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ETUDE ECONOMIQUE DU TIERS MONDE- L’AFRIQUE 15 février 2014 Page 1 sur 14 CHAP. 8 LE NIGERIA : ETUDE ECONOMIQUE - Présenter le Nigeria ; - Montrez que par ses ressources naturelles, l’importance et le dynamisme de sa population, le Nigeria est une puissance africaine ; - Identifier les principaux problèmes du Nigeria. INTRODUCTI ON L'essentiel du développement économique du Nigeria s'est produit dans le sud du pays, où les premiers colonisateurs européens et plus particulièrement britanniques se sont installés à partir du milieu XVI e début XVII e siècles, dans le cadre de la compétition générale pour le contrôle du commerce dans l'Atlantique. Pour concurrencer les Hollandais dans le commerce des esclaves, la Company of the Royal Adventurers obtint une charte de monopole pour l'Afrique de l'Ouest dès 1660, puis fut remplacée en 1672 par la Royal African Company. Après l'élimination progressive des Hollandais au XVIII e siècle et la chute de Napoléon Bonaparte en 1815, le Royaume-Uni resta la seule puissance dominante de la région.

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CHAP. 8

LE NIGERIA : ETUDE ECONOMIQUE

- Présenter le Nigeria ;

- Montrez que par ses ressources naturelles, l’importance et le dynamisme de sa population, le

Nigeria est une puissance africaine ;

- Identifier les principaux problèmes du Nigeria.

INTRODUCTI

ON

L'essentiel du développement économique du Nigeria s'est produit dans le sud du pays, où les

premiers colonisateurs européens et plus particulièrement britanniques se sont installés à

partir du milieu XVIe–début XVII

e siècles, dans le cadre de la compétition générale pour le

contrôle du commerce dans l'Atlantique. Pour concurrencer les Hollandais dans le commerce

des esclaves, la Company of the Royal Adventurers obtint une charte de monopole pour

l'Afrique de l'Ouest dès 1660, puis fut remplacée en 1672 par la Royal African Company.

Après l'élimination progressive des Hollandais au XVIIIe siècle et la chute de Napoléon

Bonaparte en 1815, le Royaume-Uni resta la seule puissance dominante de la région.

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Le commerce des esclaves fut la cause essentielle des conflits meurtriers qui ensanglantèrent

le sud du pays pendant les trois siècles où il fut pratiqué. Vers le milieu du XIXe siècle, il

devint plus intéressant pour les Britanniques de trouver de nouveaux débouchés pour leurs

produits manufacturés, ainsi que d'assurer leur mainmise sur le commerce de l'huile de palme

et de l'ivoire, au besoin en imposant leur pouvoir directement sur les chefs des tribus côtières

de ce qui deviendra le Nigeria.

En 1850, les principales bases britanniques étaient situées dans le delta du Niger et à Lagos,

mais un mouvement de développement de l'arrière-pays fut entrepris afin notamment de

contrecarrer les éventuelles revendications territoriales des autres puissances coloniales.

Lagos devint une colonie de la Couronne en 1861 pour permettre une meilleure lutte contre le

trafic d'esclaves désormais illégal, juguler les luttes intestines entre yorubas, et empêcher que

les Français ne s'en emparent. Les nouveaux occupants favorisèrent le développement dans

les années qui suivirent de cultures commerciales et, lors de son accession à l'indépendance en

1960, le pays était la première puissance agricole du continent africain.

République fédérale du Nigeria (forme longue), Nigeria (forme courte). État d'Afrique

occidentale, le Nigeria est ouvert au sud sur l'Atlantique (golfe de Guinée), limité à l'ouest par

le Bénin, au nord par le Niger et le Tchad, à l'est par le Cameroun. Le pays dispose d’une

Superficie de 924 000 km²1. Membre du Commonwealth, le Nigeria est un État fédéral qui se

compose de 36 États (Abia, Adamawa, Akwa Ibom, Anambra, Bayelsa, Bauchi, Benue,

Borno, Cross River, Delta, Eboniyi, Edo, Ekiti, Enugu, Gombe, Imo, Jigawa, Kaduna, Kano,

Katsina, Kebbi, Kogi, Kwara, Lagos, Nassarawa, Niger, Ogun, Ondo, Osun, Oyo, Plateau,

Rivers, Sokoto, Taraba, Yobe et Zamfara), auxquels s'ajoute le territoire fédéral de la capitale.

À la différence de micro-États ou de vastes espaces désertiques ou enclavés du continent

africain, l'économie nigériane dispose de nombreux atouts : une façade maritime, une gamme

de climats favorables aux cultures vivrières et commerciales, d'importantes ressources

énergétiques, une solide armature urbaine et de bonnes infrastructures de transports. Elle est

cependant confrontée à de nombreux problèmes : la pression démographique, la persistance

des oppositions ethniques et religieuses qui rendent fragile l'unité de la république fédérale, la

dépendance à l'égard du pétrole, la contrebande ou encore la corruption contre laquelle les

régimes successifs ont toujours affirmé leur intention de lutter sans parvenir apparemment à la

vaincre.

I- MILIEUX NATURELS

Le Nigeria s'étend de 4° à 14° de latitude nord. Il en résulte une grande diversité des milieux

naturels.

A- Une grande diversité dans les unités de relief.

1 923 768 km²

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Une grande diversité d’abord dans les unités de relief. Les géographes nigérians distinguent

douze régions morphologiques regroupées sous les deux rubriques de hautes terres

(highlands) et de terres basses (lowlands).

Trois unités peuvent être distinguées dans les hautes terres : le plateau du Centre-Nord, formé

des hautes plaines du pays haoussa et des montagnes du plateau de Jos, socle ancien façonné

en plusieurs surfaces d'aplanissement, de 600-700 m d'altitude à 1 200-1 800 m ; les hautes

terres de l'Est (Eastern uplands), qui correspondent à l'Adamaoua nigérian2 et aux massifs

montagneux voisins (monts Alantika et Shebshi), dépassant 2 400 m d'altitude ; les hautes

terres de l'Ouest (Western uplands), surfaces granitiques donnant de beaux dômes cristallins

entre 300 m et 600 m d'altitude, et culminant vers 1 000 m.

Les plaines sont bien représentées et s'étendent sur une grande partie de l'espace nigérian :

plaines littorales et deltaïques du golfe de Guinée ; bassin sédimentaire au sud-est et bassin de

la rivière Cross ; plaines de la Bénoué et de la vallée du Niger ; plaines de Sokoto, au nord-

ouest ; plaines tchadiennes, au nord-est.

B- Une gamme de climats

Le Nigeria, en raison de sa latitude, décline, du nord au sud, toute la gamme des climats que

connaît le continent africain.

Sur la côte, l’air marin équatorial est chaud, chargé d’une forte humidité. Il amène

d’importantes chutes de pluie. Progressivement en remontant vers le nord, le climat s’assèche

: tropical sur les plateaux centraux, il devient semi-désertique au nord, sous l’influence des

vents secs venus du Sahara (l’harmattan), avec des pluies de plus en plus rares.

La moyenne des précipitations est comprise entre 2 497 mm à Port Harcourt, dans le delta du

Niger, et 869 mm à Kano, dans le nord du pays. L’ouest du pays, moins arrosé que l’est,

connaît des précipitations oscillant entre 1 000 et 1 500 mm et 1 500 et 2 000 mm par an. Les

températures varient également selon les saisons (de 25 °C à 32 °C au sud, de 35 °C à 41 °C

au nord).

Le régime des pluies dans le Sud-Ouest offre un rythme typiquement subéquatorial (deux

saisons de pluies et deux saisons sèches ; le Sud-Est a un rythme plus simple, influencé par la

mousson guinéenne, avec de très fortes pluies d'avril à novembre et une petite saison sèche en

décembre et janvier ; les régimes pluviométriques du Centre et du Nord sont de type

soudanien, avec une saison des pluies pendant l'été boréal, mais dont la longueur diminue vers

le nord, passant de 6 ou 7 mois à 4 mois.

C- Une grande diversité de formations végétales

Le Nigeria offre une grande diversité de formations végétales, de la forêt équatoriale toujours

verte jusqu'aux savanes à affinités sahéliennes des rives du Tchad, en passant par les forêts

2 Enfin, à l’est du pays, le massif de l’Adamaoua s’élève en bordure du Cameroun. Le point culminant du

Nigeria est le Dimlang (ou pic Vogel, 2 040 m).

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claires plus ou moins savanisées du Centre. Des plaines herbeuses recouvrent les principaux

massifs (plateau de Jos, hauteurs de la frontière camerounaise).

Au sud, la région arrosée est en partie occupée par les restes des forêts tropicales denses,

riches en feuillus (acajou). Les palmiers à huile y sont particulièrement nombreux. La plaine

côtière est couverte par des mangroves et par des forêts de palétuviers, qui s’étendent par

endroits jusqu’à 16 km à l’intérieur des terres. Sur les plateaux, les forêts cèdent la place à une

savane arborée (baobab, tamarinier) qui couvre presque 40 p. 100 du territoire nigérian. Au

nord-est, la végétation est semi-désertique.

D- L’hydrographie

Les plateaux nigérians sont coupés par des cours d’eau qui alimentent les plaines des bassins

du Niger et du lac Tchad. La rivière Komadugu et ses affluents prennent leur source sur les

plateaux de Jos et de Bauchi (mont Goura, 1 600 m). Ils s’écoulent vers le nord-est dans une

grande plaine marquée par des affleurements de granit avant de venir alimenter le lac Tchad.

Le Nigeria est traversé par deux grands fleuves, le Niger à l’ouest et son affluent le Bénoué à

l’est. Le fleuve Niger pénètre dans le pays par le nord-ouest. Il reçoit les eaux de plusieurs

affluents (Bénoué, Sokoto, Kaduna). La Bénoué vient de l’est (Cameroun) et rejoint le Niger

sur le plateau central, et forme la ligne de partage entre le nord et le sud du pays. Leur

navigation est entravée par les rapides. Seule la portion reliant Onitsha au golfe de Guinée

(100 km) est navigable toute l’année. Le Niger se jette dans l’Atlantique, formant un vaste

delta aux multiples canaux de près de 20 000 km² (Port Harcourt).

D- Ressources naturelles

Le Nigeria possède en quantité importante des gisements de minerai de fer et de sel dans la

région de la savane. On trouve de l’étain et du niobium sur les plateaux (plateau de Jos). Le

pays abrite de riches gisements de pétrole3 et de gaz naturel

4, situés dans le delta du Niger

ainsi que dans la baie du Bénin et le golfe du Biafra. Le Nigeria recèle également de

nombreuses mines de charbon, de plomb et de zinc et, dans une moindre mesure, des mines

d’or et d’uranium. Au niveau minéral, le Nigeria dispose dans son sous-sol de gisements

appréciables de colombite (un minerai de niobium), fer, zinc, étain, or, pierre à Chaux et

marbre).

II- UNE POPULATION IMPORTANTE MAIS DIVISEE

Nigeria : données-clés de la démographie5

3 (2,5 millions de barils/jour, 15e producteur mondial en 2008[4]). Le niveau estimé des réserves serait de 35

milliards de barils selon l'OPEP, mais a régulièrement progressé ces dernières années grâce à la prospection off-

shore. 4 En marge du secteur pétrolier, d'importants gisements de gaz naturel (3700 milliards de m3, 2e rang africain,

2,5 % des réserves mondiales prouvées) ont également été découverts, toujours dans le sud du pays. 5 Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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Population 138 283 240 habitants (2008)

Densité de population 151,8 habitants au km2 (2008)

Taux de fécondité 5,4 enfant(s) par femme (2008)

Taux de mortalité 16,4 ‰ (2008)

Taux de mortalité infantile 93,9 ‰ (2008)

Taux de croissance de la population 2,38 % (2008)

Espérance de vie hommes : 47,1 ans (2008) femmes : 48,5 ans (2008)

Population par tranches d'âge moins de 25 ans : 62 % (2008) 25-64 ans : 34,9 % (2008) plus de 65 ans : 3,1 % (2008)

Taux d'urbanisation 48,3 % (2005)

Taux d'alphabétisation hommes : 77,8 % (2005) femmes : 63,8 % (2005)

IDH 0,448 (2006)

A- Une population nombreuse mais au taux d’accroissement en diminution

Le Nigeria est le pays le plus peuplé du continent africain, mais le chiffre de la population est

sujet à caution. Le recensement de 1992 décompte seulement 88 millions d'habitants, alors

que même les organisations internationales l'estimaient jusque-là généreusement à 120

millions (chaque région gonflant le nombre de ses habitants pour s'assurer une plus large

représentation au Parlement fédéral). On en est revenu, depuis, à des estimations plus

raisonnables, de l'ordre de 114 millions d'habitants en 2001. Sa population, estimée à 138

millions d'habitants en 2008, a doublé depuis 1970. En 2012, sa population se chiffrait à

plus de 170 millions d'habitants, faisant de lui le 7e pays le peuplé du monde.

La densité moyenne de population est de 152 habitants au km². Le taux annuel

d’accroissement de la population est en diminution : sur la période 1990-1995, il s’élevait à 3

p. 100, et en 2003 il atteignait 2,52 p. 100. La mortalité infantile a, en revanche,

considérablement régressé, passant de 157,6 p. 1 000 en 1970 à 94 p. 1 000 en 2008. Il

conserve un taux de natalité (39 ‰) et un indice de fécondité (5,4 enfants par femmes)

toujours très élevés, d'où la grande jeunesse de la population (45 % des habitants sont âgés de

moins de 15 ans, 3 % seulement ont plus de 65 ans).

B- Une population marquée par des antagonismes ethniques et religieux

Le Nigeria compte trois grands groupes ethniques dont les différences culturelles et

religieuses suscitent des antagonismes vivaces : les Yorubas dans le Sud-Ouest, en partie

islamisés (autant de musulmans que de protestants); les Ibos dans le Sud-Est, surtout chrétiens

(catholiques) et animistes ; les Haoussas et les Peuls des anciens sultanats du Nord, très mêlés

et presque exclusivement musulmans. À ces principaux groupes s’ajoutent une mosaïque de

communautés plus petites : Edos, Ijos et Ibibios, au sud ; Nupes (islamisés) et Tiv (animistes)

au centre ; Kanouri au nord-est, en bordure du lac Tchad.

Napoléon considérait que la puissance des États est dans leur géographie, l’important est la

maitrise de l’espace. Or, avec 20 % de Yorouba, 18 % d’Ibo et 28 % d’Haoussa-Foulani, la

population nigériane est autant un élément de puissance qu’un facteur déstabilisateur. Ces

trois parties régionales luttent pour le contrôle du centre fédéral. Et, même au sein des

régions, les divisions sont courantes (exemple : Biafra 1967).

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Afin de lutter contre le régionalisme et satisfaire les demandes de partage émanant des

minorités désireuses d’avoir un État propre, le découpage politique et géographique a été

plusieurs fois redessiné depuis 1967, regroupant des territoires ethniquement et culturellement

contrastés : douze États en 1967, dix-neuf en 1976 puis vingt et un en 1988, trente en 1991 et

trente-six en 1996. Les régimes qui se sont succédé depuis l'indépendance, en 1960, ont

voulu briser l'emprise respective des trois grands groupes ethniques sur chacune des trois

régions (Nord, Sud-Ouest, Sud-Est) qui constituaient alors l'État fédéral. La division en 21

puis 36 États a toutefois diminué les risques d'affrontements ethniques

Néanmoins, le pays reste fragile avec les problèmes ethnico-religieux : les intégristes des

différentes religions, notamment les fondamentalistes islamiques, ont installé la charia (loi

islamique) dans les États du nord. On assiste d’ailleurs à une radicalisation de l’islam

nigérian. Le pays concentre le plus grand nombre de mouvements islamistes de la région (six

sont listés par les services de sécurité nigérians). Une estimation globale indique que les

islamistes radicaux représenteraient environ 20 % de la population musulmane, estimée à 60

millions environ. On estime à 48 millions le nombre de musulmans au Nigeria, ce qui en fait

le pays musulman le plus important d'Afrique, mais le clergé chrétien – en particulier

catholique – s'oppose vivement à l'emprise islamique, comme en ont témoigné les querelles

suscitées par l'adhésion du Nigeria à l'Organisation de la conférence Islamique (O.C.I.) en

1986 et les affrontements interreligieux consécutifs à l'introduction de la charia dans le nord

du pays en 2000.

C- Une population inégalement répartie

La densité moyenne est d'environ 125 hab. /km². Le déclin de l'agriculture, qui a suivi la

découverte du pétrole, a entraîné une rapide urbanisation, le taux de population urbaine

dépassant aujourd'hui les 40 %. En 2005, ce taux est de 48,3 %.

La population est inégalement répartie. La partie médiane du pays, le middle belt, est

beaucoup moins peuplée que les régions périphériques, où vivent les ethnies dominantes (pays

haoussa au nord et au nord-est, pays yoruba au sud-ouest, pays ibo au sud-est). C'est dans le

Sud que la population est le plus dense, le delta du Niger et, surtout, le Sud-Ouest étant

fortement urbanisés.

L'ancienne capitale, Lagos (remplacée par Abuja, au centre du pays), port très important sur le

golfe de Guinée, est devenue l'une des principales mégapoles du monde avec plus de 13

millions d'habitants. Ibadan, en pays yoruba, constitue la seconde agglomération du pays,

dans une région où l'urbanisation s'est développée dès le XIXe s. Le Nord compte des cités

importantes comme Kano, Katsina, Maiduguri et Sokoto, ancienne capitale d'un sultanat.

Dans le delta du Niger, la ville la plus importante est Port Harcourt, le grand terminal

pétrolier.

Lagos, la plus grande ville du pays, est le principal centre économique, l’un des principaux

ports et l’une des villes les plus peuplées (11 100 000 habitants en 2005). Ibadan et Kano

abritent plus d’un million d’habitants depuis 1992. Onitsha, Oshogbo, Ogbomosho, Port

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Harcourt et Kaduna comptent, pour leur part, plus de 500 000 habitants. Une douzaine de

villes rassemblent plus de 225 000 habitants. En décembre 1991, la capitale fédérale a été

transférée de Lagos à Abuja, établie dans un territoire fédéral situé au centre géographique du

pays et au point de rencontre des trois grandes régions du pays.

III- UNE ECONOMIE DOMINEE PAR LE PETROLE

Avec environ 315 milliards de dollars, son PIB (en parité de pouvoir d'achat) est le troisième

en Afrique derrière l'Afrique du sud et L'Egypte en 2009. Mais, le Nigeria est en 2013 la

première6 puissance économique d'Afrique. En 2013, les trois plus grandes économies

africaines sont :

Rang État PIB

1 Nigeria7 510 milliards de dollars US

2 Afrique du Sud 370 milliards de dollars US

3 Égypte 262 milliards de dollars US

L'essentiel de l'activité économique se réalise dans la zone côtière, au sud du pays, notamment

autour de Lagos.

Évolution de la répartition du PIB par secteur: agriculture (vert), industrie (rouge), services

(orange).

Source : Communautés européennes

A- L’importance du pétrole et des mines

La mise en exploitation, en 1958, de très riches gisements d'hydrocarbures, principalement

dans l'est du pays, en pays ibo8, a relégué au second plan la production agricole, dont le cacao

demeure le fleuron. Elle a aussi accentué les antagonismes régionaux. C'est le partage de la

manne pétrolière entre le gouvernement fédéral et les régions productrices qui a été à l'origine

de la guerre du Biafra et, plus récemment, du mouvement de révolte des Ogonis sévèrement

6 Des institutions financières telles que Morgan Stanley (États-Unis) ou Renaissance Capital (Russie) avaient

estimé que d'ici 2025, le Nigeria deviendrait la première puissance économique africaine12

. Toutefois, ces

projections avaient ignoré le fait que les bases pour calculer le PIB nigérian n'avaient pas été actualisées depuis

199013

. 7 Grâce à ses ressources pétrolières et à son importante population, le Nigeria est la première puissance

économique du continent, devant l'Afrique du Sud. 8 C'est en 1956 qu'ont été découvertes les premières nappes de pétrole au Nigeria. En 2004, la production du pays

atteignait 818 millions de barils, soit 2,24 millions de barils par jour. Cette production impressionnante provenait

de plus de 150 champs pétrolifères, situés pour la plupart dans le delta du Niger.

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réprimé en 1995. L'essentiel du pétrole est exporté brut, mais des raffineries sont installées à

Port Harcourt et à Warri, dans le Sud-Est, à proximité des champs pétrolifères, mais aussi à

Kaduna dans le Nord.

Premier producteur de pétrole d’Afrique, le Nigeria a vu dès lors sa croissance dépendre

largement du niveau des cours du pétrole.

Le pétrole (2,5 millions de barils/jour, 15e producteur mondial en 2008

[4]) génère près de

95 % des exportations, 80 % des revenus fiscaux et un tiers du PIB nigérian [5]

. Le secteur

minier n’occupe que 8 p. 100 de la population active, mais contribue à plus de la moitié du

PIB.

Cependant, à cause d'une infrastructure de production décrépie et un potentiel de raffinage

quasi-inexistant, le pays est un importateur net de carburant.

B- L’agriculture : un secteur en déclin

Près de la moitié de la population active est employée dans le secteur agricole qui représente

un tiers du PIB. Le pays produit du sorgho (10 millions de tonnes en 2006), du millet (7,71

millions de tonnes), principalement dans le Nord, ainsi que du maïs, du riz et des ignames

dans le Sud. Le manioc, les légumes et les tomates sont cultivés dans tout le pays. Les grandes

cultures de rente sont le cacao (4e rang mondial avec 380 000 t produites en 2004) et le

caoutchouc naturel. Les effectifs de bovins s’élevaient à 15,9 millions de têtes en 2006 et à 23

millions pour les ovins.

La forêt occupe 12 p. 100 du territoire. En 2006, la production annuelle de bois atteignait 71

millions de m³. Environ 35 p. 100 du produit de la pêche proviennent des fleuves et des lacs,

le reste du golfe de Guinée. En 2005, les prises se sont élevées à 579 537 tonnes.

Le secteur agricole, qui emploie plus de 70 % de la main d'œuvre et génère 35 % du PIB

nigérian, est principalement centré autour d’une agriculture de subsistance. Jusqu'à la période

d'extraction pétrolière, les cultures commerciales, l'élevage et le bois fournissaient 60 % des

exportations nigérianes. Après des années de mauvaise gestion, de politiques de

développement inconsistantes et mal conçues, et miné par des infrastructures insuffisantes

pour lier les zones de production aux ports d'exportation, le pays n'est plus un acteur notable

dans les secteurs du cacao, du caoutchouc, de l'huile de palme et des arachides. La production

de cacao (180 000 tonnes/an) correspond à peine à plus de la moitié de ce qu'elle était il y a

25 ans (300 000 tonnes), avec des variétés obsolètes poussant sur des plants âgés. Alors qu'il

était pendant longtemps le premier producteur de volailles d'Afrique, la production a chuté de

40 à 18 millions d'individus par an (2004), les restrictions aux importations ayant empêché la

modernisation du secteur de conditionnement dans ce secteur comme dans d'autres.

La mauvaise fortune de l'agriculture nigériane est là encore le résultat d'un excès de pétrole et

de corruption : les premiers dividendes du boom de 1973 furent dilapidés dans la construction

de bâtiments gouvernementaux - les paysans abandonnant leurs champs pour s'entasser dans

les villes et occuper les emplois mieux payés du secteur de la construction. Au même

moment, l'affluence pétrolière eu pour résultat de renforcer la valeur du naira, rendant les

cultures commerciales moins compétitives. À la fin du boom le naira resta surévalué, les

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militaires soutenant artificiellement son cours pour des raisons de fierté nationale et pour

éviter une dévaluation source d'inflation.

Grâce aux efforts déployés dans les années 1980, elle couvre presque les besoins alimentaires

du pays.

À la civilisation des « racines vivrières » du Sud (manioc, igname, taro) s'oppose la

civilisation des céréales du Nord (gros mil et petits mil). La culture cacaoyère, pratiquée dans

de petites exploitations paysannes, est presque tout entière concentrée en pays yoruba, qui

fournit 90 % du cacao nigérian (300 000 tonnes en 1970, 225 000 tonnes en 2000). Malgré ce

déclin, le Nigeria reste le 5e producteur mondial de cacao. Il produit également du manioc

(1er

rang mondial), du millet (2e rang), du sorgho (3

e rang) et du maïs, qui sont les bases de

l'alimentation, ainsi que de l'arachide (3e rang), du coton ou encore du tabac. Il existe très peu

de grandes plantations. Situées dans le Sud, celles-ci sont constituées principalement de

palmiers à huile (les exportations d'huile de palme ont fortement régressé) et d'hévéas

(production de caoutchouc, 8e rang mondial). Le middle belt vend des ignames, du maïs, du

sorgho et du riz aux villes du Sud et du Nord. Le Nord n'exporte pratiquement plus d'arachide,

et les exportations de coton restent négligeables.

L'élevage, essentiellement contrôlé par les Peuls, souvent encore nomades, joue un rôle

important, surtout dans le Nord où se trouvent la plupart des troupeaux de bovins (20 millions

de têtes), d'ovins (20 millions) et de caprins (24,5 millions, 7e rang mondial), Kano étant le

grand centre de commercialisation des bovins.

C- Une industrie diversifiée mais mal en point

L’industrie nigériane est relativement diversifiée : outre les raffineries de pétrole, aciéries,

transformation de l’aluminium, usines d’assemblage de voitures, elle comporte également des

secteurs agroalimentaire, textile et pharmaceutique.

Les industriels locaux, handicapés par un approvisionnement énergétique erratique9,

commencent à essayer d'augmenter leur compétitivité, qui jusqu'ici se réduisait aux faibles

coûts de main-d'œuvre.

Le développement de l'industrie locale a également été victime du goût des pouvoirs

successifs pour les très grands projets : la fonderie d'Ajaokuta, dont le coût total avoisine les

8 milliards de dollars, n'a toujours pas produit une seule barre d'acier. L'idée originale,

proposée dans les années 1970, était de transformer le Nigeria en "Japon africain", en

industrialisant le pays à marche forcée et en transformant sur place minerai et houille locaux,

qui donneraient l'acier nécessaire au développement du réseau ferré national. Des conseillers

techniques soviétiques produisirent une étude de faisabilité en 21 volumes qui ne fut jamais

traduite depuis le russe. Les dirigeants nigérians voulant une industrie métallurgique quel

qu'en soit le coût — pour des questions de fierté nationale, mais aussi parce que de grands

projets impliquaient de meilleures « commissions ». Les autres fonderies du pays fonctionnent

le plus souvent à perte, et généralement pour une fraction de leur capacité totale.

9 Caractérisé par une grande instabilité. Synonyme: inconstant.

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D'une manière générale, l'industrie locale est handicapée par de très fortes taxes à

l'importation pour le matériel productif, ainsi qu'une forte pression réglementaire conduisant à

de fréquents « contrôles » qui forcent les entrepreneurs à prévoir une marge supplémentaire

dans leurs coûts pour les inévitables pots-de-vin.

À date, et hors secteur pétrolier, la seule industrie nigériane faisant preuve d’un quelque

succès à l'export est la contrefaçon de médicaments, qui a représenté jusqu'à 70 % du marché

local dans les années 1990. Cette activité est en forte baisse depuis l'arrivée du gouvernement

Obasanjo et la nomination en 2001 de Dorothy Akunyili (également surnommée la Dame de

Fer) à la tête de la National Agency for Food and Drug Administration and Control

(NAFDAC, un organisme spécialement chargé de lutter contre les faux médicaments).

D- Infrastructures de transport

Transports

Routes (1999)

Goudronnées 60 068 km (30 000 km

en 1990)

Non goudronnées 134 326 km (78 000

km en 1990)

Rail (2004)

3 557 km (3500 km en 1990)

Voies d'eau (2004)

8 600 km (essentiellement fleuves et

rivières)

Ports & aéroports (2004)

Ports de

marchandises

Calabar, Lagos, Onne,

Port Harcourt, Sapele,

Warri

Aéroports à piste

goudronnée

36

- avec trafic int'l 5 (Lagos, Abuja,

Kano, Kaduna, Port

Harcourt)

Aéroports non

goudronnés

34

Sources: Library of Congress, World

Factbook

Avec 95 % du volume total de biens et de passagers transportés, les routes constituent un

élément essentiel de l'économie nigériane: au début des années 1990, le système routier du

Nigeria était l'un des plus étendus d'Afrique. Revers de la médaille d'un boom pétrolier qui a

fait que l'essentiel des investissements gouvernementaux des années 1970 était plus souvent

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dirigé vers le développement du réseau que vers son entretien (la première autoroute, reliant

Lagos à Ibadan, fut achevée en 1978), l'état des routes est particulièrement mauvais en dehors

des grandes agglomérations (elles-mêmes passablement engorgées). L'affectation des

dépenses publiques s'est cependant inversée depuis la fin des années 1980.

Si les premières voies de communication, bâties au début du XXe siècle, permettaient de lier

le Nord au Sud, de Lagos et Port Harcourt à Kano, plusieurs axes est-ouest, parallèles à la

séparation offerte par les fleuves Niger et Bénoué, ont été développés dans les années qui

suivirent. Le secteur routier souffre également d'un gros problème de piraterie, qui rend

certains trajets hasardeux pour les passagers et marchandises.

Le rail, lui, a peu évolué : l'essentiel des 3500 km de voies est lié à deux lignes, l'une de Lagos

vers Kano (construite en 1912), et l'autre de Port Harcourt à Kaduna (1926). Plusieurs

extensions furent construites dans les années 1930 à 1960, vers les régions de Kaura Namauda

(1929), Nguru (1930) et Maiduguri (1964).

Le manque de fonds, de maintenance et de suivi du développement contribuèrent à détériorer

le réseau et réduire le trafic, jusqu'à l'abandon de la standardisation des voies (l'essentiel du

réseau est étroit à 1,067 m, alors que l'équipement standard moderne repose sur un

espacement de 1,435 m) au milieu des années 1980 et le dépôt de bilan en 1988 de la

compagnie nationale, la Nigerian Railway Corporation. Après une reprise en main par le

gouvernement (et le licenciement d'un quart des effectifs), le service est de nouveau assuré.

Le système maritime nigérian repose sur trois complexes portuaires, dans les provinces de

Lagos, Rivers et Delta. Lagos accapare l'essentiel du trafic de marchandises par

l'intermédiaire du port d'Apapa, directement lié au réseau ferroviaire national, mais deux

extensions permettent également la gestion du brut. Le complexe de Delta regroupe les ports

de Sapele et Warri (plus quelques autres à l'estuaire du Niger), tandis que Port Harcourt (sur

la rivière Bonny) est l'élément central de l'État de Rivers. Calabar, sur la rivière Cross,

constitue le port principal de l'est du pays. Warri et Port Harcourt sont les principaux centres

d'exportation du brut et sont dotés d'équipements relativement modernes. À la fin des années

1980, le gouvernement décida de consacrer l'essentiel de ses fonds au développement des

voies fluviales afin de désengorger le réseau routier, ralentissant de fait la croissance des ports

en eau profonde.

E- L’énergie

Le regroupement des activités de production, transport et distribution d'énergie (hors pétrole

et gaz) représente moins d'un pourcent du PIB nigérian. Mais le secteur subit depuis le début

du XXIe siècle de profonds bouleversements, dont la privatisation de la National Electric

Power Authority (NEPA) n'est pas le moindre.

Le développement de l'énergie hydroélectrique date du début des années 1970, avec la mise

en service du barrage de Kainji. L'exploitation du fort potentiel hydraulique du pays est

cependant contrariée par des sécheresses récurrentes ainsi qu'un réseau de rivières constituées

de mangroves et situées près de la zone côtière. Conjugué à de grosses déperditions d'énergie

(30 à 35 % perdus entre la production à la facturation), un faible taux de paiement (70-80 %),

un accès général faible (40 % de la population) et une corruption généralisée des cadres de la

NEPA qui empêche la bonne maintenance des équipements, le Nigeria réussit le tour de force

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d'être à la fois exportateur d'électricité (essentiellement vers le Niger) et de fournir un service

totalement erratique10

à l'intérieur de ses propres frontières (nombre de compagnies étrangères

s'implantant sur place préfèrent construire leurs propres générateurs, tout comme les

entreprises et particuliers nigérians). Le manque de cash généré par tous ces problèmes force

la NEPA à s'appuyer essentiellement sur de (coûteuses) subventions gouvernementales sur le

pétrole pour continuer à faire tourner ses centrales thermiques.

Afin de moderniser le secteur et lutter contre la corruption généralisée, et après une grave

crise énergétique en 2000/2001, le gouvernement Obasanjo a entrepris de fractionner et

privatiser la NEPA en au moins une dizaine d'entités locales, tout en autorisant la construction

de générateurs privés. Ceux-ci revendraient leur production à la NEPA, qui se cantonnerait

donc essentiellement à un service de distribution. Des projets d'équipement solaire ont

également été lancés afin d'assurer l'approvisionnement des zones rurales hors de portée des

réseaux conventionnels. De nombreux prêts ont enfin été accordés par la Banque mondiale à

la fin des années 1990 pour relancer la construction de centrales et la réorganisation du réseau

de distribution.

Du fait de la mauvaise image de la NEPA au sein de la population, celle-ci a été rebaptisée

par le gouvernement PHCN (Power Holding company of Nigeria Plc). De nombreuses

infrastructures de transport de l'énergie sont en cours de construction dans la région du delta

du Niger (lignes et postes 330/132/33 kV).

F- Le commerce extérieur

Le commerce extérieur est excédentaire grâce aux exportations pétrolières. Les principaux

produits importés sont les véhicules automobiles et les pièces de rechange, les machines et

produits manufacturés de base ainsi que des produits alimentaires. Les principaux partenaires

commerciaux du Nigeria sont les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France,

l’Italie, les Pays-Bas et le Japon.

La balance commerciale est excédentaire mais soumise aux fluctuations des prix du pétrole et

du cours du dollar. De 1990 à 1996, la valeur moyenne annuelle des importations s'est élevée

à 6,6 milliards de dollars, et celle des exportations à 8,1 milliards. Les États-Unis et les pays

d'Europe occidentale (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Pays-Bas), acheteurs de pétrole,

sont les principaux clients du pays, la Grande-Bretagne (héritage de la colonisation) et

l'Allemagne étant les principaux fournisseurs. Les importations sont constituées à plus de

80 % par les produits industriels, et les exportations, à plus de 90 % par le pétrole.

L'Agence d'application des lois sur les stupéfiants (National Drug Law Enforcement

Agency) a été mise en place en 1994 pour lutter contre le trafic de la drogue qui a pris des

proportions inquiétantes.

10

Caractérisé par une grande instabilité Synonyme: inconstant

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Les principaux partenaires commerciaux du Nigeria en 2003.

Sources: Index Mundi, Federal Office of Statistics

Le commerce avec le Nigeria représentait moins de 0,5 % des flux mondiaux, avec une

balance commerciale positive d'environ 10 milliards de dollars en 2004. L'essentiel de

commerce se fait avec les États-Unis et l'UE, l'Asie de l'Est et l'Amérique latine enregistrant

cependant une progression constante de leurs parts de marché respectives. Si le Nigeria est le

principal partenaire économique de nombreux pays africains (Tchad, Niger, Bénin), la

réciproque n'est pas forcément vraie et le commerce avec les pays voisins représente toujours

une fraction marginale du volume total.

Le pétrole constitue 95 % des exportations (essentiellement destinées aux États-Unis et à

l'Union européenne), suivi par le cacao. Le registre des importations est plus varié: machines-

outils, produits alimentaires et bétail, produits chimiques.

G- Secteur informel

La part de l'économie informelle au Nigeria est l'une des plus élevées d'Afrique, et

représenterait près de 75 % du PNB non-pétrolier en 2003 (à titre de comparaison, cette part

n'est que de 11 % aux États-Unis et 16 % en France). Un vaste choix d'activités y sont

déployées, depuis l'artisanat traditionnel jusqu'au négoce de devises, la vente au détail, la

restauration, etc., les seuls points dominants étant l'extrême petitesse de ces entreprises

(souvent l'affaire d'une seule personne ou famille) et, contrairement aux idées reçues, leur très

grande flexibilité et leur dynamisme, même si le secteur est par nature difficile à documenter.

Dans une économie soumise à l'extrême aux conditions cycliques du marché pétrolier il

contribue cependant nettement, malgré un problème de financement chronique, à la croissance

économique générale ainsi qu'au revenu de base de nombreux ménages.

L'économie informelle nigériane peut se séparer en deux sous-secteurs :

1. Le secteur productif, qui regroupe toutes les activités de productions de biens -

agriculture, exploitation minière (sauf pétrole), petites fabriques, construction ;

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2. Les services et services financiers, qui couvrent les réparateurs, vendeurs sur les

marchés, employés de maison, prêteurs, coopératives financières (Esusu en yoruba), activités

para-religieuses et activités mafieuses ou assimilées.

Après une politique répressive au début des années 1980, le gouvernement nigérian a

récemment développé de nouvelles politiques de soutien aux secteur informel, qui de fait

rassemble essentiellement de petites et moyennes entreprises (PME): soutien à l'entreprenariat

par la promotion de cours de gestion et la distribution de micro-prêts, notamment par la

création de "Centres de développement industriel", chargés de fournir formation, promotion,

soutien comptable et prêts aux micro-entrepreneurs potentiels. De nombreux programmes aux

objectifs similaires, tels que le Work For Yourself Programme (financés par l'Organisation

internationale du travail et le British Council, ont également mis en place dès la fin des années

1980, mais peu d'entre eux ont atteint leurs objectifs sous les différentes juntes militaires

(notamment celle d'Abacha). Un soutien financier plus spécifiquement destiné au

développement du micro-crédit a également été apporté par la Banque mondiale et le PNUD,

et le gouvernement Obasanjo a également encouragé le secteur bancaire à étendre son offre de

crédits.

De fait, le secteur informel nigérian joue un rôle essentiel dans l'économie nationale,

fournissant emplois, concurrence, formation et stimulant le dynamisme économique général -

l'existence de connexions et passerelles entre ces PME et les grandes entreprises étant d'une

importance fondamentale pour la fourniture en main-d'œuvre qualifiée de ces dernières.

CONCLUSION

Dans la région, le Nigéria est doté d’un fort potentiel particulièrement au regard des facteurs

traditionnels de la puissance (démographie, espace, dispositif militaire, ressources). Le pays

est considéré comme un « poumon économique » en Afrique de l’Ouest : sa population

représente 25 % de la population africaine et 65 % de celle de la CEDEAO, ses exportations

de produits manufacturés et son économie informelle (vente de produits pétroliers de la

contrebande dans la région) sont importantes. Les Nigérians sont presque vingt fois plus

nombreux que les Béninois et les Tchadiens (sept et huit millions d’habitants respectivement),

plus de dix fois plus nombreux que les Nigériens (11 millions) et huit fois plus que les

Camerounais (16 millions). Plus grand, plus riche le Nigéria a tendance à « aspirer » ses

voisins. En tant que puissance régionale, le Nigéria aspire à devenir le leader des pays qui

l’entourent. Cependant, son inscription dans le monde anglophone l’isole des pays

francophones voisins. Il se veut africain mais sa participation à l’OPEP renforce les liens de

ses musulmans avec le Moyen-Orient ou le Maghreb.