avant Jésus-Christ attestent que les Sumériens, établis au bord du Tigre et de l'Euphrate, connaissaient déjà deux types de chiens très différents. Les premiers, ressemblant à l'actuel mastiff, auraient eu pour ancêtre le dogue du Tibet. Ces bêtes solides et puissantes étaient utilisées lors des guerres pour semer la panique chez l'adver- saire. Les seconds, proches du lévrier, étaient réservés pour la chasse.

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mythe et réalité

Anubis, divinité égyptienne représentée par un homme à tête de chien ou de chacal, était voué au culte des morts (musée Pelizaeus de Hildesheim, Allemagne).

Dans l'ancienne Égypte, le chien jouissait d'une grande vénération, tout du moins dans les couches sociales les plus élevées. Des archéolo- gues ont découvert dans des tombes des petits chiens momifiés. Ces animaux res- semblaient au basset actuel et servaient de chiens de compagnie. Les Égyptiens connaissaient également le lévrier. À cette époque, qui- conque commettait un acte de cruauté envers un chien encourait de sévères châti- ments corporels, et en cas de mort de l'animal, la peine capitale. En Grèce, les Spartiates s'exerçaient la chasse avec un chien et une lance. Ils disposaient déjà d'animaux capables de contourner le gibier et de marquer l'arrêt sur les indications du chas- seur (voir p. 92, « Un instinct de chasseur »). Avec Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.), l'élevage des molosses atteignit son apogée. Ces terrifiants chiens de guerre, probables descen- dants du dogue du Tibet, doi- vent leur nom à un peuple de l'Épire. Et plus tard, à Rome, s'ils furent honorés dans les jeux du cirque au

même titre que les gladia- teurs, ils s'illustrèrent aussi tristement, lors des persécu- tions des premiers chrétiens. On connaît la place qu'oc- cupait le chien de garde chez les Romains, puisque l'animal a été représenté à Pompéi sur les mosaïques qui recouvraient le seuil des villas patriciennes avec l'avertissement Cave canem (« Prends garde au chien »). Les chiens des empereurs et des riches Romains étaient choyés sans aucune mesure. Ils portaient des colliers en or, étaient nourris de foie gras et se voyaient dresser, après leur mort, de grands et magnifiques tombeaux. Le savant latin Varron (I cr siècle avant Jésus-Christ) donne dans son livre intitulé Rerum rusticarum Libri une bonne définition du chien de berger. Selon lui, il ne faut l'acheter ni à un boucher, ni à un chasseur. Le premier risque- rait d'attaquer le bétail, et le second l'oublier pour partir à la chasse. Ainsi, dès la plus haute an- tiquité, le chien occupait déjà une place précise dans la société. Au Moyen Âge, la possession de chiens était un privilège réservé à la

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Ci-dessus : Une mosaïque de Pompéi représentant un chien de garde mon- trant les dents. Pour ceux qui savaient lire, l'inscrip- tion précisait Cave Canem, le fameux « Prends garde au chien ».

noblesse. Outre le molosse, qui était toujours employé à la défense, les seigneurs féo- daux élevaient pour leurs chasses à courre de grandes meutes rassemblant chacune de cinquante à cent chiens, et organisaient des courses de lévriers. Par contre, si un roturier était surpris dans les bois en compagnie d'un chien, il était marqué au fer rouge et condamné aux tra- vaux forcés. De même on avait pour coutume de cou- per une patte de devant aux chiens du peuple, pour les

À droite : Un dessin de Dianne Merchant-Giles représentant un Bédouin à la chasse. Il est accom- pagné d'un faucon et de deux salukis.

empêcher de poursuivre le gibier. Le chien n'était en l'occurrence ni l'ami, ni l'au- xiliaire de l'homme, mais bien plutôt sa victime, mal employée et maltraitée. Avec la Renaissance les mœurs s'adoucirent, et les chiens se virent attribuer de nouvelles fonctions. Les épouses des seigneurs, qui éprouvaient peu de goût pour la chasse, se prirent d'intérêt pour de tout petits chiens d'agrément qu'elles paraient de rubans, inaugurant ainsi la vogue des chiens de luxe. Le nombre de

races de chiens se multiplia. Ce fut aussi à partir de cette époque que le chien, animal noble par excellence, fut im- mortalisé par les plus grands maîtres de la peinture : Dürer, Bruegel, Bosch, Botticelli, Titien, Rubens et Vélasquez. Nobles seigneurs, bourgeois, échevins et marchands se fai- saient représenter en compa- gnie de leur chien. Au XVIIIe siècle, la Révolution française transforma la vie de l'homme et celle des chiens. L'abolition du droit seigneurial de chasse entraîna

la disparition des grandes meutes, et les roturiers ne furent plus tenus de mutiler leurs chiens. La popularité des chiens atteignit les diffé- rentes couches sociales. Les amateurs se regroupèrent en organisations cynophiliques destinées à encourager l'amé- lioration des races canines. En 1873, l'English Kennel Club (Club anglais des éle- veurs) instaura le premier Stud Book ou « livre des ori- gines » sur lequel était porté la généalogie de tous les chiens de race, et mit au point le règlement des expo- sitions canines. La France suivit l'exemple : elle créa, en 1882, la Société centrale canine (S.C.C.) et ouvrit un Livre des origines français (L.O.F.) le 11 mars 1885. Le XXe siècle, quant à lui, offrit au chien de nouveaux « métiers » : il devint chien de sauvetage, auxiliaire de police, guide pour aveugle, star de cinéma... Et, en 1957, ce fut une petite chienne russe, Laïka, qui devint le premier cosmonaute de l'histoire.

LE CHIEN ET LES MyTHOLOGIES

AnciEnnES

Le chien, comme le loup, a toujours été si proche de l'homme que celui-ci n'a pas hésité à le diviniser. Nom- breux sont les peuples d'Asie

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À partir de la Renaissance, les nobles se sont très souvent fait représenter en compagnie de leur chien. À gauche, une peinture de Jacob Seisenegger montre Charles-Quint et son dogue. Le chien personnifie le pouvoir, le courage, la vaillance, la fierté et la dignité du maître du Saint Empire romain germanique. Ci-dessus : une toile de l'École de Pierre Mignard représente Henriette-Anne d'Angleterre. Son charmant spaniel nain souligne sans conteste les attraits et la beauté de la fille de Charles Ier d'Angleterre, épouse de Philippe d'Orléans.

ou d'Amérique qui pensent être issus de l'union d'un chien ou d'un loup avec un être humain. On trouve, par exemple, chez les Kirghiz, les Chinois du sud, les Inuits (Eskimos), et aussi chez les Indiens du nord et du sud de l'Amérique, des légendes qui

attribuent à l'homme une origine canine. La culture occidentale fourmille aussi de récits populaires où chiens et loups jouent un rôle déci- sif : Romulus et Rémus, les fondateurs de Rome, auraient été élevés par une louve qui, ayant perdu ses petits, aurait

reporté sur eux son instinct maternel frustré. Par ailleurs, les chiens ont souvent été associés à la mort ou aux forces des ténèbres. Dans l'ancienne Égypte, Anubis, le dieu des morts, chargé de juger de la culpa- bilité ou de l'innocence des

défunts, était représenté sous les traits d'un chien ou d'un chacal. Dans la mythologie grecque, l'entrée des Enfers était gardée par Cerbère. Ce monstrueux chien à trois têtes avait le cou hérissé de serpents et une queue de dragon. Le chien permettait

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Ci-dessus : Hercule triomphe de Cerbère et le conduit devant le roi Eurysthée.

À droite : Un lévrier podenco-ibicenco à côté de son sosie venu de l'Antiquité, une statue d'Anubis.

aux ombres des défunts de pénétrer dans les Enfers, mais il les empêchait de ressortir. Les mortels témé- raires qui tentaient de s'aven- turer dans le royaume des morts étaient impitoyable- ment mis en pièces. Cer- tains pourtant parvinrent à l'amadouer, comme Psyché qui lui offrit un gâteau de miel, ou encore Orphée qui le charma de sa lyre pour pouvoir rejoindre Eurydice. Dans la mythologie germa- nique, Wotan, le dieu de la guerre, avait des loups et des corbeaux pour compagnons. Ces loups incarnaient, disait- on, les âmes des défunts qui n'avaient pas été inhumés dans les règles. Les Précolom- biens, quant à eux, reconnais- saient aux chiens des fonc- tions surnaturelles, si bien

que lorsqu'un homme mou- rait, son chien fidèle était sacrifié et incinéré avec lui. En revanche, de nombreuses croyances populaires ont vu dans le chien ou le loup un personnage malfaisant. Dès l'époque romaine, des récits faisaient état d'hommes capa- bles de se métamorphoser, durant certaines nuits, en chien ou en loup, et récipro- quement. Le mythe du loup- garou a connu son apogée au Moyen Âge et a survécu jus- qu'au XIXe siècle, dans les pays slaves, avec la légende des vampires. Les chiens ne sont pas non plus sortis grandis de

la croyance en la sorcellerie : des inquisiteurs fanatiques prétendaient avoir vu des femmes chevauchant des ba- lais, des boucs ou des chiens pour se rendre à leurs rendez- vous nocturnes avec Satan. Enfin, il n'y a pas si long- temps, on attribuait encore aux chiens la faculté de voir les esprits. L'origine de cette superstition repose certaine- ment sur la faculté qu'ont les chiens de repérer qui- conque, ami ou ennemi, bien avant l'homme, grâce à l'acuité de leurs sens. Dans l'imaginaire des hom- mes, le chien, ou le loup, se

situe souvent à un point de passage : soit en tant qu'an- cêtre d'un peuple, soit à la charnière entre notre monde et celui des esprits, soit au seuil de la vie et de la mort. Cette image provient sans doute d'un souvenir très lointain, celui d'un temps où le loup vivait encore à la frontière entre la nature sau- vage et la société humaine.

LE CHIEN ET LES ARTS

Présent dans la vie, le chien l'est aussi dans la littérature, le cinéma, les bandes dessi- nées ou même dans le lan- gage courant. Dans l'Odyssée (VIIIe siècle avant Jésus-Christ), Homère rend déjà hommage à la fidé- lité du chien. Quand Ulysse revient enfin à Ithaque, après vingt ans d'absence, seul son chien Argos le reconnaît. Il meurt aussi- tôt après, comme s'il avait attendu pour cela le retour de son maître. En revanche, les choses ne se passent pas aussi bien pour Actéon, le héros des Métamorphoses d'Ovide : ayant surpris Diane au bain, la déesse de la

La louve du Capitole allaitant Romulus et Rémus. i

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chasse, irritée, le changea en cerf ; il fut aussitôt dévoré par ses propres chiens qui ne le reconnurent pas. Parfois, le chien est dépeint sous un jour inquiétant, voire diabolique. Dans le drame de Goethe, Méphisto se pré- sente à Faust sous l'appa- rence d'un caniche. Dans la littérature moderne, le chien ne joue la plupart du temps qu'un rôle secondaire, bien qu'il existe aussi des chiens héros de romans, tel Buck, le héros de L'Appel de la forêt de Jack London, qui après de nombreuses aven- tures dans le monde des hom- mes décide de s'attacher à une meute de loups et quitte pour toujours la société hu- maine. En revanche, nom- breux furent les auteurs qui mirent leur plume au service de la « condition canine » pour dénoncer avec vigueur la pratique de la vivisection. Citons, parmi les plus pres- tigieux, Voltaire, Goethe, Tolstoï, Twain et, plus près de nous, D'Annunzio, Thomas Mann, Katherine Mansfield et Steinbeck. C'est le cinéma qui a consacré le chien comme personnage de fiction et lui a permis de faire la démonstration de ses talents d'acteur. Certains sont devenus de véritables stars, comme Rin Tin Tin qui fit une carrière florissante et mourut à 14 ans après avoir tourné 22 films. Par la suite,

Ci-dessus : Une toile d'Eugène Grasset, Trois femmes et trois loups (1100). Depuis les temps les plus reculés, sorcières et méchants loups hantent l'imaginaire de l'homme. À droite : Dans la série télé- visée allemande « Commis- saire Rex », le héros est un berger allemand (en haut). Dans le film Turner et Hooch, Tom Hanks a pour partenaire un dogue de Bordeaux (en bas).

Lassie, Benji et Beethoven connurent eux aussi les feux des projecteurs. De grandes vedettes canines ont égale- ment fait les beaux jours des studios Walt Disney, comme Belle et le clochard et les 101 Dalmatiens, ainsi que des bandes dessinées. Que serait Tintin sans Milou ? Obélix sans Idéfix ? Lucky Lucke sans Ran-Tan-Plan ? Sans oublier Pluto, le chien du Journal de Mickey, et le célèbre Snoopy de Schultz. Enfin, le langage courant a

gardé de nombreuses expres- sions qui trouvent leur ori- gine dans les dehors préten- dus négatifs des chiens. On dira, par exemple, d'un avare qu'il est « chien ». L'expres- sion « garder un chien de sa chienne » exprime la rancune. « Entre chien et loup » dési- gne cette heure du jour où les choses deviennent mys- térieuses et inquiétantes. Le mot « chien » peut même être une insulte : « espèce de chien », « chien galeux »... D'autres tournures comme

« une vie de chien », « être malade comme un chien », « un temps de chien », qui qualifient une situation mi- sérable, montrent bien la place peu enviable qu'a occupée le chien à une cer- taine époque. Mais si l'on utilise encore ces expressions péjoratives, l'homme a su fort heureusement recon- naître les qualités naturelles du chien, dont la vigilance, le dévouement et l'attache- ment sont eux aussi devenus proverbiaux...

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P A S S I O N Nul autre animal que le chien n'est parvenu à créer un lien aussi étroit avec son maître. Compagnon de l'homme depuis des millénaires, il a su le séduire par sa fidélité, ses aptitudes physiques et son intelligence. Tour à tour diabo-

lisé ou adoré, il a rempli de multiples fonctions : dieu chez les Égyptiens, gar- dien du royaume des morts dans la Grèce antique, protecteur du foyer chez les

Romains..., mais aussi précieux auxiliaire de chasse, de combat, de sauvetage ou encore animal de compagnie.

Quelles sont les origines du chien ? Comment ce descendant du loup a-t-il pu se laisser domestiquer et mode- ler aussi facilement par l'homme ? Comment un seul ancêtre a-t-il pu donner naissance à près de 400 races si différentes sans que disparaissent certains traits de caractère ? Comment élever et éduquer ces chiens pour en faire de parfaits compagnons ? C'est autant de questions auxquelles Chiens Passion tente de répondre.

A insi, dans une première partie, l'auteur nous promène à travers la mythologie afin de retracer le rôle important joué par le chien depuis l'Antiquité. En décrivant ensuite en détail les origines et les différentes variétés, il nous livre les clés de leur | histoire pour nous faire comprendre la mutation qui s'est opérée depuis le loup.

U ne seconde partie, plus vaste encore, aborde la vie du chien sous toutes ses formes et dans toute sa complexité : de la naissance à la mort en passant par les différentes étapes de l'existence. La socialisation,

l'éducation, le jeu, le développement des compétences n'auront plus de secret pour ceux qui voudront bien élever leur chien. Tout est expliqué pour comprendre les besoins de l'animal (alimentation, sommeil, soins) ainsi que ses comportements et sa gestuelle.

Illustré de 320 photographies en couleurs et ponctué de nombreux dessins et encadrés explicatifs, Chiens

Passion saura guider au mieux, grâce à ses précieux conseils et ses observations précises, tous ceux qui vouent aux chiens...

une véritable passion.

HACHETTE Pratique

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