Chap i consommateur

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1 UNIVERSITÉ IBN TOFAIL UNIVERSITÉ IBN TOFAIL UNIVERSITÉ IBN TOFAIL UNIVERSITÉ IBN TOFAIL ENCG de Kénitra Cours de : micro-économie Professeur : Hamid Ait Lemqeddem Introduction Si l’on interroge au hasard des non-économistes sur l’objet de l’analyse économique, on recueille le plus souvent une liste de sujets concrets dont s’occupe l’économiste : la production, la consommation, les échanges, la monnaie, la croissance, l’inflation, le chômage, etc.…Le réflexe consiste ici à isoler dans les phénomènes sociaux observables ceux qui seraient spécifiquement économiques et donneraient ainsi un contenu concret à l’analyse économique. Cependant, il faut distinguer l’analyse macro-économique de celle microéconomique. L’analyse macroéconomique s’intéresse principalement à l’interaction entre des variables économiques agrégées au niveau de l’économie nationale (produit intérieur, chômage, indices de prix, monnaie, consommation des ménages etc…).Pour l’essentiel, tous les grands problèmes économiques sont macroéconomiques (croissance, chômage, inflation, répartition, développement, etc…). Le développement de la théorie macroéconomique moderne est largement issu des travaux de John Maynard Keynes dans les années 1920 et 1930 et des débats qu’ils ont suscité. La plupart des économistes contemporains s’entendent pour reconnaître que toute théorie macroéconomique sérieuse est fondée, explicitement ou implicitement, sur une théorie microéconomique. L’analyse microéconomique s’attache principalement à expliquer les comportements individuels et leur interaction. Son niveau d’observation privilégié est celui de l’entreprise et du marché d’un bien ou d’un service particulier. L’analyse microéconomique moderne a amorcé son véritable développement à la fin du XIXème siècle avec les économistes néoclassiques (ou marginalistes).

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  • 1. 1 UNIVERSIT IBN TOFAILUNIVERSIT IBN TOFAILUNIVERSIT IBN TOFAILUNIVERSIT IBN TOFAIL ENCG de Knitra Cours de : micro-conomie Professeur : Hamid Ait Lemqeddem Introduction Si lon interroge au hasard des non-conomistes sur lobjet de lanalyse conomique, on recueille le plus souvent une liste de sujets concrets dont soccupe lconomiste : la production, la consommation, les changes, la monnaie, la croissance, linflation, le chmage, etc.Le rflexe consiste ici isoler dans les phnomnes sociaux observables ceux qui seraient spcifiquement conomiques et donneraient ainsi un contenu concret lanalyse conomique. Cependant, il faut distinguer lanalyse macro-conomique de celle microconomique. Lanalyse macroconomique sintresse principalement linteraction entre des variables conomiques agrges au niveau de lconomie nationale (produit intrieur, chmage, indices de prix, monnaie, consommation des mnages etc).Pour lessentiel, tous les grands problmes conomiques sont macroconomiques (croissance, chmage, inflation, rpartition, dveloppement, etc). Le dveloppement de la thorie macroconomique moderne est largement issu des travaux de John Maynard Keynes dans les annes 1920 et 1930 et des dbats quils ont suscit. La plupart des conomistes contemporains sentendent pour reconnatre que toute thorie macroconomique srieuse est fonde, explicitement ou implicitement, sur une thorie microconomique. Lanalyse microconomique sattache principalement expliquer les comportements individuels et leur interaction. Son niveau dobservation privilgi est celui de lentreprise et du march dun bien ou dun service particulier. Lanalyse microconomique moderne a amorc son vritable dveloppement la fin du XIXme sicle avec les conomistes noclassiques (ou marginalistes).

2. 2 1) Dfinition de la microconomie Du grec micro signifie petit. La microconomie est la partie de la science conomique qui analyse les comportements des individus ou des entreprises et leur choix dans les domaines de la consommation, de la production et de la fixation des prix ou des revenus. Elle conoit la socit comme un ensemble dindividus ayant des relations dchange, elle suppose en outre quils agissent rationnellement c'est--dire quils utilisent au mieux les ressources dont ils disposent, compte-tenu des contraintes quils subissent : - les mnages organisent leurs achats en vue de maximiser leur niveau de satisfaction (utilit en termes conomiques) ; - Les entreprises fixent leur niveau de production en vue de maximiser leur profit. 2) Objet de la microconomique La thorie microconomique a pour objet principal lanalyse de la dtermination simultane des prix et des quantits produites, changes et consommes. Elle prtend respecter dans ses formulations abstraites lindividualit de chaque bien et de chaque agent. Par opposition, le reste de la thorie est le plus souvent macro-conomique raisonnant directement sur les agrgats de biens (PIB) et dagent (mnages et entreprises). Pour le courant noclassique, cette approche doit satisfaire aux exigences de lindividualisme mthodologique. Cette position est vivement conteste par dautres conomistes pour qui la primaut doit tre donne aux institutions collectives et aux normes sociales comme facteurs explicatifs du jeu social. La thorie microconomique est dite un peu improprement thorie des prix et de lallocation des ressources. 3. 3 3) Les objectifs de la microconomie Les objectifs de la microconomie sont : - analyser et prdire le comportement dagents dans un environnement conomique, technique et social donn ; - analyser et prdire les interactions sociales entre agents rsultant de ces comportements ; - analyser le produit de ces interactions, quil sagisse dinstitutions charges de les organiser ou du rsultat du jeu de mcanismes dinteraction moins formaliss comme les changes. 4) Le but de la microconomie Le but de la microconomie est de trouver lquilibre du march, autrement dit les prix et les revenus qui quilibrent loffre et la demande sur le march. Pour cela, la microconomie sappuie sur des modles mathmatiques : le consommateur possde ainsi une fonction dutilit, et le producteur une fonction de production. Ainsi, le programme du consommateur est de maximiser son utilit sous la contrainte de son revenu. Le programme du producteur est de maximiser son profit sous la contrainte des prix des facteurs de production. Il y a confrontation sur le march des consommateurs (la demande) et des producteurs (loffre). La rencontre entre les deux, donne lieu lchange dune quantit de biens et de services un certain prix, soit la ralisation dun quilibre. La dmarche est microconomique, puisquil sagit du comportement du consommateur et du producteur, chacun considr individuellement. Si la rgle est valable pour un consommateur, elle est suppose ltre pour tous les autres consommateurs de mme si elle est valable pour un producteur, elle lest pour tous les producteurs. 4. 4 5) Biens, Agents, Economie a- Biens : le pain, le lait, lnergie lectrique etcsont considrs comme des biens. La quantit de chacun dentre eux tant mesure dans une unit approprie ; b- Agents : sont des individus, groupes dindividus ou organismes qui constituent des units lmentaires agissantes. A chaque agent correspond un centre de dcision autonome. La thorie microconomique, distingue deux principaux types dagents : - les agents producteurs : qui transforment certains biens en dautres biens (entreprises ou firmes) ; - les agents consommateurs : qui utilisent pour leurs besoins propres certains biens (satisfaction directe de leurs besoins) : se sont les mnages. c- Economie : elle est dfinie par une liste de biens, une liste de consommateurs, une liste de producteurs et un vecteur W de ressources initiales. Questions : Dans cet tat de cause, comment les consommateurs et les producteurs vont agir lorsquils se trouvent situs dans un cadre institutionnel caractris par une libre concurrence pure et parfaite et quels prix vont stablir pour les changes entre eux et quel est le meilleur systme de productions et de consommations pour chaque agent conomique ? Pour rpondre ce questionnement ainsi pos, nous allons tudier sparment la thorie de lquilibre du consommateur et la thorie de lquilibre du producteur. 5. 5 CHAPITRE ICHAPITRE ICHAPITRE ICHAPITRE I :::: Lquilibre du consommateur Ce chapitre rpond la question suivante : comment un individu dcide-t-il de rpartir son budget entre les diffrents biens et services disponibles ? La dtermination des conditions dquilibre du consommateur nous permettra de dduire, aux sections suivantes, la thorie du consommateur et les lois dvolution de la demande dun bien. Section 1 : La thorie du consommateur Influencs par la philosophie utilitariste, les conomistes noclassiques de la fin du XIX sicle (essentiellement lAnglais Jevons, lAutrichien Menger et le Franais Walras) ont dvelopp une thorie dans laquelle lindividu rationnel est suppos rechercher le maximum de satisfaction ou dutilit . On suppose dabord que lindividu est capable de mesurer par un indice quantitatif prcis lutilit quil retire de la consommation dun bien, cette approche cardinale de lutilit dbouche sur un principe qui reste fondamental pour lanalyse conomique moderne : les choix individuels rsultent toujours dune galisation la marge des cots et avantages lis aux diffrentes possibilits qui leur sont offertes. Trois concepts importants seront utiliss dans cette analyse : le concept dquilibre (principe n1), le concept de cot dopportunit (principe n2) et le concept danalyse la marge (principe n3). Le consommateur cherchera : 1) tre en quilibre, c'est--dire, quilibrer entre ses dsirs et ses moyens ; 2) en choisissant son achat il renoncera un autre, son choix lui cotera le renoncement un choix de substitution ou cot dopportunit ; 3) en choisissant, il compare chaque fois le cot additionnel (cot marginal) lutilit additionnelle (utilit marginale). Le consommateur cherchera donc maximiser son utilit sous la contrainte du budget. Lorsquil y arrive, il est satisfait : on dit quil est en quilibre. 6. 6 Cet quilibre est analys dans un premier temps par la thorie de lutilit marginale. I- Lquilibre du consommateur par la thorie de lutilit marginale Un consommateur est dit en quilibre lorsquil arrive maximiser sa fonction dutilit compte-tenu des ressources dont il dispose (maximisation de lutilit sous la contrainte budgtaire), ou encore lorsquil russit une allocation optimale de ses ressources, c'est--dire, le revenu quil affecte la consommation constitue sa contrainte budgtaire, lquation du budget scrit ainsi : R= Px X + P y Y (forme implicite) Y= R - Px X (forme explicite) P y Py A- Les concepts dutilit totale et marginale et la fonction dutilit Selon les thoriciens de la valeur utilit, la valeur dun bien quivaut au degr de satisfaction procur par la consommation de ce bien. Ce degr de satisfaction (U) dpend de la quantit du bien utilis : Si le consommateur achte un seul bien, sa fonction dutilit totale scrira: U = f (x) ; Sil achte plusieurs biens (X, Y, Z), sa fonction dutilit totale devient : U=f (X, Y, Z) ; X, Y et Z tant les quantits des biens X, Y et Z. 1) La fonction dutilit La fonction dutilit exprime mathmatiquement lordre de prfrence accord par le consommateur aux diffrents biens qui lui sont proposs : Exemple: si le consommateur achte un kilogramme de viande et 2 kilogrammes de carottes et 3 kilogrammes dorange, sa fonction dutilit, sera : U=f (1 Kg de viande, 2 Kg de carottes, 3 Kg dorange). Elle signifie qu partir du premier Kg de viande, le consommateur prfre acheter les carottes et qu partir du deuxime Kg de carottes, il prfre acheter des 7. 7 oranges. La fonction dutilit permet au consommateur de calculer mme lutilit totale ralise, une fois ces biens acquis. 2) Lutilit totale (U) Lutilit totale, U, dun bien X quelconque, mesure la satisfaction globale que lindividu retire de la consommation de ce bien. Le niveau de U dpond donc de la quantit du bien X. Autrement dit, U est fonction de X, ce qui scrit : U= U (X). Question : dans quel sens et quel rythme lutilit volue-t-elle quand X augmente ? Rponse : ce sens et ce rythme de variation sont mesurs par lutilit marginale. 3) Lutilit marginale Lutilit totale volue par lutilit marginale (Um) qui mesure la variation de lutilit totale la marge, en ajoutant chaque fois une unit supplmentaire du bien X. Cette Um est exprime par la drive de la fonction dutilit totale. Cela suppose par hypothse que le bien soit divisible (et donc mathmatiquement que les fonctions dutilit soient continues et drivables) ce qui permet dexprimer la variation de la fonction dutilit totale U. U = f (x) : sa drive est U = f(X) Ou encore Um = U (o le symbole signifie variation ) X Donc lutilit marginale est mathmatiquement la drive de la fonction dutilit totale. Remarque: si la fonction dutilit totale est plusieurs variables telle : U = f (x, y, z), pour calculer lutilit procure par une unit spare du bien X ou Y ou Z (lutilit marginale), on formule la drive partielle par rapport chaque bien, ainsi : 8. 8 fx (x,y,z) = U ; f y (x,y,z) = U ; fz (x,y,z) = U X Y Z Le rapport f x (x, y,z) = U mesure ainsi laccroissement de lutilit totale (variation X de U) de un accroissement aussi petit que possible de la quantit consomme du bien X (variation de X), il mesure donc lutilit marginale du bien X. B- La mesure de lutilit : les mthodes cardinale et ordinale On peut mesurer lutilit acquise par le consommateur de deux manires : 1. La mesure cardinale Elle repose sur lhypothse irraliste selon laquelle lutilit procure par la consommation dun bien peut tre mesure par une valeur utilit, ou indice dutilit. On dira, par exemple, quun verre deau bu par un consommateur lui a procur 10 utilits (10U), et une pomme consomme une satisfaction de 15U. 2. La mesure ordinale Elle se contente de dterminer lordre de prfrence du consommateur, sans mesurer le niveau dutilit. Dans ce cas si on a, choisir entre deux situations A et B et que B reprsente deux fois la quantit de A, on dira que B est meilleur que A. Remarque : La thorie de lutilit marginale est base sur la mesure cardinale. La thorie des courbes dindiffrences, plus rcente, fait appel la mesure ordinale. C-Evolution de lutilit totale et de lutilit marginale Deux principes sont mettre en uvre. 1- Le principe dintensit dcroissante des besoins Comment volue le niveau de satisfaction de lindividu quand il consomme une quantit croissante dun bien ? Il est raisonnable de penser quil dpend de lintensit 9. 9 du besoin que le consommateur cherche satisfaire : le plaisir est proportionnel au manque prouv avant la consommation. Lanalyse microconomique retient alors une hypothse simple : lintensit dun besoin est dcroissante au fur et mesure que la quantit consomme augmente. Si un individu a soif, il a moins soif partir du deuxime verre, encore moins soif partir du troisime, etc 2- Le principe de lutilit marginale dcroissante Si lintensit du besoin dcroit avec la quantit consomme, la satisfaction prouve pour chaque unit supplmentaire est moins importante que pour la prcdente. Si une personne soif, sa soif diminue au fur et mesure quelle boit, son utilit marginale diminue alors que son utilit totale augmente (lutilit totale tant la somme de toutes les utilits marginales). On considre que les utilits sont mesurables par la mthode cardinale. Illustration Figure n1 : les courbes dutilit totale et marginale 10. 10 UT peut donc tre reprsente par une courbe croissante et Um par une courbe dcroissante. UT atteint son maximum au point de satit ou de saturation du consommateur (point S sur la figure n1). En ce point, Um est nulle : une unit supplmentaire de consommation naugmente plus la satisfaction. Si la consommation de X est pousse au-del, lutilit marginale devient ngative et UT diminue son tour. Une consommation trop importante peut entrainer un dsagrment pour lindividu (effets secondaires de la surconsommation dun mdicament par exemple). Toutefois, un individu rationnel ne devrait pas poursuivre sa consommation au- del du point de saturation du besoin, en fait, lhypothse que lutilit marginale est normalement dcroissante, mais toujours positive (1re loi de Gossen 1853, ou loi de lutilit marginale dcroissante). En admettant la divisibilit parfaite des biens, les noclassiques supposent que la fonction dutilit est une fonction continue. Dans ce cas, lutilit marginale est la drive premire de lutilit totale : Um = lim UT = dUT q0 Q dq Um = (UT) Les 1ers noclassiques ont admis lhypothse de lindpendance des biens et donc de leurs utilits : Exemple : supposons les biens a,b,c UT= UTa + UTb +UTc Remarque : les marginalistes (Stanley Jevons, Carl Menger, Lon Walras) insistrent sur le fait que lutilit dune quantit donne dun bien dpend de la quantit du mme bien dont dispose dj le consommateur. Exemple : le 3me verre deau ou le 3me manteau ont moins dutilit que le premier. 11. 11 D- Choix optimal du consommateur Le consommateur cherche partir de son revenu maximiser son utilit. Sil atteint cet objectif, il est en situation dquilibre. Cet quilibre peut tre atteint en situation dabondance, en situation de raret sans change, ou en situation dchange. Dans ces trois cas, lquilibre est statique puisque durant la priode du raisonnement les prix des biens restent identiques. 1/ Lquilibre en situation dabondance Cest une situation rare, car elle suppose un consommateur riche ou des prix trs bas .Lorsquelle se produit, le choix optimal consiste consommer le bien X, jusquau point o lutilit totale est son maximum, c'est--dire jusqu ce que lutilit marginale soit nulle. La condition dquilibre du consommateur est donc : 2) Lquilibre en situation de raret sans change (conomie montaire) Dans le cadre dune conomie montaire, les biens ne schangent pas entre eux mais contre de la monnaie, cest une situation o le consommateur achte en fonction des prix. Pour un revenu R qui sera dpens, le consommateur dispose sur le march de plusieurs biens et donc de plusieurs prix, comment dpenser ce revenu de manire maximiser la satisfaction sachant que les utilits sont diffrentes selon chaque bien ? Nous raisonnons comme si le consommateur nachte pas des biens, mais achtes des utilits, quil cherchera maximiser, en dpensant un revenu fixe, autrement dit, il ne sagit plus de savoir si lon doit consommer une unit supplmentaire de X et Y, mais de savoir si lon doit dpenser un dirham supplmentaire en bien X ou en bien Y. Par analogie avec le raisonnement prcdent on comprend que loptimum du consommateur est atteint quand lutilit marginale dun dirham dpens sur le bien X est gale lutilit marginale dun dirham dpens sur le bien Y .Autrement dit, ils Um x = 0 12. 12 font toujours galiser les utilits marginales, mais cette fois-ci en les pondrant par les prix des biens X et Y (soit Px et Py). La condition dquilibre du consommateur est donc : Avec (2me loi de Gossen) (pargne= 0) Notons quen divisant Umx par son prix Px, on mesure bien lutilit marginale par unit montaire (par DH) dpens sur le bien X. De mme, il y a maximisation lorsque le rapport des Um est gal au rapport de leurs prix : Application : nous disposons des lments suivants : - deux produits sur le march X et Y ; - Un revenu total du consommateur R= 10 DHS ; - Le prix dune unit de X : Px = 1 DH ; - Le prix dune unit de Y : Py = 2 DHS ; - Un tableau des utilits marginales de X et Y. Q 1 2 3 4 5 6 Umx 8 7 6 5 4 3 Umy 14 12 10 8 6 4 Le consommateur sachant que lUm est dcroissante a la possibilit de dpenser un dirham la fois. Pour quelles quantits de X et Y lUT agrge serait maximise? Rponse : les deux premiers dirhams seront consacrs lachat des deux premires units de X, qui assurent une utilit de (8+7 = 15 U) au lieu de (14U) sil achte une unit de Y 2DHS ; Umx = Umy Px Py Px Qx + Py Qy = R Umx = Px Umy Py 13. 13 Les 4 DHS suivants procureront les deux premires units de Y (14+12= 26 U) , les 2 DHS suivants seront destins lachat de la troisime et quatrime unit de X (6+5= 11U) et les deux derniers DHS serviront lachat de la troisime unit de Y(10 U). En consommant 4 units de X et 3 units de Y partir de son revenu global (10 DHS), lutilit totale agrge ralise par le consommateur est alors gale (15+26+11+10 = 62 U). Toute autre combinaison pour lutilisation des 10 DHS ne fournira quune utilit infrieure 62U. Vrification Umx = 5 et Umy = 10 = 5 Do Px 1 Py 2 De mme Umx = Px = 5 = 1 Umy Py 10 2 Px Qx + P y Qy = R ; 1(4) +2 (3) = 10 DHS. Conclusion : la maximisation de lutilit est ainsi ralise dans la limite du budget. 3) Lquilibre en situation dchange Supposons deux consommateurs A et B disposant chacun dun bien. Si chacun dsire le bien de lautre, ils peuvent accrotre leur utilit totale chacun, par lchange. Cet change serait avantageux pour les deux tant que lUmx/Umy du consommateur A est diffrent de lUmx/Umy du consommateur B. En oprant lchange les deux rapports se rapprochent, jusqu devenir identiques. Il nya plus dintrt continuer lchange, chacun ayant maximis sa satisfaction. Application : Soit deux consommateurs A et B, ayant chacun les utilits marginales suivantes : Umx = Umy Px Py 14. 14 Individu A Individu B Quantits Umx Umy Umx Umy 1 16 12 8 7 2 14 10 6 6 3 12 9 4 5 4 10 8 2 4 a) Y-a-t-il une base dchange intressante pour les deux consommateurs si A dispose au dpart de 1X et 4 Y, et B dispose de 4X et 1Y ? b) Combien doivent- ils changer de biens X contre Y pour que chacun maximise sa satisfaction ? Et combien chacun gagne dans lchange ? Rponse : a) Base dchange possible pour les deux consommateurs Calculons pour cela le TMS xy pour les deux consommateurs : TMS xy de A = Umx/ Umy = 16 = 2 ; 8 TMS xy de B = Umx/ Umy = 2 = 0,28 7 Les deux TMS xy sont diffrents, il ya donc une base dchange mutuellement avantageuse. A est prt cder 2 units de Y pour avoir une unit de X ; Alors que B nest prt cder que 0,28 units de Y pour avoir une unit de X. A accorde donc plus dimportance X que B. b) Lchange optimal entre A et B Calculons les TMS xy jusqu au moment de leur galisation. Individu A Individu B Niveaux Umx Umy TMS xy Umx Umy TMS xy Dpart 16 8 2 2 7 0,28 1er change 14 9 1,55 4 6 0,66 2me change 12 10 1,2 6 5 1,2 15. 15 Les TMS xy se sont rapprochs au fur et mesure de lchange entre A et B jusqu devenir identique pour les deux, marquant ainsi la limite optimale de lchange au niveau dquilibre 3X et 2Y pour A et 2 X et 3 Y pour B. A cde ainsi 2 units de Y (8+9 = 17U), et reoit 2 units de X (14+12=26U) gagnant ainsi : 26U 17U = 9U ; B cde deux units de X (2+4 = 6U), contre 2 units de Y (6 +5 = 11U) gagnant ainsi : 11-6 = 5U. E- Pote et limite de la thorie de lutilit marginale 1- La solution au problme de la valeur Les conomistes classiques du XVIII et du XIX sicles avaient beaucoup de mal rconcilier la valeur dusage et la valeur marchande. La valeur dusage, fonde sur lutilit que reprsente un bien pour les usagers, semblait parfois contradictoire avec la valeur marchande, cest-dire, le prix dtermin par les marchs. Cette contradiction est illustre par le paradoxe de leau et des diamants. Leau, qui est indispensable la vie des hommes, ne vaut rien presque sur les marchs. Les diamants, qui paraissent moins indispensables que leau, ont quand eux une valeur marchande fort leve. Le paradoxe vient de ce que lon fonde ainsi la valeur sur lutilit totale du bien alors que les comportements sont guids par lutilit totale marginale. Ainsi, leau a sans doute une utilit totale trs forte mais elle a une utilit marginale trs faible parce quelle est abondante. Les individus ne sont donc pas disposs consentir des sacrifices importants pour lobtenir. En revanche, le diamant a certainement une utilit totale plus faible que celle de leau, mais il a une utilit marginale bien plus leve parce quil est trs rare. On est donc dispos un sacrifice (un prix) plus lev pour lobtenir. Si lon prend lutilit marginale comme fondement de la valeur, le paradoxe disparat. 16. 16 2-Limite de la thorie de lutilit marginale La limite essentielle de cette thorie tient la dfinition cardinale de lutilit. Les individus ne sont certainement pas capables de mesurer quantitativement lutilit. Une approche ordinale de lutilit parait plus raliste : les individus sont capables de comparer et de classer les choix offerts selon un ordre de prfrence, mais sans attribuer chacun un indice quantitatif prcis. Cest un progrs de cette nature qui va soprer avec la thorie des courbes dindiffrences, dveloppe au dbut du XXme sicle par lItalien Vilfredo Pareto (1848-1923). II) Lquilibre du consommateur par la thorie des courbes dindiffrence Pour classer ses choix, le consommateur ne cherche plus mesurer le niveau dutilit (mesure cardinale), mais simplement indiquer un ordre de prfrence entre les paniers bas sur les quantits (mesure ordinale), ces prfrences peuvent tre exprimes par les courbes dindiffrence. A) Dfinition et proprits des courbes dindiffrence. 1/ Dfinition dune courbe dindiffrence Une courbe dindiffrence est le lieu gomtrique de lensemble des points reprsentant la totalit des combinaisons possibles de X et Y qui donnent au consommateur la mme utilit. Plus la courbe dindiffrence se dplace vers la droite, plus elle exprime un niveau de satisfaction suprieur. Illustration : Figure n2 : Les courbes dindiffrence 17. 17 Les points B et C de la courbe I, expriment ainsi une indiffrence consommer 2X et 6Y ou 3X et 3Y. Lensemble des courbes dindiffrences constitue une carte dindiffrence. 2) Proprit des courbes dindiffrence a) Elles vrifient laxiome de non saturation Cest--dire quelles permettent le classement des combinaisons. En effet, le consommateur a toujours une prfrence pour une combinaison avec des quantits de biens suprieures, ce qui correspond une courbe dindiffrence situe au dessus dune autre. b) Deux courbes dindiffrence ne se coupent jamais : Puisquun mme point ne peut correspondre deux niveaux de satisfaction diffrents. Ainsi, si une solution A est prfre la solution B et que cette dernire est prfre la solution C, A est alors prfre C (principe de transitivit) : A>B et B > C A>C Y B C Intersection impossible A 0 X Selon ce graphique, le point A est indiffrent au point B et au point C. Or les points B et C reprsentent des utilits diffrentes. Il y a donc l une absurdit. c) Les courbes dindiffrence sont dcroissantes. Puisquune indiffrence entre deux combinaisons de X et Y suppose forcment quune variation positive dun bien soit compense par une variation ngative de lautre bien. 18. 18 d) Les courbes dindiffrence sont convexes par rapport lorigine des axes : En effet, la pente ngative de la courbe dindiffrence devient de plus en plus faible au fur et mesure que lon descend le long de la courbe, ce qui sexplique conomiquement par ltude du taux marginal de substitution. Application Soit, pour un consommateur, 4 possibilits de choix reprsentant 4 paniers (ou complexes), contenant chacun une combinaison de deux biens X et Y, ainsi : A = (XA, YA) ; B = (XB, YB) ; C= (XC, YC) ; D = (XD, YD) Les relations qui lient les 4 complexes sont : XB YA Comment classer par ordre dimportance ces 4 paniers en vrifiant les axiomes de transitivit et de non saturation ? Rponse : A~ B B~C (transitivit) A~ C XD> XA D>A (non saturation) YD>YA Do D>A~B~C Conclusion : la combinaison D est suprieure aux trois autres combinaisons, qui sont indiffrentes entre elles. Ces 4 combinaisons sont donc situes sur deux courbes dindiffrence : A, B, C sur la premire et D sur la seconde. B) Le taux marginal de substitution Dplaons-nous le long dune courbe dindiffrence (drivons) pour mettre en vidence les possibilits de remplacement de biens par dautres sur le march, ou substitution. Ce dplacement se mesure par la pente de la courbe dindiffrence, qui est aussi le taux marginal de substitution. 19. 19 1) la pente Y Y = pente faible(en valeur absolue) X Y D2 Y Y = pente forte (en valeur absolue) X D1 0 X X Figure n 3 : la pente La droite D1 a une trs forte pente on inclinaison, et la droite D2 a une trs faible pente. Concrtement, cela implique que Y diminue trs vite le long de D1 et trs lentement le long de D2 lorsque X augmente. Pente = Y X On voit sur la figure que ce rapport est, en valeur absolue, nettement plus lev pour D1 que pour D2. 2) Dfinition du taux marginal de substitution (TMS) Le TMS entre deux biens X et Y exprime le rapport suivant lequel se fait lchange entre ces deux biens en gardant le mme niveau de satisfaction, en dautre terme, il exprime le rapport entre la quantit de bien Y que le consommateur est prs cder et la quantit de bien X quil dsire recevoir en contrepartie pour maintenir constant son niveau de satisfaction, cest--dire en conservant une utilit totale identique : ce taux dcrit donc les conditions de dplacement le Long dune mme courbe dindiffrence. 20. 20 Ainsi le TMS xy mesure le nombre dunits de Y que le consommateur est prt sacrifier pour avoir une unit supplmentaire de X (tout en se maintenant sur la mme courbe dindiffrence). 3) Lexpression mathmatique du TMS Le TMS reprsente algbriquement la drive de la fonction Y= f(x) Courbe dindiffrence I courbe dindiffrence II Qx Qy TMSxy Qx Qy TMS xy -dy/dx -dy/dx 1 10 2 12 2 5 5 3 7 5 3 3,3 1,7 4 4 3 4 2,5 0,8 5 2 2 5 1,8 0,7 6 1 1 Plus le consommateur, descend le long de la courbe, plus le TMS diminue. Ce taux est videment ngatif puisquil y a substitution (augmentation dun bien contre la cession dun dautre), mais le signe (-) de la formule permet davoir des valeurs positives. lTMS xyl = -y x Le signe (-) indique que les quantits X et Y varient en sens inverse. TMS xy = lim y = dy = y x 0 x dx 4) Lexpression conomique du TMS Economiquement, le TMS est gal au rapport inverse des utilits marginales. Ce rapport inverse sexplique par la compensation du gain dutilit et de la perte dutilit sur une courbe dindiffrence. TMS xy = y = Umx = Px (mthode cardinale) x Umy Py 21. 21 Illustration La figure n 4 ci-dessous illustre ce TMS : un consommateur consomme en une semaine 100 grammes de caf et 30 grammes de th. Le prix du caf augmente et le consommateur doit alors dpenser plus pour conserver son niveau de consommation, sil ne dispose pas de revenu supplmentaire, il doit alors composer avec les quantits pour conserver son niveau de satisfaction. Ainsi, il consommera, avec le mme revenu, 80 grammes de caf et 40 grammes de th. Il substitue alors 20 grammes de caf 10 grammes de th. Figure n 4 : Taux marginal de substitution III- Contrainte budgtaire et quilibre du consommateur Les courbes dindiffrence formalisent les prfrences subjectives des individus. Elles prcisent comment ils sont disposs substituer les diffrents biens entre eux, mais elles nindiquent pas la combinaison optimale. Elles prcisent aussi lobjectif du consommateur, qui est datteindre la courbe dindiffrence la plus leve possible, mais on ne sait toujours pas quelle courbe sera prcisment atteinte. Nous navons pour linstant formalis quune partie du problme : le souhaitable. Pour obtenir une thorie complte de la dcision du consommateur, il nous faut encore confronter ce souhaitable au possible, cest--dire intgrer les contraintes qui psent sur sa dcision. 22. 22 A/ La contrainte budgtaire 1) Les contraintes Le consommateur ne peut pas choisir nimporte quelle combinaison des biens X et Y. Il ne peut choisir que parmi lensemble des combinaisons qui sont possibles compte- tenu de son revenu (R) et des prix (Px et Py). Le revenu de lindividu dpend pour lessentiel du prix de son travail (le salaire) qui est fix sur le march du travail ; Les prix sont fixs par lquilibre entre loffre et la demande sur les marchs des deux biens ; Ainsi, R, Px et Py sont des donnes indpendantes des dcisions de consommation prises par lindividu : on dit quelles sont exognes, elles simposent lui comme des contraintes au moment du choix. En pratique, la contrainte budgtaire signifie que la dpense doit tre gale au revenu : Soit : Revenu = dpense sur X + dpense sur Y Donc : Revenu = (prix de X multipli par la quantit) + (prix de Y multipli par la quantit). 2) La droite budgtaire On peut reprsenter graphiquement lensemble des combinaisons (X, Y) quun individu peut acheter avec un revenu donn par une droite. Pour tracer une droite, il suffit den connatre deux points. Choisissons deux points extrmes : - Sur laxe des Y, cherchons la quantit maximum de Y que lindividu peut obtenir sil consomme zro X ; elle est gale son revenu divis par le prix de Y, soit R/Py - Sur laxe des X, cherchons la quantit maximum de X que lindividu peut obtenir sil consomme zro Y ; elle gale sur revenu divis par le prix de X, soit R/Px Joignons ces deux points extrmes et nous obtenons une droite budgtaire qui indique une infinit de combinaisons possibles compte- tenu de revenu et des prix : R = Px.X + Py.Y 23. 23 Y Maximum possible R Py Maximum possible R Pente= Y = - Px Px X Py 0 X Figure n5: La droite budgtaire N.B : la droite de contrainte budgtaire reprsente la srie de toutes les combinaisons possibles de deux biens quun consommateur peut acheter, compte- tenu des prix fixs et du revenu dont il dispose. 3) Lquation de la droite budgtaire Nous pouvons affirmer que la contrainte budgtaire se reprsente par une droite parce que lquation de cette contrainte est celle dune droite. En effet, lquation : R=Px .X +Py.Y peut tre rcrite : R=Px.X+ PY.Y R-Px.X=PY.Y Et, en divisant par Py des deux cots, elle devient : Lquation de la contrainte budgtaire est donc de la forme : Y=aX+b, qui est toujours reprsente par une droite dont la pente est a : [[[[a=-(px/py)]]]]. Revenons sur la signification concrte de cette quation. Elle dcrit comment volue la consommation de Y en fonction de celle de X. Si X=0, la consommation de Y est son maximum = R/py ; Si X>0, Y est gal R/py moins quelque chose. Le rythme auquel la consommation de Y diminue quand X augmente (la pente de la droite) dpend bien entendu du prix relatif des deux biens. Plus X est cher par rapport Y et plus Y diminuera rapidement (plus la pente de la droite est forte, en valeur absolue). Y=(R/Py) (Px/Py) .X 24. 24 Au contraire, si X est bon march relativement au prix de Y, Y diminue trs lentement (la pente est faible). A la limite, si X est gratuit (Px=0), Y ne diminue pas du tout (la pente est nulle, la droite budgtaire est horizontale). Ainsi, -(Px/Py) mesure bien la pente de la droite budgtaire. Application Soit un consommateur disposant dun revenu de 400DHS, quil souhaite dpenser dans lacquisition de deux biens X et Y dont les prix sont respectivement de 4DHS et 10 DHS. TAF : Reprsenter graphiquement la droite du budget ; calculer la pente de cette droite et faire un petit commentaire du rsultat. Rponse : Dans ce cas : R= PxX + Py Y = 400 Donc R= 4X+10Y=400, on peut en dduire la droite reprsentant toutes les combinaisons possibles de X et Y en dpensant R : 1) Reprsentation graphique de la droite de contrainte budgtaire Y 50 F 40 30 20 10 E X 0 0 20 40 60 80 100 120 Figure n 6 : droite de la contrainte budgtaire Acheter 100X et 0 Y (point E) ; Acheter 40 Y et 0 X (point F) ; Ou toute autre combinaison sur la ligne EF. 25. 25 2) Calculons la pente de cette droite EF Exprimons dabord Y en fonction de X : 10 Y = -4X +400 Y = -4X + 40 = aX+b 10 Drivons : Y= dy = -4 = a dx 10 La droite EF a donc une inclinaison exprime par la pente a= - 4 = - Px 10 Py 3) Commentaire La pente de la droite budgtaire exprime le rapport des prix des biens. Cela signifie, que le rapport des prix est gal 0,4 ; ainsi, chaque fois que le consommateur (en descendant le long de la courbe) renonce une unit de Y, il conomise 10 DHS, qui lui permettent dacheter 2,5 units de X (2,5U .4 DHS) pour ne pas changer sa dpense total R=400. Ainsi, tout point situ au dessus de la droite budgtaire montre que le consommateur dpense plus que son revenu, et inversement, tout point situ au dessous de la droite budgtaire signifie quil consomme moins que son revenu. B) Lquilibre du consommateur (recherche de loptimum) Pour tre en quilibre, le consommateur cherchera raliser la combinaison optimale compte- tenu de sa contrainte budgtaire (cest dire rechercher loptimum). 1- La dtermination gomtrique de loptimum Le consommateur cherche le maximum de satisfaction. Il souhaite donc atteindre la courbe dindiffrence la plus leve possible. Mais il ne peut pas atteindre nimporte quelle courbe. Il est contraint de choisir une combinaison sur sa droite budgtaire. Il va donc retenir le point sur cette droite qui atteint la courbe la plus leve. En consquence, la combinaison optimale est dfinie par le point o une courbe dindiffrence est tangente la droite budgtaire (le point E sur la figure n7 ci- dessous) : 26. 26 Figure n7 :Combinaison optimale Notons quen ce point (E), la pente de la courbe dindiffrence (dy/dx) est celle de la droite budgtaire (-Px/Py) sont confondues. On a donc : dy = -Px, or, par dfinition le TMS= -dy Donc : TMS=Px dx Py dx Py On peut montrer que ce rsultat est compatible avec celui de la thorie de lutilit marginale. En effet, le TMS est gal au rapport des utilits marginales de X et de Y. En consquence, au point dquilibre du consommateur (E) on a aussi : TMS= Umx = Px Umy Py En multipliant les deux cts par Umy puis en les divisant par Px, cela est quivalent : On retrouve ainsi, la loi dgalisation des utilits marginales pondres par les prix. Conclusion : A loptimum, le consommateur galise donc le rapport des Um au rapport prix, il galise ainsi les Um pondres par les prix. Application Supposons quun consommateur dispose de plusieurs courbes dindiffrences U1, U2, U3 et dun revenu R=400=4X+10Y. Les prfrences sont exprimes par sa fonction dutilit : U= f(x,y)=X.Y Umx = Umy Px py 27. 27 Il veut dpenser rationnellement son revenu, dans lachat de deux biens X et Y dont les prix sont respectivement Px=4DHS et Py=10DHS . TAF : dterminer graphiquement la combinaison optimale des biens X et Y ? Rponse : Pour maximiser son utilit, le consommateur choisira la courbe dindiffrence la plus leve, qui ait au moins un point commun avec la droite budgtaire, cest-- dire, qui soit tangente celle-ci. Le point de tangence (S) reprsente la situation optimale, ses coordonnes X et Y sont dtermines par la rsolution du systme deux quations suivant : U=XY R= 400=4X+10Y Figure n 8 : Loptimum ou rencontre de la courbe dindiffrence avec la droite du budget La droite du budget est ainsi tangente la courbe dindiffrence : U1=XY=50x20=1000 au point (S) de coordonnes (X=50, Y=20) 2- La dtermination mathmatique de loptimum Il existe plusieurs mthodes pour dterminer loptimum, on cite : la mthode par substitution, par drivation (mthode de Lagrange) et la mthode des exposants. 28. 28 a- La mthode par substitution On utilise la fonction de la droite budgtaire pour en dterminer la valeur de Y, puis on substitue Y dans la fonction dutilit. Par la suite on calcule la drive de la fonction dutilit. Application Soit un consommateur avec une fonction dutilit U=XY et un budget R=400 consacr lachat de deux biens X et Y avec Px=4 et Py=10 TAF : quelles sont les quantits de X et Y qui procurent partir dune dpense de 400 DHS un maximum de satisfaction ? Rponse : Nous avons rsoudre le systme suivant : U=XY (1) R= 400=4X+10Y (2) Exprimant Y par rapport X dans (2), nous avons 400=4X+10Y do 400-4X=Y 10 Remplaons Y par sa valeur dans la fonction U( 1) : U=XY=X (400-4X) = 40X - 4X2 = 40X - 2 X2 10 10 5 Donc U=40X 2X2 U= f(x) = (40X -2X2 ) =0 5 5 * Condition de premier ordre pour la maximisation : U'=0 Do, U= [40-2 (2X)] =0 5 Donc 40= 4X 200= 4X 5 Remplaons X par sa valeur dans R : R= 400=4X+10Y=4. (50)+10Y. 400= 200+10Y Y=20 X=200=50 4 29. 29 * Condition de deuxime ordre : U'0, il y a donc un maximum. c- La mthode des exposants U=XY et R=XPx + YPy On pose : m+n = 1 m + n = 1 (1) m+n m+n m+n m et n tant les puissances de X et Y dans la fonction U. On multiplie cette galit (1) par le revenu R : Rm + Rn = R m+n m+n 33. 33 Ensuite par les prix Px et Py, sachant Px = 1 et Py=1, on obtient donc : Px Py Px Rm + Py Rn =R Px (m+n) Py (m+n) Or, R=XPx+YPy Do: Px Rm + Py Rn = XPx+YPy Px (m+n) Py (m+n) Par identification, on peut tirer : XPx = Px Rm X = Rm Px (m+n) Px (m+n) YPy = Py Rn Y = Rn Py (m+n) Py (m+n) Application de cette mthode lexercice de maximisation prcdente : X = Rm = 400.1 = 400 = 50 Px(m+n) 4(1+1) 8 Y = Rn = 400.1 = 400 = 20 Py(m+n) 10(1+1) 20 Conclusion : le couple (X=50 et Y=20) maximise la satisfaction du consommateur. Remarque : nous retrouverons les valeurs acquises prcdemment. Cette mthode, plus simple, permet doprer plus facilement partir de fonctions plus complexes. 34. 34 3- Lquilibre dynamique : effet des variations de prix et du revenu (modification de lquilibre) Concrtement, lquilibre du consommateur se trouve modifi dans 2 cas : - Lorsque le revenu varie et les prix restant inchangs ; - Lorsque les prix changent et le revenu restant constant. Cela se traduit par deux effets : leffet de revenu et leffet de substitution. a)Variation du revenu prix constant Si le revenu rel du consommateur change, toutes choses gales par ailleurs (prix constants), Nous pouvons dterminer deux courbes : - La courbe de consommation-revenu ; - La courbe dEngel. La courbe de consommation-revenu La courbe de consommation-revenu runie les points dquilibre du consommateur rsultant de la seule variation du revenu de ce dernier. Les variations du revenu prix constants, dplacent la droite budgtaire sans affecter sa pente : la droite se dplace, paralllement elle-mme, vers la droite si le revenu augmente, vers la gauche si le revenu diminue. Illustration : Supposons que le revenu du consommateur volue en trois units de temps, passant de R3=70,7 ; R2=100 et R4=120, toutes choses gales par ailleurs. En joignant les points dquilibre S3, S2 et S4, nous obtenons la courbe de consommation- revenu. 35. 35 Figure n9 : La courbe de consommation-revenu La courbe dEngel La courbe dEngel indique lvolution des achats dun seul bien (le bien X par exemple) en fonction de lvolution du revenu du consommateur. Illustration Figure n10 : La courbe dEngel 36. 36 - La courbe dEngel a une pente positive : llasticit revenu est positive (eR>0), X est donc un bien ordinaire ; - Lorsque la courbe dEngel prsente une pente ngative (eR 1 Suprieur 0 e 1 Normal eP2>P3 et que X1 YPy = XPx => X = YPy (2) X Py Px En remplaant X par son expression dans la troisime quation (3), nous avons : R=XPx+YPy R=YPy.Px+YPy=> R=2YPy=> Y = R Px 2Py En remplaant Y par son expression dans la troisime quation (3), nous avons : R=XPx+YPy R= XPx+R . Py=XPx+ RPy 2Py 2Py R= XPx.2Py+RPy = Py(2XPx+R) 2Py 2Py R= 2XPx+R 2 2R=2 XPx+R =>R=2XPx => X = R 2 Px Remarque : les fonctions de demande obtenues signifient que la consommation de chaque bien dpend du revenu et du prix de ce bien. La thorie de la demande nous a permis jusqu ici de prciser les formes de relations entre la demande, dune part, les prix et les revenus, dautre part. Il reste mesurer la force de ces relations et leur intensit, grce ltude des lasticits de la demande. 51. 51 B-Elasticit prix de la demande Le concept dlasticit-prix mesure le degr de sensibilit de la demande aux variations du prix. 1- Dfinition dlasticit prix de la demande Llasticit-prix de la demande dun bien est gale au rapport entre le pourcentage de variation de la quantit demande et le pourcentage de variation du prix. Illustration : Considrons une fonction de demande de la forme Q=f(p), o la quantit demande est une fonction dcroissante du prix (P). Le coefficient de llasticit prix de la demande (ep) mesure la variation en pourcentage de la quantit demande dun bien, un moment prcis, rsultante dune variation donne en pourcentage du prix du bien. Lorsque llasticit prix de la demande est gale (-2), cela signifie que la consquence (variation de la demande) est deux-fois plus importante que la cause (variation du prix) : c'est--dire une augmentation du prix de 10 entrainera alors une diminution de la demande de 20, la formule tant : ep = lim Q/Q = Q. P P 0 P/P P Q AN : ep = -20/100 = -20 . 100 = -2 +10/100 +10 100 ep=-2 Remarque : Llasticit de la demande par rapport au prix est habituellement ngative, vu que la demande est une fonction dcroissante du prix. Deux types dlasticit sont distinguer : llasticit directe et llasticit croise. 52. 52 2- Elasticit directe Elle exprime la raction de la demande dun bien par rapport son propre prix. 1er cas : Calcul de llasticit prix partir dune fonction de demande Lorsquon dispose de lquation de la fonction de demande, la mesure de llasticit se fait dune manire directe : Exemple : Soit la fonction de demande : Q= -1/2 P+4 . Llasticit- prix est gale : AN : ep =Q . P = -1/2. P Q -1/2 P+4 On multiple par (2) au numrateur et au dnominateur : ep = 2 -1/2. P = - 1 2P = -P 2 -1/2 P+4 2 -P+8 -P+8 Si P=2, nous aurons : ep = -2 = -0,33 6 C'est--dire si, par exemple, P augmente de 1, la demande diminuera de 0,33. ep = -P -P +8 ep = Q . P P Q Q : nest autre que la drive de la fonction P Q par rapport au prix P 53. 53 Si P=4, nous aurons : ep =-4/4 =-1 Si par exemple P augmente de 5, la demande diminuera de 5. 2me cas de llasticit dun arc de courbe Si lon dispose la place de la fonction de demande, de la table et de la courbe de demande, dun bien X sur le march suivant : Calculons llasticit (e) de larc de la courbe CE du point C E et de E C. De C E, e = Q . PC = (8-4) . 4 P QC (2-4) 4 e= 4 .1 = -2 (-2) De E C , e= Q PE = (4-8) . 2 = -4 . 2 P QE (4-2) 8 2 8 e= -2 e= -1/2 54. 54 Remarques : La diffrence entre les deux rsultats est due lexistence dune base de calcul diffrente dans chaque coefficient. Ainsi un prix lev, raction forte et un prix faible raction faible. Une solution parfois retenue consiste prendre pour base de calcul non les valeurs respectives de X et Px en A ou en B, mais la moyenne de leurs valeurs en ces deux points : e arc = Q . (PA+PB)/ 2 P (QA+QB)/2 DONC Mais quand on connat lquation de demande dcrivant la liaison fonctionnelle entre le prix et la quantit, il est prfrable de recouvrir llasticit point. 3me cas : llasticit -point Mesurer llasticit en un point revient calculer le pourcentage de variation tellement petit du prix (tendant vers zro) que lon reste pratiquement au mme point sur la courbe de demande. On sait que la drive de X par rapport Px mesure, prcisment limpact sur X dune variation infiniment petite de Px. Dans notre formule de calcul prcdente, il suffit donc de remplacer Q par dq et nous obtenons llasticit point : P dp e= dq . P dp Q 3- Elasticit croise Llasticit croise de la demande du bien X par rapport au prix dun bien Y est gale au rapport entre le pourcentage de variation de la quantit demande du bien X et le pourcentage de variation du prix du bien Y. e arc = Q. PA+PB P QA+QB 55. 55 exy = Qx/Qx = Qx . Py Py/Py Py Qx Ou bien exy = dQx . Py (lasticit en un point) dPy Qx Remarque : Si exy =0, les deux biens sont indpendants : une variation de Py na aucun effet sur la consommation de X ; Si exy> 0, les deux biens sont substituables : une variation de Py entraine une variation moins que proportionnelle et dans le mme sens de la consommation de X ; (th et caf) ; Si exy < 0, les deux biens sont complmentaires : une variation de Py entraine une variation moins que proportionnelle et en sens inverse de la consommation de X (papier et stylo). 4- les diffrents aspects de llasticit prix de la demande : 56. 56 II) La demande et le revenu A - La fonction de demande 1- Construction de la courbe de demande La construction graphique de la courbe en fonction du revenu suit la mme mthode que celle adopte pour la demande en fonction du prix. Sur un nouveau graphique, on reporte en ordonnes les quantits consommes aux points dquilibre et, en abscisses, le revenu correspondant. En joignant les points ainsi obtenus, on dessine une courbe qui dcrit lvolution de la demande du bien en fonction du revenu de lindividu : il sagit de la Courbe dEngel du nom dun statisticien Allemand (1821-1896) qui tudia les effets du revenu sur la consommation. 57. 57 2- Les lois dEngel Selon que leffet du revenu sur la consommation est positif ou ngatif, fort ou moins fort, on obtient diffrentes courbes de demande, on peut construire trois types de courbes dEngel (sur la figure suivantes n17) aux quels on associe souvent certaines catgories de biens ou services. Figure n17 : Les courbes dEngel a) Les biens infrieurs (courbe D1) Leffet revenu est ngatif, lamlioration du niveau de vie amne les consommateurs se dtourner de ces biens considrs comme infrieurs au profit de biens de meilleure qualit (on passe du pain noir au pain blanc, de la margarine au beurre, etc) . b) Les biens normaux (courbe D2) Leffet revenu est positif et la consommation augmente aussi vite ou moins vite que le revenu, ainsi Engel estime que, lorsque le niveau de vie slve, la part des produits alimentaires dans le budget des mnages baisse et que celle de lhabillement et des logements est constante. 58. 58 c) Les biens suprieurs (courbe D3) Leffet revenu est positif et la consommation augmente plus vite que le revenu, en consquence, la part de ces biens dans la consommation des mnages saccroit avec le revenu, Engel classe dans cette catgorie la plupart des autres biens (ceux qui ne rpondent pas aux trois besoins primaires : alimentation, habillement, logement). B- Elasticit revenu de la demande Llasticit-revenu mesure pour un individu ou un groupe dindividus, le degr de sensibilit de la demande dun bien par rapport au revenu. Llasticit revenu de la demande dun bien est gale au rapport entre le pourcentage de variation de la quantit demande et le pourcentage de variation du revenu. La formule de calcul est tablie de faon analogue celle de llasticit-prix il suffit simplement de remplacer le prix du bien (Px) par le revenu (R). On a donc : eR= Q/Q = Q . R R/R R Q Rsultat Si eR bien infrieur ; Si 0< eR< 1 => positive et faible (inlastique) : Bien ordinaire (normal) ; Si eR > 1 => bien de luxe (lastique) : (suprieur). Remarque : Parfois, le mme bien peut tre un bien de luxe pour une catgorie sociale et un ordinaire ou infrieur pour une autre catgorie sociale. 59. 59 Section 3 : Notions sur la nouvelle thorie du consommateur Lorigine de cette nouvelle thorie est largement attache des travaux mens dans les annes 1960 par lconomiste Amricain G.S.B. Becker. Elle ne rejette pas Lancienne thorie, mais largit considrablement son champ dapplication. A/ Les limites de la thorie traditionnelle - La stabilit des prfrences remis en question La thorie traditionnelle du consommateur explique lvolution de la demande par les variations des prix ou du revenu. Les gots et les prfrences des consommateurs sont considrs comme des donnes exognes, stables, et nentrent jamais en compte dans lexplication des comportements. En effet, dun point de vue scientifique, on ne peut expliquer un comportement par une hypothse sur les gots ou les prfrences de lindividu, parce quil serait impossible de soumettre une telle hypothse lpreuve des faits, Cependant, on a pu critiquer la microconomie traditionnelle pour son incapacit rendre compte de phnomnes difficilement explicables par les seules variations des prix ou du revenu. Cette incapacit ouvre la voie des explications psychologiques faisant appel des conjectures invrifiables sur les gots et les prfrences individuelles. Le dveloppement dune nouvelle thorie du consommateur vise en partie viter cet cueil. Nous allons montrer comment elle y parvient, aprs avoir voqu quelques critiques adresses la thorie traditionnelle. - Lvolution des modes de consommation Si les prfrences sont sables, comment interprter la transformation rapide des modes de consommation au XXe sicle ? Llvation du revenu peut expliquer laugmentation du volume de la consommation, mais pas lvolution de sa structure. A la limite, les prix relatifs pourraient expliquer la rpartition du budget entre les biens et services existants, mais pas lapparition incessante de nouveaux biens et services qui viennent satisfaire ce que le langage courant dsigne comme des besoins nouveaux. Le besoin de tlvisions, de magntoscope, de disques compacts, de skate-boards, etc, nexistait pas avant que des industriels la recherche de nouveaux profits ne mettent au point ces produits et parviennent convaincre les consommateurs de leur utilit, notamment travers la publicit. Tous les discours sur les effets de la publicit, soi- 60. 60 disant capable de crer des faux besoins , refltent lincapacit de la thorie conomique traditionnelle expliquer certaines des caractristiques majeures des socits de consommation. - Les choix non- marchands Par ailleurs, si lindividu ne tient compte que du revenu et des prix, comment expliquer les choix qui dbordent largement de la sphre des dcisions marchandes ? Par exemple, qui-ce qui dtermine le nombre denfants quun mnage dcide de mettre au monde ? Pourquoi les taux de natalit baissent-ils sensiblement quand le niveau de vie slve ? Certains croient pouvoir dduire de ces observations un dveloppement du matrialisme , voire de lgosme des individus, qui prfreraient dsormais les satisfactions issues de la consommation et des loisirs celles de la vie familiale. Face ce type phnomne, peut-on vraiment, comme le fait lanalyse conomique, soutenir que les prfrences des individus ne changent pas ? La nouvelle thorie du consommateur rpond oui en comblant les lacunes de la microconomie traditionnelle. B/ La nouvelle thorie du consommateur - Distinction entre biens et besoins La thorie traditionnelle confond les biens et services et les besoins quils doivent satisfaire. Quand on crit une fonction dutilit sous la forme : U=U(X,Y,Z), on suppose que lindividu cherche satisfaire un besoin de X , un besoin de Y , etc. Autrement dit, le consommateur a un besoin de tomates, un besoin de voiture, un besoin de journauxLa nouvelle thorie conteste cette hypothse en soulignant que lindividu na pas besoin de tomate mais quil a besoin de se nourrir ; il na pas besoin de voiture mais a besoin de se dplacer (ou de montrer ostensiblement sa prosprit !) ; il na pas besoin de journaux mais dinformation, etc. Ds lors, lhypothse de stabilit des prfrences redevient compatible avec un changement dans le mode de consommation. En effet, un mme besoin stable peut tre satisfait par des biens diffrents, utiliss seuls ou combins entre eux. La fonction dutilit scrit dsormais : U=U (alimentation, dplacement, information, rputation, etc). 61. 61 Ainsi, les arguments entre parenthses ne sont plus des biens mais des satisfactions que lindividu cherche en combinant les diffrents biens et services entre eux. Pour chacune de ses satisfactions (S), il existe une fonction de production du type S=S(X,Y, Z,), o X,Y et Z reprsentent les biens et services. Les biens ne sont plus lobjet du dsir ; ils ne sont que les facteurs de productions, volutifs et interchangeables selon lvolution des cots ou des techniques, contribuant satisfaire les vritables besoins qui se trouvent dans la fonction dutilit. Cette dernire peut rester parfaitement stable mme si les techniques de production des satisfactions adoptes par les individus, et donc les modes de consommation, voluent rapidement. -Intgration du cot du temps La thorie traditionnelle nglige un aspect essentiel dans lutilisation des diffrents biens et services : la consommation plus ou moins importante de temps. Or, le temps est une ressource rare, au mme titre que les biens, son utilisation a un cot dopportunit : lensemble des satisfactions que lon pourrait obtenir en faisant un autre usage de son temps. La nouvelle thorie bauche ci-dessus permet dintgrer le cot du temps dans lanalyse, en introduisant le temps comme lun des facteurs de production des satisfactions : S=S(X,Y, Z ,temps). On peut, ds lors, comprendre des phnomnes que la thorie traditionnelle ne pouvait expliquer en labsence dhypothse supplmentaire sur les gots ou les prfrences. On peut, par exemple, expliquer la baisse de la natalit dans les pays riches, tout en supposant que les individus aiment autant les enfants que par le pass. En effet, dans ces pays, llvation rapide des salaires rels depuis les annes 1950 entrane une augmentation considrable du cot du temps. Chaque heure consacre aux activits domestiques a un cot dopportunit bien suprieur celui quelle avait dans le pass, parce que, sur le march du travail, cette heure permettrait de gagner un salaire qui a fortement progress. Simultanment, le prix rels des biens (cest--dire le cot en heure de travail) ne cesse de dcrotre en raison des progrs techniques et de la production en grande srie. Dans un contexte o le prix du temps slve tandis celui des biens diminue, des individus rationnels vont chercher satisfaire les mmes besoins, que lon peut supposer constants, en adoptant des mthodes qui conomisent le temps en utilisant de plus en plus de biens 62. 62 et services marchands. Ainsi, on peut faire lhypothse que les mnages ont moins denfants parce quil sagit dune source de satisfaction particulirement vorace en temps. En revanche, ils dpensent beaucoup plus dargent pour leurs enfants, en vtements loisirs, ducation, sant, etc... La supposition, impossible vrifier ou infirmer, dun amour moins marqu pour les enfants nest donc pas ncessaire pour comprendre la baisse de la natalit. Lamour (ou la prfrence pour les enfants) naurait pas chang ; mais les faons de le manifester se seraient adaptes lvolution du prix relatif des biens et du temps. -Intgration du capital humain On peut aussi intgrer, dans la fonction de production des satisfactions, le capital humain de lindividu, cest--dire lensemble des expriences, connaissances, qualifications quil a acquises depuis sa naissance et qui le rendent plus ou moins capable de produire des satisfactions avec un ensemble donn de biens et services. Un individu que ses parents ont inscrit trs jeune un cours de piano prouvera probablement plus de satisfaction jouer du piano quun individu qui naurait jamais tudi cet instrument ; pour comprendre cela, il nest ni ncessaire ni utile de supposer que lun aime plus de piano que lautre. Des individus peuvent trs bien prouver le mme besoin de dtente, ou de cration, ou dmotion, mais le satisfaire chacun par des activits trs diffrentes parce quils nont pas la mme capacit de produire des satisfactions dans une activit donne : ce ne sont pas leurs gots qui diffrent mais leur capital humain. Il importe de bien comprendre la dmarche de cette nouvelle approche : il ne sagit nullement daffirmer que les gots, la personnalit, lamour, etc., sont sans importance dans les comportements humains ; lconomiste nadopte pas une position philosophique sur cette question, mais une position mthodologique. Quelle que soit limportance relle des gots et des prfrences, ceux-ci ne peuvent fournir que des explications impossibles rfuter, par consquent non scientifiques ; on doit donc dfinir une mthode qui permette de raisonner comme si les gots et les prfrences taient stables et sans incidence sur les changements de comportement. Cette mthode nest pas justifie parce quelle est exacte ou raliste ; elle lest tant quelle permet 63. 63 dmettre des hypothses rfutables qui autorisent une prvision efficace des comportements.