C'Est Pour Ton Bien . a. Miller

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Crest

pour ton bien

Prface

On reproche la psychanalyse de n'aider tout au plus qu'une minorit privilgie, et ce d'une faon encore trs conditionnelle. Ce reproche est parfaitement justifi, tant que les fruits de I'analyse demeurent effectivement proprit exclusive de ce petit nombre de privilgis. Mais il pourraiten tre autrement. Les ractions qu'a suscites mon livre Le Drame de I'enfant dou m'ont appris que les rsistances contre ce

que j'avais

dire n'taient pas plus fortes parmi les

profanes l'taient peut-tre moins, dans les jeunes - et que parmi les spcialistes; qu'il tait donc gnrations utile et ncessaire de transmettre I'ensemble du public Ie savoir acquis grce I'analyse par un petit nombre d'lus, et de ne pas l'emprisonner dans des bibliothques. C'est ce qui m'a conduite personnellement la dcision de consacrer les prochaines annes de ma vie l'criture. Je voudrais dpeindre essentiellement des phnomnes qui se produisent en dehors de la situation psychanalytique, dans tous les domaines de I'existence, mais dont la comprhension profonde repose sur l'exprience analytique. Cela ne signifie en aucune faon que je veuille < appliquer la socit )) une thorie toute faite, car je crois n'arriver vritablement comprendre un tre humain que lorsque j'entends et que je ressens ce qu'il me dit sans avoir besoin de recourir des thories pour me protger contre lui, ni mme de me retrancher derrire ces thories. Toutefois, en matire de psychologie des profondeurs,notre recherche, que ce soit sur les autres ou sur nous-mmes, permet une connaissance de la psych humaine qui nous accompagne partout dans l'existence et qui affine notre sensibilit, mme en dehors du cabinet de I'analyste. Cependant, I'opinion publique est loin d'avoir pris conscience que ce qui arrivait l'enfant dans les premires annes de sa vie se rpercutait invitablement sur I'ensemble

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Prfoce

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de la socit, et que la psychose, la drogue et la criminalit taient des expressions codes des expriences de la petite enfance. Cette ide est trs souvent conteste, ou n'est admise que sur un plan intellectuel, alors que la pratique (politique, juridique ou psychiatrique) reste fortement domine par des reprsentations moyengeuses toutes pntres de projections du principe du mal ; tout cela pour la simple raison que I'intellect n'a pas prise sur les domaines de l'motionnel. Une connaissance motionnelle peut-elle se transmettre au travers d'un livre ? Je I'ignore, mais I'espoir que I'ouvrage puisse dclencher chez tel ou tel lecteur un processus intrieur me parat assez fond pour ne pas ngliger cette tentative. Ce livre est n d'un besoin : celui de ragir aux nombreuses lettres reues la suite de la parution du Drame de l'enfant dou ; elles m'avaient beaucoup touche mais je n'tais plus en mesure de leur rpondre personnellement. Je ne pouvais plus le faire par manque de temps, mais ce n'tait pas la seule raison. Je me suis aperue assez vite que je me devais d'expliciter davantage pour le lecteur mes penses et mes expriences de ces dernires annes, dans la mesure o je ne pouvais pas m'appuyer sur une littrature existante. Des questions techniques de mes collgues et des questions plus gnralement humaines des personnes concernes (l'un n'excluant pas I'autre !) se sont dgags mes yeux deux ensembles de problmes : d'une part ma dfinition conceptuelle de la ralit de la petite enfance, qui s'carte du schma pulsionnel de la psychanalyse traditionnelle, d'autre part la ncessit de cerner encore plus prcisment la diffrence entre sentiments de culpabilit et deuil. C'est cela que se rattache la question cruciale et inlassablement rpte des parents sincrement dsireux d'amliorer la situation : que pouvons-nous faire pour nos enfants partir du moment o nous avons constat que nous tions sous I'emprise d'une compulsion de rptition ? Comme je ne crois pas I'efficacit des recettes ni des conseils, au moins en ce qui concerne le comportement inconscient, je ne pense pas que mon rle soit de lancer des appels aux parents pour qu'ils traitent leurs enfants

autrement qu'ils ne peuvent le faire ; je voudrais plutt mettre en lumire les corrlations, faire ressortir I'information vivante et sensible l'enfant qui vit encore (plus ou moins cach) en chaque adulte. Tant qu'on ne lui permet pas de se rendre compte de ce qui est arriv, une part de ia vie sensible est paralyse, et sa sensibilit aux humiliations de l'enfance demeure touffe. Tous les appels I'amour, la solidarit, la compassion ne peuvent que rester vains en I'absence de cette sympathie, de cette comprhension premires qui sont absolument essentielles. L problme prend des proportions particulirement dramatiques chez les psychologues professionnels, parce qu'ils ne peuvent pas utiliser leur savoir de spcialistes de faon frutueuse s'ils ne sont pas capables d'empathie vis-vis de leurs patients, quel que soit le temps qu'ils leur consacrent. Cela vaut tout autant pour I'impuissance des parents que ni un niveau culturel lev ni le temps libre ont ils disposent ne peuvent aider comprendre leur enfant tant qu'ils sont obligs de prendre une certaine distance motionnelle par rapport la souffrance de leur propre enfance. Inversement, en quelques secondes' -une mr! qui travaille sera peut-tre susceptible de mieux comprendre la situation de son enfant, si elle a I'ouverture d'esprit et la libert intrieure requises pour y parvenir.

Je considre que ma tche est de sensibiliser I'opinion publique aux souffrances de la petite enfance, et c'est ce que je tente de faire deux niveaux diffrents, m'efforant ces deux niveaux d'atteindre, chez le lecteur adulte, I'enfant qu'il a t. Je le fais, dans la premire partie de ce livre, u travers d'une prsentation de la < pdagogie noire >>, c'est--dire des mthodes ducatives suivant lesquelles ont t levs nos parents et nos grands-parents' Chez certains lecteurs, le premier chapitre veillera peuttre des sentiments d'irritation et de colre qui peuvent avoir un effet thrapeutique trs bnfique. Dans la deuxime partie, je dcris l'enfance d'une toxicomane, d'un dirigeant politique et d'un infanticide, qui ont tous -victimes dans leurs jeunes annes de mauvais trois t traitements et de profondes humiliations. Dans deux de

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Prface 1lanalyste, Gertrud Boller-Schwing, auteur d'un ouvrage (Der ;;ii;;".l tut I'exprience des patients intetrs C'est -ke Rascher, 1940)' i", S'eele des Gisteskranken, plus d'importance attach *qu'un qui a toujours qui n'a jamais cherch . t;ctre qu'au comporiement, ,n'duqu., ni me faire la lon, ni directement ni de exprience i* t"urne. C'est prcismenl grce cettemoi-mme' par qu. 3'ui pu apprend.. b.aucoup de choses d. fi ruo" ili m'tait la plui naturelle, et que j'ai t nous sensibilise cette atmosphre ducative dans laquellebaignons. Dans cette prise de conscience sont intervenues aussl' pour une bonne part, d'innombrables conversations avec 'mon fits, Martin MiU.t, qui m'ont constamment conduite une confrontation avc les contraintes ducatives de a generation intriorises dans mon enfance' C'est je vcue que I'expession riche et claire de son exprience doii en partie ma propre libration de ces contraintes' qui je parvenue nia t possible qu; partir du moment oir suis plus subtiles de saisir les nuances ls plus infimes et les i'titua. ducative. Un on nombre des rflexions exposes que je aan, ce livre ont t dbattues avec mon fils avant ne les coubhe sur le PaPier. Pour la rdaction du manuscrit, I'aide de Lisbeth Brunner m'a t d'une valeur inestimable' Elle a non seulement dactylographi ce texte mais aussi ragi spontanment tous ls .truiit..r avec intrt et comprhension ; elle a t, en fait, mon premier lecteur' Enfin, j'ai eu la chance de trouver en la personne de qui Friedhelm Herboth des ditions Suhrkamp un lecteur jamais a profondment compris mon propos, qui n'a brutalis mon texte .t tt'a suggr que des corrections riviittiqt.t qui prservaient eniirement le sens original' ctte aencatesse dans la manipulation du discours ainsi que le respect et la comprhension de la pense de I'autre' j tes avais ressentis dj, pour mon premier livre' comme un don excePtionnel. C'est grc Siegfried Unseld, qui avait t personnelle ment touch par on livre sur I'enfant dou' et grce pas atterri son interventin active' que mes travaux n'ont

ces trois cas, je m'appuie trs directement sur les rcits que m'ont faits les intresss eux-mmes de leur enfance et de la suite et leur existence, et je voudrais aider le lecteur percevoir ces tmoignages bouleversants avec mon oreille d'analyste. Ces trois destines dnoncent les effets dvastateurs de l'ducation, sa ngation du vivant et le danger qu'elle constitue pour la socit. Mme dans le cadre de la psychanalyse, et surtout dans celui du schma pulsionnel, il subsiste des traces de cette attitude pdagogique. J'avais d'abord pens faire de l'tude de ce point prcis un chapitre du prsent ouvrage, mais, tant donn I'ampleur du sujet, c'est devenu I'objet d'une autre publication qui vient de paratre en Allemagne (Du sollst nicht merken, Suhrkamp, l98l). J'y ai montr aussi, plus prcisment que je ne I'ai fait jusqu' prsent, en quoi mes positions se dmarquent des diffrentes thories et des diffrents schmas psychanalytiques. Ce livre est issu de mon dialogue intrieur avec les lecteurs de mon prcdent ouvrage dont il reprsente en quelque sorte la suite. On peut aussi le lire sans connatre Le Drame de I'enfant dou, mais si ce que j'cris ici devait susciter des sentiments de culpabilit au lieu d'un travail de deuil, il serait alors souhaitable de se reporter aussi I'ouvrage prcdent. Il est galement important et utile de ne pas perdre de vue, tout au long de cette lecture, que ce que je dsigne sous le nom de parents ou d'enfants ne correspond pas des personnes prcises mais des tats, des situations ou des statuts qui nous concernent tous, parce que tous les parents ont t des enfants et que la plupart de ceux qui sont aujourd'hui des enfants deviendront leur tour des parents.

Pour terminer cette prface, je tiens exprimer mes remerciements un certain nombre de personnes sans l'aide desquelles ce livre n'aurait jamais vu le jour, ou tout au moins jamais sous cette forme. La nature relle de l'ducation m'a t rvle pour la toute premire fois par son contraire, au cours de ma deuxime analyse. C'est la raison pour laquelle mes remerciements vont tout particulirement ma seconde

12 C'est pour ton bienchez un obscur diteur spcialis mais ont pu atteindre des

cercles plus tendus de >, c'est--dire de gens qui souffrent, ceux pour qui, en fait, ils avaient t crits. Comme la rdaction de la revue Psyche avait refus de publier la premire des trois tudes, et que d'autres diteurs n'avaient pas non plus sembl trs intresss, l'poque, c'est I'ouverture des ditions Suhrkamp que je dois la parution de l'dition allemande.

L'ducation ou la perscution du vivant

La

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La punition suivit en grande pompe. Dix jours de suite. Dix jours trop longs pour toute conscience, mon pre administra solennellement de cinglants coups de baguette sur les poumes ouvertes de son enfant de quatre ans. Sept ampoules por jour : au total cent quarante ampoules et un peu plus. C'tai h fin de I'innocence. Tout ce qui a pu se passer au paradis avec Adam et ve, Lilith, le serpent et la pomme, le juste dferlement du dluge biblique dans les temps trs anciens, la colre du Tout-Puissont et son index je jamais rien su, C'est mon pre qui vengeur - n'en ai m'en a chass. Christoph Meckel (1980), p. 59. Qui cherche savoir ce qu'o t notre enfance, cherche savoir quelque chose de notre me. Si la question n'est pas une simple formule rhtorique et si I'interlocuteur a Ia patience d'couter, il sera bien forc de constater en dfinitive que nous aimons avec horreur et haissons avec un inexplicoble amour ce qui nous a inflig les plus grandes peines et les plus terribles souffrances.

Erika Burkart (1979), p. 352.

lntroductionIl suffit d'avoir

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t mre ou pre et de ne pas vivre dans un tat de refoulement complet pour savoir par exprience

que I'on peut avoir quelque difficult tolrer certains aspects de la personnalit de son enfant. Cette prise de conscience est particulirement douloureuse lorsqu'on aime I'enfant, que I'on voudrait le respecter dans toute sa spcificit individuelle, et que I'on se rend compte que I'on n'y parvient quand mme pas. La gnrosit et la tolrance ne passent pas par I'intermdiaire du savoir intellectuel. Si nous n'avons pas eu, enfants, la possibilit de vivre consciemment et de surmonter le mpris qui nous tait

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inflig, nous le perptuons. La seule connaissance des lois du dveloppement de I'enfant ne nous met pas l'abri de I'insatisfaction ni de la colre lorsque son comportement ne correspond pas nos reprsentations idales ni nos besoins, sans parler des cas o il semble mettre en prilnos mcanismes de dfense. La position des enfants est toute diffrente : ils ne sont pas entravs par un pass, et leur tolrance vis--vis des parents est absolument sans limites. L'amour filial empche I'enfant de dcouvrir la cruaut psychologique des parents qu'elle soit consciente ou inconsciente et sous quelque forme qu'elle prenne. Tout ce que I'on peut imposer impunment un enfant ressort clairement des derniers ouvrages parus sur l'histoire de I'enfance (cf. par exemple Ph. Aris, 1960 ; L. de Mause, 1914; M. Schatzman, 1978 ; I. Weber-Kellermann, 1979 ; R.E. Helfer et C.H. Kempe [dir. de publication], 1978). Il semble qu'au fur et mesure que I'on se rapproche de l'poque moderne, la mutilation, I'exploitation et la perscution physiques de I'enfant aient t supplantes par une cruaut psychique, que I'on peut en outre prsenter sous la dnomination bienveillante et mystificatrice d'< ducation >. tant donn que, chez de nombreux pcuples, l'ducation commence ds le berceau, dans la phase de la relation encore symbiotique avec la mre, ce conditionnement des plus prcoces ne permet gure de connatre la situation relle de I'enfant. Par la suite, le besoin de I'amour parental interdit galement I'enfant de se rendre compte du traumatisme qui persiste souvent une vie entire, cach derrire I'idalisation des parents tablie dans les premires annes.

dans les lettres et les journaux intimes de parents. Pour tout observateur extrieur, elles expliquaient trs bien les causes des atteintes profondes dnt souffraient les enfants devenus mes patients. Mais, au dpart, ces derniers n'taient pas en mesure de conclure grand-chose de ces documents, et ce n'est qu'au terme d'une longue analyse trs approfondie qu'ils parvenaient voir la ralit qui y tait dcrite. Il fallait d'abord qu'ils se dgageassent de I'imbrication avec les parents pour dfinir les limites de leur propre personnalit. Si la conviction que les parents ont tous les droits sur consciente ou inconsciente eux et que toute cruaut de leur-amour reste si profondment est I'expression enracinl dans I'homme, c'est qu'elle se fonde sur I'intriorisation des premiers mois de la vie, de la priode de la sparation de I'objet. Deux extraits des conseils pdagogiques du docteur Schreber publis en 1858 me paraissent illustrer le droulement habituel de ce Processus :les principes moraux et ducatifs sont les caprices du tout-

Les premiers lments sur lesquels seront mis l'preuve

petit qui se manifestent par des cris et des pleurs sans motif... Une fois vrifi qu'ils ne correspondent pas un besoin rel, que I'enfant n'est pas mal I'aise, qu'il ne souffre pas et qu'il n'est pas malade, on peut tre sr que les cris sont tout simplement I'expression d'une humeurpassagre, d'un caprice, un premier signe d'obstir,rgtion'

Il

Le pre du paranoi'aque Schreber, dont Freud relate le cas, avait crit vers le milieu du XIX" sicle plusieurs manuels d'ducation si populaires en Allemagne que certains furent rdits quarante fois et traduits dans plusieurs langues. L'auteur y rptait inlassablement qu'il fallait commencer d'duquer l'enfant le plus tt possible, ds son cinquime mois, pour le librer des >. J'ai trouv maintes prises de position similaires

ne suifit plus, comme dans les premiers temps, d'adopter une attitude d'attente patiente, il convient dj de manifester son opposition de faon un peu plus positive : par une rapide tentative de dtourner I'attention, des formules svres, des gestes de menace, des petits coups contre le lit..., et, si tout cela ne suffit pas, par des admonestations

physiquement tangibles, demeurant bien videmment assez ieerei mais ritres petits intervalles rguliers jusqu' ce que I'enfant se calme ou s'endorme... Que I'on applique ce type de mthode une fois ou tout au

plus deux

il suffit ds lors d'un regard, d'un mot, d'un seul geste deEt il faut bien penser que c'est le que I'on puisse apporter I'enfant, plus grand bienfaitmenace pour le diriger.

et

I'on est matre de I'enfant pour touiours'

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La > 19patriarcale, nous nous trouvons actuellement dans une phase d'exprimentation trs intressante du point de vue du rle des sexes, et ce stade j'aurais quelque difficult traiter du < rle social > du pre ou de la mre sans tomber dans des catgories normatives dpasses. Je me contenterai de dire que tout jeune enfant a besoin pour I'accompagner dans I'existence non pas d'un tre qui le dirige mais d'un tre qui lui manifeste de l'empathie (que ce soit le pre ou la mre importe peu). On peut faire de I'enfant une foule de choses dans les deux premires annes de sa vie, le plier, disposer de lui, lui enseigner de bonnes habitudes, le corriger et le punir, sans qu'il arrive quoi que ce soit, sans que I'enfant se venge. Il n'empche qu'il ne parvient surmonter sans difficult l'injustice qui lui a t faite qu' la condition de pouvoir se dfendre, autrement dit la condition de pouvoir donner sa souffrance et sa colre une expression structure. S'il lui est interdit de ragir sa manire, parce que les parents ne supportent pas ses ractions (cris, tristesse, colre) et les interdisent par de simples regards ou d'autres mesures ducatives, J'enfant apprend se taire. Son mutisme garantit certes I'efficacit des principes d'ducation, mais il recouvre en outre les foyers d'infection de l'volution ultrieure. Si les ractions adquates aux vexations, aux humiliations et aux violences - au sens le plus large du terme subies sont exclues, elles ne peuvent pas non plus tre intgres la personnalit, les sentiments sont refouls, et le besoin de les exprimer de faon structure demeure insatisfait et sans espoir de satisfaction. Cette absence de tout espoir d'exprimer les traumatismes inconscients, avec les sentiments respectifs qui s'y rattachent, entrane de graves troubles psychiques cbez la plupart des gens. Comme chacun sait, I'origine de la nvrose ne rside pas dans la ralit de ce qui s'est pass, mais dans la ncessit du refoulement. Je tenterai de prouver ici que ce drame n'intervient pas uniquement dans la gense de la nvrose. La rpression des besoins instinctuels n'est qu'une partie de la rpression massive qu'exerce la socit sur I'individu.

la mesure o on lui pargne ainsi de nombreuses heures d'agitation qui nuiraient son dveloppement et o on le libre de ces dmons intrieurs qui prolifrent et ne se transforment que trop aisment en invincibles ennemis d'une existence sur laquelle ils psent de plus en plus--lourdement. (Cf. Schatzman, 1978, p. 32 et sq.)dans

qu'il combat en ralit ses propres pulsions chez I'enfant, et il ne fait pour lui aucun doute qu'il exerce son pouvoirdans I'intrt exclusif de I'enfant:

Le docteur Schreber ne se doute pas le moins du monde

'

Si les parents s'en tiennent fidlement cette ligne, ils en sont bientt rcompenss par l'instauration de cet heureux rapport, dans lequel I'enfant peut presque constamment tre dirig par le seul regard parental. (Cf. ibid., p. 36.)

On constate souvent que, mme un ge avanc, les sujets qui ont t levs ainsi ne s'aperoivent pas qu'ils sont exploits tant qu'on leur parle >. On m'a demand souvent pourquoi dans Ze Drame de I'enfant dou je parlais tant des mres et si peu des pres. Je dsigne sous le nom de la principale personne de rfrence de I'enfant dans ses premires annes. Il ne s'agit pas ncessairement de la mre biologique, ni mme forcment d'une femme. Je voulais tout prix montrer que les regards d'interdictlon ou de mpris que percevait le nourrisson pouvaient entraner l'ge adulte de graves troubles, en particulier des perversions et des nvroses obsessionnelles. Dans la famille Schreber, ce n'tait pas la mre qui, dans leur plus jeune ge, c'tait le pre. Et les deux fils furent atteints par la suite de maladies mentales avec dlire de la perscutin. Jusqu' prsent je ne me suis jamais proccupe de thories sociologiques sur les rles respectifs du pre et de la mre. Depuis quelques dcennies, il y a de plus en plus de pres qui assument aussi les fonctions maternelles positives et manifestent I'enfant tendresse, chaleur et comprhension de ses besoins. Contrairement l'poque de la famille

lts

len

La < pdagogie noire >> 2lvieux dilemme : d'un ct I'obligation du secret, de I'autre la conviction que I'on dcouvre l un certain nombre de rgles dont la connaissance ne devrait pas rester rserve

tendre enfance le considrer comme nfaste et dangerux, on aimerait bien transmettre la socit un feu d; I'exprience acquise par l,intermdiaire de la siiuation analytique. La question de savoir si c'est seulement possible reste dbattre. Toutefois, la socit a au moins le droit d'tre informe, autant que faire se peut, de ce qui se produit rellement dans Ie cabinet du psychanalyste. Car ce qui s'y dcouvre n'est pas uniquement I'affair personnelle de quelques malades et de quelques gars mais nous concerne tous.

Itlntlrmdlaire des parents souvent pleins de bonnes intntlonc, I'individu n'est pas en mesure de retrouver en luimme sans aide extrieure les traces de cette rpression. C'est comme un homme qui I'on aurait impiim une marque dans le dos et qui, sans I'aide d'un miroir, ne pourrait jamais la dcouvrir. La situation analytique est une de celles qui prsentent cette sorte de miroir. La psychanalyse reste le privilge d'une minorit, et ses rsultats thrapeutiques sont souvent contests. cependant, lorsqu'on a observ plusieurs reprises, sur ds su;eti diffrents, les forces qui se libraient quand on parvenait abolir les effets de l'ducation ; lorsqu'on voit e quelle faon destructrice ces forces s'investiisent sans .elu d. toutes parts, dtruisant le vivant chez les autres comme chez le sujet lui-mme parce qu'il a appris ds sa plus

hAtr du falt qu'elle ne s'exerce pas seulement dulte mals ds les premiers jours de la vie, par

un petit nombre d'initis. Par ailleurs je connaisdfenses du lecteur qui n'a pas

les

fait d'analyse, les sentiments de culpabilit qui s'instaurent en nous ds lors que I'on nous parle de cruaut tandis que la voie du travail du deuil doit encore rester ferme. Que faire de ce triste savoiracquis ? Nous sommes tellement habitus lercevoir tout ce qui nous est dit comme des prescriptions et des prdicats

Les foyers de la haine (Citations de textes des deux sicles derniers.)

moraux que la pure information est parfois ressentie comme un reproche et n'est, par consquent, absolument pas reue. Nous nous dfendons juste titre contre de nouvelles exigences, quand on nous a dj trop demand en nous imposant trop tt, et souvent par la force, les rgles de la morale. L'amour du prochain, le don de soi, I'esprit de sacrifice - que de belles formules, mais quelle cruaut ne peuvent-elles pas cacher pour la simple raison qu'elles sont imposes I'enfant, et ce ds une poque o les dispositions I'amour du prochain ne peuvent pas tre prsentes. Du fait de la contrainte, il n'est pas rare qu'elles soient mme touffes dans l'uf, et ce qui reste n'est alors qu'une inlassable astreinte. C'est comme une terre trop dure sur laquelle rien ne pourrait pousser, et le seul espoir d'obtenir malgr tout I'amour exig rside dans l'ducation de ses propres enfants, que I'on peut son tour contraindre impitoyablement. C'est la raison pour laquelle je voudrais me garder detoute attitude moralisatrice. Je tiens explicitement ne pas dire que l'on doit faire ou ne pas faire ceci ou cela, par exemple qu'il ne faut pas hair, car ce sont mes yeux des phrases inutiles. Il me semble que mon rle est plutt de mettre en lumire les racines de la haine que seuls peu d'entre nous paraissent connatre, et de chercher expliquer pourquoi ils sont si peu.Je me proccupais beaucoup de ces questions quand le livre de Katharina Rutschky, Schwarze Piidagogik (1977)

y - Il a trs longtemps que je m'interrogeais sur la faon de montrer, sous une forme tangible et non purement intellectuelle, ce que l'on fait dans bien des cas aux enfants peut avoir pour la

comment raconter ce que dcouvrent les tres dans leur long et pnible travail de reconstruction des origines de leur vie. A la difficult de prsentation vient s'aj-outer le

ds le dbut de leur existence, et les consquences que cela socit je me demandais iouvent

;

me tomba entre les mains.

Il

s'agit d'un recueil

de

tndltlonnelles de conditionnement du sujet ne pas se rendre compte de ce que I'on fait exactement de lui sont si clairement dcrites qu'elles confirment, partir de la ralit, des reconstitutions auxquelles j'tais parvenue au cour du long travail analytique. C'est ainsi que j'eus I'ide d'extraire quelques passages de cet ouvrage excellent mais trs long, et de les runir de telle sorte que le lecteur puisse, en s'y appuyant, rpondre pour lui-mme et trs personnellement des questions que je comptais soulever.pouvaient-ils faire de nous ? Comment aurions-nous pu nous en apercevoir alors que nous tions enfants ? Comment aurions-nous pu nous comporter autrement avec nos propres enfants ? Ce diabolique cercle vicieux pourra-t-il tre aboli un jour ? Et pour finir : la culpabilit n'existet-elle plus partir du moment o I'on se bande les yeux ? Il n'est pas totalement exclu que je cherche obtenir par la citation de ces textes un rsultat radicalement impossible ou compltement superflu. Car tant qu'un individu ne peut pas voir quelque chose, il s'arrange pour ne pas le voir, pour le mal comprendre et pour s'en dfendre d'une faon ou d'une autre. Si au contraire il s'en est d'ores et dj rendu compte, il n'a pas besoin de moi pour s'en apercevoir. Ces considrations sont justifies, et pourtant je ne voudrais pas renoncer mon projet car il ne me parat pas dnu de sens, mme si, pour le moment, relativement peu de lecteurs sont susceptibles de tirer profit de ces citations. Les textes choisis me semblent dvoiler des techniques qui ont servi dresser non seulement ( certains enfants >> mais pratiquement nous dresser, tous tarut que nous sommes (et surtout nos parents et nos grand-parents), ne pas nous apercevoir de ce qui nous arrivait. J'emploie ici le terme < dvoiler >>, alors que ces crits n'avaient rien de secret et furent au contraire dits et rdits maintes fois. Mais l?homme de la gnration actuelle peut en tirer quelque chose qui le concerne personnellement et qui restait encore dissimul ses parents. Cette lecture peut lui donnerCes questions sont essentiellement les suivantes : Comment nos parents ont-ils t levs ? Que devaient-ils et que

g |rit lplvr ton blcn llxtll rur l'ducation, dans lesquels toutes les techniques

La

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Si les enfants ont eu I'occasion de s'apercevoir qu'ilsarrivaient imposer leur volont par la colre et les cris, ils ne manquent pas de remployer ces mmes moyens. A la fin ils deviennent les matres de leurs parents et de leurs gouvernantes et ont un esprit mauvais, capricieux et insupportable, qui est par la suite une arme avec laquelle ils perscutent et torturent leurs parents toute leur vie en rcompense de la < bonne >> ducation reue. En revanche si les parents ont la chance d'interdire le caprice ds le dpart par les remontrances svres et la baguette, ils ont de bons enfants soumis et obissants qui ils peuvent ensuite donner une bonne ducation. Pour prparer un bon terrain l'ducation, il ne faut pas cesser d'y travailler, jusqu' ce que I'on sente que le caprice a disparu, car il faut tout prix qu'il disparaisse. Il ne faut pas croire que I'on puisse faire quoi que ce soit de bon dans le domaine de l'ducation tant que I'on n'a pas limin ces deux dfauts de base. Ce serait se donner du mal en vain. Il faut absolument tablir d'abord la base. Ce sont donc les deux morceaux de choix sur lesquels on doit fixer son attention dans la premire anne d'ducation. Quand les enfants ont plus d'un an, qu'ils commencent donc comprendre et parler, il faut aussi s'occuper d'un certain nombre d'autres choses, la seule condition toutefois que le caprice reste I'objectif principal de tout le travail jusqu' ce qu'il ait compltement disparu. Notre but essentiel est toujours de faire de nos enfants des tres justes et vertueux, et il faut que les parents aient toujours cet objectif prsent I'esprit, chaque fois qu'ils regardent

par son caprice ni par et ne jamais tre modifie en rien ds.la. premire enfance ses humeurs' pour qu;ii uppt"tne du bon ordre' se soumettre rigoureusement aux rgles une influence incontestal'tat"t.llon o6tttu" avec lui alorsque les enfants sont ;1."^;; l;.tptil de I'enfant et en dduisent que celuittui"t itai,ot au u" oiate' ils plus qu'on le leur ; .", 1, n" se souviennent plaisir I'enfant Si pour.faire ;;;.'it" ;iifi.i"tt"*nt' existence chaque fois qu'il ;r;;iiLTrr. a" ,petite u-ttt penser que I'on veut en faire sa te; il "tt . ct ordre et qu'il n'attache pu, u"u,,"oi''ail*pottun"e ce ;"il";;;j""ts cder.-tott cprice ;plus principe de base dvastatrices sur les ;;;;i;";ir dutes consqueocs peut le conclure aisment sujet, aini qu'on [" ni" morut" i ptt"eat*ment de la ncessit de que noo, de ce "no"t on ieut s'entretenir avec l'enfant' il l'ordre. Ds lors qu.i de lui prsenter I'ordre ;;;'ffi;-tout", res ttusions et d'inviolable' Lorsque de sacr ;;;;;tilue cttose chose qui va I'encontre de l'enfant demande q* i';;;; l i""t tui-iponate: mn cher enfant' c'est que I'on ne bon i*""rtiui", ce serait cttttuire au suite ordre' de ["']' ili,"il enfreindre, et ainsi doit uxer son L.- t..ona lment capital sur -lequel on la troisime ou effort ds le oepart]""i fu deuxieme personnes

;ffili1il

parents et aux ;n;;, estl'obisiance absolue aux toul,:: qu'ils font' Non i"p**tr.t, et I'apprbation de simplement ncessaires tout seulement ces lments sont

leurs enfants, pour ne pas manquer une occasion de travailler sur ce terrain. Il faut aussi avoir toujours trs prsent I'esprit le profil ou I'image d'une me porte la vertu, telle que nous I'avons dcrite prcdemment, demanire savoir comment s'y prendre. Le premier principe et le principe le plus gnral auquel il faut veiller consiste

i;-ffi; marche de l'ducation, mais. ils exercent une l'ducation' Ils influence tres prorJidt t"i-r;t"tt*ble -de ql'ils inscrivent dans parce ;;;;t;"tt.it a iet*tion ei d'obissance aux lois' un ;tincipes';otdre ;ti, -.tt ses ;#;; q"i trauitue etobir rgles parents se soumettra e la raison une fois auxsans difficults aux

inculquer I'enfant I'amour de I'ordre : c'est la toutepremire contribution l'dification de la vertu. Mais d'ans les trois premires annes cette dmarche, comme toutes les autres que l'on entreprend avec I'enfant, ne peut tre emprunte que d'une faon purement mcanique. Il faut trs exactement faire tout ce que I'on entreprend avec I'enfant suivant les rgles du bon ordre. La boisson et la nourriture, I'habillement et le sommeil, toute la petite existence quotidienne de I'enfant doit tre bien ordonne

dj .o'''iiopt" mat,. parce qu'il auraCette sa volont' .ir-iit"uirua" at-nt put agir selon f?it:. to:te

is

libre et devenu

obissance revt une tne importance de I'obisl'ducation n'est rien aiautre que I'apprentissage

qu'en

sance.i'Ju,

;;;;;; p"iron,,uti'ts,-.nii.tt,.

c'est un

;;tp"

par doivent apprendre I'art .de gouverner nescit imperare*' mais on l'obissance . Qui iiscit-obedire'

aestinees au.. souvernement d' Etats

t"'iu"tt"il-ent admis q.l:..I:'

Qui ne sait obir, ne sait commander'

26

C'est pour ton bienI'obissance donne l,homme la volont O. ,. ,ou.itr 3y* l9i!, ce qui est la premire qualit a,un gou""inni.

Laque

> 27

ne peut en trouver qu'une seule raison, savoir

faut donc ds le dbut, ds lors que Ies enfants sont t.u. *onti.i uu*i bien par la parole que par les actes qu'ils doivent ie soumettre Ia volont des parents. L,obissanc, .onrirt" ce que les enfants l) fassnt de bon gr ce qui feui ordonn, 2) renoncent ce qui leur est intrdit "ri t :j s'estiment satisfaits des prescriitions qui reu, sont- f;it";: (Extrait de J. Sulzer, Verrurh uo, ", rri"h;-r;';;; Unterweisung der Kinder 2, 174g, cit d,aprs Xutfruiin" Rutschky, Schwarze pridagogik, abrg aun, fu,uii"-K. i.; p. 173 et sq.)capables rte comprendre quelque chose,

consquences nfastes.

suite. Ces premires annes prsentent en outre galement I'avantage que I'on peut utiiiser la force et Ia contrainte. Avec le temps, les enfants oublient tout ce qu,ils ont vcu dans-la toute petite enfance. Si I'on parvient ators a teur ter la volont, par la suite ils ne se souviendront .iu_ui, d'en avoir eu une, et I'intensit des moyens que l,on aura d mettre en uvre ne pourra doni pas "i, "

Une fois que, par un premier eifort d,du.ition, on- :.h1re le caprice de l'me tendre de l,enfant, t,"rr.nti.i-0" I'effort doit donc porter sur l,obissun..- il";; obissance n'est pas facile inculquer a t,enfant. ti-esi tout naturel que I'esprit veuille suivre sa propre volont, et si -l'on ne s'y est pas pris correctement dans les deux premires annes, on a du mal atteindre son il;;

Il

nfastes.

en uvre ne pourra (donc) pas avoir de

On est tonn de I'ampleur du savoir psychologique que cet ducateur possdait dj il y a ptus 0."* ie.i.rl est parfaitement exact que les enfnts oublient avec les annes tout ce qu'ils ont vcu dans Ia toute petite enfance. Certes > mais la suite de la phrse est errone, il n,est pas vrai que I'intensit des moyns que l'on uu* dt-*.ti*consquences

nfastes toute leur vie, et bien souvent sans le savoir. Le travail de I'analyse demande des annes pour en approcher les causes, mais lorsqu'il y russit, il permet effectivement l'limination des symptmes. On se voit constamment objecter par des profanes qu'il y a des sujets qui ont indiscutablement eu une enfance difficile sans pour autant devenir nvross, tandis que d'autres qui ont grandi dans ce que I'on appelle gnralement un < milieu protg ) sont psychiquement malades. L'objectif est de prouver l'existence de dispositions innes et de contester I'influence du foyer parental. Le passage que nous venons de citer aide comprendre comment cette erreur peut (et doit ?) se rpandre dans toutes les couches de la population. En fait, les nvroses et les psychoses ne sont pas les consquences directes de frustrations relles mais I'expression du refoulement du traumatisme. Lorsque tout I'effort entrepris vise duquer des enfants de telle sorte qu'ils ne s'aperoivent pas de ce qu'on leur inflige, de ce qu'on leur drobe, de ce qu'ils perdent, de ce qu'ils auraient t et de ce qu'ils sont, et lorsque cette ducation est entreprise assez tt, dans sa vie d'adulte le sujet ressent la volont de I'autre, sans parler de son intelligence, comme la sienne propre. Comment pourrait-il savoir que sa propre volont a t brise alors qu'il n'a jamais pu en faire l'exprience ? Et pourtant, c'est ce qui peut le rendre malade. Tandis qu'un enfant qui a vcu la faim, I'exode ou des bombardements en se sentant toujours considr et respect comme une personne part entire, ne tombera pas malade la suite de ces traumatismes de la ralit. Il aura mme une chance de conserver le souvenir de ces expriences (parce qu'il les aura traverses avec des personnes de rfrence toutes dvoues lui) et d'enrichir ainsi son monde intrieur. Le passage suivant de J.G. Krger laisse deviner pourquoi l'ducateur attachait (et attache) tant d'importance lutter nergiquement contre l'>, de < fidles sujets ), etc... et I'on dvoile donc la triste vrit qui est malheureusement toujours d'actualit. Car les motivations des coups sont restes les mmes : les parents luttent pour obtenir sur leurs enfants le pouvoir qu'ils ont d eux-mmes abdiquer auprs de leurs propres parents. La menace qu'ils ont senti peser sur eux dans les premires annes de leur vie et dont ils ne peuvent se souvenir (cf. Sulzer), ils la vivent pour la premire fois avec leurs propres enfants, et c'est seulement alors, devant de plus faibles qu'eux, qu'ils se dfendent souvent trs puissamment. Ils s'appuient ce faisant sur une foule de rationalisations qui ont subsit jusqu' aujourd'huil gien que ce soit toujours pour des raisons internes, autrement dit pour leurs propres besoins, que les parents maltraitent lcurs enfants, il est admis une fois pour toutes dans notre nocit que ce traitement doit tre bon pour I'enfant. Le roin mme avec lequel on entretient cette argumenation trahit son ambigut. Bien que les arguments soient contraires toute exprience psychologique, ils se transmettent dc gnration en gnration. Il faut qu'il y ait cela des raisons motionnelles trs profondment ancres en nous. Personne ne pourrait

30

C'est

pour ton bien

La < pdagogie noire >> 3l

connaissances incontestabres acquises au cours dernires dcennies sur les lois de la psychologie

cachs et les plus inavous. c'est ce qui expliqu. urri profonde rsistance I'assimilation ei a t'tegrati;; i ;;

tirer de cette idologiJ pur_s.i propr., besoins ir;

choisis comme >. On verra dans les extraits,uiuuntr, toujiui, d'aprs Echwarze ptidagogik, le profit que l,ducat.uip.rt

et en manteau de fourrure en prein t) sans .n*ii, "n i" ridicute. Mais il esr tout fait admis d;;"r;; i" ncessit des chtiments corporers, de t'trumiiiation i ie la mainmise sur l'autonomi de rjenfant uu.. J.r-i.i*,

prner la longue des qui iraient l,encontre des lois physiques (par exemple priendre pour un enfant de se promener en mailot o uuin t iu",

qu'ii;";;t;;i"

qu'il doit'en outre respect et reconnaissance aux parents pour tout cela. Mais en dehors des coups, il y a toute unegamme de mesures plus raffines les unes que les autres qui sont prises ( pour le bien de I'enfant >> mais dont il ne peut gure percer jour la nature profonde et qui ont prcisment de ce fait des consquences catastrophiques sur son existence ultrieure. Que se passe-t-il par exemple en nous, lorsque nous essayons, en tant qu'adultes, d'imaginer ce que peut ressentir I'enfant dont P. Villaume dcrit l'ducation comme suit :

";;;;;igr;-

;i;

de

ces

Lorsqu'on prend I'enfant sur le fait, il n'est pas bien difficile de le faire avouer. Il serait trs facile de lui dire : un tel ou un tel a vu que tu as fait ceci ou cela. Mais il me parat prfrable de prendre un dtour, et on peut enimaginer de multiples.

Schatzmann, K. Zimmer). pourquoi e savoi, .".r._i_ii ,i peu d'effet sur l,opinion publique ? J,ai t.rte ;urufyr., autrefois les murtiples raisons individuelrer qui po"uui.ni expliquer ces difficults, mais je pense que ie truit.*rni des enfants doit obir. aussi un toi psychrogiqr; ;*r"1. qu'il convient de dfinir : l'exercice du pouvoiidel'adulte sur I'enfant qui demeure, plus que tout autre, cach et impuni. La mise en lumir de e mcanisme'q";rir".;; universel semble superficielrement ailer t'ennt.e e notre intrt tous (qui renonce de bon gr Ia porriilite de se dbarrasser des affects accumuls, et aux rationalisations permettant de,s'assurer une bonne conscience ?) mais elle est d'une ncessit urgente pour les gnration, ;;;;: En effet, comme av.ec les progrs de la technique it sera de plus en plus facile de iuei des milliers O,n__es appuyant sur un bouton, il est de plus en plus "n importani de faire admettre par ra conscience pubrique toute r uerite sur la manire dont peut natre re dsir-d'anantir lu ;i; de millions d'hommes. Les chtiments corporels ne sont qu'une forme de mauvais traitement, if, ,oni-to"i.rTJ humiliants parce que I'enfant ne peut pas se dfendre et

E. von Braunmiihl, L. de Mause, K.' Ruts.hky; tI.

d,ouvrages qui traitent du caractre nfaste et cruer de r'ducatin (ci. pu, .*.*pt

II

y.

a un grand nombre

Admettons que l'on ait interrog I'enfant sur les maux dont il souffre. On a appris de sa bouche mme qu'il prouvait telle ou telle douleur, tel ou tel trouble, qu'on lui dcrit son tour. J'imagine la suite : Il faudrait que I'enfant soit endurci I'extrme pour ne>>

pas avouer dans les larmes.

L'autre moyen de parvenir

la

vrit est le suivant

fi'emprunte ce passage mes entretiens pdagogiques) : J'appelai Heinrich. > H. > (Il ne pouvait effectivement rien savoir; car un enfant qui est dans ce cas I ne saitr (L'ducateur dcrit ici le cas de Heinrich lui-mme, sous un autre nom, pour lui faire peur.) < Il tait pris lui aussi I'improviste de tressaillements, comme toi ; et il disait que c'tait comme si quelqu'un le chatouillait trs fort. >> H. < Mon Dieu ! Je ne vais pas mourir, au moins ? Moi aussi j'ai cette impression. >> < Et quelquefois, on aurait cru que ces chatouilles allaient lui couper le souffle. > H. < Moi aussi. Vous ne I'avez pas vu ? > (On constate bien l que l'enfant ne savait vritablement pas quelle tait la source de son malheur.) >

H.(Oh!Non.> Est-ce que tu aurais encore ta crise ? H. ( Oh I non. Est-ce que vous me permettez de me>

retirer ?>

Pourquoi, Heinrich>

! Tu ne te trouves pas bien avec

( Il>>

moi?> H. ( Oh, si. Mais... H. ( Oh, rien. > pas ? >

35

Alors, Heinrich, pourquoi pleures_tu ? > H. < Mon Dieu ! )) H. < Mon Dieu {ai1 > t ! Oui. Cette dernire mthode est peut_tre prfrable lorsque I'on a affaire des enfants qui ont un caractre doux et souple. La prcdente a quelque chose de dur, dans la mesure ou c'est une vritable attaque porte l,enfant. (P. Villaume, 1787, cit d'aprs K.R., p. l9 et sq.) (Il se mit pleurer si fort et faisait tellement piti que j'en eus aussi ies larmes uu* y.u* _-ii le vit, me prit la main et l,embrassa de toutes ,., ior."r.f

et de tous les hommes.

leur comportement secret est inconvenant, les enfants ont peur et se cachent des adultes. C'est la raison pour laquelle je conseillerai de cont'ier le travail de surveillance quelque quelque camarade et pour les filles une jeune amie ou une servante. Il va de soi que les surveillants en question doivent connatre le secret ou tre d'un ge et d'une conformation tels que sa divulgation ne puisse leur nuire. Ils sont alors en mesure, sous couvert d'amiti (et c'est du

d'eux et que la surveillance l'exige, de faire dormir Ie surveillant dans le mme lit que I'enfant. La honte et la mfiance disparaissent vite au lit. En tout cas, il ne faudra pas attendre longtemps pour que I'enfant se trahisse par des paroles ou par des actes. (P. Villaume, 1787, cit d'aprs K-.R., p. 316 et sq.)besoins de l'ducateur, dtruit la conscience de soi de I'enfant et le rend incertain et complex mais on le prsente comme une bonne action.

reste vritablement un service d'ami), d'observer les autres. J'irai mme jusqu' conseiller, si I'on est parfaitement sr

Le recours dlibr I'humiliation, qui satisfait

les

Dans cette situation, il ne peut pas y avoir de colre ni de rvolte de I'enfant contre cette ma;ipulation Oguise, vqr u n'est p4 u ruesure qe oeceler car il rr uL pas en mesure de dceler la manipulati manipulation. Il ne peut s'veiller en lui que des sentiments de peur, de ho ne, a, i n, e, u.i i e ; i : i ff ii'n il, f i #i doute ! assez vite, ds lors qu'il aura trouv sa propre victime. Comme bien d'autres ducateurs, Villaume prend garde ce que ses mthodes passent inaperues :

:,ii,:i

i;,

Inutile de dire qu'il n'est pas rare qu'en louant

avec

Il faut donc surveiller I'enfant, mais le surveiller, sans qu,il le remarque, sinon il se- cache, il se mfie et on ne peui plus rien lui enseigner. tant donn que la honte incitl de toute faon se dissimuler ce type dtcarts, la cnose n,esiEn suivant un enfant partout (mais toujours sans tre remarqu) et surtout dans les endroits intimes, if peulen elle-mme pas facile.

arriver qu'on le prenne sur le fait. Il faut envoyer les enfants se coucher un peu plus tt - ds qu'ils sont dans leur premier sommeil, leui enlevei tout doucement la couverture, pour voir o'sont pfuae", leurs mains et s'il n'y a pas quelque autre signe. Mme chose le matin, avant leur rveii. Ds qu'il sentent ou souponnent Ie moins du monde que

outrance les qualits de I'enfant les ducateurs veillent eux-mmes et contribuent augmenter sa suffisance pour la bonne raison qu'ils ne sont eux-mmes bien souvent que de grands enfants pleins de suffisance. [...] Le problme est ensuite d'liminer cet orgueil. C'est indiscutablement un dfaut qui, s'il n'est pas combattu temps, se durcit et, se conjuguant avec d'autres dispositions gocentristes, prsente un danger considrable pour la vie en socit, tout fait indpendamment du fait que la suffisance qui se change en orgueil peut devenir ennuyeuse ou ridicule aux yeux des autres. Elle risque en outre de restreindre de multiples faons le pouvoir de l'ducateur ; Ie bien qu'il enseigne et quoi il veut inciter, le sujet content de lui croit dj le possder, ou tout au moins tre en mesure d'y parvenir aisment, Ies mises en garde sont prises pour I'effet d'une anxit exagre, les rprimandes pour lessignes d'une horrible svrit. L'humiliation est le seul et unique recours. Mais comment celle-ci doit-elle se prsenter ? Avant tout, ne faut pas beaucoup de mots. Les mots ne sont en aucun cas le bon moyen de susciter ou de

il

36

C'est pour ton biendvelopper les bonnes manires, ni d'viter ou d,riminer ; ils ne peuvent u!i, qu,.n corrlation avec une intervention un niveau -bien plus profond. Les

La

> 37

les mauvaises

Le masque de l'affection permet de cacher mieux encore I'atrocit du mode de traitement : Un matre d'cole qui je demandais un jour comment il tait parvenu ce que ses lves lui obissent sans chtiments corporels me rpondit : je m'efforce de persuader mes lves par tout mon comportement que je leur veux du bien et je leur montre par des exemples et des comparaisons qu'ils se font eux-mmes du tort s'ils ne m'obissent pas. En outre je pratique un mode de rcompense consistant marquer pendant les heures de classe ma prfrence pour l'lve le plus complaisant, le plus docile et le plus appliqu ; c'est lui que j'interroge le plus souvent, je lui permets souvent de lire son devoir devant les autres, je lui fais crire au tableau ce qui doit y tre inscrit. Je cre ainsi une mulation entre les enfants : chacun a envie de se distinguer et chacun a envie d'tre le prfr. Si quelquefois l'un d'eux a mrit une punition, je le relgue au fond pendant les heures de classe, je ne I'interroge pas, je ne lui fais rien lire, je fais comme s'il n'tait pas l. D'une faon gnrale cela fait tellement depeine aux enfants que les punis pleurent chaudes larmes ; et si d'aventure il y en a un qui ne veut pas se rendre ces mthodes douces, alors il faut que je le batte ; mais je

grandes leons de morale directes et les lngs ."r**, punitifs, les satires acerbes et le sarcasme plui le u,n., ,ni les derniers moyens de parvenir au but , t., p..*i provoquent l'ennui et l'indiffrence, res autres Ia iancur et I'abattement. C'est toujours de ia vie que l,on till;; plus marquantes leons. Il faut donc amener Ie sujet imbu de lui-mme dans .des situarions qui lui fasseni"pr."r" conscience de ses lacunes ,url, qui l,ducateur , fuirr. aller profrer la moindre puroi. : que l,on pre..nt" -a cet tre indtment fier de ss connaissances r; ;;h"; manifestement encore au-del de ses forces qu,on et n,aille donc pas le rroubler quand il essaie de volei , ;il; mais que I'on ne tolre pas non prus de demi-mesui. superficialit dans ces tentatives; lui qui se uant. "i Ae son application, ds I'instant o celle_ci se relche, qu,on h,i -"i rappelle brivement mais svrement ses inutt.niionr, qu'on lui fasse dcouvrir lui_mme le mot oubli ou mal crit dans sa _prparation ; en prenant bien soin d'viter toutefois que l'lve ne souponne une intention aeriugree. Une mthode non moin. .ffi.u." .onrirt..u pour l,duca_ teur faire goter souvent son lve ta proximitJ e grands et nobles esprits: il faut toujours prer.nie, a I'enfant dou l,exemple de pr.ronnug", d-. l,"nuironr,".ni vivant ou de personnages dl'histoiri qui s" sonii;irrd; par des dons encore plus brillant, oo iont parvenus en les utilisant la ralisation de choses admirables, ou .r,.or" I'exemple d'hommes qui sans etre aois de forces intellec_ tuelles transcendantes se sont levs pai ; ;;;;;; discipline de fer un niveau bien suprieur ',effort ra dsinvorture du talent ; naturellement, il faut ll iaire, ta encore, sans tablir de rapport explicite avec t,etCve qui ne ;"r'q;;r; pas de faire en lui-mme la comparaison. Enfin .n qui concerne les simples biens extriurs, il ne " '"i sera pas inutile d'en rappeler le caractre prcaire epnerner" pu, 0., allusions occasionnelles aux phnomnes correspondants ; la vue d'un cadavre d'homm. i"u"", Ia nouvelle de I'effondrement d'une maison a. humilie davan_ tage que les formules dissuasives"o*.."e et les rprimandes rit_ res. (Extrair de K.G. Hergang, padasisish, n"otiiziii_ ptidier, 1851, cit par K.R., p-.'412,irqi.l

mmes. Je ne bats pas I'enfant au moment mme o il a mrit la punition, je la repousse au lendemain voire au surlendemain. J'en retire deux avantages : d'abord mon esprit s'apaise entre-temps et je retrouve le calme dont j'ai besoin pour calculer exactement comment rgler la chose le plus habilement ; par ailleurs I'enfant qui a pch ressent le chtiment dix fois plus fort non seulement sur son dos

fais prcder I'excution du chtiment d'une prparation si longue qu'elle I'atteint davantage que les coups eux-

mais aussi par

le fait qu'il est contraint d'y

penser

constamment. Le jour venu de passer I'excution, je fais immdiatement aprs la prire du matin un discours mouvant tous les enfants en leur disant combien ce jour est un triste jour pour moi parce que la dsobissaice d'un de mes chers lves me rduit la ncessit de le frapper. Bien des larmes coulent dj, non seulement chez I'enfant qui va recevoir la correction mais aussi chez ses camarades. Quand j'ai termin ce petit discours, je fais asseoir les enfants et

38

C'est pour ton bien

Lq

>

je

commence ma leon. Ce n'est qu' la fin de la classe que je fais sortir du rang le jeune coupable, je lui annonce la sanction et je lui demande s'il sait ce qui la lui a value ? Une fois qu'il a sagement rpondu sur ce point. je lui compte ses coups en prsence de tous les lves ; puis je me tourne vers les spectateurs en disant que j'espre de tout mon cur que ce sera la dernire fois que j'aurai t contraint de battre un enfant. (C.G. Salzmann, 1796, cit par K.R., p.392 et sq.)

la fin de la nouvelle cette interdiction, jusqu' ce Orll de J'B' Basedow' correction f"t pftuit tfurrtent'-(Extrait der Familien und Miitt" Methodenbu'h 'itter', tll3, ciit par K'R" p' 391 et sq')

f;; ini' '"a

n-aturelle la douleur Les pleurs qui sont la raction nuutUe correction' Mais il doivent tre rprim;;; unt des sentiments :

;'iiiit.ri..ttniques

de rpression

Pour survivre, I'enfant ne garde en mmoire que I'affecassocie une soumission assure du < jeune coupable )) et la perte de I'aptitude vivre spontanment les sentiments ressentis.

tion de l'adulte

d.'entranement Vovons maintenant l'effet des exercices sait la force d'une Qui

,i?#:t't'f i""it'ott't""dmentt' it habitude tablie, tun"u*ti--i;"rrott

ffi;';;;til-ieiit.t'

Heureux les parents et les matres qui ont su donner une si bonne ducation leurs enfants que leur conseil a la force d'un ordre, qu'ils ne sont presque jamais contraints d'administrer une vritable punition, et que mme dans ces rares cas, la privation de certaines choses agrablesmais non indispensables, la mise au ban de leur compagnie,

le rcit de la dsobissance de tierces personnes dont les enfants dsirent I'admiration, ou d'auttes moyens du mme ordre sont redouts comme les plus svres chtiments. Mais ce bonheur n'est chu qu' une trs faible minorit de parents. La plupart doivent recourir de temps en temps de plus rudes moyens. Mais s'ils veulent amener leurs enfants une vritable obissance, il faut que dans leurs chtiments aussi bien les allures que les paroles soient certes svres mais non furieuses ni hostiles. II faut trd calme et grave, annoncer la punition, administrer cette punition et ne rien dire de plus ; jusqu' ce que I'action soit termine et que le jeune coupable chti soit nouveau en mesure d'enregistrer de nouveaux conseils et de nouveaux ordres. [...] Si la suite de l'administration du chtiment, la douleurse fait encore sentir un certain temps, il serait contre nature d'interdire immdiatement les pleurs et les gmissements. Si l'on sent en revanche que I'enfant puni cherche se

constance qu'il oi, on peut-considrer les sentiments est-f:T:,:: ;;;;;;habitudes iablies' Plus une me dans certatns ;;;;., ;1"; eti. a a'entrgie pour surmonter habitude' cas particuliers une.. tenda-nce.ou T:-f:*"ise le^squels 1e's' par On oourra donc uttltser tous les exercices eux-mmes' qur un effort sur #J#';;o;;;;.;; faire fttttte pour. rprimer leurs leur donnent patience li tous les exercices de cet ordre tendances. gn consequence' de l'ducation *tr"i".-i.u, 'oiiluttoioe aunt le cadre tre considrs comme particuiiie et doivent ffi;;ili.t bien qu'ils soient

-la

l'une des choses r..'irrt-itnportantes'presque Partout oublis'

iip"i,ant

et I'on que les enfants s'y peut les concevorr de telle sorte si I'on sait trguv:r la bonne faon soumettent de bon gte, ;on tttutt bien. le temps qui leur de leur parler, ., qut'f consiste par exemple est imparti. f-'un Ati"t e*"itictt que tu serals ;;' ;"tt" Demander un enfant : est-cegenre' beauc-o"up d'exercices de cecapable de passer, un

seul mot

faire I'essai' jusqu' ce pargner pour lui qu,il l,air russi. B"rii,.,'ii ne-faut rien at se dpasser ainsi' Rptez prouver que c'est.un"eioitt

jout'

f

r-,ri oo"nei

*"it'de

quelques heures sans dire un

l'exercice,comptlquez-ledetempsen-temps'l-oit^tl tn donnant I'enfant allongeant la dure it-t'ept"uut'.'oit a" ol^tl-o,l: de parte' u n le faisant manquerl'occasion jusqu' ce que vous constatrez chose. Prolongez cet exercice confiez-lui mtrise' que l'enfant v *iti"i't"t ttiiin" " pour uoir s'il se montre, l aussi' capable alors des secrets point de savoir tenir sa langue' de se taire. S'il est uiiiue ut' la fiert et

venger par ces plaintes lassantes, le premier moyen consiste essayer de I'en distraire en lui conseillant d'autres petites occupations et d'autres entreprises. Si cela reste sans effet,

il

on peut interdire les pleurs et punir la transgression

de

Litn'A'uu"ts -choses et remporter d'autres l'honneur qu'il en t"titt I'incitentest aussi cupaUrt^"

40

C'esl pour ton bienpreuves. L'une d'entre elles peut consister se priver de certaines choses que I'on aime. Les enfants sont particulirement attachs aux plaisirs des sens. Il faut essayer de temps en temps de les amener se faire violence galement dans ce domaine. Prsentez-leur de beaux fruits et mettez-les l'preuve au moment o ils sont sur le point d'en prendre. Est-ce que tu saurais faire I'effort de garder ces fruits pour demain ? Est-ce que tu serais capable d'en faire cadeau quelqu'un ? Procdez exactement comme nous venons de l'indiquer pour les priodes de silence, Les

La

> PdaSogie noire

4l

que je restreigne-u-n-tt^i:}fiiirt:i; autres car il faut pas tre trop long'-Ao*tLtol^t^o;f,n'*.t a. ;t que I'on ait d'ores :1. o"11 qu'il soit-enclin rprimer

;;";;

ir"i*iri

enfants aiment le mouvement. Ils n'aiment pas rester immobiles. ContraignezJes s'y entraner de manire ce qu'ils apprennent se faire violence. Mettez galement leur corps l'preuve, dans toute la mesure o la sant le permet ; faites leur subir la faim et la soif, supporter la chaleur et le froid, excuter de durs travaux ; mais que tout cela se fasse avec le franc consentement de l'enfant ; car ce sont des exercices auxquels il ne faut pas le contraindre, sinon ils n'ont plus aucune utilit. Je vous promets que les enfants acquirent par I'intermdiaire de ce type d'exercices une me plus courageuse, plus ferme et plus patiente, qui manifestera d'autant plus tt son activit dans la rpression des tendances mauvaises. Je prendrai par exemple le cas d'un enfant qui parle inconsidrment tel point qu'il parle bien souvent absolument sans raison. On peut liminer cette mauvaise habitude par I'exercice suivant. Aprs avoir longuement expos I'enfant sa mauvaise habitude, dites-lui: voyons si tu pourrais te dfaire de cette habitude de parler la lgre ? Je vais voir aujourd'hui combien de fois tu parles sans rflchir. A partir de ce moment-l, il faut prter attention tout ce que dit I'enfant, lui faire trs clairement remarquer son erreur chaque fois qu'il parle sans rflchir et noter combien de fois cela se produit dans la journe. Le lendemain, on lui dit : hier tu as parl sans rflchir tant de fois ; voyons combien de fois cela va encore t'arriver aujourd'hui ? Et I'on continue ainsi. Si I'enfant a encore un peu d'honneur et de bons instincts, on peut tre sr que par ce moyen il sortira progressivement de son erreur. Outre ces exercices d'ordre gnral, il faut aussi en pratiquer de spcifiques, qui visent directement la domination des motions, mais qui ne doivent pas tre entrepris avant que I'on ait utilis les reprsentations mentionnes prcdemment. Un seul exemple pourra servir de rgle tous les

lui par des reprsen;;il; ui de le faire' o''iiiJ d"t galement annoncez-lui passio" cette f"t"" t;]l1Tt : domination mettez-le l'preuvJ i'istan"e dans la que vous voulez ep'o"tt L sur ses gardes ;ien de se de cette passion di";-i 'tenir de I'ennemi' Ensuite' ' et de se mfier dtt Jliit "io^tgt un atfront I'enfant chargez secrtemenJ;iil"t i;iaire attendra Das pour volr au moment ou tti-ti ne s'yparvient' ie contrler' il to*p'i"t"'-S;if comment il le " o'o,LiLiiuiiit"tsentir du plus intensraut louer dpassement t'on peut tirer "t priiique

t'

ill;

ment possibre rede solmme'

ne se temr autre fois. Si t'enilnt iii!^e-laire attention mieux dans rui sentiment pas sJnontrer svre -,rn, "t uutr. rol'' rtauJiine !au1 donner pi";reurs,enfants' il faut ce cas-l' Quandiv " en exemple aux une preuveceux qui ont bien sJrmo'nteautres.

nn'ii"iiiuui 1eittt-la mme le rAis.t^e,-.Ras' il faut

preuve une

puntr

Mais

il faut soutenir les enfants autant mettre en garde' l;;t-i;; comment,se la ces preuves' ll faui Jl';j;;;ii.l"i^*se' dans toute ll faut susciter pas effarouqu'itt nt::^luitttnt au possiue'-iu' typemesure

qu'on le peut dans

cher par fa aifriciit'

faut bien noter que ce de pnsitive de la part d'preuves ot*unnJi'po'ition ot totalement strile' voil l'enfant, ,un' o"oirte'i-nL dit sur cet entranement' tre ce qui nou' tt'niuii'tuoit par r'n'' p' 362 et sq') (J. Sulzer,2 1748;;;;

t"t'if

a des effets aussi j{iu,"n* le nourrisson' funestes, c'est qu'orl'i;;;;;; moi de I'enfant ait pu se q* le autrement dit avanttttSi cette lutte contrel'affectivit'.dveloPPer.les ll y a encore une autre rgle dont' autoriss de I'enrant trs importa*tJ':oi;;'*itt 9t:il se montre de bonne lorsqu'ilconsquences sont

soient uniqutt"nJtutitfaits tout au moins calme' et en ou composition et-inoiiensif un comportement ou aucun cas au rJlieu'ttt^t

dtll*

""iir..ntu'';"u"id,11',-"^".""i$:T'ii; qut ;;i;;; mme lorsque le besotn

42

C'est pour ton bien

La

< pdagogie noire >> 43

d o n ner sat

-

besoin de nourrirull-,^bi.n fond et parfaitement rgulier et ce n'est ou'ensuite, aprs une ptite p;;;;is

ncessaire

car

faci i on.

comporremen-i'#:li,,s'apercevra trs vite,-qla

||tiJ,i.i":f.:-l

;,;t ;;;r. i",'.1,i"0,",.e r ir r"ut ei"tt.r:'l"i.nrunt ragar em ent moindre qu'il pourraires

ilii;;;;

empressement.

ce refus "arme.nent--e;;';ili, par une parore un peu svre, un-e menace ou autre,- ce qu,.l fasse de cette tranquille rsignatiol une habitude table. Surtout pas d'exception ! _ er cela uurri ,. it-plus facilement et pJus rapidement qu'on r" exception annule la rgle et ".oii."'!ulru.ur. Mais toute ". rend ptus"lificite l,accouru_ mance pour longre1p:. revanche, !n l;i;;;';".c il faut ;irf"i;. tous Ies dsirs autoriies ae un affectueux

nel avec une consrance absolu.';refus incondirion_ ""i;;;;;r;, lui seul ne suffit pas ; il faut en mme ,._p.-i"fri.r ce que l,enfant admette

habitude s'tabrir in.iovuui.r.t'ui.,., fins. La bonne vite que dans le cas.inuerse-i;ir"'unT (.*u.tement aussi dj beaucoup ; car f., .onrgu.n'.eie oppose). Er c,esr cette bonne base ont a", .urnifi.uiioi t,etauiissemenr de aiu.rr.s et infinies dans I'avenir. Mais on uoii ui.Ti'gr.r."t quel point ces principes, et bien a,uut.., u-n,i, ordre tre considrs comme r., pfu.lrporiun,r, qui doivent peuvent tre difficiles appliquer lorsqu, ._r.,"r, -r-oru'prJsquele plus souvent le cas, les enfants,de cet'agi, exclusivement confis aux mains de serviteurs qui, au moins pour ce genre n'ont qu. un entende-meni $.irrTil,iTrrons, Par I'accoutumance dont nous venons de parler, l,enfant a dj accompli un.progrs norui. ns l,art de l,attente prpar ':1; ,.I_il lmportante pour la.-suite, ?."i;qiirj,ion, encore prus I,art au i.nn".*ent. D,aprs rout ce qui vient d'rre dir il d;ir orir., assez videnr que tour dsir interdit qu'ir ,oir ,iuiriur. r,enfant lui_ mme ou non _ doit,.in'r.ru,

,aurnent par Ie comporte_ ment oppos, par la domination ";ar, ae encore inconsciente) qu'ir parvieni-asoi (meme ,;.;ii;,;;;

K

quoi que o";;",lg"ll

extorquer

parvient pas en lui supprimant peureusement toutes les sensations qu'veille un dsir interdit. Il faut que les fondements de la force de caractre ncessaire soient poss assez tt, et elle ne s'affirme, comme toutes les autres forces, que par l'entranement. Si l'on dcide de ne con'rmencer qu' une poque plus tardive, la russite sera plus ou moins difficile et I'esprit de I'enfant non prpar sera expos une impression d'amertume. Un trs bon exercice dans I'art du renoncement, parfaitement adapt cette classe d'ge consiste donner souvent

I'occasion I'enfant d'apprendre regarder manger ou boire des personnes de son environnement immdiat, sans demander lui-mme quoi que ce soit. (D.G.M. Schreber, 1858, cit par K.R., p. 354 et sq.)

L'enfant doit donc apprendre ds le dpart , touffer en lui le plus tt possible tout ce qui > Cette parole de Salomon donne toute Ia mesure de la duret que peut atteindre le vritable amour. Ce n'est pas la rigueur stoiQue ni I'intransigeance unilatrale de Ia loi, qui se complat en elle-mme et prfre sacrifier le sujet que s'carter le moins du monde de sa rgle ; non, sa bont profonde transparat en dpit de toute svrit au travers de la gentillesse, de la piti, de la patience pleine d'espoir, comme le soleil au travers des nuages. Il reste libre malgr toute sa fermet et sait toujours ce qu'il fait et pourquoi il

La

> 45 Pdagogie noirede

rconfortante vengeance' c'est--dire dans I'impression mme sentiment t*t i;"tptt!9 d" ce savoir son semblabit de ce

Plys le rconfort de dplaisir ou o"-'L-l*nt' frquemment' plus il sentiment o" u.ngtu"JJtt-?pi"yt9 qui' tout instant d'oisivet' se fait valoir commJ"titt"it vn" de sa satisfaction' A ce peut mettre .n *uu-ttt .riotence causer tous les stade l,enfan, ou.u*-par sa possibles etdsagrments, a inniger

imaginables

Enziklopridie des gesamten Erziehungs - und Unterrichtswesens,2 1887, cit par K.R., p. 25 et sq.)

le fait. (Extrait de K.A. Schmidt [dir. de publication],

la- douleur des dsirs un sentimen, *utttptiUfJ ;uaoutit erreur dcoule tout naturellement rests insatisfuitt' ri ltite de la la suivante, a tu"oitut i"- nt5 ruse et la tromperre' -Runitiot- :-t:t]t^:,I" l ttco"tt la besoin de mensongt, demandent qu'un entrane-

u"*

uu''-'

out"' les contrarits a-t"uft fin d'veiller en lui-mme

tant donn que I'on croit savoir exactement quels sont les sentiments justes et bons pour l'enfant (comme pour l'adulte), on lutte aussi contre la violence qui est la vritable source de l'nergie.Parmi les manifestations qui se situent la limite de la normalit, il faut compter la violence de l'enfant, comportement qui se prsente sous de multiples formes mais dbute gnralement par le fait que la non-satisfaction immdiate d'un dsir qui s'est veill entrane le dclenchement d'une activit d'une intensit inhabituelle dans le secteur des muscles volontaires, avec des rpercussions annexes plus ou moins marques. Des enfants, qui n'ont encore appris que quelques mots, et dont les plus hautes performances consistent se saisir des objets qui sont leur porte, mais qui sont prdisposs au dveloppement d'une nature violente, ont seulement besoin de ne pas obtenir un objet ou de se voir interdire de le garder pour se mettre pousser des cris sauvages au milieu d'une agitation incontrle. De l nat tout naturellement la mchancet, cette particularit consistant dans le fait que le sentiment humain n'est plus soumis aux lois gnrales du plaisir et de la souffrance, mais est tellement dgnr dans sa nature profonde que, non content de n'y pas prendre la moindre participation, elle trouve du plaisir audplaisir et la souffrance des autres. Le dplaisir toujours croissant qu'prouve l'enfant de la perte du sentiment de

l,emploi d,expedieiis, ;;i; L'irrsistible plaisir de ment pour umiut''ili"tittion' lamchancetseformeprogressivementcommenous venonsdeledire,a.ru.e."*u''i'equelatendanceau annexe mais non vol, la cleptomanie] Crn*t consquence voit se dvelopper on moins notable a.-i'ttitui initiale'l'enttement' galement tt*t quand^mme gnralement [...] Les mres, a-quienfants' savent rarement combattre confie l'ducation ds la violence. toutes les-maladies difficiles [...] Comme dans le cas de tt trouble psychique de la .. oui,*"oi"" gtu"d soin la prophvlaxie' gurir, pt"t "n violence, ,t tuu, uoiJitii" cet effet dti t"f' I- miJux consistera la prventio" ptincipe auquel on se tiendra fonder tout. eo""ltitu"tn dans toute la inbranlable**;';;l"t--r-eiruer it faut i'enfant toutes les actions mesure du possiblJ tott*it" ttnti*"ttt oue ce soit' agrasusceptibles a'entiirt"t"tut den Kinderfehler ble ou aoutou,.ui' dffi;;;" ' ber et sq') par K'R" P' 364 der Heftigkeil, rii6, "iteavec

la cause Il y a ici une confusion trs rvlatrice de mal quelque source du son effet, et l'on combat comme natre' Ce type de phnochose que l'on u toi-*ett- iait pdagogie' mais mne ne se produii-pas uttiq"tT:nt.en de la criminoloet ptvchiatrie aussi dans les domainJJti" qt. r'ot;il; i" 1 mal D par la rpression du vivant,chez la victime.

plaisir que lui aurait apport la satisfaction de ses dsirs finit par ne plus trouver sa satisfaction que dans Ia

;tr:u;'l;irtous tes moytnt tont bons pour le combattre

U

C'est

pour ton bien

La < pdagogie noire >>

47

puissamment

(Enzyklopiidie des gesamten Erziehungs _ und (Jnterrichtswesens,2 1887, cit par K.R., p. 3gl et sq.)

la discipline' c'est l'instance divine qui doit intervenii et plier les individus cmme les peuples sous le joug insupportable de leur propre turpitude.

son propre malheur comme pour celui des auties, n,est pas matresse d'elle-mme doit tre brise. La disciptine est, pour parler comme Schleiermacher, I'inhibition e la vie, elle est en tout cas la restriction de l,activit vitale, dans la mesure o celle-ci ne peut pas se dvelopper son gr mais doit tre maintenue dans certaines limites et soumise certaines prescriptions ; et selon les cas eile peui tre galement la restriction, aufrement dit ta suppi"siion paftielle du plaisir de I'existence, de la ioie ae'vivre, ei mme de la joie spirituelle, lorsque par exemple le membre d'une communaut religieuse se voii priv t.-poruir.rn.ni, et jusqu' I'accession une nouvelle ferveur ieligieuse, d Ia communion qui est Ia plus haute jouissun." p6rrit ce bas-monde. Le fait que, dans I'ceuvre Ae l;eOucation, "n I'tablissement d'une saine discipline ne pourra jamais s passer du chtiment corporel ressort de la dfiniti,on mme de la notion de punition. Son emploi prcoce et energiqu, mais mnag, est le fondement mme de route veirtut discipline, car c'est avant tout le pouvoir ae la ct airui doit tre bris. [...] L o les instances humaines ne suffisent plus maintenir

tre des leons mais des ordres. [...] Mais il ressort en outre de tout cela que la discipline est' pour reprendre le mot de I'Ancien Testament, essentielIement punition (musar). La volont mauvaise qui, pour

discipline. Comme nous avons pu le voir, l,ducation ne tout par la parole mais par |,action, et quand elle se traduit par des paroles, ce ne doivent paspasse pas avant

t...1 e l'cole en particulier, la discipline doit passer avant I'enseignement. Il n'est pas de principe pdajogique plus fondamental que cerui selon requer tei eniantiaiulnt 'et." duqus avant de pouvoir recevoir un enseignement. Il peut bien y avoir une discipline sans enseignnent, ainsi que nous I'avons vu prcdemment, mais il n,y pas a d'enseignement sans discipline. Nous nous en tiendrons donc ceci : I'enseignement en soi n'est pas la discipline, ce n'est pas encore un effort de recherche morale, mais il suppose l discipline. C- 'est ainsi que se dterminent galement ies moyens de la

L'< inhibition de la vie >> dont parlait

Schleiermacher que

est affirme sans ambages et loue comme une vertu, Mais

on oublie, comme chez beaucoup de moralistes,

les vritables bons sentiments ne peuvent mme pas se dvelopper sans le fondement de la < violence >. Il faut que les thologiens moralistes et les pdagogues fassent preuve de beaucoup d'imagination, ou au besoin qu'ils reprennent les verges, car sur ce sol dessch par une discipline trop prcoce, I'amour du prochain ne s'panouira pas trs facilement. Toutefois il restera la possibilit de I'amour du prochain par devoir et par obissance, autrement dit, une fois de plus, le mensonge.Dans son ouvrage Der Mann auf der Kanzel (1979), Ruth Rehmann, elle-mme fille de pasteur, dcrit I'atmosphre dans laquelle on grandissait parfois au sein de ces familles :On leur raconte que les valeurs qu'ils possdent dpassent par leur immatrialit toutes les valeurs tangibles. De ce sentiment de possder des valeurs caches naissent une prsomption et une infatuation de soi qui se mlent trs

vite indissociablement l'humilit exige. Et personne ne peut vous en librer, pas mme vous. Dans tous vos faits et gestes, vous tes aux prises non seulement avec vos parents naturels, mais avec le Pre suprme omniprsent, que vous ne pouvez pas offenser sans le payer par un sentiment de culpabilit. Il est moins douloureux de se soumettre : tre gentil ! Dans ces maisons, on ne parle pas d'> mais d'avoir de l' ou d'tre ( gentil >. En remplaant ce verbe par un nom ou un adjectif avec un auxilliaire, on coupe sa pointe la flche du dieu paien et on la courbe pour en faire une alliance ou un cercle de famille. On exploite cette dangereuse chaleur au foyer familial. Et qui s'y est rchauff une fois a froid partout ailleurs dans le monde.

Aprs avoir racont I'histoire de son pre de son point de vue, elle qui tait sa fille, Ruth Rehmann rsume ses rentiments en ces termes :

tlt

C,cct pour ton blen

La

> 49

visibte comme secondaire.

uo ,uoii,qui ,rnc-qui.;;; ; vue, l,ouie et I'entendemeft et ;;; ;u travers d,un dialosue dans'espace intrieur. cutniiro-iorr.r ; il;* ;; la thologie, la sociologl; ;; ..pr.nar" Ia misre de -r,grisr:;; son peuple et agir oniqu.nce. ;; ".n cera d'un trs bon il. Les p"t l" Ia voront de savoir Iui onr toujours pa.ru plus ;.*;" ceux de la volont de ne pas savoir et ette a'toulurrJ*e prus agrabres ceux qui cherchaienr'esselri.r oanr i'i"iisibre et ngrigeaient re

,-fui." le-bien, aier, Oiner, conseiller, consoler, .ns"igrre, lt' meme servir, cela ne change absotument rien arifait qu. r" h"r;;;;;; rr.l"r, le haut et le bas toujours le bu;,T que celui qui se trouve une fois pour toutel en taui ne-pru, p", se faire aider, conseiller, consoler ni enseigne; q,i:i q,i. .";;;^il. besoin qu'il en puisse bloque il n'esr pas-de reciprLJ "uoii, "ur-lans cette constellation pas le moindre soupon de ce que l,on nomme iossible, ,oiouriie I'amour. Aucune misre rbrt ,nire.ui.tre pareil descende ae U traule-ilonrur" de son humble prsomption. Ce pourrait tre le rype particulier de solitude par lequel, en dpit d,un minuii.u" quotidien, on pche contre Ia parole,.et le communO.rn.nt "oni.i" de Dieu, sans s'apercevoir o5^llgn .upuuiJ, Ia perception de pchs certains "rt

cela des noms les plus divers

C'ert cc qui me fait peur dans cette histoire : ce type particurier de soritude qui n" trrr.mbre pas ra soritue, parce qu'elle est-.rout entoure.de g* i.r".jii;,r, sauf que l'tre solitaire n,a ps-a,autr. possibilit de se rapprocher 1,:::_:* pu, un-ouvemenr du haut vers Ie bas, en se baissant comme sainitvtartin se penchant vers le pauvre homme du haut delon .fr.uuf . On peutappeler

mang et que nous allons aux cabinets. Mais c'est trs douloureux pour les mres. L'enfant : Et c'est ainsi que I'enfant nat ? Le prcepteur : Oui. L'enfant : Mais comment arrive-t-il dans le corps de lamre ? Le prcepteur : On ne le sait pas. Tout ce que I'on sait c'est qu'il y pousse. L'enfant : C'est quand mme bizarre. Le prcepteur : Non, justement pas. Regarde, l, tu vois toute une fort, c'est l qu'elle a pouss. ll ne viendrait I'ide de personne de s'en tonner, car on sait bien que les arbres poussent de la terre. Aucun esprit ne s'tonne non plus de ce que les enfants poussent dans le corps de leur mre. Car il en a toujours t ainsi, depuis qu'il y a des hommes sur la terre. L'enfant : Et il faut qu'il y ait des sages-femmes au

il;

Lri;;ilffi,

i*r;,";

suppose

.*

moment o I'enfant nat ? Le prcepteur : Oui, prcisment parce que les mres prouvent de si violentes douleurs qu'elles ne peuvent pas en venir bout toutes seules. Comme toutes les femmes ne sont pas si endurcies ni si courageuses qu'elles puissentassister des gens qui doivent supporter de terribles douleurs,

il y a dans tous les endroits

ti.

1iiiiq.l

Le pdagogue doit jugurer trs tt Ia voront de savoir, en partie aussi pour que l,enfant n. ,lup.roive pas trop vite de ce que I'on faif ae tui.----' ^'- "L'enfant : D'o est-ce que viennent les enfants, Monsieur ? Le prcepteur: IIs pouss."t-".rl.i.nrr" de leur mre. Lorsqu,ils sont si qros ou,ils n;*r'ifu, de place dans son corps, il faut qT:^t3: *er" t., peu prs mme manire que nous re raisons'iiirqu" "ffie, nou. avons de Ia trop

des femmes qui, contre un paiement, restent auprs des mres jusqu' ce que les douleurs soient passes. De la mme manire qu'il y a des pleureuses ou des femmes qui font la toilette des morts, car laver un mort ou I'habiller, ce n'est pas non plus quelque chose que tout le monde aime faire, et c'est pourquoi les gens s'entendent y gagner de I'argent. L'enfant : J'aimerais bien voir un jour un enfant natre. Le prcepteur : Pour te faire une ide des douleurs et de la souffrance des mres, tu n'as pas besoin d'aller assister la naissance d'un enfant, car on en est rarement averti dans la mesure o les mres elles-mmes ne savent jamais quel moment les douleurs vont commencer ; je t'emmnerai voir le docteur R., un jour qu'il amputera un patient d'une jambe ou qu'il devra lui extraire du corps une pierre.Ces gens gmissent et poussent des cris exactement comme

les mres lorsqu'elles vont mettre au monde un enfant.

L'enfant : Ma mre m'a dit il n'y a pas longtemps que la sage-femme voyait immdiatement si I'enfant tait un

t. ..1

50

C'es pour ton biengaron ou une fille.reconnat ? Le prcepteur

La

> 5l

A quoi est_ce

que la sage_femme le

et moins form, qu" i main er Ie pied d'un fille. "ru n,u, qu, regard.i pui exemple la main de ta sur qui a pourtant prs d,un an et demi de plus que toi. Tarnin.ri-uien ptus r"ig.'r. i sienne et tes doigts sont plus pais et plus charnus. lls paraissent galement plus -courts bien qu,ils ne le soient pas. (J. Heusinger, : lg0l, cit par I(.n., p.Z:Z et-sq.l--"'

: Je vais te le dire. Les garons sont de toute faon plus larges de carrure et ont une ossature plus forte que les filles : rnais surtout ia main et le pied d,un garon sont toujours plus larges

S'il y a vomissement ou si vous observez d'autres effets physiques rcgrettables, ne dites rien, et essayez de voir sipar ce subterfuge leur nature peut s'y habituer progressivement. Si cela n'est pas possible, il sera vain de chercher les contraindre ; mais si vous constatez que I'imagination seule est cause de ce dgot, essayez de les en gurir en les faisant jener plus longtemps ou par d'autres moyens de coercition. Vous y russirez plus difficilement, si les enfantss'aperoivent que leurs parents ou surveillants manifestent quelquefois de la rpugnance pour tel ou tel aliment. [...] Si les parents ou les surveillants ne sont pas capables par exemple de prendre des remdes sans faire de grimaces ni se plaindre, il ne faut pas qu'ils le laissent jamais voir leurs enfants, mais au contraire qu'ils fassent bien souvent comme s'ils prenaient eux aussi ces mdicaments qui ont mauvais got et, qu'un jour ou I'autre, les enfants

I'on a abti un enfant par des rponses de ce type, on peut se permettre beaucouj de choses ;";;l;.est rarement utile et souvent dommageable de leur expliquer les raisons pour lesquelles vous ne satisfaites pas tels ou tels dsirs. Et mme'lorsque vous res dcids faire ce qu'ils demandent, traUituei_les de temps t.p, attendre, se satisfaire d,une pairi. a. . q;;ii.'^;'" "n demand et accepter avec reconnaissance un autre bienfait, diffrent de ce qu,ils uuui.ni demand. 6iriip", un dsir auquel vous tes contraint de vous opposer, soit par une occuparion, soit par la satisfaction . q"fq". autre demande. Au moment o ils sont en train d.;;;;% de boire ou de s'amuser, dites_leur de temps sur un ton d'affectueuse fermet d,interrompre; ;; quelquls

Une fois que

Il

pourraient devoir absorber leur tour. Ces difficults,comme beaucoup d'autres, sont aussi cartes gnralement

en question d'autres: s'ils les trouvent bons et les aigei."i -Ui."l persuadez-lespar l-mme des erreurs de leur irnuginuin.

supporter la faim et la sif pendant un certain t"*p, ptuti que d'absorber ce qui leur rpugne. Si c,est le .ur, ni.. imperceptiblement un peu d'es-ariments

d'une rprition intrdite de ta -emanOe. dans le cas Si cerrains aliments leur rpugnent distingue, ilil, sont de il;;; -na commune ou particulire. Dans le dernier aur, uou, vous^donnez pas trop de mal pour passer outre leur dgot ; dans le premier .rruy, e "voir s,it, p.ef"ient

parfois, mais pas toujours, et en ucune faon

tre. Ne satisfaites jamais un demand. qu.chose d,au_ ;o"; ;;;, rejete au dpart. Efforcez-vous ae iatisfai; q";lq";.;; les enfants d'un

Il

du conflit.1...1 3. Il faut aussi que I'enfant apprenne la domination de lui-mme, et pour ce faire il faut qu'il s'y exerce. Dans

le cadre de cet effort s'inscrit ce que Stoy montre trs habilement dans son encyclopdie, savoir qu'il faut enseigner I'enfant s'observer lui-mme, non pour s'admirer, mais pour connatre les dfauts contre les manifestations desquelles il doit employer sa force ; ensuite on peut lui demander un certain nombre d'amliorations. Le petit garon doit apprendre se passer de quelque chose, il doit apprendre se priver, il doit apprendre se taire quand il est grond, se rsigner quand il lui arrive quelque dsagrment ; il doit apprendre garder un secret, s'interrompre dans son plaisir. [...] 4. Du reste, en ce qui concerne I'entranement la domination de soi, c'est uniquement le premier pas qui compte, I'un des principes pdagogiques les plus souventd'une volont analogue : chaque nouvelle victoire ponctuelle augmente le pouvoir de la volont de domination et diminue celui de la volont combattre, jusqu' ce que cette dernire pose les armes. Nous avons vu des enfants colreux qui, comme I'on dit, ne se connaissaient plus dans leurs accs de fureur, assister au bout de quelques annes peine comme des tmoins tonns aux crises decolre d'autres enfants et nous les avons entendus remercier

un objet avec lequel il joue et qui lui fait passer le temps' RegardezJe gentiment et violence' enlevezle lui avec un sourire, sans la moindre sans sans gest" svre, et remplacez-le immdiatement' jouet, un autre passefaire ttendre I'enfant, par un autre l"pt, de manire ce qu'il oublie le prcdent et prenne prcoce de l'autre de bon gr. La rptition frquente et au cours duquel il faut avoir I'air aussi enjou cet exercice, pas que possible, permettra de constater que I'enfant n'est ni qu'on aurait pu aussi inflexibl qr'on l'accuse de l'tre pas le rendre par un traitement draisonnable' Il ne sera se montrer capricieux vis--vis de lcile lienfant de affectueuse u.i"'"" qui par I'amour, le jeu et unelui et gagner aura su pralablement l'habituer surueillance gure troubl. ni sa confiance. A l;origine, un enfant n'est un objet ou qu'on ne cde tuoitJ parce qu'on lui enlve besoin d'un passe;;t-t ; volont mais parce-qu'il a ennui' La nouvelle temps et veut pouvoir istrair son qu'il a distiaction offeite fait qu'il se dtache de I'objet le cas o il se antrieurement si violemment dsir' Dans

;;;;;

["']'

Jeune enfani aime

montreraitmcontentdelaprivationdel,objetquilui pas en

rpts est celui selon lequel I'entreprise russie est mre

pleurerait et crierait, il ne faudrait en ienir compte, ni mme le consoler par des caresses ou l'objet qu'on viendrait de lui prendre' mais lui rendant objet cntinuer deturnr son attention sur un autre (F'S' Block ' Lehrbuch derta." uu nouvel amusement' -Erziehungskunst zim Gebrauch fiir-christtiche Eltern und cit par K'R'' p' 390 et sq')

pi"it"ii, oir il

k;;i;;;*stehier,l780'

leur ducateur. (En4ykloptidie...,, 1887, cit par K.R., p. 374 et sq.)

Pour tre sr de bnficier de cette reconnaissance, il faut entreprendre le conditionnement trs tt.

Ces conseils me rappellent un malade, QU I'on avait < par russi trs tt < dihabituer >> de sentir la faim ensemble complexe de -'uii..t,r.uses diversions ). Un ,y.ptO-., irrpressibles qui cachaient son inscurit prodressage' Mais.la i;;" s'tait aisoci put iu suite cel'une des multiples que diversion n'tait bien videmment iot"t de rpression de sa vitalit' Le regard et le ton rni a."* tntt odtt utilises frquemment et souvent inconsciemment. Parmi elles,

Il

ne peut gure tre malvenu de donner un petit arbre

tJline".i

prticulirement importante la punition muette

il

faut accorder une place particulirement

54

C'est pour lon bien par un geste appropri. Le silence a parfois plus de force que beaucoup de mots et le regard plus de force que la parole. C'est juste titre que I'on rappelle que I'homme dompte du regard des btes froces ; il ne devrait donc pas avoir beaucoup de mal matriser les mauvais instincts et les mouvements nfastes d'une jeune me. Si nous protgeons et tbrmons ds le dpart comme il convient la sensibilit de nos enfants, un seul regard a parfois plus d'effet que le bton et Ie fouet, sur des enfants que l'on n'a pas rendus insensibles aux effets de finesse. contre les < malfaiteurs )), parvenu l'ge adulte, il fera tout pour se protger lui-mme de toute sanction par I'obissance, et n'aura en mme temps aucun scrupule participer au systme rpressif. Dans l'tat totalitaire qui est le reflet de son ducation, un sujet de ce type sera capable de pratiquer n'importe quel mode de torture ou de perscution sans en prouver la moindre mauvaise conscience. Sa > est pleinement identique avec celle du gouvernement.

La faon dont on frappe avec l,obissance la porte de l'amour, I'enfant I'apprnd n au b.rc.au >>, et bien souvent il n'arrive malheureusement pas l'oublier de toute sa vie.

[...] Pour passer maintenant au deuxime point le soin de I'obissance, il fuut co"ncer par essentiel, dfinir ce qui peut ts passel.a cet gard aux toui premiers ges de la -" vie de I'enfanr. C'e.st iT"t" tilr" notre attenrion sur te faii que _emu r" pdagogie attire b.;;;;i,-;f;;^;

Ce serait un vestige de la prtention fodale de croire que seules les > seraient sensibles la propagande, alors que nous avons pu voir maintes reprises les intellectuels se laisser aisment gagner la cause de diffrentes dictatures. Aussi bien Hitler que Staline avaient des adeptes tonnamment nombreux parmi les intellectuels qui leur vouaient une admiration passionne. L'aptitude ne pas refuser la ralit perue ne

60 C'est pour ton biendpend pas le moins du monde de I'intelligence mais du rapport au moi authentique. L'intelligence peut au contraire aider faire d'innombrables dtouri lorsque I'adaptation est ncessaire. Les ducateurs I'ont toujouis su et uiitise leurs fins suivant la formule selon laqueile le plus intelligeni cde tandis que le plus sot s'obitine. Dans un tit

La

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Le pre reoit son pouvoir de Dieu (et de son propre pre), le matre d'cole trouve dj un terrain favorable I'obissance et le dtenteur du pouvoir politique rcolte ce qui a t sem.Au sommet de toutes sanctions, nous trouvons la mthode punitive nergique, le chtiment corporel. De la mme manire que les verges sont la maison le symbole de la discipline paternelle, l'cole la rgle est I'emblme suprme de la discipline scolaire. Il fut un temps oir la rgle tait la panace pour tous les mfaits commis l'cole, exactement comme les verges la maison. Cettemanire fleurie de parler l'me >>, est vieille comme le monde et bien connue de tous les peuples. Quoi de plus simple que le principe selon lequel qui n'entend pas doit sentir? Le chtiment corporel pdagogique est un facteur nergique qui accompagne la parole et doit en renforcer I'effet. Cette action se manisfeste de la faon la plus naturelle dans la gifle, dont nous avons gard de notre propre jeunesse le souvenir qu'elle tait chaque fois prcde d'un tirement d'oreille. C'est indiscutablement une faon d'attirer I'attention sur I'organe de l'oui'e et sur son utilisation. Elle revt de toute vidence une signification symbolique, au mme titre que la mornifle qui touche l'instrument du langage et incite en faire un meilleur usage. Ces deux modes de chtiments corporels sont les plus nafs et les plus caractristiques ainsi que leur nom I'indique. Mais d'autres chtiments qui s'administrent encore de temps en temps vhiculent une forme de symbolisme. [...] Une pdagogie chrtienne qui ne prend pas l'tre humain tel qu'il devrait tre mais tel qu'il est ne peut fondamentalement pas renoncer toute forme de chtiment corporel. Pour certaines fautes, celui-ci constitue en effet la punition adquate : il humilie et frappe, prouve concrtement la ncessit de se plier un ordre suprieur et laisse en mme temps transparatre toute l'nergie de cache. C,est-ainsi par .r.-pi. que Martin Heidegger-tait tout fait capable de se dmarquer de la philosophie traditionnelle et diabandonner ce faisant les matres de son adolescence tandis qu,il ne sut pas dceler les contradictions de l'idologie hitlrienne qui devaient pourtant apparatre de faon vidente son intelligence. c'est qu'il vouait cette idologie la fascination infantile et la fidlit qui n'autorisent pas la critique

d'ducation, H. Grnewald (1g99) crit par exemple : 63

est un vritable pre pour ses lves, il sait au besoin aimer aussi avec le bton, d'un amour bien souvent plus profond et plus pur que bien des pres naturels. Et bien que nous disions qu'un cur jeune est un cur de pch, nous

Il ne faut pas que l'on puisse dcouvrir le bnficiaire de la manipulation. L'aptitude le dcouvrir est dtruite ou pervertie par I'intimidation.On sait bien que la jeunesse est particulirement curieuse sur ce point, surtout lorsqu'elle commence tre adulte, et qu'elle emprunte souvent les voies et les moyens les plus tranges pour dcouvrir la diffrence naturelle entre les sexes. Et I'on peut tre sr que toute dcouverte qu'elle fait toute seule, viendra alimenter encore son imagination dj chauffe et mettra en pril son innocence. Ne seraitce que pour cette raison il paratrait recommand de la de