Chapitre 7 Le Choix Du Travailleur Et l'Offre de Travail

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    130 PARTIE I ANALYSE MICROCONOMIQUE

    Lquilibre du travailleur et son offre de travail

    Relation 7.1

    Figures 7.1

    (A) Prfrences du travailleur

    Expression du niveau de satisfaction S du travailleur,en fonction du revenu journalier de son travail, R, etdes heures de loisir, HL :

    S f R H =

    T L( ),Cette fonction est reprsente par la carte dindiff-rence de la figure 7.1A.

    (B) Contrainte de budget du travailleur

    Le revenu journalier du travail est gal au salaire horairesmultipli par le nombre dheures ouvres, cest--dire,en notantHle nombre dheures dune journe (H= 24) :

    R s H H = ( )L ou R s H s H + =L

    Cette quation est celle de la droite de budget GJ.

    (C) quilibre du travailleur

    Lquilibre du travailleur est la combinaison revenu,travail, loisir qui maximise S tout en respectant lacontrainte de budget.

    0 B A J=24 heures

    D

    N

    M P

    0

    G

    2 xss

    4 xs3 xs

    KL

    21 22 2320

    Rv

    W

    0 A J=24 heures

    EF

    G

    LH LH

    J

    24 heures

    Prfrences du travailleurAA

    Contrainte de budget du travailleurBB

    quilibre du travailleurCC

    Rv

    LH

    Pente = s

    R R

    R

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    CHAPITRE 7 LES CHOIX DU TRAVAILLEUR ET LOFFRE DE TRAVAIL 131

    Section 7.1Lquilibre du travailleuret son offre de travail

    Dans toute socit, le travail prest mane ncessairement de ses membres,cest--dire des mnages, selon le vocabulaire du chapitre 2. Lorsquil sagit duneconomie de marchs, les dcisions en cette matire sont laisses la libre initia-tive de chacun; leur analyse relve donc de la thorie des choix individuels. Auchapitre 3 nous avons construit une telle thorie en matire de biens de consom-mation, en nous servant dune reprsentation axiomatique des prfrences quant ces biens. Un des grands mrites de cette thorie est quelle est transposable dautres types de choix individuels1. Ainsi, dans le prsent chapitre, nous allonslutiliser pour expliquer les dcisions en matire de travail; et dans le chapitre

    suivant, nous le ferons encore pour expliquer les dcisions relatives lpargne.Les thories des choix du travailleur et de lpargnant seront donc intgres celle du consommateur, ce qui est tous gards souhaitable, car tout individu est la fois, au moins potentiellement, chacun de ces trois agents conomiques. Lunitainsi ralise dans lexplication des comportements individuels ne peut querenforcer sa pertinence.

    1 Les prfrences individuelles

    Lhypothse de dpart est que la motivation des individus consacrer du temps

    au travail rside dans le revenu quils en retirent, lalternative tant de consacrer cemme temps des activits qui nen apportent pas, et que par convention nousappellerons loisir. Les choix considrer portent alors essentiellement sur lesquantits respectives de revenu et de loisir dont ils peuvent disposer.

    Soit un diagramme (figure 7.1.) reprsentant en ordonne des montants derevenu par unit de temps (un jour par exemple2), et en abscisse le nombre dheuresconsacres au loisir pendant la mme priode unitaire.

    Tout point du diagramme a ncessairement deux coordonnes : une quantitde loisir (que nous noteronsHL), et un niveau de revenu (not R). Mais du fait quela journe na que vingt-quatre heures, une troisime grandeur peut tre dduitede la premire : les heures de non-loisir , cest--dire de travail, selon notre con-

    vention. Ainsi par exemple, pour un point tel que W, le segment OBmesure lesheures de loisir, le segment BJ les heures de travail prest (OB+ BJ faisant les24 heures de la journe), et le segment ODmesure le revenu journalier, en euros.

    1 Mme non conomiques, car on la retrouve dans dautres disciplines comme par exemple la thorie statistiquede la dcision, ou la thorie des jeux.

    2 Dans tout ce chapitre, nous raisonnerons sur des priodes dun jour; mais tous les arguments peuvent tretransposs des priodes plus longues, comme une semaine, un mois, ou mme un an, sans changer la nature desrsultats.

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    132 PARTIE I ANALYSE MICROCONOMIQUE

    Si lon applique tous les points de ce diagramme les cinq axiomes du 1 de lasection 3.1 (les paniers tant ici constitus de deux lments : le nombre dheuresde loisir, et le montant du revenu journalier), et si lon suit sur cette base la proc-dure dcrite au 2 de cette mme section, on est amen construire, au dpart dechaque point, une courbe dindiffrence de pente dcroissante, et ds lors touteune carte dindiffrence.

    De telles courbes expriment deux ides : dune part le fait gnralement admisque plus de temps de loisir et plus de revenu sont deux choses prfres moins deloisir ou moins de revenu : des points tels que W et P sont prfrs M, pardominance. Dautre part, lide que plus de temps de travail, et donc moins deloisir (mouvement deABsur labscisse), ne laissent lindividu indiffrent que silest compens (par substituabilit) par plus de revenu (passage dePM, puis N, indiffrent P).

    Notons que les points du diagramme situs droite du point dabscisse J(oHL= 24 heures) nont videmment pas de sens logique. Les points situs en dessousde lhorizontale trace au niveau du pointRvsur lordonne nont quant eux pasde sens conomique, si lon convient de dsigner par Rv le niveau du revenu

    minimum vital.

    2 La contrainte de budget du travailleur

    La carte dindiffrence ainsi obtenue dcrit les prfrences du candidat travailleur.Mais do vient le revenu dont nous parlons ? videmment du temps de travail. Eneffet, celui-ci se transforme, si lon peut dire, en revenu journalier viale salairehoraire qui peut tre obtenu sur le march du travail. Cette transformation sereprsente par une droite de budget dont la construction peut se faire comme suit.

    Soit s(euros par heure) ce salaire. En travaillant 24 heures sur 24, le revenu

    journalier serait de R= 24 set le loisir nul : ce choix, concevable mais pas trsraliste, est reprsent par le pointGsur la figure 7.1B; par contre, en ne travaillantpas du tout, le revenu serait nul et le loisir gal 24 heures par jour : cest le pointJ, tout aussi concevable, mais pas davantage raliste si le travailleur ne dispose pasdautre source de revenu pour assurer sa subsistance.

    Raisonnons maintenant partir du point Jde la mme manire que nous lavonsfait pour la droite de budget du consommateur au chapitre 3 : en travaillant uneheure, notre individu gagne un revenuRgal seuros ; il se trouve au pointK. Entravaillant deux heures, il en gagne R= 2 seuros; il se trouve au point L ; entravaillant trois heures, il gagne R= 3 seuros, etc. ; en termes plus gnraux, entravaillant (24 HL) heures, il gagneR= (24 HL) seuros. Et enfin sil travaille

    24 heures sur 24 (auquel casHL=

    0), on retrouveR=

    24

    seuros. On a ainsi tractous les points de la droite JGsur la figure, et lon voit donc que tout choix detemps de travail intermdiaire entre les deux extrmes G et J correspond unpoint situ le long de cette droite ; de plus, la pentede celle-ci est dtermine par leniveau du salaire horaire s. La droite a donc bien des caractristiques dune droitede budget3.

    3 Application intressante du concept vu au chapitre prcdent : en raisonnant en sens inverse, de gauche droite le long de la droite de budget du travailleur, on peut voir que renoncer une heure de travail pour prendreune heure de loisir lui cote seuros : le salaire horaire est donc le cot dopportunit dune heure de loisir.

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    CHAPITRE 7 LES CHOIX DU TRAVAILLEUR ET LOFFRE DE TRAVAIL 133

    Analytiquement, si lon rcrit lexpressionR= (24 HL) ssous la forme

    R s H s + = L 24

    on retrouve la mme structure que celle de la droite de budget du consommateur (relations 3.4du chapitre 3), le revenuRet le temps de loisir HLtant cette fois les variables entre lesquelles lechoix est cens soprer, et 24 sle terme constant du membre de droite de lgalit.

    La contrainte de budget du travailleur dcrit ce qui lui est possible dobtenircomme revenu avec son travail, compte tenu de ce quest son salaire.

    3 Lquilibre du travailleur

    De la confrontation entre la droite de budget et les courbes dindiffrenceapparat :

    lquilibre du travailleur, dfini comme la situation quil prfre parmi toutes

    celles qui lui sont accessibles au salaire quil peut obtenir.

    Cette situation est reprsente par le point de la droite de budget situ sur lacourbe dindiffrence la plus leve, soit le point E. ce point correspondent :

    le choix dquilibre du temps de loisir, mesur par OA,

    celui du temps de travailoffert, mesur par AJ,

    et celui du revenu journalierobtenu de ce travail, mesur par OF.

    Entre ces deux derniers segments, on a videmment la relation OF= s AJ:cest prcisment celle qui dcrit la transformation deAJunits de travail enOFunits de revenu.

    On constate aussi quau point E, il y a tangence entre la droite de budget et lacourbe dindiffrence qui est atteinte, proprit dj rencontre dans les situationsdquilibre du consommateur au chapitre 3.

    Section 7.2Dplacements de lquilibreet offre de travail

    1 La courbe doffre de travail

    Supposons maintenant des changements dans le salaire horaire. En consquence,la droite de budget pivote autour du point J, vers le haut en cas de hausse, vers lebas en cas de baisse. Ceci dtermine une succession de points dquilibre, qui corres-pondent des courbes dindiffrence de plus en plus leves ou de plus en plusbasses, selon le cas (figure 7.2A).

    7.1

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    134 PARTIE I ANALYSE MICROCONOMIQUE

    Ainsi par exemple les points E1, E2, E3correspondent aux niveaux croissants desalaire s1, s2, et s3. Il sen dduit quune quan-tit croissante de travail est offerte : elle est deJA1 lquilibreE1, de JA2 lquilibreE2, et deJA3 lquilibreE3.

    Si nous reportons maintenant sur ungraphique distinct les taux de salaire horairesuccessifs et les quantits correspondantes detravail offert (notes HT et par dfinitiongales 24 HL), la courbe doffre de travailindividuelleest obtenue (figure 7.2B).

    Deux proprits sen dduisent asseznaturellement :

    linstar de ce qui est dit pour dautrescourbes doffre de cet ouvrage, on peut cons-tater ici quchaque point de la courbe doffrede travail correspond un point dqui libre dutravailleur.

    On peut aussi appliquer cette courbe leconcept dlasticit, qui sappelle alors las-ti citde loffre de travail par rapport au salai re.

    Dautre part, des dplacements ventuels dela courbe vers la droite ou vers la gauchersultent soit de modifications des courbesdindiffrence, qui sinterprtent comme deschangements dattitude psychologique

    lgard du travail rmunr, soit de dplace-ments de la droite de budget. Ces dernierspeuvent tre dus lobtention dun revenuautre que du travail (dplacement vers lehaut), ou encore des changements danslorganisation du travail, du type que nousexaminerons la section 7.3.

    2 Effet de revenu et effet de substitution

    La courbe quon vient de construire est ascendante de gauche droite, cest--dire dlasticitpositive Ce nest cependant pas une rgle gnrale en matire doffre de travail : la forme descourbes dindiffrence, et donc les prfrences des individus peuvent tre telles que cette courbesoit plutt ascendante de droi te gauche, et donc dlasticit ngative, comme on le voit surlexemple des figures 7.3 ; ou encore, la courbe doffre de travail peut prsenter lune et l autredeces proprits pour des niveaux diffrents du salaire (figures 7.5). Lexplication de ces possibilitsrside dans la confrontation de deux effets contradictoires : leffet de substitution et leffetde revenu.

    Voyons dabord leffet de substitution. Un accroissement du salaire horaire signifie que le manque gagner d au temps de loisir augmente, ou encore que le cot dopportunit de

    Figures 7.2 Courbe doffre de travail

    0 A3

    Offre

    de travail

    A

    A2 A1 J

    S1S2S3

    0=J

    B

    LH

    A3A2A1

    R1

    R2

    R3E3

    E2

    E1

    s1

    s2

    s3

    e1

    e2

    e3

    R

    s

    =(24 )TH LH

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    CHAPITRE 7 LES CHOIX DU TRAVAILLEUR ET LOFFRE DE TRAVAIL 135

    laffectation du temps au loisir grandit. Si lindividu est sensible ce cot, il aura tendance substituerdu travail son loisir, et donc accrotreson offre de travail.

    Mais ct de cet effet de substitution, joue leffet de revenu : lorsque le salaire augmente, etdonc le revenu que procure le travail, lindividu peut estimer que laccroissement de revenurendu possible par cette hausse ne justifie pas un effort supplmentaire de sa part ; il peut mmedcider de travailler moins quavant, sil juge que la hausse du salaire compense suffisamment labaisse des heures prestes, dans la formation de son revenu : cest l leffet de revenu, qui tend

    provoquer une baissedu temps de travail offert la suite dune augmentation du salaire.Ces deux effets sont simultanmentprsents dans tout dplacement de lquilibre du travailleur,

    suite une augmentation quelconque du salaire. Comme ils ne sont pas toujours dampleuridentique, cest selon que lun ou lautre domine que la courbe doffre de travail individuelle estascendante dans un sens ou dans lautre : les figures 7.2 dcrivent le cas du comportement dunindividu pour lequel leffet de substitution domine toujours (llasticit de son offre de travailpar rapport au salaire est positive), et les figures 7.3, celui dun individu pour lequel cest leffetde revenu (lasticit ngative) ; et les figures 7.4 prsentent celui pour lequel les deux effets secompensent toujours exactement : sa courbe doffre de travail est dlasticit nulle, cest--direparfaitement inlastique au salaire.

    Les tudes statistiques ont rvl que dans les faits, les courbes doffre de travail ont souvent laforme prsente la figure 7.5B : leffet de substitution domine aux niveaux de salaires relative-

    ment bas, les deux effets se compensent partir dun certain seuil, et leffet de revenu lemportelorsque le salaire est lev. La figure 7.5A montre quelle structure de courbes dindiffrence indi-viduelles correspond ce comportement typique.

    Figures 7.3, 7.4 et 7.5 Formes alternatives de loffre de travail

    A A A

    J JA A D F B

    0=J A0=J 0=J ADFB

    B

    JA3A2A1

    TH TH THA3 A2 A1

    Offre

    de travailOffre

    de travail Offre

    de travail

    B B

    0 0 0LH LH LH

    s1

    s2

    s3

    s1

    s2

    s3

    s1

    s2

    s4

    s3

    e1

    e2

    e3

    e1

    e2

    e3

    e1

    e2

    e3

    e4

    E3

    E2E1

    E3

    E2

    E1

    E3

    E2

    E1

    E4

    R

    s s s

    R R

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    136 PARTIE I ANALYSE MICROCONOMIQUE

    Section 7.3Organisation du temps de travailet allocation de chmage

    1 Travail temps plein et mi-temps

    Lanalyse qui prcde postule implicitement non seulement que le travailleur choisitlui-mme le nombre dheures quil veut prester, mais aussi que les emplois auxquelsil a accs permettent cette extrme flexibilit. Tel est rarement le cas dans la ralitdu travail4. Le plus souvent, les emplois accessibles sont dfinis en termes duncertain nombre dheures prester par jour (ou par semaine, ou par mois, etc.), etle candidat travailleur a pour seul choix de prester ces heures-l, au salaire propos,ou de ne pas prendre le job.

    Cette caractristique peut sinsrer dans notre analyse en observant quelle apour effet de modifier la forme de la contrainte de budget. Supposons que letravailleur ne rencontre, dans son domaine de qualification, que des emplois plein temps, cest--dire de 8 heures par jour par exemple, le salaire horaire tanttoujours de seuros/heure. La contrainte de budget qui en dcoule pour lui nestalors plus la droite JGde la figure 7.1 mais bien la ligne briseJABDde la figure 7.6.Les points autres que Bde la droite JGne sont pas accessibles si le job comportencessairement 8 heures par jour, ni plus, ni moins.

    Dans ce cadre, le point Bconstitue lqui-libre du travailleur, puisquil est celui quipermet datteindre la courbe dindiffrence la

    plus leve

    5

    .Remarquons que la mme analyse estapplicable lorsque cest par voie lgale quunedure maximum du temps de travail estimpose.

    Au cas o les emplois accessibles laissent lechoix entre plein temps et mi-temps (pour unmme salaire horaire s), la contrainte de bud-get prend la forme (figures 7.7) de la ligneJABFHD. Selon la forme de ses prfrencesentre revenu et loisir, lindividu choisira soitlemploi plein temps (cas de la figure 7.7A,o lquilibre est H), soit lemploi mi-temps(figure 7.7B, o Best lquilibre)6.

    Figure 7.6 Emploi plein temps

    4 Sauf lorsque lon est son propre employeur, cest--dire travailleur indpendant. Mais alors il nest pasraliste de parler dun salaire sdtermin en dehors de lui. Voir ce sujet la section 12.2.

    5 Le fait que la proprit de tangence entre courbe dindiffrence et droite de budget ne soit plus bien dfinie(du fait du point anguleux de cette dernire) na aucune importance, car lquilibre nest pas dfini par la tangencemais bien par le fait quil soit un point prfrparmi tous ceux qui sont accessibles.

    6 Nous laissons le lecteur dterminer par lui-mme, titre de simple exercice, quels sont les effets sur lquilibre,dans ce contexte, dune hausse du salaire, et quelle est la forme de la courbe doffre de travail qui en rsulte.

    G

    6 12 18 2416

    B

    A

    D

    JS

    RB

    LH

    R

    0

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    CHAPITRE 7 LES CHOIX DU TRAVAILLEUR ET LOFFRE DE TRAVAIL 137

    2 Heures supplmentaires

    Lorsquun contrat de travail spcifie un nombre dheures donn, il arrive frquemment quilprvoie aussi que si des heures supplmentaires sont ncessaires, elles seront payes un salaireplus lev. Cette autre modalit peut galement tre insre dans notre analyse : pour lexemplede la figure 7.6, elle implique simplement qu la gauche de labscisseHL= 16 heures, la pente dela droite de budget soit plus leve.

    Ceci est reprsent aux figures 7.8 : la contrainte de budget prend la forme de la ligneJABG, etdans la figure de gauche, les prfrences du travailleur sont telles quil prestera des heuressupplmentaires si on les lui demande, puisque son quilibre est en E(leur nombre est mesurparAC) ; dans la figure de droite, ses prfrences sont telles quil refuse de les prester (son quilibre

    est en B).

    Figures 7.7 quilibres avec choix entre plein temps et mi-temps

    Figures 7.8 quilibres avec choix dheures supplmentaires

    16 20 24

    F

    A

    D

    J

    B

    H

    AA

    RB

    R

    RH

    LH 16 20 24

    A

    D

    J

    B

    H

    BB

    RB

    R

    RH

    LH

    F

    0 0

    E

    AA

    JC A

    S

    S >S

    RB

    R

    RE

    LH

    B

    BB

    JA

    R

    LH0 0

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    138 PARTIE I ANALYSE MICROCONOMIQUE

    3 Allocation de chmage

    Depuis plus dun demi-sicle il existe dans nos pays occidentaux un systme descurit sociale, qui a notamment pour rle de fournir un revenu de remplacement appel allocation de chmage ceux qui, momentanment, ne trouve-raient pas de travail. La scurit sociale dans son ensemble car elle couvre bien

    dautres domaines ne sera voque quau chapitre 12. Ds maintenant cependantil est ncessaire de comprendre comment lexistence de telles allocations influenceles choix dquilibre du travailleur, tels que nous les avons prciss.

    Figures 7.9 Chmage involontaire et volontaire

    La possibilit de recevoir une allocation dechmage se traduit elle aussi par une modifi-cation de la contrainte de budget. Soit Rc lemontant journalier de cette allocation ; lacontrainte de budget prend alors la forme dela ligne CJG(figures 7.9). Dans la figure 7.9Alquilibre se situe au point E, mais cetquilibre est fictif car si lindividu est en

    chmage, il ne trouve pas demploi luipermettant datteindre ce point. Le revenu deremplacementRclui permet alors datteindrela courbe dindiffrence Icau point C, qui estle meilleur quilibre qui lui soit accessible.On parle dans ce cas de chmage involontaire,car du fait que le point Eest prfr au pointC, lindividu choisirait de travailler sil pouvaitle faire.

    Dans la figure 7.9B au contraire, lquilibreCest prfr au point E. Dans ce cas, si le job

    correspondant ce dernier point est effecti-vement disponible, on doit alors parler dechmagevolontaire, puisque le choix de cettesituation rsulte des prfrences de lindividu.En diminuant lallocation de chmage, onamnera videmment lindividu prfrer lepoint E; mais si le job qui y correspond nestpas disponible, on ne rsout pas pour autantson problme de chmage : on rend seulementcelui-ci involontaire, tout en rduisantdautant son bien-tre.

    Ceci conduit constater le dilemme difficile que lon tente de rsoudre parlallocation de chmage : fournir un revenu de remplacement suffisant celui quina pas demploi, et maintenir en mme temps une incitation financire suffisante travailler (cf. aussi ce sujet lincidence des transferts la section 15.3).

    E

    AA

    J

    C

    G

    R

    RE

    LH

    RC

    IC

    BB

    J

    C

    G

    R

    RE

    LH

    RC

    IC

    E

    0

    0

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    CHAPITRE 7 LES CHOIX DU TRAVAILLEUR ET LOFFRE DE TRAVAIL 139

    Remarquons pour terminer que toute lanalyse qui prcde explique seulementsi un individu choisit de travailler ou non, ainsi que, dans laffirmative, le nombredheures prestes; elle ne dit rien quant au choix dune profession, cest--direquant au fait doffrir son travail sur tel ou tel march, professionnel ougographique.

    Un dbut dexplication de cet aspect-l de loffre de travail peut toutefois tre

    trouv dans la notion de cot dopportunit : lhypothse de la maximisation de lasatisfaction individuelle implique en effet que les individus choisissent leurprofession de manire telle que pour eux, la valeur conjointe de celle-ci et du loisirquelle permet est plus grande que celle quils tireraient de lexercice des autresmtiers qui leur sont accessibles; en dautres termes, sils se comportent seloncette hypothse, le cot dopportunit de laffectation de leur temps au mtierquils exercent est plus faible que la valeur subjective quils y attachent.

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