Chavannes - Dix Inscriptions Chinoises

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  • DIX INSCRIPTIONS CHINOISESDE

    L'ASIE CENTRALED'APRES LES ESTAMPAGES DE M. CH.-E. BONIN

    "S

    PAR

    M. ED. CHAVANNES

    EXTRAIT

    DES MEMOIRES PRESENTES* PAR DIVERS SAVANTS

    A L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

    I" SERIE, TOME XI, IP PARTIE

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    PARISIMPRIMERIE NATIONALE

    LIBRAIRIE C. KLINCKSIECK, RUE DE LILLE, U

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  • DIX INSCRIPTIONS CHINOISESDE

    L'ASIE CENTRALE

    D'APRS LES ESTAMPAGES DE M. CH.-E. BONIN

  • DIX INSCRIPTIONS CHINOISESDE

    L'ASIE CENTRALED'APRS LES ESTAMPAGES DE M. CH.-E. BONIN

    PAR

    M. ED. CHAVANNES

    EXTRAITDES MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS

    A L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET RELLES-LETTRES1" SRIE. TOME XI, 1I PARTIE

    PARISIMPRIMERIE NATIONALE p|F

    LIBRAIRIE G. KLINCKSIECK, RUE DE LILLE, 11

    MDCCCCII

  • DIX INSCRIPTIONS CHINOISESDE

    L'ASIE CENTRALE,

    D'APRS LES ESTAMPAGES DE M. CH.-E. BONIN.

    Les estampages recueillis par M. Bonin, au cours de lamission scientifique dont il a t charg de 1898 1900, re-prsentent la presque totalit des inscriptions anciennes del'Asie centrale connues des rudits chinois et en ajoutent d'autres

    )

    qui taient jusqu'ici compltement indites; c'est tout un cha-pitre de l'pigraphie chinoise qu'ils nous permettent de recon-stituer.

    Ces monuments peuvent tre rpartis en trois groupes.

    I

    Le premier groupe comprend d'abord deux stles des envi-rons du lac Barkoul. L'une d'elles (nI), dont l'estampage adj t publi par M. Grenard et qui a t traduite par Ga-briel Deviia \ est date de Fan 187 de notre re; elle rappellela victoire remporte par P'ei Tch'en, prfet de Toen-hoang^, sur

    ' DoTREUH. DE Rhins, Missou scietiti- l'est de ce cours d'eau. Toen-hoang avait

    fque dans la Haute Asie, troisime partie, pour les Chinois une valeur stratgiquep. 1 36-137. toute particulire , car il tait le point de

    15c {^ ::fc t3F ^ -^ I^a place forte dpart des trois routes qui menaient en ^de Toen-hoang tait l'ouest du Tang ho Occident (cf. biographie de P'ei Kiu dans^ (pf , tandis que Cha tcheou f^ ji\ tait le Soei chou, chap. lxvh, et dans le Pei

    IMPIIIIIC>ie ItiTIOtllUC.

  • 2 ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [194]le prince Hou-yen ^ ^; Hon-yen tait le nom d'une puissante

    famille des Hiong-nou qui dominait dans la rgion du lac Bar-koul; on la trouve souvent mentionne dans l'histoire chinoise;l'inscription de l'anne iSy ne se rapporte donc pas un faitexceptionnel; elle doit prendre sa place dans le rcit des longuesluttes que les Chinois livrrent aux Hiong-nou prs des MontsClestes.

    La seconde inscnption (n II) du lac Barkoul fut rige enl'an 64o sur les monts Che-o-nian fl# i^l i#, qui font partie desMonts Clestes

    ,

    pour clbrer les mrites du gnral Kiang Hing-pen H fr :^; du texte de l'inscription il ressort que ce gnralconstruisit l des machines de guerre fort ingnieuses, alorsqu'il marchait contre le royaume de Kao-tch'ang ^ M , dont lacapitale tait situe Yar-khoto, k 20 II h l'ouest de la villeactuelle de Tourfan. Ce monument se rattache des vnementshistoriques importants : la fin de l'anne 629, le religieux chi-nois Hiuen-tsang ^ |4, s'tant mis en route pour aller en Inde,tait arriv Hami; de l il avait d se rendre auprs du roide Kao-tch'ang

    ,qui lui avait remis une lettre de recommandation

    pour le kagan des Tou-kiue % J^ (Turcs) occidentaux; maiscette amiti mme qui unissait le roi au kagan et qui permit endfinitive au plerin de faire son voyage sans encombre, taitune menace pour l'empire; l'expdition de 64o, qui se terminapar la prise de Tourfan , fut le premier des coups que les Chi-nois portrent la puissance des Tou-kiue occidentaux ^.

    Les deux inscriptions du lac Barkoul, celle de 187 et cellede 64o, nous font assister, cinq cents ans de distance, deux

    che. chap. xxxviii; Richthofen, Cfiina. ' La notice du Tan^f c/io sur le royaumevol. I, p. 53o, n. 1, analyse ce texte, niais de Kao-tch'anj est traduite intgralementidentifie tort le P'on-lti (lac Barkoul) dans mes Documents sur les Tou-kiue oui- s^/avec le Lop noi. dentaux.y. loi-i lO.

  • [195] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 3efforts identiques des armes chinoises et nous permettentd'tablir un rapprochement entre l'histoire des Han ^ et celledes Tang ^, Sous les Han, c'taient les Turcs Hiong-nou $0 ^,sous les Tang, c'taient les Turcs Tou-kiue qui taient lesennemis hrditaires de l'empire; les Turcs s'efforaient inces-samment de franchir les Monts Clestes Tourfan et Hamipour venir dans la rgion de l'Ouest du Fleuve [Ho-si ^p^w)donner la main aux Tibtains, et pour s'ouvrir, du ct deKarachar d'une part, et du Lop-nor de l'autre, les voies quimenaient aux principauts du Turkestan oriental. Afin d'em-pcher les Turcs d'atteindre ce double but, les Chinois devaients*emparer de Hami et de Tourfan qui taient les cls du pas-sage des Monts Clestes; les inscriptions d,e fan 187 et deTan 64o nous font comprendre l'importance stratgique de cesdeux places et sont pour l'historien comme des repres lumi-neux qui clairent tout un ct de la politique chinoise.

    Nous pouvons rattacher ces deux stles une troisimeinscription (n III), qui provient, il est vrai, d'une rgion fortdiffrente, car elle a t trouve Koutcha, dans le Turkestanoriental, mais qui ne prend toute sa valeur que si on la replacedans le cadre des guerres entre les Chinois et les Turcs, pourqui prcisment les villes du Turkestan oriental taient unsujet constant de comptition. Cette inscription est fort courteet trs indistincte; quelque brve et quelque mal conservequ'elle soit, elle n'en a pas moins une relle importance. Ony peut hre au dbut le nom d'un Chinois, Lieou Fing-kouo IJ 2pS, qui porte le titre de gnral de gauche de K'ieon-tse H^(Koutcha); la fin, on dchiffre une date qui commence parces mots: la quatrime anne yong-cheou, le huitime mois,le premier jour du mois tant kia-siu.

    ., ; la priode yong-

    cheou commence en i55 ap. J.-C; la quatrime anne corres-

  • 4 ACAD^UE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [196]pond donc l'anne i58 et le calcul permet d'tablir avec

    certitude que le premier jour du huitime mois de cette annefut bien marqu des signes kia-siu .

    Cest en 65 av. J.-G. que la principaut de Koutcba tait

    entre pour la premire fois en relations diplomatiques avec la

    Chine; le roi tait venu la cour des Han; il avait t reu avec

    de grands honneurs; de retour dans son pays, il voulut imiter

    la civilisation chinoise; mais il ne russit qu' la singer et les

    gens des pays d'Occident se moquaient de lui en disant : Pour

    un ne , ce n'est pas un ne ; pour un cheval , ce n'est pas un cheval ;

    le roi deKieoii-tse(Koutidi) , c'est ce qu'on appelle un mulet \

    Un sicle plus tard, nous trouvons le prince de Koutcha

    rvolt contre la Chine; il s'tait aUi aux. Hiong-nou, avait pris

    Kachgar et avait install dans cette ville une de ses cratures.

    C'est alors que les Chinois, la suite de la victoire repaporte

    en Tan 78 ap. J.-C. parle gnral Teou Koii ft prs deHami,envoyrent dans le Turkestan oriental le fameux Pan Tch'ao Mi frre de l'historien Pan Kou ^ @ ; aprs seize ans de combatset de ngociations, aprs avoir vaincu, non seulement les prin-

    cipauts indignes, mais mme une arme indo-scythe qui, enl'an 90, avait travers les Pamirs^, Pan Tch'ao parvint, en 91,

    faire reconnatre la suzerainet chinoise dans toute cette r-

    gion; il dposa notamment le roi de Koutcha et le remplaa

    par un prince sa dvotion; lui-mme eut le titre de Protec-

    ieur des pays d'Occident et fixa sa rsidence Koutcha^.

    ' Ts'ien Han chou, chap. xcvr, h, ' //eo Han c/iou, chap. cxviii, p. i v':

    p. 6 r' : H # ^o ,^ # .^o ^ H La tioisime anne yong-yuen (91), Pan^ f^ In Wt JJS o Tch'ao rtablit l'ordre dans les pays d'Oc-

    - HcouHuii c/ioH^chap. Lxxvii, p. li r. cident^ on donna Pan Tch'ao le titre de

    L'arme des IndrScythes J| ptait forte Protecteur et il rsida K'ieoa-tse (Kou-(]e

    -j,000 hommes et tait commande par tcha).le vice-roi Sic glj i |^

    .

  • [197] MMOIRES PRSENTS PAR DIAERS SAVANTS. 5En l'an 107, le Turkestan oriental retomba sous l'influence

    des Hion(j-nou septentrionaux, mais, vingt ans plus tard, PanYoKf J ^ , fds de Pan Tch'ao, renouvela les exploits de son preet s'empara de Yen-k'i (Karachar); la suite de cette victoiredix-sept royaumes, parmi lesquels se trouvaient ceux deK'ieoa-/5e '( Koutcha ) , SoaAe (Kachgar), Yu-t'ien (Rhoten) et Souo-kia(Yarkand), firent leur soumission^

    L'inscription dcouverte par M. Bonin prouve que, enl'anne i58 ap. J.-C, l'influence chinoise, rtablie en 127par les succs militaires de Pan Yoig, continuait s'exercer Xoutcha et que les Hioncj-noa n'avaient pas russi l'y dtruire.

    II

    Le second groupe des inscriptions dont les estampages ont trapports par M. Bonin se compose de deux textes relatifs auTemple du Grand Nuage ^ ^ # Leang tcheou iy. 'JH dans leKanrsou. La premire de ces stles (n V), date de l'anne 1 563,commmore la reconstruction du temple

    ,qui avait t en partie

    renvers par un tremblement de terre; elle fait l'historique decet difice et rappelle les interventions miraculeuses qui,

    diverses reprises, le protgrent; au nombre de ces incidentsmerveilleux, elle cite la venue, en i383, d'un religieux japo-nais nomm Tche-man ^ fH, qui fit une collecte pour rparer letemple; vnement extraordinaire en effet, et qui nous montrecomment la propagation de la foi bouddhique, triomphant desbarrires que les langues et les murs lvent entre les peuples,et mettant en contact les civilisations les plus loignes les unes

  • 6 AC.\DMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [198]

    des autres,put faire arriver aux confins occidentaux de la Chine

    un habitant des les de la mer orientale.

    La seconde inscription (n** VI) ne porte pas de date; mais

    M. Bonin a lu sur le revers de la pierre qu'elle fut grave la

    trente-sixime anne fCang-hi, c'est--dire en 1697.Elle a t faite pour indiquer dans quelles conditions s'est

    constitue une association d'avalambana, destine subvenir aux

    frais de l'entretien du temple; ces associations locales d'avalam-bana sont trs rpandues dans toute la Chine; ce sont ellesqui. soutiennent bon nombre de fondations religieuses; on voitdans ce texte comment elles s'organisent et comment elles fonc-tionnent.

    Le Temple du Grand Nuage est fort ancien ; il a t construitentre les annes Sy et 36i de notre re par un certain TcJiangTien-si 5A 3^ ^1 dont l'anctre, Tchang Koei 51 ft, gouverneurchinois de Leancj tcheou, s'tait dclar indpendant en l'an 3oiet avait fond la petite dynastie des Leang i^. Ce temple taitd'abord appel temple Hong-ts'ang ^ ^.

    C'est en 690 que son nom fut chang. A cette poque, l'im-pratrice Oa fJp^ femme ambitieuse mais dvote, s'taitempare du pouvoir au dtriment des hritiers lgitimes de ladynastie des Tang; il n'avait pas manqu de flatteurs pourapplaudir ce coup de force; un religieux s'empressa de pr-senter une traduction du Mahamegha stra, ou stra du GrandNuage, dans lequel se trouvait une prdiction relative unesouveraine; on appliqua ce texte l'usurpatrice; elle tait,disait-on , une incarnation de Maitreya Buddha et devait rem-placer les Tang dans le gouvernement du Jambudvipa. L'im-pratrice, reconnaissante envers le Ciel qui se faisait soncomplice, ordonna que, dans toutes les prfectures de l'empire,on levt un Temple du Grand Nuage: c'est alors que le temple

  • [199] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 7de Leang tcheou, pour faire comme tout le monde, prit le nomde Temple du Grand Nuage.

    Une inscription de l'anne 711, dont le texte original estperdu , mais qui a t regrave avec quelques erreurs , nous faitla description de ce qu'tait cet difice sous la dynastie T'ang

    et clbre les mrites des personnages pieux qui l'ont rpar ^

    Dans la premire moiti du xi sicle de notre re le territoirede Leang tcheon tomba dans la possession du royaume de SiHia W H ou Hia occidental. Un souverain de ce royaume fitriger en Tan 109^ dans le Temple du Grand Nuage une in-scription bilingue en chinois et en si-hia. On n'a connu pendantlongtemps qu'un seul spcimen de l'criture si-hia; c'est unedes portions de la grande inscription en six langues grave enl'anne i345 sur la porte de Kiu-yong koan^; encore ne savit-on pas exactement ce qu'tait cette criture et l'attribuait-on

    souvent au peuple joutchen, sur la foi de certains pigraphisteschinois, qui tenaient en cela un propos inconsidr. Gabriel De-

    vria eut le mrite de publier le premier la stle bilingue duTemple du Grand Nuage Leang tcheon^ et d'tablir que le textenon chinois tait en criture si-hia, identique d'ailleurs l'cri-

    ture mystrieuse de la porte de Kiu-yong koan. Depuis lors, leD'Bushell nous a fait connatre des monnaies tangoutaines*, etM. Bonin lui-mme, comme nous le verrons plus loin, a eu labonne fortune de mettre la main sur un petit monument por-

    ' Kin chetsoeipien, chuTp. hxix, p. 28 v" goat (extrait des Mmoires prsents par

    et suiv. divers savants l'Acad., i" srie, t. XI,* Cf. prince Roland Bonaparte, Dota- impartie, 1898).

    ments de l'poque mongole (Paris, 1^95). * S. W. Bushell, Tke Si Hsia dynasly' G. Devbia, Stle si-hia de Leang of Tangut , Their money and peculiar script

    tcheou, avec une note de S. W. Bushell [Journ. oftke China Branch oftheR. A. S.,[Journal osi'a^, janv.-fv. 1898, p. 53-74); N. S,, vol. XXX, p. 1^-160). L'criture du royaume de Si Hia ou Tan-

  • 8 ACADMIE DES LNSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [200]tant quelques caractres si-iua. On n'est pas arriv jusqu'ici trouver la clef de cette criture; mais, soit que quelque cher

    cheur plus sagace que ses prdcesseurs y parvienne avec les

    documents que nous avons, soit que de nouvelles dcouvertesviennent rendre le problme plus facile, il est certain que lastle bilingue de Leang tchcou sera une des pices les plus im-portantes entre celles qu'on devra tudier pour mener bien ce

    travail; or, puisque cette inscription renferme sans doute desallusions l'historique du Temple du Grand Nuage, il est bonde nous entourer ds maintenant de tous les renseignements

    que nous pouvons recueillir sur cet difice. Telle est la raison

    principale qui" a dirig sur ce point les investigations de

    M. Bonin.

    III

    En divers endroits des contres qui sont dsignes par lesChinois sous le nom de Nouveau Territoire [Sin-kiang) et quis'tendent au nord et au sud des Monts Clestes, existent deDombreuses excavations dont les hommes ont fait parfois deshabitations et souvent aussi des sanctuaires. Les belles dcou-vertes de la mission russe de M. Klementz dans les grottes desMille Buddhas prs de Tourfan , nous ont rvl des fresques fortcurieuses qui trahissent des influences hindoues, tibtaines,turques et chinoises, et des inscriptions en ougour et en ancien

    turc qui nous apprennent l'existence d'un bouddhisme turcignor jusqu'ici ^ Mais ces grottes ne sont pas les seules de leurespce. Des grottes des Mille Buddhas sont indiques au sud-

    ' Nttchrichten ler die von der K. Altad. attvinonf de Turfun [Journal asiat., mare-d. W. 211 Si.-Petersburf a Juhre 1898 900); Barth , Didletin des reli-amsgerslclt Expdition nach Tarjan, f)iom tk l'Inde [Revae de l'hist. des religions,Heli l (Saint-Ptersbourg, 1899). ^f. tonte XLII, p. 5o, n. 1).Sexabt, Note sur quelques fragments d'in-

  • [201] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 9ouest de Tsi-mou-sa ^J^M- localit qui est l'ouest de Gou-

    tchen et qui parat correspondre, bien plutt qu Ouroumtsi , remplacement de l'ancien Bichbalik K D'autres grottes des MilleBuddhas se trouvent sur la rivire Kyzyl iIf . 1& fPT, 3o /t enaval du poste militaire de Kyzyl il # ? , entre Koutcha etSaram^. Enfin, ds l'anne 1879, Prjevalski^ signalait et

    Dans le Ifc ^ if ^ K'inting sin kiang che lio, la carte du territoired'Ouroumtsi

    ,

    qui se trouve dans le chap. ii

    ,

    marque ces gi'ottes des Mille Buddhas

    "^ i% l^ * l'ouest de la ville de Tsi-moa-

  • 10 ACADmE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [202]dcrivait des grottes des Mille Buddhas au sud- est de Chatcheoii i^ ji\; ce sont ces dernires que M. Bonin a visites son tour; il en a rapport quatre estampages d'inscriptions sur

    pierre.

    Deux de ces inscriptions, qui ont t graves, des poquesdiffrentes, au recto et au verso d'une mme stle, appartien-nent au temps de la dynastie T'ang. L'une d'elles (n** VII), date

    de l'anne 7 7 6 , est la louange d'un certain Li T'ai-pin ^ ic

    i[ et rappelle les travaux d'ornementation que ce dvot person-nage fit faire dans les grottes de Cha tcheou; la description desscnes religieuses qui furent modeles ou peintes par son ordren'est pas sans intrt , car elle nous atteste l'importance qu'avaient

    prise, dans le culte, les divinits tantriques introduites en

    Chine au viii sicle de notre re par Vajrabodhi et Amo-ghavajra^ La seconde inscription (n VIII)

    ,qui est de l'anne

    894, rappelle le souvenir d'un membre de la famille imprialedes T'ang, dont le principal mrite, aux yeux de l'historien,est d'avoir t le gendre de Tchang I-tch'ao ^ .^ JH ; ce Tchang I-tch'ao tait un chef local de Cha tcheou qui, en l'an 85o, prtaserment d'allgeance l'empire; notre inscription jette quelquelumire sur sa famille et sur les politiques contraires du Tibetet de la Chine dans le pays de l'Ouest du Fleuve.

    laque sont les grottes des Mille Buddhas.

    D'aprs le Si yu choei tao ki (chap, m,

    p. 11 v) , le Lei-yn se se trouve sur le ver-

    sant orientai du Ming-cha chan J^ }^ ^Jou montagne des saJiles qui chantent; lamontagne est ainsi appele parce que lesable dont elle est forme crie sous le pas deshommes A JE ^ ^ ^ (^*' Ts'ingit'ongtche, chap. ccxiii

    , p. 3 v} ; parfois ce sable

    s'boule avec un bruit de tonnerre et c'est

    pourquoi le temple a t nomm Lei-yn seou Temple du bruit du tonnerre. Unedescription dtaille des grottes des Mille

    Buddhas , rectifiant et compltant celle dePrjevalski, a t publie par M. BoxiN lui-

    mme dans les Comptes rendus de l'Aca-dmie des. inscriptions et belles -lettres , 1901,

    p. 209-217.^ Sur ces deux ramanas hindous, cf.

    BuNiiu Nanjio, Cata/ogrne, Appendix II

    ,

    n"" i53 et i55.

  • [203] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 11Ces deux textes lapidaires ne sont pas les plus anciens qui

    aient t conservs dans les grottes des Mille Buddhas. On yvoit encore en effet une inscription de l'anne 698, qui estmentionne et reproduite par Siu Song ^ ^ dans son belouvrage sur l'hydrographie des pays d'Occident (H ;|^ 7JC ?!; |,chap. III, p. 1 2 r-i4 r); ce monument rappelle que le premieramnagement d'une des grottes fut excut la deuxime annekien-yuen des Ts'in ^, c'est--dire en l'an 366 de notre re,par le ramana Lo-tsuen i^ if. La petite dynastie des Ts'in ant-rieur3

    "i M tait d'origine tangoutaine ^ ; elle eut sa capitale Tch'ang-ngan M ^ [Si-nganfou) de l'an 35 1 l'an 384 de notrere ; elle atteignit un haut degr de puissance et de gloire sousle plus illustre de ses souverains, Fou Kien ^g (357-384).Cest sous le rgne de Fou Kien que, en 366, le ramana Lo-tsuen consacra pour la premire fois au culte bouddhique unedes grottes de Cha tcheou, et c'est sous ce mme prince que,en 372, le religieux Choen-tao WMMM initia la religionbouddhique le royaume coren de Kao-keou-li "^ ^M^'t^Q rap-prochement de ces deux faits montre le rle considrable quejoua, malgr son peu de dure, la dynastie des Ts'in antrieursdans la diffusion du bouddhisme en Extrme-Orient; les grottesde Cha tcheou et la Core sont comme les deux points extrmesqui, l'un l'ouest, l'autre l'est-, dlimitent l'extension de soninfluence. En 384, la dynastie des Ts'in postrieurs ^ ^ sesubstitua celle des Ts'in antrieurs : c'est au temps d'un prince

    des Ts'in postrieurs que l'illustre plerin Fa-hien fe M partitde Tch'ang-ngan, en 399 ap. J.-C, pour aller en Inde; commeil se rendit Toen-hoang et, de l, Khoten, il dut suivre la

    ^ Cf. Klaproth, Tableaux historiques ("oHW^ ^ao, III, p. 452); Cou ivant, 5ow-de VAsie, p. 77; Terrien de Lacouperie, maire et historique des cultes corem [T'oungOn the Corean, Ano and Fusang writiiigs pao, srie 2 , t. I, page 820 ).

  • 12 ACADMIE DES INSCRIPIIONS ET BELLES LETTRES. [204]route qui passe par Cha tcheoii et les
  • [205] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 13Si Hia W 5 ^; plus l'ouest, Kan tcheou 'fl* m tait une princi-paut ouigoure; enfin, quand le voyageur arrive Koa tcheou

    jC: ^ et Cha tcheou ^ 'J@L ^ ' ^^^ 1^gouvernement chinois vaincre le rebelle

    Hoang Tch'ao ^ ^ ; pour le rcompen-ser, l'empereur lui dcerna le titre de ducdu royaume de Hia ^ S 5V et lui con-fra le nom de famille Li^ ( T'ang choa,

    chap. ccxxi, , p. 3 r). C'est de ce To-pa

    Se-kong que descendent les souverains duSi Hia; nous en avons la preuve incontes-

    table dans ce fait que Yaen-hao yQ ^,roi du Si Hia, crivant en loSg l'empe-reur de Chine, revendique formellement

    To-pa Se-kong conmae son anctre [Soiy

    che, chap. cccclxxxiv, p. 6 v"). Les iSt

    Hia sont donc de race tibtaine, et leur

    plus' ancienne histoire dwt tre recherchedans la notice du Tang chou sur le peuple

    des Tang-hiang. *

  • 14 ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [206Jet les Tang-hiang et qu'il tait bien plutt sous la dpendancedes Tibtains que sous celle des Chinois. La relation de Kao

    Kiu'hoei ajoute ces mots : a A dix li au sud de Koa tcheon est lamontagne des sables qui chantent; on dit qu'en hiver et en t

    il s'y produit trs fortement des bruits semblables au ton-

    nerre ^ Ce texte nous explique pourquoi les grottes des MilleBuddhas, voisines de ces dunes de sable, sont souvent appelesdu nom d'un temple qui s'y trouve, le temple du bruit du ton-nerre^.

    Aprs le passage de l'ambassadeur Kao Kiii-hoel, Cha tcheoiicontinua tre gouvern par des membres de la famille Ts'aojusqu' ce que, entre"io34 et loSy, il ft annex au royaumeSi Hia. La puissance des Si Hia fut abattue par les Mongols en1227.

    C'est l'poque mongole que remontent deux autres in-scriptions (n* IX et X), dont nous devons les estampages M. Bonin.

    Ces deux stles ont t riges en i348 et en i35i par unecclsiastique nomm Ckeon-lang ^ IJ , pour commmorer lesfondations religieuses du roi de Si-ning, Sou-lai-man ^ ^ ^ H^ . Ce Son-lai-man y ou Soleyman, malgr son nom mahom-tan, parat avoir t fort libral pour le bouddhisme; ce n'estpas dire cependant qu'il ft bouddhiste, et peut-tre nedevons-nous voir ici qu'une preuve nouvelle de cette tolranceque les princes mongols eurent pour toute espce de religion.Le nom de Sou-lai-man, roi de Si-ning, se retrouve dans l'his-toire chinoise des Ynen; nous y lisons qu'il fut nomm roi deSi-ning en 1829 et qu'il tait le descendant la quatrime gn-ration de Temougou-utchugen , le troisime des frres cadets

    ' Ou lai che, chap. lxxiv,Y^.

    b t' : E 'JH "-f S^^f^ih^ ^ M Wt Wt ^

    Mi^W ' W # #; cf. p. aoi, n. 3.

  • [207] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 15de Tchinggis khan^ L'inscription de i35i nous apprend d'ail-leurs qu'au moment, o elle fut grave le roi tait mort, tandisque celle de i348 nous le montre encore vivant; il dut doncmourir, selon toute vraisemblance

    , en 1849 ou en i35o.L'inscription de 1 348 offre un intrt tout particulier, parce

    qu elle prsente la formule mystique om mani padme fim ensix critures diffrentes, qui sont les critures devangar,tibtaine, turque-ouigoure, mongole de Phags-pa lama, si-kiaet chmoise. Ces six critures sont exactement les mmes quecelles de la grande inscription de Kiu-yong koan, grave en1 345, c est--dire trois annes seulement avant cette stle.L'inscription de Kiu-yong koan, avec ses six critures qui fai-saient l'tonnement des pigraphistes europens, n'est doncplus un fait unique; d'autres monuments analogues ont exist,comme l'atteste celui qu'a dcouvert M. Bonin. C'est ainsi que,par un effet assez inattendu, le zle de religieux bouddhistesqui voulaient tre compris de tous les peuples de l'immenseempire chinois l'poque mongole, donne aujourd'hui lascience philologique quelques-uns de ses documents les plusprcieux pour l'tude des langues et des critures de l'Extrme-Orient.

    Nous sommes arrivs au terme de notre tude sur les rsul-tats archologiques de la mission Bonin; au cours de cet expos,nous avons d entrer souvent dans le dtail d'une histoire quipeut paratre bien confuse et bien embrouille. Si cependantnous nous levons au-dessus des explications minutieuses eten quelque sorte techniques qui sont ncessaires pour com-prendre chaque monument pris en particulier, il semble qu'on

    Voyez les textes la suite de la traduction de l'inscription de i35i.

  • IG ACADJVIIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES LETTRES. [208]

    voie se dessiner dans l'loigncment du temps un spectacle quin'est pas sans grandeur. Entre les Monts Clestes au nord, le

    fleuve Jaune l'est, les Montagnes Mridionales au sud et le

    Turkestan chinois c l'ouest, s'tend le vaste carrefour ,des

    peuples qu'on appelle le Territoire l'Ouest du Fleuve; l, Chi-nois, Turcs et Tibtains se sont rus aux plus acharns com-

    bats; c'est une de ces contres qui, par leur situation mme,ont dans le monde le triste privilge d'tre un ternel champde bataille. La guerre, telle est la premire des forces gantesqui se dresse en dominatrice dans ces lieux, et les stles du lacBarkoul sont consacres sa louange. Mais, en face de l'ombre

    immense faite de violence et de haine, s'lve une apparitionlumineuse et douce; c'est la religion bouddhique. Au-dessus

    du tourbillon des hommes arms, qui, tantt d'ici, tantt del, se prcipitent les uns aprs les autres dans cette fournaise,

    elle maintient son prestige intangible, et chaque conqurantnouveau devient pour elle un nouvel adorateur; dans les

    grottes des Mille Buddlias et dans les temples, on voit ainsi se

    succder les hommages des nations les plus disparates, et ladiversit mme des critures qu'on trouve sur une mme pierreest comme le symbole de l'union des races dans une croyance

    commune. Depuis les premiers sicles de notre re, et jusqu'l'introduction de l'islamisme vers la fin de l'poque mongole,

    l'histoire de l'humanit dans le Territoire l'Ouest du Fleuves'incarne ainsi tout entire dans les deux figures colossales dela fureur guerrire et de la pit bouddhique ; ce sont elles quevoit surgir, au seuil de ce pays pei*du de TAsie, celui qui

    dchiffre les monuments ddis leur gloire.

  • [209] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 17

    TEXTES ET COMMENTAIRES.

    PREMIER GROUPE.

    LE LAC BARKOUL ET KOLTCUA.

    N" I. Inscription de P'ei Tcu'en.

    Cette inscription est cite et tudie dans le Kin che tsoei pien(chap. VII, p. 11 r'-i 4 r) et dans le Si yn choei tao ki (chap. m,

    p. 3o Y); elle a t publie et traduite par Devria (dansDutreuil de Rhins, Mission scientifique dans la Haute Asie,3* partie, 1898, p. iS-iSy *); je donne ci-dessous une tran-scription^ et une traduction qui diffrent sur deux ou troispoints peu importants de celles de Devria.

    En la deuxime anne yong-ho des Ban{ii'j ap. J.-C), le huitime mois,le prfet de Toen-hoang, P'ei Tch'en, originaire de Yun-tchong, la tte de

    trois mille soldats des commanderies , extei^nina le roi Hoa-yen et les siens ; ildcapita et coupa loreille gauche la multitude de sa tribu ; il triompha des

    ennemis et conserva intactes ses troupes ; il supprima la calamit des contres

    d'Occident et il purifia les Quatre Commanderies de leur flau ; le territoirede la frontire jouit de l'ordre et du calme; son prestige redoutable parvintjusqu' ce lieu; on a lev ce temple au bord du lac pour qu'il serve decommmoration pendant dix mille gnrations.

    ' Le lecteur est pri de se reporter * (]ette transcription est celle du Siyula planche qui se trouve dans cet ouvrage clioei tao ki; la seule modification que j'y

    et qui me dispense de reproduire ici l'es- aie introduite est la substitution, sur les

    tampage. indications du Kin che tsoei pien, du motDimensions de l'estampage : hauteur, ^{Hk) ^^ mot^J a la fin de la qua-

    1 mtre ; largeur, o m. 45- trime colonne.

    3

    iC ZA

  • 18 ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [210]D'aprs le Kin che tsoei pien, ce monument se trouve 3 U

    au nord-ouest de la ville de Barkoul M S , devant un templede Koan-ti IS ^ , le dieu de la

    ]^i ^^ ^^ -T" j*^ '1^ guerre. Il fut dcouvert enJ- yi^-

    .At ^1^1 P^r ^^ ^^^ d'une expe-rt

    J^w 5L-. >^"^^ 4 v^ dition militaire que Tempe-

    7 L 2f -^ ^jX ri^ -^ ^^^^' Kien-long envoyait dansjfO >6|) ll. Jp- ^ ^IF-,^ ^.^,g j.j,i ^^ et c'est

    _^^ :^^ '^^ ^-4^ tP :^i^ partir de ce moment qu'il fut

    ^^^ -^-jfc ^ connu des pigraphistes chi-/^ -" ^T "1^ ^ ' nois. Le lac Barkoul est une-i:n -- .l/f>^ -c ^ ^ qtiarantaine de /i au nord-ouest^^ iil 1^ .^ -^ -T j 1 -11 ^ p i ^ ^^^ de la ville de barkoul; comme^X -^ v5> 5^" "H^ ''^ "^ rsulte, de la teneur mme

    f ^ . de la stle , que celle-ci fut ri-

    -^*^ ^^ ^^^ ^n y^r '\ ge dans un temple au bord du^X ^j^ ^ .^y j^ -^L lac, il est vraisemblable que"*^

    l'inscription tait, l'origine,

    -iS^ yf^ ;;^ -%^> -=^ J^S- plus voisine du lac qu'elle neTest aujourd'hui.

    Le roi Hon-yen, dont il est question, tait un roi Hiong-noUy

    chef du clan Hou-yen. Se-ma Ts'ien (Mm. hist., chap. ex,p. 4 v"j \ parlant des Hiong-nou, dit : Leurs principaux fonc-

    tionnaires ont tous des charges hrditaires. Le clan Hou-yen

    J f" .R , le clan Lan HJ^ et aprs eux le clan Sin-pon |S h 15

    ,

    telles sont les trois familles de souche la plus noble. Il n'y a

    pas lieu de faire grand tat de l'assertion du commentateurYen Che-kou (579-645), qui retrouve chez les Sien-pi M # les

    ' Ce texte se lit aussi dans le Ts'ien Han chou, chap. xciv, a, p. 3 v". C'est l que setrouve le commentaire de Yen Che kou auquel nous faisons allusion quelques lignes plustas.

  • [211] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 19noms de clan Hou-yen Pf et Lan; l'poque des T'ang, enefiFet, aprs la longue priode o la race tongouse avait occupla Chine du Nord, il est fort possible que certaines tribus Hiong-nou se fussent amalgames avec les conqurants trangers ; maisil n'en reste pas moins bien tabli que les Hou-yen taient desHiong-nou, c'est--dire des Turcs, et non des Sien-pi, c'est--diredes Tongouses.

    Les rois Hou-yen apparaissent diverses reprises dans l'his-toire. Voici les textes o je les ai trouvs mentionns :

    La quinzime anne yong-p'ing (72 ap. J.-C), un officiernomm Keng Ping Wi ^ prit la parole dans un conseil que te-nait l'empereur pour dterminer quelle politique il convenaitde suivre l'gard des Hiong-nou; il termina son discours ences termes : u J'estime qu'il faut d'abord attaquer (les tribus

    du) Pe-chan llJ ^ et nous emparer de I-ou ^ ^, (Hami), d-truire Kiu-che :$ M (Tourfan) et envoyer des missaires chezles Ou-suen ,% M (valle de l'Ili) et les autres royaumes, afin decouper (aux Hiong-nou) leur aile droite (occidentale). A I-ouP (Hami) se trouve encore la tribu Hou-yen P? ^ ^ qui est ausud des Hiong-nou; l'craser, ce sera en outre briser [ux Hiong-nou) leur corne gauche (orientale). Aprs cela, on pourra at-taquer les Hiong-nou. iK [T'ong kien kang mou, i5* anne jo^-ping.)

    La seizime anne yong-p'ing (78 ap. J.-C), le comman-dant des quipages impriaux Teou Kou g gj sortit par Tsieou ts'iuen -{^M [Sou-tcheou) , le commandant de cavalerie KengPing Wi ^ sortit par Kiu-yen M M (prs du lac Sogok) ^, et le

    A l'poque des Han, on appelait Mon- * Le lac Sogok est aussi appel Etsinatagnes Blanches {pe chan), la partie des tl ^ Ij^ ^> du nom de la rivire EtsinaMonts Clestes {t'ien chan) qui est au sud qui s'y jette (cf. Si ya choei tao. Ai,du lac Barkoul (cf. Si yu choei to ki, chap. m, p. 1 v).chap, m, p. 3o v* et 3r r").

  • 20 ACADMIE DES LNSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [212]commandant de cavalerie Lai Miao 3^ |5f sortit par P'ing-tch'en^^ M (prs de Ta-t'ong fou) ^ pour attaquer les Hiong-noa sep-tentrionaux. Teoa Kou battit le roi Hon-yen i^ ^fif dans leTien chan 3 lll . 11 laissa des soldats tablis dans la ville de I-

    ou-ou ^ ^ JC M (Hami) [Heou Han chou, chap. ii, p. 8 r"). Dans la biographie de 7*^0 Kou [Heou Han chou, chap. lui,

    p. 5 v") , on lit que ce gnral et son lieutenant Keng Tchong

    ft jS arrivrent au Tien chan 3 lU ; ils attaqurent le roi Hou-

    yen ^ fl5f 3E et couprent plus de mille ttes; le roi Hou-yens'enfuit j usqu'au lac P'ou~lei le Mfk (lac Barkoul) ; [Teou Koa)laissa des officiers et des soldats tablis dans la ville de I-oa-

    lou.

    L'anne suivante (74 ap. J.-C), au onzime mois, les g-nraux Teon Kou, Keng Ping et Lieou Tchang Si ^ sortirentpar la barrire Koen-loen - qui dpend de Toen-hoang Wii^M.-^ ^ ; ils attaqurent et battirent les barbares de la montagne

    blanche llJ sur les bords du lac P'ou-lei (lac Barkoul) , puisils pntrrent dans Kiu-che $ H (Tourfan). On tablit pourla premire fois un Protecteur des contres d'Occident et unou~ki hiao-wei^* [Heou Han chou, chap. 11, p. 6 v**).

    La deuxime anne yen-koang (iq3 ap. J.-C), le prfet deToen-hoang

    ,Tchang Tang ^ it , adressa un rapport l'empereur

    pour exposer trois projets : Considrant que, parmi les barbaresdu Nord, le roi Hou-yen ^ ^ 3E se dplace incessamment de

    ^ C'est P'in^-tcA'en^ que, en l'an 200 fonctionnaire appel i-ho toa-wei *| jfcav. J. C. , l'empereur Kao-tsou, de la dy- ^ ^ (commentaire au Heou Han chou,nastie Han, fut assig parles Hiong-nou chap. cxviii, p. 2 r).(cf. Se-ma Ts'ien, trad. fr. , t II, p. Sgo). ' Le ou-ki hiao-wei JX^^ M tait

    ' Le barrire de Koen-loen se trouvait charge de surveiller les pays d'Occident;sur le territoire de la sous-prfecture de sur les direrses explications qui ont tKoang-tche ^ ^ dans la commanderie donnes de ce titre , cf. mes Documents sarde Toen-hoang; c'tait l que rsidait le les Toa-kine occidentaux, p. loi, n. o.

  • [213] MMOIRES PRSENTS PAR DINARS SAVANTS. 21et de l dans la rgion comprise entre le lac P'ou-lei (lac Bar-

    koul) et la mer de Ts'n (mer Caspienne?) ^ M M M'I^ ^t^-,qu'il impose sa loi aux contres d'Occident et s'unit elles pourravager et piller, il faut maintenant rassembler la barrireKoeii-loen ^ -^ M plus de deux raille officiers et soldats desroyaumes dpendant de Tsieou^ts'iuen (^Sou~teheou) ; on atta-quera d'abord le roi Hou-yen et on le sparera de (la rgion

    qui est comme) sa racine; puis on enverra cinq mille soldatsde Chan-chan #5 # ^ contraindre la tribu postrieure de Ki-che^ il ^ pp (Goutchen) ^. Tel est le projet du premier rang. Sion ne peut faire sortir une arme, il faut qu'un capitaine, la tte de cinq cents soldats, et approvisionn, par les QuatreCommanderies, de charrues, de bufs, de crales et de vivres,sorte (de la frontire) et s'tablisse Lieou-tchon^ ^ t^ (Louk-tchoun). Tel est le projet du second rang. Si mme cela nepeut tre excut, alors il est ncessaire qu'on abandonne laville de Kiao-ho ^ ^ (Yar-khoto, 20 /i l'ouest de Tourfan),qu'on rassemble (la population de) Chan-ehan et autres localits

    ' Le commentateur du Heou Han choudit ici : Le pays de Ta Ts'in ( i'Orient ro-

    main ) est l'ouest de la mer occidentale

    ,

    et c'est pourquoi on appelle celle-ci mer

    de Tsm. :kM&^Bnt.'S^' D'aprs le Ta Ts'inff i t'ong tchc

    (ch. ccccLXXi, p. av), le Chan-chan del'poque des Han correspond la sous-pr-

    fecture de Na-tche j^ ^ de l'poque desT'ang; le dictionnaire de gographie his-

    torique de Li Tchao-lo place Na-tche sur

    le territoire de Hami, l'endroit appelaujourd'hui Fosse de Teng-ts'ao ^ ^ ^ ;les cartes chinoises indiquent en effet, au

    nord-ouest de Hami, une localit nommePoste du foss de Teng ts'ao^^ ^ ^.

    ' On voit qu'il ne faut pas confondre le

    Chan-chan de l'poque des Han avec le

    Chan-chan de l'poque des T'ang, lequel

    se trouvait 5oo U au sud du lac Lop-nor(ef. T'ang choa, chap. xliii, 6, p. i5 r').

    * Nous lisons dans le Kieoa T'ang chou

    (chap. XL, p. 29 Y), que la sous-prfec-

    ture de Kin-man ^ ^ , de l'poque des

    T'ang , correspondait ce qui tait, sous

    les Han, la cour royale postrieure duroyaume de Kia-che J 6$ ^ ^' ^une inscription [Siyuchoei taoki, ch. m,

    p. 26 r et v) permet d'tablir avec certi-

    tude que la sous-prfecture de Kin-man

    tait dans le voisinage de la localit ac-

    tuelle de Tsi-moa-sa 3^ T^C lH , au sud-

    ouest de Goutchen "* j^.

  • 22 ACAD^UE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [214]et qu'on la fasse rentrer l'intrieur de la barrire. Tel est leprojet du dernier rang. [Heou Han chou, chap. cxviii, p. 2 r*".) L'empereur s'arrta au second de ces trois j)rojets; Pan Yomj H , fils du fameux gnral Pan Tck'ao ^ ^ et neveu de l'his-torien Pan Kou ^ @, fut donc charg, en l'anne 128, d'alleravec cinq cents hommes tablir une colonie militaire Lieou-tchong (Louktchoun).

    La premire anne yong-kien (-1^6 ap. J.-C.j, {Pan Yong)tablit un nouveau roi de la tribu postrieure de Kiu-che fGou-tchen) en la personne de Kia-t'o-noii M^^^f^t fils de l'ancienroi. Pan Yong envoya en outre un de ses lieutenants dcapiterle roi de Tsiu-mi ^ 38 ^ et, l aussi, installa un nouveau roi prisdans la famille (royale). Alors les six royaumes de Kiu-che '^ 1$.

    0$ 7^ M furent entirement pacifis. Dans l'hiver de cette mmeanne, Pan Yong envoya les soldats des divers royaumes atta-quer le roi Hou-ycn des Hiong-nou ^ jSX l*^ ffif ; le roi Hou-yenprit la fuite

    ;plus de vingt mille hommes de son peuple se sou-

    mirent tous; on fit prisonnier le cousin (^ 5) du chen-yu; PanYong chargea Kia-t'o-nou de le tuer de sa propre main afin decrer l'inimiti entre Kiu-che (Goutchen) et les Hiong-nou, Lechen-yu du Nord, se mettant en personne la tte de plusde dix mille cavaliers, pntra dans la tribu postrieure(Goutchen) et arriva jusqu' la gorge Kin-tsie ^5.^. Pan

    ' D'a[)rs le commentaire, le mot Jtse prononce ici tsiu et non ts'ie.

    ' Le royaume de Kin-che J^ ^ ayantt dtiuit en l'an 60 av- J C.

    ,

    par le g-nral chinois Tcheng Ki% "^ , il se di-visa en huit petits Etats qui lurent : le

    Kiu-che antrieur (TourfanJ et le Kiu-chepostrieur (Goutchen) ^ t^ 'm ^ ^ ,le TVm-m/ oriental et le Tsiu-mi occidental

    5. ?^ ^ W ^ , le Pi-lou anlerienr et le

    Pi-lou postrieur ^ i^ nt ^ 19 > ^^P'ou-lei (Barkoul) antrieur et le P'oa-hipostrieur f^ ^"^ ^ Wi' les six der-niers de ces Etats taient appels les six

    royaumes au nord des montagnes |lj ^t7*:^ ^ ; ce sont eux. qui sont sans doule

    dsigns ici sous le noni de les six

    royaumes de Kiu-che (cf. le Han cfioa siyu tchoun pon tchou de Siu Song , chap. i,

    p. 7 Y).

  • [215] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 23Yong envoya le Ma-se-ma Ts'ao Tsiun W f se porter en toutehte au secours (de Goutchen); le chen-yn opra sa retraite;Ts'ao Tsiun le poursuivit et dcapita un de ses hauts dignitaires(qui avait le titre de) Kou-ton~heou # ^ ^. Alors le roi Hou-yenf fl5f 3E transporta sa rsidence sur les bords de la rivire Zom-OK l f rT. A partir de ce moment, Kiu-che ne vit plus trace debarbares; ses villes jouirent toutes du calme. [Heou Han chou,chap. Lxxvii, p. 7 v.)

    La quatrime anne ja/i^-:ia (i35 ap. J.-C), au prin-temps, le roi Hou-yen, (qui faisait partie) des Hiong-nou septen-trionaux 4b ^ iX P? fi 3E , attaqua la tribu postrieure de Kiu-che

    $ 5 ^ ^ ( Tsi-mou-sa prs de Goutchen). L'empereur ordonnaau prfet de Toen-hoang d'envoyer des soldats au secours (de latribu postrieure de Kiu-che)

    , mais on n'eut pas l'avantage

    [Heou Han chou, chap. cxviii, p. 9 r).En iSy ap. J.-C. eut .lieu, d'aprs notre inscription, l'ex-

    pdition de P'ei Tch'en, prfet de Toen-hoang, contre le roiHou-yen; mais les historiens la passent entirement sous si-lence.

    La premire anne yuen-kia (i5i ap. J.-G.), le roi Hou-yen P? fi 3E, la tte de plus de trois mille cavaliers, ravageaI-ou ^^ (Hami). Le capitaine rsidant I-ou (Hami), MaoKai ^ f, envoya cinq cents officiers et soldats l'est du lacP'oU'ei MMW' (lac Barkoul) ; ils livrrent bataille au roi Hou-yen et furent entirement dtruits; le roi Hou-yen attaqua alorsla ville o se trouvait la colonie militaire de I-ou (Hami). Ent, (l'empereur) envoya son secours le prfet de Toen-hoangSe-ma T'a ^ ,^ ^ la tte de plus de quatre mille officiers etsoldats de Toen-hoang, Tsieou ts'iuen, Tchang-ye et des princi-pauts soumises; [Se-ma Ta) sortit au del de la frontire etparvint au lac P'on-lei (lac Barkoul). Le roi Hou-yen l'apprit et

  • 24 ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [216]se retira. L'arme chinoise s'en revint sans avoir remport au-

    cun succs. [Heoa Hun choUy chap. cxviii, p. 9 ^^)De tous ces te.xtes ilT6juUe que la bataille livre par P'ei

    Tck'en en 1 37 fait partie des campagnes qui furent diriges par

    les Chinois contre les tribus turques tablies sur les bords dulac Barkoid. L empereur Ou (140-87 av. J.-C.) avait t lepremier occuper effectivement les territoires situs l'ouest

    du Hoang ho; en l'anne 1 15 av. J.-C, il avait tabli la corn-manderie de On-wei 1^ M Leang-tcheou ?, jHf, et celle deTsieou-ts'iaen l J^ Sou-tcheou J^ Hf; en l'anne 1 1 1 av. J.-C,

    il avait institu la commanderie de Tchang-ye ^ lil Kan-tcheoa

    fi- W , et celle de Toen-hoang^ ^. Ces Quatre Commanderies deFouest du Fleuve firi5 flS formaient ainsi comme un barragequi interceptait les communications entre les Hiong-nou au

    nord et les Tibtains au sud, et qui coupait l'aile droite, c'est--

    dire occidentale des Hiong-non. Il suffit de jeter les yeux sur la

    carte pour voir que Hami et le lac Barkoul taient la prolon-gation naturelle de ce barrage; c'est ce qui explique les efforts

    que firent les empereurs Han pour occuper Hami et les luttesqu'ils eurent soutenir contre les barbares prs du lac Bar-koul.

    Sous la dynastie des Han orientaux (26-2 20 ap. J.-C),les Hiong-nou se trouvaient diviss en deux royaumes : celui

    des Hiong-nou septentrionaux et celui des Hiong-nou mridio-

    naux. Ces derniers taient soumis aux Chinois; les septentrio-naux au contraire taient leurs pires ennemis; leroi Hou-yentait le plus mridional des Hiong-nou septentrionaux et c'estpourquoi il eut subir souvent le choc des armes chinoises.L'inscription que nous venons d'tudier rappelle un pisode deces guerres.

  • [217] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 25

    N IL Inscription de Kiang Hing-pen (64o ap, J.-C).

    Le texte de Tinscription se trouve dans le Kin che tsoei pien

    (chap. XLV, p. 9 r** et suiv.), dans le Si yu t'on tche (chap. xx,

    p. 8 V*) et dans le Siyn choei tao ki (chap m, p. 26 v*-27 v).L'estampage de M. Bonin tait trop indistinct pour tre repro-duit ici; il nous a permis cependant de donner ci-apres unecopie dans laquelle est observe la disposition des lignes de

    Tinscription ^

    Texte 00* grav sur pierre ( la louange) de Kiang Hing-pen, gnCrai descolonies militaires de gauche sous la grande dynastie Tang.

    Autrefois, sans que les Hiong-noa eussent t anantis, le gnral Teoa

    grava son loge sur la montagne Yen^; avant que le Min-yae et t purifi.

    Ma, le dompteur des flots, planta les colonnes de cuivre commmoratives * ;ainsi, (de tous les efforts qui furent faits pour) faire prosprer l'excellenteinfluence dans les contres recules et tendre la bonne rgle dans les rgionstrangres , il n'en est aucun dont on n'ait fait ressortir la florissante ralit

    pour (une dure de) mille automnes, il n'en est aucun dont on n'ait tabli lescombinaisons parfumes pour (une dure de) dix mille antiquits. La grandedynastie Tang a une vertu qui runit en elle les deux principes ', une con-duite qui est suprieure celle des cinq empereurs. Elle tient en main le

    ' Dimensions de l'estampage : haatear,I m. 5o ; largeur, o m. 60.

    ^ Les deux mots qui manquent pour-raient tre les mots |& ^ commmorantles mrites .

    ^ Allusion au gnrai Teou Hien ^ ^qui, en 89 apr. J. C. , fit riger une stlerappelant ses exploits sur la montagneYenjan iff^ ^ , au nord-ouest de Ta-t'ongfi'^ ^ l^> province de Ckan-si; cette in-scription, dont le texte l'ut compos parl'historien Pan Koa , nous a t conservedans le Heou Han chou ( chp. i.iii , p. 7 r)

    et a t traduite par H. A. Giles {Biogra-'

    phical Dictionary, n* 1 gS ).* Allusion au gnral Ma Yuen ^ ^

    ,

    le gnral dompteur des flots f)^ j$ IKF^ , qui , en l'an 4o de notre re , fit uneexpdition dans le Tonkin et dressa descolonnes de cuivre pour rendre immortelle souvenir de ses exploits.

    * J^ ^. Cette expression dsigne 'e

    Ciel et la Terre.

    * Les cinq empereiu's j5l "^ ont, poui*

    Se-ina Ts'ien , Hoang-ti , Tchoan-hiu, K'ou.

    Yao et Choen. Dans le systme qui compte

    iHpmntME tTreiiiLi.

  • 26 ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [218]o t la -^ ^ ^ ifl Li. ^ I ^ ^4 4iM_ii^jtiiJ^^^^ * criture une loi \ jusque

    ^tsX l '?im i:.fi ^ 0i0^^^ 4-Jr>^ iL-^ Hoangti au nombre des trois sou--^ . A. ^^ ^fJ -^ 1k =fc,jfer ii il ^ ^ I, ., verains, ce personnage est rem-

    - a- L place par thao-kao dans ia liste

    ^ 8 /t. .A ^ ), ^-J 4t J* ffl rj f- 4i ^ il ;m ^^' '^'"^empereurs. Cf. Se-ma

    ft, L^^4&iLti.if'> liim h /-m ^*'*'^"' *'"*^' fr-' * ' P- cxci-cxcn.)K i fl- M, ^ A 9^ H i) ^ -^i f^ >^ iL^LiJi ^ Dans une dissertation de Lieou^ -^ ^ l.-^ ->*I^|-a i):H-^ "Pes. r 56-ma T^'ien, trad. fr.,^Vr/^/)^jc-f^Jf:^il4^4i.-^ t. I,p. i35 : ;

  • [219] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 27dans la contre lointaine du Fou-sang ^ tous agissent de mme; pour ce quiest des endroits o ont pntr le gouvernement et la transformation , mmedans la rgion de Mong-se^^ tous en sont atteints. (La dynastie Tang) a faitun parc du Tien-chan et un tang du Han-hai; elle a accueilli ceux dont lesPortes sont tournes vers le nord ^, en mme temps qu elle donnait le calme la Rsidence sombre *. Il n'est personne qui n'ait dfait ses cheveux tresss

    Kao-kie^, qui n'ait renonc boutonner son vtement gauche chez les / ejtles Ti\

    tiques; dans les crits on se servit de ca-

    ractres uniformes. " On sait que le nom du pays de Foa-

    sang ^ ^ a suscit toute une littrature

    depuis que De Guignes a cru y dcouvrir

    l'Amrique. D'aprs M. Schlegel , le Fou-

    sang serait l'le Saghalien [T'oimg pao,

    vol. III, p. 101-168).* Le Mong-se ^ f est une mer ou un

    lac fabuleux qui symbolise l'Occident , de

    mme que le Fou-sang symbolise l'Orient.Cf. Peiche, chap. xxxviii, p- 7 v" : ^ ^^

    j^ ^ Voguer sur le Mong-se et y agitervotre tendard , franchir le Koen-loen et le

    faire sauter vos chevaux , cela vous sera

    aussi facile que de tourner la main .

    Lie-tse ?IJ ^^ dit : ^ $ 1 ?lj M^m&m^^Mmft aquelles lois obissent le soleil et la lune ?

    dans quel ordre se disposent les diverses

    toiles ? (tous ces astres) sortent de T'ang-

    koa et s'arrtent Mong-se . Dans le

    Che leou kono tch'oen ts'ieon, on Ut : ^

    mm^^n^t^mft Les roishgmons se succdent les uns aux autrescomme le soleil du matin s'lve sur. leFou-sang; les vaillants hros se suiventcomme les toiles et la lune montent surle Mong-se . Lou Tchao-lin ^ j[^ ^ ,pote de l'poque des T'ang , dit , en par-

    lant de l'empereur : ^^^^ ^^^ ail a pour tang le Mong-se et pourdemeure le Fou-sang . Voyez toutes cescitations et d'autres encore dans le P'eiwen yunfou.

    ' 4b ^ Les rgions les plus mridio-nales. Cf. Se-maJTs'ien, trad. fr. , tome II,

    p. i56, n. a, et p. i48.*

    ffl ^- Le Septentrion. Cf. Chou king,chap. Yao tien, et Se-ma Ts'ien, trad. fr,

    ,

    tome I, p. 47-48.' Kao-kie tait le nom d'une rue de

    Tch'ang-ngan dans laquelle taient logs

    les barbares qui se trouvaient la capitale

    (cf. Ts'ien Han chou, chap. lxx, p. 5 r,commentaire de Yen Che-kou).

    * Les cheveux tresss et les vtementsboutonns gauche taient des caract-ristiques des murs barbares par opposi-

    tion aux.murs chinoises. En 6 1 2 ap.

    J.-C. , K'iu Pe-ya, roi de Kao-tch'ang , di-sait son peuple : Auparavant, comme

    notre royaume se trouvait dans une con-tre sauvage de la frontire, Jious por-tions les cheveux pendants dans le dos etnous boutonnions nos vtements gauche.Maintenant , la grande dynastie Soei exercele gouvernement et l'univers est pacifi

    et uni . . . Les gens du peuple et tousceux qui sont au-dessus d'eux devront tous

    dfaire leiu's nattes (pour se coiffer a lachinoise) et retrancher le pan (qui croise

  • 28 ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [220]Le royaume de Kao-tch'ang tait, sous les deux dynasties Han, le lieu oii

    s'levaient les retranchements d'une colonie militaire, l'endroit o taientcantonns des soldats laisss l. K'iu Wen-t'ai est leur descendant ^ Autrefois

    ,

    ccmme la maison des Tsin se trouvait auv prises avec de nombreuses diffi-

    cults ^, une foule de braves s lancrent dans la lutte et la terre du milieumanqua de souverain; les contres recules de la frontire se dtachrent

    alors. Entendre , atteindre o o o o o calendrier de jade o jusqu' prsent ne paso o o

    .

    Depuis que le prestige imprial s'est impos au loin , en prosternant leurs(irontsils sont venus la cour; mais, quoique humects de l'influence bienfai-sante, leurs sentiments conservaient la mobilit indcise du rat^. Ils arrtrentles redevances et les tributs des contres loignes ; ils empchrent les alles etvenues de ceux qui se ser>ent de plusieurs interprtes*; ils manifestrent des

    curs de loups ; ils montrrent du venin de gupes et de scorpions. Ils mi-rent en campagne des troupes et rassemblrent des bandes. Ils pillrent et

    turent sans s'arrter.

    gauche) de leur vtement. [Pei che.chap. xcvn

    , p. 5 r*.)' La famille K'iu tait, en effet, d'ori-

    gine chinoise; cf. mes Documents sur les

    Toa-kiue occidentaax, p. 102, n. 3. K'iu

    Wen-t'ai tait mont sur le trne en l'an619; il mourut de chagrin en 64o, en ap-prenant l'arrive des armes chinoises.

    ' De 31 7 A 1 9 ap. J.-C. , la dynastie

    751/ rsida Kien-k'ang (Nanking) et laChine septentrionale se trouva livre toutes les comptitions.

    ' f 1i # M- Quand le rat sort deson trou , il jette vivement la tte tantt gauche, tantt droite, et semble in-dcis sur le parti qu'il va prendre. Cette

    image se retrouve assez frquemmentdans la littrature chinoise ; cf. Soei chou

    ,

    chap, Li, p. 3 V-: 3SCP^SC-ta^^ ^ P5 " En outre, A-pn se tient entre

    eux, indcis comme un rat". Se-ma

    Tt'ien, chap. cvii, p. 5 r' : H ^ jfH ^

    et Tchang-jou runis contre un vieuxbonhomme chauve, comment avez-voust comme un rat indcis entre deux par-tis ^ ).

    * ^ p^. Cette expression dsigne les

    royaumes qui taient spars de la Chinepar plusieurs peuples diffrents, et qui,

    pour faire parvenir leurs requtes jusqu'l'empereur, devaient les faire traduire

    successivement dans la langue de chacune

    des nations intermdiaires. Cf. Se-ma

    Ts'ien, chap. cxxin, p. 4 r" : S ^ p|^ ^ f? Ceux qui (communiquent avecnous) par le moyen de neuf interprtessuccessifs apporteront leurs murs tran-

    ges . T'ang chou , chap. ccxxii , b

    ,

    Leur langue est telle,qu'ils ne peuvent

    communiquer avec le Royaume du Milieuque par l'intermdiaire de quatre inter-

    prtes successifs .

  • [221] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS 29Notre saint empereur eut compassion de la nmltitude de ce peuple'; il

    dploya alors les consolations et les punitions. Il ordonna donc par dcretque Heoa^Kiun-tsi^, porteur d'un iniigne de dlgation, grand ofTlcicr duhoang-loa, prsident du ministre des emplois civils

    ,grand soutien de 1 tat

    et duc du royaume de Tch'en, avec le titre de grand administratcm del'arme du district de Kiao-ho ^, que Sie fVan-kian

    , administrateur en se-

    cond, gnral en chef des colonies militaires de gauche, grand soutien del'Etat, duc dveloppant l'Etat de la commanderie de Yong-nqan, et queKiang Hing-pen, administrateui' en second, gnral des colonies militaires degauche, grand soutien de l'Etat, haron dveloppant l'tat de la sous-prfecture de T'ong-tch'oan

    ,prendraient donc la direction de trois armes et ex-

    cuteraient avec respect les chtiments clestes.

    Cependant, comme les manations funestes n'taient point encore d-truites, les gnraux imitrent le prestige de celui qui relcha sept fois (sonennemi)*; comme des remparts de trois mille pieds de long^ formaientune dfense (pour les rebelles), l'ardeur de la vaillance (des gnraux chi-nois) dploya les plans de celui qui attaqua neuf fois-'. Pour ce qui est du

    ' L'expression ^ ^ dsigne la multi-

    tude du peuple qui foisonne comme desherbes verdoyantes; cf. Se-ma Ts'ien, trad.

    fr. , tome II, p. aoo, n. i. Elle se trouve

    dj dans le Chou king (chap. / et Tsi),

    o elle est susceptible cependant d'uneautre interprtation ; cl". Lkgge , C. C.

    .

    vol. III, p. 83 , note.

    * La biographie de ce personnage se

    trouve dans le chapitre lxix du KieouT'ang chou.

    ' Kiao-ho"^ ^.aujourd'hui Yar-A/ioto, ao U l'ouest de Tourfan , tait la capi-tale du roi de Kao-tch'ang.

    * Tchou-ko Leung ^ ^ t^ fit prison-nier sept fois le chef ennemi Mong Houo

    l l et le relcha sept fois [P'ei wenyun fou, l'expression ts'i k'in).

    * ^ iH. Cette expression se retrouve

    dans le Tso tchoan, premire anne duduc Yn (Legge, c. C. , vol. V, p. 5, h).

    D'aprs les commentateurs, un carr dedix pieds de ct est appuie un tou J^;trois tou font un tche j^; un mur d'untche est long le trente pieds et haut dedix. La capitale d'un seigneur fodal avaitdes murailles de 3oo tche, et, d'aprs lesordonnances royales, les villes les plusconsidrables de son territoire ne devaient

    avoir que le tiers des dimensions de la.capitale , c'est--dire qu'elles devaient avoir

    des murs de loo tche , soit 3,ooo pieds de.long. Dire que la ville du roi de Kao-tch'anq avait des murs de 3,ooo pieds delong, cest donc donner entendre quece roi n'avait mme pas l'importance d'unseigneur fodal , et qu'il tait simplementle gouverneur d'une place secondaire.

    ' Dans le commentaire au Tch'ocnts'ieou de La .Pou-wei (chap. xv, p. 5 v*),on lit l'anecdote suivante : Kotiq-choii

    P'an ^ Hf 4[$ se.trouvant dans le pays

  • 30 ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [222]duc de Tong-tch'Qun^, ses profondes combinaisons se firent jour, ses penses

    habiles embrassrent tout 1 espace; il ordonna i'avant-garde de construire

    des machines de sige. Puis il emmena avec lui Lieoa T-min , prfet de Cha

    tcheou, grand soutien de l'Etat, marquis dveloppant l'Etat de la sous-pr-

    fecture de fVang-tou, Heng Tche-si, capitaine des gardiens de droite de

    la porte,

    grand soutien de l'Etat , duc dveloppant l'Etat de la sous-prfec-

    turO de Hoai-ngan , K'ia Fang , capitaine des colonies militaires de gauche

    ,

    grand soutien de l'tat, comte dveloppant l'Etat de la sous-prfecture de

    Fon-yang , Li Hai-ngan , capitaine des surveillants mihtaires de gauche

    ,

    Che T-heng, ex-prfet de K'ai-tcheou, fVang Tsin-wei, chef du d-partement des gardiens de droite de la porte, et d'autres, et tous en-

    semble la tte de gens hardis et braves s'avancrent en marchant tambourbattant.

    La quatorzime anne tcheng-koan (6Ao), le dixime jour du cincjuimemois, les soldats s'arrtrent sur la montagne Che-lo-man^, (qui dpend) deJ-ov. (Hami); au nord, ils montrent Hei-kan-so^; avant que le mois entierse ft coul , ils parvinrent accomplir une uvre extraordinaire : ils cou-

    prent des arbres et les forts de la montagne furent puises ; ils poussrent

    des cris de colre et les gorges des valles en retentirent. Les chelles de

    guerre soudain o ; les cent tours furent broyes comme de la glace. Les

    de Tch'ou ^ , le roi de Tch'oa le chargea

    de constrviire des chelles aussi hautes

    que les nuages ^ ^ pour prparer une

    attaque contre Song 5^. Mo-lse ^ -^l'apprit et vint parler de cette affaire;le roi de Tch'oa lui dit : Kong-chou P'anest le plus habile ingnieur de tout Tem-pire; je le charge d'attaquer le rempart de Song ; comment ne russirait-il pas ?

    ,

    Mo-Ue rpliqua : Si vous chargez Kong-

    choa P'an d'attaquer le rempart de Song,je vous demande de prendre des disposi-tions pour la dfense de Song. Kong-chou P'an l'attaqua neuf fois ji^ ^ ^ etMo-Ue le repoussa neuf fois. Puis [Mo-Ue)invita Kong-chou P'an se charger de ladfense et Mo-Ue le vainquit neuf fois;

    [Kong-chou P'an) ne voulut plus trecomiu dans l'empire pour son habilet laguerre. Mo-Ue ou Mo Ti ||t ^ taitoriginaire de Lou; il est clbre, nonseulement pour ses talents de stratgiste

    et de constructeur, mais encore par sesthories sur l'amour universel et sur la

    simplicit des funrailles (cf. Legge ,C.C.,

    vol. Il,prolg.

    , p. 1 o3- 1 2 5 , et De Groot,The religioas s^'stem qfChina , vol. II , book I ,p. 664-685).

    ' C'est--dire Kiang Hing-pen.*

    ^^ ^ j^. Les monts Che-loman sontla partie des T'ien chan ou Monts Clestes

    qui est au nord de Hami.

  • [223] MMOIRES PRSENTES PAR DIVERS SAVANTS. 31bsdistes ressort partirent toutes ensemble et mille pierres volrent commeun nuage. La rsistance de Mo Ti aurait t insuffisante; les artifices deKong-choa, comment les comparerait-on cela ^ ?

    Le grand administrateur avait combin ses plans dans sa tente; qiissitt,avec les cavaliers bards de fer de l'arme du centre, il couvrit la plaine;les cloclies et les tambours branlrent le ciel et la terre; les tendardslevs voilrent le soleil et la lime , o les longues pertuisanes balayrent les

    nuages.

    Depuis l'poque o les Ts'in et les Han envoyrent au debors des expditions guerrires, il n'y avait jamais eu une telle affluence d'hommes '-*.

    Il est peu rest des anciennes traces qui nous rapportent que Pan Ting-

    yuen pntra dans les contres d'Occident; en vain s'informerait-on auprs

    des historiens antrieurs de la manire dont le Protecteur Tcheng ^ dtruisit(le royaume de) Kia-che. Celui dont les de5sfeins vainqueurs seraient clbres

    de gnration en gnration, quel homme exceptionnel ne serait-il pas?Nous avons donc grav cette stle pour clbrer les mrites (de Kiang Hing-pen) et les transmettre d'une manire imprissable.

    L'loge en vers est ainsi conu :

    PREMIRE STROPHE.

    qu'illustre est la grande dynastie Tang; elle a reu le mandat clair duCiel;

    En perfectionnant et en rgularisant, elle obtient l'unit; ^ il n'y a pas degloire qui puisse lutter avec la sienne.

    Un vassal des pays sauvages* lui faisait encore obstacle; un prince barbaren'tait pas soumis ;

    Alors elle nomma un gnrai pour anantir ce sclrat^.

    ' Sur Mo Ti et Kong-ckou Pan, cf. rsidence du Fils du Ciel; cf. Se -map. 2 31, n. 6. Ts'ien, tome I, p. 89 et 1/I8.

    ^ Allusion aux campagnes du gnral ' Le ^ est un oiseau qui mange saPan Tch'ao $ ^ , au premier sicle de mre: le j^ ou ||| ij^ (cf. Se-ma Ts'ien ,notre re, dans le Turkestan oriental. trad. fr., tome III, p. 468, n. i) est un

    * Tcheng Ki 5 ^ ! ^f- P- 3i4, n. 3. animal qui mange son pre. Ces deux* L'expression ^ \flK se trouve dans le termes runis dsignent un Homme d'une

    Chou king, chap. Ya kong; elle dsigne extrme sclratesse.

    la rgion inculte situe 3,5oo li de ia

  • 32 ACADIVllE DES JNSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [224]

    DEUXIEME STROPHE.

    Les SIX plans admirables^ manifestrent leur pense; - la foule des hommesvaillants donna libre caiTire ses efforts.On mit en rang et on dploya les genoux des dragons -; on construisit o o oo galrent l'clat des toiles; les tendards furent brillants de la clart du

    -o

    soleil.

    On brandit les drapeaux au del de la frontire; ou agita le prestige (imprial)dans les contres les plus recules de l'Ouest.

    TROISIME STROPHE.

    Trs hautes taient les montagnes escarpes; trs vastes taient les plainesunies;

    Les nuages de la frontire s'accumulaient de manire troubler la vue; levent des barbares faisait l'obscurit en plein jour.

    o o o o ; sur les arbres levs on fit gmir les singes ^.On grava les exploits, on loua les vertus; o o o o

    Erig sous la grande dynastie T(wg, la quatorzime anne tcheng-koan{64o), le rang de l'anne tant keng-tse, o o le sixime mois, dont le pre-mier jour tait e jour ting-mao, le vingt-cinquime jour qui tait le joursin-mao (20 juillet 6/io).

    Se-ma o o,originaire du Ho-nei, dirigeant et rglant les trois armes

    Koa tcheoa 000

    Sur la tranche de gauche de la stle , on lit les deux lignessuivantes :

    L'administrateur d'arme dans le district de Kiao-ho, gnrai des gardes

    vaillants de droite, grand soutien de l'Etat, 000000 Sa-kou Ou-jen com-mandait aux cent cinquante mille hommes de l'arme de droite.

    ' Cf. Se-ma Ts'ien, chap. lvi, p. 3 v : ^ Cf.- Kieou T'ang chou, chap. i.m,

    c Tch'en P'ing en tout mit six fois des p. 5 r : $ flj M'i ^ ^ Bf H W ?Ilplans admirables ^T^^ffi^ff.ek M'Jl^^i^M quand ils frappaientchaque fois on augmenta ses apa- avec l'pe , ils tranchaient les dragons et

    nages. pourfendaient les tortues marines ; quand

    fl J^. Cette expression dsigne les ils tiraient de l'arc, ils faisaient gmir lesjambes des soldats; ef, P'ei wcn yun fou. singes et tomber les oies sauvages .

  • [225] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 33L'administrateur d'arme dans le district de Kiao-ho

    ,gnral des gardes

    guerriers de gauche, grand soutien de l'Etat, duc dveloppant l'tat de lasous-prfecture de oo, JSieoa Tsin-ta, commandait cent cinquante millehommes ^

    Sur la tranche de droite il y a trois lignes dans lesquelleson ne peut distinguer que les mots ^ o + tt il he Siyu choeitao ki (chap. m, p. 27 v) propose de complter la phrasecomme suit : ^ :g ^ ^ + S @ Heou Kiun-tsi, la tte de dixSoutiens de l'Etat . Heou Kiun-tsi tait le commandant en chefde l'expdition; les dix Soutiens de l'Etat devaient tre deslieutenants qui avaient le titre de ^ I9 grand soutien dertat .

    Kiang Hing-pen nous est connu autrement encore que par cetteinscription. Sa biographie suit dans le T'ang chou (chap. xci,

    p. 5 r") celle de son pre Kiang Mou H^. Kiang Mou, morten 627, fut un des premiers adhrents de la dynastie T'ang aumoment o elle se fonda et il consacra tous ses talents mili-taires la dfendre. Quant Kiang Hing-pen , voici ce que nousapprend sa biographie :

    {Kiang) K'io $^ ||| tait surnomm Hing-pen fj :4^ et c'est sous ce surnomqu'il est devenu clbre. Pendant la priode tcheng-koan (627-649), il eutla charge de Uiang-tso-chao-tsiancj jjf f^ ^ ; il aida h la construction despalais de Kieon-tch'eng^ et de Lo-yang ^ J^ i& |^ et l'amnagement des

    * Sa-kou Ou-jen et Nieou Tsin-ta sontmentionns au nombre des gnraux ensecond qui , sous les ordres de Heoa Kiun-

    tsi, participrent la campagne contre le

    roi de Kao-tch'ang; cf. Ed. Chavannes,

    Documents sar les Tou-kiae occidentaux,

    p. io5.' Le palais Kieou-teh'eng ^ JSR S'

    c'est--dire le palais des neuf tages

    ,

    occupait l'emplacement du palais Jen-cheoa j^ ^, qui avait t construit sousles Soei. la i3* anne k'ai-hoang (gS) , etqui s'tait effondr la i" anne i-ming

    (617). Tai-tsong le rebtit et lui donnale nom de palais Kieou-tch'eng, la 5* an-

    ne tcheng-koan (63i). Une inscription del'anne 63i rappelle le premier sjourque l'empereur fit dans le nouvel difice;

    IMPAIMBIMB KATIOXALR.

  • 34 ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [226]divers parcs impriaux; il fut renomm pour ses talents et ses capacits etreut de nombreuses rcompenses. Dans tous les dplacements de l'empe-reur, il ne manquait jamais de le sui>TC. Il fut promu au grade de gnralsiaen-rvei '^ j^ Jf? 'M- Tai-tsong choisit des hommes agiles et forts; il les ha-billa de tuniques des cinq couleurs et leur fit monter des chevaux des six

    curies , il les plaa au rang des gardes dans le corps des t'oen-yng-soa-wei T^

    ^ ^ et leur donna le nom de cav^aUers volants ; chaque fois que l'em-pereur sortait, il se faisait accompagner par eux; le commandement en futdvolu [Kiang) Hing-pen avec le titre de gnral des t'oen-wei f ^ degauche.

    Lors de l'expdition contre Kao-tch'ang ^ ^ (Tourfan), il fut nommdirecteur en second de l'arme; il sortit au del de I tcheou ^ j^ (Hami); une distance de cent li de Lieon-kou ^ ::^ , il s'tablit dans la montagnepour construire des machines de guerre; il ajouta et retrancha aux anciennesmthodes: les machines en furent meilleures. En ce heu, il y avait unestle qui commmorait les actions d'clat de Pan Tch'ao JE ^ l'poquedes Han ^ ; [Kiang ) Hing-pen gratta et enleva l'ancienne inscription et fitinscrire la place im autre loge; il y exposa le prestige et l'influence surna-turelle du royaume (de la Chine). Puis, avec Heou Kian-tsi ^^ $^, ils'avana pour soumettre Kao-tch'ang ^ ^ . Il se couvrit de gloire dans lescombats; une lettre scelle du sceau imprial l'en flicita.A son retour, il fut nomm duc de la commanderie de Kin-tch'eng ^ ^

    5 ^ ; on lui fit prsent de soixante-dix esclaves et de cent cinquante pices

    da soie.

    Quand l'empereur s'apprta chtier le Kao-li ^ S (^^^"y) Hing-pen luiadressa des remontrances en lui disant qu'il ne convenait pas de faire laguerre la lgre ; il ne fiit pas cout. Arriv la ville de Kai-meon f^ ^^ ^ il fut atteint d'une flche perdue et mom ut.

    L'empereur composa une posie pour le pleurer. H lui confra rtrospec-

    elle nous a t conserve dans le Kin che fecture de Lin-yeoa J|| ^ , prfecture detsoei pien (chap. XLiii, p. 20 r" et smv.); Fong-siang , province de Chn-si.les notices dont les pigraphistes la font * Aujourd'hui , sous-prfecture de Kai-suivre nous apprennent que le palais P'"^ ^ ^ 1 dans la prfecture de Fong-Kieoa-tch'eng s trouvait sur la montagne t'ien de la province mandchoue de Cheng-T'icn-t'ai ^ "(} \1\, b li (ou, suivant king.d'autres , 1 /i l'ouest de la sous-pr-

  • [227] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 35tivement les titres de gnral en chef des gardes de gauche et duc duroyaume de Tch'eng M ^. Son nom posthume fut Sian^ ^ ; on adjoignitsa spulture au Tchao ling Bg g| ^

    Siu Song [Siyu choei tao ki, chap. m, p. 26 v) nous indiqueassez exactement o se trouve la stle de Klang Hing-pen. Lavalle de Barkoul, dit-il, s'tend sur une longueur d'emronhuit cents //; le lac est du ct de l'ouest; langle sud-est dela valle est un massif montagneux appel la chane K'ou-cho-t'ou ^'^M; elle est ainsi nomme cause de la stle^ de KiangHing-pen, car le mot mongol k'ou-cho ^ ^ signifie une stle.On y arrive aprs avoir march pendant trois cents // dans ladirection de l'est. Au sommet de la montagne est un temple deKoan Tchoang-leou m^im (ou Koan Yu, le dieu de la guerre),et une trentaine de pas l'est du temple se trouve une mai-sonnette en pierre qui abrite l'inscription de Kiang Hing-pen.Les gens de l'endroit attribuent cette stle des vertus extra-ordinaires et ils empchent qu'on en prenne des estampages,prtendant que, si on le fait, on attire un ouragan de vent etde neige qui arrte les voyageurs. Cette considration n'emp-cha point Siu Song d'estamper en personne l'inscription lors-qu'il passa par l le deuxime mois de Tanne 1820.Comme on le voit, la stle est situe dans les montagnes qui

    sont au sud-est de Barkoul, sur la route qui mne de Hami Barkoul. Nous n'avons aucune raison de penser que son em-placement primitif ait t modifi. Elle nous indique par con-squent que Kiang Hing-pen se dirigea, partir de Hami, versle nord, dans l'intention, sans doute, de prendre Tourfan revers. Comme d'ailleurs, cette stle, ainsi que nous l'apprendle T'ang chou, avait d'abord reu une inscription en l'honneur

    Spulture de l'empereur TaiUong. mort en (/ig.

  • 36 ACADMIE DES INSCRIPTTONS ET BELLES-LETTRES. [228]de Pan Tch'ao (3i-ioi ap. J.-G.) l'poque des Han, nousconstatons que, cinq sicles et demi avant Kiang Hing-pen, ungnral chinois avait dj suivi la mme voie.

    L'inscription de Kiang Hing-pen appelle Che-lo-man fl# H fila montagne dans laquelle ce gnral fit halte; ce nom se

    retrouve en divers endroits de l'histoire des Soei et des T'ang

    sous les formes ^ il il , ^ SI if ou ^ il ?1 [Soei chou, ch. lxxxiv,

    p. 8 r"; Kieou T'ang chou, cliap. XL, p. 28 v; Tang chou,

    chap. XL, p. 8 v**).

    Il est remarquer que ce monument ne doit point treconfondu avec celui que Heou Kiun-tsi fit lever pour comm-morer sa victoire sur le roi de Kao-tch'ang ^ En efiFet, l'inscrip-tion de Heou Kiun-tsi, qui est aujourd'hui perdue, a d treplace dans la capitale mme du Kao-tch'ang et fut grave aprsque l'expdition fut termine, c'est--dire aprs le huitimemois de l'anne 64o. L'inscription de Kiang Hing-pen est dusixime mois; elle fut donc rige au moment o l'arme taiten route pour aller attaquer Kao-tch'ang, et non lorsqu'elle en

    revenait; elle ne clbre donc pas un triomphe qui n'avait pasencore t remport; elle se borne rappeler l'ingniosit dugnral qui profita des arbres des montagnes au nord de Hamipour faire construire par ses soldats les excellentes machinesde guerre destines vaincre la rsistance probable de l'en-nemi.

    Le royaume de Kao-tch'ang avait pour capitale la ville deKiao-ho ^ fPT qui correspond la localit actuelle de Yar-khoto

    ,

    20 /l l'ouest de Tourfan. Peu aprs l'anne 63o, le roi KiuWen-t'ai s'tait alli aux Tou-kiue occidentaux; d'accord avec le

    ' Cette autre inscription est mentionne que Kao-tch'ang eut t pacifi, [Heou)dans le T'ang chou. chap. xciv, p. i v : Kiun-tsi grava une stle pour commmo-^M ^ ^ $k M 15 ^ '^^' Aprs rer ce haut fait , puis il s'en revint .

  • Di.,;.., d, i'i

  • [229] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 37kagan turc, il avait arrt les ambassades que les pays d'Occi-dent envoyaient la Chine et il avait attaqu /-o (Hami) quiavait fait sa soumission l'empire. T'ai-tsong, comprenanttoute l'importance de Tourfan qui commande les routes dusud et du nord des Monts Clestes, rsolut de s'en emparer.Il envoya donc, en 64o, la fameuse expdition dont fit partieKian^ Hing-pen; le royaume de Kao-tch'ang fut dtruit; son ter-ritoire fut rattach effectivement l'empire; ainsi fut accomplile premier pas dans cette marche glorieuse vers l'ouest quiaboutit, en 669, l'occupation par la Chine de tout l'immenseterritoire des Tou-kiue occidentaux.

    N* III. Inscription de Lieou P'ing-kouo.

    L'inscription deKoutcha, dont M. Bonin a rapport l'estam-page, n'est mentionne ni dans le Kin che tsoei pien, ni dansaucun des autres ouvrages pigraphiques que j'ai consults.Elle parat donc tre inconnue des rudits chinois; elle a ce-pendant une relle importance, puisqu'elle nous fournit le t-moignage que les Chinois occupaient Koutcha en l'an i58 denotre re. Le texte est malheureusement fort mutil.

    Voici les mots qu'on peut dchiffrer :

    1'*^ ligne :

  • 38 ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [230]Les deux lambeaux de phrase qui prsentent un sens sont

    les suivants :

    i"* ligne : Lieou P'ing-kouo, gnral de gauche de K'ieoa4se (Koutcha). .6' ligne : La quatrime anne yon^-c^eou , le huitime mois, le premier

    jour du mois tant le jour kia-siu

    La date est ici incomplte, car le jour n'est pas lisible; lescaractres cycliques du premier jour du mois devaient en effet,suivant un usage dont on retrouve la trace sur mainte autreinscription, tre suivis de la notation du jour o fut rige lastle. La quatrime anine yong-cheou correspond l'anne i58ap. J.-C. ; mais elle ne fut appele quatrime anne yong-cheouque jusqu'au sixime mois, au jour ou-yn, 1 5* du cycle; par-tir de ce jour, l'anne prit le nom de premire anne yen-hi.Le huitime mois devrait donc tre attribu la premire an-ne yen-hi, et non la quatrime anne yong-cheou; mais il estfort explicable que le gnral Lieou P'ing-kouo, tabli Koutcha,

    une grande distance de la Chine propre, n'ait pas eu con-naissance d'une modification qui avait t promulgue deuxmois peine avant le moment o il rdigeait son inscription;loin d'infirmer l'authenticit du monument, cette inexactitudeapparente la corrobore. La date est, d'ailleurs, d'une absolue

    prcision : nous lisons en effet, dans l'histoire des Han post-rieurs^ que, la premire anneyen-hi , c'est--dire la quatrimeanne yong-cheou, le dernier jour du cinquime mois, qui taitle jour kia-siu, 1 1^ du cycle, il y eut une clipse de soleil. Lepremier jour du sixime mois dut donc tre le jour i-hai, 12^du cycle, et, par consquent, le premier du huitime mois futle jour kia-siu, 1 1* du cyclej ce qui est en accord rigoureuxavec l'inscription.

    ' Heoa Han chou, chap. vu, p. 4 v*.

  • [231] iVIEMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 39

    N IV. Inscription apocryphe de Yo Fel

    Un estampage qui, d'aprs M. Bonin, provient de Ning-hianous fournit un quatrime exemplaire d'une inscription qui setrouve dj en trois autres endroits, savoir Tang-yn ^ l(prfecture de Tchang-t, province de Ho-nan)^ Ts'ien-t'ang iH

    ^ (sous-prfecture faisant partie de la ville prfectorale de

    Hang-tcheou, province de Tche-kiang) et Tsi-nan ^ ^ (prfec-

    ture de la province de Chan-tong). La prsence simultane de

    ce monument dans quatre points si diffrents de l'empire suffi-rait rendre suspecte son authenticit; l'pigraphiste fFang

    Tch'ang a montr d'ailleurs, par des raisons d'vidence interne,que cette inscription n'a pu tre compose sous les Song, commela date quelle porte voudrait le faire croire; il la tient pour

    l'uvre d'un faussaire ingnieux de l'poque des Ming. Enmme temps que la discussion de JVang Tch'ang, on trouveradans le Kin che tsoei pien (chap. cxlviii, p. 3 v*) le texte chinois

    de cette stle ; en voici la traduction :

    (Posie) pour accompagner matre Tchang Tse-yen^ lors de son expdition

    militaire dans ie Nord'^ :

    Les ordres (impriaux) sont rapiaes comme le vent et comme la foudre; ie son cleste^ branle l'Extrme-Nord.

    ~' ^ M ^- 1^^ personnage ainsi dsi-

    gn est Tchang Tsian ^ ^ , clbregnral de la dynastie Song. Son appella-

    tion tait Tse-yen, mais, comme le fait

    remarquer Wang Tch'ang , ce n'tait pointla coutume , l'poque des Song , de dsi-gner par son appellation la personne

    qui on adressait une posie ; la non-authen-

    ticit de cette inscription se traduit ainsids les premiers mots.

    * Tchang Tsian dirigea bien une exp-

    dition militaire dans le Nord pour tenterde reprendre les territoires occups par la

    dynastie djourtchen des Kin ^ , mois cefut en I ia8; la date de 1 135 , qui est

    celle de l'inscription, ce gnral tait

    occup combattre le rebelle Yang Yao

    ^ ^ dans la rgion du lac Tong-t'ing |^1^ ; nous avons donc ici ime preuve nou-velle que cette inscriptionne mrite aucune

    crance.' Le son de la voix de l'empereur.

  • liO ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [232]Dans vos longues chevauches, vous franchirez le [Hoang)-ho et (la rivire)

    Lo; frappant droit devant vous, vous irez jusqu' Yen et Yeoa^.Vos chevaux marcheront dans le sang de la Yen-che^; votre tendard

    sera suspendu la tte du h'o-han (kagan)'.Vous reA"iendrez faire votre rapport votre sage souverain; vous lui

    rendrez amplement tout l'ancien territoire des immortels *.

    La cinquime anne chao-hing (i i35), en un jour d'automne, YoFei^xoussalue.

    Au bas et gauche de l'estampage de M. Bonin, un officierchinois qui n'a point dit son nom raconte navement la maniredont il fit la dcouverte merveilleuse de cette stle, alors qu'iltait tao-t'ai du district de Ning-hia en 1 886. S'il avait t mieuxinstruit des travaux des pigraphistes , il n'aurait point donndans le panneau que lui tendit ce pendard de Tchang Mou-jou?i ^?f , lorsqu'il lui prsenta comme un monument prcieuxde l'antiquit la quatrime reproduction d'un faux clbre.

    * La rgion de Yen et de Yeoa ^ ^est celle o se trouve Pking; mais Pkingne devint la capitale des Kin qu'aprs

    l'anne ii56.*

    IfD J^ yen-che tait le nom qu'ondonnait dans l'antiquit la femme duchen-ya |^

    -f , c'est--dire du chef su-prme des Hiong-noa. Les Kin sont iciregards comme les descendants des Hiong-

    noa, puisque, comme eux, ils sont des

    barbares du Nord.' 1^ ff . Dans les textes relatifs aux

    Turcs, la transcription habituelle du titredeKagan est pf ff

    .

    ^

    Tf^ ^' Cette expression dsigne la

    Chine; cf. 'l-tsing. Ls religieux minents

    ,

    trad. fr.,p. a , n. i.

    * Yo Fei H^ senit conmie lieutenantsous les ordres de Tchang Tsian. H se renditclbre par son patriotisme, qui le poussa

    s'opposer toute ngociation avec les

    Kin ; son obstination causa sa mort. Voyex

    la notice que lui a consacre H. A. Giles

    dans son Biographical Dictionary, n' 25o i

    .

  • Jo c

  • [233] MMOIRES PRSENTS PAR DWERS SAVANTS. 41

    DEUXIME GROUPE.LE TEMPLE DU GRAND NUAGE LEAJSG TCHEOU.

    N" V. Inscription de i563.Stle commmorant la rfection du temple Ta-yun'.-

    Quand les vestiges parfums ne sont plus neufs , ceux qv ont la volontd'agrandir l'excellence pensent avLx moyens de les rendre prospres; quandles anciennes uvres mritoires n'ont plus de vigueur, ceux qui ont cm-

    d'honorer la vertu pensent aux moyens de les faire briller de toutes parts.

    C'est l ce qu'exigent la raison et aussi les circonstances^.

    Pour moi, j'ai examin (l'histoire de) ce temple partir de l'poque o(l'impratrice) Tcheoa s'tablit dans la capitale^ et partir de la priode

    ' ^ ^ ^. Le mot ^ dsignait

    l'origine un btiment officiel laque ; on le

    trouve encore aujourd'hui employ aveccette valeur dans le nom de quatre admi-

    nistrations secondaires, qui sont le T'ai-

    tch'ang se -j^ '^ ^ , le Tai-p'ou se ^

    -H -^ , le Koahfj-loa se jt ^ # et leHong-lou se ^ Jj^ ^ . Cette dernire ad-

    ministration , le Hong-lou se. tait charge

    dans 1 antiquit des relations avec les

    peuples non chinois ; c'tait elle qui hber-

    geait les envoys trangers pendant leursjour la capitale; or, lorsque la reli-gion bouddhique se rpandit en Orientet commena d'arriver dans le royaumedu Milieu , ce fut seulement le Hong-lou secp donna l'iiospitalit aux religieux despays trangers ; quand ces religieux furentdevenus graduellement plus nombreux,on les dispersa dans d'autres btiments,

    mais on conserva le nom primitif, et tous(ces btiments) lurent appels sen. JL^ ^

    8IM.#^ o ^ ^ SI]

    fo^4t:*im-t0#ii (Corn-mcntaire de Tsong-mi au Fa lanp'en king;

    Trip.jap., vol. XXX g , fasc. 4, p. 3 r).Ainsi , le mot -^ a pris le sens de temple

    bouddhique parce que , l'origine , les reli-gieux trangers qui apportrent la religion

    bouddhique en Chine taient tous logesdans le Hong-lou se.

    * Ce dbut signifie simplement quequand un temple tombe en ruines, lesgens de bien songent le rparer.

    ' L'impratrice Ou^^ , dont le nomde famille tait Tcheou ^ , avait t la

    femme de Kao-tsong ; aprs la mort de sonmari, elle s'empara en 684 du gouverne-ment, et, en 6go, elle changea le nom

    mme de la dynastie, qui lut Tcheou ^ ,au lieu de Tang ^. Elle dut abdiquer enTanne 706. Cf. Giles, A chinese hiograpkical Dictionary, n" a35i.

    6

    inpiitar.BiE inTiomic.

  • 42 ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [234]^ hing-ynnK (Le temple)^

    ,

    qu'avait fond Tchanq T'ien-

    ik$Li -fi ^-r il- IS .s, ^ ^ ..fi >#^ :J; ^ ^ ;% -^ ei 4L^vait en effet rdige

    ,

    la deuxime>" ? > -^ i C ^^ ^ 4^ Jl-* -^ ^^- J^ 'f anne /rin^-ja (711), le texte^^*~"~ ^ ^-^ ^ ^"^fi -f-fjt*^-i^i*-vt^E.'* d'une inscription qui dcrit les5*^^i;^^/4^ ^^^^i-i-t-^^ travaux d'architecture et de pein-;r, .^^^^i-J^#^ ^ t :*--{- ^ii^-- *"' excutes dans le temple:^.K^ -^^ i- i$.'itit f .Sj'S f^^i^^ depuis le rgne de l'impratrice*-1f-}iLA*i.'^:#j^-t ^^'^f^^X^'" Oa jusqu' la priode king-yan

    ,

    "t^ &^i^,Jfr *-^;t ^ ^4j ;. t $. et /-^ sous le patronage de Se-ma I.1 T ^ , , ^ ,, , J. r ^ T m M iS . gouverneur de LeoMo^^^'^iil^ i^^^ ^miLri lLa ititf-^ *''^^ii--r-;i

  • [235] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 43portait d'abord le nom d' ancien sanctuaire Hong-ts'ang ^ ; quand l'impra-

    trice Tso-t'ien prit en mains le gouvernement , on changea son nom et on le

    surnomma le monastre Tien-se^. Les fondements en furent grands; les di-

    regardent, non comme un souverain in-

    dpendant, mais comme le prfet de

    Leang tcheou. On trouvera sa biographiedans le chapitre lxxxvi du Tsin chou.

    ' ^Mti M- ^e mot ^Ij tch'a d-signe proprement un mt plant devantun temple, et par suite le temple lui-

    mme. Quoique ce mot soit entr depuislongtemps dans l'usage courant, il est fau-

    tif, car, au lieu de ^Ij Ich'a, il faut crire

    Jl] la, le mot $lj la lui-mme n'tantque l'abrviation du terme %\\ ^ ^ l-che -tche =\aiS\i (sanscrit : yasti; pli :

    latlhi; dans l'Inde moderne : lt), quisignifie mt . Cf Dictionnaire japonais

    * Dans l'inscription de l'anne 711[Kin che tsoei pien, chap. LXix, p. a8 v-

    ag r), on lit : Le temple Ta-yan a t

    fond pendant la priode cheng-p'ing (SSy-36 1

    )par Tchang Tien-si, qui tait prfet

    de Leang tcheou sous les Tsin; son nom

    primitif tait temple Hong-ts'ang ; en-

    suite on changea ce nom contre celui de

    Ta-yan ; en voici la raison : l'poque ola grande sainte souveraine impratrice

    Tso-t'ien prit le gouvernement, elle insti-

    tua que, dans chaque arrondissement, on

    tablirait (un temple) Ta-yan; la suitede cela , on donna ( cet difice ) le nomde t monastre Tien-se*

    "fz ^ ^ ^ ^

    I^ ^ o 'jG texte peut donner 'Jeu auxremarques suivantes ; en premier lieu, la

    date de la priode cheng-p'ing ( 357-36 1)

    parait lgrement fautive,

    puisque Tchang

    T'ien-si ne conunena rgner qu'en 363-

    En second lieu, on voit que c'est surl'ordre de l'impratrice On, qui voulaitque dans chaque arrondissement il y et

    un temple du Grand Nuage,que le temple

    de Leang tcheou changea de nom et devint

    le temple du Grand Nuage; il faut donccorlsidrer l'appellation monastre Yien-se , c'est--dire monastre don du ciel ,comme un simple surnom du temple,dont le nom vritable tait temple duGrand Nuage .

    La dcision prise par l'impratrice Oapeut tre claire au moyen des textes sui-vants : Fo tsou l'ong ki, chap. xxxix(Trip.

    japonais , vol. XXX.V^ , fasc. 9 , p. 75 v"^) :La 1" anne tsai-tch'ou (689), un d-cret imprial ordonna neuf personnes

    ,

    parmi lesquelles se trouvait le ramana

    Falang , de faire une nouvelle traduction

    ,

    chap. IV, p. 4 r : la 1" anne t'ien-cheon

    ( 690 ) , le 7' mois , le jour sin-se , on dis-tribua dans tout l'empire e stra du GrandNuage, m mwf %J- Tch'ang-ngan tche ^ ^ i (^^*^ dans leKin che tsoei pien, chap. lxix, p. 3a r) :

    A l'angle sud-est du quartier Hoa-yaense trouve le temple du stra du Grand

    Nuage.Au dbut du rgne de l'impratrice-douairire Oa, un crama n de ce temple

    nomm Siaen-tcheng prsenta le stra duGrand Nuage ; dans ce stra se trouvait la

    concordance d'une souveraine ; c'est pour-

    quoi on changea le nom de ce temple,

    qui devint le temple du stra du Grand

    6.

  • lik ACADMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. [236]mensions en furent spacieuses; l'aspect en fut majestueux. De cette uvremritoire , les claires traces , depuis le commencement jusqu' la fin , ont tdcrites en dtail par Sieou , hio-che du pavillon Sieoa-wen ^ ; quoi bon sur-ajouter ce qu'il a dit des paroles inutiles ?

    Voici comment je dcrirai la disposition du temple : il y a une vaste salle

    centrale et de longs btiments latraux ; une tour mer> eilleuse et une cKambre

    prcieuse; des crtes de toit ciseles et de larges extrmits de chevrons; un

    Pic du Vautour (gridhrakta) et un Jardin de Jeta; un btiment o on com-pose les li>Tes saints (gandhakut) et une terrasse- o on regarde les fleurs;

    Nuage ; puis on ordonna que dans chacun

    des arrondissements de l'empire, on ta-

    blit un temple du sutra du Grand Nuage

    W.i, i)} M 1^ f^-kMU^ o K

    Amu ^ o M ^ ^^j ^ 'V^ ^ ;Ac i^ T^ o Le nom de stra duGrand Nuage (Mahmegha siitra) s'ap-plique deux ouvrages diffrents : l'un

    d'eux a t traduit quatre fois en chinois

    et est indiqu dans le Catcdogae deBuNYiuNANiio sous les n" 186, 187, 188 et 970;le second n'existe actuellement qu'en une

    seule traduction ( Bunyiu Nanjio , n 2^4) ;c'est ce second ouvrage, comme le re-

    marque fort bien S. FuJii [Catalogue of ail

    Buddhist Books . .., p. 176), qui est d-

    sign en chinois sous le nom de stra duGrand Nuage ::^ ^ ^; dans le Tripitakajaponais, il porte le titre de -^ ;^ ^^ ^ 3^ ; la prodiction relative une souveraine se trouve dans le chapitre iv( Trip.

    jap,vol. XI ^ , fasc. 10 , p. 54 r" ) ; aprs

    avoir expos une dev ce qu'elle avait tdans une vie antrieure , le Buddha lui parlede l'avenir et lui dit : k Quand vous aurezabandonne cette forme divine, avec votrecorps de femme , vous rgnerez sur le ter-ritoire d'un royaume; vous obtiendrez le

    qvwrt des rgions auxquelles commande

    un roi cakravartin; vous obtiendrez d'tre

    une grande souveraine; vous rece\Tez et

    observerez les cinq dfenses et vous serez

    une upsik ; dans toutes les villes et dans

    toutes les bourgades qui dpendront devos enseignements et de vos conversions

    ,

    hommes et femmes,grands et petits , rece-

    vront et observeront les cinq dfensei.

    protgeront la vraie loi, dtruiront et

    subjugueront les hrsies et les diversesopinions fausses. Vous, en ce temps, vous

    serez en ralit un Bodhisattva , mais , afin

    de convertir la foule des tres , vous aurez

    reu prsentement un corps de femme.

    L'impratrice Ou, pour justifier son usur-

    pation, prtendait que c'tait elle que

    s'appliquait cette prophtie; elle se fit

    passer pour un tre surnaturel descendu

    sur la terre ; elle repandit profusion le

    stra du Grand Nuage, qui annonait,disait-elle, sa venue; dans chaque ar-

    rondissement, un temple dut s'appeler

    temple du Grand Nuage; c'est alors quece nom fut donn au temple de Leangtcheoa.

    ' Cf p. 234., n. 1. - L'inscription de711a t compose par Lieoa Sieoa

    ,qui

    avait le titre de hio-che (docteur) du pa-villon Sieoa-wen ^ ^ ^ ^ dt !l ^m-

    ' ^ est ici l'quivalent de :j^.

  • [237] MMOIRES PRSENTS PAR DIVERS SAVANTS. 45des habitations de religieux et une salle du dhyna ; un tchao-t'i - et des cellulescarres de dix pieds de ct.

    Au nord se trouve la pagode Koa-sien ^ sept tages ; elle a t entirementconstruite au temps o Tchang [Tien-si) a fond le temple; elle est haute decent quatre-vingts pieds; dans les tages est dispos un ensemble complet

    de vingt-huit pices -^ ; sur les faces sont disposes quatre portes et huit fentres

    qui sont symtriques'^. S'levant d'un vol puissant, (la pagode) se montregrande; se dveloppant fine comme un cheveu, elle parat brillante. Le pla-teau dor tincelle au soleil; les clochettes prcieuses rendent un son mtal-lique.

    Derrire la pagode est la salie du Buddha ; ;'i gauche et droite sont iC'Ssalles des Bodhisattvas et des Devarjas. La cloche du matin et la prire saris-crite du soir font revenir les quatre actions^ sur le Pic du Vautour (gridhrakta); le soleil de l'intelligence et le courant de la loi font tourner les deii.-roues ^ dans le Jardin des Antilopes (mrigadva). Les ventails prcieux qui

    ' Le dictionnaire bouddhique publim Japon sous le titre ^ ^ ^ ^ dit(jue tchuo-1 1 fg J^ est une abrviation de

    f f SI ^ ^ > expression qui signifie

    P9 >^ f^ ^ " proprit des religieux desquatre points cardinaux. Cette explica-

    tion nous pei-met de rtablir la transcrip-

    tion primitive, qui tait sans doute ^g |||^ ^ = caturdea; en effet, tout donlait une collectivit rnonastique non sp-

    cifie tait adresse en Inde, comme le

    tmoignent les inscriptions, la commu-naut des quatre points cardinaux ( catur-

    deasarpgha). En Chine, le mot

  • 46 AC\DMIE DES LNSCRIPTJONS ET BELLES-LETTRES, [238]frappent Tespace touchent aux nuages qui planent et volent avec eux ; dans

    la campagne, le printemps et Tautomne teignent les fleurs clestes et renfer-

    ment toutes les colorations. On admire ces merveilles et on s'extasie devantces prodiges; on savoure l