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CHAPITRE VI : INTERMEDIATION ET INFRASTRUCTURE BANCAIRE Conséquence de la persistance des déséquilibres macroéconomiques, notamment des comptes extérieurs, les ressources collectées par les banques ont diminué pour la première fois depuis l’année 2009, année de forte contraction des ressources provenant des recettes d’exportation. Cependant, à l’exception des dépôts, les autres indicateurs de l’intermédiation bancaire ont plutôt continué à évoluer favorablement. Il en est ainsi des crédits à l’économie, en dépit de la baisse de la liquidité bancaire, comme des indicateurs de bancarisation. De même, les indicateurs de solidité et de rentabilité des banques ont été peu affectés par la contraction de l’activité économique hors hydrocarbures. VI.1 - INDICATEURS DE L’INTERMEDIATION BANCAIRE A fin 2016, le système bancaire demeure toujours constitué de vingt-neuf (29) banques et établissements financiers, ayant tous leur siège social à Alger, dont : - six (6) banques publiques, dont la caisse d'épargne ; - quatorze (14) banques privées à capitaux étrangers, dont une à capitaux mixtes ; - trois (3) établissements financiers, dont deux publics ; - cinq (5) sociétés de leasing dont trois (3) publiques ; - une (1) mutuelle d'assurance agricole agréée pour effectuer des opérations de banque qui a opté, à fin 2009, pour le statut d’établissement financier. Les banques, en tant qu’intermédiaires financiers, (i) assurent la collecte des ressources auprès du public, (ii) distribuent des crédits à la clientèle directement ou par le biais d’acquisition d’obligations émises sur le marché financier par les entreprises et autres institutions financières et (iii) mettent à la disposition de la clientèle des moyens de paiement et assurent leur gestion. Elles effectuent aussi différentes opérations bancaires connexes. En revanche, les établissements financiers effectuent toutes les opérations de banque à l’exception de la collecte de dépôts auprès du public et de la gestion des moyens de paiement. 58

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CHAPITRE VI :

INTERMEDIATION ET

INFRASTRUCTURE BANCAIRE

Conséquence de la persistance des déséquilibres macroéconomiques,

notamment des comptes extérieurs, les ressources collectées par les banques

ont diminué pour la première fois depuis l’année 2009, année de forte

contraction des ressources provenant des recettes d’exportation.

Cependant, à l’exception des dépôts, les autres indicateurs de l’intermédiation

bancaire ont plutôt continué à évoluer favorablement. Il en est ainsi des crédits

à l’économie, en dépit de la baisse de la liquidité bancaire, comme des

indicateurs de bancarisation. De même, les indicateurs de solidité et de

rentabilité des banques ont été peu affectés par la contraction de l’activité

économique hors hydrocarbures.

VI.1 - INDICATEURS DE L’INTERMEDIATION BANCAIRE

A fin 2016, le système bancaire demeure toujours constitué de vingt-neuf (29)

banques et établissements financiers, ayant tous leur siège social à Alger, dont :

- six (6) banques publiques, dont la caisse d'épargne ;

- quatorze (14) banques privées à capitaux étrangers, dont une à capitaux

mixtes ;

- trois (3) établissements financiers, dont deux publics ;

- cinq (5) sociétés de leasing dont trois (3) publiques ;

- une (1) mutuelle d'assurance agricole agréée pour effectuer des opérations

de banque qui a opté, à fin 2009, pour le statut d’établissement financier.

Les banques, en tant qu’intermédiaires financiers, (i) assurent la collecte des

ressources auprès du public, (ii) distribuent des crédits à la clientèle

directement ou par le biais d’acquisition d’obligations émises sur le marché

financier par les entreprises et autres institutions financières et (iii) mettent à

la disposition de la clientèle des moyens de paiement et assurent leur gestion.

Elles effectuent aussi différentes opérations bancaires connexes. En revanche,

les établissements financiers effectuent toutes les opérations de banque à

l’exception de la collecte de dépôts auprès du public et de la gestion des

moyens de paiement.

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Dans le paysage bancaire algérien, bien que les banques publiques demeurent

toujours prédominantes par l’importance de leurs réseaux d’agences réparties

sur tout le territoire national, le réseau d’agences des banques privées s’est

densifié au cours des dernières années pour représenter près du quart du réseau

des agences bancaires. Néanmoins, le réseau d’agences des banques privées

est implanté principalement au nord du pays alors que celui des banques

publiques couvre l’ensemble du territoire national.

A fin décembre 2016, le réseau des banques publiques comprend 1 134

agences, celui des banques privées 355 agences et celui des établissements

financiers 88 agences contre respectivement 1 123 agences, 346 agences et 88

agences à fin 2015. Le total des guichets d’agences des banques et

établissements financiers s’établit, ainsi, à 1 577 contre 1 557 en 2015, soit

un guichet pour 25 900 habitants (25 660 habitants en 2015). Le ratio

population active/guichets bancaires est demeuré quasiment stable à 7 680

personnes en âge de travailler par guichet bancaire en 2016 contre à 7 600

personnes en 2015. Quant aux centres des chèques postaux, il dispose d’un

réseau d’agences, à fin 2016, beaucoup plus dense que celui des banques avec

3 654 guichets reliés électroniquement et répartis sur l’ensemble du territoire

national, soit un guichet pour 3 320 personnes actives. Au total, l’ensemble

des guichets des banques et des chèques postaux s’élève à 5 231, soit un ratio

population active/guichets de 2 316 personnes par guichet contre 2 320

personnes en 2015.

Pour ce qui est du niveau de bancarisation et de développement du secteur

bancaire, le nombre de comptes ouverts par les banques à la clientèle des

déposants (comptes actifs en dinars et en devises) et par les centres de chèques

postaux en 2016 est estimé à environ 2,95 comptes par personne active contre

2,93 en 2015. Rapporté à la population de plus de 16 ans, ce ratio est de 1,26

compte par personne contre 1,25 compte en 2015.

Le ratio actifs bruts du secteur bancaire

(banques et établissements financiers)/

produit intérieur brut est demeuré

stable à 74,4 %, contre 75,3 % à fin

2015 et 69,8 % à fin 2014. Le ratio

actifs bruts du secteur bancaire (hors

dépôts du secteur des hydrocarbures)/

produit intérieur brut hors

hydrocarbures, s’élève à 86,6 % contre

89,1 % en 2015 et 89,2 % en 2014. Le

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Graphique VI.1 : Evolution comparée du

PIB et du total des actifs

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ratio total dépôts hors hydrocarbures/produit intérieur brut hors hydrocarbures

s’établit à 59,7 % contre 64,2 % à fin 2015 et 66,0 % à fin 2014.

Les crédits à l’économie des banques

et établissements financiers (crédits

aux résidents), y compris les crédits

rachetées par le Trésor par émission de

titres (titres non échus), représentent

62,4 % du produit intérieur brut hors

hydrocarbures contre 58,3 % en 2015

et 55,0 % en 2014 ; le secteur des

hydrocarbures ne recourant pas aux

crédits bancaires.

Ces indicateurs globaux montrent que l’intermédiation bancaire s’est

améliorée sous l’angle du développement du réseau, du nombre de comptes

et des crédits distribués. En revanche, sous l’angle des dépôts collectés, un

léger recul est constaté en 2016. Ces performances demeurent, néanmoins,

relativement insuffisantes, en matière notamment de distribution de crédits

aux petites et moyennes entreprises et aux ménages et de collecte de ressources

(dépôts). Dans le contexte d’asséchement de la liquidité bancaire, la collecte

de ressources devient un impératif stratégique pour les banques, d’autant que

la part de la monnaie fiduciaire dans la masse monétaire M2 est extrêmement

élevée.

Dans un contexte de hausse relativement faible des actifs des banques (3,0 %

en 2016 contre 4,4 % en 2015), la part relative des banques publiques dans le

total des actifs s’élève à 86,8 % contre 87,2 % à fin 2015. Au sein des banques

publiques, la part des actifs des deux plus grandes banques représentent, à

parts quasi égales, près de la moitié des actifs du secteur. En ce qui concerne

les banques privées, leur part dans le total des actifs des banques est de 13,2 %

dont 6,1 % pour les trois premières banques qui totalisent 46,0 % du total des

actifs des banques privées contre respectivement 5,7 % et 44,9 %, à fin 2015.

Centrée quasi exclusivement sur le secteur économique privé tant pour la

mobilisation des ressources que la distribution des crédits, l’activité des

banques privées progresse, néanmoins, presqu’au même rythme que celle des

banques publiques tout en progressant en termes de parts de marché (9,8 %

en 2008 contre 13,2 % en 2016).

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Graphique VI.2 : Evolution comparée du

PIBHH et du total des dépôts et des crédits

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VI.1.1 - Ressources collectées

Après la baisse de 2,2 % enregistrée en 2015, l'encours des dépôts à vue et à

terme collectés par les banques a encore baissé en 2016 de 2,3 % (contre une

hausse de 17,8 % en 2014). De même, le total des dépôts collectés à fin 2016

incluant les dépôts affectés en garantie d’engagements par signature1, (crédit

documentaire, avals et cautions) a diminué de 1,3 % contre une hausse de

0,9 % en 2015 et de 17,1 % en 2014.

Tableau VI.1 : Evolution des ressources collectées des banques publiques (y compris

CNEP) et des banques privées

Après les augmentations enregistrées en 2014 et 2015, la part des dépôts des

banques publiques s’élève à 87,1 %, en baisse de 1,2 point de pourcentage par

rapport à 2015 et celle des banques privées passe de 11,7 % en 2015 à 12,9 %

en 2016.

Par nature des dépôts, la part des dépôts à vue dans le total des dépôts à vue

et à terme collectés par les banques est en baisse (45,8 % contre 46,7% à fin

2015). Ce recul résulte de la baisse des dépôts à vue des secteurs hors

hydrocarbures, notamment dans les banques publiques où ils ont diminué de

7,2 % ; les dépôts à vue du secteur des hydrocarbures ayant, quant à eux,

augmenté de 10,6 %. En revanche, ces dépôts sont en hausse dans les banques

privées à hauteur de 13,1 %. Pour mémoire, en 2015, les dépôts à vue dans

les banques avaient baissé aussi bien dans les banques publiques (11,0 %) que

privées (17,8 %).

1Ces dépôts ne sont pas inclus dans la masse monétaire au sens de M2

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De même, les dépôts à terme sont en légère baisse dans les banques publiques

(-1,6 %) et en hausse dans les banques privées (8,4 %) contre des hausses aussi

bien dans les banques publiques et privées en 2015, respectivement de 7,3 %

et 26,7 %. Cela a induit une augmentation de la part des dépôts à terme dans

le total de dépôts collectés à vue et à terme qui passent de 53,3 % à fin 2015

à 54,2 % à fin 2016.

Les dépôts reçus en garantie des engagements par signature à fin 2016 (crédits

documentaires, avals et cautions) sont en hausse dans les banques publiques

(11,0 %) mais en baisse dans les banques privées (-8,5 %). Globalement, ils

ont néanmoins augmenté de 8,4 %, soit une hausse de 14,7 % pour les dépôts

en garantie de crédits documentaires et une baisse de 8,1 % pour les dépôts de

garantie des avals et cautions.

La répartition des dépôts par secteur institutionnel est la suivante :

Tableau VI.2 : Répartition des dépôts par secteur institutionnel

L’analyse de l’évolution des dépôts bancaires collectés, hors dépôts constitués

en garantie d’engagements par signature accordés par les banques, permet de

dégager les principales tendances enregistrées au cours de l’année sous revue :

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- la poursuite de la baisse des dépôts collectés auprès du secteur public de

11,9 % après celle de 2015 (-8,9 %) contre une hausse de 25,3 % en 2014

de sorte que la part de ces dépôts dans le total des dépôts bancaires collectés

passe de 41,0 % en 2015 à 36,9 % en 2016. Par échéance, la part des dépôts

à terme dans les dépôts du secteur public s’élève à 37,9 % contre 37,7 % en

2015,

- à l’inverse, les dépôts collectés auprès du secteur économique privé

progressent très légèrement de 0,7 % contre 1,4 % en 2015 et 10,9 % en

2014 ; mais leur part dans le total des dépôts collectés augmente plus

nettement à 63,1 % contre 59,0 % en 2015. Par échéance, la part des dépôts

à terme dans les dépôts du secteur privé s’élève à 66,6 % contre 67,3 % à

fin 2015,

- les dépôts collectés auprès du secteur public par les banques publiques ont

diminué de 381,7 milliards de dinars (-324,2 milliards en 2015) alors que

ceux collectés auprès du secteur privé ont augmenté de 129,9 milliards de

dinars (273,5 milliards en 2015),

- les dépôts collectés auprès du secteur privé par les banques privées ont

progressé de 101,8 milliards de dinars (55,6 milliards auprès des entreprises

et 46,2 milliards auprès des ménages et associations), contre une diminution

de 69,5 milliards en 2015.

Au sein du secteur économique privé :

- le rythme d’augmentation des dépôts des entreprises ne s’élève qu’à 0,7 %,

bien en deçà de celui des ménages et associations qui affiche 6,4 % contre

9,2 % en 2015 ; mais la part des dépôts des ménages et associations dans

les dépôts du secteur privé est demeurée relativement stable à 67,9 %

(67,5 % à fin 2015),

- une baisse des dépôts en devises qui a concerné aussi bien les ménages

(-1,8 %) que les entreprises privées (-7,4 %),

- une stabilité du ratio dépôts en devises des ménages/total des dépôts en

devises collectés par les banques à 62,6 % contre 61,6 % à fin 2015 et

64,5 % à fin 2014 (les dépôts en devises font partie de la masse monétaire).

Enfin, à fin 2016, les dépôts à vue et à terme collectés par les banques auprès

des entreprises et autres organismes publics, des entreprises privées et des

ménages représentent des parts relatives respectives de 35,1 %, 18,1 % et

40,7 %. Quant au reliquat de dépôts (6,1 %), il couvre les dépôts des

associations à but non lucratif au service des ménages, des assurances, non

répartis par secteur juridique, et des opérations venant de la chambre de

compensation à fin décembre 2016 non comptabilisés sur les comptes de la

clientèle à fin 2016.

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VI.1.2 - Crédits distribués

La décélération du rythme de progression des crédits bancaires à l’économie

s’est poursuivie en 2016. Le total des crédits, déduction faite des rachats de

créances par le Trésor, s’établit à 7907,8 milliards de dinars, soit un

accroissement de 8,7 % contre 11,9 % en 2015 et 26,2 % en 2014. Les rachats

de créances par le Trésor en 2015 et 2016 inclus, le taux d’accroissement des

crédits s’élève à 14,4 % contre 16,6 % en 2015.

Durant cet exercice, le Trésor a procédé à de nouveaux rachats de créances

sur les entreprises publiques pour un montant brut de 456,2 milliards de dinars,

ce qui porte le total des rachats nets en 2015 et 2016 à 761,1 milliards de

dinars. Le Trésor a annulé le prêt de 161,2 milliards de dinars accordé aux

banques au titre de ces crédits et a émis des obligations pour le reliquat (599,9

milliards de dinars).

Le tableau ci-après décrit le profil de l’activité de crédits à l'économie des

banques (crédits rachetés par le Trésor déduits) :

Tableau VI.3 : Répartition des crédits par banques publiques (y compris CNEP) et

banques privées

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Les crédits au secteur public se sont accrus de 7,2 % et ceux au secteur privé

de 10,3 %, contre, respectivement, 9,0 % et 15,0 % en 2015. Les rachats par

le Trésor inclus, la progression des crédits au secteur public a été quasiment

identique à celle de 2015 (18,0 % en 2016 et 18,1 % en 2015). Hors rachats

de crédits, ces progressions différenciées des crédits ont abouti à une légère

augmentation, à hauteur de 50,0 % à fin 2016, de la part des crédits aux

entreprises privées et ménages dans l'encours total des crédits distribués par

les banques contre (49,3 % à fin 2015)

En l’absence de marchés financiers développés, les crédits directs prédominent

avec 95,8 % de l’encours des crédits distribués au secteur public (95,5 % en

2015) ; les achats d’obligations d’entreprisse et autres institutions représentent

4,2 % contre 4,5 % en 2015. Pour le secteur privé, la totalité de leur

financement en 2016, comme en 2015, a été assuré par les crédits directs. Pour

mémoire, les banques publiques assurent la totalité du financement direct du

secteur public et leur part dans le financement du secteur privé demeure

importante (75,4 % contre 74,9 % en 2015).

Au cours de l'année sous revue, les crédits, nets de rachats, des banques

publiques se sont accrus de 8,8 %. En flux, cet accroissement des crédits a

plus bénéficié aux entreprises privées et ménages (294,9 milliards de dinars

contre 348,4 milliards de dinars en 2015) qu’aux entreprises publiques (264,3

milliards de dinars contre 305,6 milliards de dinars en 2015) ; mais les banques

publiques demeurent fortement engagées dans le financement des grands

projets d’investissement en particulier dans les secteurs de l’énergie et de l’eau.

Quant au rythme d’expansion des crédits distribués par les banques privées,

quasi exclusivement au secteur économique privé, il s’établit à 8,1 %. En flux,

cela correspond à 73,5 milliards de dinars en 2016 contre 118,2 milliards de

dinars en 2015. Ce qui porte la part des crédits distribués par les banques

privées à 12,4 % en 2016 (12,5 % en 2015 et 12,2 % en 2014).

Hors dépôts de garantie des engagements par signature et dépôts en devises,

l’encours total des crédits distribués est devenu supérieur à l’encours des

dépôts collectés en 2016, soit un taux de crédits de 103,2 % contre 92,8 % en

2015 et 80,1 % en 2014. Ce ratio est moins élevé dans les banques privées

(97,9 % contre 101,6 % à fin 2015) que dans les banques publiques (104,0 %

contre 91,7 % à fin 2015).

Par maturité, les crédits à l'économie des banques et de la caisse d’épargne

(après déduction des créances rachetées par le Trésor public) ont évolué

comme suit :

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Tableau VI.4 : Répartition des crédits par maturité

La structure de l’encours des crédits distribués par les banques à fin 2016

confirme le niveau élevé des crédits à moyen et long termes, qui ont atteint

une part relative de 75,8 % (76,5 % à fin 2015) du total de crédits distribués

(nets de rachats) contre une part de 24,2 % pour les crédits à court terme

(23,5 % à fin 2015). Il s’agit d’une tendance à la hausse amorcée à compter

de 2006 et qui résulte de la progression des crédits à long terme (6,6 % contre

12,7 % en 2015 et 39,0 % en 2014) liés aux financements des investissements,

notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’eau. Cette tendance à la hausse

est plus importante en 2016 pour les crédits à moyen terme (10,3 %) car les

rachats de crédits par le Trésor en 2016 n’ont pas porté sur les crédits à moyen

terme.

A fin 2016, les crédits à moyen et long termes distribués par les banques

publiques représentent 80,7 % du total de leurs crédits contre 81,9 % à fin

2015 et 80,9 % en 2014. Pour les banques privées, cette part, qui avait atteint

un niveau appréciable à fin 2009 (52 %), a reculé progressivement, suite au

ralentissement de la distribution des crédits aux ménages, pour atteindre

41,0 % en 2016 contre 38,6 % à fin 2015 et 34,5 % à fin 2014.

Concernant les crédits hypothécaires, leur encours est passé de 359,6 milliards

de dinars à fin 2014 à 421,8 milliards de dinars à fin 2015, pour atteindre 483,3

milliards de dinars à fin 2016, soit un accroissement appréciable de 14,6 % en

2016 contre 17,3 % en 2015 et 17,0 % en 2014. Dans les banques publiques,

l’évolution des crédits hypothécaires est tirée par ceux de la caisse d’épargne,

dont la part relative dans le total des crédits hypothécaires des banques

publiques progresse à 66,1 % en 2016 contre 65,2 % à fin 2015 et 64,5 % à

fin 2014. Dans le total des crédits distribués aux ménages par les banques

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publiques et privées, la part des crédits hypothécaires a augmenté en 2016.

Dans les banques publiques, cette part a atteint 92,6 % contre 91,6 % à fin

2015 et 92,0 % à fin 2014 ; dans les banques privées, elle passe à 73,7 % en

2016 contre 85,6 % en 2015 et 61,6 % à fin 2014.

S’agissant des créances des banques sur l'Etat, à fin 2016, la part des banques

privées est restée relativement modeste. Leurs créances sur l'Etat sont

représentées par les bons du trésor acquis et les avoirs détenus en comptes

courants au Trésor et Centre des Chèques Postaux. Les créances des banques

publiques sur l’Etat sont prédominantes en raison des différentes opérations

d’assainissement patrimonial des entreprises publiques et privées et des

exploitations agricoles effectuées par le Trésor par émission de titres.

Au cours de l’année 2016, le Trésor a continué à rembourser, selon un

échéancier, les obligations émises entre 2009 et 2012, en contrepartie du rachat

de créances non performantes des entreprises publiques et quelques créances

sur des entreprises privées et exploitations agricoles. Au cours des années 2015

et 2016, le Trésor a racheté, par émission de titres, certaines créances des

banques sur la clientèle d’entreprises publiques faisant porter l’encours des

obligations de rachat de ces dernières, à fin 2016, à 855,3 milliards de dinars

contre 419,9 milliards de dinars, à fin 2015.

L’encours des créances que les banques publiques détiennent effectivement

sur le Trésor au titre des rachats de créances non performantes (une partie de

ces titres a été vendue aux assurances) a baissé progressivement jusqu’à fin

2014 (351,2 milliards de dinars à fin 2014 contre 450,6 milliards de dinars à

fin 2013) ; ce montant est ensuite remonté en 2015 et 2016 suite aux nouveaux

rachats de créances par le Trésor. Les banques publiques détiennent aussi des

créances sur le Trésor sous forme de titres participatifs (101,2 milliards de

dinars) ou encore sous forme de bons et obligations du trésor (967,5 milliards

de dinars contre 448,7 milliards de dinars à fin 2015). Elles détiennent aussi

d’autres créances sur le Trésor, dont des créances au titre des opérations

effectuées pour compte.

Le tableau ci-après montre l'importance des créances détenues sur le Trésor

par les banques :

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Tableau VI.5 : Evolution des créances détenues par les banques sur le Trésor

En 2016 comme en 2015, le crédit intérieur (crédits à l’économie + créances

nettes sur l’Etat) des banques représente 119,9 % de leurs dépôts collectés en

dinars (100,7 % à fin 2015 et 86,3 % à fin 2014), soit un ratio 123,3 % pour

les banques publiques et 97,0 % pour les banques privées. Cela indique que

l’excès de liquidité des banques a baissé progressivement conduisant les

banques à recourir en 2016 au refinancement auprès de la Banque d’Algérie

pour faire face à leurs besoins de trésorerie, y compris l’objectif de constitution

des réserves obligatoires.

Graphique VI.3: Evolution des dépôts en dinars et du crédit intérieur des banques

VI.1.3- Solidité du secteur bancaire

Au regard des indicateurs de solidité financière, la situation du secteur bancaire

demeure appréciable. Certains indicateurs se sont améliorés alors que d’autres,

notamment les créances non performantes rapportées aux fonds propres

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réglementaires et leur niveau ainsi que les taux de provisionnement, se sont

légèrement dégradés mais demeurent à un niveau proche de ceux des systèmes

bancaires des pays émergents et en développement comparables.

En matière de fonds propres, à la faveur de la mise en place effective, fin 2009,

du nouveau cadre règlementaire portant capital minimum des banques et

établissements financiers, les fonds propres des banques privées ont été

considérablement renforcés. Ceux des banques publiques, déjà au-delà du

minimum réglementaire, ont été renforcés par l’Etat propriétaire qui avait

décidé, courant 2015 et 2016, d’augmenter le capital de trois de ces banques.

Parallèlement, les banques publiques ont continué à mettre en réserves une

partie de leurs résultats. Ce qui leur a permis de répondre largement à la

réglementation prudentielle concernant la couverture des risques bancaires

(risques de crédit, opérationnel et de marché).

A fin 2016, le ratio de solvabilité par rapport au fonds propres de base a atteint

16,4 % et le ratio de solvabilité par rapport aux fonds propres réglementaires

18,9 %, soit des taux largement supérieurs aux normes minima recommandées

par Bâle III.

La rentabilité des banques publiques et privées est encore confortable en 2016

bien qu’en légère baisse pour le rendement des fonds propres comparativement

aux taux atteints en 2014 et 2015. Le taux de rentabilité des fonds propres

(return on equity) s’élève à 18,04 % et le rendement des actifs (return on assets,

ROA) à 1,83 % contre respectivement 20,45 % et 1,83 % en 2015. Le recul

du taux de rentabilité des fonds propres des banques publiques résulte de

l’accroissement plus important des fonds propres moyens par rapport à

l’accroissement des résultats en raison du coût de refinancement, jusque-là

nul, qui est venu s’ajouter aux charges d’intérêt. L’accroissement des résultats,

qui va de pair avec l’accroissement des actifs, explique la relative stabilisation

de leur ROA.

Par contre, les taux de rentabilité des fonds propres et des actifs des banques

privées, demeurés relativement stables les deux dernières années, ont baissé

en 2016 en raison des augmentations de 6,1 % de leurs fonds propres moyens

et de 10,8 % de leurs actifs moyens.

La hausse du produit net bancaire (PNB) des banques publiques, de 13,6 %

(contre 21,6 % en 2015), résulte de l’augmentation de la marge d’intérêt de

15,4 % et de la marge sur commissions de 12,3 %. En revanche, dans les

banques privées, la marge bancaire est demeurée relativement stable en 2016

(+1,3 %) en raison des baisses des marges sur commissions et sur « autres

produits » que n’a pu compenser la hausse de la marge d’intérêt (5,4 %).

69

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S’agissant des marges d’intermédiation des banques, elles sont composées

principalement : des marges d’intérêt à hauteur de 77,2 % pour les banques

publiques et de 76,9 % pour les banques privées ; des marges sur autres

produits de 5,5 % et 0,2 % respectivement et des marges sur commissions qui

sont nettement plus importantes dans les banques privées (22,6 %) que dans

les banques publiques (17,0 %). Quant aux emplois de ces marges, la part des

charges d’exploitation s’élèvent à 39,5 % dans les banques privées et à 25,1 %

dans les banques publiques ; celle des dotations aux provisions demeure plus

importante dans les banques publiques (29,2 %), en raison du taux de créances

non performantes encore élevé, que dans les banques privées (9,1 %). Par

contre, la part des dotations aux amortissements est plus élevée dans les

banques privées (4,7 %) que dans les banques publiques. La répartition des

emplois des marges d’intermédiation dans les banques aboutit à un taux de

marge de profit supérieur dans les banques privées (46,7 %) contre 44,0 %

dans les banques publiques. pour mémoire, ces taux étaient, respectivement

de 49,6 % et de 46,9 % en 2015.

Par ailleurs, contrairement à la période d’excès de liquidité (2002-2014) où

les dépôts en dinars des banques couvraient largement l’encours de leurs

crédits, la tendance à la hausse des crédits à moyen et long termes s’est traduite

par des baisses du ratio actifs liquides/total des actifs à 24,1 % contre 27,2 %

en 2015 et du ratio actifs liquides/passifs à court terme qui passe de 61,6 % en

2015 à 59,8 % en 2016.

En outre, bien que des progrès aient été réalisés par les banques en matière de

gestion des risques de crédit, le niveau des créances non performantes par

rapport au total des créances (crédits distribués et autres créances entrant dans

le calcul de ce ratio) est en hausse en 2016 (12,0 % contre 9,7 % en 2015)

après avoir baissé progressivement pour atteindre 9,2 % en 2014.

Enfin, il est utile de relever que le coût du risque (provisions

constituées/résultat brut d’exploitation) demeure élevé (36,4 % contre 30,1 %

en 2015), notamment dans les banques publiques (39,8 % contre 33,3 % en

2015). Par contre, le coefficient d’exploitation (charges d’exploitation générale

+ dotations aux amortissements / produit net bancaire) poursuit sa tendance

baissière, passant de 40,7 % en 2012 à 30,0 % en 2016.

VI.1.4 - Activités de la caisse d'épargne - une institution-spécialisée

Agréée en 1997 pour effectuer des opérations de banque, la caisse d’épargne

a développé progressivement ses activités bancaires et ses indicateurs

d’activité sont intégrés aux données des banques publiques. Il s’agit d’une

institution spécialisée dans le financement de l'immobilier : promotion

70

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immobilière, acquisition de logements neufs auprès des promoteurs publics et

privés et acquisition de logements neufs ou anciens auprès des particuliers

Adossée à un réseau d’agences d’Algérie poste qui collecte près d’un tiers de

ses ressources, la caisse d’épargne utilise les livrets et bons d'épargne comme

principaux instruments de collecte de ressources ; l'activité de gestion des

comptes chèques et des comptes courants étant relativement récente.

A fin 2016, les ressources de la caisse d'épargne ont progressé de 5,7 % pour

atteindre 1 257,5 milliards de dinars contre 1 189,5 milliards de dinars à fin

2015. La part des dépôts à terme (livrets et bons d'épargne inclus) est

prépondérante et relativement stable (94,8% contre 96,5 % à fin 2015). Les

ressources de la caisse d'épargne proviennent pour l’essentiel du secteur des

ménages (96,5 % contre 97,8 % à fin 2015).

La caisse d'épargne assure le financement des entreprises de construction de

logements, dont une grande partie à moyen terme, et des ménages (crédits

hypothécaires à long terme) dans le cadre de l'accession à la propriété. A fin

2016, les crédits distribués aux entreprises publiques, soit directement, soit

par l’achat d’obligations émises par celles-ci, s'élèvent à 364,7 milliards de

dinars contre 400,1 milliards de dinars à fin 2015, pendant que ceux distribués

aux entreprises privées ont atteint 211,3 milliards de dinars contre 190,4

milliards de dinars à fin 2015. Les crédits aux ménages (principalement à long

terme) se sont élevés à 292,1 milliards de dinars contre 255,4 milliards de

dinars à fin 2015.

Graphique VI.4 : Evolution des dépôts en dinars et des crédits distribués par les caisses d’épargne

71

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En 2016, les crédits au secteur public, rachats de créances inclus, sont en

hausse de 5,2 %, un rythme d’expansion moins élevé que celui de l’année

2015 (10,8 %), alors que les crédits distribués aux entreprises privées

enregistrent une hausse de 11,0 % contre 18,0 % en 2015. Les crédits aux

ménages progressent plus régulièrement, soit 14,3 % contre 15,5 % en 2015

et 17,0 % en 2014.

Au total, les crédits de la caisse d’épargne aux secteurs public et privé, rachats

inclus, sont, comme en 2015, en hausse. Cependant, la distribution de crédits

par la caisse d’épargne aux ménages est fortement conditionnée par l’offre de

logements, en particulier de logements promotionnels aidés destinés aux

ménages à revenus moyens. Ces crédits demeurent encore nettement inférieurs

aux dépôts collectés auprès des ménages.

VI.1.5 - Activité des établissements financiers

Comme en 2015, en 2016, l’activité des établissements financiers demeure

encore relativement faible. L’évolution du total de leurs actifs est passée de

70,3 milliards de dinars à fin 2014 à 79,5 milliards de dinars à fin 2015 et 84,7

milliards de dinars à fin 2016. Le faible développement de l’activité de

distribution de crédits des établissements financiers est lié à leurs ressources

limitées puisqu’ils ne collectent pas de dépôts auprès du public. Les ressources

des établissements financiers à fin 2016 sont constituées des fonds propres à

concurrence de 42,7 milliards de dinars (capital 33,7 milliards de dinars,

réserves 9,0 milliards de dinars) et des emprunts obtenus pour un montant de

20,7 milliards de dinars.

Les crédits distribués par les établissements financiers s'élèvent à 59,5

milliards de dinars contre 55,6 milliards de dinars à fin 2015. Une grande partie

de ces crédits est distribuée aux entreprises privées (55,9 milliards de dinars

dont 53,9 milliards de dinars en crédits-bails). Les crédits aux ménages sont

pratiquement insignifiants à fin 2016 (0,3 milliard de dinars).

En dépit de l’augmentation appréciable des crédits hypothécaires accordés par

les banques entre 2006 et 2016, de l’amenuisement de la liquidité bancaire et

du recours des banques au refinancement de la Banque d’Algérie,

l’accroissement des crédits hypothécaires n’a pas été suivi par leur

refinancement auprès de l’établissement financier concerné.

72

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VI.2 - DEVELOPPEMENT DE L’INFRASTRUCTURE BANCAIRE

Les progrès réalisés en matière de technologies de transmission de données et

les progrès en informatique ont conduit à la diversification des instruments et

moyens de paiement et contribué à révolutionner les procédures de paiement

et de règlement. Il en est de même des centrales d’information, notamment les

centrales des risques de crédit et des bilans des entreprises qui se sont

développés à l’intérieur comme à l’extérieur des banques centrales contribuant

à une meilleure gestion des risques de crédit par les banques.

En Algérie, la mise en exploitation de deux nouveaux systèmes de paiement

interbancaires a eu lieu courant 2006. Il s’agit d’abord du système de

règlements bruts en temps réel de gros montants et paiements urgents appelé

système ARTS (Algeria Real Time Settlements) qui est entré en production

en février 2006 et qui est le socle de la modernisation des systèmes de

paiement. En ce qui concerne le système de télé-compensation des paiements

de masse, dénommé système ATCI (Algérie Télé-Compensation

Interbancaire), il est en production depuis mai 2006. Le système de livraison

versus règlement des titres (en activité depuis décembre 2004) a été connecté

au système ARTS dès la mise en exploitation de celui-ci.

Bien que la Banque d’Algérie ait, depuis 2003, une mission légale de contrôle

des systèmes de paiement (article 52 de l’ordonnance n° 03-11 relative à la

monnaie et au crédit), les nouvelles dispositions législatives d’août 2010

(ordonnance n° 10-04) lui confèrent des prérogatives encore plus larges en la

matière, englobant le fonctionnement, la surveillance et la sécurité des

systèmes de paiement. C’est ainsi qu’au cours de l’année 2014, la Banque

d’Algérie a entrepris la mise à jour des infrastructures techniques des systèmes

de paiement.

Cette ordonnance a renforcé aussi le dispositif légal en matière de centrales

en précisant qu’il s’agit, pour la Banque d’Algérie, d’organiser et gérer une

centrale des risques entreprises, une centrale des risques ménages et une

centrale des impayés.

La nouvelle centrale des risques, aux standards internationaux, est entrée en

exploitations en septembre 2015. Les banques et établissements financiers sont

tenus d’adhérer à cette centrale et de fournir les informations sur les crédits

accordés, les crédits effectivement utilisés, les engagements par signature

donnés et les garanties obtenues pour chaque crédit et/ou engagement par

signature. L’objectif de la centrale est de mettre en commun les informations

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que les banques et établissements financiers détiennent sur leurs débiteurs et,

à travers le partage de ces informations, d’améliorer leur gestion du risque de

crédits. Cette base de données partagée favorise la meilleure prise de décision

en matière d’octroi de crédits et les bonnes pratiques bancaires en matière du

suivi de la clientèle de consommateurs de crédits. L’utilisation effective de

cette base de données a des effets positifs sur les banques et établissements

financiers aussi bien au niveau microéconomique que macroéconomique.

VI.2.1 - Système de règlements bruts en temps réel de gros montants et

paiements urgents

La mise en exploitation, en février 2006, du système de règlements bruts en

temps réel de gros montants et paiements urgents (système ARTS) et sa montée

en cadence progressive ont eu un impact positif sur la gestion de la trésorerie

des banques ; tous les paiements interbancaires d’un montant supérieur ou égal

à un million de dinars et des paiements urgents étant effectués par virement

via ce système. Il s’agit aussi bien des virements pour le propre compte des

banques, établissements financiers et centre de chèque postaux, participants à

ce système, que des virements pour le compte de leur clientèle.

En 2016, les opérations traitées par le système ARTS ont enregistré une légère

baisse de 1,9 %, soit 328 404 opérations contre 334 749 opérations de

règlement comptabilisées sur les livres de la Banque d’Algérie en 2015 et une

importante chute en valeur de 23,9 % (201 692,3 milliards de dinars contre

264 140,6 milliards de dinars en 2015. En moyennes quotidiennes, le système

a traité 1 314 opérations pour 806,8 milliards de dinars contre 1 313 opérations

en 2015 pour 1 039,8 milliards de dinars. Ces reculs des opérations en valeur

s’expliquent autant par la baisse des opérations de politique monétaire que des

opérations entre les participants.

En termes de structure des opérations de paiements traitées dans le système

ARTS, les virements en faveur de la clientèle des banques prédominent

toujours avec une part de 69,8 % contre 71,4 % en 2015 alors que les

transactions de banque à banque ne représentent que 30,2 % (28,60 % en

2015). En valeur, la part des opérations de virement de la clientèle représente

4,3 % (4,0 % en 2015) du montant total des transactions contre 95,7 % pour

l’interbancaire.

Dans le système ARTS, les opérations en valeur de la banque centrale et des

banques (y compris le Centre des chèques postaux et le Trésor) atteignent

95,4 % contre seulement 4,6 % pour les soldes nets multilatéraux des systèmes

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exogènes (système de télé-compensation des paiements de masse et système

de règlement/livraison de titres). Les opérations de la Banque d’Algérie portent

principalement sur les opérations de politique monétaire, qui sont en recul de

29,4 %.

Au cours de l’année 2016 le volume des transactions des systèmes exogènes

ne représente que 1,8 % du total des opérations traitées par le système ARTS

dont 94,8 % pour les règlements des soldes nets multilatéraux de la télé-

compensation et 4,3 % seulement pour les opérations sur titres.

Par tranches de montant, la part des paiements urgents dans la volumétrie

globale (au-dessous d’un million de dinars) est insignifiante, celle des

paiements dont le montant se situe entre un et cinq millions de dinars n’atteint

que 0,17 % alors que les paiements au-delà de cent millions de dinars

représentent 90,1 %. Le volume de paiements des montants se situant entre

cinq et cent millions de dinars représente 1,17 % de la volumétrie globale. Ce

profil de paiements accentue la prédominance des paiements au-dessus de 100

millions de dinars, observée en 2015, alors que celui de 2014 révélait la part

élevée des opérations portant sur des montants entre cinq et cent millions de

dinars (42,4%).

VI.2.2 - Système de télé-compensation des paiements de masse

Le système de télé-compensation dit ATCI, mis en production en mai 2006,

permet l’échange de tous les moyens de paiement de masse (chèques, effets,

virements, prélèvements automatiques, opérations sur carte).

La volumétrie traitée dans le système ATCI au cours de l’année 2016 s’est

légèrement accrue (1,1 %) pour atteindre près de 21 millions d’opérations

contre 20,8 millions en 2015. En valeur, la volumétrie échangée dans le

système est de 17 639,5 milliards de dinars contre 15 892 milliards de dinars

en 2015, soit une hausse de 11 % %. En moyenne journalière, le système a

traité 82 296 opérations pour une valeur de 69,2 milliards de dinars.

Le volume des opérations de paiement traitées dans le système ATCI demeure

en deçà de ses capacités et largement inférieur aux volumes traités dans les

systèmes de paiement de pays comparables. Celà tient, notamment, au fait que

les paiements intra-bancaires des banques publiques, prédominantes et à

grands réseaux d’agences, sont très importants et représentent une volumétrie

supérieure de cinq fois celle des paiements interbancaires.

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La volumétrie du système ATCI, en nombre de transactions, montre la nette

progression et la prédominance des paiements par virement qui passent de

8,75 millions de transactions en 2015 à 10,06 millions en 2016 (8,5 millions

pour le chèque), soit un accroissement de 15 %. La part des virements dans la

volumétrie globale du système ATCI est de 47,9 % contre 40,4 % pour le

chèque. En valeur, la structure des échanges du système ATCI en 2016 révèle

la nette prédominance du chèque avec 16 353,3 milliards de dinars (14 695

milliards en 2015), soit 92,7 % de la valeur globale.

Le volume des transactions par carte bancaire, faible par ailleurs, a encore

fortement baissé en 2016 (-28,9 % contre -32,3 % en 2015), soit 2,2 millions

d’opérations (3,1millions en 2015) représentant 10,5 % du total des opérations

de paiement contre 14,9 % en 2015. Néanmoins, une volumétrie beaucoup

plus importante portant sur les opérations de retrait par carte effectuées par la

clientèle sur les distributeurs de billets appartenant aux banques et à Algérie

Poste ne transite pas par le système ATCI.

Quant au volume des effets de commerce (lettres de change et billets à ordre),

il ne représente en 2016 que 1,15 % du volume total des moyens de paiement

échangés dans le système.

VI 2.3 - La centrale des risques

A fin 2016, la nouvelle centrale des risques (entreprises et ménages), en

activité depuis le 15 septembre 2015, dispose d’un fichier descriptif de

758 473 personnes physiques et morales contre 541 832 personnes physiques

et morales à fin 2015. Cette centrale encore en développement, les banques et

établissements financiers continuent à adresser, en parallèle, leurs déclarations

à l’ancienne centrale. Le numéro d’identification des entreprises et particuliers

n’étant pas le même dans les deux centrales, l’historique des déclarations est

transposé graduellement dans la nouvelle centrale.

L’encours des crédits et des engagements par signature déclarés à fin décembre

2016 (cumul des crédits par caisse et des crédits par signature effectivement

utilisés) s’élève à 8 314,534 milliards de dinars et 420,393 milliards de dinars

au titre des crédits aux particuliers contre 8 886,755 milliards de dinars à fin

décembre 2015 au titre des entreprises et professions libérales et 412,147

milliards de dinars de crédits aux particuliers.

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VI 2.4 - La centrale des impayés

Les incidents de paiement enregistrés à la centrale des impayés à fin 2016 ont

augmenté, en nombre, de 3,9 % et de 26,3 % en valeur par rapport à 2015. Ce

qui représente 64 699 chèques d’une valeur de plus de 99,4 milliards de dinars

en 2016 et 62 267 chèques correspondant à une valeur 68,7 milliards de dinars

en 2015.

Le nombre des déclarations de régularisation passe de 11 672 en 2015 à 10 569

en 2016, en baisse de 9,5 %.

Le nombre des interdictions de chéquiers, déclaré à la Banque d’Algérie,

enregistre une baisse de 12,0 % passant de 8 455 à fin 2015 à 7 437 à fin 2016.

En application des dispositions relatives à la prévention et la lutte contre

l’émission de chèques sans provision, 385 demandes d’annulation

d’interdiction de chéquiers ont été formulées et levées en 2016 contre 470

demandes en 2015.

En rapprochant les données générées par le système de télé compensation des

paiements de masse (ATCI) avec celles des fichiers déclarés à la centrale des

impayés, il a été observé que sur 62 621 chèques rejetés en télé-compensation

durant l’année 2016 pour défaut de provision, 51 041 chèques ont été déclarés

à cette centrale, soit un taux de déclaration de 81,5 %. Pour l’année 2015, ce

taux était de 78,9 %.

Les chèques impayés déclarés à la Banque d’Algérie demeurent concentrés

sur la tranche comprise entre dix (10 000) mille et un (1) million de dinars,

soit 75,1 % du total des chèques. Par secteur juridique, le nombre d’incidents

se répartit à hauteur de 47,9 % sur la clientèle classée sous la rubrique

« particuliers » du secteur privé et 88,2 % pour les établissements à caractère

industriel et commercial du secteur public.

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