Chamard-Bois
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ares sont les artistes qui possèdent à la fois les dons et le talent de
la Musique et de la Peinture et parmi eux sont souvent cités
Dominique Ingres et Eugène Delaccroix, mais plus rares encore
sont ceux qui s’étant accomplis dans le Chant se sont tournés avec succès
vers les Arts Plastiques. Emile Chamard-Bois fait partie de ce petit groupe, car
avant de se consacrer à la Peinture de Paysage il s’était distingué à Paris au
terme d’Etudes Supérieures dans le registre si convoité de Ténor et avait été
sollicité par l’Opéra de Monte-Carlo. C’est alors que, peu de temps après la fin
de la Grande Guerre 1914-1918, à laquelle il avait participé, et vivement
encouragé par sa jeune épouse Léontine qui, elle, avait étudié le dessin et
la peinture et avait décelé les dons de son époux pour les arts plastiques, il
décida d’abandonner sa carrière musicale et fit ses débuts dans l’art pictural.
L’expérience de Léontine lui fut précieuse et alors que cette dernière
avait choisi de s’exprimer par le Portrait, Emile Chamard-Bois opta pour le
Paysage et devait par la suite s’y consacrer presque exclusivement au moyen
de l’aquarelle et surtout de la peinture à l’huile en utilisant le plus souvent des
dessins préparatoires plus ou moins poussés mais très instructifs.
Artiste-né, Emile Chamard-Bois avait conservé de son passé musical, et plus
particulièrement de la Musique romantique, un goût pour l’écriture mélodique
à la fois chaleureuse et inventive et en peignant devant le motif il retrouvait,
naturellement, la même passion créative qu’il avait ressentie sur la scène de
l’Opéra.
Ce peintre fertois qui a réalisé de nombreux paysages de la Brie, de la
Marne et du Petit-Morin et également des sites de la Franche-Comté, de la
Sarthe, du Béarn et des Marines d’Honfleur et de la CôteMéditerranéenne, n’a
cessé d’évoluer de ses débuts en 1920 jusqu’à la fin de sa carrière (1945-47).
Préface
R
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Le Docteur Piequet avec Gérard Egnell
J’exprime mon amicale considération à Gérard Egnell, le biographe émérite et
l’ami d’Emile Chamard-Bois, qui n’a cessé durant près de cinquante ans de se consacrer
à la mémoire du peintre fertois en réalisant patiemment une grande collecte documen-
taire et une classification chronologique de ses œuvres, en recherchant, en dehors de
sa belle collection personnelle, celles qui appartenaient à d’autres amateurs d’art afin
d’organiser la grande exposition Chamard-Bois qui a eu lieu du 8 mai au 16 août 2009
dans l’ancienne salle basse duMusée Bossuet de Meaux et qui a permis à un nombreux
public de connaître et d’admirer la beauté et l’authenticité de l’œuvre de l’excellent
paysagiste que fut Emile Chamard-Bois.
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Mes grands-parents Angoulvent avaient une propriété en Seine-et-Marne, au lieu-dit laCharbonnière, près de La Ferté-sous-Jouarre. Elle était située dans les bois à mi-hauteur d’unecolline dominant la Marne. Mon arrière-grand-père Gallet, qui l’avait achetée peu après lapremière guerre, l’avait baptisée Salency, du nom d’une demeure familiale à l’Ile Maurice.
La maison était modeste et de construction récente, mais le parc était superbe : en haut dela colline, dans les bois, un étang couvert de nénuphars roses et blancs entre lesquels glissaienttanches et gardons au dos violacé ou gris : venant de cet étang, cinquante mètres plus bas, l’eause déversait en cascade dans un petit lac sur lequel évoluaient deux cygnes : Jupiter et Leda.
Prélude
Salency
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Un soir, nous avons rangé, Madame Chamard-Bois et moi, le contenu d’un grand coffre quin’avait pas été inventorié depuis des années. Il contenait en fait quelque trois à quatre centsdessins d’atelier de Léontine. A sa demande expresse nous avons presque tout brûlé. J’ai puquand même sauver quelques esquisses dont le portrait d’Emile. Il est certain que sans l’apportculturel de sa femme, les dons artistiques d’Emile n’auraient pu s’épanouir.
Un autre soir, ce devait être en 1959, nous étions allés passer une journée de dimanche dansl’atelier et nous nous apprêtions à partir. Il devait être sept heures et je n’avais pas voulu emmenerde tableau, car même si je n’étais pas à proprement parler un étranger, je dépouillais souventLéontine d’un ou deux tableaux que, certes, je payais toujours… mais si peu !
Ce jour-là donc, au moment de partir, en parlant de l’œuvre de son mari, je lui demandais s’iln’existait pas de cahiers d’esquisses ou même d’œuvres inachevées qui permettraient de mieuxreconstituer sa façon de créer un tableau. Elle me répondit que d’ordinaire il faisait l’esquisse
Léontine Chamard-Bois avec Madame Bernaer, devant la maison rue de Condé
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directement sur la toile qu’il peignait ensuite, et qu’il existait extrêmement peu d’esquisses,celles-ci étant toujours soit utilisées, soit effacées. Et puis, elle se souvint brusquement qu’ilexistait un petit réduit aménagé dans une soupente et dont l’ouverture était cachée derrière legrand tableau de Meaux.
Nul n’était entré dans ce cagibi depuis la guerre. Je proposais alors d’y aller. Nous remontâmesdans l’atelier avec une échelle. Après quelques minutes pendant lesquelles nous avons déplacétout ce qui obstruait l’entrée de ce cagibi, j’ai pu y pénétrer en rampant par une étroite ouvertureet, à ma stupéfaction, j’ai découvert à la lumière d’une lampe de poche quelque vingt ou trentetableaux, la plupart parmi les derniers qu’il avait peints. Certains n’étaient que des esquisses,mais d’autres étaient magnifiques.
Je revois encore la joie de Madame Chamard-Bois redécouvrant des œuvres dont elle avait,bien entendu, oublié l’existence. Ce fut vraiment un moment d’une intensité et d’une qualitéassez extraordinaires.
Après avoir beaucoup regardé les tableaux de Chamard-Bois, nous voyions, ma femme et moi,les paysages de façon nouvelle. Ah ! les ciels de Chamard-Bois ! ... Ah ! ces bords de Marne oùles nuages et l’eau se confondent, comme le ciel bas et la boue sur certaines fermes de la Sarthe...Un peu comme avec Bonnard, les rares personnages représentés disparaissant dans la nature...mais dans un style évidemment très différent et... avec les ciels en plus ! Nous avons vécu etvivons encore une expérience amoureuse au sens fort du mot avec le monde de Chamard-Bois.
Nos visites à Léontine Chamard-Bois se sont poursuivies régulière-ment jusqu’à son décès en mars 1968.En 1981, grâce à ses conseils donnéslors de nos rencontres ou à traversquelque cinquante lettres et cartespostales reçues d’elle, j’ai regroupédans un catalogue raisonné toutes lesinformations que j’avais pu recueillir :plus de 700 œuvres recensées etdécrites. J’ai rendu visite à 46 collec-t ionneurs et photographié leurstableaux. Mais surtout j’ai rencontréà plus ieurs repr ises MadameBourdon, directrice de la galerie du
Les ciels et la boue...
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Meylan 1905 : la tireuse de cartes : Adèle Chamard-Bois, à sa gauche au premier plan :Henriette Chamard-Bois, mère d’Emile, derrière Adèle riant, Emile Chamard-Bois. Léon, son frère est absent.
C’est lui qui a quitté la chaise vide pour prendre la photo.
Le Fontanil 1908, résidence secondaire de Léon et Eugénie Chamard-Bois.On reconnaît, 2ème à droite : Emile ; 4ème à droite : Léon son frère, 2ème à gauche : Henriette leur mère.
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Emile Chamard-Bois et sa femme Léontine, née Hotz, n’ont pas eu de descendant. Le seulfrère d’Emile, Léon, était mort en 1911 ; quant à Léontine, elle avait aussi un frère, Oswald,qui lui survécut mais avec qui elle n’entretenait pas de relations intimes.
Les seules informations dont je disposais pour proposer une biographie d’Emile Chamard-Bois provenaient donc de son épouse. Au cours des longues journées passées avec elles dansl’atelier du peintre, de 1953 à 1961, ainsi qu’à travers une cinquantaine de lettres ou de cartespostales reçues d’elle, il a été possible de se représenter ce que pouvait avoir été la vie d’EmileChamard-Bois depuis leur mariage en 1918 jusqu’à la mort d’Emile en 1947. Léontine, qui avaitconservé toute sa tête jusqu’en 1964 date de son départ dans une maison de retraite, peut êtreconsidérée comme un témoin fiable. Sa mémoire était excellente et elle avait un franc-parlerqui n’éludait pas les difficultés ou les problèmes. Ayant vécu pendant près de 30 ans encommunion étroite avec son mari, elle a accompagné celui-ci dans toutes ses pérégrinations.Elle connaissait et pouvait décrire les paysages qu’il avait peints et qu’elle avait souvent elle-même esquissés. Je ne l’ai jamais prise en erreur concernant l’identité des paysages peints.Par contre, en ce qui concernait les dates, elle pouvait se tromper sauf lorsqu’une anecdotepermettait de préciser les situations : « Le tableau représentant les Grands Moulins de Corbeil a étépeint lorsque Emile et moi sommes allés rendre visite à tante Evangelista, religieuse qui était sœur de monpère » ou bien « Le Pont de Viroflay a été peint pendant que j’interprétais la Chapelle du Château deVersailles » etc….
En ce qui concerne la vie d’Emile avant leur mariage, Léontine n’en connaissait que lesgrandes lignes et peu de chose sur sa famille à lui. La « Bouteille à la Mer » que j’ai lancée parvoie d’annonce dans la presse avant l’Exposition de Meaux pour retrouver toute informationconcernant le peintre et son œuvre a miraculeusement été repêchée par un parent éloignéd’Emile. Il se trouve, en effet, que parmi les rares réponses reçues l’une était inattendue. BernardLeseuil m’a écrit tout d’abord : « Je me demande si ma grand-mère, née Chamard-Bois, n’était pas lacousine germaine d’Emile… » . Puis, dans une seconde lettre, il m’adressa le tableau généalogiquede la famille Chamard-Bois où figuraient à la fois la dite grand-mère et Emile. Enfin, informationsprécieuses entre toutes, il m’envoya plusieurs photos de famille, datées de 1905 et 1908, oùfigure Emile et notamment l’une d’entre elles dans laquelle il est à son chevalet. Il ajoutait dansson envoi un extrait du journal « Je sais tout » du 15 avril 1908 qui représente la photo d’ EmileChamard-Bois.
Biographie
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bicyclette et pendant trois ans le couple circula ainsi, ou en train bien sûr. D’après Léontine lepremier voyage en bicyclette, quelques jours après la fin de la guerre, les conduisit en Belgiquevia Bouillon, Waterloo, Bruxelles puis retour à Sedan où le Général Hotz était en garnison.Grâce aux carnets d’esquisses retrouvés dans l’atelier d’Emile et chez Oswald, on sait que lecouple se rendit ensuite à Grenoble et à Glion Caux en septembre 1919, et en septembre etoctobre 1920 à Pau, à l’Hôtel Gassion, où furent peintes quelques aquarelles de qualité puis àDonzenac et à Chinon.
En 1920, Emile et Léontine quittèrent la région parisienne et s’installèrent d’abord à Luzancy,près de La Ferté-sous-Jouarre, chez une tante d’Emile, Madame Leroy. C’est à Luzancy quefurent peintes les premières œuvres un peu importantes d’Emile. Sa première exposition eutlieu au Salon de l’Ecole Française, en janvier 1921 : trois tableaux de lui étaient exposés. Puis surles conseils des frères Hardelet, industriels à La Ferté-sous-Jouarre, le Général Hotz acheta en1922 une propriété située 30, rue de Condé à La Ferté et qui comprenait une belle maison XIIIe
siècle où s’installèrent en 1923 le Général Hotz et sa femme, Madame Chamard-Bois mère,Emile et Léontine, et au bout d’un petit jardin, un bâtiment annexe qui fut transformé en atelierpour Emile. Léontine, avec son tact personnel, sut faire cohabiter pendant quelques années sesparents et sa belle-mère. Les voisins disaient : « Ah ! cette maison sera bientôt à nouveau envente… !!! » Sa belle-mère décéda en 1927 et son père, le Général, en 1933.
Deux pastels de Léontine Chamard-Bois
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Alors commença une période qui dura d’abord 24 ans, du printemps 1923 jusqu’à la mortd’Emile au printemps 1947, puis de nouveau 17 ans jusqu’au départ de Léontine en maison deretraite en 1964.
Émile s’était mis à peindre sérieusement. Léontine raconte une anecdote typique des débuts.Téléphone à sa mère : « Nous sommes à Meaux et nous ne rentrerons pas ce soir. Il y a une bellelumière sur le Canal… Nous coucherons dans une auberge et reviendrons demain matin… ». Meauxse trouve à vingt kilomètres de La Ferté-sous-Jouarre, une heure à bicyclette avec la côte deSaint-Jean.
Elle raconte encore : « On traînait sur les routes. On n’avait ni jour, ni heure… QuelquefoisEmile s’arrêtait brusquement à un détour de route et disait « C’est bien, restons là » sans même connaîtrele nom de l’endroit, et faisait un croquis. On vivait sous l’émotion du paysage ».
Le seul problème de forme pour Emile était de supprimer un arbre par ci, d’en rajouter unpar là. Au fond il n’a jamais été abîmé par l’école. Son école, c’était son instinct à lui et songoût à elle.
Léontine a exécuté de très nombreuses esquisses des paysages que peindra plus tard Emile.A gauche : Le Mans octobre 1935 ; Emile a peut-être participé à cette esquisse. A droite : Ambrières 1937.
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Les peintures « bleu et rose » suivant l’appellation deLéontine Chamard-Bois ; les nombreuses peintures depaysages de la Brie mais aussi de la Sarthe et d’autresrégions. La plupart de ces peintures dont un certainnombre ont été exposées sont des œuvres sensibles quiont fait commenter par un critique du journal Le Tempssur le Salon des Artistes Français en mai 1934 : « Une valléede la Marne dont la changeante atmosphère et la grâcepittoresque et molle ont été interprétées avec une subtile fermetépar Chamard-Bois ».
Les peintures des « années Bourdon » (1935-1940) qui, tout en restant sensibles aux paysagesreprésentés, sont plus libres et plus fermes. Un grandnombre des tableaux vendus n’ont malheureusementpas été retrouvés mais l’on peut penser, en examinantceux qui sont connus, que les œuvres de cettepériode sont probablement les plus importantes dupeintre.
Les œuvres du temps de guerre. À l’exception d’un voyage dans la Sarthe en 1942, EmileChamard-Bois reste confiné dans son atelier. Il retouche des œuvres anciennes et peint sur dessupports de fortune : ardoise, fibro-ciment, contre-plaqué, carton, des tableaux reprenant desmotifs déjà traités. Léontine disait : « Faute de moyens, il aurait même peint avec de la confiture ».
L’exécution des œuvres est le plus souvent sombre, parfois à dominante brunâtre, certainespresque monochromes, d’autres quasiment abstraites. Certaines sont d’ailleurs tout à faitintéressantes.
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D’une façon générale, il traçait une esquisse du motif qu’il voulait peindre en annotant parfoisles couleurs à utiliser. Léontine exécutait souvent de son côté une autre esquisse du même sujetpuis Emile rentrait à l’atelier et se mettait à peindre. Dans trois des cahiers qui ont été retrouvés,une soixantaine d’esquisses (aquarelles ou dessins) sont d’une qualité assez remarquable, ce sontparfois même de petits chefs-d’œuvre.
En fait, la clef d’interprétation de sa peinture tout au long de son œuvre est que coexistaienten lui, à toutes les périodes de sa vie, deux éléments contraires et complémentaires que ledéchiffrage de ses carnets d’esquisse permet d’apercevoir. D’un côté, Chamard-Bois était passifet contemplatif, sensible aux impressions que dégageaient les motifs qu’il traitait : les rivières, lesarbres, les plaines, les villages au loin, mais aussi les nuages, les espaces ensoleillés, les lumièresdu soir ou même la pluie. Il savait « voir » la nature et la faire voir. D’un autre côté sa peinturepouvait être volontaire et ferme. Les contours des sujets, toujours bien mis en page, étaientalors cernés de façon nette dans beaucoup de toiles. C’est bien ce jeu entre sensibilité et force quiconstitue le fil conducteur de la peinture de Chamard-Bois. Dans presque toutes les toilesprédomine l’importance accordée aux ciels traités comme des motifs concrets.
Dans ses aquarelles aussi, les ciels de Chamard-Bois sont la tonique de ses œuvres.
51
Emile Chamard-Bois et Léontine Hotz se sont mariés le 22 juillet 1918. A partir de cettedate et dès qu’Emile a été démobilisé, le couple qui n’avait pas d’enfant, ils avaient l’un etl’autre quarante ans, ne vécut plus que par la peinture et pour la peinture.
Emile avait certes quelque peu peint avant la guerre – une photo de famille de 1908 lemontre devant son chevalet – mais les œuvres de cette époque, sans doute peu nombreuses etprobablement élémentaires n’ont pas été retrouvées, à l’exception de deux petites toilessignées « E. Bois » retrouvées dans le fond d’atelier Bourdon et qui pourraient avoir été peintesavant 1914.
Léontine, quant à elle, avait reçu en atelier une véritable formation d’aquarelliste et depeintre. Oswald Hotz de Baar, son neveu, a récupéré un certain nombre de ses tableaux et ungrand nombre d’esquisses et d’aquarelles diverses.
Léontine décida que si elle avait du métier c’est bien Emile qui avait un véritable tempé-rament d’artiste et que c’est lui qui devait entreprendre une activité de peinture de paysage,elle-même ne faisant que l’assister de ses conseils et de ses ébauches.
Emile se met donc à l’œuvre à partir de 1919–1920. Le couple s’installe d’abord à Luzancypuis à La Ferté-sous-Jouarre, situées sur la Marne à une dizaine de kilomètres l’une de l’autre.Ce sont les paysages de la Brie qu’Emile peint tout d’abord. Les motifs traités sont la campagne,parfois les villages, le plus souvent bien campés sur la toile. La peinture reste très classique etmodeste. Toutefois les tableaux comme H 341, Paysage aux environs de la Ferté-sous-Jouarreprésentés à l’Exposition de Meaux sont très travaillés sans autre objectif pictural que dedécrire. Les ciels qui sont si souvent travaillés dans les œuvres ultérieures ne sont pas spéciale-ment mis en valeur.
La plupart des tableaux de cette période sont classiques avec, pour les meilleurs d’entre eux,H 36 Les grands moulins de Corbeil, un travail de juxtaposition subtile de couleurs de valeursproches. Dans plusieurs toiles, on retrouve la structure chère à Chamard-Bois : un chemin,un arbre, une maison sous un ciel resté classique. Beaucoup de tableaux peints pendant cettepériode n’ont pas été retrouvés, qu’ils aient été donnés par le peintre, par exemple à l’occasiond’un mariage, ou vendus. Plusieurs ont été exposés.
Les premières œuvres
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La période« Bleu et Rose »
La seconde période de Chamard-Bois que Léontine a qualifié de « bleu et rose » débuteà la fin des années 1920 sans que l’on puisse établir une ligne de partage avec la périodeprécédente. Elle se poursuit jusqu’au milieu des années 1930 au moment où Chamard-Bois estpris sous contrat par la Galerie Bourdon.
Pendant cette période le peintre privilégie effectivement les couleurs « douces » pourreprésenter les paysages. L’archétype de cette manière étant H 93 Maisons dans la Brie ouseul un très petit nombre de couleurs est utilisé sur un panneau vernis rendant merveilleu-sement un paysage très simple et des ciels tourmentés. Pendant cette période, Chamard-Boisexpose beaucoup, souvent dans des petites expositions locales, à Lagny par exemple maisaussi au Salon des Artistes Français, au Salon des Indépendants et au Cercle Volney. En 1929une exposition personnelle se tient à la Galerie Pleyel à Paris. En 1933, Emile reçoit la Médailled’Argent de la Ville de Paris attribuée par la Société Arts, Sciences et Lettres.
Chamard-Bois propose toujours les paysages de la Brie mais il traite également les motifsde la Sarthe, de Bretagne et de Normandie. En 1933, Emile est frappé d’une embolie à lajambe qui le tient alité plusieurs semaines. Convalescent, Emile entre dans ce que Léontineappelle sa « période noire » . Certaines toiles sont effectivement très sombres notammentcelles qui traitent de paysages bretons ou sarthois. On peut considérer que cette périodes’achève par une petite toile tout à fait remarquable, H 176 Vue sur la Seine, de 1934 queChamard-Bois donne au médecin qui l’a soigné, le Docteur Michon, en lui disant « je vousdonne ce tableau ; c’est ce que j’ai fait de mieux jusqu’ici ». Sur cette toile marquée par degrandes griffes en noir et par une plaque ocre appliquée au couteau la liberté d’expressionprime sur l’attention au motif. Il est remarquable que Chamard-Bois ait attribué une telleimportance à cette œuvre. Elle préfigure les œuvres ultérieures.
Pendant les 5 ou 6 années à partir de 1935 où il travaille sous contrat avec la GalerieBourdon, Chamard-Bois exécute les toiles sans doute les plus achevées de sa production.Pourtant, pendant cette période, la remarque du visiteur de l’Exposition 2009, au MuséeBossuet à Meaux, reste exacte : « …Tant son style est varié en fonction de ses humeurs ».Certaines toiles sont brossées à la hâte, les motifs sont campés de façon précise, soulignés detraits noirs. Plusieurs tableaux de fermes près de La Ferté-Bernard sont de ce genre. A d’autresmoments, Chamard-Bois utilise les couleurs de façon transparente. Un critique du Salon desIndépendants de 1938 écrit : « Chamard-Bois, peintre résolument clair, peint à l’huile pourobtenir des effets transparents d’aquarelle ». (H 210 Gandelu ou les toiles peintes à Chancelade).A d’autres moments, Chamard-Bois retravaille les toiles de façon à obtenir des dégradés subtils :H 239 Ambrières ou H 265 La Lieutenance à Honfleur, toile sur laquelle Chamard-Bois ararement autant travaillé les ciels. D’autres toiles enfin sont plus classiques et renouent avecle style des deux premières périodes telle H 216 Mareuil-sur-Ourcq. Deux toiles de 1939traitant du même sujet : Le vieux bassin à Honfleur sont tellement dissemblables qu’onpourrait les croire de deux peintres différents. H 294 traitée comme une esquisse et H 295peinte à grands traits fermes et bien campés. Deux toiles représentant Montigny-l’Allier dontles ciels sont traités comme des motifs sont très remarquables (H 218 et H 219) de même quecertaines exécutions de la Marne près de La Ferté (H 147). Comment ne pas citer égalementles trois exécutions du Mans (H 190, H191 et H 192) traitant du même motif avec des couleurstrès différentes. Un dénominateur commun à toutes ces « humeurs » du peintre : la qualité desciels de presque toutes les toiles.
Une partie importante de la production de Chamard-Bois pendant toute cette période – lestableaux vendus par la Galerie Bourdon – reste malheureusement inconnue. Leur découverteserait particulièrement intéressante. Même si, pendant les périodes précédentes, Chamard-Bois a peint des œuvres remarquables (H 151 Crouttes ou H 148 Au-dessus de la Gambière)même si pendant la période suivante Chamard-Bois a réalisé aussi quelques chefs-d'œuvre, onpeut penser que c’est pendant la période Bourdon, sans doute stimulée par la Galerie, que laproduction artistique de Chamard-Bois a été la plus constante.
Les années Bourdon1935-1940
95
108
A 104 Le café de la gare à Bagnole de l’OrneEsquisse pour H181
H 182 - La lieutenance et le vieux bassin à Honfleur 9/1934 (15 F)
109
H 266 - La Lieutenance à Honfleur (carton) 7/1938 (3F)
H 268 - La Lieutenance à Honfleur (2ème version) 7/1938 (12F)
136
H 302 - Maisons à La Ferté-sous-Jouarre (2ème version) (8 F)
H 336 - La Marne derrière le pâtis de Condé à la Ferté 7/1945 (12 F)
137
H 330 - Maisons et arbre à La Ferté 1943 (8 F)
H 324 - Etude sur des maisons le long de la Marne 1943 (3 F)
140
TableaudeLéontine
Chamard-Bois
Le
tabl
eau
orig
inal
étai
tpl
usgr
and,
ila
été
reca
dré
H16-Lamaisondepêche
etlaMarneàLuzancy
1920(8F)
Actuellementen
Grande-Bretagne
H264-Bellefontaine
1938
(12F)
PasteldeLéontine
non
retr
ouvé
H267
LaLieutenanceàHonfleur,
tableaunonretrouvé
H83
BordsdeMarne
souslapluie1930
(10F)
H246
Enpromenade
àChancelade1937
(15F)
Nonidentifié
H141
Gien1932
(4F)
nonretrouvé
H140
Gien1932
(4F)
H77
LePetitMorinàVanry
1929
(15F),tableauvolé
141
L’atelie
rretrouvé
PasteldeLéontine,
l’originalàétéredécoupé
actuellement
enG
rand
e-B
reta
gne
H69
non
retr
ouvé
Tableau
deLéontine
Chamard-Bois
«Ladentellière»
non
retr
ouvé
Copiedu
tableaudeGentileschi,
l’originalestau
Louvre
H156-LaMarne
àLaFerté-sous-Jouarre
fin1932
(8F)
H66
-Mourette-sur-Morin
1929
(30F),
actuellementenGrande-Bretagne
H90
-Meaux
(inachevé)
1930
(25P)
nonretrouvé
143
Le prix de souscription est de 30 euros(en franco de port)
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